Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-08-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 août 1913 12 août 1913
Description : 1913/08/12 (N15886). 1913/08/12 (N15886).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
No 15,886. — 2f THERMIDOR, XN 121.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
MARDI 12 out 1913. - N4 15,830.
Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE
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?Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18frr
(Départements. 2 — 6 — 11 — 20 —
^Union Postale. 3 — 9 — 16 — 32 —
Fondateap :
¡AUGUSTE VACQUERi.
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF & Cid
6, Place de la Bourse
El AUX BUREAUX DU JOURNAL.
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, ADMINISTRATION & RÉDACTION :
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TRIBUNE LIBRE
> _♦ O
'.;'
Après les trois ans
Un mot de M. Boudenoot,
au Sénat, a été remarqué
comme il méritait de l'être.
Il faut, disait-il, « se péné-
trer de cette pensée que la
loi de trois ans n'est pas une
fin, elle n'est qu'un commencement : el-
le doit être le commencement d'une
réorganisation ».
L'avertissement que l'honorable sé-
nateur adressait aux chefs de l'armée,
n'est-ce pas plutôt à tous les Français
qu'il faudrait le faire entendre ? C'est
ce qu'a pensé l'Alliance nationale pour
l'accroissement de la population fran-
çaise, fondée par M. Jacques Bertillon.
Le secrétaire de l'Alliance, M. Boverat,
n'a pas attendu la promulgation de la
nouvelle loi sur l'armée pour publier un
volume qui en est, à ses yeux, le com-
plément nécessaire. Il l'intitule Patrio-
tisme de paternité.
Comme M. Boudenoot, il redoute que
le Pays ne se dise : Voilà qui est fait. Il
fallait un sacrifice, nous l'avons con-
senti, bien qu'énorme. Maintenant, on
peut dormir tranquille.
— Malheureux ! s'écrie-t-il. Vous ne
savez donc rien de votre pays ! Vous
croyez que vous allez refaire l'armée
sans refaire la nation ! Etes-vous donc
les seuls à ignorer l'étrange, l'unique,
le terrifiant phénomène qu'est dans le
monde la France d'aujourd'hui ? -
Et il se met en devoir de nous expo-
ser le fait, lui-même en convient, avec
une implacable brutalité. Je dis bien le
fait, car il ne s'agit plus de prévisions,
de probabilités : la France diminue. Pas
d'échappatoire : elle ne diminue pas seu-
lement par rapport avec ses voisins. Non.
Le suicide est commencé. Elle n'a plus
autant de naissances que de décès. Un
Allemand l'a dit à sa façon : elle pro-
duit plus de cercueils que de berceaux.
En 1912, dans trente départements,
plus du tiers de la France, il est mort
110 ou 120 ou jusqu'à 140 personnes,
tandis qu'il en naissait 100. Et, de ces
100 nouveau-nés, comme on le sait, dès
la première année, il en mourra 17. A
ce taux-là, nous irons vite. Le déchet se
retrouvera dans vingt ans à l'appel des
conscrits. Et quel déchet !
S'il n'était que lamentable ! Mais il
est honteux. Il faut avoir le courage de
nous l'entendre dire par ce patriote fer-
vent.
La France, aujourd'hui, détient trois
records.
Elle a atteint le taux le plus bas qu'on
ait signalé dans aucun pays pour la per-
pétuation de la race. Après avoir été le
pays le plus fécond de l'Europe, elle se
classe de beaucoup la première "en sens
inverse : la moyenne de la natalité pour
1.000 habitants est de 24 en Belgique,
de 25 en Angleterre, en Suisse, dans les
pays scandinaves, « de 30 en Allemagne,
de 33 en Italie., et il est, en France de
18,7 ! "-
Inversement, de tous ces pays, c'est
la France qui atteint le taux maximum
de mortalité: 19,6 au lieu de 16 en Al-
lemagne, de 14 en Angleterre, de 12 en
Danemark.
t Enfin, troisième supériorité encore
plus incontestable, la France, aujour-
d'hui. tient la tête de l'alcoolisme dans
Je monde. Non seulement, à elle seule,
elle absorbe plus d'absinthe que tous ses
voisins réunis et atteint un chiffre de
consommation, qu'il y a trente ans on
aurait jugé physiologiquement impossi-
ble. Mais elle fait mieux : elle élève la
passion de l'alcool à la hauteur d'une
institution nationale ; le seul privilège
indestructible est celui des bouilleurs de
cru, et celui-là ne fait pas seulement
perdre à l'Etat des centaines de mil-
lions, il entretient, il organise une inci-
tation, une émulation, une éducation fa-
miliale de l'alcoolisme, dont les résul-
tats se mesurent déjà, en Normandie,
par exemple, au nombre de conscrits
qu'il faut réformer, au nombre de fa-
milles villageoises qui s'éteignent ou
faute d'enfants, ou, ce qui est pis, dans
une descendance irrémédiablement dégé-
nérée. t
Voilà l'état vrai de la France.
En prenez-vous vcftre parti, avec la
formule commode : il n'y a rien à fai-
re ? Alors M. Boverat vous oblige à su-
bir en détail le tableau du sort qui at-
tend la France non pas dans le lointain
cie l'avenir, mais de votre vivant, de-
main, après-demain. Il ne vous épargne
aucune de ces visions tragiques depuis
l'invasion et le démembrement jusqu'à
la déchéance économique, commerciale,
industrielle, financière, intellectuelle.
Hideux spectacle de la fin d'un grand
peuple qui meurt d'égoîsme et de lâche-
té..
Mais non. Vous vous révoltez. C'est
outrager la France que d'accueillir de
pareilles perspectives. Voilà justement
ce que l'auteur voulait vous faire dire.
Et l'originalité de son livre est d'avoir
saisi ce bon mouvement pour l'opposer
à l'opinion courante qui conclut à l'iner-
tie. Il croit, lui, aux forces morales pour
arrêter la dépopulation volontaire. Chi-
mère ! dites-vous. Pas plus que toutes
les chimères dont est faite la vie mora-
le. A l'heure actuelle, c'est d'en-
fants que la Patrie a besoin, plus que
de toute autre chose. Le devoir de la
paternité est aussi sacré que le devoir
militaire : il est une part de la contri-
bution due par tous à la défense natio-
naje ». Il n'est pas impossible, peut-être
même ne serait-il pas très difficile, si on
l'entreprend, de faire comprendre à un
peuple aussi intelligent que le nôtre qu'il
y a là pour lui une question de vie ou
de mort.
Ferdinand BUISSON,
Député de la Seine.
Politique ttrangère
-.-+-
APRES LA GUERRE
Le conflit balkanique, si fer-
tile en incidents variés, 'devait
nous apporter une surprise
nouvelle : Vaccord austro-rus-
se pour la révision du traité de
Bucarest.
Lorsque l'on pense que, durant plu-
sieurs semaines, au cours de l'hiver. der-
nier, la tension austro-russe menaça. la
paix de VEurope et que l'on constate
aujourd'hui l'entente intime qui règne
entre .1 icolas 11 et François-Joseph, on
ne peut se défendre d'un certain dépit.
Eh ! quoi ! c'est pour 'des chancelleries
aussi promptes à faire volte-lace que les
peuples civilisés se seraient entr'égor-
gés ! Quel enseignement nous recevons
de cette désinvolte manière de traiter
alliés, amis et protégés ï Oui, nous
avons risqué la conflagration euro-
péenne :
Et cela pour des Altesses, v,
Qui, vous à peine enterrés, !
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez !
Maintenant, peuples de France et
d'autres pays, envisagez avec plus de
sang-froid les conflits ridicules pour de
vagues ports de VAdriatique, de l'Egée
ou de la Marmara.
Mais, au fait, tout s'explique. Tandis
que Français, Anglais, Allemands, en
particulier, affectent de considérer les
Balkaniques comme majeurs, la Russie
ci l'Autriche ne peuvent se résoudre à
prendre ce parti. Renoncer à intervenir
dans la péninsule, c'est, pour Vienne,
accepter les yeux fermés les transfor-
mations balkaniques qui, toutes, ont un
retentissement dans son propre domai-
ne. Pour Pétersbourg, c'est cesser de
jouer le rôle de puissance pr^ectrice
du slltvisme, de sœur aînée, d'arbitre
traditionnel, c'est biffer cent pages de
son histoire et suspendre cent moyens
de sa diplomatie.
Les Bâlkans, en vérité, intéressent la
Russie et l'Autriche au premier chef,
tandis qu'ils n'intéressent les autres
puissances qu'accessoirement. Et voilà
pourquoi ce fut toujours une erreur que
de vouloir faire supporter par les Occi-
dentaux européens les conséquences
éventuelles de la politique.de l'Europe
orientale. La Russie et l'Autriche vien-
nent de faire voir nettement qu'elles se
passeraient très volontiers de concours
superflus pour arranger à leur gré les
affaires orientales.' A bon entendeur,
salut 1
Précédemment, nous constations que
l'Autriche, dans les mois écoulés, s'était
fréquemment écartée de l'Allemagne
sur le terrain diplomatique. La Russie
observe avec dépit que la France ne la
suit pas à l'aveuglette âans le différend
gréco-bulgare. Peut-être, pour, le fond,
ta Russie a-t-elle raison et son point de
vue au sujet de Cavalla est défendable.
Mais ce qui l'est moins, c'est de préten-
dre que la France la trahit — comme
affirment certains journaux petersbour-
geois - parce que chez nous les sym-
pathies gouvernementales ou populai-
res sont tournées du côté des Grecs plu-
tôt que 'du côté des Bulgares. 'Après trop
d'engouement pour le peuple bulgare,
peut-être allons-nous trop loin dans la
réprobation ; mais enfin, c'est le droit
strict d'un peuple libre et ce droit on
doit le maintenir tout entier par prin-
cier ; -
Albert MILHAUD.
LE FAIT DU JOUR
LA PAIX BALKANIQUE
Ministère des Affaires étrangères, à Bucarest, où a été signée 'la psax.
Les On-Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil, 4 h. 39 du matin*
Coucher du soleil, 7 h. 13 du soir-j
Lever de la lune, 4 b. 19 du soir.
Coucher de la lune,; II h. 24 du soir.
Courses à Cabourg.
AUTREFOIS
Le Rappel du 12 août 1877 1
On télégraphie, le 8, à la Gazette de Co-
logne, que les Turcs ont attaqué la veille, à
Lowatz, et qu'ils ont été repousses après
deux heures de combat.
— On ajoute peu de foi, à Londres, à la
nouvelle que l'émir, d'Afghanistan aurait
proclamé la guerre sainte.:
- M. Constans, ancien député, faisant
partie des 363, a assigné en diffamation, de-
vant le tribunal correctionnel de Toulouse,
le Bulletin du Commerce et M. de Pourtour
ministre de l'intérieur.
Malherbe et Racan
M. de Termes reprenait Râcan d'un vers
qu'il a changé depuis, où il y avait, par-
tant de la vie d'un homme, des champs :
Le labeur de ses bras rend sa maison prospère.
Racan lui riposta que Malherbe avait
dit : « Oh ! que la fortune prospère », etc.-
Malherbe, qui était présent, s'écria :
— Eh ! .monsieur, si je fais un pet, en
devez-vous ftaire. un autre 1
AUJOURD'HUI
Une affaire d'or
Voici un curieux prospectus, envoyé par
une compagnie américaine, en formation .:
Nous allons faire l'élevage des chats et nous
en procurer un million. Chacun d'eux aura 12
petits par "an. Lès peaux de chat valent 5 pence
(0 fr. 55) les blanches, 3 shellings (3 fr. 75) les
noires. La moyenne sera donc de 1 sh. 3 pence
(1 fr. 55). Nous aurons donc 12'millions de peaux
de chaque année et" une?recette brute quoti-
dienne de 2.000 liv. st. (50.000 francs). Un homme
peut dépouiller 50 chats pour 8 sh. (10 francs) ;
et il faudra 1.000 hommes pour faire marcher
l'exploitation ; il nous restera ainsi un bénéfice
de! 1.600 livres sterling (40.000 francs) par jour.
Mais'nous aurons à Jiourrir les chats ? Com-
ment ? Nous ferons l'élevage des rats tout à
côté. Les rats se reproduisent quatre fois plus
vite que les chats. Nous aurons donc quatre rats
par' jour pour chaque chat, ce qui est abon-
dant. Or, comment nourrir les rats ?
C'est bien simple : au moyen des cadavres des
chats ; un quart de chat par rat suffit ample-
ment.
Ainsi l'affaire s'entretient d'elle-même, c'est
la roue qui tourne. Les chats mangeront les
rats et les rats mangeront les chats. Il restera
les peaux et l'argent 1
Voilà une affaire brillante et sûre I
Offre d'association
Un petit journal de Seine-et-Oise publie
l'avis suivant :
« Monsieur seul, grand amateur de têtes
de veau, mais ne pouvant s'en procurer
que d'entières, qu'il lui serait bien difficile
de consommer, désirerait s'adjoindre quel-
ques personnes pour en manger deux fois
par semaine. » i,
« Ecrire aux initiales : R. K. » ç
Un dîner de têtes, quoi ,! .,
Pas un homme. un traité J
Ce que noue avions prédit se réalise.
L'Espagne ne parvient pas à établir sa
domination dans le Maroc septentrional et
déjà la presse officieuse de Madrid laisse
percer l'espoir des personnages. officiels,
l'espoir que la France, bonne fille, viendra
en aide à la « sœur latine ».
Nous n'userons pas, à cette occasion, du
langage enveloppé cher aux diplomates.
Nous dirons fort crûment qu'en matière de
politique étrangère les plaisanteries les
meilleures sont les plus courtes. -
Voilà qu'après avoir laissé le tiers du
Maroc à l'Espagne, noue devrions' encore
lui donner trente mille hommes pour le
conquérir ! ■
La sœur latine ne manque pas de naï-
veté dans, l'impudence. s.ivr - eu,
Bien oentendu, lés "Journaux espagnols
qui, aujourd'hui, célèbrent les bienfaits de
l'amitié française, sont les mêmes qui, il
y a deux ans, souriaient, applaudissaient
et aux fanfaronnades allemandes et aux
exploits sanglants de Moulay Hafid.
Par bonheur, la France n'a pas perdu
le souvenir des avanies qu'elle a subies.
D'abord, que ce point soit bien établi :
pas un homme au service de l'Espagne.
Puis, si celle-ci souhaite sincèrement notre
appui politique et financier, qu'elle fastse
savoir au quoi d'Orsay ce qu'elle nous
bffre en échange et qu'un traité en bonne
et due forme consacre ses promesses.
Loin de nous ta pensée die médire des
« ententes cordiales », mais un écrit n'a
jamais nui à - la cordiaHté.
UNE GRAIDE EUVRE NATIONALE
La préparation militaire va avoir sa loi.
Bien mieux, notre distingué confrère, la
France Militaire en publie, aujourd'hui mê-
me, le texte.
A vrai dire, ce texte n'a encore été voté
que par le « Comité .consultatif supérieur »,
ce qui est insuffisant pour qu'il soit pro-
mulguée
Mais comment pourrait-on proposer de
le modifier si on ne le connaissait pas.
Or, il a grand besoin d'être modifié. Il
contient, cartes,- des dispositions excellen-
tes, comme celle s qui exigent que les sta-
tu.t$ des sociétés « agréées » soient « ex-
clusifs de tout caractère confessionnel » ;
comme celles encore qui instituent une mé-
daille spéciale, et réserve, un certain nom-
bre de croix de la Légion' d'honneur pour
les bons Français qui se .consacreront à
l'éducation militaire de la j-étinæ,s'ê..-, x
Mais, il semble bien, que ces messieurs
du « Comité consultatif supérieur/V aient
oublié de se poser la question essentielle,
à savoir," la question d'argçnt..-.r
Il y a bien un article 9 qui attribue ex-
clusivement -aux sociétés agréées les oub-
ventions , de, l'Etat. Mais ces subventions,
bù en fixe-tron : le chiffre : ? Nulle part.
Comment seront-elles distribuées ? Person-
ne n'en sait rien.
C'est précisément ce que tout le monde
voudrait savoir.
ir faut,\d'unepart, que par dejarges do-
tation©, les Pouvoirs publics permettent iêt'
assurent le ; développemen t des sociétés de
préparation militaire. -.^JÎ
Il faut aussi, pour, éviter que les deniers
de la Nation soient gaspillés au gré dés
politiciens locaux, que les subventions,
soient proportionnelles au,nombre de jeu-
nes gens effectivement enrôlés par les so-
ciétés. ';;Ïff.,:'" ', l' ;."
A ves deux conditions, seulement, la loi
de demain permettra l'édification d'une
grande œuvre nationale. ":;j¡
Le Mot et la Chose
v Ú
M. Charles Dupuy, du Soleil, a une
bonne Ame. A Quand tant Vie cléricaux, de
conservateurs et de progressistes partent
en guerre contre la semaine anglaise, lui
t'accepte et la préconise.
Seulement, voilà, il veut la débaptiser. et
la rebaptiser.
« La réforme, en soi, écrit-il, a un ca-
ractère juste et moral ; comme, la plupart
des réformes sociales, elle n'estTqu'un rel
tc,ur à l'ancien 0rclrc de choses détruit por
là Révolution. Le repos; à partir du'siamedi
à midi, était pratiqué, en "'France, dans la
société catholique du Moyen Age.
« Pourquoi, (puisqu'on ressuscite ce qui,
jadis, ex'istait .en France, ne pas l'appeler
simplement la Semaine française ou la Se-
maine chrétienne ? »
Oui, pourquoi ? « -e
Que M. Charles Dupuy ne se frappe pas
et qu'il l'appelle comme il voudra. Les ré-
publicains libres penseurs tiennent à la
chose et fort peu au mot.
Au surplus, les cléricaux ont toujours
eu, croyons-nous, la libre disposition du
dictionnaire. Qu'ils en usent, qu'ils en abu-
sent, nous n'y voyons pas d'inconvénient,
mais qu'ils cessent de s'opposer aux réfor-
mes fiscales et sociales.
Môme s'ils devaient être baptisés catho-
liques, apostoliques et romains, nous ré-
clamerions encore et l'impôt sur le revenu
et l'assurance contre l'invalidité, et l'assu-
ranoe contre le chômage et le contrat col-
lectif du travail.
M. Charles Dupuy, lui, s'y rallierait-il ?
VOIR EN 4e PAGE :
Les Croix du 14 Juillet
L'ACTUALITÉ
Le Traité de paix estsiuné,
On est joyeux à Bucarest, mécontent à Vienne
irrité à Pétersbourg, furieux à Sofia.
Et maintenant que deviendra Andrinople ?
Bucarest, 10 août. — Aujourd'hui, à dix
heures et demie, dans la séance de clôture
de la conférence, les signatures ont été ap-
posées sur le traité. «
Le canon tonne ; les cloches sonnent à
toute volée, les musiques jouent ; la ville
est pavoisée.
Le roi, la reine et les princesses Marie et
Elisabeth ont assisté au Te Deum célébré
en l'honneur de la signature de la paix.
Sur la proposition de M. Spalaikovitch,
tous les délégués se sont rendus en corps
au palais royal à l'issue du Te Deum pour
s'inscrire sur le registre du palais.
M. Venizelos, quoique très indisposé, a
tenu à assister à la séance de clôture de la
Conférence, et il a prononcé un discours.
Avant de clôturer la séance, M. Majores-
co a également prononcé un discours dans
lequel il a dit : « Messieurs, nous pouvons
nous séparer avec la conscience d'a\oir fait
de notre mieux pour sauvegarder les inté-
rêts des Etats que nous représentons et
avec le sentiment que les liens personnels
établis entre nous pendant notre travail
commun, seront les précurseurs des bons
rapports qui vont s'établir entre nos
Etats ».
Le discour; de M. Majoresco a été très
acclamé par tous les délégués. La séance
s'est terminée par une conversation géné-
rale entre tous les délégués, qui s'est dé-
roulée au milieu de la plus grande cordia-
lité.
A leur sortie du ministère des Affaires
étrangères, la foule a acclamé chaleureuse-
ment les missions. Les acclamations se sont
prolongées sur tout le parcours jusqu'à la
cathédrale.
Le Traité de paix
Bucarest, 10 août. — Voici le traité de
paix signé aujourd'hui à Bucarest :
Le roi de Bulgarie, d'une part, et les rois
des Hellènes, du Monténégro, de Roumanie
et de Serbie, d'autre part, animés du désir
de mettre fin à l'état de guerre actuellement
existant entre les cinq pays respectifs, vou-
lant, dans une pensée d'ordire, établir la
paix entre leurs peuples, si longtemps
éprouvés, ont résolu de conclure un traité
définitif de paix, et ont nommé des pléni-
potentiaires. (Suit la liste de ces derniers.)
Un accord étant heureusement établi, il
a été décidé :
Article premier. — Il existera paix et
amitié entre le roi des Bulgares et les an-
tres souverains, ainsi qu'entre leurs héri-
tiers et successeurs ;
Article II. — La frontière iroumano-bjil-
gare, rectifiée conformément à l'annexe du
protocol è numéro 5, partira du Danube, en
amont de TurtukaI, pour aboutir à la mer
Noiro, au sud de Ekrenc.
Il est formellement entendu que la Bulga-
rie démantèlera, dans un délai maximum de
deux années,_les fortifications qui existent
à Rouotchouck, à Simla et dans une zone de
vingt kilomètres autour de Baltchick. Une
commission mixte établirai dans les quinze
jours, sur le terrain, le nouveau tracé, et
présidera au partage des biens capitaux cou-
pés par la nouvelle frontière. En cas de di-
vergences, un arbitre décidera en dernière
instance.
L'Article. III. _La frontière sertbo-bulgare,
fixéé'cohformément à l'annexe du protocole
numéro 9, "partira de l'ancienne frontière,
de la montagne de Paratrica, suivra l'an-
cienne frontière tureo-bulgare et la ligne de
partage des eaux entre le Vardar et la
Strouma, à l'exception dé la haute vallée
de la Stroumitza, qui restera à la Serbie.
Ladite frontière aboutira au mont Bela-
sica, où elle rejoindra la frontière bu-lgaro-
grecque. Une commission n^ixte exécutera,
dans les quinze jours, le nouveau tracé cl.
présidera au partage des biens capitaux
coupés par la nouvelle frontière, avec re-
cours possible à l'arbitrage.
Article IV. — Les questions relatives à
l'ancienne frontière serbo-bulgare seront ré-
glées suivant entente entre les parties con-
tractantes conformément au protocole an-
nexé..
Article V. — La frontière gréco-bulgare,
fixée conformément au protocole numéro 9,
partira de la nouvelle frontière bulgaro-
serbe, sur la crête de Celascina-Planina, et
aboutira à l'embouchure de la Mesta, sur
la'mer Egée. Une commission mixte et un
arbitrage sont institués comme il avait été
indiqué dans l'article précédent. -
Il est formellement entendu que la Bul-
gàriejfse désiste, dès maintenant, de toute
prétention sur l'Ile de Crète. ,
Article VI. — Les quartiers généraux des
armées respectives seront informés de la si-
gnature du traité. Le gouvernement bulga-
re s'engage à démobiliser aesi le lendemain.
Les troupes dont la garnison est située
dans la zone d'occupation de l'armée bel-
ligérante .seront dirigées sur un autre point
de l'ancien territoire bulgare et ne pourront
regagner leurs garnisons habituelles qu'a-
près l'évacuation de la zone d'occupation.
Article VII. — L'évacuation du territoire
bulgare commencera aussitôt après la dé-
mobilisation de l'armée bulgare et sera
achevèe au plus tard dans la quinzaine.*
Article VIII. — Durant l'occupation du
territoire bulgare, les armées conservant Je
droit de réquisition moyennant paiement en
espèces, auront le libre usage des chemina
de fer pour le transport des troupes et des
approvisionnements, sans accorder d'in-
demnité. Les autorités locales, les malades
et les 'blessés seront placés souis la sauve-
garde desdites armées. -
5 Article IX. — Aussitôt que possible, tous
les prisonniers de guerre seront réciproque-
ment rendus. Les gouvernements présente-
ront respectivement un état des dépenses
effectuées pour le eoin et l'entretien des-
prisonniers.
Article X., — Le présent traité sera rati-
fié et les ratifications seront échangées à
Bucarest dans un délai de 1 ipurs, ou plus
tôt a'il e3t possible»
En foi de quoi, les plénipotentiaires res-
pectifs ont signé et apposé leur cachet.
Fait à Bucarest le 28 Juillet 10 août iyi3.
La revision du Traité
On n'y croit pas à Bucarest
Bucarest, 10 août. — On considère, ici,
qu'il n'y a nulle chance pour que le traité
soit revisé.
Le cabinet de Berlin a fait savoir qu'il
était tout à fait hostile au projet de revi-
sion et qu'il s'efforçait d'en détourner l'Au-
triche.
On remarque beaucoup, à ce propos, la
phrase d'un télégramme envoyé par le roi
Charles à Guillaume II, et dans laquelle le
souverain de Roumanie dit au kaiser :
« Grâce à toi la paix sera définitive ».
Pour tout le monde ici, ces quelques mots
signifient que le traité ne sera pas révisé-
et que Cavata restera aux Grecs.
Il est vrai que dans sa réponse le kaiser-
est beaucoup moûu affirmatif.
L'Autriche et la Russie sont seules cte-
leur avis, et leurs démarches à Bucarest'
n'auront été qu'un geste sentimental et inu-
tile en faveur des Bulgares.
Mais, même si les puissances s'étaient
mises d'accord, la revision eût été diffici-
le à réaliser, car la Roumanie et ses alliés
étaient absolument décidés à s'y opposer-
L'opinion en Autriche
Vienne, 10 août. — On mande de Pragnf"
que la presse tchèque juge défavorablement
le traité de-paix de Bucarest .qu'elle consi-
dère comme préjudiciable aux intérêts des
Slaves dans les Balkans. Le journal Union..,
très répandu dans la population tchèque,
doute que la paix soit durable. La Bulgarie,
dit-il, a été trop sacrifiée pour qu'elle ne
soit pas inspirée dans l'avenir par des(
idées de revanche. Il en résultera une crise
balkanique permanente.
Le Lidove Noviny estime que la révision
est nécessaire.
Le Narodny Listy, organe jeune-tchèque,
exprime l'avis que non seulement la Bul-
garie est. fra-ppée douloureusement par la
paix de Bucarest, mais que les intérêts dc
tout le monde slave sont profondément lé-
sés.
Mécontentement en Bulgarie
Sofia, 10 août. — Toutes les sociétés e*
corporation 7^ Sofia ainsi que les émigrés
et réfugiés macédoniens préparent une pro-
testation contre les stipulations du traité
de Bucarest.
Les journaux russes
Saint-Pétersbourg, 10 août. — Répondant
aux articles de la presse française, faisant
grief au gouvernement russe de suivre la
politique autrichienne, la Gazette de la
Bourse écrit : -
L'identité de vues entre l'Autriche et la Russe
est purement accidentelle. C'est en poursuivant
des buts différents que les deux nations ont èlé
ame'ns à prendre une attitude semblable.
Le Novoié Vrémia, de son côtéj. déclare.
La France a adopté la thèse allemande, tan-
dis, que la Russie a suivi une politique essen-
tiellement russe, tendant à idéaliser une paix du-
rable.
- La diplomatie française a môme collaboré e-:
fectivement avec la diplomatie autrichienne sur
la question de Cavalla, qui est destinée à per-
pétuer les haines gréco-bulgares et à éloigner
la possibilité d'une alliance des Etats balkani-
ques.
Le Rietch écrit d'autre part :
Now prévenons les diplomates français que
la divergence de vues entre les deux nations
amies et alliées ne peut s'étendre impunément.
La question d'Andrinople
Saint-Pétersbourg, 10 août. — On ne
croit pas que la Russie persévère dans son
intention de reviser le traité de Bucarest.
en ce qui concerne Cavalla. Mais elle redou-
blerait d'efforts .pour qu'une action d'ensem-
ble énergique rendit Andrinople aux Bul-
gares. '-
La réponse turque -" '- , -
Constantinople, 10 août. — Ce n'est que
demain, à l'occasion de la réception du
corps diplomatique que le grand-vizir com-
muniquera verbalement aux ambassadeurs
Ja"réponse de la-Porte à leur démarche au
sujet d'Andrinople. Une copie de cette ré-
ponse leur sera remise ensuite.
On persiste à croire que la réponse de la
Porte sera négative.
Les Jeunes-Turcs déclarent que leur ar-
mée est maintenant assez forte pour que
la Turquie puisse déclarer la guerre à la
Bulgarie, si celle-ci ne renonce pas à An-
drinople. ..z.. »- -, ::::c
IVOIR LA SUITE EN DERNIERE UEURIi>
————————— »
LES MIETTES DE LA SEMAINE
par P.-L. LAFAGE
Encore et toujours le collier. — Même si
le Uoyd, anglais paye à son assuré Mayer
les trois millions sept cent soixante-quinze
mille fra.nœ, prévus au contrat, la célèbre
Compagnie n'aura pas fait dans l'espèce.
une mauvaise affaire, car, à propos du
fameux collier, les journaux du monde' en-
tier lui ont offert une réclame monstre,
qui, sous forme d'annonces, eût coûté des.
sommes énormes, pour moins-d'efficacité.
Les opérations du Lloyd ne pourront que
gagner à ce tapage mondial : c'est de cen-
taines de mille francs, chaque semaine,
gue vont s'accroître les primes, verse-
ments des nouveaux clients. On Tattrape-J,
rai vite les millions comptés au. joaillier de
Hatton Garden dans cette circonstance qut <
r^fete ^nigtnatkpift- - - -- --.-
CINQ CENTIMES LE NUMERO
MARDI 12 out 1913. - N4 15,830.
Fondateur:
AUGUSTE VACQUERIE
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TRIBUNE LIBRE
> _♦ O
'.;'
Après les trois ans
Un mot de M. Boudenoot,
au Sénat, a été remarqué
comme il méritait de l'être.
Il faut, disait-il, « se péné-
trer de cette pensée que la
loi de trois ans n'est pas une
fin, elle n'est qu'un commencement : el-
le doit être le commencement d'une
réorganisation ».
L'avertissement que l'honorable sé-
nateur adressait aux chefs de l'armée,
n'est-ce pas plutôt à tous les Français
qu'il faudrait le faire entendre ? C'est
ce qu'a pensé l'Alliance nationale pour
l'accroissement de la population fran-
çaise, fondée par M. Jacques Bertillon.
Le secrétaire de l'Alliance, M. Boverat,
n'a pas attendu la promulgation de la
nouvelle loi sur l'armée pour publier un
volume qui en est, à ses yeux, le com-
plément nécessaire. Il l'intitule Patrio-
tisme de paternité.
Comme M. Boudenoot, il redoute que
le Pays ne se dise : Voilà qui est fait. Il
fallait un sacrifice, nous l'avons con-
senti, bien qu'énorme. Maintenant, on
peut dormir tranquille.
— Malheureux ! s'écrie-t-il. Vous ne
savez donc rien de votre pays ! Vous
croyez que vous allez refaire l'armée
sans refaire la nation ! Etes-vous donc
les seuls à ignorer l'étrange, l'unique,
le terrifiant phénomène qu'est dans le
monde la France d'aujourd'hui ? -
Et il se met en devoir de nous expo-
ser le fait, lui-même en convient, avec
une implacable brutalité. Je dis bien le
fait, car il ne s'agit plus de prévisions,
de probabilités : la France diminue. Pas
d'échappatoire : elle ne diminue pas seu-
lement par rapport avec ses voisins. Non.
Le suicide est commencé. Elle n'a plus
autant de naissances que de décès. Un
Allemand l'a dit à sa façon : elle pro-
duit plus de cercueils que de berceaux.
En 1912, dans trente départements,
plus du tiers de la France, il est mort
110 ou 120 ou jusqu'à 140 personnes,
tandis qu'il en naissait 100. Et, de ces
100 nouveau-nés, comme on le sait, dès
la première année, il en mourra 17. A
ce taux-là, nous irons vite. Le déchet se
retrouvera dans vingt ans à l'appel des
conscrits. Et quel déchet !
S'il n'était que lamentable ! Mais il
est honteux. Il faut avoir le courage de
nous l'entendre dire par ce patriote fer-
vent.
La France, aujourd'hui, détient trois
records.
Elle a atteint le taux le plus bas qu'on
ait signalé dans aucun pays pour la per-
pétuation de la race. Après avoir été le
pays le plus fécond de l'Europe, elle se
classe de beaucoup la première "en sens
inverse : la moyenne de la natalité pour
1.000 habitants est de 24 en Belgique,
de 25 en Angleterre, en Suisse, dans les
pays scandinaves, « de 30 en Allemagne,
de 33 en Italie., et il est, en France de
18,7 ! "-
Inversement, de tous ces pays, c'est
la France qui atteint le taux maximum
de mortalité: 19,6 au lieu de 16 en Al-
lemagne, de 14 en Angleterre, de 12 en
Danemark.
t Enfin, troisième supériorité encore
plus incontestable, la France, aujour-
d'hui. tient la tête de l'alcoolisme dans
Je monde. Non seulement, à elle seule,
elle absorbe plus d'absinthe que tous ses
voisins réunis et atteint un chiffre de
consommation, qu'il y a trente ans on
aurait jugé physiologiquement impossi-
ble. Mais elle fait mieux : elle élève la
passion de l'alcool à la hauteur d'une
institution nationale ; le seul privilège
indestructible est celui des bouilleurs de
cru, et celui-là ne fait pas seulement
perdre à l'Etat des centaines de mil-
lions, il entretient, il organise une inci-
tation, une émulation, une éducation fa-
miliale de l'alcoolisme, dont les résul-
tats se mesurent déjà, en Normandie,
par exemple, au nombre de conscrits
qu'il faut réformer, au nombre de fa-
milles villageoises qui s'éteignent ou
faute d'enfants, ou, ce qui est pis, dans
une descendance irrémédiablement dégé-
nérée. t
Voilà l'état vrai de la France.
En prenez-vous vcftre parti, avec la
formule commode : il n'y a rien à fai-
re ? Alors M. Boverat vous oblige à su-
bir en détail le tableau du sort qui at-
tend la France non pas dans le lointain
cie l'avenir, mais de votre vivant, de-
main, après-demain. Il ne vous épargne
aucune de ces visions tragiques depuis
l'invasion et le démembrement jusqu'à
la déchéance économique, commerciale,
industrielle, financière, intellectuelle.
Hideux spectacle de la fin d'un grand
peuple qui meurt d'égoîsme et de lâche-
té..
Mais non. Vous vous révoltez. C'est
outrager la France que d'accueillir de
pareilles perspectives. Voilà justement
ce que l'auteur voulait vous faire dire.
Et l'originalité de son livre est d'avoir
saisi ce bon mouvement pour l'opposer
à l'opinion courante qui conclut à l'iner-
tie. Il croit, lui, aux forces morales pour
arrêter la dépopulation volontaire. Chi-
mère ! dites-vous. Pas plus que toutes
les chimères dont est faite la vie mora-
le. A l'heure actuelle, c'est d'en-
fants que la Patrie a besoin, plus que
de toute autre chose. Le devoir de la
paternité est aussi sacré que le devoir
militaire : il est une part de la contri-
bution due par tous à la défense natio-
naje ». Il n'est pas impossible, peut-être
même ne serait-il pas très difficile, si on
l'entreprend, de faire comprendre à un
peuple aussi intelligent que le nôtre qu'il
y a là pour lui une question de vie ou
de mort.
Ferdinand BUISSON,
Député de la Seine.
Politique ttrangère
-.-+-
APRES LA GUERRE
Le conflit balkanique, si fer-
tile en incidents variés, 'devait
nous apporter une surprise
nouvelle : Vaccord austro-rus-
se pour la révision du traité de
Bucarest.
Lorsque l'on pense que, durant plu-
sieurs semaines, au cours de l'hiver. der-
nier, la tension austro-russe menaça. la
paix de VEurope et que l'on constate
aujourd'hui l'entente intime qui règne
entre .1 icolas 11 et François-Joseph, on
ne peut se défendre d'un certain dépit.
Eh ! quoi ! c'est pour 'des chancelleries
aussi promptes à faire volte-lace que les
peuples civilisés se seraient entr'égor-
gés ! Quel enseignement nous recevons
de cette désinvolte manière de traiter
alliés, amis et protégés ï Oui, nous
avons risqué la conflagration euro-
péenne :
Et cela pour des Altesses, v,
Qui, vous à peine enterrés, !
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez !
Maintenant, peuples de France et
d'autres pays, envisagez avec plus de
sang-froid les conflits ridicules pour de
vagues ports de VAdriatique, de l'Egée
ou de la Marmara.
Mais, au fait, tout s'explique. Tandis
que Français, Anglais, Allemands, en
particulier, affectent de considérer les
Balkaniques comme majeurs, la Russie
ci l'Autriche ne peuvent se résoudre à
prendre ce parti. Renoncer à intervenir
dans la péninsule, c'est, pour Vienne,
accepter les yeux fermés les transfor-
mations balkaniques qui, toutes, ont un
retentissement dans son propre domai-
ne. Pour Pétersbourg, c'est cesser de
jouer le rôle de puissance pr^ectrice
du slltvisme, de sœur aînée, d'arbitre
traditionnel, c'est biffer cent pages de
son histoire et suspendre cent moyens
de sa diplomatie.
Les Bâlkans, en vérité, intéressent la
Russie et l'Autriche au premier chef,
tandis qu'ils n'intéressent les autres
puissances qu'accessoirement. Et voilà
pourquoi ce fut toujours une erreur que
de vouloir faire supporter par les Occi-
dentaux européens les conséquences
éventuelles de la politique.de l'Europe
orientale. La Russie et l'Autriche vien-
nent de faire voir nettement qu'elles se
passeraient très volontiers de concours
superflus pour arranger à leur gré les
affaires orientales.' A bon entendeur,
salut 1
Précédemment, nous constations que
l'Autriche, dans les mois écoulés, s'était
fréquemment écartée de l'Allemagne
sur le terrain diplomatique. La Russie
observe avec dépit que la France ne la
suit pas à l'aveuglette âans le différend
gréco-bulgare. Peut-être, pour, le fond,
ta Russie a-t-elle raison et son point de
vue au sujet de Cavalla est défendable.
Mais ce qui l'est moins, c'est de préten-
dre que la France la trahit — comme
affirment certains journaux petersbour-
geois - parce que chez nous les sym-
pathies gouvernementales ou populai-
res sont tournées du côté des Grecs plu-
tôt que 'du côté des Bulgares. 'Après trop
d'engouement pour le peuple bulgare,
peut-être allons-nous trop loin dans la
réprobation ; mais enfin, c'est le droit
strict d'un peuple libre et ce droit on
doit le maintenir tout entier par prin-
cier ; -
Albert MILHAUD.
LE FAIT DU JOUR
LA PAIX BALKANIQUE
Ministère des Affaires étrangères, à Bucarest, où a été signée 'la psax.
Les On-Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil, 4 h. 39 du matin*
Coucher du soleil, 7 h. 13 du soir-j
Lever de la lune, 4 b. 19 du soir.
Coucher de la lune,; II h. 24 du soir.
Courses à Cabourg.
AUTREFOIS
Le Rappel du 12 août 1877 1
On télégraphie, le 8, à la Gazette de Co-
logne, que les Turcs ont attaqué la veille, à
Lowatz, et qu'ils ont été repousses après
deux heures de combat.
— On ajoute peu de foi, à Londres, à la
nouvelle que l'émir, d'Afghanistan aurait
proclamé la guerre sainte.:
- M. Constans, ancien député, faisant
partie des 363, a assigné en diffamation, de-
vant le tribunal correctionnel de Toulouse,
le Bulletin du Commerce et M. de Pourtour
ministre de l'intérieur.
Malherbe et Racan
M. de Termes reprenait Râcan d'un vers
qu'il a changé depuis, où il y avait, par-
tant de la vie d'un homme, des champs :
Le labeur de ses bras rend sa maison prospère.
Racan lui riposta que Malherbe avait
dit : « Oh ! que la fortune prospère », etc.-
Malherbe, qui était présent, s'écria :
— Eh ! .monsieur, si je fais un pet, en
devez-vous ftaire. un autre 1
AUJOURD'HUI
Une affaire d'or
Voici un curieux prospectus, envoyé par
une compagnie américaine, en formation .:
Nous allons faire l'élevage des chats et nous
en procurer un million. Chacun d'eux aura 12
petits par "an. Lès peaux de chat valent 5 pence
(0 fr. 55) les blanches, 3 shellings (3 fr. 75) les
noires. La moyenne sera donc de 1 sh. 3 pence
(1 fr. 55). Nous aurons donc 12'millions de peaux
de chaque année et" une?recette brute quoti-
dienne de 2.000 liv. st. (50.000 francs). Un homme
peut dépouiller 50 chats pour 8 sh. (10 francs) ;
et il faudra 1.000 hommes pour faire marcher
l'exploitation ; il nous restera ainsi un bénéfice
de! 1.600 livres sterling (40.000 francs) par jour.
Mais'nous aurons à Jiourrir les chats ? Com-
ment ? Nous ferons l'élevage des rats tout à
côté. Les rats se reproduisent quatre fois plus
vite que les chats. Nous aurons donc quatre rats
par' jour pour chaque chat, ce qui est abon-
dant. Or, comment nourrir les rats ?
C'est bien simple : au moyen des cadavres des
chats ; un quart de chat par rat suffit ample-
ment.
Ainsi l'affaire s'entretient d'elle-même, c'est
la roue qui tourne. Les chats mangeront les
rats et les rats mangeront les chats. Il restera
les peaux et l'argent 1
Voilà une affaire brillante et sûre I
Offre d'association
Un petit journal de Seine-et-Oise publie
l'avis suivant :
« Monsieur seul, grand amateur de têtes
de veau, mais ne pouvant s'en procurer
que d'entières, qu'il lui serait bien difficile
de consommer, désirerait s'adjoindre quel-
ques personnes pour en manger deux fois
par semaine. » i,
« Ecrire aux initiales : R. K. » ç
Un dîner de têtes, quoi ,! .,
Pas un homme. un traité J
Ce que noue avions prédit se réalise.
L'Espagne ne parvient pas à établir sa
domination dans le Maroc septentrional et
déjà la presse officieuse de Madrid laisse
percer l'espoir des personnages. officiels,
l'espoir que la France, bonne fille, viendra
en aide à la « sœur latine ».
Nous n'userons pas, à cette occasion, du
langage enveloppé cher aux diplomates.
Nous dirons fort crûment qu'en matière de
politique étrangère les plaisanteries les
meilleures sont les plus courtes. -
Voilà qu'après avoir laissé le tiers du
Maroc à l'Espagne, noue devrions' encore
lui donner trente mille hommes pour le
conquérir ! ■
La sœur latine ne manque pas de naï-
veté dans, l'impudence. s.ivr - eu,
Bien oentendu, lés "Journaux espagnols
qui, aujourd'hui, célèbrent les bienfaits de
l'amitié française, sont les mêmes qui, il
y a deux ans, souriaient, applaudissaient
et aux fanfaronnades allemandes et aux
exploits sanglants de Moulay Hafid.
Par bonheur, la France n'a pas perdu
le souvenir des avanies qu'elle a subies.
D'abord, que ce point soit bien établi :
pas un homme au service de l'Espagne.
Puis, si celle-ci souhaite sincèrement notre
appui politique et financier, qu'elle fastse
savoir au quoi d'Orsay ce qu'elle nous
bffre en échange et qu'un traité en bonne
et due forme consacre ses promesses.
Loin de nous ta pensée die médire des
« ententes cordiales », mais un écrit n'a
jamais nui à - la cordiaHté.
UNE GRAIDE EUVRE NATIONALE
La préparation militaire va avoir sa loi.
Bien mieux, notre distingué confrère, la
France Militaire en publie, aujourd'hui mê-
me, le texte.
A vrai dire, ce texte n'a encore été voté
que par le « Comité .consultatif supérieur »,
ce qui est insuffisant pour qu'il soit pro-
mulguée
Mais comment pourrait-on proposer de
le modifier si on ne le connaissait pas.
Or, il a grand besoin d'être modifié. Il
contient, cartes,- des dispositions excellen-
tes, comme celle s qui exigent que les sta-
tu.t$ des sociétés « agréées » soient « ex-
clusifs de tout caractère confessionnel » ;
comme celles encore qui instituent une mé-
daille spéciale, et réserve, un certain nom-
bre de croix de la Légion' d'honneur pour
les bons Français qui se .consacreront à
l'éducation militaire de la j-étinæ,s'ê..-, x
Mais, il semble bien, que ces messieurs
du « Comité consultatif supérieur/V aient
oublié de se poser la question essentielle,
à savoir," la question d'argçnt..-.r
Il y a bien un article 9 qui attribue ex-
clusivement -aux sociétés agréées les oub-
ventions , de, l'Etat. Mais ces subventions,
bù en fixe-tron : le chiffre : ? Nulle part.
Comment seront-elles distribuées ? Person-
ne n'en sait rien.
C'est précisément ce que tout le monde
voudrait savoir.
ir faut,\d'unepart, que par dejarges do-
tation©, les Pouvoirs publics permettent iêt'
assurent le ; développemen t des sociétés de
préparation militaire. -.^JÎ
Il faut aussi, pour, éviter que les deniers
de la Nation soient gaspillés au gré dés
politiciens locaux, que les subventions,
soient proportionnelles au,nombre de jeu-
nes gens effectivement enrôlés par les so-
ciétés. ';;Ïff.,:'" ', l' ;."
A ves deux conditions, seulement, la loi
de demain permettra l'édification d'une
grande œuvre nationale. ":;j¡
Le Mot et la Chose
v Ú
M. Charles Dupuy, du Soleil, a une
bonne Ame. A Quand tant Vie cléricaux, de
conservateurs et de progressistes partent
en guerre contre la semaine anglaise, lui
t'accepte et la préconise.
Seulement, voilà, il veut la débaptiser. et
la rebaptiser.
« La réforme, en soi, écrit-il, a un ca-
ractère juste et moral ; comme, la plupart
des réformes sociales, elle n'estTqu'un rel
tc,ur à l'ancien 0rclrc de choses détruit por
là Révolution. Le repos; à partir du'siamedi
à midi, était pratiqué, en "'France, dans la
société catholique du Moyen Age.
« Pourquoi, (puisqu'on ressuscite ce qui,
jadis, ex'istait .en France, ne pas l'appeler
simplement la Semaine française ou la Se-
maine chrétienne ? »
Oui, pourquoi ? « -e
Que M. Charles Dupuy ne se frappe pas
et qu'il l'appelle comme il voudra. Les ré-
publicains libres penseurs tiennent à la
chose et fort peu au mot.
Au surplus, les cléricaux ont toujours
eu, croyons-nous, la libre disposition du
dictionnaire. Qu'ils en usent, qu'ils en abu-
sent, nous n'y voyons pas d'inconvénient,
mais qu'ils cessent de s'opposer aux réfor-
mes fiscales et sociales.
Môme s'ils devaient être baptisés catho-
liques, apostoliques et romains, nous ré-
clamerions encore et l'impôt sur le revenu
et l'assurance contre l'invalidité, et l'assu-
ranoe contre le chômage et le contrat col-
lectif du travail.
M. Charles Dupuy, lui, s'y rallierait-il ?
VOIR EN 4e PAGE :
Les Croix du 14 Juillet
L'ACTUALITÉ
Le Traité de paix estsiuné,
On est joyeux à Bucarest, mécontent à Vienne
irrité à Pétersbourg, furieux à Sofia.
Et maintenant que deviendra Andrinople ?
Bucarest, 10 août. — Aujourd'hui, à dix
heures et demie, dans la séance de clôture
de la conférence, les signatures ont été ap-
posées sur le traité. «
Le canon tonne ; les cloches sonnent à
toute volée, les musiques jouent ; la ville
est pavoisée.
Le roi, la reine et les princesses Marie et
Elisabeth ont assisté au Te Deum célébré
en l'honneur de la signature de la paix.
Sur la proposition de M. Spalaikovitch,
tous les délégués se sont rendus en corps
au palais royal à l'issue du Te Deum pour
s'inscrire sur le registre du palais.
M. Venizelos, quoique très indisposé, a
tenu à assister à la séance de clôture de la
Conférence, et il a prononcé un discours.
Avant de clôturer la séance, M. Majores-
co a également prononcé un discours dans
lequel il a dit : « Messieurs, nous pouvons
nous séparer avec la conscience d'a\oir fait
de notre mieux pour sauvegarder les inté-
rêts des Etats que nous représentons et
avec le sentiment que les liens personnels
établis entre nous pendant notre travail
commun, seront les précurseurs des bons
rapports qui vont s'établir entre nos
Etats ».
Le discour; de M. Majoresco a été très
acclamé par tous les délégués. La séance
s'est terminée par une conversation géné-
rale entre tous les délégués, qui s'est dé-
roulée au milieu de la plus grande cordia-
lité.
A leur sortie du ministère des Affaires
étrangères, la foule a acclamé chaleureuse-
ment les missions. Les acclamations se sont
prolongées sur tout le parcours jusqu'à la
cathédrale.
Le Traité de paix
Bucarest, 10 août. — Voici le traité de
paix signé aujourd'hui à Bucarest :
Le roi de Bulgarie, d'une part, et les rois
des Hellènes, du Monténégro, de Roumanie
et de Serbie, d'autre part, animés du désir
de mettre fin à l'état de guerre actuellement
existant entre les cinq pays respectifs, vou-
lant, dans une pensée d'ordire, établir la
paix entre leurs peuples, si longtemps
éprouvés, ont résolu de conclure un traité
définitif de paix, et ont nommé des pléni-
potentiaires. (Suit la liste de ces derniers.)
Un accord étant heureusement établi, il
a été décidé :
Article premier. — Il existera paix et
amitié entre le roi des Bulgares et les an-
tres souverains, ainsi qu'entre leurs héri-
tiers et successeurs ;
Article II. — La frontière iroumano-bjil-
gare, rectifiée conformément à l'annexe du
protocol è numéro 5, partira du Danube, en
amont de TurtukaI, pour aboutir à la mer
Noiro, au sud de Ekrenc.
Il est formellement entendu que la Bulga-
rie démantèlera, dans un délai maximum de
deux années,_les fortifications qui existent
à Rouotchouck, à Simla et dans une zone de
vingt kilomètres autour de Baltchick. Une
commission mixte établirai dans les quinze
jours, sur le terrain, le nouveau tracé, et
présidera au partage des biens capitaux cou-
pés par la nouvelle frontière. En cas de di-
vergences, un arbitre décidera en dernière
instance.
L'Article. III. _La frontière sertbo-bulgare,
fixéé'cohformément à l'annexe du protocole
numéro 9, "partira de l'ancienne frontière,
de la montagne de Paratrica, suivra l'an-
cienne frontière tureo-bulgare et la ligne de
partage des eaux entre le Vardar et la
Strouma, à l'exception dé la haute vallée
de la Stroumitza, qui restera à la Serbie.
Ladite frontière aboutira au mont Bela-
sica, où elle rejoindra la frontière bu-lgaro-
grecque. Une commission n^ixte exécutera,
dans les quinze jours, le nouveau tracé cl.
présidera au partage des biens capitaux
coupés par la nouvelle frontière, avec re-
cours possible à l'arbitrage.
Article IV. — Les questions relatives à
l'ancienne frontière serbo-bulgare seront ré-
glées suivant entente entre les parties con-
tractantes conformément au protocole an-
nexé..
Article V. — La frontière gréco-bulgare,
fixée conformément au protocole numéro 9,
partira de la nouvelle frontière bulgaro-
serbe, sur la crête de Celascina-Planina, et
aboutira à l'embouchure de la Mesta, sur
la'mer Egée. Une commission mixte et un
arbitrage sont institués comme il avait été
indiqué dans l'article précédent. -
Il est formellement entendu que la Bul-
gàriejfse désiste, dès maintenant, de toute
prétention sur l'Ile de Crète. ,
Article VI. — Les quartiers généraux des
armées respectives seront informés de la si-
gnature du traité. Le gouvernement bulga-
re s'engage à démobiliser aesi le lendemain.
Les troupes dont la garnison est située
dans la zone d'occupation de l'armée bel-
ligérante .seront dirigées sur un autre point
de l'ancien territoire bulgare et ne pourront
regagner leurs garnisons habituelles qu'a-
près l'évacuation de la zone d'occupation.
Article VII. — L'évacuation du territoire
bulgare commencera aussitôt après la dé-
mobilisation de l'armée bulgare et sera
achevèe au plus tard dans la quinzaine.*
Article VIII. — Durant l'occupation du
territoire bulgare, les armées conservant Je
droit de réquisition moyennant paiement en
espèces, auront le libre usage des chemina
de fer pour le transport des troupes et des
approvisionnements, sans accorder d'in-
demnité. Les autorités locales, les malades
et les 'blessés seront placés souis la sauve-
garde desdites armées. -
5 Article IX. — Aussitôt que possible, tous
les prisonniers de guerre seront réciproque-
ment rendus. Les gouvernements présente-
ront respectivement un état des dépenses
effectuées pour le eoin et l'entretien des-
prisonniers.
Article X., — Le présent traité sera rati-
fié et les ratifications seront échangées à
Bucarest dans un délai de 1 ipurs, ou plus
tôt a'il e3t possible»
En foi de quoi, les plénipotentiaires res-
pectifs ont signé et apposé leur cachet.
Fait à Bucarest le 28 Juillet 10 août iyi3.
La revision du Traité
On n'y croit pas à Bucarest
Bucarest, 10 août. — On considère, ici,
qu'il n'y a nulle chance pour que le traité
soit revisé.
Le cabinet de Berlin a fait savoir qu'il
était tout à fait hostile au projet de revi-
sion et qu'il s'efforçait d'en détourner l'Au-
triche.
On remarque beaucoup, à ce propos, la
phrase d'un télégramme envoyé par le roi
Charles à Guillaume II, et dans laquelle le
souverain de Roumanie dit au kaiser :
« Grâce à toi la paix sera définitive ».
Pour tout le monde ici, ces quelques mots
signifient que le traité ne sera pas révisé-
et que Cavata restera aux Grecs.
Il est vrai que dans sa réponse le kaiser-
est beaucoup moûu affirmatif.
L'Autriche et la Russie sont seules cte-
leur avis, et leurs démarches à Bucarest'
n'auront été qu'un geste sentimental et inu-
tile en faveur des Bulgares.
Mais, même si les puissances s'étaient
mises d'accord, la revision eût été diffici-
le à réaliser, car la Roumanie et ses alliés
étaient absolument décidés à s'y opposer-
L'opinion en Autriche
Vienne, 10 août. — On mande de Pragnf"
que la presse tchèque juge défavorablement
le traité de-paix de Bucarest .qu'elle consi-
dère comme préjudiciable aux intérêts des
Slaves dans les Balkans. Le journal Union..,
très répandu dans la population tchèque,
doute que la paix soit durable. La Bulgarie,
dit-il, a été trop sacrifiée pour qu'elle ne
soit pas inspirée dans l'avenir par des(
idées de revanche. Il en résultera une crise
balkanique permanente.
Le Lidove Noviny estime que la révision
est nécessaire.
Le Narodny Listy, organe jeune-tchèque,
exprime l'avis que non seulement la Bul-
garie est. fra-ppée douloureusement par la
paix de Bucarest, mais que les intérêts dc
tout le monde slave sont profondément lé-
sés.
Mécontentement en Bulgarie
Sofia, 10 août. — Toutes les sociétés e*
corporation 7^ Sofia ainsi que les émigrés
et réfugiés macédoniens préparent une pro-
testation contre les stipulations du traité
de Bucarest.
Les journaux russes
Saint-Pétersbourg, 10 août. — Répondant
aux articles de la presse française, faisant
grief au gouvernement russe de suivre la
politique autrichienne, la Gazette de la
Bourse écrit : -
L'identité de vues entre l'Autriche et la Russe
est purement accidentelle. C'est en poursuivant
des buts différents que les deux nations ont èlé
ame'ns à prendre une attitude semblable.
Le Novoié Vrémia, de son côtéj. déclare.
La France a adopté la thèse allemande, tan-
dis, que la Russie a suivi une politique essen-
tiellement russe, tendant à idéaliser une paix du-
rable.
- La diplomatie française a môme collaboré e-:
fectivement avec la diplomatie autrichienne sur
la question de Cavalla, qui est destinée à per-
pétuer les haines gréco-bulgares et à éloigner
la possibilité d'une alliance des Etats balkani-
ques.
Le Rietch écrit d'autre part :
Now prévenons les diplomates français que
la divergence de vues entre les deux nations
amies et alliées ne peut s'étendre impunément.
La question d'Andrinople
Saint-Pétersbourg, 10 août. — On ne
croit pas que la Russie persévère dans son
intention de reviser le traité de Bucarest.
en ce qui concerne Cavalla. Mais elle redou-
blerait d'efforts .pour qu'une action d'ensem-
ble énergique rendit Andrinople aux Bul-
gares. '-
La réponse turque -" '- , -
Constantinople, 10 août. — Ce n'est que
demain, à l'occasion de la réception du
corps diplomatique que le grand-vizir com-
muniquera verbalement aux ambassadeurs
Ja"réponse de la-Porte à leur démarche au
sujet d'Andrinople. Une copie de cette ré-
ponse leur sera remise ensuite.
On persiste à croire que la réponse de la
Porte sera négative.
Les Jeunes-Turcs déclarent que leur ar-
mée est maintenant assez forte pour que
la Turquie puisse déclarer la guerre à la
Bulgarie, si celle-ci ne renonce pas à An-
drinople. ..z.. »- -, ::::c
IVOIR LA SUITE EN DERNIERE UEURIi>
————————— »
LES MIETTES DE LA SEMAINE
par P.-L. LAFAGE
Encore et toujours le collier. — Même si
le Uoyd, anglais paye à son assuré Mayer
les trois millions sept cent soixante-quinze
mille fra.nœ, prévus au contrat, la célèbre
Compagnie n'aura pas fait dans l'espèce.
une mauvaise affaire, car, à propos du
fameux collier, les journaux du monde' en-
tier lui ont offert une réclame monstre,
qui, sous forme d'annonces, eût coûté des.
sommes énormes, pour moins-d'efficacité.
Les opérations du Lloyd ne pourront que
gagner à ce tapage mondial : c'est de cen-
taines de mille francs, chaque semaine,
gue vont s'accroître les primes, verse-
ments des nouveaux clients. On Tattrape-J,
rai vite les millions comptés au. joaillier de
Hatton Garden dans cette circonstance qut <
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