Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-11-04
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 04 novembre 1912 04 novembre 1912
Description : 1912/11/04 (N15605). 1912/11/04 (N15605).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7548478j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
fo 15,a. — T4 BRUMAIRE. AN 12f.
CINQ CENTIMES LE NUMERCP --
LUNDI 4 NOVEMBRE 1912. — N° 1S2G5.
Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin, 123, rue Montmartre, Téléphone 143-93,
TRIBUNE LIBRE
p t
Il est grand temps !
■ i > l»W » - f
La gauche se tient sur la
défensive comme un parti
conservateur.C'est l'offensive
qu'elle devrait prendre, en
vrai parti de réformes.
Consultez vos organisa-
tions et vos électeurs : ils ne demandent
pas seulement contre qui vous êtes ; ils
veulent les réalisations que vous leur
avez promises et que votre intention est
assurément de leur obtenir.
Regardez les professions de foi pu-
bliées par ordre de la Chambre : vous
y verrez qu'une majorité fut élue, en
i910, pour la laïcité de l'enseignement,
pour le Statut des fonctionnaires, pour
l'impôt sur le revenu.:
C'est par là et non point par la R. P.
que vos adversaires vont chercher à
pousser l'opinion contre vous, si, par
impossible, vous reveniez sans avoir
rien fait que des négations, de la résis-
tance, ou de la répression.
Pressentant le mouvement, plusieurs
S'entre nous tentent, dès maintenant, de
rejeter la faute de toutes les lenteurs sur
la R. P.
« Mais, répliquent les adversaires, le
projet de Réforme électorale ne vint de-
vant la Chambre que sous le ministère
Monis, un an ou peu s'en faut, après
les élections de 1910. Et, pendant toute
cette première année, qu'avez-vous fait,
soit pour l'Ecole laïque, soit pour le
Statut promis aux fonctionnaires ?
« Quant à l'impôt sur le revenu, c'est
'devant le Sénat qu'il attend depuis plus
de trois années. Or, jusqu'à présent, le
Sénat n'a pas eu à discuter la R. P. Le
temps ne lui a point manqué pour dis-
cuter et voter la réforme fiscale, et, si
vraiment, il prend prétexte de la Réfor-
me électorale pour le retarder encore,
on lui demandera, disent toujours les
adversaires, ce qu'il a fait depuis 1909.»
Il est temps, il est plus que temps
d'aboutir. Nous avons fait les Retraites
duvrières trop tard, nous faisons le Sta-
tut trop tard, nous allons faire la réfor-
me fiscale trop tard.
Je veux dire par là que nous aurons
dépassé la limite de la patience, et
qu'une fois le vote acquis, il nous fau-
dra un grand effort pour réagir con-
tre le mécontentement et dissiper les
ignorances.
L'exemple des Retraites ouvrières est
caractéristique. C'est maintenant seule-'
ment que le Pays s'y adapte. Encore
n'en arriverait-on pas là si beaucoup
d'entre nous n'avaient accompli un vi-
goureux effort pour expliquer la loi.
Grâce à eux, on peut confondre les
adversaires et réduire à néant leurs iro-
nies. Iront-ils encore prétendre que
certains d'entre nous craignaient de lut-
ter contre l'horreur des nouveautés con-
fondue avec le sentiment public ?
On ne manquera pourtant point d'af-
firmer que nous disparaissons quand il
s'agit de parler mutualité, coopération,
prévoyance, réformes sociales, organisa-
tion.
On tâchera de faire croire que sous
le nom de politique, nous pratiquerions
la conservation, conservateurs des si-
tuations personnelles, conservateurs des
intérêts, conservateurs des ministères
surtout.
On affirmera que nous restons indiffé-
rents à l'existence même du Parti, que
beaucoup d'entre nous n'y adhèrent
même pas, que, par suite, le voir revenir
en majorité ou en minorité nous importe
peu. ,
De là, on concluera audacieusement
que nous faisons, chez nous, une politi-
que personnelle dont l'objet est la réé-
lection, et, à Paris, une autre, dont Je
but est de nous maintenir en bons ter-
mes avec le Cabinet quel qu'il soit.
Voilà une définition de majoritaire
que nous n'attendions pas et qu'on nous
lancera, sans le moindre scrupule.
Nous croirons conserver les suffrages
én proclamant bien haut ce que nous
n'aurons pas fait, et l'on incitera ceux
mêmes qui ne sont pas devenus réfor-
mmes9Ul ne ont pa$ _devenus réfor-¡
ïnistes à nous demander cé que nous
avons fait.
On essaiera, on essaie déjà de for-1
toer contre nous un mouvement a'l!i;. J
nion sur un terrain tout autre que celui
où beaucoup voudraient se tenir.. On
| s'appliquera à détacher du Parti tout ce
qui est populaire et ardent.,
Ou du moins, on le fera si nous lé
laissons faire en demeurant simplement
des négateurs. Assez d' « anti » comme
cela ! Accomplissons les réformes pro-
mises en tête desquelles est-la fiscale,
et ciest nous qui choisirons le champ
de bataille et qui nous assurerons l'a-
vantage du terrain.,
Albert METIN,
Député du Doubs-
-
La Politique
1" «
DEUXIEME AVERTISSEMENT
Les avertissements n'auront
pas manqué aux politiciens qui
espèrent, à force de palinodies,
reconquérir un maroquin minis-
tériel. -
M. Trouillot, pour sa part, en a reçu
deux dont il se souviendra. -
A Dôle, il avait cru terrasser et exter-
miner cette Réforme électorale qu'il pro-
posait et recommandait du temps qu'il
était ministre, et toute son argumenta-
tion se résumait à ceci : « Vous tous,
paysans jurassiens, qui m'écoutez, vous
êtes trop bêtes pour comprendre la Pro-
portionnelle. »
Mais notre sympathique ami Charles
Dumont vint à passer par le Jura. Il fit
une réunion et, en quelques mots, expo-
sa le projet voté par la Chambre. l'out
de go, l'auditoire acclama Charles Du-
mont et les principes de probité politi-
que et de justice sur lesquels est basée
la Représentation des minorités.
Ce n'était point assez pour M. Trouil-
lot. Il récidiva avant-hier, aux Jeunesses
Républicaines, et crut se justifier des
palinodies qu'il avait été contraint d'a-
vouer, au Havre, en alléguant que s'il
avait fait partie d'un Cabinet propor-
tionnaliste, du moins ce Cabinet n'avait
pas posé la question de confiance sur la
Proportionnelle.
Par bonheur: Charles Dumont encore
était là.
«(Le crime contre la Démocratie, s'é-
crie-t-il, c'est de la scandaliser par des
palinodies politigues. Une autre cause,
c'est le personnalisme des candidats, la
désagrégation des partis. La fidélité aux
principes, la probité politique doivent
être exigées de tous. Il faut éclairer le
peuple qui n'a pas « droit à l'erreur ».
Certains veulent excuser les fautes du
peuple, parce qu'il est le nombre. C'est
une nouvelle cause de crise de la Démo-
cratie. »
Et notre ami, aux applaudissements
unanimes de l'assistance, termina son
noble et salutaire discours en réclamant
« la Réforme électorale indispensable ».
Ainsi, que ce soit devant les paysans
du Jura ou devant cette élite intellec-
tuelle de la Démocratie que sont les Jeu-
nesses Républicaines, dès qu'un orateur
a le courage d'en exposer les principes
et les conditions, * la Réforme électorale
est imntédiatement comprise et elle a
pour elle, ensemble, l'enthousiasme et
la bonne foi.
Deux fois, Charles Dumont vient d'en
faire la démonstration. Son beau et vi-
goureux talent, son caractère probe et
généreux qui force jusqu'à la sympathie
de ses adversaires, ont bien mérité de la
Démocratie.
En termes excellents et par deux fois,
ce n'est pas seulement le problème de la
Réforme électorale qu'il a posé, c'est le
problème de la moralité politique.
Si M. Trouillot l'y a un peu aidé, c'est
sans le vouloir.
VOIR PLUS LOIN :
La Rentrée des Chambres
Les Croix des Expositions
LE -, FAIT DU JOUR
- LES GAGAS DE LA DIPLOMATIE,
dernier gaga 2 » Six mille Turcs tués.. Eh! eh! on ne fait pas d'omelettes sans
1 casser d'oeufs! S r*
ve #.Xz.c, me gaga 2 A Oui, oui, l'omelette fine serbe I - - -..
, Les Ori= Dit
-.-:+:- "J'\
NOTRE AGENDA -
Au jourd'hui dimanche 3 N
Lever du soleil, 6 b. 42 du matin.,
Coucher du soleil, 4 h. 26 du soir.,
Lever de la lune, minuit.
Coucher de la lune 2 h. 22 du soiri
Courses à Auteuil,
AUTREFOIS
Le Rappel du 4 novembré 1876 : ;
Les dépêches ne baissent plus aucun doute
sur l'acceptation de l'armistice par la Tur-
quie; il a été signé mercredi soir à Constan-
tinople. La levée en masse est contremandée.
Les Turcs sont entrés à Kurcihevatz et l'ont
brûlé.
- On télégraphie de Nisch que les Serbes
ont incendié tout ce qui se trouvait aux en-
virons des fortifications de Deligrad et ont
détruit les ponts qu'ils avaient construits sur
la Morava, afin d'empêcher l'ennemi d'appro-
cher de leurs retranchements*
Victor Hugo marchand de tabac
Lorsque le grand poète s'était réfugié,
avec son fils François, à Bruxelles,. il
avait loué, sous un faux nom, deux cham-
bres dans un faubourg.
La propriétaire de ces chambres était
Une marchande de tabac qui, ayant à re-
cevoir la clientèle de bonne heure le ma-
tin, se couchait tôt. Aussi, au bout de
quelques jours, voulait-elle donner congé
à ses locataires parce que François Hugo
rentrait beaucoup trop tard et qu'elle était
obligée de l'attendre.
— Qu'à cela ne tienne, madame, dit Vic-
tor Hugo, je vous remplacerai. Mon fils a
des habitudes qu'il ne peut point changer;
mais on ne saurait vous demander non
plus de changer les vôtres. Couchez-vous
donc à votre heure habituelle. C'est moi
qui attendrai mon fils, en gardant la mai-
son.
Et il garda non seulement la maison,
mais le bureau de tabac, et lorsque quel-
que promeneur attardé venait acheter de
quoi remplir une pipe, c'est Victor Hugo
qui le servait.
• -
Préceptes de doeiiité féminine
La lecture des textes anciens est toute
pleine d'enseignements.
En voici un, par exemple, cueilli dans
un quelconque « Mohabarata » indou que
nous recommandons à nos lectrices, con-
vaincus qu'en le lisant elles auront le sou-
rire :
« Il n'y a pas d'autre dieu sur terre pour
la femme que son maître et seigneur le
mari.
« Si le mari rit, la femme rira; si le
mari pleure, la femme pleurera.
« Si le mari s'absente, la femme jeûne-
ra, couchera sur le sol et négligera sa toi-
lette.
« Si le mari bat sa femme, elle lui bai-
sera les mains respectueusement et lui
demandera pardon d'avoir excité sa co-
lère. »
Hélas ! le « Mahabarata » a dû prêcher
dans le désert !
AUJOURD'HUI
Le prix d'une rupture
Une jeune yankee de Chicago, qui .¡(vaU
intenté une action* contre son ex-fiancé
pour « rupture de promesse de mariage »,
a présenté au tribunal la note de domma-
ges-intérêts que voici :
Un cœur brisé. 50 francs
92 jours de cour. 2.300 —
Repas de fiançailles. 500 —
Trousseau. 875 -
Et cela fait le joli total — si nous ne
nous abusons — de 3.725 francs !
Le tribunal a condamné le jeune hom-
me à payer cette note, qu'il a cependant
réduite à 3.000 francs. Il a seulement ma-
nifesté son étonnement qu'un cœur brisé
ne coûte pas plus cher qu'une pile d'as-
siettes.
Des soldats
Un grand nombre d'officiers généraux
qui commandent en ce moment dans les
armées des Balkans, ont été élèves de nos
écoles militaires. Et un des officiers fran-
çais qui fut leur professeur disait quels
excellents soldats étaient les Bulgares :
attentifs, sérieux, épris de leur métier, ils
devenaient, en peu de temps, de sûrs stra-
tégistes. Ils travaillaient en parfaits élè-
ves durant six jours, mais le septième ils
se livraient à une débauche qui les couchait
vingt-quatre heures. Et il y en avait, ensui-
te, pour une nouvelle semaine de travail.
Un des généraux monténégrins qui com-
mandent en ce moment devant Scutari fit
ici, à l'Ecole de guerre, un long séjour. A
la fin, son gouvernement le rappela : il était
temps qu'il rentrât dans son pays appliquer
les théories apprises en France. Et il pria
le général commandant de l'Ecole de lui
délivrer son brevet. Il fut donc interrogé
par un professeur qui lui posa quelques
questions de stratégie d'après un plan don-
né :
— Comment vous empareriez-vous de tel
point ?
— Eh ! bien, voilà : je mets ici mon ar-
tillerie, là ma cavalerie, ici mon infanterie,
et nous marchonsi vers le point central.
— Et si l'ennemi vous repousse ?
— Impossible. Nous sommes vainqueurs
ou morts.
A propos de Judith
Une histoire authentique, sur Judith,
l'artiste du Français, qui vient de mourir :
Il y a huit ans, invitée chez de vieux,
amis à Nice, Judith se rend à la gare de
Lyon. Là, sur le quai, elle reconnaît un
camarade de jadis, ancien premier prix,
qui joue aujourd'hui les grands rôles en
banlieue.
On cause, on évoque la gloire passée.
Puis, avant de grimper dans son compar-
timent, Judith soupire :
— Te rappelles-tu, quand je filais en
.itournée, jadis ? Quel cortège. (Tandis
qu'aujourd'hui 1
Le vieux cabotin l'embrasse, puis s'éloi-
gne. Discrètement, il s'approche des grou-
pes venus escorter quelque parent ou quel-
que ami..
— Vous voyez ce compartiment ? Il y a
là la grande Judith. Saluez-la, ça lui
fera plaisir.
L'idée est accueillie avec enthousiasme,
car le vieux cabot sait implorer. Et, quand
le train s'ébranle, plus de deux cents per-
sonnes, alignées sur le quai, saluent res-
pectueusement, au passage, la « grande
Judith », qui croit rêver.
Et le pauvre acteur se retire, plus fier
de cette dernière création que de son pre-
mier prix d'il y a soixante ans.
Visite anglaise
— Et vous prétendez avoir vu1 Paris en
trois jours ? Mais c'est absolument impos-
sible !
- C'est bien simple, au contraire ; ma
femme visite les magasins, ma fille les mu-
sées et moi les restaurants. Et le soir, nous
collationnons. les notes.
- ■ —1 ■
Garde Nationale !
— -4
Un député propose — pour remédier à
la désorganisation provoquée par le départ
d'une classe — la création d'un devance-
ment d'appel de deux mois pour les jeunes
conscrits.
Les jeunés recrues, qui devanceraient
volontairement l'appel de deux mois, au-
raient le droit de choisir leur garnison. Cet
avantage, affirme le susdit député, engage-
fait plus de 50 des conscrits à se rendre
sous les drapeaux deux mois avant le
1er octobre. Le départ de la classey à cette
dernière date, ne jetterait donc plus, dans
l'armée, le trouble qu'on constate aujour-
d'hui et se ferait sans danger pour la dé-
fense nationale.
La mesure proposée aboutirait peut-être
au résultat poursuivi. Mais donnerait-elle
à. notre armée une force nouvelle ?
Nous en doutons.
Non seulement, cette mesure rétablirait
le recrutement régional, mais elle compro-
mettrait gravement la discipline déjà trop
iclâchée.
L'obéissance est. déjà difficile avec le ser-
vice de deux ans. Que deviendrait-eile le
jour où ce recrutement régional peuplerait
nos régiments de jeunes soldats du même
canton, voire de la même localité ?
Qui pourrait répondre-de la discipline de
cette nouvelle garde nationale ?
Tout ce qu'on propose n'est qu'un pallia-
tif. On ne résoudra la crise que traverse
notre armée qu'en rétablissant le service
de trois ans pour la cavalerie et l'artillerie
montée et en créant de fortes primes de
l'engagement. pour l'infanterie.
Tout le reste ou rien, c'est la même
chose.
Iï est stupéfiant et douloureux d'avoir Ii
répéter cela pour galvaniser l'opinion pu-
blique d'un pays qui a subi 1870 et qui se
trouve toujours sous la menace d'un dé-
membremenL - f, Q.
'r L'ACTUALITÉ
L- 1
La Guerre en Orient
..,.
Les Bulgares veulent aller à Constantinople
La révolte gronde sur les bords du Bosphore
Les Grecs et les Serbes menacent Salonique
LA SITUATION
Les Bulgares ne semblent pas décidés
'à arrêter le cours de leur marche triom-
phale. Ils prétendent bousculer l'armée
'de Nazim pacha dont aucune nouvelle
ne confirme la résistance heureuse, un
moment annoncée à Constantinople.
Ils désirent démolir complètement la
force militaire ottomane. Un avenir as-
sez prochain nous apprendra si l'armée
de Ferdinand peut forcer aussi promp-
tement le troisième barrage que les
'deux premiers qu'elle a si rapidement
rompus.
C'est donc sur les bords du Bosphore
que la diplomatie bulgare prétend dic-
ter les conditions 'de la paix aux vain-
cus. A cet égard nul éLoute.
Les Turcs pourraient peut-être encore
'éviter l'entrée des adversaires à Cons-
tantinople, mais à la condition de faire
'd'immédiates propositions de paix aux
alliés. Telles sont les indications qui
ressortent non seulement d'un article
récent 'du Mir, journal officieux de
Sofia, mais encore d'une déclaration du
chargé d'allaites de la Bulgarie à Paris.
Les alliés sont d'accord, nous dit-on,
pour exiger une solution radicale de la
question d'Orient et pour régler d'une
façon définitive le partage de la Tur-
quie d'Europe. -
C'est donc la question rde Constanti-
nople, de Salonique, de l'Albanie, 'des
Dardanelles et du Bosphore qúi se pose
tout entière : il ne s'agit plus simple-
ment de la Macédoine et de la Thrace.
Mais l'on doute que, pour une sem-
blable révolution territoriale, les alliés
puissent prétendre pendant longtemps
que l'Europe n'a pas son mot à dire.
Eliminer les grandes puissances de la
solution définitive de la question des
Balkans, c'est peut-être un rêve 'des
Balkaniques. Ce ne peut-être qtl;'un
rêve. -
Albert MILHAUD.
f»
La marche sur
Constantinople
Vienne, 2 novembre. — On mande de So-
fia à la Correspondance sud-slave, que le
gouvernement bulgare serait déci-dé à con-
tinuer .sa marche sur Constantinople, par
suite de la pression exercée en ce sens
par le corps des officiers' et -l'armée. L'in-
fluence modératrice de M. Guechof serait
ele-même annihilée par l'ardeur des offi-
ciers. La presse et l'opinion publique, à So-
fia, sont également pour une marche sur,
Constantinople.
La révolte gronde 1
Constantinople, 2 novembre. — L'état de
siège eevient plus rigoureux encore ; au-
cun attroupement n'est toléré, et la police
surveille particulièrement les quartiers po-
puleux et musulmans de Stamboul où des
troubles pourraient éclater, le cas échéant.
Les sociétés secrètes musulmanes si nom-
breuses à Constantinople" ont reçu l'ordre
de ne pas se réunir.,
Les nouvelles des revers turcs qui se ré"
pandent, malgré tout, à Constan-tmopler
jettent cl'incertitude et le trouble et rendent
la population anxieuse. Il semble évident
que des troulbles graves sont en perspecti-
ve. De partout des éléments douteux arri.
vent dans la capitale.
Stamboul est envahi par des réfugM.
affamés qui sèment la panique parmi la po-
pulation en annonçant les progrès des ar-
mées bulgares. Les habitants- des villages
du Bosphore se réfugient en hâte à Cons-
tantinople, craignant 'd'être massacrés par
les soldats turcs en déroute ou par les en-
vahisseurs..
Le bruit court que 15.000 déserteurs de
Kirk-Kilissé approchent de Constantinople,
brûlant les villages et les fermes sur leur
passage et massacrant lIes habitants.
La plus complète désorganisation semble
régner dans les armées ottomanes. Des mil-
liers de soldats sont envoyés sur le front
sans armes et sans uniformes. Le service
de J'intendance est pour" ainsi dire inexis-
tant.
Des officiers, sans vivres depuis trois
jours, sont 'réduits à mendier du pain aux
mécaniciens sur la voie ferrée.
Des soîdats affamés ont menacé leurs'
chefs de leur baïonnette et demande que,
des vivres leur soient distribués. Le'général
Mahmoud Mouktar pacha a tué de ses pro-
pres mains de nombreux soldats qui aban-,
donnaient leur poste.
Constantinople, 2 novembre.- Le croiseur
français Bruix est arrivé à Salonique.
Malte, 2 novembre. — Le croiseur anglais
YarmouUi est parti à minuit pour l'Orient.,
Salonique menacée
De source officielle, on annonce que Fa-"
vant-garde de l'armée grecque est tout à
fait à proximité de Salonique, et que, de
leur côté, les avant-gardes serbes appren
chent aussi très rapidement. 1
(VOIR LA SUITE EN DERNIERE HEURE)
le 4' Congrès t Jeans Bépiicies :
DEUXIÈME JOURNÉE:
—.. • •
LE MATIN
Les Jeunesses républicaines se sont réu-
nies hier matin à dix heures, au siège de
la Jeunesse du III6, rue Dupetit-Thouars.
La séance était consacrée à l'étude des
vœux transmis à la Commission spéciale
élue hier. La réunion était absolument
privée.
L'APRÈS-MIDI
A deux heures et demie, le président de
l'Union, M. Morisot, ouvre la séance en sa-
Ç
, (Photo H. Manuel.) -
M. EMILE DESVAUX
Ancien président
Fondateur des Jeunesses Républicaines
luant MM. Strauss, Beauvisage, séna-
teurs ; Ferdinand Buisson, Puech, Verlot,
députés; Mesureur, directeur de l'Assis-
tance publique ; Lucien Le FOler a. vincien
iMEaM t RofeeliOft etc.
LE BUREAU
Par acclamations, le bureau est ainsi
constitué : *
Président, notre collaborateur et ami!
Ferdinand Buisson, député de la Seine ;
vice-présidents : Godart, de la Jeunesse ré-
publicaine de Vitrv-le-François ; Lévy, da
la Jeunesse républicaine du Xe ; secrétai-
re : Maurice Barthet des Jeunesses laï.,
ques..
1" QUESTION. — LA SOLIDARITE,
Ce rapport est présenté par Salafa, pré-
sident de la Jeunesse républicaine du XIIe..
Nous y relevons les idées suivantes :
La Solidarité est-elle différente de la Fra-
ternité ? De même que toutes les cellules
d'un organisme sont toutes solidaires les
unes des autres, de même l'individu vk
vant en société est solidaire des autres in-
dividus vivant à côté de lui.
La Solidarité impose des devoirs à l'in-
dividu : la coopération aux charges socia-
les et la nécessité d'accroître le legs social
reçu. Par contre, la Société doit la vie à
l'individu qui n'a pas demandé à naltrei.
L'homme naît créancier de la Société ;
mais il devient son débiteur, ainsi que 1$
dit Izoulet dans la Cité moderne.
La Solidarité a fait naître la MutuaJit.
les Coopérations, les Œuvres d'éducation
sociale. En définitive, comme le dit Léon:
Bourgeois : « Le problème social est ur
problème d'éducation. » "1
La Solidarité n'est pas la CharIté.
Le rapporteur étudie les lois d'assistan
ce social., ,
Conclusion du Rapport
La solidarité naturelle des êtres, dans
la société comme dans. les organismes vi-
vants, est un fait qui place les hoïiimeia
dans une situation d'associés dépendant
les uns des autres. Ils ont besoin de la
liberté pour se développer individuelle-
ment. La loi de la concurrence vitale est
la première condition du progrès. Mais ils.
ont besoin de la solidarité pour assurer.
ce plein développeimenti individuel ,et te
développement social. La loi de solidarité
des êtres est. la seconde et nécessaire con-
dition du progrès de la société.
Cette indépendance des individus, dana
la société quasi contractûelle des ommes..
teuç Gré* des droits At lies devons d
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y verrez qu'une majorité fut élue, en
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pousser l'opinion contre vous, si, par
impossible, vous reveniez sans avoir
rien fait que des négations, de la résis-
tance, ou de la répression.
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rejeter la faute de toutes les lenteurs sur
la R. P.
« Mais, répliquent les adversaires, le
projet de Réforme électorale ne vint de-
vant la Chambre que sous le ministère
Monis, un an ou peu s'en faut, après
les élections de 1910. Et, pendant toute
cette première année, qu'avez-vous fait,
soit pour l'Ecole laïque, soit pour le
Statut promis aux fonctionnaires ?
« Quant à l'impôt sur le revenu, c'est
'devant le Sénat qu'il attend depuis plus
de trois années. Or, jusqu'à présent, le
Sénat n'a pas eu à discuter la R. P. Le
temps ne lui a point manqué pour dis-
cuter et voter la réforme fiscale, et, si
vraiment, il prend prétexte de la Réfor-
me électorale pour le retarder encore,
on lui demandera, disent toujours les
adversaires, ce qu'il a fait depuis 1909.»
Il est temps, il est plus que temps
d'aboutir. Nous avons fait les Retraites
duvrières trop tard, nous faisons le Sta-
tut trop tard, nous allons faire la réfor-
me fiscale trop tard.
Je veux dire par là que nous aurons
dépassé la limite de la patience, et
qu'une fois le vote acquis, il nous fau-
dra un grand effort pour réagir con-
tre le mécontentement et dissiper les
ignorances.
L'exemple des Retraites ouvrières est
caractéristique. C'est maintenant seule-'
ment que le Pays s'y adapte. Encore
n'en arriverait-on pas là si beaucoup
d'entre nous n'avaient accompli un vi-
goureux effort pour expliquer la loi.
Grâce à eux, on peut confondre les
adversaires et réduire à néant leurs iro-
nies. Iront-ils encore prétendre que
certains d'entre nous craignaient de lut-
ter contre l'horreur des nouveautés con-
fondue avec le sentiment public ?
On ne manquera pourtant point d'af-
firmer que nous disparaissons quand il
s'agit de parler mutualité, coopération,
prévoyance, réformes sociales, organisa-
tion.
On tâchera de faire croire que sous
le nom de politique, nous pratiquerions
la conservation, conservateurs des si-
tuations personnelles, conservateurs des
intérêts, conservateurs des ministères
surtout.
On affirmera que nous restons indiffé-
rents à l'existence même du Parti, que
beaucoup d'entre nous n'y adhèrent
même pas, que, par suite, le voir revenir
en majorité ou en minorité nous importe
peu. ,
De là, on concluera audacieusement
que nous faisons, chez nous, une politi-
que personnelle dont l'objet est la réé-
lection, et, à Paris, une autre, dont Je
but est de nous maintenir en bons ter-
mes avec le Cabinet quel qu'il soit.
Voilà une définition de majoritaire
que nous n'attendions pas et qu'on nous
lancera, sans le moindre scrupule.
Nous croirons conserver les suffrages
én proclamant bien haut ce que nous
n'aurons pas fait, et l'on incitera ceux
mêmes qui ne sont pas devenus réfor-
mmes9Ul ne ont pa$ _devenus réfor-¡
ïnistes à nous demander cé que nous
avons fait.
On essaiera, on essaie déjà de for-1
toer contre nous un mouvement a'l!i;. J
nion sur un terrain tout autre que celui
où beaucoup voudraient se tenir.. On
| s'appliquera à détacher du Parti tout ce
qui est populaire et ardent.,
Ou du moins, on le fera si nous lé
laissons faire en demeurant simplement
des négateurs. Assez d' « anti » comme
cela ! Accomplissons les réformes pro-
mises en tête desquelles est-la fiscale,
et ciest nous qui choisirons le champ
de bataille et qui nous assurerons l'a-
vantage du terrain.,
Albert METIN,
Député du Doubs-
-
La Politique
1" «
DEUXIEME AVERTISSEMENT
Les avertissements n'auront
pas manqué aux politiciens qui
espèrent, à force de palinodies,
reconquérir un maroquin minis-
tériel. -
M. Trouillot, pour sa part, en a reçu
deux dont il se souviendra. -
A Dôle, il avait cru terrasser et exter-
miner cette Réforme électorale qu'il pro-
posait et recommandait du temps qu'il
était ministre, et toute son argumenta-
tion se résumait à ceci : « Vous tous,
paysans jurassiens, qui m'écoutez, vous
êtes trop bêtes pour comprendre la Pro-
portionnelle. »
Mais notre sympathique ami Charles
Dumont vint à passer par le Jura. Il fit
une réunion et, en quelques mots, expo-
sa le projet voté par la Chambre. l'out
de go, l'auditoire acclama Charles Du-
mont et les principes de probité politi-
que et de justice sur lesquels est basée
la Représentation des minorités.
Ce n'était point assez pour M. Trouil-
lot. Il récidiva avant-hier, aux Jeunesses
Républicaines, et crut se justifier des
palinodies qu'il avait été contraint d'a-
vouer, au Havre, en alléguant que s'il
avait fait partie d'un Cabinet propor-
tionnaliste, du moins ce Cabinet n'avait
pas posé la question de confiance sur la
Proportionnelle.
Par bonheur: Charles Dumont encore
était là.
«(Le crime contre la Démocratie, s'é-
crie-t-il, c'est de la scandaliser par des
palinodies politigues. Une autre cause,
c'est le personnalisme des candidats, la
désagrégation des partis. La fidélité aux
principes, la probité politique doivent
être exigées de tous. Il faut éclairer le
peuple qui n'a pas « droit à l'erreur ».
Certains veulent excuser les fautes du
peuple, parce qu'il est le nombre. C'est
une nouvelle cause de crise de la Démo-
cratie. »
Et notre ami, aux applaudissements
unanimes de l'assistance, termina son
noble et salutaire discours en réclamant
« la Réforme électorale indispensable ».
Ainsi, que ce soit devant les paysans
du Jura ou devant cette élite intellec-
tuelle de la Démocratie que sont les Jeu-
nesses Républicaines, dès qu'un orateur
a le courage d'en exposer les principes
et les conditions, * la Réforme électorale
est imntédiatement comprise et elle a
pour elle, ensemble, l'enthousiasme et
la bonne foi.
Deux fois, Charles Dumont vient d'en
faire la démonstration. Son beau et vi-
goureux talent, son caractère probe et
généreux qui force jusqu'à la sympathie
de ses adversaires, ont bien mérité de la
Démocratie.
En termes excellents et par deux fois,
ce n'est pas seulement le problème de la
Réforme électorale qu'il a posé, c'est le
problème de la moralité politique.
Si M. Trouillot l'y a un peu aidé, c'est
sans le vouloir.
VOIR PLUS LOIN :
La Rentrée des Chambres
Les Croix des Expositions
LE -, FAIT DU JOUR
- LES GAGAS DE LA DIPLOMATIE,
dernier gaga 2 » Six mille Turcs tués.. Eh! eh! on ne fait pas d'omelettes sans
1 casser d'oeufs! S r*
ve #.Xz.c, me gaga 2 A Oui, oui, l'omelette fine serbe I - - -..
, Les Ori= Dit
-.-:+:- "J'\
NOTRE AGENDA -
Au jourd'hui dimanche 3 N
Lever du soleil, 6 b. 42 du matin.,
Coucher du soleil, 4 h. 26 du soir.,
Lever de la lune, minuit.
Coucher de la lune 2 h. 22 du soiri
Courses à Auteuil,
AUTREFOIS
Le Rappel du 4 novembré 1876 : ;
Les dépêches ne baissent plus aucun doute
sur l'acceptation de l'armistice par la Tur-
quie; il a été signé mercredi soir à Constan-
tinople. La levée en masse est contremandée.
Les Turcs sont entrés à Kurcihevatz et l'ont
brûlé.
- On télégraphie de Nisch que les Serbes
ont incendié tout ce qui se trouvait aux en-
virons des fortifications de Deligrad et ont
détruit les ponts qu'ils avaient construits sur
la Morava, afin d'empêcher l'ennemi d'appro-
cher de leurs retranchements*
Victor Hugo marchand de tabac
Lorsque le grand poète s'était réfugié,
avec son fils François, à Bruxelles,. il
avait loué, sous un faux nom, deux cham-
bres dans un faubourg.
La propriétaire de ces chambres était
Une marchande de tabac qui, ayant à re-
cevoir la clientèle de bonne heure le ma-
tin, se couchait tôt. Aussi, au bout de
quelques jours, voulait-elle donner congé
à ses locataires parce que François Hugo
rentrait beaucoup trop tard et qu'elle était
obligée de l'attendre.
— Qu'à cela ne tienne, madame, dit Vic-
tor Hugo, je vous remplacerai. Mon fils a
des habitudes qu'il ne peut point changer;
mais on ne saurait vous demander non
plus de changer les vôtres. Couchez-vous
donc à votre heure habituelle. C'est moi
qui attendrai mon fils, en gardant la mai-
son.
Et il garda non seulement la maison,
mais le bureau de tabac, et lorsque quel-
que promeneur attardé venait acheter de
quoi remplir une pipe, c'est Victor Hugo
qui le servait.
• -
Préceptes de doeiiité féminine
La lecture des textes anciens est toute
pleine d'enseignements.
En voici un, par exemple, cueilli dans
un quelconque « Mohabarata » indou que
nous recommandons à nos lectrices, con-
vaincus qu'en le lisant elles auront le sou-
rire :
« Il n'y a pas d'autre dieu sur terre pour
la femme que son maître et seigneur le
mari.
« Si le mari rit, la femme rira; si le
mari pleure, la femme pleurera.
« Si le mari s'absente, la femme jeûne-
ra, couchera sur le sol et négligera sa toi-
lette.
« Si le mari bat sa femme, elle lui bai-
sera les mains respectueusement et lui
demandera pardon d'avoir excité sa co-
lère. »
Hélas ! le « Mahabarata » a dû prêcher
dans le désert !
AUJOURD'HUI
Le prix d'une rupture
Une jeune yankee de Chicago, qui .¡(vaU
intenté une action* contre son ex-fiancé
pour « rupture de promesse de mariage »,
a présenté au tribunal la note de domma-
ges-intérêts que voici :
Un cœur brisé. 50 francs
92 jours de cour. 2.300 —
Repas de fiançailles. 500 —
Trousseau. 875 -
Et cela fait le joli total — si nous ne
nous abusons — de 3.725 francs !
Le tribunal a condamné le jeune hom-
me à payer cette note, qu'il a cependant
réduite à 3.000 francs. Il a seulement ma-
nifesté son étonnement qu'un cœur brisé
ne coûte pas plus cher qu'une pile d'as-
siettes.
Des soldats
Un grand nombre d'officiers généraux
qui commandent en ce moment dans les
armées des Balkans, ont été élèves de nos
écoles militaires. Et un des officiers fran-
çais qui fut leur professeur disait quels
excellents soldats étaient les Bulgares :
attentifs, sérieux, épris de leur métier, ils
devenaient, en peu de temps, de sûrs stra-
tégistes. Ils travaillaient en parfaits élè-
ves durant six jours, mais le septième ils
se livraient à une débauche qui les couchait
vingt-quatre heures. Et il y en avait, ensui-
te, pour une nouvelle semaine de travail.
Un des généraux monténégrins qui com-
mandent en ce moment devant Scutari fit
ici, à l'Ecole de guerre, un long séjour. A
la fin, son gouvernement le rappela : il était
temps qu'il rentrât dans son pays appliquer
les théories apprises en France. Et il pria
le général commandant de l'Ecole de lui
délivrer son brevet. Il fut donc interrogé
par un professeur qui lui posa quelques
questions de stratégie d'après un plan don-
né :
— Comment vous empareriez-vous de tel
point ?
— Eh ! bien, voilà : je mets ici mon ar-
tillerie, là ma cavalerie, ici mon infanterie,
et nous marchonsi vers le point central.
— Et si l'ennemi vous repousse ?
— Impossible. Nous sommes vainqueurs
ou morts.
A propos de Judith
Une histoire authentique, sur Judith,
l'artiste du Français, qui vient de mourir :
Il y a huit ans, invitée chez de vieux,
amis à Nice, Judith se rend à la gare de
Lyon. Là, sur le quai, elle reconnaît un
camarade de jadis, ancien premier prix,
qui joue aujourd'hui les grands rôles en
banlieue.
On cause, on évoque la gloire passée.
Puis, avant de grimper dans son compar-
timent, Judith soupire :
— Te rappelles-tu, quand je filais en
.itournée, jadis ? Quel cortège. (Tandis
qu'aujourd'hui 1
Le vieux cabotin l'embrasse, puis s'éloi-
gne. Discrètement, il s'approche des grou-
pes venus escorter quelque parent ou quel-
que ami..
— Vous voyez ce compartiment ? Il y a
là la grande Judith. Saluez-la, ça lui
fera plaisir.
L'idée est accueillie avec enthousiasme,
car le vieux cabot sait implorer. Et, quand
le train s'ébranle, plus de deux cents per-
sonnes, alignées sur le quai, saluent res-
pectueusement, au passage, la « grande
Judith », qui croit rêver.
Et le pauvre acteur se retire, plus fier
de cette dernière création que de son pre-
mier prix d'il y a soixante ans.
Visite anglaise
— Et vous prétendez avoir vu1 Paris en
trois jours ? Mais c'est absolument impos-
sible !
- C'est bien simple, au contraire ; ma
femme visite les magasins, ma fille les mu-
sées et moi les restaurants. Et le soir, nous
collationnons. les notes.
- ■ —1 ■
Garde Nationale !
— -4
Un député propose — pour remédier à
la désorganisation provoquée par le départ
d'une classe — la création d'un devance-
ment d'appel de deux mois pour les jeunes
conscrits.
Les jeunés recrues, qui devanceraient
volontairement l'appel de deux mois, au-
raient le droit de choisir leur garnison. Cet
avantage, affirme le susdit député, engage-
fait plus de 50 des conscrits à se rendre
sous les drapeaux deux mois avant le
1er octobre. Le départ de la classey à cette
dernière date, ne jetterait donc plus, dans
l'armée, le trouble qu'on constate aujour-
d'hui et se ferait sans danger pour la dé-
fense nationale.
La mesure proposée aboutirait peut-être
au résultat poursuivi. Mais donnerait-elle
à. notre armée une force nouvelle ?
Nous en doutons.
Non seulement, cette mesure rétablirait
le recrutement régional, mais elle compro-
mettrait gravement la discipline déjà trop
iclâchée.
L'obéissance est. déjà difficile avec le ser-
vice de deux ans. Que deviendrait-eile le
jour où ce recrutement régional peuplerait
nos régiments de jeunes soldats du même
canton, voire de la même localité ?
Qui pourrait répondre-de la discipline de
cette nouvelle garde nationale ?
Tout ce qu'on propose n'est qu'un pallia-
tif. On ne résoudra la crise que traverse
notre armée qu'en rétablissant le service
de trois ans pour la cavalerie et l'artillerie
montée et en créant de fortes primes de
l'engagement. pour l'infanterie.
Tout le reste ou rien, c'est la même
chose.
Iï est stupéfiant et douloureux d'avoir Ii
répéter cela pour galvaniser l'opinion pu-
blique d'un pays qui a subi 1870 et qui se
trouve toujours sous la menace d'un dé-
membremenL - f, Q.
'r L'ACTUALITÉ
L- 1
La Guerre en Orient
..,.
Les Bulgares veulent aller à Constantinople
La révolte gronde sur les bords du Bosphore
Les Grecs et les Serbes menacent Salonique
LA SITUATION
Les Bulgares ne semblent pas décidés
'à arrêter le cours de leur marche triom-
phale. Ils prétendent bousculer l'armée
'de Nazim pacha dont aucune nouvelle
ne confirme la résistance heureuse, un
moment annoncée à Constantinople.
Ils désirent démolir complètement la
force militaire ottomane. Un avenir as-
sez prochain nous apprendra si l'armée
de Ferdinand peut forcer aussi promp-
tement le troisième barrage que les
'deux premiers qu'elle a si rapidement
rompus.
C'est donc sur les bords du Bosphore
que la diplomatie bulgare prétend dic-
ter les conditions 'de la paix aux vain-
cus. A cet égard nul éLoute.
Les Turcs pourraient peut-être encore
'éviter l'entrée des adversaires à Cons-
tantinople, mais à la condition de faire
'd'immédiates propositions de paix aux
alliés. Telles sont les indications qui
ressortent non seulement d'un article
récent 'du Mir, journal officieux de
Sofia, mais encore d'une déclaration du
chargé d'allaites de la Bulgarie à Paris.
Les alliés sont d'accord, nous dit-on,
pour exiger une solution radicale de la
question d'Orient et pour régler d'une
façon définitive le partage de la Tur-
quie d'Europe. -
C'est donc la question rde Constanti-
nople, de Salonique, de l'Albanie, 'des
Dardanelles et du Bosphore qúi se pose
tout entière : il ne s'agit plus simple-
ment de la Macédoine et de la Thrace.
Mais l'on doute que, pour une sem-
blable révolution territoriale, les alliés
puissent prétendre pendant longtemps
que l'Europe n'a pas son mot à dire.
Eliminer les grandes puissances de la
solution définitive de la question des
Balkans, c'est peut-être un rêve 'des
Balkaniques. Ce ne peut-être qtl;'un
rêve. -
Albert MILHAUD.
f»
La marche sur
Constantinople
Vienne, 2 novembre. — On mande de So-
fia à la Correspondance sud-slave, que le
gouvernement bulgare serait déci-dé à con-
tinuer .sa marche sur Constantinople, par
suite de la pression exercée en ce sens
par le corps des officiers' et -l'armée. L'in-
fluence modératrice de M. Guechof serait
ele-même annihilée par l'ardeur des offi-
ciers. La presse et l'opinion publique, à So-
fia, sont également pour une marche sur,
Constantinople.
La révolte gronde 1
Constantinople, 2 novembre. — L'état de
siège eevient plus rigoureux encore ; au-
cun attroupement n'est toléré, et la police
surveille particulièrement les quartiers po-
puleux et musulmans de Stamboul où des
troubles pourraient éclater, le cas échéant.
Les sociétés secrètes musulmanes si nom-
breuses à Constantinople" ont reçu l'ordre
de ne pas se réunir.,
Les nouvelles des revers turcs qui se ré"
pandent, malgré tout, à Constan-tmopler
jettent cl'incertitude et le trouble et rendent
la population anxieuse. Il semble évident
que des troulbles graves sont en perspecti-
ve. De partout des éléments douteux arri.
vent dans la capitale.
Stamboul est envahi par des réfugM.
affamés qui sèment la panique parmi la po-
pulation en annonçant les progrès des ar-
mées bulgares. Les habitants- des villages
du Bosphore se réfugient en hâte à Cons-
tantinople, craignant 'd'être massacrés par
les soldats turcs en déroute ou par les en-
vahisseurs..
Le bruit court que 15.000 déserteurs de
Kirk-Kilissé approchent de Constantinople,
brûlant les villages et les fermes sur leur
passage et massacrant lIes habitants.
La plus complète désorganisation semble
régner dans les armées ottomanes. Des mil-
liers de soldats sont envoyés sur le front
sans armes et sans uniformes. Le service
de J'intendance est pour" ainsi dire inexis-
tant.
Des officiers, sans vivres depuis trois
jours, sont 'réduits à mendier du pain aux
mécaniciens sur la voie ferrée.
Des soîdats affamés ont menacé leurs'
chefs de leur baïonnette et demande que,
des vivres leur soient distribués. Le'général
Mahmoud Mouktar pacha a tué de ses pro-
pres mains de nombreux soldats qui aban-,
donnaient leur poste.
Constantinople, 2 novembre.- Le croiseur
français Bruix est arrivé à Salonique.
Malte, 2 novembre. — Le croiseur anglais
YarmouUi est parti à minuit pour l'Orient.,
Salonique menacée
De source officielle, on annonce que Fa-"
vant-garde de l'armée grecque est tout à
fait à proximité de Salonique, et que, de
leur côté, les avant-gardes serbes appren
chent aussi très rapidement. 1
(VOIR LA SUITE EN DERNIERE HEURE)
le 4' Congrès t Jeans Bépiicies :
DEUXIÈME JOURNÉE:
—.. • •
LE MATIN
Les Jeunesses républicaines se sont réu-
nies hier matin à dix heures, au siège de
la Jeunesse du III6, rue Dupetit-Thouars.
La séance était consacrée à l'étude des
vœux transmis à la Commission spéciale
élue hier. La réunion était absolument
privée.
L'APRÈS-MIDI
A deux heures et demie, le président de
l'Union, M. Morisot, ouvre la séance en sa-
Ç
, (Photo H. Manuel.) -
M. EMILE DESVAUX
Ancien président
Fondateur des Jeunesses Républicaines
luant MM. Strauss, Beauvisage, séna-
teurs ; Ferdinand Buisson, Puech, Verlot,
députés; Mesureur, directeur de l'Assis-
tance publique ; Lucien Le FOler a. vincien
iMEaM t RofeeliOft etc.
LE BUREAU
Par acclamations, le bureau est ainsi
constitué : *
Président, notre collaborateur et ami!
Ferdinand Buisson, député de la Seine ;
vice-présidents : Godart, de la Jeunesse ré-
publicaine de Vitrv-le-François ; Lévy, da
la Jeunesse républicaine du Xe ; secrétai-
re : Maurice Barthet des Jeunesses laï.,
ques..
1" QUESTION. — LA SOLIDARITE,
Ce rapport est présenté par Salafa, pré-
sident de la Jeunesse républicaine du XIIe..
Nous y relevons les idées suivantes :
La Solidarité est-elle différente de la Fra-
ternité ? De même que toutes les cellules
d'un organisme sont toutes solidaires les
unes des autres, de même l'individu vk
vant en société est solidaire des autres in-
dividus vivant à côté de lui.
La Solidarité impose des devoirs à l'in-
dividu : la coopération aux charges socia-
les et la nécessité d'accroître le legs social
reçu. Par contre, la Société doit la vie à
l'individu qui n'a pas demandé à naltrei.
L'homme naît créancier de la Société ;
mais il devient son débiteur, ainsi que 1$
dit Izoulet dans la Cité moderne.
La Solidarité a fait naître la MutuaJit.
les Coopérations, les Œuvres d'éducation
sociale. En définitive, comme le dit Léon:
Bourgeois : « Le problème social est ur
problème d'éducation. » "1
La Solidarité n'est pas la CharIté.
Le rapporteur étudie les lois d'assistan
ce social., ,
Conclusion du Rapport
La solidarité naturelle des êtres, dans
la société comme dans. les organismes vi-
vants, est un fait qui place les hoïiimeia
dans une situation d'associés dépendant
les uns des autres. Ils ont besoin de la
liberté pour se développer individuelle-
ment. La loi de la concurrence vitale est
la première condition du progrès. Mais ils.
ont besoin de la solidarité pour assurer.
ce plein développeimenti individuel ,et te
développement social. La loi de solidarité
des êtres est. la seconde et nécessaire con-
dition du progrès de la société.
Cette indépendance des individus, dana
la société quasi contractûelle des ommes..
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