Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-10-18
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 octobre 1902 18 octobre 1902
Description : 1902/10/18 (N11908). 1902/10/18 (N11908).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
«IN© G 32 "X113VT Eî S l© 3STtirxiëro7
PARIS & DÉPARTEMENTS'
,*ï© Numèw; CÏNQ CENTIMES
fONDATEUR AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un mois Trois mois Six mois Un à
Paris 2fr. 5fr. 9fr. 48 fr.
Dépa.rtamen"tIJ.. 2— 6 — 41— 20 —
Wk Postai». 3 — 46— 32-»
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CER? & Cl*
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAl.
RÉDACTION * i l, rue du Mail
'De 4 à 8 heures du soir el de iO heures du soir à 1 heure"du malin
No 11908. — Samedi 18 Octobre 1902
27 VENDEMIAIRE AN 111
ADMINISTRATION; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
■ NOS LEADERS .;.c,
a m f
On nous reproche de n'avoir pas de
« doctrine » (1). C'est peut-être parce
que nous n'acceptons aucun dogme. Les
radicaux-socialistes constituent, il est
vrai, le moins doctrinaire de tous les
partis. C'est notre force, en même temps
que c'est notre originalité, voire \— qui
sait — notre raison d'être.
Notre pensée est éclectique : est-elle
incohérente ? Beaucoup de nos amis se
réclament de la philosophie positive, de
la sociologie d'Auguste Comte; M. Léon
Bourgeois développe, de façon distin-
guée, sa conception solidariste de l'uni-
ivers ; notre éminent ami et collabora-
teur, J.-L. de Lanessan, trouve dans la
science les éléments d'une philosophie
altruiste; nombrederépublicains souhai-
tent que l'enseignement, en France, se
ilbase sur les idées exposées par Guyan
dans son Esquisse d'une morale sans
obligation ni sanction.
De sorte que si l'on peut nier qu'il y
,;ait « une idée » radicale et radicale-so-
cialiste, on ne saurait contester que no-
tre parti remue beaucoup d'idées. Et ces
idées sont parentes, logiquement re-
liées, jaillissent de sources auxquelles
il est facile de remonter, nous mènent
des résultats que nous sommes una-
nimes à accepter et à vouloir.
Pourtant, tout cela, dit-on, ne forme
'pas une doctrine. C'est vrai, c'est heu-
reusement vrai. Qu'est-ce qu'une doc-
trine? C'est un ensemble d'idées géné-
rales, qui se figent.
Parfois, la pensée humaine cesse d'ê-
tre vive, alerte, libre ; elle semble se cou-
vrir de glace ; elle acquiert la beauté de
l'immobilité. Elle plairait ainsi à Bau-
delaire qui écrivit le vers célèbre :
Je hais le mouvement qui déplace les lignes.
! Alors, on croit à la rigidité des
systèmes, à l'absolu des combinaisons
raisonneuses; les sociologues emprun-
,tent le langage des géomètres, posent
des axiomes, développent des théorè-
mes, les ornent de corollaires.
Gare à la débâcle. Elle se produit au
moindre souffle de chaleur ; ce qui pa-
raissait éternel se fond en un instant;
ce qui semblait arrêté pour toujours se
met en marche; les contours qu'on
avait cru définitifs modifient leurs cour-
bes et leurs angles.
***
Combien nous en avons vu de ces dé-
bâcles de doctrines ! L'économie poli-
tique classique, individualiste, si belle,
si harmonieuse, si élégante pourtant,
s'est disloquée dans le mouvement où
l'a emportée l'évolution universelle
qu'elle avait ignorée d'abord et qu'elle
avait méconnue ensuite ; le marxisme,
qui avait assez bien compris cette évo-
lution, mais qui avait voulu l'endiguer
étroitement et la canaliser voit son œu-
vre débordée et submergée aujourd'hui
par la réalité.
Par suite, le parti libéral est réduit à
un vague opportunisme, à un simple
empirisme économique, et le parti so-
cialiste, avec Bernstein en Allemagne,
avec Jaurès en France, lutte pour ren-
dre à l'auto-critique la prépondérance
sur le dogmatisme de la première pé-
riode collectiviste.
Pendant que nous assistons à ces
crises morales et intellectuelles chez nos
voisins, le parti radical-socialiste gran-
dit, se développe, ouvre ses rangs à
des militants de plus en plus nombreux,
;prend le pouvoir et l'occupe de façon
si active que la surenchère électorale
est impuissante à affoler une démocra-
tie dont l'impatience pourtant est évi-
dente et légitime.
Ce succès est-il un effet du hasard ? Je
ne le crois pas. Nous n'avons pas de
doctrine, disent nos adversaires. Mais
jnous avons une méthode, ce qui vaut
infiniment mieux : et cette méthode
est celle de la science moderne, c'est la
méthode d'expérience et d'observation.
Quand une difficulté se présente, nous
ne cherchons pas à la résoudre à priori,
par l'application de principes antérieu-
rement déterminés. Nous ne cherchons
pas dans une bible politique, économi-
que, sociologique, le verset qui corres-
pond plus ou moins heureusement à
une situation quelconque.
Etant donnée une question à résou-
dre, nous en analysons les divers
éléments, nous cherchons à distinguer
la véritable nature de ces éléments ; l'é-
tude historiqne nous apprend comment
une situation s'est produite; si le pro-.
blême qui nous occupe est d'un ordre
un peu particulier, nous ne négligeons
pas les avis des spécialistes : bref nous
ouvrons l'enquête la plus large et la
plus minutieuse. De sorte que les faits
mis commandent nos résolutions.
***
Les partis à doctrine, les partie dog-
matiques sont forcés de vieillir, de mou-
rir promptement. Tel n'est pas notre
cas. La méthode scientifique n'est assu-
rément pas près d'être mise au rebut.
Dira-t-on que cette méthode peut s'amé-
liorer, se transformer ? Soit. Améliorée,
(1) « Doctrine», dit le dictionnaire Larousse:
système de dogmes. C'est dans ce sens quejc
prends le mot, car autrement, je sais que J u-
! nité des conceptions poMiques prcparû iâ lo-
; gique des réalisation». -
transformée, elle nous sera plus chère
encore, elle nous rendra des services
plus importants que jamais.
Et notre programme ? Nous le tra-
vaillons, nous le reforgeons, nous le
modernisons, non dans son esprit tra-
ditionnel, qui est celui du vieux parti
républicain, mais dans les détails. Nous
savons que les divers articles de ce pro-
gramme entrent forcément en applica-
tion à mesure qu'ils correspondent avec
plus d'exactitude à la réalité des cho-
ses.
Voyez la question de la liberté d'en-
seignement, hier menaçante, grosse de
complications et de divisions. Aujour-
d'hui, l'accord s'est fait dans la démo-
cratie.
Le droit:de l'en fant protégé par l'Etat,
telle est la formule à laquelle le congrès
de Lyon s'est unanimement rallié, com-
me en témoigne la Déclaration due à
Charles Bos.
JPar quel procédé a-t-on trouvé une
formule heureuse, commode à traduire
en texte législatif? G. Hubbard, je crois,
!e disait bien l'autre jour: on a consulté
les spécialistes,les maîtres de l'enseigne-
ment, la Ligue de l'Enseignement, la So-
ciété Condorcet, le Régime laïque et les
autres groupements qui s'occupent de
l'école.
La méthode scientifique, positive, a
fait ses preuves là comme ailleurs.
C'est à cette méthode que le parti ra-
dical-socialiste, qu'on enterrait gaie-
ment chaque matin depuis dix ans, doit
d'être la plus vivante, la plus agissante,
bref la plus jeune des grandes organi-
sations politiques françaises.
Hugues Destrem.
UN PARTI COUPE EN DEUX
Il s'agit du parti progressiste.
Un beau et habile discours de
M. Jonnart, ancien gouverneur
général de l'Algérie, y a suffi.
Il est, du reste, incontestable
que M. Jonnart a traduit la
pensée, encore inavouée, d'un
certain nombre d'amis de MM. Ribot et
Méline, navrés de la politique de leurs
chefs. Ceux qui ne leur pardonnent pas de
défendre la congrégationsuivront le député
du Pas-de Calais, dans une évolution pré
vue et escomptée d'ailleurs par nous depuis
quelques jours.
Aux applaudissements du parti républi-
cain tout entier, en face du centre muet et
consterné, au milieu des hurlements de la
droite, M. Jonnart a, pendant une demi-
heure, fouaillé les ralliés et les cléricaux,
rappelé les droits souverains du pouvoir
civil, invoqué rnême les paroles, déjà loin-
taines, du pape actuel. Cette allusion à l'an-
cienne politique pontificale a permis aux
républicains de se réjouir un moment de
la fureur des soi-disants députés catholi-
ques. Est-ce que ceux-ci ne se sont pas
permis d'injurier le pape comme un simple
franc-maçon et de lui dire tout net qu'il s'est
mêlé de ce qui ne le regardait pas ?
Au nombre des cléricaux les plus irrités
des paroles de M. Jonnart,il faut surtoutei-
ter MM. de Mun et Cochin, les deux hom-
mes les plus considérables de la droite. A
la vérité, ils écumaient. Ah ! le pape passe
un singulier quart d'heure avec le hau-
tain gentilhomme qui massacrait sans re-
mords les républicains de 1871 et le député
de Paris dont la courtoisie habituelle cache
une âme de congréganiste forcené et im-
pitoyable. Après tout ce n'est pas à nous
de nous en plaindre. MM. de Mun et Co-
chin ont montré hier qu'ils se soucient peu
du sentiment religieux et dès intérêts de
leur religion. Ils défendent les congréga-
tions par ce que c'est par elles, par leur
argent, par leur propagande, qu'ils espè-
rent restaurer la monarchie.
La force du discours de M. Jonnart réside
dans sa modération et dans le choix heu-
reux des expressions. Il n'a pas épargné les
critiques au gouvernement,et nous ne nous
élevons pas à ce sujet contre lui, car nous
sentons admirablement qu'un modéré ne
peut parler sur une matière aussi impor-
tante comme un radical-socialiste. D'ail-
leurs, les critiques importent peu, du mo-
ment que M. Jonnart se déclare partisan
résolu des droits de l'Etat laïque, reconnaît
que le gouvernement a le devoir impérieux
d'appliquer la loi, flétrit les congrégations
transformées en comités politiques, flagelle
ces politiciens, ces congréganistes et ces
manifestants de Bretagne dont « la stratégie
ultra moderne a fait la joie des salons ». -
Il y a mieux encore. M. Jonnart a fait,
dans un langage élevé, un vibrant appel à
l'union de tous les républicains fils de la
Révolution. Il a conseillé à tous de ne se
souvenir que du patrimoine commun et des
idées qui les rassemblent. Il nous a entre-
tenus de ces questions sociales, économi-
ques et politiques que nous devons résou-
dre. L'influence du congrès de Lyon s'est
donc fait sentir sur son esprit, car c'est la
politique même du bloc républicain que
nous avons recommandée à Lyon qu'il
nous a fait entrevoir. Donc, tant pis pour
les progressistes qui n'auront pas voulu
entendre ses exhortations éloquentes ! —
Ch. B.
——————————— ip ———————————.
L'ARBITRAGE INTERNATIONAL
M. d'Estournelles, député de la Sarthe, a
écrit au ministre des affaires étrangères pour
lui annoncer son intention de lui poser une
question relativement à la sentence que vient
de rendre la cour d'arbitrage de La Haye entre
les Etats-Unis et le Mexique.
M. d'Estournelles demande que la France
soil la première en Europe à imiter l'exemple
des gouvernements américains, en utilisant le
nouveau tribunal d'arbitrage.
——
LES CHARTREUX REPOUSSES D'AUTRICHE
(De noire correspondant particulier)
- , Vionne, 16 oclohre.
Le ministre de l'instruction publique a refusé
aux chartreux français rauorisaUoo de $. éla-
Jblif à YÛQB& f -- ._-
UN PALAIS
DEMOCRATIQUE
Le palais du travail. — Inachèvement
des travaux. — Approbation du
gouvernement. — Vote du Sé-
nat. — Pour les associa-
tions ouvrières.
Alors que la fièvre de l'Exposition s'était
emparée de tous les agents et qu'il ne restait
plus que quelques mois avant l'ouverture de
la grande kermesse internationale, un groupe
de coopérateurs et de travailleurs syndiqués
eut l'idée d'édifier un palais affecté aux expo-
sitions ouvrières des organisations coopérati-
ves et syndicales.
Les subventions demandées furent accordées
et biontôt, sur la place Dupleix, les fondations
sortirent de terre. Mais, par suite d'une série
de fâcheuses circonstances,l'argent vint à man-
quer et, en décembre 1900, les derniers ou-
vriers furent congédiés, l'édifice restant ina-
chevé.
Démarches et pourparlers
La Commission exécutive du Palais du tra-
vail ne perdit pas courage, elle demanda des
subsides aux organisations syndicales, aux
coopératives. Elle fit des démarches auprès de
MM. Waldeck-Rousseau, président du Conseil,
et Millerand, ministre du commerce, qui, re-
connaissant l'utilité pour la démocratie ou-
vrièro de voir se terminer une telle construc-
tion, promirent de proposer un crédit au Parle-
ment. --,
Une seule condition était mise, c'était celle
de présenter une nouvelle organisation admi-
nistrative sérieuse afin que les erreurs d'antan
ne fussent pas commises à nouveau.
La commission estima que la « Chambre con-
sultative des associations ouvrières » était
mieux à môme que personne de fournir cette
garantie, el s'adressa à elle. -
On discuta les projets, on examina les dettes
passées, et enfin l'on se mit d'accord.
Le gouvernement, certain que l'œuvre était
en -de bonnes mains, présenta une demande de
crédits de 300.000 fr. demande qui fut votée
le 10 juillet dernier,à la Chambre, à une forte
majorité.
Dès le lendemain, le Sénat recevait la pro-
position, là discutait, mais ne la votait pas.
Les sénateurs, hommes pondérés, prudents,
ne voulaient pas accorder de l'argent sans sa-
voir exactement quel usage on en ferait. Le
rapporteur, M. Antonin Dubost, déclarait qu'il
ne s'agissait nullement « de prendre une atti-
tude d'hostilité à l'égard de cette œuvrCl> mais
qu'il réclamait le renvoi à une commission
spéciale pour permettre l'examon plus appro-
fondi du projet.
Les choses en sont là, le Sénat est rentré, il
ne montrera plus cette fois, j'en suis certain,
aucune hésitation.
Œuvre utlle et nécessaire
En raison même de l'émancipation de la
classe ouvrière qui se développe chaque jour,
l'édification d'un tel édifice parait indispensa-
ble.
C'est là, en effet, que, dans une exposition
permanente, modifiée à chaque instant suivant
les progrès accomplis, se trouveraient présen-
tés au public les produits dos associations ou-
vrières. C'est là que les étrangers viendraient
comparer ces produits avec-ceux des groupe-
ments similaires qui existent chez eux. -
C'est là aussi que l'on formerait une véritable
université coopérative.
Les doctrines de la coopération sont actuel-
lement entrées dans le domaine des doctrines
économiques, elles doivent donc être professées
à la classe ouvrière tant au point de vue théo-
rique, qu'au point de vue pratique. C'est en
mettant à sa portée des cours d'économie so-
ciale, des cours professionnels administratifs et
industriels, en lui montrant ce qui se passe à
l'étranger et ce qui se passe chez nous, qu'on
arrivera à prouver par l'exemple à toute cette
grande classe de travailleurs, que l'émancipa-
cipation se produira bien plus par une trans-
formation économique, pacifique et légale que
par des moyens violents qui n'aboutiraient
qu'à un échec.
C'est en songeant à toutes ces choses que
j'espèré voir le Sénat marcher dans la voie
tracée par la Chambre, et ratifier ce vota de
crédits si nécessaire pour l'accomplissement
d'une véritable œuvre sociale. — F. Léveillé.
-- 111
UNE AFFAIRE D'ESPIONNAGE
(De notre, correspondant particulier)
> Loipzig, 16 octobre.
Le 6 novembre s'ouvriront devant le tribu-
nal de l'empire les débals d'un nouveau procès
intenté pour divulgation de secrets militaires.
Les accusés sont M. Léon Beck, contremaître
originaire de Suisse, M. et Mme Bai, originai-
res d'Italie. Il est fort probable que le huis clos
sera prononcé.
Grave situation dans l'Afrique du Sud
(De notre correspondant varticulier)
Capetown, 16 octobre.
Les Cafres armés par les Anglais pendant la
guerre parcourent en bandes la région du
Nord-Ouest du Cap, pillant les villages et mas-
sacrant les blancs.
Une expédition envoyée dans le Namaqua-
land pour disperser les indigènes a été massa-
crée. -
Un détachement de la police montée a failli
être capturé.
Dans le Natal, près du pont de chemin de
fer de Pinetown, des brigands masqués ont
tent0 d'arrêter et de dévaliser le train allant à
Pretoria.
■■ ^——————mmm
LE FUTUR CONCLAVE
(De notre. correspondant particulier;
Rome, 16 octobre.
Malgré une indisposition que le docteur
Lapponi a jugée assez grave, le pape a conti-
nué ses réceptions. Il a reçu entre autres une
archiduchesse autrichienne dont on tient la
nom secret.
On a beaucoup remarqué ces temps derniers
que le cardinal Oreglia avait l'air bien préoc-
cupé Le cardinal, dans sa double qualité de
doyen du Sacré Collège et de cardinal camer-
lingue, aura la suprême autorité spirituelle et
temporelle pendant le temps où le Conclave
fiègcra, Il paraît se préparer sérieusement à
cette éventualité.
———————————— ————————————
LE MOUVEMENT ANTIClÈRICAL
L'Union des groupes socialistes révolution-
naires du 13e a donné à la salle de l'Alcazar.
d'Italie, avenue de Choisy, une réunion anti-
cléricale, sous la présidence de M. Lignières.
Voici l'ordre du jour qui a été volé au cours
de celle réunion
Les citoyennes et citoyens réunis, après avoir
entendu lo citoyen Victor Charbonnel dans sa con-
férence anticléricale aussi éloquente que docu-
mentée, et leD, Meslier. député, qui avec sa verve
habituelle dénonce, flétrit et met au pilori la
fcçal& iniUfôristt, ies reel'Ce{¡' et tyneueat le
vœu que bientôt tes représentants républicains
mettront fin à ces iniquités en votant l'abrogation
de la loi Falloux, le monopole de l'enseignement
par l'Etat, la séparation dos églises et de l'Etat et
la suppression des Conseils de guerre.
Adressent également leurs remerciements aux
poètes : Charles Galilée, Ciiambiet, Lamballe, Del-
sol, Pierre Vitou et Noël Reybar pour le concours
gracieux qu'ils apportent à toute fête socialiste et
se séparent aux cris de : « A bas l'obscurantisme !
guerre à la guerre ! Vive l'entente internationale
de tous les travailleurs ! n
Voir à la 38 page
les DERNIERES DEPECHES
La grande levée des soutanes violettes
L'Univers pense faire une bonne réclame à
nosseigneurs les cardinaux, archevêques et
évôques, en annonçant que 69 d'enlre ces pré-
lats ont à cette heure signé la lettre aux
Chambres, récemment publiée par le Gaulois,
lettre que l'Univet.s — l'imprudent 1 — qualifie
de « graves » document.
Grave, en effet, mais pour qui ? pour ses si-
gnataires qui s'exposent fort. Car ils n'ignorent
pas plus que nous que le Concordat, dont ils se
reclament, leur interdit toute action commune,
tout acte concerté ; et ils n'auront certaine-
ment pas le droit do se montrer surpris si le
gouvernement, devant cet acte d'insurrection
véritable, supprime leurs appointements.
Il serait curieux en effet que curés et vicai-
re3 fussent seuls à subir les conséquences de la
jurisprudence en vertu de laquelle la Républi-
que fait l'économie de leurs traitements, lors-
qu'ils se permettent de sortir des bornes du
Concordat. Ces bornes, le haut clergé est en
train de les franchir, dans la belle, proportion
de 69 prélats sur 87 que nous possédons en
tout; et nous nous réjouissons d'avance de la
superbe économie que la frasque des ensoula-
nés de violet va permettre au trésor de réa-
liser.
———————————— »
VIVE L'ARMÉE !
Ce que c'est que la discipline.— Pour
rentrer en retard. — 60 jours de
prison.
Un capitaine d'infanterie qui, pour des rai-
sons d'ordre. moral fut obligé de quitter l'ar-
mée, il y a quelques années, pour se réfugier
chez un potentat d'Afrique où il est aujour-
d'hui général, définissait ainsi la discipline:
— Quand un gradé vous f. dedans, disait-il à
ses soldats, qu'il ait tort ou raison, « je monte
dessus », c'est de la discipline !.
Cette singulière conception de la discipline
est mise en pratique actuellement au régiment
d'infanterie stationné à Auxerre.
Ces jours derniers, un réserviste se présen-
tait à la caserne Vauban à 11 h. du soir.
Le soldat sortait d'un café, et il était un peu
.ému.
Comme l'adjudant de semaine lui faisait
observer qu'il était en retard de doux heures,
le réserviste s'oublia. jusqu'à appeler l'adj u-
dant: Monsieur l
Crime impardonnable !
L'adjudant lui colla quatre jours de salle de
police, le capitaine les changea en huit jours
de prison, le colonel surenchérit encore. Bref,
quand la punition revint de chez le général,
commandant de corps d'armée, les quatre jours
de salle de police étaient devenus soixante jours
de prison, dont huit de cellule 1
Soixante jours de prison à un soldat pour
appeler son adjudant monsieur, et un jour de
prison à ne pas faire pour un tolonel qui re-
fuse d'obéir.
Cela laisse rêveur 1
EN TURQUIE
Conslantinople, viâ Sofia,16oclobre,8h.l0.
Le conseil des ministres, prenant en consi-
dération les observations de M. Constans, a
émis un avis favorable au paiement en bloc du
solde des créances françaises (Loraudo et Tu-
bini), se montant à 9 millions de francs envi-
ron, qui seront prélevés sur le produit do la
conversion do l'emprunt des douanes.
L'insurrection en Macédoine
Constantinople, 16 octobre.
On confirme la mission donnée au maréchal
Edham pacha pour exécuter des réformes on
Macédoine.
On confirme également que les puissances
ont adressé des représentations au gouverne-
ment bulgare pour l'engager à surveiller plus
étroitement l'agitation révolutionnaire.
Sofia, 16 octobre.
Le comité Zontscheff organise une réunion
qui doit avoir lieu dimanche à Sofia. Cette réu-
nion, après avoir reçu communication d'un
rapport sur les événements de Macédoine, de-
vra prendre une décision relativement à un
appel qui sera adressé aux grandes puissances
et remis à leurs représentants à Sofia en les
priant de défendre la cause de la Macédoine.
M. Mikaïlowski, président du comité, entre-
prendra après la réunion, dans un même but,
un voyage circulaire dans 125 grandes villes de
l'Europe.
Une édition spéciale des Riformi annonce
qu'un grand nombre de villages situés à proxi-
mité de la frontière bulgare ont été incendiés
par des Turcs. L'incendie d'une forêt, près de
Batak, gagne jusqu'à la frontière bulgare.
Six cents personnes se sont réfugiées en Bul-
garie.
Il ressort de ces informations que les Turcs
agissent actuellement avec une plus grande
énergie que précédemment.
MORT DE LA SŒUR DE KOSSUTH
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 16 octobre.
La soeur de Louis Kossuth, Mme Louise
Ruttkay, est morte à l'àga de 92 ans. Il y a
quelques semaines, elle avait encore assisté
aux fêles du centenaire de Kossuth.
Mme Ruttkay avait suivi son frère dans
l'exil et est restée avec lui jusqu'à la mort du
grand patriote en 1894. Ce n'est qu'alors
qu'elle est rentrée en Hongrie avec François
Kossuth, fils du grand exilé.
- —■ 4>
Les petits côtés de la guerre duTransvaal
(De noire correspondant particulier)
Londres, 16 octobre.
La commission d'enquêle sur la guerre du
Transvaal parait décidée à s'occuper de tous
les détails de la guerre sud-africaine et même
de certains faits qui se sont passés pour ainsi
dire dans les coulisses.
Qu'on en juge un peu d'après cet extrait du
questionnaire soumis aux commissaires :
Le commandant Camilleri, de l'état-major in-
dien, a-t-il été révoqué sur la dénonciation d'une
femme espionne boèrp ?
L'influence féminine continue-t-elle de régner
au War Office malgré les dénégations de M. Bro-
drick ? Ces influences s'exercent à quelques pas de
son bureau. Beaucoup 9p gens le savent, comment
M.Bfodriçk l'igoore-t-il encore*? ©te# :
A LA CHAMBRE
GRAND DISCOURS DE M. JONNART
Avec de trop longues allocutions de MM. de
Ramel, de Baudry-d'Asson, Georges Berry, au-
teurs de quelques-unes des interpellations rela-
tives aux congrégations que la Chambre est en
train d'examiner en bloc, la séance a langui
assez longtemps.
Tout a changé quand la discussion générale
a commencé, et quand M. Jonnart a pris la
parole.
Les hommes politiques du centre qui vien-
nent à nous sont nombreux, et si nous nous ré-
jouissons du mouvement vers la gauche que
vient de faire M. Jonnart, c'est que sa person-
nalité est singulièrement sympathique.
M. Jonnart, d'abord, est un républicain de
tradition, et un républicain dont la fermtoé ne
s'est jamais démentie. Il ne s'est laissé séduire
à aucun moment par les sourires nationalistes.
D'autre part, M. Jonnart n'est pas de ceux qui
courent au succès, et s'il prend uao^)Iace -
qui lui était réservée d'avance — non loin
de nous. C'est qu'il a mûrement réfléchi,
c'est qu'il a compris que la démocratie, édu-
quée et organisée comme elle l'ost maintenant
avait droit à de nouvelles satisfactions. Enfin,
M. Jonnart se reprocherait de se laisser aller à
un grossier système de surenchère, et, s'il se
rapproche des radicaux et des radicaux-socia-
listes, il reste un libéral : nous serions injus-
tes en refusant de reconnaître ce qu'il faut do
courage et de loyauté pour prendre une telle
attitude. -
Mais si l'homme d'Etat progressiste s'est
gardé d'imiter le « raid » vers l'extrême gau-
che, tenté naguère par des mélinistes trop
brusquement repentis, il a très nettement mar-
qué la séparation qui doit exister entre l'ar-
mée républicaine et les avant-postes do la
réaction. Il a aussi, et c'est le plus important
tendu la main aux républicains les plus
avancés. Notre rédacteur en chef apprécie d'au-
tre part le grand discours de. M. Jonnart. Il
nous appartient d'en donner les extraits essen-
tiels, et de faire comprendre l'impression
énorme ressentie par la Chambre.
M. Jonnart. — Si l'on veut rechercher des
responsabilités, il faut les rechercher toutes ; il
faut rappeler que les anciens partis n'ont pas tou-
jours suivi les conseils de la modération et que,par
leur aveuglement, par l'audace de leurs entrepri-
ses, ils ont singulièrement contribué à créer la
situation actuelle. (Très bien! très bien ! à gau-
che.)
Dans le tumulte des partis, le pays a parfois quel-
que mal à distinguer la vérité, mais, imprégné
des principes de la Révolution, attaché aux doc-
trines républicaines, il arrive toujours à faire des
distinctions nécessaires.
Une loi a été votée en 1901, et nul ne peut pré-
tendre se soustraire à son application. Toute la
question est de savoir si le gouvernement l'a stric-
tement appliquée.
Et d'abord, est-il bon d'entretenir dans le pays
certaines illusions ? Un gouvernement pourrait-il
songer à laisser dormir la loi de 1901 du long som-
meil qui, pour la loi de 1825, a duré trois quarts
de siècle ? Le gouvernement pourrait il se désin-
téresser plus longtemps des congrégations,de leurs
statuts, de leur personnalité, de leurs chefs, ne pas
savoir où ils vont, d'où ils viennent? (Applaudis-
sements sur les mêmes bancs.)
Je le demande à tous les hommes de bonne foi,
et non seulement à ceux qui ont le sentiment de
ce que doit être la société moderne, mais aux fidè-
les de l'Empire, en leur rappelant les rapports de
Portalis, aux partisans de la monarchie légitime,
qui n'ont pas oublié les efforts faits pour arrêter
les empiétements de la congrégation, aux partisans
de la monarchie constitutionnelle, dont les grands
orateurs n'ont cessé de revendiquer les droits de
l'Etat.
Est-il un gouvernement, un pays qui puisse
voir d'un œil indifférent le développement crois-
sant des congrégations ? On comptait 60,000 reli-
gieux avant la Révolution; ils étaient 157,000 en
1901 ; et c'est sous la troisième République qu'ils
ont pris tout leur essor. Leur patrimoine immo-
bilier, évalué à 50 millions en 1850, était estimé un
milliard en 1900. Interruptions à droite.)
C'est alors que le Parlement a fait la loi de
1901,
Moines ligueurs et moines d'affaires
En vérité !a situation devenait intolérable, L'E-
tat et aussi l'église ont supporté trop longtemps les
menées des moines ligueurs et des moines d'affai-
res. (Applaudissements à gauche, à l'extrême gau-
che et sur divers bancs au centre.)
Serait-ce porter atteinte à l'église que de la pri-
ver des services de certains moines qui n'ont pas
cessé de faire des actes politiques, qui ont couvert
le pays de comités « Justice-Egalité » ; qui dans
les Croix et les Pèlerins ont dicté et encouragé les-
plus odieuses campagnes contre les personnes,
contre les vieux républicains sous l'égide desquels
nous nous honorons d'avoir débuté dans la vie po-
litique.
Tous les partis ont commis des fautes, mais les
principaux agents des haines qui nous divisent,
les voilà; les principaux auteurs do la situation
actuelle, les voilà. (Vifs applaudissements à gau-
che. — Nouveau bruit à droite.)
Ce sont eux qui ont juré de ne pas laisser à ce
pays un jour de repos jusqu'à ce qu'ils aient fait
la moisson des intelligences et déraciné l'institu-
tion républicaine. (Applaudissements à gauche.)
La France, dans maintes circonstances, a signifié
nettement sa résolution de vivre en paix à l'abri
des lois républicaines. Vous n'avez rien entendu,
rien compris. Aux dernières élections, nous avons
retrouvé le même esprit qu'au 24 Mai. (Applaudis-
sements à gauche et à l'extrême gauche et sur di-
vers bancs au oentre.)
Le parti conservateur pouvait défendre honora-
blement ses idées. Il a toujours fait œuvre de dé-
molisseur, compromettant ainsi les intérêts les
plus évidents de la religion, compromettant l'E-
glise dans les plus lamentables incidents. Tous nos
avertissements sont restés sans écho. (Applaudis-
sements à gauche.)
Le pape et les ralliés
Il y a quelques années, une voix s'était élevée,
dans la solitude du Vatican, en faveur du désar-
mement. (Vives interruptions à droite.)
M. Millevoye. — Cela ne le regardait pas.
(Applaudissements ironiques à gauche et à l'ex-
trême gauche.)
M. Jonnart. — Je no cherche pas à justifier
les interventions étrangères ni dans un sens ni
dans l'autre. (Applaudissements à gauche.)
Mais c'est de l'histoire 1 Le pape avait parlé.
(Interruptions à droite.)
M. Archdeacon. — Il a eu tort.
M. jonnart. - Une fois de plus, il s'était
montré le politique sage et avisé qu'avait été l'é-
vêque de Pérouse. Il s'était rendu compte de l'irré-
sistible mouvement des esprits et du danger que
courait l'Eglise en restant cantonnée dans son in-
transigeance et en se solidarisant avec los anciens
partis..
Mes amis et moi, nous étions disposés à accueil-
lir les hommes do bonne volonté ; nous ne vou-
lions pas leur fermer les portes de la RÓpubliqlle.
Quelques-uns y sont entrés ; mais la plupart ne
l'ont fait, je dois le dire, que pour mieux nous
mettre dehors. (Applaudissements à gauche )
Nous n'avons pas gardé longtemps nos illusions
depuis que nous avons vu, à la première occasioD,
les ralliés de marque retomber, après le houlangis-
me, dans les plus tristes aventures. (Interruptions
à droite — Très bien ! très bien à gauche !)
Un membre à droite. Arrangez-vous avec M.
Aynard.
M. Jonnart. — Semblables aux chevaux de
bataille qui sentent la poudre, nous avons vu les
ralliés reprendre leur ancienne allure quand ils ont
cru avoir quelques chances do ruiner nos instilu
tions républicaines. (Très bien ! très bien ! à gau-
che.)
Ils ne se sont pas tenus de joie lors du beau geste
de la jeunesse dorée au champ de courses d'Au-
teuil (applaudissements à gauche) ; ils n'ont pas
caché leur dépit après les incidents de Reuilly; Us
n'ont pas su, ou plutôt ils n'ont pas voulu profiter
d'une seule occasion favorable pour témoigner
de leur loyalisme. (Très bien 1 très bien I à gauche.)
Les émeutes du Finistère
Je ne parle pas do cette nouvelle tactique inau-
- -.
gurée en Bretagne pour interdire l'accès des mai-
sons aux commissaires de police. Elle a fait la joie
des salons, mais la fierté des Bretons a dû en souf-
frir (Applaudissements à gauche.)
M. Leygues a pu dire que les invitations adres-
sées par le gouvernement aux congrégations da
demander à être autorisées avaient été entendues
par la plupart d'entre elles, mais qu'un certain.
nombre les avaient ensuite retirées sur les conseils
d'un comité politique qui trouvait que les choses
se passaient avec trop de calme (Applaudissements
à gauche) et que trop de soumission allait le priver
d'un moyen d'agitation. (Nouveaux applaudisse-
ments à gauche. — Bruit à droite.)
Nous demandons la liberté pour tout le monde ';
mais la victoire républicaine, nous la voulons avec
nos idées et par nos idées. (Nouveaux applaudisse-
ments jsur les mêmes bancs.,
L'idéal et l'union des républicains
Peu importe l'impatience de certains esprits, si
nous nous inspirons du même idéal, des mêmes
pensées qui ont inspiré et élargi l'âme républi-
caine. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes
bancs.)
C'est toujours une faute et il y a des heures oir
c'est folie de s'attarder à ce qui divise. Tant de
rivalités se dressent au dehors, tant de questions
fiscales et économiques nous sollicitent que nous
devons nous unir en nous souvenant de nos com-
munes origines et de nos communes espé-
rances. (Salves d'applaudissements.)
Rectification de M. Buisson
M. Buisson, au commencement de la séanca,
est venu protester contre la façon dont M. Ay-
nard avait fait, mardi, deux cilalions Je con-
cernant ;
M. Buisson. — J'ai dit que. sous l'ancien ré
gime, la société s'était déchargée sur de grandes
corporations, sur des congrégations, du soin do
satisfaire aux services publics, à l'enseignement, à
l'assistance, à l'hospitalisation, et j'ai rendu hom-
mage alors, comme je le devais, aux vertus des re-
ligieux qui remplissaient ces devoirs.
J'ajoutais, et c'est oe qua l'on se garde bien da
citer à la suite, quo la société nouvelle créée par-
la Révolution de 1789 avait entendu désormais sa
gouverner, s'administrer elle-même, qu'elle avait
fait acte de nation et non pas œuvre de parti en
créant l'enseignement public et laïque : car il y a
pour elle et pour nous, disais-je en terminant, d'au-
tres vertus quo celles qui s'abritent, dans l'isole-
ment, derrière la robe religieuse ; il y a les vertus
vivantes des instituteurs et des institutrices qui sa
mêlent à la vie sociale ; il y a quoique chose de
plus sacré que le couvent ; il y a la famille (Vifs
applaudissements à gauche.)
Cette citation n'a de valeur que si elle est faita
tout entière. Par un de ces procédés do déforma-
tion que nous voulons faire disparaître de l'ensei-
gnement.par une de ces habiles tricheries qui faus-
sent les intelligences juvéniles et que nous, vou-
Ions proscrire, on a coupé cette citation au point
précis où, après cet éloge dû au passé, je montrais
que ce passé avait fait place à un nouvel enseigne-
ment et où je faisaisl'éioge des éducateurs laïques.
(Très bien ! à gauche.)
M. Aynard a déclaré qu'il aurait cité tout la
pasange s'il l'avait connu : que ne l'a-t il
connu 1
Discours réactionnaires
Voici le moment venu de dire quelques mots
des discours réactionnaires 'qui ne nous avaient
pas paru dignes de figurer en tête de ce
compte rendu. 1
M. de Baudry d'Asson a lu un discours très
violent, où la majorité et le ministère sont
traités do « syndicats de sectaires ».
Quelqu'un a crié :
— Ne donnez pas trop d'importance à cos
élucubrations qui proviennent d'un ramolisse-
ment cérébral.
Colte observation a fait une impression pé-
nible. Nous avons l'habitude de tout pardonner
à M. de Baudry d'Asson, dont les crises de fu-
reur royaliste ne font de mal à personne. Et
M. de Baudry d'Asson ne nous faisant aucun
mal, il est équitable de ne lui faire aucuna
peine.
M. Georges Berry a parlé de façan intermi-
nable et morne.
M. G. Berry. — Un journal qui est de vos
amis, le Temps (sic), vous a conseillé la sagesse et
la prudence. Pourquoi ne l'avez vous pas écoulé ?
C'est entrer dans une voie dangereuse pour ceux
mêmes qui s'y engagent que de faire la guerre aux
religieux.
M. DE Dion. — Qui mange du prêtre en meurt
dit un proverbe.
Voix à gauche. — C'est un proverbe culinaire qut
sent le fourneau. (Rires.)
Reprocher à un gouvernement radical do ne
pas suivre les conseils de Ja presse modérée,
c'est une trouvaille.
M. Charles Benoist a fait un cours do droit:
M. Charles Benoist. — Qu'est-ce qu'un
scellé ?
Une voix. — Nous ne sommes pas à l'Ecole da
droit.
M. Vazeille. — Vous vous croyez dans voire*
cha!re de professeur.
M. Charles Benoist. — Si je m'y croyais,,
du moins aurais-je le mérite de n'injurier per-
sonne, et croyez-vous que la présence d'un pro-
fesseur de droit soit déplacée dans un débat juridi-
que? (Applaudissements au centre.) Bpiioist
Le président. — Laissez M. Charles Benoist
s'expliquer, avec d'autant plus de raison qu'il ap-
porte ici une compétence juridique incontestable. 1
(Très bien !)
M. Charles Benoist. — Le scellé est una
mesure conservatoire de deux droits en litige ; il
ne peut être apposé que par le juge de paix, sauf
quatre exceptions ; en matière criminelle de saisie.
exécution d'inventaire, apiàs décès des membres
de la famille royale, enfin, de prise maritime ; ils
ne peuvent être apposés qu'en vertu de la loi, d'un
ordre du gouvernement, d'une ordonnance de jus-
tics.
Pas d'ordonnance de justice en l'espèce. QucHa'
loi pourrait invoquer le gouvernement ?
M. Ch. Benoiat a continué son cours. Il a
voulu démontrer quo 1t3 gouvernement avait
dépassé ses droits. La science juridique est sr
malléable ! ',
M. Plichon a entendu « démontrer que la-
président du conseil avait violé la loi sur l'en-
seignement primaire et lui demandor quelles
mesures il comptait prendre pour assurer la
bénéfice de l'enseignement aux enfants privés
de leurs maîtres o.
M. de Ramel a juge que « le gouvernement
avait intorprété arbitrairement la loi, et que
c'est à tort qu'on avait représenté les congré-
gations comme des révoltées contre la loi w.
La presse réactionnaire nous a déjà raconlo
tout cela sans nous convaincre.
Et je vous jure qu'on ne se souvenait guère
de l'argumentation des députés cléricaux ou
mélinistes après avoir entendu ie superbe dis-
cours de M. Jonnart.
H.D.
»
LE CONGRÈS DE LA PAIX
Séance d'ouverture. — Discours de M.
Frédéric Passy- — Les présidents
d'honneur.
Toulouse, 16 octobre.
Ce matin a éu lieu à l'hôtel d'Assézat, la
réunion du premier Congrès national de la
paix. - -
La séance d'ouverture était présidée par M.
Frédéric Passy.
M. Feugai adjoint, a salué, au nom de la
ville de Toulouse, les membres du Congrès et
exprimé sa satisfaction pour l'honneur fait à la
ville.
M. Frédéric Passy, après avoir remercié M..
Feuga, a abordé l'histoire des Congrès de la
paix et fait ressorlir les avantages des Con-
grès nationaux, qui préparent l'œuvre des Con-;
grès internationaux.
L'arbitrage, a-t-il dit, considéré comtte ûiopfc
PARIS & DÉPARTEMENTS'
,*ï© Numèw; CÏNQ CENTIMES
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et AUX BUREAUX du JOURNAl.
RÉDACTION * i l, rue du Mail
'De 4 à 8 heures du soir el de iO heures du soir à 1 heure"du malin
No 11908. — Samedi 18 Octobre 1902
27 VENDEMIAIRE AN 111
ADMINISTRATION; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
■ NOS LEADERS .;.c,
a m f
On nous reproche de n'avoir pas de
« doctrine » (1). C'est peut-être parce
que nous n'acceptons aucun dogme. Les
radicaux-socialistes constituent, il est
vrai, le moins doctrinaire de tous les
partis. C'est notre force, en même temps
que c'est notre originalité, voire \— qui
sait — notre raison d'être.
Notre pensée est éclectique : est-elle
incohérente ? Beaucoup de nos amis se
réclament de la philosophie positive, de
la sociologie d'Auguste Comte; M. Léon
Bourgeois développe, de façon distin-
guée, sa conception solidariste de l'uni-
ivers ; notre éminent ami et collabora-
teur, J.-L. de Lanessan, trouve dans la
science les éléments d'une philosophie
altruiste; nombrederépublicains souhai-
tent que l'enseignement, en France, se
ilbase sur les idées exposées par Guyan
dans son Esquisse d'une morale sans
obligation ni sanction.
De sorte que si l'on peut nier qu'il y
,;ait « une idée » radicale et radicale-so-
cialiste, on ne saurait contester que no-
tre parti remue beaucoup d'idées. Et ces
idées sont parentes, logiquement re-
liées, jaillissent de sources auxquelles
il est facile de remonter, nous mènent
des résultats que nous sommes una-
nimes à accepter et à vouloir.
Pourtant, tout cela, dit-on, ne forme
'pas une doctrine. C'est vrai, c'est heu-
reusement vrai. Qu'est-ce qu'une doc-
trine? C'est un ensemble d'idées géné-
rales, qui se figent.
Parfois, la pensée humaine cesse d'ê-
tre vive, alerte, libre ; elle semble se cou-
vrir de glace ; elle acquiert la beauté de
l'immobilité. Elle plairait ainsi à Bau-
delaire qui écrivit le vers célèbre :
Je hais le mouvement qui déplace les lignes.
! Alors, on croit à la rigidité des
systèmes, à l'absolu des combinaisons
raisonneuses; les sociologues emprun-
,tent le langage des géomètres, posent
des axiomes, développent des théorè-
mes, les ornent de corollaires.
Gare à la débâcle. Elle se produit au
moindre souffle de chaleur ; ce qui pa-
raissait éternel se fond en un instant;
ce qui semblait arrêté pour toujours se
met en marche; les contours qu'on
avait cru définitifs modifient leurs cour-
bes et leurs angles.
***
Combien nous en avons vu de ces dé-
bâcles de doctrines ! L'économie poli-
tique classique, individualiste, si belle,
si harmonieuse, si élégante pourtant,
s'est disloquée dans le mouvement où
l'a emportée l'évolution universelle
qu'elle avait ignorée d'abord et qu'elle
avait méconnue ensuite ; le marxisme,
qui avait assez bien compris cette évo-
lution, mais qui avait voulu l'endiguer
étroitement et la canaliser voit son œu-
vre débordée et submergée aujourd'hui
par la réalité.
Par suite, le parti libéral est réduit à
un vague opportunisme, à un simple
empirisme économique, et le parti so-
cialiste, avec Bernstein en Allemagne,
avec Jaurès en France, lutte pour ren-
dre à l'auto-critique la prépondérance
sur le dogmatisme de la première pé-
riode collectiviste.
Pendant que nous assistons à ces
crises morales et intellectuelles chez nos
voisins, le parti radical-socialiste gran-
dit, se développe, ouvre ses rangs à
des militants de plus en plus nombreux,
;prend le pouvoir et l'occupe de façon
si active que la surenchère électorale
est impuissante à affoler une démocra-
tie dont l'impatience pourtant est évi-
dente et légitime.
Ce succès est-il un effet du hasard ? Je
ne le crois pas. Nous n'avons pas de
doctrine, disent nos adversaires. Mais
jnous avons une méthode, ce qui vaut
infiniment mieux : et cette méthode
est celle de la science moderne, c'est la
méthode d'expérience et d'observation.
Quand une difficulté se présente, nous
ne cherchons pas à la résoudre à priori,
par l'application de principes antérieu-
rement déterminés. Nous ne cherchons
pas dans une bible politique, économi-
que, sociologique, le verset qui corres-
pond plus ou moins heureusement à
une situation quelconque.
Etant donnée une question à résou-
dre, nous en analysons les divers
éléments, nous cherchons à distinguer
la véritable nature de ces éléments ; l'é-
tude historiqne nous apprend comment
une situation s'est produite; si le pro-.
blême qui nous occupe est d'un ordre
un peu particulier, nous ne négligeons
pas les avis des spécialistes : bref nous
ouvrons l'enquête la plus large et la
plus minutieuse. De sorte que les faits
mis commandent nos résolutions.
***
Les partis à doctrine, les partie dog-
matiques sont forcés de vieillir, de mou-
rir promptement. Tel n'est pas notre
cas. La méthode scientifique n'est assu-
rément pas près d'être mise au rebut.
Dira-t-on que cette méthode peut s'amé-
liorer, se transformer ? Soit. Améliorée,
(1) « Doctrine», dit le dictionnaire Larousse:
système de dogmes. C'est dans ce sens quejc
prends le mot, car autrement, je sais que J u-
! nité des conceptions poMiques prcparû iâ lo-
; gique des réalisation». -
transformée, elle nous sera plus chère
encore, elle nous rendra des services
plus importants que jamais.
Et notre programme ? Nous le tra-
vaillons, nous le reforgeons, nous le
modernisons, non dans son esprit tra-
ditionnel, qui est celui du vieux parti
républicain, mais dans les détails. Nous
savons que les divers articles de ce pro-
gramme entrent forcément en applica-
tion à mesure qu'ils correspondent avec
plus d'exactitude à la réalité des cho-
ses.
Voyez la question de la liberté d'en-
seignement, hier menaçante, grosse de
complications et de divisions. Aujour-
d'hui, l'accord s'est fait dans la démo-
cratie.
Le droit:de l'en fant protégé par l'Etat,
telle est la formule à laquelle le congrès
de Lyon s'est unanimement rallié, com-
me en témoigne la Déclaration due à
Charles Bos.
JPar quel procédé a-t-on trouvé une
formule heureuse, commode à traduire
en texte législatif? G. Hubbard, je crois,
!e disait bien l'autre jour: on a consulté
les spécialistes,les maîtres de l'enseigne-
ment, la Ligue de l'Enseignement, la So-
ciété Condorcet, le Régime laïque et les
autres groupements qui s'occupent de
l'école.
La méthode scientifique, positive, a
fait ses preuves là comme ailleurs.
C'est à cette méthode que le parti ra-
dical-socialiste, qu'on enterrait gaie-
ment chaque matin depuis dix ans, doit
d'être la plus vivante, la plus agissante,
bref la plus jeune des grandes organi-
sations politiques françaises.
Hugues Destrem.
UN PARTI COUPE EN DEUX
Il s'agit du parti progressiste.
Un beau et habile discours de
M. Jonnart, ancien gouverneur
général de l'Algérie, y a suffi.
Il est, du reste, incontestable
que M. Jonnart a traduit la
pensée, encore inavouée, d'un
certain nombre d'amis de MM. Ribot et
Méline, navrés de la politique de leurs
chefs. Ceux qui ne leur pardonnent pas de
défendre la congrégationsuivront le député
du Pas-de Calais, dans une évolution pré
vue et escomptée d'ailleurs par nous depuis
quelques jours.
Aux applaudissements du parti républi-
cain tout entier, en face du centre muet et
consterné, au milieu des hurlements de la
droite, M. Jonnart a, pendant une demi-
heure, fouaillé les ralliés et les cléricaux,
rappelé les droits souverains du pouvoir
civil, invoqué rnême les paroles, déjà loin-
taines, du pape actuel. Cette allusion à l'an-
cienne politique pontificale a permis aux
républicains de se réjouir un moment de
la fureur des soi-disants députés catholi-
ques. Est-ce que ceux-ci ne se sont pas
permis d'injurier le pape comme un simple
franc-maçon et de lui dire tout net qu'il s'est
mêlé de ce qui ne le regardait pas ?
Au nombre des cléricaux les plus irrités
des paroles de M. Jonnart,il faut surtoutei-
ter MM. de Mun et Cochin, les deux hom-
mes les plus considérables de la droite. A
la vérité, ils écumaient. Ah ! le pape passe
un singulier quart d'heure avec le hau-
tain gentilhomme qui massacrait sans re-
mords les républicains de 1871 et le député
de Paris dont la courtoisie habituelle cache
une âme de congréganiste forcené et im-
pitoyable. Après tout ce n'est pas à nous
de nous en plaindre. MM. de Mun et Co-
chin ont montré hier qu'ils se soucient peu
du sentiment religieux et dès intérêts de
leur religion. Ils défendent les congréga-
tions par ce que c'est par elles, par leur
argent, par leur propagande, qu'ils espè-
rent restaurer la monarchie.
La force du discours de M. Jonnart réside
dans sa modération et dans le choix heu-
reux des expressions. Il n'a pas épargné les
critiques au gouvernement,et nous ne nous
élevons pas à ce sujet contre lui, car nous
sentons admirablement qu'un modéré ne
peut parler sur une matière aussi impor-
tante comme un radical-socialiste. D'ail-
leurs, les critiques importent peu, du mo-
ment que M. Jonnart se déclare partisan
résolu des droits de l'Etat laïque, reconnaît
que le gouvernement a le devoir impérieux
d'appliquer la loi, flétrit les congrégations
transformées en comités politiques, flagelle
ces politiciens, ces congréganistes et ces
manifestants de Bretagne dont « la stratégie
ultra moderne a fait la joie des salons ». -
Il y a mieux encore. M. Jonnart a fait,
dans un langage élevé, un vibrant appel à
l'union de tous les républicains fils de la
Révolution. Il a conseillé à tous de ne se
souvenir que du patrimoine commun et des
idées qui les rassemblent. Il nous a entre-
tenus de ces questions sociales, économi-
ques et politiques que nous devons résou-
dre. L'influence du congrès de Lyon s'est
donc fait sentir sur son esprit, car c'est la
politique même du bloc républicain que
nous avons recommandée à Lyon qu'il
nous a fait entrevoir. Donc, tant pis pour
les progressistes qui n'auront pas voulu
entendre ses exhortations éloquentes ! —
Ch. B.
——————————— ip ———————————.
L'ARBITRAGE INTERNATIONAL
M. d'Estournelles, député de la Sarthe, a
écrit au ministre des affaires étrangères pour
lui annoncer son intention de lui poser une
question relativement à la sentence que vient
de rendre la cour d'arbitrage de La Haye entre
les Etats-Unis et le Mexique.
M. d'Estournelles demande que la France
soil la première en Europe à imiter l'exemple
des gouvernements américains, en utilisant le
nouveau tribunal d'arbitrage.
——
LES CHARTREUX REPOUSSES D'AUTRICHE
(De noire correspondant particulier)
- , Vionne, 16 oclohre.
Le ministre de l'instruction publique a refusé
aux chartreux français rauorisaUoo de $. éla-
Jblif à YÛQB& f -- ._-
UN PALAIS
DEMOCRATIQUE
Le palais du travail. — Inachèvement
des travaux. — Approbation du
gouvernement. — Vote du Sé-
nat. — Pour les associa-
tions ouvrières.
Alors que la fièvre de l'Exposition s'était
emparée de tous les agents et qu'il ne restait
plus que quelques mois avant l'ouverture de
la grande kermesse internationale, un groupe
de coopérateurs et de travailleurs syndiqués
eut l'idée d'édifier un palais affecté aux expo-
sitions ouvrières des organisations coopérati-
ves et syndicales.
Les subventions demandées furent accordées
et biontôt, sur la place Dupleix, les fondations
sortirent de terre. Mais, par suite d'une série
de fâcheuses circonstances,l'argent vint à man-
quer et, en décembre 1900, les derniers ou-
vriers furent congédiés, l'édifice restant ina-
chevé.
Démarches et pourparlers
La Commission exécutive du Palais du tra-
vail ne perdit pas courage, elle demanda des
subsides aux organisations syndicales, aux
coopératives. Elle fit des démarches auprès de
MM. Waldeck-Rousseau, président du Conseil,
et Millerand, ministre du commerce, qui, re-
connaissant l'utilité pour la démocratie ou-
vrièro de voir se terminer une telle construc-
tion, promirent de proposer un crédit au Parle-
ment. --,
Une seule condition était mise, c'était celle
de présenter une nouvelle organisation admi-
nistrative sérieuse afin que les erreurs d'antan
ne fussent pas commises à nouveau.
La commission estima que la « Chambre con-
sultative des associations ouvrières » était
mieux à môme que personne de fournir cette
garantie, el s'adressa à elle. -
On discuta les projets, on examina les dettes
passées, et enfin l'on se mit d'accord.
Le gouvernement, certain que l'œuvre était
en -de bonnes mains, présenta une demande de
crédits de 300.000 fr. demande qui fut votée
le 10 juillet dernier,à la Chambre, à une forte
majorité.
Dès le lendemain, le Sénat recevait la pro-
position, là discutait, mais ne la votait pas.
Les sénateurs, hommes pondérés, prudents,
ne voulaient pas accorder de l'argent sans sa-
voir exactement quel usage on en ferait. Le
rapporteur, M. Antonin Dubost, déclarait qu'il
ne s'agissait nullement « de prendre une atti-
tude d'hostilité à l'égard de cette œuvrCl> mais
qu'il réclamait le renvoi à une commission
spéciale pour permettre l'examon plus appro-
fondi du projet.
Les choses en sont là, le Sénat est rentré, il
ne montrera plus cette fois, j'en suis certain,
aucune hésitation.
Œuvre utlle et nécessaire
En raison même de l'émancipation de la
classe ouvrière qui se développe chaque jour,
l'édification d'un tel édifice parait indispensa-
ble.
C'est là, en effet, que, dans une exposition
permanente, modifiée à chaque instant suivant
les progrès accomplis, se trouveraient présen-
tés au public les produits dos associations ou-
vrières. C'est là que les étrangers viendraient
comparer ces produits avec-ceux des groupe-
ments similaires qui existent chez eux. -
C'est là aussi que l'on formerait une véritable
université coopérative.
Les doctrines de la coopération sont actuel-
lement entrées dans le domaine des doctrines
économiques, elles doivent donc être professées
à la classe ouvrière tant au point de vue théo-
rique, qu'au point de vue pratique. C'est en
mettant à sa portée des cours d'économie so-
ciale, des cours professionnels administratifs et
industriels, en lui montrant ce qui se passe à
l'étranger et ce qui se passe chez nous, qu'on
arrivera à prouver par l'exemple à toute cette
grande classe de travailleurs, que l'émancipa-
cipation se produira bien plus par une trans-
formation économique, pacifique et légale que
par des moyens violents qui n'aboutiraient
qu'à un échec.
C'est en songeant à toutes ces choses que
j'espèré voir le Sénat marcher dans la voie
tracée par la Chambre, et ratifier ce vota de
crédits si nécessaire pour l'accomplissement
d'une véritable œuvre sociale. — F. Léveillé.
-- 111
UNE AFFAIRE D'ESPIONNAGE
(De notre, correspondant particulier)
> Loipzig, 16 octobre.
Le 6 novembre s'ouvriront devant le tribu-
nal de l'empire les débals d'un nouveau procès
intenté pour divulgation de secrets militaires.
Les accusés sont M. Léon Beck, contremaître
originaire de Suisse, M. et Mme Bai, originai-
res d'Italie. Il est fort probable que le huis clos
sera prononcé.
Grave situation dans l'Afrique du Sud
(De notre correspondant varticulier)
Capetown, 16 octobre.
Les Cafres armés par les Anglais pendant la
guerre parcourent en bandes la région du
Nord-Ouest du Cap, pillant les villages et mas-
sacrant les blancs.
Une expédition envoyée dans le Namaqua-
land pour disperser les indigènes a été massa-
crée. -
Un détachement de la police montée a failli
être capturé.
Dans le Natal, près du pont de chemin de
fer de Pinetown, des brigands masqués ont
tent0 d'arrêter et de dévaliser le train allant à
Pretoria.
■■ ^——————mmm
LE FUTUR CONCLAVE
(De notre. correspondant particulier;
Rome, 16 octobre.
Malgré une indisposition que le docteur
Lapponi a jugée assez grave, le pape a conti-
nué ses réceptions. Il a reçu entre autres une
archiduchesse autrichienne dont on tient la
nom secret.
On a beaucoup remarqué ces temps derniers
que le cardinal Oreglia avait l'air bien préoc-
cupé Le cardinal, dans sa double qualité de
doyen du Sacré Collège et de cardinal camer-
lingue, aura la suprême autorité spirituelle et
temporelle pendant le temps où le Conclave
fiègcra, Il paraît se préparer sérieusement à
cette éventualité.
———————————— ————————————
LE MOUVEMENT ANTIClÈRICAL
L'Union des groupes socialistes révolution-
naires du 13e a donné à la salle de l'Alcazar.
d'Italie, avenue de Choisy, une réunion anti-
cléricale, sous la présidence de M. Lignières.
Voici l'ordre du jour qui a été volé au cours
de celle réunion
Les citoyennes et citoyens réunis, après avoir
entendu lo citoyen Victor Charbonnel dans sa con-
férence anticléricale aussi éloquente que docu-
mentée, et leD, Meslier. député, qui avec sa verve
habituelle dénonce, flétrit et met au pilori la
fcçal& iniUfôristt, ies reel'Ce{¡' et tyneueat le
vœu que bientôt tes représentants républicains
mettront fin à ces iniquités en votant l'abrogation
de la loi Falloux, le monopole de l'enseignement
par l'Etat, la séparation dos églises et de l'Etat et
la suppression des Conseils de guerre.
Adressent également leurs remerciements aux
poètes : Charles Galilée, Ciiambiet, Lamballe, Del-
sol, Pierre Vitou et Noël Reybar pour le concours
gracieux qu'ils apportent à toute fête socialiste et
se séparent aux cris de : « A bas l'obscurantisme !
guerre à la guerre ! Vive l'entente internationale
de tous les travailleurs ! n
Voir à la 38 page
les DERNIERES DEPECHES
La grande levée des soutanes violettes
L'Univers pense faire une bonne réclame à
nosseigneurs les cardinaux, archevêques et
évôques, en annonçant que 69 d'enlre ces pré-
lats ont à cette heure signé la lettre aux
Chambres, récemment publiée par le Gaulois,
lettre que l'Univet.s — l'imprudent 1 — qualifie
de « graves » document.
Grave, en effet, mais pour qui ? pour ses si-
gnataires qui s'exposent fort. Car ils n'ignorent
pas plus que nous que le Concordat, dont ils se
reclament, leur interdit toute action commune,
tout acte concerté ; et ils n'auront certaine-
ment pas le droit do se montrer surpris si le
gouvernement, devant cet acte d'insurrection
véritable, supprime leurs appointements.
Il serait curieux en effet que curés et vicai-
re3 fussent seuls à subir les conséquences de la
jurisprudence en vertu de laquelle la Républi-
que fait l'économie de leurs traitements, lors-
qu'ils se permettent de sortir des bornes du
Concordat. Ces bornes, le haut clergé est en
train de les franchir, dans la belle, proportion
de 69 prélats sur 87 que nous possédons en
tout; et nous nous réjouissons d'avance de la
superbe économie que la frasque des ensoula-
nés de violet va permettre au trésor de réa-
liser.
———————————— »
VIVE L'ARMÉE !
Ce que c'est que la discipline.— Pour
rentrer en retard. — 60 jours de
prison.
Un capitaine d'infanterie qui, pour des rai-
sons d'ordre. moral fut obligé de quitter l'ar-
mée, il y a quelques années, pour se réfugier
chez un potentat d'Afrique où il est aujour-
d'hui général, définissait ainsi la discipline:
— Quand un gradé vous f. dedans, disait-il à
ses soldats, qu'il ait tort ou raison, « je monte
dessus », c'est de la discipline !.
Cette singulière conception de la discipline
est mise en pratique actuellement au régiment
d'infanterie stationné à Auxerre.
Ces jours derniers, un réserviste se présen-
tait à la caserne Vauban à 11 h. du soir.
Le soldat sortait d'un café, et il était un peu
.ému.
Comme l'adjudant de semaine lui faisait
observer qu'il était en retard de doux heures,
le réserviste s'oublia. jusqu'à appeler l'adj u-
dant: Monsieur l
Crime impardonnable !
L'adjudant lui colla quatre jours de salle de
police, le capitaine les changea en huit jours
de prison, le colonel surenchérit encore. Bref,
quand la punition revint de chez le général,
commandant de corps d'armée, les quatre jours
de salle de police étaient devenus soixante jours
de prison, dont huit de cellule 1
Soixante jours de prison à un soldat pour
appeler son adjudant monsieur, et un jour de
prison à ne pas faire pour un tolonel qui re-
fuse d'obéir.
Cela laisse rêveur 1
EN TURQUIE
Conslantinople, viâ Sofia,16oclobre,8h.l0.
Le conseil des ministres, prenant en consi-
dération les observations de M. Constans, a
émis un avis favorable au paiement en bloc du
solde des créances françaises (Loraudo et Tu-
bini), se montant à 9 millions de francs envi-
ron, qui seront prélevés sur le produit do la
conversion do l'emprunt des douanes.
L'insurrection en Macédoine
Constantinople, 16 octobre.
On confirme la mission donnée au maréchal
Edham pacha pour exécuter des réformes on
Macédoine.
On confirme également que les puissances
ont adressé des représentations au gouverne-
ment bulgare pour l'engager à surveiller plus
étroitement l'agitation révolutionnaire.
Sofia, 16 octobre.
Le comité Zontscheff organise une réunion
qui doit avoir lieu dimanche à Sofia. Cette réu-
nion, après avoir reçu communication d'un
rapport sur les événements de Macédoine, de-
vra prendre une décision relativement à un
appel qui sera adressé aux grandes puissances
et remis à leurs représentants à Sofia en les
priant de défendre la cause de la Macédoine.
M. Mikaïlowski, président du comité, entre-
prendra après la réunion, dans un même but,
un voyage circulaire dans 125 grandes villes de
l'Europe.
Une édition spéciale des Riformi annonce
qu'un grand nombre de villages situés à proxi-
mité de la frontière bulgare ont été incendiés
par des Turcs. L'incendie d'une forêt, près de
Batak, gagne jusqu'à la frontière bulgare.
Six cents personnes se sont réfugiées en Bul-
garie.
Il ressort de ces informations que les Turcs
agissent actuellement avec une plus grande
énergie que précédemment.
MORT DE LA SŒUR DE KOSSUTH
(De notre correspondant particulier)
Budapest, 16 octobre.
La soeur de Louis Kossuth, Mme Louise
Ruttkay, est morte à l'àga de 92 ans. Il y a
quelques semaines, elle avait encore assisté
aux fêles du centenaire de Kossuth.
Mme Ruttkay avait suivi son frère dans
l'exil et est restée avec lui jusqu'à la mort du
grand patriote en 1894. Ce n'est qu'alors
qu'elle est rentrée en Hongrie avec François
Kossuth, fils du grand exilé.
- —■ 4>
Les petits côtés de la guerre duTransvaal
(De noire correspondant particulier)
Londres, 16 octobre.
La commission d'enquêle sur la guerre du
Transvaal parait décidée à s'occuper de tous
les détails de la guerre sud-africaine et même
de certains faits qui se sont passés pour ainsi
dire dans les coulisses.
Qu'on en juge un peu d'après cet extrait du
questionnaire soumis aux commissaires :
Le commandant Camilleri, de l'état-major in-
dien, a-t-il été révoqué sur la dénonciation d'une
femme espionne boèrp ?
L'influence féminine continue-t-elle de régner
au War Office malgré les dénégations de M. Bro-
drick ? Ces influences s'exercent à quelques pas de
son bureau. Beaucoup 9p gens le savent, comment
M.Bfodriçk l'igoore-t-il encore*? ©te# :
A LA CHAMBRE
GRAND DISCOURS DE M. JONNART
Avec de trop longues allocutions de MM. de
Ramel, de Baudry-d'Asson, Georges Berry, au-
teurs de quelques-unes des interpellations rela-
tives aux congrégations que la Chambre est en
train d'examiner en bloc, la séance a langui
assez longtemps.
Tout a changé quand la discussion générale
a commencé, et quand M. Jonnart a pris la
parole.
Les hommes politiques du centre qui vien-
nent à nous sont nombreux, et si nous nous ré-
jouissons du mouvement vers la gauche que
vient de faire M. Jonnart, c'est que sa person-
nalité est singulièrement sympathique.
M. Jonnart, d'abord, est un républicain de
tradition, et un républicain dont la fermtoé ne
s'est jamais démentie. Il ne s'est laissé séduire
à aucun moment par les sourires nationalistes.
D'autre part, M. Jonnart n'est pas de ceux qui
courent au succès, et s'il prend uao^)Iace -
qui lui était réservée d'avance — non loin
de nous. C'est qu'il a mûrement réfléchi,
c'est qu'il a compris que la démocratie, édu-
quée et organisée comme elle l'ost maintenant
avait droit à de nouvelles satisfactions. Enfin,
M. Jonnart se reprocherait de se laisser aller à
un grossier système de surenchère, et, s'il se
rapproche des radicaux et des radicaux-socia-
listes, il reste un libéral : nous serions injus-
tes en refusant de reconnaître ce qu'il faut do
courage et de loyauté pour prendre une telle
attitude. -
Mais si l'homme d'Etat progressiste s'est
gardé d'imiter le « raid » vers l'extrême gau-
che, tenté naguère par des mélinistes trop
brusquement repentis, il a très nettement mar-
qué la séparation qui doit exister entre l'ar-
mée républicaine et les avant-postes do la
réaction. Il a aussi, et c'est le plus important
tendu la main aux républicains les plus
avancés. Notre rédacteur en chef apprécie d'au-
tre part le grand discours de. M. Jonnart. Il
nous appartient d'en donner les extraits essen-
tiels, et de faire comprendre l'impression
énorme ressentie par la Chambre.
M. Jonnart. — Si l'on veut rechercher des
responsabilités, il faut les rechercher toutes ; il
faut rappeler que les anciens partis n'ont pas tou-
jours suivi les conseils de la modération et que,par
leur aveuglement, par l'audace de leurs entrepri-
ses, ils ont singulièrement contribué à créer la
situation actuelle. (Très bien! très bien ! à gau-
che.)
Dans le tumulte des partis, le pays a parfois quel-
que mal à distinguer la vérité, mais, imprégné
des principes de la Révolution, attaché aux doc-
trines républicaines, il arrive toujours à faire des
distinctions nécessaires.
Une loi a été votée en 1901, et nul ne peut pré-
tendre se soustraire à son application. Toute la
question est de savoir si le gouvernement l'a stric-
tement appliquée.
Et d'abord, est-il bon d'entretenir dans le pays
certaines illusions ? Un gouvernement pourrait-il
songer à laisser dormir la loi de 1901 du long som-
meil qui, pour la loi de 1825, a duré trois quarts
de siècle ? Le gouvernement pourrait il se désin-
téresser plus longtemps des congrégations,de leurs
statuts, de leur personnalité, de leurs chefs, ne pas
savoir où ils vont, d'où ils viennent? (Applaudis-
sements sur les mêmes bancs.)
Je le demande à tous les hommes de bonne foi,
et non seulement à ceux qui ont le sentiment de
ce que doit être la société moderne, mais aux fidè-
les de l'Empire, en leur rappelant les rapports de
Portalis, aux partisans de la monarchie légitime,
qui n'ont pas oublié les efforts faits pour arrêter
les empiétements de la congrégation, aux partisans
de la monarchie constitutionnelle, dont les grands
orateurs n'ont cessé de revendiquer les droits de
l'Etat.
Est-il un gouvernement, un pays qui puisse
voir d'un œil indifférent le développement crois-
sant des congrégations ? On comptait 60,000 reli-
gieux avant la Révolution; ils étaient 157,000 en
1901 ; et c'est sous la troisième République qu'ils
ont pris tout leur essor. Leur patrimoine immo-
bilier, évalué à 50 millions en 1850, était estimé un
milliard en 1900. Interruptions à droite.)
C'est alors que le Parlement a fait la loi de
1901,
Moines ligueurs et moines d'affaires
En vérité !a situation devenait intolérable, L'E-
tat et aussi l'église ont supporté trop longtemps les
menées des moines ligueurs et des moines d'affai-
res. (Applaudissements à gauche, à l'extrême gau-
che et sur divers bancs au centre.)
Serait-ce porter atteinte à l'église que de la pri-
ver des services de certains moines qui n'ont pas
cessé de faire des actes politiques, qui ont couvert
le pays de comités « Justice-Egalité » ; qui dans
les Croix et les Pèlerins ont dicté et encouragé les-
plus odieuses campagnes contre les personnes,
contre les vieux républicains sous l'égide desquels
nous nous honorons d'avoir débuté dans la vie po-
litique.
Tous les partis ont commis des fautes, mais les
principaux agents des haines qui nous divisent,
les voilà; les principaux auteurs do la situation
actuelle, les voilà. (Vifs applaudissements à gau-
che. — Nouveau bruit à droite.)
Ce sont eux qui ont juré de ne pas laisser à ce
pays un jour de repos jusqu'à ce qu'ils aient fait
la moisson des intelligences et déraciné l'institu-
tion républicaine. (Applaudissements à gauche.)
La France, dans maintes circonstances, a signifié
nettement sa résolution de vivre en paix à l'abri
des lois républicaines. Vous n'avez rien entendu,
rien compris. Aux dernières élections, nous avons
retrouvé le même esprit qu'au 24 Mai. (Applaudis-
sements à gauche et à l'extrême gauche et sur di-
vers bancs au oentre.)
Le parti conservateur pouvait défendre honora-
blement ses idées. Il a toujours fait œuvre de dé-
molisseur, compromettant ainsi les intérêts les
plus évidents de la religion, compromettant l'E-
glise dans les plus lamentables incidents. Tous nos
avertissements sont restés sans écho. (Applaudis-
sements à gauche.)
Le pape et les ralliés
Il y a quelques années, une voix s'était élevée,
dans la solitude du Vatican, en faveur du désar-
mement. (Vives interruptions à droite.)
M. Millevoye. — Cela ne le regardait pas.
(Applaudissements ironiques à gauche et à l'ex-
trême gauche.)
M. Jonnart. — Je no cherche pas à justifier
les interventions étrangères ni dans un sens ni
dans l'autre. (Applaudissements à gauche.)
Mais c'est de l'histoire 1 Le pape avait parlé.
(Interruptions à droite.)
M. Archdeacon. — Il a eu tort.
M. jonnart. - Une fois de plus, il s'était
montré le politique sage et avisé qu'avait été l'é-
vêque de Pérouse. Il s'était rendu compte de l'irré-
sistible mouvement des esprits et du danger que
courait l'Eglise en restant cantonnée dans son in-
transigeance et en se solidarisant avec los anciens
partis..
Mes amis et moi, nous étions disposés à accueil-
lir les hommes do bonne volonté ; nous ne vou-
lions pas leur fermer les portes de la RÓpubliqlle.
Quelques-uns y sont entrés ; mais la plupart ne
l'ont fait, je dois le dire, que pour mieux nous
mettre dehors. (Applaudissements à gauche )
Nous n'avons pas gardé longtemps nos illusions
depuis que nous avons vu, à la première occasioD,
les ralliés de marque retomber, après le houlangis-
me, dans les plus tristes aventures. (Interruptions
à droite — Très bien ! très bien à gauche !)
Un membre à droite. Arrangez-vous avec M.
Aynard.
M. Jonnart. — Semblables aux chevaux de
bataille qui sentent la poudre, nous avons vu les
ralliés reprendre leur ancienne allure quand ils ont
cru avoir quelques chances do ruiner nos instilu
tions républicaines. (Très bien ! très bien ! à gau-
che.)
Ils ne se sont pas tenus de joie lors du beau geste
de la jeunesse dorée au champ de courses d'Au-
teuil (applaudissements à gauche) ; ils n'ont pas
caché leur dépit après les incidents de Reuilly; Us
n'ont pas su, ou plutôt ils n'ont pas voulu profiter
d'une seule occasion favorable pour témoigner
de leur loyalisme. (Très bien 1 très bien I à gauche.)
Les émeutes du Finistère
Je ne parle pas do cette nouvelle tactique inau-
- -.
gurée en Bretagne pour interdire l'accès des mai-
sons aux commissaires de police. Elle a fait la joie
des salons, mais la fierté des Bretons a dû en souf-
frir (Applaudissements à gauche.)
M. Leygues a pu dire que les invitations adres-
sées par le gouvernement aux congrégations da
demander à être autorisées avaient été entendues
par la plupart d'entre elles, mais qu'un certain.
nombre les avaient ensuite retirées sur les conseils
d'un comité politique qui trouvait que les choses
se passaient avec trop de calme (Applaudissements
à gauche) et que trop de soumission allait le priver
d'un moyen d'agitation. (Nouveaux applaudisse-
ments à gauche. — Bruit à droite.)
Nous demandons la liberté pour tout le monde ';
mais la victoire républicaine, nous la voulons avec
nos idées et par nos idées. (Nouveaux applaudisse-
ments jsur les mêmes bancs.,
L'idéal et l'union des républicains
Peu importe l'impatience de certains esprits, si
nous nous inspirons du même idéal, des mêmes
pensées qui ont inspiré et élargi l'âme républi-
caine. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes
bancs.)
C'est toujours une faute et il y a des heures oir
c'est folie de s'attarder à ce qui divise. Tant de
rivalités se dressent au dehors, tant de questions
fiscales et économiques nous sollicitent que nous
devons nous unir en nous souvenant de nos com-
munes origines et de nos communes espé-
rances. (Salves d'applaudissements.)
Rectification de M. Buisson
M. Buisson, au commencement de la séanca,
est venu protester contre la façon dont M. Ay-
nard avait fait, mardi, deux cilalions Je con-
cernant ;
M. Buisson. — J'ai dit que. sous l'ancien ré
gime, la société s'était déchargée sur de grandes
corporations, sur des congrégations, du soin do
satisfaire aux services publics, à l'enseignement, à
l'assistance, à l'hospitalisation, et j'ai rendu hom-
mage alors, comme je le devais, aux vertus des re-
ligieux qui remplissaient ces devoirs.
J'ajoutais, et c'est oe qua l'on se garde bien da
citer à la suite, quo la société nouvelle créée par-
la Révolution de 1789 avait entendu désormais sa
gouverner, s'administrer elle-même, qu'elle avait
fait acte de nation et non pas œuvre de parti en
créant l'enseignement public et laïque : car il y a
pour elle et pour nous, disais-je en terminant, d'au-
tres vertus quo celles qui s'abritent, dans l'isole-
ment, derrière la robe religieuse ; il y a les vertus
vivantes des instituteurs et des institutrices qui sa
mêlent à la vie sociale ; il y a quoique chose de
plus sacré que le couvent ; il y a la famille (Vifs
applaudissements à gauche.)
Cette citation n'a de valeur que si elle est faita
tout entière. Par un de ces procédés do déforma-
tion que nous voulons faire disparaître de l'ensei-
gnement.par une de ces habiles tricheries qui faus-
sent les intelligences juvéniles et que nous, vou-
Ions proscrire, on a coupé cette citation au point
précis où, après cet éloge dû au passé, je montrais
que ce passé avait fait place à un nouvel enseigne-
ment et où je faisaisl'éioge des éducateurs laïques.
(Très bien ! à gauche.)
M. Aynard a déclaré qu'il aurait cité tout la
pasange s'il l'avait connu : que ne l'a-t il
connu 1
Discours réactionnaires
Voici le moment venu de dire quelques mots
des discours réactionnaires 'qui ne nous avaient
pas paru dignes de figurer en tête de ce
compte rendu. 1
M. de Baudry d'Asson a lu un discours très
violent, où la majorité et le ministère sont
traités do « syndicats de sectaires ».
Quelqu'un a crié :
— Ne donnez pas trop d'importance à cos
élucubrations qui proviennent d'un ramolisse-
ment cérébral.
Colte observation a fait une impression pé-
nible. Nous avons l'habitude de tout pardonner
à M. de Baudry d'Asson, dont les crises de fu-
reur royaliste ne font de mal à personne. Et
M. de Baudry d'Asson ne nous faisant aucun
mal, il est équitable de ne lui faire aucuna
peine.
M. Georges Berry a parlé de façan intermi-
nable et morne.
M. G. Berry. — Un journal qui est de vos
amis, le Temps (sic), vous a conseillé la sagesse et
la prudence. Pourquoi ne l'avez vous pas écoulé ?
C'est entrer dans une voie dangereuse pour ceux
mêmes qui s'y engagent que de faire la guerre aux
religieux.
M. DE Dion. — Qui mange du prêtre en meurt
dit un proverbe.
Voix à gauche. — C'est un proverbe culinaire qut
sent le fourneau. (Rires.)
Reprocher à un gouvernement radical do ne
pas suivre les conseils de Ja presse modérée,
c'est une trouvaille.
M. Charles Benoist a fait un cours do droit:
M. Charles Benoist. — Qu'est-ce qu'un
scellé ?
Une voix. — Nous ne sommes pas à l'Ecole da
droit.
M. Vazeille. — Vous vous croyez dans voire*
cha!re de professeur.
M. Charles Benoist. — Si je m'y croyais,,
du moins aurais-je le mérite de n'injurier per-
sonne, et croyez-vous que la présence d'un pro-
fesseur de droit soit déplacée dans un débat juridi-
que? (Applaudissements au centre.) Bpiioist
Le président. — Laissez M. Charles Benoist
s'expliquer, avec d'autant plus de raison qu'il ap-
porte ici une compétence juridique incontestable. 1
(Très bien !)
M. Charles Benoist. — Le scellé est una
mesure conservatoire de deux droits en litige ; il
ne peut être apposé que par le juge de paix, sauf
quatre exceptions ; en matière criminelle de saisie.
exécution d'inventaire, apiàs décès des membres
de la famille royale, enfin, de prise maritime ; ils
ne peuvent être apposés qu'en vertu de la loi, d'un
ordre du gouvernement, d'une ordonnance de jus-
tics.
Pas d'ordonnance de justice en l'espèce. QucHa'
loi pourrait invoquer le gouvernement ?
M. Ch. Benoiat a continué son cours. Il a
voulu démontrer quo 1t3 gouvernement avait
dépassé ses droits. La science juridique est sr
malléable ! ',
M. Plichon a entendu « démontrer que la-
président du conseil avait violé la loi sur l'en-
seignement primaire et lui demandor quelles
mesures il comptait prendre pour assurer la
bénéfice de l'enseignement aux enfants privés
de leurs maîtres o.
M. de Ramel a juge que « le gouvernement
avait intorprété arbitrairement la loi, et que
c'est à tort qu'on avait représenté les congré-
gations comme des révoltées contre la loi w.
La presse réactionnaire nous a déjà raconlo
tout cela sans nous convaincre.
Et je vous jure qu'on ne se souvenait guère
de l'argumentation des députés cléricaux ou
mélinistes après avoir entendu ie superbe dis-
cours de M. Jonnart.
H.D.
»
LE CONGRÈS DE LA PAIX
Séance d'ouverture. — Discours de M.
Frédéric Passy- — Les présidents
d'honneur.
Toulouse, 16 octobre.
Ce matin a éu lieu à l'hôtel d'Assézat, la
réunion du premier Congrès national de la
paix. - -
La séance d'ouverture était présidée par M.
Frédéric Passy.
M. Feugai adjoint, a salué, au nom de la
ville de Toulouse, les membres du Congrès et
exprimé sa satisfaction pour l'honneur fait à la
ville.
M. Frédéric Passy, après avoir remercié M..
Feuga, a abordé l'histoire des Congrès de la
paix et fait ressorlir les avantages des Con-
grès nationaux, qui préparent l'œuvre des Con-;
grès internationaux.
L'arbitrage, a-t-il dit, considéré comtte ûiopfc
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