Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-09
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1902 09 février 1902
Description : 1902/02/09 (N11657). 1902/02/09 (N11657).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549308v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
OINO CENTIMES le Numéro; PARIS & DÉPARTEMENTS E;e JVumêi*c>; CINO CENTIMES -
foNDATEUR: AUGUSTE VACQUEfliE
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el AUX BUREAUX du JOURNAL i
RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 131:
De 4 à 8 heures du soir el de 40 heures du soir à 1 heure du matin
No 11657. — Dimanche 9 Février 1902
20 PLUVIOSE AN 110
ADnLISTnATION: 131t rue Uontmarfre- f 31
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
Slllritill
Au temps où nous discutions devant
la Chambre les textes destinés à régler
la situation légale des congrégations
religieuses, un catholique très rensei-
gné, au lieu de se répandre à ce sujet en
lamentations ou en invectives, comme
ses amis du Parlement, nous dit un
jour, du ton le plus simple et avec un
tranquille sourire, pourquoi, à ses yeux,
nous faisions en réalité une œuvre inu-
tile : « Vous êtes sans pitié pour les
jésuites. Vous allez les forcer à mettre
un rabat. »
Tel était, au fond, le sentiment de
tous ceux qui, en termes plus ou moins
violents, nous accusaient de persécution
et cherchaient à convaincre l'opinion
que nous ouvrions la page d'un marty-
rologe nouveau. On déclamait à la tri-
bune, on épuisait dans la presse le vo-
cabulaire de l'injure contre les suppôts
de la plus odieuse tyrannie.
Entre soi, on se relâchait beaucoup
de ces mines indignées,faites pour la ga-
lerie, et on s'amusait des farces excel-
lentes qu'on ne tarderait pas à jouer à
ces « Dioclétiens » pour rire.
Déjà l'expérience de 1880 avait mis
les jésuites sur leurs gardes, et toutes
les sévérités légales ne les avaient point
empêchés de garder leurs collèges,
d'instruire dans leurs séminaires, de
prêcher dans les églises, d'accomplir
toutes les fonctions de leur ordre en face
des pouvoirs publics impuissants. L'é-
preuve était faite de l'efficacité de ces
sociétés civiles, dispersions apparentes,
interpositions de personnes, et autres
subterfuges destinés à rendre vaines
toutes les précautions de la loi. Au pis
aller, s'il fallait en passer par cette der-
nière et douloureuse extrémité, les jé-
suites se « séculariseraient » en mettant
un rabat !
Ils ont mis un rabat. On ne les ap-
pelle plus « mon père », mais « mon-
sieur l'abbé H. Et voilà la « sécularisa-
tion » opérée. Où voyez-vous le jésuite
désormais? Ce qui faisait le jésuite,
c'était le rabat absent, et le privilège de
platonique paternité qui leur assurait
dans la vie extérieure une appellation
que les autres prêtres font réserver pour
le tête à tête du confessionnal. Mais le
reste, comme vous pensez bien, est sans
importance.
L'affiliation à un ordre étranger, à
un internationalisme à ce point redou-
table qu'il est devenu l'horreur de tous
les peuples ; le vœu d'obéissance abso-
lue à un général étranger ; le rêve de
domination religieuse et temporelle
contre lequel se sont défendus tous les
régimes comme toutes les nations qui
ne veulent pas périr; les doctrines si
étrangement amorales par lesquelles les
membres de l'ordre cherchent à s'empa-
rer des volontés et à dominer les cons-
ciences; ces doctrines auxquelles ne
manque aucune flétrissure, pas plus celle
des Parlements que celles des évêques
et des papes ; l'exercice de toutes les
fonctions ecclésiastiques, prédication,
confession, célébration des offices reli-
gieux, en dehors et au-dessus des auto-
rités épiscopales ; qu'est-ce que tout
cela ? moins que rien, vous dis-je ! - La
vraie question est ailleurs. Portez-vous
ou ne portez-vous pas un rabat ? ffé-
fense de regarder plus loin. Et si vous
portez le rabat sauveur, vous pouvez
braver en toute assurance la rigueur
des textes de tous les temps, vainement
rajeunis par la loi nouvelle.
Telle est, déshabillée de toutes ses ar-
guties juridiques, la thèse qui va se dé-
velopper prochainement devant la jus-
tice.
Ce n'est pas au point de vue du droit,
somme nous le ferons ailleurs, que nous
voulons l'examiner ici. Il suffit d'en
dire un mot, au point de vue du simple
sens commun, et sans entrer dans
les difficultés soulevées par la question
du diocèse d'origine, aussi bien que par
les lettres de sécularisation délivrées
par les évêques. On peut compter
qu'aux marques de sécularisation exté-
rieure s'ajouteront des documents va-
riés, destinés à représenter les mem-
bres des congrégations non autorisées
comme déliés de leurs vœux monasti-
ques. Ils en rapporteront la preuve,
soit par des attestations émanées des
congrégations romaines, soit par des
brefs du pape lui-même.
Les unes et les autres do ces preuves
ont la même valeur. Les congrégations
romaines n'ont jamais été reconnues
par les lois françaises; les brefs du pape
n'ont de force que par l'enregistrement
du pouvoir civil, et à défaut de cette
formalité ne peuvent produire en France
aucun effet.
Le membre d'une congrégation non
autorisée, dont la congrégation, disper-
sée en France, demeure vivante et agis-
sante à l'étranger; le congréganiste
qui continue, sous une appellation quel-
conque et avec une modification quel-
conque de costume, à remplir le rôle,
la mission. la fonction qu'il remplis-
sait avant la dispersion de son ordre,
et qui travaille au même but que s'est
assigné l'ordre lui-même; celui-là de-
meure membre de la congrégation dis-
soute, et lui épargner l'application des
peines par lesquelles des traditions sécu-
laires, auxquelles tous les régimes ont
été fidèles, sont aujourd'hui protégées,
serait simplement mettre la toute puis-
sance du jésuite au-dessus de la puis-
sance de la loi.
Le Parlement a fait une loi. C'est
vainement que les jésuites comptent sur
la justice pour la défaire.
Georges Trouillot.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
LE SERMENT
Le Sénat espagnol vient,
sans bruit, de supprimer le
serment des témoins devant la
justice. Désormais on leur de-
mandera simplement la pro-
messe de dire la vérité.
- Il y a déjà longtemps, chez
nous, que le serment est assez mai vu.
Nous l'avons conservé pour les témoins
judiciaires, mais nous l'avons supprimé
pour les présidents derépublique. Un crime
célèbre a appris au peuple français qu'il
n'était pas donné à tout le monde de se
sentir le prisonnier de son serment. Louis
Bonaparte qui en avait prêté un publique-
ment, si publiquement que ce fut én pré-
sence de l'Assemblée nationale, s'en affran-
chit à la face du monde, le jour où il lui
fut démontré que ce serment le gênait. —
« Mon serment, j'y renonce », put-il dire
avant un personnage de vaudeville.
Depuis ce jour célèbre, on évite de se fier
au serment des fonctionnaires ; et il est de
fait qu'il serait plus simple de ne point leur
en demander : un homme loyal tient un
engagement, non parce qu'il a prêté ser-
ment de tenir cet engagement, mais parce
qu'il a pris cet engagement ; un homme
droit dit la vérité, non parce qu'il a prêté
serment de la dire, mais parce qu'il est ré-
solu à ne point proférer un mensonge. Celui
qui n'est point un homme loyal n'est jamais
incommodé par un serment ; il l'a prêté; il
le reprend; il est dans l'état de ce monsieur
qui voulait bien donner sa parole d'honneur
que telle chose était véridique, mais qui ne
voulait pas parier cinquante centimes sur
cette vérité.
Onpourraitdonc, sans trop risquer, sup-
primer le serment des fonctionnaires et ce-
lui des témoins; avec ou sans serment les
fonctionnaires honnêtes et les témoins
loyaux feront leur devoir ; les « autres »
continueront de ne le point faire, et il n'y
aura rien de changé ; il n'y aura qu'une
grimace de moins. -Ch. B.
——————————— <►
LA GAUCHE DÉMOCRATIQUE
DU SÉNAT ET LE CENTRE GAUCHE
La gauche démocratique s'est réunie pour
délibérer sur la communication qu'elle a reçue
de la gauche républicaine au sujet des réunions
éventuelles des bureaux des groupes. La déli-
bération s'est terminée par un refus unanime
d'entrer en rapports avec le centre ganc.he.Elle
s'est inspirée surtout des considérations sui-
vantes :
Le centre gauche, qui comprend seulement
à l'heure actuelle vingt-cinq membres, dont
plus des deux tiers, soit dix-sept, font partie
en même temps de la gauche républicaine et
ne peuvent avoir la prétention d'être représen-
tés à la fois par le bureau de la gauche répu-
blicaine et par celui du centre gauche, serait
mal venu à réclamer pour ses huit autres adhé-
rents les privilèges traditionnels des groupes
parlementaires.
Il se prévaudrait à tort, pour compenser
son insignifiance numérique, de la tradition
suivie jusqu'à ce jour, attendu que célte tradi-
tion, qui pouvait se justifier à la rigueur par la
communauté des sentiments politiques et par
le souvenir des services rendus à la Républi-
que par l'ancien centre gauche, a perdu sa
raison d'être depuis que le centre gauche a
rompu les liens qui le rattachaient à la majo-
rité républicaine et fait cause commune avec
la droite dans les questions de politique gé-
nérale.
Il semble bien' d'ailleurs avoir voulu s'ôter
lui-même tout recours possible à cet ordre de
considérations et marquer nettement son
orientation politique nouvelle en tolérant,
sans élever la moindre protestation, que son
président donnât publiquement le témoignage
le moins équivoque d'adhésion à l'entreprise
nationaliste.
Dans ces conditions, la gauche démocratique
estime qu'elle ne pourrait, sans faire violence
à l'arithmétique la plus élémentaire, reconnaî-
tre au centre gauche le caractère et les avan-
tages conventionnels d'un groupe parlemen-
taire,ni,sans manquer à ses devoirs de groupe
républicain, entretenir des relations officielles
avec un groupe qui est devenu, au su et au vu
de tout le monde, l'allié du nationalisme.
En conséquence, la gauche démocratique dé-
cide à l'unanimité qu'elle persiste dans sa réso-
lution de n'avoir pas de rapports officiels avec
le centre gauche et, en donnant acte à la gau-
che républicaine de sa communication relative
à la réunion des bureaux des groupes, elle
aime à croire que la gauche républicaine saura
apprécier les motifs qui lui ont dicté sa con-
duite.
" *
LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT
On nous communique le procès-verbal suivant :
Le groupe socialiste parlementaire s'est réuni
à 2 heures sous la présidence du citoyen An-
tide Boyer.
Le groupe désigne les citoyens Viviani et
Carnaud pour soutenir pendant la discussion
du projet de réforme de l'enseignement se-
condaire les principes du parti socialiste et
pour défendre des amendements tendant à
améliorer, dans la mesure du possible, le pro-
jet du gouvernement.
Le citoyen Devèze est désigné pour faire et
pour présenter le rapport du groupe au con-
grès de Tours.
Le citoyen Fra nçois Fournier soumet au
groupe une proposition de loi tendant à mo-
difier la loi du 8 décembre 1883 relative à
l'élection des membres des tribunaux et des
chambres de commerce. Le groupe l'approuve
dans ces termes et dans son principe.
--
LES MARCHES à TERME
M. Mirmnn et deux cent sept de ses collè.
gues ont déposé a la loi de finances l'amende-
ment que voici :
Les marchés à terme sur la laine peignée, pu-
blics ou organisés par des caisses, chambres ou
sociétés dites de liquidation ou d'arbitrage, sont et
demeurent interdits un mois après la promul-
gation de la présente loi.
CHOSES D'ALLEMAGNE
ETERNELS RECOMMENCEMENTS
Victor-Emmanuel propose à l'empe-
reur d'Autriche de se coaliser con-
tre la Prusse. -- Prussiens arro-
gants. - Français insupporta-
bles. - La « clique » de Gari-
baldi. — L'armée prussienne
désorganisée en 1847. —
Une mesure de trahison.
(De - notre correspondant spécial en Allemagne)
Berlin, 6 février.
Ce n'est pas mon habitude de parler ici des
revues allemandes. La place m'est mesurée
trop ponctuellement pour que je puisse me
permettre une incursion dans la littérature.
Cependant une fois n'est pas coutume. La poli-
tique reprendra ses droits une autre semaine;
pour aujourd'hui, je veux, après dîner, philo-
sopher sur quelques lectures.
Conversation de Victor-Emmanuel
L'Allgeme'ine Zeiiung a publié dernièrement
des souvenirs sur le général autrichien Moring
qui mourut, je crois, en décembre 1870. C'était
un excellent soldat doublé d'un esprit original.
Il commanda une brigade en Italie en 1866.
Ce fut lui qui fut chargé,à l'issue de la guerre,
de remettre au généràl Lebœuf la Vénétie que
l'Autriche abandonnait à l'Italie.
Le général Moring eut une conversation avec
Victor-Emmanuel qui ne manque pas d'intérêt.
Je dis tout de suite que cette conversation est
parfaitement authentique. Sur les instances du
roi d'Italie, le général autrichien rapporta exac-
tement son entretien. Il le transcrivit môme
aussitôt et fit de suite un rapport documenté
au ministre des affaires étrangères d'alors, le
baron Beust.
Le général et le roi commencèrent à parler
stratégie, très courtoisement, en adversaires,
non en ennemis. Moring critiquait les disposi-
tions italiennes à la bataille de Custozzadu
24 juin 1866. A ce propos Victor-Emmanuel
eut la répartie suivante :
Laissez-moi tranquille t Malheureusement Gari.
baldi n'avança pas ; d'ailleurs ses soldats ne va.
laient pas les vôtres. C'était une clique révolution-
naire qu'il fallait bien occuper.
La clique de Garibaldi
Quand j'ai lu le texte allemand que nous a
laissé Moring, je n'en voulais pas croire mes
yeux. J'ai lu, relu et comme mes perceptions
visuelles, interprétées par ma raison, s'obsti-
naient à toujours lire rèvolutionare Kanaille,
je posai tranquillement VAllgetneine Zeitung
pour déguster cette royale grossièreté.
Je roslais béat devant cette soudaine révéla-
tion du caractère de Victor-Emmonuel. Quand
je fus revenu do mon ravissement, une autre
phrase du roi me transporta dans une divine
extase :
Il y eut beaucoup de choses imprévues dans cette
guerre. Vraiment, quand j'y pense, j'en perds la
tête. J'aurais parié dix contre un que vous auriez
battu les Prussiens, que je n'aime d'ailleurs pas du
tout ; ce sont des égoïstes hâbleurs et finauds.
Le portrait n'est pas flatté. Vient ensuite une
sortie modeste :
J'aurais parié dix contre un que, par contre, je
vous aurais battus et que ma flotte aurait coulé la
vôtre.
Comme prédiction, celle-là me semble assez
réussie ! Je suis certain que le bonhomme se
figurait avoir gagné les batailles de Magenta
et de Solférino I
Ne nous attardons pas à de vains commen-
taires. Sa Majesté se plaint ensuite de ce que
l'empereur d'Autriche n'ait pas voulu traiter
directement avec lui et qu'il ait pris la France
comme intermédiaire, et il ajoute :
Pourquoi m'a-t-il poussé dans les bras de la
France ? S'il avait traité directement avec moi, il
m'aurait bien fallu payer le quadrilatère avec des
sacs d'argent (pü les aurait-il pris ?! ) Ce fut un
acte dirigé personnellement contre moi. J'en ai été
profondément vexé! Malgré tout, dites-lui bien
que je suis tout entier à sa disposition. Dites-lui
que je n'aime ni la Prusse ni la France. La
Prusse me fatigue et m'exploite /'déjà !) la France
m'agace moi et mon peuple par ses airs de pro-
tection. Rien n'est aussi pénible pour moi, roi d'un
peuple de braillards (Scbreihalse), que de toujours
remercier.
Pauvre petit roitelet que le hasard des choses
a fait roi, si votre très bénigne majesté n'a-
vait pas eu la France, la Prusse et Garibaldi
pour vous hisser sur le trône, vos descendants
mangeraient encore quelque maigre plat de
macaroni dans leur pauvre manoir familial, au
lieu de vivre dans les splendeurs inespérées du
Quiriual 1
Ingratitude royale
La fin do l'entretien que nous a rapporté
Moring n'est pas indigne du début et du mi-
lieu.
Le ton est bien conservé. Notre émotion va
grandissant: Victor-Emmanuel aurait eu un 12
ou un 15 au bachot ! Je traduis :
Promettez-moi de dire cela personnellement à
votre empereur ; vous le ferez n'est-ce pas ? -
Bien ! — Dans ce cas dites-lui que je me mets à
son entière disposition contre la Prusse avec mes
400.000 à 450.000 hommes.
Décidemont, il est dégoûtant ce bonhomme-
là ! Voilfl deux jours et un matin que les Prus-
siens lui ont conquis la Vénétie à Sadowa et il
parle déjà de leur tomber sur le poil ! Il est
digne de régner sur la Calabre et ses bandits!
C'est un détrousseur de grands chemins 1
Quant à la France, il établit un distinguo, il
se récuse:
Contre la France. contre la France décidément
cela ne se peut guère! Je préférerais que nous
nous alliions tous les deux avec ce pays !
Son système est très simple! Je n'ai plus
besoin de la Prusse, làchons-lal Quant à la
France! elle me paraît rudement forte 1 Le pau-
vre faisait sans douta, à notre égard,des pré-
dictions aussi optimistes que pour lui!) — Eh
bien! puisque nous ne pouvons la battre,
allions-nous avec elle! Et c'est ainsi qu'on fait
l'histoire! Décidément ce n'est pas propre.
En fin de compte, Victor-Emmanuel nous
fait la confidence, par la bouche de Moring,
que ses ministres le dégoûtent avec leurs pa-
perasseries, qu'il n'aime que la chasse, la vie
au grand air, et que parmi ses obligations de
monarque, il n'aime que la guerre. Un sport,
quoi 1 Il pouvait en parler, le misérable, il était
si heureux quand on le laissait se débarbouil-
ler tout seul !.
L'honneur de l'armée
Quelque chose de plus gai pour finir. La
revue allemande de Richard Fleischer publie
les mémoires du général Albert von Stoscb.
J'avoue très humblement que je n'ai pas tout
lu, Je n'ai pas un héroïsme indestructible. Je
n'en ai découpé que huit à dix lignes que j'ai
trouvées bien délicieuses, et tellement u ac-
tualité !
Vous savez, n'est-ce pas, que nous subis-
sons en ce moment un gouvernement de trahi-
son et que nos ministres de la marine et de la
guerre ne sont au pouvoir que pour désorga-
niser les services qui leurs sont confiés! C'est
triste à dire, mais c'est comme cela, et la
preuve en est que la Patrie et VEcho de Paris
le redisent tous les jours et que des norma-
liens aussi distingués que MM. Judet et J. Le-
maître le répètent sans cesse ! J'en ai donc
pris mon parti et j'assiste sans trop de tris-
tesse à la transformation que fait subir le gé-
néral André à notre armée l On ne oeul pas se
faire du mauvais sang tout le temps de sa vie
non plus 1
D'ailleurs voilà que cet honnête von Siosch
m'a consolé (très légèrement certes), mais en-
fin dans l'abomination actuelle de ladésolation,
un peu de baume sur les plaies saignantes de
votre patriotisme, si léger soit-il, ne fait jamais
de mal! Voilà donc ce que m'apprend la grave
Revue allemande. En 1847, l'armée fut désor-
ganisée — Mais oui; l'armée prussienne qui
devait, moins de 20 ans plus tard, battre les
Autrichiens à Sadowa et 3 ans après anéantir
l'armée française impériale! C'est le brave gé-
néral qui nous l'apprend dans une lettre datée
de Coblentz le 18 octobre 1847. On venait d'au-
toriser les sous-officiers mariés se promenant
avec leurs femmes au;brasàsaluer leurs officiers
sans envoyer promener leurs corn pagnes.Stoseh
écrit textuellement: Depareillesmesures ne sont
pas pour affermir l'armée prussiennel
Les imbéciles sont partout les mêmes! -Re'nl
Walbourg.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
-
BAL DE « SURETÉ »
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 7 février.
Hier a eu lieu dans les salons des Blumen-
saele le grand bal annuel des agents et des in-
dicateurs de la police socrète, au profit de leur
caisse de secours mutuels. Une foule énorme s'y
pressait.
Les honnours ont été faits par M. Poldt, chef
de la brigade dos recherche3,et par le commis-
saire spécial M. Nickles.
A l'entrée du président de police, M. v.
Habrda, et de son personnel, la musique mili-
taire du 1er régiment bosniaque a joué une
marche triomphale.
La jeunesse adansé jusqu'au matin, tandis
que les invités plus âgés se réunissaient dans
des petits salons et causaient de leurs ex-
ploits.
Un détail important à remarquer : tout dé-
guisement ou travesti était rigoureusement in-
terdit,
UN TOAST A CHAMBERLAIN
{De notre correspondant particulier)
Constantinople, 7 février.
Un pénible incident s'est produit au dîner
que le gouverneur de la Banque ottomane, Sir
Hamillon Lang.a donné au monde diplomatique
et auquel assistaiententre autres représentauts
ceux de la France et de la Russie.
Mme Béatrix Barclay, femme du premier se-
crétaire del'ambassade britannique,se leva tout
à coup et invita les convives à porter trois cheers
(vivat) en l'honneur de Joe Chamberlain. On
s'imagine la stupéfaction générale.Les Anglais
durent, bon gré mal gré, suivre cette invite,
mais Françaiset Russes restèrent assis.
Un certain malaise, assez compréhensible,
suivit cet incident;la soirée se termina presqu'-
aussitôt, et le lendemain Mme Béatrix Barclay
partit pour l'Angleterre.
-——————————— 00 ————————————
RIVALITES DANS LES HAUTS
COMMANDEMENTS EN ALLEMAGNE
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 7 février.
Un incident, en apparence banal, a révélé
certains dessous de l'armée allemande qui ne
manquent pas de piquant.
La commission du budget du Reichstag a
rejeté la demande d'un crédit destiné à la cons-
truction d'un édifice spécial pour le cabinet
militaire (maison militaire) de l'empereur.
Libéraux et militaristes ont été unanimes dans
ce vote.
Ce qui est particulièrement intéressant, c'est
la raison pour laquelle on a repoussé la de-
mande du ministre de la guerre. Les orateurs
ont fait remarquer que le cabinet militaire a
pris une prépondérance énorme.
Des tiraillements continuels ont lieu entre
ce bureau et le ministère de la guerre. Lo ca-
binet, semblable à l'ancien état-major d'une
grande-puissance bien connue, a la tendance
de se placer au dessus du ministère de la
guerre et de devenir un pouvoir occulte et
irresponsable. En lui donnant un Palais spécial
on n'eût fait que l'encourager dans cette voie.
ARRESTATION D'UN ENROLEUR ANGLAIS
(De notre correspondant particulier)
Strasbourg, 7 février.
Une patrouille militaire a arrêté à Thion-
ville un enrôleur anglais, qui avait déjà en-
gagé six ouvriers comme « volontaires » pour
l'Afrique du Sud. L'un des engagés, père
de famille, a été poursuivi par sa femme qui,
exaspérée, dénonça le marché aux autorités.
L'enrôleur devait partir, avec ses hommes,
par le train d'Ostende. Mais la patrouille en-
vahit l'hôtel à minuit et arrêta l'émissaire.
LA NEUTRALITÉ DE L'ECOLE
Depuis plusieurs années, le catéchisme du
diocèse d'Annecy (Haute-Savoie) a été pourvu
d'un chapitre supplémentaire destiné à éclai-
rer les néophytes sur leurs devoirs élocto-
raux.
On ne voit pas trop ce que viennent faire
dacs un livre qui doit être uniquement consa-
cré à l'éducation religieuse, les leçons élecLo-
raies.
Parmi les questions, suivies, bien entendu,
de réponses, que contient le chapitre addition-
nel du catéchisme d'Annecy, il n'est pas sans
intérêt de citer :
Quel est le devoir de tout électeur ?
— Le devoir de l'électeur est de donner sa voir
à celui de tous les candidats qui s'acquitte le mieux
de tous ses devoirs de chrétien et de citoyen.
Un électeur peut-il donner sa voix à un candi-
dat qui veut nuire à la religion ?
— Non, un électeur ne peut pas donner sa voix
à un candidat qui veut nuire à la religion.
Et les questions se suivent ainsi dans la
même style et sur le même thème, pendant
deux pages (93 et 94).
Si ce catéchisme « à côté » ne suffit pas à
éclairar les jeunes élèves, il suffit amplement
à édifier les gens impartiaux sur la façon dont
on observe dans le diocèse d'Annecy, la neu-
tralité de l'enseignement.
LES OUVRIERS ET OUVRIÈRES
EN CHAUSSURES MILITAIRES
Arbitrage du général André
La délégation a rendu compte de son entre-
vue avec le ministre de la guerre et fait con-
naître la teneur de l'arbitrage, complètement
en faveur des ouvriers.
L'assemblée a adopté à l'unanimité un vote
de satisfaction pour l'impartialité du général
André en cette occurrence.
Ensuite les ouvriers ont décidé à mains le-
vées et avec enthousiasme do remercier le ci-
toyen Bagnol du chaleureux concours qu'il
leur a apporté pendant la durée du conflit.
Les détenteurs des listes de souscriptions
sont priés de bien vouloir les faire parvenir au
siège du Syndicat, rue Blomet, 33, Paris-Vau-
girard.
AU GRAND PALAIS
Inauguration par le Président de la
République de la 21* exposition de
« l'Union des femmes peintres et
sculpteurs ». — Les principales
oeuvres. -- Les récompenses re-
mises par M. Loubet.
Le Président de la République et Mme Emile
Loubet, accompagnés du général et de Mme
Dubois, de M. et Mme Combarieu, de M. et
Mme Henry Poulet, ont visité hier après-midi,
à 2 heures, au Grand Palais, l'exposition des
femmes peintres et scupteurs.
Le Président et Mme Loubet ont été reçus
par le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, Mme Demont-Breton, présidente
d'honneur, duchesse d'Uzès, présidente et les
femmes artistes, qui font partie du comité de
l'exposition. Une gerbe de fleurs a été offerte
à Mme Loubet.
La duchesse d'Uzès a adressé au Président de
la République quelques paroles de bienvenue.
Elle l'a remercié de donner un tel témoignage
d'intérêt aux efforts que les femmes font pour
s'élever dans le domaine de l'art, pour se dis-
tinguer par la vertu du travail.
Le Président de la République a répondu
que les femmes peintres et sculpteurs donnaient
un bon exemple, que le gouvernement de la
République devait encourager.
Il a complimenté la duchesse d'Uzès et Mme
Demont-Breton des résultats obtenus par la
société qu'elles président. Le salon féminin a
conquis ses droits à côté des grandes manifes-
tations artistiques de l'année, grâce au zèle du
comité el au talent d'un grand nombre d'expo-
sants.
Puis le Président a demandé à Mme d'Uzès,
en lui offrant le bras, de le conduire devant
les œuvres les plus remarquables. M. Georges
Leygues donnait le bras à Mme Loubet entou-
rés do MM. Henry Roujon, directeur des
Beaux-Arts; de Selves, préfet de la Seine: Lé-
pine, préfet de police, le docteur Bourrillon,
ancien député, et des membres du comité :
Mmes Debillemont-Chardon, Huillard,Borge-
rot, Adam Nanny, Baillon-Turner, Bourgon-
nier-Claude, Bourrillon - Tournay. Delacroix,
Garnier.Fichel Jeanne, Faux-Froidure, Guillau-
mot-Adan, Roullet-Fauve, Toudouze-Marie,
Vallet-Bisson; Mlles Marguerite Arosa, Adrien,
Antoinette Chavagnat, Deurbergue, Louppe,
Popelin, et Mme F. Attendu, secrétaire délé-
guée.
Cette exposition comprend 1,033 peintures,
aquarelles, pastels,miniatures,et 64 sculptures,
parmi lesquelles beaucoup d'œuvres sont très
remarquables.
Les miniatures de Mme Debillemont- Char-
don obtiennent un grand succès et le bruit
courait hier que la sympathique artiste allait
commencer les portraits de M. et de Mme Lou-
bet.
A LA SCULPTURE
Mme la duchesse d'Uzès expose une très belle
Notre-Dame du Salut, projet pour une statue
colossale, qui occupe la place d'honneur, et
une autre, Notre-Dame de Fra/nce,pour Jérusa-
lem. Son troisième envoi est une petite esquisse
en cire : Diane et Ilndymion. Pourquoi n'avoir
pas représenté nu le bel Endymion ?
Mme Coutan-Montorgueuil expose quatre
bustes marbre, devant lesquels le Président
Loubet s'est longuement arrêté, et deux déli-
cieuses petites statuettes plâtre.
Mme Agnès de Frumerie. une groupe de
trois jeunes Sllettes, Peur des revenants ! Les
têtes sont d'une exécution soignée et particu-
lièrement charmantes.
Très intéressante aussi sa vitrine contenant
divers objets.
Mme Brach, une statue marbre, Folie de
Marguerite.
Mlle Ida MattoD. Dans les Vagues, buste
marbre,et le Vase aux paons, exécuté en céra-
mique, parE. Lachenal.
Signalons encore dans la Huerta de Valence
et Bretagne, par Mlle Marie Galland et les œu-
vres de Mmes Girardet, Gruyer-Cailleaux,
Monginot, Moria, Peltier, etc.
A LA PEINTURE
Nous avons remarqué le portrait de ma fille
Eliane, par Mme Demont-Breton et surtout
une jeune fille admirablement traitée par Mme
Bourillon-Tournay, que le Président de la Ré-
publique a félicitée en lui remettant hier la ro-
sette d'officier del'instruction publique et qui
expose en même temps : portrait de ma mère,
d'une attitude très heureuse dans sa simplicité
et comme toujours, d'une exécution conscien-
cieuse.
Mlle Marguerite Arosa : un matin d'une
poésie exquise et un soir plein de mélancolie.
Mlle Jeanne Bonnefoi: Les morts, sujet triste
mais bien traité avec une idée heureuse de l'en-
fant insouciant cueillant une pâquerette sur la
tombe de son père pendant que la mère pleure.
Mme Bourgonnier-Claude: Chrysanthèmes et
Un jour de fête d'une jolie vision.
Au recotr! Alsacienne par Mme Laure de Cha-
tillon que l'on ne demande qu'à revoir.
Une adorable Gitane par Mlle Louise La-
urut, très admirée par M, Loubet.
Le portrait de Mme Isabelle Bogelot, direc-
trice de l'œuvredes libérées de Saint-Lazare, par
Mme Malhieu-Lolliot.
Matin de fête, Roses et Vigne vierge, Violettes
par Mlle Jeanne Taconet.
Rêverie, par Mme Cécile de Wentworth. Har-
monie, par Mme Toudouze, Portrait de Mlle
Alice 0.. ,par Mlle Marguerite Ronssi a. Danseuse,
par Mlle Roullier; Figues, pêches et cerises par
Mme de la Riva-Munoz. Encore une Réverie,
par Mme Paris-Beck.
Le portrait de M. Gailhard-Bancel, député
de l'Ardèche, par Mlle Louise Ollivier.
Le portrait de Mme B., par Mlle Cécile
Morgand ; Cueillette de prunes, par Mme Emi-
lie de Metz ; Gracieux souvenir par Mlle Mar-
guerite Maillard ; Une nature morte par Mlle
Jeanne Lauvérnay ; Environs de Melun par
Mme Georget; Des pommes cuites par Mme
Fano-Sorel; Une tête de lion. broderie en che--
nille; par Mme Paula Ermens. A l'office par
Mme Delarue Le Febvre; Nature morte, Ven-
detta et un portrait de femme par Mlle Marie
Crampel, des aquarelles par Mlle Antoinette
Chavagnal; Jeune fille au corsage rose et un
profil par Mlle Adda Cabane; Madame la du-
ch esse d'Uzès dans son aleli., par Mme Boyor-
Breton.
Le portrait de Mlle Madeleine, L. et Vers
il au-delà, par Mlle Georges-Achille Fould,
depuis hier également officier de l'instruction
publique ; une grande et belle marine. Vers le
port, par Mme Gabrielle Morin ; le portrait de
Mlle W. et Topinambours, par Mlle Marie
Weyrich, que Mlle Adrien Marie a fait ache-
ter pour la tombola le portrait de Mlle S. F.
et Tendresse, par Mlle Emilie Landau ; Mme
Méry expose deux portraits qui ne figurent pas
au catalogue. Signalons encore Les rempaits
de la ville close, Matinée brumeuse, Soleil de
décembre, par Mme Nanny Adam, une nature
morte par Mme Marie d'Alheim, Notre-Dame-
de-Paris, par Mme Bezard.
De très belles aquarelles pa? Mlles Antoi-
nette Chavagnat, Marie-Louise Colombier,
Mme Delacroix-Garnier, Mlle Mathilde Delat-
tre; Fleuriste, par Mme Jeanne Fichel; Etudes,
par Mlle Clem Fiérard ; Heure de Rêve, par
Mme Guillaumot-Adam ; le portrait de Mme
Auguste Dorchain, pastel par Mme Esther
Huillard ; encore de belles aquarelles par Mlles
Lucie Louppe et Blanche Odin ; Poissons et
cuivre, par Mme Emilie de Metz ; Un Verre
dé bière, excellente nature morte, par Mm.
Ransy-Pûtxeys ; Cuivres et cardons, par Mmw
Rouvier-Chartier ; Figues, pèches et cet'isesl
par Mme de La Riva-Munoz ; de charmanti
paysages par Mlle Emilie-Edouard-Sain , de
trèt, Jolie pastels par Mme Vallet - Bissoa,
etc., etc.
Le Président Loubet, après avoir félicité lM
exposantes que Mme la duchesse d'Uzès luf
présentait., s'est rendu, toujours suivi de la
foule des invités, dans un petit salon réserve,
où il a remis les récompenses suivantes :
Offlcitrs de l'instruction publique - Mmes Achille
Fotild, Bourillon-Tournay et Delacroix-Garnier.
Officiers d'académie: iilUs Chavagaac, Louppe
et Mme Toudouze.
Le Président de fa République et Mme Lou-
bet se sont retirée à trois heures. — Ertiesi
Jetot.
New
L'ESCADRE AMÉRICAINE AU PANAMA
(De notre -- correspondant particulier)
New-York, 7 février.
L'escadre du Nord de l'Atlantique va partir
pour Colon.
Le chef a reçu des ordres cachetés.
On croit que le gouvernement de Washing-
ton a l'intention d'intervenir pour empêcher
les progrès de la révolution en Colombie el
au Venezuela.
UNE TACTIQUE
On sait que sous le titre: « Trente ans d«
République », MM. Delpech, sénateur de l'A-
riège, et Lamy, professeur au lycée Carnot,
ont résumé dans une courte brochure forte-
ment documentée l'œuvre de la République
depuis trente ans.
A l'heure où le suffrage universel va être ap-
pelé une fois de plus à se prononcer, la né-
cessité s'imposait de faire apercevoir aux élec.
teurs les étapes parcourues et les progrès réa-
lisés depuis 1870.
Tout cela gêne beaucoup les nationalistes. Ils
ont d'abord essayé de contester les statistiques
produites, mais leurs arguments n'ont pu dé-
truire l'indiscutable exactitude des chiffres ;
aussi, par une tactique qui leur est chère, ils
changent brusquement d'attitude, adorent ce
qu'ils avaient tout d'abord brûlé et revendiquent
pour eux-mêmes tous les services rendus par le
parti républicain. Mais ils affirment en même
temps que le gouvernement actuel s'est em-
ployé à défaire ce qui avait été péniblement
édifié, à désorganiser l'armée et à ruiner les
finances du pays ; ils nous abandonnent Oes
trois ans de défense républicaine et gardent à
leur actif les trente ans de République.
Merci 1
C'est M. Syveton, l'ange Gabriel de la Patrie
française, qui fait montre à notre égard d'une
si délicate générosité I
Nous nous croyions jusqu'à présent les con.
tinuateurs de I'oeuyre entreprise par les répu-
blicains qui volèrent l'enseignement, laique.
gratuit et obligatoire. Fatale erreur! Cette
gloire appartient à MM. Syveton et Dausset,
seuls continuateurs des traditions républicai-
nes, et dont l'Université, il est vrai, a dû se
séparer à regret.
M. Gabriel Syveton en est encore à la loi du
talion. Nous l'avons enlevé & sa chaire ; « pont
ramener, dit-il, l'enseignement à son yéritablc
objet, il faut J'arracher aux mains des prélec
dus défenseurs de la République J),
Nous savons ce que cela veut dire. Pour qne
l'idéal de M. Syveton soit atteint, il faudrait
que les hommes chargés de l'éducation des gé-
nérations qui se lèvent leur apprennent que la
troisième République est un régime néfaste, la
liberté de penser une monstruosité, l'école sans
Dieu un infanticide intellectuel, la loi des as-
sociations une loi scélérate, et M. Loubet un
objet de mépris pour tous les bons citoyens.
Il faudrait remplacer les enseignements de la
science et de la raison par ceux de l'intolé-
rance et du fanatisme et confier aux congréga-
tions le soin de façonner, à leur guise les cer-
veaux de tous les jeunes F rançais. — A. Ai-in.
bruster.
RÉDUCTION DU SERVICE MILITAIRE
M. Gervais. député de la Sein., a déposé hier à la
Chambre le projet de résolution suivant, qui .-iL
pour objet la réduction du service militaire :
La question de la réduction du service mi-
litaire, qu'il est maintenant nécessaire de réa-
liser, soulève des questions préjudicielles sui
lesquelles il convient dabord de statuer.
Le premier problème qui se pose et qu'ont
posé tout ceux qui ont discuté de cette ques-
tion à la commission de l'armée, est celui 4q
savoir quelle répercussion aura la réduction
du service sur les effectifs.
D'après les calculs soumis à la commissiez
de l'armée par le général Delanne, faisant
alors fonctions de chef d'état-major géné-
ral de l'armée, la réduction du service à deux
ans amène, par le fait qu'on n'appelle plus
que deux classes au lieu de trois, une diminu-
tion de 120,000 hommes dans l'effectif.
On a discuté ce chiffre; mais il reste que
dans l'hypothèse, même la plus favorable, il y
a un déchet d'environ 100,000 hommes.
Et assitôt la question s'est posée de savoii
comment on comblerait cette différence.
On a proposé" divers moyens : suppression
des dispenses, utilisation des hommes classés
dans les services auxiliaires, obligation poui
les hommes qui ont l'intention de solliciter un
emploi de l'Etat, des départements et des com-
munes, de servir trois, quatre ou cinq ans dans
l'armée, suppression des hommes employés
dans les corps et rendus aux unités combat.
tantes.
Il y a là évidemment onesérie de sources par
lesquelles on grossira très sensiblement le-re-
crutement. Des chiffres ont été attribués à cha-
cune de ces catégories. Nous n'examinerons
pas ces évaluations,et nous admettrons que leui
total donnera le? effectifs nécessaires.
Mais avant cela une question se pose qu'il
faut résoudre. Ces effectifs sont-ils nécessaires?
Il est indispensable d'être d'abord fixé sur ce
point. --
il apparalt qu une étude doit être faite
de cette question qui donnera des indications
indispensables. Si les compagnies doivent
compter !50 hommes, si les bataillons doivent
être à 1,000 hommes ; faut-il le nombre de
bataillons aujourd'hui fixé ? Doit-on réduire
le nombre des unités et,avec des effectifs moin-
dres, avoir un ensemble plus compacte?Fant..ji
au contraire, par suite des nécessités stratégi-
ques, conserver le nombre de nos éléments et
grossir par tous les moyens les ressources de
nos contingents ?
La question doit être examinée d'abord et
résolue. Le moyen, c'est la revision de la loi
des cadres d'où l'on déduira d'abord un sys-
tème qui. substitué à l'organisme un peu dis*
tendu qui existe, constituera un ensemble
solidement établi, qui pourra faire disparaître
les unités squelettes si préjudiciables à l'ins-
truction des chefs et des hommes. Il faut aussi
que par les effectifs ainsi fixés, en tenant
compte des nécessités sociales et militaires
justement équilibrées, on détermine la durée
du temps de service réduit qui est en réalité
celui de l'effectif global.
Cette étude ne peut être faite que par le mi-
nistre de la guerre, au nom du gouvernement,
acres étude de ses conseils tecboiques. ,-
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el AUX BUREAUX du JOURNAL i
RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 131:
De 4 à 8 heures du soir el de 40 heures du soir à 1 heure du matin
No 11657. — Dimanche 9 Février 1902
20 PLUVIOSE AN 110
ADnLISTnATION: 131t rue Uontmarfre- f 31
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
Slllritill
Au temps où nous discutions devant
la Chambre les textes destinés à régler
la situation légale des congrégations
religieuses, un catholique très rensei-
gné, au lieu de se répandre à ce sujet en
lamentations ou en invectives, comme
ses amis du Parlement, nous dit un
jour, du ton le plus simple et avec un
tranquille sourire, pourquoi, à ses yeux,
nous faisions en réalité une œuvre inu-
tile : « Vous êtes sans pitié pour les
jésuites. Vous allez les forcer à mettre
un rabat. »
Tel était, au fond, le sentiment de
tous ceux qui, en termes plus ou moins
violents, nous accusaient de persécution
et cherchaient à convaincre l'opinion
que nous ouvrions la page d'un marty-
rologe nouveau. On déclamait à la tri-
bune, on épuisait dans la presse le vo-
cabulaire de l'injure contre les suppôts
de la plus odieuse tyrannie.
Entre soi, on se relâchait beaucoup
de ces mines indignées,faites pour la ga-
lerie, et on s'amusait des farces excel-
lentes qu'on ne tarderait pas à jouer à
ces « Dioclétiens » pour rire.
Déjà l'expérience de 1880 avait mis
les jésuites sur leurs gardes, et toutes
les sévérités légales ne les avaient point
empêchés de garder leurs collèges,
d'instruire dans leurs séminaires, de
prêcher dans les églises, d'accomplir
toutes les fonctions de leur ordre en face
des pouvoirs publics impuissants. L'é-
preuve était faite de l'efficacité de ces
sociétés civiles, dispersions apparentes,
interpositions de personnes, et autres
subterfuges destinés à rendre vaines
toutes les précautions de la loi. Au pis
aller, s'il fallait en passer par cette der-
nière et douloureuse extrémité, les jé-
suites se « séculariseraient » en mettant
un rabat !
Ils ont mis un rabat. On ne les ap-
pelle plus « mon père », mais « mon-
sieur l'abbé H. Et voilà la « sécularisa-
tion » opérée. Où voyez-vous le jésuite
désormais? Ce qui faisait le jésuite,
c'était le rabat absent, et le privilège de
platonique paternité qui leur assurait
dans la vie extérieure une appellation
que les autres prêtres font réserver pour
le tête à tête du confessionnal. Mais le
reste, comme vous pensez bien, est sans
importance.
L'affiliation à un ordre étranger, à
un internationalisme à ce point redou-
table qu'il est devenu l'horreur de tous
les peuples ; le vœu d'obéissance abso-
lue à un général étranger ; le rêve de
domination religieuse et temporelle
contre lequel se sont défendus tous les
régimes comme toutes les nations qui
ne veulent pas périr; les doctrines si
étrangement amorales par lesquelles les
membres de l'ordre cherchent à s'empa-
rer des volontés et à dominer les cons-
ciences; ces doctrines auxquelles ne
manque aucune flétrissure, pas plus celle
des Parlements que celles des évêques
et des papes ; l'exercice de toutes les
fonctions ecclésiastiques, prédication,
confession, célébration des offices reli-
gieux, en dehors et au-dessus des auto-
rités épiscopales ; qu'est-ce que tout
cela ? moins que rien, vous dis-je ! - La
vraie question est ailleurs. Portez-vous
ou ne portez-vous pas un rabat ? ffé-
fense de regarder plus loin. Et si vous
portez le rabat sauveur, vous pouvez
braver en toute assurance la rigueur
des textes de tous les temps, vainement
rajeunis par la loi nouvelle.
Telle est, déshabillée de toutes ses ar-
guties juridiques, la thèse qui va se dé-
velopper prochainement devant la jus-
tice.
Ce n'est pas au point de vue du droit,
somme nous le ferons ailleurs, que nous
voulons l'examiner ici. Il suffit d'en
dire un mot, au point de vue du simple
sens commun, et sans entrer dans
les difficultés soulevées par la question
du diocèse d'origine, aussi bien que par
les lettres de sécularisation délivrées
par les évêques. On peut compter
qu'aux marques de sécularisation exté-
rieure s'ajouteront des documents va-
riés, destinés à représenter les mem-
bres des congrégations non autorisées
comme déliés de leurs vœux monasti-
ques. Ils en rapporteront la preuve,
soit par des attestations émanées des
congrégations romaines, soit par des
brefs du pape lui-même.
Les unes et les autres do ces preuves
ont la même valeur. Les congrégations
romaines n'ont jamais été reconnues
par les lois françaises; les brefs du pape
n'ont de force que par l'enregistrement
du pouvoir civil, et à défaut de cette
formalité ne peuvent produire en France
aucun effet.
Le membre d'une congrégation non
autorisée, dont la congrégation, disper-
sée en France, demeure vivante et agis-
sante à l'étranger; le congréganiste
qui continue, sous une appellation quel-
conque et avec une modification quel-
conque de costume, à remplir le rôle,
la mission. la fonction qu'il remplis-
sait avant la dispersion de son ordre,
et qui travaille au même but que s'est
assigné l'ordre lui-même; celui-là de-
meure membre de la congrégation dis-
soute, et lui épargner l'application des
peines par lesquelles des traditions sécu-
laires, auxquelles tous les régimes ont
été fidèles, sont aujourd'hui protégées,
serait simplement mettre la toute puis-
sance du jésuite au-dessus de la puis-
sance de la loi.
Le Parlement a fait une loi. C'est
vainement que les jésuites comptent sur
la justice pour la défaire.
Georges Trouillot.
Nous publierons demain un article
de M. Lucien Victor-Meunier.
LE SERMENT
Le Sénat espagnol vient,
sans bruit, de supprimer le
serment des témoins devant la
justice. Désormais on leur de-
mandera simplement la pro-
messe de dire la vérité.
- Il y a déjà longtemps, chez
nous, que le serment est assez mai vu.
Nous l'avons conservé pour les témoins
judiciaires, mais nous l'avons supprimé
pour les présidents derépublique. Un crime
célèbre a appris au peuple français qu'il
n'était pas donné à tout le monde de se
sentir le prisonnier de son serment. Louis
Bonaparte qui en avait prêté un publique-
ment, si publiquement que ce fut én pré-
sence de l'Assemblée nationale, s'en affran-
chit à la face du monde, le jour où il lui
fut démontré que ce serment le gênait. —
« Mon serment, j'y renonce », put-il dire
avant un personnage de vaudeville.
Depuis ce jour célèbre, on évite de se fier
au serment des fonctionnaires ; et il est de
fait qu'il serait plus simple de ne point leur
en demander : un homme loyal tient un
engagement, non parce qu'il a prêté ser-
ment de tenir cet engagement, mais parce
qu'il a pris cet engagement ; un homme
droit dit la vérité, non parce qu'il a prêté
serment de la dire, mais parce qu'il est ré-
solu à ne point proférer un mensonge. Celui
qui n'est point un homme loyal n'est jamais
incommodé par un serment ; il l'a prêté; il
le reprend; il est dans l'état de ce monsieur
qui voulait bien donner sa parole d'honneur
que telle chose était véridique, mais qui ne
voulait pas parier cinquante centimes sur
cette vérité.
Onpourraitdonc, sans trop risquer, sup-
primer le serment des fonctionnaires et ce-
lui des témoins; avec ou sans serment les
fonctionnaires honnêtes et les témoins
loyaux feront leur devoir ; les « autres »
continueront de ne le point faire, et il n'y
aura rien de changé ; il n'y aura qu'une
grimace de moins. -Ch. B.
——————————— <►
LA GAUCHE DÉMOCRATIQUE
DU SÉNAT ET LE CENTRE GAUCHE
La gauche démocratique s'est réunie pour
délibérer sur la communication qu'elle a reçue
de la gauche républicaine au sujet des réunions
éventuelles des bureaux des groupes. La déli-
bération s'est terminée par un refus unanime
d'entrer en rapports avec le centre ganc.he.Elle
s'est inspirée surtout des considérations sui-
vantes :
Le centre gauche, qui comprend seulement
à l'heure actuelle vingt-cinq membres, dont
plus des deux tiers, soit dix-sept, font partie
en même temps de la gauche républicaine et
ne peuvent avoir la prétention d'être représen-
tés à la fois par le bureau de la gauche répu-
blicaine et par celui du centre gauche, serait
mal venu à réclamer pour ses huit autres adhé-
rents les privilèges traditionnels des groupes
parlementaires.
Il se prévaudrait à tort, pour compenser
son insignifiance numérique, de la tradition
suivie jusqu'à ce jour, attendu que célte tradi-
tion, qui pouvait se justifier à la rigueur par la
communauté des sentiments politiques et par
le souvenir des services rendus à la Républi-
que par l'ancien centre gauche, a perdu sa
raison d'être depuis que le centre gauche a
rompu les liens qui le rattachaient à la majo-
rité républicaine et fait cause commune avec
la droite dans les questions de politique gé-
nérale.
Il semble bien' d'ailleurs avoir voulu s'ôter
lui-même tout recours possible à cet ordre de
considérations et marquer nettement son
orientation politique nouvelle en tolérant,
sans élever la moindre protestation, que son
président donnât publiquement le témoignage
le moins équivoque d'adhésion à l'entreprise
nationaliste.
Dans ces conditions, la gauche démocratique
estime qu'elle ne pourrait, sans faire violence
à l'arithmétique la plus élémentaire, reconnaî-
tre au centre gauche le caractère et les avan-
tages conventionnels d'un groupe parlemen-
taire,ni,sans manquer à ses devoirs de groupe
républicain, entretenir des relations officielles
avec un groupe qui est devenu, au su et au vu
de tout le monde, l'allié du nationalisme.
En conséquence, la gauche démocratique dé-
cide à l'unanimité qu'elle persiste dans sa réso-
lution de n'avoir pas de rapports officiels avec
le centre gauche et, en donnant acte à la gau-
che républicaine de sa communication relative
à la réunion des bureaux des groupes, elle
aime à croire que la gauche républicaine saura
apprécier les motifs qui lui ont dicté sa con-
duite.
"
LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT
On nous communique le procès-verbal suivant :
Le groupe socialiste parlementaire s'est réuni
à 2 heures sous la présidence du citoyen An-
tide Boyer.
Le groupe désigne les citoyens Viviani et
Carnaud pour soutenir pendant la discussion
du projet de réforme de l'enseignement se-
condaire les principes du parti socialiste et
pour défendre des amendements tendant à
améliorer, dans la mesure du possible, le pro-
jet du gouvernement.
Le citoyen Devèze est désigné pour faire et
pour présenter le rapport du groupe au con-
grès de Tours.
Le citoyen Fra nçois Fournier soumet au
groupe une proposition de loi tendant à mo-
difier la loi du 8 décembre 1883 relative à
l'élection des membres des tribunaux et des
chambres de commerce. Le groupe l'approuve
dans ces termes et dans son principe.
--
LES MARCHES à TERME
M. Mirmnn et deux cent sept de ses collè.
gues ont déposé a la loi de finances l'amende-
ment que voici :
Les marchés à terme sur la laine peignée, pu-
blics ou organisés par des caisses, chambres ou
sociétés dites de liquidation ou d'arbitrage, sont et
demeurent interdits un mois après la promul-
gation de la présente loi.
CHOSES D'ALLEMAGNE
ETERNELS RECOMMENCEMENTS
Victor-Emmanuel propose à l'empe-
reur d'Autriche de se coaliser con-
tre la Prusse. -- Prussiens arro-
gants. - Français insupporta-
bles. - La « clique » de Gari-
baldi. — L'armée prussienne
désorganisée en 1847. —
Une mesure de trahison.
(De - notre correspondant spécial en Allemagne)
Berlin, 6 février.
Ce n'est pas mon habitude de parler ici des
revues allemandes. La place m'est mesurée
trop ponctuellement pour que je puisse me
permettre une incursion dans la littérature.
Cependant une fois n'est pas coutume. La poli-
tique reprendra ses droits une autre semaine;
pour aujourd'hui, je veux, après dîner, philo-
sopher sur quelques lectures.
Conversation de Victor-Emmanuel
L'Allgeme'ine Zeiiung a publié dernièrement
des souvenirs sur le général autrichien Moring
qui mourut, je crois, en décembre 1870. C'était
un excellent soldat doublé d'un esprit original.
Il commanda une brigade en Italie en 1866.
Ce fut lui qui fut chargé,à l'issue de la guerre,
de remettre au généràl Lebœuf la Vénétie que
l'Autriche abandonnait à l'Italie.
Le général Moring eut une conversation avec
Victor-Emmanuel qui ne manque pas d'intérêt.
Je dis tout de suite que cette conversation est
parfaitement authentique. Sur les instances du
roi d'Italie, le général autrichien rapporta exac-
tement son entretien. Il le transcrivit môme
aussitôt et fit de suite un rapport documenté
au ministre des affaires étrangères d'alors, le
baron Beust.
Le général et le roi commencèrent à parler
stratégie, très courtoisement, en adversaires,
non en ennemis. Moring critiquait les disposi-
tions italiennes à la bataille de Custozzadu
24 juin 1866. A ce propos Victor-Emmanuel
eut la répartie suivante :
Laissez-moi tranquille t Malheureusement Gari.
baldi n'avança pas ; d'ailleurs ses soldats ne va.
laient pas les vôtres. C'était une clique révolution-
naire qu'il fallait bien occuper.
La clique de Garibaldi
Quand j'ai lu le texte allemand que nous a
laissé Moring, je n'en voulais pas croire mes
yeux. J'ai lu, relu et comme mes perceptions
visuelles, interprétées par ma raison, s'obsti-
naient à toujours lire rèvolutionare Kanaille,
je posai tranquillement VAllgetneine Zeitung
pour déguster cette royale grossièreté.
Je roslais béat devant cette soudaine révéla-
tion du caractère de Victor-Emmonuel. Quand
je fus revenu do mon ravissement, une autre
phrase du roi me transporta dans une divine
extase :
Il y eut beaucoup de choses imprévues dans cette
guerre. Vraiment, quand j'y pense, j'en perds la
tête. J'aurais parié dix contre un que vous auriez
battu les Prussiens, que je n'aime d'ailleurs pas du
tout ; ce sont des égoïstes hâbleurs et finauds.
Le portrait n'est pas flatté. Vient ensuite une
sortie modeste :
J'aurais parié dix contre un que, par contre, je
vous aurais battus et que ma flotte aurait coulé la
vôtre.
Comme prédiction, celle-là me semble assez
réussie ! Je suis certain que le bonhomme se
figurait avoir gagné les batailles de Magenta
et de Solférino I
Ne nous attardons pas à de vains commen-
taires. Sa Majesté se plaint ensuite de ce que
l'empereur d'Autriche n'ait pas voulu traiter
directement avec lui et qu'il ait pris la France
comme intermédiaire, et il ajoute :
Pourquoi m'a-t-il poussé dans les bras de la
France ? S'il avait traité directement avec moi, il
m'aurait bien fallu payer le quadrilatère avec des
sacs d'argent (pü les aurait-il pris ?! ) Ce fut un
acte dirigé personnellement contre moi. J'en ai été
profondément vexé! Malgré tout, dites-lui bien
que je suis tout entier à sa disposition. Dites-lui
que je n'aime ni la Prusse ni la France. La
Prusse me fatigue et m'exploite /'déjà !) la France
m'agace moi et mon peuple par ses airs de pro-
tection. Rien n'est aussi pénible pour moi, roi d'un
peuple de braillards (Scbreihalse), que de toujours
remercier.
Pauvre petit roitelet que le hasard des choses
a fait roi, si votre très bénigne majesté n'a-
vait pas eu la France, la Prusse et Garibaldi
pour vous hisser sur le trône, vos descendants
mangeraient encore quelque maigre plat de
macaroni dans leur pauvre manoir familial, au
lieu de vivre dans les splendeurs inespérées du
Quiriual 1
Ingratitude royale
La fin do l'entretien que nous a rapporté
Moring n'est pas indigne du début et du mi-
lieu.
Le ton est bien conservé. Notre émotion va
grandissant: Victor-Emmanuel aurait eu un 12
ou un 15 au bachot ! Je traduis :
Promettez-moi de dire cela personnellement à
votre empereur ; vous le ferez n'est-ce pas ? -
Bien ! — Dans ce cas dites-lui que je me mets à
son entière disposition contre la Prusse avec mes
400.000 à 450.000 hommes.
Décidemont, il est dégoûtant ce bonhomme-
là ! Voilfl deux jours et un matin que les Prus-
siens lui ont conquis la Vénétie à Sadowa et il
parle déjà de leur tomber sur le poil ! Il est
digne de régner sur la Calabre et ses bandits!
C'est un détrousseur de grands chemins 1
Quant à la France, il établit un distinguo, il
se récuse:
Contre la France. contre la France décidément
cela ne se peut guère! Je préférerais que nous
nous alliions tous les deux avec ce pays !
Son système est très simple! Je n'ai plus
besoin de la Prusse, làchons-lal Quant à la
France! elle me paraît rudement forte 1 Le pau-
vre faisait sans douta, à notre égard,des pré-
dictions aussi optimistes que pour lui!) — Eh
bien! puisque nous ne pouvons la battre,
allions-nous avec elle! Et c'est ainsi qu'on fait
l'histoire! Décidément ce n'est pas propre.
En fin de compte, Victor-Emmanuel nous
fait la confidence, par la bouche de Moring,
que ses ministres le dégoûtent avec leurs pa-
perasseries, qu'il n'aime que la chasse, la vie
au grand air, et que parmi ses obligations de
monarque, il n'aime que la guerre. Un sport,
quoi 1 Il pouvait en parler, le misérable, il était
si heureux quand on le laissait se débarbouil-
ler tout seul !.
L'honneur de l'armée
Quelque chose de plus gai pour finir. La
revue allemande de Richard Fleischer publie
les mémoires du général Albert von Stoscb.
J'avoue très humblement que je n'ai pas tout
lu, Je n'ai pas un héroïsme indestructible. Je
n'en ai découpé que huit à dix lignes que j'ai
trouvées bien délicieuses, et tellement u ac-
tualité !
Vous savez, n'est-ce pas, que nous subis-
sons en ce moment un gouvernement de trahi-
son et que nos ministres de la marine et de la
guerre ne sont au pouvoir que pour désorga-
niser les services qui leurs sont confiés! C'est
triste à dire, mais c'est comme cela, et la
preuve en est que la Patrie et VEcho de Paris
le redisent tous les jours et que des norma-
liens aussi distingués que MM. Judet et J. Le-
maître le répètent sans cesse ! J'en ai donc
pris mon parti et j'assiste sans trop de tris-
tesse à la transformation que fait subir le gé-
néral André à notre armée l On ne oeul pas se
faire du mauvais sang tout le temps de sa vie
non plus 1
D'ailleurs voilà que cet honnête von Siosch
m'a consolé (très légèrement certes), mais en-
fin dans l'abomination actuelle de ladésolation,
un peu de baume sur les plaies saignantes de
votre patriotisme, si léger soit-il, ne fait jamais
de mal! Voilà donc ce que m'apprend la grave
Revue allemande. En 1847, l'armée fut désor-
ganisée — Mais oui; l'armée prussienne qui
devait, moins de 20 ans plus tard, battre les
Autrichiens à Sadowa et 3 ans après anéantir
l'armée française impériale! C'est le brave gé-
néral qui nous l'apprend dans une lettre datée
de Coblentz le 18 octobre 1847. On venait d'au-
toriser les sous-officiers mariés se promenant
avec leurs femmes au;brasàsaluer leurs officiers
sans envoyer promener leurs corn pagnes.Stoseh
écrit textuellement: Depareillesmesures ne sont
pas pour affermir l'armée prussiennel
Les imbéciles sont partout les mêmes! -Re'nl
Walbourg.
Voir à la 3° page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
-
BAL DE « SURETÉ »
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 7 février.
Hier a eu lieu dans les salons des Blumen-
saele le grand bal annuel des agents et des in-
dicateurs de la police socrète, au profit de leur
caisse de secours mutuels. Une foule énorme s'y
pressait.
Les honnours ont été faits par M. Poldt, chef
de la brigade dos recherche3,et par le commis-
saire spécial M. Nickles.
A l'entrée du président de police, M. v.
Habrda, et de son personnel, la musique mili-
taire du 1er régiment bosniaque a joué une
marche triomphale.
La jeunesse adansé jusqu'au matin, tandis
que les invités plus âgés se réunissaient dans
des petits salons et causaient de leurs ex-
ploits.
Un détail important à remarquer : tout dé-
guisement ou travesti était rigoureusement in-
terdit,
UN TOAST A CHAMBERLAIN
{De notre correspondant particulier)
Constantinople, 7 février.
Un pénible incident s'est produit au dîner
que le gouverneur de la Banque ottomane, Sir
Hamillon Lang.a donné au monde diplomatique
et auquel assistaiententre autres représentauts
ceux de la France et de la Russie.
Mme Béatrix Barclay, femme du premier se-
crétaire del'ambassade britannique,se leva tout
à coup et invita les convives à porter trois cheers
(vivat) en l'honneur de Joe Chamberlain. On
s'imagine la stupéfaction générale.Les Anglais
durent, bon gré mal gré, suivre cette invite,
mais Françaiset Russes restèrent assis.
Un certain malaise, assez compréhensible,
suivit cet incident;la soirée se termina presqu'-
aussitôt, et le lendemain Mme Béatrix Barclay
partit pour l'Angleterre.
-——————————— 00 ————————————
RIVALITES DANS LES HAUTS
COMMANDEMENTS EN ALLEMAGNE
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 7 février.
Un incident, en apparence banal, a révélé
certains dessous de l'armée allemande qui ne
manquent pas de piquant.
La commission du budget du Reichstag a
rejeté la demande d'un crédit destiné à la cons-
truction d'un édifice spécial pour le cabinet
militaire (maison militaire) de l'empereur.
Libéraux et militaristes ont été unanimes dans
ce vote.
Ce qui est particulièrement intéressant, c'est
la raison pour laquelle on a repoussé la de-
mande du ministre de la guerre. Les orateurs
ont fait remarquer que le cabinet militaire a
pris une prépondérance énorme.
Des tiraillements continuels ont lieu entre
ce bureau et le ministère de la guerre. Lo ca-
binet, semblable à l'ancien état-major d'une
grande-puissance bien connue, a la tendance
de se placer au dessus du ministère de la
guerre et de devenir un pouvoir occulte et
irresponsable. En lui donnant un Palais spécial
on n'eût fait que l'encourager dans cette voie.
ARRESTATION D'UN ENROLEUR ANGLAIS
(De notre correspondant particulier)
Strasbourg, 7 février.
Une patrouille militaire a arrêté à Thion-
ville un enrôleur anglais, qui avait déjà en-
gagé six ouvriers comme « volontaires » pour
l'Afrique du Sud. L'un des engagés, père
de famille, a été poursuivi par sa femme qui,
exaspérée, dénonça le marché aux autorités.
L'enrôleur devait partir, avec ses hommes,
par le train d'Ostende. Mais la patrouille en-
vahit l'hôtel à minuit et arrêta l'émissaire.
LA NEUTRALITÉ DE L'ECOLE
Depuis plusieurs années, le catéchisme du
diocèse d'Annecy (Haute-Savoie) a été pourvu
d'un chapitre supplémentaire destiné à éclai-
rer les néophytes sur leurs devoirs élocto-
raux.
On ne voit pas trop ce que viennent faire
dacs un livre qui doit être uniquement consa-
cré à l'éducation religieuse, les leçons élecLo-
raies.
Parmi les questions, suivies, bien entendu,
de réponses, que contient le chapitre addition-
nel du catéchisme d'Annecy, il n'est pas sans
intérêt de citer :
Quel est le devoir de tout électeur ?
— Le devoir de l'électeur est de donner sa voir
à celui de tous les candidats qui s'acquitte le mieux
de tous ses devoirs de chrétien et de citoyen.
Un électeur peut-il donner sa voix à un candi-
dat qui veut nuire à la religion ?
— Non, un électeur ne peut pas donner sa voix
à un candidat qui veut nuire à la religion.
Et les questions se suivent ainsi dans la
même style et sur le même thème, pendant
deux pages (93 et 94).
Si ce catéchisme « à côté » ne suffit pas à
éclairar les jeunes élèves, il suffit amplement
à édifier les gens impartiaux sur la façon dont
on observe dans le diocèse d'Annecy, la neu-
tralité de l'enseignement.
LES OUVRIERS ET OUVRIÈRES
EN CHAUSSURES MILITAIRES
Arbitrage du général André
La délégation a rendu compte de son entre-
vue avec le ministre de la guerre et fait con-
naître la teneur de l'arbitrage, complètement
en faveur des ouvriers.
L'assemblée a adopté à l'unanimité un vote
de satisfaction pour l'impartialité du général
André en cette occurrence.
Ensuite les ouvriers ont décidé à mains le-
vées et avec enthousiasme do remercier le ci-
toyen Bagnol du chaleureux concours qu'il
leur a apporté pendant la durée du conflit.
Les détenteurs des listes de souscriptions
sont priés de bien vouloir les faire parvenir au
siège du Syndicat, rue Blomet, 33, Paris-Vau-
girard.
AU GRAND PALAIS
Inauguration par le Président de la
République de la 21* exposition de
« l'Union des femmes peintres et
sculpteurs ». — Les principales
oeuvres. -- Les récompenses re-
mises par M. Loubet.
Le Président de la République et Mme Emile
Loubet, accompagnés du général et de Mme
Dubois, de M. et Mme Combarieu, de M. et
Mme Henry Poulet, ont visité hier après-midi,
à 2 heures, au Grand Palais, l'exposition des
femmes peintres et scupteurs.
Le Président et Mme Loubet ont été reçus
par le ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts, Mme Demont-Breton, présidente
d'honneur, duchesse d'Uzès, présidente et les
femmes artistes, qui font partie du comité de
l'exposition. Une gerbe de fleurs a été offerte
à Mme Loubet.
La duchesse d'Uzès a adressé au Président de
la République quelques paroles de bienvenue.
Elle l'a remercié de donner un tel témoignage
d'intérêt aux efforts que les femmes font pour
s'élever dans le domaine de l'art, pour se dis-
tinguer par la vertu du travail.
Le Président de la République a répondu
que les femmes peintres et sculpteurs donnaient
un bon exemple, que le gouvernement de la
République devait encourager.
Il a complimenté la duchesse d'Uzès et Mme
Demont-Breton des résultats obtenus par la
société qu'elles président. Le salon féminin a
conquis ses droits à côté des grandes manifes-
tations artistiques de l'année, grâce au zèle du
comité el au talent d'un grand nombre d'expo-
sants.
Puis le Président a demandé à Mme d'Uzès,
en lui offrant le bras, de le conduire devant
les œuvres les plus remarquables. M. Georges
Leygues donnait le bras à Mme Loubet entou-
rés do MM. Henry Roujon, directeur des
Beaux-Arts; de Selves, préfet de la Seine: Lé-
pine, préfet de police, le docteur Bourrillon,
ancien député, et des membres du comité :
Mmes Debillemont-Chardon, Huillard,Borge-
rot, Adam Nanny, Baillon-Turner, Bourgon-
nier-Claude, Bourrillon - Tournay. Delacroix,
Garnier.Fichel Jeanne, Faux-Froidure, Guillau-
mot-Adan, Roullet-Fauve, Toudouze-Marie,
Vallet-Bisson; Mlles Marguerite Arosa, Adrien,
Antoinette Chavagnat, Deurbergue, Louppe,
Popelin, et Mme F. Attendu, secrétaire délé-
guée.
Cette exposition comprend 1,033 peintures,
aquarelles, pastels,miniatures,et 64 sculptures,
parmi lesquelles beaucoup d'œuvres sont très
remarquables.
Les miniatures de Mme Debillemont- Char-
don obtiennent un grand succès et le bruit
courait hier que la sympathique artiste allait
commencer les portraits de M. et de Mme Lou-
bet.
A LA SCULPTURE
Mme la duchesse d'Uzès expose une très belle
Notre-Dame du Salut, projet pour une statue
colossale, qui occupe la place d'honneur, et
une autre, Notre-Dame de Fra/nce,pour Jérusa-
lem. Son troisième envoi est une petite esquisse
en cire : Diane et Ilndymion. Pourquoi n'avoir
pas représenté nu le bel Endymion ?
Mme Coutan-Montorgueuil expose quatre
bustes marbre, devant lesquels le Président
Loubet s'est longuement arrêté, et deux déli-
cieuses petites statuettes plâtre.
Mme Agnès de Frumerie. une groupe de
trois jeunes Sllettes, Peur des revenants ! Les
têtes sont d'une exécution soignée et particu-
lièrement charmantes.
Très intéressante aussi sa vitrine contenant
divers objets.
Mme Brach, une statue marbre, Folie de
Marguerite.
Mlle Ida MattoD. Dans les Vagues, buste
marbre,et le Vase aux paons, exécuté en céra-
mique, parE. Lachenal.
Signalons encore dans la Huerta de Valence
et Bretagne, par Mlle Marie Galland et les œu-
vres de Mmes Girardet, Gruyer-Cailleaux,
Monginot, Moria, Peltier, etc.
A LA PEINTURE
Nous avons remarqué le portrait de ma fille
Eliane, par Mme Demont-Breton et surtout
une jeune fille admirablement traitée par Mme
Bourillon-Tournay, que le Président de la Ré-
publique a félicitée en lui remettant hier la ro-
sette d'officier del'instruction publique et qui
expose en même temps : portrait de ma mère,
d'une attitude très heureuse dans sa simplicité
et comme toujours, d'une exécution conscien-
cieuse.
Mlle Marguerite Arosa : un matin d'une
poésie exquise et un soir plein de mélancolie.
Mlle Jeanne Bonnefoi: Les morts, sujet triste
mais bien traité avec une idée heureuse de l'en-
fant insouciant cueillant une pâquerette sur la
tombe de son père pendant que la mère pleure.
Mme Bourgonnier-Claude: Chrysanthèmes et
Un jour de fête d'une jolie vision.
Au recotr! Alsacienne par Mme Laure de Cha-
tillon que l'on ne demande qu'à revoir.
Une adorable Gitane par Mlle Louise La-
urut, très admirée par M, Loubet.
Le portrait de Mme Isabelle Bogelot, direc-
trice de l'œuvredes libérées de Saint-Lazare, par
Mme Malhieu-Lolliot.
Matin de fête, Roses et Vigne vierge, Violettes
par Mlle Jeanne Taconet.
Rêverie, par Mme Cécile de Wentworth. Har-
monie, par Mme Toudouze, Portrait de Mlle
Alice 0.. ,par Mlle Marguerite Ronssi a. Danseuse,
par Mlle Roullier; Figues, pêches et cerises par
Mme de la Riva-Munoz. Encore une Réverie,
par Mme Paris-Beck.
Le portrait de M. Gailhard-Bancel, député
de l'Ardèche, par Mlle Louise Ollivier.
Le portrait de Mme B., par Mlle Cécile
Morgand ; Cueillette de prunes, par Mme Emi-
lie de Metz ; Gracieux souvenir par Mlle Mar-
guerite Maillard ; Une nature morte par Mlle
Jeanne Lauvérnay ; Environs de Melun par
Mme Georget; Des pommes cuites par Mme
Fano-Sorel; Une tête de lion. broderie en che--
nille; par Mme Paula Ermens. A l'office par
Mme Delarue Le Febvre; Nature morte, Ven-
detta et un portrait de femme par Mlle Marie
Crampel, des aquarelles par Mlle Antoinette
Chavagnal; Jeune fille au corsage rose et un
profil par Mlle Adda Cabane; Madame la du-
ch esse d'Uzès dans son aleli., par Mme Boyor-
Breton.
Le portrait de Mlle Madeleine, L. et Vers
il au-delà, par Mlle Georges-Achille Fould,
depuis hier également officier de l'instruction
publique ; une grande et belle marine. Vers le
port, par Mme Gabrielle Morin ; le portrait de
Mlle W. et Topinambours, par Mlle Marie
Weyrich, que Mlle Adrien Marie a fait ache-
ter pour la tombola le portrait de Mlle S. F.
et Tendresse, par Mlle Emilie Landau ; Mme
Méry expose deux portraits qui ne figurent pas
au catalogue. Signalons encore Les rempaits
de la ville close, Matinée brumeuse, Soleil de
décembre, par Mme Nanny Adam, une nature
morte par Mme Marie d'Alheim, Notre-Dame-
de-Paris, par Mme Bezard.
De très belles aquarelles pa? Mlles Antoi-
nette Chavagnat, Marie-Louise Colombier,
Mme Delacroix-Garnier, Mlle Mathilde Delat-
tre; Fleuriste, par Mme Jeanne Fichel; Etudes,
par Mlle Clem Fiérard ; Heure de Rêve, par
Mme Guillaumot-Adam ; le portrait de Mme
Auguste Dorchain, pastel par Mme Esther
Huillard ; encore de belles aquarelles par Mlles
Lucie Louppe et Blanche Odin ; Poissons et
cuivre, par Mme Emilie de Metz ; Un Verre
dé bière, excellente nature morte, par Mm.
Ransy-Pûtxeys ; Cuivres et cardons, par Mmw
Rouvier-Chartier ; Figues, pèches et cet'isesl
par Mme de La Riva-Munoz ; de charmanti
paysages par Mlle Emilie-Edouard-Sain , de
trèt, Jolie pastels par Mme Vallet - Bissoa,
etc., etc.
Le Président Loubet, après avoir félicité lM
exposantes que Mme la duchesse d'Uzès luf
présentait., s'est rendu, toujours suivi de la
foule des invités, dans un petit salon réserve,
où il a remis les récompenses suivantes :
Offlcitrs de l'instruction publique - Mmes Achille
Fotild, Bourillon-Tournay et Delacroix-Garnier.
Officiers d'académie: iilUs Chavagaac, Louppe
et Mme Toudouze.
Le Président de fa République et Mme Lou-
bet se sont retirée à trois heures. — Ertiesi
Jetot.
New
L'ESCADRE AMÉRICAINE AU PANAMA
(De notre -- correspondant particulier)
New-York, 7 février.
L'escadre du Nord de l'Atlantique va partir
pour Colon.
Le chef a reçu des ordres cachetés.
On croit que le gouvernement de Washing-
ton a l'intention d'intervenir pour empêcher
les progrès de la révolution en Colombie el
au Venezuela.
UNE TACTIQUE
On sait que sous le titre: « Trente ans d«
République », MM. Delpech, sénateur de l'A-
riège, et Lamy, professeur au lycée Carnot,
ont résumé dans une courte brochure forte-
ment documentée l'œuvre de la République
depuis trente ans.
A l'heure où le suffrage universel va être ap-
pelé une fois de plus à se prononcer, la né-
cessité s'imposait de faire apercevoir aux élec.
teurs les étapes parcourues et les progrès réa-
lisés depuis 1870.
Tout cela gêne beaucoup les nationalistes. Ils
ont d'abord essayé de contester les statistiques
produites, mais leurs arguments n'ont pu dé-
truire l'indiscutable exactitude des chiffres ;
aussi, par une tactique qui leur est chère, ils
changent brusquement d'attitude, adorent ce
qu'ils avaient tout d'abord brûlé et revendiquent
pour eux-mêmes tous les services rendus par le
parti républicain. Mais ils affirment en même
temps que le gouvernement actuel s'est em-
ployé à défaire ce qui avait été péniblement
édifié, à désorganiser l'armée et à ruiner les
finances du pays ; ils nous abandonnent Oes
trois ans de défense républicaine et gardent à
leur actif les trente ans de République.
Merci 1
C'est M. Syveton, l'ange Gabriel de la Patrie
française, qui fait montre à notre égard d'une
si délicate générosité I
Nous nous croyions jusqu'à présent les con.
tinuateurs de I'oeuyre entreprise par les répu-
blicains qui volèrent l'enseignement, laique.
gratuit et obligatoire. Fatale erreur! Cette
gloire appartient à MM. Syveton et Dausset,
seuls continuateurs des traditions républicai-
nes, et dont l'Université, il est vrai, a dû se
séparer à regret.
M. Gabriel Syveton en est encore à la loi du
talion. Nous l'avons enlevé & sa chaire ; « pont
ramener, dit-il, l'enseignement à son yéritablc
objet, il faut J'arracher aux mains des prélec
dus défenseurs de la République J),
Nous savons ce que cela veut dire. Pour qne
l'idéal de M. Syveton soit atteint, il faudrait
que les hommes chargés de l'éducation des gé-
nérations qui se lèvent leur apprennent que la
troisième République est un régime néfaste, la
liberté de penser une monstruosité, l'école sans
Dieu un infanticide intellectuel, la loi des as-
sociations une loi scélérate, et M. Loubet un
objet de mépris pour tous les bons citoyens.
Il faudrait remplacer les enseignements de la
science et de la raison par ceux de l'intolé-
rance et du fanatisme et confier aux congréga-
tions le soin de façonner, à leur guise les cer-
veaux de tous les jeunes F rançais. — A. Ai-in.
bruster.
RÉDUCTION DU SERVICE MILITAIRE
M. Gervais. député de la Sein., a déposé hier à la
Chambre le projet de résolution suivant, qui .-iL
pour objet la réduction du service militaire :
La question de la réduction du service mi-
litaire, qu'il est maintenant nécessaire de réa-
liser, soulève des questions préjudicielles sui
lesquelles il convient dabord de statuer.
Le premier problème qui se pose et qu'ont
posé tout ceux qui ont discuté de cette ques-
tion à la commission de l'armée, est celui 4q
savoir quelle répercussion aura la réduction
du service sur les effectifs.
D'après les calculs soumis à la commissiez
de l'armée par le général Delanne, faisant
alors fonctions de chef d'état-major géné-
ral de l'armée, la réduction du service à deux
ans amène, par le fait qu'on n'appelle plus
que deux classes au lieu de trois, une diminu-
tion de 120,000 hommes dans l'effectif.
On a discuté ce chiffre; mais il reste que
dans l'hypothèse, même la plus favorable, il y
a un déchet d'environ 100,000 hommes.
Et assitôt la question s'est posée de savoii
comment on comblerait cette différence.
On a proposé" divers moyens : suppression
des dispenses, utilisation des hommes classés
dans les services auxiliaires, obligation poui
les hommes qui ont l'intention de solliciter un
emploi de l'Etat, des départements et des com-
munes, de servir trois, quatre ou cinq ans dans
l'armée, suppression des hommes employés
dans les corps et rendus aux unités combat.
tantes.
Il y a là évidemment onesérie de sources par
lesquelles on grossira très sensiblement le-re-
crutement. Des chiffres ont été attribués à cha-
cune de ces catégories. Nous n'examinerons
pas ces évaluations,et nous admettrons que leui
total donnera le? effectifs nécessaires.
Mais avant cela une question se pose qu'il
faut résoudre. Ces effectifs sont-ils nécessaires?
Il est indispensable d'être d'abord fixé sur ce
point. --
il apparalt qu une étude doit être faite
de cette question qui donnera des indications
indispensables. Si les compagnies doivent
compter !50 hommes, si les bataillons doivent
être à 1,000 hommes ; faut-il le nombre de
bataillons aujourd'hui fixé ? Doit-on réduire
le nombre des unités et,avec des effectifs moin-
dres, avoir un ensemble plus compacte?Fant..ji
au contraire, par suite des nécessités stratégi-
ques, conserver le nombre de nos éléments et
grossir par tous les moyens les ressources de
nos contingents ?
La question doit être examinée d'abord et
résolue. Le moyen, c'est la revision de la loi
des cadres d'où l'on déduira d'abord un sys-
tème qui. substitué à l'organisme un peu dis*
tendu qui existe, constituera un ensemble
solidement établi, qui pourra faire disparaître
les unités squelettes si préjudiciables à l'ins-
truction des chefs et des hommes. Il faut aussi
que par les effectifs ainsi fixés, en tenant
compte des nécessités sociales et militaires
justement équilibrées, on détermine la durée
du temps de service réduit qui est en réalité
celui de l'effectif global.
Cette étude ne peut être faite que par le mi-
nistre de la guerre, au nom du gouvernement,
acres étude de ses conseils tecboiques. ,-
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