Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-05-23
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mai 1905 23 mai 1905
Description : 1905/05/23 (N12856). 1905/05/23 (N12856).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7547768w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
N 12853. — 3 PRAIRIAL Alq 113
CINQ CENTIMES LE NUMKNO
MARDI 23 MAI 190S. — H* 18938
fONDATEUR: AUGUSTE V ACOUERIE
• "ABONNEMENTS
Un mois Trois mois IhM un a
Paris 2fr. 5 fr. 9 fr. fa CrJ
Départements.. 2 — 6 — fi - 20 —
'Union Postale. 3 - 9 - 4.6 32 —
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DIRECTEUB POLITIQUE: CHARLES BOS
ANNONCES : f
M. CH. LAGRANGE. CERF A tfl
i, Place de la Bourse, t l
97 AUX BUREAUX DU JOURNAL
Secrétaire Général : A.-F. CECCALDI
RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TÉLÉPHONE 102.82
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Rédacteur en Chef : HENRY MARET
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE 102.89
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L'UNITÉ
J'avais bien raison de dire que l'unité
socialiste finirait par devenir le triom-
phe de l'individualisme. Avant de s'u-
nifier, il était divisé en deux fractions :
les révolutionnaires avec Vaillant; les
oarlementaires avec Jaurès. Aujour-
d'hui, c'est-à-dire depuis que l'unifi-
cation a été faite et célébrée, il l'est en
une fonle de groupements. Il y a les
révolutionnaires toujours, mais enri-
chis de Jaurès ; il y a les parlemen-
taires ; il y a les indécis ; il y a ceux
qui sont radicaux avant d'être socia-
listes ; il y a — et cette catégorie est
nombreuse — ceux que n'intéresse
que leur réélection.
Mais Jaurès,étant désormais uni avec
Vaillant et Guesde, proclame que l'u-
nité existe. Il blâme énergiquement
les dissidents tels que Gérault-Richard
et Augagneur. Il ne considère pas que
les paroles d'Hervé puissent fournir
à des socialistes, chez qui l'idéede pa-
trie subsiste malgré les théories inter-
nationalistes, un prétexte suffisant
pour dissider. Ce qui ferait croire, à
quelqu'un qui n'examinerait les - faits
que superficiellement, que M. Jaurès
partage tout-à-fait l'avis de M. Hervé
sur « la rejigaine du patriotisme ».
***
, Or, il n'est pas douteux que Jaurès
ne soit d'une autre opinion. Il maudit
Hervé quoiqu'il le suive et il est bien
obligé de le suivre puisque c'est lui
qui l'a fait entrer dans la commission
administrative du « parti socialiste uni-
fié ». Mais s'il regrette ses articles in-
tempestifs et compromettants sur le
de,uctit patriotique, il ne s'en propose
pas moins de soutenir contre lui, en
réunion publique, la thèse absolument
contraire à la sienne.
Alors, cette unité socialiste — je
parle de celle que Jaurès proclame
faite avec lui — vous laisse rêveurs.
Hervé dira : « Le patriotisme est un
* leurre; le peuple doit s'insurger le
* jour de la déclaration de guerre. Il
* fera la guerre civile, car il ne peut
x attendre quelque chose que de cette
* seule sorte de guerre. » Applaudis-
sements prolongés de l'auditoire. Après
quoi Jaurès prendra la parole à son
tour et affirmera ceci : « Le patrio-
* tisme est la vertu nécessaire des
« peuples. Si la guerre éclate, chaque
« socialiste doit faire son devoir comme
* un simple radical ou un simple
* bourgeois pour défendre le sol de la
« patrie. » Et comme Jaurès est très
éloquent, il recueillera au moins au-
tant d'applaudissements qu'Hervé.
Je ne vois aucun inconvénient à
cela, si ce n'est celui-ci : Quelle est
donc l'opinion vraie du « parti socia-
liste unifié » sur le patriotisme ? L'au-
ditoire, subjugué tour à tour par Hervé
et Jaurès, ne la connaîtra jamais.
Hervé déclare que c'est lui, qui, à ce
propos, détient la vérité. Et Jaurès
aussitôt après soutient que lui seul
obéit aux principes. Grands dieux !
qui tirera les auditeurs d'embarras?
Mais, comme,avant de se dire unifiés,
Jaurès et Hervé seraient sages de se
, mettre d'accord sur les principes I
.*. ",
Il n'en est pas moins vrai que, deve-
nu incapable de s'entendre avec Her-
vé, Jaurès malmène fort ses anciens
camarades que, même, il appelle dis -
sidents. Dissidents ! Ce dissident per-
pétuel qu'est Jaurès se montre impi-
toyable pour ceux qui refusent de le
suivre dans toutes ses incarnations.
Ainsi, il apparaît à tous comme un
pape infaillible, et dont l'orthodoxie,
jamais la même, doit toujours être
considérée comme la vraie. Il y a du
Louis XIV et du Napoléon Ier dans
cette superbe assurance qui ne sup-
porte aucune contradiction.
***
Cette controverse entre frères au-
jourd'hui ennemis m'intéresse d'une
façon prodigieuse.
Nous avons connu de tout temps
des socialistes révolutionnaires qui
n'ont jamais cherché à cacher leur in-
ternationalisme. Tels ils étaient il y a
quinze jours, tels on les retrouve à
cette heure. Ceux-là ont au moins le
double mérite d'avoir de la franchise
et de ne pas changer d'opinion sui-
vant leurs intérêts.
Mais à côté d'eux, nous avons vu
des modérés et des radicaux entrer de
plein pied dans le collectivisme parce
que c'était la mode à ce moment et
qn'il leur paraissait ainsi plus facile
d'arriver .En aucune façon,ils n'avaient
ni les instincts ni l'éducation socialistes.
Mais ils étaient les candidats de l'équi-
voque. Cela a pu (Jurer un certain
temps. On blaguait les radicaux dont
on était, on les combattait tout en dé-
veloppant .I!40.r programme, puis on
eur demandait leurs voix sans. ergo-
,,ne Çw ces bons radicaux les donnaient
.::..sc empressement '>0.,
Maintenant, les choses ne peuvent
plus se passer ainsi. A force d'être des
dupes, les radicaux comprennent
qu'ils ont le devoir de se fâcher, et
les socialistes révolutionnaires eux-
mêmes ont fini par mettre leurs re-
crues en demeure de se prononcer
entre eux et les radicaux. Si bien que
les dites , recrues se trouvent aujour-
d'hui dans l'obligation de quitter le
parti ou d'avoir à se présenter aux
électeurs avec une belle affiche en tête
de laquelle on lira ceci :
PARTI SOCIALISTE
Section française de l'internationale ouvrière
Qu'est-ce que cela : section française
de l'internationale ouvrière? Alors,
l'internationale, après avoir été tant
chantée, serait réalisée ? La France ne
serait plus une grande nation? Elle
serait devenue une section d'une or-
ganisation à la tête de laquelle se trou-
verait sans doute l'Allemagne à qui,
au congrès d'Amsterdam, M. Jaurès a
demandé pardon pour notre pays, parce
que celui-ci est l'allié de la Russie ?
Plus de patriotisme ! plus rien !
Que vouliez-vous que fissent les an-
ciens amis de M. Jaurès? Entre le
suicide qu'on réclamait d'eux, parce
que ce n'est pas avec. une pareille affi-
che qu'ils pouvaient garder leurs élec-
teurs, ils ont opté pour l'indépendance
qui leur donne quelque chance de
conserver les voix radicales dont ils
ont besoin.
***
Seuls, MM. Jaurès, de Pressensé et
quelques comparses ont adhéré à la
nouvelle unité. Ils ont aussitôt com-
battu les radicaux, décidé de leur op-
poser à tous des candidats à la façon
d'Hervé et ont bu à la mort de ce parti
qui « ne représente que le néant ».
Ils ont ainsi creusé un fossé qui les
sépare nettement de la démocratie. Ils
ne s'étonneront donc pas si les radi-
caux adoptent à leur égard une atti-
tude analogue.
Bref, il n'y a plus guère à la Cham-
bre qu'une vingtaine de socialistes, si
l'on compte parmi eux M. Jaurès et
ceux de ses amis qui ont voulu lier
leur fortune à la sienne. Les autres
ne sont que de simples radicaux. Et au
lieu de se dire socialistes, tout en
agissant comme nous tous, ceux-ci
feraient bien mieux de déclarer qu'ils
n'ont pas l'intention de franchir les li-
mites du radicalisme. Ce serait beau-
coup plus clair.
CHARLES BOS
LES ON-DIT
PAROLES PATRIOTIQUES
M. Rouvier n'a pas prononcé
un long discours au Champ de
Mars, à l'occasion de la fête
donnée par l'Association natio-
nale de preparation au service
- militaire; mais il a dit - les paro-
les qu un chef de gouvernement devait faire
entendre. Il était impossible, en effet, qu'un
président du conseil ne trouvât pas un
mot pour condamner les odieuses et stupi-
des doctrines d'antipatriotisme que certains
essaient de propager.
Le président du conseil s'est exprimé
avec autant de calme que de dignité. Il n'y
a pas à craindre, dans un pays comme le
nôtre, fier de son passé et pénétré de ses
devoirs, que des théories aussi dépriman-
tes que celles dont il s'agit trouvent beau-
coup d'adeptes.
Comme l'a dit au milieu des applaudis-
sements M. Rouvier, « qui donc pourrait
concevoir au milieu de l'Europe aimée
l'existence d'une grande démocratie comme
la nation française, si cette démocratie n'a-
vait conscience de porter dans son propre
sein la force nécessaire, à sa défense ».
Cette nécessité de protéger l'intégrité de
la puissance nationale ne gêne aucun es-
poir de progrès, M. Rouvier l'a montré,
quand il s'est écrié :
« Si haut que soit l'idéal qu'elle poursuit,
si géné^ux que puissent être ses senti-
ments de paix et de concorde, une grande
nation comme la nôtre ne peut vivre que
si elle conserve les vertus militaires, aussi
nécessaires pour assurer l'inviolabilité du
sol national que la liberté de la pensée
française, »
Telleest la vérité sur laquelleil sied d'in-
sister : dans un pays opprimé, pas de place
pour une propagande de liberté. Il faut
défendre la France parce qu'elle est l'ins-
trument nécessaire de tous les progrès.
LE « COULE VOLANT » AUX HALLES
Ceci n'est pas un calembour. Savez vous
ce que c'est que le système du double volant
journellement employé aux Halles centra-
les ? Voici. En verlu de la loi de 1896, le
mandataire chargé de vendre une mar-
chandise est obligé de posséder un livre à
souche d'un modèle approuvé par la pré-
fecture de police et muni de deux feuillets
volants dont les mentions doivent être
concordantes. Le premier volant accompa-
gne le lot vendu à la sortie du pavillon et,
là, est remis au fort, c'est celui de la pré-
fecture de police ; le deuxième, destiné a
l'expéditeur, énonce le prix de la vente,
les frais tarifés et la commission.
Or, depuis quelque temps, on s'est
aperçu que les chiffres primitifs étaient
parfois surchargés. Les volants ne con-
cordaient pas. Un boucher de province,
que nous pourrions nommer, avait remar-
qué le fait. Il expédia du veau aux Halles,
partit en même temps pour Paris et ra-
càçtn l'animal au prix de i fr. le demi-
kilog. Quelle ne fut pas sa surprise quand,
le suriendemain, il reçut chez lui le bor-
dereau de vente portant le prix inexact de
90 centimes! L'errenr fut reconnue et rec-
tifiée. Mais à quoi sert, dans l'espèce, la
commission supérieure qui a pour mission
de veiller au bon fonctionnement des
Halles?
Expéditeurs et mandataires honnêtes se-
ront d'accord pour réclamer une réforme
urgente. On ne devrait pouvoir rectifier les
bordereaux de vente qu'avec l'assistance
de deux témoins, si l'acheteur est inconnu,
ou sous l'assistance ou l'autorisation écrite
de ce dernier, s'il est connu.
SAINT GUIREC v - - i V
—Au bord de la grève,entre Ploumanac'h
et Trégastel, m'ont raconté trois petites
bretonnes, saint Guirec a son oratoire.
Saint Guirec est le patron des filles à ma-
rier. L'autre année, nous rencontrâmes
sur la grève un vieux monsieur qui nous
demanda si saint Guirec se dépêchait de
nous donner des époux. Nous répondimes
que le saint n'avait pas l'air pressé.
Le monsieur s'assit sur le sable, et il
traça sur une feuille de carnet des lignes
d'écriture d'égale longueur.
Ensuite, il nous remit son griffonnage,
en nous assurant que c'était un talisman
pour se marier dans l'année.
L'honnête vieillard avait écrit ceci no-
tamment :
O! Grand Saint Guirec, me voici
Devant votre antique ermitagb
Pas pour moi, retenez ceci,
Car, maintenant, je suis hors d'âge.
Je viens, pour faire des heureux,
Solliciter votre indulgence
A des fllles sans amoureux,
Veuillez accorder quelque chan-
Trois surtout, patron de Perros
Françoise, Mariette, Yvonne,
Réclament de bons numéros ;
Chacune affirme qu'elle est bonne.
Elles font partie de l'essaim
De celles, cela, se devine.
Qui désirent ne pas, Grand Saint,
Coiffer la bonne Catherine !.
Eh bien, achevèrent les petites breton-
nes, sur trois que nous étions, une est ma-
riée,et les deux autres le seront à la Saint-
Michel.
Quel est donc ce mystérieux vieillard,
qui ne dit pas son nom, et qui a le pou-
voir de « faire marcher » le patron des fil-
les à marier?
POUR IMITER LE CHRIST
Arissic Orifio, prêtre de la paroisse de
Chale, dans la ville de Guadalajara (Mexi-
que), avait annoncé à tous les fidèles de
son église qu'il s'offrirait en sacrifice pour
tous les péchés de la congrégation et qu'il
les conjurait de ne pas manquer l'office
du vendredi. Les tidèles, en entrant dans
l'église, n'ont d'abord rien remarqué de
particulier. Le prêtre se trouvait à l'autel
en prière. Quand l'église a été pleine, il
s'est levé et a ordonné de fermer toutes
les portes. Saisissant alors un bidon à
pétrole contenant plusieurs gallons, qu'il
avait dissimulé derrière l'autel, le prêtre
l'a versé sur ses vêtements, auxquels il a
mis le feu, avant qu'aucun des assistants,
frappés d'horreur, ait eu le temps de faire
un mouvement pour l'en empêcher.
Pendant qu'Arissic Orifio brûlait, d'nne
voix tonnante il suppliait le seigneur de
pardonner les péchés des membres de l'é-
glise en considération du sacrifice de sa
propre vie. Peu à peu sa voix s'est éteinte
et quand les plus hardis ont osé approcher
du prêtre, son corps était absolument car-
bonisé.
Le prêtre s'était placé une couronne
d'épines sur la tête. Et ce trait achève d'é-
clairer le caractère de la folie du malheu-
reux. Il avait voulu renouveler, en moder-
nisant la forme du supplice, le sacrifice du
Christ.
Que n'a-t-il médité la parole de Tolstoï,
qui recommande aux hommes, toujours fai-
bles et imparfaits, de ne pas choisir trop
haut leurs modèles?
Le Passant.
"l tria
LES ELECTIONS
-
Election sénatoriale de la Haute-Savoie
Inscrits : 650. — Volants : 648
Bulletins blancs : 42
MM. Chautemps, député, anc. min.,
radical 301 voix
Mercier, député, rad. 269
Divers. 35
(Il y a ballottage.)
Second tour
Inscrits : 650. — Votants : 647
Majorité absolue : 311. — Bulletins blincs : 27
MM. Chautemps, député - de - Bonne-
nevillè. répübIic. 317 ELU
Mercier. 281
Il s'agissait de remplacer M. André Folliet,
sénateur décédé.
Election législative de la Somme
Arrondissement de Péronne
Inscrits : 29.324. — Votants : 24.655.
M. Vion, conseiller gén., pro.. ELU 13.840
M. Magniez, cons. gén., radical. 10.094
M. Cosselin, publiciste, socialiste.
Il s'agissait de remplacer M. Trannoy, pro-
gressiste, 'lu sénateur do la Somme.
.0 ———————————.—.
LE MYSTERE RUSSE
La bombe de Varsovie
Varsovie, 21 mai.
L'émotion causée par l'attentat de vendredi
commence à sa calmer; mais on se montre
fort indigné do ce que la personnalité visée
ait été le gouverneur général, qui, depuis sa
nomination, a [trouvé son vif désir d'aider les
Polonais à obtenir toutes les concessions rai-
sonnables.
Do nombreuses notabilités polucriaes se
sont rendues au château pour féliciter le gou-
verneur d'avoir échappé si heureusement- au
danger qui le menaçait. Le gouverneur n'a
reçu que très peu de personnes. On dit qu'il
est très affecté de l'attentat. La police conti-
nue ses recherches. Beaucoup d'arrestations
auraient été opérées.
Les rapports commerciaux franco-
russes
Saint-Pétersbourg, 21 mai.
La nouvelle do la prochaine arrivée à Saint-
Pétersbourg des délégués français chargés de
négocier un traité de commerce avec la Rus-
Ble produit ici, dans le monde des affaires,
une excellente impression.
La Gazette de la Bourse constate que la Rus-
sie est la plus intéressée dans ces négocia.
tions, car ses importations en France sont
cinq fois plus considérables que les importa-
tions françaises en Russie. Le traité projeté
permettra, dit le journal, d'arrêter la décrois-
sance des exportations russes en France; ces
exportations ont diminué l'année dernière de
30 OjO. Le journal espère que la réussite des
négociations rétablira la confiance de ta
France dans la situation financière de la Rus- ,.
sie.' - < 't' - '",
*■
RASADES PROTOCOLAIRES
Le Protocole est sur les dents, et comme il
les a très longues, 11 se trouve en bien mau-
vaise posture ; mais comme cela lui arrive à
chaque instant, pour ce qui nous parait, à
nous autres profanes, des vétilles, il y est
tout à fait habitué et ne voit plus, depuis
longtemps, le ridicule de sa position.
Cependant, le soir où le roi d'Angleterre et
le roi de Belgique se rencontrèrent gentiment,
sans lui, dans un théâtre parisien, il fut si
grotesque et si piteux qu'il finit par compren-
dre l'humiliation qu'on lui infligeait. Ne pas
régler la rencontre de deux rois dans un lieu
public, ne pas indiquer les saluts à échanger,
les courbettes à faire, quelle avanie 1
Et quel bouleversement dans toutes les
niaiseries imposées jusqu ici, quelle révolu-
tion auprès do laquelle celle de 89 ne semble
plus qu'un enfantillage 1
Les têtes couronnées oublieraient-elles qu'un
roi sans protocole n'est plus un roi ?
Il s'agit de prendre une revanche éclatante
qui puisse servir de leçon aux rois, et le Pro-
tocole s'y occupe. Le séjour du roi d'Espagne
à Paris l'y aidera.
Les efforts du Protocole se porteront sur la
partie la plus importante du voyage, sur
échange des toasts. Il aftirmera ainsi, d'une
façon impérieuse, non seulement son utilité,
mais son indispensabilité.
La question est, en elfet, Dion pius com-
plexe que ne le pensent des démocrates à l'es-
prit simpliste.
Dans ses Epigrammes, Martial affirme que,
pour porter la santé de quelqu'un, il faut
boire autant de rasades qu'il y a de lettres
dans son nom. Ronsard n'est pas moins pré-
cis, puisque, parlant de sa tendre Cassandre,
il nous dit :
Neuf fois, au nom de Cassandre,
Je vais prendre,
Neuf fois, du vin du flacon;
Afin de neuf fois le boire
En mémoire
Des neuf lettres de son nom.
Collelet, qui ne fut pas si crotté que veut
bien le dire Boileau, s'est soumis ponctuelle-
ment à cette coutume pour chacune de ses
trois cuisinières, ou de ses trois épouses,
comme on voudra :
Six fois je m'en vay boire au beau nom de Cloris.
Suivant que le vin était bon ou mauvais, les
illustres « beuveurs » choisissaient un nom
très bref ou interminable, ainsi qne l'avoue
ingénument Olivier Basselin :
Si le boire n'est pas bon,
Jean simplement j'auray nom ;
Mais si c'est breuvage Idoine,
Mon nom sera Marc-Antoine.
Le problème, on le voit, n'est pas facile à
résoudre. Quel est le nom exact de notre Pré-
sident? Est-ce Loubot? Est-ce Emile Loubet?
Quand on dit : le Président Loubet, il ne peut
y avoir d'erreur ; mais quand on dit : Lou-
bet, tout court, cela peut prêter à l'équivoque,
car un certain nombre de nos concitoyens
ont l'honneur de porter un nom aujourd'hui
présidentiel. Le roi d'Espagne devra-t-il ava-
ler cinq eu onze ras ides?
D'autre part, combien do rasades devra ava-
ler notre Président? Alphonsa comprenant
huit lettres, huit rasades suffiront-elles ? Mais
le roi d'Espagne n'estpasseulement Alphonse,
il est surtout, peut-on dire à juste titre, Al-
phonse Treize. Cela fait six rasades en pl a
— quatorze au total. Va-t-on obliger nolra
cher Président à engloutir quatorze rasades à
chaque to^st? On frémit à l'idée que ces toasts
peuvent être courts, mais nombreux.
Vous voyez bien, railleurs etmoqueurs, qu'il
est heureux que le Protocole existe et qu'il soit
tii pour trancher ces graves difficultés inter-
nationales.
G. de Vorney.
-——————————— ,
LA QUESTION MAROCAINE
La fête Mouloud
Tanger, 21 mai.
On mande de Faz :
La fête Mouloud (naissance du Prophète) a
été eélébrée ce matin. Le sultan est sorti à
cette occasion de la ville et a été acclamé par
les habitants et par les tribus des environs, Il
y avait une affluence de gens considérable.Les
ambassades française et allemande en grand
uniforme assistaient à la fête.
Hier et avant hier, le comte Tattenbach, chef
de la mission allemande, a été reçu en au-
dience privée par le sultan. Rien n'a transpiré
de leurs conversations. -
Le ministre allemand a reçu une lettre d'Er-
raisuli, apportée par courrier spéCial. On se
souvient que le Irère d'Erraisuli avait été pré-
senté à Guillaume II, à Tanger.
Les fêtas dureront sept jours, pendant les-
quels les affaires seront suspendues; il est pro-
bable que de simples visites de courtoisie et
des compliments seront échangés entre les
ambassades et les vizirs pendant ce temps de
fête.
On fait circuler en ville le bruit que le
comte Tattenbach n'est pas venu à Fez pour
affaires commerciales, industrielles ou finan-
cières, mais seulement pour faire une visita
de courtoisie au sultan, et lui offrir ses con-
seils.
<--- Ob
Les Coulisses de3 Chambres
La police en grève
M. de Montfort, sénateur de la Seine-Infé-
rieuro compte déposer dès la rentrée, sur le
bureau du Sénat, une proposition de loi pour
laquelle il demandera l'urgence.
Cette proposition a peur but la constitution
d'une « brigade de police mobile a, destinéo à
assurer l'ordre en cas de grèves.
Cette force de police, dont l'organisation
sera réglée par décrets, relèvera exclusivement
du ministre de l'intérieur qui pourra l'envoyer
par détachements de force variable suivant
les circonstances, sur les points où des grèves
auront éclaté.
Les frais de déplacement seront supportés,
parles localités où l'envoi de ces forces aura
été nécessaire.
Les troupes ne devront plus être réqui-
sitionnées pour le maintien de l'ordre, ex-
cepté en cas de troubles graves, et en prin-
cipe seulemeat lorsque les manifestants seront
armés.
— —————.
LE CAS HERVE
: Nous revenons encore une fois sur le cas de
M. Hervé. Il le faut. car les théories de ce
professeur constituent le plus redoutable des
dangers. -
Un homme qui a osé écrire que les Français
« doivent répondre à un ordre de mobilisation
« par la grève générale dos réservistes d'abord,
« par l'insurrection ensuite »,est un inconscient
ou un coupable..
Je déclarerai la guerre à l'Allemagne et, si
je suis vaincu, je me ferai sauter la cervelle,
a dit un jour le général Boulanger. Que nous
importait que Boulanger se brûlât la cervelle.
Nous n'étions pas moins écrasés, rançonnés et
démembrés.
M. Hervé nous place dans la même situa-
tion quand il proclame qu'il lui est absolu-
ment indifférent d'être Français ou Allemand.
Si M.Hervé devenait seul Allemand,ça nous
serait aussi indifférent nu'à lui.
- Nous lui souhaiterions même bon voyage et
nous éprouverions un malin plaisir à contem-
pler le nez que ferait le professeur d'idéa
lisme en nouant connaissance avec le régime
libéral de ses nouveaux concitoyens.
Mais M. Hervé veut nous faire partager
son bonheur. Il entend nous convertir avec
lui en franco-allemands et en sujets de Guil-
laume II. Nous avons donc le droit de nous
regimber et de nous soustraire au rôle de
guillotinés par persuasion.
Ce rôle ne convient pas davantage aux so-
cialistes allemands dont' les chefs les plus
autorisés se sont empressés do répudier ouver-
tement les abominables doctrines de M. Hervé.
M. Mo à thon vient de publier, à ce sujet,
dans lé Matin,le récit d'une interrogation (in-
terwiev pour les personnes qui ne compren-
nent pas le français).
Lo rédacteur du Matin a demandé à Bebel,
Singer, Adler, Troolstra, Von Koil et à Mme
Liebknecht, leur opinion sur la suppression
des patries et la constitution d'une fédération
universelle.
Tous ont été unanimes à affirmer leur pa-
triotisme allemand et à déclarer qu'ils étaient
prêts à se battre contre nous si nous atta-
quions l'Allemagne.
Noos connaissions l'état d'âme des socialis-
tes allemands et nos lecteurs ont dû constater
que nous ne négligeons aucune occasion de
le rappeler aux rêveurs français qui, en pour-
suivant la destruction de notre esprit mili-
taire, préparent tout simplement l'absorption
de la Franco républicaine par une Allemagne
monarchiste, cléricale et autoritaire.
Si après tous ces avertissements, M. Hervé
Centinusit sa détestable campagne de désa-
grégation, il conviendrait de prendre les me-
sures les plus énergiques pour mettre un ter-
me à une propagande qui gangrènerait l'âme
française, atrophierait notre vitalité et com-
promettrait définitivement notre puissance de
résistance.
Nous entendons être aussi bons patriotes
français que les socialistes allemands sont des
bons patriotes germains. Nous ne serons ni
dupes ni complices des insensés qui veulent
jeter la Franco en pâture au minotaure teuton.
JEAN CLERVAL.
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
La Crise du Patriotisme à l'Ecole
primaire
L'Ecole de l'antipatriotisme. — Varia-
tions à noter. — Redoutables as-
sauts. — Un livre sur Paul
Bert. — L'internationa-
lisme d'Hervé.
Un ouvrage, paru ces jours derniers, veut
qu'il y ait une crise du patriotisme à l'école
primaire. Dans une préface retentissante l'ho-
norable M. René Goblet condamne les institu-
teurs qui en sont, parait-il, la cause. C'est
peut être beaucoup de bruit pour peu de chose.
Le mal n'est pas tel qu'on se l'imagine. Mais,
puisqu'on en parle, il faut éclairer l'opinion
publique, car sur un tel sujet il importe de
ne pas la laisser égarer.
La campagne entreprise pour dénoncar la
crise du patriotisme à l'école primaire rap-
pelle assez celle qui fut menée, il y a quelque
dix ans pour proclamer la faillite de l'en-
seignement moral, toujours à l'école primaire.
L'enseignement laïque était alors rendu res-
ponsable de la criminalité infantile; pour un
peu, on 8lH dit que l'école laïque était l'école
du crime. Il fallut discuter sérieusement cette
îueptie i
Maintenant, c'est sur la question du patrio-
tisme que l'école primaire est prise à partie.
De deux côtés à la fois l'assaut lui est donné.
Il y a d'abord le choeur des chauvins, plus
ou moins nationalistes, qui se lamentent sur
l'infiltration des doctrines pacifistes dans les
manuels et les leçons d'histoire.
Le patriotisme des instituteurs
Les instituteurs ont renoncé à l'enseigne-
ment de l'hisloire-bataille pour faire, dans la
mesure où l'âge de leurs élèves le permet.
l'histoire de la civilisation. Ils ont abandonné
les Chants du solctat de Déroulède, pour adop-
ter les* délicieuses chansons composées à
l'intention des écoles par iMaurice Bouchor,
sur de vieux airs provinciaux.
En ca qui touche le patriotisme, ce sont
là, croyons-nous, les seules variations qui
méritent d'être notées dans l'enseignement pri-
maire, depuis ces dernières années. Encore
ces vari liions sont-elles probablement moins
marquées que nous lo disons puisque, aux
yeux des ultra-pacifistes, l'enseignement pri-
maire est restj militariste et revanchard. C'est
notamment la thèse soutenue par un institu-
t'ur. M. Antonin Frauchet, dans une bro-
chure intitulée Le Boa Dieu Laïque, répandue
à profusion l'an dernier. Et des citations ti-
rées des principaux manuels en usage parais-
sent, en effet, l'établir.
Les i slituteurs, quoiqu'on diae, ont encore
pour devise : « Par l'école, pour la patrie ».
Voilà qui étonnera peut-être profondément
Mme Paul Bert à qui on a fait accroire qu'il
ne faut point aujourd'hui importuner les ins-
tituteurs en les ent etonant de son mari. Oui,
un éditeur, dernièrement, lui a donné l'assu-
rance que s'il ne publiait pas un livre scolaire
consacré à Paul Bert, c'est parcs que Paul
Bert était un palrioto et que les instituteurs
n'aimaient plus les ouvrages célébrant le pa-
triotisme. Et Mme Paul Bert a cru l'édi-
teur.
Unéliteur ne sait-il p as tout et ne doit-il
pas êtro cra sur parole? Elle n donc répété le
propos et dans certains milieux on on tire ar-
gument contre le patriotisme des instituteurs.
Ce n'est pas, on l'avouera, un argument bien
solide.
; Autres griefs
Les ennemis des instituteurs en ont d'autres,
On a vu, disent-ils. des primaires chantev
Y Internationale dans certaines réunions. Il est
vrai qu'on en a vu d'autres chanter là mess*
autrefois.Est-ce à dire qu'ils soat à Pbeuro a
tuelle aussi internationalistes qu'ils ont étêi
jadis ultramontains? Si oui, qu'on sa rassure.
Même quand ils chantaient au lutrin, les ios-;
tituteurs n'étaient pas cléricaux. Dès qu'ils ore
été affranchis, ils en ont fourni la preovG,
« Soit! dira-t-on, mais si on n'est pas. ;
internationaliste pour avoir chanté Vinlerna^_
tionale, il semble bien qu'on le soit, ou quW
veuille le devenir, quand on lit les écrits d'ufl
homme foncièrement anli-patriote comm4
Gustave Hervé. Or, les'instituteurs s'inspiron t
dans leurs classes du livre d'histoire que c& -
dernier a composé ; ils sont 20.000, affirme-U
on, qui sont abonnés à une revue dont 14
môme homme est un des principaux rédac«*
feurs. C'est Hervé qui les initie à la doctrine
internationaliste, et c'est avec la substance de1 -
ses écrits que les instituteurs préparent leurs
leçons et empoisonnent la jeunesse. v. j ;
C'est bien là le langage tenu à propos de la
crise du patriotisme. C'est là aussi, évidem-
ment, l'argument le plus spécieux.
Je ne crois pas qu'on puisse le justifier par
de fortes raisons tirées de faits nombreux:
Il est à remarquer en effet que si les iusti
tuteurs ont, en assez grand nombre, lu 1er
livre d'Hervé, il y en a très peu qui l'aient
acheté et fait vendre.
L'ouvrage a été répandu surtout à titre d&:
spécimens gratuits. C'est un fait certain. A t- -
il été seulement mis entre les mains des élè-
ves d'une seule école ?
C'est même douteux, puisque, il n'y a pas
longtemps, le ministre de l'instruction publi-
que affirmait du haut de la tribune que le
jour où cet ouvrage serait trouvé entre 1 s
mains des écoliers, le conseil supérieur serait
appelé à en prononcer l'interdiction.
Les instituteurs ont pu le lire ; mais cela
ne signiOe nullement qu'ils en ont approuvé ,.'
la tendance internationaliste — où elle est
d'ailleurs presque insaisissable, ayant été ha-
bilement dissimulée, pour le dire en passant.
Les instituteurs, il est vrai, lisent aussi, en
grand nombre, une revue pédagogique où
Hervé,tout commedans son journal de l'Yonne, •
prêche la grève des réservistes. -
Maisost-ce une raison pour dire que ses
lecteurs approuvent ses articles ? Sont ils d me 4
si privés d'esprit critique qu'ils épousent for-
cément les idées de leur journal ?
D'ailleurs, c'est seulement depuis quelques -
semaines que Hervé s'est déclaré franchement
antipatriote.
Ses lecteurs mal avertis ont pu, jusqu'à pré-
sent, le prendre pour un esprit vigoureur,
savoureux, paradoxal, intéressant à cause de
cela même, et l'en aimer d'autant plus.
Maintenant qu'il a parlé franc, il ne sera
plus possible de se faire la moindre illusion
sur le but qu'il poursuit. Et tout permet da
croire qu'auprès des instituteurs, il ne jouira
plus de la même autorité ou, pour dire plus
justement, du même crédit.
Les primaires ne sont pas internationalistes
à sa façon.
Alors en quoi consiste donc la crise de leur
patriotisme ?
Nous essaierons de le montrer, lundi pro-
chain.
Armand Depper.
4> p
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
VEILLE DE BATAILLE.
Le Plan d'Oyama
Escarmouches. — Oyama concentrv
ses lorces. — Le départ de Birileif.
— Les docks de Vladivostok.
On n'a aucune nouvelle de la flotte
russe. et delà santé de Rojestvensky. On
s'étonne même comment les mauvais pro-
phètes, qui ont répandu le bruit du rap-:
pel deramiralissime, ont pu se procurer de
ses nouvelles. L'escadre russe, pour l'ins-
tant, estau large. Quant aux personnes qui
approchèrent l'amiral lorsque ses vaisseaux;
stationnaient à Kamranh ou à Hon- Khoï,elles
ne nous ont point dit qu'il était affaibli, au?
contraire. Il fautdonccroire que ces bruits,
pareils aux bruits de la « maladie » de
Kouropatkine il y a quelques mois, ont)
pris naissance à Saint-Pétersbourg.
Les calomniateurs sont gens habiles. Et
il y a une manière de ruiner l'autorité dM
gens en les déclarant gâteux eten apitoyant -
sur leur sort les âmes crédules — que n'eût
point inventée Basile.
En Mandchourie, se livrent de petits en-,
gagements qui sont les préludes d'une of-
fensive générale d'Oyama.
EN MANDCHOURIE
L'offensive japonaise
Saint-Pétersbourg, 21 mai1.
Un télégramme de Gounchouline, en datf
d'hier, signale le bruit d'après lequel une ren-
contre sérieuse se serait produite sur le flanc
gauche de l'armée russe.
500 hommes auraient été mis hors de com-
bat. Les pertes japonaises sont inconnues. Les
détails manquent.
Saint-Pétersbourg, 21 mai.
Un télégramme do Kirin informe que de?
escarmouches se sont produites à l'est de Ki-
rin, au cours de reconnaissances qui auraient
établi qu'une véritable concentration des for-
ces japonaises s'opère de ce côté.
Londles. 21 mai.
Les derniers télégrammes de Tokio. sobres
de détails, informent que plusieurs engage-
ments ont eu lieu aux avant-postes, vert
Ouang-Tao-Tsé. Les Russes ont été partout
repoussés.
Saint- Pétersbourg, 21 mai.
On télégraphie de Mandchourie à la date da
19 mai que des pluies abondantes qui sont
tombées pendant quarante-huit heures ont.
transformé les routes en de véritables bour-
biers.
A l'état-major on croit cependant que la
marche générale ell avant des Japonais est
commencée et que lo mouvement sa fera da
côté de l'Est.
Londres, 21 mai.
On télégraphie de Tokio que trois colonnes
russes ont attaqué les Japonais le lony de la
voie ferrée et ont été repoussés vers le Nord.
En même temps, la cavalerie russe, qui fai-
sait une démonstration sur le Liao, a été re-
poussée par l'artillerie et par l'infanterie japo-
naises. '■
Concentration des forces d'Oyama
Saint-Pétersbourg, 21 mai. (
Le correspondant du Novoié Vrémia à Goun-
chouiine rapporte qu'un déploiement de gratt-j
des forces japonaises en ordre do combat .'eI4
fectue contre le flanc gauche des Husses. <
Les Japonais établissent également une basft
contre le flanc droit des Russes.
Il est impossible jusqu'à présent de savotff
où ils ont l'intention,soit de porter le principal"
CINQ CENTIMES LE NUMKNO
MARDI 23 MAI 190S. — H* 18938
fONDATEUR: AUGUSTE V ACOUERIE
• "ABONNEMENTS
Un mois Trois mois IhM un a
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97 AUX BUREAUX DU JOURNAL
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ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE 102.89
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L'UNITÉ
J'avais bien raison de dire que l'unité
socialiste finirait par devenir le triom-
phe de l'individualisme. Avant de s'u-
nifier, il était divisé en deux fractions :
les révolutionnaires avec Vaillant; les
oarlementaires avec Jaurès. Aujour-
d'hui, c'est-à-dire depuis que l'unifi-
cation a été faite et célébrée, il l'est en
une fonle de groupements. Il y a les
révolutionnaires toujours, mais enri-
chis de Jaurès ; il y a les parlemen-
taires ; il y a les indécis ; il y a ceux
qui sont radicaux avant d'être socia-
listes ; il y a — et cette catégorie est
nombreuse — ceux que n'intéresse
que leur réélection.
Mais Jaurès,étant désormais uni avec
Vaillant et Guesde, proclame que l'u-
nité existe. Il blâme énergiquement
les dissidents tels que Gérault-Richard
et Augagneur. Il ne considère pas que
les paroles d'Hervé puissent fournir
à des socialistes, chez qui l'idéede pa-
trie subsiste malgré les théories inter-
nationalistes, un prétexte suffisant
pour dissider. Ce qui ferait croire, à
quelqu'un qui n'examinerait les - faits
que superficiellement, que M. Jaurès
partage tout-à-fait l'avis de M. Hervé
sur « la rejigaine du patriotisme ».
***
, Or, il n'est pas douteux que Jaurès
ne soit d'une autre opinion. Il maudit
Hervé quoiqu'il le suive et il est bien
obligé de le suivre puisque c'est lui
qui l'a fait entrer dans la commission
administrative du « parti socialiste uni-
fié ». Mais s'il regrette ses articles in-
tempestifs et compromettants sur le
de,uctit patriotique, il ne s'en propose
pas moins de soutenir contre lui, en
réunion publique, la thèse absolument
contraire à la sienne.
Alors, cette unité socialiste — je
parle de celle que Jaurès proclame
faite avec lui — vous laisse rêveurs.
Hervé dira : « Le patriotisme est un
* leurre; le peuple doit s'insurger le
* jour de la déclaration de guerre. Il
* fera la guerre civile, car il ne peut
x attendre quelque chose que de cette
* seule sorte de guerre. » Applaudis-
sements prolongés de l'auditoire. Après
quoi Jaurès prendra la parole à son
tour et affirmera ceci : « Le patrio-
* tisme est la vertu nécessaire des
« peuples. Si la guerre éclate, chaque
« socialiste doit faire son devoir comme
* un simple radical ou un simple
* bourgeois pour défendre le sol de la
« patrie. » Et comme Jaurès est très
éloquent, il recueillera au moins au-
tant d'applaudissements qu'Hervé.
Je ne vois aucun inconvénient à
cela, si ce n'est celui-ci : Quelle est
donc l'opinion vraie du « parti socia-
liste unifié » sur le patriotisme ? L'au-
ditoire, subjugué tour à tour par Hervé
et Jaurès, ne la connaîtra jamais.
Hervé déclare que c'est lui, qui, à ce
propos, détient la vérité. Et Jaurès
aussitôt après soutient que lui seul
obéit aux principes. Grands dieux !
qui tirera les auditeurs d'embarras?
Mais, comme,avant de se dire unifiés,
Jaurès et Hervé seraient sages de se
, mettre d'accord sur les principes I
.*. ",
Il n'en est pas moins vrai que, deve-
nu incapable de s'entendre avec Her-
vé, Jaurès malmène fort ses anciens
camarades que, même, il appelle dis -
sidents. Dissidents ! Ce dissident per-
pétuel qu'est Jaurès se montre impi-
toyable pour ceux qui refusent de le
suivre dans toutes ses incarnations.
Ainsi, il apparaît à tous comme un
pape infaillible, et dont l'orthodoxie,
jamais la même, doit toujours être
considérée comme la vraie. Il y a du
Louis XIV et du Napoléon Ier dans
cette superbe assurance qui ne sup-
porte aucune contradiction.
***
Cette controverse entre frères au-
jourd'hui ennemis m'intéresse d'une
façon prodigieuse.
Nous avons connu de tout temps
des socialistes révolutionnaires qui
n'ont jamais cherché à cacher leur in-
ternationalisme. Tels ils étaient il y a
quinze jours, tels on les retrouve à
cette heure. Ceux-là ont au moins le
double mérite d'avoir de la franchise
et de ne pas changer d'opinion sui-
vant leurs intérêts.
Mais à côté d'eux, nous avons vu
des modérés et des radicaux entrer de
plein pied dans le collectivisme parce
que c'était la mode à ce moment et
qn'il leur paraissait ainsi plus facile
d'arriver .En aucune façon,ils n'avaient
ni les instincts ni l'éducation socialistes.
Mais ils étaient les candidats de l'équi-
voque. Cela a pu (Jurer un certain
temps. On blaguait les radicaux dont
on était, on les combattait tout en dé-
veloppant .I!40.r programme, puis on
eur demandait leurs voix sans. ergo-
,,ne Çw ces bons radicaux les donnaient
.::..sc empressement '>0.,
Maintenant, les choses ne peuvent
plus se passer ainsi. A force d'être des
dupes, les radicaux comprennent
qu'ils ont le devoir de se fâcher, et
les socialistes révolutionnaires eux-
mêmes ont fini par mettre leurs re-
crues en demeure de se prononcer
entre eux et les radicaux. Si bien que
les dites , recrues se trouvent aujour-
d'hui dans l'obligation de quitter le
parti ou d'avoir à se présenter aux
électeurs avec une belle affiche en tête
de laquelle on lira ceci :
PARTI SOCIALISTE
Section française de l'internationale ouvrière
Qu'est-ce que cela : section française
de l'internationale ouvrière? Alors,
l'internationale, après avoir été tant
chantée, serait réalisée ? La France ne
serait plus une grande nation? Elle
serait devenue une section d'une or-
ganisation à la tête de laquelle se trou-
verait sans doute l'Allemagne à qui,
au congrès d'Amsterdam, M. Jaurès a
demandé pardon pour notre pays, parce
que celui-ci est l'allié de la Russie ?
Plus de patriotisme ! plus rien !
Que vouliez-vous que fissent les an-
ciens amis de M. Jaurès? Entre le
suicide qu'on réclamait d'eux, parce
que ce n'est pas avec. une pareille affi-
che qu'ils pouvaient garder leurs élec-
teurs, ils ont opté pour l'indépendance
qui leur donne quelque chance de
conserver les voix radicales dont ils
ont besoin.
***
Seuls, MM. Jaurès, de Pressensé et
quelques comparses ont adhéré à la
nouvelle unité. Ils ont aussitôt com-
battu les radicaux, décidé de leur op-
poser à tous des candidats à la façon
d'Hervé et ont bu à la mort de ce parti
qui « ne représente que le néant ».
Ils ont ainsi creusé un fossé qui les
sépare nettement de la démocratie. Ils
ne s'étonneront donc pas si les radi-
caux adoptent à leur égard une atti-
tude analogue.
Bref, il n'y a plus guère à la Cham-
bre qu'une vingtaine de socialistes, si
l'on compte parmi eux M. Jaurès et
ceux de ses amis qui ont voulu lier
leur fortune à la sienne. Les autres
ne sont que de simples radicaux. Et au
lieu de se dire socialistes, tout en
agissant comme nous tous, ceux-ci
feraient bien mieux de déclarer qu'ils
n'ont pas l'intention de franchir les li-
mites du radicalisme. Ce serait beau-
coup plus clair.
CHARLES BOS
LES ON-DIT
PAROLES PATRIOTIQUES
M. Rouvier n'a pas prononcé
un long discours au Champ de
Mars, à l'occasion de la fête
donnée par l'Association natio-
nale de preparation au service
- militaire; mais il a dit - les paro-
les qu un chef de gouvernement devait faire
entendre. Il était impossible, en effet, qu'un
président du conseil ne trouvât pas un
mot pour condamner les odieuses et stupi-
des doctrines d'antipatriotisme que certains
essaient de propager.
Le président du conseil s'est exprimé
avec autant de calme que de dignité. Il n'y
a pas à craindre, dans un pays comme le
nôtre, fier de son passé et pénétré de ses
devoirs, que des théories aussi dépriman-
tes que celles dont il s'agit trouvent beau-
coup d'adeptes.
Comme l'a dit au milieu des applaudis-
sements M. Rouvier, « qui donc pourrait
concevoir au milieu de l'Europe aimée
l'existence d'une grande démocratie comme
la nation française, si cette démocratie n'a-
vait conscience de porter dans son propre
sein la force nécessaire, à sa défense ».
Cette nécessité de protéger l'intégrité de
la puissance nationale ne gêne aucun es-
poir de progrès, M. Rouvier l'a montré,
quand il s'est écrié :
« Si haut que soit l'idéal qu'elle poursuit,
si géné^ux que puissent être ses senti-
ments de paix et de concorde, une grande
nation comme la nôtre ne peut vivre que
si elle conserve les vertus militaires, aussi
nécessaires pour assurer l'inviolabilité du
sol national que la liberté de la pensée
française, »
Telleest la vérité sur laquelleil sied d'in-
sister : dans un pays opprimé, pas de place
pour une propagande de liberté. Il faut
défendre la France parce qu'elle est l'ins-
trument nécessaire de tous les progrès.
LE « COULE VOLANT » AUX HALLES
Ceci n'est pas un calembour. Savez vous
ce que c'est que le système du double volant
journellement employé aux Halles centra-
les ? Voici. En verlu de la loi de 1896, le
mandataire chargé de vendre une mar-
chandise est obligé de posséder un livre à
souche d'un modèle approuvé par la pré-
fecture de police et muni de deux feuillets
volants dont les mentions doivent être
concordantes. Le premier volant accompa-
gne le lot vendu à la sortie du pavillon et,
là, est remis au fort, c'est celui de la pré-
fecture de police ; le deuxième, destiné a
l'expéditeur, énonce le prix de la vente,
les frais tarifés et la commission.
Or, depuis quelque temps, on s'est
aperçu que les chiffres primitifs étaient
parfois surchargés. Les volants ne con-
cordaient pas. Un boucher de province,
que nous pourrions nommer, avait remar-
qué le fait. Il expédia du veau aux Halles,
partit en même temps pour Paris et ra-
càçtn l'animal au prix de i fr. le demi-
kilog. Quelle ne fut pas sa surprise quand,
le suriendemain, il reçut chez lui le bor-
dereau de vente portant le prix inexact de
90 centimes! L'errenr fut reconnue et rec-
tifiée. Mais à quoi sert, dans l'espèce, la
commission supérieure qui a pour mission
de veiller au bon fonctionnement des
Halles?
Expéditeurs et mandataires honnêtes se-
ront d'accord pour réclamer une réforme
urgente. On ne devrait pouvoir rectifier les
bordereaux de vente qu'avec l'assistance
de deux témoins, si l'acheteur est inconnu,
ou sous l'assistance ou l'autorisation écrite
de ce dernier, s'il est connu.
SAINT GUIREC v - - i V
—Au bord de la grève,entre Ploumanac'h
et Trégastel, m'ont raconté trois petites
bretonnes, saint Guirec a son oratoire.
Saint Guirec est le patron des filles à ma-
rier. L'autre année, nous rencontrâmes
sur la grève un vieux monsieur qui nous
demanda si saint Guirec se dépêchait de
nous donner des époux. Nous répondimes
que le saint n'avait pas l'air pressé.
Le monsieur s'assit sur le sable, et il
traça sur une feuille de carnet des lignes
d'écriture d'égale longueur.
Ensuite, il nous remit son griffonnage,
en nous assurant que c'était un talisman
pour se marier dans l'année.
L'honnête vieillard avait écrit ceci no-
tamment :
O! Grand Saint Guirec, me voici
Devant votre antique ermitagb
Pas pour moi, retenez ceci,
Car, maintenant, je suis hors d'âge.
Je viens, pour faire des heureux,
Solliciter votre indulgence
A des fllles sans amoureux,
Veuillez accorder quelque chan-
Trois surtout, patron de Perros
Françoise, Mariette, Yvonne,
Réclament de bons numéros ;
Chacune affirme qu'elle est bonne.
Elles font partie de l'essaim
De celles, cela, se devine.
Qui désirent ne pas, Grand Saint,
Coiffer la bonne Catherine !.
Eh bien, achevèrent les petites breton-
nes, sur trois que nous étions, une est ma-
riée,et les deux autres le seront à la Saint-
Michel.
Quel est donc ce mystérieux vieillard,
qui ne dit pas son nom, et qui a le pou-
voir de « faire marcher » le patron des fil-
les à marier?
POUR IMITER LE CHRIST
Arissic Orifio, prêtre de la paroisse de
Chale, dans la ville de Guadalajara (Mexi-
que), avait annoncé à tous les fidèles de
son église qu'il s'offrirait en sacrifice pour
tous les péchés de la congrégation et qu'il
les conjurait de ne pas manquer l'office
du vendredi. Les tidèles, en entrant dans
l'église, n'ont d'abord rien remarqué de
particulier. Le prêtre se trouvait à l'autel
en prière. Quand l'église a été pleine, il
s'est levé et a ordonné de fermer toutes
les portes. Saisissant alors un bidon à
pétrole contenant plusieurs gallons, qu'il
avait dissimulé derrière l'autel, le prêtre
l'a versé sur ses vêtements, auxquels il a
mis le feu, avant qu'aucun des assistants,
frappés d'horreur, ait eu le temps de faire
un mouvement pour l'en empêcher.
Pendant qu'Arissic Orifio brûlait, d'nne
voix tonnante il suppliait le seigneur de
pardonner les péchés des membres de l'é-
glise en considération du sacrifice de sa
propre vie. Peu à peu sa voix s'est éteinte
et quand les plus hardis ont osé approcher
du prêtre, son corps était absolument car-
bonisé.
Le prêtre s'était placé une couronne
d'épines sur la tête. Et ce trait achève d'é-
clairer le caractère de la folie du malheu-
reux. Il avait voulu renouveler, en moder-
nisant la forme du supplice, le sacrifice du
Christ.
Que n'a-t-il médité la parole de Tolstoï,
qui recommande aux hommes, toujours fai-
bles et imparfaits, de ne pas choisir trop
haut leurs modèles?
Le Passant.
"l tria
LES ELECTIONS
-
Election sénatoriale de la Haute-Savoie
Inscrits : 650. — Volants : 648
Bulletins blancs : 42
MM. Chautemps, député, anc. min.,
radical 301 voix
Mercier, député, rad. 269
Divers. 35
(Il y a ballottage.)
Second tour
Inscrits : 650. — Votants : 647
Majorité absolue : 311. — Bulletins blincs : 27
MM. Chautemps, député - de - Bonne-
nevillè. répübIic. 317 ELU
Mercier. 281
Il s'agissait de remplacer M. André Folliet,
sénateur décédé.
Election législative de la Somme
Arrondissement de Péronne
Inscrits : 29.324. — Votants : 24.655.
M. Vion, conseiller gén., pro.. ELU 13.840
M. Magniez, cons. gén., radical. 10.094
M. Cosselin, publiciste, socialiste.
Il s'agissait de remplacer M. Trannoy, pro-
gressiste, 'lu sénateur do la Somme.
.0 ———————————.—.
LE MYSTERE RUSSE
La bombe de Varsovie
Varsovie, 21 mai.
L'émotion causée par l'attentat de vendredi
commence à sa calmer; mais on se montre
fort indigné do ce que la personnalité visée
ait été le gouverneur général, qui, depuis sa
nomination, a [trouvé son vif désir d'aider les
Polonais à obtenir toutes les concessions rai-
sonnables.
Do nombreuses notabilités polucriaes se
sont rendues au château pour féliciter le gou-
verneur d'avoir échappé si heureusement- au
danger qui le menaçait. Le gouverneur n'a
reçu que très peu de personnes. On dit qu'il
est très affecté de l'attentat. La police conti-
nue ses recherches. Beaucoup d'arrestations
auraient été opérées.
Les rapports commerciaux franco-
russes
Saint-Pétersbourg, 21 mai.
La nouvelle do la prochaine arrivée à Saint-
Pétersbourg des délégués français chargés de
négocier un traité de commerce avec la Rus-
Ble produit ici, dans le monde des affaires,
une excellente impression.
La Gazette de la Bourse constate que la Rus-
sie est la plus intéressée dans ces négocia.
tions, car ses importations en France sont
cinq fois plus considérables que les importa-
tions françaises en Russie. Le traité projeté
permettra, dit le journal, d'arrêter la décrois-
sance des exportations russes en France; ces
exportations ont diminué l'année dernière de
30 OjO. Le journal espère que la réussite des
négociations rétablira la confiance de ta
France dans la situation financière de la Rus- ,.
sie.' - < 't' - '",
*■
RASADES PROTOCOLAIRES
Le Protocole est sur les dents, et comme il
les a très longues, 11 se trouve en bien mau-
vaise posture ; mais comme cela lui arrive à
chaque instant, pour ce qui nous parait, à
nous autres profanes, des vétilles, il y est
tout à fait habitué et ne voit plus, depuis
longtemps, le ridicule de sa position.
Cependant, le soir où le roi d'Angleterre et
le roi de Belgique se rencontrèrent gentiment,
sans lui, dans un théâtre parisien, il fut si
grotesque et si piteux qu'il finit par compren-
dre l'humiliation qu'on lui infligeait. Ne pas
régler la rencontre de deux rois dans un lieu
public, ne pas indiquer les saluts à échanger,
les courbettes à faire, quelle avanie 1
Et quel bouleversement dans toutes les
niaiseries imposées jusqu ici, quelle révolu-
tion auprès do laquelle celle de 89 ne semble
plus qu'un enfantillage 1
Les têtes couronnées oublieraient-elles qu'un
roi sans protocole n'est plus un roi ?
Il s'agit de prendre une revanche éclatante
qui puisse servir de leçon aux rois, et le Pro-
tocole s'y occupe. Le séjour du roi d'Espagne
à Paris l'y aidera.
Les efforts du Protocole se porteront sur la
partie la plus importante du voyage, sur
échange des toasts. Il aftirmera ainsi, d'une
façon impérieuse, non seulement son utilité,
mais son indispensabilité.
La question est, en elfet, Dion pius com-
plexe que ne le pensent des démocrates à l'es-
prit simpliste.
Dans ses Epigrammes, Martial affirme que,
pour porter la santé de quelqu'un, il faut
boire autant de rasades qu'il y a de lettres
dans son nom. Ronsard n'est pas moins pré-
cis, puisque, parlant de sa tendre Cassandre,
il nous dit :
Neuf fois, au nom de Cassandre,
Je vais prendre,
Neuf fois, du vin du flacon;
Afin de neuf fois le boire
En mémoire
Des neuf lettres de son nom.
Collelet, qui ne fut pas si crotté que veut
bien le dire Boileau, s'est soumis ponctuelle-
ment à cette coutume pour chacune de ses
trois cuisinières, ou de ses trois épouses,
comme on voudra :
Six fois je m'en vay boire au beau nom de Cloris.
Suivant que le vin était bon ou mauvais, les
illustres « beuveurs » choisissaient un nom
très bref ou interminable, ainsi qne l'avoue
ingénument Olivier Basselin :
Si le boire n'est pas bon,
Jean simplement j'auray nom ;
Mais si c'est breuvage Idoine,
Mon nom sera Marc-Antoine.
Le problème, on le voit, n'est pas facile à
résoudre. Quel est le nom exact de notre Pré-
sident? Est-ce Loubot? Est-ce Emile Loubet?
Quand on dit : le Président Loubet, il ne peut
y avoir d'erreur ; mais quand on dit : Lou-
bet, tout court, cela peut prêter à l'équivoque,
car un certain nombre de nos concitoyens
ont l'honneur de porter un nom aujourd'hui
présidentiel. Le roi d'Espagne devra-t-il ava-
ler cinq eu onze ras ides?
D'autre part, combien do rasades devra ava-
ler notre Président? Alphonsa comprenant
huit lettres, huit rasades suffiront-elles ? Mais
le roi d'Espagne n'estpasseulement Alphonse,
il est surtout, peut-on dire à juste titre, Al-
phonse Treize. Cela fait six rasades en pl a
— quatorze au total. Va-t-on obliger nolra
cher Président à engloutir quatorze rasades à
chaque to^st? On frémit à l'idée que ces toasts
peuvent être courts, mais nombreux.
Vous voyez bien, railleurs etmoqueurs, qu'il
est heureux que le Protocole existe et qu'il soit
tii pour trancher ces graves difficultés inter-
nationales.
G. de Vorney.
-——————————— ,
LA QUESTION MAROCAINE
La fête Mouloud
Tanger, 21 mai.
On mande de Faz :
La fête Mouloud (naissance du Prophète) a
été eélébrée ce matin. Le sultan est sorti à
cette occasion de la ville et a été acclamé par
les habitants et par les tribus des environs, Il
y avait une affluence de gens considérable.Les
ambassades française et allemande en grand
uniforme assistaient à la fête.
Hier et avant hier, le comte Tattenbach, chef
de la mission allemande, a été reçu en au-
dience privée par le sultan. Rien n'a transpiré
de leurs conversations. -
Le ministre allemand a reçu une lettre d'Er-
raisuli, apportée par courrier spéCial. On se
souvient que le Irère d'Erraisuli avait été pré-
senté à Guillaume II, à Tanger.
Les fêtas dureront sept jours, pendant les-
quels les affaires seront suspendues; il est pro-
bable que de simples visites de courtoisie et
des compliments seront échangés entre les
ambassades et les vizirs pendant ce temps de
fête.
On fait circuler en ville le bruit que le
comte Tattenbach n'est pas venu à Fez pour
affaires commerciales, industrielles ou finan-
cières, mais seulement pour faire une visita
de courtoisie au sultan, et lui offrir ses con-
seils.
<--- Ob
Les Coulisses de3 Chambres
La police en grève
M. de Montfort, sénateur de la Seine-Infé-
rieuro compte déposer dès la rentrée, sur le
bureau du Sénat, une proposition de loi pour
laquelle il demandera l'urgence.
Cette proposition a peur but la constitution
d'une « brigade de police mobile a, destinéo à
assurer l'ordre en cas de grèves.
Cette force de police, dont l'organisation
sera réglée par décrets, relèvera exclusivement
du ministre de l'intérieur qui pourra l'envoyer
par détachements de force variable suivant
les circonstances, sur les points où des grèves
auront éclaté.
Les frais de déplacement seront supportés,
parles localités où l'envoi de ces forces aura
été nécessaire.
Les troupes ne devront plus être réqui-
sitionnées pour le maintien de l'ordre, ex-
cepté en cas de troubles graves, et en prin-
cipe seulemeat lorsque les manifestants seront
armés.
— —————.
LE CAS HERVE
: Nous revenons encore une fois sur le cas de
M. Hervé. Il le faut. car les théories de ce
professeur constituent le plus redoutable des
dangers. -
Un homme qui a osé écrire que les Français
« doivent répondre à un ordre de mobilisation
« par la grève générale dos réservistes d'abord,
« par l'insurrection ensuite »,est un inconscient
ou un coupable..
Je déclarerai la guerre à l'Allemagne et, si
je suis vaincu, je me ferai sauter la cervelle,
a dit un jour le général Boulanger. Que nous
importait que Boulanger se brûlât la cervelle.
Nous n'étions pas moins écrasés, rançonnés et
démembrés.
M. Hervé nous place dans la même situa-
tion quand il proclame qu'il lui est absolu-
ment indifférent d'être Français ou Allemand.
Si M.Hervé devenait seul Allemand,ça nous
serait aussi indifférent nu'à lui.
- Nous lui souhaiterions même bon voyage et
nous éprouverions un malin plaisir à contem-
pler le nez que ferait le professeur d'idéa
lisme en nouant connaissance avec le régime
libéral de ses nouveaux concitoyens.
Mais M. Hervé veut nous faire partager
son bonheur. Il entend nous convertir avec
lui en franco-allemands et en sujets de Guil-
laume II. Nous avons donc le droit de nous
regimber et de nous soustraire au rôle de
guillotinés par persuasion.
Ce rôle ne convient pas davantage aux so-
cialistes allemands dont' les chefs les plus
autorisés se sont empressés do répudier ouver-
tement les abominables doctrines de M. Hervé.
M. Mo à thon vient de publier, à ce sujet,
dans lé Matin,le récit d'une interrogation (in-
terwiev pour les personnes qui ne compren-
nent pas le français).
Lo rédacteur du Matin a demandé à Bebel,
Singer, Adler, Troolstra, Von Koil et à Mme
Liebknecht, leur opinion sur la suppression
des patries et la constitution d'une fédération
universelle.
Tous ont été unanimes à affirmer leur pa-
triotisme allemand et à déclarer qu'ils étaient
prêts à se battre contre nous si nous atta-
quions l'Allemagne.
Noos connaissions l'état d'âme des socialis-
tes allemands et nos lecteurs ont dû constater
que nous ne négligeons aucune occasion de
le rappeler aux rêveurs français qui, en pour-
suivant la destruction de notre esprit mili-
taire, préparent tout simplement l'absorption
de la Franco républicaine par une Allemagne
monarchiste, cléricale et autoritaire.
Si après tous ces avertissements, M. Hervé
Centinusit sa détestable campagne de désa-
grégation, il conviendrait de prendre les me-
sures les plus énergiques pour mettre un ter-
me à une propagande qui gangrènerait l'âme
française, atrophierait notre vitalité et com-
promettrait définitivement notre puissance de
résistance.
Nous entendons être aussi bons patriotes
français que les socialistes allemands sont des
bons patriotes germains. Nous ne serons ni
dupes ni complices des insensés qui veulent
jeter la Franco en pâture au minotaure teuton.
JEAN CLERVAL.
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
La Crise du Patriotisme à l'Ecole
primaire
L'Ecole de l'antipatriotisme. — Varia-
tions à noter. — Redoutables as-
sauts. — Un livre sur Paul
Bert. — L'internationa-
lisme d'Hervé.
Un ouvrage, paru ces jours derniers, veut
qu'il y ait une crise du patriotisme à l'école
primaire. Dans une préface retentissante l'ho-
norable M. René Goblet condamne les institu-
teurs qui en sont, parait-il, la cause. C'est
peut être beaucoup de bruit pour peu de chose.
Le mal n'est pas tel qu'on se l'imagine. Mais,
puisqu'on en parle, il faut éclairer l'opinion
publique, car sur un tel sujet il importe de
ne pas la laisser égarer.
La campagne entreprise pour dénoncar la
crise du patriotisme à l'école primaire rap-
pelle assez celle qui fut menée, il y a quelque
dix ans pour proclamer la faillite de l'en-
seignement moral, toujours à l'école primaire.
L'enseignement laïque était alors rendu res-
ponsable de la criminalité infantile; pour un
peu, on 8lH dit que l'école laïque était l'école
du crime. Il fallut discuter sérieusement cette
îueptie i
Maintenant, c'est sur la question du patrio-
tisme que l'école primaire est prise à partie.
De deux côtés à la fois l'assaut lui est donné.
Il y a d'abord le choeur des chauvins, plus
ou moins nationalistes, qui se lamentent sur
l'infiltration des doctrines pacifistes dans les
manuels et les leçons d'histoire.
Le patriotisme des instituteurs
Les instituteurs ont renoncé à l'enseigne-
ment de l'hisloire-bataille pour faire, dans la
mesure où l'âge de leurs élèves le permet.
l'histoire de la civilisation. Ils ont abandonné
les Chants du solctat de Déroulède, pour adop-
ter les* délicieuses chansons composées à
l'intention des écoles par iMaurice Bouchor,
sur de vieux airs provinciaux.
En ca qui touche le patriotisme, ce sont
là, croyons-nous, les seules variations qui
méritent d'être notées dans l'enseignement pri-
maire, depuis ces dernières années. Encore
ces vari liions sont-elles probablement moins
marquées que nous lo disons puisque, aux
yeux des ultra-pacifistes, l'enseignement pri-
maire est restj militariste et revanchard. C'est
notamment la thèse soutenue par un institu-
t'ur. M. Antonin Frauchet, dans une bro-
chure intitulée Le Boa Dieu Laïque, répandue
à profusion l'an dernier. Et des citations ti-
rées des principaux manuels en usage parais-
sent, en effet, l'établir.
Les i slituteurs, quoiqu'on diae, ont encore
pour devise : « Par l'école, pour la patrie ».
Voilà qui étonnera peut-être profondément
Mme Paul Bert à qui on a fait accroire qu'il
ne faut point aujourd'hui importuner les ins-
tituteurs en les ent etonant de son mari. Oui,
un éditeur, dernièrement, lui a donné l'assu-
rance que s'il ne publiait pas un livre scolaire
consacré à Paul Bert, c'est parcs que Paul
Bert était un palrioto et que les instituteurs
n'aimaient plus les ouvrages célébrant le pa-
triotisme. Et Mme Paul Bert a cru l'édi-
teur.
Unéliteur ne sait-il p as tout et ne doit-il
pas êtro cra sur parole? Elle n donc répété le
propos et dans certains milieux on on tire ar-
gument contre le patriotisme des instituteurs.
Ce n'est pas, on l'avouera, un argument bien
solide.
; Autres griefs
Les ennemis des instituteurs en ont d'autres,
On a vu, disent-ils. des primaires chantev
Y Internationale dans certaines réunions. Il est
vrai qu'on en a vu d'autres chanter là mess*
autrefois.Est-ce à dire qu'ils soat à Pbeuro a
tuelle aussi internationalistes qu'ils ont étêi
jadis ultramontains? Si oui, qu'on sa rassure.
Même quand ils chantaient au lutrin, les ios-;
tituteurs n'étaient pas cléricaux. Dès qu'ils ore
été affranchis, ils en ont fourni la preovG,
« Soit! dira-t-on, mais si on n'est pas. ;
internationaliste pour avoir chanté Vinlerna^_
tionale, il semble bien qu'on le soit, ou quW
veuille le devenir, quand on lit les écrits d'ufl
homme foncièrement anli-patriote comm4
Gustave Hervé. Or, les'instituteurs s'inspiron t
dans leurs classes du livre d'histoire que c& -
dernier a composé ; ils sont 20.000, affirme-U
on, qui sont abonnés à une revue dont 14
môme homme est un des principaux rédac«*
feurs. C'est Hervé qui les initie à la doctrine
internationaliste, et c'est avec la substance de1 -
ses écrits que les instituteurs préparent leurs
leçons et empoisonnent la jeunesse. v. j ;
C'est bien là le langage tenu à propos de la
crise du patriotisme. C'est là aussi, évidem-
ment, l'argument le plus spécieux.
Je ne crois pas qu'on puisse le justifier par
de fortes raisons tirées de faits nombreux:
Il est à remarquer en effet que si les iusti
tuteurs ont, en assez grand nombre, lu 1er
livre d'Hervé, il y en a très peu qui l'aient
acheté et fait vendre.
L'ouvrage a été répandu surtout à titre d&:
spécimens gratuits. C'est un fait certain. A t- -
il été seulement mis entre les mains des élè-
ves d'une seule école ?
C'est même douteux, puisque, il n'y a pas
longtemps, le ministre de l'instruction publi-
que affirmait du haut de la tribune que le
jour où cet ouvrage serait trouvé entre 1 s
mains des écoliers, le conseil supérieur serait
appelé à en prononcer l'interdiction.
Les instituteurs ont pu le lire ; mais cela
ne signiOe nullement qu'ils en ont approuvé ,.'
la tendance internationaliste — où elle est
d'ailleurs presque insaisissable, ayant été ha-
bilement dissimulée, pour le dire en passant.
Les instituteurs, il est vrai, lisent aussi, en
grand nombre, une revue pédagogique où
Hervé,tout commedans son journal de l'Yonne, •
prêche la grève des réservistes. -
Maisost-ce une raison pour dire que ses
lecteurs approuvent ses articles ? Sont ils d me 4
si privés d'esprit critique qu'ils épousent for-
cément les idées de leur journal ?
D'ailleurs, c'est seulement depuis quelques -
semaines que Hervé s'est déclaré franchement
antipatriote.
Ses lecteurs mal avertis ont pu, jusqu'à pré-
sent, le prendre pour un esprit vigoureur,
savoureux, paradoxal, intéressant à cause de
cela même, et l'en aimer d'autant plus.
Maintenant qu'il a parlé franc, il ne sera
plus possible de se faire la moindre illusion
sur le but qu'il poursuit. Et tout permet da
croire qu'auprès des instituteurs, il ne jouira
plus de la même autorité ou, pour dire plus
justement, du même crédit.
Les primaires ne sont pas internationalistes
à sa façon.
Alors en quoi consiste donc la crise de leur
patriotisme ?
Nous essaierons de le montrer, lundi pro-
chain.
Armand Depper.
4> p
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
VEILLE DE BATAILLE.
Le Plan d'Oyama
Escarmouches. — Oyama concentrv
ses lorces. — Le départ de Birileif.
— Les docks de Vladivostok.
On n'a aucune nouvelle de la flotte
russe. et delà santé de Rojestvensky. On
s'étonne même comment les mauvais pro-
phètes, qui ont répandu le bruit du rap-:
pel deramiralissime, ont pu se procurer de
ses nouvelles. L'escadre russe, pour l'ins-
tant, estau large. Quant aux personnes qui
approchèrent l'amiral lorsque ses vaisseaux;
stationnaient à Kamranh ou à Hon- Khoï,elles
ne nous ont point dit qu'il était affaibli, au?
contraire. Il fautdonccroire que ces bruits,
pareils aux bruits de la « maladie » de
Kouropatkine il y a quelques mois, ont)
pris naissance à Saint-Pétersbourg.
Les calomniateurs sont gens habiles. Et
il y a une manière de ruiner l'autorité dM
gens en les déclarant gâteux eten apitoyant -
sur leur sort les âmes crédules — que n'eût
point inventée Basile.
En Mandchourie, se livrent de petits en-,
gagements qui sont les préludes d'une of-
fensive générale d'Oyama.
EN MANDCHOURIE
L'offensive japonaise
Saint-Pétersbourg, 21 mai1.
Un télégramme de Gounchouline, en datf
d'hier, signale le bruit d'après lequel une ren-
contre sérieuse se serait produite sur le flanc
gauche de l'armée russe.
500 hommes auraient été mis hors de com-
bat. Les pertes japonaises sont inconnues. Les
détails manquent.
Saint-Pétersbourg, 21 mai.
Un télégramme do Kirin informe que de?
escarmouches se sont produites à l'est de Ki-
rin, au cours de reconnaissances qui auraient
établi qu'une véritable concentration des for-
ces japonaises s'opère de ce côté.
Londles. 21 mai.
Les derniers télégrammes de Tokio. sobres
de détails, informent que plusieurs engage-
ments ont eu lieu aux avant-postes, vert
Ouang-Tao-Tsé. Les Russes ont été partout
repoussés.
Saint- Pétersbourg, 21 mai.
On télégraphie de Mandchourie à la date da
19 mai que des pluies abondantes qui sont
tombées pendant quarante-huit heures ont.
transformé les routes en de véritables bour-
biers.
A l'état-major on croit cependant que la
marche générale ell avant des Japonais est
commencée et que lo mouvement sa fera da
côté de l'Est.
Londres, 21 mai.
On télégraphie de Tokio que trois colonnes
russes ont attaqué les Japonais le lony de la
voie ferrée et ont été repoussés vers le Nord.
En même temps, la cavalerie russe, qui fai-
sait une démonstration sur le Liao, a été re-
poussée par l'artillerie et par l'infanterie japo-
naises. '■
Concentration des forces d'Oyama
Saint-Pétersbourg, 21 mai. (
Le correspondant du Novoié Vrémia à Goun-
chouiine rapporte qu'un déploiement de gratt-j
des forces japonaises en ordre do combat .'eI4
fectue contre le flanc gauche des Husses. <
Les Japonais établissent également une basft
contre le flanc droit des Russes.
Il est impossible jusqu'à présent de savotff
où ils ont l'intention,soit de porter le principal"
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