Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1902 15 février 1902
Description : 1902/02/15 (N11663). 1902/02/15 (N11663).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549314k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINO CENTIMES le Numéro.
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro, CINO CENTIMES
FTIIQATEURAUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Il aoii Trois mois Six mois tn as
Paris. 2fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
UépartQQœïis.. 2 — 6 — 14 — 20-
g~ Postalo. 3 — 9—16 — 32 —
Dé]
..: r:
CTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
a Ch. LAGRANGE, CERF & CU
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNA&
RÉDACTION : 13f, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11663. — Samedi 15 Février 1902
26 PLUVIOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à Vadministrateur
Nous publierons prochainement en feuil-
leton :
LE DOCTEUR VAMPIRE
grand roman inédit, écrit spécialement
pour notre journal
par PAUL DE GARROS
En attendant cette œuvre très impor-
tante, et qui est appelée au succès le plus
vif, nous commençons à partir d'aujour-
d'hui vendredi une œuwe également inédite,
un drame en 5 actes et 7 tableaux ;
Le Moine et la Jeune Fille
par M. BERNARD DE LINCUEIL
Il est rare qu'une pièce de théâtre, non
encore jouée, soit publiée en feuilleton; le
drame de M. Bet-nard de Lincueil justifie
oette dérogation aux habitudes prises. On y
trouvera dans urne action alerte et vivante,
dans une très curieuse étude des moeurs du
moyen-âge, l'examen éloquent de problèmes
qui nous passionnent tous.
NOS LEADERS
< Llnvre Je lirai )
M. A. Lavy publie, sous ce titre, un
volume où se trouvent résumées toutes
les réformes tentées — c'est-à-dire, pour
la plupart, réalisées — par le ministre
républicain et socialiste du commerce.
L'«oeuvre de Millerand» c'est, d'un terme
plus large, la portion sociale des travaux
accomplis par le ministère de défense et
d'action républicaines depuis qu'il est
au pouvoir, soit depuis près de trois
ans..
Se rappelle-t-on les cris qui furent
poussés, quand, au mois de juin 1899,
on apprit que M. Waldeck-Rousseau,
chargé de former le nouveau cabinet,
prenait parmi ses principaux collabora-
teurs M. Millerand? C'était la première
fois qu'un socialiste collectiviste était
appelé à entrer dans un ministère.
Or, vous savez que, pour les réac-
tionnaires , un collectiviste n'est pas
simplement un homme qui se fait, de
l'évolution économique de la société
moderne, une idée que chacun, après
tout, a le droit de discuter. Aux yeux
des modérés et des cléricaux, un socia-
liste est un fou furieux, résolu à orga-
niser le chômage dans les usines, à pré-
parer la sédition dans les casernes, à
ouvrir, sous prétexte d'internationa-
lisme, la frontière française aux armées
allemandes, à vendre nos colonies à
l'Angleterre.
Et c'était à un socialiste, c'était à M.
Millerand qu'était livrée la direction
des affaires commerciales et indus-
trielles du pays ? Les réactionnaires ne
savaient s'ils devaient montrer plus de
douleur ou plus d'indignation. Ils se
faisaient prophètes, et voici ce que la
clairvoyance des ad versaires de la Ré-
publique nous promettait : la terreur
allait paralyser l'effort économique de
la nation ; les grands chefs d'exploi-
tation, craignant d'être livrés par le
gouvernement aux « meneurs » des
« syndicats rouges », fermeraient leurs
établissements, préférant encore se re-
tirer avec les honneurs de la guerre que
d'attendre l'expropriation inévitable de
la Révolution sociale ; les négociants
abandonneraient leurs comptoirs j les
financiers déserteraient la Bourse de
Paris et gagneraient Londres, non sans
emporter l'or et les valeurs possédés
par eux.
Les événements ne se sont pas con-
formés au programme rédigé avec un
soin si minutieux. M. A. Lavy le cons-
tate dans la préface de son livre : « Les
clameurs persistent encore, mais amoin-
dries, étouffées par les approbations
calmes, réfléchies, d'une majorité cha-
que jour plus forte, qui sait reconnaître
la progrès politique et social obtenu
grâce à la vigilante et féconde activité
du gouvernement.
«Pour ne citer qu'un exemple, le co-
mité républicain du commerce et de
l'industrie, avec ses milliers de membres
épars dans toutes nos grandes villes,
atteste, par des manifestations non
équivoques, qu'il ne regarde pas un sage
esprit de réforme comme opposé à la
stabilité qu'exige le labeur national. »
Les capitaux ont-ils émigré? Non,
puisque l'emprunt de Chine était, il y a
peu de temps,couvert près de trente fois.
Le commerce de la France a-t-il dimi-
nué? Sur ce point, il suffit de s'en rap-
porter aux explications fournies, la se-
maine dernière, à la tribune de la Cham-
bre, par M. Millerand lui-même. Dans
le compte rendu de la séance, on a
trouvé les chiffres officiels qui démon-
trent le progrès constant de nos expor-
tations.
Nous n'en sommes plus à prouver
que M. Millerand a pu être ministre
sans conduire la nation à la ruine. Les
faits et documents réunis par M. A.
Lavy établissent que M. Millerand a été
un « ministre socialiste ) dans toute la
force du mot. Ainsi, non seulement la
présence d'un socialiste au pouvoir
n'est pas une cause d'appauvrissement
pour la France, mais la participation
du socialisme au gouvernement n'offre
que des avantages.
Quoi d'étonnant à cela? Les collec-
tivistes, en* grande majorité, n'ont-ils
pas dû. au bout de trente ans d'expé-
riencetparvenir à une notion des changc-
ments évolationnaires très rapprochée
de la conception qui fut toujours celle
des réptib licainelocialis tes ou radicaux-
socialistes ?
Sans nous laisser entraîner dans les
spéculations doctrinales, et si nous
cherchons à donner une idée exacte de
l'œuvre de M. Millerand, il nous appa-
rait qu'il doit surtout être loué pour
avoir préparé le futur « ministère du
travail ». Les républicains de 1848,
dont nous aimons à rappeler le souve-
nir, voulaient déjà ce ministère du tra-
vail ; les démocrates de la Chambre
actuelle le veulent oncore. Désormais,
les questions ouvrières prennent une
telle place dans les préoccupations d'un
gouvernement qu'elles occupent forcé-
ment l'attention spéciale d'un des mem-
bres du cabinet, éclairé et aidé par des
organes administratifs développés et
unifiés. Il est permis de dire que M.
Millerand aura été le premier ministre
du travail, tout en restant un excellent
ministre du commerce. C'est un tour
de force qu'il sera prudent de ne pas
demander à tous les hommes politiques
qui seront appelés à lui succéder.
Je ne terminerai pas cet article par
une nomenclature, qui serait ou sèche
ou incomplète, des réformes que M. A.
Lavy détaille, examine et juge. C'est
une réserve qui s'impose, de ne pas
tenter de réduire en quelques lignes
l'ouvrage considérable de celui qui fut
un des plus remarquables représentants
de Paris, avant de devenir le chef de
cabinet de M. Millerand. Je renvoie au
livre. Et, dans ce livre, je signalerai une
faute : M. A. Lavy a oublié de signaler
sa propre participation — très active,
vous le pensez bien — aux améliora-
tions dont a bénéficié le monde du tra-
vail, en deux ans et demi de politique
démocratique.
Hugues Destrem.
LE PACTE MÉLINISTE
Il n'y a qu'à jeter un coup
d'oeil sur ce qui se passe en ce
moment dans la plupart des
circonscriptions pour être con-
vaincu de l'existence d'un pacte
entreles mélinistes et les réac-
tionnaires. En vertu de ce
pacte, l'alliance est des plus étroites entre
ceux qui osent encore se revendiquer de la
République et seséternels adversaires. Les
uns et les autres font le bloc contre
nous.
Partout, ils marchent d'accord et si, en
quelques endroits, chacun des partis con-
tractants a son candidat, il est certain que
l'union doit se faire au second tour. Mais,
dans beaucoup de circonscriptions, il n'y a
qu'un seul candidat, très souvent monar-
chiste ou nationaliste. Là, avec l'appui des
voix des progressistes, M. Méline livre des
eiéges, aujourd'hui occupés par des répu-
blicains, à cette infâme coalition qui rêve
de détruire la République.
Un incident significatif qui s'est produit
lundi dernier, dans le département de
l'Oise, projette un vive lumière sur la con-
duite vraiment scandaleuse de M. Méline et
de ses amis. Dans la circonscription que
représente M. Noël, un excellent républi-
cain de nos amis, M. Franck-Chauveau a
donne aux progressistes, le mot d'ordre de
soutenir la candidature royaliste du mar
quis de l'Aigle. Le rédacteur en chef du
journal méliniste de l'Oise a protesté vio
lemment contre la décision de M. Franck-
Chauveau. Il déclarait que pour l'honneur
du parti méliniste, il devait y avoir une
candidature progressiste qui, en présence
du royaliste, se rallierait au second tour à
celle du député sortant.
M. Franck Chauveau est resté inflexible.
Et son journaliste, très loyalement, a pré
féré briser sa plume que de prêter son
nom à une pareille manœuvre. Il a dénoncé
le pacte dans les journaux républicains de
l'Oise. J'ajoute qu'il a d'autant plus de
mérite à l'avoir fait, qu'ancien rédacteur
dans une feuille bonapartiste de Paris, il
ne s'est rallié que récemment à la Répu-
blique.
Grâce à cet acte d'honnêteté, M. Noël
conservera assurément son siège, et les
mélinistes perdront sans aucun doute celui
de M. Chevallier, mort il y a quelques
jours.
Je pourrais citer des faits analogues qui
se passent dans de nombreux départe-
ments. En ce qui concerne celui de l'Oise,
M. Franck-Chauveau a eu d'abord l'impu-
dence de faire donner un démenti au jour-
naliste dont je viens de parler ; puis,devant
les preuves accumulées, il a dû se taire.
M. Méline aura, lui aussi, probablement,
l'impudence de nier à son tour. Mais on
sait assez que les dénégations de M. Méline
équivalent aux aveux les plus éclatants. —
Ch. B.
+
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Le Comité exécutif du parti républicain ra-
dical et radical-socialiste s'est réuni hier soir
de 9 heures à minuit, 62, rue Tiquotonne, sous
la présidence de M. Pédebidou, sénateur, M.
L. Bonnet faisant fonctions de secrétaire.
MM. Mesureur, Debierre et Georges Robert
se sont excusés de ne pas assister à la séance.
A l'unanimité la proposition suivante de
M. Maujan a été adoptée : « Le Comité exé-
cutif décide que de grandes conférences régio-
nales seront organisées pour exposer au pays
que le parti républicain radical et radical-so-
cialiste entend livrer la bataille électorale
prochaine sur le terrain de l'union et de l'ac-
tion républicaines. »
Cas conférences seront tout d'abord orga-
niséesà Paris, Lyon, Toulouse. Lilla, Bordeaux,
Nantes, Marseille.
M. Chadenicr, délégué général du Comité
exécutif aux affaires politiques, donne lecture
des rapports sur les départements suivants :
Pas-de-Calais, Seiue-et-Oise, Somme, Vau-
cluse, Seine Inférieure, Vosges, Var.
Diverses propositions concernant la propa-
gande et l'organisation du parti ont été
prises.
Toutes les demandes d'adhésion, de rensei-
gnements et de brochures doivent être adres-
sées au siège social du Comité cxéculif, 62, rue
Tiguetonne, à Paris.
LE f EMILE DE FOULT
AE PANTHEON
Curieuses expériences. — Une initia-
tive de Don Pedro II. — Démonstra-
tion du mouvement de la terre. -
Un point obscur. — Dans une
cave. — Un article du « Natio-
nal ». - Une conséquence du
coup d'Etat. — Expériences
interrompues.
Il est fortement question de reprendre les
curieuses expériences entreprises en 1851 sur
le pendule (1) par le savant physicien Léon
Foucault. D'abord faites par lui dans la maison
qu'il habitait au coin des rues d'Assas et de
Vaugirard, puis dans la salle méridienne de
l'Observatoire et au Panthéon, ces expériences
furent renouvelées plus tard, sur l'initiative de
l'empereur du Brésil don Pedro II, à l'Observa-
toire de Rio-de-Janeiro en 1881, à la Tour St-
Jacques-la-Boucherie en 1887, à la tour Eiffel
en 1889, enfin au Conservatoire des Arts-et-
Métiers où le pendule de l'illustre académicien
fonctionne toujours. Elles avaient pour but de
révéler, par les oscillations de cet appareil, le
mouvement diurne de la Terre et d'étudier
l'influence qu'exerce sur lui la rotation de notre
planète.
Perfectionnements apportés
Les expériences de Foucault étant restées in-
complètes, et de nombreuses difficultés de dé-
tail demandant à être résolues, — chose possi-
ble aujourd'hui que les physiciens possèdent
des moyens perfectionnés d'observation, — la
Société astronomique de France a, dans sa
séance du 8 janvier, chargé son secrétaire gé-
néral, M. Camille Flammarion, de faire des
démarches auprès du ministre de l'instruction
publique et des Beaux-Arts pour que le pendule
de L. Foucault soit réinstallé sous la coupole
du Panthéon.
Nous avons rappelé tout à l'heure les lieux et
les époques des expériences exécutées à Paris;
d'autres ont encore été faites dans la cathédrale
de Reims par M. Dubois, professeur d'astrono-
mie, et dans la cathédrale d'Amiens par le
célèbre physicien-chimiste, M. Maumenée. ;
Tous deux cherchaient à savoir pourquoi la
pointe du pendule, qui indique par son mou-
vement le déplacement du plan moyen de l'os-
cillation, ne revient jamais rigoureusement à
la verticale du point en suspension Et comme
aucune explication satisfaisante de cette
étrangé perturbation n'a pu encore être don-
nés, c'est surtout dans le but de la découvrir
que la Société astronomique de France a projeté
d'entreprendre de nouvelles observations.
F Les premières expériences
C'est dans la cave de sa maison que L. Fou-
cault fit ses premières expériences. Satisfait
des résultats obtenus, et voulant mettre les sa-
vants à même d'en faire la vérification, il ins-
talla son pendule dans la salle méridienne de
l'Observatoire Le phénomène observé fut con-
cluant, et Arago le consigna dans une note
qu'il lut à l'Académie dans la séance du 3 fé-
vrier 1851. Persuadé qu'avec un pendule gi-
gantesque les oscillations offriraient un specta-
cle plus grandiose encore, Foucault demanda
et obtint du Président de la République que
l'instrument fit installé au Panthéon. Trois se-
maines plus tard, le 25 mars: le public fut
admis à constater la preuve du mouvement de
rotation du globe terrestre. Voici d'ailleurs
comment M. Terrien, rédacteur scientifique du
National à celle époque, a décrit l'expérience
dans le feuilleton du 26 mars :
En arrivant sous la coupole du Panthéon vous
voyez pendre un fil d'acier rond et homogène, long
de 68 mètres ot fixé par un bout à la voûte : on
suspend à l'autre extrémité une boule de cuivre de
30 kilogrammes. Dans sa position d'équilibre la
boule occupe le centre d'une galerie circulaire di-
visée en degrés, et qui s'élève au-dessus du pavé à
la hauteur d'appui. On écarte la boule en l'embras-
sant dans une anse en fils do chanvre, dont les
bouts réunis sont attachés à une échelle placée en
dehors de la galerie. On brûle lo fil à la flamme
d'une allumette, et la boule commence une série
d'oscillations dont le plan tournant toujours, fait,
après une heure, avec sa direction initiale, un an-
gle de plusieurs degrés. Une heure ! dites-vous.
Ne craignez rien, ce sera l'affaire de cinq minutes,
de seize secondes, si vous êtes bien pressé. Je dis
seize secondes et voici pourquoi. En raison de sa
longueur, le pendule met seize secondes à revenir
au point d'où il est parti. Dans ce temps, la Terre a
tourné, et le pendule répond à une autre division
du cercle au-dessous duquel il oscille.
Afln qu'on pût constater le déplacement du
pendule par une trace visible, on avaitentourô
le cercle d'un mur de sable que sa pointe ébré-
chait à chaque nouvelle oscillation.
On avait aussi, pour mesurer son déplacement
total, placé au milieu de la galerie circulaire
une table dont la surface était traversée par un
série de diamètres se coupant sous un angle
de 5 degrés environ. Cette ingénieuse disposi-
tion avait permis de constater qu'au bout de 5
à 6 -heures, le déplacement du plan moyen de
l'oscillation était de 60 à 70 degrés.
Après le coup d'Etat
Ces expériences furent interrompues après
le coup d'Etat, malgré les protestations du pu-
blic qui semblait s'y intéresser. « Chaque fois
que nous entrions au Panthéon, dit notre sa-
vant confrère M. W. de Fonvielle, nous trou-
vions des personnes regardant le pendule,
même lorsqu'il était au repos. Il y avait tou-
jours quelque volontaire de la sciençe expli-
quant d'une façon plus ou moins intelligible,
à des auditeurs qui le comprenaient plus ou
moins parfaitement, ce que cette expérience
signifiait. Quelquefois Léon Foucault lui-même
prenait la peine de faire au public la démons-
tration de son appareil, et peut-être avons-nous,
sans nous en douter, eu l'honneur de recevoir
de sa bouche les explications qui sont restées
gravées dans notre mémoire. (2) »
Espérons que la réinstallation du pendule
de Foucault au Panthéon sera autorisée, et
qu'ainsi complète stisfaction sera donnée, non
seulement aux savants désireux do résoudre
les problèmes demeurés jusqu'ici insolubles,
mais encore au public qui ne sera pas fâché
d'avoir sous les yeux une nouvelle preuve du
mouvement de notre vagabonde planète. —
Alfred de Vaulabelle.
LES TRAVAUX BUDGÉTAIRES
, La commission du budget a entendu hier le
ministre des finances sur le rapport présenté
par M. Noël au nom de la commission des
douanes et relatif au régime douanier des ca-
caos, cafés, etc. provenant des colonies fran-
çaises.
Le ministre a dit qu'il n'y avait pas lieu pour
la commission du budget d'émettre un avis fa-
vorable; la commission s'est rangée à cette ma-
nière de voir.
M. Caillaux s'est également expliqué sur la
proposition tendant à allouer une pension de
retraite aux anciens soldats ayant accompli 7
années de service, il a déclaré que l'adoption de
cette proposition entraînerait un supplémentde
dépenses de 2 500.000 fr, qu'il faudrait deman-
der à l'impôt.
La commission a rejeté la proposition.
Enfin, le ministre des colonies a été entendu
(1) On appelle pendule tout poids suspendu de
façon qu'étant mis en mouvement il fasse des os-
cillations réguliéres. ---
(2) Journal La Nature (1887 — Tome If, p. 409).
au sujet de la résolution proposée par M. de
Moiiiebello et votée par la Chambre concer-
nant lm. officiers de l'armée métropolitaine dé-
tachés aux colonies. M. Decrais a déclaré qu'il
s'y conformerait à l'avenir.
LE RECRUTEMENT DE L'ARMEE
MM. Lannes de Montebelloet le comte d'Al-
sace viennent de déposer une proposition do
loi tendant à compléter la loi du 15 juillet 89,
sur le recrutement de l'armée.
L'article 2 de celte proposition de loi porte
que les engagements volontaires contractés
pour 5 ans donnent droit à une haute paye
dont le montant est fixé par décret.
L'article 4, spécifie que nul ne pourra être
admis à exercer certains emplois salariés par
l'Etat et administrations dépendant de l'Etat
s'il ne compte au moins 5 années de service
actif.
Siemiradzki
(De notre correspondant particulier)
Romo, 3 février,
Le célèbre peintre polonais Henrik Siemi-
radzki, auteur du tableau bien connu : a Les
torches vivantes de Néron» est gravement ma-
lade.
LES JUGES DE POSEN
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 13 février.
M. le docteur Kryzagorski, de Wreschen, qui
avait, par un certificat médical, constaté les
coups et les blessures reçus par les enfants po-
lonais, sera poursuivi. pour diffamation I
On a considéré, en effet, comme une diffama-
tion envers les autorités scolaires,le fait,par le
docteur, d'avoir délivré le certificat en ques-
tion. A remarquer que le parquet n'ose pas,
comme il en avait l'intention, inculper le doc-
teur de « faux témoignage commis par une
expertise inexacte. ».
LA PRINCESSE LOUISE DE COBOURG
(De notre correspondant particulier)
Gotha, 13 février.
Le journal officieux le Tagblatt de Gotha,
éprouve tout à coup le besoin de publier un
bulletin sur la santé de la princesse Louise de
Cobourg qui est détenue comme aliénée dans
l'asile du docteur Pierson, à Lindenfeld, près
de Dresde. D'après cette note officieuse on cons-
tate chez la princesse un affaiblissement pro-
gressif des facultés intellectuelles et « d'autres
changements pathologiques dans son état
d'âme ». (Probablement par suite des révéla-
tions du députa socialiste Dascynszky au
Reichsrath autrichien.)
Dans lo public on accueille avec beaucoup de
scepticisme ces assertions de la note offi-
cieuse.
La princesse a réussi à faire parvenir clan-
destinement encore une lettre à une de ses
amies, lettre dans laquelle elle donne des indi-
cations bien précieuses pour la campagne en-
treprise en faveur de la réhabilitation de Mat-
taschilch-Keglevitch. On peut s'attendre à
de nouvelles révélations sur cette ténébreuse
affaire.
———————————— ————————————
LE FUSIL ALLEMAND
(De notre correspondant particuliert
Berlin, 13 février.
La fabrication du nouveau fusil (modèle 98)
sera prochainement commencée à la manufac-
ture d'Amberg, en Bavière, qui aura à mun;r
de la nouvelle arme les trois corps d'armée ba-
varois. Les établissements d'Erfurt de Span-
dau et de Dantzig continuent activement la fa-
brication du nouveau fusil et un établissement
privé, celui d'Oberndorff, a reçu également une
commande importante.
Il ressort de ces faits que le projet d'adopter
un fusil automatique a été remis à une époque
indéterminée.
——————.———— ————————————
Lucie Bagarra et M. Auffray
Par suite des agissements électoraux de M.
Auffray qui essaie de s'attirer la sympathie des
commerçants de la rive gauche en monopoli-
sant la Mi-Carême sur tout ce côté de Paris
et en empêchant les étudiants de faire leur
fête annuelle, la pauvre petite Lucie Bagarre
(Lucie, parce qu'elle fut trouvée le 6 juillet
1893, jour de sainte Lucie — Bagarre, à cause
des bagarres de 1893 au quartier latin) ne de-
vait pas voir son actif s'augmenter cette an-
née.
L'an dernier elle eut 1,000 francs des étu-
diants; l'année précédente 1,500 francs.
Un certain groupe d'étudiants se sont émus
de cet état de choses.
L'un d'eux, M. F. de Rougé, qui fut prési-
dent, l'an dernier, des fêtes de la Mi Carême,
a adressé à M. Recouly, président de l'Associa-
tion des Etudiants,une lettre dans laquelle il
lui a demandé d'organiser une matinée théâ-
trale au profit de Lucie Bagarre et des pauvres
du quartier latin.
L'idée a souri aux étudiants qui vont orga-
niser immédiatement cette représentation de
bienfaisance.
Ils répareront ainsi le mal causé par les con-
seillers nationalistes de la rive gauche qui
cherchent en ce moment par tous les moyens
possibles à décrocher un siège de député.
UN MONUMENT A LA GLOIRE
DE LA REPUBLIOUE
A Chatou. — Une fête démocratique.
Il y a environ six mois, en présence de la
réaction cléricale, les républicains de Chatou
décidaient d'élever,sur la place de l'Hôtel-de-
Ville, un P. .ument à la gloire de la Républi-
que. Une sr cription fut ouverte, et en un très
court dé' Vcile produisit la somme nécessaire
pour rr ,-Jer à bien les travaux.
Aujourd'hui, c'est chose faite. Une très belle
œuvre d'art a été exécutée par un jeune sculp-
teur de talent, M. Bate.
L'inauguration du monument aura lieu le
dimanche 23 février, sous la présidence de M.
le général André, ministre de la guerre, et de
M. Jean Dupuy, ministre de l'agriculture.
Ce sera l'occasion d'une fête démocratique,
à laquelle les républicains de Seine-et-Oise as-
sisteront en grand pombre pour acclamer les
membres du cabinet de défense républicaine,
et proclamer la gloire de la République.
Voici le programme arrêté par la commis-
sion exécutive:
A li h. précises, à l'Hôtel de Ville, groupement
des autorités, des municipalités, des souscripteurs
du monument et des sociétés. A il h. Ii4, à la
gare, réception des ministres A 11 h. Ii2, à l'Hôtel
de Ville, présentation aux ministres des autorités,
des municipalités, etc. A midi, à la salle de Fêtes.
banquet démocratique offert par souscription aux
ministres de la guerre et de l'agrioulture, prix du
banquet : i fr. A 2 h. Ii2, place de l'Hôtel-de-Ville,
inauguration du monument « A la Gloire de la Ré-
publique ». A 3 h. tl2, visite des nouveaux bâti.
ments scolaires. A 4 h., aux écoles communales,
vin d'honneur offert par la municipalité aux mi-
nistres ainsi qu'aux personnes ayant pris part à
l'inauguration. A 9 h. du soir, à la salld des Fêtes,
grand bal public et gratuit.
A LA CHAMBRE
Le débat sur l'enseignement secondaire
M. Levraud combat le spiritualisme
des études philosophiques. — Su-
perbe exposé de M. René
Viviani. — Réplique de
M. Ribot.
Ad cours de la séance du matin, présidée par
M. Maurice Faure, se sont fait entendre M.
Massé, qui voudrait une Université décentrali-
sée, dont les principaux établissements fussent
conformes aux intérêts et aux aspirations des
populations qui les entourent ; puis M. Mo-
deste Leroy, qui souhaiterait que moins de
bourses fussent accordées aux élèves de l'ensei-
gnement classique et que, par contre-coup, des
bourses plus nombreuses fussent distribuées
entre les aspirants aux éludes techniques, in-
dustrielIes, commerciales, agricoles.
Enfin, M. Levraud a commencé un discours
qu'il a continué l'après-midi. alors que M. Des-
chanel avait succédé à M. Maurice Faure.
M. Levraud a attaqué avec énergie l'éducation
spiritualiste donnée dans les classes de philo-
sophie de nos lycées; il a critiqué les program-
mes de l'enseignement classique et de l'ensei-
gnement moderne, qui sont trop chargés. M.
Levraud a dit :
La projet de réformes confient d'excellentes cho-
ses ; il constitue un3 amélioration sur l'état actuel,
mais il y a certaines dispositions qu'il est impos-
sible d'accepter. L'organisation du premier cycle
est excellente; mais il ne devrait y avoir que deux
divisions.
Le projet de réformes ne donne pas assez de
place à l'enseignement du latin. Au point de vue
républicain, il faut maintenir le grec et le latin.
L'histoire grecque et latine sont pleines d'exem-
ples et d'enseignements tirés de la morale païenne
que je préfère de beaucoup à la morale catholi-
que.
M. Levraud, très applaudi par la gauche, et
non sans agacer vivement la droite, a insisté
sur la nécessité d'abroger la loi Falloux.
Discours de M. René Viviani
M. René Viviani a prononcé un discours
dont l'élévation de pensée, la pureté de style,
l'éloquence émouvante ont justement soulevé
l'admiration et l'enthousiasme de la Chambre.
Ce fut, à vrai dire, un magnifique plaidoyer en
faveur de l'éducation idéaliste, de l'étude dé-
sintéressée des grandes œuvres et des grands
exemples. M. René Viviani appelle la jeunesse
démocratique au culte de la beauté. Il est im-
possible d'exprimer avec plus de noblesse des
pensées plus justes :
Le regard aperçoit à travers lAS questions que
soulève ce débat une importante question natio-
nale.
Il est permis de la ramener à une formule nette:
Etant donné que l'école doit avoir un rôle social,
doit-elle surveiller et éveiller les vocations incer-
taines ? Ne doit-elle pas, au contraire, dédaigner
ces vocations, discerner dans l'enfant le futur ci-
toyen et lui donner cette culture désintéressée qui,
lorsqu'il aura subi les assauts de la réalité, sera le
charme et le réconfortant de sa vie?
Comme en pareille matière la question s'élargit
forcément à sa forme Ja plus générale, la France
doit elle vraiment à sa culture classique son rayon-
nement littéraire, artistique et moral & travers le
monde ? Ou ne doit-elle pas craindre que, par
excès de culture désintéressé, on laisse dans l'en-
seignement trop de place à la spéculation et pas
assez à la réalité ? Quelle que soit l'opinion sur
l'une ou l'autre question, il suffit que le problème
soit posé sous cette double forme pour que sa dis-
cussion donne lieu à un débat vraiment national.
(Très bien ! très. bien ! sur un grand nombre de
bancs.)
Vous êtes-vous demandé les raisons pour les-
quelles, de degré en degré, l'enseignement secon-
daire est tombé au niveau où nous le trouvons ?
C'est qu'on y a recherché moins les beautés intrin-
sèques que les réalités immédiates. (Très bien ! très
bien !) Gagnés par les élèves et par les familles, les
maîtres ont laissé peu à peu l'enseignement classi
que tomber à un niveau purement utilitaire. Je
prétends que la présence des enfants des ouvriers à
côté des enfants de la bourgeoisie modifierait cette
situation. Il se formerait vite un petit groupe de-
mandant à l'étude sa beauté et non son utilité, et
ce serait le point d'appui à l'aide duquel le profes-
seur pourrait rendre à l'enseignement toute son
élévation.. (Très bien I très bien !)
Je ne crois pas que la France serait décapitée
intellectuellement et moralement si l'enseigne-
ment classique disparaissait Je ne dirai pas avec
M. Jules Lemaître qui fait preuve d'une rare ingra-
titude que le latin abrutit les jeunes Français (on
rit), ni avec M. Levraud qu'il faut savoir le latin
si l'on veut bien écrire le français. Non, il suffit
de prendre nos classiques français pour y retrouver
tout l'éclat de la beauté ancienne. (Applaudisse-
ments.) -
Certes, au point de vue commercial et indus-
triel, l'enseignement des langues vivantes est né-
cessaire : mais, au point de vue intellectuel, nous
n'y trouvons que le rayonnement de la pensée con-
temporaine. De même, jeter sur le papier de misé-
rables vers latins ou une version grecque faite le
plus souvent avec une traduction, c'était imposer
à l'esprit de l'enfant une fatigue qui allait jusqu'au
dégoût.
-- La vérité, c'est qu'il importe peu qu'il y ait une
culture classique ou une culture moderne, c'est
qu'il y ait une culture et une méthode de travail,
qui ne fasse pas du cerveau de l'enfant un réci-
pient où les notions s'entassent comme des colis,
mais quidéveloppe en lui le sentiment du beau et
la faculté d'assimilation. (Applaudissements.)
M. René Viviani a terminé au milieu d'une
ovation, en condamnant sévèrement la soi-di-
sant neutralité scolaire:
Ce n'est pas nous qui reprendrons contre l'Uni-
versité la lourde parole de M. Thiers dans la
commission parlementaire de 1850. Comme Vic-
tor Cousin s'emportait contre l'évêque Dupanloup,
M. Thiers lui dit; « La société passe avant l'Uni-
versité. »
Ce n'est pas exact. Une société ne passe pas avant
les principes essentiels qui la constituent. Mais il
est exact que, si l'Université a une maîtrise intel-
lectuelle, c'est de la nation qu'elle doit recevoir sa
direction morale.
Dans les lycées, on fait défiler devant les élèves les
beautés antiques, on leur cite le nom des hommes
morts pour lfturs idées, on leur montre que jamais
la justice ne doit être immolée à l'intérêt, et quand,
parvenus à l'âge d'homme,ils considèrent la société,
ils constatent la débâcle des leçons qu'ils ont re-
çues. (Applaudissements sur divers bancs.)
C'est donc à nous qu'il appartient de faire l'en-
tento entre l'Université et la société, et puisqu'une
génération qui s'éteint est remplacée par la géné-
ration qu'elle mérite, appliquons nous à faire des
générations meilleures et à laisser un patrimoine
enrichi à une plus forte jeunesse. (Vifs applaudis-
sements à gauche, à l'extrême gauche et au cen-
tre. L'orateur, de retour à son banc, reçoit les féli-
citations d'un grand nombre do ses collègues.)
Discours de M. Ribot
M. Ribot a apporté à la tribune une impro-
visation — très préparée. Avec une maîtrise
qu'il serait puéril de nier — pourquoi refuse-
rions-nous de constater le talent de ceux de
nos adversaires qui ont, effectivement, du
talent? — M. Ribot a examiné les arguments
do M. René Viviani :
Pour nous, nous avons une conception plus largo
de l'enseignement secondaire mis à la disposition
de la démocratie. C'est, sans doute, un pnseigne-
ment de beauté ; c'est aussi un enseignement uti-
litaire Il faut à cette démocratie de demain quel-
que chose de plus vigoureux encore que les leçons
lointaines de l'antiquité, si exquis qu'en soit le
Charme; il lui faut la force robuste qui la prépare
aux luttes économiques des sociétés modernes.
(Vifs applaudissements. )
Il lui faut ces enseignements utilitaires dont
l'oubli ménage à ceux qui en sont coupables de
oruelles revanches.
Mais comment concilier le M&!ntien de cette
haute culture (rue la France ne pou: abandon-
ner, avec les leçons pratiques d'un enseignement
économique dont elle sent la nécessité? Œt35t
le oroblème qu'a essayé de résoudre la commis-
sion; c'est celui sur lequel vous avez & vous pro-
noncer.
M. Gerville-Réache voulait faire afficher le
discours de M. Ribot. Celui-ci a fait signe de
la main qu'il préférait écarlor la proposition,
si bien que celle-ci a été retirée.
M. Leygues répondra au début d'une pro-
chaine séance.
H. D.
AU SÉNAT
Pour les sociétés de gymnastique
M. Poirrier a présidé la séance d'hier. On a
discuté le projet concernant la nomination au
grade de caporal ou de brigadier des militai-
res ayant justifié avant leur incorporation de
certaines aptitudes (tir ou gymnastique). M. de
Montfort combat le projet de loi.
Le général André explique qu'il s'agit de
donner à des jeunes gens la récompense des
efforts qu'ils ont faits pour se préparer au mé-
tier de soldats.
Le général Billot parle, comme M. de Mont-
fort, contre le projet qui est cependant adopté
par 205 voix contre 58.
Le Sénat a adopté en deuxième délibération
la proposition de loi tendant à régler la situa-
tion des contrôleurs d'armes.
L'urgence en faveur du projet de loi sur la
contrôle de la marine a été adoptée par 175
voix contre 86.
Il a été décidé, en fin de séance, que la dis-
cussion du rapport de M. Rolland sur le ser-
vice de deux ans viendrait le 27 février. —
H. D.
db
DANS LE XIXe ARRONDISSEMENT
L'ordre du jour suivant a été voté à l'una-
nimité en réunion publique mercredi,au préau
des écoles communales, rue Barbanègre:
Les électeurs du quartier du Pont de Flandre,
réunis au nombre de 500 au préau des écoles, rue
Barbanègre, 7. Après avoir entendu le citoyen
Alfred Brard rendre compte de son mandat.
Le félicitent de son activité à l'Hôtel de Ville,
ainsi que de sa conduite nettement républicaine.
Ils l'engagent à continuer ses efforts pour lutter
plus que jamais contre la réaction qui, sous le
masque du nationalisme, trompe d'une façon in-
digne les électeurs parisiens.
Ils lèvent la séance au cri de :« Vive la Républi-
que démocratique et sociale! »
GODEFROY, MANDROUX, HILDENBRAND
Le président de séance : E. LAVIBR.
Voir à la 3* page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
LES ANTICLÉRICAUX DE FLORENSAC
Félicitations de jeunes. - Lettre des
- étudiants républicains.
Nos lecteurs sont au courant de la belle ré-
sistance républicaine des anticléricaux de Flo-
rensac (Hérault) qui luttent sans défaillance
contra la réaction de la région.
Les encouragements ne leur manquent pas ;
voici, à ce propos, la lettre qu'adresse « l'Union
des étudiants républicains » aux protestataires
de Florensac.
Monsieur Bourdon B., à Florensac (Hérault).
Monsieur le président,
Le comité central de l'Union des étudiants répu-
blicains de France suit avec un vif intérêt la ma-
nifestation républicaine et anticléricale des habi-
tants de Florensac ; dans sa séance du 9 février
1902 il a décidé d'adresser ses félicitations aux
pères de famille qui se sont si heureusement coa-
lisés et de s'associer à leur courageuse initiative
afin de protester une fois de plus contre l'admission
aux fonctions publiques de titulaires réaction-
naires.
Le Comité central.
C'est la solidarité de tous les amis de la li-
berté et de la République qui peut seule par-
venir à vaincre le cléricalisme. Applaudissons
donc à la manifestation de nos jeunes amis les
étudiants républicains.
———————————
Tolstoï
Le délire. — La famille rassemblée. -
Léger espoir.
Yalta, 13 février.
Toute sa famille est rassemblée autour de
Tolstoï dont les forces vont diminuant : il
souffre d'une angine de poitrine compliquée
d'arrêts du cœur. On lui donne de la morphine
pour atténuer ses douleurs, de la digitale et des
injections de camphre. Le malade délire sou-
vent.
Malgré cet état critique et les soixante-qua-
torze ans de l'illustre malade, on a encore quel
que espoir.
LE CRIME DE BELLEVILLE
M. Baffroy, juge d'instruction, a interrogé
hier, en présence de M* Léonce Armbruster
son conseil, le nommé Coupry qui a frappé de
plusieurs coups de couteau, le 3 février der
nier, Vignola, ouvrier fondeur, à la sortie du
théâtre de Belleville. Le blessé est mort des
suites de ses blessures.Les témoignages recueil
lis ont établi que les deux individus ne se
connaissaient point. Ce n'est donc pas, comme
on l'a cru tout d'abord, dans un but de ven-
geance que l'inculpé a agi. Une discussion s'est
élevée au théâtre entre lui et sa victime, au
sujet de leurs places respectives, et a été l'uni-
que cause de la rixe. Coupry qui a déjà été
condamné 8 fois malgré son jeune âge, — il
n'a pas vingt ans — sera renvoyé prochaine-
ment devant la cour d'assises de la Seine.
LE CENTENAIRE DE VICTOR HUGO
Voici l'exposé des motifs du projet de loi
dont le Parlement a été saisi, ouvrant un cré-
dit de 80,000 fr. pour les fêtes officielles: -
Le 26 février 1902 sera la date du premier cente-
naire de Victor Hugo.
La France voudra honorer avec éclat la mémoire
du poète qui enrichit la langue nationale d'une in-
comparable splendeur, du citoyen en qui la démo-
cratie salue avec orgueil l'un de ses fils les plus il-
lustres, l'un des défenseurs les plus passionnés de
la liberté et du droit, de l'homme de génie qui
remplit le dix-neuvième siècle de sa gloire.
Le gouvernement vous propose do célébrer le
centenaire da Victor Hugo par des fêtes offi-
cielles.
Au Panthéon, voué au culte des grands hommes,
le gouvernement, le Parlement, les grands corps
de l'Etat, les étudiants do nos facultés, les élèves de
nos institutions scientifiques, lit téraires,artistiques,
de nos lycées, de nos collèges et de nos écoles pri-
maires viendraient rendre un hommage public &
la mémoire de Victor Hugo.
Des orateurs rappelleraient ses titres à l'admira-
tion, et à la reconnaissance de la nation. Des ar..
tistes diraient des poésies du maître; d'autres fe-
raient entendre nos plus beaux hymnes.
Le soir, la Comédie-Française représenterait so-
lennellement les Burgraves.
La jeunesse de France tout entière serait asso-
ciée à cette fête qui deviendrait ainsi une fête
nationale.
Dans tous nos établissements d'Anseignement pa.
blic, les professeurs raconteraient aux élèves as-
semblés la carrière de Victor Hugo, liraient et
commenteraient les plus belles pages de ton
œuvre.
Afin de perpétuer te souvenir de cette journée, le
gouvernement enverrait dans les t'acultéi, dans
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro, CINO CENTIMES
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6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNA&
RÉDACTION : 13f, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11663. — Samedi 15 Février 1902
26 PLUVIOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à Vadministrateur
Nous publierons prochainement en feuil-
leton :
LE DOCTEUR VAMPIRE
grand roman inédit, écrit spécialement
pour notre journal
par PAUL DE GARROS
En attendant cette œuvre très impor-
tante, et qui est appelée au succès le plus
vif, nous commençons à partir d'aujour-
d'hui vendredi une œuwe également inédite,
un drame en 5 actes et 7 tableaux ;
Le Moine et la Jeune Fille
par M. BERNARD DE LINCUEIL
Il est rare qu'une pièce de théâtre, non
encore jouée, soit publiée en feuilleton; le
drame de M. Bet-nard de Lincueil justifie
oette dérogation aux habitudes prises. On y
trouvera dans urne action alerte et vivante,
dans une très curieuse étude des moeurs du
moyen-âge, l'examen éloquent de problèmes
qui nous passionnent tous.
NOS LEADERS
< Llnvre Je lirai )
M. A. Lavy publie, sous ce titre, un
volume où se trouvent résumées toutes
les réformes tentées — c'est-à-dire, pour
la plupart, réalisées — par le ministre
républicain et socialiste du commerce.
L'«oeuvre de Millerand» c'est, d'un terme
plus large, la portion sociale des travaux
accomplis par le ministère de défense et
d'action républicaines depuis qu'il est
au pouvoir, soit depuis près de trois
ans..
Se rappelle-t-on les cris qui furent
poussés, quand, au mois de juin 1899,
on apprit que M. Waldeck-Rousseau,
chargé de former le nouveau cabinet,
prenait parmi ses principaux collabora-
teurs M. Millerand? C'était la première
fois qu'un socialiste collectiviste était
appelé à entrer dans un ministère.
Or, vous savez que, pour les réac-
tionnaires , un collectiviste n'est pas
simplement un homme qui se fait, de
l'évolution économique de la société
moderne, une idée que chacun, après
tout, a le droit de discuter. Aux yeux
des modérés et des cléricaux, un socia-
liste est un fou furieux, résolu à orga-
niser le chômage dans les usines, à pré-
parer la sédition dans les casernes, à
ouvrir, sous prétexte d'internationa-
lisme, la frontière française aux armées
allemandes, à vendre nos colonies à
l'Angleterre.
Et c'était à un socialiste, c'était à M.
Millerand qu'était livrée la direction
des affaires commerciales et indus-
trielles du pays ? Les réactionnaires ne
savaient s'ils devaient montrer plus de
douleur ou plus d'indignation. Ils se
faisaient prophètes, et voici ce que la
clairvoyance des ad versaires de la Ré-
publique nous promettait : la terreur
allait paralyser l'effort économique de
la nation ; les grands chefs d'exploi-
tation, craignant d'être livrés par le
gouvernement aux « meneurs » des
« syndicats rouges », fermeraient leurs
établissements, préférant encore se re-
tirer avec les honneurs de la guerre que
d'attendre l'expropriation inévitable de
la Révolution sociale ; les négociants
abandonneraient leurs comptoirs j les
financiers déserteraient la Bourse de
Paris et gagneraient Londres, non sans
emporter l'or et les valeurs possédés
par eux.
Les événements ne se sont pas con-
formés au programme rédigé avec un
soin si minutieux. M. A. Lavy le cons-
tate dans la préface de son livre : « Les
clameurs persistent encore, mais amoin-
dries, étouffées par les approbations
calmes, réfléchies, d'une majorité cha-
que jour plus forte, qui sait reconnaître
la progrès politique et social obtenu
grâce à la vigilante et féconde activité
du gouvernement.
«Pour ne citer qu'un exemple, le co-
mité républicain du commerce et de
l'industrie, avec ses milliers de membres
épars dans toutes nos grandes villes,
atteste, par des manifestations non
équivoques, qu'il ne regarde pas un sage
esprit de réforme comme opposé à la
stabilité qu'exige le labeur national. »
Les capitaux ont-ils émigré? Non,
puisque l'emprunt de Chine était, il y a
peu de temps,couvert près de trente fois.
Le commerce de la France a-t-il dimi-
nué? Sur ce point, il suffit de s'en rap-
porter aux explications fournies, la se-
maine dernière, à la tribune de la Cham-
bre, par M. Millerand lui-même. Dans
le compte rendu de la séance, on a
trouvé les chiffres officiels qui démon-
trent le progrès constant de nos expor-
tations.
Nous n'en sommes plus à prouver
que M. Millerand a pu être ministre
sans conduire la nation à la ruine. Les
faits et documents réunis par M. A.
Lavy établissent que M. Millerand a été
un « ministre socialiste ) dans toute la
force du mot. Ainsi, non seulement la
présence d'un socialiste au pouvoir
n'est pas une cause d'appauvrissement
pour la France, mais la participation
du socialisme au gouvernement n'offre
que des avantages.
Quoi d'étonnant à cela? Les collec-
tivistes, en* grande majorité, n'ont-ils
pas dû. au bout de trente ans d'expé-
riencetparvenir à une notion des changc-
ments évolationnaires très rapprochée
de la conception qui fut toujours celle
des réptib licainelocialis tes ou radicaux-
socialistes ?
Sans nous laisser entraîner dans les
spéculations doctrinales, et si nous
cherchons à donner une idée exacte de
l'œuvre de M. Millerand, il nous appa-
rait qu'il doit surtout être loué pour
avoir préparé le futur « ministère du
travail ». Les républicains de 1848,
dont nous aimons à rappeler le souve-
nir, voulaient déjà ce ministère du tra-
vail ; les démocrates de la Chambre
actuelle le veulent oncore. Désormais,
les questions ouvrières prennent une
telle place dans les préoccupations d'un
gouvernement qu'elles occupent forcé-
ment l'attention spéciale d'un des mem-
bres du cabinet, éclairé et aidé par des
organes administratifs développés et
unifiés. Il est permis de dire que M.
Millerand aura été le premier ministre
du travail, tout en restant un excellent
ministre du commerce. C'est un tour
de force qu'il sera prudent de ne pas
demander à tous les hommes politiques
qui seront appelés à lui succéder.
Je ne terminerai pas cet article par
une nomenclature, qui serait ou sèche
ou incomplète, des réformes que M. A.
Lavy détaille, examine et juge. C'est
une réserve qui s'impose, de ne pas
tenter de réduire en quelques lignes
l'ouvrage considérable de celui qui fut
un des plus remarquables représentants
de Paris, avant de devenir le chef de
cabinet de M. Millerand. Je renvoie au
livre. Et, dans ce livre, je signalerai une
faute : M. A. Lavy a oublié de signaler
sa propre participation — très active,
vous le pensez bien — aux améliora-
tions dont a bénéficié le monde du tra-
vail, en deux ans et demi de politique
démocratique.
Hugues Destrem.
LE PACTE MÉLINISTE
Il n'y a qu'à jeter un coup
d'oeil sur ce qui se passe en ce
moment dans la plupart des
circonscriptions pour être con-
vaincu de l'existence d'un pacte
entreles mélinistes et les réac-
tionnaires. En vertu de ce
pacte, l'alliance est des plus étroites entre
ceux qui osent encore se revendiquer de la
République et seséternels adversaires. Les
uns et les autres font le bloc contre
nous.
Partout, ils marchent d'accord et si, en
quelques endroits, chacun des partis con-
tractants a son candidat, il est certain que
l'union doit se faire au second tour. Mais,
dans beaucoup de circonscriptions, il n'y a
qu'un seul candidat, très souvent monar-
chiste ou nationaliste. Là, avec l'appui des
voix des progressistes, M. Méline livre des
eiéges, aujourd'hui occupés par des répu-
blicains, à cette infâme coalition qui rêve
de détruire la République.
Un incident significatif qui s'est produit
lundi dernier, dans le département de
l'Oise, projette un vive lumière sur la con-
duite vraiment scandaleuse de M. Méline et
de ses amis. Dans la circonscription que
représente M. Noël, un excellent républi-
cain de nos amis, M. Franck-Chauveau a
donne aux progressistes, le mot d'ordre de
soutenir la candidature royaliste du mar
quis de l'Aigle. Le rédacteur en chef du
journal méliniste de l'Oise a protesté vio
lemment contre la décision de M. Franck-
Chauveau. Il déclarait que pour l'honneur
du parti méliniste, il devait y avoir une
candidature progressiste qui, en présence
du royaliste, se rallierait au second tour à
celle du député sortant.
M. Franck Chauveau est resté inflexible.
Et son journaliste, très loyalement, a pré
féré briser sa plume que de prêter son
nom à une pareille manœuvre. Il a dénoncé
le pacte dans les journaux républicains de
l'Oise. J'ajoute qu'il a d'autant plus de
mérite à l'avoir fait, qu'ancien rédacteur
dans une feuille bonapartiste de Paris, il
ne s'est rallié que récemment à la Répu-
blique.
Grâce à cet acte d'honnêteté, M. Noël
conservera assurément son siège, et les
mélinistes perdront sans aucun doute celui
de M. Chevallier, mort il y a quelques
jours.
Je pourrais citer des faits analogues qui
se passent dans de nombreux départe-
ments. En ce qui concerne celui de l'Oise,
M. Franck-Chauveau a eu d'abord l'impu-
dence de faire donner un démenti au jour-
naliste dont je viens de parler ; puis,devant
les preuves accumulées, il a dû se taire.
M. Méline aura, lui aussi, probablement,
l'impudence de nier à son tour. Mais on
sait assez que les dénégations de M. Méline
équivalent aux aveux les plus éclatants. —
Ch. B.
+
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Le Comité exécutif du parti républicain ra-
dical et radical-socialiste s'est réuni hier soir
de 9 heures à minuit, 62, rue Tiquotonne, sous
la présidence de M. Pédebidou, sénateur, M.
L. Bonnet faisant fonctions de secrétaire.
MM. Mesureur, Debierre et Georges Robert
se sont excusés de ne pas assister à la séance.
A l'unanimité la proposition suivante de
M. Maujan a été adoptée : « Le Comité exé-
cutif décide que de grandes conférences régio-
nales seront organisées pour exposer au pays
que le parti républicain radical et radical-so-
cialiste entend livrer la bataille électorale
prochaine sur le terrain de l'union et de l'ac-
tion républicaines. »
Cas conférences seront tout d'abord orga-
niséesà Paris, Lyon, Toulouse. Lilla, Bordeaux,
Nantes, Marseille.
M. Chadenicr, délégué général du Comité
exécutif aux affaires politiques, donne lecture
des rapports sur les départements suivants :
Pas-de-Calais, Seiue-et-Oise, Somme, Vau-
cluse, Seine Inférieure, Vosges, Var.
Diverses propositions concernant la propa-
gande et l'organisation du parti ont été
prises.
Toutes les demandes d'adhésion, de rensei-
gnements et de brochures doivent être adres-
sées au siège social du Comité cxéculif, 62, rue
Tiguetonne, à Paris.
LE f EMILE DE FOULT
AE PANTHEON
Curieuses expériences. — Une initia-
tive de Don Pedro II. — Démonstra-
tion du mouvement de la terre. -
Un point obscur. — Dans une
cave. — Un article du « Natio-
nal ». - Une conséquence du
coup d'Etat. — Expériences
interrompues.
Il est fortement question de reprendre les
curieuses expériences entreprises en 1851 sur
le pendule (1) par le savant physicien Léon
Foucault. D'abord faites par lui dans la maison
qu'il habitait au coin des rues d'Assas et de
Vaugirard, puis dans la salle méridienne de
l'Observatoire et au Panthéon, ces expériences
furent renouvelées plus tard, sur l'initiative de
l'empereur du Brésil don Pedro II, à l'Observa-
toire de Rio-de-Janeiro en 1881, à la Tour St-
Jacques-la-Boucherie en 1887, à la tour Eiffel
en 1889, enfin au Conservatoire des Arts-et-
Métiers où le pendule de l'illustre académicien
fonctionne toujours. Elles avaient pour but de
révéler, par les oscillations de cet appareil, le
mouvement diurne de la Terre et d'étudier
l'influence qu'exerce sur lui la rotation de notre
planète.
Perfectionnements apportés
Les expériences de Foucault étant restées in-
complètes, et de nombreuses difficultés de dé-
tail demandant à être résolues, — chose possi-
ble aujourd'hui que les physiciens possèdent
des moyens perfectionnés d'observation, — la
Société astronomique de France a, dans sa
séance du 8 janvier, chargé son secrétaire gé-
néral, M. Camille Flammarion, de faire des
démarches auprès du ministre de l'instruction
publique et des Beaux-Arts pour que le pendule
de L. Foucault soit réinstallé sous la coupole
du Panthéon.
Nous avons rappelé tout à l'heure les lieux et
les époques des expériences exécutées à Paris;
d'autres ont encore été faites dans la cathédrale
de Reims par M. Dubois, professeur d'astrono-
mie, et dans la cathédrale d'Amiens par le
célèbre physicien-chimiste, M. Maumenée. ;
Tous deux cherchaient à savoir pourquoi la
pointe du pendule, qui indique par son mou-
vement le déplacement du plan moyen de l'os-
cillation, ne revient jamais rigoureusement à
la verticale du point en suspension Et comme
aucune explication satisfaisante de cette
étrangé perturbation n'a pu encore être don-
nés, c'est surtout dans le but de la découvrir
que la Société astronomique de France a projeté
d'entreprendre de nouvelles observations.
F Les premières expériences
C'est dans la cave de sa maison que L. Fou-
cault fit ses premières expériences. Satisfait
des résultats obtenus, et voulant mettre les sa-
vants à même d'en faire la vérification, il ins-
talla son pendule dans la salle méridienne de
l'Observatoire Le phénomène observé fut con-
cluant, et Arago le consigna dans une note
qu'il lut à l'Académie dans la séance du 3 fé-
vrier 1851. Persuadé qu'avec un pendule gi-
gantesque les oscillations offriraient un specta-
cle plus grandiose encore, Foucault demanda
et obtint du Président de la République que
l'instrument fit installé au Panthéon. Trois se-
maines plus tard, le 25 mars: le public fut
admis à constater la preuve du mouvement de
rotation du globe terrestre. Voici d'ailleurs
comment M. Terrien, rédacteur scientifique du
National à celle époque, a décrit l'expérience
dans le feuilleton du 26 mars :
En arrivant sous la coupole du Panthéon vous
voyez pendre un fil d'acier rond et homogène, long
de 68 mètres ot fixé par un bout à la voûte : on
suspend à l'autre extrémité une boule de cuivre de
30 kilogrammes. Dans sa position d'équilibre la
boule occupe le centre d'une galerie circulaire di-
visée en degrés, et qui s'élève au-dessus du pavé à
la hauteur d'appui. On écarte la boule en l'embras-
sant dans une anse en fils do chanvre, dont les
bouts réunis sont attachés à une échelle placée en
dehors de la galerie. On brûle lo fil à la flamme
d'une allumette, et la boule commence une série
d'oscillations dont le plan tournant toujours, fait,
après une heure, avec sa direction initiale, un an-
gle de plusieurs degrés. Une heure ! dites-vous.
Ne craignez rien, ce sera l'affaire de cinq minutes,
de seize secondes, si vous êtes bien pressé. Je dis
seize secondes et voici pourquoi. En raison de sa
longueur, le pendule met seize secondes à revenir
au point d'où il est parti. Dans ce temps, la Terre a
tourné, et le pendule répond à une autre division
du cercle au-dessous duquel il oscille.
Afln qu'on pût constater le déplacement du
pendule par une trace visible, on avaitentourô
le cercle d'un mur de sable que sa pointe ébré-
chait à chaque nouvelle oscillation.
On avait aussi, pour mesurer son déplacement
total, placé au milieu de la galerie circulaire
une table dont la surface était traversée par un
série de diamètres se coupant sous un angle
de 5 degrés environ. Cette ingénieuse disposi-
tion avait permis de constater qu'au bout de 5
à 6 -heures, le déplacement du plan moyen de
l'oscillation était de 60 à 70 degrés.
Après le coup d'Etat
Ces expériences furent interrompues après
le coup d'Etat, malgré les protestations du pu-
blic qui semblait s'y intéresser. « Chaque fois
que nous entrions au Panthéon, dit notre sa-
vant confrère M. W. de Fonvielle, nous trou-
vions des personnes regardant le pendule,
même lorsqu'il était au repos. Il y avait tou-
jours quelque volontaire de la sciençe expli-
quant d'une façon plus ou moins intelligible,
à des auditeurs qui le comprenaient plus ou
moins parfaitement, ce que cette expérience
signifiait. Quelquefois Léon Foucault lui-même
prenait la peine de faire au public la démons-
tration de son appareil, et peut-être avons-nous,
sans nous en douter, eu l'honneur de recevoir
de sa bouche les explications qui sont restées
gravées dans notre mémoire. (2) »
Espérons que la réinstallation du pendule
de Foucault au Panthéon sera autorisée, et
qu'ainsi complète stisfaction sera donnée, non
seulement aux savants désireux do résoudre
les problèmes demeurés jusqu'ici insolubles,
mais encore au public qui ne sera pas fâché
d'avoir sous les yeux une nouvelle preuve du
mouvement de notre vagabonde planète. —
Alfred de Vaulabelle.
LES TRAVAUX BUDGÉTAIRES
, La commission du budget a entendu hier le
ministre des finances sur le rapport présenté
par M. Noël au nom de la commission des
douanes et relatif au régime douanier des ca-
caos, cafés, etc. provenant des colonies fran-
çaises.
Le ministre a dit qu'il n'y avait pas lieu pour
la commission du budget d'émettre un avis fa-
vorable; la commission s'est rangée à cette ma-
nière de voir.
M. Caillaux s'est également expliqué sur la
proposition tendant à allouer une pension de
retraite aux anciens soldats ayant accompli 7
années de service, il a déclaré que l'adoption de
cette proposition entraînerait un supplémentde
dépenses de 2 500.000 fr, qu'il faudrait deman-
der à l'impôt.
La commission a rejeté la proposition.
Enfin, le ministre des colonies a été entendu
(1) On appelle pendule tout poids suspendu de
façon qu'étant mis en mouvement il fasse des os-
cillations réguliéres. ---
(2) Journal La Nature (1887 — Tome If, p. 409).
au sujet de la résolution proposée par M. de
Moiiiebello et votée par la Chambre concer-
nant lm. officiers de l'armée métropolitaine dé-
tachés aux colonies. M. Decrais a déclaré qu'il
s'y conformerait à l'avenir.
LE RECRUTEMENT DE L'ARMEE
MM. Lannes de Montebelloet le comte d'Al-
sace viennent de déposer une proposition do
loi tendant à compléter la loi du 15 juillet 89,
sur le recrutement de l'armée.
L'article 2 de celte proposition de loi porte
que les engagements volontaires contractés
pour 5 ans donnent droit à une haute paye
dont le montant est fixé par décret.
L'article 4, spécifie que nul ne pourra être
admis à exercer certains emplois salariés par
l'Etat et administrations dépendant de l'Etat
s'il ne compte au moins 5 années de service
actif.
Siemiradzki
(De notre correspondant particulier)
Romo, 3 février,
Le célèbre peintre polonais Henrik Siemi-
radzki, auteur du tableau bien connu : a Les
torches vivantes de Néron» est gravement ma-
lade.
LES JUGES DE POSEN
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 13 février.
M. le docteur Kryzagorski, de Wreschen, qui
avait, par un certificat médical, constaté les
coups et les blessures reçus par les enfants po-
lonais, sera poursuivi. pour diffamation I
On a considéré, en effet, comme une diffama-
tion envers les autorités scolaires,le fait,par le
docteur, d'avoir délivré le certificat en ques-
tion. A remarquer que le parquet n'ose pas,
comme il en avait l'intention, inculper le doc-
teur de « faux témoignage commis par une
expertise inexacte. ».
LA PRINCESSE LOUISE DE COBOURG
(De notre correspondant particulier)
Gotha, 13 février.
Le journal officieux le Tagblatt de Gotha,
éprouve tout à coup le besoin de publier un
bulletin sur la santé de la princesse Louise de
Cobourg qui est détenue comme aliénée dans
l'asile du docteur Pierson, à Lindenfeld, près
de Dresde. D'après cette note officieuse on cons-
tate chez la princesse un affaiblissement pro-
gressif des facultés intellectuelles et « d'autres
changements pathologiques dans son état
d'âme ». (Probablement par suite des révéla-
tions du députa socialiste Dascynszky au
Reichsrath autrichien.)
Dans lo public on accueille avec beaucoup de
scepticisme ces assertions de la note offi-
cieuse.
La princesse a réussi à faire parvenir clan-
destinement encore une lettre à une de ses
amies, lettre dans laquelle elle donne des indi-
cations bien précieuses pour la campagne en-
treprise en faveur de la réhabilitation de Mat-
taschilch-Keglevitch. On peut s'attendre à
de nouvelles révélations sur cette ténébreuse
affaire.
———————————— ————————————
LE FUSIL ALLEMAND
(De notre correspondant particuliert
Berlin, 13 février.
La fabrication du nouveau fusil (modèle 98)
sera prochainement commencée à la manufac-
ture d'Amberg, en Bavière, qui aura à mun;r
de la nouvelle arme les trois corps d'armée ba-
varois. Les établissements d'Erfurt de Span-
dau et de Dantzig continuent activement la fa-
brication du nouveau fusil et un établissement
privé, celui d'Oberndorff, a reçu également une
commande importante.
Il ressort de ces faits que le projet d'adopter
un fusil automatique a été remis à une époque
indéterminée.
——————.———— ————————————
Lucie Bagarra et M. Auffray
Par suite des agissements électoraux de M.
Auffray qui essaie de s'attirer la sympathie des
commerçants de la rive gauche en monopoli-
sant la Mi-Carême sur tout ce côté de Paris
et en empêchant les étudiants de faire leur
fête annuelle, la pauvre petite Lucie Bagarre
(Lucie, parce qu'elle fut trouvée le 6 juillet
1893, jour de sainte Lucie — Bagarre, à cause
des bagarres de 1893 au quartier latin) ne de-
vait pas voir son actif s'augmenter cette an-
née.
L'an dernier elle eut 1,000 francs des étu-
diants; l'année précédente 1,500 francs.
Un certain groupe d'étudiants se sont émus
de cet état de choses.
L'un d'eux, M. F. de Rougé, qui fut prési-
dent, l'an dernier, des fêtes de la Mi Carême,
a adressé à M. Recouly, président de l'Associa-
tion des Etudiants,une lettre dans laquelle il
lui a demandé d'organiser une matinée théâ-
trale au profit de Lucie Bagarre et des pauvres
du quartier latin.
L'idée a souri aux étudiants qui vont orga-
niser immédiatement cette représentation de
bienfaisance.
Ils répareront ainsi le mal causé par les con-
seillers nationalistes de la rive gauche qui
cherchent en ce moment par tous les moyens
possibles à décrocher un siège de député.
UN MONUMENT A LA GLOIRE
DE LA REPUBLIOUE
A Chatou. — Une fête démocratique.
Il y a environ six mois, en présence de la
réaction cléricale, les républicains de Chatou
décidaient d'élever,sur la place de l'Hôtel-de-
Ville, un P. .ument à la gloire de la Républi-
que. Une sr cription fut ouverte, et en un très
court dé' Vcile produisit la somme nécessaire
pour rr ,-Jer à bien les travaux.
Aujourd'hui, c'est chose faite. Une très belle
œuvre d'art a été exécutée par un jeune sculp-
teur de talent, M. Bate.
L'inauguration du monument aura lieu le
dimanche 23 février, sous la présidence de M.
le général André, ministre de la guerre, et de
M. Jean Dupuy, ministre de l'agriculture.
Ce sera l'occasion d'une fête démocratique,
à laquelle les républicains de Seine-et-Oise as-
sisteront en grand pombre pour acclamer les
membres du cabinet de défense républicaine,
et proclamer la gloire de la République.
Voici le programme arrêté par la commis-
sion exécutive:
A li h. précises, à l'Hôtel de Ville, groupement
des autorités, des municipalités, des souscripteurs
du monument et des sociétés. A il h. Ii4, à la
gare, réception des ministres A 11 h. Ii2, à l'Hôtel
de Ville, présentation aux ministres des autorités,
des municipalités, etc. A midi, à la salle de Fêtes.
banquet démocratique offert par souscription aux
ministres de la guerre et de l'agrioulture, prix du
banquet : i fr. A 2 h. Ii2, place de l'Hôtel-de-Ville,
inauguration du monument « A la Gloire de la Ré-
publique ». A 3 h. tl2, visite des nouveaux bâti.
ments scolaires. A 4 h., aux écoles communales,
vin d'honneur offert par la municipalité aux mi-
nistres ainsi qu'aux personnes ayant pris part à
l'inauguration. A 9 h. du soir, à la salld des Fêtes,
grand bal public et gratuit.
A LA CHAMBRE
Le débat sur l'enseignement secondaire
M. Levraud combat le spiritualisme
des études philosophiques. — Su-
perbe exposé de M. René
Viviani. — Réplique de
M. Ribot.
Ad cours de la séance du matin, présidée par
M. Maurice Faure, se sont fait entendre M.
Massé, qui voudrait une Université décentrali-
sée, dont les principaux établissements fussent
conformes aux intérêts et aux aspirations des
populations qui les entourent ; puis M. Mo-
deste Leroy, qui souhaiterait que moins de
bourses fussent accordées aux élèves de l'ensei-
gnement classique et que, par contre-coup, des
bourses plus nombreuses fussent distribuées
entre les aspirants aux éludes techniques, in-
dustrielIes, commerciales, agricoles.
Enfin, M. Levraud a commencé un discours
qu'il a continué l'après-midi. alors que M. Des-
chanel avait succédé à M. Maurice Faure.
M. Levraud a attaqué avec énergie l'éducation
spiritualiste donnée dans les classes de philo-
sophie de nos lycées; il a critiqué les program-
mes de l'enseignement classique et de l'ensei-
gnement moderne, qui sont trop chargés. M.
Levraud a dit :
La projet de réformes confient d'excellentes cho-
ses ; il constitue un3 amélioration sur l'état actuel,
mais il y a certaines dispositions qu'il est impos-
sible d'accepter. L'organisation du premier cycle
est excellente; mais il ne devrait y avoir que deux
divisions.
Le projet de réformes ne donne pas assez de
place à l'enseignement du latin. Au point de vue
républicain, il faut maintenir le grec et le latin.
L'histoire grecque et latine sont pleines d'exem-
ples et d'enseignements tirés de la morale païenne
que je préfère de beaucoup à la morale catholi-
que.
M. Levraud, très applaudi par la gauche, et
non sans agacer vivement la droite, a insisté
sur la nécessité d'abroger la loi Falloux.
Discours de M. René Viviani
M. René Viviani a prononcé un discours
dont l'élévation de pensée, la pureté de style,
l'éloquence émouvante ont justement soulevé
l'admiration et l'enthousiasme de la Chambre.
Ce fut, à vrai dire, un magnifique plaidoyer en
faveur de l'éducation idéaliste, de l'étude dé-
sintéressée des grandes œuvres et des grands
exemples. M. René Viviani appelle la jeunesse
démocratique au culte de la beauté. Il est im-
possible d'exprimer avec plus de noblesse des
pensées plus justes :
Le regard aperçoit à travers lAS questions que
soulève ce débat une importante question natio-
nale.
Il est permis de la ramener à une formule nette:
Etant donné que l'école doit avoir un rôle social,
doit-elle surveiller et éveiller les vocations incer-
taines ? Ne doit-elle pas, au contraire, dédaigner
ces vocations, discerner dans l'enfant le futur ci-
toyen et lui donner cette culture désintéressée qui,
lorsqu'il aura subi les assauts de la réalité, sera le
charme et le réconfortant de sa vie?
Comme en pareille matière la question s'élargit
forcément à sa forme Ja plus générale, la France
doit elle vraiment à sa culture classique son rayon-
nement littéraire, artistique et moral & travers le
monde ? Ou ne doit-elle pas craindre que, par
excès de culture désintéressé, on laisse dans l'en-
seignement trop de place à la spéculation et pas
assez à la réalité ? Quelle que soit l'opinion sur
l'une ou l'autre question, il suffit que le problème
soit posé sous cette double forme pour que sa dis-
cussion donne lieu à un débat vraiment national.
(Très bien ! très. bien ! sur un grand nombre de
bancs.)
Vous êtes-vous demandé les raisons pour les-
quelles, de degré en degré, l'enseignement secon-
daire est tombé au niveau où nous le trouvons ?
C'est qu'on y a recherché moins les beautés intrin-
sèques que les réalités immédiates. (Très bien ! très
bien !) Gagnés par les élèves et par les familles, les
maîtres ont laissé peu à peu l'enseignement classi
que tomber à un niveau purement utilitaire. Je
prétends que la présence des enfants des ouvriers à
côté des enfants de la bourgeoisie modifierait cette
situation. Il se formerait vite un petit groupe de-
mandant à l'étude sa beauté et non son utilité, et
ce serait le point d'appui à l'aide duquel le profes-
seur pourrait rendre à l'enseignement toute son
élévation.. (Très bien I très bien !)
Je ne crois pas que la France serait décapitée
intellectuellement et moralement si l'enseigne-
ment classique disparaissait Je ne dirai pas avec
M. Jules Lemaître qui fait preuve d'une rare ingra-
titude que le latin abrutit les jeunes Français (on
rit), ni avec M. Levraud qu'il faut savoir le latin
si l'on veut bien écrire le français. Non, il suffit
de prendre nos classiques français pour y retrouver
tout l'éclat de la beauté ancienne. (Applaudisse-
ments.) -
Certes, au point de vue commercial et indus-
triel, l'enseignement des langues vivantes est né-
cessaire : mais, au point de vue intellectuel, nous
n'y trouvons que le rayonnement de la pensée con-
temporaine. De même, jeter sur le papier de misé-
rables vers latins ou une version grecque faite le
plus souvent avec une traduction, c'était imposer
à l'esprit de l'enfant une fatigue qui allait jusqu'au
dégoût.
-- La vérité, c'est qu'il importe peu qu'il y ait une
culture classique ou une culture moderne, c'est
qu'il y ait une culture et une méthode de travail,
qui ne fasse pas du cerveau de l'enfant un réci-
pient où les notions s'entassent comme des colis,
mais quidéveloppe en lui le sentiment du beau et
la faculté d'assimilation. (Applaudissements.)
M. René Viviani a terminé au milieu d'une
ovation, en condamnant sévèrement la soi-di-
sant neutralité scolaire:
Ce n'est pas nous qui reprendrons contre l'Uni-
versité la lourde parole de M. Thiers dans la
commission parlementaire de 1850. Comme Vic-
tor Cousin s'emportait contre l'évêque Dupanloup,
M. Thiers lui dit; « La société passe avant l'Uni-
versité. »
Ce n'est pas exact. Une société ne passe pas avant
les principes essentiels qui la constituent. Mais il
est exact que, si l'Université a une maîtrise intel-
lectuelle, c'est de la nation qu'elle doit recevoir sa
direction morale.
Dans les lycées, on fait défiler devant les élèves les
beautés antiques, on leur cite le nom des hommes
morts pour lfturs idées, on leur montre que jamais
la justice ne doit être immolée à l'intérêt, et quand,
parvenus à l'âge d'homme,ils considèrent la société,
ils constatent la débâcle des leçons qu'ils ont re-
çues. (Applaudissements sur divers bancs.)
C'est donc à nous qu'il appartient de faire l'en-
tento entre l'Université et la société, et puisqu'une
génération qui s'éteint est remplacée par la géné-
ration qu'elle mérite, appliquons nous à faire des
générations meilleures et à laisser un patrimoine
enrichi à une plus forte jeunesse. (Vifs applaudis-
sements à gauche, à l'extrême gauche et au cen-
tre. L'orateur, de retour à son banc, reçoit les féli-
citations d'un grand nombre do ses collègues.)
Discours de M. Ribot
M. Ribot a apporté à la tribune une impro-
visation — très préparée. Avec une maîtrise
qu'il serait puéril de nier — pourquoi refuse-
rions-nous de constater le talent de ceux de
nos adversaires qui ont, effectivement, du
talent? — M. Ribot a examiné les arguments
do M. René Viviani :
Pour nous, nous avons une conception plus largo
de l'enseignement secondaire mis à la disposition
de la démocratie. C'est, sans doute, un pnseigne-
ment de beauté ; c'est aussi un enseignement uti-
litaire Il faut à cette démocratie de demain quel-
que chose de plus vigoureux encore que les leçons
lointaines de l'antiquité, si exquis qu'en soit le
Charme; il lui faut la force robuste qui la prépare
aux luttes économiques des sociétés modernes.
(Vifs applaudissements. )
Il lui faut ces enseignements utilitaires dont
l'oubli ménage à ceux qui en sont coupables de
oruelles revanches.
Mais comment concilier le M&!ntien de cette
haute culture (rue la France ne pou: abandon-
ner, avec les leçons pratiques d'un enseignement
économique dont elle sent la nécessité? Œt35t
le oroblème qu'a essayé de résoudre la commis-
sion; c'est celui sur lequel vous avez & vous pro-
noncer.
M. Gerville-Réache voulait faire afficher le
discours de M. Ribot. Celui-ci a fait signe de
la main qu'il préférait écarlor la proposition,
si bien que celle-ci a été retirée.
M. Leygues répondra au début d'une pro-
chaine séance.
H. D.
AU SÉNAT
Pour les sociétés de gymnastique
M. Poirrier a présidé la séance d'hier. On a
discuté le projet concernant la nomination au
grade de caporal ou de brigadier des militai-
res ayant justifié avant leur incorporation de
certaines aptitudes (tir ou gymnastique). M. de
Montfort combat le projet de loi.
Le général André explique qu'il s'agit de
donner à des jeunes gens la récompense des
efforts qu'ils ont faits pour se préparer au mé-
tier de soldats.
Le général Billot parle, comme M. de Mont-
fort, contre le projet qui est cependant adopté
par 205 voix contre 58.
Le Sénat a adopté en deuxième délibération
la proposition de loi tendant à régler la situa-
tion des contrôleurs d'armes.
L'urgence en faveur du projet de loi sur la
contrôle de la marine a été adoptée par 175
voix contre 86.
Il a été décidé, en fin de séance, que la dis-
cussion du rapport de M. Rolland sur le ser-
vice de deux ans viendrait le 27 février. —
H. D.
db
DANS LE XIXe ARRONDISSEMENT
L'ordre du jour suivant a été voté à l'una-
nimité en réunion publique mercredi,au préau
des écoles communales, rue Barbanègre:
Les électeurs du quartier du Pont de Flandre,
réunis au nombre de 500 au préau des écoles, rue
Barbanègre, 7. Après avoir entendu le citoyen
Alfred Brard rendre compte de son mandat.
Le félicitent de son activité à l'Hôtel de Ville,
ainsi que de sa conduite nettement républicaine.
Ils l'engagent à continuer ses efforts pour lutter
plus que jamais contre la réaction qui, sous le
masque du nationalisme, trompe d'une façon in-
digne les électeurs parisiens.
Ils lèvent la séance au cri de :« Vive la Républi-
que démocratique et sociale! »
GODEFROY, MANDROUX, HILDENBRAND
Le président de séance : E. LAVIBR.
Voir à la 3* page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
LES ANTICLÉRICAUX DE FLORENSAC
Félicitations de jeunes. - Lettre des
- étudiants républicains.
Nos lecteurs sont au courant de la belle ré-
sistance républicaine des anticléricaux de Flo-
rensac (Hérault) qui luttent sans défaillance
contra la réaction de la région.
Les encouragements ne leur manquent pas ;
voici, à ce propos, la lettre qu'adresse « l'Union
des étudiants républicains » aux protestataires
de Florensac.
Monsieur Bourdon B., à Florensac (Hérault).
Monsieur le président,
Le comité central de l'Union des étudiants répu-
blicains de France suit avec un vif intérêt la ma-
nifestation républicaine et anticléricale des habi-
tants de Florensac ; dans sa séance du 9 février
1902 il a décidé d'adresser ses félicitations aux
pères de famille qui se sont si heureusement coa-
lisés et de s'associer à leur courageuse initiative
afin de protester une fois de plus contre l'admission
aux fonctions publiques de titulaires réaction-
naires.
Le Comité central.
C'est la solidarité de tous les amis de la li-
berté et de la République qui peut seule par-
venir à vaincre le cléricalisme. Applaudissons
donc à la manifestation de nos jeunes amis les
étudiants républicains.
———————————
Tolstoï
Le délire. — La famille rassemblée. -
Léger espoir.
Yalta, 13 février.
Toute sa famille est rassemblée autour de
Tolstoï dont les forces vont diminuant : il
souffre d'une angine de poitrine compliquée
d'arrêts du cœur. On lui donne de la morphine
pour atténuer ses douleurs, de la digitale et des
injections de camphre. Le malade délire sou-
vent.
Malgré cet état critique et les soixante-qua-
torze ans de l'illustre malade, on a encore quel
que espoir.
LE CRIME DE BELLEVILLE
M. Baffroy, juge d'instruction, a interrogé
hier, en présence de M* Léonce Armbruster
son conseil, le nommé Coupry qui a frappé de
plusieurs coups de couteau, le 3 février der
nier, Vignola, ouvrier fondeur, à la sortie du
théâtre de Belleville. Le blessé est mort des
suites de ses blessures.Les témoignages recueil
lis ont établi que les deux individus ne se
connaissaient point. Ce n'est donc pas, comme
on l'a cru tout d'abord, dans un but de ven-
geance que l'inculpé a agi. Une discussion s'est
élevée au théâtre entre lui et sa victime, au
sujet de leurs places respectives, et a été l'uni-
que cause de la rixe. Coupry qui a déjà été
condamné 8 fois malgré son jeune âge, — il
n'a pas vingt ans — sera renvoyé prochaine-
ment devant la cour d'assises de la Seine.
LE CENTENAIRE DE VICTOR HUGO
Voici l'exposé des motifs du projet de loi
dont le Parlement a été saisi, ouvrant un cré-
dit de 80,000 fr. pour les fêtes officielles: -
Le 26 février 1902 sera la date du premier cente-
naire de Victor Hugo.
La France voudra honorer avec éclat la mémoire
du poète qui enrichit la langue nationale d'une in-
comparable splendeur, du citoyen en qui la démo-
cratie salue avec orgueil l'un de ses fils les plus il-
lustres, l'un des défenseurs les plus passionnés de
la liberté et du droit, de l'homme de génie qui
remplit le dix-neuvième siècle de sa gloire.
Le gouvernement vous propose do célébrer le
centenaire da Victor Hugo par des fêtes offi-
cielles.
Au Panthéon, voué au culte des grands hommes,
le gouvernement, le Parlement, les grands corps
de l'Etat, les étudiants do nos facultés, les élèves de
nos institutions scientifiques, lit téraires,artistiques,
de nos lycées, de nos collèges et de nos écoles pri-
maires viendraient rendre un hommage public &
la mémoire de Victor Hugo.
Des orateurs rappelleraient ses titres à l'admira-
tion, et à la reconnaissance de la nation. Des ar..
tistes diraient des poésies du maître; d'autres fe-
raient entendre nos plus beaux hymnes.
Le soir, la Comédie-Française représenterait so-
lennellement les Burgraves.
La jeunesse de France tout entière serait asso-
ciée à cette fête qui deviendrait ainsi une fête
nationale.
Dans tous nos établissements d'Anseignement pa.
blic, les professeurs raconteraient aux élèves as-
semblés la carrière de Victor Hugo, liraient et
commenteraient les plus belles pages de ton
œuvre.
Afin de perpétuer te souvenir de cette journée, le
gouvernement enverrait dans les t'acultéi, dans
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