Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-10
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1902 10 mars 1902
Description : 1902/03/10 (N11686). 1902/03/10 (N11686).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549337k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINQ CE N T 1 MES le Numéro; PARIS & DEPARTEMENTS e Numèro. CINQ CE NT r MES -
CMOATEUR. AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS c.
&b sali Trois toois Six mit Un »
PariS. 2 Cr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
S)ôï>art8F,;2r/t3.. 2— 6-— II — 20 —
fc-o Postale 3 - 9 — 46 — 32 -'
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS'
a.l ANNONCES
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:lD Ch. LAGRANGE, CERF & OU
d il 6, Place de la Bourse, 6
JAUX BUREAUX du JOURNA!.
RÉDACTIOIV : 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures dit soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N° 11686. - Lundi 10 Mars 1902
19 VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Hionimartre, IL31
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
la Proposition frip
La Chambre trouvera-t-elle, avant de
m séparer, le temps d'adopter la pro-
position Cruppi ?.
Dans son assemblée générale an-
nuelle du 26 janvier dernier, le comité
général des Associations de la Presse
française a émis, à l'unanimité, le vœu
que la proposition Cruppi devint loi
promulguée avant la fin de la législa-
ture. Les délégués du comité général,
MM. A. Rane et Alfred Mézières, vice-
présidents, Lucien Victor-Meunier, se-
crétaire général, Ferdinand Réal, se-
crétaire, ont été reçus, dès le 1er fé-
vrier, par M. Paul Deschanel, président
de la Chambre des députés, lequel leur
a promis do faire tout ce qui dépendrait
de lui pour que le rapport fait par M.
ernppi, sur la proposition dont il est
l'auteur, figurât à l'ordre du jour en
temps utile.
En effet, comme l'a fait très juste-
ment observer notre honoré confrère,
M. Ranc, il n'y a point là de question de
parti ; la presse de toutes les opinions
est unanime à reconnaître le bien fondé
des modifications proposées par M.
Cruppi à l'état de choses ; par consé-
quent, il n'y a pas lieu de s'attendre à
une longue discussion.
Et cela est si vrai que, l'Association
des Journalistes républicains ayant pris
l'initiative du vœu que le comité géné-
ral a fait sien, l'Association des Jonrna-
listes parisiens, l'Association dela Presse
républicaine départementale, l'Associa-
tion de la Presse monarchique et catho-
lique des départements et l'Association
de la presse plébiscitaire départementale
ont immédiatement apposé leur signa-
ture à côté de celle des journalistes ré-
publicains.
En effet la question soulevée est de
celles qui ne sauraient laisser indiffé-
rents tous ceux qui ont quelque souci
des droits de la presse et de ses li-
bertés.
Il s'agit de faire cesser les abus aux-
quels donne lieu l'usage du droit de
réponse.
***
En soi, le droit de réponse est chose
respectable, nécessaire même, nous le
reconnaissons volontiers.
Il est bien certain que jamais un vé-
ritable journaliste, un journaliste vrai-
ment digne de ce nom, ne songera à
user pour son compte personnel de ce
droit ; c'est-it-dire à contraindre le con-
frère qui l'aura discuté, critiqué, à pu-
blier lui-même une réponse ; ce serait,
de sa part, avouer implicitement, ou
bien qu'il n'a point de journal à sa dis-
position, ou bien que le directeur du
journal où il écpit d'ordinaire l'a prié,
jugeant sa réponse pitoyable, d'aller se
faire imprimer ailleurs.
Mais quand une personne étrangère à
la presse est mise en cause, il est juste
qu'elle puisse obtenir l'insertion d'une
rectification ou d'une réfutation.
C'est une question de mesure, voilà
tout!
En vertu delà loi de 1881, qui régit
actuellement la presse, toute personne
nommée ou désignée dans un journal
peut exiger l'insertion d'une réponse
double en longueur de l'article où elle
est nommée ou désignée. M. Ranc fait
ainsi ressortir le caractère absolument
excessif de cette disposition:
« Exemple : j'écris dans le Radical,
sur une question politique, un article
de deux cents lignes, où trois lignes
sont consacrées à un citoyen quelcon-
que. Ce citoyen aura le droit d'infliger
au Radical une réponse de quatre cents
lignes. N'est-ce pas le comble de l'ab-
surdité? N'est-ce pas la négation de la
liberté de la presse? » «
On ne saurait, certes, mieux dire.
M. Cruppi propose de décider que « la
réponse ne puisse excéder le double de
l'espace occupé par la partie de l'arti-
cle qui est directement ou indirecte-
ment personnelle audemandeuren ques-
tion ».
Que peut-on exiger de plus?
***
Tout le monde comprendra la néces-
sité de prendre des mesures si raisonna-
bles, si sages, à la veille de l'ouverture
de la période électorale.
L'article 13 de la loi de 1881 est
ainsi conçu : — « Le gérant sera tenu
d'insérer, dans les trois jours de leur
réception, ou dans le plus prochain nu-
méro, s'il n'en était pas publié avant
l'expiration des trois jours, les répon-
ses de toutes personnes nommées ou
désignées dans le journal ou écrit pé-
riodique, sous peine d'une amende de
50 à 500 fr., sans préjudice des autres
peines et dommages-intérêts auxquels
l'article pourrait donner lieu. Cette in-
sertion devra être faite à la même place
et en mêmes caractères que l'article qui
l'aura provoquée. Elle sera gratuite
lorsque les réponses ne dépasseront pas
le double de la longueur dudit article.
Si elles le dépassent, le prix d'insertion
sera dû pour le surplus seulement. Il
sera calculé au prix des annonces judi-
ciaires. »
Il est certain qu'armés de ce texte de
loi, des adversaires plus habiles que
scrupuleux peuvent parfaitement ré-
un journal au silcnco. - \,
En période électorale, quand on dis-
cute les candidatures, il est, non pas dif-
ficile,mais absolument impossible de ne
pas faire de personnalités.
Si vous avez lu avec attention l'article
que je viens de citer, vous y aurez vu
qu'il n'est nullementbesoin d'uneinjure,
d'une diffamation, d'une imputation,
d'une allégation quelconque pour avoir
le droit à la réponse ; le texte est formel
et étroit; il suffit d'avoir été « nommé
ou désigné » dans un article pour avoir
ce droit.
Comment discuter les titres do ceux
qui briguent les suffrages de leurs con-
citoyens sans « nommer ou désigner »
personne ?
Que ces adversaires peu scrupuleux
dont je parlais tout à l'heure ne regar-
dent pas à l'argent, ils ne se contente-
ront point de l'article double qui leur
est assuré gratuitement, ils paieront,
au taux des annonces judiciaires, une
réponse triple, quadruple; ils envahi-
ront le journal entier du concurrent ; ils
le mettront dans l'impossibilité absolue
de défendre ses opinions, ses idées, sa
cause.
Qu'une disposition aussi absurde,
aussi attentatoire ait pu subsister jus-
qu'à aujourd'hui, c'est un étonnement.
Qu'au moins, elle ne dure pas davan-
tage!
M. Ranc disait, dans les lignes que
j'ai reproduites plus haut, que c'était,
cette situation, « la négation de la li-
berté de la presse ». Assurément, mais
ce n'est pas seulement au nom des droits
des journalistes que nous réclamons,
c'est au nom des droits du suffrage uni-
versel.
Relisez ce passage de « Napoléon-le-
Petit » : - « Là où il n'y a pas de
liberté de la presse, il n'y a pas de vote.
La liberté de la presse est la condition
sine qua non du suffrage universel.
Nullité radicale de tout scrutin fait en
l'absence de la liberté de la presse.
Voter, c'est gouverner ; voter, c'est ju-
ger. Liberté donc, liberté de s'éclairer
par tous los moyens, par l'enquête, par
la presse, par la parole, par la discus-
sion. Ceci est la garantie expresse et
la condition d'être du suffrage uni-
versel. »
C'est l'évidence même. II faut que les
journaux soient libres, pour que le peu-
ple souverain puisse prononcer en
pleine et entière connaissance de cause.
Pour que les journaux soient libres, il
ne faut pas que la malveillance do quel-
ques-uns puisse les accaparer et, à pro-
prement parler, les réduire au silence.
Ce prétendu droit, abusif, de quelques-
ques-uns va directement à l'encontre
du droit de tous.
La proposition de M. Cruppi est donc
absolument d'intérêt général. Espérons
que la Chambre, au milieu de toutes les
besognes urgentes qui la pressent de
toutes parts, trouvera un quart d'heure
pour la voter.
Lucien Victor-Meunier.
Nous publierons demain un article
de M. Georges Trouilloi
KRUITZINGER
M. Chamberlain est vérita
blement en train de « tentei le
diable,» et nous lui conseillons
de la façon la plus expresse,
dans le but de sauvegarder et
sa propre respectabilité, et le
bon renon anglais, d'arrêter net
des procès du genre de celui que l'on in-
tente en Afrique, au commandant boer
Kruitzinger.
Sans exagération, c'est, croyons-nous.,
depuf qu'il existe des civilisations, et que
h guerre î pour elle une sorte dt. code
qui. sans être, un code d'équité, tend du
moins à feindre de donnei au* boucheries
internationales une sorte de réglementa-
tion destinée à empêcher l'homme de res-
sembler tout à fait à une brute féroct. et
sauvage; c'est la première fois, croyons-
nous, que de pareils faits mettent mal à
1 aise la conscience publique de l'univers.
Comment, voilà un grand peuple qui en-
gage contre une poignée de héros une lutte
sans merci ; le plus faible étonne le globe,
étonne la race humaine toute entière, par
sa magnanimité envers le plus fort ; non
seulement il se bat un contre vingt, non
seulement il accepte la lutte dans des con-
ditions qu'aucun peuple n'avait acceptées
avant lui ; ses femmes, ses enfants, sont
mis en cage, parqués comme des fauves,
détruits par le soldat adversaire et par la
maladie, traités en bétail ; il se bat, il fait
des prisonniers nombreux ; il résiste à la
tentation si forte, si naturelle, de se venger
sur ces prisonniers, sinon de ses propres
souffrances, au moins des souffrances de
ses enfants ; il relâche ces prisonniers, don-
nant au monde civilisé un exemple qui,
malheureusement, ne sera pas suivi.
Er c'est contre ce vaincu magnanime
qu'unegrandenationeuropéenne a l'audace
d essayer de ia plus infâme intimidation,
en traitant en rebeile, en menaçant de la
mort, en exécutant les combattants qui ont
loyalement lutté pour leurs foyers envahis,
pour le gouvernement légitime de leur na
tion.
C'est un acte dont l'odieux ne peut être
assez sévèrement qualifié M. Chamber-
lain a fait assassiner, non pas légalement,
mais avec des formes de jugement, le com-
mandant Sheppers, saisi dans son lit d'hô-
pital; îl s'apprête a faire assassiner le
commandant Kruitzinger fait prisonnier au
moment où, sur le champ de bataille, il
tentait de sauver l'un de ses compagnons
d'armes; si une pareille infamie se com-
met, il n'y aura pas de termes pour la sti g-
matiser.
Nous faisons appel aux loyaux Anglais
qui ont le souci de l'honneur de leur grande
«I lij>ér^ nation.^Ch. Bf - .-- b.
ENCORE UN CRIME 1
Boulevard Rochechouart. — Une bro-
canteuse assassinée. — Comment a
été découvert le cadavre. — Fuite
de l'assassin. — Les constata-
tions. — La déposition du fac-
teur. — Un client qui se ca-
che. — Le vol, mobile du
crime. — Les opérations
d'aujourd'hui.
L'émotion causée par l'horrible mort d'An-
gèle Chèze n'est pas encore calmée, qu'un nou-
veau crime vient d'être découvert à Montmar-
tre, qui est en train d'acquérir une triste célé-
brité.
Une femme de 64 ans, Mme Elisabeth Drey-
fus, brocanteuse, a été assassinée en plein jour
chez elle, 110, boulevard Rochechouart, et l'as-
sassin a fait preuve d'une audace véritable-
ment surprenante.
La maison du crime
A cette adresse, se trouve unepelite boutique,
avec un étalage de brocante, et une enseigne,
portant cette inscription :
AUX BIBELOTS nÉUNIS
Sur la devanture on lit : English spocken,
Man spricht àeutsch. Se hablà Espanol et.
Arabe.
La maison qui existe depuis 1884,était tenue
par N'me Barbat, née Elisabeth Dreyfus, con-
nue SI alement dans le quartier sous ce dernier
nom.
Mme Dreyfus était originaire de Alberlviller,
près de Landau (Bavière). Elle vivait seule, son
mari étant disparu depuis 17 ans, sans qu'elle
ait pu savoir co qu'il était devenu.
Très méfiante, Mme Dreyfus vivait toute
seule, n'ayant pas de domestique. Son maga-
sin était assez bien achalandé et elle avait une
assez nombreuse clientèle, composée surtout
d'amateurs de curiosités.
La brocanteuse avait eu autrefois à son ser-
vice uno employée, Mme Lecocq, dont elle
avait dû se séparer au mois de novembre der-
nier, parce que les affaires étaient dilliciles ;
mais les deux femmes étaient restées en très
bons terme?, et se voyaient assez régulière-
ment.
Découverte du crime
Vers deux heures, Mme Lecocq allant rendre
visite à son aucienne patronne fut tout étonnée
de voir les vitrines installées et la porte fer-
mée autrement qu'elle l'était habituellement.
En effet, quand Mme Dreyfus s'absentait,
elle fermait sa porto à l'aide d'un cadenas, or
à ce moment, le bec de-cane avait été simple-
ment enlevé.
Mme Lecocq se rendit alors chez M. Fran-
quet, 50, rue Rochechouart, marchand de cou-
leurs, et neveu de la victime.
Celui-ci malade, et ne soupçonnant pas d'ail-
leurs qu'un malheur avait pu arriver, ne se
dérangea pas et envoya un de ses commis.
La concierge, Mme Regardebas, fut prévenue
et, accompagnée d'un agent, les deux person-
nes ouvrirent la boutique, où rien d'anormal
no fut constaté.
Mais en entrant dans une sorte d'arrière-
boutique qui sert d'entrée au logement, la
porte offrit une certaine résistance.
C'est là que se trouvait le cadavre.
Mme Dreyfus était étendue à terre, la tête
contre la porte, les pieds sous le lit; la face
était violacée, le cou portait des marques de
strangulation.
La bouche était couverte d'un bâillon en
tissu léger.
Aux commissures des lèvres se trouvaient
deux taches sanguinolentes.
On a vu l'assassin
La nouvelle du crime se répandit prompte-
ment dans le quartier, la conciergo se rappela
alors avoir vu sortir un individu qui pourrait
être l'assassin.
Elle a fait à ce sujet la déclaration suivante
à quelques voisins.
Mme Dreyfus était très craintive, elle disait tou-
jours qu'il « lui arriverait un maiheur a. Tous les
soirs elle ne rentrait pas elle-même son étalage,
par peur d'être assaillie par des voleurs, et les voi-
sins se chargeaient do ce travail.
Le matin elle avait vaqué à ses occupations or-
dinaires et je n'ai vu sortir personne de chez elle
avant midi.
Mais vers une heure j'ai aperçu.quittant la bou-
tique, un individu porteur d'un paquet de toile
bleue et d'un autre ballot qu'il avait sous le bras.
Les constatations
M. Carpin, commissaire de police, aussitôt
prévenu, vint procéder aux premières onsLa-
tations.
Le D' Gremberg, appelé aussitôt, établit que
la victime avait été étranglée et que le crime
avait été commis entre midi et 1 heure.
L'assassin a dù saisir Mme Dreyfus, la jeter
à terre, puis l'a ensuite relevée et placée sur
un fauteuil.
Peu après. MM. Flory, juge d'instruction,et
Hamard, sous-chef do la Sûrelé, arrivaient à
leui tour sur le lieu du crime et commençaient
aussitôt leur enquête.
Ils interrogèrent d'abord Mme Regardebas.
qui raconta comment elle avait vu l'homme
quitter la boutique vers une heure.
Intéressante déposition
A ce moment un facteur des postes, nommé
Picot, vint déclarer que le matin à 11 h. 45,
il s'était rendu chez Mme Dreyfus, pour lui
vendre un bon de la Caisse d'Escompte de
1785, curieux à cause de sa rareté.
Mme Dreyfus ne voulut point acheter le
litre, mais elle dit au facteur de revenir dans
la soirée, car elle connaissait un amateur
qu'elle devait voir le jour même.
A ce moment, M. Picot aperçut dans un an-
gle de la boutique un individu qui cherchait à
se dissimuler, semblant toutefois regarder lés
bibelots exposés. Le facteur remarqua son al-
lure suspecte, mais n'y attacha cependant au-
cuno importance.
Vers midi et quart, on aperçut Mme Dreyfus
prenant le frais sur sa porte.
On suppose donc que, si l'homme en ques-
tion est bien l'assassin, il a dû aller déjeuner
et revenir ensuite commettre son crime.
Le signalement
Un point est acquis, c'est que le signalement
de cet homme et celui de l'homme vu par la
concierge sont identiques :
Blond, moustaches, 28 à 30 ans, visage rosé, assez
fort, taille 1 m. 65, vêtu d'un pantalon gris et d'un
veston bleu, ayant l'aspect d'un employé de com-
merce.
Lorsqu'il a quitté la maison, il était sans
chapeau, et portait sous le bras un paquet en-
veloppé de papier gris ; il traversa le boulevard
parmi les baraques et disparut dans la direc-
tion de la rue Lallier ou do la rue Bochard-de-
Sarron,
Le mobile du crime
On est certain, dès maintenant, que le vol
est le mobile du crime.
Un portemonnaie, toujours bien garni et qui
devait contenir environ 250 fr., a été retrouvé
vide ; ? mais un petit secrétaire où se trou-
vaient unequinzaine de mille francs de valeurs
n'a pas 6t& fracturé.
La soirée
La corps est resté dans le magasin toute la
soirée: il ne sera iraasoorlé qu'aujosri'hus à
la Morgue* -
M. Bertillon a photographié le cadavre et le
lieu du crime.
Aujourd'hui également, une minutieuse per-
„quisj £ on sera opérée. .r ,.
LE BLOC
C'est du bloc antiministériel qu'il s'agit.
a Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille. »
Cette coalition hétéroclite et haineuse manque
de cohésion.
Et encore, nous ne sommes qu'à la veille des
élections. Mais demain? mais après ? Pour un
instant je suppose que, grâce assurément au
grand saint-Antoine de Padoue, l'armée natio-
naliste triomphe en mai prochain. Que se pas-
sera-t-il alors ?
J'imagine que M. Jules Lemaître, qui n'a
pas oublié son Tacite, a dû à maintes reprises
se poser cette question dans les rapides
qui le ramènont hebdomadairement des villes
lointaines où il va, avec sa troupe, recueillir
des ovations préparées.
Et sans doute il s'est rappelé l'anecdote rap-
portée par l'historien latin qui lui fut cher. Un
jour, les chefs gaulois se réunirent à Reims et
tinrent conseil; il s'agissait de se révolter
contre Rome; mais, de telles compétitions s'é-
levèrent, sur le point de savoir qui, après l'in-
surrection victorieuse, serait le maitre,et tant
de rivalités se dévoilèrent, que les guerriers ai-
mèrent mieux s'abstenir, dans la crainte des
dissensions qui naîtraient,plus violentesencore,
une fois l'indépendance conquise.
Et une ride profonde a dû se creuser sur le
front de l'académicien songeur. ride qua
bientôt pourtant l'espérance fallacieuse trans-
forma en sourire : - « Le maître?. ce sera
moi ! »
, Et sans doute!
Mais le plus fort, c'est que tous, prenant
leur désir pour des réalités so leurrent de la
même manière : Coppée, Méline, Ribot, le duc
d'Orléans, et le prince Victor.
Nous reverrons ces messieurs dans deux
mois. S'ils sont vaincus, ce qui n'est point
douteux, ils pleureront ensemble leurs chimè-
res évanouies, et si, par impossible, ils sont
vainqueurs, ils apprendront qu'il y a des len-
demains de victoire qui .sont pires que des dé-
faites.— A. Armbruster. -
LE MOINEAU PARLEMENTAIRE
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 8 mars.
Le Parlement autrichien est dans le deuil ;
le fameux moineau du Roichsrath qui, depuis
plusieurs mois, vivait dans les couloirs, a été
trouvé mort. Au commencement do la session
d'automne l'oiseau qui ne trouvait rien à pico-
rer dans le Volksgarten s'était égaré dans les
vastes couloirs du Parlement.
On le laissa s'y installer sans même vérifier
son mandat.
On installa même une petite auge et une
boite de graines au bas d'une colonne où il ni-
chait: c'était son indemnité parlementaire.
Il circulait librement et personne ne le tou-
chait, car il était couvert par l'immunité par-
lementaire.
Bien vu par tous les partis, les ministres no
lui refusaient rien.
Il auraiteommo lesautres profité de prochai-
nes vacances, mais une mort prématurée a mis
fin à ce rêve. Les médecins disent que l'oiseau a
été trop gorgé.
Le régime de l'assiette au beurre ne lui a
pas fait du bien.
BQÊROPHILIE ET LËSE-MFTJESTË
(De notre, correspondant particulier)
Berlin, 8 mars.
Le prédicateur libre-penseur, M. Welckcr,
sera poursuivi pour lèse-majesté. Il aurait com-
mis ce délit au cours de la fête donnée en
l'honneur de Dewet.
M. Welcker, pendant une conférence, dési-
gna comme coupables ceux qui auraient pu
empêcher la guerre contre les Boers et qui ne
l'ont pas fait.
On voit dans ce reproche une allusion bles-
sante à l'adresse de l'empereur Guillaume.
L'ORIGINE D'UN mm
(De notre correspondant particulier;
New-York, 8 mars.
C'est par le commissaire de la Compagnie
d'Hudson Bay que la nouvelle de l'assassinat
de l'explorateur -Andrée par les Esquimaux a
été inventée, de toutes pièces.
LES CHIENS DÉSERTEURS
(De notre correspondant particulier)
Gibraltar, 8 mars.
Les grandes manœuvres navales anglaises,
qui doivent commencer demain, sont précédées
depuis quelques jours de manœuvres d'artil-
lerie de siège dans les forts. Le feu d'artillerie
a eu ua effet auquel on ne s'attendait point.
Les nombreux chiens de guerre qu'on entraîne
dans le camp do Rock ont pris subitement la
fuite vers le territoire espagnol. On cherche
maintenant à obtenir l'extradition des déser-
teurs quadrupèdes.
LE RENDEMENT DES IMPOTS
Une amélioration. — Les plus-values
Le chiffre total du rendement des impôts in-
directs et monopoles do l'Etat pour le mois de
février s'élève à la somme de 184.534.C00 fr.
accusant ainsi une plus-value de 2.886.100 fr.
par rapport aux évaluations budgétaires et une
diminution de 9.732.500 fr. par rapport à la
période correspondante de 1901.
LE CONGRES DES MINEURS
Alais, 8 mars.
Le Congrès a tenu sa première séance de la
journée sous la présidence de M. Buvat. Dix-
huit délégués étaient présents.
, Il est parlé de nouveau de la grève générale.
MM. Joucaviel, Lamendin et Basly veulent
qu'elle ne puisse être votée que par les deux
tiers. M. Bouchard dit qu'il faut mettre la main
à la pâte pour organiser la grève et que le
même mode de votation doit être conservé.
Sur la question des retraites, M. Lamendin
demande qu'on s'en tienne à la proposition
BasJy-Lamendin devant la Chambre. Il de-
mande en outre que les mêmes membres du
conseil fédéral soient entendus mercredi par la
commission du Sénat MM. Buvat, Boxant,
Joucaviel, Evrard et Cotte sont désignés. M.
Cotte dit qu'en cas de grève générale, il faut
pouvoir compter sur le Comité international
sans autre organisation.
M. Bouchard propose la création d'une caisse
de chômage pour venir en aide aux grévistes.
M. Basly dit qu'on devra envoyer des fonds au
Comité de la grève.
M. Buvat, président, donne lecture d'un ma-
nifeste adressé aux mineurs de France et signé
par les délégués qui ont quitté le Congrès hier.
Les congressistes décidant de répondre au ma-
tQifcslc. ,
LA FIEVRE APHTEUSE
.s&.pl'Opagat.iOIL- Les. za-vages de la
(f cocotte ). — Remèdes impuissants.
— Le krach de la séraphtine.— La
guérison par le sérum. — Expé-
riences concluantes.
Parmi les fléaux qui menacent l'agriculture,
il n'en est pas de plus grave, et qui préoccupe
à plus juste titre les pouvoirs publics que la
fièvre aphteuse. Aussi, croyons-nous rendre
un service réel aux agriculteurs qui nous li-
sent, en leur faisant connaître les résultats ob-
tenus au moyen d'inoculations d'un sérum
curatif et préservatif découvert par M. Pré-
vost, vétérinaire à Besançon.
Mais auparavant, nous examinerons briève-
ment les conditions dans lesquelles se déclare
et se propage la fièvre aphteuse, et les remèdes
que — sans succès — on lui a appliqués jus-
qu'ici.
La « cocotte »
La fièvre aphteuse, assez communément ap-
pelée cocotte, s'attaque,chez les ruminants,àla
bouche et aux mamelles, qui se couvrent
d'aphtes, et enfin aux pieds, dont les ongles se
décollent et tombent parfois.
On soigne les aphtes delà bouche, au moyen
de lavages à l'acide borique, d'applications
d'émollients, ou de miel, ou de vinaigre,etc.
La maladie, quand elle s'attaque aux ma-
melles, empêche d'abord la sécrétion du lait
pendant un temps plus ou moins long; elle
peut même amener la porte totale des mamelles.
Elle se complique souvent d'abcès, et conduit
l'animal qui en est atteint à l'épuisement, à la
cachexie et à la mort. Si cette dernière éven-
tualité peut être évitée, l'animal n'en vaut
guère mieux pour son propriétaire. Remèdes
employés : lavages avec solutions émollientes,
astringentes ou antiseptiques.
Quand elle s'attaque aux pieds, la fièvre
aphteuse amène le décollement des ongles, des
arthrites consécutives, et le dépérissement ra-
pide de l'animal.On a employé jusqu'ici toutes
les médications imaginables, les onguents les
plus variés, les bains locaux à base de sulfate
de cuivre, lo passage à la chaux; on a épuisé
toute la série des désinfectants, des émollients,
des astringents, et même des caustiques.
Peines perdues i
Dernièrement,. cependant, le D'Jarre, de
Paris, obtenait d'assez bons résultats en badi-
geonnant les parties malades avec une solution
d'acide chromique à 33 0[0. Mais le traitement
était purement curatif, il n'avait aucun carac-
tère préservatif et n'empêchail pas l'apparition
des accidents secondaires.
Mesures sanitaires
Devant l'inefficacité des remèdes employés,
et en présence de la rapidité avec laquelle se
propageaient les épidémies, le gouvernement
dut prendre des mesures qui, pour être rigou-
reuses et souvent vexatoires, n'amenèront pas
de meilleurs résultats.
Lo système de l'isolement des animaux ap-
partenant à une exploitation contaminée n'eut
d'autres résultats que de charger les budgets
départementaux et d'exaspérer les cultivateurs
contre le service sanitaire.
Les déclarations des propriétaires, prescrites
par la loi sanitaire de 1881,donnent lieu à bien
des fraudes. Nombreux sont les propriétaires
qui font de fausses déclarations, ou n'en font
pas du tout, pour éviter la séquestration, le
boycottage de leurs animaux.
Et puis l'isolement, la séquestration, excel-
lents pour empêcher la propagation du char-
bon, da la morve, etc., se sont montrés jus-
qu'ici absolument impuissants à arrêter les
progrès de la fièvre aphteuse. Eminemment
fugace et volage, cette maladie épargne sou-
vent une propriété enclavée entre d'autres fer-
mes contaminées pour aller porter ses ravages
à quelques kilomètres plus loin.
En résumé dans les pays d'élevage, où les
animaux vivent en liberté, où les transactions
et les déplacements sont fréquents, presque
journa!iers, la fièvre aphteuse, sa marche et
son développement échappent le plus souvent
au contrôle administratif.
Un ftéâu
On voit, par ce qui précède, combien lour-
dement pèse sur l'agriculture le fléau, toujours
menaçant, de la fièvre aphteuse.
Certaines contrées de la France ne vivent
que de l'élevage et de l'industrie laitière. En
Normandie, par exemple, où cette industrie est
particulièrement prospère, les ravages occa-
sionnés par la fièvre aphteuse sont considéra-
bles. Les fermes, les pâturages couvrent les
neu! dixièmes de la superficie du pays; le lait,
le beurre, les fromages, l'élevage des bestiaux
destinés à la boucherie en sont la principale ri-
chesse.
Dans un seul département, celui du Calva-
dos, l'épidémie de fièvre aphteuse, en 1899,
s'est traduite par une perle pour les cultiva-
teurs de près de quatre millions de francs,
exactement 3,926,280 francs. Et nous ne comp-
tons pas dans ce chiffre la valeur des animaux
tués ou rendus improductifs par la maladie, et
non déclarés par leurs propriétaires, non plus
que la somme importante consacrée par le dé-
partement au service sanitaire.
Par ce seul exemple, on voit, que nous n'avons
pas exagéré on représentant la fièvre aphteuse
comme un véritable fléau.
Le sérùm Prévost
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que, d'un
bout à l'autre du territoire, tous les vétéri-
naires français auxquels se sont joints de nom-
breux chimistes aient multiplié les recherches,
répété les expériences, pour arriver à décou
vrir la guérison de la fièvre aphteuse. C'est ce
qu'ils firent, c'est ce qu'ils continuent à faire,
en s'inspirant, pour la plupart, des méthodes
pastorieunes.
Un moment même on crut avoir trouvé le
remède : c'était la « séraphtine » inventée par
un savant allemand. Comme la tuberculine de
Koch, elle donna des résultats étonnants, la
séraphtine. Grâce à elle, la fièvre aphteuse fit
son apparition dans des contrées où elle était
jusqu'alors inconnue. L'efficacité — à rebours
— du sérum allemand était surabondamment
démontrée.
Cet insuccès ne découragea pas les cher-
cheurs. Mais comme pour la plupart des gran-
des inventions du siècle dernier, c'est à un
Français que devait revenir l'honneur do dé-
couvrir le véritable sérum antiaphteux.
C'est vers la fin de l'année 1899 qu'un vétéri-
naire de Besançon, M. Prévost, faisait connaî-
tre les résultats obtenus par lui, au moyen
d'un sérum dont il nous est impossible de don-
ner ici la composition, on comprendra aisé-
ment pourquoi.
M. Prévost obtint tout d'abord, à l'aide de ce
sérum, des résultats favorables, ainsi qu'en
témoignent les arliclespubliés à cette epoquepar
plusieurs de nos confrères de l'Est, entre autres
ta Champagne agricole, la Dépecé, le Petit Ar-
dennais, ¿'Est républicain, etc.
M. Prévost, encourgé par ces heureux débuts,
voulut multiplier ses expériences. Il les renou-
vela dans le pays d'Auge, un des plus impor-
tants centres d'élevage de toute la Normandie.
Ici, une déception attendait M. Prévost. Les
expériences, faites en présence d'une commis-
sion officielle, ne donnèrent que des résultats
douteux, négatifs même dans certains cas.
Fallait-il donc désespérer de trouver jamais
le remède de la Sovre aphteuse ? Fallait-il
que M. Prévost se résignât à constater, avec
les membres très officiels de ladito commis-
sion, J'inefficacité de son sérum ? Le vétéri-'
naire de Besançon, assez découragé, n'était
pas éloigné d'abandonner ses recherches,
quand H fit la connaissance d'un vétérinaire de
Bayeux, M. Brelotqui, au nom d'un groupe do
propriétaires et d'éteveurs de la région, avait
suivi, pour en contrôler les résultats, les ex-
périences faites avec le nouveau sérum. !
M. Brelot, plus au courant que M. Prévost
des qualités et des propriétés de la race bovins
normande, fit remarquer à son collègue qua1
l'on n'avait pas assez tenu compte de la nature
des'animaux qui avaient servi aux expérien-
ces. Ceux-ci étaient sanguins,de forte taille, et
vivaient en liberté dans les pâturages, alorsi
que les premières expériences avaient été fai-
tes, dans l'Est, sur des vaches de taille .petite
ou moyenne, et anémiées par un séjour pro-
longé à l'étable. Et M. Brelot insistait sur ce
point que lds seules vaccinations qui avaient
été reconnues efficaces dans le pays d'Auga
avaient été pratiquées sur des veaux et de pe-
tites vaches.
Conformément an désir exprimé par NI. Bre*
lot; les expériences recommencèrent donc.
Tandis que M. Prévost, dans son laboratoire de
Besançon, perfectionnait son sérum et en assu-
rait la conservation dont l'insuffisance availétô
une cause d'insuccès, M. Brelot eu expérimen-
tait à nouveau les effets sur les animaux des
environs de Bayeux, atteints par la fièvre
aphteuse.
Cette fois, les résultats furent concluantg
Dans une seule exploitation, contenant une
centaine d'animaux, et appartenant à MM. Le
Carpentier, propriétaires-éleveurs à Elréhanu
une dizaine de vaches étaient atteintes de fièvre
aphteuse. Quatre d'entre elles furent vaccinées
par M. Brelot, recommencèrent à manger au
bout de 24 heures et furent radicalement gué-
ries en trois jours au maximum, tandis queles
non vaccinées restaient malades.
Encouragés par ce résultat, MM. Le Carpen-
tier n'hésitèrent pas à confier plusieurs de leurs
vaches, absolument saines, à M. Brelot, pour
lui permettre d'établir que le sérum Prévost*
venant de réussir comme curatif, avait, au mê-
me degré, des vertus immunisantes et préser-
vatrices. Cette fois encore les expériences ten-
tées par M. Breloi réussirent au delà de toute
espérance. Tandis que l'épizootie s'étendait
aux animaux - non vaccinés. les vaches inocu-
lées échappaient totalement à la contagion.
Nous avons cité cet exemple. Nous pourrions
en citer d'autres. Pour le moment, nous nous-
contenterons d'avoir établi que le sérum Pré-
vost préserve les animaux sains dans la pres-
que totalité des cas; que les animaux en pé-
riode d'incubation ne contractent jamais, après
inoculation, qu'une maladie extrêmement bé-
nigne, pour ne pas dire insignifiante — quand
ils ne sont pas totalement préservés, comme
nous l'avons vu plus haut. 1
Dans tous les cas il ressort des expériences
faites par M. Breloi que les animaux malades
recouvrent l'appétit en 12 ou 24 heures, qu'ils
cessent de boiter au bout d'un jour, et qu'ils
ne sont jamais atteints d'accidents inflamma-
toires secondaires.
Comme toutes. les inventions nouvelles, le
sérum Prévost asoulevé déjàbien des critiques;
il a été violemment attaqué. Il le sera encore
probablement.
Quoiqu'il arrive, nous nous féliciterons d'a-
voir été les premiers,dans la presse parisienne,
à signaler au public uno découverte appelée-
à rendre à l'agriculture d'inappréciables servi-
ces. — Georges Gillet.
Voir à la 38 page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
LES CONGREGATIONS
Avis défavorables
Niort, 8 mars.
Le conseil municipal de Melle a donné un
avis défavorable sur la demande en autorisa-
tion des clercs du Saint-Viateur et des filles dit
la Sagesse, à l'unanimité, malgré le maire,
M. Girard, sénateur, favorable à ces der-
nières.
Celui de BeauIien-sous-Parthenlly a donné-
un avis défavorable sur la demande en autori-
sation des sœurs de l'Immaculée-Conception.
HENRI DE PRUSSE AUX ÉTATS-UNIS
Retour à New-York. — L'épéb de
Washington. — Les déclarations
au pilote.
New-York, 8 mars.
Le prince Henri est arrivé hier soir.
On signale un incident curieux qui s'est pro*
duit à Albany, au cours de la visite du prince
au CapiLole. Dans son testament, Washington
avait prescrit que les cinq épées qu'il laissait
ne devaient être tirées de leurs fourreaux que
pour la défense du pays. En conséquence,
l'épée que lui avait offerte Frédéric le Grand
était toujours restée au fourreau; mais lors.
qu'on la présenta au prince Henri, celui-ci,
ignorant les dernières volontés de Washington
tira l'épée.
Le prince francophile
Cherbourg, 8 mars.
Le pilote Desprez, qui a conduit en rade de
Cherbourg le Kronprinz- Wilhelm, sur lequel
le prince Henri de Prusse a fait la traversée
d'Allemagne à New-York et qui so trouvait sur
la passerelle au moment de l'entrée en rade,
fut interpellé en langue allemande par le prince
et, ne comprenant pas, ne put que lui dire qu'il
était Français.a Français?dit aussitôt leprince
en changeant de langue, ah ! tant mieux, je
suis heureux de pouvoir parler avec un Fran-
çais » et, lui tendant la main, il ajouta :
Si vous saviez combien j'ai conservé un pieux
souvenir de l'accueil qui m'était réservé en France
à l'occasion do la mort de l'impératrice ma mère!
Le port de Brest et les autorités françaises ont mis
tant d'impressement à faciliter mon retour en pré-
parant un train spécial et en envoyant un aviso le
long de mon navire pour y prendre mon courrier.
Je garde à l'égard de tous les Français la plus pro-
fonde reconnaissance. Encore une feis permettez-
moi de vous serrer la main, car j'aime beaucoup la
France et dites bien que j'ai été très louché de la
courtoisie et de la gentillesse qui.m'ont été faites.
Mais j'ai préféré regagner les ports de la mer du
Nord avec mon escadro sachant quo je serais plus
vite arrivé.
Le prince dit ensuite qu'il a une véritable
passion pour la mer et qu'il no se sent heureux
qu'à bord d'un navire; il termina la conver-
sation en serrant de nouveau la main du pilote
Desprez. Ce dernier, que son devoir profes-
sionnel avait retenu ces jours derniers à la
mer, n'avait pu jusqu'ici raconter sa conversa-
tion avec le prince.
———————————- ——-—————
LES GRÈVES
En Espagne
Valence, 8 mars.
La grève des boulangers continue, limitée à
six fours. Les autorités ayant pris les me-
sures nécessaires pour que le pain ne vienne
pas à manquer, celui-ci est en abondance.
Bilbao, 8 mars.
Les anarchistes Blanco et José Lopez sont
partis pour Léon et Oyiedo, Blaaço a deçlqrg
CMOATEUR. AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS c.
&b sali Trois toois Six mit Un »
PariS. 2 Cr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
S)ôï>art8F,;2r/t3.. 2— 6-— II — 20 —
fc-o Postale 3 - 9 — 46 — 32 -'
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS'
a.l ANNONCES
ïal >»
:lD Ch. LAGRANGE, CERF & OU
d il 6, Place de la Bourse, 6
JAUX BUREAUX du JOURNA!.
RÉDACTIOIV : 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures dit soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N° 11686. - Lundi 10 Mars 1902
19 VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Hionimartre, IL31
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
la Proposition frip
La Chambre trouvera-t-elle, avant de
m séparer, le temps d'adopter la pro-
position Cruppi ?.
Dans son assemblée générale an-
nuelle du 26 janvier dernier, le comité
général des Associations de la Presse
française a émis, à l'unanimité, le vœu
que la proposition Cruppi devint loi
promulguée avant la fin de la législa-
ture. Les délégués du comité général,
MM. A. Rane et Alfred Mézières, vice-
présidents, Lucien Victor-Meunier, se-
crétaire général, Ferdinand Réal, se-
crétaire, ont été reçus, dès le 1er fé-
vrier, par M. Paul Deschanel, président
de la Chambre des députés, lequel leur
a promis do faire tout ce qui dépendrait
de lui pour que le rapport fait par M.
ernppi, sur la proposition dont il est
l'auteur, figurât à l'ordre du jour en
temps utile.
En effet, comme l'a fait très juste-
ment observer notre honoré confrère,
M. Ranc, il n'y a point là de question de
parti ; la presse de toutes les opinions
est unanime à reconnaître le bien fondé
des modifications proposées par M.
Cruppi à l'état de choses ; par consé-
quent, il n'y a pas lieu de s'attendre à
une longue discussion.
Et cela est si vrai que, l'Association
des Journalistes républicains ayant pris
l'initiative du vœu que le comité géné-
ral a fait sien, l'Association des Jonrna-
listes parisiens, l'Association dela Presse
républicaine départementale, l'Associa-
tion de la Presse monarchique et catho-
lique des départements et l'Association
de la presse plébiscitaire départementale
ont immédiatement apposé leur signa-
ture à côté de celle des journalistes ré-
publicains.
En effet la question soulevée est de
celles qui ne sauraient laisser indiffé-
rents tous ceux qui ont quelque souci
des droits de la presse et de ses li-
bertés.
Il s'agit de faire cesser les abus aux-
quels donne lieu l'usage du droit de
réponse.
***
En soi, le droit de réponse est chose
respectable, nécessaire même, nous le
reconnaissons volontiers.
Il est bien certain que jamais un vé-
ritable journaliste, un journaliste vrai-
ment digne de ce nom, ne songera à
user pour son compte personnel de ce
droit ; c'est-it-dire à contraindre le con-
frère qui l'aura discuté, critiqué, à pu-
blier lui-même une réponse ; ce serait,
de sa part, avouer implicitement, ou
bien qu'il n'a point de journal à sa dis-
position, ou bien que le directeur du
journal où il écpit d'ordinaire l'a prié,
jugeant sa réponse pitoyable, d'aller se
faire imprimer ailleurs.
Mais quand une personne étrangère à
la presse est mise en cause, il est juste
qu'elle puisse obtenir l'insertion d'une
rectification ou d'une réfutation.
C'est une question de mesure, voilà
tout!
En vertu delà loi de 1881, qui régit
actuellement la presse, toute personne
nommée ou désignée dans un journal
peut exiger l'insertion d'une réponse
double en longueur de l'article où elle
est nommée ou désignée. M. Ranc fait
ainsi ressortir le caractère absolument
excessif de cette disposition:
« Exemple : j'écris dans le Radical,
sur une question politique, un article
de deux cents lignes, où trois lignes
sont consacrées à un citoyen quelcon-
que. Ce citoyen aura le droit d'infliger
au Radical une réponse de quatre cents
lignes. N'est-ce pas le comble de l'ab-
surdité? N'est-ce pas la négation de la
liberté de la presse? » «
On ne saurait, certes, mieux dire.
M. Cruppi propose de décider que « la
réponse ne puisse excéder le double de
l'espace occupé par la partie de l'arti-
cle qui est directement ou indirecte-
ment personnelle audemandeuren ques-
tion ».
Que peut-on exiger de plus?
***
Tout le monde comprendra la néces-
sité de prendre des mesures si raisonna-
bles, si sages, à la veille de l'ouverture
de la période électorale.
L'article 13 de la loi de 1881 est
ainsi conçu : — « Le gérant sera tenu
d'insérer, dans les trois jours de leur
réception, ou dans le plus prochain nu-
méro, s'il n'en était pas publié avant
l'expiration des trois jours, les répon-
ses de toutes personnes nommées ou
désignées dans le journal ou écrit pé-
riodique, sous peine d'une amende de
50 à 500 fr., sans préjudice des autres
peines et dommages-intérêts auxquels
l'article pourrait donner lieu. Cette in-
sertion devra être faite à la même place
et en mêmes caractères que l'article qui
l'aura provoquée. Elle sera gratuite
lorsque les réponses ne dépasseront pas
le double de la longueur dudit article.
Si elles le dépassent, le prix d'insertion
sera dû pour le surplus seulement. Il
sera calculé au prix des annonces judi-
ciaires. »
Il est certain qu'armés de ce texte de
loi, des adversaires plus habiles que
scrupuleux peuvent parfaitement ré-
un journal au silcnco. - \,
En période électorale, quand on dis-
cute les candidatures, il est, non pas dif-
ficile,mais absolument impossible de ne
pas faire de personnalités.
Si vous avez lu avec attention l'article
que je viens de citer, vous y aurez vu
qu'il n'est nullementbesoin d'uneinjure,
d'une diffamation, d'une imputation,
d'une allégation quelconque pour avoir
le droit à la réponse ; le texte est formel
et étroit; il suffit d'avoir été « nommé
ou désigné » dans un article pour avoir
ce droit.
Comment discuter les titres do ceux
qui briguent les suffrages de leurs con-
citoyens sans « nommer ou désigner »
personne ?
Que ces adversaires peu scrupuleux
dont je parlais tout à l'heure ne regar-
dent pas à l'argent, ils ne se contente-
ront point de l'article double qui leur
est assuré gratuitement, ils paieront,
au taux des annonces judiciaires, une
réponse triple, quadruple; ils envahi-
ront le journal entier du concurrent ; ils
le mettront dans l'impossibilité absolue
de défendre ses opinions, ses idées, sa
cause.
Qu'une disposition aussi absurde,
aussi attentatoire ait pu subsister jus-
qu'à aujourd'hui, c'est un étonnement.
Qu'au moins, elle ne dure pas davan-
tage!
M. Ranc disait, dans les lignes que
j'ai reproduites plus haut, que c'était,
cette situation, « la négation de la li-
berté de la presse ». Assurément, mais
ce n'est pas seulement au nom des droits
des journalistes que nous réclamons,
c'est au nom des droits du suffrage uni-
versel.
Relisez ce passage de « Napoléon-le-
Petit » : - « Là où il n'y a pas de
liberté de la presse, il n'y a pas de vote.
La liberté de la presse est la condition
sine qua non du suffrage universel.
Nullité radicale de tout scrutin fait en
l'absence de la liberté de la presse.
Voter, c'est gouverner ; voter, c'est ju-
ger. Liberté donc, liberté de s'éclairer
par tous los moyens, par l'enquête, par
la presse, par la parole, par la discus-
sion. Ceci est la garantie expresse et
la condition d'être du suffrage uni-
versel. »
C'est l'évidence même. II faut que les
journaux soient libres, pour que le peu-
ple souverain puisse prononcer en
pleine et entière connaissance de cause.
Pour que les journaux soient libres, il
ne faut pas que la malveillance do quel-
ques-uns puisse les accaparer et, à pro-
prement parler, les réduire au silence.
Ce prétendu droit, abusif, de quelques-
ques-uns va directement à l'encontre
du droit de tous.
La proposition de M. Cruppi est donc
absolument d'intérêt général. Espérons
que la Chambre, au milieu de toutes les
besognes urgentes qui la pressent de
toutes parts, trouvera un quart d'heure
pour la voter.
Lucien Victor-Meunier.
Nous publierons demain un article
de M. Georges Trouilloi
KRUITZINGER
M. Chamberlain est vérita
blement en train de « tentei le
diable,» et nous lui conseillons
de la façon la plus expresse,
dans le but de sauvegarder et
sa propre respectabilité, et le
bon renon anglais, d'arrêter net
des procès du genre de celui que l'on in-
tente en Afrique, au commandant boer
Kruitzinger.
Sans exagération, c'est, croyons-nous.,
depuf qu'il existe des civilisations, et que
h guerre î pour elle une sorte dt. code
qui. sans être, un code d'équité, tend du
moins à feindre de donnei au* boucheries
internationales une sorte de réglementa-
tion destinée à empêcher l'homme de res-
sembler tout à fait à une brute féroct. et
sauvage; c'est la première fois, croyons-
nous, que de pareils faits mettent mal à
1 aise la conscience publique de l'univers.
Comment, voilà un grand peuple qui en-
gage contre une poignée de héros une lutte
sans merci ; le plus faible étonne le globe,
étonne la race humaine toute entière, par
sa magnanimité envers le plus fort ; non
seulement il se bat un contre vingt, non
seulement il accepte la lutte dans des con-
ditions qu'aucun peuple n'avait acceptées
avant lui ; ses femmes, ses enfants, sont
mis en cage, parqués comme des fauves,
détruits par le soldat adversaire et par la
maladie, traités en bétail ; il se bat, il fait
des prisonniers nombreux ; il résiste à la
tentation si forte, si naturelle, de se venger
sur ces prisonniers, sinon de ses propres
souffrances, au moins des souffrances de
ses enfants ; il relâche ces prisonniers, don-
nant au monde civilisé un exemple qui,
malheureusement, ne sera pas suivi.
Er c'est contre ce vaincu magnanime
qu'unegrandenationeuropéenne a l'audace
d essayer de ia plus infâme intimidation,
en traitant en rebeile, en menaçant de la
mort, en exécutant les combattants qui ont
loyalement lutté pour leurs foyers envahis,
pour le gouvernement légitime de leur na
tion.
C'est un acte dont l'odieux ne peut être
assez sévèrement qualifié M. Chamber-
lain a fait assassiner, non pas légalement,
mais avec des formes de jugement, le com-
mandant Sheppers, saisi dans son lit d'hô-
pital; îl s'apprête a faire assassiner le
commandant Kruitzinger fait prisonnier au
moment où, sur le champ de bataille, il
tentait de sauver l'un de ses compagnons
d'armes; si une pareille infamie se com-
met, il n'y aura pas de termes pour la sti g-
matiser.
Nous faisons appel aux loyaux Anglais
qui ont le souci de l'honneur de leur grande
«I lij>ér^ nation.^Ch. Bf - .-- b.
ENCORE UN CRIME 1
Boulevard Rochechouart. — Une bro-
canteuse assassinée. — Comment a
été découvert le cadavre. — Fuite
de l'assassin. — Les constata-
tions. — La déposition du fac-
teur. — Un client qui se ca-
che. — Le vol, mobile du
crime. — Les opérations
d'aujourd'hui.
L'émotion causée par l'horrible mort d'An-
gèle Chèze n'est pas encore calmée, qu'un nou-
veau crime vient d'être découvert à Montmar-
tre, qui est en train d'acquérir une triste célé-
brité.
Une femme de 64 ans, Mme Elisabeth Drey-
fus, brocanteuse, a été assassinée en plein jour
chez elle, 110, boulevard Rochechouart, et l'as-
sassin a fait preuve d'une audace véritable-
ment surprenante.
La maison du crime
A cette adresse, se trouve unepelite boutique,
avec un étalage de brocante, et une enseigne,
portant cette inscription :
AUX BIBELOTS nÉUNIS
Sur la devanture on lit : English spocken,
Man spricht àeutsch. Se hablà Espanol et.
Arabe.
La maison qui existe depuis 1884,était tenue
par N'me Barbat, née Elisabeth Dreyfus, con-
nue SI alement dans le quartier sous ce dernier
nom.
Mme Dreyfus était originaire de Alberlviller,
près de Landau (Bavière). Elle vivait seule, son
mari étant disparu depuis 17 ans, sans qu'elle
ait pu savoir co qu'il était devenu.
Très méfiante, Mme Dreyfus vivait toute
seule, n'ayant pas de domestique. Son maga-
sin était assez bien achalandé et elle avait une
assez nombreuse clientèle, composée surtout
d'amateurs de curiosités.
La brocanteuse avait eu autrefois à son ser-
vice uno employée, Mme Lecocq, dont elle
avait dû se séparer au mois de novembre der-
nier, parce que les affaires étaient dilliciles ;
mais les deux femmes étaient restées en très
bons terme?, et se voyaient assez régulière-
ment.
Découverte du crime
Vers deux heures, Mme Lecocq allant rendre
visite à son aucienne patronne fut tout étonnée
de voir les vitrines installées et la porte fer-
mée autrement qu'elle l'était habituellement.
En effet, quand Mme Dreyfus s'absentait,
elle fermait sa porto à l'aide d'un cadenas, or
à ce moment, le bec de-cane avait été simple-
ment enlevé.
Mme Lecocq se rendit alors chez M. Fran-
quet, 50, rue Rochechouart, marchand de cou-
leurs, et neveu de la victime.
Celui-ci malade, et ne soupçonnant pas d'ail-
leurs qu'un malheur avait pu arriver, ne se
dérangea pas et envoya un de ses commis.
La concierge, Mme Regardebas, fut prévenue
et, accompagnée d'un agent, les deux person-
nes ouvrirent la boutique, où rien d'anormal
no fut constaté.
Mais en entrant dans une sorte d'arrière-
boutique qui sert d'entrée au logement, la
porte offrit une certaine résistance.
C'est là que se trouvait le cadavre.
Mme Dreyfus était étendue à terre, la tête
contre la porte, les pieds sous le lit; la face
était violacée, le cou portait des marques de
strangulation.
La bouche était couverte d'un bâillon en
tissu léger.
Aux commissures des lèvres se trouvaient
deux taches sanguinolentes.
On a vu l'assassin
La nouvelle du crime se répandit prompte-
ment dans le quartier, la conciergo se rappela
alors avoir vu sortir un individu qui pourrait
être l'assassin.
Elle a fait à ce sujet la déclaration suivante
à quelques voisins.
Mme Dreyfus était très craintive, elle disait tou-
jours qu'il « lui arriverait un maiheur a. Tous les
soirs elle ne rentrait pas elle-même son étalage,
par peur d'être assaillie par des voleurs, et les voi-
sins se chargeaient do ce travail.
Le matin elle avait vaqué à ses occupations or-
dinaires et je n'ai vu sortir personne de chez elle
avant midi.
Mais vers une heure j'ai aperçu.quittant la bou-
tique, un individu porteur d'un paquet de toile
bleue et d'un autre ballot qu'il avait sous le bras.
Les constatations
M. Carpin, commissaire de police, aussitôt
prévenu, vint procéder aux premières onsLa-
tations.
Le D' Gremberg, appelé aussitôt, établit que
la victime avait été étranglée et que le crime
avait été commis entre midi et 1 heure.
L'assassin a dù saisir Mme Dreyfus, la jeter
à terre, puis l'a ensuite relevée et placée sur
un fauteuil.
Peu après. MM. Flory, juge d'instruction,et
Hamard, sous-chef do la Sûrelé, arrivaient à
leui tour sur le lieu du crime et commençaient
aussitôt leur enquête.
Ils interrogèrent d'abord Mme Regardebas.
qui raconta comment elle avait vu l'homme
quitter la boutique vers une heure.
Intéressante déposition
A ce moment un facteur des postes, nommé
Picot, vint déclarer que le matin à 11 h. 45,
il s'était rendu chez Mme Dreyfus, pour lui
vendre un bon de la Caisse d'Escompte de
1785, curieux à cause de sa rareté.
Mme Dreyfus ne voulut point acheter le
litre, mais elle dit au facteur de revenir dans
la soirée, car elle connaissait un amateur
qu'elle devait voir le jour même.
A ce moment, M. Picot aperçut dans un an-
gle de la boutique un individu qui cherchait à
se dissimuler, semblant toutefois regarder lés
bibelots exposés. Le facteur remarqua son al-
lure suspecte, mais n'y attacha cependant au-
cuno importance.
Vers midi et quart, on aperçut Mme Dreyfus
prenant le frais sur sa porte.
On suppose donc que, si l'homme en ques-
tion est bien l'assassin, il a dû aller déjeuner
et revenir ensuite commettre son crime.
Le signalement
Un point est acquis, c'est que le signalement
de cet homme et celui de l'homme vu par la
concierge sont identiques :
Blond, moustaches, 28 à 30 ans, visage rosé, assez
fort, taille 1 m. 65, vêtu d'un pantalon gris et d'un
veston bleu, ayant l'aspect d'un employé de com-
merce.
Lorsqu'il a quitté la maison, il était sans
chapeau, et portait sous le bras un paquet en-
veloppé de papier gris ; il traversa le boulevard
parmi les baraques et disparut dans la direc-
tion de la rue Lallier ou do la rue Bochard-de-
Sarron,
Le mobile du crime
On est certain, dès maintenant, que le vol
est le mobile du crime.
Un portemonnaie, toujours bien garni et qui
devait contenir environ 250 fr., a été retrouvé
vide ; ? mais un petit secrétaire où se trou-
vaient unequinzaine de mille francs de valeurs
n'a pas 6t& fracturé.
La soirée
La corps est resté dans le magasin toute la
soirée: il ne sera iraasoorlé qu'aujosri'hus à
la Morgue* -
M. Bertillon a photographié le cadavre et le
lieu du crime.
Aujourd'hui également, une minutieuse per-
„quisj £ on sera opérée. .r ,.
LE BLOC
C'est du bloc antiministériel qu'il s'agit.
a Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille. »
Cette coalition hétéroclite et haineuse manque
de cohésion.
Et encore, nous ne sommes qu'à la veille des
élections. Mais demain? mais après ? Pour un
instant je suppose que, grâce assurément au
grand saint-Antoine de Padoue, l'armée natio-
naliste triomphe en mai prochain. Que se pas-
sera-t-il alors ?
J'imagine que M. Jules Lemaître, qui n'a
pas oublié son Tacite, a dû à maintes reprises
se poser cette question dans les rapides
qui le ramènont hebdomadairement des villes
lointaines où il va, avec sa troupe, recueillir
des ovations préparées.
Et sans doute il s'est rappelé l'anecdote rap-
portée par l'historien latin qui lui fut cher. Un
jour, les chefs gaulois se réunirent à Reims et
tinrent conseil; il s'agissait de se révolter
contre Rome; mais, de telles compétitions s'é-
levèrent, sur le point de savoir qui, après l'in-
surrection victorieuse, serait le maitre,et tant
de rivalités se dévoilèrent, que les guerriers ai-
mèrent mieux s'abstenir, dans la crainte des
dissensions qui naîtraient,plus violentesencore,
une fois l'indépendance conquise.
Et une ride profonde a dû se creuser sur le
front de l'académicien songeur. ride qua
bientôt pourtant l'espérance fallacieuse trans-
forma en sourire : - « Le maître?. ce sera
moi ! »
, Et sans doute!
Mais le plus fort, c'est que tous, prenant
leur désir pour des réalités so leurrent de la
même manière : Coppée, Méline, Ribot, le duc
d'Orléans, et le prince Victor.
Nous reverrons ces messieurs dans deux
mois. S'ils sont vaincus, ce qui n'est point
douteux, ils pleureront ensemble leurs chimè-
res évanouies, et si, par impossible, ils sont
vainqueurs, ils apprendront qu'il y a des len-
demains de victoire qui .sont pires que des dé-
faites.— A. Armbruster. -
LE MOINEAU PARLEMENTAIRE
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 8 mars.
Le Parlement autrichien est dans le deuil ;
le fameux moineau du Roichsrath qui, depuis
plusieurs mois, vivait dans les couloirs, a été
trouvé mort. Au commencement do la session
d'automne l'oiseau qui ne trouvait rien à pico-
rer dans le Volksgarten s'était égaré dans les
vastes couloirs du Parlement.
On le laissa s'y installer sans même vérifier
son mandat.
On installa même une petite auge et une
boite de graines au bas d'une colonne où il ni-
chait: c'était son indemnité parlementaire.
Il circulait librement et personne ne le tou-
chait, car il était couvert par l'immunité par-
lementaire.
Bien vu par tous les partis, les ministres no
lui refusaient rien.
Il auraiteommo lesautres profité de prochai-
nes vacances, mais une mort prématurée a mis
fin à ce rêve. Les médecins disent que l'oiseau a
été trop gorgé.
Le régime de l'assiette au beurre ne lui a
pas fait du bien.
BQÊROPHILIE ET LËSE-MFTJESTË
(De notre, correspondant particulier)
Berlin, 8 mars.
Le prédicateur libre-penseur, M. Welckcr,
sera poursuivi pour lèse-majesté. Il aurait com-
mis ce délit au cours de la fête donnée en
l'honneur de Dewet.
M. Welcker, pendant une conférence, dési-
gna comme coupables ceux qui auraient pu
empêcher la guerre contre les Boers et qui ne
l'ont pas fait.
On voit dans ce reproche une allusion bles-
sante à l'adresse de l'empereur Guillaume.
L'ORIGINE D'UN mm
(De notre correspondant particulier;
New-York, 8 mars.
C'est par le commissaire de la Compagnie
d'Hudson Bay que la nouvelle de l'assassinat
de l'explorateur -Andrée par les Esquimaux a
été inventée, de toutes pièces.
LES CHIENS DÉSERTEURS
(De notre correspondant particulier)
Gibraltar, 8 mars.
Les grandes manœuvres navales anglaises,
qui doivent commencer demain, sont précédées
depuis quelques jours de manœuvres d'artil-
lerie de siège dans les forts. Le feu d'artillerie
a eu ua effet auquel on ne s'attendait point.
Les nombreux chiens de guerre qu'on entraîne
dans le camp do Rock ont pris subitement la
fuite vers le territoire espagnol. On cherche
maintenant à obtenir l'extradition des déser-
teurs quadrupèdes.
LE RENDEMENT DES IMPOTS
Une amélioration. — Les plus-values
Le chiffre total du rendement des impôts in-
directs et monopoles do l'Etat pour le mois de
février s'élève à la somme de 184.534.C00 fr.
accusant ainsi une plus-value de 2.886.100 fr.
par rapport aux évaluations budgétaires et une
diminution de 9.732.500 fr. par rapport à la
période correspondante de 1901.
LE CONGRES DES MINEURS
Alais, 8 mars.
Le Congrès a tenu sa première séance de la
journée sous la présidence de M. Buvat. Dix-
huit délégués étaient présents.
, Il est parlé de nouveau de la grève générale.
MM. Joucaviel, Lamendin et Basly veulent
qu'elle ne puisse être votée que par les deux
tiers. M. Bouchard dit qu'il faut mettre la main
à la pâte pour organiser la grève et que le
même mode de votation doit être conservé.
Sur la question des retraites, M. Lamendin
demande qu'on s'en tienne à la proposition
BasJy-Lamendin devant la Chambre. Il de-
mande en outre que les mêmes membres du
conseil fédéral soient entendus mercredi par la
commission du Sénat MM. Buvat, Boxant,
Joucaviel, Evrard et Cotte sont désignés. M.
Cotte dit qu'en cas de grève générale, il faut
pouvoir compter sur le Comité international
sans autre organisation.
M. Bouchard propose la création d'une caisse
de chômage pour venir en aide aux grévistes.
M. Basly dit qu'on devra envoyer des fonds au
Comité de la grève.
M. Buvat, président, donne lecture d'un ma-
nifeste adressé aux mineurs de France et signé
par les délégués qui ont quitté le Congrès hier.
Les congressistes décidant de répondre au ma-
tQifcslc. ,
LA FIEVRE APHTEUSE
.s&.pl'Opagat.iOIL- Les. za-vages de la
(f cocotte ). — Remèdes impuissants.
— Le krach de la séraphtine.— La
guérison par le sérum. — Expé-
riences concluantes.
Parmi les fléaux qui menacent l'agriculture,
il n'en est pas de plus grave, et qui préoccupe
à plus juste titre les pouvoirs publics que la
fièvre aphteuse. Aussi, croyons-nous rendre
un service réel aux agriculteurs qui nous li-
sent, en leur faisant connaître les résultats ob-
tenus au moyen d'inoculations d'un sérum
curatif et préservatif découvert par M. Pré-
vost, vétérinaire à Besançon.
Mais auparavant, nous examinerons briève-
ment les conditions dans lesquelles se déclare
et se propage la fièvre aphteuse, et les remèdes
que — sans succès — on lui a appliqués jus-
qu'ici.
La « cocotte »
La fièvre aphteuse, assez communément ap-
pelée cocotte, s'attaque,chez les ruminants,àla
bouche et aux mamelles, qui se couvrent
d'aphtes, et enfin aux pieds, dont les ongles se
décollent et tombent parfois.
On soigne les aphtes delà bouche, au moyen
de lavages à l'acide borique, d'applications
d'émollients, ou de miel, ou de vinaigre,etc.
La maladie, quand elle s'attaque aux ma-
melles, empêche d'abord la sécrétion du lait
pendant un temps plus ou moins long; elle
peut même amener la porte totale des mamelles.
Elle se complique souvent d'abcès, et conduit
l'animal qui en est atteint à l'épuisement, à la
cachexie et à la mort. Si cette dernière éven-
tualité peut être évitée, l'animal n'en vaut
guère mieux pour son propriétaire. Remèdes
employés : lavages avec solutions émollientes,
astringentes ou antiseptiques.
Quand elle s'attaque aux pieds, la fièvre
aphteuse amène le décollement des ongles, des
arthrites consécutives, et le dépérissement ra-
pide de l'animal.On a employé jusqu'ici toutes
les médications imaginables, les onguents les
plus variés, les bains locaux à base de sulfate
de cuivre, lo passage à la chaux; on a épuisé
toute la série des désinfectants, des émollients,
des astringents, et même des caustiques.
Peines perdues i
Dernièrement,. cependant, le D'Jarre, de
Paris, obtenait d'assez bons résultats en badi-
geonnant les parties malades avec une solution
d'acide chromique à 33 0[0. Mais le traitement
était purement curatif, il n'avait aucun carac-
tère préservatif et n'empêchail pas l'apparition
des accidents secondaires.
Mesures sanitaires
Devant l'inefficacité des remèdes employés,
et en présence de la rapidité avec laquelle se
propageaient les épidémies, le gouvernement
dut prendre des mesures qui, pour être rigou-
reuses et souvent vexatoires, n'amenèront pas
de meilleurs résultats.
Lo système de l'isolement des animaux ap-
partenant à une exploitation contaminée n'eut
d'autres résultats que de charger les budgets
départementaux et d'exaspérer les cultivateurs
contre le service sanitaire.
Les déclarations des propriétaires, prescrites
par la loi sanitaire de 1881,donnent lieu à bien
des fraudes. Nombreux sont les propriétaires
qui font de fausses déclarations, ou n'en font
pas du tout, pour éviter la séquestration, le
boycottage de leurs animaux.
Et puis l'isolement, la séquestration, excel-
lents pour empêcher la propagation du char-
bon, da la morve, etc., se sont montrés jus-
qu'ici absolument impuissants à arrêter les
progrès de la fièvre aphteuse. Eminemment
fugace et volage, cette maladie épargne sou-
vent une propriété enclavée entre d'autres fer-
mes contaminées pour aller porter ses ravages
à quelques kilomètres plus loin.
En résumé dans les pays d'élevage, où les
animaux vivent en liberté, où les transactions
et les déplacements sont fréquents, presque
journa!iers, la fièvre aphteuse, sa marche et
son développement échappent le plus souvent
au contrôle administratif.
Un ftéâu
On voit, par ce qui précède, combien lour-
dement pèse sur l'agriculture le fléau, toujours
menaçant, de la fièvre aphteuse.
Certaines contrées de la France ne vivent
que de l'élevage et de l'industrie laitière. En
Normandie, par exemple, où cette industrie est
particulièrement prospère, les ravages occa-
sionnés par la fièvre aphteuse sont considéra-
bles. Les fermes, les pâturages couvrent les
neu! dixièmes de la superficie du pays; le lait,
le beurre, les fromages, l'élevage des bestiaux
destinés à la boucherie en sont la principale ri-
chesse.
Dans un seul département, celui du Calva-
dos, l'épidémie de fièvre aphteuse, en 1899,
s'est traduite par une perle pour les cultiva-
teurs de près de quatre millions de francs,
exactement 3,926,280 francs. Et nous ne comp-
tons pas dans ce chiffre la valeur des animaux
tués ou rendus improductifs par la maladie, et
non déclarés par leurs propriétaires, non plus
que la somme importante consacrée par le dé-
partement au service sanitaire.
Par ce seul exemple, on voit, que nous n'avons
pas exagéré on représentant la fièvre aphteuse
comme un véritable fléau.
Le sérùm Prévost
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que, d'un
bout à l'autre du territoire, tous les vétéri-
naires français auxquels se sont joints de nom-
breux chimistes aient multiplié les recherches,
répété les expériences, pour arriver à décou
vrir la guérison de la fièvre aphteuse. C'est ce
qu'ils firent, c'est ce qu'ils continuent à faire,
en s'inspirant, pour la plupart, des méthodes
pastorieunes.
Un moment même on crut avoir trouvé le
remède : c'était la « séraphtine » inventée par
un savant allemand. Comme la tuberculine de
Koch, elle donna des résultats étonnants, la
séraphtine. Grâce à elle, la fièvre aphteuse fit
son apparition dans des contrées où elle était
jusqu'alors inconnue. L'efficacité — à rebours
— du sérum allemand était surabondamment
démontrée.
Cet insuccès ne découragea pas les cher-
cheurs. Mais comme pour la plupart des gran-
des inventions du siècle dernier, c'est à un
Français que devait revenir l'honneur do dé-
couvrir le véritable sérum antiaphteux.
C'est vers la fin de l'année 1899 qu'un vétéri-
naire de Besançon, M. Prévost, faisait connaî-
tre les résultats obtenus par lui, au moyen
d'un sérum dont il nous est impossible de don-
ner ici la composition, on comprendra aisé-
ment pourquoi.
M. Prévost obtint tout d'abord, à l'aide de ce
sérum, des résultats favorables, ainsi qu'en
témoignent les arliclespubliés à cette epoquepar
plusieurs de nos confrères de l'Est, entre autres
ta Champagne agricole, la Dépecé, le Petit Ar-
dennais, ¿'Est républicain, etc.
M. Prévost, encourgé par ces heureux débuts,
voulut multiplier ses expériences. Il les renou-
vela dans le pays d'Auge, un des plus impor-
tants centres d'élevage de toute la Normandie.
Ici, une déception attendait M. Prévost. Les
expériences, faites en présence d'une commis-
sion officielle, ne donnèrent que des résultats
douteux, négatifs même dans certains cas.
Fallait-il donc désespérer de trouver jamais
le remède de la Sovre aphteuse ? Fallait-il
que M. Prévost se résignât à constater, avec
les membres très officiels de ladito commis-
sion, J'inefficacité de son sérum ? Le vétéri-'
naire de Besançon, assez découragé, n'était
pas éloigné d'abandonner ses recherches,
quand H fit la connaissance d'un vétérinaire de
Bayeux, M. Brelotqui, au nom d'un groupe do
propriétaires et d'éteveurs de la région, avait
suivi, pour en contrôler les résultats, les ex-
périences faites avec le nouveau sérum. !
M. Brelot, plus au courant que M. Prévost
des qualités et des propriétés de la race bovins
normande, fit remarquer à son collègue qua1
l'on n'avait pas assez tenu compte de la nature
des'animaux qui avaient servi aux expérien-
ces. Ceux-ci étaient sanguins,de forte taille, et
vivaient en liberté dans les pâturages, alorsi
que les premières expériences avaient été fai-
tes, dans l'Est, sur des vaches de taille .petite
ou moyenne, et anémiées par un séjour pro-
longé à l'étable. Et M. Brelot insistait sur ce
point que lds seules vaccinations qui avaient
été reconnues efficaces dans le pays d'Auga
avaient été pratiquées sur des veaux et de pe-
tites vaches.
Conformément an désir exprimé par NI. Bre*
lot; les expériences recommencèrent donc.
Tandis que M. Prévost, dans son laboratoire de
Besançon, perfectionnait son sérum et en assu-
rait la conservation dont l'insuffisance availétô
une cause d'insuccès, M. Brelot eu expérimen-
tait à nouveau les effets sur les animaux des
environs de Bayeux, atteints par la fièvre
aphteuse.
Cette fois, les résultats furent concluantg
Dans une seule exploitation, contenant une
centaine d'animaux, et appartenant à MM. Le
Carpentier, propriétaires-éleveurs à Elréhanu
une dizaine de vaches étaient atteintes de fièvre
aphteuse. Quatre d'entre elles furent vaccinées
par M. Brelot, recommencèrent à manger au
bout de 24 heures et furent radicalement gué-
ries en trois jours au maximum, tandis queles
non vaccinées restaient malades.
Encouragés par ce résultat, MM. Le Carpen-
tier n'hésitèrent pas à confier plusieurs de leurs
vaches, absolument saines, à M. Brelot, pour
lui permettre d'établir que le sérum Prévost*
venant de réussir comme curatif, avait, au mê-
me degré, des vertus immunisantes et préser-
vatrices. Cette fois encore les expériences ten-
tées par M. Breloi réussirent au delà de toute
espérance. Tandis que l'épizootie s'étendait
aux animaux - non vaccinés. les vaches inocu-
lées échappaient totalement à la contagion.
Nous avons cité cet exemple. Nous pourrions
en citer d'autres. Pour le moment, nous nous-
contenterons d'avoir établi que le sérum Pré-
vost préserve les animaux sains dans la pres-
que totalité des cas; que les animaux en pé-
riode d'incubation ne contractent jamais, après
inoculation, qu'une maladie extrêmement bé-
nigne, pour ne pas dire insignifiante — quand
ils ne sont pas totalement préservés, comme
nous l'avons vu plus haut. 1
Dans tous les cas il ressort des expériences
faites par M. Breloi que les animaux malades
recouvrent l'appétit en 12 ou 24 heures, qu'ils
cessent de boiter au bout d'un jour, et qu'ils
ne sont jamais atteints d'accidents inflamma-
toires secondaires.
Comme toutes. les inventions nouvelles, le
sérum Prévost asoulevé déjàbien des critiques;
il a été violemment attaqué. Il le sera encore
probablement.
Quoiqu'il arrive, nous nous féliciterons d'a-
voir été les premiers,dans la presse parisienne,
à signaler au public uno découverte appelée-
à rendre à l'agriculture d'inappréciables servi-
ces. — Georges Gillet.
Voir à la 38 page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
LES CONGREGATIONS
Avis défavorables
Niort, 8 mars.
Le conseil municipal de Melle a donné un
avis défavorable sur la demande en autorisa-
tion des clercs du Saint-Viateur et des filles dit
la Sagesse, à l'unanimité, malgré le maire,
M. Girard, sénateur, favorable à ces der-
nières.
Celui de BeauIien-sous-Parthenlly a donné-
un avis défavorable sur la demande en autori-
sation des sœurs de l'Immaculée-Conception.
HENRI DE PRUSSE AUX ÉTATS-UNIS
Retour à New-York. — L'épéb de
Washington. — Les déclarations
au pilote.
New-York, 8 mars.
Le prince Henri est arrivé hier soir.
On signale un incident curieux qui s'est pro*
duit à Albany, au cours de la visite du prince
au CapiLole. Dans son testament, Washington
avait prescrit que les cinq épées qu'il laissait
ne devaient être tirées de leurs fourreaux que
pour la défense du pays. En conséquence,
l'épée que lui avait offerte Frédéric le Grand
était toujours restée au fourreau; mais lors.
qu'on la présenta au prince Henri, celui-ci,
ignorant les dernières volontés de Washington
tira l'épée.
Le prince francophile
Cherbourg, 8 mars.
Le pilote Desprez, qui a conduit en rade de
Cherbourg le Kronprinz- Wilhelm, sur lequel
le prince Henri de Prusse a fait la traversée
d'Allemagne à New-York et qui so trouvait sur
la passerelle au moment de l'entrée en rade,
fut interpellé en langue allemande par le prince
et, ne comprenant pas, ne put que lui dire qu'il
était Français.a Français?dit aussitôt leprince
en changeant de langue, ah ! tant mieux, je
suis heureux de pouvoir parler avec un Fran-
çais » et, lui tendant la main, il ajouta :
Si vous saviez combien j'ai conservé un pieux
souvenir de l'accueil qui m'était réservé en France
à l'occasion do la mort de l'impératrice ma mère!
Le port de Brest et les autorités françaises ont mis
tant d'impressement à faciliter mon retour en pré-
parant un train spécial et en envoyant un aviso le
long de mon navire pour y prendre mon courrier.
Je garde à l'égard de tous les Français la plus pro-
fonde reconnaissance. Encore une feis permettez-
moi de vous serrer la main, car j'aime beaucoup la
France et dites bien que j'ai été très louché de la
courtoisie et de la gentillesse qui.m'ont été faites.
Mais j'ai préféré regagner les ports de la mer du
Nord avec mon escadro sachant quo je serais plus
vite arrivé.
Le prince dit ensuite qu'il a une véritable
passion pour la mer et qu'il no se sent heureux
qu'à bord d'un navire; il termina la conver-
sation en serrant de nouveau la main du pilote
Desprez. Ce dernier, que son devoir profes-
sionnel avait retenu ces jours derniers à la
mer, n'avait pu jusqu'ici raconter sa conversa-
tion avec le prince.
———————————- ——-—————
LES GRÈVES
En Espagne
Valence, 8 mars.
La grève des boulangers continue, limitée à
six fours. Les autorités ayant pris les me-
sures nécessaires pour que le pain ne vienne
pas à manquer, celui-ci est en abondance.
Bilbao, 8 mars.
Les anarchistes Blanco et José Lopez sont
partis pour Léon et Oyiedo, Blaaço a deçlqrg
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