Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-03-01
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1902 01 mars 1902
Description : 1902/03/01 (N11677). 1902/03/01 (N11677).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549328m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINO CENTIMES le Numêrao;
PARIS & DEPARTEMENTS
Le Numépo, CINQ CENTIMES
fONOATEUBAuguste VACQUERIE
ABONNEMENTS
Va mois trois mois Six ecîi vit 113
Paria 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
l)épa.rtemer:. 2 —- 6 Il — 20 —
Poitote» 9 • 46 ■■ 32
REDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
era.l~
1 ANNONCES
1 i h. LAGRANGE, CERF & GIll
gf 6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAfc
RÉDACTION: fîîf, rue Montmartre, 131
-- De 4 à 8 heures du soir el de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11677. - Samedi 1" Mars 1902
10 VENTOSE AN 110
ADIÏIIVISTRATIOIV : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
Nous commencerons très prochainement
en feuilleton :
LE DOCTEUR VAMPIRE
grand roman inédit, écrit spécialement
pour notre journal
par PAUL DE GARROS
Cette œuvre importante, où se développe
l'action la plus dramatique, est appelée à un
succès très vif.
NOS LEADERS
MMMBBBOBaKBBOaaB
On ne connaîtrait pas le parti clérical
si l'on croyait qu'il ait laissé passer le
centenaire de Victor Hugo sans le célé-
brer à sa manière. Ses directeurs au-
torisés n'y ont point manqué. C'est
ainsi qu'à Lyon, un chanoine, « pro-
fesseur de littérature française à la Fa-
culté des lettres », a choisi cette occa-
sion pour exprimer le sentiment catho-
lique sur la haute gloire nationale que
salue aujourd'hui l'admiration du mon-
de. Le principal organe des cléricaux
lyonnais résume en ces quelques mots
sa conclusion : « Victor Hugo est une
des âmes les plus viles de notre histoire
littéraire. »
« Manque absolu de tact », « absence
complète du sentiment du ridicule »,
mensonges « à jet continu », « haines
et rancunes féroces », « immoralité »,
« passion antireligieuse portée jusqu'à
la fureur », tels sont, selon ce profes-
seur de littérature catholique, les traits
principaux de « l'homme ». Au fond, la
« passion antireligieuse » eût suffi à
motiver le jugement formulé plus haut,
et c'était se donner une peine inutile
que d'y ajouter d'autres traits. Victor
Hugo, dans le sens élevé du mot, en
dehors des formules cultuelles, est vai-
nement demeuré un croyant d'un bout
à l'autre d'une œuvre qui est peut-être
la plus prodigieuse, qu'ait produite un
cerveau humain ; il lui suffit d'avoir
rompu avec les rites d'une religion que
déforment chaque jour davantage l'or-
gueil, la sottise et la cupidité des hom-
mes, pour que le catholicisme officiel
sejuge modéré en jetant à son génie
ses dernières injures.
Cet état d'âme est fort explicable ; il
y aurait quelque naïveté à s'en étonner.
C'est par la force même des choses que
les procédés de discussion de nos adver-
saires affectent de pareilles allures, et
tranchent si étrangement avec ceux que
- nous mettons au service de nos idées.
A-t-on suffisamment remarqué que la
presse républicaine a l'honneur de ne
pas compter à Paris un seul organe qui
fasse métier de la diffamation et de l'in-
jure. Il est frappant de constater de
même, qu'au Parlement, quelle que soit
la situation publique ou privée des
membres de la droite, il n'en est aucun
contre lequel d'autres armes aient été
employées que celles que peuvent four-
nir des débats purement politiques.
Nous respectons assez nos idées, et
nous avonsassezde confiancedans notre
cause, pour pousser jusqu'au scrupule,
et le respect de nos adversaires, et la
courtoisie pour leur personnes. Ce n'est
pas eux, c'est nous-mêmes que nous
croirions abaisser par une discussion
grossière, et déshonorer par un men-
songe et une calomnie.
S'il en est autrement de ceux qui nous
combattent, les causes en sont trop fa-
ciles à indiquer. Nous qui sommes con-
vaincus que la morale a desfondements
supérieurs et antérieurs à toutereligion,
nous admettons sans peine que parmi
les plus égarés et les plus ardents de nos
adversaires, il y ait de très honnêtes
gens. Au contraire, du moment où le
sentiment religieux est la base néces-
saire de toute morale, du moment où
l'on nie que le seul sentiment de l'hon-
neur, d'autant plus élevé et ombrageux
qu'il n'a point à espérer l'absolution des
confessions faciles, suffit à protéger
contre certaines défaillances, il devient
naturel de considérer, non-seulement
comme des êtres haïssables, mais com-
me des êtres méprisables, ceux qui ont
commis le crime de laïciser leur cons-
cience. De ce crime-là découlent tous
les autres. Si l'incrédule n'en est pas
toujours coupable, nul doute qu'il n'en
soit capable. De là à le croire et de
là à l'en accuser, il n'y a qu'une petite
distance, qui est vite franchie. C'est très
sincèrement que le chanoine lyonnais a
vu dans la passion antireligieuse de
Victor Hugo, la rr preuve » d'une âme
« vile » où croupissaient tous les vices.
L'injure, dans de pareilles conditions,
n'a plus rien qui étonne, ni la diffama-
tion, ni enfin la calomnie. Ici, d'autres
raisons permettent de triompher de tous
tes scrupules: contre les malhonnêtes
gens, toutes les armes ne sont-elles pas
permises ? Si le but est louable, va-t-on
s'arrêter au choix des moyens ? Toutes
les ressources de la casuistique jésuite
interviennent pour rassurer sur ce point
les consciences, et nous savons aujour-
d'hui que ce n'est plus seulement dans
l'ombre des noviciats de la compagnie
de Jésus, mais dans « tous les séminai-
res de France », comme nous l'a déclaré
M. l'abbé Gayraud, que la théologie de
Clermont, œuvre d'un congréganiste de
Saint-Sulpice, a fait pénétrer des leçons
de déformation morale repoussées et
flétries par l'Eglise entière jusqu'au siè-
cle dernier.
Au surplus, de pareils mensonges
fussent-ils coupables, n'est-il pas pour
eux des trésors d'indulgence, et la con-
fession prochaine n'est-elle pas là pour
encourager toutes les audaces, chez le
clérical convaincu que l'opprobre jeté
sur l'ennemi de la religion est une
œuvre pie, pour laquelle le tribunal de
la pénitence n'est pas sans miséri-
corde.
C'est ainsi qu'au milieu de nous se
perpétuent les mœurs véritablement
sauvages qui sont le monopole d'un
parti. Ce parti est celui qui, jadis, quand
il avait la force, réduisait ses ennemis
par les moyens qu'énumère la théologie
de Clermont, et qui restent, d'après elle,
dans le droit éternel de l'Eglise: la « pri-
son », la « torture n, la « mutilation »,
la « mort ». Faute de mieux, c'est l'in-
jure et la calomnie que l'on utilise au-
jourd'hui. Elles s'emploient partout,
comme l'arme naturelle et nécessaire du
parti, aussi bien dans les plus modestes
luttes locales, que contre tous les hom-
mes, tous les noms, toutes les gloires qui
sont, au point de vue littéraire, oratoire,
politique, philosophique, l'orgueil de
la France et l'honneur de l'huma-
nité.
Le parti clérical ne serait plus lui-
même si, même pour un jour, sa
haine avait désarmé devant le prodi-
gieux génie dont l'univers pensant tout
entier vient de fêter l'apothéose.
Injure, calomnie, cela ne remplace
pas le bûcher. Mais cela console de l'at-
tendre, et permet encore de l'espérer.
Georges Trouillot.
-O
LES DUPLICES
Les gouvernements conti-
nuent de penser que
Quand les bœufs vont deux à deux
Le labourage en va mieux.
et les duplices succèdent aux
duplices avec rapidité, surtout
depuis que l'alliance, type triplice, a cessé
d'être susceptible des services que l'on at-
tendait d'elle.
La nouvelle duplice dont l'empereur
d'Allemagne est sans doute en train de pro-
voquer la naissance, par le voyage de son
frère aux Etats-Unis, parait bien, dans
l'esprit de son auteur, avoir été imaginée
pour annuler l'effet de la duplice anglo-
japonaise. C'est du moins ce qui ressort
assez clairement d'un travail que publie
aujourd'hui la National Review.
Les auteurs anglais de l'article que nous
signalons commencent par déclarer que
l'Angleterre s'est trouvée, pendant les der-
niers temps, dans un isolement « dange-
reux », et non pas « splendide » comme le
voulait faire croire M. Chamberlain, et
que, sous ce rapport, le traité anglo-japo-
nais a apporté « un heureux change-
ment ».
Et ils certifient que le nouveau traité,loin
de menacer la Russie, lui rend «un grand
service », car : « dès que la Russie recon-
naîtra le fait accompli en Corée, les alliés
reconnaîtront le fait accompli en Mand-
ckourie ». Ce qui constitue une invite assez
claire. D'autre part, ajoutent les auteurs,
le traité prouve « que l'Angleterre a dé-
finitivement renoncé à compter sur l'Alle-
magne».
Donc, main tendue à la Russie et isole-
ment de l'Allemagne ; et, pour que cette
dernière ne nourrisse pas d'illusions inu-
tiles, l'article ajoute : « Si la Russie est
assez sage "pour l'imiter (imiter l'Angle-
terre), à ce point de vue, l'honnête cour-
tier de Berlin n'aura plus rien à faire. »
Et, quant à la Russie, non seulement on
ne la chicanera pas sur la Mandchourie,
mais encore l'Angleterre « ne cherchera
même pas à empêcher la Russie de s'établir
à Constantinople ».
Oui, tous ces signes, s'ils ont frappé le
kaiser, n'ont sans doute pas été étrangers
à la visite bruyante de son frère à M. Roo-
sevelt. — Ch. B.
Voir à la 36 page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
POUR LES PRISONNIERS
DU GÉNÉRAL WEYLER
Le meeting de ce soir. — Le début
d'une campagne.
Rappelons que c'est ce soir que se tiendra,
dans la salle de la Ligue Fraternelle. 13, rue
Saiale-Isaure, le meeting donné sous la prési-
donce du docteur Beraud, sénateur, en faveur
des travailleurs de Barcelone soumis à l'arbi-
traire de la loi martiale.
Parmi les orateurs se sont encore inscrits ;
MM. Benezech, député, et Fournier, député do
Nîmos.
On sait que doivent prendre aussi la pa-
role :
Mmes Séverine et BGnnevinl; les citoyens De-
jeatile, depuié ; Paraf-Javal, Landau, Zévaès, dé-
puté ; Urbain Gohier, Vigné d'Oclon, député ; Mi-
chel, député ; Ch. Malato.
Ce meeting marque le début d'une campa-
gne de protestation contre les actes de sauva-
gorie accomplis par le parti clérical et milita-
riste espagnol.
LE TARIF POSTAL DES JOURNAUX
La commission du budget s'est réunie hier
matin pour entendre les syndicats de la presse
parisienne et de la presse départementale, en
ce qui concerne le tarif des journaux.
Ces syndicats ont déclaré être d'accord pour
demander l'adoption du tarif réduit à 1 cen-
time par exemplaire, jusqu'à 50 grammes avec
application de moitié de ce tarif aux journaux
de province.
M. Mougeot,sous-socrélaired'Etat des postes,
a déclaré que la réforme amènera une aug-
mentation de trafic pour la poste, et par suite
de personnel et de matériel; la commission a
adopté le tarif de 1 centime prooosé car M.
SepabaL.
LA SEMAINE
VICTOR HUGO
A la Sorbonne. — Organisation défec-
tueuse. — Les étudiants protestent.
— Une dépêche de M. Loubet. — A
la Bourse du Travail. — Hom-
mage de poète. — Les manifes-
tations en France et à l'étran-
ger.
Cette semaine de 1902 restera comme une
semaine historique, non seulement parce qu'elle
a vu la célébration du centenaire glorieux de
Victor Hugo, mais parce que, tandis qu'au
Panthéon, à la place Victor-Hugo,un hommage
officiel était rendu à l'auteur immortel des
Miser' Jes, le respect, la reconnaissance,
l'admiration de la foule, témoignage non
officiel mais plus impressionnant encore,
s'élèvent de toutes parts, cette semaine, vers
celui que le monde entier glorifie.
LE FESTIVAL DE LA SORBONNE
Le festival qu avait organise l'Association
générale des Etudiants avait attiré hier après-
midi à la Sorbonne une foule considérable. De
nombreuses cartes avaient étédistribuées à tort
et à travers, dit-on. En effet, s'il faut en croire
certains protestataires les étudiants avaient été
lésés au profit de personnes étrangères au
monde des écoles. Mercredi avait lieu la distri-
bution des cartes à l'Association.
Un incident
Dès trois heures et demie, trois cents étu-
diants faisaient queue devant le local de la rue
des Ecoles. On distribua immédiatement nne
centaine de cartes. Cela fait, au bout d'un
quart d'heure, on annonça qu'il ne restait plus
de billets.
Les étudiants surpris de constater que le
comité, au lieu des 400 places promises,ne leur
en donnait que cent, manifestèrent leur mé-
contentement aux cris de : « A bas le ComitéI
Démission! »
Les choses n'en restèrent pas là !
Les mécontents, froissés des plaisanteries que
leur décochaient,des fenêtres,les organisateurs,
envahissent l'escalier et forcent la porte de la
salle de distribution.
Finalement, on dut requérir l'aide du com-
missaire de police qui arriva avec deux bri-
gades d'agents.
A l'Association où nous avons demandé quel-
ques explications sur ces incidents on nous a
déclaré qu'il n'y avait eu qu'un malentendu et
que les agents avaient été appelés pour sim-
plement faire rétablir l'ordre.
Des protestations justifiées
Dès l'ouverture des portes, à une heure et
demie, ce fut un flot irrésistible qui s'engouf-
fra dans le vestibule d'honneur et pénétra, par
toutes les entrées, dans le grand amphithéâtre.
Tandis que, au dehors, les gardiens de la paix,
dirigés par M. Picot, offisier de paix de l'ar-
rondissement, avaient aisément maintenu l'or-
dre, dans l'intérieur de la Sorbonne, où ne
pénètrent pas les agents; les jeunes étudiants,
commissaires de la cérémonie, tout en faisant
complètement leur devoir, furent bientôt im-
puissants à empêcher les invités,qui arrivaient
toujours plus nombreux,de s'entasser dans les
escaliers et de presser sur eaux qui étaient déjà
en place.
De nombreuses prêtresses de Vénus de la
rive gauche en profitèrent pour entrer, ce qui
provoqua quelques bousculades et de nombreux
murmures.
Enfin, les arrivants ont pris place.
Sur l'estrade, au premier rang, les membres de
la famille de Victor Hugo : M. et Mme Georges
Hugo, M. et Mme Charcot, M Lockroy et, sur les
autres rangs, MM. Ernest Lavisse, Hervieu, Hano-
taux, Claretie, Henry Houssaye, do l'Académie
française; MM. Lintilhac et Roujon, représentants
du ministre de l'instruction publique; MM. Ca-
tulle Mendès, Richet, Himly, Lyon-Caen, Gaston
Deschamps, et de nombreux professeurs de l'Uni-
versité de Paris.
En face de l'estrade, sur le premier rang des
fauteuils de l'amphithéâtre, M. de Heredia, de
l'Académie française, qui avait accepté de présider
la cérémonie, avait pris place, entre MM. Gréard,
vice-recteur de l'Académie de Paris, et Liard, di-
recteur de renseignement supérieur au ministère.
Le président de l'Association,M. Racoulez,se
lève alors.Quelques cris de « Conspuez le co-
mité! A bas le président! » s'élèvent de divers
points de l'amphithéâtre; certains clament même
« Démission! » sur l'air des Lampions.
Le calme renaît
Le président,quoique bien jeune encore dans
ses fonctions,laisse passer l'orage et commence
son discours. Après avoir remercié le Président
de la République et le ministre de l'instruction
publique d'avoir bien voulu patroner le fes-
tival des étudiants, et « le poète qui a voulu pré-
sider cotte fêle en l'honneur d'un poète », il a
ajouté:
Nous avons pensé que dans le nombre des fêtes
provoquées par le centenaire de Victor Hugo, il
devait y avoir la fête de ta jeunesse; nous avons
pensé que dans le nombre des hommages qui, de
toutes parts ont été rendus à la mémoire du poète,
il devait y avoir un hommage particulier des jeu-
nes gens.
Cet hommage de la jeunesse est bien dû à celui
qui l'a si bien comprise et qui l'a tant aimée, à ce-
lui qui a eu foi en elle, espérant que, sans cesse,
les générations qui uieuneut seront meilleures que
celles qui s'en vont.
Nous avons voulu vous faire entendre sur les lè-
vres de nos plus grands artistes les vers de notre
grand poète.
Dans le temple de la nouvelle Sorbonne, sous la
fresque admirable de Puvis de Chavannes, nous
avons voulu vous inviter à communier tous dans
l'œuvre de Victor Hugo, étudiants et professeurs,
les jeunes et les amis des jeunes, persuadés qu'il
n'est pas pour un génie de glorification plus écla-
tante que cotte communion des esprits dans l'Har-
monie, dans la Beauté qu'il a créée.
Cette allocution a été longuement applaudie
et cette fois, aucune voix discordante ne s'est
fait entendre.
Le festival a commencé immédiatement par
le Chant d'exil de Paul Vidal, chanté par M.
Carbonne, de l'Opéra-Comique.
Successivement ontétéapplaudis M. Silvain,
M. Mounet-Sully, qui a dit VAigle du Casque,
Mmes Brandès, Piérat. Simone Le Bargy, etc.
La salle a fait une ovation à Mlle Barlet.qui,
après avoir contribué au succès de la cérémo-
nie du Panthéon, hier malin, et à celui des
Burgraus, hier soir, et bien qu'elle doive se
rendre, ce soir, à l'Hôtel de Ville, a répondu
avec empressement à l'invitation des étudiants:
elle a dit le célèbre morceau de Ruth et
Booz.
A cinq heures le festival prend fin et la foule
s'écoule sans incidents. Nous croyons savoir
qu'une protestation collective sera présentée au
comité de l'Association par les membres de
l'A qui se sont vu refuser l'entrée de la Sor-
bonne.
PLACE DES VOSGES
On sait qu'après-demain dimanche, une fête
populaire de nuit sera donnée dans le square
de la place des Vosges.
L'entrée unique aura lieu par la rue de Bira-
gue et la sortie par les rues du Pas-de-la-Mule,
de Béard et des Francs-Bourgeois.
Le public ne sera admis à pénétrer sur la
place des Vosges qu'à 8 h. seulement.
Pour la cérémonie officielle delà journée qui
commencera vers cinq heures, les invités de-
vront arriver par les rues du Pas-de-la-Muleet
des Francs- Bourgeois et pénétrer dans le square
par les portes d'angle, les rues de Birague et de
Béarn étant exclusivement réservées h la
sortie.
REPONSE DE M.LOUBET
A M. LUZZATTI
M. Loubet a répondu au télégramme de M.
Luzzatti par la dépêche suivante :
Je suis profondément touché des sentiments ex-
primés par vos compatriotes à l'occasion de l'apo-
théose de Victor Hugo. Ils ne pouvaient trouver
auprès de moi un plus sympathique interprète. La
France appréciera unanimement ce nouveau témoi-
gnage d'amitié de sa sœur latine, et je me réjouis
avec vous de penser que cotte mémorable journée
constituera un lien de plus entre nos deux grandes
nations.
A LA BOURSE DU TRAVAIL
L'Association populaire pour la propagation
gratuite de l'art a donné mercredi dans la
grande salle de la Bourse du Travail une soirée
en l'honneur du centenaire de Victor Hugo.
Au bureau avaient pris place MM. Masson,
Baumet ut Leproux. A cette fête prêtaient leur
gracieux concours MM. Brunswich, Maës.Noë,
Mme Marx, etc. Le programme était composé
de nombreux extraits des œuvres du poète,
c'étaient :
Oceano Nox, la Fiancée du Timbalier, les
Trois Chansons, musique de Gabriel Pierné, a.
La Pitié suprême, b. Jeanne était au pain sec,
Les Djinns, a. Guitare, musique de Massenet,
b. Sérénade de Ruy Blas; Souvenir de la nnit
du 4, la Conscience, Chanson des Aventuriers
de la Mer, le Pas d'armes du roi Jean, musi-
que de Camille Saint-Saëns; le Crapaud, Ruy
Blas (acte V), les Burgraves (3* partie).
Paris-Hugo
Sous ce titre, M. S. Darnbricourt nous a
adressé une remarquable étude sur Victor
Hugo.
Les anecdotes y sont nombreuses, entre au-
tres celle relative à l'élection de Victor Hugo,
comme délégué sénatorial, en 1875.
L'auteur de Paris-Hugo analyse en maître
l'œuvre du poète et en cite de nombreux pas-
sages.
Enfin, M. S. Dambricourt termine son étude
par un épilogue en vers, dont nous détachons
le passage suivant :
Du Parnasse classique, il franchit les abYmes,
Il monte, il monte, il monte. il dépasse les cimes,
Il chante dans les cieux, il plane, il vogue à bord
D'un astre d'or, rayonne ainsi que d'un Thabor,
Son front transfiguré. Cet homme est plus qu'un
[homme,
Christ est ressuscité ! C'est Hugo qu'il se nomme!
DANS LES DÉPARTEMENTS
Cherbourg. — Le centenaire de Victor Hugo
a été célébré avec enthousiasme au théâtre
municipal. La salle était comble ; on a dû re
fuser plusieurs centaines de spectateurs.
La troupe a joué le Roi s'amuse. Puis M. Re-
nault, professeur au lycée, a fait une confé-
rence très applaudie.
L'apothéose de la Muse couronnant Victor
Hugo a été accueillie par de longues ovations.
La musique de l'infanterie coloniale a joué la
Marseillaise.
Toulon. — Le centenaire de Victor Hugo a
été célébré avec éclat. Tous les monuments pu-
blics étaient pavoisés. Les bureaux des admi-
nistrations civiles ont été fermés et les écoles
ont eu congé.
Le buste de Victor Hugo entouré de palmes
a été exposé sur le balcon de l'hôtel de ville,
au-dessus des cariatides de Puget.
Le soir, on a joué Ruy Blas au Grand-Théâ-
tre et les artistes ont couronné le buste du
poète.
A LETRANGER
St-Pètersbourg. — A l'occasion du centenaire
de Victor Hugo, la colonie française de Bakou
a donné une soirée musicale et littéraire.
Mad)'id. - Le Heraldo a consacré un numéro
à Victor Hugo avec de nombreux dessins.
— Le journal Via, parlant de Victor Hugo,
dit qu'il faudrait de nombreuses colonnes pour
énumérer seulement l'œuvre de l'homme extra-
ordinaire qui consacra 67 années de sa vie à
rompro les chaînes de la tyrannie et de l'igno-
rance et à proclamer la souveraineté de la libre
inspiration et de l'intelligence.
— La Epoca conseille aux intellectuels qui
s'extasient devant la littérature déprimante à la
mode de lire Victor Hugo.
— La Société l'Union de la jeunesse républi-
caine de Madrid a donné, en l'honneur de Vic-
tor Hugo, une fête à laquelle assistaient quel-
ques membres de la colonie française. Des
discours ont été prononcés à la louange du
poète.
Rue de la Reine, où habita Victor Hugo, se
trouve une école municipale, qui a célébré
hier une fête en l'honneur du poète. Les en-
fants ont récité des poésies de Hugo, traduites
en espagnol. Une dépêche a été adressée au
président du conseil municipal de Paris, sa-
luant les enfants des écoles municipales de
Paris et s'associant à l'acte solennel du cou-
ronnement de Victor Hugo.
— Les journaux de Madrid publient des té-
légrammes de félicitation et de sympathie
échangés entre les télégraphistes espagnols et
français à l'occasion du centenaire de Victor
Hugo.
Alexandrie. — La colonie française d.'Alexan-
drie a donné, sous la présidence de M. Cogor-
dan, une fête on l'honneurde Victor Hugo.
Les troupes de comédie italienne et française
ont prêté leur concours.
M. Saint-Saëns a dirigé lui-même l'exécution
d'un hymne à Victor Hugo.
Toutes les colonies étrangères et les autori-
tés étaient représentées à cette fêle qui a ebtenu
un énorme succès.
Lisbonne. — Le centenaire de Victor Hugo a
élécélébré solennellement à Lisbonne.
La fête avait été organisée par les journalistes
de Lisbonne.
Des discours ont été prononcés et des poésies
ont été dites par des artistes dramatiques.
Rome.- L'Association de la presse a donné,
aujourd'hui, au Grand-Hôlel, un banquet en
l'honneur des hôtes français, venus à Rome
pour les fêles de Victor Hugo.
On remarquait parmi les convives MM. Luz-
zatti, le maire de Rome, le général Turr, le
comte de Franqueville, le Comité italien des
fêtes de Victor Hugo, une délégation de la
Ligue franco-italienne et de nombreux jour-
nalistes.
M. Luzzatti a lu, an milieu des acclama-
tions, une dépêche de M. Loubet, que nous
publions d'aulre part, et il a invité l'assislance
à boire à la santé du roi Victor-Emmanuel et
du Président Loubet.
Les convives debout ont accueilli cette mo-
tion par les cris de : « Vive le Roi ! Vive Lou-
bet ! »
Sur la proposition de M. Luzzatti, on a en-
voyé des dépêches à M. Mezières, sénateur, pré-
sident de l'Association des Journalistes pari-
siens, et à M. Ranc, président de l'Association
des Journalistes républicains, avec l'axpressioo
des sentiments fraternels ces ccnvives et les
souhaits de concorde et d'amilié entre la France
et rilalie.
On a envoyé aussi une dépêche au maire de
Buda-Pesth comme hommage à la Hongrie,
sœur del'Italie dansle malheur et dans l'affran-
chissement.
La plus grande cordialité a régné pendant
tout le banquet.
LA FRAUDE DES VINS
MM. Gauthier, Mir, Daicros, Vilar, Abeille
Ournac, Bonaofov-Sibour* Desmous SilbI"
Galtier, Perreal, sénateurs, et Pains, Bourrat,
Rolland, Escanyé, Vigné d'Octan, Salis, Razim-
baud,Augé, Lafcrre Narbonne, Tbéron, Dujar-
din-Beaumetz, Doumergue, Devèze, Benezech,
Fournier, Pastre, Leygues(HonarÓ), Ruau, Ray-
mond Leygues. Caze, députés, et Albert Sar-
raut, conseiller général, ont été reçus, hier, à
trois heures, par le président du conseil,
Ils lui ont exposé que la fraude sur les vins
s'exerce dans les grands centres de consomma-
tion dans des proportions désastreuses pour la
viticulture ; que dans beaucoup de débits les
prix de vente varient entre 10 et 15 centimes
le litre ; que, ces prix ne représentant pas la
valeur du vin augmentée des seuls frais de
transport,la mise en vente, dans ces conditions,
emporte avec elle une présomption de fraude
par le mouillage.
Ils lui ont demandé avec instance de pren-
dre d'urgence dans Paris et dans les grands
centres les mesures de police nécessaires pour
prévenir et réprimer les délits commis.
M. Waldeck-Rousseau a répondu que, saisi
de cette question par le ministre des finances,
il avait donné des instructions formelles pour
qu'une surveillance efficace soit exercée et que
!es délits relevés soient énergiquement pour-
suivis.
———————————— » - ■■
Tolstoï
Yalta, 27 février..
Voici le bulletin de santé de Tolstoï:
Pouls et température satif faisants. L'inflamma-
tion continue à diminuer. Faiblesse générale très
grande.
Comment fut soigné Tolstoï
(De notre correspondant particulier)
Moscou, 27 février.
Tout à fait hors de danger, espère-t-on,
Léon Tolstoï achèvera de se rétablir chez la com-
tesse Panine, à Gaspra, où la maladie le relient
depuis de longs mois. On sait qu'après s'être
blessé dans une chûte qu'il fit vers la fin de l'au-
tomne l'illustre écrivain souffrit d'une attaque
de fièvre paludéenne et qu'à peine convalescent
la pneumonie, compliquée de pleurésie, le ter-
rassait.
Les douleurs qu'eut à supporter le vieillard
furent si violentes que les trois médecins, qui
ne quittèrent guère son chevet ces dernières se-
maines, n'hésitèrent pas, pour les calmer, à
employer la morphine, Les troubles du cœur,
persistèrent durant toute la période dan-
gereuse de la maladie — le 5121 on désespé-
rait de sauver le malade — furent combattus
par la digitale et le camphre.
La pneumonie vaincue laisse cependant très
affaibli le vieillard qui ne peut encore se soute-
nir et qui déjà, télégraphie-t-on de Yalta, parle
de reprendre la besogne interrompue,
———————————— ————————————
11.000 recrues pour les Boers
(De notre correspondant particulier)
Capetown, 27 février.
On a fait l'évaluation du nombre des
recrues que la colonie du Cap a données aux
deux Républiques. Le chiffre se monte en tota-
lité à 11.000 hommes. La constatation a pu
être faite par une sorte de recensement, au-
quel on s'est livré dans toutes les circonscrip-
tions électorales. Ainsi, dans celle de Wo-
dehonse, 1.027 hommes, c'est à dire la moitié
des électeurs inscrits, sont allés rejoindre les
Burghers.
La circonscription d'Aliwal North a trans-
formé presque tous ses électeurs en combat-
tants boers, de sorte qu'on n'y pouvait plus
procéder à une élection législative, à moins de
donner droit de vole aux femmes et aux
enfants.
SERVICE COMMANDÉ
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 27 février.
Le chef de la garnison de Prague vient de
donner l'ordre de faire apprendre aux soldats
des cantiques religieux qui seront chantés
dans les casernes et les églises avec accom-
pagnement d'harmonium. Déjà des harmo-
niums sont installés dans toutes les casernes et
des chantres des maîtrises sont désignés pour
diriger les répétitions avec le concours des
aumôniers.
On sait que dans l'armée austro-hongroise,
les militaires sont dans l'obligation, sans dis-
tinction de religion, d'assister à la messe.
———————————— .————————————
LE SCANDALE DE LA BANQUE D'ITALIE
(De notre correspondant particulier)
Rome, 27 février.
Je vous télégraphiais il y a plusieurs semaines,
la fuite de M. Fini, caissier de la banque d'I-
talie, qui laissait un déficit de 130,000 fr.
M. Fini vient de se constituer prisonnier. Il
a fait le récit au procureur général, M. Lungo
Tevere dei Mellini, de ses pérégrinations à
travers les diverses villes de l'Italie.
Il a d'ailleurs fait d'intéressantes révéla-
tions, avouant entre autres choses qu'il avait
des complices.
On s'attend à plusieurs arrestations.
♦
PIERRE-LE-GRAND A LONDRES
(De notre correspondant particulier)
Londres. 27 février.
Les délégués de la Société d'agriculture
russe qui, tout récemment, visitaient Londres,
ont demandé et oblenu l'autorisation d'apposer
une plaque commémorative sur la petite mai-
son de Deptford-Market, habitée par le tsar
Pierre-le-Grand au temps où il faisait son ap-
prentissage de constructeur naval.
Un des délégués a retrouvé le local qui servit
d'alelier à Pierre le-Grand et il est question
de le reconstituer lel qu'il existait il y a trois
siècles.
———————————— ————————————
AU CONSEIL MUNICIPAL
On annonce pour le lundi 10 mars t'ouver-
ture de la prochaine session du Conseil muni-
cipal.
C'est, on le sait, au début de cette session
que doit être élu le président du Conseil mu-
nicipal.
de-
AUTOUR DE PANAMA
Capture du général Luchan
New-York, 27 février.
On annonce officiellement la capture du gé-
néral philippin Luchan.
Les douanes aux Philippines
Washington, 27 février.
La Chambre des représentants n'ayant pas
accepté l'amendement apporté par le Sénat au
projet du tarif des douanes pour les Philippi-
nes, ce projet a été envoyé à une commission
parlementaire mixte.
Le « Bolivar »
Saint-Thomas, 27 février.
Le Libertador, battant pavillon colombien,
est arrivé à Dominica. Il a encore une fois
changé de nom et s'appelle maintenant le Bo-
livar*
A LA CHAMBRE
La réforme des conseils de guerre
Adresse des députés serbes. — En
l'honneur de Victor Hugo. — La
vin et la viande pour les soldats.
— Souvenirs de la semaine
de mai.
Au début de la séance du malin, M. Descha-
nel a lu à la Chambre la dépêche adressée aux:
représentants de la France par la Skouptchina
de Belgrade. Dans cette dépêche, on le sait: M.
Popovitch, président de l'assemblée serbe, dé-
clare que « la nation à laquelle il appartient
n'oubliera jamais que Victor Hugo éleva sa
puissante voix pour ses droits imprescriptible;?
au moment le plus critique de son histoire ».
M. Deschanel a déclaré que la dépêche serait
déposée aux archives et que « le président fe-;
rait parvenir à la Skouptchina les remercie-
ments émus et les vives sympathies de la Cham -
bre des députés ».
D'unanimes applaudissements ont accueilli
ces paroles.
Le budget de la guerre
Ensuite, la Chambre reprend la discussion
du budget de la guerre. M. Lebrun veut aug-
menter de 2 010 la proportion des hommes ef-
voyés en congé au moment des moissons. M.
Berleaux explique que le projet de la commis-
sion donne satisfaction à ce vœu.
M. Louis Quesnel est d'avis d'accorder di-
vers avantages aux officiers de réserve. M. Le
Hérissé lui répond que c'est l'objet d'un rap-
port de la commission de l'armée qu'on devra
discuter après le budget.
M, Devèze, à l'occasion du mariage des offi-
ciers et des sous-officiers, rappelle les scanda-
leux incidents de Melun.
M, Lamendin parle d'un officier à qui on
refuse depuis sept ans l'autorisation de se ma-
rier.
M, Berteaux conseille de renvoyer à la com-
mission de l'armée le projet de resolution de
M. Devèze.
Le général André demande qu'on n'intro-
duise pas une question si spéciale dans le
budget.
Par 269 voix contre 110. le projet de résolu-
lution est écarté. En voici le texte :
La Chambre invite le ministre de la guerre i.
supprimer pour les officiers et sous-officiers ren-
gagés les formalités de la demande d'autorisation'
de mariage.
Nos gendarmes
Tout comme les agents, les gendarmes pas-
sent pour être « de braves gens ». Aussi ont-
ils beaucoup d'amis. M. Gervais signale une
injustice : les gendarmes soignés à l'hôpital
pour blessures reçues dans le service sont pri-
vés de la moitié de leur solde. L'amiral Rieu-
nier veut augmenter les indemnités de dépla-
cement. M. du Halgouët revendique pour les
gendarmes plus de médailles militaires.
M. Galpin vient dire :
— Les gendarmes sont trop souvent employés
à pourchasser les grévistes.
Nous nous préparons à féliciter M. Galpin
de ses bons sentiments, quand il ajoute :
— Ils devraient rester dans les campagnes
afin de mieux poursuivre les chemineaux I
La sympathie que M. Galpin témoigne aux
chômeurs citadins est faite de la haine absurde
qu'il porte aux chômeurs villageois.
Le ministre de la guerre expose qu'il fait et
fera le possible pour améliorer le sort des gen-
darmes.
Les vivres du soldat
Un amendement de M. Narbonne tend à dé-
penser une somme de 4,683.000 francs en
distributions de vin, de bière et de cidre aux
troupes.
M. Caillaux observe qu'il vaut mieux aug-
menter le crédit alloué pour l'ordinaire du
soldat, sans spécifier qu'on entend lui offrir.,
aujourd'hui du vin, demain du fromage el'.
après-demain des sardines à l'huile.
Cependant, 311 voix contra 167 adoptent
l'amendement Narbonne.
La propriété industrielle
Le soir, sous la présidence de M. Aynard; la
Chambre déclare l'urgence en faveur du projet
« portant approbation de l'acte additionnel,
signé à Bruxelles le 14 décembre 1900, en vue
de modifier la convention du 20 mars 1883, re-
lative à la protection industrielle », On adopte.
le projet et sans relâche on se met de nouveau
au budget de la guerre.
Toujours le budget
M. Chauvin félicite le général André d'avoir
remplacé dans bien des cas les achats directs
de blé et d'avoine aux adjudications.
Mais il faut, dit il, généraliser ce système qui a
donné d'excellents résultats à Rennes, à Tarbes et
à EpinaI où il a été appliqué.
Avec le système de l'adjudication, les bénéfices
prélevés par les intermédiaires sont tels que l'ad-
ministration de l'armée paye le blé et l'avoine un
prix supérieur aux cours commerciaux, en sort.
que l'opération est mauvaise à la fois pour l'Etat
et pour le producteur.
Il faut empêcher, une fois pour toutes, les ac-
caparements de ceux qu'on peut appeler les pro-
fessionnels de l'adjudication et qui se syndiquent
pour faire hausser les prix.
C'est tout à fait l'avis du général André qui
poursuivra les essais et les fera porter sui
onze corps d'armée.
Une commission est nommée pour étudier eeU.
intéressante question. Il faut non seulement l'achat
direct, mais le payement direct.
Quant aux adjudications, on prendra les garan-
ties nécessaires. (Très bien!)
M. Charles Bernard, porteur d'un picolia
d'avoine, avait fait sensation dans les couloirs.
Le voici à la tribune, toujours muni de son
avoine. On devine à quel genre de plaisanterie
il veut se livrer ; les quolibets lapident l'ora-
teur nationaliste
M. Aynard lui dit:
— Je vous rappelle au bon goût.
M. Charles Bernard est convaincu que le
récit de cette scène avancera ses chances élec-
torales, à Clignancourt.
Nous verrons si les Parisiens mettrons le nefc
dans la musette qu'il leur tend, d'un geste si
« rigolo ».
Un amendement de M. Vaillant — ration
supplémentaire de viande fraîche pour le sol-
dat — est adoplépar 474 voix contre 42.
Les conserves
M. Chauvin s'occupe des conserves de
viande.
Ces conserves sont souvent mauvaises et tout
le monde se rappelle les nombreux empoisonne-
ments qu'elle ont occasionnés, réoemment encore
ceux de Sens. Chaque fois il fallut jeter des quan-
tités énormes de conserves. II importe de veiller
attentivement, aussi bien dans l'intérêt de la santé
de nos soldats que dans l'intérêt de nos GDall.
ces.
Le ministre de la guerre répond :
Il ne m'appartient pas de critiquer le passé. M.
Chauvin me demande quelles sont les mesures ap-
pliquées aujourd'hui; c'est M. de Freyoinet qui en
prit l'initiative, en nommant une commission pré-
sidée par M. Brouardel, commission qui fonctionne
dans les locaux de l'institut Pasteur. Elle est char-
gée d'examiner la qualité des viandes de oonserve
et je ne fais qu'appliquer ses oonolusions.
Un projet de résolution de M. Allemane tend
à faire consommer les conserves dans un délai
maximum de trois années.
M. Berteaux réplique que si le projet élail
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RÉDACTION: fîîf, rue Montmartre, 131
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No 11677. - Samedi 1" Mars 1902
10 VENTOSE AN 110
ADIÏIIVISTRATIOIV : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
Nous commencerons très prochainement
en feuilleton :
LE DOCTEUR VAMPIRE
grand roman inédit, écrit spécialement
pour notre journal
par PAUL DE GARROS
Cette œuvre importante, où se développe
l'action la plus dramatique, est appelée à un
succès très vif.
NOS LEADERS
MMMBBBOBaKBBOaaB
On ne connaîtrait pas le parti clérical
si l'on croyait qu'il ait laissé passer le
centenaire de Victor Hugo sans le célé-
brer à sa manière. Ses directeurs au-
torisés n'y ont point manqué. C'est
ainsi qu'à Lyon, un chanoine, « pro-
fesseur de littérature française à la Fa-
culté des lettres », a choisi cette occa-
sion pour exprimer le sentiment catho-
lique sur la haute gloire nationale que
salue aujourd'hui l'admiration du mon-
de. Le principal organe des cléricaux
lyonnais résume en ces quelques mots
sa conclusion : « Victor Hugo est une
des âmes les plus viles de notre histoire
littéraire. »
« Manque absolu de tact », « absence
complète du sentiment du ridicule »,
mensonges « à jet continu », « haines
et rancunes féroces », « immoralité »,
« passion antireligieuse portée jusqu'à
la fureur », tels sont, selon ce profes-
seur de littérature catholique, les traits
principaux de « l'homme ». Au fond, la
« passion antireligieuse » eût suffi à
motiver le jugement formulé plus haut,
et c'était se donner une peine inutile
que d'y ajouter d'autres traits. Victor
Hugo, dans le sens élevé du mot, en
dehors des formules cultuelles, est vai-
nement demeuré un croyant d'un bout
à l'autre d'une œuvre qui est peut-être
la plus prodigieuse, qu'ait produite un
cerveau humain ; il lui suffit d'avoir
rompu avec les rites d'une religion que
déforment chaque jour davantage l'or-
gueil, la sottise et la cupidité des hom-
mes, pour que le catholicisme officiel
sejuge modéré en jetant à son génie
ses dernières injures.
Cet état d'âme est fort explicable ; il
y aurait quelque naïveté à s'en étonner.
C'est par la force même des choses que
les procédés de discussion de nos adver-
saires affectent de pareilles allures, et
tranchent si étrangement avec ceux que
- nous mettons au service de nos idées.
A-t-on suffisamment remarqué que la
presse républicaine a l'honneur de ne
pas compter à Paris un seul organe qui
fasse métier de la diffamation et de l'in-
jure. Il est frappant de constater de
même, qu'au Parlement, quelle que soit
la situation publique ou privée des
membres de la droite, il n'en est aucun
contre lequel d'autres armes aient été
employées que celles que peuvent four-
nir des débats purement politiques.
Nous respectons assez nos idées, et
nous avonsassezde confiancedans notre
cause, pour pousser jusqu'au scrupule,
et le respect de nos adversaires, et la
courtoisie pour leur personnes. Ce n'est
pas eux, c'est nous-mêmes que nous
croirions abaisser par une discussion
grossière, et déshonorer par un men-
songe et une calomnie.
S'il en est autrement de ceux qui nous
combattent, les causes en sont trop fa-
ciles à indiquer. Nous qui sommes con-
vaincus que la morale a desfondements
supérieurs et antérieurs à toutereligion,
nous admettons sans peine que parmi
les plus égarés et les plus ardents de nos
adversaires, il y ait de très honnêtes
gens. Au contraire, du moment où le
sentiment religieux est la base néces-
saire de toute morale, du moment où
l'on nie que le seul sentiment de l'hon-
neur, d'autant plus élevé et ombrageux
qu'il n'a point à espérer l'absolution des
confessions faciles, suffit à protéger
contre certaines défaillances, il devient
naturel de considérer, non-seulement
comme des êtres haïssables, mais com-
me des êtres méprisables, ceux qui ont
commis le crime de laïciser leur cons-
cience. De ce crime-là découlent tous
les autres. Si l'incrédule n'en est pas
toujours coupable, nul doute qu'il n'en
soit capable. De là à le croire et de
là à l'en accuser, il n'y a qu'une petite
distance, qui est vite franchie. C'est très
sincèrement que le chanoine lyonnais a
vu dans la passion antireligieuse de
Victor Hugo, la rr preuve » d'une âme
« vile » où croupissaient tous les vices.
L'injure, dans de pareilles conditions,
n'a plus rien qui étonne, ni la diffama-
tion, ni enfin la calomnie. Ici, d'autres
raisons permettent de triompher de tous
tes scrupules: contre les malhonnêtes
gens, toutes les armes ne sont-elles pas
permises ? Si le but est louable, va-t-on
s'arrêter au choix des moyens ? Toutes
les ressources de la casuistique jésuite
interviennent pour rassurer sur ce point
les consciences, et nous savons aujour-
d'hui que ce n'est plus seulement dans
l'ombre des noviciats de la compagnie
de Jésus, mais dans « tous les séminai-
res de France », comme nous l'a déclaré
M. l'abbé Gayraud, que la théologie de
Clermont, œuvre d'un congréganiste de
Saint-Sulpice, a fait pénétrer des leçons
de déformation morale repoussées et
flétries par l'Eglise entière jusqu'au siè-
cle dernier.
Au surplus, de pareils mensonges
fussent-ils coupables, n'est-il pas pour
eux des trésors d'indulgence, et la con-
fession prochaine n'est-elle pas là pour
encourager toutes les audaces, chez le
clérical convaincu que l'opprobre jeté
sur l'ennemi de la religion est une
œuvre pie, pour laquelle le tribunal de
la pénitence n'est pas sans miséri-
corde.
C'est ainsi qu'au milieu de nous se
perpétuent les mœurs véritablement
sauvages qui sont le monopole d'un
parti. Ce parti est celui qui, jadis, quand
il avait la force, réduisait ses ennemis
par les moyens qu'énumère la théologie
de Clermont, et qui restent, d'après elle,
dans le droit éternel de l'Eglise: la « pri-
son », la « torture n, la « mutilation »,
la « mort ». Faute de mieux, c'est l'in-
jure et la calomnie que l'on utilise au-
jourd'hui. Elles s'emploient partout,
comme l'arme naturelle et nécessaire du
parti, aussi bien dans les plus modestes
luttes locales, que contre tous les hom-
mes, tous les noms, toutes les gloires qui
sont, au point de vue littéraire, oratoire,
politique, philosophique, l'orgueil de
la France et l'honneur de l'huma-
nité.
Le parti clérical ne serait plus lui-
même si, même pour un jour, sa
haine avait désarmé devant le prodi-
gieux génie dont l'univers pensant tout
entier vient de fêter l'apothéose.
Injure, calomnie, cela ne remplace
pas le bûcher. Mais cela console de l'at-
tendre, et permet encore de l'espérer.
Georges Trouillot.
-O
LES DUPLICES
Les gouvernements conti-
nuent de penser que
Quand les bœufs vont deux à deux
Le labourage en va mieux.
et les duplices succèdent aux
duplices avec rapidité, surtout
depuis que l'alliance, type triplice, a cessé
d'être susceptible des services que l'on at-
tendait d'elle.
La nouvelle duplice dont l'empereur
d'Allemagne est sans doute en train de pro-
voquer la naissance, par le voyage de son
frère aux Etats-Unis, parait bien, dans
l'esprit de son auteur, avoir été imaginée
pour annuler l'effet de la duplice anglo-
japonaise. C'est du moins ce qui ressort
assez clairement d'un travail que publie
aujourd'hui la National Review.
Les auteurs anglais de l'article que nous
signalons commencent par déclarer que
l'Angleterre s'est trouvée, pendant les der-
niers temps, dans un isolement « dange-
reux », et non pas « splendide » comme le
voulait faire croire M. Chamberlain, et
que, sous ce rapport, le traité anglo-japo-
nais a apporté « un heureux change-
ment ».
Et ils certifient que le nouveau traité,loin
de menacer la Russie, lui rend «un grand
service », car : « dès que la Russie recon-
naîtra le fait accompli en Corée, les alliés
reconnaîtront le fait accompli en Mand-
ckourie ». Ce qui constitue une invite assez
claire. D'autre part, ajoutent les auteurs,
le traité prouve « que l'Angleterre a dé-
finitivement renoncé à compter sur l'Alle-
magne».
Donc, main tendue à la Russie et isole-
ment de l'Allemagne ; et, pour que cette
dernière ne nourrisse pas d'illusions inu-
tiles, l'article ajoute : « Si la Russie est
assez sage "pour l'imiter (imiter l'Angle-
terre), à ce point de vue, l'honnête cour-
tier de Berlin n'aura plus rien à faire. »
Et, quant à la Russie, non seulement on
ne la chicanera pas sur la Mandchourie,
mais encore l'Angleterre « ne cherchera
même pas à empêcher la Russie de s'établir
à Constantinople ».
Oui, tous ces signes, s'ils ont frappé le
kaiser, n'ont sans doute pas été étrangers
à la visite bruyante de son frère à M. Roo-
sevelt. — Ch. B.
Voir à la 36 page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
POUR LES PRISONNIERS
DU GÉNÉRAL WEYLER
Le meeting de ce soir. — Le début
d'une campagne.
Rappelons que c'est ce soir que se tiendra,
dans la salle de la Ligue Fraternelle. 13, rue
Saiale-Isaure, le meeting donné sous la prési-
donce du docteur Beraud, sénateur, en faveur
des travailleurs de Barcelone soumis à l'arbi-
traire de la loi martiale.
Parmi les orateurs se sont encore inscrits ;
MM. Benezech, député, et Fournier, député do
Nîmos.
On sait que doivent prendre aussi la pa-
role :
Mmes Séverine et BGnnevinl; les citoyens De-
jeatile, depuié ; Paraf-Javal, Landau, Zévaès, dé-
puté ; Urbain Gohier, Vigné d'Oclon, député ; Mi-
chel, député ; Ch. Malato.
Ce meeting marque le début d'une campa-
gne de protestation contre les actes de sauva-
gorie accomplis par le parti clérical et milita-
riste espagnol.
LE TARIF POSTAL DES JOURNAUX
La commission du budget s'est réunie hier
matin pour entendre les syndicats de la presse
parisienne et de la presse départementale, en
ce qui concerne le tarif des journaux.
Ces syndicats ont déclaré être d'accord pour
demander l'adoption du tarif réduit à 1 cen-
time par exemplaire, jusqu'à 50 grammes avec
application de moitié de ce tarif aux journaux
de province.
M. Mougeot,sous-socrélaired'Etat des postes,
a déclaré que la réforme amènera une aug-
mentation de trafic pour la poste, et par suite
de personnel et de matériel; la commission a
adopté le tarif de 1 centime prooosé car M.
SepabaL.
LA SEMAINE
VICTOR HUGO
A la Sorbonne. — Organisation défec-
tueuse. — Les étudiants protestent.
— Une dépêche de M. Loubet. — A
la Bourse du Travail. — Hom-
mage de poète. — Les manifes-
tations en France et à l'étran-
ger.
Cette semaine de 1902 restera comme une
semaine historique, non seulement parce qu'elle
a vu la célébration du centenaire glorieux de
Victor Hugo, mais parce que, tandis qu'au
Panthéon, à la place Victor-Hugo,un hommage
officiel était rendu à l'auteur immortel des
Miser' Jes, le respect, la reconnaissance,
l'admiration de la foule, témoignage non
officiel mais plus impressionnant encore,
s'élèvent de toutes parts, cette semaine, vers
celui que le monde entier glorifie.
LE FESTIVAL DE LA SORBONNE
Le festival qu avait organise l'Association
générale des Etudiants avait attiré hier après-
midi à la Sorbonne une foule considérable. De
nombreuses cartes avaient étédistribuées à tort
et à travers, dit-on. En effet, s'il faut en croire
certains protestataires les étudiants avaient été
lésés au profit de personnes étrangères au
monde des écoles. Mercredi avait lieu la distri-
bution des cartes à l'Association.
Un incident
Dès trois heures et demie, trois cents étu-
diants faisaient queue devant le local de la rue
des Ecoles. On distribua immédiatement nne
centaine de cartes. Cela fait, au bout d'un
quart d'heure, on annonça qu'il ne restait plus
de billets.
Les étudiants surpris de constater que le
comité, au lieu des 400 places promises,ne leur
en donnait que cent, manifestèrent leur mé-
contentement aux cris de : « A bas le ComitéI
Démission! »
Les choses n'en restèrent pas là !
Les mécontents, froissés des plaisanteries que
leur décochaient,des fenêtres,les organisateurs,
envahissent l'escalier et forcent la porte de la
salle de distribution.
Finalement, on dut requérir l'aide du com-
missaire de police qui arriva avec deux bri-
gades d'agents.
A l'Association où nous avons demandé quel-
ques explications sur ces incidents on nous a
déclaré qu'il n'y avait eu qu'un malentendu et
que les agents avaient été appelés pour sim-
plement faire rétablir l'ordre.
Des protestations justifiées
Dès l'ouverture des portes, à une heure et
demie, ce fut un flot irrésistible qui s'engouf-
fra dans le vestibule d'honneur et pénétra, par
toutes les entrées, dans le grand amphithéâtre.
Tandis que, au dehors, les gardiens de la paix,
dirigés par M. Picot, offisier de paix de l'ar-
rondissement, avaient aisément maintenu l'or-
dre, dans l'intérieur de la Sorbonne, où ne
pénètrent pas les agents; les jeunes étudiants,
commissaires de la cérémonie, tout en faisant
complètement leur devoir, furent bientôt im-
puissants à empêcher les invités,qui arrivaient
toujours plus nombreux,de s'entasser dans les
escaliers et de presser sur eaux qui étaient déjà
en place.
De nombreuses prêtresses de Vénus de la
rive gauche en profitèrent pour entrer, ce qui
provoqua quelques bousculades et de nombreux
murmures.
Enfin, les arrivants ont pris place.
Sur l'estrade, au premier rang, les membres de
la famille de Victor Hugo : M. et Mme Georges
Hugo, M. et Mme Charcot, M Lockroy et, sur les
autres rangs, MM. Ernest Lavisse, Hervieu, Hano-
taux, Claretie, Henry Houssaye, do l'Académie
française; MM. Lintilhac et Roujon, représentants
du ministre de l'instruction publique; MM. Ca-
tulle Mendès, Richet, Himly, Lyon-Caen, Gaston
Deschamps, et de nombreux professeurs de l'Uni-
versité de Paris.
En face de l'estrade, sur le premier rang des
fauteuils de l'amphithéâtre, M. de Heredia, de
l'Académie française, qui avait accepté de présider
la cérémonie, avait pris place, entre MM. Gréard,
vice-recteur de l'Académie de Paris, et Liard, di-
recteur de renseignement supérieur au ministère.
Le président de l'Association,M. Racoulez,se
lève alors.Quelques cris de « Conspuez le co-
mité! A bas le président! » s'élèvent de divers
points de l'amphithéâtre; certains clament même
« Démission! » sur l'air des Lampions.
Le calme renaît
Le président,quoique bien jeune encore dans
ses fonctions,laisse passer l'orage et commence
son discours. Après avoir remercié le Président
de la République et le ministre de l'instruction
publique d'avoir bien voulu patroner le fes-
tival des étudiants, et « le poète qui a voulu pré-
sider cotte fêle en l'honneur d'un poète », il a
ajouté:
Nous avons pensé que dans le nombre des fêtes
provoquées par le centenaire de Victor Hugo, il
devait y avoir la fête de ta jeunesse; nous avons
pensé que dans le nombre des hommages qui, de
toutes parts ont été rendus à la mémoire du poète,
il devait y avoir un hommage particulier des jeu-
nes gens.
Cet hommage de la jeunesse est bien dû à celui
qui l'a si bien comprise et qui l'a tant aimée, à ce-
lui qui a eu foi en elle, espérant que, sans cesse,
les générations qui uieuneut seront meilleures que
celles qui s'en vont.
Nous avons voulu vous faire entendre sur les lè-
vres de nos plus grands artistes les vers de notre
grand poète.
Dans le temple de la nouvelle Sorbonne, sous la
fresque admirable de Puvis de Chavannes, nous
avons voulu vous inviter à communier tous dans
l'œuvre de Victor Hugo, étudiants et professeurs,
les jeunes et les amis des jeunes, persuadés qu'il
n'est pas pour un génie de glorification plus écla-
tante que cotte communion des esprits dans l'Har-
monie, dans la Beauté qu'il a créée.
Cette allocution a été longuement applaudie
et cette fois, aucune voix discordante ne s'est
fait entendre.
Le festival a commencé immédiatement par
le Chant d'exil de Paul Vidal, chanté par M.
Carbonne, de l'Opéra-Comique.
Successivement ontétéapplaudis M. Silvain,
M. Mounet-Sully, qui a dit VAigle du Casque,
Mmes Brandès, Piérat. Simone Le Bargy, etc.
La salle a fait une ovation à Mlle Barlet.qui,
après avoir contribué au succès de la cérémo-
nie du Panthéon, hier malin, et à celui des
Burgraus, hier soir, et bien qu'elle doive se
rendre, ce soir, à l'Hôtel de Ville, a répondu
avec empressement à l'invitation des étudiants:
elle a dit le célèbre morceau de Ruth et
Booz.
A cinq heures le festival prend fin et la foule
s'écoule sans incidents. Nous croyons savoir
qu'une protestation collective sera présentée au
comité de l'Association par les membres de
l'A qui se sont vu refuser l'entrée de la Sor-
bonne.
PLACE DES VOSGES
On sait qu'après-demain dimanche, une fête
populaire de nuit sera donnée dans le square
de la place des Vosges.
L'entrée unique aura lieu par la rue de Bira-
gue et la sortie par les rues du Pas-de-la-Mule,
de Béard et des Francs-Bourgeois.
Le public ne sera admis à pénétrer sur la
place des Vosges qu'à 8 h. seulement.
Pour la cérémonie officielle delà journée qui
commencera vers cinq heures, les invités de-
vront arriver par les rues du Pas-de-la-Muleet
des Francs- Bourgeois et pénétrer dans le square
par les portes d'angle, les rues de Birague et de
Béarn étant exclusivement réservées h la
sortie.
REPONSE DE M.LOUBET
A M. LUZZATTI
M. Loubet a répondu au télégramme de M.
Luzzatti par la dépêche suivante :
Je suis profondément touché des sentiments ex-
primés par vos compatriotes à l'occasion de l'apo-
théose de Victor Hugo. Ils ne pouvaient trouver
auprès de moi un plus sympathique interprète. La
France appréciera unanimement ce nouveau témoi-
gnage d'amitié de sa sœur latine, et je me réjouis
avec vous de penser que cotte mémorable journée
constituera un lien de plus entre nos deux grandes
nations.
A LA BOURSE DU TRAVAIL
L'Association populaire pour la propagation
gratuite de l'art a donné mercredi dans la
grande salle de la Bourse du Travail une soirée
en l'honneur du centenaire de Victor Hugo.
Au bureau avaient pris place MM. Masson,
Baumet ut Leproux. A cette fête prêtaient leur
gracieux concours MM. Brunswich, Maës.Noë,
Mme Marx, etc. Le programme était composé
de nombreux extraits des œuvres du poète,
c'étaient :
Oceano Nox, la Fiancée du Timbalier, les
Trois Chansons, musique de Gabriel Pierné, a.
La Pitié suprême, b. Jeanne était au pain sec,
Les Djinns, a. Guitare, musique de Massenet,
b. Sérénade de Ruy Blas; Souvenir de la nnit
du 4, la Conscience, Chanson des Aventuriers
de la Mer, le Pas d'armes du roi Jean, musi-
que de Camille Saint-Saëns; le Crapaud, Ruy
Blas (acte V), les Burgraves (3* partie).
Paris-Hugo
Sous ce titre, M. S. Darnbricourt nous a
adressé une remarquable étude sur Victor
Hugo.
Les anecdotes y sont nombreuses, entre au-
tres celle relative à l'élection de Victor Hugo,
comme délégué sénatorial, en 1875.
L'auteur de Paris-Hugo analyse en maître
l'œuvre du poète et en cite de nombreux pas-
sages.
Enfin, M. S. Dambricourt termine son étude
par un épilogue en vers, dont nous détachons
le passage suivant :
Du Parnasse classique, il franchit les abYmes,
Il monte, il monte, il monte. il dépasse les cimes,
Il chante dans les cieux, il plane, il vogue à bord
D'un astre d'or, rayonne ainsi que d'un Thabor,
Son front transfiguré. Cet homme est plus qu'un
[homme,
Christ est ressuscité ! C'est Hugo qu'il se nomme!
DANS LES DÉPARTEMENTS
Cherbourg. — Le centenaire de Victor Hugo
a été célébré avec enthousiasme au théâtre
municipal. La salle était comble ; on a dû re
fuser plusieurs centaines de spectateurs.
La troupe a joué le Roi s'amuse. Puis M. Re-
nault, professeur au lycée, a fait une confé-
rence très applaudie.
L'apothéose de la Muse couronnant Victor
Hugo a été accueillie par de longues ovations.
La musique de l'infanterie coloniale a joué la
Marseillaise.
Toulon. — Le centenaire de Victor Hugo a
été célébré avec éclat. Tous les monuments pu-
blics étaient pavoisés. Les bureaux des admi-
nistrations civiles ont été fermés et les écoles
ont eu congé.
Le buste de Victor Hugo entouré de palmes
a été exposé sur le balcon de l'hôtel de ville,
au-dessus des cariatides de Puget.
Le soir, on a joué Ruy Blas au Grand-Théâ-
tre et les artistes ont couronné le buste du
poète.
A LETRANGER
St-Pètersbourg. — A l'occasion du centenaire
de Victor Hugo, la colonie française de Bakou
a donné une soirée musicale et littéraire.
Mad)'id. - Le Heraldo a consacré un numéro
à Victor Hugo avec de nombreux dessins.
— Le journal Via, parlant de Victor Hugo,
dit qu'il faudrait de nombreuses colonnes pour
énumérer seulement l'œuvre de l'homme extra-
ordinaire qui consacra 67 années de sa vie à
rompro les chaînes de la tyrannie et de l'igno-
rance et à proclamer la souveraineté de la libre
inspiration et de l'intelligence.
— La Epoca conseille aux intellectuels qui
s'extasient devant la littérature déprimante à la
mode de lire Victor Hugo.
— La Société l'Union de la jeunesse républi-
caine de Madrid a donné, en l'honneur de Vic-
tor Hugo, une fête à laquelle assistaient quel-
ques membres de la colonie française. Des
discours ont été prononcés à la louange du
poète.
Rue de la Reine, où habita Victor Hugo, se
trouve une école municipale, qui a célébré
hier une fête en l'honneur du poète. Les en-
fants ont récité des poésies de Hugo, traduites
en espagnol. Une dépêche a été adressée au
président du conseil municipal de Paris, sa-
luant les enfants des écoles municipales de
Paris et s'associant à l'acte solennel du cou-
ronnement de Victor Hugo.
— Les journaux de Madrid publient des té-
légrammes de félicitation et de sympathie
échangés entre les télégraphistes espagnols et
français à l'occasion du centenaire de Victor
Hugo.
Alexandrie. — La colonie française d.'Alexan-
drie a donné, sous la présidence de M. Cogor-
dan, une fête on l'honneurde Victor Hugo.
Les troupes de comédie italienne et française
ont prêté leur concours.
M. Saint-Saëns a dirigé lui-même l'exécution
d'un hymne à Victor Hugo.
Toutes les colonies étrangères et les autori-
tés étaient représentées à cette fêle qui a ebtenu
un énorme succès.
Lisbonne. — Le centenaire de Victor Hugo a
élécélébré solennellement à Lisbonne.
La fête avait été organisée par les journalistes
de Lisbonne.
Des discours ont été prononcés et des poésies
ont été dites par des artistes dramatiques.
Rome.- L'Association de la presse a donné,
aujourd'hui, au Grand-Hôlel, un banquet en
l'honneur des hôtes français, venus à Rome
pour les fêles de Victor Hugo.
On remarquait parmi les convives MM. Luz-
zatti, le maire de Rome, le général Turr, le
comte de Franqueville, le Comité italien des
fêtes de Victor Hugo, une délégation de la
Ligue franco-italienne et de nombreux jour-
nalistes.
M. Luzzatti a lu, an milieu des acclama-
tions, une dépêche de M. Loubet, que nous
publions d'aulre part, et il a invité l'assislance
à boire à la santé du roi Victor-Emmanuel et
du Président Loubet.
Les convives debout ont accueilli cette mo-
tion par les cris de : « Vive le Roi ! Vive Lou-
bet ! »
Sur la proposition de M. Luzzatti, on a en-
voyé des dépêches à M. Mezières, sénateur, pré-
sident de l'Association des Journalistes pari-
siens, et à M. Ranc, président de l'Association
des Journalistes républicains, avec l'axpressioo
des sentiments fraternels ces ccnvives et les
souhaits de concorde et d'amilié entre la France
et rilalie.
On a envoyé aussi une dépêche au maire de
Buda-Pesth comme hommage à la Hongrie,
sœur del'Italie dansle malheur et dans l'affran-
chissement.
La plus grande cordialité a régné pendant
tout le banquet.
LA FRAUDE DES VINS
MM. Gauthier, Mir, Daicros, Vilar, Abeille
Ournac, Bonaofov-Sibour* Desmous SilbI"
Galtier, Perreal, sénateurs, et Pains, Bourrat,
Rolland, Escanyé, Vigné d'Octan, Salis, Razim-
baud,Augé, Lafcrre Narbonne, Tbéron, Dujar-
din-Beaumetz, Doumergue, Devèze, Benezech,
Fournier, Pastre, Leygues(HonarÓ), Ruau, Ray-
mond Leygues. Caze, députés, et Albert Sar-
raut, conseiller général, ont été reçus, hier, à
trois heures, par le président du conseil,
Ils lui ont exposé que la fraude sur les vins
s'exerce dans les grands centres de consomma-
tion dans des proportions désastreuses pour la
viticulture ; que dans beaucoup de débits les
prix de vente varient entre 10 et 15 centimes
le litre ; que, ces prix ne représentant pas la
valeur du vin augmentée des seuls frais de
transport,la mise en vente, dans ces conditions,
emporte avec elle une présomption de fraude
par le mouillage.
Ils lui ont demandé avec instance de pren-
dre d'urgence dans Paris et dans les grands
centres les mesures de police nécessaires pour
prévenir et réprimer les délits commis.
M. Waldeck-Rousseau a répondu que, saisi
de cette question par le ministre des finances,
il avait donné des instructions formelles pour
qu'une surveillance efficace soit exercée et que
!es délits relevés soient énergiquement pour-
suivis.
———————————— » - ■■
Tolstoï
Yalta, 27 février..
Voici le bulletin de santé de Tolstoï:
Pouls et température satif faisants. L'inflamma-
tion continue à diminuer. Faiblesse générale très
grande.
Comment fut soigné Tolstoï
(De notre correspondant particulier)
Moscou, 27 février.
Tout à fait hors de danger, espère-t-on,
Léon Tolstoï achèvera de se rétablir chez la com-
tesse Panine, à Gaspra, où la maladie le relient
depuis de longs mois. On sait qu'après s'être
blessé dans une chûte qu'il fit vers la fin de l'au-
tomne l'illustre écrivain souffrit d'une attaque
de fièvre paludéenne et qu'à peine convalescent
la pneumonie, compliquée de pleurésie, le ter-
rassait.
Les douleurs qu'eut à supporter le vieillard
furent si violentes que les trois médecins, qui
ne quittèrent guère son chevet ces dernières se-
maines, n'hésitèrent pas, pour les calmer, à
employer la morphine, Les troubles du cœur,
persistèrent durant toute la période dan-
gereuse de la maladie — le 5121 on désespé-
rait de sauver le malade — furent combattus
par la digitale et le camphre.
La pneumonie vaincue laisse cependant très
affaibli le vieillard qui ne peut encore se soute-
nir et qui déjà, télégraphie-t-on de Yalta, parle
de reprendre la besogne interrompue,
———————————— ————————————
11.000 recrues pour les Boers
(De notre correspondant particulier)
Capetown, 27 février.
On a fait l'évaluation du nombre des
recrues que la colonie du Cap a données aux
deux Républiques. Le chiffre se monte en tota-
lité à 11.000 hommes. La constatation a pu
être faite par une sorte de recensement, au-
quel on s'est livré dans toutes les circonscrip-
tions électorales. Ainsi, dans celle de Wo-
dehonse, 1.027 hommes, c'est à dire la moitié
des électeurs inscrits, sont allés rejoindre les
Burghers.
La circonscription d'Aliwal North a trans-
formé presque tous ses électeurs en combat-
tants boers, de sorte qu'on n'y pouvait plus
procéder à une élection législative, à moins de
donner droit de vole aux femmes et aux
enfants.
SERVICE COMMANDÉ
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 27 février.
Le chef de la garnison de Prague vient de
donner l'ordre de faire apprendre aux soldats
des cantiques religieux qui seront chantés
dans les casernes et les églises avec accom-
pagnement d'harmonium. Déjà des harmo-
niums sont installés dans toutes les casernes et
des chantres des maîtrises sont désignés pour
diriger les répétitions avec le concours des
aumôniers.
On sait que dans l'armée austro-hongroise,
les militaires sont dans l'obligation, sans dis-
tinction de religion, d'assister à la messe.
———————————— .————————————
LE SCANDALE DE LA BANQUE D'ITALIE
(De notre correspondant particulier)
Rome, 27 février.
Je vous télégraphiais il y a plusieurs semaines,
la fuite de M. Fini, caissier de la banque d'I-
talie, qui laissait un déficit de 130,000 fr.
M. Fini vient de se constituer prisonnier. Il
a fait le récit au procureur général, M. Lungo
Tevere dei Mellini, de ses pérégrinations à
travers les diverses villes de l'Italie.
Il a d'ailleurs fait d'intéressantes révéla-
tions, avouant entre autres choses qu'il avait
des complices.
On s'attend à plusieurs arrestations.
♦
PIERRE-LE-GRAND A LONDRES
(De notre correspondant particulier)
Londres. 27 février.
Les délégués de la Société d'agriculture
russe qui, tout récemment, visitaient Londres,
ont demandé et oblenu l'autorisation d'apposer
une plaque commémorative sur la petite mai-
son de Deptford-Market, habitée par le tsar
Pierre-le-Grand au temps où il faisait son ap-
prentissage de constructeur naval.
Un des délégués a retrouvé le local qui servit
d'alelier à Pierre le-Grand et il est question
de le reconstituer lel qu'il existait il y a trois
siècles.
———————————— ————————————
AU CONSEIL MUNICIPAL
On annonce pour le lundi 10 mars t'ouver-
ture de la prochaine session du Conseil muni-
cipal.
C'est, on le sait, au début de cette session
que doit être élu le président du Conseil mu-
nicipal.
de-
AUTOUR DE PANAMA
Capture du général Luchan
New-York, 27 février.
On annonce officiellement la capture du gé-
néral philippin Luchan.
Les douanes aux Philippines
Washington, 27 février.
La Chambre des représentants n'ayant pas
accepté l'amendement apporté par le Sénat au
projet du tarif des douanes pour les Philippi-
nes, ce projet a été envoyé à une commission
parlementaire mixte.
Le « Bolivar »
Saint-Thomas, 27 février.
Le Libertador, battant pavillon colombien,
est arrivé à Dominica. Il a encore une fois
changé de nom et s'appelle maintenant le Bo-
livar*
A LA CHAMBRE
La réforme des conseils de guerre
Adresse des députés serbes. — En
l'honneur de Victor Hugo. — La
vin et la viande pour les soldats.
— Souvenirs de la semaine
de mai.
Au début de la séance du malin, M. Descha-
nel a lu à la Chambre la dépêche adressée aux:
représentants de la France par la Skouptchina
de Belgrade. Dans cette dépêche, on le sait: M.
Popovitch, président de l'assemblée serbe, dé-
clare que « la nation à laquelle il appartient
n'oubliera jamais que Victor Hugo éleva sa
puissante voix pour ses droits imprescriptible;?
au moment le plus critique de son histoire ».
M. Deschanel a déclaré que la dépêche serait
déposée aux archives et que « le président fe-;
rait parvenir à la Skouptchina les remercie-
ments émus et les vives sympathies de la Cham -
bre des députés ».
D'unanimes applaudissements ont accueilli
ces paroles.
Le budget de la guerre
Ensuite, la Chambre reprend la discussion
du budget de la guerre. M. Lebrun veut aug-
menter de 2 010 la proportion des hommes ef-
voyés en congé au moment des moissons. M.
Berleaux explique que le projet de la commis-
sion donne satisfaction à ce vœu.
M. Louis Quesnel est d'avis d'accorder di-
vers avantages aux officiers de réserve. M. Le
Hérissé lui répond que c'est l'objet d'un rap-
port de la commission de l'armée qu'on devra
discuter après le budget.
M, Devèze, à l'occasion du mariage des offi-
ciers et des sous-officiers, rappelle les scanda-
leux incidents de Melun.
M, Lamendin parle d'un officier à qui on
refuse depuis sept ans l'autorisation de se ma-
rier.
M, Berteaux conseille de renvoyer à la com-
mission de l'armée le projet de resolution de
M. Devèze.
Le général André demande qu'on n'intro-
duise pas une question si spéciale dans le
budget.
Par 269 voix contre 110. le projet de résolu-
lution est écarté. En voici le texte :
La Chambre invite le ministre de la guerre i.
supprimer pour les officiers et sous-officiers ren-
gagés les formalités de la demande d'autorisation'
de mariage.
Nos gendarmes
Tout comme les agents, les gendarmes pas-
sent pour être « de braves gens ». Aussi ont-
ils beaucoup d'amis. M. Gervais signale une
injustice : les gendarmes soignés à l'hôpital
pour blessures reçues dans le service sont pri-
vés de la moitié de leur solde. L'amiral Rieu-
nier veut augmenter les indemnités de dépla-
cement. M. du Halgouët revendique pour les
gendarmes plus de médailles militaires.
M. Galpin vient dire :
— Les gendarmes sont trop souvent employés
à pourchasser les grévistes.
Nous nous préparons à féliciter M. Galpin
de ses bons sentiments, quand il ajoute :
— Ils devraient rester dans les campagnes
afin de mieux poursuivre les chemineaux I
La sympathie que M. Galpin témoigne aux
chômeurs citadins est faite de la haine absurde
qu'il porte aux chômeurs villageois.
Le ministre de la guerre expose qu'il fait et
fera le possible pour améliorer le sort des gen-
darmes.
Les vivres du soldat
Un amendement de M. Narbonne tend à dé-
penser une somme de 4,683.000 francs en
distributions de vin, de bière et de cidre aux
troupes.
M. Caillaux observe qu'il vaut mieux aug-
menter le crédit alloué pour l'ordinaire du
soldat, sans spécifier qu'on entend lui offrir.,
aujourd'hui du vin, demain du fromage el'.
après-demain des sardines à l'huile.
Cependant, 311 voix contra 167 adoptent
l'amendement Narbonne.
La propriété industrielle
Le soir, sous la présidence de M. Aynard; la
Chambre déclare l'urgence en faveur du projet
« portant approbation de l'acte additionnel,
signé à Bruxelles le 14 décembre 1900, en vue
de modifier la convention du 20 mars 1883, re-
lative à la protection industrielle », On adopte.
le projet et sans relâche on se met de nouveau
au budget de la guerre.
Toujours le budget
M. Chauvin félicite le général André d'avoir
remplacé dans bien des cas les achats directs
de blé et d'avoine aux adjudications.
Mais il faut, dit il, généraliser ce système qui a
donné d'excellents résultats à Rennes, à Tarbes et
à EpinaI où il a été appliqué.
Avec le système de l'adjudication, les bénéfices
prélevés par les intermédiaires sont tels que l'ad-
ministration de l'armée paye le blé et l'avoine un
prix supérieur aux cours commerciaux, en sort.
que l'opération est mauvaise à la fois pour l'Etat
et pour le producteur.
Il faut empêcher, une fois pour toutes, les ac-
caparements de ceux qu'on peut appeler les pro-
fessionnels de l'adjudication et qui se syndiquent
pour faire hausser les prix.
C'est tout à fait l'avis du général André qui
poursuivra les essais et les fera porter sui
onze corps d'armée.
Une commission est nommée pour étudier eeU.
intéressante question. Il faut non seulement l'achat
direct, mais le payement direct.
Quant aux adjudications, on prendra les garan-
ties nécessaires. (Très bien!)
M. Charles Bernard, porteur d'un picolia
d'avoine, avait fait sensation dans les couloirs.
Le voici à la tribune, toujours muni de son
avoine. On devine à quel genre de plaisanterie
il veut se livrer ; les quolibets lapident l'ora-
teur nationaliste
M. Aynard lui dit:
— Je vous rappelle au bon goût.
M. Charles Bernard est convaincu que le
récit de cette scène avancera ses chances élec-
torales, à Clignancourt.
Nous verrons si les Parisiens mettrons le nefc
dans la musette qu'il leur tend, d'un geste si
« rigolo ».
Un amendement de M. Vaillant — ration
supplémentaire de viande fraîche pour le sol-
dat — est adoplépar 474 voix contre 42.
Les conserves
M. Chauvin s'occupe des conserves de
viande.
Ces conserves sont souvent mauvaises et tout
le monde se rappelle les nombreux empoisonne-
ments qu'elle ont occasionnés, réoemment encore
ceux de Sens. Chaque fois il fallut jeter des quan-
tités énormes de conserves. II importe de veiller
attentivement, aussi bien dans l'intérêt de la santé
de nos soldats que dans l'intérêt de nos GDall.
ces.
Le ministre de la guerre répond :
Il ne m'appartient pas de critiquer le passé. M.
Chauvin me demande quelles sont les mesures ap-
pliquées aujourd'hui; c'est M. de Freyoinet qui en
prit l'initiative, en nommant une commission pré-
sidée par M. Brouardel, commission qui fonctionne
dans les locaux de l'institut Pasteur. Elle est char-
gée d'examiner la qualité des viandes de oonserve
et je ne fais qu'appliquer ses oonolusions.
Un projet de résolution de M. Allemane tend
à faire consommer les conserves dans un délai
maximum de trois années.
M. Berteaux réplique que si le projet élail
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