Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 février 1902 05 février 1902
Description : 1902/02/05 (N11653). 1902/02/05 (N11653).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
il C y 1%7 0 CENTIMES le Numéro;
PARIS & DÉPARTEMENTS
ZLe PMtiméx-o, CINQ CENTIMES
foNDATEUR AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS -"
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Paris 2fr. 5 fr. 9fr. 18 fr.
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Ch. LAGUANGE, CERF & QIO
6, Place de la Bourse, 6
4* AUX BUREAUX du JOURNA&
RÉDACTïOIM : 131, rue Montmartre, 131]
De 4 à 8 heures du sotr et de 10 heures dttsoÙ. à 1 heure du matin
No 11653. - Mercredi 5 Février 1902
16 PLUVIOSE AN 110
ADMINISTRATION : 131, vue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à Vadministrateur -
NOS LEADERS,
t lies k smiita »
Nous avons publié l'autre jour le texte
de la résolution adoptée par le Comité
central de la Ligue française pour la
défense des Droits de l'homme et du ci-
toyen, résolution tendant à la suppres-
sion de la police des mœurs.
Tout dernièrement, à propos de la
pièce de M. Brieux, les « Avariés », j'ai
dit, une foiil de plus — mais n'est-ce
pas lo rôle, le devoir du journaliste de
répéter inlassablementles mêmes choses?
— l'horreur qu'inspire à tous les gens
de cœur cette infâme police des mœurs
qui, sous l'hypocrite prétexte de sauve-
garder la santé publique, autorise tant
d'abus et d'exactions et constitue un
attentat permanent contre la liberté in-
dividuelle. -
Je reviens sur cet inépuisable sujet,
puisque la résolution adoptée par le
comité central de la ligue des Droits
de l'homme m'y invite.
***
Cette résolution vise particulièrement,
d'abord, les maisons de tolérance, dé-
clare qu'elle doivent disparaître, car
il est honteux de voir les municipalités
et le pouvoir administratif associés à
l'organisation et à l'exploitation de la
prostitution. On ne saurait mieux dire.
Nous voici loin du rêve caressé autre-
fois par tous les préfets de police: le
rêve do concentrer la débauche dans les
maisons de tolérance; nous voici loin
de Parent-Duchâtelet s'écriant : « L'ad-
ministration, dans l'intérêt du bien,
doit entourer les maisons de tolérance
de toute sa protection ! » loin du fameux
M. Lecour qui gémissait sur la diminu-
tion constante du nombre de ces mai-
sons infâmes.
Mais je ne veux pas insister sur un
sujet aussi délicat ; je passe; on sait
d'ailleurs que ces maisons sont d'hor-
ribles bagnes où les femmes sont indi-
gnement tyrannisées et volées par les
tenanciers. Le retrait de toutes les tolé-
rances, l'interdiction absolue d'ouvrir
une maison de débauche, des peines
exemplaires prononcées contre les pa-
trons et patronnes des lupanars clan-
destins seront une première satisfaction
donnée à la morale publique trop long-
temps outragée par l'institution abjecte
• de la police des mœurs.
.*.
Quant à la prostitution individuelle,
le comité de la Ligue des Droits de
l'homme dit qu'elle « ne peut être con-
sidérée comme une délit » ce qui est
parfaitement juste; « mais qu'elle doit
être rangée parmi les commerces et in-
dustries insalubres, et, comme telle,
soumise à des mesures de surveillance
destinées à garantir la collectivité»,
Ceci demande réflexion.
J'avoue ne pas voir distinctement ce
que pourront être ces «mesures de sur-
veillance ».
En quoi consisteront-elles?
Chargera-t-on des agents de police
plus ou moins spéciaux d'espionner les
allées et venues des femmes se livrant à
la prostitution et d'appréhender lesdites
femmes, tantôt une à une, tantôt par
rafles? Ces femmes seront-elles l'objet
d'un examen médical du résultat duquel
dépendra leur liberté?
Mais alors ceseraitla police des mœurs
ni plus ni moins, cette police des mœurs
ignoble, odieuse, dont on ne veut plus,
et qu'ainsi on ferait revivre, sous pré-
texte de « mesures de surveillance des-
tinées à garantir la collectivité ».
Il conviendrait d'abord, ce me semble,
de s'entendre sur le sens du mot pros-
titution. L'usage- créé pour les bessins
de la cause - veut qu'il ne désigne que
l'acte féminin; ne faudrait-il pas, en
bonne justice, qu'il s'appliquât égale-
ment à l'acte masculin? -
Puisqu'il s'agit de la santé publique,
si la. femme qui s'offre aux embrasse-
ments du premier venu peut être à bon
droit considérée commedangereuse, ces
premiers ou derniers venus qui achètent
ses caresses ne doivent-ils pas être ran-
gés aussi dans la catégorie des êtres
nuisibles? L'homme ne peut-il être,
ainsi que la femme, un foyer d'infec-
tion?
Dans cette pièce de M. Brieux, à la-
quelle je faisais allusion tout à l'heure,
il y avait un mot parfaitement juste. A
son député, d'ailleurs parfaitement
inepte, qui s'écriait : « Il faudrait sévir
ai contre ces misérables femmes, vérita-
bles empoisonneuses ! » son docteur
répondit : « Vous oubliez qu'elles ont
d'abord été des empoisonnées. »
Ce simple mot, d'une vérité absolue,
fait apparaître clairement que si des me-
sures « de surveillance » sont à pren-
dre « pour garantir la collectivité » con-
tre les vendeuses d'amour, ces mêmes
mesures s'imposent à l'égard des ache-
teurs.
Je laisse de côté le point de vue mo-
ral. Il est évident que, si l'on voulait
envisager sous cet angle le problème, il
serait aisé de démontrer que la femme
peut invoquer en sa faveur bien des cir-
constances atténuantes, tandis que
l'homme, lui, ne trouverait pas un seul
argument sérieux pour tenter de dimi-
nuer la saleté de son action. La femme,
le plus souvent, est rivée par la misère
4 sa chaîne; l'homme n'est que l'es-
clave de ses vices honteux ; la femme est
évidemment excusable ; l'homme ne
saurait l'être à aucun degré. Mais lais-
sons cela, puisqu'il ne s'agit que de la
santé publique. ,
Je le répète, dire que le débauché est
aussi dangereux que la prostituée, c'est
énoncer une vérité élémentaire. A qui,
pourtant, viendra-t-il à l'idée de récla-
mer contre les hommes qui fréquentent
les mauvais lieux les mêmes mesures
qui sont trouvées toutes simples contre
les femmes qui composent la population
de ces mauvais lieux? A coup sûr on
traiterait de farceur celui qui propose-
rait la création d'une brigade spéciale
chargée de surveiller les libertins.
Voyez-vous d'ici les clients des filles
publiques arrêtés, soumis à une visite
médicale, internés dans un hôpital ad
hoc en cas de maladie constatée, gardés
jusqu'à guérison complète? Cela semble
folie et ne serait pourtant que justice.
La vérité est que, dans l'institution de
la prostitution réglementée, il s'agit de
.la santé publique, beaucoup moins
qu'on ne fait semblant de le croire. Cette
institution n'est qu'un vestige de l'anti-
que esclavage ; de tout temps, les hom-
mes ont voulu avoir des femmes astrein-
tes à leur servir de jouets; la prétendue
nécessité do protéger la santé publique
n'a jamais été qu'un prétexte, et il est
démontré aujourd'hui que ce prétexte
est illusoire, mensonger, scandaleuse-
ment hypocrite.
Je regrette, s'il faut dire ma pensée
tout entière, que le comité de la Ligua
des Droits de l'homme ait cru devoir en
cette circonstance sacrifier à des pro-
jugés dont le mépris aurait dû déjà
faire justice, qu'il ne soit pas allé réso-
lûment jusqu'à la conclusion logique
des prémisses posées par lui. Cette con-
clusion, c'est la liberté. n
Je suis profondément convaincu —
et tous ceux qui se sont donné la peine
d'étudier de près cette si grave question
ont, je ne crains pas de le dire.la même
conviction — que toutes les mesures de
police,non seulement sont impuissantes
à atteindre le but proposé, mais encore
vont directement à l'encontre de ce but
tout au moins en provoquant la dissimu-
lation des maladies. Combien de femmes
malades, la terreur de St-Lazare em-
pêche-t-elles d'avouer leur malaclieen se
soignant !
Soyez-en bien persuadés, la pleine
et entière liberté serait moins dange-
reuse, ferait moins de mal que l'absur-
de et ignoble réglementation.
Lucien Victor-Meunier.
Nous publierons demain un article
de M. A Gervais
IL EST FTVEC LE CIEL.
Oui, il est avec le ciel, ou
plutôt avec Rome, des accom-
modements. Vous entendez le
bruit qu'ils font, dans le camp
clérical — je devrais dire dans
les camps cléricaux, car toutes
les nuances de la réaction sont
-
inféodées au cléricalisme — vous entendez
leurs lamentations et leurs cris depuis que
la loi contre la Congrégation est mise à
exécution. Or, qu'exige la loi ? le départ des
moines non autorisés, la fermeture des cou-
vents interdits. Il semble que cela soit
l'abomination de la désolation.
Mais il n'y a pas que la France qui soit
incommodée par les couvents et par les
moines: quand les Américains ont com-
mencé à s'installer aux Philippines, ils
ont été frappés du pullulement des frocs
dans ces îles; ils ont souhaité en être moins
encombrés. Ils n'ont eu pour cela qu'un
mot à dire au pape. Eux, protestants des
nuances les plus diverses, ils ont obtenu
en un rien de temps ce que la France, qui
passe pour catholique, aurait demandé en
vain pendant vingt-cinq ans. Sur l'ordre du
pape, M. Sharretti, délégué apostolique,
va se rendre aux Philippines porteur de la
bulle réclamée par les Yankees ; et que dit
cette bulle ?
Elle dit qu'en vertu d'un accord entre le
Saint-Siège et les Etats-Unis, l'élément
espagnol de la hiérarchie ecclésiastique va
être éliminé pour être remplacé par un lot
de curés et d'évêques américains.
Elle décide que le délégué apostolique a
pleins pouvoirs pour faire, au sujet de la
suppression d'un grand nombre de cou-
vents, réclamée par le gouvernement de
Washington, toutes les concessions qui
seront jugées nécessaires.
Il y a bénéfice, vraiment, à ne pas être
« la fille aînée de l'Eglise ».On obtient tout
ce qu'on désire. — Ch. B.
.a.
SATISFACTION MORALE
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 3 février.
Il y a quelques mois, la conseiller municipal
socialiste, M, Hoffmann, voulant se convaincre
de visu de l'état des asiles de nuit, s'est dé-
guisé en miséreux et est entré dans un asile.
L'expérience n'a pas été sans inconvénient, car
les gardiens l'ont régulièrement passé à tabac
et le lendemain le conseiller municipal a eu
beau s'adresser aux autorités, il ne put obtenir
réparation.
Dernièrement, le conseil a élu M. Hoffmann,
membre de la commission des asiles de nuit.
M. Hoffmann pourra maintenant remercier les
gardiens qui, jadis, lui réservèrent ua accueil
si. touchant.
DÉCORATIONS REFUSÉES
(De notre correspondant particulier)
Borlin, 3 février.
Parmi les personnes qui ont été décorées à
l'occasion de la fête de l'empereur, 21 ont re-
fusé d'accepter la marque de distinction. Ce
sont pour la plupart des instituteurs et des
fonctionnaires subalternes. Ils ont déclaré n'a- !
voir travaillé que par sentiment du devoir. J
LETTRE DU PORTUGAL
Ménage d'artistes. — Epilogue d'un
drame. — Assassiné par amour. —
Folle ou responsable? — Tableaux
qui se vendent. — Une solution
inattendue. — Pour les savants.
— Choses de théâtre. — Suc-
cès français.
(De notre correspondant spécial au Porlugal;
** Lisbonne, 2 février.
t A l'hospice d'aliénés est décédée MmeGreno,
artiste peintre, la célèbre protagoniste du drame
sanglant qui, en juin dernier, a émotionné
notre capitale.
Josepha Greno, une artiste bien appréciée,
était Espagnole, née en Andalousie. Quand elle
était élève à l'Ecole des Beaux-Arts de Lis-
bonne, elle s'éprit de Adolpho Greno, élèvo de
la même école, avec qui elle se maria.
Après le mariage, les époux partirent pour
Paris, le gouvernement pensionnant le peintre
pour étudier à l'étranger.
Après quelques années de résidence à Paris,
les deux époux retournèrent à Lisbonne, où
Adolpho Greno fut nommé professeur à l'Ecole
des Beaux-Arts. Sa femme, une artiste réputée
par la vigueur du ccloris de ses tableaux de
fleurs, donnait des leçons aux demoiselles dl
meilleur monde. -
Les doux époux vivaient dans la meilleure
harmonie et avec aisance ; non riches,puisque,
en Portugal, les grands artistes ne lo sont
jamais. Les peintres vivent des leçons qu'ils
donnent et dos portraits ; les véritables œuvres
d'art sont difficiles à vendre et payées simple-
ment par un peu do gloire et quelques succès
de critique littéraire.
Mort tragique
On considérait comme très heureux ce mé-
nage d'artistes quand, vers le mois de juin
dernier, la public fut ébranlé par la nouvelle
que Mme Greno avait assassiné son mari à
coups de revolver pendant qu'il dormait. Arrê-
tée et interrogée par la justice, elle n'expliqua
pas le motif do son crime. Elle répondit sim-
iemenL qu'elle aimait bien son mari, qui était
un homme bon et loyal, et que c'était le destin
qui arait tout fait. Elle fut mise en observa-
tion par les médecins, ceux-ci déclarèrent que
Mme Greno était folle, par conséquent irres-
ponsable de sa faute et qu'elle devrait être en-
voyée à l'hospice d'aliénés.
Il se produisit, alors, dans la presse, dans
les cercles, partout, une grande discussion. On
dit que Mme Greno n'était pas folle et que des
personnes de haute influence essayaient de la
soustraire à la responsabilité de son crime. Le
public remarqua que la coupablo recevait des
visites de plusieurs dames du grand monde.
Au moment du crime, était ouverte l'exposition
des Beaux-Arts, tous les tableaux des époux
Greno furent vendus.
Dernièrement les médecins de l'hospice d'a-
liénés déclaraient que Mme Greno était guérie
et qu'elle pourrait sortir bientôt. De nouveau
l'affaire Greno commençait à occuper l'atten-
tion du public, et déjà on discutait si la cri-
minelle devrait maintenant répondre en justice
du crime commis étant folle, quand la mort
est venue résoudre soudain co problème social,
médical et juridique.
Société Océanographique du golfe de
Gascogne.
Comme on sait. cotte Société a envoyé l'an-
née dernière au Portugal une mission scienti-
fique, mission que le roi, qui possède un des
meilleurs musées du genre, a reçue avec une
particulière considération.
Le gouvernement portugais vient do conférer
la commanderie de l'ordre de Saint-Jacques
(du mérite scientifique, artistique ot littéraire)
à M. Charles Bernard, ancien officier de la ma-
rine française et président do la Société et la-
boratoire océanographiques du goife de Gas-
cogne, et le collier d'officier du même ordre
au vice-président de la Société, le docteur
Gabriel Desbasts, au trésorier M.A. Barincou,
et à M. Alban Derroja, rédacteur de La Gi-
ronde et membre de la Société.
Dans les théâtres
Plusieurs traductions de pièces françaises
sont actuellement représentées dans les théâtres
de Lisbonne.
Au théâtre Amélie, après les représentations
de la Veine, de Alfrcl Capus et la Course au
flambeau, de Hervieu, on joue les Demi-Vierges
de Marcel Prévost, La dame de chez Maxim's.
de Georges Feydeau, Zaza, de Berton et Simon,
Château historique, de Alex. Bisson et Turi-
que. Hier a eu lieu la première du Coup de
fouet, de Hennequin ot Duval. Au théâtre Nor-
mal, reprise de Catherine, de Lavedan et répé-
titions des Romanesques, de Edmond Rostand,
de l'Enigme, de Paul Hervieu et du Mariage de
Figaro, de Beaumarchais. En d'autres théâtres
on joue la Femme poupée, Le Fils surnaturel et
on annonce pour bientôt le Bon Juge, d'Alox.
Bisson, etc.
Le ténor français Clément chante à 1 Opéra
avec succès les œuvres de Massonel: Werther et
Sapho. -M. da F.
——"
LE VAMPIRE D'ANTHY
lie parquet arrive. — A l'instruction.
f Lettre d'un correspondantJ
Anthy (Haute-Savoie), 2 février.
Enfin le parquet s'est décidé à remuer.
Le parquet de Thonon-les-Bains, accompagné
des gendarmes, s'est rendu hier à deux heures
du soir au cimetière d'Anthy.
Il n'était que temps: les habitants de la com-
mune commençaient à s'impatienter.
On a procédé au relèvement de deux tombes,
(sans compter celle de la veuve Mouchel), celles
de deux femmes enterrées récemment; le doc-
teur Genou a reconnu qu'elles n'avaient pas
été touchées.
La justice à présent n'a qu'à suivre son
cours. *
La Démocratie, organo clérical de la munici-
palité de Thonon, et lesaulres feuilles de même
acabit se garderont bien de dire que Mathieu
allait tous les dimanches à confesse et à la
messo.
Les frères Leuboulez, qui ont les premiers vu
bouger le couvercle de la bière, sont cités de-
vant 1e juge d'instruction ainsi que trois en-
fants.
Le maire et Bouvet Thomas,qui le premier a
soulevé le couvercle, ont été entendus avant-
hier.
0 —
LES FORTIFICATIONS DE PARIS
Le groupe des députés de la Seine s'est réuni
hier. Il s'est occupé de la question dos taxes de
remplacement et de celle de l'aliénation des
terrains militaires des fortifications.
Après avoir entendu M. Adrien Veber, rap-
porteur du projet des taxes de remplacement
au conseil municipal, le groupe a décidé d'a-
dopter et de défendre la solution proposée d'un
commun accord par le conseil municipal, le
gouvernement et la commission de la Cham-
bre.
Sur la question de l'aliénation des terrains
militaires le groupe a entendu MM. Brousse et
Chérioux, rapporteurs au consait municipal..
M. Stanislas Ferrand a fait observer que l'Etat
acceptait de vendre à une wciéW financière
pour 40 millions la môme surface dont il de-
mandait 60 millions à la Ville.
M. Brousse a ajouté que l'Etat avait même
demand^tOO millionsà la Ville pour l'achat de
ces terrains ét que c'était cette exigence même
qui auait été la cause de la rupture des négo-
ciations entre la Ville et l'Etat.
Le groupe a décidé de demander au gouver-
nement des explications sur le lotissement des
terrains dont il propose la vente, de l'inviter à
diviser ces terrains en lots de 300 ou 400 mètres
carrés et à les mettre en adj udication.
Le groupe se réunira aussitôt que la projet
du gouvernement sera soumis à la Chambre
pour présenter ses observations à la commis-
sion du budget.
Notre ami et administrateur général Fer-
nand Lefèvre vient d'avoir la. douleur de
perdre sa mère, qui a succombé hier lundi,
à Rouen à une longue et cruelle maladie.
Nous nous associons de tout cœur au
chagrin de notre camarade; mais nous sa-
vons que le coup qui le frappe est de ceux
qu'aucune consolation ne soulage.
Il ne sera pas envoyé de lettres de faire
part; M. Fernand Lefèvre est parti pour
Rouen où la famille est réunie.
GUILLAUME Il A MULHOUSE
(De notre correspondant particulier)
Strasbourg. 3 février.
Plusieurs industriels de Mulhouse ont été
prévenus qu'à * l'occasion de son voyage au
château d'Urville, l'empereur forait une visite
à cette ville, contre de l'industrie de la Haute-
Alsace. On leur a Jonné à entendra que Guil-
laume Il veut pr là manifester sa satisfaction
de ne plusvoirMulhousereprésentéeau Reichs-
tag par un socialiste.
On a prié ces industriels d'indiquer celles
des usinc3 qui représentent la mieux l'activité
de l'industrie régionale.
-
LES DESSOUS D'UN PÈLERINAGE A ROME
(De notre correspondant particulier)
Munich, 3 février.
Des accusations graves sont formulées par
plusieurs membres du centre catholique contre
M. Riepenhausen,rédacteur en chef de la Post-
zeiiung d'Augsbourg, qui l'an passé, avait orga-
nisé le pêlerinago des Bavarois à Rome et avait
reçu à ce titra une décoration du pape.
On accuse M. Riepenhausen d'avoir fait des
« grattages » énormes. On raconte aussi cer-
tains ébats joyeux pris avec des dames qui par-
ticipaient au pèlerinage.
Des lettres adressées à des évêques et à des
députés catholiques s'expriment à ce sujet d'une
manière bien explicite.
M. Riepenhausen a dû donner sa démission
de rédacteur en chef de la Postzeitung d'Augs-
bourg.
————.—————— ♦
MÉNÉLIK ET LE KHÉDIVE
(De notre correspondant particulier)
Le Caire, 3 février.
L'évêqne d'Abyssinie, qui appartient à l'E-
glise Copte, a été envoyé par Ménélik en mis-
sion spéciale au Caire. Il est chargé de remet-
tre au khédive une lettre autographe du né-
gus.
Au Caire on fait de grands préparatifs pour
la réception do l'envoyé de Ménélik.
Voir à la Ce page
les DERNIÈRES DEPÊCHEg
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
DEFAITE D'UN raTIONALISTE
Chambéry, 3 février.
Election d'nn conseiller d'arrondissement
pour le canton de Chamoux.
M. Pépin; républicain, est élu avec 275 voix
de majorité, contre M. Gellon, nationaliste.
ob-
PERSONA NON GRATA
Francfort, 3 février.
On mande de Constantinople à la Gazette de
Francfort :
Le roi des Belges a refusé de recevoir Munir-bey,
ambassadeur d3 Turquie à Paris, bien que le sul-
tan ait demandé que ce diplomate fût accrédité
aussi à Bruxelles et l'ait chargé da remettre une
lettre autographe auroi Léo pold.
BRÛLÉS VIFS
Un vieux paralytique. — A Levallois-
Perret, — Un bébé carbonisé dans
son berceau
Au numéro 1 de la rue de la Prévoyance,
aux Lilas, habitait seul un paralytique, Eu-
gène Jambel, 60 ans. Le vieillard,assis au fond
d'un fauteuil devant sa cheminée, se baissa
pour mettre des cendres dans lo foyer, mais tl
tomba devant l'âtre et les flammes se commu-
niquèrent à ses vêtements. Quand des voisins
accoururent aux cris du vieillard, il était déjà
atrocement brûlé sur tout le corps. Transporté
à Tenon, il ne tarda pas à y succomber.
Vers 5 heures, les époux Franck, domiciliés
dans une masure, 252, route d3 la Révolte, à
Levallois-Perret, sortaient do chez eux, lais-
sant leur enfant Germain, un bébé de 7 mois,
couché dans son berceau. Peu de temps après
leur départ, on ne sait comment, un incendie
se déclarait dans la masure, qui flambait en
uu clin d'œil.
- Malgré les efforts des pompiers il ne resta
bientôt plus qu'un monceau de décombres,
sous lesquels l'infortuné bébé fut retrouvé en-
tièrement carbonisé.
SUR LA COTE D'AZUR
(De notre correspondant particulier)
Nice, 3 février.
La côte « ensoleillée » offre depuis quelques
jours le plus lamentable spectacle. C'est l'abo-
mination de la désolation.
Les malades venus pour se soigner ne savent
plus à quelle cheminée se vouer.
Les promenades, les lieux de plaisir, sont de-
venus déserts et les quelques infortunés que
l'on rencontre, s'en vont toussant et crachant ;
c'est à fendre l'âme.
Monte-Carlo , même, s'est transformé en
Sahara, quant à l'animation, et en Sibérie,
quant à la douceur du climat.
Il pleut, il vente, il neige ; c'est épouvanta-
ble t
Et comme si ce n'était point assez de subir
is? fureurs des éléments, voici que Nice vient
d'être envahie par une armée de policiers
venus pour surveillor les frontières voisines.
Le froid, la pluie, la neige, tt des policiers,
pourvu quo cette succession d'infortutl n'en-
trave pas, cette année, le succès des fles du
Carnaval Qu'on a déjà dû remettreI
A LA CHAMBRE
LA RÉCEPTION DE NICQI-AS 1 ir -
Une ratification. — L'alliance franco-
russe et les collectivistes. — La
- motion Dejeante. - M. Delcassé
et M. Marcel Sembat. — La
Russie et le conflit fran-
co-turc. — La suite
du budget.
La Chambre avait, hier, à donner son ap-
probation aux frais de réception de l'empereur
et de l'impératrice de Russie, frais s'élevant au
total de 1.529.400 francs. La ratification ne
faisait pas de doute. Mais les collectivistes ont
profité de l'occasion pour affirmer leur hostilité
à l'endroit de l'alliance franco-russe.
i M. Dejeante a déposé la motion suivante :
La Chambre, considérant qu'en ne la consultant
pas spécialement pour l'examen des crédits consa-
crés à la réception du tsar, le gouvernement a man-
qué envers elle de la déférence qui lui est due ;
quo plusieurs millions ainsi dépensés pour fêter un
monarque constituent un gaspillage d'autant plus
blâmable que le gouvernement ne consacre que 150
mille fraucs il glorifier la République; que cette
dépense est un défi aux miséreux ; qu'à l'occasion
do la venue de ce monarque, le gouvernement s'est
livré à des arrestations arbitraires ;
La Chambre, protestant contre les abus de pou-
voir commis à l'occasion de la venue du tsar en
France,
Décide r
De laisser au gouvernement la responsabilité des
dépenses engagées à cet effet et passe à l'ordre du
jour.
M. Aynard. qui prési dait.8 donné la parole à
M. Waldeck-Rousseau.
La Chambre, a répliqué le président du conseil,
comprendra que le gouvernement ne peut laisser
passer sans protestations les assertions qui ont été
apportées à cette tribune.
Je me borne à dire — et je crois répondre ainsi
au sentiment de la majorité et au sentiment du
pays — que le gouvernement, s'il n'avait pas pris
les mesures qu'il a prises et engagé les dé-
penses qu'il a engagées pour offrir au chef
d'une nation amie une hospitalité digne de lui,
alors, et alors seulement, aurait manqué à son
devoir. (Applaudissements sur un grand nombre
de bancs.)
M. Marcel Sembat est venu à l'aide de M.
Dejearte.
Il s'est élevé, entre le député de la Seine et le
ministre des affaires étrangères, une discussion
très serrée ; je ne saurais mieux faire que
d3 la transcrire textuellement et complète-
ment :
M. Sembat. — Il est évident quo le gouver-
nement pouvait, lorsqu'il a appris la venue du
tsar, convoquer la Chambre pour lui demander
le vote de ces crédits et par le vote de ces
crédits l'approbation de l'acte qui allait se pro-
duire.
Il pouvait en même temps respecter les lois
républicaines et ne pas procéder aux arresta-
tions arbitraires qui ont été signalées par M. De-
jeante.
Nous nous occupons des crédits afférents à la
visite du tsar. Je dis qu'à ce propos il y a eu des
arrestations arbitraires, en vertu des lois contre
les anarchistes, que mes amis et moi appelons
« lois scélérates ». Il y a encore deux personnes,
MM. Tailhade et Grandidier, qui sont détenues par
application de ces lois.
Ce ne sont pas les seules raisons que nous avons
de protester.
La Chambre se souvient de ce qui s'est passé lors
de la campagne Lorando-Tubini. Elle sait avec
quelle rapidité nous avons évacué l'île de Lesbos,
sans prendre la peine de soulever la question armé-
nienne. Vous verrez, quand le Livra jaune sera
publié, que nous l'avons évacuée sous la pression
très nette du gouvernement russe.
M. Delcassé, ministre des affaires étrangères.
C'est absolument inexact.
M. Sembat. — Nous verrons, quand le Livre
jaune sera publié, ou alors c'est que vous aurez fait
disparaître les dépêches les plus graves.
Le ministre des affaires étrangères —
Je ne sais pas si vous connaissez des ministres des
affaires étrangères capables de faire disparaître des
documents. Mais vous n'avez pas le droit de dire
cola du ministre qui est devant vous. (Applaudisse-
ments,)
M. Sembat. — Je répète que nous verrons
cela quand on distribuera le Livre jaune.
M. Delcassé. - J'affirme sur l'honneur, que
jamais, pendant le conflit franco-turc, ni l'ombre
d'une pression, ni l'ombre même d'un avis n'est
venu à Paris du côté de la Russie. (Vifs applaudis-
sements.)
M. Sembat. - Il ne faut pas jouer sur les
mots. Il y a une dépêche du prince Lamsdorf à
l'ambassadeur do Russie à Constantinople, des-
tinéo à être montrée au sultan et remise en com-
munication à notre représentant en Turquie. -
Cette dépêche prévoyait la date de notre évacua-
tion à jour fixe.
Nous verrons, si vous vous décidez à la publier
au Livre jaune, si elle ne constituait pas la plus
indéniable des pressions sur nous.
M. Witte, le ministre des finances de Russie,
n'a-t-il pas pris contre nos nationaux, en Russie,
des mesures qui ont amené la fermeture de la plu-
part de nos établissements français ?
Nous protestons aussi, à cause de l'irrégularité
financière qui a été commise. (Applaudissements à
'extrême gauche.)
M. Delcassé est alors monté à la tribune.
Le ministre des affaires étrangères.
— La France a manifesté sa joie d'un événement
où l'on constatait l'affermissement d'une politique
de longue haleine dont, seuls, ceux qui ne veulent
pas voir peuvent faire mine de cheroher les résul-
tats et dont le développement régulier ne saurait
manquer d'attirer de plus en plus ceux qui, au de-
hors, ont lo souci croissant d'un juste équilibre en-
tre les grandes forces du monde. (Applaudissements
sur un grand nombre de bancs.)
A la majorité de 496 voix contre 46, sur 542
votants, le projet de résolution de M. Dejeante
n'est pas adopté.
A la majorité de 502 voix contre 46, sur 548
votants, le chapitre 26 du ministère des affaires
étrangères est adopté.
Ce qui ressort le plus clairement de ce dé-
bat, c'est que les collectivistes avaient eu le
tort de mêler plusieurs questions différentes.
La démonstration navale en Orient est posté-
rieure à la réception de Nicolas Il en France.
Cette considération ne m'empêche pas, d'ail-
leurs, de déplorer l'emprisonnement de ce
poète au lyrisme émouvant, de cet écrivain
savant, brillant, impeccable, qu'est Laurent
Tailhade.
Le pari mutuel
La querella soulevée par M. Sembat s'est
produite au début de la séance de l'après-
midi.
Le matin, sous la présidence de M. Descha-
nel, la Chambre avait voté le chapitre 43 du
budget de l'agriculture. M. Bompards'était oc-
cupé des fonds du pari mutuel.
Les fonds engagés au pari mutuel donnent,
chaque année, dos sommes énormes ; M. Bom-
pard a pu rappeler qu'en cinq ans il avait
fourni 1 milliard 118 millions: les champs de
courses de Paris y ont contribué pour 1 mil-
liard 60 millions. La loi de 1891 permet de
prélever 2 010 sur ces fonds pour les affecter à
des œuvres de bienfaisance; ce prélèvement
produit 4 millions par an. Or, tandis quo Paris
produit à pou près toute la somme recueillie
sur les champs de courses de France, tandis
que son Assistance publique hospitalise ou se-
coure tous les indigents, quel que soit leur lieu
de naissance, il ne reçoit guère que le tiers à
peine du prélèvement. Ne serait-il pas jus:
d'augmenter cette quotité ? M. Bompard l'a
demandé.
Le minisire da l'agriculture le lui a promis,
non sans faire remarquer que de nombreuses
oeuvres d'hospitalisation provinciales méri-
taient une large participation dans les fonds
du pari mutuel.
MM. Empereur, Couyba et Dnmont ont de-
mandé un prélèvement supplémentaire da
1 0|0 sur le pari muluel, en faveur des tra-
vaux d'adduction d'eau potable dans les com-
munes pauvres. Par 387 voix contre 143, l'a-
mendement Empereur a été adopté.
Choses agricoles
MM. Vigouroux, Guyard, Pcschaud ont de-
mandé le relèvement des secours pour sinislres
et dommages agricoles. Ils n'ont pas obtenu
gain de cause.
Non plus, l'aprùs-midi, M. de Gailhard-Bancol,
avec sa motion favorable à des syndicats agri-
coles non subventionnés par l'Etat et qui vou-
draient l'être.
M. Fernand David souhaite que la loi sur les
assurances mutuelles agricoles étende jusqu'à,
la limite des villages le « risque agricole ». M.
Jean Dupuyrecommandera cette interprétation
à M. Caillaux, qui est compétent en la ma-
tière.
MM. Alicot, Dumont, Auliffred s'occupent
du reboisement et des pâturages.
M. Henri Ricard, rapporteur, a rendu justice
à la sollicitude dont témoigne la République
pour les travailleurs des champs.
Au moment où la séance allait être levée, M.
Lasies a proposé do supprimer les séances du
matin, et s'est offert à siéger quotidiennement
dès 1 heure de l'après-midi.
Cette décision a, effectivement, été prise.
h. 1 Hugues Destrem.
HORRIBLE CRIME A CLAYE-SOUILLY
Assassinat d'un garçon de 13 ans. —
Ii'* long du canal de l'Ourcq. —
Arrestation du meurtrier. —
Mutisme mai preuves ac-
cablantes
(De notre correspondant particulier)
Claya-Souilly (Seme-et-M^rne)^ février.
Un crime épouvantable vient de plonger no-
tre pays dans la consternation. Voici, briève-
ment, les fails:
Dans l'après-midi d'hier, dimanche, M. Ran-
vier, qui habite une maison située près du
canal de l'Ourcq, à Claye, envoyait son fils,
âgé de 13 ans, faire une commission chez lo
pharmacien, dans la Grande-Rue.
A 7 heures 112 du soir, le jeune Ranvier n'é-
tant pas encore de retour, sa famille, prise
d'inquiétude, prévint des voisins et l'on se mit
à la recherche du jeune hommo.
Sur la berge du canal, à 150 mètres environ
de l'habitation des Ranvier, on découvrit le
panier qu'avait emporté le pauvre garçon.
Près de ce panier gisait un long couteau tout
maculé de sang.
On aperçut, én même temps, des traces san-
guinolentes et des empreintes de pas qui, sur
la noige, se continuaient jusqu'à la demeure
d'un nommé Brianne.
Cet individu, àgè de 19 ans, a été arrêté
aussitôt par le brigadier de gendarmerie qui.
dans cette terrible circonstance, a agi avec une
promptitude et une perspicacité dignes d'éloges.
Brianne, longuement interroge, persista à
nier contre toute évidence. En dehors des traces
sanglantes et des empreintes de pas qui s'ar-
rêtent à sa demeure, l'accusé voitpeser sur lui
des charges plus accablantes. Il porte, en effet,
des écorchures aux doigts et aux oreilles, et il
a été obligé de reconnailrequelecouteau trouvé
près du panier, sur la bergo du canal, lui ap-
partenait.
Malgré tout, il persiste à répondre qu'er il ne
sait pas ce que l'on veut lui dire ». o
Lo cadavre du jeune Ranvier n'a pas encore
été retrouvé.
L'assassin a dû, certainement, le précipiter
dans lo canal ; or, comme le canal est recou-
vert, depuis cette nuit, d'une épiisse couche d*
glace, les recherches sont devenues très diffi-
ciles.
Je vous télégraphierai de nouveau, demain.,
des détails sur ce crime épouvantable.
L'ASSASSINAT DE BONDY
Deux arrestations
Suite de l'enquête. — Signalement des
assassins. — La femme et le fila
de la victime. — Témoignages
divers. — Sur la piste des
criminels.
Les assassins présumés du jardinier Leroy.
dont nous avons, hier, raconté la mort tragi-
que, sont entre les mains de la justice.
Bidaud et sa maîtresse ont été capturés dant
la soirée d'hier à Angerville, près d'Elampes*
A la nouvelle de l'arrestation, M. Hamard.
sous-chef de la Sûreté, accompagné d'un agent,
s'est rendu à Etampes pour chercher les cou-
pables, qui seront ramenés à Paris dans la ma*
tinée d'aujourd'hui.
Revenons maintenant sur les événements
qui ont précédé l'arrestation des assassins pré-
sumés.
Dès la première heure, les soupçons da la
police s'étaient portés sur les deux individus.
un homme et une femme, qui avaient été vus
vers 5 heures, sortant précipitamment de la
maison de M. Leroy.
Voici le signalement de ces deux person-
nes : -
Edmond Bidaud est né à Paris, dans le 5* arron-
dissement, le 17 mai 1876,il se dit employé de com-
meroe; taille: 1 m.65 environ,cheveux châtains,fron6
découvert, yeux gris bleu, nez fort, bouche moyen-
ne, menton rond, visage ovale, maigre et osseux,
petite moustache brune, aspect maladif, myope.
Porte un lorgnon qu'il quitte quelquefois. Il est
toujours vêtu d'un complet noir et coiffé d'un feutre
noir. On croit qu'il est marié et que la famille da
sa femme habitp la province. Bidaud a résidé à
Bordeaux et à Levallois-Perret, rue des Frères-
Herbert, 84, sous le nom de Ducasson ; il était assez
répandu dans certains établissements du Mont-
martre où l'on s'amuse.
Voici maintenant le signalement de Silo compa-
gne : âgée de 22 à 27 ans environ; taille moyenne,
cheveux et sourcils châtai-ns, front ordinaire, men-
ton rond, teint mat. Elle est vêtue d'une robe rou-
ge foncé et d'un boléro d'astrakan. Elle porte un
ohapeau grenat et une voilette blanche.
Deux dépositions
Mme Leroy, la femme de la malheureuse
viclime. a élé interrogée par M. Jolliot, juge
d'instruction, mais sa déposition n'a apprilquG
peu de choses au magistrat :
— Mon mari. a-t-elle dit, ne me confiait pan ses
affaires, et il ne m'a que vaguement parlé de Bi-
daud et de sa femme. Je n'ai, du reste, jamais vu
ces individus qui venaient à la maison à des heu-
res où ils savaient ne pas me rencontrer. Mon fils
René a assisté à plusieurs visites de Bidaud et de sa
femme. Peut-être pourra-t il vous renseigner mieux
que moi.
Le magistrat interrogea alors l'enfant:
— Le « monsieur » et la a dame » dh le petit Re-
né sont venus voir papa jeudi dernier. Je ne sais
pas à quelle heure ils sont arrivés car j'étais allé
jouer avec des petits camarades.
En rentrant chez nous vers 3 heures pouv goûter
je lésai vus aveopapa. Le monsieur m'a dit bon.
jour et la dame m'a embrassé en me disant r a Il
est bien gentil, il faudra l'amener avec vous lors-
que vous nous ferez l'amitié d'accepter notre invi.
tation à déjeuner. »
Mou nère m'a donné un ni.:'.roea'- de pain et de
fromage et je flse suis mis à fair; mes devoirs pour
le lendemain matin
— As-tu fais attention à ce que disaient *..? Dèr.
et le monsieur.
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4* AUX BUREAUX du JOURNA&
RÉDACTïOIM : 131, rue Montmartre, 131]
De 4 à 8 heures du sotr et de 10 heures dttsoÙ. à 1 heure du matin
No 11653. - Mercredi 5 Février 1902
16 PLUVIOSE AN 110
ADMINISTRATION : 131, vue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à Vadministrateur -
NOS LEADERS,
t lies k smiita »
Nous avons publié l'autre jour le texte
de la résolution adoptée par le Comité
central de la Ligue française pour la
défense des Droits de l'homme et du ci-
toyen, résolution tendant à la suppres-
sion de la police des mœurs.
Tout dernièrement, à propos de la
pièce de M. Brieux, les « Avariés », j'ai
dit, une foiil de plus — mais n'est-ce
pas lo rôle, le devoir du journaliste de
répéter inlassablementles mêmes choses?
— l'horreur qu'inspire à tous les gens
de cœur cette infâme police des mœurs
qui, sous l'hypocrite prétexte de sauve-
garder la santé publique, autorise tant
d'abus et d'exactions et constitue un
attentat permanent contre la liberté in-
dividuelle. -
Je reviens sur cet inépuisable sujet,
puisque la résolution adoptée par le
comité central de la ligue des Droits
de l'homme m'y invite.
***
Cette résolution vise particulièrement,
d'abord, les maisons de tolérance, dé-
clare qu'elle doivent disparaître, car
il est honteux de voir les municipalités
et le pouvoir administratif associés à
l'organisation et à l'exploitation de la
prostitution. On ne saurait mieux dire.
Nous voici loin du rêve caressé autre-
fois par tous les préfets de police: le
rêve do concentrer la débauche dans les
maisons de tolérance; nous voici loin
de Parent-Duchâtelet s'écriant : « L'ad-
ministration, dans l'intérêt du bien,
doit entourer les maisons de tolérance
de toute sa protection ! » loin du fameux
M. Lecour qui gémissait sur la diminu-
tion constante du nombre de ces mai-
sons infâmes.
Mais je ne veux pas insister sur un
sujet aussi délicat ; je passe; on sait
d'ailleurs que ces maisons sont d'hor-
ribles bagnes où les femmes sont indi-
gnement tyrannisées et volées par les
tenanciers. Le retrait de toutes les tolé-
rances, l'interdiction absolue d'ouvrir
une maison de débauche, des peines
exemplaires prononcées contre les pa-
trons et patronnes des lupanars clan-
destins seront une première satisfaction
donnée à la morale publique trop long-
temps outragée par l'institution abjecte
• de la police des mœurs.
.*.
Quant à la prostitution individuelle,
le comité de la Ligue des Droits de
l'homme dit qu'elle « ne peut être con-
sidérée comme une délit » ce qui est
parfaitement juste; « mais qu'elle doit
être rangée parmi les commerces et in-
dustries insalubres, et, comme telle,
soumise à des mesures de surveillance
destinées à garantir la collectivité»,
Ceci demande réflexion.
J'avoue ne pas voir distinctement ce
que pourront être ces «mesures de sur-
veillance ».
En quoi consisteront-elles?
Chargera-t-on des agents de police
plus ou moins spéciaux d'espionner les
allées et venues des femmes se livrant à
la prostitution et d'appréhender lesdites
femmes, tantôt une à une, tantôt par
rafles? Ces femmes seront-elles l'objet
d'un examen médical du résultat duquel
dépendra leur liberté?
Mais alors ceseraitla police des mœurs
ni plus ni moins, cette police des mœurs
ignoble, odieuse, dont on ne veut plus,
et qu'ainsi on ferait revivre, sous pré-
texte de « mesures de surveillance des-
tinées à garantir la collectivité ».
Il conviendrait d'abord, ce me semble,
de s'entendre sur le sens du mot pros-
titution. L'usage- créé pour les bessins
de la cause - veut qu'il ne désigne que
l'acte féminin; ne faudrait-il pas, en
bonne justice, qu'il s'appliquât égale-
ment à l'acte masculin? -
Puisqu'il s'agit de la santé publique,
si la. femme qui s'offre aux embrasse-
ments du premier venu peut être à bon
droit considérée commedangereuse, ces
premiers ou derniers venus qui achètent
ses caresses ne doivent-ils pas être ran-
gés aussi dans la catégorie des êtres
nuisibles? L'homme ne peut-il être,
ainsi que la femme, un foyer d'infec-
tion?
Dans cette pièce de M. Brieux, à la-
quelle je faisais allusion tout à l'heure,
il y avait un mot parfaitement juste. A
son député, d'ailleurs parfaitement
inepte, qui s'écriait : « Il faudrait sévir
ai contre ces misérables femmes, vérita-
bles empoisonneuses ! » son docteur
répondit : « Vous oubliez qu'elles ont
d'abord été des empoisonnées. »
Ce simple mot, d'une vérité absolue,
fait apparaître clairement que si des me-
sures « de surveillance » sont à pren-
dre « pour garantir la collectivité » con-
tre les vendeuses d'amour, ces mêmes
mesures s'imposent à l'égard des ache-
teurs.
Je laisse de côté le point de vue mo-
ral. Il est évident que, si l'on voulait
envisager sous cet angle le problème, il
serait aisé de démontrer que la femme
peut invoquer en sa faveur bien des cir-
constances atténuantes, tandis que
l'homme, lui, ne trouverait pas un seul
argument sérieux pour tenter de dimi-
nuer la saleté de son action. La femme,
le plus souvent, est rivée par la misère
4 sa chaîne; l'homme n'est que l'es-
clave de ses vices honteux ; la femme est
évidemment excusable ; l'homme ne
saurait l'être à aucun degré. Mais lais-
sons cela, puisqu'il ne s'agit que de la
santé publique. ,
Je le répète, dire que le débauché est
aussi dangereux que la prostituée, c'est
énoncer une vérité élémentaire. A qui,
pourtant, viendra-t-il à l'idée de récla-
mer contre les hommes qui fréquentent
les mauvais lieux les mêmes mesures
qui sont trouvées toutes simples contre
les femmes qui composent la population
de ces mauvais lieux? A coup sûr on
traiterait de farceur celui qui propose-
rait la création d'une brigade spéciale
chargée de surveiller les libertins.
Voyez-vous d'ici les clients des filles
publiques arrêtés, soumis à une visite
médicale, internés dans un hôpital ad
hoc en cas de maladie constatée, gardés
jusqu'à guérison complète? Cela semble
folie et ne serait pourtant que justice.
La vérité est que, dans l'institution de
la prostitution réglementée, il s'agit de
.la santé publique, beaucoup moins
qu'on ne fait semblant de le croire. Cette
institution n'est qu'un vestige de l'anti-
que esclavage ; de tout temps, les hom-
mes ont voulu avoir des femmes astrein-
tes à leur servir de jouets; la prétendue
nécessité do protéger la santé publique
n'a jamais été qu'un prétexte, et il est
démontré aujourd'hui que ce prétexte
est illusoire, mensonger, scandaleuse-
ment hypocrite.
Je regrette, s'il faut dire ma pensée
tout entière, que le comité de la Ligua
des Droits de l'homme ait cru devoir en
cette circonstance sacrifier à des pro-
jugés dont le mépris aurait dû déjà
faire justice, qu'il ne soit pas allé réso-
lûment jusqu'à la conclusion logique
des prémisses posées par lui. Cette con-
clusion, c'est la liberté. n
Je suis profondément convaincu —
et tous ceux qui se sont donné la peine
d'étudier de près cette si grave question
ont, je ne crains pas de le dire.la même
conviction — que toutes les mesures de
police,non seulement sont impuissantes
à atteindre le but proposé, mais encore
vont directement à l'encontre de ce but
tout au moins en provoquant la dissimu-
lation des maladies. Combien de femmes
malades, la terreur de St-Lazare em-
pêche-t-elles d'avouer leur malaclieen se
soignant !
Soyez-en bien persuadés, la pleine
et entière liberté serait moins dange-
reuse, ferait moins de mal que l'absur-
de et ignoble réglementation.
Lucien Victor-Meunier.
Nous publierons demain un article
de M. A Gervais
IL EST FTVEC LE CIEL.
Oui, il est avec le ciel, ou
plutôt avec Rome, des accom-
modements. Vous entendez le
bruit qu'ils font, dans le camp
clérical — je devrais dire dans
les camps cléricaux, car toutes
les nuances de la réaction sont
-
inféodées au cléricalisme — vous entendez
leurs lamentations et leurs cris depuis que
la loi contre la Congrégation est mise à
exécution. Or, qu'exige la loi ? le départ des
moines non autorisés, la fermeture des cou-
vents interdits. Il semble que cela soit
l'abomination de la désolation.
Mais il n'y a pas que la France qui soit
incommodée par les couvents et par les
moines: quand les Américains ont com-
mencé à s'installer aux Philippines, ils
ont été frappés du pullulement des frocs
dans ces îles; ils ont souhaité en être moins
encombrés. Ils n'ont eu pour cela qu'un
mot à dire au pape. Eux, protestants des
nuances les plus diverses, ils ont obtenu
en un rien de temps ce que la France, qui
passe pour catholique, aurait demandé en
vain pendant vingt-cinq ans. Sur l'ordre du
pape, M. Sharretti, délégué apostolique,
va se rendre aux Philippines porteur de la
bulle réclamée par les Yankees ; et que dit
cette bulle ?
Elle dit qu'en vertu d'un accord entre le
Saint-Siège et les Etats-Unis, l'élément
espagnol de la hiérarchie ecclésiastique va
être éliminé pour être remplacé par un lot
de curés et d'évêques américains.
Elle décide que le délégué apostolique a
pleins pouvoirs pour faire, au sujet de la
suppression d'un grand nombre de cou-
vents, réclamée par le gouvernement de
Washington, toutes les concessions qui
seront jugées nécessaires.
Il y a bénéfice, vraiment, à ne pas être
« la fille aînée de l'Eglise ».On obtient tout
ce qu'on désire. — Ch. B.
.a.
SATISFACTION MORALE
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 3 février.
Il y a quelques mois, la conseiller municipal
socialiste, M, Hoffmann, voulant se convaincre
de visu de l'état des asiles de nuit, s'est dé-
guisé en miséreux et est entré dans un asile.
L'expérience n'a pas été sans inconvénient, car
les gardiens l'ont régulièrement passé à tabac
et le lendemain le conseiller municipal a eu
beau s'adresser aux autorités, il ne put obtenir
réparation.
Dernièrement, le conseil a élu M. Hoffmann,
membre de la commission des asiles de nuit.
M. Hoffmann pourra maintenant remercier les
gardiens qui, jadis, lui réservèrent ua accueil
si. touchant.
DÉCORATIONS REFUSÉES
(De notre correspondant particulier)
Borlin, 3 février.
Parmi les personnes qui ont été décorées à
l'occasion de la fête de l'empereur, 21 ont re-
fusé d'accepter la marque de distinction. Ce
sont pour la plupart des instituteurs et des
fonctionnaires subalternes. Ils ont déclaré n'a- !
voir travaillé que par sentiment du devoir. J
LETTRE DU PORTUGAL
Ménage d'artistes. — Epilogue d'un
drame. — Assassiné par amour. —
Folle ou responsable? — Tableaux
qui se vendent. — Une solution
inattendue. — Pour les savants.
— Choses de théâtre. — Suc-
cès français.
(De notre correspondant spécial au Porlugal;
** Lisbonne, 2 février.
t A l'hospice d'aliénés est décédée MmeGreno,
artiste peintre, la célèbre protagoniste du drame
sanglant qui, en juin dernier, a émotionné
notre capitale.
Josepha Greno, une artiste bien appréciée,
était Espagnole, née en Andalousie. Quand elle
était élève à l'Ecole des Beaux-Arts de Lis-
bonne, elle s'éprit de Adolpho Greno, élèvo de
la même école, avec qui elle se maria.
Après le mariage, les époux partirent pour
Paris, le gouvernement pensionnant le peintre
pour étudier à l'étranger.
Après quelques années de résidence à Paris,
les deux époux retournèrent à Lisbonne, où
Adolpho Greno fut nommé professeur à l'Ecole
des Beaux-Arts. Sa femme, une artiste réputée
par la vigueur du ccloris de ses tableaux de
fleurs, donnait des leçons aux demoiselles dl
meilleur monde. -
Les doux époux vivaient dans la meilleure
harmonie et avec aisance ; non riches,puisque,
en Portugal, les grands artistes ne lo sont
jamais. Les peintres vivent des leçons qu'ils
donnent et dos portraits ; les véritables œuvres
d'art sont difficiles à vendre et payées simple-
ment par un peu do gloire et quelques succès
de critique littéraire.
Mort tragique
On considérait comme très heureux ce mé-
nage d'artistes quand, vers le mois de juin
dernier, la public fut ébranlé par la nouvelle
que Mme Greno avait assassiné son mari à
coups de revolver pendant qu'il dormait. Arrê-
tée et interrogée par la justice, elle n'expliqua
pas le motif do son crime. Elle répondit sim-
iemenL qu'elle aimait bien son mari, qui était
un homme bon et loyal, et que c'était le destin
qui arait tout fait. Elle fut mise en observa-
tion par les médecins, ceux-ci déclarèrent que
Mme Greno était folle, par conséquent irres-
ponsable de sa faute et qu'elle devrait être en-
voyée à l'hospice d'aliénés.
Il se produisit, alors, dans la presse, dans
les cercles, partout, une grande discussion. On
dit que Mme Greno n'était pas folle et que des
personnes de haute influence essayaient de la
soustraire à la responsabilité de son crime. Le
public remarqua que la coupablo recevait des
visites de plusieurs dames du grand monde.
Au moment du crime, était ouverte l'exposition
des Beaux-Arts, tous les tableaux des époux
Greno furent vendus.
Dernièrement les médecins de l'hospice d'a-
liénés déclaraient que Mme Greno était guérie
et qu'elle pourrait sortir bientôt. De nouveau
l'affaire Greno commençait à occuper l'atten-
tion du public, et déjà on discutait si la cri-
minelle devrait maintenant répondre en justice
du crime commis étant folle, quand la mort
est venue résoudre soudain co problème social,
médical et juridique.
Société Océanographique du golfe de
Gascogne.
Comme on sait. cotte Société a envoyé l'an-
née dernière au Portugal une mission scienti-
fique, mission que le roi, qui possède un des
meilleurs musées du genre, a reçue avec une
particulière considération.
Le gouvernement portugais vient do conférer
la commanderie de l'ordre de Saint-Jacques
(du mérite scientifique, artistique ot littéraire)
à M. Charles Bernard, ancien officier de la ma-
rine française et président do la Société et la-
boratoire océanographiques du goife de Gas-
cogne, et le collier d'officier du même ordre
au vice-président de la Société, le docteur
Gabriel Desbasts, au trésorier M.A. Barincou,
et à M. Alban Derroja, rédacteur de La Gi-
ronde et membre de la Société.
Dans les théâtres
Plusieurs traductions de pièces françaises
sont actuellement représentées dans les théâtres
de Lisbonne.
Au théâtre Amélie, après les représentations
de la Veine, de Alfrcl Capus et la Course au
flambeau, de Hervieu, on joue les Demi-Vierges
de Marcel Prévost, La dame de chez Maxim's.
de Georges Feydeau, Zaza, de Berton et Simon,
Château historique, de Alex. Bisson et Turi-
que. Hier a eu lieu la première du Coup de
fouet, de Hennequin ot Duval. Au théâtre Nor-
mal, reprise de Catherine, de Lavedan et répé-
titions des Romanesques, de Edmond Rostand,
de l'Enigme, de Paul Hervieu et du Mariage de
Figaro, de Beaumarchais. En d'autres théâtres
on joue la Femme poupée, Le Fils surnaturel et
on annonce pour bientôt le Bon Juge, d'Alox.
Bisson, etc.
Le ténor français Clément chante à 1 Opéra
avec succès les œuvres de Massonel: Werther et
Sapho. -M. da F.
——"
LE VAMPIRE D'ANTHY
lie parquet arrive. — A l'instruction.
f Lettre d'un correspondantJ
Anthy (Haute-Savoie), 2 février.
Enfin le parquet s'est décidé à remuer.
Le parquet de Thonon-les-Bains, accompagné
des gendarmes, s'est rendu hier à deux heures
du soir au cimetière d'Anthy.
Il n'était que temps: les habitants de la com-
mune commençaient à s'impatienter.
On a procédé au relèvement de deux tombes,
(sans compter celle de la veuve Mouchel), celles
de deux femmes enterrées récemment; le doc-
teur Genou a reconnu qu'elles n'avaient pas
été touchées.
La justice à présent n'a qu'à suivre son
cours. *
La Démocratie, organo clérical de la munici-
palité de Thonon, et lesaulres feuilles de même
acabit se garderont bien de dire que Mathieu
allait tous les dimanches à confesse et à la
messo.
Les frères Leuboulez, qui ont les premiers vu
bouger le couvercle de la bière, sont cités de-
vant 1e juge d'instruction ainsi que trois en-
fants.
Le maire et Bouvet Thomas,qui le premier a
soulevé le couvercle, ont été entendus avant-
hier.
0 —
LES FORTIFICATIONS DE PARIS
Le groupe des députés de la Seine s'est réuni
hier. Il s'est occupé de la question dos taxes de
remplacement et de celle de l'aliénation des
terrains militaires des fortifications.
Après avoir entendu M. Adrien Veber, rap-
porteur du projet des taxes de remplacement
au conseil municipal, le groupe a décidé d'a-
dopter et de défendre la solution proposée d'un
commun accord par le conseil municipal, le
gouvernement et la commission de la Cham-
bre.
Sur la question de l'aliénation des terrains
militaires le groupe a entendu MM. Brousse et
Chérioux, rapporteurs au consait municipal..
M. Stanislas Ferrand a fait observer que l'Etat
acceptait de vendre à une wciéW financière
pour 40 millions la môme surface dont il de-
mandait 60 millions à la Ville.
M. Brousse a ajouté que l'Etat avait même
demand^tOO millionsà la Ville pour l'achat de
ces terrains ét que c'était cette exigence même
qui auait été la cause de la rupture des négo-
ciations entre la Ville et l'Etat.
Le groupe a décidé de demander au gouver-
nement des explications sur le lotissement des
terrains dont il propose la vente, de l'inviter à
diviser ces terrains en lots de 300 ou 400 mètres
carrés et à les mettre en adj udication.
Le groupe se réunira aussitôt que la projet
du gouvernement sera soumis à la Chambre
pour présenter ses observations à la commis-
sion du budget.
Notre ami et administrateur général Fer-
nand Lefèvre vient d'avoir la. douleur de
perdre sa mère, qui a succombé hier lundi,
à Rouen à une longue et cruelle maladie.
Nous nous associons de tout cœur au
chagrin de notre camarade; mais nous sa-
vons que le coup qui le frappe est de ceux
qu'aucune consolation ne soulage.
Il ne sera pas envoyé de lettres de faire
part; M. Fernand Lefèvre est parti pour
Rouen où la famille est réunie.
GUILLAUME Il A MULHOUSE
(De notre correspondant particulier)
Strasbourg. 3 février.
Plusieurs industriels de Mulhouse ont été
prévenus qu'à * l'occasion de son voyage au
château d'Urville, l'empereur forait une visite
à cette ville, contre de l'industrie de la Haute-
Alsace. On leur a Jonné à entendra que Guil-
laume Il veut pr là manifester sa satisfaction
de ne plusvoirMulhousereprésentéeau Reichs-
tag par un socialiste.
On a prié ces industriels d'indiquer celles
des usinc3 qui représentent la mieux l'activité
de l'industrie régionale.
-
LES DESSOUS D'UN PÈLERINAGE A ROME
(De notre correspondant particulier)
Munich, 3 février.
Des accusations graves sont formulées par
plusieurs membres du centre catholique contre
M. Riepenhausen,rédacteur en chef de la Post-
zeiiung d'Augsbourg, qui l'an passé, avait orga-
nisé le pêlerinago des Bavarois à Rome et avait
reçu à ce titra une décoration du pape.
On accuse M. Riepenhausen d'avoir fait des
« grattages » énormes. On raconte aussi cer-
tains ébats joyeux pris avec des dames qui par-
ticipaient au pèlerinage.
Des lettres adressées à des évêques et à des
députés catholiques s'expriment à ce sujet d'une
manière bien explicite.
M. Riepenhausen a dû donner sa démission
de rédacteur en chef de la Postzeitung d'Augs-
bourg.
————.—————— ♦
MÉNÉLIK ET LE KHÉDIVE
(De notre correspondant particulier)
Le Caire, 3 février.
L'évêqne d'Abyssinie, qui appartient à l'E-
glise Copte, a été envoyé par Ménélik en mis-
sion spéciale au Caire. Il est chargé de remet-
tre au khédive une lettre autographe du né-
gus.
Au Caire on fait de grands préparatifs pour
la réception do l'envoyé de Ménélik.
Voir à la Ce page
les DERNIÈRES DEPÊCHEg
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
DEFAITE D'UN raTIONALISTE
Chambéry, 3 février.
Election d'nn conseiller d'arrondissement
pour le canton de Chamoux.
M. Pépin; républicain, est élu avec 275 voix
de majorité, contre M. Gellon, nationaliste.
ob-
PERSONA NON GRATA
Francfort, 3 février.
On mande de Constantinople à la Gazette de
Francfort :
Le roi des Belges a refusé de recevoir Munir-bey,
ambassadeur d3 Turquie à Paris, bien que le sul-
tan ait demandé que ce diplomate fût accrédité
aussi à Bruxelles et l'ait chargé da remettre une
lettre autographe auroi Léo pold.
BRÛLÉS VIFS
Un vieux paralytique. — A Levallois-
Perret, — Un bébé carbonisé dans
son berceau
Au numéro 1 de la rue de la Prévoyance,
aux Lilas, habitait seul un paralytique, Eu-
gène Jambel, 60 ans. Le vieillard,assis au fond
d'un fauteuil devant sa cheminée, se baissa
pour mettre des cendres dans lo foyer, mais tl
tomba devant l'âtre et les flammes se commu-
niquèrent à ses vêtements. Quand des voisins
accoururent aux cris du vieillard, il était déjà
atrocement brûlé sur tout le corps. Transporté
à Tenon, il ne tarda pas à y succomber.
Vers 5 heures, les époux Franck, domiciliés
dans une masure, 252, route d3 la Révolte, à
Levallois-Perret, sortaient do chez eux, lais-
sant leur enfant Germain, un bébé de 7 mois,
couché dans son berceau. Peu de temps après
leur départ, on ne sait comment, un incendie
se déclarait dans la masure, qui flambait en
uu clin d'œil.
- Malgré les efforts des pompiers il ne resta
bientôt plus qu'un monceau de décombres,
sous lesquels l'infortuné bébé fut retrouvé en-
tièrement carbonisé.
SUR LA COTE D'AZUR
(De notre correspondant particulier)
Nice, 3 février.
La côte « ensoleillée » offre depuis quelques
jours le plus lamentable spectacle. C'est l'abo-
mination de la désolation.
Les malades venus pour se soigner ne savent
plus à quelle cheminée se vouer.
Les promenades, les lieux de plaisir, sont de-
venus déserts et les quelques infortunés que
l'on rencontre, s'en vont toussant et crachant ;
c'est à fendre l'âme.
Monte-Carlo , même, s'est transformé en
Sahara, quant à l'animation, et en Sibérie,
quant à la douceur du climat.
Il pleut, il vente, il neige ; c'est épouvanta-
ble t
Et comme si ce n'était point assez de subir
is? fureurs des éléments, voici que Nice vient
d'être envahie par une armée de policiers
venus pour surveillor les frontières voisines.
Le froid, la pluie, la neige, tt des policiers,
pourvu quo cette succession d'infortutl n'en-
trave pas, cette année, le succès des fles du
Carnaval Qu'on a déjà dû remettreI
A LA CHAMBRE
LA RÉCEPTION DE NICQI-AS 1 ir -
Une ratification. — L'alliance franco-
russe et les collectivistes. — La
- motion Dejeante. - M. Delcassé
et M. Marcel Sembat. — La
Russie et le conflit fran-
co-turc. — La suite
du budget.
La Chambre avait, hier, à donner son ap-
probation aux frais de réception de l'empereur
et de l'impératrice de Russie, frais s'élevant au
total de 1.529.400 francs. La ratification ne
faisait pas de doute. Mais les collectivistes ont
profité de l'occasion pour affirmer leur hostilité
à l'endroit de l'alliance franco-russe.
i M. Dejeante a déposé la motion suivante :
La Chambre, considérant qu'en ne la consultant
pas spécialement pour l'examen des crédits consa-
crés à la réception du tsar, le gouvernement a man-
qué envers elle de la déférence qui lui est due ;
quo plusieurs millions ainsi dépensés pour fêter un
monarque constituent un gaspillage d'autant plus
blâmable que le gouvernement ne consacre que 150
mille fraucs il glorifier la République; que cette
dépense est un défi aux miséreux ; qu'à l'occasion
do la venue de ce monarque, le gouvernement s'est
livré à des arrestations arbitraires ;
La Chambre, protestant contre les abus de pou-
voir commis à l'occasion de la venue du tsar en
France,
Décide r
De laisser au gouvernement la responsabilité des
dépenses engagées à cet effet et passe à l'ordre du
jour.
M. Aynard. qui prési dait.8 donné la parole à
M. Waldeck-Rousseau.
La Chambre, a répliqué le président du conseil,
comprendra que le gouvernement ne peut laisser
passer sans protestations les assertions qui ont été
apportées à cette tribune.
Je me borne à dire — et je crois répondre ainsi
au sentiment de la majorité et au sentiment du
pays — que le gouvernement, s'il n'avait pas pris
les mesures qu'il a prises et engagé les dé-
penses qu'il a engagées pour offrir au chef
d'une nation amie une hospitalité digne de lui,
alors, et alors seulement, aurait manqué à son
devoir. (Applaudissements sur un grand nombre
de bancs.)
M. Marcel Sembat est venu à l'aide de M.
Dejearte.
Il s'est élevé, entre le député de la Seine et le
ministre des affaires étrangères, une discussion
très serrée ; je ne saurais mieux faire que
d3 la transcrire textuellement et complète-
ment :
M. Sembat. — Il est évident quo le gouver-
nement pouvait, lorsqu'il a appris la venue du
tsar, convoquer la Chambre pour lui demander
le vote de ces crédits et par le vote de ces
crédits l'approbation de l'acte qui allait se pro-
duire.
Il pouvait en même temps respecter les lois
républicaines et ne pas procéder aux arresta-
tions arbitraires qui ont été signalées par M. De-
jeante.
Nous nous occupons des crédits afférents à la
visite du tsar. Je dis qu'à ce propos il y a eu des
arrestations arbitraires, en vertu des lois contre
les anarchistes, que mes amis et moi appelons
« lois scélérates ». Il y a encore deux personnes,
MM. Tailhade et Grandidier, qui sont détenues par
application de ces lois.
Ce ne sont pas les seules raisons que nous avons
de protester.
La Chambre se souvient de ce qui s'est passé lors
de la campagne Lorando-Tubini. Elle sait avec
quelle rapidité nous avons évacué l'île de Lesbos,
sans prendre la peine de soulever la question armé-
nienne. Vous verrez, quand le Livra jaune sera
publié, que nous l'avons évacuée sous la pression
très nette du gouvernement russe.
M. Delcassé, ministre des affaires étrangères.
C'est absolument inexact.
M. Sembat. — Nous verrons, quand le Livre
jaune sera publié, ou alors c'est que vous aurez fait
disparaître les dépêches les plus graves.
Le ministre des affaires étrangères —
Je ne sais pas si vous connaissez des ministres des
affaires étrangères capables de faire disparaître des
documents. Mais vous n'avez pas le droit de dire
cola du ministre qui est devant vous. (Applaudisse-
ments,)
M. Sembat. — Je répète que nous verrons
cela quand on distribuera le Livre jaune.
M. Delcassé. - J'affirme sur l'honneur, que
jamais, pendant le conflit franco-turc, ni l'ombre
d'une pression, ni l'ombre même d'un avis n'est
venu à Paris du côté de la Russie. (Vifs applaudis-
sements.)
M. Sembat. - Il ne faut pas jouer sur les
mots. Il y a une dépêche du prince Lamsdorf à
l'ambassadeur do Russie à Constantinople, des-
tinéo à être montrée au sultan et remise en com-
munication à notre représentant en Turquie. -
Cette dépêche prévoyait la date de notre évacua-
tion à jour fixe.
Nous verrons, si vous vous décidez à la publier
au Livre jaune, si elle ne constituait pas la plus
indéniable des pressions sur nous.
M. Witte, le ministre des finances de Russie,
n'a-t-il pas pris contre nos nationaux, en Russie,
des mesures qui ont amené la fermeture de la plu-
part de nos établissements français ?
Nous protestons aussi, à cause de l'irrégularité
financière qui a été commise. (Applaudissements à
'extrême gauche.)
M. Delcassé est alors monté à la tribune.
Le ministre des affaires étrangères.
— La France a manifesté sa joie d'un événement
où l'on constatait l'affermissement d'une politique
de longue haleine dont, seuls, ceux qui ne veulent
pas voir peuvent faire mine de cheroher les résul-
tats et dont le développement régulier ne saurait
manquer d'attirer de plus en plus ceux qui, au de-
hors, ont lo souci croissant d'un juste équilibre en-
tre les grandes forces du monde. (Applaudissements
sur un grand nombre de bancs.)
A la majorité de 496 voix contre 46, sur 542
votants, le projet de résolution de M. Dejeante
n'est pas adopté.
A la majorité de 502 voix contre 46, sur 548
votants, le chapitre 26 du ministère des affaires
étrangères est adopté.
Ce qui ressort le plus clairement de ce dé-
bat, c'est que les collectivistes avaient eu le
tort de mêler plusieurs questions différentes.
La démonstration navale en Orient est posté-
rieure à la réception de Nicolas Il en France.
Cette considération ne m'empêche pas, d'ail-
leurs, de déplorer l'emprisonnement de ce
poète au lyrisme émouvant, de cet écrivain
savant, brillant, impeccable, qu'est Laurent
Tailhade.
Le pari mutuel
La querella soulevée par M. Sembat s'est
produite au début de la séance de l'après-
midi.
Le matin, sous la présidence de M. Descha-
nel, la Chambre avait voté le chapitre 43 du
budget de l'agriculture. M. Bompards'était oc-
cupé des fonds du pari mutuel.
Les fonds engagés au pari mutuel donnent,
chaque année, dos sommes énormes ; M. Bom-
pard a pu rappeler qu'en cinq ans il avait
fourni 1 milliard 118 millions: les champs de
courses de Paris y ont contribué pour 1 mil-
liard 60 millions. La loi de 1891 permet de
prélever 2 010 sur ces fonds pour les affecter à
des œuvres de bienfaisance; ce prélèvement
produit 4 millions par an. Or, tandis quo Paris
produit à pou près toute la somme recueillie
sur les champs de courses de France, tandis
que son Assistance publique hospitalise ou se-
coure tous les indigents, quel que soit leur lieu
de naissance, il ne reçoit guère que le tiers à
peine du prélèvement. Ne serait-il pas jus:
d'augmenter cette quotité ? M. Bompard l'a
demandé.
Le minisire da l'agriculture le lui a promis,
non sans faire remarquer que de nombreuses
oeuvres d'hospitalisation provinciales méri-
taient une large participation dans les fonds
du pari mutuel.
MM. Empereur, Couyba et Dnmont ont de-
mandé un prélèvement supplémentaire da
1 0|0 sur le pari muluel, en faveur des tra-
vaux d'adduction d'eau potable dans les com-
munes pauvres. Par 387 voix contre 143, l'a-
mendement Empereur a été adopté.
Choses agricoles
MM. Vigouroux, Guyard, Pcschaud ont de-
mandé le relèvement des secours pour sinislres
et dommages agricoles. Ils n'ont pas obtenu
gain de cause.
Non plus, l'aprùs-midi, M. de Gailhard-Bancol,
avec sa motion favorable à des syndicats agri-
coles non subventionnés par l'Etat et qui vou-
draient l'être.
M. Fernand David souhaite que la loi sur les
assurances mutuelles agricoles étende jusqu'à,
la limite des villages le « risque agricole ». M.
Jean Dupuyrecommandera cette interprétation
à M. Caillaux, qui est compétent en la ma-
tière.
MM. Alicot, Dumont, Auliffred s'occupent
du reboisement et des pâturages.
M. Henri Ricard, rapporteur, a rendu justice
à la sollicitude dont témoigne la République
pour les travailleurs des champs.
Au moment où la séance allait être levée, M.
Lasies a proposé do supprimer les séances du
matin, et s'est offert à siéger quotidiennement
dès 1 heure de l'après-midi.
Cette décision a, effectivement, été prise.
h. 1 Hugues Destrem.
HORRIBLE CRIME A CLAYE-SOUILLY
Assassinat d'un garçon de 13 ans. —
Ii'* long du canal de l'Ourcq. —
Arrestation du meurtrier. —
Mutisme mai preuves ac-
cablantes
(De notre correspondant particulier)
Claya-Souilly (Seme-et-M^rne)^ février.
Un crime épouvantable vient de plonger no-
tre pays dans la consternation. Voici, briève-
ment, les fails:
Dans l'après-midi d'hier, dimanche, M. Ran-
vier, qui habite une maison située près du
canal de l'Ourcq, à Claye, envoyait son fils,
âgé de 13 ans, faire une commission chez lo
pharmacien, dans la Grande-Rue.
A 7 heures 112 du soir, le jeune Ranvier n'é-
tant pas encore de retour, sa famille, prise
d'inquiétude, prévint des voisins et l'on se mit
à la recherche du jeune hommo.
Sur la berge du canal, à 150 mètres environ
de l'habitation des Ranvier, on découvrit le
panier qu'avait emporté le pauvre garçon.
Près de ce panier gisait un long couteau tout
maculé de sang.
On aperçut, én même temps, des traces san-
guinolentes et des empreintes de pas qui, sur
la noige, se continuaient jusqu'à la demeure
d'un nommé Brianne.
Cet individu, àgè de 19 ans, a été arrêté
aussitôt par le brigadier de gendarmerie qui.
dans cette terrible circonstance, a agi avec une
promptitude et une perspicacité dignes d'éloges.
Brianne, longuement interroge, persista à
nier contre toute évidence. En dehors des traces
sanglantes et des empreintes de pas qui s'ar-
rêtent à sa demeure, l'accusé voitpeser sur lui
des charges plus accablantes. Il porte, en effet,
des écorchures aux doigts et aux oreilles, et il
a été obligé de reconnailrequelecouteau trouvé
près du panier, sur la bergo du canal, lui ap-
partenait.
Malgré tout, il persiste à répondre qu'er il ne
sait pas ce que l'on veut lui dire ». o
Lo cadavre du jeune Ranvier n'a pas encore
été retrouvé.
L'assassin a dû, certainement, le précipiter
dans lo canal ; or, comme le canal est recou-
vert, depuis cette nuit, d'une épiisse couche d*
glace, les recherches sont devenues très diffi-
ciles.
Je vous télégraphierai de nouveau, demain.,
des détails sur ce crime épouvantable.
L'ASSASSINAT DE BONDY
Deux arrestations
Suite de l'enquête. — Signalement des
assassins. — La femme et le fila
de la victime. — Témoignages
divers. — Sur la piste des
criminels.
Les assassins présumés du jardinier Leroy.
dont nous avons, hier, raconté la mort tragi-
que, sont entre les mains de la justice.
Bidaud et sa maîtresse ont été capturés dant
la soirée d'hier à Angerville, près d'Elampes*
A la nouvelle de l'arrestation, M. Hamard.
sous-chef de la Sûreté, accompagné d'un agent,
s'est rendu à Etampes pour chercher les cou-
pables, qui seront ramenés à Paris dans la ma*
tinée d'aujourd'hui.
Revenons maintenant sur les événements
qui ont précédé l'arrestation des assassins pré-
sumés.
Dès la première heure, les soupçons da la
police s'étaient portés sur les deux individus.
un homme et une femme, qui avaient été vus
vers 5 heures, sortant précipitamment de la
maison de M. Leroy.
Voici le signalement de ces deux person-
nes : -
Edmond Bidaud est né à Paris, dans le 5* arron-
dissement, le 17 mai 1876,il se dit employé de com-
meroe; taille: 1 m.65 environ,cheveux châtains,fron6
découvert, yeux gris bleu, nez fort, bouche moyen-
ne, menton rond, visage ovale, maigre et osseux,
petite moustache brune, aspect maladif, myope.
Porte un lorgnon qu'il quitte quelquefois. Il est
toujours vêtu d'un complet noir et coiffé d'un feutre
noir. On croit qu'il est marié et que la famille da
sa femme habitp la province. Bidaud a résidé à
Bordeaux et à Levallois-Perret, rue des Frères-
Herbert, 84, sous le nom de Ducasson ; il était assez
répandu dans certains établissements du Mont-
martre où l'on s'amuse.
Voici maintenant le signalement de Silo compa-
gne : âgée de 22 à 27 ans environ; taille moyenne,
cheveux et sourcils châtai-ns, front ordinaire, men-
ton rond, teint mat. Elle est vêtue d'une robe rou-
ge foncé et d'un boléro d'astrakan. Elle porte un
ohapeau grenat et une voilette blanche.
Deux dépositions
Mme Leroy, la femme de la malheureuse
viclime. a élé interrogée par M. Jolliot, juge
d'instruction, mais sa déposition n'a apprilquG
peu de choses au magistrat :
— Mon mari. a-t-elle dit, ne me confiait pan ses
affaires, et il ne m'a que vaguement parlé de Bi-
daud et de sa femme. Je n'ai, du reste, jamais vu
ces individus qui venaient à la maison à des heu-
res où ils savaient ne pas me rencontrer. Mon fils
René a assisté à plusieurs visites de Bidaud et de sa
femme. Peut-être pourra-t il vous renseigner mieux
que moi.
Le magistrat interrogea alors l'enfant:
— Le « monsieur » et la a dame » dh le petit Re-
né sont venus voir papa jeudi dernier. Je ne sais
pas à quelle heure ils sont arrivés car j'étais allé
jouer avec des petits camarades.
En rentrant chez nous vers 3 heures pouv goûter
je lésai vus aveopapa. Le monsieur m'a dit bon.
jour et la dame m'a embrassé en me disant r a Il
est bien gentil, il faudra l'amener avec vous lors-
que vous nous ferez l'amitié d'accepter notre invi.
tation à déjeuner. »
Mou nère m'a donné un ni.:'.roea'- de pain et de
fromage et je flse suis mis à fair; mes devoirs pour
le lendemain matin
— As-tu fais attention à ce que disaient *..? Dèr.
et le monsieur.
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