Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1902 21 février 1902
Description : 1902/02/21 (N11669). 1902/02/21 (N11669).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CTTMO CE N T 1 MES le Numéro. PARIS & DÉPARTEMENTS Le Numéro, CINQ CENTIMES
IDKDATEURAUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Bacoit Trois ciois Six mois Cn £ 9
Paris 2fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départer>>e:"/*s ■ • 2— 6 — t t - 20 -
t-.;aa Postale. S— - 4© — 32
HhcîEun EN CHEF : CHARLES BOS
i NNONCES
1 J | ANNONCES
JOt. Ch. LAGRANGE, CERF & OU
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNJUt
RÉDACTION s 131» rue Montmartre, 131
De i à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
wo 11669. — Vendredi 21 Février 1902
a VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
h trp Illralisatrice
ol vraiment les agents des mœurs qui
ont l'autre jour arbitrairement arrêté et
conduit au poste — le Rappel a raconté
le fait — une honnête jeune fille, pré-
tendent avoir agi « dans un but de pré-
servation morale » et pour soustraire la
dite jeune fille « au péril qu'elle courait
en écoutant les propos des filles per-
dues », le scandale de cette arrestation
dépasse, certes, tout ce qu'on a vu jus-
qu'à ce jour.
On a grandement raison de protester
avec indignation chaque fois que les
agents des mœurs se trompent et, par
erreur, abattent leurs mains lourdes et
salessur l'épaule d'une femme vertueuse;
mais on aurait tort de s'étonner de ces
erreurs. Elles sont, je ne crains pas de
le dire, inhérentes à l'institution de la
police des mœurs.
Cette institution étant tout entière
basée sur le plus odieux arbitraire, etex-
clusive, dans son principe même — si
toutefois ce mol peut être employé en
pareille matière — de toute idée de jus-
tice,comment voudriez-vous que des ac-
dents ne se produisissent pas à chaque
instant?
Les agents des mœurs opèrent au
hasard, au petit bonheur, cela est con-
nu. Tant mieux s'ils ne se trompent
pas ; mais s'ils se trompent, c'était
prévu. Et l'on ne saurait exiger d'eux,
évidemment, des qualités de tact et de
discernement. Je mets en fait que choi-
sît-on les plus honnêtes gens du monde
pour en faire les agents des mœurs —
supposition, d'ailleurs, outrageusement
invraisemblable — ils perdraient vite
toute notion du droit, tout sentiment
du devoir, tout sens moral, en un mot,
dans l'exercice de fonctions qui ne peu-
vent qu'entraîner un certain avilisse-
ment pour ceux qui en sont revêtus. —
Parmi les considérations accessoires
qui militent en faveur de la suppression
de la prostitution réglementée, se trouve
celle tirée de la dégradation forcément
subie par un certain nombre d'hommes
qui, s'ils n'avaient pas été agents des
mœurs, fussent restés, sans doute, de
fort dignes et fort honorables citoyens.
Et j'arrive à cette première constata-
tion qu'avec le système de la prostitu-
tion réglementée, les erreurs sont ab-
solument inévitables; et je dis que c'est
là encore une des considérations acces-
soires qui ajoutent au poids des argu-
ments donnés en faveur de l'abolition de
toute réglementation.
Revenons au fait qui nous occupe, je
dis que nous nous trouvons ici, évidem-
ment, en face d'une erreur nouvelle.
Comme cela est arrivé tant de fois, et
comme cela peut arriver tous les jours,
Mlle d'Hivert a été arrêtée par erreur.
Une fois qu'elle a été amenée au poste,
on s'est aperçu de la maladresse com-
mise, et, au lieu d'avouer la faute, on a
essayé de la couvrir d'un prétexte. Pas
d'autre explication possible à la sur-
prenante attitude prise, dit-on, par
M. Puybaraud.
Ce fonctionnaire—d'après ce que nous
avons donné, dans notre numéro de
lundi, comme étant « la version de la
préfecture de police»,aurn.it «invitéami-
calement le père de Mlle d'Hivert à sur-
veiller sa fille ».
On tombe des nues, n'est-ce pas ?
Qu'est-ce que cela veut dire?
Au premier abord, cela semble une
insinuation dirigée contre les mœurs de
la jeune fille; et la chose parait bien peu
en rapport avec ce qu'on serait en droit
d'attendre d'un hautfonctionnaire d'une
de nos grandes administrations.
Je vous vois, monsieur qui me faites
l'honneur de me lire, à la place de M.
d'Hivert ; je vous entends sommant M.
Puybaraud de parler net et franc. Pas
d'équivoque, allons! pas de sous-enten-
dus! Vos agents ont-ils, oui ou non,
surpris ma fille en flagrant délit de ra-
colage?.
Or, voici ce que la police répond :
cette jeune fille était entourée de filles
publiques avec lesquelles elle causait.
C'est «pour la préserver de ce contact»
que les agents des mœurs l'invitèrent
à les suivre au poste où le brigadier
« lui adressa une admonestation pater-
nelle ».
On croit rêver.
Nous voyons les agents de police sous
bien des aspects divers; nous connais-
sons les agents cyclistes, la brigade
fluviale, etc. Mais nous n'avions pas
encore entendu dire que M. Lépine eût
créé une brigade spéciale d'agents mo-
ralisateurs, chargés de veiller à ce que
les jeunes filles ne compromettent point
leur vertu dans des fréquentations dou-
teuses.
Voyez-vous ces bons agents suivant
d'un regard plein de sollicitude la petite
ouvJière qui trottine dans les rues de
Paris ? Pénétrés de la grandeur de la
mission, ils sont graves, émus ; hélas !
ces rues sont si pleines de tentations,
de mauvais exemples ! certes, ils auront
besoin de toute leur vigilance pour
empêcher quelque souffle impur de ter-
nir la corolle de la tendre fleur confiée
à leurs soins.
Ciel! ne parle-t-elle point là à une
créature de mœurs légères ! La malheu-
reuse! c'est à sa perdition qu'elle se
précipite
Alors, ils s'élancent, empoignent la
jeune fille, la traînent au « bloc J) mal-
gré ses protestations et ses sanglots ; et
quand elle est bien et dûment « bou-
clée », ils s'étreignent, ayant au cœur la
joie et la fierté du devoir accompli et,
des larmes dans les yeux, ils s'écrient :
« Encore une de sauvée ! » Braves gens,
va! Qu'on les décore!. Et ce briga-
dier avec son « admonestation pater-
nelle !. »
Je voudrais qu'on me fît l'honneur de
croire que je n'ajoute aucune foi à cette
abracadabrante explication. Pour moi,
j'en ai la conviction, une erreur a été
commise, tout simplement, et c'est pour
la dissimulerqu'on a inventéaprès coup
cette histoire inouïe d'agents gardiens de
la vertu et de brigadier paternel. — Je
dis que le fait d'avoir pensé à raconter
cette histoire est plus grave que tout le
reste, constitue un scandale sans précé-
dent.
D'abord, il ne saurait être permis,
en vérité, de se moquer du monde dans
de si gigantesques proportions. Et puis,
et surtout, quel mépris de la liberté in-
dividuelle, quel mépris des lois — et
quel mépris de la femme! —cela dénote
chez les gens capables d'imaginer une
pareille explication! Est-ce que le fait
de causer dans la rue avec des filles
perdues constitue un délit? Est-ce qu'on
a le droit d'arrêter et de conduire au
poste de police une personne qui n'a
commis aucun délit? Est-ce que les
agents de police ont mission de sur-
veiller les fréquentations des gens qui
passent? Est-ce que l'arrestation est
prévue comme un moyen d'empêcher la
propagation du vice par la parole?
La police a tellement pris l'habitude
d'évoluer en marge des lois et en viola-
tion de tout droit, elle est tellement con-
vaincue de son omnipotence, que ces
choses qui nous révoltent lui paraissent
toutes simples. Je déclare que c'est
monstrueux, que l'erreur peut, pour les
raisons que j'ai exposées plus haut, être
admise sinon excusée, mais que si l'ex-
plication donnée est vraiment exacte, il
faudrait un eXClnplesévère pour rappeler
les agents des mœurs au respect de la
liberté et des lois. Et je demanderais vo-
lontiers une enquête; mais à qui?. La
Chambre a bien d'autres choses à faire
et Paris n'a pas de Conseil municipal.
Lucien Victor-Meunier.
CAVAIGNAC
La fortune politique de M.
Cavaignac vient de ce qu'étant
au lycée, il a refusé, au cours
d'une distribution de prix, de
recevoir une couronne des mains
du fils de Napoléon III. Fils
- d'un proscrit républicain, ne-
veu du Godefroy Cavaignac qui, sous Louis
Philippe, fut mêlé glorieusement à tout le
mouvement révolutionnaire contre le der-
nier représentant de la royauté, il semblait
que M. Cavaignac offrit toutes garanties
au parti républicain sous la République.
Et de fait, le parti républicain l'a com-
blé; il l'a mis, à plusieurs reprises, au mi-
nistère ; il lui a confié les portefeuilles les
plus importants, — exemple : celui de la
guerre, — dans des cabinets radicaux.
Tont cela aboutit à voir M. Cavaignac
fleurir et orner de tapis la route par où
M. Méline, le chef des réactions coalisées,
tente de parvenir à sa réélection; cela
aboutit à nous montrer la signature de M.
Cavaignac, sur des manifestes, à côté de
celle des Mercier et des Jules Lemaitre.
Il peut maintenant retourner au lycée ci-
devant Bonaparte, réclamer sa couronne
autrefois dédaignée, et s'en faire coiffer par
le prince Victor. Nous ne serons pas éton-
nés du spectacle.
Mais, quant à rentrer jamais dans le parti
républicain, il fera bien d'y renoncer : on
peutexcuser uneerreur de jugement,onpeut
absoudre un pauvre politique qui s'est
trompé de route etde moment, et nous avons
entendu d'anciens boulangistes prononcer
leur mea culpa et revenir aux traditions
vraies de la Révolution ; mais M. Cavai-
gnac sait ce qu'il fait ; il sait bien qu'il a
quitté ce qui était, en politique, sa raison
d'être et sa tradition. Nous ne le reverrons
plus ; et s'il tente de revenir, nous tiendrons
la porte fermée. — Ch. B.
a-
A LA CHAMBRE
Dans les couloirs. — Le mécontente-
ment des modérés.
La publication de la lettre de MM. Jules Le-
maitre, Cavaignac et du général Mercier a pro-
duit une certaine émotion dans le monde par-
lementaire, surtout parmi les membres du par-
ti progressiste.
Un très grand nombre de députés apparte-
nant à ce groupe désavouent publiquement
l'alliance conclue par M. Méline avec la Patrie
française et les autres groupements réaction-
naires en vue d'une action électorale commune.
C'est notamment l'opinion de MM. Georges
Cochery, Aynard et Guillain qui ont, affirme-
t-on,exprimé touthautleur mécontentement.On
assure également que M. Ribot a blâmé en
termes très sévères ce que certains appellent
l'imprudence de M. Méline.
Du côté des républicains, l'attitude de M.
Méline n'a surpris personne, mais on se mon-
tre particulièrement satisfait de la publication
faite. Aucune équivoque n'est désormais pos-
sible ; les républicains s'il s'en trouve encore
dans les groupes d'opposition ne pourront plus
arguer de leur bonne foi. La question est
maintenant très nettement posée devant le
corps électoral : d'un côté le parti républicain,
de l'autre la coalition de toutes les réac-
tions.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Ligue d'action républicaine; 13' section.
Grande conférence publique et gratuite, sous
la présidence du citoyen Delpech, sénateur,
domain, à 8 heures 1Ï2, salle de l'Alcazar d'I-
talie, 190, avenue do Choisy.
Orateurs Inscrits : Dolpoch, sénateur i Hub-
bard, dloutâi CharboDnel. oubliciste. :
LA PHARMACIE
ET LE CAPITALISME
L'inspection annuelle des pharmacies
et drogueries. — Sorcellerie et bi -
gotisme. — A l'étranger. — Bazars
pharmaceutiques. — Un danger
sérieux. — Les spécialités. -
Pratiques condamnables. —
A la Chambre et au Sénat.
— Le projet de loi de M.
Astier. — Un amiral
qui s'occupe de phar-
macie. -- Le vrai
remède.
Dans la séance de la Chambre du 24 décem-
bre dernier, M. Sicard, député des Basses-
Alpes, s'est élevé contre l'inspection annuelle
des pharmacies et drogueries,
M. Sicard a prétendu, et c'est exact, que
cette inspection était ridicule et consistait plu-
tôt en une visite qu'en une inspection.
Il demandait : « Que cette inspection devint
plus efficace et qu'en même temps on recher-
chât les établissements où se vendent sans
droit des médicaments. » Ces établissements
sont en général des communautés religieuses,
nous n'en voulons pour exemple que le procès
de ces jours derniers à Clermont-Ferrand, où
diverses sœurs ont été condamnées.
En Brelagne et en Normandie, ce sont les
sœurs qui vendent les remèdes aux classes po-
pulaires qui croient que les médicaments sont
plus efficaces sortant - des mains de ces sain-
tes filles. — Elles guérissent les panaris, arrê-
tant les feux et en profitent en même temps
pour vendre chapelets et médailles donnant
des indulgences. Sorcellerie- et bigolisme. Au-
trefois les religieux brûlaient les sorciers, au-
jourd'hui ils sont sorciers eux-mêmes.
M. Sicard a déclaré également : qu'une nou-
velle industrie s'était créée dans les grandes
villes. Elle consiste dans l'installation de nou-
velles pharmacies auxquelles on donne l'appa-
rence d'une clientèle pour la revendre tout de
suite très cher. Le nouveau titulaire pour ne
pas être ruiné en est réduit à vendre des re-
mèdes frelatés et ses voisins, pour les mêmes
raisons, en font autant.
Un syndicat de défense
Les pharmaciens honnêtes (heureusement, il
y en a, et c'est la grande majorité, aurait dû
dire l'orateur), ont formé des syndicats de dé-
fense pour pouvoir agir contre leurs confrères
qui vendent des médicaments frelatés ; celui
de Paris compte 600 membres.
Il faut prendre des mesures, non pour les
riches, mais au profit des pauvres qui peuvent
pâtir du manque do scrupule de certains phar-
maciens. Puis plus loin :
J'ai interrogé plusieurs de nos collègues, je leur
ai demandé si l'inspection se fait régulièrement
dans leurs départements. Tous m'ont répondu que
c'était une comédie et qu'il faudrait prendre des
précautions comme on en a pris à l'étranger.
En Russie, en Allemagne, en Autriche on a ré-
duit le nombre des pharmaciens.'Ils sont assimilés
à nos notaires, je ne vous demande pas d'aller jus-
que là; mais il faut faire quelque chose.
Nous nous joignons à l'honorable députa
quand il demande une inspection plus serrée,
plus efficace, et quand il s'élève contre les
fondations incessantes des pharmacies àgrande
réclame, véritables bazars où on vend de tout
et à tous prix ; mais nous disons que nous dé-
sirons voir les pharmaciens français assimilés
aux notaires.
L'inspection, les pharmaciens honnêtes ne la
craignent pas; ils la veulent sérieuse et ils
sont désireuxqu'on reconnaisse ce qu'ils sont:
des honnêtes gens, de modestes savants. On a
fait sur les pharmaciens des jeux d'esprit qui
sont aussi ridicules qu'ils sont vieux. Le phar-
macien a été méconnu pendant longtemps; au-
jourd'hui il veut se faire connaître; quand il le
sera bien, il s'imposera par son autorité et ses
connaissances étendues.
Nous n'en voulons pour exemple que ce qui
se passe en Allemagne, où pourtant les phar-
maciens font moins d'études qu'en France. Les
pharmaciens sont limités, il n'y en a qu'un cer-
tain nombre comme des notaires ici et le gou-
vernement impose un tarif qui doit être appli-
qué dans son intégralité. De ce fait on élimine
la concurrence par le rabais des prix, qui est
néfaste quand il s'agit de médicaments. Le
pharmacien peut donc se livrer en tcute tran-
quillité à l'exercice do sa profession qui n'est
après tout que de la science appliquée. Tout le
monde y trouve son intérêt : clientèle, méde-
cins et pharmaciens.
La concurrence
En France, au contraire, un pharmacien a
toujours la crainte de voir s'installer à côlé de
l'officine qu'il a payée de ses beaux deniers
une nouvelle pharmacie à grande réclame qui
amènera sa ruine; qu'il nous suffise de faire
savoir qu'à Paris certains pharmaciens, qui ne
le sont que de nom, sont à l'affût d'une nou-
velle fondation dès qu'une pharmacie vient
d'être ouverte par eux. Certains en ont fondé
ainsi 6 et même 8 dans un espace de 15 à 20
ans.
C'est là un danger sérieux et auquel il serait
bon d'apporter remède. D'un autre côté, dans
certaines grandes pharmacies ayant 30 et 40
employés, on ne voit souvent qu'un diplômé,
tous les autres sont d'anciens garçons de labo-
ratoire qui n'ont généralement qu'une instruc-
tion rudimentaire et qui manipulent journelle-
ment des médicaments très dangereux. C'est
encore un danger énorme pour la santé publi-
que, car, quel contrôle peut être exercé par un
seul pharmacien sur 40 employés ? Aucun.
Pour les petits pharmaciens
La plupart de ces maisons à grande réclame
sont dans la main des capitalistes, qui achè-
vent de ruiner les petits pharmaciens. La
pharmacie a été vouée à la malheureuse situa-
tion dans laquelle elle se débat aujourd'hui,
le jour où elle a été envahie par la spécialité,
ou autrement dit par les médicaments seorets.
Sous la Révolution, les assemblées républicai-
ne3 votent l'abolition des formules secrètes,
considérant qu'il y a au-dessus de l'intérêt
particulier l'intérêt général qui prime tout,
surtout quand il s'agit de malades. Cette loi
n'a jamais été abrogée, mais les législateurs
n'ont pas su se servir de l'arme que tenaient
leurs mains débiles. On a tourné la loi et au-
jourd'hui on fabrique dos médicaments se-
crets, on fait dos réclames monstres et par là
on arrive à faire prendre des médicaments
sans action pour des panacées.
Spécialités pharmaceutiques
Car il faut bien le dire, les 9/10 des spécia-
lités pharmaceutiques ne sont que des attrape-
sous, possédés par des capitalistes éhontés.pour
qui tous les moyens sont bons. On spécule sur
la facile crédulité des malades. C'est une
chose vraiement honteuse de voir ainsi s'étaler
au grand jour l'exploitation de ceux qui souf-
frent et qui voudraient &re soulagés.
Après avoir avili et ruiné la pharmacie en
transformant le pharmacien en commission-
naire, les capitalistes se sont attaqués à la mé-
decine par un procédé que nous allons décrire.
Contre les médecins
Les médecins qui veulent bien sa prêter à la
combinaison reçoivent un carnet de bons por-
tant les noms de diverses spécialités à prime
pour le médecin. Soit par exemple : Sirop X.
.3 francs au j?ublio ; prime de Uraflç à chaque,
prescription & un malade. — Pommade Y.
2 fr. 25 au public ; 0 fr. 75 au médecin. — Vin
Z. 5 francs au public ; t fr. 75 prime au mé-
decin.
Le carnet épuisé est retourné aa fabricant
des produits qui envoie au médecin la somme
qui lui est due. -
Ces pratiques sont bien connues de tous les
médecins dont le grand nombre déplorent cette
manière d'agir déshonnête à tous les points de
vue et avalisante pour la noble profession de
médecin.
Si on n'y met un terme la médecine suivra
la pharmacie sur la pente fatale.
Le remède
C'est ce qu'a fort bien compris le Parlement.
Sous la législature précédente, la Chambre, sur
le rapport de M. Bourrillon, adopta un projet
de loi, le Sénat en vota un autre. On ne put
s'entendre. La Chambre actuelle a entre les
mains un projet de loi proposé par la commis-
sion du commerce et de l'industrie.
Ce projet de loi ne satisfait nullement les
pharmaciens, car il comprend la reconnais-
sance des médicaments secrets et ce sont pré-
cisémentces médicaments qui ont amené ladé-
chéance de la pharmacie.
Un autre point sur lequel les intéressés ap-
pellent l'attention du gouvernement, c'est la
composition de la commission. IIy a dans cette
commission des députés ayant des professions
de tous genres. sauf des pharmaciens; il y a
même un amiral. l'amiral Rieunier.
Il eût été beaucoup plus sensé de nommer
une grande commission extraparlementaire.
On ne l'a pas fait, c'est un Lrt, Le vrai re-
mède, le seul efficace à l'état de choses actuel,
c'est la limitation du nombre dni pharmaciens
et l'application d'un tarif unique donné par le
gouvernement. Là est le salut du public et de
la pharmacie. La chose mérite d'être étudiée à
fond.
Pourquoi n'a-t-on encore rien fait ? —
J. C.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
LE LIEN
Il n'est pas inutile, au moment où la campa-
gne électorale est virtuellement ouverte, de si
gnaler, au jour le jour, les incidents prélimi-
naires, les alliances et les compromissions.
Ce qui vient do se passfir dans la circons-
cription de Rcniremont est très significatif.
et une fois de plus apparaît, crevant les yeux
je tous ceux qui veulent le voir, le lien qui
unit les soi-disant républicains modérés avec
les pires ennemis de la République.
Un candidat nationaliste se portait contre
M. Méline avec un programme antiministé-
riel, antisémite, antisectaire, antimaçonni-
que, etc. L'homme néfaste qui a fait en deux
années, à la République, un mal dont les ef-
fets se font encore aujourd'hui sentir, s'est vu
menacé, il a crié : « Au secours! »
Mais M. Maurice Flayelle s'est montré récal-
citrant. Il n'a pas cédé aux sollicitations pres-
santes qui de toutes parts lui étaient adres-
sées. Et M. Méline perdait courage, et déjà il
voyait s'évanouir le rêve qui berçait son som-
meil : le pouvoir ressaisi ; la République une
fois de plus livrée sans défense à son irrécon-
ciliable ennemi: la congrégation triomphante.
Mais ces craintes furent chimériques.
L'Echo de Parts, journal officiel du nationa-
lisme, a publié en effet ce matin la lettre sui-
vante :
Paris, le 18 février 1902.
Monsieur,
Au nom du Comité directeur de la Patrie fran-
çaise, nous vous avons demandé de retirer votre
candidature contre M. Méline, dans l'arrondisse-
ment de Remiremont.
Nous vous avons dit qu'à l'heure où se forme
une coalition nationale contre un gouvernement
néfaste, nuas faisions avec confiance appel à votre
patriotisme. Nous vous avons représenté que le
maintien de votre candidature compromettait l'al-
liance nécessaire et menaçait de rompre l'entente
établie envoles groupes d'opposition.
Nous vous remercions d'avoir cédé à nos ins-
tances ; c'est dans le môme souci de patriotique
union que nous nous sommes adressés à vous et
que vous avez fait virilement le sacrifice que nous
vous demandions. Votre désintéressement n'éton-
nera pas vos nombreux amis, les vaillants patrio-
tes des Vosges, qui ne vous en resteront que plus
attachés.
Agréez donc, Monsieur, ce témoignage public de
notre sincère et cordiale gratitude.
JULES LEMAITRE
GODEFROY CAVAIGNAC
Général MERCIER.
Cette lettre est suivie du commentaire que
voici :
Ajoutons seulement que M. Maurice Flayelleavait
résisté à toutes les démarches faites auprès da lui
par d'autres personnalités politiques et ne s'est in-
cliné que devant l'intervention de la Patrie fran-
cise. Celle ci apparaît de plus en plus comme le
trait d'union entre tous les groupes opposants et le
centre de la campagne antiministérielle.
C'est entendu.
Nous le savions déjà. O cruelle ironie des
choses! Un ancien républicain se voit réduit à
accepter, sinon à solliciter la patronage d'une
Ligue dont le but manifeste est d'attaquer et
de détruire les institutions mêmes qu'il devrait
défendre.
Nous ne blâmons point M. Méline, nous le
plaignons. Il est des malheurs qu'il faut res-
pecter. Et la sagesse des nations nous apprend
qu'il ne faut pas être cruel pour les femmes.
ou pour les hommes d'Etat qui tombent.
Et pour un peu, nous le féliciterions, le
leader progressiste. Car il nous donne l'occa-
sion de constater encore l'alliance étroite de
son parti avec tous les adversaires de la Ré-
publique, cette alliance, scellée déjà récem-
ment dans l'Oise, où nous avons vu M. Franck-
Chauveau donner à ses amis l'ordre de soute-
nir la candidature royaliste du marquis de
l'Aigle; après M.Franck-Chauveau, M. Méline
nie. Tous les mauvais cas sont niables. Crai
gnant le retentissement fâcheux qu'aurait pour
lui dans la presse républicaine le parrainage
de MM. Lemaitre, Cavaignac, et Mercier,trium-
virat peu sympathique. M. Méline s'est em-
pressé de donner un démenti officieux à ceux
qui auraient pu prétendre que l'intervention
formelle de la Patrie française aurait été par
lui sollicitée.
Les Débats ont publié la note suivante :
Plusieurs journaux reproduisent la lettre écrite
par la « Patrie française » à M. Flayelle pour en-
registrer sa retraite comme candidat dans l'arron-
dissement de Remiremont. Afin qu'aucune équi-
voque ne subsiste sur le caractère de cette inter-
vention, il est nécessaire de dire qu'elle n'a été à
aucun degré sollicitée ni directement ni indirecte-
ment par M. Méline. Celui-ci ne songeait nulle-
ment à rendre la «Patrie française » responsable de
cette candidature, qui, du reste, ne lui causait au-
cune inquiétude. Quant à la lettre elle-même, elle
a été rédigée par la « Patrie française » en dehors
de M. Méline.
Enregistrons ce démenti, sanscommentaires.
Est-ce une tactique, chère à un nommé Ignace
de Loyola que M. Méliae paraît beaucoup ad-
mirer? Est-ce au contraire l'expression stricte
de la vérité? Peu nous importe.
Il est un fait qui ne saurait être détruit. M.
Méline se présente à Remiremont avec l'appui
effectif de la Patrie française, Ses électeurs le
jugeront.
Pour nous, nous tirons de cet événement, en
apparence sans gravité, unonseigJlema-nt et un
exemple; à
Nous apprenons d'abord que nous ne com-
mettons point d'erreur lorsque nous disons
qu'il y a partie liée entre les monarchistes, les
césariens et les modérés qui se prétendent ré-
publicains. Et nous reçevons aussi une leçon.
Devant tant d'ennemis coalisés, de quelque
côté de l'horizon républicain que nous venions,
oubliant momentanément nos divisions, nos
dissentiments et nos rancunes, nous avons le
devoir de marcher fraternellement, la main
dans la main, contre l'adversaire commun. —
André A.
LA QUÊTE DES NATIONALISTES
Ils ne perdent pas de temps, et l'on sait que
les dames s'en mêlent ; une baronne de la
« Patrie française » a adressé la lettre auto-
graphiée que l'on va lire, non seulement à ses
amis, mais même à ceux dont elle n'avait au-
cune raison d'espérer une réponse favorable.
En d'autres termes, elle l'a adressée à tous les
personnages plus ou moins qualifiés dont ses
employés — qui doivent être nombreux —
ont trouvé le nom dans le Tout-Paris. Pour
citer un exemple, c'est un député radical-so-
cialiste qui a reçu l'exemplaire que nous al-
lons reproduire ; d'autres députés de même
nuance l'ont également reçu :
18 février 1902*
Avis aux républicains 1
Monsieur,
J'ai accepté la mission qu'a bien voulu me con-
fier la « Patrie Française » et je viens vous tendre
la main.
Je vous demande instamment un don généreux
pour la souscription faite en vue de soutenir la
lutte aux prochaines élections législatives.
Vous partagez nos craintes, en présence d'une
politique qui menace la fortune publique, la pro-
priété privée et toutes nos libertés.
L'heure est venue de faire des sacrifices impor-
tants, pour empêoher peut-être un désastre na-
tional.
Je m'adresse à tous ceux qui ont à cœur le
salut de notre malheureux pays, et dont l'intérêt
personnel est de participer à l'effort suprême.
Permettez-moi, monsieur, de compter sur votre
générosité, et de vous dire : si vous avez déjà
donné un peu, donnez encore, car vous comprenez
l'importance du but que nous nous proposons.
Veuillez recevoir mes remerciements anticipés et
l'assurance de mes sentiments les plus distin-
gués.
Baronne X.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que notre
ami, le député radical-socialiste, se privera du
plaisir d'envoyer de l'argent à la baronne de
la « Patrie française ».
SCISSION PARMI LES DÉMOCRATES CHRETIENS
(De notre correspondant particulier)
Rome, 19 février.
Ceux des démocrates chrétiens qui se sont
soumis aux ordres du pape ont constitué un
groupe spécial et ont adressé un appel à tous
les curés de la Ligurie, leur annonçant
qu'ayant reçu l'autorisation des pouvoirs ec-
clésiastiques ils constitueront des comités. Les
démocrates chrétiens non soumis sont en ma-
jorité ; ce sont eux qui prédominent dans l'an-
cienne organisation de la démocratie chré-
tienne.
.——————————— ———————————
L'ARRESTATION DU FRÈRE DE RIGO
(De notre correspondant particulierJ
Rome, 19 février.
A Sampierdarema, les carabiniers ont arrêté
le tsigane Martin Rigo qui so dit frère de l'ami
de Clara Ward. Rigo cadet avait tenté d'assas-
siner d'un coup de revolver sa maîtresse. Mlle
Gemma Verpa.
LA MISSION BOER EN AMÉRIQUE
(De notre correspondant particulier)
La Haye, 19 février.
Le docteur Muller, qui est parti en mission
spéciale pour Washington, vient de télégra-
phier au président Krüger qu'au cours de cette
semaine il sera reçu par le président Roose-
velt et par M. Hay, secrétaire d'Etat des affai-
res étrangères.
DRAGAN ZANKOW
(De notre correspondant particulier)
Sofia, 19 février.
M. Dragan Zankow. chef du parti russo-
philo et ancien président du conseil, est tombé
gravement malade.
Il a contracté dans sa tournée électorale où il
a souvent été exposé aux rigueurs de la tem-
pérature une congestion pulmonaire compli-
quée d'une pleurésie.
M. Zankow est déjà âgé de 74 ans et l'on
craint qu'il ne puisse résister à une maladie
aussi grave.
LE PROTOCOLE A LA KAISOI BLANCHE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 19 février.
t'artiste russe, M. Constantin Makowski,
qui était chargé de faire le portrait du prési-
dent Roosevelt à Washington, donne sur les
habitudes de la Maison Blanche des détails qui
certes feraient pousser des cris d'horreur à vos
Crozier et Mollard.
Les séances que le chef d'Etat avait accor-
dées au portraitiste ont eu lieu dans son ca-
binet de travail. Pendant que M. Makowski
travaillait, le président recevait les secrétaires
d'Etat qui lui faisaient leurs rapports, con-
férait avec eux, signait des pièces, entre autres
des photographies et des albums de collection-
neurs qui lui avaient demandé un autographe.
Mais ce n'est pas tout On entre chez le chef
d'Etat sans être annoncé et sans frapper, et
- c'est encore plus grave — les employés qui
entrent avec cette désinvolture ne se décou-
vrent qu'après avoir formé la porte.
CRUELLE ÉNIGME
Récemment, à Montesson (S.-et-O.), des
mariniers repêchaient dans la Seine le cada-
vre d'un homme probablement victime d'un
crime et dont l'identité ne put être établie.
Le parquet de Pontoise, supposant que le dé-
funt était originaire de Saint-Ouen, transmit
à M. Defert, commissaire de cette ville, une
commission rogatoire, en vue d'établir cette
identité, en y joignant le signalement du dé-
funt :
45 ans, cheveux et barbe noirs, taille 1070, vêtu
d'un pantalon de velours marron, d'un gilet et
d'un veston en cheviotte noire, d'un tricot beige
et d'un foulard rouge. Il avait sur le bras droit un
tatouage, représentant un soldat armé d'un fu-
sil surmonté d'une baïonnette et d'une étoile.
D'après ce signalement, Mme S., habitant
avenue des Batignolles, crut reconnaître le
défunt pour son père, M. Aubert, disparu de
chez lui depuis le 15 décembre. Or, une autro
personne rn G,., prévenue de cette recon-
personne,Mme fOI J\.I D f qu'elleavait
naissance vint prévenu M- 0 er" qu e eaval
rencontré M. Aubert sur les grS ule-
vards à Paris, quelques jours après la décou-
verte du cadavre dans la Seill' à Montesson.
A LA CHAMBRE
Désarroi des antisémites et des anti-
protestants. — Ils restent antifrancs*
maçons! — Le culte. de l'ensei-
gnement. — Pour les douaniers.
Les traitements des trésoriers-
payeurs généraux.
La Chambre a adopté, après en avoir déclaré
l'urgence, une proposition déjà votée par le
Sénat et tendant à compléter l'article 41 du
Code rural (1. III sect. II) et à modifier l'article
2 de la loi du 2 août 1884, sur la police sani-
taire des animaux; même bonheur pour la pro-
position de M. Pourquery de Boisserin modi-
fiant l'article 1382 du Code civil, relatif à la
responsabilité des déments.
Comme M. Jean Dupuy déposait un projet
concernant le canal des Baux et un autre ayant
rapport au canal des Alpines, M. Pourquery de
Boisserin s'est fâché.
M.Pourquery de Boisserin.-Je proteste
contre l'intérêt que vous portez au canal des Alpi-
nes, fait pour servir les intérêts de Marseille une
fois de plus. Le projet de régularisation des eaux
de la Duranco attend depuis dix ans et vous vous
opposez à sa discussion.
M. Jean Dupuy. — Je proteste contre votre
assertion.
M. Pourquery de Boisserin. — Soit :
j'enregistre votre protestation et j'espère que le
projet de la Durance sera bientôt voté.
Les deux projets ont été renvoyés à la com-
mission de l'agriculture.
Après, la Chambre a adopté par 393 voix
contre 20 un projet de loi portant ouverture
de crédits sur l'exercice 1901. C'est un total de
16 millions, dont 10 millions pour la guerre et
pour la marine et 3 millions pour les primes à
la marine marchande.
Tolérance inattendue
M. Dejeante est venu combattre le projet de
loi portant ouverture sur l'exercice 1901 d'un
crédit supplémentaire de 19,000 francs en fa-
veur du personnel du culte protestant. Le dé-
puté socialiste, à qui la droite reprochait ré-
cemment de ne s'attaquer qu'au cléricalisme
catholique, a expliqué, une fois de plus, que
ses amis et lui étaient opposés à toute subven-
tion aux ministres d'un culte, quelque fût C6
culte.
M. de Lànjuinais a lancé une interruption
qui témoigne d'un état d'esprit bien parti-
culier :
— Vous faites exception en faveur du culte franc-
maconnique. Vous avez voté hier la subvention à
la Ligue de l'enseignement.
M. Dejeante a répondu en sonriant:
— La Ligue de l'enseignement, pas plus que la
franc-maçonnerie, n'est un culte.
Nous allons voir si les membres de la droite qui
votent tous les orédits pour le culte catholique vo-
teront celui-ci pour le culte protestant.
Deux répliques sont venues de droite :
M. Lasies. — Mais certainement. Vous com-
battez tous les cultes ; nous les protégeons tous.
M. Suchetet. — Je m'associe à ces paroles ;
nous sommes pour la liberté de conscience.
Il faut croire que l'antisémitisme et l'antipro-
testantlsme cessent d'être en faveur, même
parmi les réactionnaires les plus caractérisés.
Voilà deux plates-formes électorales sur les-
quelles bien peu de gens oseront se hisser, lors
des prochaines élections.
Par 290 voix contre 148 le crédit a été
adopté.
adopté. Le budget des finances
Vous savet qu'on n'avait pas achevé de dis-
cuter la question de l'annuité de l'Orléans. M
Bourrat est remonté à la tribune pour affirmai
que cette compagnie avait allégué, en 1891,
une perle de trafic de 400.000 francs environ,
gardant ainsi un droit à touchei une soulte de
l'Etat. M. Bourrat a dit qu'il y avait là non un
droit, mais une apparence de droit, car la
perte, elle-même, avait été purement appa-
rente.
M. Plichon a interrompu l'orateur, l'accu-
sant d'une erreur de chiffres, et soutenant que
la commission arbitrale avait relevé dans les
comptes de la Compagnie un bénéfice très im-
portant.
M. Bourrât a achevé son éloquent discours
en engageant le ministre à faire appel au con.
seil d'Etat pour l'interprétation des conventions
passéesentre l'Etat et lacompagnie des chemins
de fer d'Orléans.
M. Sibille a défendu l'œuvre de la commis-
sion technique et a engagé la Chambre à voler
l'annuité.
M. Caillaux a invoqué la jurisprudence de la
Chambre elle-même qui a voté deux fois l'an-
nuité et qui ne doit pas se déjuger.
Finalement le chapitre IX et l'annuité ont
été adoptés par 437 voix contre 108.
Voici M. Dussaussoy qui voudrait faire pro-
fiter les caisses d'épargnede l'émission des bons
du Trésor. Le ministre des finances entend fa-
vorablement cette proposition.
Pensions peu justifiées
Pour la troisième fois en trois ans, M. Coûtant
s'en prend à la dette viagère, qui constitue des
pensions et à des officiers chouans à qui la
restauration devait de la gratitude, et à des
généraux du 1er empire, et à des généraux du
second — de ceux qui accomplirent leurs plus
brillants exploits lors de l'attentat de décembre.
Ces pensions sont héréditaires; les servira t-on
à perpétuité? Sans engager l'avenir, M. CC J
tant voudrait qu'on nommât une commission
chargée d'examiner la situation de fortune des
pensionnés.
M. Caillaux répond que l'origine de cer!ai-
nes de ces pensions est peut-être regrettable,
mais qu'on ne peut faillir à un engagement
d'Etat.
Par 324 voix contre 204, la motion de M.
Coutant est repoussée.
— A l'année prochaine ! cria M. Coûtant qui
ne doute pas de sa rééiection.
Les douaniers
Il est enfin question de la situation si inlé-
ressante des douaniers, ces excellents et de
voués serviteurs de l'Etat dont nous avons
maintes fois entretenu nos lecteurs. M. Brin-
deau se plaint du retard apporté à la liquida-
tion de leurs pensions de retraite.
M. Carnaud attire l'attention du minislrs
sur les agents sédentaires, Henri Brisson na
manque pas d'appuyer cos observations.
Puis, MM. Defontaine, Fernand David, ds
l'Estourboillon, réclament l'élévation des cré-
dits affectés aux retraites des douaniers.
M. Caillaux répond :
Peu à peu, les pensions sont étendues. Cette an-
née, j'ai pensé qu'il y avait lieu d'améliorer la si-
tuation dos agents des contributions indirectes. Il
faut procéder par étapes. Los agents sédentaires
des douanes auront sans doute satisfaction dans le
prochain budget.
Quant aux pensions des douaniers, elles sont ré-
glées par la loi de 1853. On no pourrait y ap-
porter de modifications que par voie législa-
tive.
Plus de 900.000 francs ont été affectés l'année
dernière au service des pensions. Si cela est néces-
saire je demanderai au Parlement des orédits sup-
plémentaires. (Très bien !)
Bref, il ressort do ce débat que personne no
conteste la légitimité des revendications des
douaniers. Il faudra donc, à l'avenir, faire plus
en leur faveur qu'on n'a pu faire jusqu'à pré-
sent.
Les théologiens
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6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNJUt
RÉDACTION s 131» rue Montmartre, 131
De i à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
wo 11669. — Vendredi 21 Février 1902
a VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
h trp Illralisatrice
ol vraiment les agents des mœurs qui
ont l'autre jour arbitrairement arrêté et
conduit au poste — le Rappel a raconté
le fait — une honnête jeune fille, pré-
tendent avoir agi « dans un but de pré-
servation morale » et pour soustraire la
dite jeune fille « au péril qu'elle courait
en écoutant les propos des filles per-
dues », le scandale de cette arrestation
dépasse, certes, tout ce qu'on a vu jus-
qu'à ce jour.
On a grandement raison de protester
avec indignation chaque fois que les
agents des mœurs se trompent et, par
erreur, abattent leurs mains lourdes et
salessur l'épaule d'une femme vertueuse;
mais on aurait tort de s'étonner de ces
erreurs. Elles sont, je ne crains pas de
le dire, inhérentes à l'institution de la
police des mœurs.
Cette institution étant tout entière
basée sur le plus odieux arbitraire, etex-
clusive, dans son principe même — si
toutefois ce mol peut être employé en
pareille matière — de toute idée de jus-
tice,comment voudriez-vous que des ac-
dents ne se produisissent pas à chaque
instant?
Les agents des mœurs opèrent au
hasard, au petit bonheur, cela est con-
nu. Tant mieux s'ils ne se trompent
pas ; mais s'ils se trompent, c'était
prévu. Et l'on ne saurait exiger d'eux,
évidemment, des qualités de tact et de
discernement. Je mets en fait que choi-
sît-on les plus honnêtes gens du monde
pour en faire les agents des mœurs —
supposition, d'ailleurs, outrageusement
invraisemblable — ils perdraient vite
toute notion du droit, tout sentiment
du devoir, tout sens moral, en un mot,
dans l'exercice de fonctions qui ne peu-
vent qu'entraîner un certain avilisse-
ment pour ceux qui en sont revêtus. —
Parmi les considérations accessoires
qui militent en faveur de la suppression
de la prostitution réglementée, se trouve
celle tirée de la dégradation forcément
subie par un certain nombre d'hommes
qui, s'ils n'avaient pas été agents des
mœurs, fussent restés, sans doute, de
fort dignes et fort honorables citoyens.
Et j'arrive à cette première constata-
tion qu'avec le système de la prostitu-
tion réglementée, les erreurs sont ab-
solument inévitables; et je dis que c'est
là encore une des considérations acces-
soires qui ajoutent au poids des argu-
ments donnés en faveur de l'abolition de
toute réglementation.
Revenons au fait qui nous occupe, je
dis que nous nous trouvons ici, évidem-
ment, en face d'une erreur nouvelle.
Comme cela est arrivé tant de fois, et
comme cela peut arriver tous les jours,
Mlle d'Hivert a été arrêtée par erreur.
Une fois qu'elle a été amenée au poste,
on s'est aperçu de la maladresse com-
mise, et, au lieu d'avouer la faute, on a
essayé de la couvrir d'un prétexte. Pas
d'autre explication possible à la sur-
prenante attitude prise, dit-on, par
M. Puybaraud.
Ce fonctionnaire—d'après ce que nous
avons donné, dans notre numéro de
lundi, comme étant « la version de la
préfecture de police»,aurn.it «invitéami-
calement le père de Mlle d'Hivert à sur-
veiller sa fille ».
On tombe des nues, n'est-ce pas ?
Qu'est-ce que cela veut dire?
Au premier abord, cela semble une
insinuation dirigée contre les mœurs de
la jeune fille; et la chose parait bien peu
en rapport avec ce qu'on serait en droit
d'attendre d'un hautfonctionnaire d'une
de nos grandes administrations.
Je vous vois, monsieur qui me faites
l'honneur de me lire, à la place de M.
d'Hivert ; je vous entends sommant M.
Puybaraud de parler net et franc. Pas
d'équivoque, allons! pas de sous-enten-
dus! Vos agents ont-ils, oui ou non,
surpris ma fille en flagrant délit de ra-
colage?.
Or, voici ce que la police répond :
cette jeune fille était entourée de filles
publiques avec lesquelles elle causait.
C'est «pour la préserver de ce contact»
que les agents des mœurs l'invitèrent
à les suivre au poste où le brigadier
« lui adressa une admonestation pater-
nelle ».
On croit rêver.
Nous voyons les agents de police sous
bien des aspects divers; nous connais-
sons les agents cyclistes, la brigade
fluviale, etc. Mais nous n'avions pas
encore entendu dire que M. Lépine eût
créé une brigade spéciale d'agents mo-
ralisateurs, chargés de veiller à ce que
les jeunes filles ne compromettent point
leur vertu dans des fréquentations dou-
teuses.
Voyez-vous ces bons agents suivant
d'un regard plein de sollicitude la petite
ouvJière qui trottine dans les rues de
Paris ? Pénétrés de la grandeur de la
mission, ils sont graves, émus ; hélas !
ces rues sont si pleines de tentations,
de mauvais exemples ! certes, ils auront
besoin de toute leur vigilance pour
empêcher quelque souffle impur de ter-
nir la corolle de la tendre fleur confiée
à leurs soins.
Ciel! ne parle-t-elle point là à une
créature de mœurs légères ! La malheu-
reuse! c'est à sa perdition qu'elle se
précipite
Alors, ils s'élancent, empoignent la
jeune fille, la traînent au « bloc J) mal-
gré ses protestations et ses sanglots ; et
quand elle est bien et dûment « bou-
clée », ils s'étreignent, ayant au cœur la
joie et la fierté du devoir accompli et,
des larmes dans les yeux, ils s'écrient :
« Encore une de sauvée ! » Braves gens,
va! Qu'on les décore!. Et ce briga-
dier avec son « admonestation pater-
nelle !. »
Je voudrais qu'on me fît l'honneur de
croire que je n'ajoute aucune foi à cette
abracadabrante explication. Pour moi,
j'en ai la conviction, une erreur a été
commise, tout simplement, et c'est pour
la dissimulerqu'on a inventéaprès coup
cette histoire inouïe d'agents gardiens de
la vertu et de brigadier paternel. — Je
dis que le fait d'avoir pensé à raconter
cette histoire est plus grave que tout le
reste, constitue un scandale sans précé-
dent.
D'abord, il ne saurait être permis,
en vérité, de se moquer du monde dans
de si gigantesques proportions. Et puis,
et surtout, quel mépris de la liberté in-
dividuelle, quel mépris des lois — et
quel mépris de la femme! —cela dénote
chez les gens capables d'imaginer une
pareille explication! Est-ce que le fait
de causer dans la rue avec des filles
perdues constitue un délit? Est-ce qu'on
a le droit d'arrêter et de conduire au
poste de police une personne qui n'a
commis aucun délit? Est-ce que les
agents de police ont mission de sur-
veiller les fréquentations des gens qui
passent? Est-ce que l'arrestation est
prévue comme un moyen d'empêcher la
propagation du vice par la parole?
La police a tellement pris l'habitude
d'évoluer en marge des lois et en viola-
tion de tout droit, elle est tellement con-
vaincue de son omnipotence, que ces
choses qui nous révoltent lui paraissent
toutes simples. Je déclare que c'est
monstrueux, que l'erreur peut, pour les
raisons que j'ai exposées plus haut, être
admise sinon excusée, mais que si l'ex-
plication donnée est vraiment exacte, il
faudrait un eXClnplesévère pour rappeler
les agents des mœurs au respect de la
liberté et des lois. Et je demanderais vo-
lontiers une enquête; mais à qui?. La
Chambre a bien d'autres choses à faire
et Paris n'a pas de Conseil municipal.
Lucien Victor-Meunier.
CAVAIGNAC
La fortune politique de M.
Cavaignac vient de ce qu'étant
au lycée, il a refusé, au cours
d'une distribution de prix, de
recevoir une couronne des mains
du fils de Napoléon III. Fils
- d'un proscrit républicain, ne-
veu du Godefroy Cavaignac qui, sous Louis
Philippe, fut mêlé glorieusement à tout le
mouvement révolutionnaire contre le der-
nier représentant de la royauté, il semblait
que M. Cavaignac offrit toutes garanties
au parti républicain sous la République.
Et de fait, le parti républicain l'a com-
blé; il l'a mis, à plusieurs reprises, au mi-
nistère ; il lui a confié les portefeuilles les
plus importants, — exemple : celui de la
guerre, — dans des cabinets radicaux.
Tont cela aboutit à voir M. Cavaignac
fleurir et orner de tapis la route par où
M. Méline, le chef des réactions coalisées,
tente de parvenir à sa réélection; cela
aboutit à nous montrer la signature de M.
Cavaignac, sur des manifestes, à côté de
celle des Mercier et des Jules Lemaitre.
Il peut maintenant retourner au lycée ci-
devant Bonaparte, réclamer sa couronne
autrefois dédaignée, et s'en faire coiffer par
le prince Victor. Nous ne serons pas éton-
nés du spectacle.
Mais, quant à rentrer jamais dans le parti
républicain, il fera bien d'y renoncer : on
peutexcuser uneerreur de jugement,onpeut
absoudre un pauvre politique qui s'est
trompé de route etde moment, et nous avons
entendu d'anciens boulangistes prononcer
leur mea culpa et revenir aux traditions
vraies de la Révolution ; mais M. Cavai-
gnac sait ce qu'il fait ; il sait bien qu'il a
quitté ce qui était, en politique, sa raison
d'être et sa tradition. Nous ne le reverrons
plus ; et s'il tente de revenir, nous tiendrons
la porte fermée. — Ch. B.
a-
A LA CHAMBRE
Dans les couloirs. — Le mécontente-
ment des modérés.
La publication de la lettre de MM. Jules Le-
maitre, Cavaignac et du général Mercier a pro-
duit une certaine émotion dans le monde par-
lementaire, surtout parmi les membres du par-
ti progressiste.
Un très grand nombre de députés apparte-
nant à ce groupe désavouent publiquement
l'alliance conclue par M. Méline avec la Patrie
française et les autres groupements réaction-
naires en vue d'une action électorale commune.
C'est notamment l'opinion de MM. Georges
Cochery, Aynard et Guillain qui ont, affirme-
t-on,exprimé touthautleur mécontentement.On
assure également que M. Ribot a blâmé en
termes très sévères ce que certains appellent
l'imprudence de M. Méline.
Du côté des républicains, l'attitude de M.
Méline n'a surpris personne, mais on se mon-
tre particulièrement satisfait de la publication
faite. Aucune équivoque n'est désormais pos-
sible ; les républicains s'il s'en trouve encore
dans les groupes d'opposition ne pourront plus
arguer de leur bonne foi. La question est
maintenant très nettement posée devant le
corps électoral : d'un côté le parti républicain,
de l'autre la coalition de toutes les réac-
tions.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Ligue d'action républicaine; 13' section.
Grande conférence publique et gratuite, sous
la présidence du citoyen Delpech, sénateur,
domain, à 8 heures 1Ï2, salle de l'Alcazar d'I-
talie, 190, avenue do Choisy.
Orateurs Inscrits : Dolpoch, sénateur i Hub-
bard, dloutâi CharboDnel. oubliciste. :
LA PHARMACIE
ET LE CAPITALISME
L'inspection annuelle des pharmacies
et drogueries. — Sorcellerie et bi -
gotisme. — A l'étranger. — Bazars
pharmaceutiques. — Un danger
sérieux. — Les spécialités. -
Pratiques condamnables. —
A la Chambre et au Sénat.
— Le projet de loi de M.
Astier. — Un amiral
qui s'occupe de phar-
macie. -- Le vrai
remède.
Dans la séance de la Chambre du 24 décem-
bre dernier, M. Sicard, député des Basses-
Alpes, s'est élevé contre l'inspection annuelle
des pharmacies et drogueries,
M. Sicard a prétendu, et c'est exact, que
cette inspection était ridicule et consistait plu-
tôt en une visite qu'en une inspection.
Il demandait : « Que cette inspection devint
plus efficace et qu'en même temps on recher-
chât les établissements où se vendent sans
droit des médicaments. » Ces établissements
sont en général des communautés religieuses,
nous n'en voulons pour exemple que le procès
de ces jours derniers à Clermont-Ferrand, où
diverses sœurs ont été condamnées.
En Brelagne et en Normandie, ce sont les
sœurs qui vendent les remèdes aux classes po-
pulaires qui croient que les médicaments sont
plus efficaces sortant - des mains de ces sain-
tes filles. — Elles guérissent les panaris, arrê-
tant les feux et en profitent en même temps
pour vendre chapelets et médailles donnant
des indulgences. Sorcellerie- et bigolisme. Au-
trefois les religieux brûlaient les sorciers, au-
jourd'hui ils sont sorciers eux-mêmes.
M. Sicard a déclaré également : qu'une nou-
velle industrie s'était créée dans les grandes
villes. Elle consiste dans l'installation de nou-
velles pharmacies auxquelles on donne l'appa-
rence d'une clientèle pour la revendre tout de
suite très cher. Le nouveau titulaire pour ne
pas être ruiné en est réduit à vendre des re-
mèdes frelatés et ses voisins, pour les mêmes
raisons, en font autant.
Un syndicat de défense
Les pharmaciens honnêtes (heureusement, il
y en a, et c'est la grande majorité, aurait dû
dire l'orateur), ont formé des syndicats de dé-
fense pour pouvoir agir contre leurs confrères
qui vendent des médicaments frelatés ; celui
de Paris compte 600 membres.
Il faut prendre des mesures, non pour les
riches, mais au profit des pauvres qui peuvent
pâtir du manque do scrupule de certains phar-
maciens. Puis plus loin :
J'ai interrogé plusieurs de nos collègues, je leur
ai demandé si l'inspection se fait régulièrement
dans leurs départements. Tous m'ont répondu que
c'était une comédie et qu'il faudrait prendre des
précautions comme on en a pris à l'étranger.
En Russie, en Allemagne, en Autriche on a ré-
duit le nombre des pharmaciens.'Ils sont assimilés
à nos notaires, je ne vous demande pas d'aller jus-
que là; mais il faut faire quelque chose.
Nous nous joignons à l'honorable députa
quand il demande une inspection plus serrée,
plus efficace, et quand il s'élève contre les
fondations incessantes des pharmacies àgrande
réclame, véritables bazars où on vend de tout
et à tous prix ; mais nous disons que nous dé-
sirons voir les pharmaciens français assimilés
aux notaires.
L'inspection, les pharmaciens honnêtes ne la
craignent pas; ils la veulent sérieuse et ils
sont désireuxqu'on reconnaisse ce qu'ils sont:
des honnêtes gens, de modestes savants. On a
fait sur les pharmaciens des jeux d'esprit qui
sont aussi ridicules qu'ils sont vieux. Le phar-
macien a été méconnu pendant longtemps; au-
jourd'hui il veut se faire connaître; quand il le
sera bien, il s'imposera par son autorité et ses
connaissances étendues.
Nous n'en voulons pour exemple que ce qui
se passe en Allemagne, où pourtant les phar-
maciens font moins d'études qu'en France. Les
pharmaciens sont limités, il n'y en a qu'un cer-
tain nombre comme des notaires ici et le gou-
vernement impose un tarif qui doit être appli-
qué dans son intégralité. De ce fait on élimine
la concurrence par le rabais des prix, qui est
néfaste quand il s'agit de médicaments. Le
pharmacien peut donc se livrer en tcute tran-
quillité à l'exercice do sa profession qui n'est
après tout que de la science appliquée. Tout le
monde y trouve son intérêt : clientèle, méde-
cins et pharmaciens.
La concurrence
En France, au contraire, un pharmacien a
toujours la crainte de voir s'installer à côlé de
l'officine qu'il a payée de ses beaux deniers
une nouvelle pharmacie à grande réclame qui
amènera sa ruine; qu'il nous suffise de faire
savoir qu'à Paris certains pharmaciens, qui ne
le sont que de nom, sont à l'affût d'une nou-
velle fondation dès qu'une pharmacie vient
d'être ouverte par eux. Certains en ont fondé
ainsi 6 et même 8 dans un espace de 15 à 20
ans.
C'est là un danger sérieux et auquel il serait
bon d'apporter remède. D'un autre côté, dans
certaines grandes pharmacies ayant 30 et 40
employés, on ne voit souvent qu'un diplômé,
tous les autres sont d'anciens garçons de labo-
ratoire qui n'ont généralement qu'une instruc-
tion rudimentaire et qui manipulent journelle-
ment des médicaments très dangereux. C'est
encore un danger énorme pour la santé publi-
que, car, quel contrôle peut être exercé par un
seul pharmacien sur 40 employés ? Aucun.
Pour les petits pharmaciens
La plupart de ces maisons à grande réclame
sont dans la main des capitalistes, qui achè-
vent de ruiner les petits pharmaciens. La
pharmacie a été vouée à la malheureuse situa-
tion dans laquelle elle se débat aujourd'hui,
le jour où elle a été envahie par la spécialité,
ou autrement dit par les médicaments seorets.
Sous la Révolution, les assemblées républicai-
ne3 votent l'abolition des formules secrètes,
considérant qu'il y a au-dessus de l'intérêt
particulier l'intérêt général qui prime tout,
surtout quand il s'agit de malades. Cette loi
n'a jamais été abrogée, mais les législateurs
n'ont pas su se servir de l'arme que tenaient
leurs mains débiles. On a tourné la loi et au-
jourd'hui on fabrique dos médicaments se-
crets, on fait dos réclames monstres et par là
on arrive à faire prendre des médicaments
sans action pour des panacées.
Spécialités pharmaceutiques
Car il faut bien le dire, les 9/10 des spécia-
lités pharmaceutiques ne sont que des attrape-
sous, possédés par des capitalistes éhontés.pour
qui tous les moyens sont bons. On spécule sur
la facile crédulité des malades. C'est une
chose vraiement honteuse de voir ainsi s'étaler
au grand jour l'exploitation de ceux qui souf-
frent et qui voudraient &re soulagés.
Après avoir avili et ruiné la pharmacie en
transformant le pharmacien en commission-
naire, les capitalistes se sont attaqués à la mé-
decine par un procédé que nous allons décrire.
Contre les médecins
Les médecins qui veulent bien sa prêter à la
combinaison reçoivent un carnet de bons por-
tant les noms de diverses spécialités à prime
pour le médecin. Soit par exemple : Sirop X.
.3 francs au j?ublio ; prime de Uraflç à chaque,
prescription & un malade. — Pommade Y.
2 fr. 25 au public ; 0 fr. 75 au médecin. — Vin
Z. 5 francs au public ; t fr. 75 prime au mé-
decin.
Le carnet épuisé est retourné aa fabricant
des produits qui envoie au médecin la somme
qui lui est due. -
Ces pratiques sont bien connues de tous les
médecins dont le grand nombre déplorent cette
manière d'agir déshonnête à tous les points de
vue et avalisante pour la noble profession de
médecin.
Si on n'y met un terme la médecine suivra
la pharmacie sur la pente fatale.
Le remède
C'est ce qu'a fort bien compris le Parlement.
Sous la législature précédente, la Chambre, sur
le rapport de M. Bourrillon, adopta un projet
de loi, le Sénat en vota un autre. On ne put
s'entendre. La Chambre actuelle a entre les
mains un projet de loi proposé par la commis-
sion du commerce et de l'industrie.
Ce projet de loi ne satisfait nullement les
pharmaciens, car il comprend la reconnais-
sance des médicaments secrets et ce sont pré-
cisémentces médicaments qui ont amené ladé-
chéance de la pharmacie.
Un autre point sur lequel les intéressés ap-
pellent l'attention du gouvernement, c'est la
composition de la commission. IIy a dans cette
commission des députés ayant des professions
de tous genres. sauf des pharmaciens; il y a
même un amiral. l'amiral Rieunier.
Il eût été beaucoup plus sensé de nommer
une grande commission extraparlementaire.
On ne l'a pas fait, c'est un Lrt, Le vrai re-
mède, le seul efficace à l'état de choses actuel,
c'est la limitation du nombre dni pharmaciens
et l'application d'un tarif unique donné par le
gouvernement. Là est le salut du public et de
la pharmacie. La chose mérite d'être étudiée à
fond.
Pourquoi n'a-t-on encore rien fait ? —
J. C.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
LE LIEN
Il n'est pas inutile, au moment où la campa-
gne électorale est virtuellement ouverte, de si
gnaler, au jour le jour, les incidents prélimi-
naires, les alliances et les compromissions.
Ce qui vient do se passfir dans la circons-
cription de Rcniremont est très significatif.
et une fois de plus apparaît, crevant les yeux
je tous ceux qui veulent le voir, le lien qui
unit les soi-disant républicains modérés avec
les pires ennemis de la République.
Un candidat nationaliste se portait contre
M. Méline avec un programme antiministé-
riel, antisémite, antisectaire, antimaçonni-
que, etc. L'homme néfaste qui a fait en deux
années, à la République, un mal dont les ef-
fets se font encore aujourd'hui sentir, s'est vu
menacé, il a crié : « Au secours! »
Mais M. Maurice Flayelle s'est montré récal-
citrant. Il n'a pas cédé aux sollicitations pres-
santes qui de toutes parts lui étaient adres-
sées. Et M. Méline perdait courage, et déjà il
voyait s'évanouir le rêve qui berçait son som-
meil : le pouvoir ressaisi ; la République une
fois de plus livrée sans défense à son irrécon-
ciliable ennemi: la congrégation triomphante.
Mais ces craintes furent chimériques.
L'Echo de Parts, journal officiel du nationa-
lisme, a publié en effet ce matin la lettre sui-
vante :
Paris, le 18 février 1902.
Monsieur,
Au nom du Comité directeur de la Patrie fran-
çaise, nous vous avons demandé de retirer votre
candidature contre M. Méline, dans l'arrondisse-
ment de Remiremont.
Nous vous avons dit qu'à l'heure où se forme
une coalition nationale contre un gouvernement
néfaste, nuas faisions avec confiance appel à votre
patriotisme. Nous vous avons représenté que le
maintien de votre candidature compromettait l'al-
liance nécessaire et menaçait de rompre l'entente
établie envoles groupes d'opposition.
Nous vous remercions d'avoir cédé à nos ins-
tances ; c'est dans le môme souci de patriotique
union que nous nous sommes adressés à vous et
que vous avez fait virilement le sacrifice que nous
vous demandions. Votre désintéressement n'éton-
nera pas vos nombreux amis, les vaillants patrio-
tes des Vosges, qui ne vous en resteront que plus
attachés.
Agréez donc, Monsieur, ce témoignage public de
notre sincère et cordiale gratitude.
JULES LEMAITRE
GODEFROY CAVAIGNAC
Général MERCIER.
Cette lettre est suivie du commentaire que
voici :
Ajoutons seulement que M. Maurice Flayelleavait
résisté à toutes les démarches faites auprès da lui
par d'autres personnalités politiques et ne s'est in-
cliné que devant l'intervention de la Patrie fran-
cise. Celle ci apparaît de plus en plus comme le
trait d'union entre tous les groupes opposants et le
centre de la campagne antiministérielle.
C'est entendu.
Nous le savions déjà. O cruelle ironie des
choses! Un ancien républicain se voit réduit à
accepter, sinon à solliciter la patronage d'une
Ligue dont le but manifeste est d'attaquer et
de détruire les institutions mêmes qu'il devrait
défendre.
Nous ne blâmons point M. Méline, nous le
plaignons. Il est des malheurs qu'il faut res-
pecter. Et la sagesse des nations nous apprend
qu'il ne faut pas être cruel pour les femmes.
ou pour les hommes d'Etat qui tombent.
Et pour un peu, nous le féliciterions, le
leader progressiste. Car il nous donne l'occa-
sion de constater encore l'alliance étroite de
son parti avec tous les adversaires de la Ré-
publique, cette alliance, scellée déjà récem-
ment dans l'Oise, où nous avons vu M. Franck-
Chauveau donner à ses amis l'ordre de soute-
nir la candidature royaliste du marquis de
l'Aigle; après M.Franck-Chauveau, M. Méline
nie. Tous les mauvais cas sont niables. Crai
gnant le retentissement fâcheux qu'aurait pour
lui dans la presse républicaine le parrainage
de MM. Lemaitre, Cavaignac, et Mercier,trium-
virat peu sympathique. M. Méline s'est em-
pressé de donner un démenti officieux à ceux
qui auraient pu prétendre que l'intervention
formelle de la Patrie française aurait été par
lui sollicitée.
Les Débats ont publié la note suivante :
Plusieurs journaux reproduisent la lettre écrite
par la « Patrie française » à M. Flayelle pour en-
registrer sa retraite comme candidat dans l'arron-
dissement de Remiremont. Afin qu'aucune équi-
voque ne subsiste sur le caractère de cette inter-
vention, il est nécessaire de dire qu'elle n'a été à
aucun degré sollicitée ni directement ni indirecte-
ment par M. Méline. Celui-ci ne songeait nulle-
ment à rendre la «Patrie française » responsable de
cette candidature, qui, du reste, ne lui causait au-
cune inquiétude. Quant à la lettre elle-même, elle
a été rédigée par la « Patrie française » en dehors
de M. Méline.
Enregistrons ce démenti, sanscommentaires.
Est-ce une tactique, chère à un nommé Ignace
de Loyola que M. Méliae paraît beaucoup ad-
mirer? Est-ce au contraire l'expression stricte
de la vérité? Peu nous importe.
Il est un fait qui ne saurait être détruit. M.
Méline se présente à Remiremont avec l'appui
effectif de la Patrie française, Ses électeurs le
jugeront.
Pour nous, nous tirons de cet événement, en
apparence sans gravité, unonseigJlema-nt et un
exemple; à
Nous apprenons d'abord que nous ne com-
mettons point d'erreur lorsque nous disons
qu'il y a partie liée entre les monarchistes, les
césariens et les modérés qui se prétendent ré-
publicains. Et nous reçevons aussi une leçon.
Devant tant d'ennemis coalisés, de quelque
côté de l'horizon républicain que nous venions,
oubliant momentanément nos divisions, nos
dissentiments et nos rancunes, nous avons le
devoir de marcher fraternellement, la main
dans la main, contre l'adversaire commun. —
André A.
LA QUÊTE DES NATIONALISTES
Ils ne perdent pas de temps, et l'on sait que
les dames s'en mêlent ; une baronne de la
« Patrie française » a adressé la lettre auto-
graphiée que l'on va lire, non seulement à ses
amis, mais même à ceux dont elle n'avait au-
cune raison d'espérer une réponse favorable.
En d'autres termes, elle l'a adressée à tous les
personnages plus ou moins qualifiés dont ses
employés — qui doivent être nombreux —
ont trouvé le nom dans le Tout-Paris. Pour
citer un exemple, c'est un député radical-so-
cialiste qui a reçu l'exemplaire que nous al-
lons reproduire ; d'autres députés de même
nuance l'ont également reçu :
18 février 1902*
Avis aux républicains 1
Monsieur,
J'ai accepté la mission qu'a bien voulu me con-
fier la « Patrie Française » et je viens vous tendre
la main.
Je vous demande instamment un don généreux
pour la souscription faite en vue de soutenir la
lutte aux prochaines élections législatives.
Vous partagez nos craintes, en présence d'une
politique qui menace la fortune publique, la pro-
priété privée et toutes nos libertés.
L'heure est venue de faire des sacrifices impor-
tants, pour empêoher peut-être un désastre na-
tional.
Je m'adresse à tous ceux qui ont à cœur le
salut de notre malheureux pays, et dont l'intérêt
personnel est de participer à l'effort suprême.
Permettez-moi, monsieur, de compter sur votre
générosité, et de vous dire : si vous avez déjà
donné un peu, donnez encore, car vous comprenez
l'importance du but que nous nous proposons.
Veuillez recevoir mes remerciements anticipés et
l'assurance de mes sentiments les plus distin-
gués.
Baronne X.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que notre
ami, le député radical-socialiste, se privera du
plaisir d'envoyer de l'argent à la baronne de
la « Patrie française ».
SCISSION PARMI LES DÉMOCRATES CHRETIENS
(De notre correspondant particulier)
Rome, 19 février.
Ceux des démocrates chrétiens qui se sont
soumis aux ordres du pape ont constitué un
groupe spécial et ont adressé un appel à tous
les curés de la Ligurie, leur annonçant
qu'ayant reçu l'autorisation des pouvoirs ec-
clésiastiques ils constitueront des comités. Les
démocrates chrétiens non soumis sont en ma-
jorité ; ce sont eux qui prédominent dans l'an-
cienne organisation de la démocratie chré-
tienne.
.——————————— ———————————
L'ARRESTATION DU FRÈRE DE RIGO
(De notre correspondant particulierJ
Rome, 19 février.
A Sampierdarema, les carabiniers ont arrêté
le tsigane Martin Rigo qui so dit frère de l'ami
de Clara Ward. Rigo cadet avait tenté d'assas-
siner d'un coup de revolver sa maîtresse. Mlle
Gemma Verpa.
LA MISSION BOER EN AMÉRIQUE
(De notre correspondant particulier)
La Haye, 19 février.
Le docteur Muller, qui est parti en mission
spéciale pour Washington, vient de télégra-
phier au président Krüger qu'au cours de cette
semaine il sera reçu par le président Roose-
velt et par M. Hay, secrétaire d'Etat des affai-
res étrangères.
DRAGAN ZANKOW
(De notre correspondant particulier)
Sofia, 19 février.
M. Dragan Zankow. chef du parti russo-
philo et ancien président du conseil, est tombé
gravement malade.
Il a contracté dans sa tournée électorale où il
a souvent été exposé aux rigueurs de la tem-
pérature une congestion pulmonaire compli-
quée d'une pleurésie.
M. Zankow est déjà âgé de 74 ans et l'on
craint qu'il ne puisse résister à une maladie
aussi grave.
LE PROTOCOLE A LA KAISOI BLANCHE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 19 février.
t'artiste russe, M. Constantin Makowski,
qui était chargé de faire le portrait du prési-
dent Roosevelt à Washington, donne sur les
habitudes de la Maison Blanche des détails qui
certes feraient pousser des cris d'horreur à vos
Crozier et Mollard.
Les séances que le chef d'Etat avait accor-
dées au portraitiste ont eu lieu dans son ca-
binet de travail. Pendant que M. Makowski
travaillait, le président recevait les secrétaires
d'Etat qui lui faisaient leurs rapports, con-
férait avec eux, signait des pièces, entre autres
des photographies et des albums de collection-
neurs qui lui avaient demandé un autographe.
Mais ce n'est pas tout On entre chez le chef
d'Etat sans être annoncé et sans frapper, et
- c'est encore plus grave — les employés qui
entrent avec cette désinvolture ne se décou-
vrent qu'après avoir formé la porte.
CRUELLE ÉNIGME
Récemment, à Montesson (S.-et-O.), des
mariniers repêchaient dans la Seine le cada-
vre d'un homme probablement victime d'un
crime et dont l'identité ne put être établie.
Le parquet de Pontoise, supposant que le dé-
funt était originaire de Saint-Ouen, transmit
à M. Defert, commissaire de cette ville, une
commission rogatoire, en vue d'établir cette
identité, en y joignant le signalement du dé-
funt :
45 ans, cheveux et barbe noirs, taille 1070, vêtu
d'un pantalon de velours marron, d'un gilet et
d'un veston en cheviotte noire, d'un tricot beige
et d'un foulard rouge. Il avait sur le bras droit un
tatouage, représentant un soldat armé d'un fu-
sil surmonté d'une baïonnette et d'une étoile.
D'après ce signalement, Mme S., habitant
avenue des Batignolles, crut reconnaître le
défunt pour son père, M. Aubert, disparu de
chez lui depuis le 15 décembre. Or, une autro
personne rn G,., prévenue de cette recon-
personne,Mme fOI J\.I D f qu'elleavait
naissance vint prévenu M- 0 er" qu e eaval
rencontré M. Aubert sur les grS ule-
vards à Paris, quelques jours après la décou-
verte du cadavre dans la Seill' à Montesson.
A LA CHAMBRE
Désarroi des antisémites et des anti-
protestants. — Ils restent antifrancs*
maçons! — Le culte. de l'ensei-
gnement. — Pour les douaniers.
Les traitements des trésoriers-
payeurs généraux.
La Chambre a adopté, après en avoir déclaré
l'urgence, une proposition déjà votée par le
Sénat et tendant à compléter l'article 41 du
Code rural (1. III sect. II) et à modifier l'article
2 de la loi du 2 août 1884, sur la police sani-
taire des animaux; même bonheur pour la pro-
position de M. Pourquery de Boisserin modi-
fiant l'article 1382 du Code civil, relatif à la
responsabilité des déments.
Comme M. Jean Dupuy déposait un projet
concernant le canal des Baux et un autre ayant
rapport au canal des Alpines, M. Pourquery de
Boisserin s'est fâché.
M.Pourquery de Boisserin.-Je proteste
contre l'intérêt que vous portez au canal des Alpi-
nes, fait pour servir les intérêts de Marseille une
fois de plus. Le projet de régularisation des eaux
de la Duranco attend depuis dix ans et vous vous
opposez à sa discussion.
M. Jean Dupuy. — Je proteste contre votre
assertion.
M. Pourquery de Boisserin. — Soit :
j'enregistre votre protestation et j'espère que le
projet de la Durance sera bientôt voté.
Les deux projets ont été renvoyés à la com-
mission de l'agriculture.
Après, la Chambre a adopté par 393 voix
contre 20 un projet de loi portant ouverture
de crédits sur l'exercice 1901. C'est un total de
16 millions, dont 10 millions pour la guerre et
pour la marine et 3 millions pour les primes à
la marine marchande.
Tolérance inattendue
M. Dejeante est venu combattre le projet de
loi portant ouverture sur l'exercice 1901 d'un
crédit supplémentaire de 19,000 francs en fa-
veur du personnel du culte protestant. Le dé-
puté socialiste, à qui la droite reprochait ré-
cemment de ne s'attaquer qu'au cléricalisme
catholique, a expliqué, une fois de plus, que
ses amis et lui étaient opposés à toute subven-
tion aux ministres d'un culte, quelque fût C6
culte.
M. de Lànjuinais a lancé une interruption
qui témoigne d'un état d'esprit bien parti-
culier :
— Vous faites exception en faveur du culte franc-
maconnique. Vous avez voté hier la subvention à
la Ligue de l'enseignement.
M. Dejeante a répondu en sonriant:
— La Ligue de l'enseignement, pas plus que la
franc-maçonnerie, n'est un culte.
Nous allons voir si les membres de la droite qui
votent tous les orédits pour le culte catholique vo-
teront celui-ci pour le culte protestant.
Deux répliques sont venues de droite :
M. Lasies. — Mais certainement. Vous com-
battez tous les cultes ; nous les protégeons tous.
M. Suchetet. — Je m'associe à ces paroles ;
nous sommes pour la liberté de conscience.
Il faut croire que l'antisémitisme et l'antipro-
testantlsme cessent d'être en faveur, même
parmi les réactionnaires les plus caractérisés.
Voilà deux plates-formes électorales sur les-
quelles bien peu de gens oseront se hisser, lors
des prochaines élections.
Par 290 voix contre 148 le crédit a été
adopté.
adopté. Le budget des finances
Vous savet qu'on n'avait pas achevé de dis-
cuter la question de l'annuité de l'Orléans. M
Bourrat est remonté à la tribune pour affirmai
que cette compagnie avait allégué, en 1891,
une perle de trafic de 400.000 francs environ,
gardant ainsi un droit à touchei une soulte de
l'Etat. M. Bourrat a dit qu'il y avait là non un
droit, mais une apparence de droit, car la
perte, elle-même, avait été purement appa-
rente.
M. Plichon a interrompu l'orateur, l'accu-
sant d'une erreur de chiffres, et soutenant que
la commission arbitrale avait relevé dans les
comptes de la Compagnie un bénéfice très im-
portant.
M. Bourrât a achevé son éloquent discours
en engageant le ministre à faire appel au con.
seil d'Etat pour l'interprétation des conventions
passéesentre l'Etat et lacompagnie des chemins
de fer d'Orléans.
M. Sibille a défendu l'œuvre de la commis-
sion technique et a engagé la Chambre à voler
l'annuité.
M. Caillaux a invoqué la jurisprudence de la
Chambre elle-même qui a voté deux fois l'an-
nuité et qui ne doit pas se déjuger.
Finalement le chapitre IX et l'annuité ont
été adoptés par 437 voix contre 108.
Voici M. Dussaussoy qui voudrait faire pro-
fiter les caisses d'épargnede l'émission des bons
du Trésor. Le ministre des finances entend fa-
vorablement cette proposition.
Pensions peu justifiées
Pour la troisième fois en trois ans, M. Coûtant
s'en prend à la dette viagère, qui constitue des
pensions et à des officiers chouans à qui la
restauration devait de la gratitude, et à des
généraux du 1er empire, et à des généraux du
second — de ceux qui accomplirent leurs plus
brillants exploits lors de l'attentat de décembre.
Ces pensions sont héréditaires; les servira t-on
à perpétuité? Sans engager l'avenir, M. CC J
tant voudrait qu'on nommât une commission
chargée d'examiner la situation de fortune des
pensionnés.
M. Caillaux répond que l'origine de cer!ai-
nes de ces pensions est peut-être regrettable,
mais qu'on ne peut faillir à un engagement
d'Etat.
Par 324 voix contre 204, la motion de M.
Coutant est repoussée.
— A l'année prochaine ! cria M. Coûtant qui
ne doute pas de sa rééiection.
Les douaniers
Il est enfin question de la situation si inlé-
ressante des douaniers, ces excellents et de
voués serviteurs de l'Etat dont nous avons
maintes fois entretenu nos lecteurs. M. Brin-
deau se plaint du retard apporté à la liquida-
tion de leurs pensions de retraite.
M. Carnaud attire l'attention du minislrs
sur les agents sédentaires, Henri Brisson na
manque pas d'appuyer cos observations.
Puis, MM. Defontaine, Fernand David, ds
l'Estourboillon, réclament l'élévation des cré-
dits affectés aux retraites des douaniers.
M. Caillaux répond :
Peu à peu, les pensions sont étendues. Cette an-
née, j'ai pensé qu'il y avait lieu d'améliorer la si-
tuation dos agents des contributions indirectes. Il
faut procéder par étapes. Los agents sédentaires
des douanes auront sans doute satisfaction dans le
prochain budget.
Quant aux pensions des douaniers, elles sont ré-
glées par la loi de 1853. On no pourrait y ap-
porter de modifications que par voie législa-
tive.
Plus de 900.000 francs ont été affectés l'année
dernière au service des pensions. Si cela est néces-
saire je demanderai au Parlement des orédits sup-
plémentaires. (Très bien !)
Bref, il ressort do ce débat que personne no
conteste la légitimité des revendications des
douaniers. Il faudra donc, à l'avenir, faire plus
en leur faveur qu'on n'a pu faire jusqu'à pré-
sent.
Les théologiens
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