Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 février 1902 14 février 1902
Description : 1902/02/14 (N11662). 1902/02/14 (N11662).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75493135
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
CINQ CENTIMES le Numéro;
PARIS a DÉPARTEMENTS
Ce Numéro, CINQ CENTIMES
foNDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
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8b sois trois mois Six mois Un au
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
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RTNIFRNIA EN CHEF : CHARLES BOS
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et AUX BUREAUX du JOURBM
i
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11662. - Venclrecli 14 Février 1902
25 PLUVIOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
Nous publierons prochainement en feuil.
iôtOïh
LE DOCTEUR VAMPIRE
grand roman inédit, écrit spécialement
pour notre journal
par PAUL DE GARROS
; En attendant cette œuvre très impor-
tante, et qui est appelée au succès le plus
vif, nous offrirons à partir de demain ven-
dredi à nos lecteurs une œuvre- également
inédite, un drame en 5 actes et 7 tableaux :
Le Moine et la Jeune Fille
par M. BERNARD DE LINCUEIL
Il est rare qu'une pièce de théâtre, non
encore jouée, soit publiée en feuilleton; le
drame de M. Bernard de Lincœil justifie
cette dérogation aux habitudes prises. On y
trouvera dans une action alerte et vivante,
dans une très curieuse étude des mœurs du
moyen-âge, l'examen éloquent de problèmes
yui nous passionnent tous.
NOS LEADERS
Le rengagement
des simples soldats
La question de la réduction de la du-
rée du service militaire est posée devant
le Parlement : il est bien entendu que
la Chambre, en les quelques jours qui
lui restent à vivre, ne saurait trouver
le loisir de rédiger la loi de recrute-
ment appelée à remplacer cette pauvre
loi de 1889 dont les défauts crèvent, à
cette heure, tous les yeux ; mais il est
probable que la Chambre, ne pouvant
légiférer, voudra tout au moins mani-
fester, émettre, à l'instar des conseils
généraux, un vœu. On annonce que,
lors de la prochaine discussion du bud-
get de la guerre, plusieurs motions
seront présentées a invitant le gouver-
nement à soumettre au Parlement un
projet de loi réduisant à deux ans la
durée du service militaire. Vraisembla-
blement, ces motions seront adoptées,
et la suite législative à donner à cette
démonstration concernera la Chambre
qui va sortir des urnes dans deux
mois.
La discussion reste donc ouverte de-
vant l'opinion publique ; et je pense
que c'est pour fournir des aliments à
cette discussion que M. Raiberti vient
de déposer une proposition ayant pour
principal objet d'autoriser le rengage-
ment des simples soldats.
Discutons donc; au surplus la propo-
sition n'est pas nouvelle — oh ! non !
— et nous n'aurons ici qu'à reproduire
purement et simplement les arguments
que nous avons déjà émis bien des
fois pour la combattre.
***
On était en droit, peut-être, de pen-
ser que la dernière expérience, si cruelle,
faite il y a trente et un ans, avait défi-
nitivement condamné dans tous les es-
prits le système du service à long
terme, des armées de vétérans — sys-
tème auquel toute l'Europe a renoncé ;
il n'en est rien, paraît-il ; le passé ne
consent pas à disparaître définitivement;
à chaque instant, nous avons à écraser
ses tentatives de résurrection.
M. Raiberti propose d'autoriser les
hommes ayant accompli leurs trois ans
de présence sous les drapeaux, sans avoir
été jugés dignes d'aucun grade, à con-
tracter un rengagement pour cinq ans,
pour dix ans même.
Tout de suite, la question qui se pose
est celle-ci que feraient à la caserne,
pendant dix-huit années consécutives,
ces hommes? La réponse est facile : ils
n'y feraient rien.
Ils n'y apprendraient rien, cela est
certain, puisque l'opinion des personnes
les plus compétentes est qu'après une
année de travail sérieux on a parcouru
le cycle des connaissances qui peuvent et
doivent s'acquérir au régiment. Ils n'y
pourraient rien enseigner aux autres,
cela est encore plus évident, puisque
leur îneapacité à conquérir même les
modeste galons, insigne du caporalat, a
démontre péremptoirement leur inap-
titude à remplir le rôle d'instructeurs.
Si élèves, ni professeurs, quel pour-
rait être leur fonction dans cette grande
école nationale qui s'appelle l'armée?
- Vous les voyez d'ici : ordonnances,
employés, « embusqués », fricoteurs de
toute espèce, s'engourdissant dans la
fainéantise, accomplissant de façon
machinale les gestes dont se compose
la vie du militaire. Ça, des vieux sol-
dats ? Allons donc !
Les vieux soldats, ça a fait la guerre.
Quand on a promené ses drapeaux, pen-
dant dix ans, sur les rives du Rhin et
sur les bords de l'Adige.et des défilés
de l'Argonne aux déserts de l'Egypte,
on peut, de ce qui reste debout après
tant de combats, faire une vieille garde ;
mais vous aurez beau, en temps de paix,
allonger démesurément les années de
présence sous les drapeaux, vous ne
parviendrez qu'à avoir de vieilles bêtes,
et voilà tout.
Or, nous ne voulons pas, nous autres
républicains, que l'on fabrique, avec les
jeunes Français, de vieilles bêtes ; nous
voulons que tous aillent au régiment,
oui, certes, mais pour n'y rester que le
temps strictement nécessaire pour y ap-
prendre ce qu'ils doivent savoir; et que,
le plus tôt possible, ils soient restitués
au travail utile, à l'activité féconde
du citoyen.
Au surplus, nous savons que les pré-
occupations dont semble inspirée la pro-
position de M. Raiberti sont à double
fond ; qu'elles procèdent,chez certains,
du désir de constituer une armée capa-
ble, au besoin, d'accomplir,à l'intérieur,
toutes les besognes qu'on ne pourrait
attendre de cette armée qui, par son
système de recrutement, se confond
avec la nation même.
Ceux qui appellent de tous leurs vœux
la dictature de n'importe qui, pourvu
qu'il ait un sabre ; ceux qui, tout bas,
complotent des attentats contre les li-
bertés publiques ; ceux qui rêvent le re-
tour d'on ne sait quel césarisme, ont be-
soin certes, pour leurs projets éven-
tuels, de soldats de métier, ayant pris
l'habitude d'une vie spéciale, ayant
perdu à peu près tout contact, rompu à
peu près tous liens avec la population
civile, et que l'on pourrait, le cas
échéant, lancer sur elle, baïonnette en
avant et sabre au clair.
Que M. Raiberti le désire ou non, les
prétendus « vieux soldats » qu'il vou-
drait créer ne pourraient être que des
prétoriens, promis d'avance comme col-
laborateurs — en vertu du dogme de
l'obéissance passive — aux fauteurs de
toute tentative dirigée contre la Répu-
blique.
Ils ne sauraient être — pour cause -
les soldats de Valmy, de Fleurus et de
Hohenlinden ; ils deviendraient presque
fatalement — parce qu'un entrepreneur
de coup d'Etat, ça se trouve — les sol-
dats du boulevard Montmartre et de la
rue Tiquetonne.
Nous ne voulons pas que l'on prépare,
que l'on organise ce danger. Nous esti-
mons que tout essai de reconstitution
d'une armée ayant sa vie distincte de la
vie nationale, formant, à proprement
parler, une caste à part, doit être éner-
giquement repoussé par l'unanimité
du parti républicain.
N'est-ce point déjà trop que la masse
des officiers et des sous-officiers ren-
gagés se trouve forcément placée en
dehors de cette vie nationale, à laquelle,
en principe, tous les citoyens devraient
participer ?
Nous avons dû consentir aux lois
organisant le rengagement des sous-
officiers, parce que des raisons très
graves, impérieuses, militaient en fa-
veur de l'adoption de cette mesure;
parce qu'elle nous aparaissait comme
le seul moyen d'arriver à la réduction
de la durée du service militaire ; parce
que nous étions convaincus de la néces-
sité de former autour des jeunes soldats
un cadre solide d'instructeurs.
Mais aucune de ces raisons ne peut
être invoquée en faveur de la proposi-
tion tendant à autoriser le rengagement
des simples soldats.
C'est pourquoi nous estimons qu'il
faut la combattre, comme manifeste-
ment opposée aux véritables intérêts de
la République et de l'armée.
Lucien Victor-Meunier.
LA NOUVELLE DUPLICE
L'Angleterre vient de signer
avec le Japon un traite d'al-
liance dont on pourra lire plus
loin les stipulations. Il n'est
pas besoin de chausser de for-
tes lunettes — puisque c'est
écrit à peu près en toutes let-
tres dans l'instrument diplomatique — pour
voir que le traité a pour but de permettre :
to à l'Angleterre de faire ce qu'elle voudra
en Chine ; 2° au Japon de faire ce qu'il
voudra en Corée.
Ajoutons, bien que cela ne soit pas écrit,
que les Etats-Unis sont les témoins bien-
veillants du traité et que la nouvelle al-
liance vise surtout la Russie. On veut que
cette dernière puissance soit entravée dans
tout ce qu'elle pourra tenter désormais, soit
ta Corée, soit peut-être en Mandchourie.
Ce qui ressort clairement, en outre, du
traité d'hier, c'est que l'Angleterre renonce
«à l'isolement splendide » ; et ceci prouve
que l'isolement anglais n'était splendide
que parce qu'étant obligé d'en jouir, M.
Chamberlain se consolait en l'embellissant
d'un adjectif. On trouve, en effet, dans les
journaux anglais d'hier, trace de cette pen-
sée que le traité était devenu une néces-
sité à raison de l'hostilité générale de l'Eu-
rope depuis la guerre du Sud-Africain.
Si donc la guerre atroce faite aux héros
boers n'avait point lié les bras de l'Angle-
terre dans toutes les parties du monde, et
n'avait soulevé contre son gouvernement
actuel l'animadversion ouverte de tous
les peuples, et l'animadversion tacite de
tous les gouvernements, le Foreign Office
se fût plus que probablement dispensé de
signer un traité qui peut l'obliger, de-
main, à engager contre la Russie, en l'hon-
neur du Japon, une guerre dont il est dif-
ficile de prédire les suites directes et indi-
rectes, et dont, par conséquent, le gouver-
nement de Londres se dispenserait très
volontiers.
Le traité anglo-japonais est donc la
preuve écrite que le gouvernement anglais,
en raison de la prolongation de la guerre
sud-africaine, se sent atteint dans son pres-
tige et dans sa force. Quand on a une
jambe cassée, on prend une béquille. La
béquille, ici, c'est le Japon. — Ch. B.
L'ÉLECTION DE VALOGNES
Le cinquième bureau de la Chambre
chargé d'examiner le dossier de l'élection de
M. Villault-Duchesnois dans la circonscription
de Vulognes (Manche) vient de conclure à l'an-
nulation de cette élection, M. Villault-Duches-
nois n'ayant pas donné sa démission de sous-
préfet de Valognes dans les délais légaux,
M. d'Iriart-d'Elcheparre a été chargé du
rapport qui a été déposé, dès hier, sur le bu-
reau Opla Chambre. s
LE ROI D'YS
La reprise de l'œuvre à l'Opéra-Comi-
que. — Son histoire..- Son succès
imprévu. — Son interprétation
primitive. — Mlle Simonnet.
L'Opéra-Comique va redonner incessamment
le Rot d'Ys. Ce n'est pas empiéter sur les at-
tributions du critique musical, que retracer à
la veille de cette reprise l'hisloiré, déjà vieille
de quatorze ans, de cette pièce mémorable et
par son mérite et par ses tribulations. Repré-
sentée à l'Opéra-Comique de la place du Châ-
telet en mai 1888, elle avait été achevée plus de
vingt ans auparavant. Il avait fallu près d'un
quart de siècle pour que Lalo, son auteur,
triomphât des fins de non-recevoir que lui im-
posaient systématiquement tous les directeurs
auxquels il s'était adressé.
Une consolation lui avait été accordée, il est
vrai: si l'opéra demeurait inconnu, son ou-
verture, du moins, était depuis longtemps ac-
clamée dans les concerts dominicaux. Il semble
que cet enthousiasme pour une fraction de
l'œuvre eûtdû inciter les directeurs à faire con-
naître l'œuvre entière. Tout au contraire. Il se
passait là ce qui a lieu pour les pièces inter-
dites par la censure. La publication, même par-
tielle de l'ouvrage,on empêchait par la suite la
représentation. Mais tout a une fin, même le
martyre pour les œuvres de valeur. Et l'infor-
tuné et méritant Lalo devait voir sa pièce
éclairée des feux de la rampe. Il avait alors
dépassé la soixantaine, et devant le succès
tardif de 1 ouvrage, la mort s'apprêtait à em-
porter l'autéur
La première
La première du «Roi d'Ys» — à laquelle j'eus
la joie d'assister — fut un des plus grands
succès qu'aient enregistrés los fastes du théâ-
tre : d'autant plus grand que l'échec était
attendu (?) de tout le monde, même des inter-
prètes qui parlaient de rendre leurs rôles.
L'ouverture, déjà connue, fut suffisamment
applaudie. Mais, contre toute prévision, le
succès de la pièce se dessina dès le premier
acte, l'euthousiasmese manifesta au deuxième,
et l'épilogue prit les allures de la victoire.
L'auteur triomphait enfin des obstacles accu-
mulés devant lui par tous, et, seul contre tous,
il finissait par leur prouver qu'il avait raison.
La pièce fut jouée cent fois en un an, trois
fois par semaine, ce qui constitue une rarissime
exception dans un théâtre de chant, subven-
tionné et.comme tel, contraint de ne pas don-
ner d'une même œuvre des représentations
suivies.
Nouveaux déboires
Hélas! la fatalité,glorieusement interrompue,
devait trop vite revenir. Lalo mourait, et le
« Roi d'Ys », malgré le nombre de représenta-
tionsqu'ilavait obtenues,ne restaitpasau réper-
toire de l'Opéra-Comique.
Il est fort probable que la veuve ou les héri-
tiers du compositeur s'employèrent alors à
vaincre la nouvelle résistance des directeurs,
peut-être obtinrent-ils de nombreuses promes-
ses sans le moindre résultat, et le « Roi d'Ys »
reprit le chemin de ses anciens gîtes, les con-
certs dominicaux, qui eux, invariables comme
le grand art, l'accueillirent avec la même et
impeccable orchestration (l'ouverture, s'en-
tend). Je la réentendis, si j'ai bonne mémoire,
l'an dernier à la société des concerts du Con-
servatoire, un peu avant que M. Taffanel, re-
mis de la maladie qui l'avait longtemps éloi-
gné do son pupitre, cédât la place à M.
Marty.
Douze ans passèrent. Un beau jour, l'Opéra
s'avisa de reprendre l'ouvrage. Tout aussitôt
l'Opéra-Comique manifesta l'identique inten-
tion, Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que
les directeurs sont comme les enfants qui ont
envie du même gâteau. Oui, je vous entends,
ils n'ont qu'à le partager, c'est-à-dire, en l'es-
pèce, à jouer simultanément l'œuvre sur deux
scènes à la fois. Cette chance qu'ont tout ré-
cemment connue Rossini avec le « Barbier de
Séville » et Mozart avec « Don Juan », Lalo
ne l'aura pas. Qu'il ne sorte plus du moins de
l'Opéra-Comique, père prodigue qui revient à
lui, et que, s'il n'a jamais deux théâtres, il en
conserve au moins un 1
Les chanteurs de la création
Lalo trouva.en 1888, les chanteurs qu'il était
en droit d'attendre. Le rôle de Mylia fut inter-
prété par Talazac, celui du roi par Cobalet, ce-
lui de Carnac par M. Bouvet, celui de Saint-
Corentin par M. Fournets. celui de Margared
par Mme Deschamps,celui de Rozenn par Mlle
Simonnet ; tous, remarquablement.
Ainsi que l'indique l'absence du mot « Mon*
sieur » devant les noms de Talazac et de Coba-
let, ces deux chanteurs sont morts.
Que sont devenus les autres? M. Fournets
est à l'Opéra; M. Bouvet et Mme Deschamps
sont encore à l'Opéra-Comique. Il n'y à que
Mlle Simonnet qui ne soit nulle part. Elle
chante toujours dans les concerts, et même à
l'Opéra-Comique dans les représentations à
bénéfice, mais n'est plus pensionnaire du théâ-
tre de ses débuts. Pourquoi? Elle l'ignore sans
doute, et le public aussi. Il m'a été facile' de
constater récemment quo sa voix conservait
tout son éclat. Est-ce alors parce que.dans une
salle exiguë, cette voix,à l'inverse de beaucoup
d'autres, porte trop, dépasse l'orchestre et se
permet d'arriver au public ? Ce n'est point un
crime, et si c'en est un, il seîait de mise à
l'Opéra Saint-Corentin y est entré, pourquoi
Rozenn ne l'y suivrait-elle pas ? - Fernand
Gendrier.
L'ALCOOL INDUSTRIEL
MM. Ribot, Depreux, Rose, Bersez, Klolz,
Plichon et Mâcherez ont été reçus hier matin
par le président du conseil et les ministres des
finances et de l'agriculture.
Au nom du groupe des sénateurs et députés
des régions intéressées à la production de l'al-
cool d'industrie, ils ont exposé aux ministres
les raisons d'ordre supérieur qui s'opposent à
l'adoption de la proposition Lauraine tendant
à établir ud droit différentiel entre les alcools
d'industrie et les alcools de fruit, raisons qui
ont motivé la protestation de ce groupe.
Le président du conseil a promis à la délé-
gation que la question serait examinée au con-
seil des ministres et qu'il serait tenu le plus
grand compte de cette proposition.
LOIS ÉLECTORALES
L'affichage. — Une loi limitative. — Les
circonscriptions.
La commission du suffrage universel a voté
hier une réglementation de l'affichage électoral
s'appliquant aux élections au scrutin uninomi-
nal dans les villes dont la population agglomé-
rée est supérieure à dix mille âmes.
Toutes les affiches électorales devront être
exclusivement placées dans des tableaux mis
à la disposition de chacun des candidats.
Les infractions seraient punies d'amendes et
même d'un condamnation à l'emprisonnement.
La commission a ensuite examiné le projet
du gouvernement relatif au remaniement de
diverses circonscriptions électorales.
Elle a adopté toutes les modifications propo-
sées à l'exception de celles concernant les dé-
partements de l'Ardèche, de la Corrèze, de la
Loire-Inférieure, de la Sarthe, des Bouches-
du-Rhône, de l'Hérault, du Nord et du Rhône,
sur lesquelles elle statuera ultërieuremdnt. -
Nous pouvons ajouter que la Chambre va
être sa:sie par la commission d'une motion
tendant & décider que les diverses propositions
rélative* au scrutin de liste, au secret du vote,
à la répression de la corruption "électorale et à
la réglementation de l'affichage seront exami-
nées aussitôt après le vote du budget. Si la dis-
cussion du budget n'est pas terminée à la fin
du mois, la commission demandera qu'elle soit
interrompue momentanément afin que les deux
Chambres aient le temps matériel do se pro-
noncer, avant l'expiration de la législature,sur
les différentes propositions de modifications
électorales..
———————————— » ■. ■"——-
LE DEVOIR DES RÉPUBLICAINS
La campagne électorale ne bat pas encore
son plein, mais elle est déjà ouverte en beau-
coup d'endroits do province et on n'a qu'à con-
sidérer les efforts de tous les réactionnaires
coalisés pour comprendre l'importance de la
prochaine consultation nationale.
Les manœuvres de toutes sortes sont em-
ployées, et il ne faut pas s'en étonner de la
part de nos adversaires, qui marchent au scru-
tin pour combattre l'œuvre de la République
et faire tomber le ministère actuel. Le mot
d'ordre, c'est la défense de l'enseignement clé-
rical, et le but poursuivi, c'est l'abrogation de
la loi sur les associationsen faveur des jésuites
et des assomptionnistes.
Pour arriver à ce résultat, les pires moyens
sont mis en œuvre et nous tenons à les dévoi-
ler au grand jour au fur et à mesure que nos
amis nous les signaleront.
Ainsi, on nous apprend qu'un certain nom-
bre de candidats soigneusement choisis et sou-
tenus clandestinement par les congrégations
arboreront devant les électeurs un programme
républicain qu'ils n'auront rien de plus pressé
que d'oublier et de trahir. C'est dans l'Ouest
particulièrement que cette tactique serait sui-
vie ; on pense ainsi prendre quelques sièges
qui seraient plus facilement gardés.
Il se passe quelque chose d'analogue en Ven-
dée où un ancien candidat boulangiste se porte
actuellement comme républicain ministériel.
Il se peut qu'il y ait parfois des évolutions sin-
cères. Mais lorsqu'un candidat a un pansé et
surtout, comme dans le cas que nous signa-
lons, un présent encore plus suspect, il est du
devoir des comités locaux de sonder les inten-
tions cachées et de renier immédiatement et
publiquement un candidat plus que sujet à
caution.
Or celui-ci qui se présente sous le patronage
d'un nom illustre et aimé de tous.celui de Paul
Bert, n'a plus le droit de porter ce nom et a
complètementrenié les idées de celui qui l'avait
accueilli.
Après s'être tourné longtemps vers la libre-
pensée, il a, sous l'influence d'un père jésuite
bien connu. le père Piolley, son collègue à
l'Union coloniale, abandonné les idées de celui
qui fut son beau-père et dont il ose encore
se revendiquer pour tomber dans un piétisme
étroit et pratiquant. Comment concilier ces
changements manifestes et les déclarations
électorales d'aujourd'hui ?
Le but poursuivi n'est que trop évident et il
est de notre devoir de le signaler aux élec-
teurs républicains de ce département dont la
conduite est désormais toute tracée.
Aller au scrutin avec de tels hommes c'est
faire le jeu caché des réactionnaires et il n'y a
pas deux manières de procéder en présence de
ces manœuvres: rejeter ouvertement ce candi-
dat et confier le drapeau républicain à quel-
qu'un dont les opinions ne soient ni douteuses
ni suspectes.
Nos amis ne failliront pas à leur devoir.
Voir à la 39 page
les DERNIÈRES DBPËCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
La PSTIT-FILS DE PAGAMI
(De notre correspondant particulier)
New-York, 12 février.
M. Michel Paganini, petit-fils du célèbre vio-
loniste, avait intenté à une Compagnie detram-
ways un procès en dommages-intérêts pour un
accident dont il avait été vielime et à la suite
duquel on avait dû lui couper une jambe.
Le tribunal a condamné la Compagnie à
payer 15,000 dollars à M, Paganini.
Le petit-fils du grand Paganini est lui aussi
violoniste de talent.
UN COUSIN-GERMAIN
DE FRANÇOIS-JOSEPH SOUS TUTELLE
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 12 février.
Le prince Victor de Tour et Taxis, apparenté
avec l'empereur d'Autriche, vient d'être pourvu
d'un conseil judiciaire.
Le prince est lieutenant au 9' régiment de
hussards ; il a mené grande vie et finalement
est tombé entre les mains d'usuriers ; le su-
brogé tuteur, le député Muarrich, intentera à
ces derniers un procès en escroquerie.
■— i 1
UN SOUVENIR DE SUINTE-HELENE
(De notre eorreiponiant sarticulier)
Berlin, 12 février.
Le colonel boer SCGioJ. ancien officier aile.
mand,actuellement en captivitéà Sainte-Hélène,
a envoyé à son ancien supérieur, le lieutenant-
colonel prussien M. Kolzenborg, un cadeau
bien curieux.
Il a coupé une belle brancho d'un buisson
qui a poussé sur la première tombe de Napo
léon Ier et en a fait une canne qu'il a expédiée
ô son ancien chef, comme souvenir do Sainte
Hélène.
-
LA SANTÉ DE TOLSTOI
Inquiétantes nouvelles. — Angine et
pleurésie.
Yalta, 12 février.
L'état de santé du comte Tolstoï, aujourd'hui
si inquiétant, avait été satisfaisant pendant ces
dernières semaines. L'illustre malade a éprouvé
une légère faiblesse par suite de la malaria
dont il a souffert, Il a été soigné à Yalta par le
docteur Altschüller,
Les forces ont complètement disparu, et le
malade a ressenti de violentes douleurs au
côle gauche de la poitrine. Les médecins ont
constaté une pleurésie très étendue, ainsi
qu'une inflammation du poumon gauche. Pour
calrnor les vives douleurs qu'éprouvait le ma-
lade, on lui a fait des injections de morphine,
et, pour rétablir lès fondions du cœur, on
lui a donné du camphre et de la digitale.
La maladie n'a pas augmenté, mais Tolstoï
a eu le délire et a "éprouvé Que grande fai-
blesse. Le 10 février, il a eu un peu d'appétit.Il
a dormi sans avoir pris de narcotique. On es-
pérait pouvoir le sauver.
Toute la famille de l'illustre malade s'est
réunie à son chevet. La température du corps
est très basse. Le nombre des pulsations est
de 100 à 102. Les forces çoûliQueut de di-
milluar. 4
A LA CHAMBRE
La réforme de l'Enseignement secondaire
La disjonction repoussée. — Opinions
de MM. René Viviani, Henri Bris-
son, Léon Bourgeois, Waldeck-
Rousseau, Ribot. — Discours de
M. Couyba.
Au début de la séance, M. d'I. d'Etchepare
a déposé, au nom du cinquième bureau, un
rapport tendant à l'invalidation de M. Villault-
Duchesnois, élu député de l'arrondissement de
Valognes, encore qu'il ne se fût pas conformé
aux dispositions légales — c'est-à-dire bien
qu'il n'eût pas donné sa démission de sous-
préfet six mois au moins avant le scrutin.
Le mandat impératif
M. Coûtant a déposé une proposition tendant
à donner forco de loi au « mandai impératif »,
toutes les fois qu'il aurait été consenti par un
membre du Parlement. M. Gauthier de Clagny
rappelle le cas d'un député qui, il y a une
vingtaine d'années, élu pour siéger à l'extrême
gauche, alla s'asseoir à la droite de l'Assem-
blée.
— C'est infâme ! C'est abominable l
Qui s'insurge avec cette violence de verbo ?
M. de Baudry d'Asson, en proie à sa fureur
quotidienne. Et M. Deschanel trouve un mot
heureux :
,- Votre présence est constatée. Maintenant,
vous pouvez garder le silence.
Le président a d'ailleurs à faire observer à
M. Coutant que sa proposition est inconstitu-
tionnelle. M Coutant transforme sa proposi-
tion en projet de résolution. L'urgence n'en est
pas moins repoussée par 404 voix contre 127.
L'enseignement secondaire
Nous voici à la discussion du projet de réso-
lution présenté au nom de la commission d'en-
quête sur l'enseignement secondaire et concer-
nant la réforme de l'enseignement secon-
daire.
M. Vazeille avait déposé une proposition de
disjonction tendant à renvoyer la discussion
après le budget. Il y a du pour et du contre, et
nous allons entendre plusieurs orateurs de la
gauche défendre l'une et l'autre opinions.
M. Vazeille dit que la Chambre montrerait
une mauvaise méthode de travail en discutant
une réforme de grande importance au milieu
du budget.
M. Viviani est d'un avis opposé :
Je viens, au contraire, demander à la Chambre
de retenir le débat sur lequel elle a pu se former
une opinion par les discussions précédentes et par
les nombreux documents qui lui ont été distri-
bués.
Si nous adoptions aujourd'hui la disjonction, il
ne faut pas croire que nous trouverions plus
tard une heure propice pour engager le débat.
Et alors le ministre, livré à lui seul, trancherait
outes les questions qui nous sont soumises dans
silence du cabinet et sous sa seule responsabilité
( 'ès bien! très bien! sur divers bancs et à
gù he.)
Ii 'agit de savoir si nous allons laisser ainsi la
soluti n d'aussi graves questions à la seule respon-
sabilité du ministre.
Enfin, allons-nous aussi retarder la solution de
toutes les questions qui touchent au sort des maî-
tres-répétiteurs, et qu'ils attendent depuis si long-
temps ?
Je voterai donc contre la disjonction qui vous est
proposée. (Très bien! très bien! sur les mêmes
bancs.)
A. M. Ribot maintenant :
La Chambre a décidé à l'unanimité de fixer la
discussion des conclusions de la commission avant
celle du budget du ministère de l'instruction pu-
blique. La Chambre est assurément maîtresse
de son ordre du jour, mais en le modifiant au-
jourd'hui, elle abdiquerait son droit et son de-
voir
M. Henri Brisson parle de sa place :
Je voterai la proposition de notre collègue Va-
zeille, et cela pour plusieurs raisons.
La première, c'est que nous sommes en retard
dans la discussion du budget.
Ma seconde raison et non la moins importante,
c'est que nous lierions nos successeurs tant au
point do vue des principes qu'au point de vue
financier. Lorsqu'ils demnnderaient des réformes
ils rencontreraient cette objection : « Attendez-donc
que l'on ait vu les résultats de la réforme votée
par vos prédécesseurs ; attendez qu'on ait pu les
apprécier. »
Voilà pour quelles raisons je volerai la motion
de M. Vazeille. (Très bien! très bien!t
Après ces judicieuses réflexions, la cause de
la disjonction semble gagnée. Il faut une ha-
bile et persuasive intervention de M. Léon
Bourgeois pour faire pencher la balance de
l'autre côté :
Je demande à mon tour la permission d'expli-
quer mon vote et de donner les raisons pour les-
quelles, à mon très grand regret et pour la pre.
mière fois, je me sépare de mon éminent ami, M.
Brisson.
Je crois que les craintes qu'il a exprimées ne
sont pas aussi fondées qu'il le croit.
Je suis aussi désireux que mon éminent ami de
voter le budget dans le délai le plus court ; tous,
dans cette Chambre, nous y avons un égal intérêt.
(Très bien! très bien 1)
Mais je crois qu'il y a là deux débats distincts
et qu'on peut, grâce à une sorte d'entente cordiale
à établir entre les membres de cette Chambre, n'en
aborder qu'un. (Très bien! très bien"
Sur le terrain administratif et pédagogique ainsi
délimité, la discussion ne soulèvera point de pas-
sions et ne sera pas de longue durée, car, ainsi
qu'on vous l'a dit, l'accord complet s'est établi
entre la commission tout entière et le ministre,
sinon sur tous les détails, du moins sur les points
essentiels de cette réforme de l'enseignement se-
condaire qui doit être la charte de l'Université de
France. (Très bien ! très bien 1)
Le président du conseil à la tribune
M. Waldeck-Rousseau se borne à résumer la
question — qui, dit-il, est une question de me-
sure:
il vous avait paru qu'il y avait intérêt à consa-
crer. par un débat, qui, à première vue, ne semblait
pas devoir être bien long, l'accord intervenu entro
la commission et M. le ministre de l'instruction
publique.
AI. Léon Bourgeois a insisté à son tour sur cette
considération. Si l'engagement loyal dont il a parlé
peut être tenu, le gouvernement no fait pas d'oppo-
sition à ce débat, mais la Chambre ne doit pas ou-
blisr que la question vitale, c'est le vote du bud-
get en temps utile. (Applaudissements à gauche.)
Il y a peu de jours, elle décidait qu'elle discute-
rait le budget sans désemparer. Cette formule ne
serait qu'un vain mot, qu'une dérision, s'il suffi-
sait, pour pouvoir discuter les propositions qu'elle
a ainsi voulu écarte', de los introduire dans le bud-
get (Très bien 1 très bien !)
Il-faut donc qu'il soit bien entendu qu'on n'intro-
duira pas dans le budget des projets de résolution
qui ont le caractère de véritables propositions de
toi. Je répète, par conséquent, que si la discussion
doit se maintenir sur lo terrain pédagogique (in-
terruption à gauche.), le gouvernement n'y fait
aucune objection.
Une transaction
M,. Carnaud conjure la majorité républi-
caine de ne pas se diviser; il montre un ter-
rain d'union :
J'apporte une proposition transactionnelle qui
permettra à tous les républicains de voter dans un
même sens afin que la réforme de l'enseignement
secondairo, qui vous estsoumise, soit résolue avant
quo la Chambre se sépare. Il ne faut pas que le
parti républicain paraisse avoir échoué dans cette
réforme au moment où il est nécessaire d'abou-
tir.
C'est pourquoi je demande qua les séances du
matin soient réservées (bruit sur divers bancs.) à
la discussion du budget et que les séances de l'a-
près-midi soient employées à la discussion de l'in-
terpellation do M. Ribot sur l'ensoignement secon*
daire.
M. Carnaud termine en demandant que le
débat ait toute l'ampleur désirable et en sou-
haitant que les solutions de détail ',soient soir-
mises à la définition préalable desgrands prin-
cipes qui doivent dominer l'enseignement.
Par 385 voix contre 171, la proposition d'a-
journement do M. Vazeille est repoussée.
M. Caillaux se rallie à la proposition de M.
Carnaud, mais par 296 voix contre 242 l'ordre
du jour est maintenu.
Discours de M. Couyba
M. Couyba prend la parole sur le projet de
réforme de l'enseignement. 11 prononce un
long discours, dont je ne saurais songer à don-
ner que les lignes principales.
Le projet de réforme de l'enseignement secon-
daire soumis aux délibérations du Parlement par
la commission de l'enseignement et par M. le mi-
nistre de l'instruction publique comprend deux
parties essentielles : d'abord une réforme du ré-
gime des lycées ; en deuxième lieu, un nouveau
plan d'études.
Nul ne peut, dans cette Chambre, méconnaître
l'importance de ce débat.
Il s'agit d'un problème qui n'est pas seulement
d'ordre pédagogique, mais surtout d'ordre poli-
tique, économique et social. En un mot, il ne
s'agit rien moins que des destinées de l'esprit
français et de la richesse nationale.
Je suis intervenu dans ce débat,parce que j'ai été
autrefois repetiteui, puis professeur, parce que j'ai
été dans la commission de l'enseignement le rap-
porteur du plan d'études, parce qu'enfin j'ai déposé
une demande d'interpellation à M le ministre de
l'instruction publique, sur les mesures propres à
assurer la continuité et la solidarité do l'enseigne-
ment primaire, de l'enseignement secondaire et de
l'enseignement supérieur.
M. Couyba met la Chambre en garde contre
le projet de la commission qui augmenterait
inconsidérément l'autorité des proviseurs.
L'orateur fait une large critique du projet.
La suite de la discussion nous permettra de
revenir sur chacun des points examinés par
M. Couyba.
Malgré M. Muzet, qui a une interpellation à
placei, l'ordre du joui- des prochaines séances
est maintenu.
Hugues Destrem.
LA PENSION DE Mme CRISPI
(De notre correspondant particulier)
Rome, 12 février.
Le roi Victor-Emmanuel a accordé à dons
Lina, veuve de M. Crispi, une pension de
15.000 fr par an à titre do veuve d'un décoré
du collier de l'annonciade.
IL PRÊCHE DANS LE DESERT
Un certain M. Langénieux, de ion métier
archevêque — on fait ce que l'on peut par ces
temps de crise et l'on est même obligé d'ac-
cepter les emplois les plus ridicules — vient
de lancer un mandement qui prouve une fois
de plus combien est sincère l'adhésion du clergé
catholique à la République. M. Langénieux
s'élève contre toutes les réformes républicaines
accomplies dans ces trente dernières années ; il
proteste contre la laïcisation des écoles primai-
res, contre les projets de loi suk la libérté de
l'enseignement secondaire, contre le stage sco-
laire. Noue comprenons que cet archevêque ne
trouve pas de son gottt les réformes quo le
Parlement va accompliretqui assureront au ré-
gime des fonctionnaires qui ne le combattront
pas. Il sera, en effet, profondément regrettable
que les écoles des jésuites ne remplissent pas
l'armée et la marine de leurs créatures, mais si
les jésuitières y perdent, la défense nationale
y gagnera certainement.
M. Langénieux se plaint encore que la qua-
lité de catholique brise toutes les carrières, et
que celle de franc-maçon les ouvre toutes.
C'est malheureusement M. Langénieux qui le
dit, et ce que les archevêques proclament n'est
pas toujours parole d'Evangile.
Mais ce qui frappe le plus ce bon M Langé-
nieux, c'est que la loi sur les associations soit
votée, et suctout qu'elle ait reçu son applica-
tion.
Il n'en revient pas. Il est effrayé, dit-il, des
conséquences de cette -loi, car les associations
ne sont pas aussi riches qu'on le croit, et
quand elles ont de l'argent, c'est pour soula-
ger des misères et secourir les malades.
C'est ainsi - vous le saviez, n'est-ce pas-? -
que les assomptionnistes avaient une caisse
noire POUi remédier au chômage qui sévit ac-
tuellement, et que tes sœurs du Bon-Pasteur, à
Nancy, faisaient travailler les orphelines pour
leur prbcùref une 'petite dot ?
Enfin, il termine en taisant appel à Tunion
des honnête» gens. Pourquoi ! Pour qui!
Il ne le dit pas, mais il est lacile de le devi-
ner ; ces honnêtes gens, ce sont tous les ad-
versaires de la République. De ceux -là, noua
nous flattons de ne pas être. - t; G.
• VoiP en S* édition
LA MM3AKÊME - - -- -
AUTOUR DE PANAMA
Ls croiseur « Président Pïhto jt
* New-York, 12 février".
Les commissaires colombiens - partiront au-
jourd'hui de Panama pouk prpndre possession
du croiseur çhUien Président-Pinto, ichetô ré«
cemment par le gouvernement.
A propos de la guerre hispano-
américaine
Washington, 12 février.
On continue S* s'occuper de l'attitude des
puissances étrangères à l'égard des Etats-Oais
à l'époque de la guerre hispano-américaine.
Ce qui a pu faire croiré à tort que l'ambas-
sadeur d'Angleterre aurait fait. des efforts pour
empêcher ies Etat^-Unis de faire la guerre à
à l'Espagne, c'est 'quer cet £ »mhasuâdeui, pour
complaire à la requête du représentant de
l'Autriche, avait h»en,voulu, jçoçunp doyen,
sonder les dispositions du corps diplomatique.
tout en sachant d'avance que le résultat serait
défavorable. ,.. i
La perte du « Condor a
Victoria, 2 février.
L'Egeria, partie à la recherche du Condor.
est revenue avec deux nouveaux débris du
sioop anglais disparu.
.-
LE SUFFRAGE UNIVERSEL EN BELGIOtlÍ
Bruxelles, 12 février.
La Chambre a abordé aujourd hurla diacus- -
sioç générale du projet de suffrage universel
commuual et provincial.
Aucun incident" ne se produit Jusqu'au mo-
ment où M. Bétbune, député d'Alost, déposant
ua rapport, est traité de fraudeur etaccusS d'a-
voir falsifié les listes électorales M. Bétbune
répond que la coup de cassation l'a lavé -de
ces accusations. M. Smeels.. socialiste. conti-
nuant à s'en prendre à M. Béthune, bien que
la parole lui ait été retirée, fa président déclara
la séance levée. La droite en se retirant ewt
buée par la gauche.
Une foule assez compacte a acclamé tes dé-
putés socialistes à leursortie puis les assistants,
.formés.eo colosse, so sont rendus jtiiqu'è lq
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Ce Numéro, CINQ CENTIMES
foNDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
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RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 11662. - Venclrecli 14 Février 1902
25 PLUVIOSE AN 110
ADMINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
Nous publierons prochainement en feuil.
iôtOïh
LE DOCTEUR VAMPIRE
grand roman inédit, écrit spécialement
pour notre journal
par PAUL DE GARROS
; En attendant cette œuvre très impor-
tante, et qui est appelée au succès le plus
vif, nous offrirons à partir de demain ven-
dredi à nos lecteurs une œuvre- également
inédite, un drame en 5 actes et 7 tableaux :
Le Moine et la Jeune Fille
par M. BERNARD DE LINCUEIL
Il est rare qu'une pièce de théâtre, non
encore jouée, soit publiée en feuilleton; le
drame de M. Bernard de Lincœil justifie
cette dérogation aux habitudes prises. On y
trouvera dans une action alerte et vivante,
dans une très curieuse étude des mœurs du
moyen-âge, l'examen éloquent de problèmes
yui nous passionnent tous.
NOS LEADERS
Le rengagement
des simples soldats
La question de la réduction de la du-
rée du service militaire est posée devant
le Parlement : il est bien entendu que
la Chambre, en les quelques jours qui
lui restent à vivre, ne saurait trouver
le loisir de rédiger la loi de recrute-
ment appelée à remplacer cette pauvre
loi de 1889 dont les défauts crèvent, à
cette heure, tous les yeux ; mais il est
probable que la Chambre, ne pouvant
légiférer, voudra tout au moins mani-
fester, émettre, à l'instar des conseils
généraux, un vœu. On annonce que,
lors de la prochaine discussion du bud-
get de la guerre, plusieurs motions
seront présentées a invitant le gouver-
nement à soumettre au Parlement un
projet de loi réduisant à deux ans la
durée du service militaire. Vraisembla-
blement, ces motions seront adoptées,
et la suite législative à donner à cette
démonstration concernera la Chambre
qui va sortir des urnes dans deux
mois.
La discussion reste donc ouverte de-
vant l'opinion publique ; et je pense
que c'est pour fournir des aliments à
cette discussion que M. Raiberti vient
de déposer une proposition ayant pour
principal objet d'autoriser le rengage-
ment des simples soldats.
Discutons donc; au surplus la propo-
sition n'est pas nouvelle — oh ! non !
— et nous n'aurons ici qu'à reproduire
purement et simplement les arguments
que nous avons déjà émis bien des
fois pour la combattre.
***
On était en droit, peut-être, de pen-
ser que la dernière expérience, si cruelle,
faite il y a trente et un ans, avait défi-
nitivement condamné dans tous les es-
prits le système du service à long
terme, des armées de vétérans — sys-
tème auquel toute l'Europe a renoncé ;
il n'en est rien, paraît-il ; le passé ne
consent pas à disparaître définitivement;
à chaque instant, nous avons à écraser
ses tentatives de résurrection.
M. Raiberti propose d'autoriser les
hommes ayant accompli leurs trois ans
de présence sous les drapeaux, sans avoir
été jugés dignes d'aucun grade, à con-
tracter un rengagement pour cinq ans,
pour dix ans même.
Tout de suite, la question qui se pose
est celle-ci que feraient à la caserne,
pendant dix-huit années consécutives,
ces hommes? La réponse est facile : ils
n'y feraient rien.
Ils n'y apprendraient rien, cela est
certain, puisque l'opinion des personnes
les plus compétentes est qu'après une
année de travail sérieux on a parcouru
le cycle des connaissances qui peuvent et
doivent s'acquérir au régiment. Ils n'y
pourraient rien enseigner aux autres,
cela est encore plus évident, puisque
leur îneapacité à conquérir même les
modeste galons, insigne du caporalat, a
démontre péremptoirement leur inap-
titude à remplir le rôle d'instructeurs.
Si élèves, ni professeurs, quel pour-
rait être leur fonction dans cette grande
école nationale qui s'appelle l'armée?
- Vous les voyez d'ici : ordonnances,
employés, « embusqués », fricoteurs de
toute espèce, s'engourdissant dans la
fainéantise, accomplissant de façon
machinale les gestes dont se compose
la vie du militaire. Ça, des vieux sol-
dats ? Allons donc !
Les vieux soldats, ça a fait la guerre.
Quand on a promené ses drapeaux, pen-
dant dix ans, sur les rives du Rhin et
sur les bords de l'Adige.et des défilés
de l'Argonne aux déserts de l'Egypte,
on peut, de ce qui reste debout après
tant de combats, faire une vieille garde ;
mais vous aurez beau, en temps de paix,
allonger démesurément les années de
présence sous les drapeaux, vous ne
parviendrez qu'à avoir de vieilles bêtes,
et voilà tout.
Or, nous ne voulons pas, nous autres
républicains, que l'on fabrique, avec les
jeunes Français, de vieilles bêtes ; nous
voulons que tous aillent au régiment,
oui, certes, mais pour n'y rester que le
temps strictement nécessaire pour y ap-
prendre ce qu'ils doivent savoir; et que,
le plus tôt possible, ils soient restitués
au travail utile, à l'activité féconde
du citoyen.
Au surplus, nous savons que les pré-
occupations dont semble inspirée la pro-
position de M. Raiberti sont à double
fond ; qu'elles procèdent,chez certains,
du désir de constituer une armée capa-
ble, au besoin, d'accomplir,à l'intérieur,
toutes les besognes qu'on ne pourrait
attendre de cette armée qui, par son
système de recrutement, se confond
avec la nation même.
Ceux qui appellent de tous leurs vœux
la dictature de n'importe qui, pourvu
qu'il ait un sabre ; ceux qui, tout bas,
complotent des attentats contre les li-
bertés publiques ; ceux qui rêvent le re-
tour d'on ne sait quel césarisme, ont be-
soin certes, pour leurs projets éven-
tuels, de soldats de métier, ayant pris
l'habitude d'une vie spéciale, ayant
perdu à peu près tout contact, rompu à
peu près tous liens avec la population
civile, et que l'on pourrait, le cas
échéant, lancer sur elle, baïonnette en
avant et sabre au clair.
Que M. Raiberti le désire ou non, les
prétendus « vieux soldats » qu'il vou-
drait créer ne pourraient être que des
prétoriens, promis d'avance comme col-
laborateurs — en vertu du dogme de
l'obéissance passive — aux fauteurs de
toute tentative dirigée contre la Répu-
blique.
Ils ne sauraient être — pour cause -
les soldats de Valmy, de Fleurus et de
Hohenlinden ; ils deviendraient presque
fatalement — parce qu'un entrepreneur
de coup d'Etat, ça se trouve — les sol-
dats du boulevard Montmartre et de la
rue Tiquetonne.
Nous ne voulons pas que l'on prépare,
que l'on organise ce danger. Nous esti-
mons que tout essai de reconstitution
d'une armée ayant sa vie distincte de la
vie nationale, formant, à proprement
parler, une caste à part, doit être éner-
giquement repoussé par l'unanimité
du parti républicain.
N'est-ce point déjà trop que la masse
des officiers et des sous-officiers ren-
gagés se trouve forcément placée en
dehors de cette vie nationale, à laquelle,
en principe, tous les citoyens devraient
participer ?
Nous avons dû consentir aux lois
organisant le rengagement des sous-
officiers, parce que des raisons très
graves, impérieuses, militaient en fa-
veur de l'adoption de cette mesure;
parce qu'elle nous aparaissait comme
le seul moyen d'arriver à la réduction
de la durée du service militaire ; parce
que nous étions convaincus de la néces-
sité de former autour des jeunes soldats
un cadre solide d'instructeurs.
Mais aucune de ces raisons ne peut
être invoquée en faveur de la proposi-
tion tendant à autoriser le rengagement
des simples soldats.
C'est pourquoi nous estimons qu'il
faut la combattre, comme manifeste-
ment opposée aux véritables intérêts de
la République et de l'armée.
Lucien Victor-Meunier.
LA NOUVELLE DUPLICE
L'Angleterre vient de signer
avec le Japon un traite d'al-
liance dont on pourra lire plus
loin les stipulations. Il n'est
pas besoin de chausser de for-
tes lunettes — puisque c'est
écrit à peu près en toutes let-
tres dans l'instrument diplomatique — pour
voir que le traité a pour but de permettre :
to à l'Angleterre de faire ce qu'elle voudra
en Chine ; 2° au Japon de faire ce qu'il
voudra en Corée.
Ajoutons, bien que cela ne soit pas écrit,
que les Etats-Unis sont les témoins bien-
veillants du traité et que la nouvelle al-
liance vise surtout la Russie. On veut que
cette dernière puissance soit entravée dans
tout ce qu'elle pourra tenter désormais, soit
ta Corée, soit peut-être en Mandchourie.
Ce qui ressort clairement, en outre, du
traité d'hier, c'est que l'Angleterre renonce
«à l'isolement splendide » ; et ceci prouve
que l'isolement anglais n'était splendide
que parce qu'étant obligé d'en jouir, M.
Chamberlain se consolait en l'embellissant
d'un adjectif. On trouve, en effet, dans les
journaux anglais d'hier, trace de cette pen-
sée que le traité était devenu une néces-
sité à raison de l'hostilité générale de l'Eu-
rope depuis la guerre du Sud-Africain.
Si donc la guerre atroce faite aux héros
boers n'avait point lié les bras de l'Angle-
terre dans toutes les parties du monde, et
n'avait soulevé contre son gouvernement
actuel l'animadversion ouverte de tous
les peuples, et l'animadversion tacite de
tous les gouvernements, le Foreign Office
se fût plus que probablement dispensé de
signer un traité qui peut l'obliger, de-
main, à engager contre la Russie, en l'hon-
neur du Japon, une guerre dont il est dif-
ficile de prédire les suites directes et indi-
rectes, et dont, par conséquent, le gouver-
nement de Londres se dispenserait très
volontiers.
Le traité anglo-japonais est donc la
preuve écrite que le gouvernement anglais,
en raison de la prolongation de la guerre
sud-africaine, se sent atteint dans son pres-
tige et dans sa force. Quand on a une
jambe cassée, on prend une béquille. La
béquille, ici, c'est le Japon. — Ch. B.
L'ÉLECTION DE VALOGNES
Le cinquième bureau de la Chambre
chargé d'examiner le dossier de l'élection de
M. Villault-Duchesnois dans la circonscription
de Vulognes (Manche) vient de conclure à l'an-
nulation de cette élection, M. Villault-Duches-
nois n'ayant pas donné sa démission de sous-
préfet de Valognes dans les délais légaux,
M. d'Iriart-d'Elcheparre a été chargé du
rapport qui a été déposé, dès hier, sur le bu-
reau Opla Chambre. s
LE ROI D'YS
La reprise de l'œuvre à l'Opéra-Comi-
que. — Son histoire..- Son succès
imprévu. — Son interprétation
primitive. — Mlle Simonnet.
L'Opéra-Comique va redonner incessamment
le Rot d'Ys. Ce n'est pas empiéter sur les at-
tributions du critique musical, que retracer à
la veille de cette reprise l'hisloiré, déjà vieille
de quatorze ans, de cette pièce mémorable et
par son mérite et par ses tribulations. Repré-
sentée à l'Opéra-Comique de la place du Châ-
telet en mai 1888, elle avait été achevée plus de
vingt ans auparavant. Il avait fallu près d'un
quart de siècle pour que Lalo, son auteur,
triomphât des fins de non-recevoir que lui im-
posaient systématiquement tous les directeurs
auxquels il s'était adressé.
Une consolation lui avait été accordée, il est
vrai: si l'opéra demeurait inconnu, son ou-
verture, du moins, était depuis longtemps ac-
clamée dans les concerts dominicaux. Il semble
que cet enthousiasme pour une fraction de
l'œuvre eûtdû inciter les directeurs à faire con-
naître l'œuvre entière. Tout au contraire. Il se
passait là ce qui a lieu pour les pièces inter-
dites par la censure. La publication, même par-
tielle de l'ouvrage,on empêchait par la suite la
représentation. Mais tout a une fin, même le
martyre pour les œuvres de valeur. Et l'infor-
tuné et méritant Lalo devait voir sa pièce
éclairée des feux de la rampe. Il avait alors
dépassé la soixantaine, et devant le succès
tardif de 1 ouvrage, la mort s'apprêtait à em-
porter l'autéur
La première
La première du «Roi d'Ys» — à laquelle j'eus
la joie d'assister — fut un des plus grands
succès qu'aient enregistrés los fastes du théâ-
tre : d'autant plus grand que l'échec était
attendu (?) de tout le monde, même des inter-
prètes qui parlaient de rendre leurs rôles.
L'ouverture, déjà connue, fut suffisamment
applaudie. Mais, contre toute prévision, le
succès de la pièce se dessina dès le premier
acte, l'euthousiasmese manifesta au deuxième,
et l'épilogue prit les allures de la victoire.
L'auteur triomphait enfin des obstacles accu-
mulés devant lui par tous, et, seul contre tous,
il finissait par leur prouver qu'il avait raison.
La pièce fut jouée cent fois en un an, trois
fois par semaine, ce qui constitue une rarissime
exception dans un théâtre de chant, subven-
tionné et.comme tel, contraint de ne pas don-
ner d'une même œuvre des représentations
suivies.
Nouveaux déboires
Hélas! la fatalité,glorieusement interrompue,
devait trop vite revenir. Lalo mourait, et le
« Roi d'Ys », malgré le nombre de représenta-
tionsqu'ilavait obtenues,ne restaitpasau réper-
toire de l'Opéra-Comique.
Il est fort probable que la veuve ou les héri-
tiers du compositeur s'employèrent alors à
vaincre la nouvelle résistance des directeurs,
peut-être obtinrent-ils de nombreuses promes-
ses sans le moindre résultat, et le « Roi d'Ys »
reprit le chemin de ses anciens gîtes, les con-
certs dominicaux, qui eux, invariables comme
le grand art, l'accueillirent avec la même et
impeccable orchestration (l'ouverture, s'en-
tend). Je la réentendis, si j'ai bonne mémoire,
l'an dernier à la société des concerts du Con-
servatoire, un peu avant que M. Taffanel, re-
mis de la maladie qui l'avait longtemps éloi-
gné do son pupitre, cédât la place à M.
Marty.
Douze ans passèrent. Un beau jour, l'Opéra
s'avisa de reprendre l'ouvrage. Tout aussitôt
l'Opéra-Comique manifesta l'identique inten-
tion, Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que
les directeurs sont comme les enfants qui ont
envie du même gâteau. Oui, je vous entends,
ils n'ont qu'à le partager, c'est-à-dire, en l'es-
pèce, à jouer simultanément l'œuvre sur deux
scènes à la fois. Cette chance qu'ont tout ré-
cemment connue Rossini avec le « Barbier de
Séville » et Mozart avec « Don Juan », Lalo
ne l'aura pas. Qu'il ne sorte plus du moins de
l'Opéra-Comique, père prodigue qui revient à
lui, et que, s'il n'a jamais deux théâtres, il en
conserve au moins un 1
Les chanteurs de la création
Lalo trouva.en 1888, les chanteurs qu'il était
en droit d'attendre. Le rôle de Mylia fut inter-
prété par Talazac, celui du roi par Cobalet, ce-
lui de Carnac par M. Bouvet, celui de Saint-
Corentin par M. Fournets. celui de Margared
par Mme Deschamps,celui de Rozenn par Mlle
Simonnet ; tous, remarquablement.
Ainsi que l'indique l'absence du mot « Mon*
sieur » devant les noms de Talazac et de Coba-
let, ces deux chanteurs sont morts.
Que sont devenus les autres? M. Fournets
est à l'Opéra; M. Bouvet et Mme Deschamps
sont encore à l'Opéra-Comique. Il n'y à que
Mlle Simonnet qui ne soit nulle part. Elle
chante toujours dans les concerts, et même à
l'Opéra-Comique dans les représentations à
bénéfice, mais n'est plus pensionnaire du théâ-
tre de ses débuts. Pourquoi? Elle l'ignore sans
doute, et le public aussi. Il m'a été facile' de
constater récemment quo sa voix conservait
tout son éclat. Est-ce alors parce que.dans une
salle exiguë, cette voix,à l'inverse de beaucoup
d'autres, porte trop, dépasse l'orchestre et se
permet d'arriver au public ? Ce n'est point un
crime, et si c'en est un, il seîait de mise à
l'Opéra Saint-Corentin y est entré, pourquoi
Rozenn ne l'y suivrait-elle pas ? - Fernand
Gendrier.
L'ALCOOL INDUSTRIEL
MM. Ribot, Depreux, Rose, Bersez, Klolz,
Plichon et Mâcherez ont été reçus hier matin
par le président du conseil et les ministres des
finances et de l'agriculture.
Au nom du groupe des sénateurs et députés
des régions intéressées à la production de l'al-
cool d'industrie, ils ont exposé aux ministres
les raisons d'ordre supérieur qui s'opposent à
l'adoption de la proposition Lauraine tendant
à établir ud droit différentiel entre les alcools
d'industrie et les alcools de fruit, raisons qui
ont motivé la protestation de ce groupe.
Le président du conseil a promis à la délé-
gation que la question serait examinée au con-
seil des ministres et qu'il serait tenu le plus
grand compte de cette proposition.
LOIS ÉLECTORALES
L'affichage. — Une loi limitative. — Les
circonscriptions.
La commission du suffrage universel a voté
hier une réglementation de l'affichage électoral
s'appliquant aux élections au scrutin uninomi-
nal dans les villes dont la population agglomé-
rée est supérieure à dix mille âmes.
Toutes les affiches électorales devront être
exclusivement placées dans des tableaux mis
à la disposition de chacun des candidats.
Les infractions seraient punies d'amendes et
même d'un condamnation à l'emprisonnement.
La commission a ensuite examiné le projet
du gouvernement relatif au remaniement de
diverses circonscriptions électorales.
Elle a adopté toutes les modifications propo-
sées à l'exception de celles concernant les dé-
partements de l'Ardèche, de la Corrèze, de la
Loire-Inférieure, de la Sarthe, des Bouches-
du-Rhône, de l'Hérault, du Nord et du Rhône,
sur lesquelles elle statuera ultërieuremdnt. -
Nous pouvons ajouter que la Chambre va
être sa:sie par la commission d'une motion
tendant & décider que les diverses propositions
rélative* au scrutin de liste, au secret du vote,
à la répression de la corruption "électorale et à
la réglementation de l'affichage seront exami-
nées aussitôt après le vote du budget. Si la dis-
cussion du budget n'est pas terminée à la fin
du mois, la commission demandera qu'elle soit
interrompue momentanément afin que les deux
Chambres aient le temps matériel do se pro-
noncer, avant l'expiration de la législature,sur
les différentes propositions de modifications
électorales..
———————————— » ■. ■"——-
LE DEVOIR DES RÉPUBLICAINS
La campagne électorale ne bat pas encore
son plein, mais elle est déjà ouverte en beau-
coup d'endroits do province et on n'a qu'à con-
sidérer les efforts de tous les réactionnaires
coalisés pour comprendre l'importance de la
prochaine consultation nationale.
Les manœuvres de toutes sortes sont em-
ployées, et il ne faut pas s'en étonner de la
part de nos adversaires, qui marchent au scru-
tin pour combattre l'œuvre de la République
et faire tomber le ministère actuel. Le mot
d'ordre, c'est la défense de l'enseignement clé-
rical, et le but poursuivi, c'est l'abrogation de
la loi sur les associationsen faveur des jésuites
et des assomptionnistes.
Pour arriver à ce résultat, les pires moyens
sont mis en œuvre et nous tenons à les dévoi-
ler au grand jour au fur et à mesure que nos
amis nous les signaleront.
Ainsi, on nous apprend qu'un certain nom-
bre de candidats soigneusement choisis et sou-
tenus clandestinement par les congrégations
arboreront devant les électeurs un programme
républicain qu'ils n'auront rien de plus pressé
que d'oublier et de trahir. C'est dans l'Ouest
particulièrement que cette tactique serait sui-
vie ; on pense ainsi prendre quelques sièges
qui seraient plus facilement gardés.
Il se passe quelque chose d'analogue en Ven-
dée où un ancien candidat boulangiste se porte
actuellement comme républicain ministériel.
Il se peut qu'il y ait parfois des évolutions sin-
cères. Mais lorsqu'un candidat a un pansé et
surtout, comme dans le cas que nous signa-
lons, un présent encore plus suspect, il est du
devoir des comités locaux de sonder les inten-
tions cachées et de renier immédiatement et
publiquement un candidat plus que sujet à
caution.
Or celui-ci qui se présente sous le patronage
d'un nom illustre et aimé de tous.celui de Paul
Bert, n'a plus le droit de porter ce nom et a
complètementrenié les idées de celui qui l'avait
accueilli.
Après s'être tourné longtemps vers la libre-
pensée, il a, sous l'influence d'un père jésuite
bien connu. le père Piolley, son collègue à
l'Union coloniale, abandonné les idées de celui
qui fut son beau-père et dont il ose encore
se revendiquer pour tomber dans un piétisme
étroit et pratiquant. Comment concilier ces
changements manifestes et les déclarations
électorales d'aujourd'hui ?
Le but poursuivi n'est que trop évident et il
est de notre devoir de le signaler aux élec-
teurs républicains de ce département dont la
conduite est désormais toute tracée.
Aller au scrutin avec de tels hommes c'est
faire le jeu caché des réactionnaires et il n'y a
pas deux manières de procéder en présence de
ces manœuvres: rejeter ouvertement ce candi-
dat et confier le drapeau républicain à quel-
qu'un dont les opinions ne soient ni douteuses
ni suspectes.
Nos amis ne failliront pas à leur devoir.
Voir à la 39 page
les DERNIÈRES DBPËCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
La PSTIT-FILS DE PAGAMI
(De notre correspondant particulier)
New-York, 12 février.
M. Michel Paganini, petit-fils du célèbre vio-
loniste, avait intenté à une Compagnie detram-
ways un procès en dommages-intérêts pour un
accident dont il avait été vielime et à la suite
duquel on avait dû lui couper une jambe.
Le tribunal a condamné la Compagnie à
payer 15,000 dollars à M, Paganini.
Le petit-fils du grand Paganini est lui aussi
violoniste de talent.
UN COUSIN-GERMAIN
DE FRANÇOIS-JOSEPH SOUS TUTELLE
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 12 février.
Le prince Victor de Tour et Taxis, apparenté
avec l'empereur d'Autriche, vient d'être pourvu
d'un conseil judiciaire.
Le prince est lieutenant au 9' régiment de
hussards ; il a mené grande vie et finalement
est tombé entre les mains d'usuriers ; le su-
brogé tuteur, le député Muarrich, intentera à
ces derniers un procès en escroquerie.
■— i 1
UN SOUVENIR DE SUINTE-HELENE
(De notre eorreiponiant sarticulier)
Berlin, 12 février.
Le colonel boer SCGioJ. ancien officier aile.
mand,actuellement en captivitéà Sainte-Hélène,
a envoyé à son ancien supérieur, le lieutenant-
colonel prussien M. Kolzenborg, un cadeau
bien curieux.
Il a coupé une belle brancho d'un buisson
qui a poussé sur la première tombe de Napo
léon Ier et en a fait une canne qu'il a expédiée
ô son ancien chef, comme souvenir do Sainte
Hélène.
-
LA SANTÉ DE TOLSTOI
Inquiétantes nouvelles. — Angine et
pleurésie.
Yalta, 12 février.
L'état de santé du comte Tolstoï, aujourd'hui
si inquiétant, avait été satisfaisant pendant ces
dernières semaines. L'illustre malade a éprouvé
une légère faiblesse par suite de la malaria
dont il a souffert, Il a été soigné à Yalta par le
docteur Altschüller,
Les forces ont complètement disparu, et le
malade a ressenti de violentes douleurs au
côle gauche de la poitrine. Les médecins ont
constaté une pleurésie très étendue, ainsi
qu'une inflammation du poumon gauche. Pour
calrnor les vives douleurs qu'éprouvait le ma-
lade, on lui a fait des injections de morphine,
et, pour rétablir lès fondions du cœur, on
lui a donné du camphre et de la digitale.
La maladie n'a pas augmenté, mais Tolstoï
a eu le délire et a "éprouvé Que grande fai-
blesse. Le 10 février, il a eu un peu d'appétit.Il
a dormi sans avoir pris de narcotique. On es-
pérait pouvoir le sauver.
Toute la famille de l'illustre malade s'est
réunie à son chevet. La température du corps
est très basse. Le nombre des pulsations est
de 100 à 102. Les forces çoûliQueut de di-
milluar. 4
A LA CHAMBRE
La réforme de l'Enseignement secondaire
La disjonction repoussée. — Opinions
de MM. René Viviani, Henri Bris-
son, Léon Bourgeois, Waldeck-
Rousseau, Ribot. — Discours de
M. Couyba.
Au début de la séance, M. d'I. d'Etchepare
a déposé, au nom du cinquième bureau, un
rapport tendant à l'invalidation de M. Villault-
Duchesnois, élu député de l'arrondissement de
Valognes, encore qu'il ne se fût pas conformé
aux dispositions légales — c'est-à-dire bien
qu'il n'eût pas donné sa démission de sous-
préfet six mois au moins avant le scrutin.
Le mandat impératif
M. Coûtant a déposé une proposition tendant
à donner forco de loi au « mandai impératif »,
toutes les fois qu'il aurait été consenti par un
membre du Parlement. M. Gauthier de Clagny
rappelle le cas d'un député qui, il y a une
vingtaine d'années, élu pour siéger à l'extrême
gauche, alla s'asseoir à la droite de l'Assem-
blée.
— C'est infâme ! C'est abominable l
Qui s'insurge avec cette violence de verbo ?
M. de Baudry d'Asson, en proie à sa fureur
quotidienne. Et M. Deschanel trouve un mot
heureux :
,- Votre présence est constatée. Maintenant,
vous pouvez garder le silence.
Le président a d'ailleurs à faire observer à
M. Coutant que sa proposition est inconstitu-
tionnelle. M Coutant transforme sa proposi-
tion en projet de résolution. L'urgence n'en est
pas moins repoussée par 404 voix contre 127.
L'enseignement secondaire
Nous voici à la discussion du projet de réso-
lution présenté au nom de la commission d'en-
quête sur l'enseignement secondaire et concer-
nant la réforme de l'enseignement secon-
daire.
M. Vazeille avait déposé une proposition de
disjonction tendant à renvoyer la discussion
après le budget. Il y a du pour et du contre, et
nous allons entendre plusieurs orateurs de la
gauche défendre l'une et l'autre opinions.
M. Vazeille dit que la Chambre montrerait
une mauvaise méthode de travail en discutant
une réforme de grande importance au milieu
du budget.
M. Viviani est d'un avis opposé :
Je viens, au contraire, demander à la Chambre
de retenir le débat sur lequel elle a pu se former
une opinion par les discussions précédentes et par
les nombreux documents qui lui ont été distri-
bués.
Si nous adoptions aujourd'hui la disjonction, il
ne faut pas croire que nous trouverions plus
tard une heure propice pour engager le débat.
Et alors le ministre, livré à lui seul, trancherait
outes les questions qui nous sont soumises dans
silence du cabinet et sous sa seule responsabilité
( 'ès bien! très bien! sur divers bancs et à
gù he.)
Ii 'agit de savoir si nous allons laisser ainsi la
soluti n d'aussi graves questions à la seule respon-
sabilité du ministre.
Enfin, allons-nous aussi retarder la solution de
toutes les questions qui touchent au sort des maî-
tres-répétiteurs, et qu'ils attendent depuis si long-
temps ?
Je voterai donc contre la disjonction qui vous est
proposée. (Très bien! très bien! sur les mêmes
bancs.)
A. M. Ribot maintenant :
La Chambre a décidé à l'unanimité de fixer la
discussion des conclusions de la commission avant
celle du budget du ministère de l'instruction pu-
blique. La Chambre est assurément maîtresse
de son ordre du jour, mais en le modifiant au-
jourd'hui, elle abdiquerait son droit et son de-
voir
M. Henri Brisson parle de sa place :
Je voterai la proposition de notre collègue Va-
zeille, et cela pour plusieurs raisons.
La première, c'est que nous sommes en retard
dans la discussion du budget.
Ma seconde raison et non la moins importante,
c'est que nous lierions nos successeurs tant au
point do vue des principes qu'au point de vue
financier. Lorsqu'ils demnnderaient des réformes
ils rencontreraient cette objection : « Attendez-donc
que l'on ait vu les résultats de la réforme votée
par vos prédécesseurs ; attendez qu'on ait pu les
apprécier. »
Voilà pour quelles raisons je volerai la motion
de M. Vazeille. (Très bien! très bien!t
Après ces judicieuses réflexions, la cause de
la disjonction semble gagnée. Il faut une ha-
bile et persuasive intervention de M. Léon
Bourgeois pour faire pencher la balance de
l'autre côté :
Je demande à mon tour la permission d'expli-
quer mon vote et de donner les raisons pour les-
quelles, à mon très grand regret et pour la pre.
mière fois, je me sépare de mon éminent ami, M.
Brisson.
Je crois que les craintes qu'il a exprimées ne
sont pas aussi fondées qu'il le croit.
Je suis aussi désireux que mon éminent ami de
voter le budget dans le délai le plus court ; tous,
dans cette Chambre, nous y avons un égal intérêt.
(Très bien! très bien 1)
Mais je crois qu'il y a là deux débats distincts
et qu'on peut, grâce à une sorte d'entente cordiale
à établir entre les membres de cette Chambre, n'en
aborder qu'un. (Très bien! très bien"
Sur le terrain administratif et pédagogique ainsi
délimité, la discussion ne soulèvera point de pas-
sions et ne sera pas de longue durée, car, ainsi
qu'on vous l'a dit, l'accord complet s'est établi
entre la commission tout entière et le ministre,
sinon sur tous les détails, du moins sur les points
essentiels de cette réforme de l'enseignement se-
condaire qui doit être la charte de l'Université de
France. (Très bien ! très bien 1)
Le président du conseil à la tribune
M. Waldeck-Rousseau se borne à résumer la
question — qui, dit-il, est une question de me-
sure:
il vous avait paru qu'il y avait intérêt à consa-
crer. par un débat, qui, à première vue, ne semblait
pas devoir être bien long, l'accord intervenu entro
la commission et M. le ministre de l'instruction
publique.
AI. Léon Bourgeois a insisté à son tour sur cette
considération. Si l'engagement loyal dont il a parlé
peut être tenu, le gouvernement no fait pas d'oppo-
sition à ce débat, mais la Chambre ne doit pas ou-
blisr que la question vitale, c'est le vote du bud-
get en temps utile. (Applaudissements à gauche.)
Il y a peu de jours, elle décidait qu'elle discute-
rait le budget sans désemparer. Cette formule ne
serait qu'un vain mot, qu'une dérision, s'il suffi-
sait, pour pouvoir discuter les propositions qu'elle
a ainsi voulu écarte', de los introduire dans le bud-
get (Très bien 1 très bien !)
Il-faut donc qu'il soit bien entendu qu'on n'intro-
duira pas dans le budget des projets de résolution
qui ont le caractère de véritables propositions de
toi. Je répète, par conséquent, que si la discussion
doit se maintenir sur lo terrain pédagogique (in-
terruption à gauche.), le gouvernement n'y fait
aucune objection.
Une transaction
M,. Carnaud conjure la majorité républi-
caine de ne pas se diviser; il montre un ter-
rain d'union :
J'apporte une proposition transactionnelle qui
permettra à tous les républicains de voter dans un
même sens afin que la réforme de l'enseignement
secondairo, qui vous estsoumise, soit résolue avant
quo la Chambre se sépare. Il ne faut pas que le
parti républicain paraisse avoir échoué dans cette
réforme au moment où il est nécessaire d'abou-
tir.
C'est pourquoi je demande qua les séances du
matin soient réservées (bruit sur divers bancs.) à
la discussion du budget et que les séances de l'a-
près-midi soient employées à la discussion de l'in-
terpellation do M. Ribot sur l'ensoignement secon*
daire.
M. Carnaud termine en demandant que le
débat ait toute l'ampleur désirable et en sou-
haitant que les solutions de détail ',soient soir-
mises à la définition préalable desgrands prin-
cipes qui doivent dominer l'enseignement.
Par 385 voix contre 171, la proposition d'a-
journement do M. Vazeille est repoussée.
M. Caillaux se rallie à la proposition de M.
Carnaud, mais par 296 voix contre 242 l'ordre
du jour est maintenu.
Discours de M. Couyba
M. Couyba prend la parole sur le projet de
réforme de l'enseignement. 11 prononce un
long discours, dont je ne saurais songer à don-
ner que les lignes principales.
Le projet de réforme de l'enseignement secon-
daire soumis aux délibérations du Parlement par
la commission de l'enseignement et par M. le mi-
nistre de l'instruction publique comprend deux
parties essentielles : d'abord une réforme du ré-
gime des lycées ; en deuxième lieu, un nouveau
plan d'études.
Nul ne peut, dans cette Chambre, méconnaître
l'importance de ce débat.
Il s'agit d'un problème qui n'est pas seulement
d'ordre pédagogique, mais surtout d'ordre poli-
tique, économique et social. En un mot, il ne
s'agit rien moins que des destinées de l'esprit
français et de la richesse nationale.
Je suis intervenu dans ce débat,parce que j'ai été
autrefois repetiteui, puis professeur, parce que j'ai
été dans la commission de l'enseignement le rap-
porteur du plan d'études, parce qu'enfin j'ai déposé
une demande d'interpellation à M le ministre de
l'instruction publique, sur les mesures propres à
assurer la continuité et la solidarité do l'enseigne-
ment primaire, de l'enseignement secondaire et de
l'enseignement supérieur.
M. Couyba met la Chambre en garde contre
le projet de la commission qui augmenterait
inconsidérément l'autorité des proviseurs.
L'orateur fait une large critique du projet.
La suite de la discussion nous permettra de
revenir sur chacun des points examinés par
M. Couyba.
Malgré M. Muzet, qui a une interpellation à
placei, l'ordre du joui- des prochaines séances
est maintenu.
Hugues Destrem.
LA PENSION DE Mme CRISPI
(De notre correspondant particulier)
Rome, 12 février.
Le roi Victor-Emmanuel a accordé à dons
Lina, veuve de M. Crispi, une pension de
15.000 fr par an à titre do veuve d'un décoré
du collier de l'annonciade.
IL PRÊCHE DANS LE DESERT
Un certain M. Langénieux, de ion métier
archevêque — on fait ce que l'on peut par ces
temps de crise et l'on est même obligé d'ac-
cepter les emplois les plus ridicules — vient
de lancer un mandement qui prouve une fois
de plus combien est sincère l'adhésion du clergé
catholique à la République. M. Langénieux
s'élève contre toutes les réformes républicaines
accomplies dans ces trente dernières années ; il
proteste contre la laïcisation des écoles primai-
res, contre les projets de loi suk la libérté de
l'enseignement secondaire, contre le stage sco-
laire. Noue comprenons que cet archevêque ne
trouve pas de son gottt les réformes quo le
Parlement va accompliretqui assureront au ré-
gime des fonctionnaires qui ne le combattront
pas. Il sera, en effet, profondément regrettable
que les écoles des jésuites ne remplissent pas
l'armée et la marine de leurs créatures, mais si
les jésuitières y perdent, la défense nationale
y gagnera certainement.
M. Langénieux se plaint encore que la qua-
lité de catholique brise toutes les carrières, et
que celle de franc-maçon les ouvre toutes.
C'est malheureusement M. Langénieux qui le
dit, et ce que les archevêques proclament n'est
pas toujours parole d'Evangile.
Mais ce qui frappe le plus ce bon M Langé-
nieux, c'est que la loi sur les associations soit
votée, et suctout qu'elle ait reçu son applica-
tion.
Il n'en revient pas. Il est effrayé, dit-il, des
conséquences de cette -loi, car les associations
ne sont pas aussi riches qu'on le croit, et
quand elles ont de l'argent, c'est pour soula-
ger des misères et secourir les malades.
C'est ainsi - vous le saviez, n'est-ce pas-? -
que les assomptionnistes avaient une caisse
noire POUi remédier au chômage qui sévit ac-
tuellement, et que tes sœurs du Bon-Pasteur, à
Nancy, faisaient travailler les orphelines pour
leur prbcùref une 'petite dot ?
Enfin, il termine en taisant appel à Tunion
des honnête» gens. Pourquoi ! Pour qui!
Il ne le dit pas, mais il est lacile de le devi-
ner ; ces honnêtes gens, ce sont tous les ad-
versaires de la République. De ceux -là, noua
nous flattons de ne pas être. - t; G.
• VoiP en S* édition
LA MM3AKÊME - - -- -
AUTOUR DE PANAMA
Ls croiseur « Président Pïhto jt
* New-York, 12 février".
Les commissaires colombiens - partiront au-
jourd'hui de Panama pouk prpndre possession
du croiseur çhUien Président-Pinto, ichetô ré«
cemment par le gouvernement.
A propos de la guerre hispano-
américaine
Washington, 12 février.
On continue S* s'occuper de l'attitude des
puissances étrangères à l'égard des Etats-Oais
à l'époque de la guerre hispano-américaine.
Ce qui a pu faire croiré à tort que l'ambas-
sadeur d'Angleterre aurait fait. des efforts pour
empêcher ies Etat^-Unis de faire la guerre à
à l'Espagne, c'est 'quer cet £ »mhasuâdeui, pour
complaire à la requête du représentant de
l'Autriche, avait h»en,voulu, jçoçunp doyen,
sonder les dispositions du corps diplomatique.
tout en sachant d'avance que le résultat serait
défavorable. ,.. i
La perte du « Condor a
Victoria, 2 février.
L'Egeria, partie à la recherche du Condor.
est revenue avec deux nouveaux débris du
sioop anglais disparu.
.-
LE SUFFRAGE UNIVERSEL EN BELGIOtlÍ
Bruxelles, 12 février.
La Chambre a abordé aujourd hurla diacus- -
sioç générale du projet de suffrage universel
commuual et provincial.
Aucun incident" ne se produit Jusqu'au mo-
ment où M. Bétbune, député d'Alost, déposant
ua rapport, est traité de fraudeur etaccusS d'a-
voir falsifié les listes électorales M. Bétbune
répond que la coup de cassation l'a lavé -de
ces accusations. M. Smeels.. socialiste. conti-
nuant à s'en prendre à M. Béthune, bien que
la parole lui ait été retirée, fa président déclara
la séance levée. La droite en se retirant ewt
buée par la gauche.
Une foule assez compacte a acclamé tes dé-
putés socialistes à leursortie puis les assistants,
.formés.eo colosse, so sont rendus jtiiqu'è lq
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