Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-10-09
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 09 octobre 1902 09 octobre 1902
Description : 1902/10/09 (N11899). 1902/10/09 (N11899).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7549185z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
'tS ÏTSt Q CENTIMES le - - Numêr6. PARIS & OEPïSTEfflENTS1
île Numéro; CINQ CENTIMES
FTKDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Ifl isofi Trolj nsit SlllIofa 6b ai
PafW 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départemsr/ts.. 2 - 6 - il— 20 —
3 Postale. 3-— # = 46 - 82-*
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES 11
MM. Ch. LAGRANGE, CERF & OW
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOUBNAfc -
a RÉDACTION : 14, rne du AlaU
De 4 à 8 heures du soir el de iO heures du soir à 1 heure du matin
No 11899. — Jeudi 9 Octobre 1902
18 VENDEMIAIRE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lcllrcs et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
RÉFORMES NÉCESSAIRES
Une des principales réformes que la
Chambre actuelle aura à accomplir sera
celle qui consiste à supprimer la loi
Falloux. Je sais, que de cette loi néfaste,
il reste pas grand'chose ; mais il faut
abroger ce peu qui en demeure et qui
est encore de trop.
Le Sénat, grâce à notre excellent ami
Béraud, a nommé une commission dont
les travaux nous sont connus. Eile de-
mande., par l'organe de son rapporteur,
l'abrogation pure et simple de la loi.
A la Chambre, grâce à l'intervention
de MM. Levraud et Brisson, un vote im-
portant a eu lieu. Le principe de la
suppression a été acclamé : ce fait se
passait à la veille des élections, par
conséquent à une époque où la majo-
rité républicaine n'était pas si nom-
breuse.
Nul doute donc qu'aujourd'hui. la loi
Falloux ne disparaisse prochainement.
On sait que cette loi fut votée le 15
mars 1850, à un moment de violente
réaction, « quand l'Empire était proche
«t la République de 1848 virtuellement
détruite ». Victor Hugo et nombre de
libéraux — dans le bon sens du mot —
protestèrent énergiquement, mais en
vain.Cette loi devint aux mains des clé-
ricaux une arme puissante. Elle accor-
dait — c'est là son principe essentiel —
à toutes les congrégations, même aux
Jésuites, le droit illimité de créer des
écoles libres. On aurait voulu détruire
l'Université, qu'on ne s'y serait pas
pris autrement.
Je sais que, lorsque nous parlons
d'abroger la loi Falloux, les modérés
nous répondent que nous voulons user
envers nos adversaires de la même into-
lérance qu'avec raison nous condam-
nons chez eux.
Certains républicains mêmes— ils ne
sont pas beaucoup — prétendent qu'en
supprimant la liberté d'enseignement,
nous portons atteinte à ce grand prin-
cipe de liberté, un des fondements de
l'idée républicaine.
Certes, ces reproches seraient mérités
si les congréganistes se montraient,dans
leur enseignement, respectueux du droit
de l'Etat et de la liberté d'autrui. Il n'en
est pas ainsi, et nous avons trop
d'exemples pour que l'on puisse une
minute, prétendre le contraire. Il me
semble qu'il suffirait,pour lever les scru-
pules des républicains portég à la man-
suétude, de leur rappeler la fameuse
parole de Leibnitz: « La liberté n'est pas
due à ceux qui veulent s'en faire une
arme pour enseigner à haïr toutes les
libertés. a
Nous ne voulons pas prendre au mot
la maxime du philosophe, et refuser à
nos adversaires tout liberté, évidem-
ment non, mais nous voulons que la
suprématie de l'Etat en matière d'en-
seignement se réalise.
L'Etat a non seulement le droit d'in-
tervenir dans l'enseignement pour y
maintenir certaines doctrines ou cer-
tains principes, mais il en a encore le
devoir impérieux. Le droit d'enseigner
n'est pas un droit naturel, il doit être
soumis à certaines garanties morales :
la liberté d'enseignement n'est pas une
liberté maîtresse, mais une liberté su-
bordonnée aux droits et intérêts de
l'Etat.
La question n'est pas douteuse, et il
n'est pas de sincères républicains qui
puissent prétendre le contraire.
Ah ! je sais qu'à ce propos, l'on fait
une objection qui semble, au premier
abord, décisive : la liberté du père de
famille. Certains voudraient substituer
le père de famille à l'Etat. Le père de
famille, disent-ils, est seul juge com-
pétent en la matière ; il est maître de
choisir le mode d'instruction et d'édu-
cation qu'il entend donner à ses en-
fants. Mais l'Etat lui-même est un père
de famille — et un père de famille qui
comprend tous les autres — qui a par
conséquent droit à autant, sinon plus,
d'autorité qu'eux tous.
Et d'ailleurs qui donc oserait dire que
ce droit du père de famille — droit que
je ne conteste pas, mais que j'arrête où
commence celui de l'Etat — n'a pas de
limites ?
Les deux droits qui paraissent en
conflit dans l'éducation des enfants : Je
droit du père de famille et le droit de
l'Etat, me semblent nettement définis
par Tbiers :
« L'enfant qui naît appartient à deux
autorités à la fois : au père qui lui a
donné le jour et qui voit en lui sa pro-
pre postérité, le continuateur de sa fa-
mille, et à l'Etat qui voit en lui le ci-
toyen futur, le continuateur de la na-
tion.
«Les droits de ces deux autoritéssont
divers, mais également sacrés,et ne doi-
vent être éludés ni l'un ni l'autre. Le
père de famille a le droit d'élever cet
enfant d'une manière convenable à la
sollicitude paternelle ; Ct Etat a le droit
de le faire élever d'une manière con-
forme à la Constitution du pays. J)
Telles sont les paroles de Thiers. On
se peut mieux réclamer l'établissement
du monopole de l'enseignemént par
l'Etat.
En attendant que cette réforme abou-
tisse, la Chambre peui et doit adopte?
celle qui consiste à abroger définitive-
ment la loi Falloux.
Il est temps d'enlever l'âme de la
jeunesse française aux ennemis irréduc-
tibles do la République, à ceux qui rê-
vent de générations d'esclaves de la
pensée, soumis d'avance à la domina-
tion du clergé.
A. Gervais.
—————————— »
AU BANQUET DU COMMERCE
ET DE L'INDUSTRIE
Nous voulons retenir quel-
ques mots particulièrement
frappants de ces nombreux et
excellents discours prononcés
hier au banquet du Comité ré-
publicain du Commerce et de
l'Industrie, et qui sont -- bien -
faits pour nous faire envisager avec con-
fiance l'avenir de notre parti.
De l'allocution nourrie et forte du prési-
dent du Conseil, nous signalerons une
qualité première : c'est la fureur comique
dans laquelle, depuis vingt-quatre heures,
elle a mis tous les organes de la réaction
coalisée. C'est qu'il est assez rare encore
d'entendre un ministre parler loyalement,
au pouvoir, le langage qu'il parlait lors-
qu'il n'avait à risquer que sa responsabi-
lité personnelle de député ou de sénateur.
Avec une vigueur alerte, juvénile, M. Com-
bes, nullement gêné par les hurlements
des diverses oppositions de droite, a pris
l'offensive,a caractérisé, stigmatisé chacun
des groupes conjurés, mis de son côté les
rieurs, donné confiance à tous les républi-
cains. Non, ce n'est pas ce ministre-là qui
s'arrêtera, à moitié chemin, dans la tàche
qu'il s'est imposée; il la poussera à sa con-
clusion, à sa perfection, tant que ses amis
du Parlement, ainsi qu'il l'a dit, lui con-
serveront leur confiance.
Dans cette harangue spirituelle et coura-
geuse, les mots heureux et qui resteront
abondent. Nous n'insistons pas, puisque,
dans notre numéro d'aujourd'hui, nous
avons tenu à donner, in-extenso, cet excel-
lent, ce réconfortant document. Que les
républicains qui veulent bien nous suivre
le lisent ; ils étaient déjà conquis par l'œu
vre courageusement poursuivie par le cabi-
net,ils seront à la fois charmés et réconfor-
tés par la parole vaillante du chef de ce
cabinet.
Maintenant, de l'admirable discours
prononcé, dans le même banquet, par M.
Henri Brisson, que dire qui ne soit bien
au-dessous de ce que nous voudrions
dire ? Jamais notre respectable ami et émi-
nent collaborateur, jamais le vieux lion
toujours prêt au combat pour le vrai et
pour le bien n'a tenu à la démocratie un
plus émouvant et merveilleux langage. Il a
encouragé celle-ci à relever le gant à elle
jeté « par l'insurrection des cagots et des
snobs », et il a donné de l'action résolu-
ment républicaine à laquelle nous assis
tons, cette raison que tous les convives
d'hier ont su apprécier : « Nous voulons
travailler tranquillement dans une républi-
que tranquille. »
Et enfin il a résumé sa lumineuse dé-
monstration de la nécessité de l'action ré-
publicaine, dans cette très grande parole :
« Héritier des générations qui ont souffert
pour l'émancipation de l'esprit et du peu-
ple, le gouvernement républicain est débi-
teur de l'avenir. » Cette parole, nous la re-
tiendrons, pour la rappeler sans cesse aux
gouvernants qui tenteraient de transiger
avec l'ennemi, avec le passé, et de gêner
la marche en avant du peuple de la Révo-
lution. — Ch. B.
CONGRÈS RADICAL-SOCIALISTE
Le Comité exécutif du parti républicain ra-
dical et radical-socialiste s'est réuni hier, de
2 heures à 6 heures, 62, rue Tiquetonne,.sous
la présidence de M. Dolpecb, sénateur, M. L.
Bonnet faisant fonction de secrétaire.
MM. Delpech et L. Bonnet ont rendu compte
de l'entretien qu'ils ont eu, samedi, avec M.
le président du conseil des ministres sur des
questions concernant le parti.
Le Comité exécutif a pris ses dernières dis-
positions pour le Congrès qui commencera
jeudi 9 octobre, à 2 heures précises, à la salle
de l'Eldorado, cours Gambetta. à Lyon.
MM. les sénateurs et députés, los comités et
les citoyens qui n auraient pas encore reçu ou
retiré leurs cartes du Congrès sont priés de
les réclamer à Lyon, à la salle du Congrès, où
une-permanence sera établie dès jeudi matin.
Le comité exécutif a entendu la fin du rap-
port de M. L. Bonnet sur la propagande, l'or-
ganisalion et la situation des différents partis
et les travaux du comité exécutif, et a décidé
qu'il serait lu à la première séance du Con-
grès.
Les adhésions au Congrès de Lyon — nous
en avons précédemment publié la liste — sont
plus pombreuses qu'au premier Congrès radi-
cal socialiste de 1901.
A ce propos, réparons une omission :
Il convient d'ajouter le groupe républicain-
radicalsocialisle du quartier Saint-Lambert à
ceux qui ont donné leur adhésion au congrès
radical et radical-socialiste de 1902.
Autre addition aux listes précédemment pu-
bliées : Les sections de Paris, Toulouse, Poi-
tiers. Marseille, le Comité do Dijon, les groupes
d'adhérents de Bordeaux, de Caen et de Nancy.
de l'Union des Etudiants républicains de
France seront représentés au Congrès radical
et radical-socialiste.
D'autre part, un correspondant qui signe ilJjsi-
blement nous prie d'insérer la note suivante ; nous
le faisons sous toutes réserves, puisque la source
du renseignement ne nous est pas connue :
Les réunions des délégués radicaux-socialistes
auront lieu les 9.10,11,12 octobre,tous les ma-
tins à 10 b.,au grand amphithéâtre du Palais
des Arts, rue de l'Hôtel-de-Yille, à Lyon.
ENTRE CROATES ET SERBES
(De noire correspondant particulier)
Agram, 7 octobre.
Le mouvement de boycottage dirigé contre
les négociants serbes s'accentue de plus en
plus. Les étudiants parcourent le quartier
d'ilica, où se trouvent les principaux magasins
de modes.
Les dames qui entrent dans un magasin tenu
par un négociant serbe sont averties par les
étudiants que personne ne dansera avec elles
durant la saison da carnaval.
Beaucoup de commerçants serbes se prépa-
rât fr quittée Agram, --- *
LA SAGE-FEMME
MODERNE
A propos d'un Concours de Bébés
Une corporation qui se relève.—Sages-
femmes et matrones.— L'œuvre d'un
syndicat. — Les « eoeurs » sages-
femmes. — Obtention du diplôme
d'accoucheuse. — 1" et 211 clas-
ses. — Les sages-femmes
agréées et du bureau de
bienfaisance.
Conviés d'une façon toute spéciale par le
Syndicat général des sages-femmes de France
à assister au concours des bébés qui avait lieu
dimanche à l'Exposition des arts et métiers
féminins, nous nous sommes rendus à cette
invitation.
Quatre cents bébés concurrents
Oh ! les adorables petites poupées que nous
y avons vues, les beaux petits bébés venus de
tous les coins de la France : de Dijon, de
Saumur, de Chartres, de Bordeaux, etc.
C'est sur l'initiative de Mme Henry, ex-sage-
femme on chef de la Maternité, chevalier de la
Légion d'honneur, que ce concours a eu lieu,
concours qui se répétera chaque année à une
époque où la maman n'aura pas à craindre
pour l'enfant les rigueurs des saisons. Cette
œuvre nouvelle qui a pour but d'engager,
d'aider et d'encourager les parents à entourer
de leurs soins constants les petits enfants s'ap-
pellera : « La vie du Petit enfant ».
Plus de 400 parents avaient répondu à l'ap-
pel du syndicat des sages-femmes et c'est au
milieu d'une assistance nombreuse qui se pres-
sait dans un des pavillons d'horticulture du
Cours-la-Reine que la séance s'est ouverte.
Les prix qui seront distribués ultérieure-
ment et dont nous donnerons, les noms des
lauréats sont nombreux et comportent des ob-
jets de valeur, ils sont basés sur les 3 condi-
tions indispensables que doivent réunir les
mignons candidats : santé, hygiène, beauté,
le jury composé d'éléments divers réunit des
peintres, dos sculpLeurs, des docteurs. Nous
avons relevé les noms des docteurs Philippon,
Archambault, Brégi, Levassor, Foveau de
Courmelles, des peintres Atalllya,VaHecalle,du
sculpteur Laporte, au surplus, plusieurs den-
tistes et de nombreuses sages-femme s.
La sage-femme à travers les âges
Après les diplômes de docteur et de pharma-
cien un des plus sollicités est celui de sage-
femme. Etre sage-femme est un attrait, un rêve
pour beaucoup de jeunes femmes. Dans cette
branche comme dans les autres il y a beaucoup
d'appelés et peu d'élus car avec le siècle de pro-
grès ou nous vivons, avec l'instruction obliga-
toire, nous sommes arrivés lapidement à faire
de notre nouvel élément féminin un ensemble
de cerveaux sinon remarquable, tout au moins
un centre d'intelligence qui étudie, qui réflé-
chit et qui cherche.
Une sage-femme évoquait autrefois une gros-
se bonne femme frisant la soixantaine, comme
j'en ai connu moi-môme, plus ou moins bien
attifée, plus ou moins barbue, plus ou moins
instruite, mais suppléant à cela par une grande
pratique, meilleure mâîtresse souvent que la
plus pure de toutes les théories.
Beaucoup d'entre ces praticiennes en provin-
ce surtout, s'affublaient du titre de sage-femme
et si par bonheur, elles arrivaient à mener à
bonne fin 1 ou 2 accouchements, elles se fai-
saient un renom, s'attiraient des clientes et ces
matrones de par les campagnes étaient sacrées
grandes guérisseuses.
Aujourd'hui leur règne est fini, les sages-
femmes de France se sont syndiquées et leur
syndicat que j'ai vu à l'œuvre et dont j'ai parlé
au commencement de cet article, poursuit
d'une façon radicale toutes les matrones qui
exercunt illicitement cette branche médicale en
les signalant à la Faculté et aux gendarmeries
qui avisent.
Vierges et matrones
La sage-femme de par son rôle entre facile-
ment dans les familles et c'est ce qui a déter-
miné quelques illuminées et envoyées de Notre
Très-Sainte-Mère la Vierge épouse de fange
Gabriel, à fonder un ordre de « sœuw sages-
femmes » dont la maison-mère est à Metz et qui
vont de par les maisons d'Outre-Rhin soigner
les femmes en couches, espionner les familles
comme le font toutes les sœurs en Jésus-Christ
ou en Marie. Voyez-vous des a sœurs » sages-
femmes ? cela dépasse les bornes ; laissons les
curés dans la boîte à secret, à malice, à deman-
des inquisitoriales et à réponses équivoques,
qu'ils appellent confessionnal ; laissons les gar-
des-malades aux malades et les .sœurs dans les
couvents. Il est heureux que cet ordre de ma-
trones encornettées ne soit pas venu parmi
nous disputer les malades à nos lauréats des
Facultés. Voilà le vrai péril, blanc ou noir, le
péril clérical qui comme une immense araignée,
étend ses longues pattes et que nous cherchons
à arrêter avant qu'il ait tissé son réseau.
Regard en arrière
La corporation des sagM-femmes s'est beau-
coup améiioiée et, depuis quelque 10 ans, a
grandi dans l'estime du publie et de tout le
corps médical.
L'historique de la corporation des sages-fem-
mes serait trop long à faire et je laisserai à
d'autres le soin de le détailler. Il me suffira de
dire que cette corporation remonte au 16* siècle
à l'époque où l'Hôtel-Dieu portait le nom d'Of-
fice des accouchées. Ce service avait acquis
une très granda renommée et l'honneur d'y
faire un stage était brigué par les docteurs de
l'Europe entière.
Ce fut seulement en 1802 que Chaptal, alors
ministre de l'intérieur, désigna la Maternité
comme école pratique et théorique d'accouche-
ments. C'est là que fut la pépinière des futu-
res accoucheuses.
Dire les noms de celles qui illustrèrent cette
école et lui donnèrent une impulsion nouvelle
serait une tâche trop aride. Quand j'aurai
seulement cité les noms de Mme Lachapelle,
de Mme Henry, de Mlle Hénault, quand j'au-
rai dit que les 2 premières ont reçu l'étoile
d'honneur qui pique d'une goutte de sang leur
poitrine, j'aurai tout dit. La dernière de ces
3 sommités est encore trop jeune pour préten-
dre à cette distinction, mais marche déjà sur
les traces de ses devancières et nous lui avons
vu, cette année, décerner les palmes académi
que*.
Cours - et diplômes
Il y a quelques années encore il était facile
de se faire recevoir sage-femme; mais,actuelle-
ment, vu leerand nombre de demandes,il faut
bien faire un tri. De là sont nées 2 classes ;
les sages-femmes del"classe qui possèdent leur
brevet et celles de 2' classe qui n'ont aucun
parchemin. Celles-ci ont le droit d'exercer
tout comme les autres, mais n'ont pas le même
titre. Il existe à Paris 2 écoles où les élèves
suivent les cours : l'Ecole de la Maternité et
l'Ecole de la Faculté. Celle dernière donne ses
cours à l'hôpital Beaujon et décerne des diplô-
mes de 1" et de 2* classes,tandis que la Mater-
nité qui est un internat et où c'est presque l'é-
tude forcée ne décerne que des diplômo3 de
1" classe. Les aspirantes ont donc tout avan-
tage à choisir cette dernière voie. De là enes
prennent leur essor par toute la France.
A Paris les sages-femmes sont nombreuses.
Certaines dépendent d'un hôpital et tiennent
des ttaiâooa d'iCOOJ.LQJwI.lLI gui ne sont qqe,
dos annexes de cet hôpital et où elles reçoi-
vent des pensionnaires de l'Assistance publique
pour désencombrer les hôpitaux. Ces sages-
femmes sont en général choisies parmi les pre-
mières élèves de la Maternité.
Cette mesure remonte à 1867.
Les services annexes
A cette époque l'on ne savait pas comment
combattre les épidémies do fièvre puerpérale
qui sévissaient dans les hôpitaux et faisaient
des hécalacombes de nouvelles accouchées.
Les méthodes antiseptiques alors inconnues ne
permettaient aucun remède efficace. C'est
alors que l'Assistance publique eut l'idée d'en-
voyer quelques malades chez des sages-femmes
proches des hôpitaux. Cette mesure réussit
pleinement, et, depuis, chaque hôpital possède
son service annexe.
J'ai visité plusieurs maisons desagos-femmes
et j'ai constaté que cesorvico était parfaitement
tenu; ce sont de petits hôpitaux, satellites gra-
vitant autour de la planète.
J'ai visité aussi les sages-femmes du bureau
de bienfaisance ; j'ai écouté les réclamations
des unes et des autres et constaté les efforts de
leur syndicat pour leur faire donner satisfac-
tion. Une de nos eollèguos de la Fronde avait
presque obtenu une promesse de M. Mourier,
Espérons que M. Mesureur voudra bien écouter
leurs justes revendications.
Les sages-femmes du bureau de bienfai-
sance touchent de l'Assistance publique la fr.
pour un accouchement, elles demandent 20 fr.
leur réclamation n'a rien d'excessif.
Quant aux sages-femmes qui dirigent un
service aunexe. elles touchent 70 fr. par ma-
lade, el, en plus de l'accouchement, sont tenues
de soigner el de nourrir ces malades pendant
10 jours. C'est par décret du 30 décembre 1881
que ces prix furent accordées par le Conseil
municipal pour les2 catégories d'accoucheuses.
Aujourd'hui, elles sollicitent une augmentation
des plus justifiées. 22 ans se sont écoulés de-
puis lors, et la rémunération est restée là
même, pendant que tout autour d'elles aug-
mentait.
Nous ne pouvons qu'applaudir aux efforts que
fait le syndicat des sages-femmes pour venir
en aide à tous ses membres. Nous ce pouvons
que le remercier de s'efforcer aussi par ces
concours qui s'annoncent comme devant avoir
beaucoup de succètà amener forls et bien por-
tants vers l'adolescence ces êtres fragiles qui
sont notre espoir et notre orgueil — orgueil
do père, espoir - de citoyen. -- - Paul - Goguet. --
Voir à la 3" page
les DERNIERES DEPECHES
LA CONVOCATION DES CHAMBRES
Le décret de convocation des Chambres a été
promulgué hier au Journal officiel.
Comme nous l'avons annoncé, la date
d'ouverture de la session est fixée au 14 oc-
tobre.
———————————— ————————————
CONTRE LE BLANC DE CERUSE
Le ministre des fitiances vient d'adresser aux
chefs de service une circulaire les invitant à
donner dos ordres formels pour que, dans tous
les travaux exécutés pour le compte do l'admi-
nistration des finances, il soit désormais inter-
dit de faire usage de couleurs ou enduilsà base
de céruse.
——————————— ————.—-———.
Les Cosaques et l'iduence russe en Perse
(De notre correspondant particulier)
Bombay, 7 octobre.
L'lntelligmce Département (bureau des ren-
seignements) de l'armée anglo-indienne suit
avec une certaine inquiétude les progrès de
l'œuvre dos instructeurs militaires russes en
Perse. Il y a vingt ans environ, le shah Nasr-
Eddine avait exprimé le désir d'avoir une
troupe organisée sur le modèle des régiments
de Cosaques. Le général Donnanlovitch avait
alors entrepris d'en créer le premier noyau.
Aujourd'hui l'arméepersane a toute une brigade
de Cosaques, qui est placée sous les ordres du
général Kossagowski et dont les officiers sont
pour la plupart russes. L'exercice se fait à la
russe et même l'uniforme est taillé sur le mo-
dèle russe. Les hommes se recrutent parmi les
Tarlares, les Turcomans et les Kourdes de la
frontière. La brigade compte quatre régiments
de cavalerie, deux compagnies d'infanterie et
deux batteries à cheval. Ces troupes tiennent
garnison à Téhéran, à MescheJ et à Kerman.
Leur chef, le général Kossagowski ne reud de
compte? qu'au grand-vizir et au ministre plé-
nipotentiaire de Russie.
UNE GRÈVE DANS L'ANTIQUITÉ
(De notre correspondant particulier)
Munich, 7 octobre.
Le savant archéologue, M. Marcus Landau, a
découvert un vieux parchemin qui donne de
curieux détails sur une grève organisée dans
l'antiquité. Les boulangers de pain azyme pour
le temple de Jérusalem inaugurèrent un mou-
vement gréviste peu da temps avant la con-
quête de la Terre-Sainte par Titus. Ils deman-
daient une augmentation de salaires. Les prê-
tres eurent recours à un moyen fort en usage à
notre époque. Ils firent venir des boulangers
juifs d'Alexandrie; mais, ceux-ci ne connais-
sant pas bien l'art de préparer le pain sacré,
on dut faire droit aux réclamations des gré-
vistes.
- 00
LES MISSIONNAIRES ALLEMANDS AU TRANSVAAL
(De noire correspondant particulier)
Capetown, 7 octobre.
Sept missionnaires allemands détenus prison-
niers à Prétoria pendant la guerre sont rentrés
dans leurs établissements qu'ils ont trouvés
complètement saccagés et en partie démolis.
Ils ont fait des démarches pour obtenir des in-
demnités. ,
Plusieurs missionnaires allemands ont quille
l'Afrique du Sud.
♦
ARTISTE EN BILLETS DE BANQUE
(De notrg correspondant particulier5
Vienne, 7 octobre.
La Banque Austro-Hongroise, qui a le mo-
nopole de l'émission des billets de banque, a
fait venir de Saint-Pétersbourg M. de Na-
dherny, graveur de banknoles,M, de Nadherny
est Autrichien de naissance, mais depuis quel-
ques années au service du ministère des fi-
nances russes.
Ses travaux ont attiré sur lui l'altention de
plusieurs gouvernements. Les nouveaux bil-
lets autrichiens de 500 et de 1.000 couronnes
seront confectionnéa sous la direction do M. de
Nadherny.
NOUVEAUX SÉNATEURS ITALIENS
(De noire correspondant particulier)
Rome, 7 octobre.
Le bruit court qu'une promotion assez im-
portante de sénateurs aura lieu à la veille des
vacances de Noël.
Le roi nommera environ 35 nouveaux mem-
bres do Sénai ; plusieurs magislrats entre au-
trefi euufrcoai tous la hama assembla --
LE BANQUET
DU GRAND-HOTEL
LE DISCOURS DE M. EMILE COMBES
LA LUTTE ANTICLÉRICALE
Contre les congrégations. — Energi-
ques déclarations du Président du
Conseil. — La réaction masquée.
-Doléances et lamentations
jésuitiques, — Par le tra-
vail. — Questions di-
verses. — La poli-
tique radicale
acclamée.
Ainsi que nous l'avons annoncé hier, nous
publions aujourd'hui in-extenso le magistral
discours que M. Combes, président du Conseil
des ministres, a prononcé au banquet qui lui a
été offert au Grand-Hôtel par le Comité répu-
blicain du Commerce et de l'Industrie.
Messieurs,
J'ai écouté avee le plus vif intérêt et la gratitude
la plus sincère les assurances de dévouement à la
République et de bienveillance envers le gouver-
nement qui ont été exprimées eu un langago si
ferme et si courageux par le président du Comité
républicain, M. Mascuraud. Et comment n'aurais-
je pas été charmé de 'es entendre, alors que je
venais d'entendre de la bouche de votre secrétaire
général que le comité républicain du commerce
et de l'industrie, déjà si puissant et si répandu
sous le ministère de M. Waldeck-Rousseau, conti-
nuait de se ramifier et de s'étendre sous le minis-
tère que j'ai l'honneur de présider ? (Vifs applau..
dissements.)
Une telle expansion n'est-elle pas de nature à
réjouir tous les républicains qui s'inquiètent de
l'avenir de co pays ? (Nouveaux applaudissements.)
J'ai été ensuite bien vivement touché dos paroles
si cordiales et des encouragements si sympathiques
qui ont été accordés au gouvernement par mon
ami Brisson, par ce républicain sans peur et sans
reproche (bravos etacclamations), par ce type ache-
vé de démocrate, qu'on est toujours sûr de rencon-
trer partout où il y a un exemple à donner et un
devoir à remplir. (Vifs applaudissements). Mon
cœur, déjà plein d'affection pôur lui, gardera de
ce jour une profonde reconnaissance.
Je n'ai pas été moins touché, messieurs, de
l'approbation chaleureuse que 'vous avez donnée
aux trois discours qui viennent d'être prononcés.
Rien n'était plus propre à me convaincre que la
ligne politique suivie par le gouvernement répond
aux sentiments los plus intimes de tout le parti
républicain.
Le ministère Waldeck-Rousseau
Cette conviction se fortifie en moi quand je me
reporte par la pensée à un spectacle semblable,
dont j'ai été témoin ici même, l'année dernière,
presque à la même époque. Alors aussi, messieurs,
j'assistais comme votre convive au banquet offert
par votre comité à l'ancien président du conseil, à
l'homme d'Etat éminent dont ie m'honore d'être le
continuateur. (Applaudissements répétés.) J'ai en-
core dans l'oreille le bruit des applaudissements
enthousiastes qui soulignaient chacune de ses dé-
clarations. Vous acclamiez, et j'acclamais avec
vous, plus encore que l'orateur sans rival, le ci-
toyen dévoué qui, faisant abnégation de ses pro-
pres goûts, avait accepté le pouvoir dans les cir-
constances les plus graves — M. Mascuraud disait
avec raison (. les plus critiques » — pour faire l'u-
nion du parti républicain et, par cette union, dé-
livrer la République du double péril que lui fai-
saient courir, d'un côté, un nationalisme qui n'est
que la parodie malfaisante du véritable patriotisme
(vifs applaudissements), et de l'autre une réaction
cléricale, qui travaille depuis cinquante ans à faus-
ser les jeunes intelligences pour leu? inculquer la
haine des principes fondamentaux de la société
moderne. (Applaudissements prolongés.)
Assurément, messieurs, il vous paraîtra naturel
que moi aussi, après M. Mascuraud, j'évoque ces
souvenirs dans ce banquet du commerce et de l'in-
dustrie, puisque le commerce et l'industrie, grou-
pés et entraînés par l'action résolue de votre co-
mité, ont contribué pour une si large part au
triomphe de la politique gouvernementale. Et
comme cette politique n'a pas changé, comme elle
s'inspire toujours des mômes vues, comme elle
poursuit toujours la même lutte contre les mêmes
ennemis, je me tiens pour certain — cette soirée
m'en est le gage — quele gouvernement peut faire
fonds aujourd'hui comme jadis sur vos sympa-
thies et sur votre appui. (Applaudissements et
bravos répétés.)
D'ailleurs, messieurs,n'êtes-vous pas vous-mêmes
directement intéressés au succès de notre œuvre ?
Qu'est-elle autre chose, cette oeuvre, comme vous
le disait tout-à-l'heure mon ami Brisson, que le
retour à des doctrines trop longtemps délaissées,
la revendication des droits de l'Etat, tels que nos
pères de la Révolution les ont consignés au prix
de leur sang dans des lois qui n'ont jamais été
abrogées? N'êtes-vous pas autant et plus que qui
que ce soit, vous, représentants attitrés du com-
merce et de l'industrie, les fils de la Révolution ?
N'est-ce pas la Révolution qui vous a faits ce que
vous êtes maintenant (très bien ! très bien ! bravos)
les égaux en dignité des classes autrefois privilé-
giées ? N'est-ce pas la Révolution qui a effacé de
vos fronts l'inepte flétrissure dont le régime mo-
narchique avait marqué quiconque s'adonnait aux
opérations du négoce? (Applaudissements.) C'est
donc votre cause que vous soutenez en soutenant
le gouvernement,et cette cause, qui nous est com-
mune, c'est la cause de la Révolution.
Cléricaux et nationalistes
Remarquez-le bien, messieurs, derrière la ques-
tion restreinte qui a servi de thème pendant les
deux derniers mois aux déclamations nationalistes
et cléricales, il y a la question plus haute, la ques-
tion capitale que l'ancien président du conseil ca-
ractérisait avec sa précision habituelle quand il'
nous montrait la contre-révolution s'efforçant, à
l'aide de ses moines ligueurs et de ses moines d'af-
faires, de reprendre à la France républicaine tou-
tes les conquêtes de la Révolution. C'est bien là, en
effet, le dissentiment essentiel qui met aux prises
en ce moment les partis politiques sur le terrain
congréganiste. Il s'agit do savoir qui l'emportera,
de la Révolution personnifiée dans la République,
ou -- de la contre-révolution incarnée dans la réac-
tion clérico-nntionaliste. (Applaudissements répé-
tés et prolongés). Il s'agit do savoir laquelle des
deux restera maîtresse de nos destinées.
Oh! je conviens qu'on courrait le risque de se
tromper sur la nature du débat si l'on s'en tenait
aux apparences. Nous sommes loin de l'époque,
pourtant encore récente, où la contre-révolution,
défiant la civilisation moderne et se croyant en si
tuation de lui dicter des lois, jetait l'anathème à
toutes les libertés publiques, depuis la liberté de
la presse jusqu'à la liberté de la tribune, les décla-
rant toutes également perverses, et n& retenant
qu'une seule liberté, la sienne. (Sourires et vils
applaudissements.)
A la stupéfaction, à l'effroi universelqui accueil-
lirent ces prétentions outrecuidantes, la contre-ré-
volution comprit que la franchise n'était pas de
saison et que,pour arriver à ses Ons, eH. avait be-
soin de s'affubler d'un masque.
Aussi, messieurs, depuis lors, elle a abjuré son
langage pour nous emprunter le nôtre. Ce n'est
plus au nom de ses principes propres, droit divin
du pape ou droit héréditaire du monarque, qu'elle
s'agite et commande do nos jours, c'est au nom
dos principes républicains, au nom do la liberté.
C'est en criant vivo la liberté que le monde des
couvents, éclairé tout à coup par la grâce révolu.
tionnaire" (rires et applaudissements), se précipite
au pied des autels, prenant le dieu du Syllabus à
témoin do l'intolérance de la libre-penséo. (Nou-
veaux rires et applaudissements).
Manifestations théâtrales
C'est en criant vive la liberté que les dames du
noble faubourg, éprises sur le tard de démocratie
(Hilarité générale), quittent leurs boudoirs élégants
pour inviter los femmes des prolétaires à des ma-
nifestations théâtrales qui finissent piteusement
sous les huées populaires. (Très tient très bien : et
applaudissements).
C'est en criant vive la liberté que les petits-flls
des Chouans, dont Brisson vous parlait tout à
l'heure, renouvelant à leur façon tes exploits de
leurs pères, sous l'œil bienveillant de prêtres aux
narines indulgentes (hilarité générale, s'approvi-
sionnent des projectiles qu'on vous a décrits con-
tre la force armée ohargée de dissiper les attroupe
_mQA c'est en ori&ût vive la liberté qUQ 159 roja- j
listes et les bonapartistes de marque, les mêmes
hommes que nous avons vus pendant trente ans se!,
dresser avec ensemble contre toutes les lois de li-
berté, contre toutes los mesures d'affranchissement
intellectuel et moral, demandent aujourd'hui quoi
l'Etat laïque place les congrégations en dehors cti
au-dessus des lois et immole ses droits de souve-5
raineté à la toul-puissance monacale. (Très bien!;.
très bien 1) ; 1
Etrange ironie des choses! Tous ces gens-là, hier,
encore, n'avaient pas assez d'invectives contte JeS(
lois de la République et particulièrement contre lai
loi scolaire qu'ils app'^Ui'Mit la loi scélérate, et au-/
jourd'hui ils se cramponnent désespérément a,
cette dernière loi, comme à l'arche sainte deî
leurs espérances (rires et applaudissements), com-
me au palladium tutélaire des établissements con.!
gréganistes. :
Nos décrets leur ont appris que cette palinodia 1
était inutile et que nous n'étions pas d'humeur,
à nous laisser berner par un libéralisme de pa-
rade. 1 Rires et applaudissements.) Alors ils en unt i
appelé au pays. Le pays leur a répondu, en
nous félicitant, par l'organe do ses conseils gé né-,,
raux et do ses conseils d'arrondissement. (Applau-
dissements.) .r-'
Les adresses républicaines *
C'est par milliers que nous sont parvenues iW
adresses des conseils municipaux. Innombrablesr
aussi sont les motions élogieuses que nous votenf
tous les jours tes comités républicains et les so-
ciétés locales instituées pour la défense de la Ré"r
publique. Ce mouvement a même gagné les r(r
gions les plus arriérées de la France, où l'on pou-
vait craindre, nom sans raison, qu-î toute clarté
d'avenir et toute espérance do progrès se fussent
éteintes, en l'absence d'un enseignement vraiment
digne de ce nom, dans des ténèbres séculaires.
A ces indices, messieurs, vous pouvez pressentir
que la trame contre-révoi u tioti ii aire, si patiem-
ment, si savamment ourdie pendant un demi-siè-
ment, l'abri de la loi Falloux, craque et se disloque.
cle à
La lumière de la vérité commence à pénétrer dans
des localités jusqu'alors obstinément fermées aux
idées nouvelles. II n'y a qu'à jeter bas une bonne,
fois pour toutes les murailles qui l'arrêtent. En
moins de deux générations, elle aura tout éclairé
et tout vivifié.(Vifs applaudissements.)
Messieurs, vous avez voulu associer la Franco
commerçante et industrielle aux témoignages da
confiance émanés des corps constitués et des grou-
pements républicains. Nous vous en remercions de
tout cœur. Votre initiative nous est un puissant
réconfort contre les calomnies systématiques da
nos adversaires et les défections inexplicables d'un,
certain nombre de républicains. Elle est bien faite
pour nous encourager dans l'accomplissement de
notre tâche, tâche ingrate entre toutes, qui n'a et
ne peut avoir d'autre dédommagement pour nous
que la satisfaction du devoir rempli et la cons-
cience des services rendus à la République. (Vifs
applaudissements.)
Un effort à faire
Cette tache, vous l'avez connue par la déclar a
tion ministérielle que nous avons lue aux Cham-
bres. Nous n'avons rien à y ajouter, car elle est à
peine ébauchée ; et aux clameurs passionnées, aux
résistances furieuses qu'clle a rencontrées dès le.
début, vous pouvez préjuger l'effort énergique qlli
sera nécessaire pourra conduire à bonne fin. ;
Cet effort, mon cher Brisson, nous le ferons!
(Applaudissements prolongés, cris de « Vive Bris-
son ! ») Cette énergie nécessaire, nous l'aurons, je
vous en donne l'assurance au nom du ministère,
et du ministère tout entier. (Nouveaux applaudisse-
ments.)
Oui, au nom de ce ministère qu'on s'amuse par-
fois, en guise de passe-temps ou de ballon d'essai,
à représenter comme divisé, mais qu'on trouvera
toujours uni dans un même esprit et un môme
cœur pour uno même politique de défense républi-
caine et de progrès démocratique. (Vifs applaudie
sements), »
Pas de défaillances
Tant que la majorité républicaine du Parlement
nous maintiendra au poste où sa volonté nous a
placés, tant qu'elle nous conservera sa confiance,
elle n'a pas à craindre que nous désortions la lutta
ou que nous fassions banqueroute à nos engage-
ments et aux. espérances de la démocratie (Applau-
dissements.)
Non, messieurs, 11 ne sera pas dit que, par la dé-
faillance du ministère, la loi sur les associations
restera à l'état de lettre-morte. (Vifs applaudisse-
ments), et qu'elle laissera la congrégation enserrer
la société laïque dans ses mille plis et replis et la
comprimer jusqu'à l'étouffemecl par le réseau in-
définiment agrandi de ses établissements. (Très.
bien ! très bien !) Non, il ne sera pas dit que, par
la défaillance du ministère, l'enseignement congré-
ganiste poursuivra tranquillement son œuvre né-
faste d'asservissement moral (Applaudissements
prolongés) et achèvera de couper la France en
deux par le fossé de plus en plus profond qu'elle
creuse depuis un demi-siècle entre les deux
moitiés de notre jeunesse. (Applaudissements pro-
longés.)
Non, il ne sera pas dit que,par la défaillance du
ministère, les fonctionnaires de tout ordre (Vifs *
applaudissements) civil, religieux ou militaire
(Vifs applaudissements) abuseront des situation?
acquises pour braver la République et ses lois
(Applaudissements et bravos répétés), ou que la
qualité de « républicain n constituera un titre de
défaveur pour l'admission et l'avancement dans
les carrières publiques.(Vives approbations.)
Non, il ne sera pas dit que, par la défaillance du
ministère, les injustices inhérentes à notre système
d'impôts bénéficieront à tout jamais de l'usage et
de la tradition pom- échapper à une réforme qui a
été inscrite de tout temps dans le programme du
parti républicain. (Applaudissements.)
Non, il ne sera pas dit que,par la défaillance du
ministère, à une époque où le sentiment de la so-
lidarité s'épanouit-en institutions merveilleuses de
prôvoyauce, les travailleurs de l'atelier et du champ
devront renoncer à la seule perspective consolante
qui puisse leur être ouverte, dans leur rude labeur
de la journée, celle d'un toit pour abriter leur tôlo
et d'un morceau de pain pour sustenter leur vie,
au déclin de leurs jours. (Applaudissements et
bravos répétés.)
Oh ! nous ne nous dissimulons pas que notre tâ-
che est malaisée, plus que malaisée, qu'elle est
hérissée de difficultés, et, à parler vrai, elle serait
au-dessus des forces du cabinet si elle n'était assu-
rée du concours de toutes les fractions du parti
républicain. (Très bien ! très bien !)
Nous avons sollicité ce concours dès la première
heure, avec le désir sincère de l'obtenir. La com-
position du ministère atteste l'esprit d'union qui
a présidé à sa formation. Si, dans le Parlement,
une portion des bonnes volontés que nous escomp-
tions s'est dérobée, du moins, dans le pays, les ré-
publicains de toutes nuances, les républicains
sincères, nous ont envoyé et nous envoient tous
les jours leur adhésion avec un entrain qui no sa
lasse pas. Ceux-là seuls se tiennent à l'écert qui
sont trop compromis avoo la réaction pour avoir
le courage de se dégager. (Vifs applaudissemt::nts.J.;
Précieuse adhésion
Messieurs, entre toutes ces adhésions, je me fais
un devoir de répéter que la vôtre nous est des plus
précieuses. C'est l'adhésion de la démocratie dans
son expression la plus spontanée, la plus franche.
la plus généreuse.
Par votre position sociale, par la nature do vos
professions, par le genre de vos travaux, vous
êtes en rapports immédiats - rapports de voi-
sinago et rapports d'intéréts - avec toutes les
couches de la société. Vous êtes du peuple et
votre cœur a les mémos battements que le cœur do
peuple.
De plus, vous vous êtes élevés par l'insfruction
et votre esprit s'est nourri des doctrines philan- •
t h repiques qui font du principe de la solidarité la
pivot essentiel de notre regime politique. Voiià
pourquoi, je le dis encore, vous représentez la dé-
mocratie dans ce qu'elle a de plus libre et do plus,
généreux Vous n'avez pas seulement la liberté sur
les lèvres, vous en avez l'amour dans le cœur, a îa
différence de III race nouvelle des libéraux, qui na.
goûtent de la liberté que la liberté des congréga-
tions, et qui n'imaginent rien de mieux pour ven-
ger cette liberté selon eux outragée que d allamer,,
de boycotter les oommerçants et les industriels qui
se permettent de penser autrement qu'eux. (Vit,
applaudissements).
Oui, messieurs, ces libéraux d'espèce nouvelle.
ces cbê.te'a.in superbes, qui n'ont eu que la pdn.
de naître pour jouir d'nne fortune héréditaire (ap-
plaudissements), co, bourgeois vaniteux qui se tar-
guentde leurs millions légitimement gagnés, j'en
suis d'accord, mais gagnés par la classe ou v-riôra
(applaudissements répétés), ont tellement perdu la
notion du droit et du devoir, qu'ils complotent.
Duvertement — leurs journaux s'en vantent —
de faire servir leur riehosse a l'intimidation, à la ;
sujétion 4e leura ouvriers ot de leurs tQ'UQ}'!;
'&J.;,.,
île Numéro; CINQ CENTIMES
FTKDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Ifl isofi Trolj nsit SlllIofa 6b ai
PafW 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départemsr/ts.. 2 - 6 - il— 20 —
3 Postale. 3-— # = 46 - 82-*
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES 11
MM. Ch. LAGRANGE, CERF & OW
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX du JOUBNAfc -
a RÉDACTION : 14, rne du AlaU
De 4 à 8 heures du soir el de iO heures du soir à 1 heure du matin
No 11899. — Jeudi 9 Octobre 1902
18 VENDEMIAIRE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lcllrcs et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
RÉFORMES NÉCESSAIRES
Une des principales réformes que la
Chambre actuelle aura à accomplir sera
celle qui consiste à supprimer la loi
Falloux. Je sais, que de cette loi néfaste,
il reste pas grand'chose ; mais il faut
abroger ce peu qui en demeure et qui
est encore de trop.
Le Sénat, grâce à notre excellent ami
Béraud, a nommé une commission dont
les travaux nous sont connus. Eile de-
mande., par l'organe de son rapporteur,
l'abrogation pure et simple de la loi.
A la Chambre, grâce à l'intervention
de MM. Levraud et Brisson, un vote im-
portant a eu lieu. Le principe de la
suppression a été acclamé : ce fait se
passait à la veille des élections, par
conséquent à une époque où la majo-
rité républicaine n'était pas si nom-
breuse.
Nul doute donc qu'aujourd'hui. la loi
Falloux ne disparaisse prochainement.
On sait que cette loi fut votée le 15
mars 1850, à un moment de violente
réaction, « quand l'Empire était proche
«t la République de 1848 virtuellement
détruite ». Victor Hugo et nombre de
libéraux — dans le bon sens du mot —
protestèrent énergiquement, mais en
vain.Cette loi devint aux mains des clé-
ricaux une arme puissante. Elle accor-
dait — c'est là son principe essentiel —
à toutes les congrégations, même aux
Jésuites, le droit illimité de créer des
écoles libres. On aurait voulu détruire
l'Université, qu'on ne s'y serait pas
pris autrement.
Je sais que, lorsque nous parlons
d'abroger la loi Falloux, les modérés
nous répondent que nous voulons user
envers nos adversaires de la même into-
lérance qu'avec raison nous condam-
nons chez eux.
Certains républicains mêmes— ils ne
sont pas beaucoup — prétendent qu'en
supprimant la liberté d'enseignement,
nous portons atteinte à ce grand prin-
cipe de liberté, un des fondements de
l'idée républicaine.
Certes, ces reproches seraient mérités
si les congréganistes se montraient,dans
leur enseignement, respectueux du droit
de l'Etat et de la liberté d'autrui. Il n'en
est pas ainsi, et nous avons trop
d'exemples pour que l'on puisse une
minute, prétendre le contraire. Il me
semble qu'il suffirait,pour lever les scru-
pules des républicains portég à la man-
suétude, de leur rappeler la fameuse
parole de Leibnitz: « La liberté n'est pas
due à ceux qui veulent s'en faire une
arme pour enseigner à haïr toutes les
libertés. a
Nous ne voulons pas prendre au mot
la maxime du philosophe, et refuser à
nos adversaires tout liberté, évidem-
ment non, mais nous voulons que la
suprématie de l'Etat en matière d'en-
seignement se réalise.
L'Etat a non seulement le droit d'in-
tervenir dans l'enseignement pour y
maintenir certaines doctrines ou cer-
tains principes, mais il en a encore le
devoir impérieux. Le droit d'enseigner
n'est pas un droit naturel, il doit être
soumis à certaines garanties morales :
la liberté d'enseignement n'est pas une
liberté maîtresse, mais une liberté su-
bordonnée aux droits et intérêts de
l'Etat.
La question n'est pas douteuse, et il
n'est pas de sincères républicains qui
puissent prétendre le contraire.
Ah ! je sais qu'à ce propos, l'on fait
une objection qui semble, au premier
abord, décisive : la liberté du père de
famille. Certains voudraient substituer
le père de famille à l'Etat. Le père de
famille, disent-ils, est seul juge com-
pétent en la matière ; il est maître de
choisir le mode d'instruction et d'édu-
cation qu'il entend donner à ses en-
fants. Mais l'Etat lui-même est un père
de famille — et un père de famille qui
comprend tous les autres — qui a par
conséquent droit à autant, sinon plus,
d'autorité qu'eux tous.
Et d'ailleurs qui donc oserait dire que
ce droit du père de famille — droit que
je ne conteste pas, mais que j'arrête où
commence celui de l'Etat — n'a pas de
limites ?
Les deux droits qui paraissent en
conflit dans l'éducation des enfants : Je
droit du père de famille et le droit de
l'Etat, me semblent nettement définis
par Tbiers :
« L'enfant qui naît appartient à deux
autorités à la fois : au père qui lui a
donné le jour et qui voit en lui sa pro-
pre postérité, le continuateur de sa fa-
mille, et à l'Etat qui voit en lui le ci-
toyen futur, le continuateur de la na-
tion.
«Les droits de ces deux autoritéssont
divers, mais également sacrés,et ne doi-
vent être éludés ni l'un ni l'autre. Le
père de famille a le droit d'élever cet
enfant d'une manière convenable à la
sollicitude paternelle ; Ct Etat a le droit
de le faire élever d'une manière con-
forme à la Constitution du pays. J)
Telles sont les paroles de Thiers. On
se peut mieux réclamer l'établissement
du monopole de l'enseignemént par
l'Etat.
En attendant que cette réforme abou-
tisse, la Chambre peui et doit adopte?
celle qui consiste à abroger définitive-
ment la loi Falloux.
Il est temps d'enlever l'âme de la
jeunesse française aux ennemis irréduc-
tibles do la République, à ceux qui rê-
vent de générations d'esclaves de la
pensée, soumis d'avance à la domina-
tion du clergé.
A. Gervais.
—————————— »
AU BANQUET DU COMMERCE
ET DE L'INDUSTRIE
Nous voulons retenir quel-
ques mots particulièrement
frappants de ces nombreux et
excellents discours prononcés
hier au banquet du Comité ré-
publicain du Commerce et de
l'Industrie, et qui sont -- bien -
faits pour nous faire envisager avec con-
fiance l'avenir de notre parti.
De l'allocution nourrie et forte du prési-
dent du Conseil, nous signalerons une
qualité première : c'est la fureur comique
dans laquelle, depuis vingt-quatre heures,
elle a mis tous les organes de la réaction
coalisée. C'est qu'il est assez rare encore
d'entendre un ministre parler loyalement,
au pouvoir, le langage qu'il parlait lors-
qu'il n'avait à risquer que sa responsabi-
lité personnelle de député ou de sénateur.
Avec une vigueur alerte, juvénile, M. Com-
bes, nullement gêné par les hurlements
des diverses oppositions de droite, a pris
l'offensive,a caractérisé, stigmatisé chacun
des groupes conjurés, mis de son côté les
rieurs, donné confiance à tous les républi-
cains. Non, ce n'est pas ce ministre-là qui
s'arrêtera, à moitié chemin, dans la tàche
qu'il s'est imposée; il la poussera à sa con-
clusion, à sa perfection, tant que ses amis
du Parlement, ainsi qu'il l'a dit, lui con-
serveront leur confiance.
Dans cette harangue spirituelle et coura-
geuse, les mots heureux et qui resteront
abondent. Nous n'insistons pas, puisque,
dans notre numéro d'aujourd'hui, nous
avons tenu à donner, in-extenso, cet excel-
lent, ce réconfortant document. Que les
républicains qui veulent bien nous suivre
le lisent ; ils étaient déjà conquis par l'œu
vre courageusement poursuivie par le cabi-
net,ils seront à la fois charmés et réconfor-
tés par la parole vaillante du chef de ce
cabinet.
Maintenant, de l'admirable discours
prononcé, dans le même banquet, par M.
Henri Brisson, que dire qui ne soit bien
au-dessous de ce que nous voudrions
dire ? Jamais notre respectable ami et émi-
nent collaborateur, jamais le vieux lion
toujours prêt au combat pour le vrai et
pour le bien n'a tenu à la démocratie un
plus émouvant et merveilleux langage. Il a
encouragé celle-ci à relever le gant à elle
jeté « par l'insurrection des cagots et des
snobs », et il a donné de l'action résolu-
ment républicaine à laquelle nous assis
tons, cette raison que tous les convives
d'hier ont su apprécier : « Nous voulons
travailler tranquillement dans une républi-
que tranquille. »
Et enfin il a résumé sa lumineuse dé-
monstration de la nécessité de l'action ré-
publicaine, dans cette très grande parole :
« Héritier des générations qui ont souffert
pour l'émancipation de l'esprit et du peu-
ple, le gouvernement républicain est débi-
teur de l'avenir. » Cette parole, nous la re-
tiendrons, pour la rappeler sans cesse aux
gouvernants qui tenteraient de transiger
avec l'ennemi, avec le passé, et de gêner
la marche en avant du peuple de la Révo-
lution. — Ch. B.
CONGRÈS RADICAL-SOCIALISTE
Le Comité exécutif du parti républicain ra-
dical et radical-socialiste s'est réuni hier, de
2 heures à 6 heures, 62, rue Tiquetonne,.sous
la présidence de M. Dolpecb, sénateur, M. L.
Bonnet faisant fonction de secrétaire.
MM. Delpech et L. Bonnet ont rendu compte
de l'entretien qu'ils ont eu, samedi, avec M.
le président du conseil des ministres sur des
questions concernant le parti.
Le Comité exécutif a pris ses dernières dis-
positions pour le Congrès qui commencera
jeudi 9 octobre, à 2 heures précises, à la salle
de l'Eldorado, cours Gambetta. à Lyon.
MM. les sénateurs et députés, los comités et
les citoyens qui n auraient pas encore reçu ou
retiré leurs cartes du Congrès sont priés de
les réclamer à Lyon, à la salle du Congrès, où
une-permanence sera établie dès jeudi matin.
Le comité exécutif a entendu la fin du rap-
port de M. L. Bonnet sur la propagande, l'or-
ganisalion et la situation des différents partis
et les travaux du comité exécutif, et a décidé
qu'il serait lu à la première séance du Con-
grès.
Les adhésions au Congrès de Lyon — nous
en avons précédemment publié la liste — sont
plus pombreuses qu'au premier Congrès radi-
cal socialiste de 1901.
A ce propos, réparons une omission :
Il convient d'ajouter le groupe républicain-
radicalsocialisle du quartier Saint-Lambert à
ceux qui ont donné leur adhésion au congrès
radical et radical-socialiste de 1902.
Autre addition aux listes précédemment pu-
bliées : Les sections de Paris, Toulouse, Poi-
tiers. Marseille, le Comité do Dijon, les groupes
d'adhérents de Bordeaux, de Caen et de Nancy.
de l'Union des Etudiants républicains de
France seront représentés au Congrès radical
et radical-socialiste.
D'autre part, un correspondant qui signe ilJjsi-
blement nous prie d'insérer la note suivante ; nous
le faisons sous toutes réserves, puisque la source
du renseignement ne nous est pas connue :
Les réunions des délégués radicaux-socialistes
auront lieu les 9.10,11,12 octobre,tous les ma-
tins à 10 b.,au grand amphithéâtre du Palais
des Arts, rue de l'Hôtel-de-Yille, à Lyon.
ENTRE CROATES ET SERBES
(De noire correspondant particulier)
Agram, 7 octobre.
Le mouvement de boycottage dirigé contre
les négociants serbes s'accentue de plus en
plus. Les étudiants parcourent le quartier
d'ilica, où se trouvent les principaux magasins
de modes.
Les dames qui entrent dans un magasin tenu
par un négociant serbe sont averties par les
étudiants que personne ne dansera avec elles
durant la saison da carnaval.
Beaucoup de commerçants serbes se prépa-
rât fr quittée Agram, --- *
LA SAGE-FEMME
MODERNE
A propos d'un Concours de Bébés
Une corporation qui se relève.—Sages-
femmes et matrones.— L'œuvre d'un
syndicat. — Les « eoeurs » sages-
femmes. — Obtention du diplôme
d'accoucheuse. — 1" et 211 clas-
ses. — Les sages-femmes
agréées et du bureau de
bienfaisance.
Conviés d'une façon toute spéciale par le
Syndicat général des sages-femmes de France
à assister au concours des bébés qui avait lieu
dimanche à l'Exposition des arts et métiers
féminins, nous nous sommes rendus à cette
invitation.
Quatre cents bébés concurrents
Oh ! les adorables petites poupées que nous
y avons vues, les beaux petits bébés venus de
tous les coins de la France : de Dijon, de
Saumur, de Chartres, de Bordeaux, etc.
C'est sur l'initiative de Mme Henry, ex-sage-
femme on chef de la Maternité, chevalier de la
Légion d'honneur, que ce concours a eu lieu,
concours qui se répétera chaque année à une
époque où la maman n'aura pas à craindre
pour l'enfant les rigueurs des saisons. Cette
œuvre nouvelle qui a pour but d'engager,
d'aider et d'encourager les parents à entourer
de leurs soins constants les petits enfants s'ap-
pellera : « La vie du Petit enfant ».
Plus de 400 parents avaient répondu à l'ap-
pel du syndicat des sages-femmes et c'est au
milieu d'une assistance nombreuse qui se pres-
sait dans un des pavillons d'horticulture du
Cours-la-Reine que la séance s'est ouverte.
Les prix qui seront distribués ultérieure-
ment et dont nous donnerons, les noms des
lauréats sont nombreux et comportent des ob-
jets de valeur, ils sont basés sur les 3 condi-
tions indispensables que doivent réunir les
mignons candidats : santé, hygiène, beauté,
le jury composé d'éléments divers réunit des
peintres, dos sculpLeurs, des docteurs. Nous
avons relevé les noms des docteurs Philippon,
Archambault, Brégi, Levassor, Foveau de
Courmelles, des peintres Atalllya,VaHecalle,du
sculpteur Laporte, au surplus, plusieurs den-
tistes et de nombreuses sages-femme s.
La sage-femme à travers les âges
Après les diplômes de docteur et de pharma-
cien un des plus sollicités est celui de sage-
femme. Etre sage-femme est un attrait, un rêve
pour beaucoup de jeunes femmes. Dans cette
branche comme dans les autres il y a beaucoup
d'appelés et peu d'élus car avec le siècle de pro-
grès ou nous vivons, avec l'instruction obliga-
toire, nous sommes arrivés lapidement à faire
de notre nouvel élément féminin un ensemble
de cerveaux sinon remarquable, tout au moins
un centre d'intelligence qui étudie, qui réflé-
chit et qui cherche.
Une sage-femme évoquait autrefois une gros-
se bonne femme frisant la soixantaine, comme
j'en ai connu moi-môme, plus ou moins bien
attifée, plus ou moins barbue, plus ou moins
instruite, mais suppléant à cela par une grande
pratique, meilleure mâîtresse souvent que la
plus pure de toutes les théories.
Beaucoup d'entre ces praticiennes en provin-
ce surtout, s'affublaient du titre de sage-femme
et si par bonheur, elles arrivaient à mener à
bonne fin 1 ou 2 accouchements, elles se fai-
saient un renom, s'attiraient des clientes et ces
matrones de par les campagnes étaient sacrées
grandes guérisseuses.
Aujourd'hui leur règne est fini, les sages-
femmes de France se sont syndiquées et leur
syndicat que j'ai vu à l'œuvre et dont j'ai parlé
au commencement de cet article, poursuit
d'une façon radicale toutes les matrones qui
exercunt illicitement cette branche médicale en
les signalant à la Faculté et aux gendarmeries
qui avisent.
Vierges et matrones
La sage-femme de par son rôle entre facile-
ment dans les familles et c'est ce qui a déter-
miné quelques illuminées et envoyées de Notre
Très-Sainte-Mère la Vierge épouse de fange
Gabriel, à fonder un ordre de « sœuw sages-
femmes » dont la maison-mère est à Metz et qui
vont de par les maisons d'Outre-Rhin soigner
les femmes en couches, espionner les familles
comme le font toutes les sœurs en Jésus-Christ
ou en Marie. Voyez-vous des a sœurs » sages-
femmes ? cela dépasse les bornes ; laissons les
curés dans la boîte à secret, à malice, à deman-
des inquisitoriales et à réponses équivoques,
qu'ils appellent confessionnal ; laissons les gar-
des-malades aux malades et les .sœurs dans les
couvents. Il est heureux que cet ordre de ma-
trones encornettées ne soit pas venu parmi
nous disputer les malades à nos lauréats des
Facultés. Voilà le vrai péril, blanc ou noir, le
péril clérical qui comme une immense araignée,
étend ses longues pattes et que nous cherchons
à arrêter avant qu'il ait tissé son réseau.
Regard en arrière
La corporation des sagM-femmes s'est beau-
coup améiioiée et, depuis quelque 10 ans, a
grandi dans l'estime du publie et de tout le
corps médical.
L'historique de la corporation des sages-fem-
mes serait trop long à faire et je laisserai à
d'autres le soin de le détailler. Il me suffira de
dire que cette corporation remonte au 16* siècle
à l'époque où l'Hôtel-Dieu portait le nom d'Of-
fice des accouchées. Ce service avait acquis
une très granda renommée et l'honneur d'y
faire un stage était brigué par les docteurs de
l'Europe entière.
Ce fut seulement en 1802 que Chaptal, alors
ministre de l'intérieur, désigna la Maternité
comme école pratique et théorique d'accouche-
ments. C'est là que fut la pépinière des futu-
res accoucheuses.
Dire les noms de celles qui illustrèrent cette
école et lui donnèrent une impulsion nouvelle
serait une tâche trop aride. Quand j'aurai
seulement cité les noms de Mme Lachapelle,
de Mme Henry, de Mlle Hénault, quand j'au-
rai dit que les 2 premières ont reçu l'étoile
d'honneur qui pique d'une goutte de sang leur
poitrine, j'aurai tout dit. La dernière de ces
3 sommités est encore trop jeune pour préten-
dre à cette distinction, mais marche déjà sur
les traces de ses devancières et nous lui avons
vu, cette année, décerner les palmes académi
que*.
Cours - et diplômes
Il y a quelques années encore il était facile
de se faire recevoir sage-femme; mais,actuelle-
ment, vu leerand nombre de demandes,il faut
bien faire un tri. De là sont nées 2 classes ;
les sages-femmes del"classe qui possèdent leur
brevet et celles de 2' classe qui n'ont aucun
parchemin. Celles-ci ont le droit d'exercer
tout comme les autres, mais n'ont pas le même
titre. Il existe à Paris 2 écoles où les élèves
suivent les cours : l'Ecole de la Maternité et
l'Ecole de la Faculté. Celle dernière donne ses
cours à l'hôpital Beaujon et décerne des diplô-
mes de 1" et de 2* classes,tandis que la Mater-
nité qui est un internat et où c'est presque l'é-
tude forcée ne décerne que des diplômo3 de
1" classe. Les aspirantes ont donc tout avan-
tage à choisir cette dernière voie. De là enes
prennent leur essor par toute la France.
A Paris les sages-femmes sont nombreuses.
Certaines dépendent d'un hôpital et tiennent
des ttaiâooa d'iCOOJ.LQJwI.lLI gui ne sont qqe,
dos annexes de cet hôpital et où elles reçoi-
vent des pensionnaires de l'Assistance publique
pour désencombrer les hôpitaux. Ces sages-
femmes sont en général choisies parmi les pre-
mières élèves de la Maternité.
Cette mesure remonte à 1867.
Les services annexes
A cette époque l'on ne savait pas comment
combattre les épidémies do fièvre puerpérale
qui sévissaient dans les hôpitaux et faisaient
des hécalacombes de nouvelles accouchées.
Les méthodes antiseptiques alors inconnues ne
permettaient aucun remède efficace. C'est
alors que l'Assistance publique eut l'idée d'en-
voyer quelques malades chez des sages-femmes
proches des hôpitaux. Cette mesure réussit
pleinement, et, depuis, chaque hôpital possède
son service annexe.
J'ai visité plusieurs maisons desagos-femmes
et j'ai constaté que cesorvico était parfaitement
tenu; ce sont de petits hôpitaux, satellites gra-
vitant autour de la planète.
J'ai visité aussi les sages-femmes du bureau
de bienfaisance ; j'ai écouté les réclamations
des unes et des autres et constaté les efforts de
leur syndicat pour leur faire donner satisfac-
tion. Une de nos eollèguos de la Fronde avait
presque obtenu une promesse de M. Mourier,
Espérons que M. Mesureur voudra bien écouter
leurs justes revendications.
Les sages-femmes du bureau de bienfai-
sance touchent de l'Assistance publique la fr.
pour un accouchement, elles demandent 20 fr.
leur réclamation n'a rien d'excessif.
Quant aux sages-femmes qui dirigent un
service aunexe. elles touchent 70 fr. par ma-
lade, el, en plus de l'accouchement, sont tenues
de soigner el de nourrir ces malades pendant
10 jours. C'est par décret du 30 décembre 1881
que ces prix furent accordées par le Conseil
municipal pour les2 catégories d'accoucheuses.
Aujourd'hui, elles sollicitent une augmentation
des plus justifiées. 22 ans se sont écoulés de-
puis lors, et la rémunération est restée là
même, pendant que tout autour d'elles aug-
mentait.
Nous ne pouvons qu'applaudir aux efforts que
fait le syndicat des sages-femmes pour venir
en aide à tous ses membres. Nous ce pouvons
que le remercier de s'efforcer aussi par ces
concours qui s'annoncent comme devant avoir
beaucoup de succètà amener forls et bien por-
tants vers l'adolescence ces êtres fragiles qui
sont notre espoir et notre orgueil — orgueil
do père, espoir - de citoyen. -- - Paul - Goguet. --
Voir à la 3" page
les DERNIERES DEPECHES
LA CONVOCATION DES CHAMBRES
Le décret de convocation des Chambres a été
promulgué hier au Journal officiel.
Comme nous l'avons annoncé, la date
d'ouverture de la session est fixée au 14 oc-
tobre.
———————————— ————————————
CONTRE LE BLANC DE CERUSE
Le ministre des fitiances vient d'adresser aux
chefs de service une circulaire les invitant à
donner dos ordres formels pour que, dans tous
les travaux exécutés pour le compte do l'admi-
nistration des finances, il soit désormais inter-
dit de faire usage de couleurs ou enduilsà base
de céruse.
——————————— ————.—-———.
Les Cosaques et l'iduence russe en Perse
(De notre correspondant particulier)
Bombay, 7 octobre.
L'lntelligmce Département (bureau des ren-
seignements) de l'armée anglo-indienne suit
avec une certaine inquiétude les progrès de
l'œuvre dos instructeurs militaires russes en
Perse. Il y a vingt ans environ, le shah Nasr-
Eddine avait exprimé le désir d'avoir une
troupe organisée sur le modèle des régiments
de Cosaques. Le général Donnanlovitch avait
alors entrepris d'en créer le premier noyau.
Aujourd'hui l'arméepersane a toute une brigade
de Cosaques, qui est placée sous les ordres du
général Kossagowski et dont les officiers sont
pour la plupart russes. L'exercice se fait à la
russe et même l'uniforme est taillé sur le mo-
dèle russe. Les hommes se recrutent parmi les
Tarlares, les Turcomans et les Kourdes de la
frontière. La brigade compte quatre régiments
de cavalerie, deux compagnies d'infanterie et
deux batteries à cheval. Ces troupes tiennent
garnison à Téhéran, à MescheJ et à Kerman.
Leur chef, le général Kossagowski ne reud de
compte? qu'au grand-vizir et au ministre plé-
nipotentiaire de Russie.
UNE GRÈVE DANS L'ANTIQUITÉ
(De notre correspondant particulier)
Munich, 7 octobre.
Le savant archéologue, M. Marcus Landau, a
découvert un vieux parchemin qui donne de
curieux détails sur une grève organisée dans
l'antiquité. Les boulangers de pain azyme pour
le temple de Jérusalem inaugurèrent un mou-
vement gréviste peu da temps avant la con-
quête de la Terre-Sainte par Titus. Ils deman-
daient une augmentation de salaires. Les prê-
tres eurent recours à un moyen fort en usage à
notre époque. Ils firent venir des boulangers
juifs d'Alexandrie; mais, ceux-ci ne connais-
sant pas bien l'art de préparer le pain sacré,
on dut faire droit aux réclamations des gré-
vistes.
- 00
LES MISSIONNAIRES ALLEMANDS AU TRANSVAAL
(De noire correspondant particulier)
Capetown, 7 octobre.
Sept missionnaires allemands détenus prison-
niers à Prétoria pendant la guerre sont rentrés
dans leurs établissements qu'ils ont trouvés
complètement saccagés et en partie démolis.
Ils ont fait des démarches pour obtenir des in-
demnités. ,
Plusieurs missionnaires allemands ont quille
l'Afrique du Sud.
♦
ARTISTE EN BILLETS DE BANQUE
(De notrg correspondant particulier5
Vienne, 7 octobre.
La Banque Austro-Hongroise, qui a le mo-
nopole de l'émission des billets de banque, a
fait venir de Saint-Pétersbourg M. de Na-
dherny, graveur de banknoles,M, de Nadherny
est Autrichien de naissance, mais depuis quel-
ques années au service du ministère des fi-
nances russes.
Ses travaux ont attiré sur lui l'altention de
plusieurs gouvernements. Les nouveaux bil-
lets autrichiens de 500 et de 1.000 couronnes
seront confectionnéa sous la direction do M. de
Nadherny.
NOUVEAUX SÉNATEURS ITALIENS
(De noire correspondant particulier)
Rome, 7 octobre.
Le bruit court qu'une promotion assez im-
portante de sénateurs aura lieu à la veille des
vacances de Noël.
Le roi nommera environ 35 nouveaux mem-
bres do Sénai ; plusieurs magislrats entre au-
trefi euufrcoai tous la hama assembla --
LE BANQUET
DU GRAND-HOTEL
LE DISCOURS DE M. EMILE COMBES
LA LUTTE ANTICLÉRICALE
Contre les congrégations. — Energi-
ques déclarations du Président du
Conseil. — La réaction masquée.
-Doléances et lamentations
jésuitiques, — Par le tra-
vail. — Questions di-
verses. — La poli-
tique radicale
acclamée.
Ainsi que nous l'avons annoncé hier, nous
publions aujourd'hui in-extenso le magistral
discours que M. Combes, président du Conseil
des ministres, a prononcé au banquet qui lui a
été offert au Grand-Hôtel par le Comité répu-
blicain du Commerce et de l'Industrie.
Messieurs,
J'ai écouté avee le plus vif intérêt et la gratitude
la plus sincère les assurances de dévouement à la
République et de bienveillance envers le gouver-
nement qui ont été exprimées eu un langago si
ferme et si courageux par le président du Comité
républicain, M. Mascuraud. Et comment n'aurais-
je pas été charmé de 'es entendre, alors que je
venais d'entendre de la bouche de votre secrétaire
général que le comité républicain du commerce
et de l'industrie, déjà si puissant et si répandu
sous le ministère de M. Waldeck-Rousseau, conti-
nuait de se ramifier et de s'étendre sous le minis-
tère que j'ai l'honneur de présider ? (Vifs applau..
dissements.)
Une telle expansion n'est-elle pas de nature à
réjouir tous les républicains qui s'inquiètent de
l'avenir de co pays ? (Nouveaux applaudissements.)
J'ai été ensuite bien vivement touché dos paroles
si cordiales et des encouragements si sympathiques
qui ont été accordés au gouvernement par mon
ami Brisson, par ce républicain sans peur et sans
reproche (bravos etacclamations), par ce type ache-
vé de démocrate, qu'on est toujours sûr de rencon-
trer partout où il y a un exemple à donner et un
devoir à remplir. (Vifs applaudissements). Mon
cœur, déjà plein d'affection pôur lui, gardera de
ce jour une profonde reconnaissance.
Je n'ai pas été moins touché, messieurs, de
l'approbation chaleureuse que 'vous avez donnée
aux trois discours qui viennent d'être prononcés.
Rien n'était plus propre à me convaincre que la
ligne politique suivie par le gouvernement répond
aux sentiments los plus intimes de tout le parti
républicain.
Le ministère Waldeck-Rousseau
Cette conviction se fortifie en moi quand je me
reporte par la pensée à un spectacle semblable,
dont j'ai été témoin ici même, l'année dernière,
presque à la même époque. Alors aussi, messieurs,
j'assistais comme votre convive au banquet offert
par votre comité à l'ancien président du conseil, à
l'homme d'Etat éminent dont ie m'honore d'être le
continuateur. (Applaudissements répétés.) J'ai en-
core dans l'oreille le bruit des applaudissements
enthousiastes qui soulignaient chacune de ses dé-
clarations. Vous acclamiez, et j'acclamais avec
vous, plus encore que l'orateur sans rival, le ci-
toyen dévoué qui, faisant abnégation de ses pro-
pres goûts, avait accepté le pouvoir dans les cir-
constances les plus graves — M. Mascuraud disait
avec raison (. les plus critiques » — pour faire l'u-
nion du parti républicain et, par cette union, dé-
livrer la République du double péril que lui fai-
saient courir, d'un côté, un nationalisme qui n'est
que la parodie malfaisante du véritable patriotisme
(vifs applaudissements), et de l'autre une réaction
cléricale, qui travaille depuis cinquante ans à faus-
ser les jeunes intelligences pour leu? inculquer la
haine des principes fondamentaux de la société
moderne. (Applaudissements prolongés.)
Assurément, messieurs, il vous paraîtra naturel
que moi aussi, après M. Mascuraud, j'évoque ces
souvenirs dans ce banquet du commerce et de l'in-
dustrie, puisque le commerce et l'industrie, grou-
pés et entraînés par l'action résolue de votre co-
mité, ont contribué pour une si large part au
triomphe de la politique gouvernementale. Et
comme cette politique n'a pas changé, comme elle
s'inspire toujours des mômes vues, comme elle
poursuit toujours la même lutte contre les mêmes
ennemis, je me tiens pour certain — cette soirée
m'en est le gage — quele gouvernement peut faire
fonds aujourd'hui comme jadis sur vos sympa-
thies et sur votre appui. (Applaudissements et
bravos répétés.)
D'ailleurs, messieurs,n'êtes-vous pas vous-mêmes
directement intéressés au succès de notre œuvre ?
Qu'est-elle autre chose, cette oeuvre, comme vous
le disait tout-à-l'heure mon ami Brisson, que le
retour à des doctrines trop longtemps délaissées,
la revendication des droits de l'Etat, tels que nos
pères de la Révolution les ont consignés au prix
de leur sang dans des lois qui n'ont jamais été
abrogées? N'êtes-vous pas autant et plus que qui
que ce soit, vous, représentants attitrés du com-
merce et de l'industrie, les fils de la Révolution ?
N'est-ce pas la Révolution qui vous a faits ce que
vous êtes maintenant (très bien ! très bien ! bravos)
les égaux en dignité des classes autrefois privilé-
giées ? N'est-ce pas la Révolution qui a effacé de
vos fronts l'inepte flétrissure dont le régime mo-
narchique avait marqué quiconque s'adonnait aux
opérations du négoce? (Applaudissements.) C'est
donc votre cause que vous soutenez en soutenant
le gouvernement,et cette cause, qui nous est com-
mune, c'est la cause de la Révolution.
Cléricaux et nationalistes
Remarquez-le bien, messieurs, derrière la ques-
tion restreinte qui a servi de thème pendant les
deux derniers mois aux déclamations nationalistes
et cléricales, il y a la question plus haute, la ques-
tion capitale que l'ancien président du conseil ca-
ractérisait avec sa précision habituelle quand il'
nous montrait la contre-révolution s'efforçant, à
l'aide de ses moines ligueurs et de ses moines d'af-
faires, de reprendre à la France républicaine tou-
tes les conquêtes de la Révolution. C'est bien là, en
effet, le dissentiment essentiel qui met aux prises
en ce moment les partis politiques sur le terrain
congréganiste. Il s'agit do savoir qui l'emportera,
de la Révolution personnifiée dans la République,
ou -- de la contre-révolution incarnée dans la réac-
tion clérico-nntionaliste. (Applaudissements répé-
tés et prolongés). Il s'agit do savoir laquelle des
deux restera maîtresse de nos destinées.
Oh! je conviens qu'on courrait le risque de se
tromper sur la nature du débat si l'on s'en tenait
aux apparences. Nous sommes loin de l'époque,
pourtant encore récente, où la contre-révolution,
défiant la civilisation moderne et se croyant en si
tuation de lui dicter des lois, jetait l'anathème à
toutes les libertés publiques, depuis la liberté de
la presse jusqu'à la liberté de la tribune, les décla-
rant toutes également perverses, et n& retenant
qu'une seule liberté, la sienne. (Sourires et vils
applaudissements.)
A la stupéfaction, à l'effroi universelqui accueil-
lirent ces prétentions outrecuidantes, la contre-ré-
volution comprit que la franchise n'était pas de
saison et que,pour arriver à ses Ons, eH. avait be-
soin de s'affubler d'un masque.
Aussi, messieurs, depuis lors, elle a abjuré son
langage pour nous emprunter le nôtre. Ce n'est
plus au nom de ses principes propres, droit divin
du pape ou droit héréditaire du monarque, qu'elle
s'agite et commande do nos jours, c'est au nom
dos principes républicains, au nom do la liberté.
C'est en criant vivo la liberté que le monde des
couvents, éclairé tout à coup par la grâce révolu.
tionnaire" (rires et applaudissements), se précipite
au pied des autels, prenant le dieu du Syllabus à
témoin do l'intolérance de la libre-penséo. (Nou-
veaux rires et applaudissements).
Manifestations théâtrales
C'est en criant vive la liberté que les dames du
noble faubourg, éprises sur le tard de démocratie
(Hilarité générale), quittent leurs boudoirs élégants
pour inviter los femmes des prolétaires à des ma-
nifestations théâtrales qui finissent piteusement
sous les huées populaires. (Très tient très bien : et
applaudissements).
C'est en criant vive la liberté que les petits-flls
des Chouans, dont Brisson vous parlait tout à
l'heure, renouvelant à leur façon tes exploits de
leurs pères, sous l'œil bienveillant de prêtres aux
narines indulgentes (hilarité générale, s'approvi-
sionnent des projectiles qu'on vous a décrits con-
tre la force armée ohargée de dissiper les attroupe
_mQA c'est en ori&ût vive la liberté qUQ 159 roja- j
listes et les bonapartistes de marque, les mêmes
hommes que nous avons vus pendant trente ans se!,
dresser avec ensemble contre toutes les lois de li-
berté, contre toutes los mesures d'affranchissement
intellectuel et moral, demandent aujourd'hui quoi
l'Etat laïque place les congrégations en dehors cti
au-dessus des lois et immole ses droits de souve-5
raineté à la toul-puissance monacale. (Très bien!;.
très bien 1) ; 1
Etrange ironie des choses! Tous ces gens-là, hier,
encore, n'avaient pas assez d'invectives contte JeS(
lois de la République et particulièrement contre lai
loi scolaire qu'ils app'^Ui'Mit la loi scélérate, et au-/
jourd'hui ils se cramponnent désespérément a,
cette dernière loi, comme à l'arche sainte deî
leurs espérances (rires et applaudissements), com-
me au palladium tutélaire des établissements con.!
gréganistes. :
Nos décrets leur ont appris que cette palinodia 1
était inutile et que nous n'étions pas d'humeur,
à nous laisser berner par un libéralisme de pa-
rade. 1 Rires et applaudissements.) Alors ils en unt i
appelé au pays. Le pays leur a répondu, en
nous félicitant, par l'organe do ses conseils gé né-,,
raux et do ses conseils d'arrondissement. (Applau-
dissements.) .r-'
Les adresses républicaines *
C'est par milliers que nous sont parvenues iW
adresses des conseils municipaux. Innombrablesr
aussi sont les motions élogieuses que nous votenf
tous les jours tes comités républicains et les so-
ciétés locales instituées pour la défense de la Ré"r
publique. Ce mouvement a même gagné les r(r
gions les plus arriérées de la France, où l'on pou-
vait craindre, nom sans raison, qu-î toute clarté
d'avenir et toute espérance do progrès se fussent
éteintes, en l'absence d'un enseignement vraiment
digne de ce nom, dans des ténèbres séculaires.
A ces indices, messieurs, vous pouvez pressentir
que la trame contre-révoi u tioti ii aire, si patiem-
ment, si savamment ourdie pendant un demi-siè-
ment, l'abri de la loi Falloux, craque et se disloque.
cle à
La lumière de la vérité commence à pénétrer dans
des localités jusqu'alors obstinément fermées aux
idées nouvelles. II n'y a qu'à jeter bas une bonne,
fois pour toutes les murailles qui l'arrêtent. En
moins de deux générations, elle aura tout éclairé
et tout vivifié.(Vifs applaudissements.)
Messieurs, vous avez voulu associer la Franco
commerçante et industrielle aux témoignages da
confiance émanés des corps constitués et des grou-
pements républicains. Nous vous en remercions de
tout cœur. Votre initiative nous est un puissant
réconfort contre les calomnies systématiques da
nos adversaires et les défections inexplicables d'un,
certain nombre de républicains. Elle est bien faite
pour nous encourager dans l'accomplissement de
notre tâche, tâche ingrate entre toutes, qui n'a et
ne peut avoir d'autre dédommagement pour nous
que la satisfaction du devoir rempli et la cons-
cience des services rendus à la République. (Vifs
applaudissements.)
Un effort à faire
Cette tache, vous l'avez connue par la déclar a
tion ministérielle que nous avons lue aux Cham-
bres. Nous n'avons rien à y ajouter, car elle est à
peine ébauchée ; et aux clameurs passionnées, aux
résistances furieuses qu'clle a rencontrées dès le.
début, vous pouvez préjuger l'effort énergique qlli
sera nécessaire pourra conduire à bonne fin. ;
Cet effort, mon cher Brisson, nous le ferons!
(Applaudissements prolongés, cris de « Vive Bris-
son ! ») Cette énergie nécessaire, nous l'aurons, je
vous en donne l'assurance au nom du ministère,
et du ministère tout entier. (Nouveaux applaudisse-
ments.)
Oui, au nom de ce ministère qu'on s'amuse par-
fois, en guise de passe-temps ou de ballon d'essai,
à représenter comme divisé, mais qu'on trouvera
toujours uni dans un même esprit et un môme
cœur pour uno même politique de défense républi-
caine et de progrès démocratique. (Vifs applaudie
sements), »
Pas de défaillances
Tant que la majorité républicaine du Parlement
nous maintiendra au poste où sa volonté nous a
placés, tant qu'elle nous conservera sa confiance,
elle n'a pas à craindre que nous désortions la lutta
ou que nous fassions banqueroute à nos engage-
ments et aux. espérances de la démocratie (Applau-
dissements.)
Non, messieurs, 11 ne sera pas dit que, par la dé-
faillance du ministère, la loi sur les associations
restera à l'état de lettre-morte. (Vifs applaudisse-
ments), et qu'elle laissera la congrégation enserrer
la société laïque dans ses mille plis et replis et la
comprimer jusqu'à l'étouffemecl par le réseau in-
définiment agrandi de ses établissements. (Très.
bien ! très bien !) Non, il ne sera pas dit que, par
la défaillance du ministère, l'enseignement congré-
ganiste poursuivra tranquillement son œuvre né-
faste d'asservissement moral (Applaudissements
prolongés) et achèvera de couper la France en
deux par le fossé de plus en plus profond qu'elle
creuse depuis un demi-siècle entre les deux
moitiés de notre jeunesse. (Applaudissements pro-
longés.)
Non, il ne sera pas dit que,par la défaillance du
ministère, les fonctionnaires de tout ordre (Vifs *
applaudissements) civil, religieux ou militaire
(Vifs applaudissements) abuseront des situation?
acquises pour braver la République et ses lois
(Applaudissements et bravos répétés), ou que la
qualité de « républicain n constituera un titre de
défaveur pour l'admission et l'avancement dans
les carrières publiques.(Vives approbations.)
Non, il ne sera pas dit que, par la défaillance du
ministère, les injustices inhérentes à notre système
d'impôts bénéficieront à tout jamais de l'usage et
de la tradition pom- échapper à une réforme qui a
été inscrite de tout temps dans le programme du
parti républicain. (Applaudissements.)
Non, il ne sera pas dit que,par la défaillance du
ministère, à une époque où le sentiment de la so-
lidarité s'épanouit-en institutions merveilleuses de
prôvoyauce, les travailleurs de l'atelier et du champ
devront renoncer à la seule perspective consolante
qui puisse leur être ouverte, dans leur rude labeur
de la journée, celle d'un toit pour abriter leur tôlo
et d'un morceau de pain pour sustenter leur vie,
au déclin de leurs jours. (Applaudissements et
bravos répétés.)
Oh ! nous ne nous dissimulons pas que notre tâ-
che est malaisée, plus que malaisée, qu'elle est
hérissée de difficultés, et, à parler vrai, elle serait
au-dessus des forces du cabinet si elle n'était assu-
rée du concours de toutes les fractions du parti
républicain. (Très bien ! très bien !)
Nous avons sollicité ce concours dès la première
heure, avec le désir sincère de l'obtenir. La com-
position du ministère atteste l'esprit d'union qui
a présidé à sa formation. Si, dans le Parlement,
une portion des bonnes volontés que nous escomp-
tions s'est dérobée, du moins, dans le pays, les ré-
publicains de toutes nuances, les républicains
sincères, nous ont envoyé et nous envoient tous
les jours leur adhésion avec un entrain qui no sa
lasse pas. Ceux-là seuls se tiennent à l'écert qui
sont trop compromis avoo la réaction pour avoir
le courage de se dégager. (Vifs applaudissemt::nts.J.;
Précieuse adhésion
Messieurs, entre toutes ces adhésions, je me fais
un devoir de répéter que la vôtre nous est des plus
précieuses. C'est l'adhésion de la démocratie dans
son expression la plus spontanée, la plus franche.
la plus généreuse.
Par votre position sociale, par la nature do vos
professions, par le genre de vos travaux, vous
êtes en rapports immédiats - rapports de voi-
sinago et rapports d'intéréts - avec toutes les
couches de la société. Vous êtes du peuple et
votre cœur a les mémos battements que le cœur do
peuple.
De plus, vous vous êtes élevés par l'insfruction
et votre esprit s'est nourri des doctrines philan- •
t h repiques qui font du principe de la solidarité la
pivot essentiel de notre regime politique. Voiià
pourquoi, je le dis encore, vous représentez la dé-
mocratie dans ce qu'elle a de plus libre et do plus,
généreux Vous n'avez pas seulement la liberté sur
les lèvres, vous en avez l'amour dans le cœur, a îa
différence de III race nouvelle des libéraux, qui na.
goûtent de la liberté que la liberté des congréga-
tions, et qui n'imaginent rien de mieux pour ven-
ger cette liberté selon eux outragée que d allamer,,
de boycotter les oommerçants et les industriels qui
se permettent de penser autrement qu'eux. (Vit,
applaudissements).
Oui, messieurs, ces libéraux d'espèce nouvelle.
ces cbê.te'a.in superbes, qui n'ont eu que la pdn.
de naître pour jouir d'nne fortune héréditaire (ap-
plaudissements), co, bourgeois vaniteux qui se tar-
guentde leurs millions légitimement gagnés, j'en
suis d'accord, mais gagnés par la classe ou v-riôra
(applaudissements répétés), ont tellement perdu la
notion du droit et du devoir, qu'ils complotent.
Duvertement — leurs journaux s'en vantent —
de faire servir leur riehosse a l'intimidation, à la ;
sujétion 4e leura ouvriers ot de leurs tQ'UQ}'!;
'&J.;,.,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.04%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.04%.
- Collections numériques similaires Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres "Audren de Kerdrel Dom Maur Audren de Kerdrel Dom Maur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Audren de Kerdrel Dom Maur " Clémencet Dom Charles Clémencet Dom Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Clémencet Dom Charles " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
- Auteurs similaires Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres "Audren de Kerdrel Dom Maur Audren de Kerdrel Dom Maur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Audren de Kerdrel Dom Maur " Clémencet Dom Charles Clémencet Dom Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Clémencet Dom Charles " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7549185z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7549185z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7549185z/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7549185z/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7549185z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7549185z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7549185z/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest