Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-08-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 août 1913 13 août 1913
Description : 1913/08/13 (N15887). 1913/08/13 (N15887).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
N° 15,887. — 22 THÉRMIDOR, AN 12t,
- CINQ - CENTIMES LE NUMERO
I
MERCREDI 13 AOUT 1913. — N° 15.887.
1 1 Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE ,.i,'.:. -
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Après le Scrutin
,
La consultation électorale
qui vient d'avoir lieu ne doit
pas être négligée en raison
de son caractère plutôt local:
que politique. Les Conseils
généraux ont pris, au Doint
de vue général, une importance dont il
convient de tenir compte ; on a pris
l'habitude de les mêler à des discussions
auxquelles ne les destinait pas leur rô-
le d'assemblées départementales,, en sor-
te que l'élection cantonale tend de plus
en plus à devenir une élection politi-
que.
Cette tendance s'accroît encore du fait
qu'un nombre toujours plus grand de
parlementaires sollicitent et obtiennent
le mandat de conseiller général. L'hom-
me politique, dans l'admirable système
de l'arrondissement qu'on prétend con-
server à la République, trouve dans la
participation aux affaires départemen-
tales un excellent moyen de fortifier sa
position. La personnalité au candidat
ne se dédouble pas facilement, et l'élec-
teur du canton vote avant tout pour son
représentant au Parlement, sachant
bien que ses intérêts particuliers, ceux
de son clocher, ceux de sa commune,
triompheront ainsi plus aisément des ré-
sistances qui lui seront opposées au nom
de l'intérêt général.
Il y a là un asservissement certain et
une confusion de mandats qui ne profite
certes pas à la bonne administration des
affaires publiques. Sans doute, peu de
candidats s'avisent de poser devant l'é-
lecteur cantonal des problèmes géné-
raux précis, sur lesquels délibère le Par-
lement, nous n'en sommes pas arrivés
encore à cet empiètement néfaste que
d'aucuns encouragent à tort, il est indé-
niable cependant que les idées de prin-
cipe déterminent les votes et qu'il peut
se dégager des résultats quelques indica-
tions utiles pour les partis politiques.
L'examen attentif de la statistique
électorale n'accuse pas de pertes pour
le Parti radical. Bien au contraire, les
gains sont sensibles, et le recul du par-
ti conservateur, qui détient un grand
nombre de sièges dans les Conseils gé-
néraux, est dû, en grande partie, à F-ac-
tion très nette et très perspicace de nos
amis. Il convient de se féliciter des pro-
grès de l'idée républicaine et de l'estime
très marquée dans laquelle la grande
majorité du corps électoral tient le pro-
gramme radical et radical socialiste.
Cette constatation faite, nous esti-
mons que les élections dernières ont mis
en évidence une manœuvre depuis long-
temps dessinée du reste, et qui est de
nature à inquiéter tous ceux qui, sans
parti pris et sans arrière-pensée, cher-
chent à créer un parti autonome capable
de gouverner grâce à une majorité bien
limitée et suffisamment unie.
Certes, nous n'avons jamais dissimulé
les faiblesses certaines de notre Parti.
Nous avons signalé sans trêve les fau-
tes de tactique auxquelles nous ont con-
duit des questions de personnes, une
trop grande confiance et le manque de
cette prévoyance nécessaire à tout or-
gane dirigeant. Le contre-coup de ces
hésitations se fait sentir aujourd'hui :
on gouverne ostensiblement contre le
Parti radical, on s'organise contre lui.
Appelé par le suffrage universel à di-
riger la politique du Pays, il en est ré-
duit à se mettre à la remorque d'un mi-
nistre qui trouve son point d'appui par-
mi ses adversaires. Son aile droite, jadis
le ferme soutien du bloc républicain, de-
vient le refuge des progressistes usés par
une opposition de quinze années et qu'u-
ne alliance non encore désavouée avec
les partis de droite avait jetés en dehors
DU Parti républicain. Pour la première
fois depuis 1900, nous est révélée l'exis-
tence officielle de ces « progressistes de
gauche », dont le programme est enco-
re à déterminer, mais qui semblent les
recrues de prédilection du groupe de
l'Alliance démocratique.
Il fut une époque où le candidat ré-
publicain devait avoir fait ses preuves
et avoir accepté dans son intégralité le
programme anticlérical, fiscal et social,
llaboré par les ministères Waldeck-
Rousseau et Combes. Aujourd'hui, et
plus particulièrement dans les élections
dernières, nos amis ont pu voir les réac
tionnaires les plus avérés, leurs enne-
mis de toujours, investis de la confian-
ce de l'honorable M. Carnot. Il a été
donné, par exemple, à mes amis répu-
blicains de Seine-et-Marne de voir les,
deux candidats les plus sûrs, les plus
dévoués à l'évêché, patronnés par l'Al-
liance républicaine démocratique.
Il est vrai que l'honorable M. Thier-
ry, aujourd'hui ministre du cabinet
Barthou, a voté successivement avec une
ardeur qui ne s'est jamais démentie
contre les cabinets Waldeck-Rousseau et
Combes, contre la loi des congrégations
contre la-loi de séparation, contre l'im-
pôt sur le revenu. Il n'est pas étonnant
que les partis cléricaux reprennent cou-
rage à* la faveur de cette équivoque et ne
cherchent à se glisser dans le parti de
gouvernement qu'ils ont toujours com-
battu.
La tactique est habile, nous devons la
dénoncer. Nos amis qui, par leurs vo-
tes récents, ont soutenu cette politique,
éomprendront peut-être à quelle manœu-
vre ils prêtent la main. La confusion
créée par la loi militaire doit se dissi-
per, les républicains doivent se retrou-
ver unis en un bloc compact. Notre par-
ti ne pourra faire œuvre utile qu'autant
qu'il saura gouverner par lui-même. Il
est grand temps de laisser les progressis-
tes — fussent-ils de gauche — à leurs
alliés naturels de droite. Il est aussi né-
cessaire que les réformes promises par
le Parti radical soient réalisées par un
gouvernement radical..
R. PERRISSOUD,
Député de Seine-et-Marne,
LA POLITIQUE
-
A PROPOS DE ROCHEFORT -
m
J'aime mieux vous le dire
tout net : je ne crois pas à
l'efficacité de l'Entente cor-
diale.
Du moins, en ce qui concer-
ne. l'avantage français. Nous
pouvons compter sur l'appui anglais —
vous ne me l'ôterez pas de l'idée —
dans la mesure où le Raton de la fable
pouvait escompter l'aide de Bertrand.
Les diplomates subtils, qui passent
leur vie à prédire le passé, les grands
politiques dont le génie d'imprévoyance
illumine le monde, sourient de pitié dé-
daigneuse.
Je le sais ; mais je les connais.
Ils souriaient de ce même air de con-
fiance béate et niaient la possibilité
d'une guerre russo-japonaise, le matin
même de la surprise de Port-Arthur.
« Soyez donc tranquilles, disaient-ils,
sut un petit ton protecteur, soyez tout il
fait tranquilles 1. » En effet.
Les Anglais nous aiment pour eux-
mêmes ; pour tout ce que nous leur
donnons, sans compter ce que nous leur
laissons prendre.
L'entenle est cordiale tant qu'ils sont
d'accord avec. leur intérêt.
L'Angleterre est un grand peuple réa-
liste el réfléchi, qui exploite à merveille
notre idéalisme primesautier.
La France, qui a été le soldat du
Christ, le soldat du Droit, peut bien, ,
n'est-ce pas, devenir le soldat de l'An-
gleterre ?
La fille aînée de l'Eglise, fille cadette
d'Albion : tableau de famille.
Au cours d'un conflit, l'Angleterre —
fe le crois fermement — nous assisterait
de toute sa. sympathie. Elle regarderait.
nos frontières de l'Est du haut de ses
falaises de Douvres et elle ne nous aban-
donnerait jamais, que si nous étions
vaincus.
Elle sait l'inconvénient ae mettre le
doigt entre l'arbre et l'écorce. « Dieu et
mon doigt 1 ».
Elle se réserve l'écorce et l'arbre.
Après tout, elle joue admirablement
sa partie ; à nous de jouer la nôtre.
Aujourd'hui, nous jouons jeu de 'du-
pes.
Nous protégeons efficacement ses 'in-
térêts en Méditerranée ; elle essaiera de
protéger les siens et les nôtres, de gar-
der la mer et l'océan,, nos côtes et les
siennes. C'est beaucoup.
Cependant, nous avons désarmé, 'du
jour au lendemain, sur une toquade de
chefs de bureau, Rochefort,, la citadelle
vaillante qui défendait nos côtes de
Guyenne, laissant ouverte, de la Bidas-
soa à Lorient, toute notre frontière ma-
ritime ou s'incrustent les Allemands
« d'avant-guerre Jîc
Je n'envisage que l'hypothèse de l'An-
gleterre défaillante ou défaite.- Mais si
elle se retournait un jour contre nous ?
Si Us complications imprévues d'une
diplomatie imbécile (Maroc, Espagne,
Turquie d'Asie, sait-on ?) venaient à
dénouer l'Entente cordiale ? „
Ministres éphémères et insouciants,
ballottés au gré de flots changeants,
quels destins préparez-vous à la Pa-
trie ?
-4" ! EDMOND DU MESNIE.
LE FAIT DU JOUR
LA GRÈVE DE MILAN
Les chefs du mouvement gréviste quittent la Bour,se du Travail
Les - On=Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mardi :
Lever du soleil, 4 h. 40 du matin., *
Coucher du soleil, 7 h. 11 du soir,
Lever de la lune, 5 h. 18 du soir.
"Courses à Deauville..
AUTREFOIS
Le Rappel du 13 août 1877
Un télégramme officiel annonce que jeudi
les Monténégrins ont attaqué de nouveau
Kolachme et qu'ils ont été repoussés après
une résistance acharnée.
— On assure que le gouvernement russe
a donné l'assurance que les années ne tra-
verseront pas le territoire serbe.
— La grève s'étend aux lignes de chemins
de fer de Pensylvanie, de New-York et de
l'Ouest.
Une bonne réponse
M. de Guise, petit-fils au Balafré, se mit
à courir après les religieuses et en tata
Une qui était une belle fille.
— Mon frère, criait Mme de Saint-Pierre,
vous moquez-vous ? aux épouses de JISUS-
Christ !
— Ah ! ma sœur, dit-il, Dieu est trop hon-
nête homme pour craindre d'être trompé.
AUJOURD'HUI
La cloche voyageuse
C'est le jeudi saint, d'ordinaire, que les
cloches de nos cathédrales « partent pour
Rome j), Elles en reviennent, parait-il, le
dimanche de Pâques. Comme jamais per-
sonne n'a assisté aux préparatifs de ce
voyag'e, non plus qu'au « ré accrochage »
du retour, nombre de gens demeurèrent
sceptiques quand on leur annonça que la
cloche Sébastopol, de Notre-Dame de Paris,
allait partir pour la Russie, son pays d ori-
gine.
Cette fois, pourtant, ce n était pas une
bourde. La cloche est partie hier, à quatre
heures moins le quart, au milieu d'une
grande affluence de curés et de curieux.
Cette cloche pèse 3.000 kilos, mesure
1 m. 57 de hauteur et 1 m. 75 de largeur.
-
Elle ifut prise par les troupes françaises
pendant la guerre .de Crimée et ramenée
par Napoléon III comme trophée de guerre.
-C'est à la demande du gouvernement
russe que le sous-secrétariat des t eaux-arts
décida de la rendre à la Russie.
Placée sur un camion, elle a été trans-
portée à la gare de La Chapelle, gare toute
désignée, par son nom même pour l'expé-
dition des objets du culte.
Pèlerinage macabre
Parmi les distractions offertes par leurs
collègues anglais aux médecins français
participant au Congrès œ médecine de
Londres, il en est une qui est au moins
singulière. C'est la visite, sous la conduite
du profes'seur Bashford, à la maison de
.campagne que possédait dans la banlieue
londonienne le fameux chirurgien Artley-
Cooper.
Cette visite est comme une commémora-
tion de celle qu'y rendit jadis Dup,T,ly.tren,
comme le chirurgien français faisait com-
pliment à son propriétaire sur cette mai-
son princière et admirait surtout la beauté
des arbres gigantesques qui font l'ornement
du parc :
— Oui" dit Artley-Cooper, ils sont fort
beaux. Totys les matins, je lee - examine
pour voir celui où je me pendrai. A Lon-
dres, je serais mort de fatigue, ici, je mour-
rai d'ennui
Cet incident impressionna beaucoup Du-
puytren, qui ie racontait en ajoutant :
-oi,- j'exercerai ma profession jusqu'à
la fin. Quand «je ne pourrai plus aller visi-
ter mes malades, je m'y feirai porter.
*
Des sanctions, des réparations
"♦ # a <
Le scandmle qui vient d'éclater parmi
quelques agents ,t ve arrondissement, et
s relaté hier, ne saurait por-
iê"r attente à la reconnaissante estime que
Paris a pour sa police.
'Dans tous Les corps d'élite peuvent se
glisser quelques brebis galeuses. L'hon-
neur de ces corps, c'est non de cherçher
à les excuser, mais de les rejeter impi-
toyablement.
Tel est bien le sentiment des agents pro-
ibes et dévoués du ve arrondissement qui,
spontanément, avant même qu'aucune en-
quête fut ordonnée, mirent en quarantaine
les coupables.
Aujourd'hui, ceux-ci sont pour la plupart
démasqués. Au nombre de sept, dit-on, ils
avaient mis deux quartiers en coupe ré-
glée, ne reculant ni devant le chantage, ni
devant les dénonciations calomnieuses, ni
devant les faux témoignages.
Des innocents, à la suite de leurs ma-
chinations, auraient été condamnés à des
'peines correctionnelles pour vol ou vaga-
bondage spécial.
On comprendra que, dans de telles cir-
constances, l'opinion soit unanime à exi-
ger non seulement des sanctions, mais des
réparations.
Il faut que tous les criminels, -révoqués
par l'administration, soient de plus tra-
duits devant la justice.
Il faut que toutes les victimes, réhabili-
tées d'abord, obtiennent ensuite des indem-
nités auxquelles elles ont droit.
Une partie au moins de la tâche qui s'im-
pose incombe à M. Hennion, qui s'est déjà
acquis "tant de titres à la reconnaissance
des Parisiens en réprimant les abomina-
bles abus du Lépinat.
C'est dire que toutes les mesures néces-
saires seront prises et vite prises.
!»
UNE ENQUETE
- - .-+:- ; ';
Il nous revient que, pour des motifs in-
connus à ce jour, M. Castellon, attaché à
la perception de Marseille, aurait brutale-
ment été révoqué.
Si nous sommes bien informés, ni la con-
duite, ni les services de M. Gastellon n'au-
raient jamais donné lieu, jusqu'ici, à une
remarque défavorable et le seul tort de cet
excellent agent serait d'être délégué régio-
nal du Syndicat national des employés de
perception.
Une enquête s'impose et nous ne sau-
rions trop vivement insister auprès du mi-
nistre des Finances pour qu'il y soit pro-
cédé d'urgence. -
Le personnel des Perceptions a assez
donné de preuves de son attachement à
ses devoirs professionnels, pour que le
Syndicat national soit traité comme une
association subversive par un sous-ordre
enclin à trop de zèle.
M. Charles Dumont se fera un devoir. —
nous n'en doutons pas — de rappeler M
le percepteur de Marseille à plus de modé-
ration et à -plus de jiîstice*
»
Drames passionnels
*——
En voilà encore deux dans la même
journée. *
Rue Edouard-Pailleron, un mari voit sa
femme, qui est ouvrière, boire une tasse de
café dans un bar à côté d'un camarade
d'atelier : il la larde de six coups de poin-
çon.
Rue Croix-des-Petits-Champs, un amant
s "endort, après de tendres épanchements,
auprès de sa maîtresse : celles* se lève
sans bruit, va à la cuisine, en revient avec
un bol de vitriol qu'elle répand sur le vi-
sage aimé.
Dans les deux cas, l'excuse invoquée est
la même : la jalousie, et, selon toute vrai-
semblance, les deux abominables brutes,
mâle et femelle, seront acquittées par les
tribunaux, les jaloux ayaalt, comme les
Ivrognes, le droit de tout faire impuné-
ment.
Eh bien ! en voilà assez. - ~w ,'
Puisque le Pays est en train de perdre
la notion de la valeur de la personne
humaine, il faut la lui rapprendre et tous
les moyens pour y parvenir seront bone.
Il n'appartient pas au 'Gouvernement de
peser sur la conscience des jugies, mais il
appartient au Garde des Sceaux de donner
des instructions aux Parquets pour que
ceux-ci poursuivent avec une impitoyable
rigueur la répression des -crimes passion-
ne.
Puis, s'il faut modifier le Code, qu'on le
modifié ; mais il est inadmissible que tes
crimes les plus odieug et les -plus lâches
aillent sans cesse &e multipliant,
Que les jaloux qui jouent du poinçon, du
revolver ou du vitriol aient quelque râison
de redouter la guillotine ..;. puisqu'elle exis-
te — ou les travaux forcés, et, sans doute,
la jalousie fera~t~e s~os de victimes.
7- - "-.. "--"-W'-4.,.ij'--
L'ACTUALITÉ ,',
Sur les Côtes de l'Atlantique
Une romenade que nos amirauz devraient faire
Nous avons des batteries, mais elles sont abandonnées
Un fort pour 50 francs
(De notre envoyé spécial)
Rochefort, 11 août.
- Al Lez donc visiter un peu nos côtes,
m'avaient dit les bone amis de Rochefort,
qui continuent courageusement à jetef le
cri d'alarme. Vous verrez jusqu'à quel
point les administrations -de la marina et
de la guerre ont poussé la négligence et
l'incurie qui leur sont un peu trop familiè-
res.
— Allez voir nos côtes, m'avait télégra-
phié le Rappel ; rien de ce qui touche à la
défense nationale ne doit être étranger à
ses lecteurs.
Et c'est ce double mandement impératif
qui me valait de me retrouver, il y a quel-
ques heures, sur la coquette plage de Fou-
ras.
Le temps était spJendide. L'océan venait
tout doucement apaiser à nos, pieds le tu-
multe de ses vagues. En face la ligne som-
bre des nes se découpait nettement sur le
ciel. A droite, on distinguait les vieux ca-
nons de l'ne d'Aix. Puis le fort Boyard —
un géant d'autrefois dont les David d'au-
jourd'hui ne feraient qu'une bouchée —
dressait sa masse de pierre. C'est là que
fut longtemps détenu Henri Rochefort —
singulier rapprochement de noms.
Tout au fond du décor, l'île d'Oléron
bouchait l'horizon, barrant la route, tan-
dis qu'à gauche, ramassée sur elle-même,
l'île Madame surveillait l'intérieur de l'im-
mense rade. ,.
Mais une voiture' était là, et les Rochefor-
tais, qui devaient diriger mes pas, me rap-
pelèrent que nous n'étions pas venus pour
.rêver.
UNE TOURNEE D1NSPECTION
— Puisque nos amiraux du grand état-
major dédaignent de venir jeter un coup
d'œil sur Les positions dont ils ont mission
d'assurer la défense, nous allons tout sim-
plement remplir leur devoir, me dit l'ai-
mable M. Cristin. En attendant les com-
missaires aux armées, on embauche ras
volontaires.
— D'ailleurs, reprit-il, les commissaires
aux armées n'auraient pas grand'dhose à
faire ici ; vous voyez les forts : le fort la
Pointe, le fort de Fouras, le fort de PAi-
guille, le fort Enet. Eh ! -bien,, en tout, bLs
ne contiennent pas dix soldats. Nous les
verrons tout à l'heure en détail. Pour l'ins-
tant, voyez la rade.
-. Un,technicien, dont je dois taire le nom,
m'explique alors ce que l'on doit attendre
de l'embouchure de la Charente. Pendant
qu'il païle, je vérifie sur une carte. Ouvrez
votae atlas, et comme moi vous serez con-
vaincus.
- Les îles, dont je parlais tout à l'heure,
forment une Ligne continue qui s'arrête au
Pertuis d'Antioohe. C'est le seul passage
qui est permis aux gros navires. Entre la
pointe nord de l'île d'Olèron et la pointe de
a Pallice, l'île de Ré vient fort à propos
commander ce passage.
Armez toutes ces îles avec de bonnes
pièces., établissez des forts solides .sur les
côtes, et vous pouvez être assurés que
seuls les navires amis pourront passer, et
qu'une fois arrivés ils seront en sûreté. La
rade de l'île c'Aix et la rade des Trousses,
toutes deux très proches de la côte, peu-
vent recevoir nos plus gros cuirassés.
UN REFUGE
Car l'embouchure de la Charente est
d'abord cela : un refuge d'une sécurité ab-
solue. Il -n'y .en a pas d'autre le long
de l'Atlantique. Brest peut être bloqué ;
Lorient ne compte guère.
Ici, on peut entrer, et ce qui est impor-
tant, c'est qu'on peut aussi sortir. Prenons
une escadre — voire même une escadrille
- ayant des avaries. Elle vient mouiller
soit aux Trousses, soit à l'île d'Aix. T.es
canons des batteries arrêtent au - passage'
les poursuivants. Elle trouve des vivres,
des munitions, et grâce à la proximité de
Rochefort, tout ce qu'il faut pour réparer
ses avaries. Pour permettre d'aller plus
vite, la municipalité de Rochefort avait
même demandé qu'on prolongeât la ligne
de chemin de fer qui va de Rochefort à la
Fumée jusqu'au fort En.et (oe net sont que
quelques centaines' de mètresi de rails à
ajouter). Le projet avait pris corps. Les
rails étaient achetés * il y en avait pour
15.000 francs. On vient de les revendre à la
ferraille.
Les Rochefortais avaient également de-
mandé qu'on construisît, au fort Enet, des
appontements qui' permettraient de mettre
des approvisionnements, à qa portée des
gros navires mouillés en rade. D'abord, le
projet fut pris en considération. Mais on
fit l'entente cordiale, et le dossier retourna
dormir dans un coin. Les Anglais sont là,
n'est-ce pas ? « Ils sont même un peu trop
là !.». me souffle un nrofessenr rl'histnir»
, Si bien que d'abandon en abandon, on a
presque totalement abandonné la défense
de notre frontière maritime de l'Ouest.
p'}'- gc" ,.;..! LE DANGER f
L'impression qui domine, chez tous les
braves pécheurs des côtes, c'ést bien celle-
là : ', :.
— Noua sommes abandonnés à la merci
d'une tentative hardie de l'ennemi.
«« C'est qu'ils se souviennent !. J'ai enten-
du des vieux à cheveux blancs me rappeler
qu'en 1870 une frégate allemande vmt jus-
qi^à l'embouchure de la Charente, où elle
coula un bateau de commerce. Pendant ce
temps, un croiseur remontait la Gironde et
bombardait Bordeaux, siège du gouverne-
ment provisoire. Ils ont vu cela, les vieux,
de leurs yeux, et quand ils parlent die nos
amiraux, ils sont-terriblement sévères. Qui
ne les comprendrait ? ,
Les ttes i £ 41 défc&due?, les rades Ouver-
tes, c'est non seulement les navires amis
réduits à errer dans l'océan plein d'embû-
ches, mais c'est encore permettre tout, lais-
ser ouvertes devant l'agresseur les portes
de la frontière de l'Ouest.
UN FORT POUR CINQUANTE FRANCS
Mais il y a les forts ! La défense fixe, la
d-éfense mobile supprimées, il reste les bat-
teries. Hélas ! Presque partout, il n'y a que
des .vieux canons. A Enet, à Fouras, à la
Pointe, il y a tout juste un artilleur par
fort et un gardien de batterie. Parfois aussi
un télégraphiste.
Mieux. Je suis aillé au fort l'Aiguille. Il
est abandonné totalement depuis quelques
mois, et on le loue pour 50 francs par an.
à un brave homme de la région, qui y re-
mise son automobile.
Quant aux batteries qui sont encore à
l'île d'Aix et à l'île de Ré, le gouvernement
vient de décider qu'eliles seront envoyées
dans l'Est.
Alors, contre l'ennemi flottant, que reste-
t-il ?
- Rien
Et si la politique changeait ; si les grou-
pements de puissances se modifiaient; s'iL
fallait en hâte rappeler des forces de la
Méditerranée pour éviter une surprise, se-
rait-il possible d'être prêt quand même ?
HéLas ! Il faut le dire. L'abandon de Ro-
chefort et .des rades de l'embouchure de la
Charente équivaut à l'abandon de l'Atlan-
tique.
Au moment de Faclioda, on a tenté, ain-
si, de préparer rapidement la défense des,
côtes. On a dépensé des millions (deux'
millions rien que pour l'île d'Aix qu'on veut
désarmer aujourd'hui). Mais le résultat fut
bon surtout pour les fournisseurs. Pour
organiser la défense navale, il faut des ba-
ses sérieuses, des approvisionnements, des
hommes et de l'outillage. Tout cela ne s'im-
provise pas.
Et — faut-il le dire ? — le génie de oos
grands marins ne semble pas une garan-
tie suffisante apx hrus républicains, aux
patriotes fervents de la Charente.
« CEUX DE PARIS MARCHENT ! »
— Mais pourquoi ? Pourquoi ne veut-on
pas nous entendre ? Pourquoi ne fait-on
pen pour nous aider ? me demandait-on
pour la centième fois, alors que j.e descen-
dais 'du train à Rochefort.
- Comme je protestais — nous sortions de-
la gare — un groupe de camelots vint a
nous :
— Le Rappel. édition spéciale. La dé-
fense de nos xbôèes, -
— Alors quoi, vous marchez '! me disent
mes compagnons, soudain joyeux.
- Mais oui, le. Rappel « marche », vous
voyez. Il ne sera pas dit qu'il n'y aura pas
eu un Journal républicain pour défendra
une causée essentiellement républicaine.
C'est le rôle de notre brave tapin de battre
la générale.
— Enfin, il y a quelqu'un pour nous dé-
fendre, dit-on autour de moi.
Et, ma foi, dans la joie de tous, ces bra-
ves genis, heureux d'avoir trouve un écho
à leurs alarmes, je trouve que le métier de
journaliste a tout de même du bon et je
me console de n'avoir pas eu le temps de
dîner.
Jacques GUERRIER.
<*> ,
Une bombe à Madrid
Est-ce un attentat des cléricaux ?
Madrid, 11 août. — Un engin chargé do
poudre et de mitraille a fait explosion à la
porte d'entrée d'une imprimerie particuliè-
re, où le pubiiciste. radical connu, Joso
Nackens, édite ses œuvres de propagande
républicaine et anticléricale.
Le bruit de l'explosion a été formidable ;
les dégâts, néanmoins, sont peu importants.
n n'y. a en aucun accident de personne.
Incendie de l'ambassade de France
à Çonstantinople
l'
1 ;.- "'--'
Constantinople, 11 août. - La résidence-
d'été de l'ambassade de France à Thérapia
a été la proie des flammes.. La destruction
de l'édifice est complète ; i-1 était considéré
comme une antiquité. Le sultan Abdul Azjz.
en avait fait don à la France.
C'est à neuf heures et demie du soir,
après un dlnér offert au personnel de l'am-
bassade et aux officiers de la Jeanne-Blan-
che, que les domestiques prévinrent l'am-
bassadeur qu'une fumée intense sortait du.
toit du bâtiment. Le feu éclata aussitôt et
se propagea vivement dans les matériaux
de bois.
Grâce au dévouement des officiers et de»,
marins de tous les stationnaires, les urchi-
ves, les papiers et la plupart des tapis et.
des objets précieux, ont pu être sauvés.
Le deuxième oorps de bâtiment, servant
de logement au conseiller d'ambassade et.
au drogman, a pu être protégé contre le
feu. Aussitôt que l'incéndie lui fut signalé,,
le grand-vizir envoya sur les lieux .ion offi-
cier a ordonnance. LeS ministres de l'inté-
rieur^ de la justice, le préfet de police et-
plusieurs membres du Comité central Union
et Progrès se rendirent également sur les-
lieux du sinistFe et exprimèrent leur sym-
pathie à l'ambassadeur. --
Le sultan s lait exprimer ses regrets à.
M. Bompart.
Suivant la direction de la police, les cau-
ses de l'incendie sont purement accidentel-
les. - .- .-. — -- - -.- <
- CINQ - CENTIMES LE NUMERO
I
MERCREDI 13 AOUT 1913. — N° 15.887.
1 1 Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE
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El AUX BUREAUX DU JOURNAL
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ADMINISTRATION & RÉDACTION :
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De 9 heures du soir à 3 heures du matin, 123, rue Montmartre..
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Rédaction et Administration :. 424-90 — Direction : 424-91
De 9 heures du soir à 3 heures du matin : 143-93
TRIBUNE LIBRE ,.i,'.:. -
-, ,. - « !—' ",' ¡f.;':.'; :: :
Après le Scrutin
,
La consultation électorale
qui vient d'avoir lieu ne doit
pas être négligée en raison
de son caractère plutôt local:
que politique. Les Conseils
généraux ont pris, au Doint
de vue général, une importance dont il
convient de tenir compte ; on a pris
l'habitude de les mêler à des discussions
auxquelles ne les destinait pas leur rô-
le d'assemblées départementales,, en sor-
te que l'élection cantonale tend de plus
en plus à devenir une élection politi-
que.
Cette tendance s'accroît encore du fait
qu'un nombre toujours plus grand de
parlementaires sollicitent et obtiennent
le mandat de conseiller général. L'hom-
me politique, dans l'admirable système
de l'arrondissement qu'on prétend con-
server à la République, trouve dans la
participation aux affaires départemen-
tales un excellent moyen de fortifier sa
position. La personnalité au candidat
ne se dédouble pas facilement, et l'élec-
teur du canton vote avant tout pour son
représentant au Parlement, sachant
bien que ses intérêts particuliers, ceux
de son clocher, ceux de sa commune,
triompheront ainsi plus aisément des ré-
sistances qui lui seront opposées au nom
de l'intérêt général.
Il y a là un asservissement certain et
une confusion de mandats qui ne profite
certes pas à la bonne administration des
affaires publiques. Sans doute, peu de
candidats s'avisent de poser devant l'é-
lecteur cantonal des problèmes géné-
raux précis, sur lesquels délibère le Par-
lement, nous n'en sommes pas arrivés
encore à cet empiètement néfaste que
d'aucuns encouragent à tort, il est indé-
niable cependant que les idées de prin-
cipe déterminent les votes et qu'il peut
se dégager des résultats quelques indica-
tions utiles pour les partis politiques.
L'examen attentif de la statistique
électorale n'accuse pas de pertes pour
le Parti radical. Bien au contraire, les
gains sont sensibles, et le recul du par-
ti conservateur, qui détient un grand
nombre de sièges dans les Conseils gé-
néraux, est dû, en grande partie, à F-ac-
tion très nette et très perspicace de nos
amis. Il convient de se féliciter des pro-
grès de l'idée républicaine et de l'estime
très marquée dans laquelle la grande
majorité du corps électoral tient le pro-
gramme radical et radical socialiste.
Cette constatation faite, nous esti-
mons que les élections dernières ont mis
en évidence une manœuvre depuis long-
temps dessinée du reste, et qui est de
nature à inquiéter tous ceux qui, sans
parti pris et sans arrière-pensée, cher-
chent à créer un parti autonome capable
de gouverner grâce à une majorité bien
limitée et suffisamment unie.
Certes, nous n'avons jamais dissimulé
les faiblesses certaines de notre Parti.
Nous avons signalé sans trêve les fau-
tes de tactique auxquelles nous ont con-
duit des questions de personnes, une
trop grande confiance et le manque de
cette prévoyance nécessaire à tout or-
gane dirigeant. Le contre-coup de ces
hésitations se fait sentir aujourd'hui :
on gouverne ostensiblement contre le
Parti radical, on s'organise contre lui.
Appelé par le suffrage universel à di-
riger la politique du Pays, il en est ré-
duit à se mettre à la remorque d'un mi-
nistre qui trouve son point d'appui par-
mi ses adversaires. Son aile droite, jadis
le ferme soutien du bloc républicain, de-
vient le refuge des progressistes usés par
une opposition de quinze années et qu'u-
ne alliance non encore désavouée avec
les partis de droite avait jetés en dehors
DU Parti républicain. Pour la première
fois depuis 1900, nous est révélée l'exis-
tence officielle de ces « progressistes de
gauche », dont le programme est enco-
re à déterminer, mais qui semblent les
recrues de prédilection du groupe de
l'Alliance démocratique.
Il fut une époque où le candidat ré-
publicain devait avoir fait ses preuves
et avoir accepté dans son intégralité le
programme anticlérical, fiscal et social,
llaboré par les ministères Waldeck-
Rousseau et Combes. Aujourd'hui, et
plus particulièrement dans les élections
dernières, nos amis ont pu voir les réac
tionnaires les plus avérés, leurs enne-
mis de toujours, investis de la confian-
ce de l'honorable M. Carnot. Il a été
donné, par exemple, à mes amis répu-
blicains de Seine-et-Marne de voir les,
deux candidats les plus sûrs, les plus
dévoués à l'évêché, patronnés par l'Al-
liance républicaine démocratique.
Il est vrai que l'honorable M. Thier-
ry, aujourd'hui ministre du cabinet
Barthou, a voté successivement avec une
ardeur qui ne s'est jamais démentie
contre les cabinets Waldeck-Rousseau et
Combes, contre la loi des congrégations
contre la-loi de séparation, contre l'im-
pôt sur le revenu. Il n'est pas étonnant
que les partis cléricaux reprennent cou-
rage à* la faveur de cette équivoque et ne
cherchent à se glisser dans le parti de
gouvernement qu'ils ont toujours com-
battu.
La tactique est habile, nous devons la
dénoncer. Nos amis qui, par leurs vo-
tes récents, ont soutenu cette politique,
éomprendront peut-être à quelle manœu-
vre ils prêtent la main. La confusion
créée par la loi militaire doit se dissi-
per, les républicains doivent se retrou-
ver unis en un bloc compact. Notre par-
ti ne pourra faire œuvre utile qu'autant
qu'il saura gouverner par lui-même. Il
est grand temps de laisser les progressis-
tes — fussent-ils de gauche — à leurs
alliés naturels de droite. Il est aussi né-
cessaire que les réformes promises par
le Parti radical soient réalisées par un
gouvernement radical..
R. PERRISSOUD,
Député de Seine-et-Marne,
LA POLITIQUE
-
A PROPOS DE ROCHEFORT -
m
J'aime mieux vous le dire
tout net : je ne crois pas à
l'efficacité de l'Entente cor-
diale.
Du moins, en ce qui concer-
ne. l'avantage français. Nous
pouvons compter sur l'appui anglais —
vous ne me l'ôterez pas de l'idée —
dans la mesure où le Raton de la fable
pouvait escompter l'aide de Bertrand.
Les diplomates subtils, qui passent
leur vie à prédire le passé, les grands
politiques dont le génie d'imprévoyance
illumine le monde, sourient de pitié dé-
daigneuse.
Je le sais ; mais je les connais.
Ils souriaient de ce même air de con-
fiance béate et niaient la possibilité
d'une guerre russo-japonaise, le matin
même de la surprise de Port-Arthur.
« Soyez donc tranquilles, disaient-ils,
sut un petit ton protecteur, soyez tout il
fait tranquilles 1. » En effet.
Les Anglais nous aiment pour eux-
mêmes ; pour tout ce que nous leur
donnons, sans compter ce que nous leur
laissons prendre.
L'entenle est cordiale tant qu'ils sont
d'accord avec. leur intérêt.
L'Angleterre est un grand peuple réa-
liste el réfléchi, qui exploite à merveille
notre idéalisme primesautier.
La France, qui a été le soldat du
Christ, le soldat du Droit, peut bien, ,
n'est-ce pas, devenir le soldat de l'An-
gleterre ?
La fille aînée de l'Eglise, fille cadette
d'Albion : tableau de famille.
Au cours d'un conflit, l'Angleterre —
fe le crois fermement — nous assisterait
de toute sa. sympathie. Elle regarderait.
nos frontières de l'Est du haut de ses
falaises de Douvres et elle ne nous aban-
donnerait jamais, que si nous étions
vaincus.
Elle sait l'inconvénient ae mettre le
doigt entre l'arbre et l'écorce. « Dieu et
mon doigt 1 ».
Elle se réserve l'écorce et l'arbre.
Après tout, elle joue admirablement
sa partie ; à nous de jouer la nôtre.
Aujourd'hui, nous jouons jeu de 'du-
pes.
Nous protégeons efficacement ses 'in-
térêts en Méditerranée ; elle essaiera de
protéger les siens et les nôtres, de gar-
der la mer et l'océan,, nos côtes et les
siennes. C'est beaucoup.
Cependant, nous avons désarmé, 'du
jour au lendemain, sur une toquade de
chefs de bureau, Rochefort,, la citadelle
vaillante qui défendait nos côtes de
Guyenne, laissant ouverte, de la Bidas-
soa à Lorient, toute notre frontière ma-
ritime ou s'incrustent les Allemands
« d'avant-guerre Jîc
Je n'envisage que l'hypothèse de l'An-
gleterre défaillante ou défaite.- Mais si
elle se retournait un jour contre nous ?
Si Us complications imprévues d'une
diplomatie imbécile (Maroc, Espagne,
Turquie d'Asie, sait-on ?) venaient à
dénouer l'Entente cordiale ? „
Ministres éphémères et insouciants,
ballottés au gré de flots changeants,
quels destins préparez-vous à la Pa-
trie ?
-4" ! EDMOND DU MESNIE.
LE FAIT DU JOUR
LA GRÈVE DE MILAN
Les chefs du mouvement gréviste quittent la Bour,se du Travail
Les - On=Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mardi :
Lever du soleil, 4 h. 40 du matin., *
Coucher du soleil, 7 h. 11 du soir,
Lever de la lune, 5 h. 18 du soir.
"Courses à Deauville..
AUTREFOIS
Le Rappel du 13 août 1877
Un télégramme officiel annonce que jeudi
les Monténégrins ont attaqué de nouveau
Kolachme et qu'ils ont été repoussés après
une résistance acharnée.
— On assure que le gouvernement russe
a donné l'assurance que les années ne tra-
verseront pas le territoire serbe.
— La grève s'étend aux lignes de chemins
de fer de Pensylvanie, de New-York et de
l'Ouest.
Une bonne réponse
M. de Guise, petit-fils au Balafré, se mit
à courir après les religieuses et en tata
Une qui était une belle fille.
— Mon frère, criait Mme de Saint-Pierre,
vous moquez-vous ? aux épouses de JISUS-
Christ !
— Ah ! ma sœur, dit-il, Dieu est trop hon-
nête homme pour craindre d'être trompé.
AUJOURD'HUI
La cloche voyageuse
C'est le jeudi saint, d'ordinaire, que les
cloches de nos cathédrales « partent pour
Rome j), Elles en reviennent, parait-il, le
dimanche de Pâques. Comme jamais per-
sonne n'a assisté aux préparatifs de ce
voyag'e, non plus qu'au « ré accrochage »
du retour, nombre de gens demeurèrent
sceptiques quand on leur annonça que la
cloche Sébastopol, de Notre-Dame de Paris,
allait partir pour la Russie, son pays d ori-
gine.
Cette fois, pourtant, ce n était pas une
bourde. La cloche est partie hier, à quatre
heures moins le quart, au milieu d'une
grande affluence de curés et de curieux.
Cette cloche pèse 3.000 kilos, mesure
1 m. 57 de hauteur et 1 m. 75 de largeur.
-
Elle ifut prise par les troupes françaises
pendant la guerre .de Crimée et ramenée
par Napoléon III comme trophée de guerre.
-C'est à la demande du gouvernement
russe que le sous-secrétariat des t eaux-arts
décida de la rendre à la Russie.
Placée sur un camion, elle a été trans-
portée à la gare de La Chapelle, gare toute
désignée, par son nom même pour l'expé-
dition des objets du culte.
Pèlerinage macabre
Parmi les distractions offertes par leurs
collègues anglais aux médecins français
participant au Congrès œ médecine de
Londres, il en est une qui est au moins
singulière. C'est la visite, sous la conduite
du profes'seur Bashford, à la maison de
.campagne que possédait dans la banlieue
londonienne le fameux chirurgien Artley-
Cooper.
Cette visite est comme une commémora-
tion de celle qu'y rendit jadis Dup,T,ly.tren,
comme le chirurgien français faisait com-
pliment à son propriétaire sur cette mai-
son princière et admirait surtout la beauté
des arbres gigantesques qui font l'ornement
du parc :
— Oui" dit Artley-Cooper, ils sont fort
beaux. Totys les matins, je lee - examine
pour voir celui où je me pendrai. A Lon-
dres, je serais mort de fatigue, ici, je mour-
rai d'ennui
Cet incident impressionna beaucoup Du-
puytren, qui ie racontait en ajoutant :
-oi,- j'exercerai ma profession jusqu'à
la fin. Quand «je ne pourrai plus aller visi-
ter mes malades, je m'y feirai porter.
*
Des sanctions, des réparations
"♦ # a <
Le scandmle qui vient d'éclater parmi
quelques agents ,t ve arrondissement, et
s relaté hier, ne saurait por-
iê"r attente à la reconnaissante estime que
Paris a pour sa police.
'Dans tous Les corps d'élite peuvent se
glisser quelques brebis galeuses. L'hon-
neur de ces corps, c'est non de cherçher
à les excuser, mais de les rejeter impi-
toyablement.
Tel est bien le sentiment des agents pro-
ibes et dévoués du ve arrondissement qui,
spontanément, avant même qu'aucune en-
quête fut ordonnée, mirent en quarantaine
les coupables.
Aujourd'hui, ceux-ci sont pour la plupart
démasqués. Au nombre de sept, dit-on, ils
avaient mis deux quartiers en coupe ré-
glée, ne reculant ni devant le chantage, ni
devant les dénonciations calomnieuses, ni
devant les faux témoignages.
Des innocents, à la suite de leurs ma-
chinations, auraient été condamnés à des
'peines correctionnelles pour vol ou vaga-
bondage spécial.
On comprendra que, dans de telles cir-
constances, l'opinion soit unanime à exi-
ger non seulement des sanctions, mais des
réparations.
Il faut que tous les criminels, -révoqués
par l'administration, soient de plus tra-
duits devant la justice.
Il faut que toutes les victimes, réhabili-
tées d'abord, obtiennent ensuite des indem-
nités auxquelles elles ont droit.
Une partie au moins de la tâche qui s'im-
pose incombe à M. Hennion, qui s'est déjà
acquis "tant de titres à la reconnaissance
des Parisiens en réprimant les abomina-
bles abus du Lépinat.
C'est dire que toutes les mesures néces-
saires seront prises et vite prises.
!»
UNE ENQUETE
- - .-+:- ; ';
Il nous revient que, pour des motifs in-
connus à ce jour, M. Castellon, attaché à
la perception de Marseille, aurait brutale-
ment été révoqué.
Si nous sommes bien informés, ni la con-
duite, ni les services de M. Gastellon n'au-
raient jamais donné lieu, jusqu'ici, à une
remarque défavorable et le seul tort de cet
excellent agent serait d'être délégué régio-
nal du Syndicat national des employés de
perception.
Une enquête s'impose et nous ne sau-
rions trop vivement insister auprès du mi-
nistre des Finances pour qu'il y soit pro-
cédé d'urgence. -
Le personnel des Perceptions a assez
donné de preuves de son attachement à
ses devoirs professionnels, pour que le
Syndicat national soit traité comme une
association subversive par un sous-ordre
enclin à trop de zèle.
M. Charles Dumont se fera un devoir. —
nous n'en doutons pas — de rappeler M
le percepteur de Marseille à plus de modé-
ration et à -plus de jiîstice*
»
Drames passionnels
*——
En voilà encore deux dans la même
journée. *
Rue Edouard-Pailleron, un mari voit sa
femme, qui est ouvrière, boire une tasse de
café dans un bar à côté d'un camarade
d'atelier : il la larde de six coups de poin-
çon.
Rue Croix-des-Petits-Champs, un amant
s "endort, après de tendres épanchements,
auprès de sa maîtresse : celles* se lève
sans bruit, va à la cuisine, en revient avec
un bol de vitriol qu'elle répand sur le vi-
sage aimé.
Dans les deux cas, l'excuse invoquée est
la même : la jalousie, et, selon toute vrai-
semblance, les deux abominables brutes,
mâle et femelle, seront acquittées par les
tribunaux, les jaloux ayaalt, comme les
Ivrognes, le droit de tout faire impuné-
ment.
Eh bien ! en voilà assez. - ~w ,'
Puisque le Pays est en train de perdre
la notion de la valeur de la personne
humaine, il faut la lui rapprendre et tous
les moyens pour y parvenir seront bone.
Il n'appartient pas au 'Gouvernement de
peser sur la conscience des jugies, mais il
appartient au Garde des Sceaux de donner
des instructions aux Parquets pour que
ceux-ci poursuivent avec une impitoyable
rigueur la répression des -crimes passion-
ne.
Puis, s'il faut modifier le Code, qu'on le
modifié ; mais il est inadmissible que tes
crimes les plus odieug et les -plus lâches
aillent sans cesse &e multipliant,
Que les jaloux qui jouent du poinçon, du
revolver ou du vitriol aient quelque râison
de redouter la guillotine ..;. puisqu'elle exis-
te — ou les travaux forcés, et, sans doute,
la jalousie fera~t~e s~os de victimes.
7- - "-.. "--"-W'-4.,.ij'--
L'ACTUALITÉ ,',
Sur les Côtes de l'Atlantique
Une romenade que nos amirauz devraient faire
Nous avons des batteries, mais elles sont abandonnées
Un fort pour 50 francs
(De notre envoyé spécial)
Rochefort, 11 août.
- Al Lez donc visiter un peu nos côtes,
m'avaient dit les bone amis de Rochefort,
qui continuent courageusement à jetef le
cri d'alarme. Vous verrez jusqu'à quel
point les administrations -de la marina et
de la guerre ont poussé la négligence et
l'incurie qui leur sont un peu trop familiè-
res.
— Allez voir nos côtes, m'avait télégra-
phié le Rappel ; rien de ce qui touche à la
défense nationale ne doit être étranger à
ses lecteurs.
Et c'est ce double mandement impératif
qui me valait de me retrouver, il y a quel-
ques heures, sur la coquette plage de Fou-
ras.
Le temps était spJendide. L'océan venait
tout doucement apaiser à nos, pieds le tu-
multe de ses vagues. En face la ligne som-
bre des nes se découpait nettement sur le
ciel. A droite, on distinguait les vieux ca-
nons de l'ne d'Aix. Puis le fort Boyard —
un géant d'autrefois dont les David d'au-
jourd'hui ne feraient qu'une bouchée —
dressait sa masse de pierre. C'est là que
fut longtemps détenu Henri Rochefort —
singulier rapprochement de noms.
Tout au fond du décor, l'île d'Oléron
bouchait l'horizon, barrant la route, tan-
dis qu'à gauche, ramassée sur elle-même,
l'île Madame surveillait l'intérieur de l'im-
mense rade. ,.
Mais une voiture' était là, et les Rochefor-
tais, qui devaient diriger mes pas, me rap-
pelèrent que nous n'étions pas venus pour
.rêver.
UNE TOURNEE D1NSPECTION
— Puisque nos amiraux du grand état-
major dédaignent de venir jeter un coup
d'œil sur Les positions dont ils ont mission
d'assurer la défense, nous allons tout sim-
plement remplir leur devoir, me dit l'ai-
mable M. Cristin. En attendant les com-
missaires aux armées, on embauche ras
volontaires.
— D'ailleurs, reprit-il, les commissaires
aux armées n'auraient pas grand'dhose à
faire ici ; vous voyez les forts : le fort la
Pointe, le fort de Fouras, le fort de PAi-
guille, le fort Enet. Eh ! -bien,, en tout, bLs
ne contiennent pas dix soldats. Nous les
verrons tout à l'heure en détail. Pour l'ins-
tant, voyez la rade.
-. Un,technicien, dont je dois taire le nom,
m'explique alors ce que l'on doit attendre
de l'embouchure de la Charente. Pendant
qu'il païle, je vérifie sur une carte. Ouvrez
votae atlas, et comme moi vous serez con-
vaincus.
- Les îles, dont je parlais tout à l'heure,
forment une Ligne continue qui s'arrête au
Pertuis d'Antioohe. C'est le seul passage
qui est permis aux gros navires. Entre la
pointe nord de l'île d'Olèron et la pointe de
a Pallice, l'île de Ré vient fort à propos
commander ce passage.
Armez toutes ces îles avec de bonnes
pièces., établissez des forts solides .sur les
côtes, et vous pouvez être assurés que
seuls les navires amis pourront passer, et
qu'une fois arrivés ils seront en sûreté. La
rade de l'île c'Aix et la rade des Trousses,
toutes deux très proches de la côte, peu-
vent recevoir nos plus gros cuirassés.
UN REFUGE
Car l'embouchure de la Charente est
d'abord cela : un refuge d'une sécurité ab-
solue. Il -n'y .en a pas d'autre le long
de l'Atlantique. Brest peut être bloqué ;
Lorient ne compte guère.
Ici, on peut entrer, et ce qui est impor-
tant, c'est qu'on peut aussi sortir. Prenons
une escadre — voire même une escadrille
- ayant des avaries. Elle vient mouiller
soit aux Trousses, soit à l'île d'Aix. T.es
canons des batteries arrêtent au - passage'
les poursuivants. Elle trouve des vivres,
des munitions, et grâce à la proximité de
Rochefort, tout ce qu'il faut pour réparer
ses avaries. Pour permettre d'aller plus
vite, la municipalité de Rochefort avait
même demandé qu'on prolongeât la ligne
de chemin de fer qui va de Rochefort à la
Fumée jusqu'au fort En.et (oe net sont que
quelques centaines' de mètresi de rails à
ajouter). Le projet avait pris corps. Les
rails étaient achetés * il y en avait pour
15.000 francs. On vient de les revendre à la
ferraille.
Les Rochefortais avaient également de-
mandé qu'on construisît, au fort Enet, des
appontements qui' permettraient de mettre
des approvisionnements, à qa portée des
gros navires mouillés en rade. D'abord, le
projet fut pris en considération. Mais on
fit l'entente cordiale, et le dossier retourna
dormir dans un coin. Les Anglais sont là,
n'est-ce pas ? « Ils sont même un peu trop
là !.». me souffle un nrofessenr rl'histnir»
, Si bien que d'abandon en abandon, on a
presque totalement abandonné la défense
de notre frontière maritime de l'Ouest.
p'}'- gc" ,.;..! LE DANGER f
L'impression qui domine, chez tous les
braves pécheurs des côtes, c'ést bien celle-
là : ', :.
— Noua sommes abandonnés à la merci
d'une tentative hardie de l'ennemi.
«« C'est qu'ils se souviennent !. J'ai enten-
du des vieux à cheveux blancs me rappeler
qu'en 1870 une frégate allemande vmt jus-
qi^à l'embouchure de la Charente, où elle
coula un bateau de commerce. Pendant ce
temps, un croiseur remontait la Gironde et
bombardait Bordeaux, siège du gouverne-
ment provisoire. Ils ont vu cela, les vieux,
de leurs yeux, et quand ils parlent die nos
amiraux, ils sont-terriblement sévères. Qui
ne les comprendrait ? ,
Les ttes i £ 41 défc&due?, les rades Ouver-
tes, c'est non seulement les navires amis
réduits à errer dans l'océan plein d'embû-
ches, mais c'est encore permettre tout, lais-
ser ouvertes devant l'agresseur les portes
de la frontière de l'Ouest.
UN FORT POUR CINQUANTE FRANCS
Mais il y a les forts ! La défense fixe, la
d-éfense mobile supprimées, il reste les bat-
teries. Hélas ! Presque partout, il n'y a que
des .vieux canons. A Enet, à Fouras, à la
Pointe, il y a tout juste un artilleur par
fort et un gardien de batterie. Parfois aussi
un télégraphiste.
Mieux. Je suis aillé au fort l'Aiguille. Il
est abandonné totalement depuis quelques
mois, et on le loue pour 50 francs par an.
à un brave homme de la région, qui y re-
mise son automobile.
Quant aux batteries qui sont encore à
l'île d'Aix et à l'île de Ré, le gouvernement
vient de décider qu'eliles seront envoyées
dans l'Est.
Alors, contre l'ennemi flottant, que reste-
t-il ?
- Rien
Et si la politique changeait ; si les grou-
pements de puissances se modifiaient; s'iL
fallait en hâte rappeler des forces de la
Méditerranée pour éviter une surprise, se-
rait-il possible d'être prêt quand même ?
HéLas ! Il faut le dire. L'abandon de Ro-
chefort et .des rades de l'embouchure de la
Charente équivaut à l'abandon de l'Atlan-
tique.
Au moment de Faclioda, on a tenté, ain-
si, de préparer rapidement la défense des,
côtes. On a dépensé des millions (deux'
millions rien que pour l'île d'Aix qu'on veut
désarmer aujourd'hui). Mais le résultat fut
bon surtout pour les fournisseurs. Pour
organiser la défense navale, il faut des ba-
ses sérieuses, des approvisionnements, des
hommes et de l'outillage. Tout cela ne s'im-
provise pas.
Et — faut-il le dire ? — le génie de oos
grands marins ne semble pas une garan-
tie suffisante apx hrus républicains, aux
patriotes fervents de la Charente.
« CEUX DE PARIS MARCHENT ! »
— Mais pourquoi ? Pourquoi ne veut-on
pas nous entendre ? Pourquoi ne fait-on
pen pour nous aider ? me demandait-on
pour la centième fois, alors que j.e descen-
dais 'du train à Rochefort.
- Comme je protestais — nous sortions de-
la gare — un groupe de camelots vint a
nous :
— Le Rappel. édition spéciale. La dé-
fense de nos xbôèes, -
— Alors quoi, vous marchez '! me disent
mes compagnons, soudain joyeux.
- Mais oui, le. Rappel « marche », vous
voyez. Il ne sera pas dit qu'il n'y aura pas
eu un Journal républicain pour défendra
une causée essentiellement républicaine.
C'est le rôle de notre brave tapin de battre
la générale.
— Enfin, il y a quelqu'un pour nous dé-
fendre, dit-on autour de moi.
Et, ma foi, dans la joie de tous, ces bra-
ves genis, heureux d'avoir trouve un écho
à leurs alarmes, je trouve que le métier de
journaliste a tout de même du bon et je
me console de n'avoir pas eu le temps de
dîner.
Jacques GUERRIER.
<*> ,
Une bombe à Madrid
Est-ce un attentat des cléricaux ?
Madrid, 11 août. — Un engin chargé do
poudre et de mitraille a fait explosion à la
porte d'entrée d'une imprimerie particuliè-
re, où le pubiiciste. radical connu, Joso
Nackens, édite ses œuvres de propagande
républicaine et anticléricale.
Le bruit de l'explosion a été formidable ;
les dégâts, néanmoins, sont peu importants.
n n'y. a en aucun accident de personne.
Incendie de l'ambassade de France
à Çonstantinople
l'
1 ;.- "'--'
Constantinople, 11 août. - La résidence-
d'été de l'ambassade de France à Thérapia
a été la proie des flammes.. La destruction
de l'édifice est complète ; i-1 était considéré
comme une antiquité. Le sultan Abdul Azjz.
en avait fait don à la France.
C'est à neuf heures et demie du soir,
après un dlnér offert au personnel de l'am-
bassade et aux officiers de la Jeanne-Blan-
che, que les domestiques prévinrent l'am-
bassadeur qu'une fumée intense sortait du.
toit du bâtiment. Le feu éclata aussitôt et
se propagea vivement dans les matériaux
de bois.
Grâce au dévouement des officiers et de»,
marins de tous les stationnaires, les urchi-
ves, les papiers et la plupart des tapis et.
des objets précieux, ont pu être sauvés.
Le deuxième oorps de bâtiment, servant
de logement au conseiller d'ambassade et.
au drogman, a pu être protégé contre le
feu. Aussitôt que l'incéndie lui fut signalé,,
le grand-vizir envoya sur les lieux .ion offi-
cier a ordonnance. LeS ministres de l'inté-
rieur^ de la justice, le préfet de police et-
plusieurs membres du Comité central Union
et Progrès se rendirent également sur les-
lieux du sinistFe et exprimèrent leur sym-
pathie à l'ambassadeur. --
Le sultan s lait exprimer ses regrets à.
M. Bompart.
Suivant la direction de la police, les cau-
ses de l'incendie sont purement accidentel-
les. - .- .-. — -- - -.- <
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