Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-05-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mai 1912 19 mai 1912
Description : 1912/05/19 (N15436). 1912/05/19 (N15436).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7548676d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
N° 15436. - 1" PRAIRIAL9 AN 120. -, CINQ CENTIMES LE NUMERO ;,
DIMANCHE 19 MAI 1912. — Nit 1543*
Foodateur c -"
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un mots trois mois Sti noii 3m
Paris. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements. 2 — 6 — 11— 20 —
Union Postale. 3 — 9.— 16 81.
Bug or.. , '¡ ::".,'-'
FoadaUHirt
AUGUSTE VACQUERIE
—-—— ,.
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF & O*
6, Place de la Bourse
El AUX BUREAUX DU JOURNAL
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38. boulevard de Strasbourg
71, rtte du Paubourg-Salat-Martin
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424-90
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin,, 123, rue Montmartre, Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
REMONTRANCES
La Chancellerie s'est
émue de la campagne que
mène la Presse de toute
opinion pour le rétablisse-
ment de la sécurité publi-
que. Une note officieuse,
publiée par le Rappel, nous annonce
que des mesures administratives vont
être prises en vue d' « assurer une ré-
pression plus efficace, par une réor-
ganisation des services de la police ».
A merveille. Les études récentes de M.
Bruneau, dans la Grande Revue, dé-
montrent à quel point cette réforme est
urgente. On ne cessai "c deman-
der pourquoi il existait deux polices
pour la région parisienne : l'une dé-
pendant de la Préfecture, l'autre de
la Sûreté générale, de l'Intérieur.
On s'inquiétait aussi de voir ce second
Service, avec ses brigades des réquisi-
tions, des notes ou des mandats, en-
combré d'enquêtes judiciaires qui ne
sont pas de son ressort. Il paraît que
ltun va unifier l'action du Parquet, de
la Préfecture et de la Sûreté, C'est tant
mieux.
Ces décisions seront-elles suffisàn-
tes ?
, On peut en douter, si l'on songe non
pas seulement à Paris, mais à la Fran-
ce entière, actuellement troublée par
tant de crimes. Certes, ce n'est pas
nous qui demanderons une aggrava-
tion aux mesures contre les anarchis-
tes. Nous ne souhaitons même pas
êtes mesures législatives nouvelles.
Mais applique-t-on les lois ? Que M. le
Garde des Sceaux se renseigne près de
ses Parquets ! Applique-t-on les dispo-
sitions de la loi du 15 novembre 1892,
qui permettent de ne pas imputer la
détention préventive sur la durée de la
peine ? N'est-il pas vrai que les con-
damnés subissent souvent une partie
importante de cette peine sous le régi-
me de la prévention, bien plus bénin
que celui de l'exécution ? Chacun d'eux
travaille à faire prolonger l'état de
prévention par tous les artifices possi-
bles, notamment par l'appel et le pour-
que celui de l'exécution ?
;' N'a-t-on pas dénaturé la loi Béren-
ger ? Je sais un tribunal qui accorde
le sursis par défaut. Que dire de la
reîégalion ?
La Magistrature, de son côté, joue-t-
elle ~xactement son rôle ? Perrissoud,
ici même, affirmait, ces jours derniers,
que ( la Justice, à tous ses degrés,rem-
plit son devoir ». Ce n'est pas, sem-
ble-t-il, l'avis de M. Louhat., procureur
général. Dans une circulaire, qui prou-
ve son courage, il rappelle aux magis-
trats leurs obligations. « Il ne vous suf-
fit pas, leur dit-il, d'être consciencieux
et impartiaux ; vous devez aussi dé-
fendre l'ordre public. Vous devez rom-
pre avec les habitudes indulgentes qui
ne sont plus de mise en face d'une cri-
minalité recrudescente ».
Des exemples montrent à quel point
ces instructions sont utiles. J'ai sous
les yeux toute une série de documents
topiques. Chez des malfaiteurs invété-
rés, la gradation de la peiné est des-
cendante. A., né en 1893, a déjà su-
bi cinq condamnations pour vol ; il est
condamné, la première fois, à deux
mois de prison, la troisième et la cin-
quième fois à quinze jours ; sans une
application abusive-des circ.onstances
atténuantes, il serait relégable.
né en 1868, récidiviste dangereux, a
subi dix-huit condamnations ; il n'a
pas été relégué. C., né en 1884 (cinq
condamnations pour vol, outrages,
violation de domicile, menaces de
mort, coups, port d'arme prohibée),
véritable Bonnot en germe, n'a reçu,
pour sa cinquième condamnation, que
trois mois de prison. D., né en 1880
(quatorze condamnations), s'en est ti-
ré, au mois de janvier 1912, pour une
dernière affaire, avec huit jours de
prison ; la prochaine fuis, on ne lui in-
fligera plus qu'une amende. E., né
en 1893, !a été condamné une premiè-
re fois à huit jours avec sursis, pour
coups et blessures ; un an plus tard,
il revient devant le tribunal ; une pei-
ne d'emprisonnement aurait entraîné
la révocation du sursis ; pour éviter
cette douloureuse extrémité, le tribu-
nal ne lui donne que 16 francs d'amen-
de. Notez que. sur tous es personna-
ges, les renseignements de police sont
déplorables.
C'est de l'incohérence. On ne pro-
céderait pas autrement, si l'on voulait
peupler la société de bandits. Au vrai,
la Magistrature est déroutée. Elle a
suivi les tendances de l'opinion publi-
que. Elle assiste, depuis de nombreu-
ses années, à l'adoucissement progres-
sif de notre système pénal ; on l'a dé-
sarmée par notre absurde procédure
..de réhabilitation. Elle vit sévir les
amnisties, mesure démagogique et lâ-
che. On compliqua son action"par la
loi de 1897 sur l'instruction contradic-
toire. On a élevé le nombre des ordon-
nances de non-lieu. La libération con-
ditionnelle fonctionne dans aes condi-
tions ridicules. Les magistrats ont re-
çu des instructions étranges, comme
celles que contenait la circulaire du
20 février 1900. On leur a rendu pres-
que inrpossible raccomplissement de
leur devoir.
Le mal est profond. Une action éner-
gique s'impose. Les réformes adminis-
tratives qui sont annoncées ne nous
suffisent pas. Nous ne demandons pas
que, sous la poussée de l'opinion pu-
blique, on commette, dans le sens in-
verse, des excès pareils à ceux que
nous réprouvons. Qu'on ouvre une
large information ; qu'on sache com-
ment la loi est appliquée et la justice
rendue ! Qu'on mette, une fois pour
toutes, les choses au point, virile-
ment. M. le Garde des Sceaux a toute
la clairvoyance qu'il faut pour accom-
plir cette tâche. Le Pays entier lui en
serait reconnaissant.
Edouard HERRI-OT,
Maire de Luon..
LA POLITIQUE
-::+-8+:-
CONTRE LES TAUDIS
Une Nœuvre est assurée de
l'appr,)bation de la Démocra-
tie : celle 'de M. Léon Bour-
geois.
- Dans les déclarations qu'il
vient de faire sur les projets du Gou.
vernement relatifs aux habitations à
bon marché, il y a tout un program-
me généreux et hardi de réformalion
sociale.
Or, c'est de réformes sociales que
la Démocratie avant tout est avide.
Elle ne dédaigne certes pas, ni ne
méconnaît l'œuvre politique de la Troi.
sième République. Mais, nul parti ne
saurait prétendre ci conquérir ou gar-
der sa confiance, qui se bornerait à
n'être qu'un parti politique. Et à con-
sidérer les événements et les faits, la
« crise » actuelle vient de là : elle
vient de ce que les vieux partis politi-
ques ne trouvent point en eux-mêmes
la solution des nouveaux problèmes
qui obsèdeiu et qui pressent le Prolé-
tarial.
M. L'éon Bourgeois, lui, a claire-
ment vu la nécessité du moment.
Alors que tant de philosophes béné-
voles dissertent sur la tâche qui in-
combe au Parti radical, il entreprend,
simplement,.de la réaliser. Il s'attaque
au plus angoissant des problèmes so-
ciaux : le problème du logement OU-
vrier, foyer de tristesse, loyer de ma-
ladie, foyer de misère, foyer de mort.
*
Pour élargir, éclairer, égayer, as-
sainir, purifier ce foyer, il ne suffi-
sait pas que l'Etat législateur inter-
vinl entre le locataire et le proprié-
faire : il faut que la puissance collec-
tive d'elle-même, construise et donne
à loyer, sous une lorme ou sous une
autre, la maison confortable, claire,
gaie et saine au travailleur.
M. Léon Bourgeois n'a pas nensé
que semblable tâche dût incomber aux
municipalités el il en charge des « 01-
lices municipaux ». Peu importe.
Ce qui importe maintenant, c'est
qu'il trouve a la Chambre et au Sénat
le concours immédiat sur lequel il est
en droit de compter. De même qu'Ar-
chimède prouvait le mouvement en
marchant, nous demandons aux répu-
blicains de prouver leur, vitalité par
leurs actes* -
LE FAIT DU JOUR
M. ETIENNE : « J'suis prêt, à régaler tout le monde. Allons ! qui qui vient
prendre un verre ? A 1
La Réforme du Jury
--:+-o+:-
Certaines décisions de jurys d'assises
sont célèbres par leur cocasserie. Mais il
ne serait que juste d'observer, quand on
les commente, que, ne pouvant motiver
'leurs « réponses » et ne pouvant les for-
muler que par « oui » ou par •« non », les
jurés sont voués par la loi elle-même à l'in-
cohérence et à 1Jarbitraire.
La lettre que onze jurés de la Seine vien-
nent d'adresser au Garde des sceaux,. à
propos de l'affaire Sibuet, montre une fois
de plus qu'il serait urgent de réformer
l'institution du jury.
- Ce Sibuet, accusé de détournement de
mineure, fut condamné le 13 mai à cinq
ans de travaux forcés et la sévérité de ce
; verdict, en raison des circonstances de la.
; cause, parut si excessive que le président
des assises s'associa au recours en grâce.
« Nous avions pensé, expliquent les ju-
rés, que même en répondant « oui » sur la
ques-tion principale de détournement et
■« non » sur la question secondaire de com-
plicité de vol, les circonstances atténuantes
seraient, de droit, accordées à l'accusé.
Aussi, nous ne nous attendions pas à cette
condamnation si sévère.
« Estimant que la peine octroyée est en
disproportion avec la faute commise, nous
venons vous demander, monsieur le mi-
nistre, de vouloir bien convertir cette peine
de travaux forcés en peine d'emprisonne-
ment, que nous pensions voir appliquer à
l'accusé qui avait été traduit devant
nous. »
Evidemment, ces braves gens se sont
trompés. Le malheur pour le condamné,
c'est qu'il ne peut pas dire ; « Erreur ne
fait pas compte. »
Si la grâce n'intervient pas, il devra bel
et bien faire cinq ans de travaux forcés,
•
allors qu'en bonne justice il s'en lût titré
avec deux ans de prison. Un tel fait de-
vrait suffire à faire voter enfin la. réforme
que réclament tous les crimînaJistes et
tous les avocats : la réforme de notre pro-
cédure criminelle.
— —^
La Présidence de la Chambre
Les Débats ont publié hier une consul-
tation de droit - parlementaire, courte, élé-
gante et tendancieuse.
Notre confrère estime que « la candi-
dature d'un ministre en exercice pose un
problème très important », et il ajoute :
; « En tout cas, il y a là une question d'or-
dre théorique qui est. grave et qui devrait
être tranchée. Les notions parlementaires
sont déjà chez nous assez obscurcies sans
qu'elles risquent de se brouiller davanta-
ge. »
Qu'en termes excellents ces choses-
là sont dites !
Toutefois, les notions parlementaires,
« tout obscurcies » qu'elles soient, ne
le sont pas encore au point d'être réfrac-
taires à un clair rayon de bon sens.
Tout le monde comprend, à la Chambre
et dans le Pays, que la Présidence est
une (( magistrature indépendante b), qui
doit être confiée à un homme dont la vie
publique et privée honore le Parlement.
Toutes autres considérations sont .sub-
tilités vaines et ratiocinations inutiles.
La Chambre, en élisant son Président,
songera sans doute un peu moins à lui
qu'à elle-même, et elle se montrera sur-
tout soucieuse de sauvegarder — ou de
relever — son prestige au regard de l'o-
pinion publique.
Les Propos de Guillaume Il
- t 1WW a «
La séance du Reichstag. — Violents débats. — La
question de l'Alsace-Lorraine.
A l'occasion de la discussion du budget
de la chancellerie sont venues hier tes
questions adressées au Gouvernement rela-
tivement aux déclarations faites au maire
de Strasbourg par l'empereur Guillaume
et qui ont provoqué l'émotion que l'on
sait.
M. de Bethmann-Holhveg est au banc du
Gouvernement.
Le député socialiste Scheidemann prend
alors la parole.
M. Scheidemann fait une vive critique de
la politique intérieure et extérieure du
chancelier, et arrive aux affaires d'Alsace-
Lorraine.
a Il est caractéristique, dit-il, que l'em-
pereur ait menacé d'annexer les Alsaciens-
Lorrains à 1a Prusse, s'ils ne se tenaient
pas tranquilles. C'est ce qu'il faut retenir.
On menace de l'annexion à la Prusse com-
me on menace des travaux forcés.C'est une
punition analogue avec perte des droits -ci-
vils que de vouloir les annexer à la,Prus-
se. (Très bien ! Très bien ! sur les bancs
socialistes. )
« On prétend nous classer parmi les sol-
dats de deuxième classe, parmi la derniè-
re classe des citoyens allemands », s'écrie
le député socialiste de Dusseld-orf.
Ce mot provoque un violent tumulte.
Une partie des députés se lèvent et crient
leur indignation à M. Scheidemann. Le
chancelier se lève ensuite ostentativement,
fait signe aux membres du Gouvernement
et quitte avec eux la salle. Les représen-
tants des Etats du Sud de l'Allemagne le
suivent. Une partie des conservateurs sor-
tent également.
Les socialistes crient à ces députés :
« Dehors ! dehors !»
Le président déclare qu'il so réserve de
rappeler à l'ordre l'orateur lorsqu'il aura
connaissance du sténogrammie de son dis-
cours.
Le député Scheidemann continue ensuite
au milieu de violentes interruptions.
Peu après, le président Kæmpf déclare
qu'il n'y a pas lieu, d'après le sténogram-
me, de rappeler à l'ordre le député Schei-
demann. Le bruit se répand alors dans les
couloirs que le chancelier vient de se met-
tre en communication téléphonique avee
1 empereur. On parle d'une dissolution du
Reiehstag.La retraite du président Ivœmpf,
dit-on, est pouT le moins certaine.
Le Conseil fédéral se réunit en séance,
Peu après,on apprend que l'affaire s'arran-
ge.
Le président Kæmpf a fini de parler, et
rappelle à l'ordre le député Scheidemann
pour la déclaration qui a provoqué l'exode
du chancelier. Les membres du Conseil fé-
déral rentrent dans la salle, ainsi que 'le
chancelier. Les socialistes poussent des :
« Ah r Ah ! » ironiques.
Un député du centre leur crie : a Vous
n'êtes que des enfants ! a
Le chancelier est plus impassible que ja-
mais.
DECLARATIONS DU CHANCELIER
Après le discours du député national-
libéral von Kaice, le chancelier prend la
parole:
« Un homme qui parle de son pays com-
me l'a fait le député Scheidemann, déclare-
t-il, se condamne lui-même. (Cris vioiuuto
parmi les socialistes.)
« Messieurs, déclare le chanceler, vos in-
terruptions ne me troublent nullement.
Comme Prussien et comme Allemand, je
sais ce que l'Allemagne doit à la Prusse.
(Applaudissements à droite et au centre.) »
Le chancelier parle ensuite de l'affaire
de la fabrique de Grafensf aden et prend la
défense de la décision du statthalter d'Al-
sace-Lorraine.
M. de Bethmann-Hollweg en arrive en-
suite à l'affaire de la déclaration de l'em-
pereur au banquet de Strasbourg :
« Je n'ai jamais pensé, dit-il, que la
Constitution d'Alsace-Lorraine ne donnerait
pas lieu à des difficultés. Ces difficultés
ont déjà été nombreuses. Elles sont appa-
, rues dès la première élection dans le pays
m'pi re. Dureront-elles ? Faut-il en con-
clure que la Constitution a manqué son
effet ? On ne saurait élucider cette ques-
tion aujourd'hui. En toùt cas, il est cer-
tain que les récents événements en Al-
saoe-Lorraine ont mécontenté bien des Al-
lemands. C'est à ce mécontentement que
1 empereur a donné expression au banquet
de Strasibourg.
« Je proteste contre les attaques Oiui ont
été dirigées à ce sujet contre la personne
de Sa Majesté. Les paroles qu'il a pronon-
cées furent dites dans un banquet d'invi-
tés. » -
(VOIR EN. ( DERNIERE HEURE >)
L'ACTUALITÉ
1&-
L'anarchie policière
■ UII(H i -
ASSEZ!
Chaque jour, pour ainsi dire chaque
heure, apporte contre la détestable or-
ganisation de la. Préfecture de police
un argument plus pêremptoire, une
preuve plus accablante. C'est l'unani-
mité dans la Presset et dans l'opinion
publique.
La Préfecture de police, qui n'a su
ni connaître l'organisation de l'associa-
tion de malfaiteurs, ni prévenir les cri-
mes, ni arrêter içs criminels, a employé
de tels moyens de justice sommaire
gu'un sentiment de réprobation et de
dégoût se manifeste de toutes paris. -
On tira plus loin les faits scandaleux
ou ridicules révélés par nos confrères.
Ce n'est plus seulement l'exécution
sommaire et le retour à la loi de Lynch
sous Vœïl hébété du Préfet de police,
c'est l'entouissement sommaire et la
disparition clandestine des cadavres.
On (lisait que Préfecture de police et
Parquet étaient en désaccord perpé-
tuel. ,
Comme ils retombent vite d'accord
dès qu'il s'agit de violer les garanties
légales, et de supprimer les règles es-
sentielles de la justice répressive !
Rarement criminels furent plus
haïssables que les bandits de la bande
Bonnot-Garnier.
Pourtant, la Préfecture de police, par
ses gaffes, par ses exagérations, par sa
mise en scène, par sa sauvagerie, en
arnve à les rendre presque pitoyables
à l'opinion publique.
Parmi toutes les critiques que stiggè-
rent ranarcliie ipoJicière, l impérilie sé-
nile funeste du Préfet de police, l'une
domine toutes les autres
« On n'a pas voulu avoir, les bandits
vivants. »
Ecoutez les témoignages ; lisez l'arti-
cle du Petit Jounnail et concluez.
On pouvait — on a pu à maintes re-
prises — s'emparer de Bonnot, de Gar-
nier, de Valet comme de Carouy et des
autres. Pourquoi n'a-t-on pas voulu le
faire ?
Craignait-on,à l'audience des assises,
les révélations d'anciens agents provo-
cateurs ?
Et pourquoi, aujourd'hui, faire dispa-
raître illégalement les cadavres ? -
La plainte de Valet père est singuliè-
rement troublante.
Quel est cet amoncellement de fautes
et d'illégalités qui dénotent la plus re-
doutable anarchie dans l'Etal ?
Dès qu'un délinquant, comme le cy-
cliste Darragpn, esquissera Mne protes-
tation, sera-t-il condamné à mort et
exécuté sommairement par un agent
Tte police ?
D'un excès d'incurie tomberons-nous
dans un excès de rèpression ?
Le Préfet de police se vengera-t-il sur
les citoyens, iiaisibles de son impuis-
sance à saisir les malfaiteurs ?
Le Gouvernement laissera-til faire ?
Le Conseil municipal laissera-t-il fai-
re ?
Le Parlement laissera-t-il faire ?
Personne n'écoutera-t-il la voix de la
raison et de la légalité, alors que M.
Steeg, lui-même, écrivait naguère avec
tant de courage et de justesse ;
« Lois, garanties juridiques, on sa-
bote tout cela pour arriver aux fins
voulues. Et l'on a d'autant moins peur
,d'un scandale que, en fin de compte,
la vérité, savamment truquée dès l'ori-
gine, ne peut jamais être intégralement
rétablie.
« D'ailleurs, le mal est plus profond :
il est dans ce renversement même de
la hiérarchie qui met les maîtres de
l'action publique à la merci de leurs
agents. M. Briand nous a dit naguère
qu'il était temps de mettre désormais
les choses et les hommes à leur plaee.
L'occasion est belle pour tirer de cette
proposition ses conséquences pratiques
et pour rendre, par une réforme sérieu-
se et attentive de nos errements judi-
ciaires, un peu de logique et de dignité
'dans les rapports respectifs de la jus-
tice et de la police. »
La Presse unanime
Du MATIN, sous ce titre : c Trois mille
balles sans résultat » :
Lorsqu'on étudie de prfts les circonstan-
ces dans lesquelles les. deux tragédies se
sont déroulées, une première remarque
s'impose. Ni Bonnot, ni Garnier, ni Valet
n'ont été touchés, pendant le siège, par une
seule des mille balles tirées à Choisyde-
Roi et des deux mille balles tirées à No-
gent-sur-Marne.
1° Dubois, avànt même le siège, a été
tué par la riposte des agents sur lesquels
il avait' tiré ;
2° Bonnot portait trois blessures qu'il
s'était faites lui-même, et on a retrouvé
l'origine de toutes les blessures reçues lors
de sa capture, blessures causées soit par.
M. Xavier Guichard, soit par M. Paul Gui-
chard, soit par le lieutenant Fontall, soit
par un agent ;
30 Toutes les blessures de Valût sont des
blessures faites dans la dernière minute de
l'assaut, alors que les agents ont pénétré
dans la maison ;
4° Garnior s'est brûlé la cervelle, et le
coup de feu qu'il a reçu dans la poitrine
a été tiré à bout portant alors qu'il râlait.
Aiasi, dans les deux ca& ou tes bandits
se sont suicidés ou ils ont tenté de se sui-
cider en constatant que toute fuite était im-
possible, ou ils sont morts de blessures
faites à la dernière minute.
Lo pourcentage des blessés parmi les as-
saillants n'aurait pas été plus considéra-
ble si, dès la première minute, ils étaient
entrés dans les deux maisons.
Chacun sait que le courage des agents
est au-dessus de tout éloge, mais le cou-
rage ne suffit pas. Quand on examine do
près la maison dans laquelle Valet et Gar-
nier s'étaient réfugiés, on voit qu'il y avait
non pas une, mais dix manières de prendre
les bandits dans le jardin en leur coupant
la retraite pour tes empêcher de rentrer
dans la maison transformée en forteresse.
On avait arrêté :
Dieudonné, porteur de deux brownings ;
De Boué, porteur de deux brownings ;
Carouy, porteur de deux brownings ;
Soudy, porteur de deux brownings ;
CaHemin, porteur de deux brownings ;
Simentof, porteur de deux brownings ;
et pas un coup de feu n'avait été tiré ; il
semible qu'il eût été aisé, si même on n'a-
vait pas voulu faire le siège de la maison; ■
de cueillir de la même manière Garnier et
Valet, un jour où rompant avec la pruden-
ce ils seraient sortis dans la rue.
En évitant ce siège, on aurait évité de
montrer au public qui? les projecteurs des-
tinés à faire de la lumière ne marchaient
pas, que la dynamite 4u laboratoire muni-
cipal était de qualité secondaire, et enfin
que deux hommes ont pu demeurer dans
une maison, sous les feux croisés de la
troupe perçant do part en part des murs
en torchis, sans avoir à subir le moindre
dommage. Enfin, on aurait évité l'attrou-
pement hors de propos d'une foule impa-
tiente; énervée, dans laauelle circulaient
des autos, avec des hommes en habit et des
femmes décolletées, où se faufilaient des
escarpes et des apaches.
Du - PETIT - JOURNAL :
.Cependant, les bandits tiraient encore.
Un feu d'enfer éclata aJors, partant des fu-
sils Lebel, des revolvers d'ordonnance et
des deux petites mitrailleuses des zouaves
que commandait un vieux.
Cette fois, les brownings ne répondirent
plus.
Tandis que les pompiers combattaient
[incendie, les chiens policiers qu'on venait
de lancer pénétraient dans Je jardin en
donnant* de la voix.
Nous entrâmes à leur suite, précédés
d'un caporal de zouaves.
Dans la première pièce, au rez-de-chaus-
sée, Garnier était là sanglant, mais encore
debout, son revolver à la main. Le caporal
de zouaves s'élança sur lui et le désarma ;
mais, à ce moment, le gardien de la paix
Guilbaut, de la troisième brigade de ré-
serve, sous nos yeux, s'avança et. à bout
portant, brûla la cervelle du bandit.
Garnier, le visage mutilé par l'affreuse
blessure, tomba à terre. Il était mort.
Aussitôt, les agents qui entrèrent à ce
moment, sous la conduite de M. Reiss, of-
ficier de paix, s'élancèrent sur son cada-
vre.
De la PETITE REPUBLIQUE : ,
Une fois de plus aussi, nous devons
émettre le vœu d'une organisation meil-
leure et d'une habileté plus efficace.
Nous regrettons ces exécutions tapageu-
ses qui donnent aux criminels une mort
en apothéose bien faite pour. exalter le ca-
botinage meurtrier des souteneurs et des
apaches, pour enflammer l'imagination
des pierreuses.
Nous sommes (humiliés de ces sièges
soutenus par deux gredins-contre des mil-
liers d'agents, de gardes, de pompiers et
de zouaves : nous sommes sans admria-
tion pour cette tactique improvisée qui
met en œuvre ce la dynamite qui éclate
mal., des boucliers trop perméables des
projecteurs qui n'éclairent pas et des mi-
trailleuses qui arrivent trop tard.
Nous n'aimons point cette photographie
qui nous montre M. Lépine descendant
par une échelle de-la toiture où il faisait
le coup de feu : était-ce la place d'un gé-
néral en chef ?
Tout cela est vraiment sans gloire et
sans beauté, et la police aurait pu, sem-
ble-t-il. éviter d'aussi cruelles épreuves à.
la moralité publique et à la dignité de la
justice, en égalant son sang-froid à sa
vaillance.
Du TEMPS :
Nous avons annoncé hier, que M Valet
père de l'un des bandits tués à Nogenl-
sur-Marne, se plaignait de n'avoir pas pu
voir le corps (jp son fils avant l'inhuma-
tion de celui-ci XI. Valet, que nous avons
vu ce matin, est entrepreneur de travaux
publics. Il habile, avec ses deux filles,
boulevard de Port-Royal, une maison de
belle apparence. C'est un grand vieillard,
maigre et distingué, les yens d'un bleu
extrêmement clair, le front encadré de
cheveux blancs. Il nous expose sur un ton
calme et mesuré, comment il a été amené
à protester contre l'inhumation, à son
sens, trop précipitée de son fils.
- On a dit que j'avais été avec mes
filles reconnaître à la Morgue le cadavre
de mon. fils. La vérité est toute autre. Mer-
credi matin, à neuf heures, dès que j'ai
été prévenu de la tragédie de Nogent-
sur-Marne, nous nous- sommes présentés
à la Morgue pour reconnaître le corps de
mon fils — ses soeurs et moi. On me dé-
clara que seul M; Gilbert. juge d'instruc-
tion, pouvait me donner l'autorisation né-
cessaire. Je me suis alors rendu au Pa-
lais. Le juge était absent. Dans l'après-
midi, je lui adressai le télégramme sui-
vant :
cc M'étant rendu à la Morgue, ce matin.
on me refusa de voir le corps de mon fils.
Je me demande-de quel droit. Un employé
m'ayant dit qu'il dépendait de vous seùl
de donner cette autorisation, je viens vouA
prier de donner des ordres afin que-ces
chinoiseries prennent fin. Je réclame éga-
lement son corps, »
« J'attendis en vain une réponse toute
la journée. Enfin, hier matin jeudi, à huit
heures et demie, le grelfier de la Morgue
DIMANCHE 19 MAI 1912. — Nit 1543*
Foodateur c -"
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un mots trois mois Sti noii 3m
Paris. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements. 2 — 6 — 11— 20 —
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AUGUSTE VACQUERIE
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71, rtte du Paubourg-Salat-Martin
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424-90
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin,, 123, rue Montmartre, Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
REMONTRANCES
La Chancellerie s'est
émue de la campagne que
mène la Presse de toute
opinion pour le rétablisse-
ment de la sécurité publi-
que. Une note officieuse,
publiée par le Rappel, nous annonce
que des mesures administratives vont
être prises en vue d' « assurer une ré-
pression plus efficace, par une réor-
ganisation des services de la police ».
A merveille. Les études récentes de M.
Bruneau, dans la Grande Revue, dé-
montrent à quel point cette réforme est
urgente. On ne cessai "c deman-
der pourquoi il existait deux polices
pour la région parisienne : l'une dé-
pendant de la Préfecture, l'autre de
la Sûreté générale, de l'Intérieur.
On s'inquiétait aussi de voir ce second
Service, avec ses brigades des réquisi-
tions, des notes ou des mandats, en-
combré d'enquêtes judiciaires qui ne
sont pas de son ressort. Il paraît que
ltun va unifier l'action du Parquet, de
la Préfecture et de la Sûreté, C'est tant
mieux.
Ces décisions seront-elles suffisàn-
tes ?
, On peut en douter, si l'on songe non
pas seulement à Paris, mais à la Fran-
ce entière, actuellement troublée par
tant de crimes. Certes, ce n'est pas
nous qui demanderons une aggrava-
tion aux mesures contre les anarchis-
tes. Nous ne souhaitons même pas
êtes mesures législatives nouvelles.
Mais applique-t-on les lois ? Que M. le
Garde des Sceaux se renseigne près de
ses Parquets ! Applique-t-on les dispo-
sitions de la loi du 15 novembre 1892,
qui permettent de ne pas imputer la
détention préventive sur la durée de la
peine ? N'est-il pas vrai que les con-
damnés subissent souvent une partie
importante de cette peine sous le régi-
me de la prévention, bien plus bénin
que celui de l'exécution ? Chacun d'eux
travaille à faire prolonger l'état de
prévention par tous les artifices possi-
bles, notamment par l'appel et le pour-
que celui de l'exécution ?
;' N'a-t-on pas dénaturé la loi Béren-
ger ? Je sais un tribunal qui accorde
le sursis par défaut. Que dire de la
reîégalion ?
La Magistrature, de son côté, joue-t-
elle ~xactement son rôle ? Perrissoud,
ici même, affirmait, ces jours derniers,
que ( la Justice, à tous ses degrés,rem-
plit son devoir ». Ce n'est pas, sem-
ble-t-il, l'avis de M. Louhat., procureur
général. Dans une circulaire, qui prou-
ve son courage, il rappelle aux magis-
trats leurs obligations. « Il ne vous suf-
fit pas, leur dit-il, d'être consciencieux
et impartiaux ; vous devez aussi dé-
fendre l'ordre public. Vous devez rom-
pre avec les habitudes indulgentes qui
ne sont plus de mise en face d'une cri-
minalité recrudescente ».
Des exemples montrent à quel point
ces instructions sont utiles. J'ai sous
les yeux toute une série de documents
topiques. Chez des malfaiteurs invété-
rés, la gradation de la peiné est des-
cendante. A., né en 1893, a déjà su-
bi cinq condamnations pour vol ; il est
condamné, la première fois, à deux
mois de prison, la troisième et la cin-
quième fois à quinze jours ; sans une
application abusive-des circ.onstances
atténuantes, il serait relégable.
né en 1868, récidiviste dangereux, a
subi dix-huit condamnations ; il n'a
pas été relégué. C., né en 1884 (cinq
condamnations pour vol, outrages,
violation de domicile, menaces de
mort, coups, port d'arme prohibée),
véritable Bonnot en germe, n'a reçu,
pour sa cinquième condamnation, que
trois mois de prison. D., né en 1880
(quatorze condamnations), s'en est ti-
ré, au mois de janvier 1912, pour une
dernière affaire, avec huit jours de
prison ; la prochaine fuis, on ne lui in-
fligera plus qu'une amende. E., né
en 1893, !a été condamné une premiè-
re fois à huit jours avec sursis, pour
coups et blessures ; un an plus tard,
il revient devant le tribunal ; une pei-
ne d'emprisonnement aurait entraîné
la révocation du sursis ; pour éviter
cette douloureuse extrémité, le tribu-
nal ne lui donne que 16 francs d'amen-
de. Notez que. sur tous es personna-
ges, les renseignements de police sont
déplorables.
C'est de l'incohérence. On ne pro-
céderait pas autrement, si l'on voulait
peupler la société de bandits. Au vrai,
la Magistrature est déroutée. Elle a
suivi les tendances de l'opinion publi-
que. Elle assiste, depuis de nombreu-
ses années, à l'adoucissement progres-
sif de notre système pénal ; on l'a dé-
sarmée par notre absurde procédure
..de réhabilitation. Elle vit sévir les
amnisties, mesure démagogique et lâ-
che. On compliqua son action"par la
loi de 1897 sur l'instruction contradic-
toire. On a élevé le nombre des ordon-
nances de non-lieu. La libération con-
ditionnelle fonctionne dans aes condi-
tions ridicules. Les magistrats ont re-
çu des instructions étranges, comme
celles que contenait la circulaire du
20 février 1900. On leur a rendu pres-
que inrpossible raccomplissement de
leur devoir.
Le mal est profond. Une action éner-
gique s'impose. Les réformes adminis-
tratives qui sont annoncées ne nous
suffisent pas. Nous ne demandons pas
que, sous la poussée de l'opinion pu-
blique, on commette, dans le sens in-
verse, des excès pareils à ceux que
nous réprouvons. Qu'on ouvre une
large information ; qu'on sache com-
ment la loi est appliquée et la justice
rendue ! Qu'on mette, une fois pour
toutes, les choses au point, virile-
ment. M. le Garde des Sceaux a toute
la clairvoyance qu'il faut pour accom-
plir cette tâche. Le Pays entier lui en
serait reconnaissant.
Edouard HERRI-OT,
Maire de Luon..
LA POLITIQUE
-::+-8+:-
CONTRE LES TAUDIS
Une Nœuvre est assurée de
l'appr,)bation de la Démocra-
tie : celle 'de M. Léon Bour-
geois.
- Dans les déclarations qu'il
vient de faire sur les projets du Gou.
vernement relatifs aux habitations à
bon marché, il y a tout un program-
me généreux et hardi de réformalion
sociale.
Or, c'est de réformes sociales que
la Démocratie avant tout est avide.
Elle ne dédaigne certes pas, ni ne
méconnaît l'œuvre politique de la Troi.
sième République. Mais, nul parti ne
saurait prétendre ci conquérir ou gar-
der sa confiance, qui se bornerait à
n'être qu'un parti politique. Et à con-
sidérer les événements et les faits, la
« crise » actuelle vient de là : elle
vient de ce que les vieux partis politi-
ques ne trouvent point en eux-mêmes
la solution des nouveaux problèmes
qui obsèdeiu et qui pressent le Prolé-
tarial.
M. L'éon Bourgeois, lui, a claire-
ment vu la nécessité du moment.
Alors que tant de philosophes béné-
voles dissertent sur la tâche qui in-
combe au Parti radical, il entreprend,
simplement,.de la réaliser. Il s'attaque
au plus angoissant des problèmes so-
ciaux : le problème du logement OU-
vrier, foyer de tristesse, loyer de ma-
ladie, foyer de misère, foyer de mort.
*
Pour élargir, éclairer, égayer, as-
sainir, purifier ce foyer, il ne suffi-
sait pas que l'Etat législateur inter-
vinl entre le locataire et le proprié-
faire : il faut que la puissance collec-
tive d'elle-même, construise et donne
à loyer, sous une lorme ou sous une
autre, la maison confortable, claire,
gaie et saine au travailleur.
M. Léon Bourgeois n'a pas nensé
que semblable tâche dût incomber aux
municipalités el il en charge des « 01-
lices municipaux ». Peu importe.
Ce qui importe maintenant, c'est
qu'il trouve a la Chambre et au Sénat
le concours immédiat sur lequel il est
en droit de compter. De même qu'Ar-
chimède prouvait le mouvement en
marchant, nous demandons aux répu-
blicains de prouver leur, vitalité par
leurs actes* -
LE FAIT DU JOUR
M. ETIENNE : « J'suis prêt, à régaler tout le monde. Allons ! qui qui vient
prendre un verre ? A 1
La Réforme du Jury
--:+-o+:-
Certaines décisions de jurys d'assises
sont célèbres par leur cocasserie. Mais il
ne serait que juste d'observer, quand on
les commente, que, ne pouvant motiver
'leurs « réponses » et ne pouvant les for-
muler que par « oui » ou par •« non », les
jurés sont voués par la loi elle-même à l'in-
cohérence et à 1Jarbitraire.
La lettre que onze jurés de la Seine vien-
nent d'adresser au Garde des sceaux,. à
propos de l'affaire Sibuet, montre une fois
de plus qu'il serait urgent de réformer
l'institution du jury.
- Ce Sibuet, accusé de détournement de
mineure, fut condamné le 13 mai à cinq
ans de travaux forcés et la sévérité de ce
; verdict, en raison des circonstances de la.
; cause, parut si excessive que le président
des assises s'associa au recours en grâce.
« Nous avions pensé, expliquent les ju-
rés, que même en répondant « oui » sur la
ques-tion principale de détournement et
■« non » sur la question secondaire de com-
plicité de vol, les circonstances atténuantes
seraient, de droit, accordées à l'accusé.
Aussi, nous ne nous attendions pas à cette
condamnation si sévère.
« Estimant que la peine octroyée est en
disproportion avec la faute commise, nous
venons vous demander, monsieur le mi-
nistre, de vouloir bien convertir cette peine
de travaux forcés en peine d'emprisonne-
ment, que nous pensions voir appliquer à
l'accusé qui avait été traduit devant
nous. »
Evidemment, ces braves gens se sont
trompés. Le malheur pour le condamné,
c'est qu'il ne peut pas dire ; « Erreur ne
fait pas compte. »
Si la grâce n'intervient pas, il devra bel
et bien faire cinq ans de travaux forcés,
•
allors qu'en bonne justice il s'en lût titré
avec deux ans de prison. Un tel fait de-
vrait suffire à faire voter enfin la. réforme
que réclament tous les crimînaJistes et
tous les avocats : la réforme de notre pro-
cédure criminelle.
— —^
La Présidence de la Chambre
Les Débats ont publié hier une consul-
tation de droit - parlementaire, courte, élé-
gante et tendancieuse.
Notre confrère estime que « la candi-
dature d'un ministre en exercice pose un
problème très important », et il ajoute :
; « En tout cas, il y a là une question d'or-
dre théorique qui est. grave et qui devrait
être tranchée. Les notions parlementaires
sont déjà chez nous assez obscurcies sans
qu'elles risquent de se brouiller davanta-
ge. »
Qu'en termes excellents ces choses-
là sont dites !
Toutefois, les notions parlementaires,
« tout obscurcies » qu'elles soient, ne
le sont pas encore au point d'être réfrac-
taires à un clair rayon de bon sens.
Tout le monde comprend, à la Chambre
et dans le Pays, que la Présidence est
une (( magistrature indépendante b), qui
doit être confiée à un homme dont la vie
publique et privée honore le Parlement.
Toutes autres considérations sont .sub-
tilités vaines et ratiocinations inutiles.
La Chambre, en élisant son Président,
songera sans doute un peu moins à lui
qu'à elle-même, et elle se montrera sur-
tout soucieuse de sauvegarder — ou de
relever — son prestige au regard de l'o-
pinion publique.
Les Propos de Guillaume Il
- t 1WW a «
La séance du Reichstag. — Violents débats. — La
question de l'Alsace-Lorraine.
A l'occasion de la discussion du budget
de la chancellerie sont venues hier tes
questions adressées au Gouvernement rela-
tivement aux déclarations faites au maire
de Strasbourg par l'empereur Guillaume
et qui ont provoqué l'émotion que l'on
sait.
M. de Bethmann-Holhveg est au banc du
Gouvernement.
Le député socialiste Scheidemann prend
alors la parole.
M. Scheidemann fait une vive critique de
la politique intérieure et extérieure du
chancelier, et arrive aux affaires d'Alsace-
Lorraine.
a Il est caractéristique, dit-il, que l'em-
pereur ait menacé d'annexer les Alsaciens-
Lorrains à 1a Prusse, s'ils ne se tenaient
pas tranquilles. C'est ce qu'il faut retenir.
On menace de l'annexion à la Prusse com-
me on menace des travaux forcés.C'est une
punition analogue avec perte des droits -ci-
vils que de vouloir les annexer à la,Prus-
se. (Très bien ! Très bien ! sur les bancs
socialistes. )
« On prétend nous classer parmi les sol-
dats de deuxième classe, parmi la derniè-
re classe des citoyens allemands », s'écrie
le député socialiste de Dusseld-orf.
Ce mot provoque un violent tumulte.
Une partie des députés se lèvent et crient
leur indignation à M. Scheidemann. Le
chancelier se lève ensuite ostentativement,
fait signe aux membres du Gouvernement
et quitte avec eux la salle. Les représen-
tants des Etats du Sud de l'Allemagne le
suivent. Une partie des conservateurs sor-
tent également.
Les socialistes crient à ces députés :
« Dehors ! dehors !»
Le président déclare qu'il so réserve de
rappeler à l'ordre l'orateur lorsqu'il aura
connaissance du sténogrammie de son dis-
cours.
Le député Scheidemann continue ensuite
au milieu de violentes interruptions.
Peu après, le président Kæmpf déclare
qu'il n'y a pas lieu, d'après le sténogram-
me, de rappeler à l'ordre le député Schei-
demann. Le bruit se répand alors dans les
couloirs que le chancelier vient de se met-
tre en communication téléphonique avee
1 empereur. On parle d'une dissolution du
Reiehstag.La retraite du président Ivœmpf,
dit-on, est pouT le moins certaine.
Le Conseil fédéral se réunit en séance,
Peu après,on apprend que l'affaire s'arran-
ge.
Le président Kæmpf a fini de parler, et
rappelle à l'ordre le député Scheidemann
pour la déclaration qui a provoqué l'exode
du chancelier. Les membres du Conseil fé-
déral rentrent dans la salle, ainsi que 'le
chancelier. Les socialistes poussent des :
« Ah r Ah ! » ironiques.
Un député du centre leur crie : a Vous
n'êtes que des enfants ! a
Le chancelier est plus impassible que ja-
mais.
DECLARATIONS DU CHANCELIER
Après le discours du député national-
libéral von Kaice, le chancelier prend la
parole:
« Un homme qui parle de son pays com-
me l'a fait le député Scheidemann, déclare-
t-il, se condamne lui-même. (Cris vioiuuto
parmi les socialistes.)
« Messieurs, déclare le chanceler, vos in-
terruptions ne me troublent nullement.
Comme Prussien et comme Allemand, je
sais ce que l'Allemagne doit à la Prusse.
(Applaudissements à droite et au centre.) »
Le chancelier parle ensuite de l'affaire
de la fabrique de Grafensf aden et prend la
défense de la décision du statthalter d'Al-
sace-Lorraine.
M. de Bethmann-Hollweg en arrive en-
suite à l'affaire de la déclaration de l'em-
pereur au banquet de Strasbourg :
« Je n'ai jamais pensé, dit-il, que la
Constitution d'Alsace-Lorraine ne donnerait
pas lieu à des difficultés. Ces difficultés
ont déjà été nombreuses. Elles sont appa-
, rues dès la première élection dans le pays
m'pi re. Dureront-elles ? Faut-il en con-
clure que la Constitution a manqué son
effet ? On ne saurait élucider cette ques-
tion aujourd'hui. En toùt cas, il est cer-
tain que les récents événements en Al-
saoe-Lorraine ont mécontenté bien des Al-
lemands. C'est à ce mécontentement que
1 empereur a donné expression au banquet
de Strasibourg.
« Je proteste contre les attaques Oiui ont
été dirigées à ce sujet contre la personne
de Sa Majesté. Les paroles qu'il a pronon-
cées furent dites dans un banquet d'invi-
tés. » -
(VOIR EN. ( DERNIERE HEURE >)
L'ACTUALITÉ
1&-
L'anarchie policière
■ UII(H i -
ASSEZ!
Chaque jour, pour ainsi dire chaque
heure, apporte contre la détestable or-
ganisation de la. Préfecture de police
un argument plus pêremptoire, une
preuve plus accablante. C'est l'unani-
mité dans la Presset et dans l'opinion
publique.
La Préfecture de police, qui n'a su
ni connaître l'organisation de l'associa-
tion de malfaiteurs, ni prévenir les cri-
mes, ni arrêter içs criminels, a employé
de tels moyens de justice sommaire
gu'un sentiment de réprobation et de
dégoût se manifeste de toutes paris. -
On tira plus loin les faits scandaleux
ou ridicules révélés par nos confrères.
Ce n'est plus seulement l'exécution
sommaire et le retour à la loi de Lynch
sous Vœïl hébété du Préfet de police,
c'est l'entouissement sommaire et la
disparition clandestine des cadavres.
On (lisait que Préfecture de police et
Parquet étaient en désaccord perpé-
tuel. ,
Comme ils retombent vite d'accord
dès qu'il s'agit de violer les garanties
légales, et de supprimer les règles es-
sentielles de la justice répressive !
Rarement criminels furent plus
haïssables que les bandits de la bande
Bonnot-Garnier.
Pourtant, la Préfecture de police, par
ses gaffes, par ses exagérations, par sa
mise en scène, par sa sauvagerie, en
arnve à les rendre presque pitoyables
à l'opinion publique.
Parmi toutes les critiques que stiggè-
rent ranarcliie ipoJicière, l impérilie sé-
nile funeste du Préfet de police, l'une
domine toutes les autres
« On n'a pas voulu avoir, les bandits
vivants. »
Ecoutez les témoignages ; lisez l'arti-
cle du Petit Jounnail et concluez.
On pouvait — on a pu à maintes re-
prises — s'emparer de Bonnot, de Gar-
nier, de Valet comme de Carouy et des
autres. Pourquoi n'a-t-on pas voulu le
faire ?
Craignait-on,à l'audience des assises,
les révélations d'anciens agents provo-
cateurs ?
Et pourquoi, aujourd'hui, faire dispa-
raître illégalement les cadavres ? -
La plainte de Valet père est singuliè-
rement troublante.
Quel est cet amoncellement de fautes
et d'illégalités qui dénotent la plus re-
doutable anarchie dans l'Etal ?
Dès qu'un délinquant, comme le cy-
cliste Darragpn, esquissera Mne protes-
tation, sera-t-il condamné à mort et
exécuté sommairement par un agent
Tte police ?
D'un excès d'incurie tomberons-nous
dans un excès de rèpression ?
Le Préfet de police se vengera-t-il sur
les citoyens, iiaisibles de son impuis-
sance à saisir les malfaiteurs ?
Le Gouvernement laissera-til faire ?
Le Conseil municipal laissera-t-il fai-
re ?
Le Parlement laissera-t-il faire ?
Personne n'écoutera-t-il la voix de la
raison et de la légalité, alors que M.
Steeg, lui-même, écrivait naguère avec
tant de courage et de justesse ;
« Lois, garanties juridiques, on sa-
bote tout cela pour arriver aux fins
voulues. Et l'on a d'autant moins peur
,d'un scandale que, en fin de compte,
la vérité, savamment truquée dès l'ori-
gine, ne peut jamais être intégralement
rétablie.
« D'ailleurs, le mal est plus profond :
il est dans ce renversement même de
la hiérarchie qui met les maîtres de
l'action publique à la merci de leurs
agents. M. Briand nous a dit naguère
qu'il était temps de mettre désormais
les choses et les hommes à leur plaee.
L'occasion est belle pour tirer de cette
proposition ses conséquences pratiques
et pour rendre, par une réforme sérieu-
se et attentive de nos errements judi-
ciaires, un peu de logique et de dignité
'dans les rapports respectifs de la jus-
tice et de la police. »
La Presse unanime
Du MATIN, sous ce titre : c Trois mille
balles sans résultat » :
Lorsqu'on étudie de prfts les circonstan-
ces dans lesquelles les. deux tragédies se
sont déroulées, une première remarque
s'impose. Ni Bonnot, ni Garnier, ni Valet
n'ont été touchés, pendant le siège, par une
seule des mille balles tirées à Choisyde-
Roi et des deux mille balles tirées à No-
gent-sur-Marne.
1° Dubois, avànt même le siège, a été
tué par la riposte des agents sur lesquels
il avait' tiré ;
2° Bonnot portait trois blessures qu'il
s'était faites lui-même, et on a retrouvé
l'origine de toutes les blessures reçues lors
de sa capture, blessures causées soit par.
M. Xavier Guichard, soit par M. Paul Gui-
chard, soit par le lieutenant Fontall, soit
par un agent ;
30 Toutes les blessures de Valût sont des
blessures faites dans la dernière minute de
l'assaut, alors que les agents ont pénétré
dans la maison ;
4° Garnior s'est brûlé la cervelle, et le
coup de feu qu'il a reçu dans la poitrine
a été tiré à bout portant alors qu'il râlait.
Aiasi, dans les deux ca& ou tes bandits
se sont suicidés ou ils ont tenté de se sui-
cider en constatant que toute fuite était im-
possible, ou ils sont morts de blessures
faites à la dernière minute.
Lo pourcentage des blessés parmi les as-
saillants n'aurait pas été plus considéra-
ble si, dès la première minute, ils étaient
entrés dans les deux maisons.
Chacun sait que le courage des agents
est au-dessus de tout éloge, mais le cou-
rage ne suffit pas. Quand on examine do
près la maison dans laquelle Valet et Gar-
nier s'étaient réfugiés, on voit qu'il y avait
non pas une, mais dix manières de prendre
les bandits dans le jardin en leur coupant
la retraite pour tes empêcher de rentrer
dans la maison transformée en forteresse.
On avait arrêté :
Dieudonné, porteur de deux brownings ;
De Boué, porteur de deux brownings ;
Carouy, porteur de deux brownings ;
Soudy, porteur de deux brownings ;
CaHemin, porteur de deux brownings ;
Simentof, porteur de deux brownings ;
et pas un coup de feu n'avait été tiré ; il
semible qu'il eût été aisé, si même on n'a-
vait pas voulu faire le siège de la maison; ■
de cueillir de la même manière Garnier et
Valet, un jour où rompant avec la pruden-
ce ils seraient sortis dans la rue.
En évitant ce siège, on aurait évité de
montrer au public qui? les projecteurs des-
tinés à faire de la lumière ne marchaient
pas, que la dynamite 4u laboratoire muni-
cipal était de qualité secondaire, et enfin
que deux hommes ont pu demeurer dans
une maison, sous les feux croisés de la
troupe perçant do part en part des murs
en torchis, sans avoir à subir le moindre
dommage. Enfin, on aurait évité l'attrou-
pement hors de propos d'une foule impa-
tiente; énervée, dans laauelle circulaient
des autos, avec des hommes en habit et des
femmes décolletées, où se faufilaient des
escarpes et des apaches.
Du - PETIT - JOURNAL :
.Cependant, les bandits tiraient encore.
Un feu d'enfer éclata aJors, partant des fu-
sils Lebel, des revolvers d'ordonnance et
des deux petites mitrailleuses des zouaves
que commandait un vieux
Cette fois, les brownings ne répondirent
plus.
Tandis que les pompiers combattaient
[incendie, les chiens policiers qu'on venait
de lancer pénétraient dans Je jardin en
donnant* de la voix.
Nous entrâmes à leur suite, précédés
d'un caporal de zouaves.
Dans la première pièce, au rez-de-chaus-
sée, Garnier était là sanglant, mais encore
debout, son revolver à la main. Le caporal
de zouaves s'élança sur lui et le désarma ;
mais, à ce moment, le gardien de la paix
Guilbaut, de la troisième brigade de ré-
serve, sous nos yeux, s'avança et. à bout
portant, brûla la cervelle du bandit.
Garnier, le visage mutilé par l'affreuse
blessure, tomba à terre. Il était mort.
Aussitôt, les agents qui entrèrent à ce
moment, sous la conduite de M. Reiss, of-
ficier de paix, s'élancèrent sur son cada-
vre.
De la PETITE REPUBLIQUE : ,
Une fois de plus aussi, nous devons
émettre le vœu d'une organisation meil-
leure et d'une habileté plus efficace.
Nous regrettons ces exécutions tapageu-
ses qui donnent aux criminels une mort
en apothéose bien faite pour. exalter le ca-
botinage meurtrier des souteneurs et des
apaches, pour enflammer l'imagination
des pierreuses.
Nous sommes (humiliés de ces sièges
soutenus par deux gredins-contre des mil-
liers d'agents, de gardes, de pompiers et
de zouaves : nous sommes sans admria-
tion pour cette tactique improvisée qui
met en œuvre ce la dynamite qui éclate
mal., des boucliers trop perméables des
projecteurs qui n'éclairent pas et des mi-
trailleuses qui arrivent trop tard.
Nous n'aimons point cette photographie
qui nous montre M. Lépine descendant
par une échelle de-la toiture où il faisait
le coup de feu : était-ce la place d'un gé-
néral en chef ?
Tout cela est vraiment sans gloire et
sans beauté, et la police aurait pu, sem-
ble-t-il. éviter d'aussi cruelles épreuves à.
la moralité publique et à la dignité de la
justice, en égalant son sang-froid à sa
vaillance.
Du TEMPS :
Nous avons annoncé hier, que M Valet
père de l'un des bandits tués à Nogenl-
sur-Marne, se plaignait de n'avoir pas pu
voir le corps (jp son fils avant l'inhuma-
tion de celui-ci XI. Valet, que nous avons
vu ce matin, est entrepreneur de travaux
publics. Il habile, avec ses deux filles,
boulevard de Port-Royal, une maison de
belle apparence. C'est un grand vieillard,
maigre et distingué, les yens d'un bleu
extrêmement clair, le front encadré de
cheveux blancs. Il nous expose sur un ton
calme et mesuré, comment il a été amené
à protester contre l'inhumation, à son
sens, trop précipitée de son fils.
- On a dit que j'avais été avec mes
filles reconnaître à la Morgue le cadavre
de mon. fils. La vérité est toute autre. Mer-
credi matin, à neuf heures, dès que j'ai
été prévenu de la tragédie de Nogent-
sur-Marne, nous nous- sommes présentés
à la Morgue pour reconnaître le corps de
mon fils — ses soeurs et moi. On me dé-
clara que seul M; Gilbert. juge d'instruc-
tion, pouvait me donner l'autorisation né-
cessaire. Je me suis alors rendu au Pa-
lais. Le juge était absent. Dans l'après-
midi, je lui adressai le télégramme sui-
vant :
cc M'étant rendu à la Morgue, ce matin.
on me refusa de voir le corps de mon fils.
Je me demande-de quel droit. Un employé
m'ayant dit qu'il dépendait de vous seùl
de donner cette autorisation, je viens vouA
prier de donner des ordres afin que-ces
chinoiseries prennent fin. Je réclame éga-
lement son corps, »
« J'attendis en vain une réponse toute
la journée. Enfin, hier matin jeudi, à huit
heures et demie, le grelfier de la Morgue
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