Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-11-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1902 19 novembre 1902
Description : 1902/11/19 (N11940). 1902/11/19 (N11940).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
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REDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
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fit AUX BUREAUX du JOURNAL
RÉDACTION 1 44, rue du Ilall
De 4 à 8 heures du soir et de 40 heures du soir à 1 heure du matin
We 11940. — Mercredi 19 Novembre 1902
29 BRUMAIRE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du IlaU
Adresser lettres et mandais à Vadministrateur
NOS LEADERS
RépéiicaînsJiffpÉrialistes
Depuis longtemps les nationalistes ne
s'étaient plus fait entendre dans le pays.
A la Chambre, c'est autre chose. Un tel
silence ne pouvait pas durer. Un parti
qui ne s'affirme pas par de nombreuses
et retentissantes manifestations est
comme s'il n'était pas. Il risque au
moins de laisser croire qu'il a cessé
d'exister, puisqu'on ne parle plus de
lui. De là à la, mort réelle, il n'y a
qu'un pas, et l'opinion publique le lui
fait vite franchir.
M. Jules Lemaitre, toujours fin litté-
rateur, je ne dis pas politique, l'a com-
pris. Il a parlé. Pour ramener l'atten-
tion vers son parti mourant? Peut-
être. Mais ce n'est pas le but avoué. Il
parait que le programme du parti nou-
veau, qu'on a qualifié de « parti sans
nom », probablement parce qu'on pour-
rait les lui donner tous, n'était pas en-
core définitivement arrêté. La néces-
sité de le délimiter d'une façon précise
se Jaisait impérieusement sentir, au
lendemain des élections législatives.
Quelle est donc la mauvaise langue qui
prétendait que la chose avait été faite
avant? A quoi bon cela eût-il servi?
Reconnaissons tout de suite, pour
qu'on ne nous accuse pas de calomnier
le Maître — car c'est bien lui qui a parlé
— que son discours respire le plus pur
républicanisme. Il suffit seulement de
s'entendre sur cek mot. Le brillant aca-
démicien n'aimeras, il est vrai, les
chemins battus. Il tient à se distinguer
du vulgaire. Qu'on ne s'étonne donc
pas que sa conception du régime répu-
blicain diffère quelque peu de l'idée qu'on
s'en fait d'ordinaire. C'est sans doute
ce désir de sortir du commun qui a sur-
pris quelques-uns des convives.
Que tout aille très mal dans la plus
détestable des républiques, ce n'est pas
moi, à coup sûr, qui y contredirai, tant
qu'il y aura une congrégation en France.
Le parti sectaire et jacobin qui nous
gouverne, uniquement composé de juifs
et de francs-maçons — autrefois, on y
ajoutait les protestants — étrangle une
à une toutes les libertés publiques. Li-
berté de réunion, liberté de la presse,
liberté de l'enseignement, liberté de
conscience, est-il une seule de ces liber-
tés, si généreusement octroyées à nos
pères par les régimes monarchiques ou
impérialistes, qui n'ait déjà disparu ou
qui ne soit sur le point de nous être
ravie? Perdus, les moines ligueurs,
charitables, enseignants, d'affaires, si
l'abbe Gayraud ne sauve pas chacune
des congrégations auxquelles ils appar-
tiennent, par la savoureuse lecture, faite
à la tribune de la Chambre, de huit gros
in-folio racontant leur édifiante his-
toire ! Je tremble pour la dernière de
nos libertés, la liberté de la parole. Que
deviendra-t-elle, ce jour-là?
Armée, marine, tout va à vau-l'eau.
Waldeck-Rousseau devenu dieu depuis
qu'il s'est retiré, n'avait pris le pouvoir
que pour désorganiser la défense natio-
nale. André et de Lanessan, humbles
serviteurs des loges, exécutaient les
volontés de l'Internationale rouge.
Combes et Pelletan ne sont que leurs'
continuateurs. N'est-ce pas d'ailleurs
pour assurei" l'esprit de suite dans la
désorganisation de nos forces militaires
et dans la trahison qui la doit couron-
ner, que le général André et Delcassé
sont restés au ministère?Et c'est le mo-
ment que choisit Pelletan, fanfaron,
pour déclarer la guerre à l'Angleterre,
à l'Italie, à l'Allemagne. Il prenait bien
son temps !
Qu'attendre d'un pareil régime ? Le
moins qu'il puisse nous donner, c'est à
coup sûr la guerre civile. Les cléricaux
sauront défendre la liberté contre les ré-
publicains; ils l'ont montré en Breta-
gne. Qu'importe le choix des, armes,
pourvu que le coup porte. au nez ou
ailleurs ! Pour la guerre étrangère, hé-
las ! nous ne sommes plus dignes de la
faire, tant le peuple français et devenu
mou et veule !
Effroyable peinture d'un mal qui
s'étend chaque jour! Mais M. Lemaître
est trop patriote pour nous laisser sous
le coup de cette pénible impression. Le
remède suit de près le mal dans son
discours.
Si nous avons à l'heure actuelle à la
tête de la France, un homme sans ini-
tiative, incapable d'exercer la moindre
influence sur les destinées du pays, ré-
duit à la plus complète impuissance,
quelle que fût d'ailleurs sa bonne vo-
lonté, et pour tout dire d'un mot, un
véritable président soliveau, la faute
en est à cet absurde régime parlemen-
taire qui, en condamnant le Président
de la République à être l'élu du Sénat et
de la Chambre, l'oblige à être le pre-
mier et le plus respectueux serviteur de
ta Constitution et de la loi. Il faut chan-
ger ça.
Par quel système ? Un, littérateur
doublé d'un homme politique aussi avisé
que M. Lemaître n'est pas embarrassé
pour trouver des modèles dans l'histoire.
La France a eu ses hommes providen-
tiels. Napoléon 1er l'a couverte de gloire
— d'autres diraient de sang et de deuil.
Et Napoléon III respecta la liberté et
surtout en usa jusqu'à l'étranglement
de la République » il avait été plébiscité.
C'était le peuple entier qui l'avait nommé
président, mais il se fit empereur tout
seul. Voilà les exemples à imiter. Quant
à Waterloo et à Sedan, il n'y a plus que
les antipatriotes qui en gardent le sou-
venir.
Ce discours-programme n'a pas plu,
paraît-il, à M. Cavaignac ni à quelques
nationalistes de moindre marque présents
au banquet. Ces messieurs sont vrai-
ment bien difficiles ! Libre à eux de ne
pas se reconnaître dans la nouvelle dé-
finition donnée des nationalistes par un
de leurs plusbrillants coryphées.Le pays
ne s'y trompe pas : il y a longtemps
qu'on ne les appelle plus que les « répu-
blicains impérialistes ».
Henri Michel.
Un républicain sûr et laïjorieux
de nos amis, IV1. Henri Micbel,
l'excellent député, veut bien nous
assurer sa collaboration.
Nous publions aujourd'hui son
premier article.
SECULARISATIONS FACÉTIEUSES
Il est certain qu'il reste aux
moines un moyen pour échap-
per à l'application de la loi sur
les associations : ils n'ont qu'à
se faire « séculariser » ; ils
n'ont qu'à se transformer, de
jésuites ou d'assomptionnistes,
en curés, en vicaires ; bref, par un procédé
ou par un autre, il leur suffit d'entrer dans
le clergé paroissial.
Etant donné que les évêques sont en
grande majorité gagnés — de gré ou de
force —à la cause des congrégations, il est
clair que le clergé paroissial sera bientôt
infesté de capucins et de maristes, trans-
formés, revus, mais non corrigés, car le
moine est incorrigible.
C'est à cette situation que remédie une
proposition de M. Paul Meunier.
La proposition dont il s'agit a été exami-
née hier soir avec beaucoup d'intérêt par
la commission des associations. Elle a pour
objet d'interdire aux membres des congré-
gations non autorisées l'accès du clergé pa-
roissial.
En tout cas, la sécularisation d'un mem-
bre d'une congrégation ne pourrait s'effcc
tuer dans le département où était situé l'é-
tablissement auquel il avait appartenu.
La commission a jugé que la proposition
deM. Paul Meunier méritait d'être prise
en sérieuse considération. Un rapport pro-
visoire sera fait par M. Massé.
La commission a jugé nécessaire de con-
naître le sentiment du gouvernement sur
la question. Tout fait penser que le gou-
vernement approuvera la disposition légis-
lative soumise à l'examen de la commis-
sion.
Il est vraisemblable que les cléricaux
vont crier une fois de plus qu'on attente à
la liberté des congréganistes. Comme s'il
y avait jamais un rapport quelconque entre
la liberté et les moines. L'incompatibilité
proposée ne constitue qu'une sûreté très
naturelle prise contre des sécularisations
facétieuses, des sécularisations qui seraient
un moyen de tourner la loi et de reformer
les troupes congréganistes à l'abri de l'ar-
mée des séculiers. Nous entendons nous
débarrasser de la moinerie. Nous ferons le
nécessaire pour cela. — Ch. B.
.»
LE CONGRÈS DES SUCRIËRS-BETTERAVIERS
Hier a eu lieu une réunion préparatoire du
congrès des sucriers-producteurs, cultivateurs
de betteraves, qui doit avoir hier à Compiègne
les 29 et 30 novembre prochain.
MM. Noël, député de Compiègne (Oise) et
Chauvin, député de Seine-et-Marne, ont été
nommés rapporteurs généraux de ce con-
grès.
L'IMPOT SUR LE SUCRE
Une délégation du groupe des députés des dé-
partements sucriers s'est rendue hier chez le
ministre des finances pour lui demander d'ac-
cepter la discussion, avant la fin de la présente
année, de la convention do Bruxelles et de la
réduction de l'impôt sur les sucres, indépen-
damment de toute autre question budgétaire.
.———— ; —————— ————————————
LES ÉLECTIONS
Des élections aux conseils généraux ont eu
lieu dimanche :
1" Dans le Finistère, à Mortaix, M.Briens,
qui s'était déclaré partisan de la loi sur les as-
sociations et qui était soutenu par M. Cloarec,
député, est élu contre M. de Lannurieo, sou-
tenu par le sénateur clérical Pichon..
2° Dans la Dordogne, canton de Belves, le
docteur Capette-Laplene, républicain-radical, a
été élu sans concurrent.
3" Dans la Meuse, canton do Charny, M.
Henry, président do la Société d'agriculture,
libéral, est élu.
Des élections municipales ont eu lieu à Co-
gnac (Charente), pour te renouvellement inté-
gral du conseil municipal. Deux listes étaient
en présence, une républicaine comprenant 21
candidats, et une nationaliste en comprenant21.
La liste républicaine a été élue tout entière. M.
Brisson, ancien matrô do Cognac, arrive en
tête avec 2,420 voix ; le dernier de la liste en
obtient 2,0lJ9. Les six candidats les plus favo-
risés ce la liste nationaliste obtiennent de 1,789
à 1,515 voix; ils sont en ballottage.
»
Les congréganistes français en Grecs
(De notre correspondant particulier)
Athènes, 11 novembre.
Le bruit d'après lequel les jésuites et les con-
gréganistes français auraient l'intention de
s'établir en Grèce, a décidé la Faculté de théo-
logie d'Athènes à faire une démarche auprès
du ministre de l'instruction publique, pour
protester contre.cette invasion noire. Dans un
mémoire rédigé parle professeur Diomidis Ky-
riakos. la Faculté insiste sur les dangers que
comporterait l'établissement des jésuites pour
l'église grecque orthodoxe et pour la nation
hellénique. Elle prie donc le gouvernement de
refuser aux congrégations l'autorisation de s'é-
tabiir ét de fonder des écoles en Grèce. De plus
elle demande une surveillance plus étroite des
écoles catholiques existantes à AUiûaes.TiûOW,
IJiira, Naxos, Corfu* eto. • ■
LES FAUSSES
PIERRES FINES
Une merveilleuse découverte. — Ia
production artificielle du rubis. —
Travaux scientifiques. — La pro-
duction et l'imitation des pierres
précieuses. — Recherches de
M Mr. Ebelmen, Feil, Fremy,
Henrivaux, etc. — Les ré-
sultats obtenus.
Un savant chimiste, M. A. Verneuil, profes-
seur au Muséum, vient de découvrir le moyen
de produire artificiellement le rubis, l'une de
nos plus belles pierres précieuses. On sait que
cette gemme est composée d'alumine et de
chrome ; le problème à résoudre consistait donc
à trouver la manière d'obtenir de l'alumine
pure et renfermant exactement les proportions
d'oxyde de chrome nécessaire pour lui donner
l'aspect et les propriétés du rubis véritable, Or.
c'esten fondant un mélange d'alumine et d'oxyde
de chrome à une température constante de plu-
sieurs milliers de degrés, et par couches su-
perposées do l'extérieur à l'intérieur, afin d'em-
pêcher qu'il ne se produise des craquelures
dans la masse cristalline, que M. Verneuil est
parvenu à créer un magnifique rubis pesant
environ 2gr. 500, et ayant une valeur com-
merciale approximative do 3.000 francs.
Pour atteindre la température excessive in-
dispensable à la réussite de cette opération,
l'habile chimiste a eu recours à un chalumeau
oxhydrique vertical dont la flamme était diri-
gée de haut en bas ; quant à la dureté de la
pierre, il l'a obtenue par une trempe énergique
en supprimant brusquement l'action du chalu-
moau.
Lo rubis de M. A. Verneuil est d'une fluo-
rescenco admirable, grâce à sa grande pureté;
il présente toutes les propriétés physiques du
rubis naturel et peut, comme lui, être taillé
et recevoir un très beau poli.
L'histoire d'une découverte
La découverte que vient de faire M. A. Ver-
neuil avait été tentée à plusieurs reprises, et
depuis longtemps déjà, par nombre de chi-
mistes. Mais, ce n'est que depuis les remarqua-
bles travaux entrepris en 1847par M.Ebelmen,
directeur de la manufacture nationale de ISè-
vres, que l'on est parvenu à imiter les pierres
fines avec une perfection inconnue jusque-là.
M. Gandin, cbimiste distingué et chercheur
infatigable,est un des premiers qui aient obtenu
des imitations de pierres fines ayant l'éclat et
la dureté des cristaux naturels. Nous avons en-
tre les mains un échantillon de saphir, que
nous a gracieusement offert M. Gaudin, et que
le lapidaire qui l'a taillé considérait, vu son
éclat et sa dureté, comme un véritable saphir.
Nous ignorons le procédé qu'employait ce
savant ; nous croyons pouvoir dire seulement
qu'il faisait usage du chalumeau oxhydriquo,
et que, pour obtenir ces belles imitations, il
avait recours à l'alumine, à la magnésie et aux
divers composés chimiques qui entrent dans la
composition des pierres précieuses.
Un peu plus tard, M. Feil, petit fils du célè-
bre opticien H. Guinand, plus heureux que M.
Gaudin, dont, paraîl-il, on aurait surpris et
exploité le secret, est parvenu à fabriquer d'une
manière courante des pierres artificielles d'une
pureté et d'un éclat incomparables. C'est en
combinant d'une façon toute spéciale l'alumine,
la silice, la chaux, certains sois de chrome, de
cobalt, etc., que M. Feil est parvenu à imiter
le rubis, l'émeraude, le saphir, la topaze, l'amé-
thyste, et toutes les gemmes qu'emploient ac-
tuellement les bijoutiers.
Les derniers procédés de fabrication
C'est en reprenant et on poursuivant les re-
marquables travaux faits dans cette voie par
MM. Becquerel, Sainte-Claire-Deville, Caron,
Gaudin, DobrayetHautefeuille, quo MM. Frémy
et Feil ont découvert les procédés nouveaux
qu'ils ont employés « pour produire de l'alu-
mine différemment colorée et cristallisée, c'est-
à-dire du rubis et du saphir en masses suffi-
santes pour être utilisées dans l'horlcgorie et
pour se prêter à la taille des lapidaires ».
Secondés dans leurs recherches par un chi-
misle éminent, M. Henrivaux, MM. Feil et
Frémy, voulant se rapprocher autant que pos-
sible des conditions naturelles qui ont déter-
miné probablement la formation du corindon,
du rubis et du saphir, ont eu recours aux ap-
pareils calorifiques les plus énergiques de l'in-
dustrie, notamment à ceux de la Société de
Saint-Gobain, lesquels leur ont permis d'opé-
rer sur des masses considérables. C'est en
chauffant un aluminate fusible au contact
d'une substance siliceuse quo ces savants sont
parvenus à obtenir do l'alumine cristallisée, et
c'est en ajoutant à un mélange d'alumine et de
minium 2 à 3 pour 100 d9 bichromate de po-
tasso qu'ils ont ou des cristaux en tout sembla-
bles au rubis. Quant au saphtr, nous le pro-
duisons, disent MM. Feil et Frémy, en em-
ployant une petite quantité d'oxyde de cobalt
mélangé à une trace de bichromate de po-
tasse.
Pierres fausses et pierres véritables
Les masses cristallines qui ont été exposées
par ces chimistes sous les yeux de l'Académio
des sciences, en 1878, présentent tous les carac-
tères des cristaux naturels ; les rubis surtout
en ont la composition, l'éclat adamantin, la
dureté, la densité et la forme cristalline.
Se souvenant des travaux de M. Henri Sainte-
Claire Deville et de ceux du professeur Dau-
brée, qui le premier a découvert le rôle impor-
tant que lo fluor a joué, comme minéralisa-
teur, dans la formation des gîtes minéraux et
des silicates, MM. Frémy et Feil ont cherché et
trouvé la manière de produire du dysthène (si-
licate d'alumine) au moyen du fluorure d'alu-
minium et de la silice. Ils ont également ob-
tenu de magnifiques rubis en calcinant un mé-
lange à poids égaux d'alumine et de fluoruro
de baryum additionné de deux ou trois centiè-
mes de bichromate do potasse.
Le fluorure de baryum
En suivant ce môme mode d'opération, c'est-
à-dire en utilisant l'action du fluorure do ba-
ryum sur l'alumine en présence de la silice,
ces savants ont constaté qu'il se produit des
silicates doubles cristallisés, analogues au si-
licate double d'alumine et de baryte dont nous
venons de parler.
« il est probable, disent MM. Feil et Frémy
dans leur mémoire adressé à l'Académie, que
nos expériences, qui donnent en masos consi-
dérables des corps dont la dureté est compa-
rable à celle du rubis naturel, seront utilisées
d'un moment à l'autre par la joaillerie et
même la bijouterie. Le but que nous pour-
suivons dans ce travail est d'ailleurs exclusi-
vement scientifique; nous meltons par consé-
quent dans lo domaine public les faits que
nous avons découverts, et nous serons très
heureux d'apprendre qu'ils ont été appliqués
utilement à l'industrie. » — Alfred de Vaula-
belle.
LES CONGRÉGATIONS
Les évèques et le conseil d'Etat
Contrairement à ce qui a été annoncé, co
n'est pas mercredi que la Consoil d'Etat doit
examiner la poursuite « comme d'abus » diri-
gée contre les 74 évêques signataires de la pe-
lilioa m (aveur des congrégations*.
Nous croyons savoir que la date de l'examen
de cette poursuite n'a pas encore été fixée. Il
est possible que l'affaire no soit pas mise au
rôle du Conseil d'Etat avant la semaine pro-
chaine.
.—-————————— ———————————„
A LA MÉMOIRE DE GRAMME
Au cimetière du Père - Lachaise. —
Une œuvre de Mathurin Moreau. —
Un monument sévère, mais gran-
diose. — Un comité d'ingénieurs
et d'ouvriers électriciens. —
Projet de statue au square
des arts et métiers.
Tout en haut, du cimetière du Père-Lachaise,
sur le plateau qui domine la colline où déjà
reposent, dans le silence de la mort, toutes les
gloires du siècle dernier, s'élève depuis quel-
ques jours un monument d'aspect sévère, mais
dont la majesté du style n'est pas sans vive-
ment impressionner le visiteur, qu'un deuil ré-
cent, qu'un pieux souvenir, attire dans ces pa-
rages.
Erigé par les soins de Mme Gramme, à la
mémoire du célèbre inventeur de la première
dynamo industrielle, ce monument est l'œuvre
de deux artistes do talent dontl'éloge n'est plus
à faire : MM. Mathurin Moreau, l'éminent sta-
tuaire auquel nous devons déjà tant d'oeuvres
d'une finesse exquise et, son fils, le distingué
architecte, si connu par ses élégantes et solides
constructions.
Le monument
L'ensemble du monument a tous les carac-
tères de l'architecture grecque ancienne. Pas
de cannelures ni de volutes, un simple tore
garni do chêne et do laurier ce qui lui donne
un aspect sévère mais calme.
On peut s'imaginer un grand partorre rec-
tangulaire qui ne mesure pas moins de 18
mètres de superficie, entouré de corbeilles tail-
lées dans le granit et destinées à recevoir les
fleurs faisant partie de la décoration ; autour
une grille basse on bronze massif ; au centre
une pierre tombale en granit rouge; en arrière
un piédestal haut de 2 mètres sur lequel l'ar-
tiste a représenté l'inventeur assis, dans une
pose familièra, cherchant,méditant sur l'oeuvre
qui devait couronner sa vie. la dynamo vérita-
blement industrielle.
Certes les grandes lignes horizontales de ce
monument forment une perspective un peu
sèche, mais les plans inclinés du cénotaphe, le
piédestal élevé, bien en rapport avec l'oeuvre
du statuaire, rompent la monotonie, sans rien
ôtor de sa majesté au style du monument.
Destiné à l'homme froid, calme, posé qu'é-.
tait Gramme, il fallait, ici, reproduire aussi fi-
dèlement que possible, par un ensemble de
lignes grandes et larges, l'image, le caractère
du défunt, ce que n'auraient pu rendre, ni les
arceaux romains, ni les ogives du gothiquo.
C'est donc, dams son ensemble, un monument
digne des deux artistes etdu savant électricien.
C'est une œuvre grandiose qui, nous en
sommes convaincus, sera vivement admirée,
autant par sa simplicité que par son expression
vraie, toujours si difficile à rendre.
Un autre monument
Et puisque nous parlons du regretté inven-
teur, nous ne pensons pas commettre d'indis-
crélion en faisant connaître aux nombreux
amis qu'ii possédait, qu'un comité, composé
d'ingénieurs et d'ouvriers électriciens, vient do
se constituer dans le but d'élever, à l'inven-
teur de la dynamo, un monument public sur
l'une des places de Paris.
Selon toute vraisemblance, ca nouveau mo-
nument, déjà confié aux mêmes artistes, sera
érigé au square dEs Arls-et-Métiers.
On ne saurait choisir meilleur emplacement.
Quel plus bel exemple, en effet, pour nos fu-
turs ingénieurs, que l'imago do ce travailleur
assidu qui, de simple ouvrier électricien, a su,
par sa persévérance, son intelligonce, son acti-
vité, arriver à une des situations les plus en-
viées dans l'industrie française. - A. Dumon-
tier.
——————————
LE SUCCESSEUR DE M. POBlfDONOSSEFF
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 17 novembre.
Le successeur de M. PobiédonossefJ, procu-
reur du synode, sera le comte SchoremeliefJ,
actuellement en mission spéciale auprès du
Saint Siège. Le comte est connu pour ses idées
libérales.
NOUVEAU PORT DE GUERRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier) ,
Berlin, 17 novembre.
On assure que la station de torpilles de
Muerwick, près de Flensbourg, va être agrandie
et transformée on port de guerre.
UN NOUVEAU RADEAU
DE LA MÉDUSE
Les naufragés de 1' « Blingamite ». —
Sur un radeau -Mort horrible. —
Un canot disparu.
- Londres, 17 novembre.
On sait le naufrage du steamer Elingamile,
qui faisait le service entre l'Australie et la Nou-
velle-Zélande. Huit survivants ont été recueil-
lis par le navire de guerre britannique Periguin.
Ils s'étaient réfugiés sur un radeau et avaient
flotté à la dérive pendant près de cinq jours,
sans autre nourriture que deux pommes. Il y
avait au départ, le dimanche, 16 personnes à
bord. La première pomme fut coupée en 16, le
mardi malin. Ce jour-là, 3 hommes affolés
pour avoir bu de l'eau salée, sautèrent par
dessus bord. Le lendemain, 4 autres hommes
moururent de froid et de faim. Le jeudi matin
succomba la seule femme qui fût à bord, une
femme de chambre. Le radeau était si petit que
les naufragés ne pouvaient s'y allonger, si
Crêle qu'il était toujours à demi-enfoncé, et que
chaque vague le balayait d'un bout à l'autre.
Les malheureux avaient le corps constam-
ment dans l'eau jusqu'à la ceinture, et la
moindre vague leur recouvrait les épaules. Ils
avaient toute la chair à vif quand on les re-
cueillit après ces quatre jours dans l'eau sa-
lée. Un seui pouvait encore se tenir assis. Les
autres durent être transportés comme des pa-
quets. L'un d'eux avait mangé son mouchoir
trempé pour tromper sa faim. La plupart ne
peuvent encore parler.
- ■■
GRAND'MÈRE DÉNATURÉE
Une cartonnière, Anna Masson, 20 ans, de-
meurant rue de la Présentation, à Paris, déjà
mère d'un garçonnet de 3 ans, confiait sa fil-
lette âgée de 6 semaines à une gardeuse d'en-
fants, Mme Clémence Vallion, Sente des Cor-
nettes, au Pré Saint-Gervaia. En raison de
certaines difficultés, la gardeuse d'enfants ra-
menait l'enfant à sa grand'mère, Mme Irma
Masion, 65 ans, qui ne voulut pas la recevoir.
Elle fit pire. Elle exposa l'enfant en pleine rue.
La concierge la recueillit et la soigna, mais
elle ne tarda pas à expirer des suites d'une
congestion pulmonaire. M. Marie, commis-
saire de police, a ouvert une enquête. Il a con-
signé à la disposition de la justice la coupable
grand'mère et a envoyé la paUlo vicUmft il la
,Morcuc. QUI fias d'autopsiQ,
A LA CHAMBRE
Les grandes commissions
On a discuté bien longuement pour arriver
à ne pas transformer grand'chose. Il s'agissait
des projets do résolution de MM. Breton; An-
tide Boyer et Vaillant, tendant à la nomination
des grandes commissions.
M. Breton, rapporteur, proposait la nomina-
tion, au débat de chaque législature, de quinze
grandes commissions de 33 membres.
Commission des douanes, commission du travail,
commission d'assurance et de prévoyance sociales,
commission de l'agriculture, commission des tra-
vaux publics, du chemin de fer et des voies de
communication, commission de la réforme judi-
ciaire et de la législation civile et criminelle, com-
mission de l'armée, commission de la marine,
commission des affaires extérieures, des protecto-
rats et des colonies, commission de l'enseignement
et des beaux-arts, commission de l'administration
générale, départementale, communale et des cultes,
commission du commerce et de l'industrie, com-
mission de la législation fiscale, commission de
l'hygiène publique, commission des postes et télé-
graphes.
Chaque député délégué par quinze de sss
collègues qui n'auraient pu donner de déléga-
tions à un autre mandataire — aurait fait de
droit partie d'une des grandes commis-
sions.
M. Lauraine présentait un contre-projet pré-
voyant la nomination au scrutin do liste do
certaines commissions de caractère exclusive-
ment politique.
M. Thiorry combat et la proposition Breton
et la proposition Lauraine. Il est partisan du
maintien du système actuel.
M. Antide Boyer fait au contraire l'éloge du
système de M. Breton.
Par 381 voix contre 179, le premier paragra-
phe do l'article premier de la commission, dé-
cidant la formation do grandes commissions
au début de chaque législature, est adopté.
La Chambre adopte ensuite en principe la
nomination des commissions des douanes,
du travail, d'assurance et de prévoyance so-
ciales.
Un amendement de M. Charles Benoist pour
changer le nom de commission de l'agriculture
en celui de commission des intérêts agricoles,
est repoussé comme saugrenu.
M. Beauquier fait donner à la commission
de l'administration générale, départementale,
communale et des comptes le nom de commis-
sion de décentralisation.
Bref, la Chambre adopte les quinze grandes
commissions prévues par le rapport.
Sur la proposition de M. KlolZ, une com-
mission des économies est créée.
L'ensemble est adopté..
M. Lasies provoque incidemment une dis-
cussion sur la revision de la constitution. Mais
seule une commission spéciale — on en tombe
d'accord — pourrait étudier sérieusement le
problème.
M.Trannoy demande qu'on s'en tienne au
statu quo pour la nomination des commis-
sions.
L'abbé Lemire voudrait que les groupes po-
litiques fussent représentés proportionnelle-
ment au nombre de leurs adhérents dans les
commissions élues au scrutin de liste.
Cet amendement est repoussé.
M. Sembat, après M. Breton, insista en fa-
veur du projet de la commission.
La commission ne repousse pas l'amende-
ment Lauraine prévoyant la nomination au
scrutin de liste de certaines commissions.
Le contre-projet Lauraine est repoussé par
270 voix contre 242.
M. Semhat fait alors adopter une disposition
en vertu do laquelle le scrutin de liste est ap-
plicable aux grandes commissions.
MM. Klotz et Trouin demandent que les com-
missions de l'armée et de l'enseignement soient
éluos au scrutin de liste dans les bureaux.
Après pointage, l'amendement de MM. Klolz
et Trouiu est repoussé par 258 voix contre 256.'
Avant de partir, on apprend que MM. Henri
Michel et Muleau sont élus membres du conseil
supérieur des Sociétés de secours mutuels, avec
171 et 169 suffrages.
Hugues Destrem.
Les Coulisses des Chambres
La commission du budget
La commission du budget a entendu le mi-
nistre des finances accompagné par le direc-
teur général des contributions indirectes qui
lui a fourni des explications sur les proposi-
tions du gouvernement relatives au sucrage des
vins et à la règlementation du privilège des
bouilleurs de crû.
La commission a adopté, par 12 voix contre
8, l'article 18 de la loi de finances, qui est ainsi
conçu :
Nul ne peut se livrer à la distillation de l'alcool
en vue de la production ou du repassage des eaux-
de-vie, esprits et liquides alcooliques de toute na-
ture, sans en avoir préalablement fait la déclara-
tion au bureau de la régie.
La commission a ensuite repoussé, par 11
voix contro 10, une motion additionnelle pré-
sentée par les partisans des bouilleurs de cru
et tendant à dispenser de la déclaration exigée
par l'article 18, les bouilleurs ne produisant pas
annuellement plus de vingt litres d'alcool pur.
Le ministre des finances ayant annoncé qu'il
modifiait l'article 19 de la loi de finances relatif
à la prise en charge, afin d'en préciser les dis-
positions, la commission a ajourné son vote
jusqu'au moment où elle sera saisie du texte
nouveau.
Avant de se séparer, la commission du
budget a décidé d'entendre les ministres dos
finances et de la marine au sujet du pro-
gramme de constructions navales.
Elle a chargé M. Honoré Leygue, rappor-
teur du budget do la marine, de s'assurer que
les commandes lancées par le prédécesseur de
M. Camille Pelletan suivent leurs cours.
Les congrégations
La commission des congrégations a adopté
en principe la proposition de M. Paul Meu-
nier relative aux conditions do sécularisation
des membres des congrégations non auto-
risées. -
- - - - - --
M. Masse a été charge de faire son rapport
provisoire sur cette proposition.
Le traité Iranco-siàmois -'
M. Etienne, président du groupe colonial de
la Chambre, s'est rendu à quetre heures et de-
mie au ministère des affaires étrangères. Son
entretien avec M. Delcassé n'a pas duré moins
de deux heures.
Il venait faire connaître au ministre le
désir du groupe que le projet de traité avec le
Siam ne soit pas déposé sur le bureau de la
Chambre.
M. Etienne a exposé les objections faites à
chacun des articles du traité, objections qui
s'inspirent de la nécessité d'établir la prépon-
dérance française dans le bassin du Mékong et
d'assurer d'une façon complète la sécurité de
l'Indo-Chine.
M. Delcassé a fait un exposé des raisons qui
l'ont décidé à traiter. Il a dit que, depuis dix
ans, la situation s'aggravait de jour en jour au
Siam et qu'on en était arrivé à ce point qu'il
fallait, ou se résoudre à une action énergique
ou traiter. M. Delcassé a préféré le second
système. En échange des avantages concédés
au Siam il est persuadé qu'il en a obtenu pour
la France de très appréciables et que le nou-
veau traité établira entre les deux pays des
relations dont ils profiteront mutuellement.
Dans ces conditions. M. Delcassé a dit qu'il
ne croyait pas pouvoir déférer aux vœux do
groupe colonial.
TROUBLES DANS L'AFGHANISTANJ
(De notre correspondant particulier)
Bombay, 17 novembre.
Le gouvernement anglo-indien a reçu des
nouvelles inquiétantes de l'Afghanistan. Los
frères de l'émir Abeboullah se remuent beau-
coup et cherchent à supplanter celui qu'ils
considèrent toujours comme un usurpateur. 119
auraient réussi à gagnor à leur cause quelques
tribus belliqueuses. Une guerre civile paraîl
imminente.
Le gouvernement anglo-indien a concentré
un corps d'armée non loin de la frontière. On
attend avec impatience l'arrivée de LortJ
Kitchener.
♦ ■ - (
LE SUCCÈS DES If MEMOIRES DE KRuGER".
(De notre correspondant particulier)
Londres, 17 novembre.
L'éditeur anglais des Mémoires de Kruger
dit que le succès de l'ouvrage de l'ex-président
dépasse toutes les espérances. {
Rien que pour satisfaire les demandes ve-
nues des colonies, il a fallu tripler le tirage do
la première édition.
Pour le Cap et le Natal, on a dû faire une
édition spéciale, et une autre pour les lecteurs
anglais sur le continent.
Voir à la 39 page -
les DERNIÈRES DJUPxuCBaa
de la nuit et
la REVUE DES JOURNAUX
du matin
LES MIDINETTES"
Pour les netites ouvrières. - Restau*
rants en plein vent.- Sous la neige
et la pluie. — Une heureuse ini-
tiative.
Midinettes! Le mot est une trouvaille; il esf
fait de midi et de dînette, C'est à midi que le?
jeunes ouvrières prennent le repas qui, fait de.
charcuterie, de fruits en été et de pâtisseries on
hiver, est une vraie dinelle. Avez-vous tra-
versé les squares, parcs ou jardins à l'heure
médiane? Vous les avez vues, nos gentilles fai-
seuses de merveilles, assises en rond, mangeant
de bon appétit, au milieu des rires et des ca.
quetages, gazouillant comme de gais oiseaux
parisiens. Le jardin dos Tuileries, en particu-
lier, est transformé en un vrai restaurant en
plein air. Cela est bien en été, lorsque les
feuilles sont vertes et que le soleil est chaufl;
mais, en hiver, c'est autre chose, et le restau-
rant des pieds humides n'a rien d'agréable. Il
est des jours où le déjeuner en ploin vent est
impossible; la pluie, la neige, la gelée empê-
chent de mettre le couvert autour des arbres.
Alors, c'est la promiscuité malsaine du mar-
chand de vins, le. déjeuner peu hygiénique du
restaurant à très bon marché, la collation sous
les arcades ou à l'abri des portes-cochères où
opèrent les vieux marcheurs.
Tout cela est mauvais pour l'estomac et 4-au.
goreux pour la vertu.
L'envers d'un décret
L'article 8 du décrot du 10 mars 1894 interdit
aux industriels de laisser leurs ouvriers ou
leurs ouvrières prendre leurs repas dans l'ate-
lier. Celle prescription, pourtant si sage, a ses
inconvénients. Elle a été prise par une mesure
d'hygiène qu'on ce saurait blâmer.
Mais il y a la revers de la médaille. Les
petites ouvrières ne sont pas riches et leurs sa-
laires ne leur permettent pas les grosses dé-
penses. Toute la question est là: elle est im-
portante, car elle louche à la santé physique et
morale de ces êtres charmants, frêles et déli-
cats, qui, non seulement sont astreints à un
dur labeur,mais encore en butte aux tentations
de toutes sorles.
Restaurants coopératifs
La Société pour l'éducation sociale s'est émus
decetle grave situation, a rechorché le moyea
d'y remédier et a trouvé la solution du pro-
blème dans la création de restaurants coopéra-
tifs, les Midinettes, qui seront établis dans les
quartiers où travaillent les ouvrières. Notrtr
excellent el vaillant ami, M. Manoury, un des
plus actifs pionniers de l'idée coopérative, est
le promoteur de l'oeuvre. Une commission
d'initiative est, aujourd'hui, nommée ; ellle si
compose de Mme Barthélémy, instilutrice ; M.
E. Briat, membre du conseil supérieur du tra-
vail; M. Ch. Gide, professeur à la faculté do
droit ; M. A. Manoury, bibliothécaire univer-
sitaire; M. le docteur Papillaut, professeur à.
l'école d'anthropologie.
Nous souhaitons bonno chance à cette oeu-
vre philanthropique, si intéressante, et nous es-,
pérons quo les 400 parts do 25 fr., nécessaires
à sa constitution, seront bientôt souscrites, afin-
que bientôt les Midinette s rendent à la popu-
lation ouvrière les services qu'elle attend d'elles.
- Will Darvillé,
——————————— ---
» LES ANGLAIS DANS LE SOMALILAND
Londres, 17 novembre.
Le correspondant du Daily Mail, qui ne.
compagne l'expédition anglaise dans le Soma
liland, télégraphie que le Mullah essaie da
réunir une colonne pour attaquer Bohotte, qui
se trouve à 70 milles. -
D'après des espions capturés, les perles du
Mullah dans le dernier engagement ont été do
150 tués, y compris l'exécuteur du Mullah, et
200 blessés.
DRAME INTIME
A la Varenne-Saint-Hilaire. - Coups
de revolver --
Un drame intime, dont tous les personnages
sont fort connus à Lu Varetine-Saiut-Ililaire,
s'est déroulé la nuit dernière.
Un jeune homme de 23 an3, Frédéric Lam-
bert, demeurant 17, rue Pastourelle, à Paris, se
trouvait à La Varenne-Sainl-Hilaire, avant-
hier soir, et passait avenuo de DonneuiJ, quand
il fut accosté par un maçon qu'il connaissait
très bien, Arthur Pibot, 23 ans, demeurant 28,
rue Violet-Ie-Duc, à La Varenne, Une que-
relle éclata entre les deux hommes pour des
motifs intimes.
Au cours de la discussion, Pibot sortit son
revolver et en menaça Lambert. Ce dernier prit
peur, et, se croyant en état de légitime défenser
sorlit à son tour un revolver chargé que, dans
sa frayeur et dans sa colère, il déchargea à six
reprises sur son advorsaire celui-ci fut atteint
de quatre balles à la tête, à la poitrine et danf
la région lombaire.
Pibot fut transporté aussitôt à son domicile.
pendant que Lambert allait se constituer pri.
sonnier au commissariat do police.
Après un premier interrogatoire, Lambert <
été envoyé au Dépôt, mais il est possible et mê,
me probable qu'il sera bientôt remis OR liberté
provisoire. -
paris a omnrrmmt
--
Cg Nt3fïffê?oT CINQ"CENTIHES
ISHDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
A mois Trois Doit * Six scia On M
l>aris 2fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départen^^8" 2— 6— 41— 20— t
)j~ Postale 3 s 8 - 16- 32
REDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF & of
6, Place de la Bourse, 6
fit AUX BUREAUX du JOURNAL
RÉDACTION 1 44, rue du Ilall
De 4 à 8 heures du soir et de 40 heures du soir à 1 heure du matin
We 11940. — Mercredi 19 Novembre 1902
29 BRUMAIRE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du IlaU
Adresser lettres et mandais à Vadministrateur
NOS LEADERS
RépéiicaînsJiffpÉrialistes
Depuis longtemps les nationalistes ne
s'étaient plus fait entendre dans le pays.
A la Chambre, c'est autre chose. Un tel
silence ne pouvait pas durer. Un parti
qui ne s'affirme pas par de nombreuses
et retentissantes manifestations est
comme s'il n'était pas. Il risque au
moins de laisser croire qu'il a cessé
d'exister, puisqu'on ne parle plus de
lui. De là à la, mort réelle, il n'y a
qu'un pas, et l'opinion publique le lui
fait vite franchir.
M. Jules Lemaitre, toujours fin litté-
rateur, je ne dis pas politique, l'a com-
pris. Il a parlé. Pour ramener l'atten-
tion vers son parti mourant? Peut-
être. Mais ce n'est pas le but avoué. Il
parait que le programme du parti nou-
veau, qu'on a qualifié de « parti sans
nom », probablement parce qu'on pour-
rait les lui donner tous, n'était pas en-
core définitivement arrêté. La néces-
sité de le délimiter d'une façon précise
se Jaisait impérieusement sentir, au
lendemain des élections législatives.
Quelle est donc la mauvaise langue qui
prétendait que la chose avait été faite
avant? A quoi bon cela eût-il servi?
Reconnaissons tout de suite, pour
qu'on ne nous accuse pas de calomnier
le Maître — car c'est bien lui qui a parlé
— que son discours respire le plus pur
républicanisme. Il suffit seulement de
s'entendre sur cek mot. Le brillant aca-
démicien n'aimeras, il est vrai, les
chemins battus. Il tient à se distinguer
du vulgaire. Qu'on ne s'étonne donc
pas que sa conception du régime répu-
blicain diffère quelque peu de l'idée qu'on
s'en fait d'ordinaire. C'est sans doute
ce désir de sortir du commun qui a sur-
pris quelques-uns des convives.
Que tout aille très mal dans la plus
détestable des républiques, ce n'est pas
moi, à coup sûr, qui y contredirai, tant
qu'il y aura une congrégation en France.
Le parti sectaire et jacobin qui nous
gouverne, uniquement composé de juifs
et de francs-maçons — autrefois, on y
ajoutait les protestants — étrangle une
à une toutes les libertés publiques. Li-
berté de réunion, liberté de la presse,
liberté de l'enseignement, liberté de
conscience, est-il une seule de ces liber-
tés, si généreusement octroyées à nos
pères par les régimes monarchiques ou
impérialistes, qui n'ait déjà disparu ou
qui ne soit sur le point de nous être
ravie? Perdus, les moines ligueurs,
charitables, enseignants, d'affaires, si
l'abbe Gayraud ne sauve pas chacune
des congrégations auxquelles ils appar-
tiennent, par la savoureuse lecture, faite
à la tribune de la Chambre, de huit gros
in-folio racontant leur édifiante his-
toire ! Je tremble pour la dernière de
nos libertés, la liberté de la parole. Que
deviendra-t-elle, ce jour-là?
Armée, marine, tout va à vau-l'eau.
Waldeck-Rousseau devenu dieu depuis
qu'il s'est retiré, n'avait pris le pouvoir
que pour désorganiser la défense natio-
nale. André et de Lanessan, humbles
serviteurs des loges, exécutaient les
volontés de l'Internationale rouge.
Combes et Pelletan ne sont que leurs'
continuateurs. N'est-ce pas d'ailleurs
pour assurei" l'esprit de suite dans la
désorganisation de nos forces militaires
et dans la trahison qui la doit couron-
ner, que le général André et Delcassé
sont restés au ministère?Et c'est le mo-
ment que choisit Pelletan, fanfaron,
pour déclarer la guerre à l'Angleterre,
à l'Italie, à l'Allemagne. Il prenait bien
son temps !
Qu'attendre d'un pareil régime ? Le
moins qu'il puisse nous donner, c'est à
coup sûr la guerre civile. Les cléricaux
sauront défendre la liberté contre les ré-
publicains; ils l'ont montré en Breta-
gne. Qu'importe le choix des, armes,
pourvu que le coup porte. au nez ou
ailleurs ! Pour la guerre étrangère, hé-
las ! nous ne sommes plus dignes de la
faire, tant le peuple français et devenu
mou et veule !
Effroyable peinture d'un mal qui
s'étend chaque jour! Mais M. Lemaître
est trop patriote pour nous laisser sous
le coup de cette pénible impression. Le
remède suit de près le mal dans son
discours.
Si nous avons à l'heure actuelle à la
tête de la France, un homme sans ini-
tiative, incapable d'exercer la moindre
influence sur les destinées du pays, ré-
duit à la plus complète impuissance,
quelle que fût d'ailleurs sa bonne vo-
lonté, et pour tout dire d'un mot, un
véritable président soliveau, la faute
en est à cet absurde régime parlemen-
taire qui, en condamnant le Président
de la République à être l'élu du Sénat et
de la Chambre, l'oblige à être le pre-
mier et le plus respectueux serviteur de
ta Constitution et de la loi. Il faut chan-
ger ça.
Par quel système ? Un, littérateur
doublé d'un homme politique aussi avisé
que M. Lemaître n'est pas embarrassé
pour trouver des modèles dans l'histoire.
La France a eu ses hommes providen-
tiels. Napoléon 1er l'a couverte de gloire
— d'autres diraient de sang et de deuil.
Et Napoléon III respecta la liberté et
surtout en usa jusqu'à l'étranglement
de la République » il avait été plébiscité.
C'était le peuple entier qui l'avait nommé
président, mais il se fit empereur tout
seul. Voilà les exemples à imiter. Quant
à Waterloo et à Sedan, il n'y a plus que
les antipatriotes qui en gardent le sou-
venir.
Ce discours-programme n'a pas plu,
paraît-il, à M. Cavaignac ni à quelques
nationalistes de moindre marque présents
au banquet. Ces messieurs sont vrai-
ment bien difficiles ! Libre à eux de ne
pas se reconnaître dans la nouvelle dé-
finition donnée des nationalistes par un
de leurs plusbrillants coryphées.Le pays
ne s'y trompe pas : il y a longtemps
qu'on ne les appelle plus que les « répu-
blicains impérialistes ».
Henri Michel.
Un républicain sûr et laïjorieux
de nos amis, IV1. Henri Micbel,
l'excellent député, veut bien nous
assurer sa collaboration.
Nous publions aujourd'hui son
premier article.
SECULARISATIONS FACÉTIEUSES
Il est certain qu'il reste aux
moines un moyen pour échap-
per à l'application de la loi sur
les associations : ils n'ont qu'à
se faire « séculariser » ; ils
n'ont qu'à se transformer, de
jésuites ou d'assomptionnistes,
en curés, en vicaires ; bref, par un procédé
ou par un autre, il leur suffit d'entrer dans
le clergé paroissial.
Etant donné que les évêques sont en
grande majorité gagnés — de gré ou de
force —à la cause des congrégations, il est
clair que le clergé paroissial sera bientôt
infesté de capucins et de maristes, trans-
formés, revus, mais non corrigés, car le
moine est incorrigible.
C'est à cette situation que remédie une
proposition de M. Paul Meunier.
La proposition dont il s'agit a été exami-
née hier soir avec beaucoup d'intérêt par
la commission des associations. Elle a pour
objet d'interdire aux membres des congré-
gations non autorisées l'accès du clergé pa-
roissial.
En tout cas, la sécularisation d'un mem-
bre d'une congrégation ne pourrait s'effcc
tuer dans le département où était situé l'é-
tablissement auquel il avait appartenu.
La commission a jugé que la proposition
deM. Paul Meunier méritait d'être prise
en sérieuse considération. Un rapport pro-
visoire sera fait par M. Massé.
La commission a jugé nécessaire de con-
naître le sentiment du gouvernement sur
la question. Tout fait penser que le gou-
vernement approuvera la disposition légis-
lative soumise à l'examen de la commis-
sion.
Il est vraisemblable que les cléricaux
vont crier une fois de plus qu'on attente à
la liberté des congréganistes. Comme s'il
y avait jamais un rapport quelconque entre
la liberté et les moines. L'incompatibilité
proposée ne constitue qu'une sûreté très
naturelle prise contre des sécularisations
facétieuses, des sécularisations qui seraient
un moyen de tourner la loi et de reformer
les troupes congréganistes à l'abri de l'ar-
mée des séculiers. Nous entendons nous
débarrasser de la moinerie. Nous ferons le
nécessaire pour cela. — Ch. B.
.»
LE CONGRÈS DES SUCRIËRS-BETTERAVIERS
Hier a eu lieu une réunion préparatoire du
congrès des sucriers-producteurs, cultivateurs
de betteraves, qui doit avoir hier à Compiègne
les 29 et 30 novembre prochain.
MM. Noël, député de Compiègne (Oise) et
Chauvin, député de Seine-et-Marne, ont été
nommés rapporteurs généraux de ce con-
grès.
L'IMPOT SUR LE SUCRE
Une délégation du groupe des députés des dé-
partements sucriers s'est rendue hier chez le
ministre des finances pour lui demander d'ac-
cepter la discussion, avant la fin de la présente
année, de la convention do Bruxelles et de la
réduction de l'impôt sur les sucres, indépen-
damment de toute autre question budgétaire.
.———— ; —————— ————————————
LES ÉLECTIONS
Des élections aux conseils généraux ont eu
lieu dimanche :
1" Dans le Finistère, à Mortaix, M.Briens,
qui s'était déclaré partisan de la loi sur les as-
sociations et qui était soutenu par M. Cloarec,
député, est élu contre M. de Lannurieo, sou-
tenu par le sénateur clérical Pichon..
2° Dans la Dordogne, canton de Belves, le
docteur Capette-Laplene, républicain-radical, a
été élu sans concurrent.
3" Dans la Meuse, canton do Charny, M.
Henry, président do la Société d'agriculture,
libéral, est élu.
Des élections municipales ont eu lieu à Co-
gnac (Charente), pour te renouvellement inté-
gral du conseil municipal. Deux listes étaient
en présence, une républicaine comprenant 21
candidats, et une nationaliste en comprenant21.
La liste républicaine a été élue tout entière. M.
Brisson, ancien matrô do Cognac, arrive en
tête avec 2,420 voix ; le dernier de la liste en
obtient 2,0lJ9. Les six candidats les plus favo-
risés ce la liste nationaliste obtiennent de 1,789
à 1,515 voix; ils sont en ballottage.
»
Les congréganistes français en Grecs
(De notre correspondant particulier)
Athènes, 11 novembre.
Le bruit d'après lequel les jésuites et les con-
gréganistes français auraient l'intention de
s'établir en Grèce, a décidé la Faculté de théo-
logie d'Athènes à faire une démarche auprès
du ministre de l'instruction publique, pour
protester contre.cette invasion noire. Dans un
mémoire rédigé parle professeur Diomidis Ky-
riakos. la Faculté insiste sur les dangers que
comporterait l'établissement des jésuites pour
l'église grecque orthodoxe et pour la nation
hellénique. Elle prie donc le gouvernement de
refuser aux congrégations l'autorisation de s'é-
tabiir ét de fonder des écoles en Grèce. De plus
elle demande une surveillance plus étroite des
écoles catholiques existantes à AUiûaes.TiûOW,
IJiira, Naxos, Corfu* eto. • ■
LES FAUSSES
PIERRES FINES
Une merveilleuse découverte. — Ia
production artificielle du rubis. —
Travaux scientifiques. — La pro-
duction et l'imitation des pierres
précieuses. — Recherches de
M Mr. Ebelmen, Feil, Fremy,
Henrivaux, etc. — Les ré-
sultats obtenus.
Un savant chimiste, M. A. Verneuil, profes-
seur au Muséum, vient de découvrir le moyen
de produire artificiellement le rubis, l'une de
nos plus belles pierres précieuses. On sait que
cette gemme est composée d'alumine et de
chrome ; le problème à résoudre consistait donc
à trouver la manière d'obtenir de l'alumine
pure et renfermant exactement les proportions
d'oxyde de chrome nécessaire pour lui donner
l'aspect et les propriétés du rubis véritable, Or.
c'esten fondant un mélange d'alumine et d'oxyde
de chrome à une température constante de plu-
sieurs milliers de degrés, et par couches su-
perposées do l'extérieur à l'intérieur, afin d'em-
pêcher qu'il ne se produise des craquelures
dans la masse cristalline, que M. Verneuil est
parvenu à créer un magnifique rubis pesant
environ 2gr. 500, et ayant une valeur com-
merciale approximative do 3.000 francs.
Pour atteindre la température excessive in-
dispensable à la réussite de cette opération,
l'habile chimiste a eu recours à un chalumeau
oxhydrique vertical dont la flamme était diri-
gée de haut en bas ; quant à la dureté de la
pierre, il l'a obtenue par une trempe énergique
en supprimant brusquement l'action du chalu-
moau.
Lo rubis de M. A. Verneuil est d'une fluo-
rescenco admirable, grâce à sa grande pureté;
il présente toutes les propriétés physiques du
rubis naturel et peut, comme lui, être taillé
et recevoir un très beau poli.
L'histoire d'une découverte
La découverte que vient de faire M. A. Ver-
neuil avait été tentée à plusieurs reprises, et
depuis longtemps déjà, par nombre de chi-
mistes. Mais, ce n'est que depuis les remarqua-
bles travaux entrepris en 1847par M.Ebelmen,
directeur de la manufacture nationale de ISè-
vres, que l'on est parvenu à imiter les pierres
fines avec une perfection inconnue jusque-là.
M. Gandin, cbimiste distingué et chercheur
infatigable,est un des premiers qui aient obtenu
des imitations de pierres fines ayant l'éclat et
la dureté des cristaux naturels. Nous avons en-
tre les mains un échantillon de saphir, que
nous a gracieusement offert M. Gaudin, et que
le lapidaire qui l'a taillé considérait, vu son
éclat et sa dureté, comme un véritable saphir.
Nous ignorons le procédé qu'employait ce
savant ; nous croyons pouvoir dire seulement
qu'il faisait usage du chalumeau oxhydriquo,
et que, pour obtenir ces belles imitations, il
avait recours à l'alumine, à la magnésie et aux
divers composés chimiques qui entrent dans la
composition des pierres précieuses.
Un peu plus tard, M. Feil, petit fils du célè-
bre opticien H. Guinand, plus heureux que M.
Gaudin, dont, paraîl-il, on aurait surpris et
exploité le secret, est parvenu à fabriquer d'une
manière courante des pierres artificielles d'une
pureté et d'un éclat incomparables. C'est en
combinant d'une façon toute spéciale l'alumine,
la silice, la chaux, certains sois de chrome, de
cobalt, etc., que M. Feil est parvenu à imiter
le rubis, l'émeraude, le saphir, la topaze, l'amé-
thyste, et toutes les gemmes qu'emploient ac-
tuellement les bijoutiers.
Les derniers procédés de fabrication
C'est en reprenant et on poursuivant les re-
marquables travaux faits dans cette voie par
MM. Becquerel, Sainte-Claire-Deville, Caron,
Gaudin, DobrayetHautefeuille, quo MM. Frémy
et Feil ont découvert les procédés nouveaux
qu'ils ont employés « pour produire de l'alu-
mine différemment colorée et cristallisée, c'est-
à-dire du rubis et du saphir en masses suffi-
santes pour être utilisées dans l'horlcgorie et
pour se prêter à la taille des lapidaires ».
Secondés dans leurs recherches par un chi-
misle éminent, M. Henrivaux, MM. Feil et
Frémy, voulant se rapprocher autant que pos-
sible des conditions naturelles qui ont déter-
miné probablement la formation du corindon,
du rubis et du saphir, ont eu recours aux ap-
pareils calorifiques les plus énergiques de l'in-
dustrie, notamment à ceux de la Société de
Saint-Gobain, lesquels leur ont permis d'opé-
rer sur des masses considérables. C'est en
chauffant un aluminate fusible au contact
d'une substance siliceuse quo ces savants sont
parvenus à obtenir do l'alumine cristallisée, et
c'est en ajoutant à un mélange d'alumine et de
minium 2 à 3 pour 100 d9 bichromate de po-
tasso qu'ils ont ou des cristaux en tout sembla-
bles au rubis. Quant au saphtr, nous le pro-
duisons, disent MM. Feil et Frémy, en em-
ployant une petite quantité d'oxyde de cobalt
mélangé à une trace de bichromate de po-
tasse.
Pierres fausses et pierres véritables
Les masses cristallines qui ont été exposées
par ces chimistes sous les yeux de l'Académio
des sciences, en 1878, présentent tous les carac-
tères des cristaux naturels ; les rubis surtout
en ont la composition, l'éclat adamantin, la
dureté, la densité et la forme cristalline.
Se souvenant des travaux de M. Henri Sainte-
Claire Deville et de ceux du professeur Dau-
brée, qui le premier a découvert le rôle impor-
tant que lo fluor a joué, comme minéralisa-
teur, dans la formation des gîtes minéraux et
des silicates, MM. Frémy et Feil ont cherché et
trouvé la manière de produire du dysthène (si-
licate d'alumine) au moyen du fluorure d'alu-
minium et de la silice. Ils ont également ob-
tenu de magnifiques rubis en calcinant un mé-
lange à poids égaux d'alumine et de fluoruro
de baryum additionné de deux ou trois centiè-
mes de bichromate do potasse.
Le fluorure de baryum
En suivant ce môme mode d'opération, c'est-
à-dire en utilisant l'action du fluorure do ba-
ryum sur l'alumine en présence de la silice,
ces savants ont constaté qu'il se produit des
silicates doubles cristallisés, analogues au si-
licate double d'alumine et de baryte dont nous
venons de parler.
« il est probable, disent MM. Feil et Frémy
dans leur mémoire adressé à l'Académie, que
nos expériences, qui donnent en masos consi-
dérables des corps dont la dureté est compa-
rable à celle du rubis naturel, seront utilisées
d'un moment à l'autre par la joaillerie et
même la bijouterie. Le but que nous pour-
suivons dans ce travail est d'ailleurs exclusi-
vement scientifique; nous meltons par consé-
quent dans lo domaine public les faits que
nous avons découverts, et nous serons très
heureux d'apprendre qu'ils ont été appliqués
utilement à l'industrie. » — Alfred de Vaula-
belle.
LES CONGRÉGATIONS
Les évèques et le conseil d'Etat
Contrairement à ce qui a été annoncé, co
n'est pas mercredi que la Consoil d'Etat doit
examiner la poursuite « comme d'abus » diri-
gée contre les 74 évêques signataires de la pe-
lilioa m (aveur des congrégations*.
Nous croyons savoir que la date de l'examen
de cette poursuite n'a pas encore été fixée. Il
est possible que l'affaire no soit pas mise au
rôle du Conseil d'Etat avant la semaine pro-
chaine.
.—-————————— ———————————„
A LA MÉMOIRE DE GRAMME
Au cimetière du Père - Lachaise. —
Une œuvre de Mathurin Moreau. —
Un monument sévère, mais gran-
diose. — Un comité d'ingénieurs
et d'ouvriers électriciens. —
Projet de statue au square
des arts et métiers.
Tout en haut, du cimetière du Père-Lachaise,
sur le plateau qui domine la colline où déjà
reposent, dans le silence de la mort, toutes les
gloires du siècle dernier, s'élève depuis quel-
ques jours un monument d'aspect sévère, mais
dont la majesté du style n'est pas sans vive-
ment impressionner le visiteur, qu'un deuil ré-
cent, qu'un pieux souvenir, attire dans ces pa-
rages.
Erigé par les soins de Mme Gramme, à la
mémoire du célèbre inventeur de la première
dynamo industrielle, ce monument est l'œuvre
de deux artistes do talent dontl'éloge n'est plus
à faire : MM. Mathurin Moreau, l'éminent sta-
tuaire auquel nous devons déjà tant d'oeuvres
d'une finesse exquise et, son fils, le distingué
architecte, si connu par ses élégantes et solides
constructions.
Le monument
L'ensemble du monument a tous les carac-
tères de l'architecture grecque ancienne. Pas
de cannelures ni de volutes, un simple tore
garni do chêne et do laurier ce qui lui donne
un aspect sévère mais calme.
On peut s'imaginer un grand partorre rec-
tangulaire qui ne mesure pas moins de 18
mètres de superficie, entouré de corbeilles tail-
lées dans le granit et destinées à recevoir les
fleurs faisant partie de la décoration ; autour
une grille basse on bronze massif ; au centre
une pierre tombale en granit rouge; en arrière
un piédestal haut de 2 mètres sur lequel l'ar-
tiste a représenté l'inventeur assis, dans une
pose familièra, cherchant,méditant sur l'oeuvre
qui devait couronner sa vie. la dynamo vérita-
blement industrielle.
Certes les grandes lignes horizontales de ce
monument forment une perspective un peu
sèche, mais les plans inclinés du cénotaphe, le
piédestal élevé, bien en rapport avec l'oeuvre
du statuaire, rompent la monotonie, sans rien
ôtor de sa majesté au style du monument.
Destiné à l'homme froid, calme, posé qu'é-.
tait Gramme, il fallait, ici, reproduire aussi fi-
dèlement que possible, par un ensemble de
lignes grandes et larges, l'image, le caractère
du défunt, ce que n'auraient pu rendre, ni les
arceaux romains, ni les ogives du gothiquo.
C'est donc, dams son ensemble, un monument
digne des deux artistes etdu savant électricien.
C'est une œuvre grandiose qui, nous en
sommes convaincus, sera vivement admirée,
autant par sa simplicité que par son expression
vraie, toujours si difficile à rendre.
Un autre monument
Et puisque nous parlons du regretté inven-
teur, nous ne pensons pas commettre d'indis-
crélion en faisant connaître aux nombreux
amis qu'ii possédait, qu'un comité, composé
d'ingénieurs et d'ouvriers électriciens, vient do
se constituer dans le but d'élever, à l'inven-
teur de la dynamo, un monument public sur
l'une des places de Paris.
Selon toute vraisemblance, ca nouveau mo-
nument, déjà confié aux mêmes artistes, sera
érigé au square dEs Arls-et-Métiers.
On ne saurait choisir meilleur emplacement.
Quel plus bel exemple, en effet, pour nos fu-
turs ingénieurs, que l'imago do ce travailleur
assidu qui, de simple ouvrier électricien, a su,
par sa persévérance, son intelligonce, son acti-
vité, arriver à une des situations les plus en-
viées dans l'industrie française. - A. Dumon-
tier.
——————————
LE SUCCESSEUR DE M. POBlfDONOSSEFF
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 17 novembre.
Le successeur de M. PobiédonossefJ, procu-
reur du synode, sera le comte SchoremeliefJ,
actuellement en mission spéciale auprès du
Saint Siège. Le comte est connu pour ses idées
libérales.
NOUVEAU PORT DE GUERRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier) ,
Berlin, 17 novembre.
On assure que la station de torpilles de
Muerwick, près de Flensbourg, va être agrandie
et transformée on port de guerre.
UN NOUVEAU RADEAU
DE LA MÉDUSE
Les naufragés de 1' « Blingamite ». —
Sur un radeau -Mort horrible. —
Un canot disparu.
- Londres, 17 novembre.
On sait le naufrage du steamer Elingamile,
qui faisait le service entre l'Australie et la Nou-
velle-Zélande. Huit survivants ont été recueil-
lis par le navire de guerre britannique Periguin.
Ils s'étaient réfugiés sur un radeau et avaient
flotté à la dérive pendant près de cinq jours,
sans autre nourriture que deux pommes. Il y
avait au départ, le dimanche, 16 personnes à
bord. La première pomme fut coupée en 16, le
mardi malin. Ce jour-là, 3 hommes affolés
pour avoir bu de l'eau salée, sautèrent par
dessus bord. Le lendemain, 4 autres hommes
moururent de froid et de faim. Le jeudi matin
succomba la seule femme qui fût à bord, une
femme de chambre. Le radeau était si petit que
les naufragés ne pouvaient s'y allonger, si
Crêle qu'il était toujours à demi-enfoncé, et que
chaque vague le balayait d'un bout à l'autre.
Les malheureux avaient le corps constam-
ment dans l'eau jusqu'à la ceinture, et la
moindre vague leur recouvrait les épaules. Ils
avaient toute la chair à vif quand on les re-
cueillit après ces quatre jours dans l'eau sa-
lée. Un seui pouvait encore se tenir assis. Les
autres durent être transportés comme des pa-
quets. L'un d'eux avait mangé son mouchoir
trempé pour tromper sa faim. La plupart ne
peuvent encore parler.
- ■■
GRAND'MÈRE DÉNATURÉE
Une cartonnière, Anna Masson, 20 ans, de-
meurant rue de la Présentation, à Paris, déjà
mère d'un garçonnet de 3 ans, confiait sa fil-
lette âgée de 6 semaines à une gardeuse d'en-
fants, Mme Clémence Vallion, Sente des Cor-
nettes, au Pré Saint-Gervaia. En raison de
certaines difficultés, la gardeuse d'enfants ra-
menait l'enfant à sa grand'mère, Mme Irma
Masion, 65 ans, qui ne voulut pas la recevoir.
Elle fit pire. Elle exposa l'enfant en pleine rue.
La concierge la recueillit et la soigna, mais
elle ne tarda pas à expirer des suites d'une
congestion pulmonaire. M. Marie, commis-
saire de police, a ouvert une enquête. Il a con-
signé à la disposition de la justice la coupable
grand'mère et a envoyé la paUlo vicUmft il la
,Morcuc. QUI fias d'autopsiQ,
A LA CHAMBRE
Les grandes commissions
On a discuté bien longuement pour arriver
à ne pas transformer grand'chose. Il s'agissait
des projets do résolution de MM. Breton; An-
tide Boyer et Vaillant, tendant à la nomination
des grandes commissions.
M. Breton, rapporteur, proposait la nomina-
tion, au débat de chaque législature, de quinze
grandes commissions de 33 membres.
Commission des douanes, commission du travail,
commission d'assurance et de prévoyance sociales,
commission de l'agriculture, commission des tra-
vaux publics, du chemin de fer et des voies de
communication, commission de la réforme judi-
ciaire et de la législation civile et criminelle, com-
mission de l'armée, commission de la marine,
commission des affaires extérieures, des protecto-
rats et des colonies, commission de l'enseignement
et des beaux-arts, commission de l'administration
générale, départementale, communale et des cultes,
commission du commerce et de l'industrie, com-
mission de la législation fiscale, commission de
l'hygiène publique, commission des postes et télé-
graphes.
Chaque député délégué par quinze de sss
collègues qui n'auraient pu donner de déléga-
tions à un autre mandataire — aurait fait de
droit partie d'une des grandes commis-
sions.
M. Lauraine présentait un contre-projet pré-
voyant la nomination au scrutin do liste do
certaines commissions de caractère exclusive-
ment politique.
M. Thiorry combat et la proposition Breton
et la proposition Lauraine. Il est partisan du
maintien du système actuel.
M. Antide Boyer fait au contraire l'éloge du
système de M. Breton.
Par 381 voix contre 179, le premier paragra-
phe do l'article premier de la commission, dé-
cidant la formation do grandes commissions
au début de chaque législature, est adopté.
La Chambre adopte ensuite en principe la
nomination des commissions des douanes,
du travail, d'assurance et de prévoyance so-
ciales.
Un amendement de M. Charles Benoist pour
changer le nom de commission de l'agriculture
en celui de commission des intérêts agricoles,
est repoussé comme saugrenu.
M. Beauquier fait donner à la commission
de l'administration générale, départementale,
communale et des comptes le nom de commis-
sion de décentralisation.
Bref, la Chambre adopte les quinze grandes
commissions prévues par le rapport.
Sur la proposition de M. KlolZ, une com-
mission des économies est créée.
L'ensemble est adopté..
M. Lasies provoque incidemment une dis-
cussion sur la revision de la constitution. Mais
seule une commission spéciale — on en tombe
d'accord — pourrait étudier sérieusement le
problème.
M.Trannoy demande qu'on s'en tienne au
statu quo pour la nomination des commis-
sions.
L'abbé Lemire voudrait que les groupes po-
litiques fussent représentés proportionnelle-
ment au nombre de leurs adhérents dans les
commissions élues au scrutin de liste.
Cet amendement est repoussé.
M. Sembat, après M. Breton, insista en fa-
veur du projet de la commission.
La commission ne repousse pas l'amende-
ment Lauraine prévoyant la nomination au
scrutin de liste de certaines commissions.
Le contre-projet Lauraine est repoussé par
270 voix contre 242.
M. Semhat fait alors adopter une disposition
en vertu do laquelle le scrutin de liste est ap-
plicable aux grandes commissions.
MM. Klotz et Trouin demandent que les com-
missions de l'armée et de l'enseignement soient
éluos au scrutin de liste dans les bureaux.
Après pointage, l'amendement de MM. Klolz
et Trouiu est repoussé par 258 voix contre 256.'
Avant de partir, on apprend que MM. Henri
Michel et Muleau sont élus membres du conseil
supérieur des Sociétés de secours mutuels, avec
171 et 169 suffrages.
Hugues Destrem.
Les Coulisses des Chambres
La commission du budget
La commission du budget a entendu le mi-
nistre des finances accompagné par le direc-
teur général des contributions indirectes qui
lui a fourni des explications sur les proposi-
tions du gouvernement relatives au sucrage des
vins et à la règlementation du privilège des
bouilleurs de crû.
La commission a adopté, par 12 voix contre
8, l'article 18 de la loi de finances, qui est ainsi
conçu :
Nul ne peut se livrer à la distillation de l'alcool
en vue de la production ou du repassage des eaux-
de-vie, esprits et liquides alcooliques de toute na-
ture, sans en avoir préalablement fait la déclara-
tion au bureau de la régie.
La commission a ensuite repoussé, par 11
voix contro 10, une motion additionnelle pré-
sentée par les partisans des bouilleurs de cru
et tendant à dispenser de la déclaration exigée
par l'article 18, les bouilleurs ne produisant pas
annuellement plus de vingt litres d'alcool pur.
Le ministre des finances ayant annoncé qu'il
modifiait l'article 19 de la loi de finances relatif
à la prise en charge, afin d'en préciser les dis-
positions, la commission a ajourné son vote
jusqu'au moment où elle sera saisie du texte
nouveau.
Avant de se séparer, la commission du
budget a décidé d'entendre les ministres dos
finances et de la marine au sujet du pro-
gramme de constructions navales.
Elle a chargé M. Honoré Leygue, rappor-
teur du budget do la marine, de s'assurer que
les commandes lancées par le prédécesseur de
M. Camille Pelletan suivent leurs cours.
Les congrégations
La commission des congrégations a adopté
en principe la proposition de M. Paul Meu-
nier relative aux conditions do sécularisation
des membres des congrégations non auto-
risées. -
- - - - - --
M. Masse a été charge de faire son rapport
provisoire sur cette proposition.
Le traité Iranco-siàmois -'
M. Etienne, président du groupe colonial de
la Chambre, s'est rendu à quetre heures et de-
mie au ministère des affaires étrangères. Son
entretien avec M. Delcassé n'a pas duré moins
de deux heures.
Il venait faire connaître au ministre le
désir du groupe que le projet de traité avec le
Siam ne soit pas déposé sur le bureau de la
Chambre.
M. Etienne a exposé les objections faites à
chacun des articles du traité, objections qui
s'inspirent de la nécessité d'établir la prépon-
dérance française dans le bassin du Mékong et
d'assurer d'une façon complète la sécurité de
l'Indo-Chine.
M. Delcassé a fait un exposé des raisons qui
l'ont décidé à traiter. Il a dit que, depuis dix
ans, la situation s'aggravait de jour en jour au
Siam et qu'on en était arrivé à ce point qu'il
fallait, ou se résoudre à une action énergique
ou traiter. M. Delcassé a préféré le second
système. En échange des avantages concédés
au Siam il est persuadé qu'il en a obtenu pour
la France de très appréciables et que le nou-
veau traité établira entre les deux pays des
relations dont ils profiteront mutuellement.
Dans ces conditions. M. Delcassé a dit qu'il
ne croyait pas pouvoir déférer aux vœux do
groupe colonial.
TROUBLES DANS L'AFGHANISTANJ
(De notre correspondant particulier)
Bombay, 17 novembre.
Le gouvernement anglo-indien a reçu des
nouvelles inquiétantes de l'Afghanistan. Los
frères de l'émir Abeboullah se remuent beau-
coup et cherchent à supplanter celui qu'ils
considèrent toujours comme un usurpateur. 119
auraient réussi à gagnor à leur cause quelques
tribus belliqueuses. Une guerre civile paraîl
imminente.
Le gouvernement anglo-indien a concentré
un corps d'armée non loin de la frontière. On
attend avec impatience l'arrivée de LortJ
Kitchener.
♦ ■ - (
LE SUCCÈS DES If MEMOIRES DE KRuGER".
(De notre correspondant particulier)
Londres, 17 novembre.
L'éditeur anglais des Mémoires de Kruger
dit que le succès de l'ouvrage de l'ex-président
dépasse toutes les espérances. {
Rien que pour satisfaire les demandes ve-
nues des colonies, il a fallu tripler le tirage do
la première édition.
Pour le Cap et le Natal, on a dû faire une
édition spéciale, et une autre pour les lecteurs
anglais sur le continent.
Voir à la 39 page -
les DERNIÈRES DJUPxuCBaa
de la nuit et
la REVUE DES JOURNAUX
du matin
LES MIDINETTES"
Pour les netites ouvrières. - Restau*
rants en plein vent.- Sous la neige
et la pluie. — Une heureuse ini-
tiative.
Midinettes! Le mot est une trouvaille; il esf
fait de midi et de dînette, C'est à midi que le?
jeunes ouvrières prennent le repas qui, fait de.
charcuterie, de fruits en été et de pâtisseries on
hiver, est une vraie dinelle. Avez-vous tra-
versé les squares, parcs ou jardins à l'heure
médiane? Vous les avez vues, nos gentilles fai-
seuses de merveilles, assises en rond, mangeant
de bon appétit, au milieu des rires et des ca.
quetages, gazouillant comme de gais oiseaux
parisiens. Le jardin dos Tuileries, en particu-
lier, est transformé en un vrai restaurant en
plein air. Cela est bien en été, lorsque les
feuilles sont vertes et que le soleil est chaufl;
mais, en hiver, c'est autre chose, et le restau-
rant des pieds humides n'a rien d'agréable. Il
est des jours où le déjeuner en ploin vent est
impossible; la pluie, la neige, la gelée empê-
chent de mettre le couvert autour des arbres.
Alors, c'est la promiscuité malsaine du mar-
chand de vins, le. déjeuner peu hygiénique du
restaurant à très bon marché, la collation sous
les arcades ou à l'abri des portes-cochères où
opèrent les vieux marcheurs.
Tout cela est mauvais pour l'estomac et 4-au.
goreux pour la vertu.
L'envers d'un décret
L'article 8 du décrot du 10 mars 1894 interdit
aux industriels de laisser leurs ouvriers ou
leurs ouvrières prendre leurs repas dans l'ate-
lier. Celle prescription, pourtant si sage, a ses
inconvénients. Elle a été prise par une mesure
d'hygiène qu'on ce saurait blâmer.
Mais il y a la revers de la médaille. Les
petites ouvrières ne sont pas riches et leurs sa-
laires ne leur permettent pas les grosses dé-
penses. Toute la question est là: elle est im-
portante, car elle louche à la santé physique et
morale de ces êtres charmants, frêles et déli-
cats, qui, non seulement sont astreints à un
dur labeur,mais encore en butte aux tentations
de toutes sorles.
Restaurants coopératifs
La Société pour l'éducation sociale s'est émus
decetle grave situation, a rechorché le moyea
d'y remédier et a trouvé la solution du pro-
blème dans la création de restaurants coopéra-
tifs, les Midinettes, qui seront établis dans les
quartiers où travaillent les ouvrières. Notrtr
excellent el vaillant ami, M. Manoury, un des
plus actifs pionniers de l'idée coopérative, est
le promoteur de l'oeuvre. Une commission
d'initiative est, aujourd'hui, nommée ; ellle si
compose de Mme Barthélémy, instilutrice ; M.
E. Briat, membre du conseil supérieur du tra-
vail; M. Ch. Gide, professeur à la faculté do
droit ; M. A. Manoury, bibliothécaire univer-
sitaire; M. le docteur Papillaut, professeur à.
l'école d'anthropologie.
Nous souhaitons bonno chance à cette oeu-
vre philanthropique, si intéressante, et nous es-,
pérons quo les 400 parts do 25 fr., nécessaires
à sa constitution, seront bientôt souscrites, afin-
que bientôt les Midinette s rendent à la popu-
lation ouvrière les services qu'elle attend d'elles.
- Will Darvillé,
——————————— ---
» LES ANGLAIS DANS LE SOMALILAND
Londres, 17 novembre.
Le correspondant du Daily Mail, qui ne.
compagne l'expédition anglaise dans le Soma
liland, télégraphie que le Mullah essaie da
réunir une colonne pour attaquer Bohotte, qui
se trouve à 70 milles. -
D'après des espions capturés, les perles du
Mullah dans le dernier engagement ont été do
150 tués, y compris l'exécuteur du Mullah, et
200 blessés.
DRAME INTIME
A la Varenne-Saint-Hilaire. - Coups
de revolver --
Un drame intime, dont tous les personnages
sont fort connus à Lu Varetine-Saiut-Ililaire,
s'est déroulé la nuit dernière.
Un jeune homme de 23 an3, Frédéric Lam-
bert, demeurant 17, rue Pastourelle, à Paris, se
trouvait à La Varenne-Sainl-Hilaire, avant-
hier soir, et passait avenuo de DonneuiJ, quand
il fut accosté par un maçon qu'il connaissait
très bien, Arthur Pibot, 23 ans, demeurant 28,
rue Violet-Ie-Duc, à La Varenne, Une que-
relle éclata entre les deux hommes pour des
motifs intimes.
Au cours de la discussion, Pibot sortit son
revolver et en menaça Lambert. Ce dernier prit
peur, et, se croyant en état de légitime défenser
sorlit à son tour un revolver chargé que, dans
sa frayeur et dans sa colère, il déchargea à six
reprises sur son advorsaire celui-ci fut atteint
de quatre balles à la tête, à la poitrine et danf
la région lombaire.
Pibot fut transporté aussitôt à son domicile.
pendant que Lambert allait se constituer pri.
sonnier au commissariat do police.
Après un premier interrogatoire, Lambert <
été envoyé au Dépôt, mais il est possible et mê,
me probable qu'il sera bientôt remis OR liberté
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