Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 mars 1902 07 mars 1902
Description : 1902/03/07 (N11683). 1902/03/07 (N11683).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
f CINO CENTIMES le Numéro. PARIS & DEPARTEMENTS L. N.po. CINQ CENTIMEÉ
, iMûftTEURAUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
61 «ois Trait IO'.Î S)K noîi Un ti
Paris 2 fr. 5 fr. 9fr. 18 fr. -
Départements 2 e - il — 20 —
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6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNA&
RÉDACTION : tai, rue Montmartre, lUt
De 1 à 8 heures du soir et de 40 heures du soir à i heure du matin
No 11683. - Vendredi ? Mars 1902
16 VENTOSE ANltO
ADMINISTRATIONS 131, rue Uonbnnrtre, 131
Adresser lellret el mandais à l'administraleur
NOS LEADERS'
PAPAPA
Encore nn livre consacré au souve-
nir pieux de Victor Hugo; et ce dernier
venu, le plus petit de tous par le for-
mat, n'est certes pas le moindre en
intérêt; c'est la contribution apportée
au monument fait de toutes les admi-
rations et de toutes les reconnaissan-
ces, par celui qui vécut ses premières
années dans l'ombre douce du génie
puissant et bon; — « Mon Grand-Père »,
par Georges Victor-Hugo ; dédié, comme
il sied, à celui qui seul, aujourd'hui,
reste debout des grands amis du Maître,
à notre cher Paul Meurice.
Ce ne sont que quelques pages, mais
exquises, d'un charme pénétrant et
fort.
Vous vous rappelez les funérailles
triomphales de Victor Hugo. Devant,
derrière le char funèbre venaient, écha-
faudés sur des véhicules spéciaux, traî-
nés par des chevaux qui, si nombreux
fussent-ils, peinaient sous la charge
énorme, des monceaux de fleurs, cou-
ronnes, bouquets qui, pendant huit
jours, s'dtaient entassés au garde-meu-
ble, venus de toute la France et de plus
loin encore : de tels amas de fleurs que
l'air, au-dessus de Paris, en fut quand
elles passèrent tout embaumé. Mais sur
le corbillard des pauvres qui, au milieu
de l'apothéose, gravissait lentement la
colline de la gloire, il n'y avait, ainsi
l'avait-on voulu dans une pensée de dé-
licatesse infinie, que la couronne des
petits-enfants ; ce livre, de M. Georges
Victor-Hugo, c'est encore la couronne
des petits-enfants.
Des fleurs, toujours; mais celles-ci
desséchées, telles qu'on les retrouve en-
tre les feuillets du livre du souvenir.
*
y La pensée du livre est tout entière
dans cette phrase :
« C'est cet amour, cette affection qui
se fait enfantine pour parler aux en-
fants, pour toucher leur jeune cœur
naissant, qui, plus tard, devient plus
grave; c'est notre Papapa qui, après
avoir joué comme un petit avec les
tout petits, cause avec l'adolescent,
conseille le jeune homme; qui conte
de belles histoires, des histoires pour
les yeux, et parle de la conscience, de
la beauté, de l'amour; c'est sa gatté,
malgré les tourments et la fin de la vie,
cette gaîté qu'il nous conserva toujours;
ce rire aux belles dents qu'il faitait,
pour nous, plus clair et plus étincelant;
sa voix calme, l'ineffable douceur des
caresses de ses vieilles mains; c'est ce
Victor Hugo que je voudrais évoquer,
avec une tremblante ferveur, pieine de
reconnaissance et d'adoration, en pen-
sant a mon enfance passée près de la
gloire, au moment où je dis adieu à
mes jeunes années. »
Et puis ce sont quelques croquis, faits
à légers et brefs coups de plume, et sai-
sissants de vérité.
On sait que ses petits-enfants appe-
laient Victor Hugo a Papapa »; ce nom
avait été, paraît-il, inventé par « petit
Georges 1), et Victor Hugo dut sourire
de tendresse profondément émue - car
c'était au lendemain de la mort de Char-
les Hugo — en entendant les lèvres bal-
butiantes de l'enfant prononcer ce nom
qui réunissait dans la même caresse le
père mort et l'aïeul vivant.
«-Maintenant,je m'appelle Papapa.
dit-il doucement. » Et jusqu'à sa mort,
nous lui donnâmes, ma sœur et moi, ce
nom doublement tendre et que toujours
il chérit. a
.**
Le premier de ces croquis se rapporte
au temps du siège ; il a le vague et le
confus de ces vieilles photographies
que le temps a presque efîacéos :
« Quelque haute fenêtre et du bruit
dans la rue. Je veux voir passer les sol-
dats que j'ai reconnus au son du tam-
bour. Papapa m'assied sur son bras ;
tandis que je regarde; il tape sur la vi-
tre avec ses doigts et marque le pas. »
A mesure que l'enfant grandit, ses
impressions se précisent ; les souvenirs
sont restés nets. Voici qui date de l'épo-
que où Victor Hugo habitait avenue de
Clichy :
« Chaque matin, je descendais l'em-
brasser. Je le trouvais toujours au tra-
vail dans le cafarnaam (c'est ainsi que
Victor Hugo appelait son cabinet de
travail) ; en ouvrant la porte, je voyais
sa grande silhouette se découper sur la
fenêtre sans rideaux, et il me disait, en
levant la tête, le bras appuyé solide-
ment sur la haute tablette du bureau :
K Bonj our, mon petit bonhomme ! »
Je tourne les pages; je m'arrête à
të souvenir d'une « veillée ».
cr C'est pour entendre Papapa lire de
ses vers. Il est allé chercher dans le
cafarnaüm quelques-unes de ces gran-
des feuilles de papier qu'il a pliées en
deux, dans leur longueur. Enfouis dans
les jupons de notre mère, curieux, at-
tentifs et intimidés, nous regardons le
grand-père, debout devant la cheminée,
où flotte la flamme du feu. Et voilà qu'il
parle. Tantôt les éclats de sa voix, dej
venue terrible, me fait cacher la tête;
sous le châle de ma mère, tantôt il dit
doucement des mots aussi doux que
ceux qu'il dit pour nous. La lecture
finie, au milieu de l'émotion silencieuse,
je pars en courant, secoué de gros san-
glots bruyante. »
N'est-ce pas délicieux! Les petits,
naïfs. ignorants, caressaient de leurs
faibles doigts la crinière du lion, le voilà
qui rugit; au tonnerre de cette voix qu'ils
ne connaissaient pas, ils prennent peur,
ils fuient, son sourire les rappellera
vite,
Je voudrais citer aussi, mais c'est im-
possible, la place me manque, le récit
du voyage fait à nautevilleHouse, en
1878, pir Victor Hugo et dans lequel ses
petits-enfants l'accompagnèrent. Il y a
là une vision d'une intensité puissante.
« Je le vois encore monter.de son pas
cadencé devenu plus lourd, le sombre
escalier tapissé, des murs aux marches,
de feutres épais à dessins de roses et de
feuilles mortes.une main dans la poche
de son pantalon,l'autre solidement ap-
puyée à la rampe, il allait au travail.
Je m'arrête, résistant avec peine à la
tentation de tout citer.
.*.
Mais voici la fin du livre, la fin de
cette existence prodigieuse qui a rempli
le siècle et le monde , et il faut repro-
duire ces dernières lignes sur les-
quelles semble flotter la grande lueur
du soleil couchant :
« — Mes enfants, mes bien aimés !
«Il sortit de sous le drap sa main déjà
toute maigre; son vieil anneau d'or
brillait à son doigt sur sa peau mate. Il
nous fit un signe imperceptible, et quand
nous fûmes agenouillés:
«- Tout près de moi. plus près en-
core »
« Il nous baisa d'un lent baiser aves
des larmes aux lèvres. Ses yeux noirs
riaient sous sonbeaufront tranquille.Le
grand soleil de mai entrait par la fenê-
tre ouverte; il se blottit dans ses cou-
vertures comme s'il eût eu très froid. Sa
voix devint plus câline que jamais, et
plus tendre :
« — Soyez heureux. pensez à moi.
aimez-moi.
« Les yeux souriaient toujours. En-
core une faible étreinte de ses mains
lisses qui tremblent, un baiser de sa
bouche brûlante :
« — Mes chers petits!
« Et le dernier regard de Papapa fut
sa dernière bonté. »
Les yeux humides, le cœur plein de
pensées sereines et grandes, nous re-
mercions M. Georges Victor-Hugo de
nous avoir, dans sa pitié filiale, donné
ces souvenirs du Père dont la gloire
immortelle rayonne sur l'humanité.
Lucien Victor-Meunier.
LE DISCOURS DE M. RIBOT
M. Ribot a perdu une bella
occasion, non de se taire, mais
de parler plus net. D'après l'a-
nalyse que nous avait donnée de
son discours l'agence Havas,
il nous avait paru tout d'abord
que M. Ribot s'était élevé à
Marseille contre la politique méliniste d'al-
liance avec la droite et c'est pourquoi nous
avons dit qu'il avait discrètement désavoué
son rival dans le parti modéré. Mais depuis
nous avons pu lire le texte intégral des pa-
roles qu'il a prononcées. M. Ribot n'a désa.
voué ni M. Méline, ni sa politique. Il reste
ce qu'il était avant, un des chefs de la coa-
lition des modérés et des cléricaux contre le
parti républicain. Avec lesmêmes rancunes,
avec la même haine contre le ministère ac-
tuel, avec le même regret de n'avoir pas oc
cupé Je pouvoir au cours de cette législa-
tion.
Sans doute, M. Ribot a bien déclaré que,
des la constitution de la prochaine Cham-
bre, le devoir des républicains était de s'en-
tendre dans l'intérêt même de la Répu-
blique. Mais ce n'est pas cette déclaration
qu'on attendait de lui. Une question pré-
cise est posée en ce moment depuis la mo-
numentale gaffe de M. Méline. Quelle sera
l'attitude des modérés pendant la période
électorale ?
De l'aveu de M. Méline, il résulte qu'une
entente est établie, que les modérés doi-
vent faire bloc avec les réactionnaires et
les nationalistes contre les républicains.
M. Ribot est-il de cet avis ? Evidemment-,
puisqu'il n'a rien dit de contraire.
M Ribot est comme l'enfer, pavé de
bonnes intentions pour l'avenir. Le pré-
sent ne le préoccupe pas. Au lieu de pro-
tester bien haut — ne se dit-il pas répu-
blicain? — du désir du parti modéré défaire
l'union avec les républicains au cours de
la période électorale, au second tour, con-
tre les candidatures nationalistes, il se
borne à entrevoir, pour plus tard, une
alliance de tous les républicains. M. Ribot
est donc, comme M. Méline, partisan du
pacte électoral avec les cléricaux.
Nous étonnerions tout le monde si nous
écrivions que notre espoir a été trompé.
M. Ribot ne pouvait parler autrement. Sa
politique de cc franchise », de « loyauté » et
de « sincérité » n'a jamais été qu'une poli-
tique de tromperies à l'égard du parti ré-
publicain. M. Ribot, nel'oublions pas, ap-
partient au Journal des Débats. Il en a l'es-
prit critique et acrimonieux, mais il en a
aussi l'absence de conclusions etdesolutions
politiques Telles sont les raisons pour les-
quelles il a parlé comme M. Méline et les
nationalistes, donnant mêmedesarguments
à ces derniers contre le ministère, contre
le général André surtout. N'empêche que
M. Ribot, comme on le dit vulgairement,
« a raté le coche ». Il ne peut plus espérer
se réconcilier avec la gauche avancée. Un
fossé profond le sépare d'elle. — Ch. B.
.-' ——————————.—
t LE MONOPOLE DE LA RAFFINERIE
M. Fournièrc, député socialisto, vient dé
prendro l'initiative d'un projet da résolution
invitant la ministre des finances à déposer un
projet de loi sur le rachat des raffineries de
sucre aï leur exoloilation nar l'Etat.; .-' - 1
CHRONIQUE DU !
NOUVEAU MONDE
Henri de Prusse à New-York. —
Beaucoup de bruit pour rien. — Un
prince courtier électoral. — Les
dissidents, amis de Krüger. -
Ceci tuera cela. — Panama. Ni-
caragua et Cu. — Le sinistre
de Paterson. — Des pompes
et pas d'eau. — La liberté
à New-York. — Hugues
Le Roux et ses confé-
rences. — Bons et
mauvais sujets
(Denotrè correspondant particulier aux EtatS-Unis)
New-York, 22 février 1902.
Les feuilles officicilles auront beau faire, la
visite d'Henri de Prusse laisse le peuple indif-
férent, ne comprenant guère pourquoi on or-
ganise des fêtes en l'honneur du parent du
« kaiser ». L'Allemagne n'a jamais au ni élan
ni amitié pour les Etals-Unis ; Washington et
sa cause l'ont laissée plus que froide; aujour-
d'hui encore elle n'a aucun enthousiasme pour
cette forme de gouvernement.
S'il est impossible de découvrir l'ombre d'une
signification aux cérémonies projetées, com-
ment alors inspirer une sympathie parmi les
masses? La nation en général, tout comme les
journaux vraiment indépendants, sont plutôt
hostiles à Henri de Prusse, chargé par Guil-
laume de remercier le président Roosevelt
d'avoir jugé bon que Mlle Roosevelt accepte de
baptiser le yacht Metcor en construction en
Amérique et destiné au kaiser, seule raison
motivant l'arrivée d'une escadre dans les eaux
do New-York avec ordre de tripler la salve,
d'un programme de réceptions, banquets, re-
présentation de gala, célébrant l'arrivée ici
d'Henri de Prusse.
Ces bons contribuables
Pour régler ce petit détail de ménage, cette
« politesse » — disons le mot bourgeoisement
— on va gaspiller trois millions de francs.
Entre la poire et le fromage, avant de crier
« Hoch de kaiser », les orateurs désignés par
M. Roosevelt sortiront de leur poche des dis-
cours soigneusement préparés pour réchauffer
la politique impérialiste et conservatrice qui
nous rend à la fois vains et crétins. Ce sera
«comme un bouquet de fleurs » pour tous
ceux qui, bien repus aux frais des contribua-
bles applaudiront ces fadaises.Henri sera donc
à son insu transformé en agent électoral.
Dans certains milieux, surtout dans le sud
des Etats-Unis, des démonstrations défavora-
bles ont eu lieu; très certainement Henri de
Prusse ne visitera pas la Nouvelle Orléans.
Les esprits libéraux ont reproché au gouverne-
ment son attitude à l'égard du vénérable Kru-
ger, le défenseur sublime de l'idée de patrie et
de liberté et ses avances au frère d'un tyran,
typifiant l'ennemi acharné de tout ce qui est
énoncé dans la constitution américaine. Voyez-
vous le parallèle : à l'opprimé, on tourne le
dos. mais pour saluer un hochet de la cour
de Germanio, on se baisse jusqu'à terre. En-
core un peu « on lieberait les bottes à ce mon-
sieur », comme dirait Gavroche.
Mais les ordres sont donnés et, à New-York
comme à Chicago, ou à San Francisco, comme
à Key-West, lors de l'arrivée du vapeur ame-
nant Henri de Prusse en Amérique, les orga-
nes publieront des comptes rendus élogieux ;
les articles auront la grande vedette, il n'y
aura plus de « tête de colonne M, les titres s'é-
taleront sur toute la largeur du journal.
Ceci tuera cela.
Précisément à cette époque les intellectuels
du monde entier entonneront un hosannah en
l'honneur du suprême génie du dix-neuvième
siècle, de Victor Hugo, apôtre de la liberté ot
poète des poètes. Dans toute l'Europe, des
manifestations populaires auront lieu et le
centenaire de celui qui est universel sera célé-
bré d'une manière encore sans précédent dans
l'histoire des peuples. Nos journaux sont
remplis de notes officieuses sur le prince
Henri, et c'est a paine si on consacrera un
paragraphe. - résumé des dépêches, — aux
belles fêtes organisées par la République fran-
çaise qui reste fidèle à la grande devise: « Aux
grands hommes la patrie reconnaissante Il
Et la semaine pacifique et littéraire éclipsera
quand même la farce-parade américano-alle-
mande; de cette dernière autant en emportera
le vent, la première, au contraire, restera
inoubliable. Ceci tuora celât
Les grands canaux
Le Panama ou le Nicaragua? — Voilà le
dilemme dont on se préoccupe un peu par tous
les Etats.Chacune des deux routes a ses défen-
seurs et ses adversairâs.Bienque la Compagnie
française ait offert de céder toute son œuvre :
comprenant les biens acquis,le canal en partie
creusé, le matériel ainsi que les droits et con-
cessions établis par des actes, il se trouve
encore bon nombre de législateurs qui affectent
de contester sérieusement la valeur de cette
proposition. L'influence des grands entrepre-
neurs américains se fait sentir ; il est certain
que la construction du Nicaragua nécessitera
une dépense double de celle indiquée par la
commission et que finalement ce canal ne sera
jamais pratiquement navigable. Voilà l'appât.
Une brochure vient de paraître, publiée par
le bureau des statistiques et donnantun aperçu
général des grands canaux du globe.
Après le canal de Suez qui est de beaucoup
L plus important de tous. comme on sait,
viennent les deux canaux allemands réunissant
la Baltique à la mer du Nord; le premier est
plus profond et plus large, le second met éga-
lement ces deux mers en communication à
l'aide de l'Elbe et de la Trave.
Le canal de Manchester vient en 3* rang; il
part de la ville dont il porte le nom pour abou-
tir avec la Mersey à Liverpool.
Le système de canaux américains qui re-
lient les grands lacs vient ensuite.
En Russie, le canal de Cronstadt permet aux
grands navires d'arriver jusqu'à Saint-Péters-
bourg.
Le dernier mentionné est le canal de Co-
rintiie, qui relie le golfe de Corinthe à l'ar-
chipel.
En résumé celte publication est à coup sùr
intéressante, mais elle ne précise rien quant au
choix le plus avantageux a faire entre le Ni-
caragua et le Panama.
On demande de l'eau
L'incendie qui a détruit en partie Paterson
jette toute la population dans la consternation.
Fort heureusement les fabriques de soie ont
échappé au sinistre, cette partie de la villa
ayant été épargnée.
N'est-il pas étrange, à priori, de voir aux
Etats-Unis où on se plaît à vanter l'aménage-
ment des maisons de rapport ou particulières :
tous les conforts, eau à tous les étages, même
à la cave, salles de bains, etc., de constater
que si un feu, se déclare, il se propage trop
souvent parce que l'eau manque 1 Avec le « en
avant », cher aux Américains, on n'a aucune
sécurité ni dans la construction des habitations,
ni dans la canalisation des fils électriques, des
conduites d'eau et de gaz, on n'y apporte pas
le soin voulu.
Ce n'est pas la première conflagration de èé
genre qui dévaste les grands centres du pays,
cepen4ft»t maloré de oareillec leçons 9a cou*
met les mêmes négligences, coupables, erimi-
nelfes même.
Au lieu et place de restreindre nos droits ci-
viques, il serait plus équitable et très impor-
tant d'expliquer aux autorités compétentes
qu'il est de leur devoir ot d'interdire des sem-
blables constructions de bâtisses ot do veiller à
co que les travaux publics soient mieux di-
rigés.
Les inspecteurs sont en généra! au-dessous
de tout, mais allez donc faire comprendre à
ces messieurs qu'on peut, qu'on devrait faire
mieux I On vous rira au nez. Comment ! Est-
ce que dans le plus grand pays du monde tout
n'est pas le nec plus ultra - on haussera les
épaules et on vous méprisera ; d'un air protec-
teur, on ajoutera : « Ah l ces pauvres Euro-
péens, sont-ils assez arriérésf«N'empêche qu'en
France tout parliclllièrementles villes no flam-
beat pas comme des allumettes.
a La Liberté » s'éteindra-t-elle?
Les députés réactionnaires qui sont en ma-
jorité à Washington viennent de refuser les
fonds nécessaires pour permettre au service
des phares d'éclairer la statue de la « Libortê t),
Ce vote inique mérite d'être enregistré. Ainsi
donc la torche qui guide les mariniers, les
pilotes, les capitaines dos chalands à vapeur
et autres bâtiments ne brillera plus.
Au propre comme au fignré, la liberté va
s'évanouir ici pour faire place à l'obscuran
lisme. Il est évident que la superbe composi-
tion de Bartholdi constituait depuis quelque
temps un non sens,une sorte d'objet séditieux.
Raser la statue eût été dangereux car elle an-
rait bouché la passe, alors on a songé à faire
disparaître du firmament l'étoile magique,
symbole du progrès humain. Un ministère ne
viendra-t-il pas à la rescousse?
Mais au fait, puisqae les cousins de John
Bull, les fils d'Indiens ayant dégénéré et se
réclamant les premiers anglo-saxons du monde,
font 0 du don de la France, rachetons notre
idole eL offrons-la au vaillant petit peuple qui se
bat dans l'Afrique du Sud, contre los oppres-
seurs, pour son indépendance.
Un conférencier qui manque de tact
M. Hugues Le Roux donne au Nouveau-
Monde une série de conférences, comme nous
avons été les premiers à l'annoncer,il y a un
an. Bien que ce critique ait eu tout le temps
voulu pour choisir sos sujets, il est regrettable
qu'il se soit surtout attaché à traiter des
questions qu'il est permisdedisculer en France
mais auxquelles l'étranger ne devrait pas être
initié, car il se sert de ses appréciations pour
discréditer notre littérature.
Le conférencier a affirmé que le roman fran-
çais, à l'heure actuelle, fait paraître sous un
faux jour le peuple français. M. Hugues Le
Roux ignore-t-il qu'un roman n'est qu'une
histoire feinte, écrite en vue d'exciter un inté
rèl et surtout pour récolter des petits et des
gros sous? Est-ce que les romans de X. de
Montépin, d'il y a vingt, quinze ou dix ans,
valaient mieux que ce qu'on nous sert aujour-
d'hui ?
Quant aux œuvres fortes, naturalistes, so-
ciales. etc., elles ont une autre portée que celle
que M. Le Roux veut leur donner; et s'il a plu
au prédicateur de M. Hyde, l'ancien président
du Cercle français,de Harvard, d'encenser Bal-
zac et Flaubert, il est permis de s'étonner qu'il
ait cru devoir décocher quelques méchants traits
à nos contemporains qui ne sont pas de son
goût.
Pourquoi n'avoir pas plutôt expliqué, puis-
que M. Le Roux est en ce moment à même de
le constater,que Cosmopolis de Paul Bourget est
rempli d'inexactitudes et que la vie américaine
y a été toute dénaturée?
Il y avait là quelque chose d'intéressant à
traiter. S'affirmer franchement, démolir un
amas de mensonges, proclamer la vérité, n'é-
tait-ce pas faire comprendre aux lettrés amé-
ricains que nous n'étions pas dupes? Enfin
c'était une belle œuvre, et pareil ouvrage eût
mérité à M. Le Roux de sincères encourage-
ments. Pourquoi alors négliger de remplir un
devoir, hors de France surtout ? — Un Démo-
crate.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LES PAPIERS DE CRISPI
Scellés brisés
(De notre correspondant particulier)
Rome, 5 mars.
Les autorités de Naples ont été prévenues
qu'on a tenté de briser les scellés sous lesquels
avaient été mis les papiers de Crispi.
Mme la princesse Linguaglossa, fille du dé-
funt homme d'Etat, a fait constater qu'une
bande de toile retenue par les cachets avait été
brtllée, que les cachets de cire présentaient
aussi des traces qui révélaient une tontative
criminelle.
il est évident que cette tentative a dû être
commise à l'instigation d'un personnage qui
craint beaucoup la divulgation de certaines
pièces fort compromettantes.
UN ENNEMI DES SOUS-MARINS
(De notre correspondant particulier)
Londres, 5 mars.
M. James Ellis Howard, l'inventeur austra-
lien bien connu, a présenté à l'amirauté le mo-
dèle d'un bateau,de genre nouveau qui est des-
tiné à faire la chasse aux sous-marins. Son
bateau qui à la forme d'un cigare est ma par
l'électricité. Il est muni d'unréflocteur qui per-
mettra d'explorer la région où le bateau opère.
LE TRAC.
De récents débats à la Chambre nous ont
appris que ce n'est pas en voyageant autour
du monde que les amiraux apprennent le sa-
voir-vivre. Le titre d'académicien n'équivaut
pas, lui non plus, à un brevet de tact et de
politesse.
M. Jules Lemaître a l'injure facile, la boue
coule naturellement de ses lèvres. C'est à
croire que cet immortel mesure le talent à la
violenco des invectives.
A l'approche des élections le grand maître
du nationalisme sent naître en lui des inquié-
tudes ; pour employer une expression triviale,
il a le trac.
Il s'en fut * dernièrement à Belfort avec le
général Mercier, il reçut dans cette ville un
accueil inattendu mais mérité. Les journaux
vivel'armistes ont essayé de donner le change
sur cos incidents, mais M. Lemaître n'a pas pu
se tonir, il révèle dans l'Echo de Paris qu'il a
pris contact là-bas, au pied des Vosges : « avec
une ignoble populace, hurlant, sifflant, pous-
sant des cris stupides et obscènes ».
Sur trente mille Belfortain3, il y a six mille
honnêtes gons, le reste n'est qu'une « inju-
rieuse vermine soudoyée », la « lie de trois
frontières, une écume d'individus imbéciles ».
Il est bon de remarquer que ces vocables,
inusités sous la Coupole, s'appliquent à la popu-
lation alsacienne, aux exilés, aux proscrits, à
ceux qui ont vendu le champ familial et sont
veang vivre iaborieusooient sur le sol de la
patrie, à cent qui, malgré l'annexion, senti
restés français oon«eulement da eeràrjutis de
fait.
Tous ces bons citoyens seront certainement
flatlés du flot de sarcasmes, du débordement
de rage impuissante, répandus sur eux, ô con-
tradiction par un patriote breveté.
Et sans doute il serait facile de retourner
contre les amis de M Jules Lemaitre les épi-
thètes blessantes, et les mots orduriers qui se
pressent sous la plume de leur leader. Mais co
ne serait ni digne, ni surtout académique. et
nous qui ne sommos pas académiciens, nous
ne pouvons nous permettre ces licences.
C'est un pauvre parti que celui qui o'a que
l'injure pour programme, et c'est un pauvre
esprit que celui qui n'a que l'outrage pour ar-
gument. — André Armbiusler.
l, LOUBET EN RUSSIE
Une lettre autographe "du tsar
L'Agence Havas publie la note suivante :
Le Président de la République a reçu ce soir
Son Iixcollence M. le prince Ouroussoff, ambas-
sadeur de Russie, qui lui a remis une lettre
par laquelle Sa Majesté l'Empereur Nicolas in-
vite M. Loubet à venir faire prochainement un
séjour en Russie.
L'ambassadeur de FranceâSaint-Pétersbourg
sera chargé do transmettre à Sa Majesté l'Em-
pereur l'acceptation du Président de la Répu-
btiquo.
La date du voyage sera ultérieurement fixée.
LEUR RÉPUBLICANISME!
On ne cesse de nous signaler la désinvolture
— toute municipale — avec laquelle les orga-
nisateurs des fêtes du centenaireonttraité leurs
invités. Nous ne pouvons enregistrer toutes les
protestations qui nous parviennent; nous nous
bornons à signaler la dernière en date, celle
d'un instituteur qui nous écrit:
Il est cinq heures. C'est l'heure du défilé et
les délégations des écoles s'approchent de l'entrée.
Alors d'une voix impérieuse un monsieur invite
Mmes les Institutrices et MM. les lustitutours à
abandonner lours élèves et & aller les attendre à la
porto par laquelle ils sortiront. Là les agents les
rejettent du trottoir sur la chaussée, de la chaussée
sur le trottoir; un peu plus on les aurait mis de-
dans.
On les a mis dehors et c'est là, estimons-nous,
une façon un peu trop cavalière de traiter cos
humbles et dévoués serviteursde la République.
Mris on ne peut contenter tout le monde et
son père, les serviteurs de la république et
ceux de l'empire : no* édiles nationalistes ont
eu. à l'occasion des fêtes du centenaire, assez à
faite pour complaire aux bonapartistes. A-t-
on, en effet, remarqué qu'au nombre des œu-
vres du grand poète, qui brillaient en lettres
de feu, place de l'Hôtel-de-ViUo, ne figuraient
ni les Châtiments, ni Napoléon-le-Petit, ni
l'Histoire d'un Crime ?
L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE
Un nouveau droit sur les tabacs. -
Le transfert du ministère des co-
lonies.
La commission du budget a entendu hier le
ministre des finances.
Par suite des augmentations de dépenses vo-
tées par la Chambre le déficit atteint aujour-
d'hui 7 à 8 millions.
Le ministre a proposé pour le combler de re-
lever de 5 millions les prévisions de recettes
sur les sucres, la consommation devant aug-
menter par suite de l'interdiction de la saccha-
rine.
Il a proposé en outre un Impôt nouveau sur
les tabacs de luxe (scarerlali ot caporal supé-
rieur) qui rapporterait trois millions pour la
moitié de l'année et il a demandé do porter de
36 à 50 francs le droit d'entrée sur les cigares
étrangers ce qui donnerait environ 600.000 fr.
La commission a accepté les propositions du
ministre.
La commission a décidé d'insérer dans la
loi de finances la proposition Klolz votée l'an
dernier et qui frappe les successions supé-
rieures à un million et un article sur le
transfert du ministère des colonies dans les
locaux de l'administration de l'exposition au
quai d'Orsay.
Enfin elle a maintenu les dispositions relati-
ves au monopole des pétroles dont le ministre
a demandé de nouveau la suppression.
Q-
LES RÉVOLUTIONNAIRES RUSSES
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 5 mars.
La semaine passée tous les officiers de la
garnison de Moscou ont reçu, par la poste, des
plis cachetés qui contenaient des proclama-
tions révolutionnaires invitant soldats et offi-
ciers à ne pas tirer sur le peuple.
Les vaguemestres ont l'ordre d'examiner
soigneusement les lettres adressées aux sol-
dats, avant de les remettre aux destina-
taires.
ARMÉE D'EMPIRE
rDe notre corretponiant particulier)
Londres. 5 mars.
Le War Office projette de porter les effectifs
de l'armée active à 300,000hommes. Les colo-
nies seraient, d'après le projet, obligées de
fournir chacune un contingent proportionné
au chiffre de la population.
On créerait ainsi une armée d'empire, Ii côté
de laquelle chaque pays entretiendrait aussi
des milices locales.
LES TERRAINS DU CHAMP DE MARS
Les ministres des finances et du commerce
ont été entendus hier par la commission du
budget au sujet de la convention passée entre
la Ville de Paris et l'Etat, relativement aux
terrains du Champ de Mars, sur lesquels s'éle-
vait l'Exposition.
M. Millerand a vivement insisté pour que te
rapport soit déposé le plus tôt possible. La
commission du budget a décidé qu'elle s'oc-
cuperait de cette question après la loi de
finances.
---
LA CONTRIBUTION MOBILIERE
Les conséquences de l'amendement
Le Moigne. — Une disposition
nouvelle.
Les délégués des représentants des départe-
ments surtaxés et ceux des départements dé-
grevés par l'application de l'amendement Le
Moigne sur l'impôt mobilier voté l'an dernier
par les Chambres se sont mis d'accord sur les
bases suivantes :
A tout contribuable surtaxé de plus de 5 0[0
et dont la cote est inférieure à 25 fr. (part de
l'Etat), il sera alloué un dégrèvement de la
portion de leur cote dépassant 5 010 d'augmen-
talion.
Au contribuable surtaxé de plus de 5 010 et
dont la cote est supérieure à 25 fr. et infé-
rieure à 50 fr. (part de l'Etat), il sera alloué
un dégrèvement de moitié de la portion de
l'augmentation dépassant 5 010.. -
LES SALONS
Au Cercle de la Librairie
Du boulevard Saint-Germain à la rue
du CoUsée. — Les peintres de mon-
tagne. — Paysages d'antan. - PoUr
être employé de chemin de fer
on n'en est pas moins. peintre
La cinquième exposition des peintres de mon-
tagne qui vient d'êtro inaugurée est ouverte
jusqu'au 26 mars tous les jours de 1 b. à 5 h.<
(sauf le jeudi 6 mars) au cercle de la Librairie,
117, boulevard Saint-Germain.
Dans le premier salon a été placé le buste de
Charles Durier, ancien président d'honneur de.
la Société, et président honoraire du Club
Alpin français, sous le patronage duquel cette*
exposition est organiséu.
Ce buste est souriant et bien vivant. On a.
placé dans la rotonde de l'escalier les deux
toiles les plus importantes, l'une, de M.Jcea'
Desbrosses, représente La dent du garaùf
(Puy-de-Dôme), solidement peinte et d'un bel
effet arec ses brouillards et ses buées. M. Jean
Desbrosses expose encore sept tabteaux très in-
téressants etsurtout un nouvel ossaideaFayences
décorées au pastel vitrifiable Lacroix ».
La seconde grande toile est de M. Louis'
Wubrer, Le dôme de Ghassefarct (route de
Pralagnau), également d'un bel effet.
M. Carolus Duran est représenté par Une-
matinée d'orage darts la montagne peinte avec
sa maestria habituelle. A côté, nous remar-
quons encore sous un ciel d'orago, la Montagne
de Bosost, Porte de la Cathédrale de Saint-.
Bertrand de Comminges et Porte de Sailnt-,
Justa deVolcabrèra, par M. André Rixens. Les
lumineuses toiles de M. Gustave Gagliardini.
Une Vache blanche très bien traitée par Mlle
Amable Bouillier; Un effet du matin à SaUau
ches, par M. Olivier Cheron; Dans la brume à
Saint-Chamond (Loire) et Désolation, par M.
Emile Noirot; Dans les gorges de l'Ardèche,
Le Ravin de Briançon, etc., traités un peu
comme de la décoration par M. Alexandre
Nozal. ,
Le Soleil levant sur le Mont- Perdu, par M. t
F. Schrader; des vues de la Moselle et des
Vosges, par M. Pierre Waidmann. Une très
inléressante Etude, par M. Pierre Vignal. Un
Clair de lune,un Soir d'hiver, par M. Armand
Guéry. Des toiles par MM. Didier-Pouget,
François Cachoud, Auguste Balouzet, Armand
Beauvais, Charles Berthier, Burnand, Alfred
Chatelain, Joseph Eysseric,Oscar Mascré, Ber-
nard Wolff, etc.
Les aquarelles
Parmi les plus remarquées : Les paysages àt,
Savoie, par M. B.-M. de Salinelles ; les cadres
de M. Louis Trinquier qui en contiennent de
véritablement charmantes ; citons encore celles
de Mmes Mario Trébuche t. Charles Bosviel, du
docteur Capitan; de MM. Raoul de Ctermont.
Henry Guéaot. Ernest Levillain,. Gaston Vail-
lier, et les fusains de M. Alfred Chatelain.
Peinture rétrospective
Il est curieux de comparer à ces œuvres nou-
velles quelques anciennes toiles qui figurent à
cette exposition, parmi lesquelles nous trou-
vons Le Soir. — Montagnes d'Ecosse, par Gus-
lavo Doré, qui fut si brillant par l'imagination
mais dont ta peinture que nous revoyons pa-
rait vieillie, noiro et terne. Cependant, il serait
injuste de ne pas reconnaître que dans ce ta-
bleau des Montagnes d'Ecosse, il y a une grande
impression de solitude.
Quelques peintres décédés, qui ont peint la
montagne, sont encore représentés à cette ex-
position. Parmi oux: Alexandre Calame,
Claude Hugard, Karl-Joseph Kuwasseg, etc.
Aux Champs-Elysées
Le Salon des agents de la Cie P.-L.-M.
et des Compagnies de Chemins de
fer français.
Les employés de nos chemins de fer ont fon-
dé une société artistique et littéraire qui a pour
butde grouper ceux d'entre eux qui consacrent
leurs loisirs à des travaux artistiques, peinture.
sculpture, musique, littérature, etc. Tous les
huit jours ils donnent une soirés musicale et
littéraire et ils viennentd'ouvrir dans les salons
du garde-meuble du Colisée, ancien hôtel de
Poilly, 5, rue du Colisée, une exposition de
leurs œuvres.
M. Gaston Rossel, chargé de la partie artis-
tique du garde-meuble, nous a fait, hier, très
aimablement, les honneurs de cette exposition.
En entrant nous remarquons le portrait (de
Mme Noblemaire ; buste terre cuite par son
fils, le sympathique directeur de la Compagnie
des chemins de for P.-L.-M.
Peut-être y a-t-il dans la façon dont est trai-
tée la dentelle, un peu de sécheresse, de régu-
larité et do préciosité à l'italienne, mais le vl- »
sage est bien modelé. 'd
En peinturo, il convient de citer en première
ligne le Paysage de la Vallée de l'Essonne et
La Bouzanne à Neuvy Saint-Sépulchre, par
M. Lucien Petibon.
Feuillée d'automne à Leix (Corrèze), Vieilles
demeures à Perpezac-le-Blanc, Une place à
Kairouan (TunisieJ, intéressantes aquarelles,
surtout la premtère, par M. Charles Gerhardt.
Encore de charmantes aquarelles, principa-
lement Notre-Damc-de Paris, par M. Marie
Lebrat, chef de gare.
La plaine verte (forêt de Fontainebleau),
largement point au couteau el d'une impres-
sion vigoureuse, par M. Edouard Robineau.
Les peupliers en octobre. Barque de péche
dans la Manche, par M. Paul RoUval, sous-
chef de bureau.
Vieilles Maisons, vision douce et calme, par
M. Emile Girard. Roses trèmières et Coin de
terrasse, par M. Frédéric Gay. Poste à feu,
Soleil couchant, par M. François Tournier.
Lever de lune, Temps gris, Eglise de Montigny-
sur-Loing, par M. Louis Perinet. Vue de la
M&ije, prise du hameau de la Terrasse (Dau-
phiné) et Saint-Nom-la-Bretèche (forêt de
Marly), par M. Geoffroy. M. Ferdinand La-
garde imite Trouittebert-Corot.
Une jolie coquille, aquarelle par M. Edmond
Poujade. Encore do fines aquarelles par M. Eu-
gène Pocheville, M. Arthur Bonvalet, Edouard
Filon, Charles Maniaque, Arthur MArion,
Champ de marguerites aux Loges, Matinée
quai d'Austerlitz, painlures par M. Isidore Mu-
rique, Crépuscule sur Dampmarl, pastel par
M. Charles Batlo.
Le portrait au crayon de M. Dervillê, prési-
dent d a conseil d'administration de P.-L.-M.,
président d'honneur de la Société.
Un cadre, une vitrine, exposés par M. Char-
les Magne, contenant une intéressante collec-
tion d'objets des époques gauloise, gallo-ro-
maine, mérovingienne, et du moyen-âge, trou-
vés dans les fouilles du sol parisien.
Des brosses et cuirs artistiques par MM. Mo-
rel et Alléon.
Enfin des œuvres signées :
Auguste Adam, Jules Andrès. Charles An.
frevllIe, Alexandre Bailly, Paul Ballet, Alexan-
dre Boudier, Emile Beaubrun, Charles Bézan-
court, Henri Bezard, Louis Billiard, Ernest
Billuart, Ch. Blanc, G. Blondel, Henri Bou-
cher, Boudal, Adieu Cabaud, Ch. Camus, Er-
nest Carette, AùieD de Carné, Eugène Cartier,
Claude Costain, Ph.Cu5rDîC.tte,Jean Collin.
Henri Dargent, Desmeule. t * Di,aze, Alfrod
Duboc, Duchon-Doris, Eug. Faren, rsuî Fnul.
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NOS LEADERS'
PAPAPA
Encore nn livre consacré au souve-
nir pieux de Victor Hugo; et ce dernier
venu, le plus petit de tous par le for-
mat, n'est certes pas le moindre en
intérêt; c'est la contribution apportée
au monument fait de toutes les admi-
rations et de toutes les reconnaissan-
ces, par celui qui vécut ses premières
années dans l'ombre douce du génie
puissant et bon; — « Mon Grand-Père »,
par Georges Victor-Hugo ; dédié, comme
il sied, à celui qui seul, aujourd'hui,
reste debout des grands amis du Maître,
à notre cher Paul Meurice.
Ce ne sont que quelques pages, mais
exquises, d'un charme pénétrant et
fort.
Vous vous rappelez les funérailles
triomphales de Victor Hugo. Devant,
derrière le char funèbre venaient, écha-
faudés sur des véhicules spéciaux, traî-
nés par des chevaux qui, si nombreux
fussent-ils, peinaient sous la charge
énorme, des monceaux de fleurs, cou-
ronnes, bouquets qui, pendant huit
jours, s'dtaient entassés au garde-meu-
ble, venus de toute la France et de plus
loin encore : de tels amas de fleurs que
l'air, au-dessus de Paris, en fut quand
elles passèrent tout embaumé. Mais sur
le corbillard des pauvres qui, au milieu
de l'apothéose, gravissait lentement la
colline de la gloire, il n'y avait, ainsi
l'avait-on voulu dans une pensée de dé-
licatesse infinie, que la couronne des
petits-enfants ; ce livre, de M. Georges
Victor-Hugo, c'est encore la couronne
des petits-enfants.
Des fleurs, toujours; mais celles-ci
desséchées, telles qu'on les retrouve en-
tre les feuillets du livre du souvenir.
*
y La pensée du livre est tout entière
dans cette phrase :
« C'est cet amour, cette affection qui
se fait enfantine pour parler aux en-
fants, pour toucher leur jeune cœur
naissant, qui, plus tard, devient plus
grave; c'est notre Papapa qui, après
avoir joué comme un petit avec les
tout petits, cause avec l'adolescent,
conseille le jeune homme; qui conte
de belles histoires, des histoires pour
les yeux, et parle de la conscience, de
la beauté, de l'amour; c'est sa gatté,
malgré les tourments et la fin de la vie,
cette gaîté qu'il nous conserva toujours;
ce rire aux belles dents qu'il faitait,
pour nous, plus clair et plus étincelant;
sa voix calme, l'ineffable douceur des
caresses de ses vieilles mains; c'est ce
Victor Hugo que je voudrais évoquer,
avec une tremblante ferveur, pieine de
reconnaissance et d'adoration, en pen-
sant a mon enfance passée près de la
gloire, au moment où je dis adieu à
mes jeunes années. »
Et puis ce sont quelques croquis, faits
à légers et brefs coups de plume, et sai-
sissants de vérité.
On sait que ses petits-enfants appe-
laient Victor Hugo a Papapa »; ce nom
avait été, paraît-il, inventé par « petit
Georges 1), et Victor Hugo dut sourire
de tendresse profondément émue - car
c'était au lendemain de la mort de Char-
les Hugo — en entendant les lèvres bal-
butiantes de l'enfant prononcer ce nom
qui réunissait dans la même caresse le
père mort et l'aïeul vivant.
«-Maintenant,je m'appelle Papapa.
dit-il doucement. » Et jusqu'à sa mort,
nous lui donnâmes, ma sœur et moi, ce
nom doublement tendre et que toujours
il chérit. a
.**
Le premier de ces croquis se rapporte
au temps du siège ; il a le vague et le
confus de ces vieilles photographies
que le temps a presque efîacéos :
« Quelque haute fenêtre et du bruit
dans la rue. Je veux voir passer les sol-
dats que j'ai reconnus au son du tam-
bour. Papapa m'assied sur son bras ;
tandis que je regarde; il tape sur la vi-
tre avec ses doigts et marque le pas. »
A mesure que l'enfant grandit, ses
impressions se précisent ; les souvenirs
sont restés nets. Voici qui date de l'épo-
que où Victor Hugo habitait avenue de
Clichy :
« Chaque matin, je descendais l'em-
brasser. Je le trouvais toujours au tra-
vail dans le cafarnaam (c'est ainsi que
Victor Hugo appelait son cabinet de
travail) ; en ouvrant la porte, je voyais
sa grande silhouette se découper sur la
fenêtre sans rideaux, et il me disait, en
levant la tête, le bras appuyé solide-
ment sur la haute tablette du bureau :
K Bonj our, mon petit bonhomme ! »
Je tourne les pages; je m'arrête à
të souvenir d'une « veillée ».
cr C'est pour entendre Papapa lire de
ses vers. Il est allé chercher dans le
cafarnaüm quelques-unes de ces gran-
des feuilles de papier qu'il a pliées en
deux, dans leur longueur. Enfouis dans
les jupons de notre mère, curieux, at-
tentifs et intimidés, nous regardons le
grand-père, debout devant la cheminée,
où flotte la flamme du feu. Et voilà qu'il
parle. Tantôt les éclats de sa voix, dej
venue terrible, me fait cacher la tête;
sous le châle de ma mère, tantôt il dit
doucement des mots aussi doux que
ceux qu'il dit pour nous. La lecture
finie, au milieu de l'émotion silencieuse,
je pars en courant, secoué de gros san-
glots bruyante. »
N'est-ce pas délicieux! Les petits,
naïfs. ignorants, caressaient de leurs
faibles doigts la crinière du lion, le voilà
qui rugit; au tonnerre de cette voix qu'ils
ne connaissaient pas, ils prennent peur,
ils fuient, son sourire les rappellera
vite,
Je voudrais citer aussi, mais c'est im-
possible, la place me manque, le récit
du voyage fait à nautevilleHouse, en
1878, pir Victor Hugo et dans lequel ses
petits-enfants l'accompagnèrent. Il y a
là une vision d'une intensité puissante.
« Je le vois encore monter.de son pas
cadencé devenu plus lourd, le sombre
escalier tapissé, des murs aux marches,
de feutres épais à dessins de roses et de
feuilles mortes.une main dans la poche
de son pantalon,l'autre solidement ap-
puyée à la rampe, il allait au travail.
Je m'arrête, résistant avec peine à la
tentation de tout citer.
.*.
Mais voici la fin du livre, la fin de
cette existence prodigieuse qui a rempli
le siècle et le monde , et il faut repro-
duire ces dernières lignes sur les-
quelles semble flotter la grande lueur
du soleil couchant :
« — Mes enfants, mes bien aimés !
«Il sortit de sous le drap sa main déjà
toute maigre; son vieil anneau d'or
brillait à son doigt sur sa peau mate. Il
nous fit un signe imperceptible, et quand
nous fûmes agenouillés:
«- Tout près de moi. plus près en-
core »
« Il nous baisa d'un lent baiser aves
des larmes aux lèvres. Ses yeux noirs
riaient sous sonbeaufront tranquille.Le
grand soleil de mai entrait par la fenê-
tre ouverte; il se blottit dans ses cou-
vertures comme s'il eût eu très froid. Sa
voix devint plus câline que jamais, et
plus tendre :
« — Soyez heureux. pensez à moi.
aimez-moi.
« Les yeux souriaient toujours. En-
core une faible étreinte de ses mains
lisses qui tremblent, un baiser de sa
bouche brûlante :
« — Mes chers petits!
« Et le dernier regard de Papapa fut
sa dernière bonté. »
Les yeux humides, le cœur plein de
pensées sereines et grandes, nous re-
mercions M. Georges Victor-Hugo de
nous avoir, dans sa pitié filiale, donné
ces souvenirs du Père dont la gloire
immortelle rayonne sur l'humanité.
Lucien Victor-Meunier.
LE DISCOURS DE M. RIBOT
M. Ribot a perdu une bella
occasion, non de se taire, mais
de parler plus net. D'après l'a-
nalyse que nous avait donnée de
son discours l'agence Havas,
il nous avait paru tout d'abord
que M. Ribot s'était élevé à
Marseille contre la politique méliniste d'al-
liance avec la droite et c'est pourquoi nous
avons dit qu'il avait discrètement désavoué
son rival dans le parti modéré. Mais depuis
nous avons pu lire le texte intégral des pa-
roles qu'il a prononcées. M. Ribot n'a désa.
voué ni M. Méline, ni sa politique. Il reste
ce qu'il était avant, un des chefs de la coa-
lition des modérés et des cléricaux contre le
parti républicain. Avec lesmêmes rancunes,
avec la même haine contre le ministère ac-
tuel, avec le même regret de n'avoir pas oc
cupé Je pouvoir au cours de cette législa-
tion.
Sans doute, M. Ribot a bien déclaré que,
des la constitution de la prochaine Cham-
bre, le devoir des républicains était de s'en-
tendre dans l'intérêt même de la Répu-
blique. Mais ce n'est pas cette déclaration
qu'on attendait de lui. Une question pré-
cise est posée en ce moment depuis la mo-
numentale gaffe de M. Méline. Quelle sera
l'attitude des modérés pendant la période
électorale ?
De l'aveu de M. Méline, il résulte qu'une
entente est établie, que les modérés doi-
vent faire bloc avec les réactionnaires et
les nationalistes contre les républicains.
M. Ribot est-il de cet avis ? Evidemment-,
puisqu'il n'a rien dit de contraire.
M Ribot est comme l'enfer, pavé de
bonnes intentions pour l'avenir. Le pré-
sent ne le préoccupe pas. Au lieu de pro-
tester bien haut — ne se dit-il pas répu-
blicain? — du désir du parti modéré défaire
l'union avec les républicains au cours de
la période électorale, au second tour, con-
tre les candidatures nationalistes, il se
borne à entrevoir, pour plus tard, une
alliance de tous les républicains. M. Ribot
est donc, comme M. Méline, partisan du
pacte électoral avec les cléricaux.
Nous étonnerions tout le monde si nous
écrivions que notre espoir a été trompé.
M. Ribot ne pouvait parler autrement. Sa
politique de cc franchise », de « loyauté » et
de « sincérité » n'a jamais été qu'une poli-
tique de tromperies à l'égard du parti ré-
publicain. M. Ribot, nel'oublions pas, ap-
partient au Journal des Débats. Il en a l'es-
prit critique et acrimonieux, mais il en a
aussi l'absence de conclusions etdesolutions
politiques Telles sont les raisons pour les-
quelles il a parlé comme M. Méline et les
nationalistes, donnant mêmedesarguments
à ces derniers contre le ministère, contre
le général André surtout. N'empêche que
M. Ribot, comme on le dit vulgairement,
« a raté le coche ». Il ne peut plus espérer
se réconcilier avec la gauche avancée. Un
fossé profond le sépare d'elle. — Ch. B.
.-' ——————————.—
t LE MONOPOLE DE LA RAFFINERIE
M. Fournièrc, député socialisto, vient dé
prendro l'initiative d'un projet da résolution
invitant la ministre des finances à déposer un
projet de loi sur le rachat des raffineries de
sucre aï leur exoloilation nar l'Etat.; .-' - 1
CHRONIQUE DU !
NOUVEAU MONDE
Henri de Prusse à New-York. —
Beaucoup de bruit pour rien. — Un
prince courtier électoral. — Les
dissidents, amis de Krüger. -
Ceci tuera cela. — Panama. Ni-
caragua et Cu. — Le sinistre
de Paterson. — Des pompes
et pas d'eau. — La liberté
à New-York. — Hugues
Le Roux et ses confé-
rences. — Bons et
mauvais sujets
(Denotrè correspondant particulier aux EtatS-Unis)
New-York, 22 février 1902.
Les feuilles officicilles auront beau faire, la
visite d'Henri de Prusse laisse le peuple indif-
férent, ne comprenant guère pourquoi on or-
ganise des fêtes en l'honneur du parent du
« kaiser ». L'Allemagne n'a jamais au ni élan
ni amitié pour les Etals-Unis ; Washington et
sa cause l'ont laissée plus que froide; aujour-
d'hui encore elle n'a aucun enthousiasme pour
cette forme de gouvernement.
S'il est impossible de découvrir l'ombre d'une
signification aux cérémonies projetées, com-
ment alors inspirer une sympathie parmi les
masses? La nation en général, tout comme les
journaux vraiment indépendants, sont plutôt
hostiles à Henri de Prusse, chargé par Guil-
laume de remercier le président Roosevelt
d'avoir jugé bon que Mlle Roosevelt accepte de
baptiser le yacht Metcor en construction en
Amérique et destiné au kaiser, seule raison
motivant l'arrivée d'une escadre dans les eaux
do New-York avec ordre de tripler la salve,
d'un programme de réceptions, banquets, re-
présentation de gala, célébrant l'arrivée ici
d'Henri de Prusse.
Ces bons contribuables
Pour régler ce petit détail de ménage, cette
« politesse » — disons le mot bourgeoisement
— on va gaspiller trois millions de francs.
Entre la poire et le fromage, avant de crier
« Hoch de kaiser », les orateurs désignés par
M. Roosevelt sortiront de leur poche des dis-
cours soigneusement préparés pour réchauffer
la politique impérialiste et conservatrice qui
nous rend à la fois vains et crétins. Ce sera
«comme un bouquet de fleurs » pour tous
ceux qui, bien repus aux frais des contribua-
bles applaudiront ces fadaises.Henri sera donc
à son insu transformé en agent électoral.
Dans certains milieux, surtout dans le sud
des Etats-Unis, des démonstrations défavora-
bles ont eu lieu; très certainement Henri de
Prusse ne visitera pas la Nouvelle Orléans.
Les esprits libéraux ont reproché au gouverne-
ment son attitude à l'égard du vénérable Kru-
ger, le défenseur sublime de l'idée de patrie et
de liberté et ses avances au frère d'un tyran,
typifiant l'ennemi acharné de tout ce qui est
énoncé dans la constitution américaine. Voyez-
vous le parallèle : à l'opprimé, on tourne le
dos. mais pour saluer un hochet de la cour
de Germanio, on se baisse jusqu'à terre. En-
core un peu « on lieberait les bottes à ce mon-
sieur », comme dirait Gavroche.
Mais les ordres sont donnés et, à New-York
comme à Chicago, ou à San Francisco, comme
à Key-West, lors de l'arrivée du vapeur ame-
nant Henri de Prusse en Amérique, les orga-
nes publieront des comptes rendus élogieux ;
les articles auront la grande vedette, il n'y
aura plus de « tête de colonne M, les titres s'é-
taleront sur toute la largeur du journal.
Ceci tuera cela.
Précisément à cette époque les intellectuels
du monde entier entonneront un hosannah en
l'honneur du suprême génie du dix-neuvième
siècle, de Victor Hugo, apôtre de la liberté ot
poète des poètes. Dans toute l'Europe, des
manifestations populaires auront lieu et le
centenaire de celui qui est universel sera célé-
bré d'une manière encore sans précédent dans
l'histoire des peuples. Nos journaux sont
remplis de notes officieuses sur le prince
Henri, et c'est a paine si on consacrera un
paragraphe. - résumé des dépêches, — aux
belles fêtes organisées par la République fran-
çaise qui reste fidèle à la grande devise: « Aux
grands hommes la patrie reconnaissante Il
Et la semaine pacifique et littéraire éclipsera
quand même la farce-parade américano-alle-
mande; de cette dernière autant en emportera
le vent, la première, au contraire, restera
inoubliable. Ceci tuora celât
Les grands canaux
Le Panama ou le Nicaragua? — Voilà le
dilemme dont on se préoccupe un peu par tous
les Etats.Chacune des deux routes a ses défen-
seurs et ses adversairâs.Bienque la Compagnie
française ait offert de céder toute son œuvre :
comprenant les biens acquis,le canal en partie
creusé, le matériel ainsi que les droits et con-
cessions établis par des actes, il se trouve
encore bon nombre de législateurs qui affectent
de contester sérieusement la valeur de cette
proposition. L'influence des grands entrepre-
neurs américains se fait sentir ; il est certain
que la construction du Nicaragua nécessitera
une dépense double de celle indiquée par la
commission et que finalement ce canal ne sera
jamais pratiquement navigable. Voilà l'appât.
Une brochure vient de paraître, publiée par
le bureau des statistiques et donnantun aperçu
général des grands canaux du globe.
Après le canal de Suez qui est de beaucoup
L plus important de tous. comme on sait,
viennent les deux canaux allemands réunissant
la Baltique à la mer du Nord; le premier est
plus profond et plus large, le second met éga-
lement ces deux mers en communication à
l'aide de l'Elbe et de la Trave.
Le canal de Manchester vient en 3* rang; il
part de la ville dont il porte le nom pour abou-
tir avec la Mersey à Liverpool.
Le système de canaux américains qui re-
lient les grands lacs vient ensuite.
En Russie, le canal de Cronstadt permet aux
grands navires d'arriver jusqu'à Saint-Péters-
bourg.
Le dernier mentionné est le canal de Co-
rintiie, qui relie le golfe de Corinthe à l'ar-
chipel.
En résumé celte publication est à coup sùr
intéressante, mais elle ne précise rien quant au
choix le plus avantageux a faire entre le Ni-
caragua et le Panama.
On demande de l'eau
L'incendie qui a détruit en partie Paterson
jette toute la population dans la consternation.
Fort heureusement les fabriques de soie ont
échappé au sinistre, cette partie de la villa
ayant été épargnée.
N'est-il pas étrange, à priori, de voir aux
Etats-Unis où on se plaît à vanter l'aménage-
ment des maisons de rapport ou particulières :
tous les conforts, eau à tous les étages, même
à la cave, salles de bains, etc., de constater
que si un feu, se déclare, il se propage trop
souvent parce que l'eau manque 1 Avec le « en
avant », cher aux Américains, on n'a aucune
sécurité ni dans la construction des habitations,
ni dans la canalisation des fils électriques, des
conduites d'eau et de gaz, on n'y apporte pas
le soin voulu.
Ce n'est pas la première conflagration de èé
genre qui dévaste les grands centres du pays,
cepen4ft»t maloré de oareillec leçons 9a cou*
met les mêmes négligences, coupables, erimi-
nelfes même.
Au lieu et place de restreindre nos droits ci-
viques, il serait plus équitable et très impor-
tant d'expliquer aux autorités compétentes
qu'il est de leur devoir ot d'interdire des sem-
blables constructions de bâtisses ot do veiller à
co que les travaux publics soient mieux di-
rigés.
Les inspecteurs sont en généra! au-dessous
de tout, mais allez donc faire comprendre à
ces messieurs qu'on peut, qu'on devrait faire
mieux I On vous rira au nez. Comment ! Est-
ce que dans le plus grand pays du monde tout
n'est pas le nec plus ultra - on haussera les
épaules et on vous méprisera ; d'un air protec-
teur, on ajoutera : « Ah l ces pauvres Euro-
péens, sont-ils assez arriérésf«N'empêche qu'en
France tout parliclllièrementles villes no flam-
beat pas comme des allumettes.
a La Liberté » s'éteindra-t-elle?
Les députés réactionnaires qui sont en ma-
jorité à Washington viennent de refuser les
fonds nécessaires pour permettre au service
des phares d'éclairer la statue de la « Libortê t),
Ce vote inique mérite d'être enregistré. Ainsi
donc la torche qui guide les mariniers, les
pilotes, les capitaines dos chalands à vapeur
et autres bâtiments ne brillera plus.
Au propre comme au fignré, la liberté va
s'évanouir ici pour faire place à l'obscuran
lisme. Il est évident que la superbe composi-
tion de Bartholdi constituait depuis quelque
temps un non sens,une sorte d'objet séditieux.
Raser la statue eût été dangereux car elle an-
rait bouché la passe, alors on a songé à faire
disparaître du firmament l'étoile magique,
symbole du progrès humain. Un ministère ne
viendra-t-il pas à la rescousse?
Mais au fait, puisqae les cousins de John
Bull, les fils d'Indiens ayant dégénéré et se
réclamant les premiers anglo-saxons du monde,
font 0 du don de la France, rachetons notre
idole eL offrons-la au vaillant petit peuple qui se
bat dans l'Afrique du Sud, contre los oppres-
seurs, pour son indépendance.
Un conférencier qui manque de tact
M. Hugues Le Roux donne au Nouveau-
Monde une série de conférences, comme nous
avons été les premiers à l'annoncer,il y a un
an. Bien que ce critique ait eu tout le temps
voulu pour choisir sos sujets, il est regrettable
qu'il se soit surtout attaché à traiter des
questions qu'il est permisdedisculer en France
mais auxquelles l'étranger ne devrait pas être
initié, car il se sert de ses appréciations pour
discréditer notre littérature.
Le conférencier a affirmé que le roman fran-
çais, à l'heure actuelle, fait paraître sous un
faux jour le peuple français. M. Hugues Le
Roux ignore-t-il qu'un roman n'est qu'une
histoire feinte, écrite en vue d'exciter un inté
rèl et surtout pour récolter des petits et des
gros sous? Est-ce que les romans de X. de
Montépin, d'il y a vingt, quinze ou dix ans,
valaient mieux que ce qu'on nous sert aujour-
d'hui ?
Quant aux œuvres fortes, naturalistes, so-
ciales. etc., elles ont une autre portée que celle
que M. Le Roux veut leur donner; et s'il a plu
au prédicateur de M. Hyde, l'ancien président
du Cercle français,de Harvard, d'encenser Bal-
zac et Flaubert, il est permis de s'étonner qu'il
ait cru devoir décocher quelques méchants traits
à nos contemporains qui ne sont pas de son
goût.
Pourquoi n'avoir pas plutôt expliqué, puis-
que M. Le Roux est en ce moment à même de
le constater,que Cosmopolis de Paul Bourget est
rempli d'inexactitudes et que la vie américaine
y a été toute dénaturée?
Il y avait là quelque chose d'intéressant à
traiter. S'affirmer franchement, démolir un
amas de mensonges, proclamer la vérité, n'é-
tait-ce pas faire comprendre aux lettrés amé-
ricains que nous n'étions pas dupes? Enfin
c'était une belle œuvre, et pareil ouvrage eût
mérité à M. Le Roux de sincères encourage-
ments. Pourquoi alors négliger de remplir un
devoir, hors de France surtout ? — Un Démo-
crate.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LES PAPIERS DE CRISPI
Scellés brisés
(De notre correspondant particulier)
Rome, 5 mars.
Les autorités de Naples ont été prévenues
qu'on a tenté de briser les scellés sous lesquels
avaient été mis les papiers de Crispi.
Mme la princesse Linguaglossa, fille du dé-
funt homme d'Etat, a fait constater qu'une
bande de toile retenue par les cachets avait été
brtllée, que les cachets de cire présentaient
aussi des traces qui révélaient une tontative
criminelle.
il est évident que cette tentative a dû être
commise à l'instigation d'un personnage qui
craint beaucoup la divulgation de certaines
pièces fort compromettantes.
UN ENNEMI DES SOUS-MARINS
(De notre correspondant particulier)
Londres, 5 mars.
M. James Ellis Howard, l'inventeur austra-
lien bien connu, a présenté à l'amirauté le mo-
dèle d'un bateau,de genre nouveau qui est des-
tiné à faire la chasse aux sous-marins. Son
bateau qui à la forme d'un cigare est ma par
l'électricité. Il est muni d'unréflocteur qui per-
mettra d'explorer la région où le bateau opère.
LE TRAC.
De récents débats à la Chambre nous ont
appris que ce n'est pas en voyageant autour
du monde que les amiraux apprennent le sa-
voir-vivre. Le titre d'académicien n'équivaut
pas, lui non plus, à un brevet de tact et de
politesse.
M. Jules Lemaître a l'injure facile, la boue
coule naturellement de ses lèvres. C'est à
croire que cet immortel mesure le talent à la
violenco des invectives.
A l'approche des élections le grand maître
du nationalisme sent naître en lui des inquié-
tudes ; pour employer une expression triviale,
il a le trac.
Il s'en fut * dernièrement à Belfort avec le
général Mercier, il reçut dans cette ville un
accueil inattendu mais mérité. Les journaux
vivel'armistes ont essayé de donner le change
sur cos incidents, mais M. Lemaître n'a pas pu
se tonir, il révèle dans l'Echo de Paris qu'il a
pris contact là-bas, au pied des Vosges : « avec
une ignoble populace, hurlant, sifflant, pous-
sant des cris stupides et obscènes ».
Sur trente mille Belfortain3, il y a six mille
honnêtes gons, le reste n'est qu'une « inju-
rieuse vermine soudoyée », la « lie de trois
frontières, une écume d'individus imbéciles ».
Il est bon de remarquer que ces vocables,
inusités sous la Coupole, s'appliquent à la popu-
lation alsacienne, aux exilés, aux proscrits, à
ceux qui ont vendu le champ familial et sont
veang vivre iaborieusooient sur le sol de la
patrie, à cent qui, malgré l'annexion, senti
restés français oon«eulement da eeràrjutis de
fait.
Tous ces bons citoyens seront certainement
flatlés du flot de sarcasmes, du débordement
de rage impuissante, répandus sur eux, ô con-
tradiction par un patriote breveté.
Et sans doute il serait facile de retourner
contre les amis de M Jules Lemaitre les épi-
thètes blessantes, et les mots orduriers qui se
pressent sous la plume de leur leader. Mais co
ne serait ni digne, ni surtout académique. et
nous qui ne sommos pas académiciens, nous
ne pouvons nous permettre ces licences.
C'est un pauvre parti que celui qui o'a que
l'injure pour programme, et c'est un pauvre
esprit que celui qui n'a que l'outrage pour ar-
gument. — André Armbiusler.
l, LOUBET EN RUSSIE
Une lettre autographe "du tsar
L'Agence Havas publie la note suivante :
Le Président de la République a reçu ce soir
Son Iixcollence M. le prince Ouroussoff, ambas-
sadeur de Russie, qui lui a remis une lettre
par laquelle Sa Majesté l'Empereur Nicolas in-
vite M. Loubet à venir faire prochainement un
séjour en Russie.
L'ambassadeur de FranceâSaint-Pétersbourg
sera chargé do transmettre à Sa Majesté l'Em-
pereur l'acceptation du Président de la Répu-
btiquo.
La date du voyage sera ultérieurement fixée.
LEUR RÉPUBLICANISME!
On ne cesse de nous signaler la désinvolture
— toute municipale — avec laquelle les orga-
nisateurs des fêtes du centenaireonttraité leurs
invités. Nous ne pouvons enregistrer toutes les
protestations qui nous parviennent; nous nous
bornons à signaler la dernière en date, celle
d'un instituteur qui nous écrit:
Il est cinq heures. C'est l'heure du défilé et
les délégations des écoles s'approchent de l'entrée.
Alors d'une voix impérieuse un monsieur invite
Mmes les Institutrices et MM. les lustitutours à
abandonner lours élèves et & aller les attendre à la
porto par laquelle ils sortiront. Là les agents les
rejettent du trottoir sur la chaussée, de la chaussée
sur le trottoir; un peu plus on les aurait mis de-
dans.
On les a mis dehors et c'est là, estimons-nous,
une façon un peu trop cavalière de traiter cos
humbles et dévoués serviteursde la République.
Mris on ne peut contenter tout le monde et
son père, les serviteurs de la république et
ceux de l'empire : no* édiles nationalistes ont
eu. à l'occasion des fêtes du centenaire, assez à
faite pour complaire aux bonapartistes. A-t-
on, en effet, remarqué qu'au nombre des œu-
vres du grand poète, qui brillaient en lettres
de feu, place de l'Hôtel-de-ViUo, ne figuraient
ni les Châtiments, ni Napoléon-le-Petit, ni
l'Histoire d'un Crime ?
L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE
Un nouveau droit sur les tabacs. -
Le transfert du ministère des co-
lonies.
La commission du budget a entendu hier le
ministre des finances.
Par suite des augmentations de dépenses vo-
tées par la Chambre le déficit atteint aujour-
d'hui 7 à 8 millions.
Le ministre a proposé pour le combler de re-
lever de 5 millions les prévisions de recettes
sur les sucres, la consommation devant aug-
menter par suite de l'interdiction de la saccha-
rine.
Il a proposé en outre un Impôt nouveau sur
les tabacs de luxe (scarerlali ot caporal supé-
rieur) qui rapporterait trois millions pour la
moitié de l'année et il a demandé do porter de
36 à 50 francs le droit d'entrée sur les cigares
étrangers ce qui donnerait environ 600.000 fr.
La commission a accepté les propositions du
ministre.
La commission a décidé d'insérer dans la
loi de finances la proposition Klolz votée l'an
dernier et qui frappe les successions supé-
rieures à un million et un article sur le
transfert du ministère des colonies dans les
locaux de l'administration de l'exposition au
quai d'Orsay.
Enfin elle a maintenu les dispositions relati-
ves au monopole des pétroles dont le ministre
a demandé de nouveau la suppression.
Q-
LES RÉVOLUTIONNAIRES RUSSES
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 5 mars.
La semaine passée tous les officiers de la
garnison de Moscou ont reçu, par la poste, des
plis cachetés qui contenaient des proclama-
tions révolutionnaires invitant soldats et offi-
ciers à ne pas tirer sur le peuple.
Les vaguemestres ont l'ordre d'examiner
soigneusement les lettres adressées aux sol-
dats, avant de les remettre aux destina-
taires.
ARMÉE D'EMPIRE
rDe notre corretponiant particulier)
Londres. 5 mars.
Le War Office projette de porter les effectifs
de l'armée active à 300,000hommes. Les colo-
nies seraient, d'après le projet, obligées de
fournir chacune un contingent proportionné
au chiffre de la population.
On créerait ainsi une armée d'empire, Ii côté
de laquelle chaque pays entretiendrait aussi
des milices locales.
LES TERRAINS DU CHAMP DE MARS
Les ministres des finances et du commerce
ont été entendus hier par la commission du
budget au sujet de la convention passée entre
la Ville de Paris et l'Etat, relativement aux
terrains du Champ de Mars, sur lesquels s'éle-
vait l'Exposition.
M. Millerand a vivement insisté pour que te
rapport soit déposé le plus tôt possible. La
commission du budget a décidé qu'elle s'oc-
cuperait de cette question après la loi de
finances.
---
LA CONTRIBUTION MOBILIERE
Les conséquences de l'amendement
Le Moigne. — Une disposition
nouvelle.
Les délégués des représentants des départe-
ments surtaxés et ceux des départements dé-
grevés par l'application de l'amendement Le
Moigne sur l'impôt mobilier voté l'an dernier
par les Chambres se sont mis d'accord sur les
bases suivantes :
A tout contribuable surtaxé de plus de 5 0[0
et dont la cote est inférieure à 25 fr. (part de
l'Etat), il sera alloué un dégrèvement de la
portion de leur cote dépassant 5 010 d'augmen-
talion.
Au contribuable surtaxé de plus de 5 010 et
dont la cote est supérieure à 25 fr. et infé-
rieure à 50 fr. (part de l'Etat), il sera alloué
un dégrèvement de moitié de la portion de
l'augmentation dépassant 5 010.. -
LES SALONS
Au Cercle de la Librairie
Du boulevard Saint-Germain à la rue
du CoUsée. — Les peintres de mon-
tagne. — Paysages d'antan. - PoUr
être employé de chemin de fer
on n'en est pas moins. peintre
La cinquième exposition des peintres de mon-
tagne qui vient d'êtro inaugurée est ouverte
jusqu'au 26 mars tous les jours de 1 b. à 5 h.<
(sauf le jeudi 6 mars) au cercle de la Librairie,
117, boulevard Saint-Germain.
Dans le premier salon a été placé le buste de
Charles Durier, ancien président d'honneur de.
la Société, et président honoraire du Club
Alpin français, sous le patronage duquel cette*
exposition est organiséu.
Ce buste est souriant et bien vivant. On a.
placé dans la rotonde de l'escalier les deux
toiles les plus importantes, l'une, de M.Jcea'
Desbrosses, représente La dent du garaùf
(Puy-de-Dôme), solidement peinte et d'un bel
effet arec ses brouillards et ses buées. M. Jean
Desbrosses expose encore sept tabteaux très in-
téressants etsurtout un nouvel ossaideaFayences
décorées au pastel vitrifiable Lacroix ».
La seconde grande toile est de M. Louis'
Wubrer, Le dôme de Ghassefarct (route de
Pralagnau), également d'un bel effet.
M. Carolus Duran est représenté par Une-
matinée d'orage darts la montagne peinte avec
sa maestria habituelle. A côté, nous remar-
quons encore sous un ciel d'orago, la Montagne
de Bosost, Porte de la Cathédrale de Saint-.
Bertrand de Comminges et Porte de Sailnt-,
Justa deVolcabrèra, par M. André Rixens. Les
lumineuses toiles de M. Gustave Gagliardini.
Une Vache blanche très bien traitée par Mlle
Amable Bouillier; Un effet du matin à SaUau
ches, par M. Olivier Cheron; Dans la brume à
Saint-Chamond (Loire) et Désolation, par M.
Emile Noirot; Dans les gorges de l'Ardèche,
Le Ravin de Briançon, etc., traités un peu
comme de la décoration par M. Alexandre
Nozal. ,
Le Soleil levant sur le Mont- Perdu, par M. t
F. Schrader; des vues de la Moselle et des
Vosges, par M. Pierre Waidmann. Une très
inléressante Etude, par M. Pierre Vignal. Un
Clair de lune,un Soir d'hiver, par M. Armand
Guéry. Des toiles par MM. Didier-Pouget,
François Cachoud, Auguste Balouzet, Armand
Beauvais, Charles Berthier, Burnand, Alfred
Chatelain, Joseph Eysseric,Oscar Mascré, Ber-
nard Wolff, etc.
Les aquarelles
Parmi les plus remarquées : Les paysages àt,
Savoie, par M. B.-M. de Salinelles ; les cadres
de M. Louis Trinquier qui en contiennent de
véritablement charmantes ; citons encore celles
de Mmes Mario Trébuche t. Charles Bosviel, du
docteur Capitan; de MM. Raoul de Ctermont.
Henry Guéaot. Ernest Levillain,. Gaston Vail-
lier, et les fusains de M. Alfred Chatelain.
Peinture rétrospective
Il est curieux de comparer à ces œuvres nou-
velles quelques anciennes toiles qui figurent à
cette exposition, parmi lesquelles nous trou-
vons Le Soir. — Montagnes d'Ecosse, par Gus-
lavo Doré, qui fut si brillant par l'imagination
mais dont ta peinture que nous revoyons pa-
rait vieillie, noiro et terne. Cependant, il serait
injuste de ne pas reconnaître que dans ce ta-
bleau des Montagnes d'Ecosse, il y a une grande
impression de solitude.
Quelques peintres décédés, qui ont peint la
montagne, sont encore représentés à cette ex-
position. Parmi oux: Alexandre Calame,
Claude Hugard, Karl-Joseph Kuwasseg, etc.
Aux Champs-Elysées
Le Salon des agents de la Cie P.-L.-M.
et des Compagnies de Chemins de
fer français.
Les employés de nos chemins de fer ont fon-
dé une société artistique et littéraire qui a pour
butde grouper ceux d'entre eux qui consacrent
leurs loisirs à des travaux artistiques, peinture.
sculpture, musique, littérature, etc. Tous les
huit jours ils donnent une soirés musicale et
littéraire et ils viennentd'ouvrir dans les salons
du garde-meuble du Colisée, ancien hôtel de
Poilly, 5, rue du Colisée, une exposition de
leurs œuvres.
M. Gaston Rossel, chargé de la partie artis-
tique du garde-meuble, nous a fait, hier, très
aimablement, les honneurs de cette exposition.
En entrant nous remarquons le portrait (de
Mme Noblemaire ; buste terre cuite par son
fils, le sympathique directeur de la Compagnie
des chemins de for P.-L.-M.
Peut-être y a-t-il dans la façon dont est trai-
tée la dentelle, un peu de sécheresse, de régu-
larité et do préciosité à l'italienne, mais le vl- »
sage est bien modelé. 'd
En peinturo, il convient de citer en première
ligne le Paysage de la Vallée de l'Essonne et
La Bouzanne à Neuvy Saint-Sépulchre, par
M. Lucien Petibon.
Feuillée d'automne à Leix (Corrèze), Vieilles
demeures à Perpezac-le-Blanc, Une place à
Kairouan (TunisieJ, intéressantes aquarelles,
surtout la premtère, par M. Charles Gerhardt.
Encore de charmantes aquarelles, principa-
lement Notre-Damc-de Paris, par M. Marie
Lebrat, chef de gare.
La plaine verte (forêt de Fontainebleau),
largement point au couteau el d'une impres-
sion vigoureuse, par M. Edouard Robineau.
Les peupliers en octobre. Barque de péche
dans la Manche, par M. Paul RoUval, sous-
chef de bureau.
Vieilles Maisons, vision douce et calme, par
M. Emile Girard. Roses trèmières et Coin de
terrasse, par M. Frédéric Gay. Poste à feu,
Soleil couchant, par M. François Tournier.
Lever de lune, Temps gris, Eglise de Montigny-
sur-Loing, par M. Louis Perinet. Vue de la
M&ije, prise du hameau de la Terrasse (Dau-
phiné) et Saint-Nom-la-Bretèche (forêt de
Marly), par M. Geoffroy. M. Ferdinand La-
garde imite Trouittebert-Corot.
Une jolie coquille, aquarelle par M. Edmond
Poujade. Encore do fines aquarelles par M. Eu-
gène Pocheville, M. Arthur Bonvalet, Edouard
Filon, Charles Maniaque, Arthur MArion,
Champ de marguerites aux Loges, Matinée
quai d'Austerlitz, painlures par M. Isidore Mu-
rique, Crépuscule sur Dampmarl, pastel par
M. Charles Batlo.
Le portrait au crayon de M. Dervillê, prési-
dent d a conseil d'administration de P.-L.-M.,
président d'honneur de la Société.
Un cadre, une vitrine, exposés par M. Char-
les Magne, contenant une intéressante collec-
tion d'objets des époques gauloise, gallo-ro-
maine, mérovingienne, et du moyen-âge, trou-
vés dans les fouilles du sol parisien.
Des brosses et cuirs artistiques par MM. Mo-
rel et Alléon.
Enfin des œuvres signées :
Auguste Adam, Jules Andrès. Charles An.
frevllIe, Alexandre Bailly, Paul Ballet, Alexan-
dre Boudier, Emile Beaubrun, Charles Bézan-
court, Henri Bezard, Louis Billiard, Ernest
Billuart, Ch. Blanc, G. Blondel, Henri Bou-
cher, Boudal, Adieu Cabaud, Ch. Camus, Er-
nest Carette, AùieD de Carné, Eugène Cartier,
Claude Costain, Ph.Cu5rDîC.tte,Jean Collin.
Henri Dargent, Desmeule. t * Di,aze, Alfrod
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