Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-12-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1913 13 décembre 1913
Description : 1913/12/13 (N16008). 1913/12/13 (N16008).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7547970n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
N) 16.008. — 23 FRIMAIRE, AN 122. CINQ CENTIMES LE NUMERO
SAMEDI 13 DECEMBRE1913 «'16,8»,
Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE1
ABONNEMENTS
le mois Trais mois Six mois Ha a
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr, 18 tt?
Départements. 2 — 6 — 11 — 20 -
Union Postale. 3 — 0 —• 16 - 32 —
Fondateurs
AUGUSTE VACUERIE
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CBRF & Cm
6, Place de la Bourse
El AUX BUREAUX DU JOURNAL
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i %.•=■.
TÉLÉPHONÉ :
Rédaction et Administration : 424-90 — Direction : 424-9*
De 9 heures du soir à 3 heures du matia: 143-93
L'ACTUALITÉ
La Déclaration Ministérielle
> r
Voici le texte de la déclaration ministérielle
dont lecture a été dorvrréo h-ier- d la Chambre
par M. Doumergue, président du Conseil, et au
Sépat par M. Bienvenu-Martin, Garde des
Sceaux. ,. "--.",,
Messieurs,
Le Gouvernement qui se présente de-
vant vous a le ferme dessein de servir
les grands intérêts du pays et ceux de
ia République qu'il ne sépare point.
Il ne peut réaliser ce dessein que par
l'union réfléchie et durable des répu-
blicains de gauche, dont il vous donne
l'exemple par sa composition.
11 ne saurait -durer ni agir sans la
collaboration et l'appui d'une majorité
nettement, exclusivement républicaine.
Il ne resterait pas au pouvoir si cette
majorité lui faisait défaut.. C'est elle
seule qui peut lui donner la force et
l'autorité dont il a besoin dans 3es cir-
constances présentes.
Ces circonstances exigent l'attention
vigilante de tous ceux qui se prooccu-
pent d'assurer, en même temps que la
prospérité et la grandeur de la patrie,
la défense et le développement des
institutions républicaines, ouvertement
ou insidieusement attaquées depuis
qu-elque temps par d'irréductibles ad-
versaires.
Elles ont cependant, depuis quaran-
te-trois ans, assuré à notre pays la paix
daM la dignité en même temps que
l'ordre et la tranquïMité au dedans, ac-
cnu sa richesse, augmenté le bien-être
et les libertés des citoyens. Aussi som-
mès-nous résolus à ne pas les laisser
impunément attaquer.
Messieurs, la Chambre élue en 1910
arrive à l'expiration de son mandat. Il
n'est pas possible, à l'heure où nous
sommes, de songer à réaliser un vaste
programme. Aussi, celui que vo-us sou-
met le Gouvernement est-il strictement
"imité aux nécessités présentes.
LA SITUATION FINANCIERE
Notre premier souci sera d'assurer
le vote, dans le plus bref délai, du bud-
get de 1914, dont nous nous efforce-
rons, en faisant appel au ooncours tou-
jours si dévoué, pour le bien de l'Etat,
de vos Commissions financières, de re-
viser :les propositions de dépenses et
lies moyens d'équilibre. Nous présente-
rons au Parlement les textes lcégislatifs
qui nous paraîtront utiles pour faire
face aux dépenses extraordinaires de
la défense nationale. Nous ferons en
sorte qu'un nombre restreint d'exerci-
ces supporte le poids de ces charges.
La situation financière, que ruous
saisirons la première occasion d'expo-
ser au Parlement, dans son ensemble
et.dans ses détails, sera d'ailleurs l'ob-
jet de nos préoccupations essentielles.
Le vote dont mous sommes issus a
marqué l'adhésion de la Chambre au
projet d'impôt général sur le revenu,
frappant tous les citoyens et tous les
revenus, tel qu'il était, sorti des déli-
bérations de l'Assemblée précédente.
Le Gouvernement s'emploiera à faire
aboutir cette grande réforme devant le
Sénat et il fera tous ses efforts. pour
qu'el'le devienne définitive à l'époque
même où sera voté le budget de 1914.
Il entend poursuivre, - en même
temps, et par les mêmes méthodes l'ins-
titution d'impôts sur ila richesse a'cqui-
se qui auront pour objet de couvrir les
charges que nos budgets auront à sup-
porter du fait des lois militaires.
Le vote de ces grands impôts' démo-
cratiques nous paraît indispensable, à
la fois pour subvenir aux frais nou-
veaux de la défense du 'pays, pour as-
surer le développement de J'outillage
national également nécessaire à -la
prospérité do l'industrie, du commerce
et de l'agriculture, pour accomplir
l'œuvre 'de dégrèvements équitables et
mesurés que le parti republicain, sou-
cieux de la justice contributive comme
de la justice sociale, s'est engagé à m,-
Tier à bonne fin, et aussi pour donner
a notre système fiscal l'élasticité qui
lui est nécessaire et qui, aujourd'hui,
ne fait défaut, à aucun idle.s grands pays
du monde. Ainsi seulement, vous pour-
rez doter la France des finances libres
et fortes qui sont indispensables a sa
sécurité, à son développement e.t à sa
grandeur.
LA DEFENSE NATIONALE
ET LE SERVICE DE TROIS ANS
Le grave problème de la défense na-
tionale est étroitement lié à celui de la
justice fiscale. L'impôt du sang pèse,
en, effet, d'autant plus lourdement sur
les classes pauvres que l'impôt du fisc,
inéquitablenient réparti, leur réclame
plus que leur dû et va au delà de Ieurs
facultés contributives.
En instaurant la justice fiscale, en
évitant, avec soin, de laisser accroître
par des gaspHiages les dépenses * néces-
saires mais formidables qu'exige la sé-
curité de la patrie, nous rendons inouïs
lound !.e nouveau sacrifice que la loi de
trois ans vient d'imposer au pays. Vous
savez dan-s quelles circonstances et à la
suite de quels événements ceux-ci nous
ont démontré la' nécessité de fortifier
notre puissance militaire, non point
dans des intentions agressives, nous
tenons à le déclarer hautement apris
nos prédécesseurs, mais dans l'unique
but de garantir la paix par l'affirma-
tion d'une force capable d'inspirer le
respect. - - - :
Messieurs, nui d'entre vous n'attend
que nous vous proposions de rouvrir
le débat sur .la loi militaire récemment
.votée. C'est la loi. Nous entendons Tap-
pliquer loyalement, : Notre dessein est,,
en même temps, de consacrer notre ef-
fort à. un ensemble de mesures qui, in-
dépendantes de la durée du service
sous les drapeaux, sont susceptibles de
porter à son maximum la force défen-
sive de lia nation. Au premier rang ie
ces mesures, nous placerons la prépa-
ration militaire de la jeunoose, une
meilleure utilisation de nos réserves et
le relèvement des soldes des officiers
et d'es sous-officiers.
LA REFORME ELECTORALE
Le Parlement discute, depuis long-
temps déj-à, la question de la 'réforme
électorale sans que les deux Assemblées
aient pu, encore, se, mettre d'accorl.
Le Sénat est actuellement saisi, pour la
seoo**ii0r fors, d'un projet voté par «l
Chambré des députés.
Le Crouvernem-ent, respectueux du
vote récent émis par cette dernière, de-
mandera au Sénat die se prononcer à
son tour aussi promptement que possi-
ble. Il s'emploiera de son mieux à îe-
ohencher avec la Commission sénato-
riale les éléments d'une transaction. Si
l'acoord ne pouvait s'établir entre les
deux Assemblées, les prochaines élec-
tions législatives permettraient au pays
de se, prononcer.
C'est le pays, en effet, qui seutl peut
et doit décider dans une question. qui
intéresse à un si haut degré l'exercice
de sa souveraineté.
LES REFORMES SOCIALES
Aucun effort rue coûtera au Gouver-
nement pour accentuer les réalisations
de justice sociale et pour en préparer
de nouvelles.
Il poursuivra la lutte contre le taudis
et La tuberculose. Il s'attachera à -l'ex-
tension du système d'assurances socia-
les.
LA DEFENSE LAIQUE
L'école laïque, œuvre de .la démocra-
tie, sous l'égide d'une scrupuleuse neu-
tralité, offre à tous les enfants de Fran-
ce l'instruction indispensable. Elle est
l'école de la nation. Il n'est pas possi-
ble que contre elle persiste une cam-
pagne d'outrages et de calomnies sans
qu'à ce grand effort ne corresponde,
pour le refouler, un effort égal du parti
républicain.
Si vous vou;lez défendre les institu-
tions démocratiques visées à travers
l'éoole qui en est le symbole, il vous
faudra assurer dans cette législature
même ie vote du projet de .loi suir la
défense laïque. Mais après avoir proté-
gé l'école contre le parti pris, il la fau-
dra défendre contre l'ignorance en ren-
danit plus effective l'obligation et plus
viables les œuvres post-scolaires, la dé-
fendre aussi contre la misère en votant
le projet de loi qui vous est soumis et
qui réorganise les caisses des écoles.
Ces lois votées, le programme du par-
ti républicain ne sera pas encore rem-
pli. Au surplus, aucune loi ne dispen-
se ,l'homme de l'effort contintu. Le parti
républicain saura coordonner son ac-
tion pour fortifier la conscience et la
raison .du peuple et les soustraire à
l'esprit de domination.
LA POLITIQUE EXTERIEURE
Au cours de la crise que l'Europe
vient de traver&er, le Gouvernement de
la République a pleinement éprouvé
l'efficacité de ses alliances et de ses
a.mitiés. Il y a puisé une partie de la
foroe nécessaire à la sauvegarde dé ses
Intérêts et de sa dignité. Nous enten-
dons leur demeurer étroitement fidè-
les. Nous poursuivrons donc avec la
Russie l'intime et cordiale collabora-
tion qui, en maintes circonstances, a
permis aux deux Etats alliés de contri-
buer puissamment au maintien de la
paix. Nous nous attacherons à dévelop-
per la confiante intimité dont la France
eL l'Angleterre se sont déjà donné des
preuves si décisives. Enfin, nouts ne se-
ronls pas moins attentifs à entretenir
les courtoises relations qui nous unis-
sent aux autres Etats, qui assurent le
bon renom de la France dans le mon-
(l'e, qui attestent la sincérité de ses dis-
positions essentiellement pacifiques et
qui -nous permettront, en nous ap-
puyant. sur la démocratie de notre pays,
sur son armée et SUT sa marine, dont le
loyalisme républicain ne saurait être
mis en doute, de travailler dans l'ordTe
et dans la paix à la grandeur de la pa-
trie et à celle de la République.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont Téunis, hier matin, en Conseil à
l'Elysée, sous la présidence de M. Poin-
caré. • ,[
M. Doumergue, président du Conseil, a
donné communication au Conseil de la
déclaration ministérielle.
Le Conseil a décidé que les ministres ne
prendraient pas, dans leur cabinet, de col-
laborateurs devant être candidats aux pro-
chaines élections législatives.
Les ministres intéressés orit fait con-
naître au Conseil d'Etat des projets de-
vant venir à l'ordre du jour du Sénat et
de la Chambre et tiendront les engage-
ments pris pour leur discussion. Le pro-
jet sur les mines, en particulier, sera dis-
cuté au Sénat à l'une des plus prochaines
séances.
- Le Conseil à ensuite procédé à l'expédi-
tion des affaires courantes.
LE FAIT DU JOUR
M. Aristide Briand a donné à. entendre à. 'a
Chambre que la réaction l'avait pris ,
malgré lui. -
'— Laissez-moi!. Je ne veux pas!.
LA POLITIQUE-
-. *
LA BATAILLE
Dès le jour de sa naissance,
le Cabinet Doumergue est pris
à la gorge. Comme le minis-
tère Waldeck-Rousseau, il a
connu, dès la première ren-
contre, la fureur des assauts,
la traîtrise des traquenards.
Il est bien qu'il en soit ainsi.
C'est dans le combat, le combat in-
cessant, que se trempent les caractères,
que se sélectionne l'individu., que se
forme une majorité indissolu.ble. Pas
n'est besoin de gros bataillons, flottants
et amollis. Une phalange compacte,
résolue, se fraie partout passage.
La fureur de la réaction dicte le de-
voir des républicains.
Nous disputerons demain des doctri-
nes. Aujourd'hui, serrons les rangs au-
tour du ministère Doumergue ; enga-
geons le fer jusqu'à la garde. Battons-
nous.
Aussi bien sied-il que, dès la premiè-
re journée, la politique d'action réfor-
matrice du Cabinet Doumergue se heur-
te à la politique d'apetisement conser-
vateur de M. Aristide Briand.
En prenant le soin de souligner lui-
même d'un trait indélébile la démarca-
tion nécessaire entre nos « wighs » et
nos « tories », M. Aristide Briand con-
tribue enfin à la clarté parlementaire.
Je n'ignore pas que l'ancien président
du Conseil a toujours affirmé son souci
de ne gouverner qu'avlec une majorité
républicaine.
Mais considérez l'étrange aventure.
M. Aristide Briand est le seul ministre,
depuis quarante ans, dont les intentions
républicaines aient été sans cesse mé-
connues par les républicains pour n'a-
boutir jamais qu'à la satisfaction des
réactionnaires.
Sa disgrâce est telle que, plus haute-
ment s'affirmait son désir démocrati-
que, plus doucement se resserrait l'é-
treinte de la réaction.
Ainsi, malgré lui, Joseph dut aban-
donner son manteau aux mains lubri-
ques qui s'y accrochaient. M. Aristide
Briand, lui aussi, a abandonné à la
droite sa toge consulaire : seulement,
il est resté dedans.
Il est temps, à travers l'appareil fac-
tice des groupes, des clans, des cote-
ries, des chapelles, que la saine logi-
que trace la délimitation naturelle des
deux grands partis oui divisent la Fran-
ce : les démocrates et les conserva-
teurs.
Le programme sobre, modéré, res-
treint et précis du ministère Doumer-
gue offre cet avantage appréciable de
permettre à une majorité de gauche de
se reconstituer et d'exercer résolument
son action démocratique à l'abri d'une
frontière fortifiée et intangible. Sauf
une élite d'Action française et un état-
major bonapartiste, tous les éléments
énergiques, vigoureux, hardis de ce
pays sont dans le peuple : à ,gauche.
Tout le troupeau bêlant des conser-
va.teurs enfouis dans leur laine — mê-
me renforcés des transfuges de quel-
ques bergeries radicales ou socialistes
- peut se grouper derrière la houlette
fleurie de M. Aristide Briand. C'est
masse am-orphe, incolore, sans con-
sistance, qui ne saurait résister au choc
impétueux d'un courant populaire.
Ce courant populaire, au ministère.
Doumergue de le faire jaillir du sol, de
le diriger dru sur la bicoque conserva-
trice ; vous verrez alors, aux élections
prochaines, ce qui restera de tous les
« Lustucru » surannés de l'Alliance dé-
mocratique et de leurs fourchettes ébré-
chées.
EDMOND DU MESNIL.
— ♦ 1
La général Faurie en Conseil d'Etat
——
On annonce que le général Faurie vient
de se pourvoir au Conseil d'Etat contre le
décret qui l'a mis d'office à la retrai4 •
y
LESONMDIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil, 7 b 37 du matin.
Coucher du soleil, 3 h. 52 du soir.
Lever de la lune, 2 h. 33 du soir.
Coucher de la lune, 6 h. 41 du matin.
Courses à Saint-Ouen.
AUTREFOIS
Le Rappel du 13 décembre 1877 :
- La nouvelle de la prise de Plewna est
confirmée. Osman-Pacha s'est rendu à dis-
crétion, lui et son armée, à la suite d'un
combat très vif. Les Turcs étaient mourants
de faim et de froid.
La ville de Bucharest est pavoisée en signe
d'allégresse.
— A Nuits, on va inaugurer un monument
érigé à la mémoire des soldats français
morts en 1870-1871.
- A Boulogne-sur-Seine, l'une des voies
publiques s'appellera désormais rue Thiers,
par décision du conseil municipal de la com-
mune.
Le mauvais danseur
Un maître à danser français demandait à
un de ses amis s'il était vrai qu'Harley eût
été fait comte d'Oxford et grand trésorier
d'Angleterre.
^On lui dit : oui.
— Cela m'étonne, répondit le maître à
danser. Quel mérite la reine a-t-elle pu
trouver à ce Harley ? Pour moi, j'ai eu cet
homme deux ans entre les mains, et jamais
je n'en ai pu rien faire.
AUJOURD'HUI
La ville la plus riche
C'est Bâle, en Suisse, qui, toutes propor
fions gardées, est la ville la plus riche de
l'Europe et probablement du monde entier.
Il résulte, en effet, des documents offi-
ciels des contributions directes de cette vil-
le, que l'impôt s'y étend, sur une fortune
globale déclarée, de 875 millions. Sur 124.000
habitants, Bàle compte 180 millionnaires ;
174 contribuables possédant de 500.000 fr.
à un million ; 170 ayant un demi-million de
fortune, et enfin 895 personnes dont la for-
tune varie de 100.000 francs à 500.000 fr.
En quinze ans, la fortune globale de la
ville de Bâle a augmenté de 300 millions.
C'est un beau chiffre.
« ♦ -
Pour la sécurité des Postiers
On va nous doter, paraît-il, de quarante-
neufs wagons-poste nouveau modèle qui
coûteront 3.943.700 francs de première mise
et 3.100.000 ïrancs d'entretien annuel.
Au moins, en aurons-nous pour notre ar-
gent ?
La récente catastrophe de Melun a éta-
bli — après plusieurs autres, hélas ! — la
supériorité des voitures métalliques. En ou-
tre de leur résistance (elles se tordent, mais
ne s'émiettent pas) , leur incombustibilité
les préserve de se transformer, dans un ac-
cident, en foyers permanents d'incendie.
Mais il ne servirait à rien d'avoir des wa-
gons-poste incombustibles si, par ailleurs,
on maintient sur ces wagons d'autres
foyera d'incendie, temporaires sans doute,
mais suffisants pour rôtir vifs les occu-
pants avant de pouvoir être éteints. Nous
voulons parler des conduites de gaz d'é-
clairage. L'expérience, la triste expérience,
a encore démontré que la rupture de ces
conduites était une cause certaine d'incen-
die dans les catastrophes nocturnes, qui
sont les plus fréquentes.
Il convient donc que le gaz soit remplacé
dans les wagons-poste par i'électricité.
1 Donnez-nous donc ces garanties, et le pu-
blic trouvera que six millions pour la sécu-
rité de-nos .postiers, ce n'est pas trop cher.
Mais n'oubliez pas non plus les voya* Jj
geurs.
A LA CHAMBRE
---+e+-
A l'assaut du Ministère
Les assaillants se brisent contre le bloc républicain
L'Assemblée approuve les déclarations du Gouvernement
et l'assure de sa confiance.
Bonne revue de fin de législature au
Théâtre Bourbon.
M. Doumergue, qui joue, avec sobriéM.
le rôle du compère liquidateur, a fait défi-
ler successivement devant nos yeux la loi
- militaire, la réforme électorale, la réforme
fiscale, la défense laîque, ta politique étran-
gère, auxquelles il a successivement consa-
cré des couplets de bon aloi, - proprement
troussés.
M. Aristide Briand (du Thédtrede l'Apai-
sement), en représentation, nous lit enten-
dre ensuite un couplet mélodramatique : La
Complainte de l'Endormeur. •
Grand succès de curiosité, surtout au
cours d'une désopilante imitation de feu
Tailhade.
La scène - classique - dans la salle fut
d'une saveur que l'usage qualifie de pi-
quante.
- EUe eut lieu eiitre un excellent acteur
nommé Colly, qui joue avec un « naturel »
incomparable, et le même Aristide Briand
déjà nommé, et couronné.
« Aristide ! Aristide ! c'est toi qui. etc. »
produit toujours une forte impression:
Quand M. Colly, les mains suppliantes,
entonna l'air fameux : Souviè-ris-toi d\l'Pas.
sé.,., la salle éclata, suivant la formule; en
applaudissements.
Quelques solistes habiles et estimés, MM.
Viollette, Thierrtj-Cazes, de Grandmaison,
André Lefèvre, Painlevé et Jaurès, se firent
entendre dans leur répertoire. M. Joseph
Reinach obtint un succès médiocre dans ses
couplets militaires, imités de Polin.
Puis l'on vota. La troupe Doumergue fut
déclarée digne du Théâtre Bourbon par 302
voix contre 141.
Un beau début plein de promesses, qui
nous assure une longue série de représen-
tations.
Emile BLOT.
LES INTERPELLATIONS
La séance est ouverte à deux heures,
sous la présidence de M. Paul Deschanel.
Quand M. Doumergue arrive à la fin de
sa Déclaration, de tous les bancs de la
gauche partent des applaudissements en-
thousiastes et prolongés : le parti répu-
blicain fait une chaude ovation au nouveau
président du Conseil. A droite, froid glacial.
M. Paul Deschanel annonce à la Chambre
qu'il a reçu cinq demandes d'interpella-
tion :
La première, de M. Viollette, sur la politi-
que générale du Gouvernement ;
La deuxième, de MM. Joseph Reinach,
de Montebello et Benazet, sur l'application
de la loi du 7 août 1913 ;
La .troisième, de M. Jules Delahaye, sur
la politique financière du Gouvernement à
l'égard des emprunts étrangers ;
La quatrième, de M. Thierry-Cazes, sur
la politique générale du Gouvernement ;
La cinquième, de M. de Grandmaison,
sur la composition du ministère.
Beau joueur, M Doumergue demande
qu'elles soient discutées sur le champ et la
série commence.
LA POLITIQUE GENERALE
— A mon sens, dit M. Viollette, le Ca-
binet rompt la tradition des ministères de
gauche gouvernant avec des majorités de
droite. Il faut féliciter le Parti radical de
s'être ressaisi et d'avoir repris la direc-
tion du parti républicain. Sa victoire aura
Un grand retentissement dans le pays, à
condition que le Gouvernement demeure
fidèle aux idées qu'il a la prétention de re-
présenter, abstraction faite des questions
de personnes. Il faut que partout où des
républicains ont été contraints de baisser
la tête, ils puissent la relever. »
M. Viollette examine ensuîte par le dé-
tail, la Déclaration ministérielle et conclut :
— Il y a une chose dont le Gouvernement
responsable doit surtout se préoccuper, et
M. Doumergue a déclaré qu'en effet elle
était sa préoccupation essentielle : c'est de
faciliter l'union entre toutes les fractions
du parti républicain. (Applaudissements à
gauche.)
«. Aujourd'hui, ces diverses fractions ne
se présentent plus à l'état 'inorganique ; el-
les ont revisé leur programme et fortifié
leur discipline ; elles se sont unifiée-s, à
l'exemple de nos collègues socialistes, que,
pour mon compte personnel, je n'entends
pas exclure de la majorité républicaine.
« J'ai toujours été de ceux qui ont pensé
que l'union du parti républicain ne sera
possible que lorsque tous les malentendus
seront dissipés entre set; différentes frac-
tions, y compris les socialistes. (Très
bien ! Très bien !)
« Cette unification, dis-je, est de natflre à
faciliter l'entente, car les idées directrices
apparaissent plus clairement et l'action des
masses n'est plus contredite par les mani-
festations bruyantes de quelques personna-
lités sans mandat. (Mouvements divers.)
« Pour réaliser cette union du parti ré-
publicain, le Gouvernement n'a pas beaoin
de s'abaisser à un sectarisme grossier, ni
de s'immiscer dans les explications entre
mandataires et mandants, qui doivent se
poursuivre en pleine liberté.
« Qu'il montre seulement la résolution
énergique de faire respecter partout la Ré-
publique, qu'il assure une protection effica-
ce de l'école laïque par le vote rapide dc-s
projets de loi qui nous sont soumis. (Ap-
plaudissements à gauche.) 0
« Nous avons confiance, à gauche, que
vous pouvez, être, monsieur le président du
Conseil, l'homme de la politique que nous
vous demandons de pratiquer. Votre ma-
jorité est prête à vous faire crédit, elle est
en veine de hardiesse puisqu'elle vient de
rompre avec son récent passé. Dans le
parti républicain, les vieilles affinités mal
éteintes sous la cendre de l'apaisement se
sont réveillées. Du coup, certains malen.
tendus ont été dissipés et des rapproche-
ments heureux se sont réalisés. (Applau-
dissements à gauche.)
« Le parti républicain, sortant de sa lon-
gue torpeur, est prêt aux enthousiasmes gé-
néreux, comme au temps des ministères de
Waldeck-Rousseau et de son successeur I bk
A ce moment, se produit un incident. M.
Aristide Briand, de qui M. Viollette venait
de prononcer le nom ; en parlant de la po-
litique républicaine de M. Combes, se lève,
et de sa place! prononce un véritable dis-
cours qui est à la fois un programme et
une justification.
LA POLITIQUE DE M. BRIAND
— Puisque, dit-il, vous faites allusion
La politique qui a été la mienne, puisque
vous rappelez un passé récent, puisque
vous parlez de la longue torpeur du parti
républicain, permettez-moi de vous dire que
moi, que vous considéras comme responsa-
ble de la politique d'apaisement que vous
méprisez et sur laquelle cependant il fau-
dra bien .qu'on s'explique un jour, je les ,
ai. défendus, ces ministères auxquels vous
faites allusion, et je Les ai défendus contra
qui ? Contre ceux qui font obstacle à ce
que vous appelez l'apaisement.
« Cette loi de laïcité, qui est la séparation
des églises et de l'Etat, je me rappelle con-
tre qui j'ai fait effort pour en obtenir le
vote ; et ces lois de défense laïque que vous
réclamez comme nécessaires, c'est moi qui
les ai déposées, avec M. Doumergue, alors
ministre de l'Instruction publique de mon
cabinet.
« Je suis allé à la commission de l'ensei-
gnement, supplier de les faire aboutir ;
mais, comme on voulait déjà me représen-
ter comme un adversaire de l'école laïque,
grâce à cette bonne politique de clarté dont
vous voulèz vous inspirer, afin de m'affai-
blir; on m'a opposé toutes les entraves.
« Vous faites appel à l'union des républi-
cains, je suis avec vous ; à toutes les heu-
res de ma politique, j'ai été escorté par le
parti républicain, même'le jour où j'ai quit-
té le pouvoir, persistant dans cette politi-
que, que je considère comme la seule digne
de la République et de ses principes.
« Mais n'essayez pas d'égarer l'opinion
sur la portée de votre unification. Unifica"
tion, soit ! pour arriver à un programme
net et à une direction précise ! Il y a des
partis, comme l'extrême gauche, qui se sont
unifiés pour une action décisive et pour des
idées claires
« Le parti socialiste a eu deux idées clai-
res dans cette législature : d'abord pour
la réforme électorale, ensuite contre la loi
militaire.
« Mais un autre parti, suivant cet exem-
ple, va à l'unification, et, à Pau, à quoi
abofitit-il ? Contre les trois ans, retour à la
loi de deux ans. Voilà les faits ! (Vifs ap-
plaudissements au centre et sur divers
bancs à gauche.)
« Eh bien, ce Gouvernement d'union ré-
publicaine, prenant souci de ses responsa-
bilités, envisageant les exigences de la dé-
fense nationale dans son cabinet et non plus
dans des réunions publiques où on se laisse
entraîner par l'enthousiasme des foules ir-
responsables, que vous dit-il ?
« L'homme qui rédige la déclaration du
cabinet — j'en ai rédigé plusieurs — quand
il arrive à ces passages troublants qui en-
gagent non seulement la direction de notre
politique extérieure, mais même les desti-
nées de la France, alors il a devant les
yeux, d'une part le programme du parti uni-
fié, et de l'autre les responsabilités d'une
charge dont il a la conscience de vouloir
être digne. Qu'écrit-il alors ? Il écrit autre
chose que ce qu'on a dicté à Pau.
« Il vous apporte ensuite sa pensée ;
pourquoi essayez-vous de l'affaiblir ?
« li n'y a que deux partis à prendre qui
soient dignes. Si vous considérez que la loi
de -trois ans n'était pas indispensable, qu'el-
le était inutile, vous êtes coupables et pres-
que criminels de l'appliquer.
« Mais ce qui serait pire encore, ce serait
de dire que vous allez l'appliquer, cette loi,
parce qu'elle est votée et que vous ne pou-
vez pas faire autrement, mai:; en nourris-
sant l'espoir de faire contre elle, par en des-
sous, ce que vous pourrez pour qu'elle ne
donne pas tout le rendement que le législa-
teur en a attendu.
« Si vous avez cette arrière-pensée, il
faut le dire. Mes amis et moi, nous avons
le grand désir d'une réconciliation républi-
caine, et c'est pourquoi nous avons toujours
préconisé une politique aérée, non rébarba-
tive, qui ne s'abaisserait pas à de miséra-
bles petites actions locales, à cette miséra-
ble action administrative.
(( A la droite, j'ai toujours dit : Les répu-
blicains vous doivent la courtoisie, la jus-
tice. Ils vous doivent de ne rien négliger de
ce que peut vous permettre la solidarité na-
tionale, et quand j'ai vu que les républi-
cains. égarée par la caricature qu'on leur
faisait de ma politique, se détournaient de
moi. j'ai laissé à d'autres le soin et le mé-
rite de poursuivre l'œuvre que nous vou.
rions accomplir.
« Je serai heureux de voir ce Gouverne-
ment la réaliser, mais il faut qu'il s'y effor-
ce sans arrière-pensée *, il ne faut pas que*
dès le début, des républicains cherchent à
étrangler leurs frères et apportent ici des
paroles de provocation, de haine.
M. Colly. - C'est vous qui apportez 19
provocation ! (Applaudissements à l'extra
me gauche.)
M. Aristide Briand. « Je ne voulais pàs
participer a ce débat ; j'espérais que votre,
interpellation, si j'ose m'exprimer - ainsi
(Sourires.), ne se terminerait pag sur des
SAMEDI 13 DECEMBRE1913 «'16,8»,
Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE1
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le mois Trais mois Six mois Ha a
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin, 123, rue Montmartre.
Directeur : EDMOND DU MESNIL
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De 9 heures du soir à 3 heures du matia: 143-93
L'ACTUALITÉ
La Déclaration Ministérielle
> r
Voici le texte de la déclaration ministérielle
dont lecture a été dorvrréo h-ier- d la Chambre
par M. Doumergue, président du Conseil, et au
Sépat par M. Bienvenu-Martin, Garde des
Sceaux. ,. "--.",,
Messieurs,
Le Gouvernement qui se présente de-
vant vous a le ferme dessein de servir
les grands intérêts du pays et ceux de
ia République qu'il ne sépare point.
Il ne peut réaliser ce dessein que par
l'union réfléchie et durable des répu-
blicains de gauche, dont il vous donne
l'exemple par sa composition.
11 ne saurait -durer ni agir sans la
collaboration et l'appui d'une majorité
nettement, exclusivement républicaine.
Il ne resterait pas au pouvoir si cette
majorité lui faisait défaut.. C'est elle
seule qui peut lui donner la force et
l'autorité dont il a besoin dans 3es cir-
constances présentes.
Ces circonstances exigent l'attention
vigilante de tous ceux qui se prooccu-
pent d'assurer, en même temps que la
prospérité et la grandeur de la patrie,
la défense et le développement des
institutions républicaines, ouvertement
ou insidieusement attaquées depuis
qu-elque temps par d'irréductibles ad-
versaires.
Elles ont cependant, depuis quaran-
te-trois ans, assuré à notre pays la paix
daM la dignité en même temps que
l'ordre et la tranquïMité au dedans, ac-
cnu sa richesse, augmenté le bien-être
et les libertés des citoyens. Aussi som-
mès-nous résolus à ne pas les laisser
impunément attaquer.
Messieurs, la Chambre élue en 1910
arrive à l'expiration de son mandat. Il
n'est pas possible, à l'heure où nous
sommes, de songer à réaliser un vaste
programme. Aussi, celui que vo-us sou-
met le Gouvernement est-il strictement
"imité aux nécessités présentes.
LA SITUATION FINANCIERE
Notre premier souci sera d'assurer
le vote, dans le plus bref délai, du bud-
get de 1914, dont nous nous efforce-
rons, en faisant appel au ooncours tou-
jours si dévoué, pour le bien de l'Etat,
de vos Commissions financières, de re-
viser :les propositions de dépenses et
lies moyens d'équilibre. Nous présente-
rons au Parlement les textes lcégislatifs
qui nous paraîtront utiles pour faire
face aux dépenses extraordinaires de
la défense nationale. Nous ferons en
sorte qu'un nombre restreint d'exerci-
ces supporte le poids de ces charges.
La situation financière, que ruous
saisirons la première occasion d'expo-
ser au Parlement, dans son ensemble
et.dans ses détails, sera d'ailleurs l'ob-
jet de nos préoccupations essentielles.
Le vote dont mous sommes issus a
marqué l'adhésion de la Chambre au
projet d'impôt général sur le revenu,
frappant tous les citoyens et tous les
revenus, tel qu'il était, sorti des déli-
bérations de l'Assemblée précédente.
Le Gouvernement s'emploiera à faire
aboutir cette grande réforme devant le
Sénat et il fera tous ses efforts. pour
qu'el'le devienne définitive à l'époque
même où sera voté le budget de 1914.
Il entend poursuivre, - en même
temps, et par les mêmes méthodes l'ins-
titution d'impôts sur ila richesse a'cqui-
se qui auront pour objet de couvrir les
charges que nos budgets auront à sup-
porter du fait des lois militaires.
Le vote de ces grands impôts' démo-
cratiques nous paraît indispensable, à
la fois pour subvenir aux frais nou-
veaux de la défense du 'pays, pour as-
surer le développement de J'outillage
national également nécessaire à -la
prospérité do l'industrie, du commerce
et de l'agriculture, pour accomplir
l'œuvre 'de dégrèvements équitables et
mesurés que le parti republicain, sou-
cieux de la justice contributive comme
de la justice sociale, s'est engagé à m,-
Tier à bonne fin, et aussi pour donner
a notre système fiscal l'élasticité qui
lui est nécessaire et qui, aujourd'hui,
ne fait défaut, à aucun idle.s grands pays
du monde. Ainsi seulement, vous pour-
rez doter la France des finances libres
et fortes qui sont indispensables a sa
sécurité, à son développement e.t à sa
grandeur.
LA DEFENSE NATIONALE
ET LE SERVICE DE TROIS ANS
Le grave problème de la défense na-
tionale est étroitement lié à celui de la
justice fiscale. L'impôt du sang pèse,
en, effet, d'autant plus lourdement sur
les classes pauvres que l'impôt du fisc,
inéquitablenient réparti, leur réclame
plus que leur dû et va au delà de Ieurs
facultés contributives.
En instaurant la justice fiscale, en
évitant, avec soin, de laisser accroître
par des gaspHiages les dépenses * néces-
saires mais formidables qu'exige la sé-
curité de la patrie, nous rendons inouïs
lound !.e nouveau sacrifice que la loi de
trois ans vient d'imposer au pays. Vous
savez dan-s quelles circonstances et à la
suite de quels événements ceux-ci nous
ont démontré la' nécessité de fortifier
notre puissance militaire, non point
dans des intentions agressives, nous
tenons à le déclarer hautement apris
nos prédécesseurs, mais dans l'unique
but de garantir la paix par l'affirma-
tion d'une force capable d'inspirer le
respect. - - - :
Messieurs, nui d'entre vous n'attend
que nous vous proposions de rouvrir
le débat sur .la loi militaire récemment
.votée. C'est la loi. Nous entendons Tap-
pliquer loyalement, : Notre dessein est,,
en même temps, de consacrer notre ef-
fort à. un ensemble de mesures qui, in-
dépendantes de la durée du service
sous les drapeaux, sont susceptibles de
porter à son maximum la force défen-
sive de lia nation. Au premier rang ie
ces mesures, nous placerons la prépa-
ration militaire de la jeunoose, une
meilleure utilisation de nos réserves et
le relèvement des soldes des officiers
et d'es sous-officiers.
LA REFORME ELECTORALE
Le Parlement discute, depuis long-
temps déj-à, la question de la 'réforme
électorale sans que les deux Assemblées
aient pu, encore, se, mettre d'accorl.
Le Sénat est actuellement saisi, pour la
seoo**ii0r fors, d'un projet voté par «l
Chambré des députés.
Le Crouvernem-ent, respectueux du
vote récent émis par cette dernière, de-
mandera au Sénat die se prononcer à
son tour aussi promptement que possi-
ble. Il s'emploiera de son mieux à îe-
ohencher avec la Commission sénato-
riale les éléments d'une transaction. Si
l'acoord ne pouvait s'établir entre les
deux Assemblées, les prochaines élec-
tions législatives permettraient au pays
de se, prononcer.
C'est le pays, en effet, qui seutl peut
et doit décider dans une question. qui
intéresse à un si haut degré l'exercice
de sa souveraineté.
LES REFORMES SOCIALES
Aucun effort rue coûtera au Gouver-
nement pour accentuer les réalisations
de justice sociale et pour en préparer
de nouvelles.
Il poursuivra la lutte contre le taudis
et La tuberculose. Il s'attachera à -l'ex-
tension du système d'assurances socia-
les.
LA DEFENSE LAIQUE
L'école laïque, œuvre de .la démocra-
tie, sous l'égide d'une scrupuleuse neu-
tralité, offre à tous les enfants de Fran-
ce l'instruction indispensable. Elle est
l'école de la nation. Il n'est pas possi-
ble que contre elle persiste une cam-
pagne d'outrages et de calomnies sans
qu'à ce grand effort ne corresponde,
pour le refouler, un effort égal du parti
républicain.
Si vous vou;lez défendre les institu-
tions démocratiques visées à travers
l'éoole qui en est le symbole, il vous
faudra assurer dans cette législature
même ie vote du projet de .loi suir la
défense laïque. Mais après avoir proté-
gé l'école contre le parti pris, il la fau-
dra défendre contre l'ignorance en ren-
danit plus effective l'obligation et plus
viables les œuvres post-scolaires, la dé-
fendre aussi contre la misère en votant
le projet de loi qui vous est soumis et
qui réorganise les caisses des écoles.
Ces lois votées, le programme du par-
ti républicain ne sera pas encore rem-
pli. Au surplus, aucune loi ne dispen-
se ,l'homme de l'effort contintu. Le parti
républicain saura coordonner son ac-
tion pour fortifier la conscience et la
raison .du peuple et les soustraire à
l'esprit de domination.
LA POLITIQUE EXTERIEURE
Au cours de la crise que l'Europe
vient de traver&er, le Gouvernement de
la République a pleinement éprouvé
l'efficacité de ses alliances et de ses
a.mitiés. Il y a puisé une partie de la
foroe nécessaire à la sauvegarde dé ses
Intérêts et de sa dignité. Nous enten-
dons leur demeurer étroitement fidè-
les. Nous poursuivrons donc avec la
Russie l'intime et cordiale collabora-
tion qui, en maintes circonstances, a
permis aux deux Etats alliés de contri-
buer puissamment au maintien de la
paix. Nous nous attacherons à dévelop-
per la confiante intimité dont la France
eL l'Angleterre se sont déjà donné des
preuves si décisives. Enfin, nouts ne se-
ronls pas moins attentifs à entretenir
les courtoises relations qui nous unis-
sent aux autres Etats, qui assurent le
bon renom de la France dans le mon-
(l'e, qui attestent la sincérité de ses dis-
positions essentiellement pacifiques et
qui -nous permettront, en nous ap-
puyant. sur la démocratie de notre pays,
sur son armée et SUT sa marine, dont le
loyalisme républicain ne saurait être
mis en doute, de travailler dans l'ordTe
et dans la paix à la grandeur de la pa-
trie et à celle de la République.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont Téunis, hier matin, en Conseil à
l'Elysée, sous la présidence de M. Poin-
caré. • ,[
M. Doumergue, président du Conseil, a
donné communication au Conseil de la
déclaration ministérielle.
Le Conseil a décidé que les ministres ne
prendraient pas, dans leur cabinet, de col-
laborateurs devant être candidats aux pro-
chaines élections législatives.
Les ministres intéressés orit fait con-
naître au Conseil d'Etat des projets de-
vant venir à l'ordre du jour du Sénat et
de la Chambre et tiendront les engage-
ments pris pour leur discussion. Le pro-
jet sur les mines, en particulier, sera dis-
cuté au Sénat à l'une des plus prochaines
séances.
- Le Conseil à ensuite procédé à l'expédi-
tion des affaires courantes.
LE FAIT DU JOUR
M. Aristide Briand a donné à. entendre à. 'a
Chambre que la réaction l'avait pris ,
malgré lui. -
'— Laissez-moi!. Je ne veux pas!.
LA POLITIQUE-
-. *
LA BATAILLE
Dès le jour de sa naissance,
le Cabinet Doumergue est pris
à la gorge. Comme le minis-
tère Waldeck-Rousseau, il a
connu, dès la première ren-
contre, la fureur des assauts,
la traîtrise des traquenards.
Il est bien qu'il en soit ainsi.
C'est dans le combat, le combat in-
cessant, que se trempent les caractères,
que se sélectionne l'individu., que se
forme une majorité indissolu.ble. Pas
n'est besoin de gros bataillons, flottants
et amollis. Une phalange compacte,
résolue, se fraie partout passage.
La fureur de la réaction dicte le de-
voir des républicains.
Nous disputerons demain des doctri-
nes. Aujourd'hui, serrons les rangs au-
tour du ministère Doumergue ; enga-
geons le fer jusqu'à la garde. Battons-
nous.
Aussi bien sied-il que, dès la premiè-
re journée, la politique d'action réfor-
matrice du Cabinet Doumergue se heur-
te à la politique d'apetisement conser-
vateur de M. Aristide Briand.
En prenant le soin de souligner lui-
même d'un trait indélébile la démarca-
tion nécessaire entre nos « wighs » et
nos « tories », M. Aristide Briand con-
tribue enfin à la clarté parlementaire.
Je n'ignore pas que l'ancien président
du Conseil a toujours affirmé son souci
de ne gouverner qu'avlec une majorité
républicaine.
Mais considérez l'étrange aventure.
M. Aristide Briand est le seul ministre,
depuis quarante ans, dont les intentions
républicaines aient été sans cesse mé-
connues par les républicains pour n'a-
boutir jamais qu'à la satisfaction des
réactionnaires.
Sa disgrâce est telle que, plus haute-
ment s'affirmait son désir démocrati-
que, plus doucement se resserrait l'é-
treinte de la réaction.
Ainsi, malgré lui, Joseph dut aban-
donner son manteau aux mains lubri-
ques qui s'y accrochaient. M. Aristide
Briand, lui aussi, a abandonné à la
droite sa toge consulaire : seulement,
il est resté dedans.
Il est temps, à travers l'appareil fac-
tice des groupes, des clans, des cote-
ries, des chapelles, que la saine logi-
que trace la délimitation naturelle des
deux grands partis oui divisent la Fran-
ce : les démocrates et les conserva-
teurs.
Le programme sobre, modéré, res-
treint et précis du ministère Doumer-
gue offre cet avantage appréciable de
permettre à une majorité de gauche de
se reconstituer et d'exercer résolument
son action démocratique à l'abri d'une
frontière fortifiée et intangible. Sauf
une élite d'Action française et un état-
major bonapartiste, tous les éléments
énergiques, vigoureux, hardis de ce
pays sont dans le peuple : à ,gauche.
Tout le troupeau bêlant des conser-
va.teurs enfouis dans leur laine — mê-
me renforcés des transfuges de quel-
ques bergeries radicales ou socialistes
- peut se grouper derrière la houlette
fleurie de M. Aristide Briand. C'est
masse am-orphe, incolore, sans con-
sistance, qui ne saurait résister au choc
impétueux d'un courant populaire.
Ce courant populaire, au ministère.
Doumergue de le faire jaillir du sol, de
le diriger dru sur la bicoque conserva-
trice ; vous verrez alors, aux élections
prochaines, ce qui restera de tous les
« Lustucru » surannés de l'Alliance dé-
mocratique et de leurs fourchettes ébré-
chées.
EDMOND DU MESNIL.
— ♦ 1
La général Faurie en Conseil d'Etat
——
On annonce que le général Faurie vient
de se pourvoir au Conseil d'Etat contre le
décret qui l'a mis d'office à la retrai4 •
y
LESONMDIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil, 7 b 37 du matin.
Coucher du soleil, 3 h. 52 du soir.
Lever de la lune, 2 h. 33 du soir.
Coucher de la lune, 6 h. 41 du matin.
Courses à Saint-Ouen.
AUTREFOIS
Le Rappel du 13 décembre 1877 :
- La nouvelle de la prise de Plewna est
confirmée. Osman-Pacha s'est rendu à dis-
crétion, lui et son armée, à la suite d'un
combat très vif. Les Turcs étaient mourants
de faim et de froid.
La ville de Bucharest est pavoisée en signe
d'allégresse.
— A Nuits, on va inaugurer un monument
érigé à la mémoire des soldats français
morts en 1870-1871.
- A Boulogne-sur-Seine, l'une des voies
publiques s'appellera désormais rue Thiers,
par décision du conseil municipal de la com-
mune.
Le mauvais danseur
Un maître à danser français demandait à
un de ses amis s'il était vrai qu'Harley eût
été fait comte d'Oxford et grand trésorier
d'Angleterre.
^On lui dit : oui.
— Cela m'étonne, répondit le maître à
danser. Quel mérite la reine a-t-elle pu
trouver à ce Harley ? Pour moi, j'ai eu cet
homme deux ans entre les mains, et jamais
je n'en ai pu rien faire.
AUJOURD'HUI
La ville la plus riche
C'est Bâle, en Suisse, qui, toutes propor
fions gardées, est la ville la plus riche de
l'Europe et probablement du monde entier.
Il résulte, en effet, des documents offi-
ciels des contributions directes de cette vil-
le, que l'impôt s'y étend, sur une fortune
globale déclarée, de 875 millions. Sur 124.000
habitants, Bàle compte 180 millionnaires ;
174 contribuables possédant de 500.000 fr.
à un million ; 170 ayant un demi-million de
fortune, et enfin 895 personnes dont la for-
tune varie de 100.000 francs à 500.000 fr.
En quinze ans, la fortune globale de la
ville de Bâle a augmenté de 300 millions.
C'est un beau chiffre.
« ♦ -
Pour la sécurité des Postiers
On va nous doter, paraît-il, de quarante-
neufs wagons-poste nouveau modèle qui
coûteront 3.943.700 francs de première mise
et 3.100.000 ïrancs d'entretien annuel.
Au moins, en aurons-nous pour notre ar-
gent ?
La récente catastrophe de Melun a éta-
bli — après plusieurs autres, hélas ! — la
supériorité des voitures métalliques. En ou-
tre de leur résistance (elles se tordent, mais
ne s'émiettent pas) , leur incombustibilité
les préserve de se transformer, dans un ac-
cident, en foyers permanents d'incendie.
Mais il ne servirait à rien d'avoir des wa-
gons-poste incombustibles si, par ailleurs,
on maintient sur ces wagons d'autres
foyera d'incendie, temporaires sans doute,
mais suffisants pour rôtir vifs les occu-
pants avant de pouvoir être éteints. Nous
voulons parler des conduites de gaz d'é-
clairage. L'expérience, la triste expérience,
a encore démontré que la rupture de ces
conduites était une cause certaine d'incen-
die dans les catastrophes nocturnes, qui
sont les plus fréquentes.
Il convient donc que le gaz soit remplacé
dans les wagons-poste par i'électricité.
1 Donnez-nous donc ces garanties, et le pu-
blic trouvera que six millions pour la sécu-
rité de-nos .postiers, ce n'est pas trop cher.
Mais n'oubliez pas non plus les voya* Jj
geurs.
A LA CHAMBRE
---+e+-
A l'assaut du Ministère
Les assaillants se brisent contre le bloc républicain
L'Assemblée approuve les déclarations du Gouvernement
et l'assure de sa confiance.
Bonne revue de fin de législature au
Théâtre Bourbon.
M. Doumergue, qui joue, avec sobriéM.
le rôle du compère liquidateur, a fait défi-
ler successivement devant nos yeux la loi
- militaire, la réforme électorale, la réforme
fiscale, la défense laîque, ta politique étran-
gère, auxquelles il a successivement consa-
cré des couplets de bon aloi, - proprement
troussés.
M. Aristide Briand (du Thédtrede l'Apai-
sement), en représentation, nous lit enten-
dre ensuite un couplet mélodramatique : La
Complainte de l'Endormeur. •
Grand succès de curiosité, surtout au
cours d'une désopilante imitation de feu
Tailhade.
La scène - classique - dans la salle fut
d'une saveur que l'usage qualifie de pi-
quante.
- EUe eut lieu eiitre un excellent acteur
nommé Colly, qui joue avec un « naturel »
incomparable, et le même Aristide Briand
déjà nommé, et couronné.
« Aristide ! Aristide ! c'est toi qui. etc. »
produit toujours une forte impression:
Quand M. Colly, les mains suppliantes,
entonna l'air fameux : Souviè-ris-toi d\l'Pas.
sé.,., la salle éclata, suivant la formule; en
applaudissements.
Quelques solistes habiles et estimés, MM.
Viollette, Thierrtj-Cazes, de Grandmaison,
André Lefèvre, Painlevé et Jaurès, se firent
entendre dans leur répertoire. M. Joseph
Reinach obtint un succès médiocre dans ses
couplets militaires, imités de Polin.
Puis l'on vota. La troupe Doumergue fut
déclarée digne du Théâtre Bourbon par 302
voix contre 141.
Un beau début plein de promesses, qui
nous assure une longue série de représen-
tations.
Emile BLOT.
LES INTERPELLATIONS
La séance est ouverte à deux heures,
sous la présidence de M. Paul Deschanel.
Quand M. Doumergue arrive à la fin de
sa Déclaration, de tous les bancs de la
gauche partent des applaudissements en-
thousiastes et prolongés : le parti répu-
blicain fait une chaude ovation au nouveau
président du Conseil. A droite, froid glacial.
M. Paul Deschanel annonce à la Chambre
qu'il a reçu cinq demandes d'interpella-
tion :
La première, de M. Viollette, sur la politi-
que générale du Gouvernement ;
La deuxième, de MM. Joseph Reinach,
de Montebello et Benazet, sur l'application
de la loi du 7 août 1913 ;
La .troisième, de M. Jules Delahaye, sur
la politique financière du Gouvernement à
l'égard des emprunts étrangers ;
La quatrième, de M. Thierry-Cazes, sur
la politique générale du Gouvernement ;
La cinquième, de M. de Grandmaison,
sur la composition du ministère.
Beau joueur, M Doumergue demande
qu'elles soient discutées sur le champ et la
série commence.
LA POLITIQUE GENERALE
— A mon sens, dit M. Viollette, le Ca-
binet rompt la tradition des ministères de
gauche gouvernant avec des majorités de
droite. Il faut féliciter le Parti radical de
s'être ressaisi et d'avoir repris la direc-
tion du parti républicain. Sa victoire aura
Un grand retentissement dans le pays, à
condition que le Gouvernement demeure
fidèle aux idées qu'il a la prétention de re-
présenter, abstraction faite des questions
de personnes. Il faut que partout où des
républicains ont été contraints de baisser
la tête, ils puissent la relever. »
M. Viollette examine ensuîte par le dé-
tail, la Déclaration ministérielle et conclut :
— Il y a une chose dont le Gouvernement
responsable doit surtout se préoccuper, et
M. Doumergue a déclaré qu'en effet elle
était sa préoccupation essentielle : c'est de
faciliter l'union entre toutes les fractions
du parti républicain. (Applaudissements à
gauche.)
«. Aujourd'hui, ces diverses fractions ne
se présentent plus à l'état 'inorganique ; el-
les ont revisé leur programme et fortifié
leur discipline ; elles se sont unifiée-s, à
l'exemple de nos collègues socialistes, que,
pour mon compte personnel, je n'entends
pas exclure de la majorité républicaine.
« J'ai toujours été de ceux qui ont pensé
que l'union du parti républicain ne sera
possible que lorsque tous les malentendus
seront dissipés entre set; différentes frac-
tions, y compris les socialistes. (Très
bien ! Très bien !)
« Cette unification, dis-je, est de natflre à
faciliter l'entente, car les idées directrices
apparaissent plus clairement et l'action des
masses n'est plus contredite par les mani-
festations bruyantes de quelques personna-
lités sans mandat. (Mouvements divers.)
« Pour réaliser cette union du parti ré-
publicain, le Gouvernement n'a pas beaoin
de s'abaisser à un sectarisme grossier, ni
de s'immiscer dans les explications entre
mandataires et mandants, qui doivent se
poursuivre en pleine liberté.
« Qu'il montre seulement la résolution
énergique de faire respecter partout la Ré-
publique, qu'il assure une protection effica-
ce de l'école laïque par le vote rapide dc-s
projets de loi qui nous sont soumis. (Ap-
plaudissements à gauche.) 0
« Nous avons confiance, à gauche, que
vous pouvez, être, monsieur le président du
Conseil, l'homme de la politique que nous
vous demandons de pratiquer. Votre ma-
jorité est prête à vous faire crédit, elle est
en veine de hardiesse puisqu'elle vient de
rompre avec son récent passé. Dans le
parti républicain, les vieilles affinités mal
éteintes sous la cendre de l'apaisement se
sont réveillées. Du coup, certains malen.
tendus ont été dissipés et des rapproche-
ments heureux se sont réalisés. (Applau-
dissements à gauche.)
« Le parti républicain, sortant de sa lon-
gue torpeur, est prêt aux enthousiasmes gé-
néreux, comme au temps des ministères de
Waldeck-Rousseau et de son successeur I bk
A ce moment, se produit un incident. M.
Aristide Briand, de qui M. Viollette venait
de prononcer le nom ; en parlant de la po-
litique républicaine de M. Combes, se lève,
et de sa place! prononce un véritable dis-
cours qui est à la fois un programme et
une justification.
LA POLITIQUE DE M. BRIAND
— Puisque, dit-il, vous faites allusion
La politique qui a été la mienne, puisque
vous rappelez un passé récent, puisque
vous parlez de la longue torpeur du parti
républicain, permettez-moi de vous dire que
moi, que vous considéras comme responsa-
ble de la politique d'apaisement que vous
méprisez et sur laquelle cependant il fau-
dra bien .qu'on s'explique un jour, je les ,
ai. défendus, ces ministères auxquels vous
faites allusion, et je Les ai défendus contra
qui ? Contre ceux qui font obstacle à ce
que vous appelez l'apaisement.
« Cette loi de laïcité, qui est la séparation
des églises et de l'Etat, je me rappelle con-
tre qui j'ai fait effort pour en obtenir le
vote ; et ces lois de défense laïque que vous
réclamez comme nécessaires, c'est moi qui
les ai déposées, avec M. Doumergue, alors
ministre de l'Instruction publique de mon
cabinet.
« Je suis allé à la commission de l'ensei-
gnement, supplier de les faire aboutir ;
mais, comme on voulait déjà me représen-
ter comme un adversaire de l'école laïque,
grâce à cette bonne politique de clarté dont
vous voulèz vous inspirer, afin de m'affai-
blir; on m'a opposé toutes les entraves.
« Vous faites appel à l'union des républi-
cains, je suis avec vous ; à toutes les heu-
res de ma politique, j'ai été escorté par le
parti républicain, même'le jour où j'ai quit-
té le pouvoir, persistant dans cette politi-
que, que je considère comme la seule digne
de la République et de ses principes.
« Mais n'essayez pas d'égarer l'opinion
sur la portée de votre unification. Unifica"
tion, soit ! pour arriver à un programme
net et à une direction précise ! Il y a des
partis, comme l'extrême gauche, qui se sont
unifiés pour une action décisive et pour des
idées claires
« Le parti socialiste a eu deux idées clai-
res dans cette législature : d'abord pour
la réforme électorale, ensuite contre la loi
militaire.
« Mais un autre parti, suivant cet exem-
ple, va à l'unification, et, à Pau, à quoi
abofitit-il ? Contre les trois ans, retour à la
loi de deux ans. Voilà les faits ! (Vifs ap-
plaudissements au centre et sur divers
bancs à gauche.)
« Eh bien, ce Gouvernement d'union ré-
publicaine, prenant souci de ses responsa-
bilités, envisageant les exigences de la dé-
fense nationale dans son cabinet et non plus
dans des réunions publiques où on se laisse
entraîner par l'enthousiasme des foules ir-
responsables, que vous dit-il ?
« L'homme qui rédige la déclaration du
cabinet — j'en ai rédigé plusieurs — quand
il arrive à ces passages troublants qui en-
gagent non seulement la direction de notre
politique extérieure, mais même les desti-
nées de la France, alors il a devant les
yeux, d'une part le programme du parti uni-
fié, et de l'autre les responsabilités d'une
charge dont il a la conscience de vouloir
être digne. Qu'écrit-il alors ? Il écrit autre
chose que ce qu'on a dicté à Pau.
« Il vous apporte ensuite sa pensée ;
pourquoi essayez-vous de l'affaiblir ?
« li n'y a que deux partis à prendre qui
soient dignes. Si vous considérez que la loi
de -trois ans n'était pas indispensable, qu'el-
le était inutile, vous êtes coupables et pres-
que criminels de l'appliquer.
« Mais ce qui serait pire encore, ce serait
de dire que vous allez l'appliquer, cette loi,
parce qu'elle est votée et que vous ne pou-
vez pas faire autrement, mai:; en nourris-
sant l'espoir de faire contre elle, par en des-
sous, ce que vous pourrez pour qu'elle ne
donne pas tout le rendement que le législa-
teur en a attendu.
« Si vous avez cette arrière-pensée, il
faut le dire. Mes amis et moi, nous avons
le grand désir d'une réconciliation républi-
caine, et c'est pourquoi nous avons toujours
préconisé une politique aérée, non rébarba-
tive, qui ne s'abaisserait pas à de miséra-
bles petites actions locales, à cette miséra-
ble action administrative.
(( A la droite, j'ai toujours dit : Les répu-
blicains vous doivent la courtoisie, la jus-
tice. Ils vous doivent de ne rien négliger de
ce que peut vous permettre la solidarité na-
tionale, et quand j'ai vu que les républi-
cains. égarée par la caricature qu'on leur
faisait de ma politique, se détournaient de
moi. j'ai laissé à d'autres le soin et le mé-
rite de poursuivre l'œuvre que nous vou.
rions accomplir.
« Je serai heureux de voir ce Gouverne-
ment la réaliser, mais il faut qu'il s'y effor-
ce sans arrière-pensée *, il ne faut pas que*
dès le début, des républicains cherchent à
étrangler leurs frères et apportent ici des
paroles de provocation, de haine.
M. Colly. - C'est vous qui apportez 19
provocation ! (Applaudissements à l'extra
me gauche.)
M. Aristide Briand. « Je ne voulais pàs
participer a ce débat ; j'espérais que votre,
interpellation, si j'ose m'exprimer - ainsi
(Sourires.), ne se terminerait pag sur des
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