Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-02-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 03 février 1902 03 février 1902
Description : 1902/02/03 (N11651). 1902/02/03 (N11651).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549302c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
c:-rno CENTIMES le JNTuLméro: PARIS & DÉPARTEMENTS te Numéro, CINQ CE NTiM E S
CUDUEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Cl Boit Tnustli Six naît fa ai
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départor^^rAa.. 2— 6— dl - 20-
t.;e Postais. 3 - 9-46-s 32-
"elle
SECTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
AN NONCES
MM. Ch. LA.GRANGE, CERF & CIl
6, Place de la Bourse, 9
« AUX BUREAUX du JOUïlNAJi
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131]
D.s: 4 à 8 heures du soir et de 1 0 heures du soir à 1 heure du malin
No 11651. - Lundi 3 Février 1902
14 PLUVIOSE AN 110
ADHLISTnATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
NOS LEADERS
L enuète au général JOllrJ
On a trouvé, dans le Rappel, l'autre
jour, des renseignements intéressants
sur l'œuvre accomplie par le général
Jourdy, chargé, comme on sait, par le
ministre de la guerre de procéder à une
enquête sur les compagnies de disci-
pline. — « Quelques punitions sévères
ont été ou seront infligées aux coupa-
bles ou à ceux qui n'auraient pas dû
ignorer les excès commis. Déjà un capi-
taine a été déplacé; on annonce qu'un
sous-officier sera traduit devant un con-
seil de guerre; un autre se verrait rayer
de sa proposition pour la médaillo mi-
litaire. Un troisième serait déplacé.
Deux officiers recevraient un blâme. —
Par contre, deux officiers seraient féli-
cités pour l'habileté et l'énergio dont
ils ont fait preuve dans des cas diffi-
ciles. »
Tout cela est malheureusement trop
imprécis, mais suffit, néanmoins, à mon-
trer à quelles nécessités urgentes répond
l'initiative prise par le général André.
Comme je le disais en do récents ar-
ticles, en vain, pendant des années, des
revenants de Biribi, des échappés des
bagnes militaires, ont crié leurs souf-
frances et leur juste rancune, sans que,
dans les hautes sphères de l'armée, on
s'émût, on accordât à leurs dénoncia-
tions une attention quelconque. Enfin,
il s'est trouvé un ministre de la guerre
pour penser qu'il était de son devoir de
faire la lumière sur ce qui se passe dans
les compagnies de discipline. Cela seul
suffirait, je ne crains pas de le dire, à la
gloire du général André.
Au milieu des hautes préoccupations,
(les graves soucis qui, continuellement
10 réclament et le veulent tout entier,
il a trouvé le temps de penser aux mi-
sérables ; il a voulu, à ces malheureux
que l'armée régulière a rejetés et qui
traînent sous le ciel implacable, une
existence de damnés, donner la justice,
certes les républicains ont raison gran-
dement d'acclamer le soldat capable
d'une telle pensée.
.*.
; Et, on le voit, dès ses premiers pas
dans cette enquête qu'il était chargé de
faire, le général Jourdy s'est heurté à
de tels faits, à de tels abus, à de tels
excès quedes mesures énergiques lui ont
paru nécessaires. Certes, il n'est pas au
bout de sa tâche ; qu'il poursuive son
chemin sans hésitation, sans faiblesse ;
le ministre de la guerre a voulu l'asso-
cier à une grande œuvre patriotique de
moralisation, qu'il ait à cœur de se
montrer digne de la confiance placée en
lui, de la noble tâche qui lui incombe.
Nul doute que sous les capotes grises
des camisards les cœurs ne battent de
joie et d'espérance. Est-ce, enfin, la
justice que ce général apporte dans ses
mains? Car il ne saurait être question que
de cela. Les fusilliers des compagnies de
discipline ne sauraient assurément pré-
tendre à aucune faveur; mais ils ont le
droit strict de demander que les règle-
ments sévères sous lesquels ils vivent
leur soient appliqués, sans atténuation,
je le veux, mais aussi sans aggrava-
tion.
, Or, aux compagnies de discipline, jus-
qu'à ce jour, c'est l'arbitraire, l'arbi-
traire le plus odieux, qui a régné, sans
frein, sans pudeur.
: A qui les disciplinaires pourraient-ils
se plaindre? Par qui leurs plaintes pour-
raient-elles être entendues ? Les chefs
n'ont-ils pas tous les moyens d'étouffer
les plus légitimes réclamations?
Et cependant que, par des chefs sans
scrupules, les punitions disciplinaires
soient poussées jusqu'à la torture ; que
de véritables sévices soient exercés sur
des malheureux sans défense possible ;
que de graves accidents et parfois la
[mort aient été la conséquence directe
de ces sévices : ce sont là des faits, je
ne dis pas prouvés, mais affirmés par
des témoins, sous leur responsabilité,
et qui présentent ainsi un incontestable
caractère de vraisemblance.
***
J'ai dit tout à l'heure combien il faut,
selon moi, approuver la généreuse ini-
tiative prise par le ministre de la guerre ;
mais n'y a-t-il pas lieu de craindre que
la mission donnée au général Jourdy
ne produise pas tous les résultats qu'on
serait en droit d'attendre d'elle? Le gé-
néral Jourdy fera quelques exemples, je
ne lui fais pas l'injure d'en douter; il
rappellera sévèrement certains des chefs
au respect de leurs devoirs ; mais
après ?
La trop longue impunité dont ont
joui les officiers et sous-officiers des
compagnies de discipline — fruit de la
trop longue insouciance des hauts chefs
de l'armée — a fait s'enraciner des ha-
bitudes, des traditions que l'on ne sau-
rait espérer voir disparaître en un jour.
N'est-on pas en droit de craindre d'as-
sister, sitôt que le général Jourdy aura
le dos tourné, à la résurrection, des abus
qu'il aura condamnés mais qu'il n'aura
pas pu détruire ?
C'est pourquoi, dans les deux articles
que j'ai tout récemment consacrés à
l'étude de cette question, je disais qu'il
"faudrait commencer par le commence-
ment : modifier d'abord les règlements
Natifs aux conditions d'envoi dans les
corps disciplinaires et ensuite reviser les
règlements intérieurs de ces corps.
Une première réforme s'impose ; elle
consiste à organiser le contrôle effectif
et permanent des officiers placés à la
tête des compagnies de fusiliers et de
pionniers de discipline, et à assurer aux
soldats placés sous leurs ordres toutes
facilités de réclamation.
Je sais bien que ces réformes, simples
à vouloir, sont difficiles à réaliser, mais
le ministre de la guerre a évidemment
entre les mains le pouvoir de briser les
mauvaises volontés qui lui seront op-
posées dans cette œuvre de justice.
J'espère de tout mon cœur que l'en-
quête poursuivie par le général Jourdy
aura pour sanction une réglementation
nouvelle des compagnies de discipline.
Je neveux pas nier absolument la né-
cessité, dans J'état actuel des choses,
des corps disciplinaires - encore que
je sois persuadé que l'on pourrait ai-
sément réduire dans de très fortes pro-
portions leur effectif — mais je dis que
dans ces compagnies de discipline il
faudrait considérer les hommes, non
comme des damnés auxquels tout es-
poir de rédemption est à peu près re-
fusé, mais comme des égarés qu'il faut
remettre dans le bon chemin.
Une rigueur aveugle, un système
uniquement répressif des punitions
exagérées, font descendre de. plus en
plus, et fatalement, le misérable qui a
été jeté hors des réguliers ; avec de la
justice et de l'humanité on lui permet-
tait de racheter ses premières fautes, de
redevenir un homme.
Songez que ces premières fautes sont
parfois bien vénielles, pas un de ces
disciplinaires qui se soit rendu coupable
d'un crime, d'un délit même ; il ne
s'agit pour eux, en général, que d'ivro-
gnerie, d'absences illégales, de répon-
ses inconvenantes. Il n'y a certes pas
dans tout cela de quoi condamner un
homme à la chute irrémédiable.
Ils ne deviennent des bêtes brutes,
ces malheureux, que parce qu'on les
traite en bêtes brutes. qu'on les traite
en hommes et on en sauvera les trois
quarts.
Lucien Victor-Meunier.
6.
Nos lecteurs apprendront avec plaisir que
M. Trouillot, député, ancien ministre, devient
notre collaborateur. Ce n'est pas, en effet, aux
amis de ce journal qu'il est besoin de présenter
l'éminent rapporteur de la loi contre la Con-
grégation, loi do salut dont les effets bienfai-
sants se font déjà sentir.
Nous publierons demain un premier article
de notre nouveau collaborateur.
LES MINEURS
Les mineurs annoncent qu'ils
tiendront leur prochain con-
grès à Alais, le 4 mars. C'en
est assez pour que les nationa-
listes donnent les signes de la
plus vive terreur, et affectent
de considérer la grève arenerate
comme imminente.
Notez que la grève générale n'est point
inscrite à l'ordre du jour du congrès dont
il s'agit. Par exemple, cet ordre du jour
comporte « l'examen des revendications».
Les réactionnaires n'en demandent pas
tant pour s'effrayer — ou faire semblant.
Or, je ne vois pas en quoi les mineurs
auraient intérêt à parler aujourd'hui d'or-
ganiser un vaste chômage corporatif.
Les revendications de ces ouvriers très
intéressants sont soumises actuellement au
Parlement. Mercredi dernier, la Chambre
s'est occupée longuement et sérieusement
du problème des « huit heures » qui sera
résolu au cours d'une autre séance. Depuis
plusieurs années déjà, on s'est occupé des
retraites des travailleurs des mines. Il faut
faire bien plus que l'on n'a fait, c'est incon-
testable ; le gouvernement et la Chambre
sont de cet avis ; de façon que les mineurs
se trouveront, sous peu, avoir obtenu satis-
faction sur deux points très importants.
Et ils se lanceraient dans l'aventure de la
grève générale ? Les nationalistes prennent
les ouvriers pour des imbéciles.
Les mineurs seront bien inspirés en gar-
dant une extrême prudence de langage. Les
défenseurs des grandes Compagnies d'ex-
ploitation sont des gens très adroits. Ils
feraient valoir, à la Chambre, tout ce qui
pourrait ressembler à une menace, à une
mise en demeure. Ils accuseraient le gou-
vernement d'accorder les réformes promi-
ses — par peur. Ils adjureraient les députés
de ne pas s'incliner devant les « somma-
tions )) des révolutionnaires. Et ces puérili-
tés suffiraient peut-être pour produire un
malatendu entre la Chambre et les travail-
leurs des puits.
Les mineurs ont déjà prouvé leur bon
sens; ils comprendront qu'ils sont guettés
par un ennemi très habile et très retors. Et
leur réunion de mars sera le plus pacifique
des congrès. — Ch. B.
- ——————————.
LE BANQUET DU TRAVAIL
Nous avons annoncé que MM. Waldeck-
Rousseau et Millerand avaient accepté la pré-
sidence d'un banquet organisé par la Chambre
consultative des associations ouvrières de
production.
Le journal do cette chambre consultative,
l'Association ouvrière, expose que ce banquet
a été organisé « pour permettre au gouverne-
ment de faire connaître son opinion actuelle
sur la question ouvrière ».
Le titre adopté pour le banquet est le sui-
vant :
Banquet républicain du travail organisé par un
groupe d'industriels, d'ouvriers syndiqués (Bourse
du travail de la rue du Château-d'Eau et Fédéra-
tion des bourses du travail de France et des colo-
nies) et d'associations coopératives, en vue de re-
chercher les moyens de remédier à la crise éconoo,
mique et au chômage.
Le banquet aura Heu vraisemblablement au
Palais du travail, place Dupleix, que M. Fa-
varon, directeur des Charpentiers de Paris et
président de la Chambre cODsullaLive, se
charge d'aménager pour la circonstance.
Le banquet se fera probablement le diman-
che 9 mars, à sept heures du soir.
FLAVIO GIOIA
ET LA BOUSSOLE
Encore un centenaire. — L'inventeur
de la boussole. — Et les Chinois?
L'aiguille aimantée et le a Roman
de la Rose». - Origine incertaine
Les diverses boussoles.
La ville d'Amalfi se dispose, parait-il. à
célébrer le sixième centenaire de la naissance
du célèbre navigateur Flavio Gioia, né à Pasi-
tano en 1302. et auquel les Italiens attribuent,
à tort, la découverte de la boussole.
L'origine do ce précieux instrument est, du
reste, de3 plus obscures ; d'après MM. Gaubil,
Barrow et Hager, dont les ouvrages font au-
torité, on peut en attribuer la découverte aux
Chinois qui s'on seraient servis pour se diri-
ger sur les continents, plus de mille ans avant
J.-C.Si l'on en croit les physiciens les plus
en renom, Flavio Gioia se serait contenté de
suspendre l'aiguille aimantée sur un pivot et
n'aurait, en quoi que ce soit, participé à la dé-
couverte de la boussole. On voit d'ailleurs, par
les ouvrages de Guyot de Provins, vieux poète
du douzième siècle, que déjà,à cette époque,on
se servait de l'aiguille aimantée. Dans son ro-
man de la Rose, il nous apprend que les pilotes
français faisaient usage d'une aiguille frottée
sur une pierre d'aimant, qu'ils nommaient là
marinette, et qui guidait les navigateurs dans
les temps nébuleux :
Icelle estoite ne le muet
Un art faut qui mentir ne puel
Par vertu de la mnrinette,
Une pierre laide, noirotte,
Ou li fer volontiers se joint.
Los Arabes, auxquels les Chinois passent
pour avoir communiqué cette invontion, au-
raient; au douzième siècle, importé en Occi-
dent cette superbe découverte ; mais on peut
s'étonner de l'exactitude de tous ces récits et se
demander comment la boussole, qui depuis si
longtemps déjà était employée dans les mers de
l'Inde, n'ait été connue ni des navigateurs
égyptiens, ni des Grecs de Constantinople. Les
Grecs et les Romains n'eurent certainement au-
cune idée de la boussole, car Pline et Lucrèce,
qui connaissaient fort bien la pierre d'aimant,
et qui dans leurs ouvrages en donnent la des-
cription, gardent le plus grand silence sur la
propriété des aiguilles aimantées et n'indiquent
rien qui puisse nous faire croire que, de leur
temps, on mettait à profit leur force direc-
trice.
La boussole en Europe
On ne peut préciser l'époque où, pour la pre-
mière fois, il a été question de la boussole en
Europe, et encore moins lui attribuer un in-
venteur proprement dit. Il est incontestable
toutefois qu'Albert-le-Grand (né en 1193, mort
en 1280) indique comme un fait connu, dans
son traité de mineralibus, les propriétés de la
pierre d'aimant. Le cardinal de Vitry, dans son
Historia Orientalis, publiée vers 1215, parle de
la boussole comme d'un instrument indispen-
sable aux marins et d'un usage très fréquent
vers 1204. Enfin, M. Marié-Davy, le savant
météorologiste, dit que vers le commencement
du 12' siècle, époque où l'usage de cet instru-
ment était déjà répandu, la boussole consistait
simplement en une aiguille aimantée qu'on
faisait nager sur l'eau en la soutenant par deux
brins de paille ou par un morceau de liège.
Une boussole de ce genre a été vue en 1258 par
Brunetto Latini, le maître de Dante, dans le
cabinet de Roger Bacon.
Les différents genres de boussoles
Il existe plusieurs genres de boussoles dont
la construction varie suivant les usages aux-
quels on les destine. La plus importante est la
boussole de variation, encore appelée boussole
marine ou compas de mer, qui sert au limo-
nier d'un vaisseau pour conduire l'embarca-
tion suivant le rumb qui est prescrit par le
pilote. La boussole de déclinaison est employée
pour connaître l'angle que forme le méridien
magnétique avec le méridien terrestre ; elle
permet encore aux météorologistes de s'assurer
de la présence des éruptions volcaniques; des
aurores polaires et de tous les phénomènes
électriques ou magnétiques si importants à
noter pour l'étude de la physique du globe.
La boussole des variations en déclinaison sert
à reconnaître les plus faibles mouvements do
l'aiguille aimantée, dans le plan horizontal ; la
boussole d'intensité absolue, à mesurer l'angle
d'un barreau aimanté, librement suspendu,
avec l'horizon; enfin, la boussole d'intensité, à
connaître la force magnétique terrestre qui,
plus encore que la déclinaison, semble liée aux
conditions générales de l'atmosphère dans nos
climats. Quant à la boussole d'arpenteur, on
l'emploie pour lever les plans sur les terrains
que l'on ne peut aborder dans toutes leurs
parties, et elle constitue un des instruments les
plus indispensables aux ingénieurs et aux géo-
mètres. — Alfred de Yaulabelle.
—Ifr*-—
LE MOUVEMENT POLONAIS
Les stations balnéaires allemandes
Varsovie, 1" février.
Les Polonais ont décidé de mettre en inter-
dit les stations balnéaires d'Allemagne où ils
avaient l'habitude de se rendre pendant l'été.
La protection des consulats
Lemberg, 1" février.
Une compagnie d'infanterie a été placée à
proximité des consulats russe et allemand, à
Lemberg, dans le but d'éviter le retour des ré-
centes manifestations.
Les chefs de corps ont reçu des instructions
détaillées au sujet de l'attitude à prendre en
cas de renouvellement des manifestations polo-
naises qui ont eu lieu récemment.
«>- — ■
LES MÉCANICIENS DE LA FLOTTE
Hier a eu lieu à trois heures la première
séance de la commission nommée par M. de
Lanessan, pour l'examen des questions rela-
tives à l'organisation du corps des mécaniciens
de la flotte.
M. de Lanessan a exposé dans une courte
allocution le but qu'il se proposait en insti-
tuant cotte commission. Il rappelle que des
rivalités d'intérêt et d'amour-propre se sont
manifestées depuis quelques années entre le
corps des mécaniciens et celui des officiers do
vaisseau. Il n'en faut pas exagérer l'impor-
tance.
Ou ne doit pas non plus s'étonner que ces
rivalités se soient produites entre deux corps
dont le rôle est considérable à bord des navires
modernes, et qui sont animés du mémo zèle,
mais dont l'un, de formation récente, n'est pas
encore parvenu à son organisation défini-
tive.
.———————————— o ————————————-
LES CONGREGATIONS
Les poursuites judiciaires
La riôteqti,, nous avons consacrée hier aux
abbés inculpés par M. André, juge d'instruc-
tion, du délit d'enseignement, doit être ainsi
rectifiée: « Rappelons que l'abbé Pascîieu est
déjà compris dans les poursuites pour délit de
prédication. »
Marseille, 1" février. j
Des mandats de comparution ont été décer- J
nés par M. de Rossel, juge d'instruction, con-
tre les administrateurs du collège de Saint
Ignace, les administrateurs de la société civile
du collège de Saint-Ignace, les propriétaires de
cet établissement, situé.à Marseille, et divers
ex-pères jésuites inculpés d'infraction à la loi
sur les associations.
Le président du tribunal civil, jugeant en
référé, a ordonné qu'il sera passé outre à l'op-
position formée par la supérieure des religieu-
ses de Notre-Dame du Cénacle au cours de
l'inventaire du mobilier et des biens de sa con-
grégation. Cet inventaire sera donc continué
par M. Savy, liquidateur légal.
00
DANS LE Xe ARRONDISSEMENT
M. Henri Brisson a tenu avant-hier vendredi
sa sixième réunion électorale dans la salle du
Globe. 8, boulevard de Strasbourg. Le député
de la 2* circonscription du 10* arrondissement
avait, comme pour les cinq réunions précéden-
tes,convoqué indistinctement tous les électeurs
d'une série de rues, d'îlots de maisons, depuis
la boutique jusqu'à la mansarde. Au moment
où il arrivait au Globe, M. Brisson reçut en
communication un factum odieusement inju-
rieux, dirigé contre lui par le a Comité natio-
naliste M. Il en donna lui-même lecture d'un
bout à l'autre, dès le début de la séance, et.
comme on lui avait signalé dans la salle la
présence d'un conseiller municipal nationaliste,
accompagné de plusieurs de ses amis, M. Bris-
son, avant de prendre la parole, offrit à ses
adversaires de la prendre avant lui et s'assit,
pour bien montrer qu'il était prêt à la leur
céder.
Silence sur toute la ligne.
M. Brisson se leva alors et, comme le factum
en question l'accusait surtout à propos de l'en-
quête de Panama et do la revision du procès
Dreyfus, donna, aux applaudissements de l'au-
ditoire, les explications les plus détaillées sur
ces deux affaires.
La parole fut de nouveau offerte aux adver-
saires.
Même silence que précédemment.
Un citoyen interrogea alors M. Brisson sur
le budget des cultes. Ce fut pour lui l'occasion
de développer ses opinions sur la question re-
ligieuse et de montrer, par une série de dis-
cours antérieurs, qu'il avait toujours tenu la
même conduite depuis les élections de 1885.
Ces six réunions ont été jusqu'ici pour M.
Brisson un succès considérable.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
L'aide de camp de l'empereur Masimilien
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 1" février.
On annonce de Serayevo (Bosnie), la mort
de M. Frantz Pirz, ancien aide de camp de
l'empereur Maximilien au Mexique.
M. Pirz avait été arrêté avec l'empereur à
Queretaro et, comme celui-ci, condamné à
mort par le conseil de guerre de l'armée répu-
blicaine. Le président Juarez, cependant, le
grâcia en raison de sa jeunesse et de sa bonne
conduite : M. Pirz n'avait alors que 27 ans.
Rendu à la liberté par les Mexicains, M.
Pirz était rentré en Autriche. Ces dernières
années il était fonctionnaire de l'administra-
tion de la Bosnie.
♦
COMMENT ON SE VENGE DE SIENKIÊWICZ !
(De notre correspondant lJartfcuUerJ
Berlin, 1" février.
L'éloquente lettre que le poète Sienkiewicz a
publiée dans le Czas de Cracovie en faveur des
condamnés de l'affaire de Wreschen, a valu à
ce journal des poursuites.
Le tribunal de Posen, se rendant compte en
dernière heure que son bras vengeur ne va pas
jusqu'en Galicie où se publie le Czas, ni môme
à Varsovie où demeure l'auteur de Quo Vadis,
s'est contenté de prononcer la destruction des
numéros qui contiennent la lettre incriminée.
LES INSTRUMENTS DE L'OBSERVATOIRE DE PÉKIN
(De notre, correspondant particulier)
Shanghaï, 1" février.
Le bureau d'astronomie de Pékin vient de
demander à la cour impériale une subvention
afin de pouvoir remplacer les instruments qui
avaient été enlevés par les Allemands de l'Ob-
servatoire de Pékin. Les savants mandarins
ont employé dans leur pétition un euphémisme
bien diplomatique en disant qu' « au cours de
l'an passé les anciens instruments avaient été
égarés ».
RAPPORT SUR LA TRIPOLITAINE
(De notre correspondant particulier)
Rome, 1" février.
L'amiral Lovera de Maria, qui a fait un
voyage d'études dans la Tripolitaine, vient de
présenter son rapport au ministre de la ma-
rine. Entre autres observations, il appelle l'at-
tention du ministre sur la grande importance
stratégique des ports de Toufrouch et de
Bamta que l'on pourrait, sans grands frais,
transformer en ports de guerre.
UNE CATASTROPHE AU JAPON
Deux cents hommes dans la neige
Un seul caporal survit.
Yokohama, 31 janvier.
Une catastrophe s'est produite dans le nord
de l'île principale du Japon. Voici les détaits
qu'on a reçus à ce sujet :
Un détachement d'infanterie de deux cents
hommes, avec los cadres, avait quitté la ville
d'Amowori, le 23 janvier, pour s'exercer à
marcher dans les neiges.
Le détachement s'égara. Il eut beaucoup à
souffrir du froid.
Un grand nombre d'hommes périrent, quoi-
que, pour se réchauffer, les soldats eussent
formé des brasiers avec léurs sacs et les cros-
ses des fusils.
Dans la soirée du 23, il ne restait plus que
71 hommes. Ces derniers se séparèrent alors
en plusieurs détachements qui prirent diverses
directions; mais il est à peu près certain que
tous sont morts dans la neige, à l'exception
d'un caporal qu'une équipe vie secours a ron-
contré le 27 janvier.
Cette catastrophe cause une profonde sensa-
tion.
Il y a une vingtaine de pieds de neige
sur certains points de la région où elle a eu
lieu.
Les étrangers ouvrent des souscriptions pour
venir en aide aux familles des victimes.
1 LE TUEUR DE FEMMES
Nice, V février.
Vidal, le tueur de femmes, a été em~f~°
cette nuit, à 1 heure du matin, pour Lyon, où
il passera un mois en observation à la prison
de Saint-Paul.
A LA CAMPAGNE
LA POULE D'EAU
Gibier d'eau et carême. - Le « mai-
gre o gras et le « gras » maigre. -
Mœurs et genre de vie de la
poule d'eau. — Son nid. -
Migrations. — Captivité.
— La sarcelle et la
poule d'eau.
En plaine et au bois, la chasse est fermée et
le gibier se repose ; mais la chasse au marais
bat son plein, surtout en cette maigre saison,
aux approches du carême, où bien des gens, à
la bourse bien garnie, cherchent à se procurer
un « maigre » de choix, moins roturier que la
vulgaire morùe et la non moins démocratique
sardine à l'huile.
C'est dire que la poule d'eau n'a qu'à bien se
tenir, car, par une mystérieuse influence ou
encore par l'action d'une décision toute puis-
sante, que la chimie des ccrps gras ne par-
vient pas à expliquer, la poule d'eau est a mai-
gre » parce que c'est un oiseau aquatique, de
même le canard sauvage, souvent « gras » et
dodu, tandis que son congénère domestique, le
vulgaire canard barbotteur, même lorsqu'il n'a
que la peau et les os est un manger « gras » 1
Mais ce sont là des mystères tellement inson-
dables, des considérations à un tel point abs-
traites sur la nature chimique des gras mai-
gres ot dos maigres gras, que nous no cher-
chons même pas à les approfondir.
Caractères et mœurs
Acceptant les choses,telles qu'elles sont,nous
voudrions dire un mot seulement de ce timide
oiseau que les naturalistes nomment Gallinula
chloropus et que le vulgaire appelle poule
d'eau.
Cet animal a beaucoup de points de ressem-
blance avec le Râle. De la grosseur d'une per-
drix, il ne diffère des râles que par ses doigts
bordés d'une membrane étroite. Son plumage
est brun foncé, presque noir en dessus, gris
ardoisé en dessous avec du blanc aux cuisses,
au ventre et au bord de l'aile, le bec est éga-
lement blanc.
La poule d'eau vit perpétuellement cachée au
milieu des roseaux, non seulement par crainte
de l'homme, mais surtout par l'impossibilité
où elle se trouve d'échapper aux oiseaux de
proie. « C'est cette crainte incessante, fait re-
marquer le D' P. Jouin, qui a fait dire à bien
des auteurs que la poule d'eau ne sort que le
soir et même la nuit et qu'elle ne se hasarde
qu'avec une prudence extrême à la surface des
eaux. C'est là une une exagération manifeste ;
la poule d'eau s'accommode pl us volontiersqu'on
ne le croit au voisinage dos hommes et au bruit
le plus intense. C'est ainsi que les voyageurs
peuvent voir journellement ces oiseaux dans
les fossés remplis d'eau qui bordent les talus
des chemins de fer, sans que le passage des
trains les effraie le moins du monde. Sur la
ligne de Paris à Meudon, entre autres, à peu
de distance de Crosnes, il en existe des ni-
chées fort tranquilles et que le bruit des loco-
motives ne paraît nullement incommodèr. »
Le nid de la poule d'eau
Cet échassier habite l'Europe, et on le trouve
surtout en France, en Italie, en Allemagne et
en Hollande. Son vol n'est ni élevé ni soutenu,
mais la poule d'eau nage et plonge avec une
facilité extraordinaire ; en outre, à terre, elle
court très rapidement.
Elle fait son nid à proximité de l'eau ; il est
construit très habilement avec des débris de
roseaux et de joncs entrelacés. La femelle y
dépose six à huit œufs ovalairés d'un jaune
ocreux avec de petits points bruns ; elle les
couve pendant 25 jours et on prétend que le
soir, lorsqu'elle quitte ses œufs pour aller à la
recherche de sa nourriture, elle les recouvre
de roseaux et d'herbes sèches pour les dérober
aux yeux de ses ennemis.
Les petits naissent couverts d'un duvet noir
assez feutré ; dès leur sortie de l'œuf, ils nagent
avec facilité et courent à terre avec une agilité
remarquable. Au moindre danger, surtout à
l'approche des corbeaux et des pies, ils plon-
gent pour'se cacher.
Dans certains pays, les poules d'eau sont sé-
dentaires ; dans d'autres, au contraire, elles ac-
complissent des migrations, et, dans ce cas,
elles varient leurs plaisirs en voyageant,tantôt
à pied, tantôt à la nago.
Dès le premier printemps les poules d'eau
reviennent par couples à leurs étangs, le plus
généralement la nuit.
Captivité et domesticité
La poule d'eau se nourrit de substances vé-
gétales ainsi que d'insectes, de mollusques et
même de reptiles aquatiques. Elle supporte
bien la perte de sa liberté, contracte amitié
avec son maître et devient très privée. Le na-
turaliste Brehm rapporte en avoir vu plusieurs
qui couraient dans la cour avec les poules, en-
traient dans lesUppartements, arrivaient quand
on les appelait, se comportaient, en un mot,
comme dos animaux domestiques, mais, même
en captivité, elles profitaient do tout pour se
cacher, et le faisaient avec un art remarqua-
ble.
Toutefois leur reproduction est très difficile.
Si l'on veut élever des poules d'eau à l'état do-
mestique, il convient d'avoir soin de prendre
les œufs dans le nid et de les faire couver par
une petite poule anglaise naine. Les poussins
qui en résultent sont très délicats ; ils n'ac-
ceptent pour toute nourriture, au début tout
au moins que des vers de vase qu'on leur place
dans un récipient peu profond, avec de l'eau.
Ce n'est que peu à peu qu'ils s'habituent à
à la nourriture ordinaire de la basse-cour,
mais à celle-ci, il faut toujours ajouter une
nourriture animale.
La poule d'eau constitue un manger assez
médiocre, ayant toujours un goût de vase plus
ou moins, prononcé ; en tous cas, elle est loin
de valoir la sarcelle,
Avec le docteur F. Brémond, nous dironsque
les deux bêtes sont également nutritives et bon-
nes au ventre: il y a entre elles la différence
d un régal avec une pénitence. Pénitence toute
relative toutefois en temps de carême, surtout
si on a affaire à une bonne cuisinière. — Al-
bert Larbalétrier.
———————————— ———————-———-
LES GRÈVES
Roubaix, 1er février.
Les ouvriers tisserands de rétablissement
Henri Terninck et fils, à Roubaix, ont cossé
le travail hier à 2 heures.
Saint-Etienne, 1" février.
Les dévideuses de la maison Tardy se sont
mises en grève, le patron ayant annoncé son
intention d'abaisser do 5 centimes lo prix de
la main-d'œuvre du kilog. de coton.
Les grévistes ont été reçues aujourd'hui par
le maire.
CHEZ LES MEURS
Le Comité fédéral
Saint-Etienne, 1" février.
Dans sa séance de ce matin le Comité fé-
déral a fixé au 4 mars, à Alai3, la date du
prochain Congrès des mineurs.
L'ordre du jour du Congrès est ainsi ar-
-Até ;
àv.
1° Vérification des Douvoirs i te situation fédé.
rait. rapport moral ef financier du Comité îiÛÇsal
3' question du journal VOuvrter mineur; examen
des revendications ; 4* situation actuelle de la cor-
poration, mandat du Comité fédéi al et du secrétaire,
modifications aux statuts.
5* Confédération du travail, 6* Fédération Inter-
nationale, 7* Budget les secours et 4es grèves, 8*
Questions diverses, fixation de la date du prochain
Congrès national.
En raison de la situation faite au Comité
fédéral, celui-ci invite les organisations régio-
nales minières à désigner de préférence les
membres du Comité fédéral pour le Congrès.
Le Comité fédéral se réunira le 3 mars et les
conférences auront lieu en mars dans la région
du Gard.
15, RUE D'ARGENTEUIL
C'est une adresse qu'il ne faut pas oublier.
Paris est inondé depuis hier d'un flot de pe-
tits papiers, à en-tête de la Patrie française,
remis à domicilo sous enveloppes affranchies à
15 contimes. Il faut croire que le prospectus
contresigné de noms qui n'avaient jusqu'ici
figuré que dans les échos mondains a empêché
M. Jules Lemaître de dormir, aussi s'est il
décidé à faire un nouvel appel de fonds.
Nous nous proposons, dit il, do prendre la part
la plus active aux élections, non seulement par
une campagne générale, mais encore par une in-
tervention précise dans toute circonscription où il
paraîtra possible do gagner un siège à la cause
nationale.
Cette œuvre de libération nous parait si néces-
saire quo nous prions nos adhérents et nos amis de
réserver strictement leur concours pécuniaire à
notre caisse électorale et de ne pas égarer leur gé.
nérosité sur des entreprises intéressantes sans
doute, mais moins urgentes, telles que fondations
do journaux, œuvres sociales à longue échéance,
etc.
Les marquises ne se privent que do fôtes, les
adeptes de François Coppée devront faire trêve
à leurs charités. Fermées les bourses, suspen-
dues les aumônes! dans les greniers où le
vent souffle, les miséreux pourront crever de
faim.
Après les couturiers, les glaciers, les bijou-
tiers, les pauvres de Paris vont pâtir.
Il est vrai qu'une agréable compensation
est réservée aux souscripteurs. Le comité les
avertit qu'ils pourront, chaquo jour, aller
passer quelques instants trop courts, mais
pleins de charme — de quatre à six heures, 15,
rue d'Argenteuil.
C'est le five o'clock de la Patrie française.
Là, en effet — quotidiennement — deux
dames se tiennent à la disposition des per-
sonnes qui veulent bien leur demander des
renseignements sur les moyens de propagande
les meilleurs à utiliser, ou leur faire part des
observations et des remarques qui leur sem-
blent avoir une utilité quelconque.
Et le comité insiste pour que les visites
soient fréquentes :
Cette permanence est un centre de ralliement
qui doit servir puissamment à donner cohésion à
nos efforts. Nous vous invitons avec instance à
venir rie d'Argenteuil verser votre offrande pa.
triotique personnelle.
Messieurs les nationalistes, allez tous rue
d'Argenteuil, c'est le poste central de la réac-
tion. — André A.
LE VAMPIRE D'ANTHY
Un catholique peu chaste. - L'amour
dans la bière. — Et le Parquet?
(Lttre d'un correspondant)
Anthy (Haute-Savoie), 31 janvier.
Vous avez brièvement signalé en une dépê-
che télégraphique parue dans le numéro daté
1" février l'abominable forfait dont la popula-
tion de la contrée est indignée.
Voici à ce sujet quelques détails:
Le 28janvier on enterrait.Lucie Grand,veuve
Joseph Mouchet, âgée d'environ 70 ans. Vers
10 heures 112 du matin, après la cérémonie re-
ligieuse au cimetière, lorsque tout le monda
fut parti, le fossoyeur, âgé d'environ 60 ans,
veuf, du nom de Mathieu François, père de
plusieurs grands enfants, découvrit le cercueil,
qui était au fond de la fosse, et profana, viola
la morte en ayant soin de se recouvrir lui-même
du couvorcle. Mais, des enfants qui se trou-
vaient attardés sur les tombes voisines enten-
dirent le mouvement de la bière, accoururent
et virent une main hors de la bière, qui en
remuait le couvercle. Les enfants s'empres-
sèrent d'appeler M. Marie Duboulez qui était
sur la tombe de sa mère.
Los enfants et Dubouloz coururent au vil-
lage en criant qu'on avait enterré une vivante.
Alors lo maire et d'autres personnes se ren-
dirent au cimetière; ils se préparaient déjà à
relever la bière lorsque l'idée vint à l'un d'eux
de soulever le couvercle.
Alors un affreux spectacle se présenta : Ma-
thieu le fossoyeur achevait de satisfaire son
innommable passion. Il ne pouvait y avoir,
hélas 1 de doute.
Cagot 1
On le laissa en liberté, d'abord ; puis le maire
le conduisit à la gendarmerie de Thonon.
La population d'Anthy demande vengeance ;
elle attend toujours le Parquet quinevientpas!
Les enfants de la défunte souffrent de cette
lenteur, car pour eux, cela se conçoit, c'est un
crime impardonnable.
Notez que ledit Mathieu est un bon prati-
quant, ne manquant jamais la messe et accom-
plissant rtgoureusement ses devoirs religieux
non seulement à Pâques, mais encore aux prin-
cipales fêtes de l'année I
C'est peut-être là l'explication du peu de
bâte de la justice.
AU CERCLE DE L'UNION ARTISTIQUE
Le cercle de la rue Boissy-d'Anglas nous
conviait, hier, à visiter son expositionannuelle
de peinture et de sculpture où nous retrouvons
presque tous les exposants du cercle Volney
qui a également ouvert, la semaine dernière,
son Salon annuel.
Dans ces deux cercles, la qualité des œuvres
l'emporte sur la quantité et si, çà et là, nous
trouvons quelques admissionsdecomplaisance,
nous y remarquons la présence des artistes les
plus appréciés.
A la sculpture
Nous signalerons tout d'abord les beaux
bustes que nous présentent MM. Antonin Car-
lès. Raoul Verlet et Denys Puech.
Le portrait de Mme Dagnan-Douter et par
Verlet est d'une conception aussi heureuse que
possible. Son ajustement est d'une simplicité
originale qui convient bien à cette physiono-
mie distinguée, pensive et mélancolique.
M. Verlet expose également un charmant
buste d'enfant, portrait d'A. P. de G. Ces deux
marbres sont d une exécution irréprochable.
Il en est de même pour le délicieux portrait
de Mlle Hériot, exposé par M. Antonin Carlès
qui présente également un bronze d'un beau
sentiment, étude pour le groupe «l'Humanité »
fragment du monument Pasteur qui doit être
érigé à Dôle.
Les portraits do Mlles H. Béjol et Olry-Rœde-
rer (bustes terre cuite) obtiennent le succès au-
quel M. Denys Puech est habitué.
J.-L. Gérome expose une petite statuette
équestre d'une grande allure, Bonaparte en
Egypte.
M. de Saint-Marceau, un buste marbre et
Souvenir d'Algérie. Jeaa Hugues, 97aspiration
CUDUEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Cl Boit Tnustli Six naît fa ai
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départor^^rAa.. 2— 6— dl - 20-
t.;e Postais. 3 - 9-46-s 32-
"elle
SECTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
AN NONCES
MM. Ch. LA.GRANGE, CERF & CIl
6, Place de la Bourse, 9
« AUX BUREAUX du JOUïlNAJi
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131]
D.s: 4 à 8 heures du soir et de 1 0 heures du soir à 1 heure du malin
No 11651. - Lundi 3 Février 1902
14 PLUVIOSE AN 110
ADHLISTnATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
NOS LEADERS
L enuète au général JOllrJ
On a trouvé, dans le Rappel, l'autre
jour, des renseignements intéressants
sur l'œuvre accomplie par le général
Jourdy, chargé, comme on sait, par le
ministre de la guerre de procéder à une
enquête sur les compagnies de disci-
pline. — « Quelques punitions sévères
ont été ou seront infligées aux coupa-
bles ou à ceux qui n'auraient pas dû
ignorer les excès commis. Déjà un capi-
taine a été déplacé; on annonce qu'un
sous-officier sera traduit devant un con-
seil de guerre; un autre se verrait rayer
de sa proposition pour la médaillo mi-
litaire. Un troisième serait déplacé.
Deux officiers recevraient un blâme. —
Par contre, deux officiers seraient féli-
cités pour l'habileté et l'énergio dont
ils ont fait preuve dans des cas diffi-
ciles. »
Tout cela est malheureusement trop
imprécis, mais suffit, néanmoins, à mon-
trer à quelles nécessités urgentes répond
l'initiative prise par le général André.
Comme je le disais en do récents ar-
ticles, en vain, pendant des années, des
revenants de Biribi, des échappés des
bagnes militaires, ont crié leurs souf-
frances et leur juste rancune, sans que,
dans les hautes sphères de l'armée, on
s'émût, on accordât à leurs dénoncia-
tions une attention quelconque. Enfin,
il s'est trouvé un ministre de la guerre
pour penser qu'il était de son devoir de
faire la lumière sur ce qui se passe dans
les compagnies de discipline. Cela seul
suffirait, je ne crains pas de le dire, à la
gloire du général André.
Au milieu des hautes préoccupations,
(les graves soucis qui, continuellement
10 réclament et le veulent tout entier,
il a trouvé le temps de penser aux mi-
sérables ; il a voulu, à ces malheureux
que l'armée régulière a rejetés et qui
traînent sous le ciel implacable, une
existence de damnés, donner la justice,
certes les républicains ont raison gran-
dement d'acclamer le soldat capable
d'une telle pensée.
.*.
; Et, on le voit, dès ses premiers pas
dans cette enquête qu'il était chargé de
faire, le général Jourdy s'est heurté à
de tels faits, à de tels abus, à de tels
excès quedes mesures énergiques lui ont
paru nécessaires. Certes, il n'est pas au
bout de sa tâche ; qu'il poursuive son
chemin sans hésitation, sans faiblesse ;
le ministre de la guerre a voulu l'asso-
cier à une grande œuvre patriotique de
moralisation, qu'il ait à cœur de se
montrer digne de la confiance placée en
lui, de la noble tâche qui lui incombe.
Nul doute que sous les capotes grises
des camisards les cœurs ne battent de
joie et d'espérance. Est-ce, enfin, la
justice que ce général apporte dans ses
mains? Car il ne saurait être question que
de cela. Les fusilliers des compagnies de
discipline ne sauraient assurément pré-
tendre à aucune faveur; mais ils ont le
droit strict de demander que les règle-
ments sévères sous lesquels ils vivent
leur soient appliqués, sans atténuation,
je le veux, mais aussi sans aggrava-
tion.
, Or, aux compagnies de discipline, jus-
qu'à ce jour, c'est l'arbitraire, l'arbi-
traire le plus odieux, qui a régné, sans
frein, sans pudeur.
: A qui les disciplinaires pourraient-ils
se plaindre? Par qui leurs plaintes pour-
raient-elles être entendues ? Les chefs
n'ont-ils pas tous les moyens d'étouffer
les plus légitimes réclamations?
Et cependant que, par des chefs sans
scrupules, les punitions disciplinaires
soient poussées jusqu'à la torture ; que
de véritables sévices soient exercés sur
des malheureux sans défense possible ;
que de graves accidents et parfois la
[mort aient été la conséquence directe
de ces sévices : ce sont là des faits, je
ne dis pas prouvés, mais affirmés par
des témoins, sous leur responsabilité,
et qui présentent ainsi un incontestable
caractère de vraisemblance.
***
J'ai dit tout à l'heure combien il faut,
selon moi, approuver la généreuse ini-
tiative prise par le ministre de la guerre ;
mais n'y a-t-il pas lieu de craindre que
la mission donnée au général Jourdy
ne produise pas tous les résultats qu'on
serait en droit d'attendre d'elle? Le gé-
néral Jourdy fera quelques exemples, je
ne lui fais pas l'injure d'en douter; il
rappellera sévèrement certains des chefs
au respect de leurs devoirs ; mais
après ?
La trop longue impunité dont ont
joui les officiers et sous-officiers des
compagnies de discipline — fruit de la
trop longue insouciance des hauts chefs
de l'armée — a fait s'enraciner des ha-
bitudes, des traditions que l'on ne sau-
rait espérer voir disparaître en un jour.
N'est-on pas en droit de craindre d'as-
sister, sitôt que le général Jourdy aura
le dos tourné, à la résurrection, des abus
qu'il aura condamnés mais qu'il n'aura
pas pu détruire ?
C'est pourquoi, dans les deux articles
que j'ai tout récemment consacrés à
l'étude de cette question, je disais qu'il
"faudrait commencer par le commence-
ment : modifier d'abord les règlements
Natifs aux conditions d'envoi dans les
corps disciplinaires et ensuite reviser les
règlements intérieurs de ces corps.
Une première réforme s'impose ; elle
consiste à organiser le contrôle effectif
et permanent des officiers placés à la
tête des compagnies de fusiliers et de
pionniers de discipline, et à assurer aux
soldats placés sous leurs ordres toutes
facilités de réclamation.
Je sais bien que ces réformes, simples
à vouloir, sont difficiles à réaliser, mais
le ministre de la guerre a évidemment
entre les mains le pouvoir de briser les
mauvaises volontés qui lui seront op-
posées dans cette œuvre de justice.
J'espère de tout mon cœur que l'en-
quête poursuivie par le général Jourdy
aura pour sanction une réglementation
nouvelle des compagnies de discipline.
Je neveux pas nier absolument la né-
cessité, dans J'état actuel des choses,
des corps disciplinaires - encore que
je sois persuadé que l'on pourrait ai-
sément réduire dans de très fortes pro-
portions leur effectif — mais je dis que
dans ces compagnies de discipline il
faudrait considérer les hommes, non
comme des damnés auxquels tout es-
poir de rédemption est à peu près re-
fusé, mais comme des égarés qu'il faut
remettre dans le bon chemin.
Une rigueur aveugle, un système
uniquement répressif des punitions
exagérées, font descendre de. plus en
plus, et fatalement, le misérable qui a
été jeté hors des réguliers ; avec de la
justice et de l'humanité on lui permet-
tait de racheter ses premières fautes, de
redevenir un homme.
Songez que ces premières fautes sont
parfois bien vénielles, pas un de ces
disciplinaires qui se soit rendu coupable
d'un crime, d'un délit même ; il ne
s'agit pour eux, en général, que d'ivro-
gnerie, d'absences illégales, de répon-
ses inconvenantes. Il n'y a certes pas
dans tout cela de quoi condamner un
homme à la chute irrémédiable.
Ils ne deviennent des bêtes brutes,
ces malheureux, que parce qu'on les
traite en bêtes brutes. qu'on les traite
en hommes et on en sauvera les trois
quarts.
Lucien Victor-Meunier.
6.
Nos lecteurs apprendront avec plaisir que
M. Trouillot, député, ancien ministre, devient
notre collaborateur. Ce n'est pas, en effet, aux
amis de ce journal qu'il est besoin de présenter
l'éminent rapporteur de la loi contre la Con-
grégation, loi do salut dont les effets bienfai-
sants se font déjà sentir.
Nous publierons demain un premier article
de notre nouveau collaborateur.
LES MINEURS
Les mineurs annoncent qu'ils
tiendront leur prochain con-
grès à Alais, le 4 mars. C'en
est assez pour que les nationa-
listes donnent les signes de la
plus vive terreur, et affectent
de considérer la grève arenerate
comme imminente.
Notez que la grève générale n'est point
inscrite à l'ordre du jour du congrès dont
il s'agit. Par exemple, cet ordre du jour
comporte « l'examen des revendications».
Les réactionnaires n'en demandent pas
tant pour s'effrayer — ou faire semblant.
Or, je ne vois pas en quoi les mineurs
auraient intérêt à parler aujourd'hui d'or-
ganiser un vaste chômage corporatif.
Les revendications de ces ouvriers très
intéressants sont soumises actuellement au
Parlement. Mercredi dernier, la Chambre
s'est occupée longuement et sérieusement
du problème des « huit heures » qui sera
résolu au cours d'une autre séance. Depuis
plusieurs années déjà, on s'est occupé des
retraites des travailleurs des mines. Il faut
faire bien plus que l'on n'a fait, c'est incon-
testable ; le gouvernement et la Chambre
sont de cet avis ; de façon que les mineurs
se trouveront, sous peu, avoir obtenu satis-
faction sur deux points très importants.
Et ils se lanceraient dans l'aventure de la
grève générale ? Les nationalistes prennent
les ouvriers pour des imbéciles.
Les mineurs seront bien inspirés en gar-
dant une extrême prudence de langage. Les
défenseurs des grandes Compagnies d'ex-
ploitation sont des gens très adroits. Ils
feraient valoir, à la Chambre, tout ce qui
pourrait ressembler à une menace, à une
mise en demeure. Ils accuseraient le gou-
vernement d'accorder les réformes promi-
ses — par peur. Ils adjureraient les députés
de ne pas s'incliner devant les « somma-
tions )) des révolutionnaires. Et ces puérili-
tés suffiraient peut-être pour produire un
malatendu entre la Chambre et les travail-
leurs des puits.
Les mineurs ont déjà prouvé leur bon
sens; ils comprendront qu'ils sont guettés
par un ennemi très habile et très retors. Et
leur réunion de mars sera le plus pacifique
des congrès. — Ch. B.
- ——————————.
LE BANQUET DU TRAVAIL
Nous avons annoncé que MM. Waldeck-
Rousseau et Millerand avaient accepté la pré-
sidence d'un banquet organisé par la Chambre
consultative des associations ouvrières de
production.
Le journal do cette chambre consultative,
l'Association ouvrière, expose que ce banquet
a été organisé « pour permettre au gouverne-
ment de faire connaître son opinion actuelle
sur la question ouvrière ».
Le titre adopté pour le banquet est le sui-
vant :
Banquet républicain du travail organisé par un
groupe d'industriels, d'ouvriers syndiqués (Bourse
du travail de la rue du Château-d'Eau et Fédéra-
tion des bourses du travail de France et des colo-
nies) et d'associations coopératives, en vue de re-
chercher les moyens de remédier à la crise éconoo,
mique et au chômage.
Le banquet aura Heu vraisemblablement au
Palais du travail, place Dupleix, que M. Fa-
varon, directeur des Charpentiers de Paris et
président de la Chambre cODsullaLive, se
charge d'aménager pour la circonstance.
Le banquet se fera probablement le diman-
che 9 mars, à sept heures du soir.
FLAVIO GIOIA
ET LA BOUSSOLE
Encore un centenaire. — L'inventeur
de la boussole. — Et les Chinois?
L'aiguille aimantée et le a Roman
de la Rose». - Origine incertaine
Les diverses boussoles.
La ville d'Amalfi se dispose, parait-il. à
célébrer le sixième centenaire de la naissance
du célèbre navigateur Flavio Gioia, né à Pasi-
tano en 1302. et auquel les Italiens attribuent,
à tort, la découverte de la boussole.
L'origine do ce précieux instrument est, du
reste, de3 plus obscures ; d'après MM. Gaubil,
Barrow et Hager, dont les ouvrages font au-
torité, on peut en attribuer la découverte aux
Chinois qui s'on seraient servis pour se diri-
ger sur les continents, plus de mille ans avant
J.-C.Si l'on en croit les physiciens les plus
en renom, Flavio Gioia se serait contenté de
suspendre l'aiguille aimantée sur un pivot et
n'aurait, en quoi que ce soit, participé à la dé-
couverte de la boussole. On voit d'ailleurs, par
les ouvrages de Guyot de Provins, vieux poète
du douzième siècle, que déjà,à cette époque,on
se servait de l'aiguille aimantée. Dans son ro-
man de la Rose, il nous apprend que les pilotes
français faisaient usage d'une aiguille frottée
sur une pierre d'aimant, qu'ils nommaient là
marinette, et qui guidait les navigateurs dans
les temps nébuleux :
Icelle estoite ne le muet
Un art faut qui mentir ne puel
Par vertu de la mnrinette,
Une pierre laide, noirotte,
Ou li fer volontiers se joint.
Los Arabes, auxquels les Chinois passent
pour avoir communiqué cette invontion, au-
raient; au douzième siècle, importé en Occi-
dent cette superbe découverte ; mais on peut
s'étonner de l'exactitude de tous ces récits et se
demander comment la boussole, qui depuis si
longtemps déjà était employée dans les mers de
l'Inde, n'ait été connue ni des navigateurs
égyptiens, ni des Grecs de Constantinople. Les
Grecs et les Romains n'eurent certainement au-
cune idée de la boussole, car Pline et Lucrèce,
qui connaissaient fort bien la pierre d'aimant,
et qui dans leurs ouvrages en donnent la des-
cription, gardent le plus grand silence sur la
propriété des aiguilles aimantées et n'indiquent
rien qui puisse nous faire croire que, de leur
temps, on mettait à profit leur force direc-
trice.
La boussole en Europe
On ne peut préciser l'époque où, pour la pre-
mière fois, il a été question de la boussole en
Europe, et encore moins lui attribuer un in-
venteur proprement dit. Il est incontestable
toutefois qu'Albert-le-Grand (né en 1193, mort
en 1280) indique comme un fait connu, dans
son traité de mineralibus, les propriétés de la
pierre d'aimant. Le cardinal de Vitry, dans son
Historia Orientalis, publiée vers 1215, parle de
la boussole comme d'un instrument indispen-
sable aux marins et d'un usage très fréquent
vers 1204. Enfin, M. Marié-Davy, le savant
météorologiste, dit que vers le commencement
du 12' siècle, époque où l'usage de cet instru-
ment était déjà répandu, la boussole consistait
simplement en une aiguille aimantée qu'on
faisait nager sur l'eau en la soutenant par deux
brins de paille ou par un morceau de liège.
Une boussole de ce genre a été vue en 1258 par
Brunetto Latini, le maître de Dante, dans le
cabinet de Roger Bacon.
Les différents genres de boussoles
Il existe plusieurs genres de boussoles dont
la construction varie suivant les usages aux-
quels on les destine. La plus importante est la
boussole de variation, encore appelée boussole
marine ou compas de mer, qui sert au limo-
nier d'un vaisseau pour conduire l'embarca-
tion suivant le rumb qui est prescrit par le
pilote. La boussole de déclinaison est employée
pour connaître l'angle que forme le méridien
magnétique avec le méridien terrestre ; elle
permet encore aux météorologistes de s'assurer
de la présence des éruptions volcaniques; des
aurores polaires et de tous les phénomènes
électriques ou magnétiques si importants à
noter pour l'étude de la physique du globe.
La boussole des variations en déclinaison sert
à reconnaître les plus faibles mouvements do
l'aiguille aimantée, dans le plan horizontal ; la
boussole d'intensité absolue, à mesurer l'angle
d'un barreau aimanté, librement suspendu,
avec l'horizon; enfin, la boussole d'intensité, à
connaître la force magnétique terrestre qui,
plus encore que la déclinaison, semble liée aux
conditions générales de l'atmosphère dans nos
climats. Quant à la boussole d'arpenteur, on
l'emploie pour lever les plans sur les terrains
que l'on ne peut aborder dans toutes leurs
parties, et elle constitue un des instruments les
plus indispensables aux ingénieurs et aux géo-
mètres. — Alfred de Yaulabelle.
—Ifr*-—
LE MOUVEMENT POLONAIS
Les stations balnéaires allemandes
Varsovie, 1" février.
Les Polonais ont décidé de mettre en inter-
dit les stations balnéaires d'Allemagne où ils
avaient l'habitude de se rendre pendant l'été.
La protection des consulats
Lemberg, 1" février.
Une compagnie d'infanterie a été placée à
proximité des consulats russe et allemand, à
Lemberg, dans le but d'éviter le retour des ré-
centes manifestations.
Les chefs de corps ont reçu des instructions
détaillées au sujet de l'attitude à prendre en
cas de renouvellement des manifestations polo-
naises qui ont eu lieu récemment.
«>- — ■
LES MÉCANICIENS DE LA FLOTTE
Hier a eu lieu à trois heures la première
séance de la commission nommée par M. de
Lanessan, pour l'examen des questions rela-
tives à l'organisation du corps des mécaniciens
de la flotte.
M. de Lanessan a exposé dans une courte
allocution le but qu'il se proposait en insti-
tuant cotte commission. Il rappelle que des
rivalités d'intérêt et d'amour-propre se sont
manifestées depuis quelques années entre le
corps des mécaniciens et celui des officiers do
vaisseau. Il n'en faut pas exagérer l'impor-
tance.
Ou ne doit pas non plus s'étonner que ces
rivalités se soient produites entre deux corps
dont le rôle est considérable à bord des navires
modernes, et qui sont animés du mémo zèle,
mais dont l'un, de formation récente, n'est pas
encore parvenu à son organisation défini-
tive.
.———————————— o ————————————-
LES CONGREGATIONS
Les poursuites judiciaires
La riôteqti,, nous avons consacrée hier aux
abbés inculpés par M. André, juge d'instruc-
tion, du délit d'enseignement, doit être ainsi
rectifiée: « Rappelons que l'abbé Pascîieu est
déjà compris dans les poursuites pour délit de
prédication. »
Marseille, 1" février. j
Des mandats de comparution ont été décer- J
nés par M. de Rossel, juge d'instruction, con-
tre les administrateurs du collège de Saint
Ignace, les administrateurs de la société civile
du collège de Saint-Ignace, les propriétaires de
cet établissement, situé.à Marseille, et divers
ex-pères jésuites inculpés d'infraction à la loi
sur les associations.
Le président du tribunal civil, jugeant en
référé, a ordonné qu'il sera passé outre à l'op-
position formée par la supérieure des religieu-
ses de Notre-Dame du Cénacle au cours de
l'inventaire du mobilier et des biens de sa con-
grégation. Cet inventaire sera donc continué
par M. Savy, liquidateur légal.
00
DANS LE Xe ARRONDISSEMENT
M. Henri Brisson a tenu avant-hier vendredi
sa sixième réunion électorale dans la salle du
Globe. 8, boulevard de Strasbourg. Le député
de la 2* circonscription du 10* arrondissement
avait, comme pour les cinq réunions précéden-
tes,convoqué indistinctement tous les électeurs
d'une série de rues, d'îlots de maisons, depuis
la boutique jusqu'à la mansarde. Au moment
où il arrivait au Globe, M. Brisson reçut en
communication un factum odieusement inju-
rieux, dirigé contre lui par le a Comité natio-
naliste M. Il en donna lui-même lecture d'un
bout à l'autre, dès le début de la séance, et.
comme on lui avait signalé dans la salle la
présence d'un conseiller municipal nationaliste,
accompagné de plusieurs de ses amis, M. Bris-
son, avant de prendre la parole, offrit à ses
adversaires de la prendre avant lui et s'assit,
pour bien montrer qu'il était prêt à la leur
céder.
Silence sur toute la ligne.
M. Brisson se leva alors et, comme le factum
en question l'accusait surtout à propos de l'en-
quête de Panama et do la revision du procès
Dreyfus, donna, aux applaudissements de l'au-
ditoire, les explications les plus détaillées sur
ces deux affaires.
La parole fut de nouveau offerte aux adver-
saires.
Même silence que précédemment.
Un citoyen interrogea alors M. Brisson sur
le budget des cultes. Ce fut pour lui l'occasion
de développer ses opinions sur la question re-
ligieuse et de montrer, par une série de dis-
cours antérieurs, qu'il avait toujours tenu la
même conduite depuis les élections de 1885.
Ces six réunions ont été jusqu'ici pour M.
Brisson un succès considérable.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHÉS
L'aide de camp de l'empereur Masimilien
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 1" février.
On annonce de Serayevo (Bosnie), la mort
de M. Frantz Pirz, ancien aide de camp de
l'empereur Maximilien au Mexique.
M. Pirz avait été arrêté avec l'empereur à
Queretaro et, comme celui-ci, condamné à
mort par le conseil de guerre de l'armée répu-
blicaine. Le président Juarez, cependant, le
grâcia en raison de sa jeunesse et de sa bonne
conduite : M. Pirz n'avait alors que 27 ans.
Rendu à la liberté par les Mexicains, M.
Pirz était rentré en Autriche. Ces dernières
années il était fonctionnaire de l'administra-
tion de la Bosnie.
♦
COMMENT ON SE VENGE DE SIENKIÊWICZ !
(De notre correspondant lJartfcuUerJ
Berlin, 1" février.
L'éloquente lettre que le poète Sienkiewicz a
publiée dans le Czas de Cracovie en faveur des
condamnés de l'affaire de Wreschen, a valu à
ce journal des poursuites.
Le tribunal de Posen, se rendant compte en
dernière heure que son bras vengeur ne va pas
jusqu'en Galicie où se publie le Czas, ni môme
à Varsovie où demeure l'auteur de Quo Vadis,
s'est contenté de prononcer la destruction des
numéros qui contiennent la lettre incriminée.
LES INSTRUMENTS DE L'OBSERVATOIRE DE PÉKIN
(De notre, correspondant particulier)
Shanghaï, 1" février.
Le bureau d'astronomie de Pékin vient de
demander à la cour impériale une subvention
afin de pouvoir remplacer les instruments qui
avaient été enlevés par les Allemands de l'Ob-
servatoire de Pékin. Les savants mandarins
ont employé dans leur pétition un euphémisme
bien diplomatique en disant qu' « au cours de
l'an passé les anciens instruments avaient été
égarés ».
RAPPORT SUR LA TRIPOLITAINE
(De notre correspondant particulier)
Rome, 1" février.
L'amiral Lovera de Maria, qui a fait un
voyage d'études dans la Tripolitaine, vient de
présenter son rapport au ministre de la ma-
rine. Entre autres observations, il appelle l'at-
tention du ministre sur la grande importance
stratégique des ports de Toufrouch et de
Bamta que l'on pourrait, sans grands frais,
transformer en ports de guerre.
UNE CATASTROPHE AU JAPON
Deux cents hommes dans la neige
Un seul caporal survit.
Yokohama, 31 janvier.
Une catastrophe s'est produite dans le nord
de l'île principale du Japon. Voici les détaits
qu'on a reçus à ce sujet :
Un détachement d'infanterie de deux cents
hommes, avec los cadres, avait quitté la ville
d'Amowori, le 23 janvier, pour s'exercer à
marcher dans les neiges.
Le détachement s'égara. Il eut beaucoup à
souffrir du froid.
Un grand nombre d'hommes périrent, quoi-
que, pour se réchauffer, les soldats eussent
formé des brasiers avec léurs sacs et les cros-
ses des fusils.
Dans la soirée du 23, il ne restait plus que
71 hommes. Ces derniers se séparèrent alors
en plusieurs détachements qui prirent diverses
directions; mais il est à peu près certain que
tous sont morts dans la neige, à l'exception
d'un caporal qu'une équipe vie secours a ron-
contré le 27 janvier.
Cette catastrophe cause une profonde sensa-
tion.
Il y a une vingtaine de pieds de neige
sur certains points de la région où elle a eu
lieu.
Les étrangers ouvrent des souscriptions pour
venir en aide aux familles des victimes.
1 LE TUEUR DE FEMMES
Nice, V février.
Vidal, le tueur de femmes, a été em~f~°
cette nuit, à 1 heure du matin, pour Lyon, où
il passera un mois en observation à la prison
de Saint-Paul.
A LA CAMPAGNE
LA POULE D'EAU
Gibier d'eau et carême. - Le « mai-
gre o gras et le « gras » maigre. -
Mœurs et genre de vie de la
poule d'eau. — Son nid. -
Migrations. — Captivité.
— La sarcelle et la
poule d'eau.
En plaine et au bois, la chasse est fermée et
le gibier se repose ; mais la chasse au marais
bat son plein, surtout en cette maigre saison,
aux approches du carême, où bien des gens, à
la bourse bien garnie, cherchent à se procurer
un « maigre » de choix, moins roturier que la
vulgaire morùe et la non moins démocratique
sardine à l'huile.
C'est dire que la poule d'eau n'a qu'à bien se
tenir, car, par une mystérieuse influence ou
encore par l'action d'une décision toute puis-
sante, que la chimie des ccrps gras ne par-
vient pas à expliquer, la poule d'eau est a mai-
gre » parce que c'est un oiseau aquatique, de
même le canard sauvage, souvent « gras » et
dodu, tandis que son congénère domestique, le
vulgaire canard barbotteur, même lorsqu'il n'a
que la peau et les os est un manger « gras » 1
Mais ce sont là des mystères tellement inson-
dables, des considérations à un tel point abs-
traites sur la nature chimique des gras mai-
gres ot dos maigres gras, que nous no cher-
chons même pas à les approfondir.
Caractères et mœurs
Acceptant les choses,telles qu'elles sont,nous
voudrions dire un mot seulement de ce timide
oiseau que les naturalistes nomment Gallinula
chloropus et que le vulgaire appelle poule
d'eau.
Cet animal a beaucoup de points de ressem-
blance avec le Râle. De la grosseur d'une per-
drix, il ne diffère des râles que par ses doigts
bordés d'une membrane étroite. Son plumage
est brun foncé, presque noir en dessus, gris
ardoisé en dessous avec du blanc aux cuisses,
au ventre et au bord de l'aile, le bec est éga-
lement blanc.
La poule d'eau vit perpétuellement cachée au
milieu des roseaux, non seulement par crainte
de l'homme, mais surtout par l'impossibilité
où elle se trouve d'échapper aux oiseaux de
proie. « C'est cette crainte incessante, fait re-
marquer le D' P. Jouin, qui a fait dire à bien
des auteurs que la poule d'eau ne sort que le
soir et même la nuit et qu'elle ne se hasarde
qu'avec une prudence extrême à la surface des
eaux. C'est là une une exagération manifeste ;
la poule d'eau s'accommode pl us volontiersqu'on
ne le croit au voisinage dos hommes et au bruit
le plus intense. C'est ainsi que les voyageurs
peuvent voir journellement ces oiseaux dans
les fossés remplis d'eau qui bordent les talus
des chemins de fer, sans que le passage des
trains les effraie le moins du monde. Sur la
ligne de Paris à Meudon, entre autres, à peu
de distance de Crosnes, il en existe des ni-
chées fort tranquilles et que le bruit des loco-
motives ne paraît nullement incommodèr. »
Le nid de la poule d'eau
Cet échassier habite l'Europe, et on le trouve
surtout en France, en Italie, en Allemagne et
en Hollande. Son vol n'est ni élevé ni soutenu,
mais la poule d'eau nage et plonge avec une
facilité extraordinaire ; en outre, à terre, elle
court très rapidement.
Elle fait son nid à proximité de l'eau ; il est
construit très habilement avec des débris de
roseaux et de joncs entrelacés. La femelle y
dépose six à huit œufs ovalairés d'un jaune
ocreux avec de petits points bruns ; elle les
couve pendant 25 jours et on prétend que le
soir, lorsqu'elle quitte ses œufs pour aller à la
recherche de sa nourriture, elle les recouvre
de roseaux et d'herbes sèches pour les dérober
aux yeux de ses ennemis.
Les petits naissent couverts d'un duvet noir
assez feutré ; dès leur sortie de l'œuf, ils nagent
avec facilité et courent à terre avec une agilité
remarquable. Au moindre danger, surtout à
l'approche des corbeaux et des pies, ils plon-
gent pour'se cacher.
Dans certains pays, les poules d'eau sont sé-
dentaires ; dans d'autres, au contraire, elles ac-
complissent des migrations, et, dans ce cas,
elles varient leurs plaisirs en voyageant,tantôt
à pied, tantôt à la nago.
Dès le premier printemps les poules d'eau
reviennent par couples à leurs étangs, le plus
généralement la nuit.
Captivité et domesticité
La poule d'eau se nourrit de substances vé-
gétales ainsi que d'insectes, de mollusques et
même de reptiles aquatiques. Elle supporte
bien la perte de sa liberté, contracte amitié
avec son maître et devient très privée. Le na-
turaliste Brehm rapporte en avoir vu plusieurs
qui couraient dans la cour avec les poules, en-
traient dans lesUppartements, arrivaient quand
on les appelait, se comportaient, en un mot,
comme dos animaux domestiques, mais, même
en captivité, elles profitaient do tout pour se
cacher, et le faisaient avec un art remarqua-
ble.
Toutefois leur reproduction est très difficile.
Si l'on veut élever des poules d'eau à l'état do-
mestique, il convient d'avoir soin de prendre
les œufs dans le nid et de les faire couver par
une petite poule anglaise naine. Les poussins
qui en résultent sont très délicats ; ils n'ac-
ceptent pour toute nourriture, au début tout
au moins que des vers de vase qu'on leur place
dans un récipient peu profond, avec de l'eau.
Ce n'est que peu à peu qu'ils s'habituent à
à la nourriture ordinaire de la basse-cour,
mais à celle-ci, il faut toujours ajouter une
nourriture animale.
La poule d'eau constitue un manger assez
médiocre, ayant toujours un goût de vase plus
ou moins, prononcé ; en tous cas, elle est loin
de valoir la sarcelle,
Avec le docteur F. Brémond, nous dironsque
les deux bêtes sont également nutritives et bon-
nes au ventre: il y a entre elles la différence
d un régal avec une pénitence. Pénitence toute
relative toutefois en temps de carême, surtout
si on a affaire à une bonne cuisinière. — Al-
bert Larbalétrier.
———————————— ———————-———-
LES GRÈVES
Roubaix, 1er février.
Les ouvriers tisserands de rétablissement
Henri Terninck et fils, à Roubaix, ont cossé
le travail hier à 2 heures.
Saint-Etienne, 1" février.
Les dévideuses de la maison Tardy se sont
mises en grève, le patron ayant annoncé son
intention d'abaisser do 5 centimes lo prix de
la main-d'œuvre du kilog. de coton.
Les grévistes ont été reçues aujourd'hui par
le maire.
CHEZ LES MEURS
Le Comité fédéral
Saint-Etienne, 1" février.
Dans sa séance de ce matin le Comité fé-
déral a fixé au 4 mars, à Alai3, la date du
prochain Congrès des mineurs.
L'ordre du jour du Congrès est ainsi ar-
-Até ;
àv.
1° Vérification des Douvoirs i te situation fédé.
rait. rapport moral ef financier du Comité îiÛÇsal
3' question du journal VOuvrter mineur; examen
des revendications ; 4* situation actuelle de la cor-
poration, mandat du Comité fédéi al et du secrétaire,
modifications aux statuts.
5* Confédération du travail, 6* Fédération Inter-
nationale, 7* Budget les secours et 4es grèves, 8*
Questions diverses, fixation de la date du prochain
Congrès national.
En raison de la situation faite au Comité
fédéral, celui-ci invite les organisations régio-
nales minières à désigner de préférence les
membres du Comité fédéral pour le Congrès.
Le Comité fédéral se réunira le 3 mars et les
conférences auront lieu en mars dans la région
du Gard.
15, RUE D'ARGENTEUIL
C'est une adresse qu'il ne faut pas oublier.
Paris est inondé depuis hier d'un flot de pe-
tits papiers, à en-tête de la Patrie française,
remis à domicilo sous enveloppes affranchies à
15 contimes. Il faut croire que le prospectus
contresigné de noms qui n'avaient jusqu'ici
figuré que dans les échos mondains a empêché
M. Jules Lemaître de dormir, aussi s'est il
décidé à faire un nouvel appel de fonds.
Nous nous proposons, dit il, do prendre la part
la plus active aux élections, non seulement par
une campagne générale, mais encore par une in-
tervention précise dans toute circonscription où il
paraîtra possible do gagner un siège à la cause
nationale.
Cette œuvre de libération nous parait si néces-
saire quo nous prions nos adhérents et nos amis de
réserver strictement leur concours pécuniaire à
notre caisse électorale et de ne pas égarer leur gé.
nérosité sur des entreprises intéressantes sans
doute, mais moins urgentes, telles que fondations
do journaux, œuvres sociales à longue échéance,
etc.
Les marquises ne se privent que do fôtes, les
adeptes de François Coppée devront faire trêve
à leurs charités. Fermées les bourses, suspen-
dues les aumônes! dans les greniers où le
vent souffle, les miséreux pourront crever de
faim.
Après les couturiers, les glaciers, les bijou-
tiers, les pauvres de Paris vont pâtir.
Il est vrai qu'une agréable compensation
est réservée aux souscripteurs. Le comité les
avertit qu'ils pourront, chaquo jour, aller
passer quelques instants trop courts, mais
pleins de charme — de quatre à six heures, 15,
rue d'Argenteuil.
C'est le five o'clock de la Patrie française.
Là, en effet — quotidiennement — deux
dames se tiennent à la disposition des per-
sonnes qui veulent bien leur demander des
renseignements sur les moyens de propagande
les meilleurs à utiliser, ou leur faire part des
observations et des remarques qui leur sem-
blent avoir une utilité quelconque.
Et le comité insiste pour que les visites
soient fréquentes :
Cette permanence est un centre de ralliement
qui doit servir puissamment à donner cohésion à
nos efforts. Nous vous invitons avec instance à
venir rie d'Argenteuil verser votre offrande pa.
triotique personnelle.
Messieurs les nationalistes, allez tous rue
d'Argenteuil, c'est le poste central de la réac-
tion. — André A.
LE VAMPIRE D'ANTHY
Un catholique peu chaste. - L'amour
dans la bière. — Et le Parquet?
(Lttre d'un correspondant)
Anthy (Haute-Savoie), 31 janvier.
Vous avez brièvement signalé en une dépê-
che télégraphique parue dans le numéro daté
1" février l'abominable forfait dont la popula-
tion de la contrée est indignée.
Voici à ce sujet quelques détails:
Le 28janvier on enterrait.Lucie Grand,veuve
Joseph Mouchet, âgée d'environ 70 ans. Vers
10 heures 112 du matin, après la cérémonie re-
ligieuse au cimetière, lorsque tout le monda
fut parti, le fossoyeur, âgé d'environ 60 ans,
veuf, du nom de Mathieu François, père de
plusieurs grands enfants, découvrit le cercueil,
qui était au fond de la fosse, et profana, viola
la morte en ayant soin de se recouvrir lui-même
du couvorcle. Mais, des enfants qui se trou-
vaient attardés sur les tombes voisines enten-
dirent le mouvement de la bière, accoururent
et virent une main hors de la bière, qui en
remuait le couvercle. Les enfants s'empres-
sèrent d'appeler M. Marie Duboulez qui était
sur la tombe de sa mère.
Los enfants et Dubouloz coururent au vil-
lage en criant qu'on avait enterré une vivante.
Alors lo maire et d'autres personnes se ren-
dirent au cimetière; ils se préparaient déjà à
relever la bière lorsque l'idée vint à l'un d'eux
de soulever le couvercle.
Alors un affreux spectacle se présenta : Ma-
thieu le fossoyeur achevait de satisfaire son
innommable passion. Il ne pouvait y avoir,
hélas 1 de doute.
Cagot 1
On le laissa en liberté, d'abord ; puis le maire
le conduisit à la gendarmerie de Thonon.
La population d'Anthy demande vengeance ;
elle attend toujours le Parquet quinevientpas!
Les enfants de la défunte souffrent de cette
lenteur, car pour eux, cela se conçoit, c'est un
crime impardonnable.
Notez que ledit Mathieu est un bon prati-
quant, ne manquant jamais la messe et accom-
plissant rtgoureusement ses devoirs religieux
non seulement à Pâques, mais encore aux prin-
cipales fêtes de l'année I
C'est peut-être là l'explication du peu de
bâte de la justice.
AU CERCLE DE L'UNION ARTISTIQUE
Le cercle de la rue Boissy-d'Anglas nous
conviait, hier, à visiter son expositionannuelle
de peinture et de sculpture où nous retrouvons
presque tous les exposants du cercle Volney
qui a également ouvert, la semaine dernière,
son Salon annuel.
Dans ces deux cercles, la qualité des œuvres
l'emporte sur la quantité et si, çà et là, nous
trouvons quelques admissionsdecomplaisance,
nous y remarquons la présence des artistes les
plus appréciés.
A la sculpture
Nous signalerons tout d'abord les beaux
bustes que nous présentent MM. Antonin Car-
lès. Raoul Verlet et Denys Puech.
Le portrait de Mme Dagnan-Douter et par
Verlet est d'une conception aussi heureuse que
possible. Son ajustement est d'une simplicité
originale qui convient bien à cette physiono-
mie distinguée, pensive et mélancolique.
M. Verlet expose également un charmant
buste d'enfant, portrait d'A. P. de G. Ces deux
marbres sont d une exécution irréprochable.
Il en est de même pour le délicieux portrait
de Mlle Hériot, exposé par M. Antonin Carlès
qui présente également un bronze d'un beau
sentiment, étude pour le groupe «l'Humanité »
fragment du monument Pasteur qui doit être
érigé à Dôle.
Les portraits do Mlles H. Béjol et Olry-Rœde-
rer (bustes terre cuite) obtiennent le succès au-
quel M. Denys Puech est habitué.
J.-L. Gérome expose une petite statuette
équestre d'une grande allure, Bonaparte en
Egypte.
M. de Saint-Marceau, un buste marbre et
Souvenir d'Algérie. Jeaa Hugues, 97aspiration
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.66%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.66%.
- Collections numériques similaires Institut dynamodermique Institut dynamodermique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Institut dynamodermique" or dc.contributor adj "Institut dynamodermique")Faber Sosthène Faber Sosthène /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Faber Sosthène" or dc.contributor adj "Faber Sosthène") Dumas E Dumas E /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dumas E" or dc.contributor adj "Dumas E")
- Auteurs similaires Institut dynamodermique Institut dynamodermique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Institut dynamodermique" or dc.contributor adj "Institut dynamodermique")Faber Sosthène Faber Sosthène /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Faber Sosthène" or dc.contributor adj "Faber Sosthène") Dumas E Dumas E /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dumas E" or dc.contributor adj "Dumas E")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7549302c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7549302c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7549302c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7549302c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7549302c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7549302c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7549302c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest