Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-20
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 février 1902 20 février 1902
Description : 1902/02/20 (N11668). 1902/02/20 (N11668).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549319n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINO CENTIMES le Numéro:
PARIS & DEPARTEMENTS
Le Numéro, CINQ CENTIMES
-
ffMDiTEURAUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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S^aiteTrççnts.. 2— 6— 14— 20 —
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R EN CHEF : CHARLES BOS
3Q INNONCES
AGRANGE, CERF & C1*
- 6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAL
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure dit matin
N° 1X668. — Jeudi 20 Février 1902
1" VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Ilonhnurtre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
NOS LEADERS
SOLUTION
Le Sénat, dans sa séance de jeudi, a
décidé d'aborder la discussion du rap-
port Rolland sur le service de deux ans,
la semaine prochaine.
Nous devons nous féliciter de cette
- heureuse décision car, même si le ré-
sultat était négatif, la répercussion
qu'elle en aura sera considérable ; et
ce n'est pas peu de chose, à la veille
des élections. Ce sera une nouvelle
preuve de travail donnée par le parti
républicain au pays.
Le rapport de l'honorable sénateur
da Tarn-et-Garonne est considérable,
non seulement par son étendue — il
compte plus de 450 pages — mais en-
core par les documents qu'il renferme
al les remarques fort judicieuses qui y
sont exposées.
Il est hors de doute que notre orga-
nisme militaire doit être modifié et que
des mesures radicales s'imposent. La
loi de 1889 sur le recrutement, loi bâ-
tarde, faite pour concilier des opinions
divergentes sur le service à long terme
et celui à courte durée, contraire aux
principes d'égalité, transaction impar-
faite et mauvaise entre la nation armée
et les armées permanentes, encourt par
là même des reproches si sérieux que
sa modification n'est plus aujourd'hui
qu'une question de jours.
Ainsi que l'écrit excellemment le ca-
pitaine Bessemy, qui n'est suspect d'au-
eune partialité « c'est elle (la loi de
1889) qui dépeuple nos campagnes ;
c'est elle surtout qui fait regorger les
collèges et les universités de postulants
innombrables, acharnés à des études
géoéralement sans lendemain et tous
candidats au bien heureux mandarinat
qui les exonérera de deux ans de caser-
ne.» Ces paroles sont tout à fait exactes
et nous sommes heureux de constater
qu'un homme du métier en fasse, com-
me nous, la remarque. L'expérience que
nous avons faite de cette loi a, en effet,
démontré dans notre organisation mili-
taire actuelle deux vices capitaux qui
seraient,à eux seuls, de nature à compro-
mettre dangereusement sa solidité.
1° Le grand nombre des dispensés de
deux années de service militaire s'aug-
mentant sans cesse, ainsi que le dé-
montrent les statistiques, et rompant
l'homogénéité nécessaire aux corps de
troupes pour mener à bien leur ins-
truction ;
20 Le grand nombre d'hommes en-
core qui, accomplissant légalement
trois années de service, échappent,
pendant les deux dernières années, aux
exercices militaires et ne sont guère
instruits que pendant dix mois.
Il importe donc d'apporter sans re-
tard un remède à pareille situation.
Mais il est nécessaire que le service
de deux ans, succédant au service de
trois ans, n'apparaisse pas comme une
concession donnée, purement et simple-
ment à l'opinion publique, mais comme
une réforme urgente, nécessaire non
seulement au point de vue budgétaire,
mais encore au point de vue de la dé-
fense nationale.
Pour arriver à ce but, la commission
sénatoriale de l'armée propose : la sup-
pression des dispenses; le service de
deux ans imposé aux ajournés reconnus
a bons » pour le service ; l'incorpora-
tion du contingent au 5 octobre au lieu
du 15 novembre ; la limitation des per-
missions aux cas prévus par la loi;
l'augmentation des sous-officiers renga-
gés ; et le rengagement d'un certain
nombre de caporaux et soldats. Nous
jommes partisans d'une grande partie
de ces mesures, que nous avons pré-
conisées ici-même, mais certaines nous
semblent sujettes à caution. Par exem-
ple, pourquoi appeler sous les drapeaux
la classe au mois d'octobre au lieu de
novembre ?
Ne serait-il pas préférable, dans l'in-
térêt du service comme dans celui du
soldat, de la convoquer en avril. Tous
y gagneraient. Ces jours sont beaux et
plus longs, et la « culture intensive »
qu'on sera obligé de faire pourra s'ef-
fectuer dans de meilleures conditions.
Mais ce sont là des points de détail, que
la discussion fera apparaître.
Nous devons ajouter que la loi de
1889 est absolument antidémocratique,
car l'inégalité dans la durée du service
se double d'une inégalité plus choquante
et plus inacceptable: l'inégalité des «ris-
ques de guerre )) r
Dès qu'une expédition lointaine a lieu
et prend un certain caractère de gra-
vité, les ressources de l'armée colo-
niale deviennent insuffisantes pour
constituer les effectifs nécessaires, c'est
l'armée de terre qui fournit l'appoint
indispensable ; or, il est de règle abso-
lue que les hommes d'un an ne mar-
chent pas. Nous n'avons pas à insister
davantage sur ce point.«Une armée na-
tionale puise sa force et élève son ni-
veau moral dans le haut sentiment du
devoir civique rempli par tous et dans
l'obligation pour chacun d'être soumis
durant un temps égal aux mêmes exi-
gences, aux mêmes dangers et aux mê-
mes sacrifices. » Nul en France n'ose-
rait protester contre la mise en œuvre,
qui s'impose désormais, d'un principe
essentiellement juste et l'exemple mer-
veilleux que nous donne au sud de l'A-
frique, un petit peuple valeureux et
fier, tout entier en armes pour la défen-
se de sa liberté, ne saurait trouver par-
mi nous que sympathie et admiration.
L'adoption du rapport Rolland sera
un nouveau succès pour les idées de jus-
tice dont la démocratie française est
tout entière animée.
A. Gervais
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
BALLON CREVÉ
M. de Tréveneuc a déposé
hier au Sénat une proposition
de loi sur le service d'un an.
Si la proposition devait avoir
pour résultat de n'infliger qu'un
an de caserne à tous les jeunes
Français, les républicains n'at-
tendraient pas le signal des membres des
droites pour la réclamer. La réalité est que
les projets présentés sur le service d'un an
ne sont que le rétablissement, sous une
nouvelle forme, des anciennes armées de
sept ans et quatorze ans de service, puis-
qu'ils ne pourraient fonctionner qu'à la
condition de constituer un noyau de soldats
rengagés indéfiniment, ce qui est propre-
ment le régime des armées prétoriennes.
On arriverait, de la sorte, à reconstituer
les armées à vieux soldats, armées qui sont
plus dangereuses pour les libertés publi-
ques que pour l'ennemi du dehors.
Mais les droites, par cette surenchère du
soi-disant service d'un an, ont surtout pour
but de faire échec au service de deux ans
dont le Sénat va pouvoir s'occuper active-
ment, lorsque le budget sera voté. Le Sé-
nat,dont les membres ont une vieille habi-
tude des procédés parlementaires, ne sera
nullement troublé par le contre-projet de
M. de Tréveneuc. non plus que par tous
les contre-projets plus ou moins bizarres
que les cerveaux réactionnaires pourront
enfanter pour retarder le vote de la réforme
militaire. Le Sénat se mettra à l'étude de
la loi de deux ans, et il la votera.
Et la Chambre fera de même, car, ainsi
que le disait si bien l'autre jour Henri Bris-
son : quand l'assemblée qui siège au
Luxembourg donne un exemple républi-
cain, le mieux est de le suivre. — Ch. B.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LES TREIZE JOURS
M. Guillemet vient do déposer au chapitre
37 du budget de la guerre, un amendement
indicatif qui a pour but d'inviter le gouverne-
ment à dispenser de leurs treize jours les terri-
toriaux pères de 4 enfants vivants,
«en
LA LOI FALLOUX
La commission sénatoriale chargée d'exami-
ner la proposition de M. Béraud, portant abro-
gation de la loi Falloux, se réunira mardi pro-
chain.
On sait que cette commission comprend 12
membres favorables contre 6 hostiles.
LA CONTRIBUTION PERSONNELLE
Les deux commissions élues par les députés
des départements dégrevés et grevés par l'a-
mendement Le Moigne se sont réunies hier.
Etaient présents : MM. Sarrien, Léon Bour-
geois, Cochery, Poincaré, Renault-Morlière,
Decker-David, Ciémentel, Massabuau, Lachaud
et Boucloi.
Ils ont décidé d'un commun accord de s'en-
tretenir avec le ministre des finances et da lui
demander son avis sur diverses mesures desti-
nées à alléger les surcharges imposées à cer-
tains contribuables sans rien modifier en ce qui
concerne les dégrèvements résultant de l'amen-
dement Le Moigne.
1 ■
LA TAXE SUR LES PROPRIÉTÉS A PARIS
La commission parlementaire des octrois a
terminé l'examen du projet de loi autorisant,
conformément à un vote du conseil municipal,
la Ville de Paris à percevoir une taxe sur les
valeurs en capital des propriétés bâties et non
bâties et rapportant l'autorisation de percevoir
diverses autres taxes de remplacement.
La commission a adopté le projet de résolu-
tion suivant ;
La Chambre invite le gouvernément à renvoyer
au conseil municipal de Paris, pour étude complé-
mentaire, le projet de loi.
-
UNE LOTERIE NATIONALE
Pour les instituteurs. — Une proposi-
tion de résolution
Les sociétés de secours mutuels d'institu-
teurs et institutrices se sont réunies l'an der-
nier en congrès, à la Sorbonne, avec l'autori-
sation du ministre de l'instruction publique,
pour aviser aux moyens d'établir un sanato-
rium et des dispensaires destinés à recevoir
les instituteurs et institutrices atteints de tu-
berculose. Les associations amicales d'institu-
teurs étaient également représentées à ce con-
grès.
Il y fut décidé la formation d'une- réunion
nationale das sociétés da secours mutuels et
des associations amicales d'instituteurs et
d'institutrices dans les conditions prévues par
la loi sur les sociétés de secours mutuels.
Les statuts de cette union ont été approuvés
par un arrêté du ministre de l'intérieur en
date du 15 janvier 1902, qui a donné à la So-
ciété l'existence légale.
Lacommission exécutive de l'union, préoc-
cupée de se procurer les sommes nécessaires à
la construction et à l'aménagement d'un sana-
torium, a résolu d'avoir recours :
1° A une souscription ouverte dans toute la
France, avec le concours de tous les institu-
teurs et institutrices de France et avec l'auto-
risation du ministre;
2° A une loterie au capital de un million,
avec billets au prix de 0 fr. 30 et comportant
des lots en espèces jusqu'à concurrence de
125,000 francs au maximum.
Sur la proposition de MM. Ribot, Bourgeois,
Aynard, Brisson, Maurice Faure, Mesureur,
Poincaré, Carnaud, Beauregard et Perreau, la
Chambre vient d'être saisie d'un projet de ré-
solution favorable à l'organisation de cette
loterie nationale, dont le produit sera consa-
cré à la construction et à l'entretien d'un
sanatorium et de dispensaires pour lei insli-
tuteurs.
LETTRE DE PORTUGAL
Un axiome annuel. — Le grand monde
s'abstient. — Bourgeois et femmes
galantes. — De Madrid à Lisbonne.
Le « chêché » et la « vieille au
manteau ». — Joseph Lemenu-
peuple. — Chez les étudiants.
— Critique carnavalesque.
(De notre correspondant spécial au Portugal)
Lisbonne, 15 février.
Depuis longtemps on a ici l'habitnde de
dire que le carnaval tend à disparaître, qu'il
devrait même déjà avoir disparu et qu'il est
incompatible avec la civilisation moderne.
C'est un axiome affirmé chaque année le mer-
credi des cendres, par tous ceux qui ont passé
à s'amuser les trois jours du carnaval. En ef-
fet, cette fête ne voulant point disparaître,
tombe cependant en décadence.
Autrefois, les bals de la noblesse étaient re-
marquables par la richesse et le bon goût ; quel-
ques nobles millionnaires se sont ruinés par le
luxe do leurs fêtes somptueuses.
Maintenant, le grand monde s'abstient. La
bourgeoisie se rend aux bals des clubs et des
théâtres. Le peuple s'amuse dans les rues et
c'est peut-être le seul qui s'amuse.
Bals et divertissements
Les bals dans les théâtres sont le grand amu-
sement de la petite bourgeoisie et des femmes
galantes. Ces bals démontrent que si les bour-
geois n'ont point un grand attachement pour
les Espagnols, par compensation, ils adorent
les Espagnoles. Une grande part de celles qui
font les délices de ces bals sont de gracieuses
brunes, qui ont abandonné les fabriques de
Séville ou les marchés de Madrid et sont ve-
nues à Lisbonne, afin de toucher les cœurs
portugais, qui ne sont pas difficiles à conqué-
rir. Il est curieux de voir les commis costumés
en toreros et valsant à l'espagnole.
Les divertissements des gens du peuple sont
sans doute le seul aspect intéressant du car-
naval de Lisbonne.
Les deux types les plus vulgaires des rues
sont le chéché et la vieille au manteau, où
sont ridiculisés les anciens costumes.
Le chéché est un vieux gentilhomme du
XVIIIe siècle ; la vieille au manteau, c'est
aussi un ancien costume portugais qui, d'après
le mot de la duchesse d'Abrantès, dans ses
Mémoires, rendait belles celles qui no l'étaient
point.
Acrobates et bouffons
Outre les régiments fantasques et les troupes
d'acrobates et d'anciennes danses, on voit dans
les rues et sur les places des troupes jouant
des petites farces en vers avec accompagnement
de musique. Ces farces sont en général un mé-
lange de verve bouffonne et de drôlerie pitto-
resque et poétique. Les personnages les plus
communs sont l'agent de police, le petit ma-
gistrat, le notaire, le propriétaire,le boulanger,
le cordonnier, etc. Ainsi le peuple se moque de
ceux dont il dépend le plus directement.
Un personnage allégorique
Unedes figuresprincipales.et la plus originale
de ces farces des rues, est celle du Zé Povinho
qu'on peut traduire par Joseph Lcmenupeuple.
Ce type créé par le grand caricaturiste Bordal-
lo Pinheiro, c'est le personnage commun de
toutes les revues dans les théâtres, des jour-
naux de caricatures et des farces dans les rues
pendant le carnaval. Joseph Lemenupeuple
c'est le peuple portugais. C'est un paysan naïf,
laborieux, honnête et plein de bonté.
Gai par tempérament et sans instruction, il
aime beaucoup à danser et à chanter. Il aime
aussi le bon vin rouge, mais il n'est pas que-
relleur quand ilest ivre. Joseph Lemenupeuple
est naturellement républicain ou socialiste,
mais dans les élections il donne toujours son
vote au gouvernement parce que. « son com-
père l'en a prié, son compère est un homme
très honnête, un véritable ami qui ne peut rien
lui refuser a. Joseph Lemenupeuple parle beau-
coup de liberté sans bien savoir encore ce que
mot signifie. Franc et ingénu,ce brave homme
se laisse facilement duper par quelque fripon
qui, au lieu d'or,lui vend une chaîne do laiton.
Quelquefois il porte sur le dos le bât des
impôts. Il ne porte pas sa jaquette puisqu'il
l'a engagée afin de conserver ses biens. Il est
très patient, irès indulgent, il supporte toutes
les contrariétés et toutes les vexations, mais
quand on touche à sa dignité, il se transforme.
Sa stature de rustaud grandit, altière : il n'est
plus Joseph Lemenupeuple : il s'appelle sim-
plement Le Peuple ; et comme il est fort et
vigoureux, il prend un gros bâton et.,. ce
simple geste suffit pour mettre en fuite tous
ceux qui se sont moqués de lui.
C'est ainsi que les gens du peuple interprè-
tent dans les farces cette figure qui symbolise
le peuple lui-même.
Carnaval des étudiants
La fête annuelle des étudiants de l'Ecole de
médecine a eu un plein succès. Les étudiants
ont fêté le carnaval en organisant un cortège
allégorique, une exposition drolatique et un
concert fantasque. Le cortège, qui a été une
critique des événements importants de l'année,
était composé de groupes d'étudiants déguisés
en différents costumes et juchés sur des chars
symboliques. Ce fut une divertissante revue
des événements politiques, des procédés de la
médecine ancienne et moderne, des dernières
réformes des écoles et académies, des faits
mondains, etc. Enfin tous les événements im-
portants de l'année ont subi la spirituelle mo-
querie de cette joyeuse et intelligente jeunesse.
Les étudiants de Lisbonne ont reçu la visite
de la Funa de Valladolid, c'est-à-dire les étu-
diants qui forment l'orchestre de cette univer-
sité espagnole et qui sont venus à Lisbonne
passer les trois jours de carnaval. — Matloso
da Fonseca.
Tolstoï
Yalla, 18 février.
Une légère amélioration se manifeste dans
l'état du comte Tolstoï.
La température était, hier, de 36*8; le pouls
marquait 82 pulsations.
L'état général est très bon. Le moral du ma-
lade est excellent.
ACADÉMIE DE MEDECINE
L'allaitement artificiel et la materni-
sation du lait
Sous le nom de maternisation de l'allaite-
ment artificiel, M. le docteur Cayla, de Bor-
deaux, a fait hier à l'Académie de médecine
une fort intéressante communication consacrée
à la description d'une méthode ayant pour
objet de donner au lait de vache les qualités de
composition et d'asepsie du lait de femme.
C? dernier, comme l'on sait, surtout aussi-
tôt après l'accouchement, est pauvre en prin-
cipes alimentaires, ceux-ci augmentant avec le
temps, au fur ot à mesure du développement
du nourrisson. M. Ceyla, peur obtenir avec le
lait de vache un lait présentant des qualités
nutritives analogues à celles du lait de femme,
pratique une série de coupages réglés de telle
sorte que tous les trois jours le taux des élé-
ments nutritifs renfermés dans le lait de vache
soit élevé progressivement, au contraire du
système ancien où l'on ne modifiait la compo-
sition des coupages jiu'uûe fois par mois seu-
lemeotr
De la sorte, on évite les accroissements brus-
ques et considérables du taux des dits éléments
nutritifs, et consécutivement l'on évite ces
poussées de gastro-entérite qui compromeltent
si oommunément l'allaitement artificiel.
Enfin, recommande encore M. Cayla, pour
obtenir les meilleurs effets d«^ cette pratique,
il convient de stériliser le lait et la tétine du
biberon, de façon à supprimer les agents
pathogènes qui pourraient s'y rencontrer.
Après cette communication, l'Académie a
consacré le reste de sa séance à la discussion
ouverte dans sa précédente réunion sur la
question da la chloroformisation chez les car-
diaques.
En cours de séance, le président a annoncé
la mort de M. Barella, membre correspondant
étranger de l'Académie de médecine. -G. V.
LE ROI DAVID, PLAGIAIRE
(De notre correspondant particulier),
Londres. 18 février.
Un lettré anglais vient de découvrir que le
roi David était un plagiaire : le véritable auteur
des Psaumes,qu'on attribue faussement au roi
juif, ne serait autre que. Shakespeare. Et no-
tre érudit le prouve par a + b. Il a pris le
psaume 46 (en texte anglais, bien entendu) il a
compté les 46 premiers mots et il est ainsi ar-
rivé au mot : shake (secouer). En comptant
encore 46 mots — les exclamations « Selah »
n'y sont pas comprises, — on arrive au terme
spear (la lance.) Les deux mots joints font
Shakespeare, nom du grand poète, qui voulait
signer son œuvre en cryptographie.
Comme preuve scientifique, cela ne laisse
rien à désirer.
Reste à savoir comment le prétendu ancêtre
de Jésus Christ a pu se procurer les ouvrages
do l'auteur de Romeo pour y copier quelques
psaumes. Le savant ne l'explique pas.
— ♦
STATISTIQUE D'INJURES PARLEMENTAIRES
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 18 février.
Un statisticien, qui évidemment a desloisirs,
vient d'étudier le compte rendu officiel de la
dernière séance du Reichstag dans laquelle ls
parti antisémite a provoqué des incidents très
vifs. Il a compté avec une impartialité remar-
quable les termes d'inj ures lancés de part et
d'autre.
Il a constaté qu'il y en avait environ sept
cents. Ce chiffre e?t plutôt au-dessous de la
réalité, car beaucoup d'expressions n'ont pas
paru au compte rendu officiel. Le statisticien cite
aussi une collection des mots les plus vifs
échangés.
En voici quelques échantillons :
Gredin, scélérat, escroc, malandrin, menteur,
drôle, misérable, ivrogne, pouilleux, mouchard,
crétin, gourde, calomniateur, voleur, racaille, fri-
pon, morveux, etc., etc.
ESSORS OR SANATORIUM SE HtâBSS
(De notre correspondant particulier)
Zurich, 18 février.
Un brasseur d'affaires berlinois, grand adepte
de la guérison par la prière, a fondé il y a
quelque temps un sanatorium à Maennerdorf,
sur le lac de Zurich. Il y a là place pour 70
pensionnaires. Los places sont toutes occupées,
mais exclusivement par des Allemands. A la
table d'hôte il y a 120 convives.
L'entrepreneur fait des affaires d'or. Heureu-
sement cette épidémie morale n'a pas passé la
frontière. Toutefois les autorités suisses vont
s'occuper de la question de savoir si elles doi-
vent tolérer un établissement fondé sur l'ex-
ploitation d'une aberration mentale. -
LE PRÉSIDENT KRUGER ET LES ÉTATS-UNIS
(De notre correspondant particulier)
Bruxelles, 18 février.
A la légation du Transvaal on affirme que
le docteur Muller, qui vient de partir pour les
Etats-Unis, est porteur d'une lettre de M.Kru-
ger au président Roosevelt.
On croit en général qu'en raison des révéla-
tions de la diplomatie allemande sur l'attitude
de l'Angleterre dans le conflit hispano-améri-
cain, les Etats-Unis seront plus disposés à en-
treprendre une action en faveur des deux Ré-
publiques sud-africaines.
LE TRIBUT ITALIEN A ftlENELICK
(De notre, correspondant particulier)
Rome, 18 février.
11 y a quelque temps, le bruit a couru qu'un
navire italien était arrivé à Djibouti apportant
à Ménélik un million d'écus.
Cette nouvelle a été démentie; elle était pour-
tant exacte au moins en partie.
Le navire en question avait à bord pour le
négus 300,000 écus.ce qui équivaut environ à
un million de francs.
L'Italie s'était engagée à payer à l'Abyssinie
la somme de 10 millions en annuités d'un mil-
lion, pour obtenir la démarcation des frontières
à l'amiable.
Cet engagement a été tenu secret même aux
coloniaux.
Un hasard vient de divulguer la chose.
». ♦
LE VOYAGE DU PRINCE HENRI DE PRUSSE
New-York, 18 février.
L'empereur d'Allemagne et le prince Henri
de Prusse ont été nommés membres de l'At-
lantic-Yacht-Club.
—* »
DÉFAITE RÉACTIONNAIRE
(De notre correspondant particulier)
Narbonne, 18 février.
Aux élections municipales de dimanche,
l'union des républicains et des socialistes a
triomphé encore une fois de la coalition op-
portuno-réaclionnaire, malgré les pressions et
les menaces de la « bande noire ». Celle-ci est
célèbre dans l'Aude par les fantaisies qu'elle
nlpu se permettre sous l'approbation de M.
Turrel, ministre du cabinet Méline^
La liste patronnée par M. le docteur Ferroul,
député socialiste et maire de Narbonne, a été
élue avec 430 voix de majorité.
Ce magnifique succès a provoqué en ville un
vif enthousiasme. — XXX.
UN ASILE SUSPENDU DANS LE VIDE
Au n* 7 de la rue du Château, aux Lilas,
près d'une carrière à sable, est située une
construction servant d'asile de vieillards, fondé
et entretenu par Mme Boucher. Hier, vers 2
heures, comme les carriers venaient de re-
prendre leur travail, un immense bloc de ter-
res s'est éboulé au fond de la carrière, lais-
sant l'aile gauche de l'asile suspendue dans le
vide, au-dessus d'une sorte de gouffre.
L'asile fut aussitôt évacué par les 15 pension-
naires, et M. Delpech, commissaire de police,
donna des ordres pour l'étayement immédiat
des constructions.
Un peu plus tard, M. Lépine s'est rendu aux
Lilas et a fait installer les vieillards dans des
Lwaison du voisinage.
A LA CHAMBRE
Le budget de l'instruction publique.
— Le budget de la guerre et le
budget des finances. — La droite
contre la Ligua. çle l'enseigne-
ment. — Un succès républicain
Une bonne journée de travail. Pour com-
mencer, le malin, on a voté 75 chapitres du
budget de l'instruction publique, sur 84. M.
Deschanel présidait à ce fougueux défilé.
M. Perreau obtient qu'on développe l'ensei-
gnement des sciences économiques dans les
facultés de droit.
M. de Benoist, en revanche, ne peut faire
supprimer les crédits des facultés protestantes
de Paris et de Montauban.
Sur la proposition de M. Fouquet, une sub-
vention de 2.000 fr. est allouée au laboratoire
d'entomologie du Muséum ; en même temps,
M. Leygues fait rétablir les 9.000 fr. du musée
Guimet.
M. Dasque dépose, puis retire un projet de
résolution tendant à supprimer le « pourcen-
tage ». M. Leygues a expliqué qu'un projet de
règlement ayant le même but est à l'élude.
M. Caillaux l'examine, car il y a une question
financière à résoudre.
M. Cazals, de même façon, dépose et relire
un projet de résolution comportant une aug-
mentation de traitement pour les instituteurs
attachés aux lycées de garçons avant le décret
de 1892. M. Leygues s'occupe du cas de ces
instituteurs,
M. Carnaud veut faire supprimer la motion
Berthelot qui interdit à l'initiative parlemen-
taire les relèvements de crédits. La proposition,
comme non réglementaire, doit être retirée.
L'abbé Lemire tente de supprimer le certifi-
cat d'études; il entend que les instituteurs
chantent à l'église le dimanche ; il soubaite
qu'on propage les « idiomes locaux H. L'abbé
Lemire ne doute de rien ; et il s'étonne que le
ministre oppose, non sans sourire, une fin de
non recevoir à ses prétentions un peu singu-
lières.
Le soir, M. Mesureur ayant succédé à M.
Deschanel, plusieurs députés réclament une
meilleure répartition ds instituteurs dans les
écoles de leurs départements.
M. Cornudet attire l'attention du ministre de
l'instruction publique sur la nécessité de met-
tre en congé avec traitement les instituteurs
atteints de tuberculose—et cela dès le début de
la maladie.
M. Emile Dubois demande à M. Leygues de
favoriser le développement des caisses des éco-
les. M. Leygues abonde dans ce sens.
M. Empereur offre une augmentation de
112.000 francs pour les cours d'adultes et les
bibliothèques populaires. L'amendement est re-
poussé, à cause de difficultés financières, par
la commission, par le gouvernement et ne ré-
unit que 187 voix contre 330.
Tentative réactionnaire
M. Suchelet proteste vivement contre la sub-
vention accordée à la Ligue de l'Enseignement.
M. Sachetet. — La commission nous pro-
pose d'attribuer une somme de S.-'XX) fr. à la Ligue
frauçaise de l'enseignement. Comme cette subven-
tion constituerait un précédent, je ne voterai pas
cette allocation. La Ligue do l'enseignement est
une œuvre de parti. (Exclamations à gauche et à
l'extrême gauche.)
Elle a été fondée par Jean Macé et elle a cons-
tamment combattu avec violence l'enseignement
libre et religieux. (applaudissements sur les mê-
mes bancs) et lutté pour la propagation de l'en-
seignement laïque et obligatoire. (Nouveaux et vifs
applaudissements sur un grand nombre de bancs
à gauche.)
Et quand je parle de l'enseignement laïque et
obligatoire, je ne veux pas parler que de l'ensei-
gnement primaire, de celui qui est donné aux en-
fants du peuple ; car, par une contradiction sin-
gulière, dans les lycées et collèges on donne l'en-
seignement religieux aux enfants que leurs fa-
milles y envoient.
Toutes les raisons données par M. Suchetet
pour expliquer sa haine de la Ligue de l'ensei-
gnement étaient do nature à convaincre les
républicains de la nécessité de soutenir cette
œuvre démocratique. C'est ce qu'ont exposé
M. Leygues et M. Maurice Faure.
M. le ministre.—Le gouvernement demande
à la Chambre de voler le crédit proposé par la
commission et combattu par M. Suchetet.
Le gouvernement considère que la Ligue do l'en-
seignement rend les plus grauds services à la cause
de l'instruction publique. La Ligue est, il est vrai,
laïque et républicaine. C'est une raison de plus
pour que le gouvernement vous demande de voter
le crédit. (Applaudissements à gauche ét à l'ex-
trême gauche.)
M. le rapporteur. — La Ligue a rendu de
trop grands services à la cause de l'enseignement
pour qu'elle ait besoin d'être défendue contre les
attaques violentes et passionnées de M. Suchetet.
C'est justement parce qu'elle est l'objet des atta-
ques des adversaires avoués ou dissimulés de l'en-
seignement laïque et de la démocratie qu'elle doit
être défendue par la sympathie agissante de la ma-
jorité républicaine. (Vifs applaudissements sur les
mêmes bancs.)
L'amendement de M. Suchetot est mis aux voix
et, à la majorité de 416 voix contre 36 sur 482 vo-
tants, n'est pas adopté. (Nouveaux applaudisse-
ments à gauche et à l'extrême gauche et sur divers
bancs au centre.)
M. Isambert. — C'est la réponse aux atta-
ques de M. Aynard contre le président de la Ligue
de l'enseignement. (Très bien! très bien !)
M. Aynard a répondu qu'il avait voté contre
l'amendement.
Avant qu'on abordât le budget de la guerre,
M. Caillaux a déposé deux projets de loi, le
premier tendant à l'ouverture de crédits pro-
visoires pour le mois de mars, le second con-
cernant la réforme des trésoriers-payeurs gé-
néraux.
Le budget des finances
M. Sembat, le rapporteur du budget des
postes, étant indisposé, c'est en effet le budget
de la guerre que l'on a voulu étudier. Mais,
ici, autre difficulté : des orateurs étaient ab-
sents. On a voté, et la Chambre, après avoir
repoussé le renvoi, s'est déterminée à entamer
le budget des finances.
M. Vaillant a engagé le ministre à hâter le
déclassement des fortifications ellasuppression
des octrois de Paris. M. Caillaux a demandé
quelques brefs délais.
L'annuité de la Compagnie d'Orléans
M. Bourrat a développé avec éloquence un
amendement portant suppression du chapitre 9,
c'est-à-dire do l'annuité de 2.348.000 francs à
la Compagnie d'Orléans pour les lignes échan-
gées entre elle et l'Etat.
D'après l'article 5 des conventions, le produit net
des lignes cédées par l'Orléans à J'Etat devait être
déterminé par lo résultat du produit net do 1882 ;
les lignes cédées par l'Etat à l'Orléans devaient être
tenues en observation, après achèvement d'un
tronçon, do 1887 à 1891.
Examinons maintenant comment le oomptage a
été fait.
Ce comptage a commencé en 1887. Lorsque le
moment du règlement des comptes arriva, le mi-
nistre d'alors, M. Guyot-Dessaigne, nomma une
commission chargée d'examiner le montant des
sommes qu'il y avait à rembourser à la compagnie
d'Orléans, si toutefois il y avait à rembourser.
C'est M. Plichon qui fut nommé rapporteur de
cette commission. Dans son rapport, M. Plichon fit
observer que les détournements do trafic étaient
très fréquents.
Le rapporteur ajoute que sur treize détournements
constatés six étaient justifiés, six avaient apporté
une économie dans l'exploitation et un seul était
injustifié.
Comment n'a-t-on constaté que treize détourne-
ments? C'est que la Compagnie avait fait brûler
toutes les pièces remontant à plus de deux ans. Les
dossiers avaient ainsi disparu et la Compagnie a
tort d'arguer qu'on n'a pu constater que treize dé-
tournements.
M. Plichon a combattu l'amendement.
M. Baudin a constaté que l'échange des li-
gnes entre l'Etal et l'Orléans a été une mau-
vaise affaire pour le Trésor. Il y a une carte à
payer — et le mieux encore est de la solder.
Les divers rapporteurs des commissions peuvent
témoigner que jamais une affaire n'a été étudiée
avec plus de soin. La Chambre peut se rendre
compte que toutes les garanties ont été réunies :
que nulle solution ne pouvait être adoptée, autre
que colle que M. le ministre des finances et moi
avons choisie.
J'en accepte la responsabilité, j'appelle le con-
trôle du Parlement et je ne redoute rien de la dis-
cussion qui s'ouvre devant lui. (Très bien ! très
bien J.
La discussion continuera aujourd'hui.
Hugues Destrem.
AU SÉNAT if 'è"-'
Le contrôle de la marine
Allons, bon ! Voici M. de Cuverville qui re-
vient développer son contre-projet au texte ré-
glant le contrôle do la marine. Et M. Cabart-
Danneville arrive à la rescousse. Tout de même
l'article 1 du contre-projet est repoussé par
192 voix contro 68.
On se croit débarrassé de l'amiral pour un
bout de temps. C'est une illusion. Il accourt,
plein d'une nouvelle ardeur, pour défendre un
amendement à l'article 1 de la commission.
C'est qu'il veut réserver la question de l'indé-
pendance du corps de contrôle.
M. de Lanessan donne des déta ils techniques
qui font repousser l'amendement et adopter
les deux premiers articles du projet de la com-
mission.
Encore M. de Cuverville I Sur l'article 3,
il se donne le luxe de déposer et de développer
un amendement qui est rejeté par 186 voix
contre 33.
Vite, on adopte les articles 3 et 4.
Cela donne le temps de souffler à l'amiral.
Puis , il se hâle d'essayer d'introduire
dans la loi un article 4 bis enjoignant au con-
trôle local de procéder à toutes les enquêtes
ordonnées par lo préfet maritime.
Le Sénat ne veut pas entendre parler de cet
article supplémentaire.
M. de Cuverville, fatigué, est remplacé par
l'amiral de la Jaille qui accepte on contrôleur
général de 1" classe, et non pas deux contrô-
leurs de ce grade. Par 142 voix contre 111, cet
amendement est repoussé.
Les amiraux consentent à ne plus intervenil
et l'ensemble du projet est adopté par 206 voix
contre 49. — H. D. -":l.
LE TRAVAIL DANS LES MINES
Le Sénat a nommé, hier, une commission
chargée d'examiner la proposition de loi re-
lative à la durée de la journée de travail.
Ont été élus : MM. Boudenoot, Léydet, Au-
coin,Duboiset Delpech,favorables,et MM. Wad»
dington, Cuvinot, Guérin et Milliès-Lacroix,
hostiles.
MISE EN LIBERTE DE MISS STONE
La missionnaire américaine, enlevée il y a près
de trois mois par les brigands sur territoire otto-
man, vient d'être remise contre rançon ainsi qu'il
résulte de la dépêche suivante d'un correspondant
du Temps :
du l'eiiips Constantinople (viâ Sofia).
18 février, 2 h. 40.
Le drogman de l'ambassade américaine a
payé aux brigands la rançon de miss Slone. sa
compatriote, qui lui a été remise en bonne
santé.
Le drogman est rentré à Constantinople
avant que miss Stone soit repartie pour la
Bulgarie.
Le pasteur Tsilka vient d'être arrêté. Il est
inculpé d'avoir pris part à l'enlèvement de miss
Stone.
EN ALGÉRIE
Duveyrier, 18 février.
Les réguliers marocains sont entrés ce matin
dans les ksours de Figuig, où l'oa procède 1
leur installation.
Il n'y a eu aucun incident.
Duveyrier, 18 février.
Les réguliers marocains ont été présenta
aux habitants de Figuig, comme devant
former la garde de l'Amel. Ils ont été bien aç.,
cueillis.
Les réguliers sont campés à Dar-el-Beida.
LE CENTENAIRE DE VICTOR HUGO
Chez les étudiants
Le centenaire de notre grand poète national
sera célébré par les étudiants.
On annonce, en effet, que dana une réunion
tenue récemment, l'Association générale des
étudiants a décidé d'organiser un grand festival
à la Sorbonne.
La date et le programme de cette solennité
seront incessapimentarrêtés.
A la mairie du 4'
La municipalité du 4e arrondissement, qui,
à l'occasion du centenaire de Victor Hugo,
adressait à ses administres l'appel si vibrant et
si républicain que nous avons reproduit, orga-
nise en l'honneur du poète, dans la Salle des
fêtes, une représentation populaire et gratuite -
qui sera uniquement composée d'oeuvres de
Victor Hugo.
La municipalité, aujourd'hui si énergique-
ment républicaine de cet arrondissement, dont
le gouvernement a balayé il y a un an les élé-
ments mâtinés de nationalismeet de mélinisme.
a voulu faire dire les pièces les plus énergiques
des Châtiments, de ce livre immortel comme
celui de Juvénal, qui fouette et marque au
front toute cette tourbe qui grouille autour
des faiseurs de coups d'Etat.
Cette représentation aura lieu le 23 février à
la mairie sous la présidence d'honneur de M.
Paul Meurice.
Une causerie sera faite par M. Rameau, de
l'Odéon, sur le poète dont plusieurs œuvres
seront dites avec le talent qui a fait au con-
férencier un si brillant succès.
Des artistes de l'Opéra-Comique, de l'Opéra,
du Conservatoire, de la Galté, de l'Ambigu;
Mlles B. Sylvain, A. Henry, A. Martin, Ed.
Millot, interpréteront ensuite des chansons du
poète des rues et des bois, qui pendant dix-huit
ans fut l'hôte illustre du quatrième arrondis-
sement.
A Montmartre
Quelques artistes et littérateurs, groupés
autour du journal le Tocsin, viennent de pren-
dre l'initiative d'une grande manifestation po.
pulaire à Montmartre, à l'occasion du cente-
naire de Victor Hugo.
Une conférence, suivie de récitation de
poèmes du maître, aura lieu le samedi 22 fé-
vrier, à la Ligue fraternelle. 13, rue Sainte-
Isaure, sous la présidence de Gustave Kahn.
Mme Séverine. MM. Chauvelon, Léopold La-
cour, Jacques Landau, etc., y prendront la pa-
role. Des artistes des théâtres 4e fiiria ÇftV
cromis leur gracieux coiioquk»1
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Le Numéro, CINQ CENTIMES
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et AUX BUREAUX du JOURNAL
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure dit matin
N° 1X668. — Jeudi 20 Février 1902
1" VENTOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Ilonhnurtre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
NOS LEADERS
SOLUTION
Le Sénat, dans sa séance de jeudi, a
décidé d'aborder la discussion du rap-
port Rolland sur le service de deux ans,
la semaine prochaine.
Nous devons nous féliciter de cette
- heureuse décision car, même si le ré-
sultat était négatif, la répercussion
qu'elle en aura sera considérable ; et
ce n'est pas peu de chose, à la veille
des élections. Ce sera une nouvelle
preuve de travail donnée par le parti
républicain au pays.
Le rapport de l'honorable sénateur
da Tarn-et-Garonne est considérable,
non seulement par son étendue — il
compte plus de 450 pages — mais en-
core par les documents qu'il renferme
al les remarques fort judicieuses qui y
sont exposées.
Il est hors de doute que notre orga-
nisme militaire doit être modifié et que
des mesures radicales s'imposent. La
loi de 1889 sur le recrutement, loi bâ-
tarde, faite pour concilier des opinions
divergentes sur le service à long terme
et celui à courte durée, contraire aux
principes d'égalité, transaction impar-
faite et mauvaise entre la nation armée
et les armées permanentes, encourt par
là même des reproches si sérieux que
sa modification n'est plus aujourd'hui
qu'une question de jours.
Ainsi que l'écrit excellemment le ca-
pitaine Bessemy, qui n'est suspect d'au-
eune partialité « c'est elle (la loi de
1889) qui dépeuple nos campagnes ;
c'est elle surtout qui fait regorger les
collèges et les universités de postulants
innombrables, acharnés à des études
géoéralement sans lendemain et tous
candidats au bien heureux mandarinat
qui les exonérera de deux ans de caser-
ne.» Ces paroles sont tout à fait exactes
et nous sommes heureux de constater
qu'un homme du métier en fasse, com-
me nous, la remarque. L'expérience que
nous avons faite de cette loi a, en effet,
démontré dans notre organisation mili-
taire actuelle deux vices capitaux qui
seraient,à eux seuls, de nature à compro-
mettre dangereusement sa solidité.
1° Le grand nombre des dispensés de
deux années de service militaire s'aug-
mentant sans cesse, ainsi que le dé-
montrent les statistiques, et rompant
l'homogénéité nécessaire aux corps de
troupes pour mener à bien leur ins-
truction ;
20 Le grand nombre d'hommes en-
core qui, accomplissant légalement
trois années de service, échappent,
pendant les deux dernières années, aux
exercices militaires et ne sont guère
instruits que pendant dix mois.
Il importe donc d'apporter sans re-
tard un remède à pareille situation.
Mais il est nécessaire que le service
de deux ans, succédant au service de
trois ans, n'apparaisse pas comme une
concession donnée, purement et simple-
ment à l'opinion publique, mais comme
une réforme urgente, nécessaire non
seulement au point de vue budgétaire,
mais encore au point de vue de la dé-
fense nationale.
Pour arriver à ce but, la commission
sénatoriale de l'armée propose : la sup-
pression des dispenses; le service de
deux ans imposé aux ajournés reconnus
a bons » pour le service ; l'incorpora-
tion du contingent au 5 octobre au lieu
du 15 novembre ; la limitation des per-
missions aux cas prévus par la loi;
l'augmentation des sous-officiers renga-
gés ; et le rengagement d'un certain
nombre de caporaux et soldats. Nous
jommes partisans d'une grande partie
de ces mesures, que nous avons pré-
conisées ici-même, mais certaines nous
semblent sujettes à caution. Par exem-
ple, pourquoi appeler sous les drapeaux
la classe au mois d'octobre au lieu de
novembre ?
Ne serait-il pas préférable, dans l'in-
térêt du service comme dans celui du
soldat, de la convoquer en avril. Tous
y gagneraient. Ces jours sont beaux et
plus longs, et la « culture intensive »
qu'on sera obligé de faire pourra s'ef-
fectuer dans de meilleures conditions.
Mais ce sont là des points de détail, que
la discussion fera apparaître.
Nous devons ajouter que la loi de
1889 est absolument antidémocratique,
car l'inégalité dans la durée du service
se double d'une inégalité plus choquante
et plus inacceptable: l'inégalité des «ris-
ques de guerre )) r
Dès qu'une expédition lointaine a lieu
et prend un certain caractère de gra-
vité, les ressources de l'armée colo-
niale deviennent insuffisantes pour
constituer les effectifs nécessaires, c'est
l'armée de terre qui fournit l'appoint
indispensable ; or, il est de règle abso-
lue que les hommes d'un an ne mar-
chent pas. Nous n'avons pas à insister
davantage sur ce point.«Une armée na-
tionale puise sa force et élève son ni-
veau moral dans le haut sentiment du
devoir civique rempli par tous et dans
l'obligation pour chacun d'être soumis
durant un temps égal aux mêmes exi-
gences, aux mêmes dangers et aux mê-
mes sacrifices. » Nul en France n'ose-
rait protester contre la mise en œuvre,
qui s'impose désormais, d'un principe
essentiellement juste et l'exemple mer-
veilleux que nous donne au sud de l'A-
frique, un petit peuple valeureux et
fier, tout entier en armes pour la défen-
se de sa liberté, ne saurait trouver par-
mi nous que sympathie et admiration.
L'adoption du rapport Rolland sera
un nouveau succès pour les idées de jus-
tice dont la démocratie française est
tout entière animée.
A. Gervais
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
BALLON CREVÉ
M. de Tréveneuc a déposé
hier au Sénat une proposition
de loi sur le service d'un an.
Si la proposition devait avoir
pour résultat de n'infliger qu'un
an de caserne à tous les jeunes
Français, les républicains n'at-
tendraient pas le signal des membres des
droites pour la réclamer. La réalité est que
les projets présentés sur le service d'un an
ne sont que le rétablissement, sous une
nouvelle forme, des anciennes armées de
sept ans et quatorze ans de service, puis-
qu'ils ne pourraient fonctionner qu'à la
condition de constituer un noyau de soldats
rengagés indéfiniment, ce qui est propre-
ment le régime des armées prétoriennes.
On arriverait, de la sorte, à reconstituer
les armées à vieux soldats, armées qui sont
plus dangereuses pour les libertés publi-
ques que pour l'ennemi du dehors.
Mais les droites, par cette surenchère du
soi-disant service d'un an, ont surtout pour
but de faire échec au service de deux ans
dont le Sénat va pouvoir s'occuper active-
ment, lorsque le budget sera voté. Le Sé-
nat,dont les membres ont une vieille habi-
tude des procédés parlementaires, ne sera
nullement troublé par le contre-projet de
M. de Tréveneuc. non plus que par tous
les contre-projets plus ou moins bizarres
que les cerveaux réactionnaires pourront
enfanter pour retarder le vote de la réforme
militaire. Le Sénat se mettra à l'étude de
la loi de deux ans, et il la votera.
Et la Chambre fera de même, car, ainsi
que le disait si bien l'autre jour Henri Bris-
son : quand l'assemblée qui siège au
Luxembourg donne un exemple républi-
cain, le mieux est de le suivre. — Ch. B.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LES TREIZE JOURS
M. Guillemet vient do déposer au chapitre
37 du budget de la guerre, un amendement
indicatif qui a pour but d'inviter le gouverne-
ment à dispenser de leurs treize jours les terri-
toriaux pères de 4 enfants vivants,
«en
LA LOI FALLOUX
La commission sénatoriale chargée d'exami-
ner la proposition de M. Béraud, portant abro-
gation de la loi Falloux, se réunira mardi pro-
chain.
On sait que cette commission comprend 12
membres favorables contre 6 hostiles.
LA CONTRIBUTION PERSONNELLE
Les deux commissions élues par les députés
des départements dégrevés et grevés par l'a-
mendement Le Moigne se sont réunies hier.
Etaient présents : MM. Sarrien, Léon Bour-
geois, Cochery, Poincaré, Renault-Morlière,
Decker-David, Ciémentel, Massabuau, Lachaud
et Boucloi.
Ils ont décidé d'un commun accord de s'en-
tretenir avec le ministre des finances et da lui
demander son avis sur diverses mesures desti-
nées à alléger les surcharges imposées à cer-
tains contribuables sans rien modifier en ce qui
concerne les dégrèvements résultant de l'amen-
dement Le Moigne.
1 ■
LA TAXE SUR LES PROPRIÉTÉS A PARIS
La commission parlementaire des octrois a
terminé l'examen du projet de loi autorisant,
conformément à un vote du conseil municipal,
la Ville de Paris à percevoir une taxe sur les
valeurs en capital des propriétés bâties et non
bâties et rapportant l'autorisation de percevoir
diverses autres taxes de remplacement.
La commission a adopté le projet de résolu-
tion suivant ;
La Chambre invite le gouvernément à renvoyer
au conseil municipal de Paris, pour étude complé-
mentaire, le projet de loi.
-
UNE LOTERIE NATIONALE
Pour les instituteurs. — Une proposi-
tion de résolution
Les sociétés de secours mutuels d'institu-
teurs et institutrices se sont réunies l'an der-
nier en congrès, à la Sorbonne, avec l'autori-
sation du ministre de l'instruction publique,
pour aviser aux moyens d'établir un sanato-
rium et des dispensaires destinés à recevoir
les instituteurs et institutrices atteints de tu-
berculose. Les associations amicales d'institu-
teurs étaient également représentées à ce con-
grès.
Il y fut décidé la formation d'une- réunion
nationale das sociétés da secours mutuels et
des associations amicales d'instituteurs et
d'institutrices dans les conditions prévues par
la loi sur les sociétés de secours mutuels.
Les statuts de cette union ont été approuvés
par un arrêté du ministre de l'intérieur en
date du 15 janvier 1902, qui a donné à la So-
ciété l'existence légale.
Lacommission exécutive de l'union, préoc-
cupée de se procurer les sommes nécessaires à
la construction et à l'aménagement d'un sana-
torium, a résolu d'avoir recours :
1° A une souscription ouverte dans toute la
France, avec le concours de tous les institu-
teurs et institutrices de France et avec l'auto-
risation du ministre;
2° A une loterie au capital de un million,
avec billets au prix de 0 fr. 30 et comportant
des lots en espèces jusqu'à concurrence de
125,000 francs au maximum.
Sur la proposition de MM. Ribot, Bourgeois,
Aynard, Brisson, Maurice Faure, Mesureur,
Poincaré, Carnaud, Beauregard et Perreau, la
Chambre vient d'être saisie d'un projet de ré-
solution favorable à l'organisation de cette
loterie nationale, dont le produit sera consa-
cré à la construction et à l'entretien d'un
sanatorium et de dispensaires pour lei insli-
tuteurs.
LETTRE DE PORTUGAL
Un axiome annuel. — Le grand monde
s'abstient. — Bourgeois et femmes
galantes. — De Madrid à Lisbonne.
Le « chêché » et la « vieille au
manteau ». — Joseph Lemenu-
peuple. — Chez les étudiants.
— Critique carnavalesque.
(De notre correspondant spécial au Portugal)
Lisbonne, 15 février.
Depuis longtemps on a ici l'habitnde de
dire que le carnaval tend à disparaître, qu'il
devrait même déjà avoir disparu et qu'il est
incompatible avec la civilisation moderne.
C'est un axiome affirmé chaque année le mer-
credi des cendres, par tous ceux qui ont passé
à s'amuser les trois jours du carnaval. En ef-
fet, cette fête ne voulant point disparaître,
tombe cependant en décadence.
Autrefois, les bals de la noblesse étaient re-
marquables par la richesse et le bon goût ; quel-
ques nobles millionnaires se sont ruinés par le
luxe do leurs fêtes somptueuses.
Maintenant, le grand monde s'abstient. La
bourgeoisie se rend aux bals des clubs et des
théâtres. Le peuple s'amuse dans les rues et
c'est peut-être le seul qui s'amuse.
Bals et divertissements
Les bals dans les théâtres sont le grand amu-
sement de la petite bourgeoisie et des femmes
galantes. Ces bals démontrent que si les bour-
geois n'ont point un grand attachement pour
les Espagnols, par compensation, ils adorent
les Espagnoles. Une grande part de celles qui
font les délices de ces bals sont de gracieuses
brunes, qui ont abandonné les fabriques de
Séville ou les marchés de Madrid et sont ve-
nues à Lisbonne, afin de toucher les cœurs
portugais, qui ne sont pas difficiles à conqué-
rir. Il est curieux de voir les commis costumés
en toreros et valsant à l'espagnole.
Les divertissements des gens du peuple sont
sans doute le seul aspect intéressant du car-
naval de Lisbonne.
Les deux types les plus vulgaires des rues
sont le chéché et la vieille au manteau, où
sont ridiculisés les anciens costumes.
Le chéché est un vieux gentilhomme du
XVIIIe siècle ; la vieille au manteau, c'est
aussi un ancien costume portugais qui, d'après
le mot de la duchesse d'Abrantès, dans ses
Mémoires, rendait belles celles qui no l'étaient
point.
Acrobates et bouffons
Outre les régiments fantasques et les troupes
d'acrobates et d'anciennes danses, on voit dans
les rues et sur les places des troupes jouant
des petites farces en vers avec accompagnement
de musique. Ces farces sont en général un mé-
lange de verve bouffonne et de drôlerie pitto-
resque et poétique. Les personnages les plus
communs sont l'agent de police, le petit ma-
gistrat, le notaire, le propriétaire,le boulanger,
le cordonnier, etc. Ainsi le peuple se moque de
ceux dont il dépend le plus directement.
Un personnage allégorique
Unedes figuresprincipales.et la plus originale
de ces farces des rues, est celle du Zé Povinho
qu'on peut traduire par Joseph Lcmenupeuple.
Ce type créé par le grand caricaturiste Bordal-
lo Pinheiro, c'est le personnage commun de
toutes les revues dans les théâtres, des jour-
naux de caricatures et des farces dans les rues
pendant le carnaval. Joseph Lemenupeuple
c'est le peuple portugais. C'est un paysan naïf,
laborieux, honnête et plein de bonté.
Gai par tempérament et sans instruction, il
aime beaucoup à danser et à chanter. Il aime
aussi le bon vin rouge, mais il n'est pas que-
relleur quand ilest ivre. Joseph Lemenupeuple
est naturellement républicain ou socialiste,
mais dans les élections il donne toujours son
vote au gouvernement parce que. « son com-
père l'en a prié, son compère est un homme
très honnête, un véritable ami qui ne peut rien
lui refuser a. Joseph Lemenupeuple parle beau-
coup de liberté sans bien savoir encore ce que
mot signifie. Franc et ingénu,ce brave homme
se laisse facilement duper par quelque fripon
qui, au lieu d'or,lui vend une chaîne do laiton.
Quelquefois il porte sur le dos le bât des
impôts. Il ne porte pas sa jaquette puisqu'il
l'a engagée afin de conserver ses biens. Il est
très patient, irès indulgent, il supporte toutes
les contrariétés et toutes les vexations, mais
quand on touche à sa dignité, il se transforme.
Sa stature de rustaud grandit, altière : il n'est
plus Joseph Lemenupeuple : il s'appelle sim-
plement Le Peuple ; et comme il est fort et
vigoureux, il prend un gros bâton et.,. ce
simple geste suffit pour mettre en fuite tous
ceux qui se sont moqués de lui.
C'est ainsi que les gens du peuple interprè-
tent dans les farces cette figure qui symbolise
le peuple lui-même.
Carnaval des étudiants
La fête annuelle des étudiants de l'Ecole de
médecine a eu un plein succès. Les étudiants
ont fêté le carnaval en organisant un cortège
allégorique, une exposition drolatique et un
concert fantasque. Le cortège, qui a été une
critique des événements importants de l'année,
était composé de groupes d'étudiants déguisés
en différents costumes et juchés sur des chars
symboliques. Ce fut une divertissante revue
des événements politiques, des procédés de la
médecine ancienne et moderne, des dernières
réformes des écoles et académies, des faits
mondains, etc. Enfin tous les événements im-
portants de l'année ont subi la spirituelle mo-
querie de cette joyeuse et intelligente jeunesse.
Les étudiants de Lisbonne ont reçu la visite
de la Funa de Valladolid, c'est-à-dire les étu-
diants qui forment l'orchestre de cette univer-
sité espagnole et qui sont venus à Lisbonne
passer les trois jours de carnaval. — Matloso
da Fonseca.
Tolstoï
Yalla, 18 février.
Une légère amélioration se manifeste dans
l'état du comte Tolstoï.
La température était, hier, de 36*8; le pouls
marquait 82 pulsations.
L'état général est très bon. Le moral du ma-
lade est excellent.
ACADÉMIE DE MEDECINE
L'allaitement artificiel et la materni-
sation du lait
Sous le nom de maternisation de l'allaite-
ment artificiel, M. le docteur Cayla, de Bor-
deaux, a fait hier à l'Académie de médecine
une fort intéressante communication consacrée
à la description d'une méthode ayant pour
objet de donner au lait de vache les qualités de
composition et d'asepsie du lait de femme.
C? dernier, comme l'on sait, surtout aussi-
tôt après l'accouchement, est pauvre en prin-
cipes alimentaires, ceux-ci augmentant avec le
temps, au fur ot à mesure du développement
du nourrisson. M. Ceyla, peur obtenir avec le
lait de vache un lait présentant des qualités
nutritives analogues à celles du lait de femme,
pratique une série de coupages réglés de telle
sorte que tous les trois jours le taux des élé-
ments nutritifs renfermés dans le lait de vache
soit élevé progressivement, au contraire du
système ancien où l'on ne modifiait la compo-
sition des coupages jiu'uûe fois par mois seu-
lemeotr
De la sorte, on évite les accroissements brus-
ques et considérables du taux des dits éléments
nutritifs, et consécutivement l'on évite ces
poussées de gastro-entérite qui compromeltent
si oommunément l'allaitement artificiel.
Enfin, recommande encore M. Cayla, pour
obtenir les meilleurs effets d«^ cette pratique,
il convient de stériliser le lait et la tétine du
biberon, de façon à supprimer les agents
pathogènes qui pourraient s'y rencontrer.
Après cette communication, l'Académie a
consacré le reste de sa séance à la discussion
ouverte dans sa précédente réunion sur la
question da la chloroformisation chez les car-
diaques.
En cours de séance, le président a annoncé
la mort de M. Barella, membre correspondant
étranger de l'Académie de médecine. -G. V.
LE ROI DAVID, PLAGIAIRE
(De notre correspondant particulier),
Londres. 18 février.
Un lettré anglais vient de découvrir que le
roi David était un plagiaire : le véritable auteur
des Psaumes,qu'on attribue faussement au roi
juif, ne serait autre que. Shakespeare. Et no-
tre érudit le prouve par a + b. Il a pris le
psaume 46 (en texte anglais, bien entendu) il a
compté les 46 premiers mots et il est ainsi ar-
rivé au mot : shake (secouer). En comptant
encore 46 mots — les exclamations « Selah »
n'y sont pas comprises, — on arrive au terme
spear (la lance.) Les deux mots joints font
Shakespeare, nom du grand poète, qui voulait
signer son œuvre en cryptographie.
Comme preuve scientifique, cela ne laisse
rien à désirer.
Reste à savoir comment le prétendu ancêtre
de Jésus Christ a pu se procurer les ouvrages
do l'auteur de Romeo pour y copier quelques
psaumes. Le savant ne l'explique pas.
— ♦
STATISTIQUE D'INJURES PARLEMENTAIRES
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 18 février.
Un statisticien, qui évidemment a desloisirs,
vient d'étudier le compte rendu officiel de la
dernière séance du Reichstag dans laquelle ls
parti antisémite a provoqué des incidents très
vifs. Il a compté avec une impartialité remar-
quable les termes d'inj ures lancés de part et
d'autre.
Il a constaté qu'il y en avait environ sept
cents. Ce chiffre e?t plutôt au-dessous de la
réalité, car beaucoup d'expressions n'ont pas
paru au compte rendu officiel. Le statisticien cite
aussi une collection des mots les plus vifs
échangés.
En voici quelques échantillons :
Gredin, scélérat, escroc, malandrin, menteur,
drôle, misérable, ivrogne, pouilleux, mouchard,
crétin, gourde, calomniateur, voleur, racaille, fri-
pon, morveux, etc., etc.
ESSORS OR SANATORIUM SE HtâBSS
(De notre correspondant particulier)
Zurich, 18 février.
Un brasseur d'affaires berlinois, grand adepte
de la guérison par la prière, a fondé il y a
quelque temps un sanatorium à Maennerdorf,
sur le lac de Zurich. Il y a là place pour 70
pensionnaires. Los places sont toutes occupées,
mais exclusivement par des Allemands. A la
table d'hôte il y a 120 convives.
L'entrepreneur fait des affaires d'or. Heureu-
sement cette épidémie morale n'a pas passé la
frontière. Toutefois les autorités suisses vont
s'occuper de la question de savoir si elles doi-
vent tolérer un établissement fondé sur l'ex-
ploitation d'une aberration mentale. -
LE PRÉSIDENT KRUGER ET LES ÉTATS-UNIS
(De notre correspondant particulier)
Bruxelles, 18 février.
A la légation du Transvaal on affirme que
le docteur Muller, qui vient de partir pour les
Etats-Unis, est porteur d'une lettre de M.Kru-
ger au président Roosevelt.
On croit en général qu'en raison des révéla-
tions de la diplomatie allemande sur l'attitude
de l'Angleterre dans le conflit hispano-améri-
cain, les Etats-Unis seront plus disposés à en-
treprendre une action en faveur des deux Ré-
publiques sud-africaines.
LE TRIBUT ITALIEN A ftlENELICK
(De notre, correspondant particulier)
Rome, 18 février.
11 y a quelque temps, le bruit a couru qu'un
navire italien était arrivé à Djibouti apportant
à Ménélik un million d'écus.
Cette nouvelle a été démentie; elle était pour-
tant exacte au moins en partie.
Le navire en question avait à bord pour le
négus 300,000 écus.ce qui équivaut environ à
un million de francs.
L'Italie s'était engagée à payer à l'Abyssinie
la somme de 10 millions en annuités d'un mil-
lion, pour obtenir la démarcation des frontières
à l'amiable.
Cet engagement a été tenu secret même aux
coloniaux.
Un hasard vient de divulguer la chose.
». ♦
LE VOYAGE DU PRINCE HENRI DE PRUSSE
New-York, 18 février.
L'empereur d'Allemagne et le prince Henri
de Prusse ont été nommés membres de l'At-
lantic-Yacht-Club.
—* »
DÉFAITE RÉACTIONNAIRE
(De notre correspondant particulier)
Narbonne, 18 février.
Aux élections municipales de dimanche,
l'union des républicains et des socialistes a
triomphé encore une fois de la coalition op-
portuno-réaclionnaire, malgré les pressions et
les menaces de la « bande noire ». Celle-ci est
célèbre dans l'Aude par les fantaisies qu'elle
nlpu se permettre sous l'approbation de M.
Turrel, ministre du cabinet Méline^
La liste patronnée par M. le docteur Ferroul,
député socialiste et maire de Narbonne, a été
élue avec 430 voix de majorité.
Ce magnifique succès a provoqué en ville un
vif enthousiasme. — XXX.
UN ASILE SUSPENDU DANS LE VIDE
Au n* 7 de la rue du Château, aux Lilas,
près d'une carrière à sable, est située une
construction servant d'asile de vieillards, fondé
et entretenu par Mme Boucher. Hier, vers 2
heures, comme les carriers venaient de re-
prendre leur travail, un immense bloc de ter-
res s'est éboulé au fond de la carrière, lais-
sant l'aile gauche de l'asile suspendue dans le
vide, au-dessus d'une sorte de gouffre.
L'asile fut aussitôt évacué par les 15 pension-
naires, et M. Delpech, commissaire de police,
donna des ordres pour l'étayement immédiat
des constructions.
Un peu plus tard, M. Lépine s'est rendu aux
Lilas et a fait installer les vieillards dans des
Lwaison du voisinage.
A LA CHAMBRE
Le budget de l'instruction publique.
— Le budget de la guerre et le
budget des finances. — La droite
contre la Ligua. çle l'enseigne-
ment. — Un succès républicain
Une bonne journée de travail. Pour com-
mencer, le malin, on a voté 75 chapitres du
budget de l'instruction publique, sur 84. M.
Deschanel présidait à ce fougueux défilé.
M. Perreau obtient qu'on développe l'ensei-
gnement des sciences économiques dans les
facultés de droit.
M. de Benoist, en revanche, ne peut faire
supprimer les crédits des facultés protestantes
de Paris et de Montauban.
Sur la proposition de M. Fouquet, une sub-
vention de 2.000 fr. est allouée au laboratoire
d'entomologie du Muséum ; en même temps,
M. Leygues fait rétablir les 9.000 fr. du musée
Guimet.
M. Dasque dépose, puis retire un projet de
résolution tendant à supprimer le « pourcen-
tage ». M. Leygues a expliqué qu'un projet de
règlement ayant le même but est à l'élude.
M. Caillaux l'examine, car il y a une question
financière à résoudre.
M. Cazals, de même façon, dépose et relire
un projet de résolution comportant une aug-
mentation de traitement pour les instituteurs
attachés aux lycées de garçons avant le décret
de 1892. M. Leygues s'occupe du cas de ces
instituteurs,
M. Carnaud veut faire supprimer la motion
Berthelot qui interdit à l'initiative parlemen-
taire les relèvements de crédits. La proposition,
comme non réglementaire, doit être retirée.
L'abbé Lemire tente de supprimer le certifi-
cat d'études; il entend que les instituteurs
chantent à l'église le dimanche ; il soubaite
qu'on propage les « idiomes locaux H. L'abbé
Lemire ne doute de rien ; et il s'étonne que le
ministre oppose, non sans sourire, une fin de
non recevoir à ses prétentions un peu singu-
lières.
Le soir, M. Mesureur ayant succédé à M.
Deschanel, plusieurs députés réclament une
meilleure répartition ds instituteurs dans les
écoles de leurs départements.
M. Cornudet attire l'attention du ministre de
l'instruction publique sur la nécessité de met-
tre en congé avec traitement les instituteurs
atteints de tuberculose—et cela dès le début de
la maladie.
M. Emile Dubois demande à M. Leygues de
favoriser le développement des caisses des éco-
les. M. Leygues abonde dans ce sens.
M. Empereur offre une augmentation de
112.000 francs pour les cours d'adultes et les
bibliothèques populaires. L'amendement est re-
poussé, à cause de difficultés financières, par
la commission, par le gouvernement et ne ré-
unit que 187 voix contre 330.
Tentative réactionnaire
M. Suchelet proteste vivement contre la sub-
vention accordée à la Ligue de l'Enseignement.
M. Sachetet. — La commission nous pro-
pose d'attribuer une somme de S.-'XX) fr. à la Ligue
frauçaise de l'enseignement. Comme cette subven-
tion constituerait un précédent, je ne voterai pas
cette allocation. La Ligue do l'enseignement est
une œuvre de parti. (Exclamations à gauche et à
l'extrême gauche.)
Elle a été fondée par Jean Macé et elle a cons-
tamment combattu avec violence l'enseignement
libre et religieux. (applaudissements sur les mê-
mes bancs) et lutté pour la propagation de l'en-
seignement laïque et obligatoire. (Nouveaux et vifs
applaudissements sur un grand nombre de bancs
à gauche.)
Et quand je parle de l'enseignement laïque et
obligatoire, je ne veux pas parler que de l'ensei-
gnement primaire, de celui qui est donné aux en-
fants du peuple ; car, par une contradiction sin-
gulière, dans les lycées et collèges on donne l'en-
seignement religieux aux enfants que leurs fa-
milles y envoient.
Toutes les raisons données par M. Suchetet
pour expliquer sa haine de la Ligue de l'ensei-
gnement étaient do nature à convaincre les
républicains de la nécessité de soutenir cette
œuvre démocratique. C'est ce qu'ont exposé
M. Leygues et M. Maurice Faure.
M. le ministre.—Le gouvernement demande
à la Chambre de voler le crédit proposé par la
commission et combattu par M. Suchetet.
Le gouvernement considère que la Ligue do l'en-
seignement rend les plus grauds services à la cause
de l'instruction publique. La Ligue est, il est vrai,
laïque et républicaine. C'est une raison de plus
pour que le gouvernement vous demande de voter
le crédit. (Applaudissements à gauche ét à l'ex-
trême gauche.)
M. le rapporteur. — La Ligue a rendu de
trop grands services à la cause de l'enseignement
pour qu'elle ait besoin d'être défendue contre les
attaques violentes et passionnées de M. Suchetet.
C'est justement parce qu'elle est l'objet des atta-
ques des adversaires avoués ou dissimulés de l'en-
seignement laïque et de la démocratie qu'elle doit
être défendue par la sympathie agissante de la ma-
jorité républicaine. (Vifs applaudissements sur les
mêmes bancs.)
L'amendement de M. Suchetot est mis aux voix
et, à la majorité de 416 voix contre 36 sur 482 vo-
tants, n'est pas adopté. (Nouveaux applaudisse-
ments à gauche et à l'extrême gauche et sur divers
bancs au centre.)
M. Isambert. — C'est la réponse aux atta-
ques de M. Aynard contre le président de la Ligue
de l'enseignement. (Très bien! très bien !)
M. Aynard a répondu qu'il avait voté contre
l'amendement.
Avant qu'on abordât le budget de la guerre,
M. Caillaux a déposé deux projets de loi, le
premier tendant à l'ouverture de crédits pro-
visoires pour le mois de mars, le second con-
cernant la réforme des trésoriers-payeurs gé-
néraux.
Le budget des finances
M. Sembat, le rapporteur du budget des
postes, étant indisposé, c'est en effet le budget
de la guerre que l'on a voulu étudier. Mais,
ici, autre difficulté : des orateurs étaient ab-
sents. On a voté, et la Chambre, après avoir
repoussé le renvoi, s'est déterminée à entamer
le budget des finances.
M. Vaillant a engagé le ministre à hâter le
déclassement des fortifications ellasuppression
des octrois de Paris. M. Caillaux a demandé
quelques brefs délais.
L'annuité de la Compagnie d'Orléans
M. Bourrat a développé avec éloquence un
amendement portant suppression du chapitre 9,
c'est-à-dire do l'annuité de 2.348.000 francs à
la Compagnie d'Orléans pour les lignes échan-
gées entre elle et l'Etat.
D'après l'article 5 des conventions, le produit net
des lignes cédées par l'Orléans à J'Etat devait être
déterminé par lo résultat du produit net do 1882 ;
les lignes cédées par l'Etat à l'Orléans devaient être
tenues en observation, après achèvement d'un
tronçon, do 1887 à 1891.
Examinons maintenant comment le oomptage a
été fait.
Ce comptage a commencé en 1887. Lorsque le
moment du règlement des comptes arriva, le mi-
nistre d'alors, M. Guyot-Dessaigne, nomma une
commission chargée d'examiner le montant des
sommes qu'il y avait à rembourser à la compagnie
d'Orléans, si toutefois il y avait à rembourser.
C'est M. Plichon qui fut nommé rapporteur de
cette commission. Dans son rapport, M. Plichon fit
observer que les détournements do trafic étaient
très fréquents.
Le rapporteur ajoute que sur treize détournements
constatés six étaient justifiés, six avaient apporté
une économie dans l'exploitation et un seul était
injustifié.
Comment n'a-t-on constaté que treize détourne-
ments? C'est que la Compagnie avait fait brûler
toutes les pièces remontant à plus de deux ans. Les
dossiers avaient ainsi disparu et la Compagnie a
tort d'arguer qu'on n'a pu constater que treize dé-
tournements.
M. Plichon a combattu l'amendement.
M. Baudin a constaté que l'échange des li-
gnes entre l'Etal et l'Orléans a été une mau-
vaise affaire pour le Trésor. Il y a une carte à
payer — et le mieux encore est de la solder.
Les divers rapporteurs des commissions peuvent
témoigner que jamais une affaire n'a été étudiée
avec plus de soin. La Chambre peut se rendre
compte que toutes les garanties ont été réunies :
que nulle solution ne pouvait être adoptée, autre
que colle que M. le ministre des finances et moi
avons choisie.
J'en accepte la responsabilité, j'appelle le con-
trôle du Parlement et je ne redoute rien de la dis-
cussion qui s'ouvre devant lui. (Très bien ! très
bien J.
La discussion continuera aujourd'hui.
Hugues Destrem.
AU SÉNAT if 'è"-'
Le contrôle de la marine
Allons, bon ! Voici M. de Cuverville qui re-
vient développer son contre-projet au texte ré-
glant le contrôle do la marine. Et M. Cabart-
Danneville arrive à la rescousse. Tout de même
l'article 1 du contre-projet est repoussé par
192 voix contro 68.
On se croit débarrassé de l'amiral pour un
bout de temps. C'est une illusion. Il accourt,
plein d'une nouvelle ardeur, pour défendre un
amendement à l'article 1 de la commission.
C'est qu'il veut réserver la question de l'indé-
pendance du corps de contrôle.
M. de Lanessan donne des déta ils techniques
qui font repousser l'amendement et adopter
les deux premiers articles du projet de la com-
mission.
Encore M. de Cuverville I Sur l'article 3,
il se donne le luxe de déposer et de développer
un amendement qui est rejeté par 186 voix
contre 33.
Vite, on adopte les articles 3 et 4.
Cela donne le temps de souffler à l'amiral.
Puis , il se hâle d'essayer d'introduire
dans la loi un article 4 bis enjoignant au con-
trôle local de procéder à toutes les enquêtes
ordonnées par lo préfet maritime.
Le Sénat ne veut pas entendre parler de cet
article supplémentaire.
M. de Cuverville, fatigué, est remplacé par
l'amiral de la Jaille qui accepte on contrôleur
général de 1" classe, et non pas deux contrô-
leurs de ce grade. Par 142 voix contre 111, cet
amendement est repoussé.
Les amiraux consentent à ne plus intervenil
et l'ensemble du projet est adopté par 206 voix
contre 49. — H. D. -":l.
LE TRAVAIL DANS LES MINES
Le Sénat a nommé, hier, une commission
chargée d'examiner la proposition de loi re-
lative à la durée de la journée de travail.
Ont été élus : MM. Boudenoot, Léydet, Au-
coin,Duboiset Delpech,favorables,et MM. Wad»
dington, Cuvinot, Guérin et Milliès-Lacroix,
hostiles.
MISE EN LIBERTE DE MISS STONE
La missionnaire américaine, enlevée il y a près
de trois mois par les brigands sur territoire otto-
man, vient d'être remise contre rançon ainsi qu'il
résulte de la dépêche suivante d'un correspondant
du Temps :
du l'eiiips Constantinople (viâ Sofia).
18 février, 2 h. 40.
Le drogman de l'ambassade américaine a
payé aux brigands la rançon de miss Slone. sa
compatriote, qui lui a été remise en bonne
santé.
Le drogman est rentré à Constantinople
avant que miss Stone soit repartie pour la
Bulgarie.
Le pasteur Tsilka vient d'être arrêté. Il est
inculpé d'avoir pris part à l'enlèvement de miss
Stone.
EN ALGÉRIE
Duveyrier, 18 février.
Les réguliers marocains sont entrés ce matin
dans les ksours de Figuig, où l'oa procède 1
leur installation.
Il n'y a eu aucun incident.
Duveyrier, 18 février.
Les réguliers marocains ont été présenta
aux habitants de Figuig, comme devant
former la garde de l'Amel. Ils ont été bien aç.,
cueillis.
Les réguliers sont campés à Dar-el-Beida.
LE CENTENAIRE DE VICTOR HUGO
Chez les étudiants
Le centenaire de notre grand poète national
sera célébré par les étudiants.
On annonce, en effet, que dana une réunion
tenue récemment, l'Association générale des
étudiants a décidé d'organiser un grand festival
à la Sorbonne.
La date et le programme de cette solennité
seront incessapimentarrêtés.
A la mairie du 4'
La municipalité du 4e arrondissement, qui,
à l'occasion du centenaire de Victor Hugo,
adressait à ses administres l'appel si vibrant et
si républicain que nous avons reproduit, orga-
nise en l'honneur du poète, dans la Salle des
fêtes, une représentation populaire et gratuite -
qui sera uniquement composée d'oeuvres de
Victor Hugo.
La municipalité, aujourd'hui si énergique-
ment républicaine de cet arrondissement, dont
le gouvernement a balayé il y a un an les élé-
ments mâtinés de nationalismeet de mélinisme.
a voulu faire dire les pièces les plus énergiques
des Châtiments, de ce livre immortel comme
celui de Juvénal, qui fouette et marque au
front toute cette tourbe qui grouille autour
des faiseurs de coups d'Etat.
Cette représentation aura lieu le 23 février à
la mairie sous la présidence d'honneur de M.
Paul Meurice.
Une causerie sera faite par M. Rameau, de
l'Odéon, sur le poète dont plusieurs œuvres
seront dites avec le talent qui a fait au con-
férencier un si brillant succès.
Des artistes de l'Opéra-Comique, de l'Opéra,
du Conservatoire, de la Galté, de l'Ambigu;
Mlles B. Sylvain, A. Henry, A. Martin, Ed.
Millot, interpréteront ensuite des chansons du
poète des rues et des bois, qui pendant dix-huit
ans fut l'hôte illustre du quatrième arrondis-
sement.
A Montmartre
Quelques artistes et littérateurs, groupés
autour du journal le Tocsin, viennent de pren-
dre l'initiative d'une grande manifestation po.
pulaire à Montmartre, à l'occasion du cente-
naire de Victor Hugo.
Une conférence, suivie de récitation de
poèmes du maître, aura lieu le samedi 22 fé-
vrier, à la Ligue fraternelle. 13, rue Sainte-
Isaure, sous la présidence de Gustave Kahn.
Mme Séverine. MM. Chauvelon, Léopold La-
cour, Jacques Landau, etc., y prendront la pa-
role. Des artistes des théâtres 4e fiiria ÇftV
cromis leur gracieux coiioquk»1
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