Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-05-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mai 1905 14 mai 1905
Description : 1905/05/14 (N12847). 1905/05/14 (N12847).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
18847. — 24 FLORÉAL AN 113 ",: -- .-.-- , _,d.. -':-- CINQ CENTIMES LB NCMERO
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POD-OOU
— Ce pauvre Pod-Dhu s'est égaré
hier à Ploumanac'h. Si vous voulez,
nous irons le chercher.
Je suivis le professeur L., mon
Drdinaire compagnon de promenade.
- Pod-Dhti ?
— Je l'avais aopelé Noiraud, sim-
plement. Les Bretons préfèrent le nom-
mer Pod-Dhu, ce qui signifie Moricaud.
De guerre lasse, je me suis rangé à
l'avis des Bretons. Me voilà peu ras-
suré sur le sort de mon chien. C'est
un épagneul, pas mal mâtiné, comme
ceux qu'on trouve dans ce pays, hétéro-
doxe au point de vue de la vénerie. Mais
courageux pour entrer dans les aj oncs
hérissés où se cachent les lapins, et si
beau à l'arrêt!. Quand il veut arrê-
ter, bien entendu ; car mon brave ca-
bot a cet unique défaut de ne pas sa-
voir au juste s'il est « couchant » ou
« courant ». Entre nous, je soupçonne
mon épagneul d'avoir un basset à pat-
tes torses parmi ses ascendants. Bah 1
je n'ai pas demandé son pédigrée, et,
tel qu'il est, je le tiens pour un hon-
nête animal, et .même pour un bon
camarade.
.**
Nous suivîmes la côte, par le che-
min de douane où le plaisir de la mar-
che s'agrémente du frisson des gou-
fres côtoyés. Au-dessus de nous s'éla-
gealent, çà et là, les villas préparées
pour les baigneurs de la saison qui
approche. Ce spectacle a toujours le
don d'agacer mon ami le professeur,
Il lâcha la bride à son goût de critique
verbeuse :
— J'ai longtemps pensé que je cé-
dais à une sotte nervosité d'intellec-
tuel en haïssant ce genre de construc-
tions. Les vieux châteaux, leurs rui-
nes, les chaumières, jusqu'aux bara-
ques des cantonniers, le long des rou-
tes, me paraissent pittoresques, et
sont de bonnes « fabriques », comme
disent les dessinateurs, dans un pay-
sage. Les hommes de tous les temps
se sont logés sans que les artistes y
trouvassent à redire, que diable. Il
faut bien que les bourgeois qui pren-
nent les eaux aient des maisons à
leur disposition. Pourquoi, par un pri-
vilège singulier, leurs habitations me
font-elles mal à voir ? C'est par ha-
sard, en lisant Max Nordau, que j'ai
trouvé la justification de mon senti-
ment.
« Max Nordau, dans ses paradoxes,
n'est pas toujours si paradoxal. Par
exemple, il convient de le louer d'a-
voir battu en brèche la doctrine idéa-
liste, la théorie platonicienne qui ra-
mène la beauté à un seul élément.
D'après le philosophe allemand, l'idée
générale de beauté se décomposerait
naturellement en trois notions : celle
du sublime, celle du joli, et celle de
l'idoine. Le sublime: ce qui nous do-
mine, ce qui nous écrase moralement,
sans toutefois nous donner la terreur
directe de la mort; le joli : dont la
femme tire le sentiment de l'amour
des enfants et dont l'homme prend le
goût à admirer la faiblesse gracieuse
de la femme; l'idoine : ce qui, d'une
façon qui saule aux yeux, est con-
forme à son objet.
; « J'en arrive à nos architectes :
quelle a été leur faute? Ils ne pou-
vaient élever de bâtiments sublimes ;
en face de la magnificence tranquille
et absolue de la mer, du ciel et des fa-
laises, leur tentative aurait semblé
meine : les œuvres de l'homme ne
se comparent pas sans ridicule à une
nature comme celle que nous admi-
rons. Ils ont opté pour le joli. Quel so-
léLsme 1 Du gracieux, du gentil; du
puriril, dans une rue étroite de ville,
sous un ciel rétréci, en présence de
perspectives peu vastes, soit Mais ici ?
Des toits recroquevillés comme des
cocottes en papier, des tourelles, des
clochetons, des chalets suisses qui re-
grettent leur patrie, des donjons en
réduction qui pleurent le moyen-âge!
Nos architectes se sont plu à ces jeux
quand sous leurs yeux s'étendaient les
formidables horizons que vous voyez?
Une telle sottise donne des rancœurs.
Leurs villas sont des barbarismes
constants, des attentats perpétuels à
la logique.
« Il était si indiqué de renoncer au
joli comme au sublime, et d'élever des
maisons sans prétention en pierres du
pays, conior-uzs à leur objet, qui n'est
pas de valoir l'Institut à l'architecte,
qui est de loger confortablement — et
k bon marché — des Parisiens en
luête de grand air et de lumière.
***
Nous entrâmes dans un des mille et
un débits de boissons du pays.
— Madame, dit L,.. à la propriétaire
de ce minuscule établissement, vous
n'auriez pas vu mon chien ? Je l'ai
perdu par ici. Il est noir, il a l'air d'un
épagneul et les allures d'un basset?
— Si, monsieur. Nous l'avons g(-èié
toute la nçirtj il doit être à sur
le-quaiv
Nous allâmes vers le port.
- Bon Dieu! reprit le professeur,
je parie que mon toutou est là-bas !
Je ne voyais, au bout de la courte
jetée et sur la cale, que des gamins
qui jetaient des pierres dans le port.
Nous courûmes. Pod-Dhu était assis
dans l'eau; il ne laissait paraître que
la truffe amusante de son nez. Malgré
sa retraite devant l'armée féroce des
enfants, il avait eu l'oreille fendue par
une pierre.
On ne perdit pas un instant pour
procéder à son sauvetage ; et ce furent
les embrassements que l'on devine.
— Avouez que l'humanité est stu-
pide, criait L..,; les architectes enlai-
dissent les paysages, les nîontagnards
arrachent les forêts, et les petits pê-
cheurs massacrent les bêtes. Nulle
part le moindre respect de la Nature.
La campagne de Rousseau est à re-
commencer.
Hugues Destrem.
LES ON-DIT
LE SOLITAIRE D'USSEAU
Aux dernières nouvelles, on
avait résolu d'en finir avec le
vieux garde-chasse d'Usseau, et
on s'apprêtait à le faire sauter,
avec a maisonnette, simple-
ment. Et on tenait à nous ras-
surer : le siège ne durera pas maintenant
plus de vingt-quatre heures.
En effet, il suffira de « quinze pétards
de mélinite », pour « réduire en miettes »
les murs de l'immeuble. Il est vrai qu'un
lieutenant risquera sa peau pour aller por-
ter le paquet au pied de la baraque, mais,
soyez tranquille, il « a l'habitude de ma-
nier les explosifs ».
Est-il donc si urgent que cela de faiie
sauter à la mélinite un maniaque âgé de
70 ans, qui monte depuis dix jours des
gardes qui durent vingt-quatre heures par
jour ? Ne peut-on attendre que ce pauvre
fou tombe épuisé pour l'empoigner ? Se
figure-t-on qu'il battra successivement tous
les records connus de manque de sommeil,
de jeûne prolongé et de fatigue continue ?
On a attendu dix jours ; ne peut-on atten-
dre encore un jour ou deux ?
Dès à présent, vous avez la certitude que
vous avez affaire à un irresponsable : s'il
n'était pas fou quand il a commencé ses
exercices — et ce serait à prouver — il l'est
certainement devenu. Vous êtes en pré-
sence d'un impulsif exaspéré. Vous ne
tirerez rien de lui, sans le tuer, tant qu'il
sera debout ; mais ce soir, demain matin,
demain à midi, il tombera tout à coup,
comme un sac de plâtre, et vous n'aurez
qu'à le coucher sur une civière pour l'em-
porter.
Qu'est-ce qui vous talonne? et quelle
étrange fureur poussa le parquet, le tri-
bunal, la gendarmerie, la préfecture et
l'armée à ne pouvoir patienter quelques
heures ? Cherchez la loi qui vous autorise
à abattre un fou, comme vous le feriez
d'un chien enragé. Je vous préviens que
cette loi n'existe pas. C'est donc un crime
que vous allez Commettre ; et pourquoi ?
pour vous dispenser d'une nuit ou deux à
passer encore à la belle étoile ?
Hé bien, ce maniaque, ce fou, au temps
ou il n'était pas encore atteint de la manie
persécutrice,a payé des impôts. Ces impôts
étaient précisément destinés, non à le tuer,
mais à le protéger lui-même, s'il devenait
fou, contre sa propre démence ; vous trou-
vez que l'opération est mauvaise, et ou'il
n'a pas assez versé d'argent au trésor pour
que l'on mobilise à son seul usage toutes
les autorités du département ? Que voulez-
vous qu'on y fasse. Vous avez tous les
droits, hors celui d'abuser de votre force
contre ce misérable détraqué.
L'ÉPIDÉMIE DE PEUDE
On a fait beaucoup trop de bruit autour
de l'épidémie de pelade qui ravagerait
quelques quartiers parisiens. Tous les ans,
on en relève deux ou trois cas isolés dans
les écoles. La consultation de Saint-Louis
traite aussi, tous les mois, quelques mala-
des. Mais de là à une situation anormale,
il y a loin.
Quand on songe aux multiples chances
de contagion qui existent, aux contacts
variés que nous subissons dans les cafés,
dans les théâtres, dans les omnibus, dans
les boutiques de coiffeurs, à la rareté des
précautions aseptisantes qui sont prises,
il faut convenir que le danger n'est pas
très considérable.
UN BARON A L'AGRICULTURE
Nous apprenons avec plaisir que le gou-
vernement austro-hongrois vient de confé-
rer la Couronne de fer à l'un des plus dis-
tingués collaborateurs de M. Ruau , M.
Georges Marsais, chef du bureau des en-
couragements, rue de Varenne, rédacteur
au Journal officiel et au Petit Parisien.
Cette distinction, qui est la juste récom-
pense de services rendus dans l'organisa-
tion de diverses expositions spéciales,
donne de droit à M. Marsais le titre de ba-
ron du Saint-Empire. Il en a reçu, de
Vienne, les insignes enrichis de brillants.
LA MÉDECINE SPIRITUELLE
La grave Faculté a donné ses lettres de
grande naturalisation à la « médecine spi-
rituelle » et, déjà, certains voient dans ce
fait, un peu à la légère, un symptôme d'un
abandon partiel des doctrines matérialistes.
Lundi 15 mai, à l'amphithéâtre Cruvelhier,
M. le Dr-Bérillon, médecin-inspecteur des
asiles d'aliénés, professeur à l'Ecole de
psychologie, ouvrira un cours spécial sur
la psychothérapie.
Eh bien, après? La suggestion est un
fait matériellement explicable. Et ce n'est
pas sans raison que Charcot se vantait
d'avoir trouvé la genèse du miracle.
ARrs ET MÈT"tRs
Un vœu depuis longtemps formulé par
le Conseil général de la Seine et le Conseil
municipal de Paris va être bientôt rÇaUsé,
M. Dubief, ministre du commerce, vient
de soumettre au contre seing de M. le mi-
nistre des finances, un projet de loi ayant
pour objet la création, à Paris, d'une école
nationale d'arts et métiers.
Le régime de l'école sera l'externat avec
repas de midi obligatoire. La durée des
études sera de trois ans avec une 4è année
facultative consacrée à des enseignements
spéciaux.
L'admission est réservée aux candidats
domiciliés dans le département de la Seine.
L'écolé sera édifiée sur l'emplacement de
l'ancien abattoir de Villejuif, à l'angle du
boulevard de l'Hôpital et de la rue Pinel.
LA DIME DES MILLIONS
Les membres de l'Association des Artistes
musiciens, ilfe sont 6.000, ont reçu cette se-
maine une requête de la famille Lelong,
famille très nombreuse et dont la situation
est digne d'intérêt.
On sait que, l'an passé, la Société héri-
tait de sept millions, frais de succession
déduits. Ce legs royal lui venait de Mme
veuve. Camille Lelong, la célèbre mar-
chande d'objets d'art.
Dans des circonstances analogues, l'As-
sistance publique a toujours fait la part
des parents pauvres. La famille Lelong
compte qu'une grande Association artis-
tique suivra ce généreux exemple.
Nous saurons bientôt quelle suite aura
été donnée à cette requête par l'assemblée
générale des artistes musiciens, qui a lieu
le 15 mai.
Le Passant.
-.-. —. mm*. , .1 m
GUILLAUME Il A GRAVELOTTE
Guillaume II, admirable metteur on scène,
théâtral empereur d'Allemagne, a congru-
ment procédé à l'inauguration de l'ossuaire
de Gravelotte. Il a eu l'attitude calme, grave,
un peu mélancolique, qui convenait, avec l'air
profond et mystérieux dont il croit utile et
même nécessaire de ne jamais se départir.
Guillaume II, écrit M. René Maizeroy dans le
Journal, après avoir sauté à terre avec une sou-
plesse de cadet, traverse l'ailée du petit cimetière
et entre dans le cloître. Il porte l'uniforme si sim-
ple de général d'infanterie. Ses récentes croisières
ont bruni et tanné son visage. La cicatrice du
coup qu'il reçut à Brème, il y a quelques années,
s'accuse au coin de la tempe, parmi des rides plus
profondes. Il a maigri ; mais son regard, jusque-
là si dur, si impérieux, si aiguisé, regard de ger-
faut qui plane au-dessus d'une volière, s'est im-
prégné d'on ne sait quelle indulgence, adouci sin-
gulièrement de quelque chose de paternel.
Un Guillaume II indulgent et paternel I Ad-
mirons le talent avec lequel le Kaiser sait
imprimer sur son faciès, comme sur un écran,
les sentiments dont il juge bon, pour l'ins-
tant, de faire étalage. Dans le Matin, M. G.
de Maizière constate la même douceur et la
même tristesse.
Le maintien qu'adopterait Guiij¿f.uMe 11, dit-il,
dans le cimetière de Gravelotte devait indiquer le
sens exact qu'il entendait attacher à la cérémonie
d'aujourd'hui. Etl bien ! voici de quelle façon
l'empereur s'est tenu : très droit, une main sur la
poiguée de son sabre, l'autre tenant le casque, la
tête très haute, le regard doux et triste obstiné-
ment fixé vers le ciel.
Du môme air absent et détaché, il a écouté les
trois discours, semblantes conférence spéciale et
confidentielle avec un être supérieur, dédaigneux
des paroes humaines, tout entier à quelque voix
divine qui lui parlait en grand mystère. Il n'a pas
paru entendre le statthalter prononcer cette phrase
qui fut pourtant très remarquée : « C'est ici la
fête de la fidélité, et, si les circonstances, un jour,
l'exigeaient, la patrie allemande retrouverait
dans son armée la même gloire et le même dé-
vouement ».
Il n'a pas semblé non plus prêter plus d'atten-
tion à ce propos du pasteur protestant, à qui re-
vient l'honneur d'avoir dit le mot attendu : « Il
faut saluer ces drapeaux qui ont été témoins du
glorieux martyre des soldats allemands et fran-
çais ¡).
Aucune marque d'approbation, pas un mot, pas
un mouvement de la paupière, toujours ouverte
vers l'azur.
Après l'attitude, la parole. Celle-ci a peut-
être été moins bien inspirée que celle-là.
La revue de Strasbourg terminée, Guillau-
me II a fait aux officiers allemands un dis-
cours dans lequel il ne leur a pas proposé
comme modèles les officiers russes, vaincus
bien plus par « leur ivrognerie et leur immo-
ralité » que par les Japonais. Ce n'est pas
plus flatteur pour les uns que pour les au-
tres.
Estimant, ensuite, qu'il lui importait de
préciser sa pensée davantage, il a ajouté :
Si la Russie a montré son impuissance contre le
péril jaune, il appartient al'AUemagM d'empêcher
ce péril de s'étendre. Le devoir des officiers et des
soldats allemands est de bien remplir leurs jour-
nées, afin que le vice et l'intempérance n'y trou-
vent point de place. Les soldats doivent être sou-
mis à de rudes fatigues; de la sorte ils n'auront
point le temps de penser à autre chose.
Ereinter les soldat3 pour « qu'ils n'aient
point le temps de penser à autre chose » ne
révèle pas une hauteur de vue prodigieuse.
On n'arrive, pàr ce système vulgaire et rudi-
mentaire, qu'à créer des brutes, des machi-
nai. des êtres avilis qu'un rien peut détra-
quer, et non des êtres conscients, moraux,
puisant leur force dans leur conscience et
leur moralité.
Quant à cette préoccupation d'écarter de
l'Europe le péril jaune, le Kaiser nous la baille
bonne.
Votre compassion, lui répondra volontiers
l'Europe, part d'un bon naturel ; mais quit-
tez ce souci, ou plutôt, portez-le sur un point
tien plus inquiétant.
Le péril jaune n'existe et n'existera que si
les peuples de l'Europe restent divisés. Or,
vous savez mieux que personne que, depuis
trente-cinq ans, la cause de cette division,
c'est la quesliou do l'Alsace-Lorraine.
Supprimez cette Question, vous supprime-
rez le péril jaune.
G. de Vorney.
DANS LE SUD ALGÉRIEN
Alger, 12 mai;
Vendredi 5 mai, à 8 heures du soir, un
djich, composé d'une vingtaine de Beni Guil,
après avoir enlevé des chameaux aux Hamyan
(Oulad Klif) s'est dirigé vers Gadel-el-Graa
en passant par Aglat Cadra.
Une trontaine de Mokrani, sous le comman-
dement d'El Hadj Mohamed, ont été envoyés
vers Aioun Dahaguena pour couper la retraite
au djioh.
Le djich a £ tt* rejoint le l&ndomsin au nord
do l'Oued Botoun. Tous les chameaux volés la
veille ont été repris après un engagement où
les Beni Gail ont perdu six hommes, cinq che-
vaux. et sept fusils.
Le détachement est rentré à Bergoent sa-
medi soir.
Cette affaire très heureuse, où les repré-
sailles ont été immédiates, montre clairement
l'efficacité de nos postes avancés pour la pro-
tection de nos tribus-
Si nous n'avions occupé que des points plus
reculés, la poursuite et la reprise eussent été
très difficiles.
Le fils de Bou-Amama est parti dans la ma-
tinée du 11 mai, à 5 heures, pour Oudjda,
escorté de 5 cavaliers des Beni-Khaled.
L'ÉCHÉANCE
La Chambre va, lundi, reprendre ses séan-
ces et continuer les discussions interrompues.
Puisse-t-olle montrer un peu plus d'impatience
à réaliser les réformes que le pays attend !
Qu'on y songe bien. Un an à peine nous sé-
pare de la fin de la législature. Dans un an, il
faudra déposer son bilan pour la liquidation
générale. Dans un an, il faudra que le parti
républicain rende compte aux électeurs du
mandat précis qui lui a été confié on 1901.
Quel sera son bagage? Tout dépendra de l'ac-
tivité qu'il dépensera à partir d'aujourd'hui et
de la tactique qu'il emploiera.
Songez bien que les députés radicaux et ra-
dicaux-socialistes se trouveront en mauvaise
posture, si 1905 n'est pas plus fécond en tra-
vail législatif que les années précédentes.
Comment s'excuseraient ils ? Je comprendrais
difficilement qu'ils rejettent sur M. Combes
tous les torts. Certes l'ancien président du
conseil leur a fait perdra trois années en vai-
nes tergiversations et en persécutions mesqui-
nes. Mais s'il est responsable de tout ce temps
perdu, ne le sont-ils pas, eux, de l'avoir aidé
de leurs votes? Je ne reconnais guère qu'aux
dissidents le droit de critique. Et ce n'est pas
à ceux qui ont soutenu si longtemps le Petit
Père qu'il appartiendrait de récriminer contre
lui. Ils - ont fait -- des fautes. Qu'ils les répa-
rent 1
Sans doute, un an, ce n'est pas beaucoup
lorsqu'on considère tout ce qu'il reste à ac-
complir. Mais en travaillant sérieusement, et
sans qu'il soit besoin de calendrier de réfor-
mes, la majorité républicaine pourrait arri-
ver au bjut de sa tâche. Le voudra-t-elle? Le
saura-t-ello ? La discussion de la Séparation
des Eglises et de l'Etat absorbera encore de
nombreuses séances, mais il est possible de
mener de front avec elle d'autres débats. Ne
pourrait-on consacrer une séanceparsemaine,
même une séance du matin, aux lois ouvriè-
res? Le rapport de la Commission d'assuran-
ce et de prévoyance sociales sur les retraites,
est tout prêt. Pourquoi ne pas entamer d'ores
et déjà cette question qui estde celles qui doi-
vent être résolues avaut les élections généra-
les, sous peine de faillite?
Et puis, que la majorité républicaine ait la
sagesse d'écarter les interpellations inutiles
qui ne font que retarder le travail sérieux et
profitable. Qu'elle se hâtel L'échéance est pro-
che, et les adversaires de la démocratie sur-
veillent ses défaillances pour s'en servir con-
tre elle.
CALCHAS.
———————————— ———————————.
LA QUESTION MAROCAINE
La mission espagnole
Tanger, 12 mai.
On commente beaucoup le fait suivant :
A son arrivée, le croiseur Rio-de-la-Plata,
ayant à bord le nouveau ministre d'Espagne,
après avoir salué le port, arbora les couleurs
françaises et tira une salve de 21 coups de
canon. Un croiseur français qui se trouvait
dans le port rendit le salut, bien qu'il n'y eût
pas d'amiral à bord, quand son commandant
fut informé que le salut du llio-,Ie-la -Plat À
était une marque d'attention spéciale. On voit
là une preuve du désir du gouvernement espa-
gnol de souligner sa solidarité avec le gouver-
nement français.
Le ministre d'Angleterre partira pour Fez
le 19 mai. Deux officiers qui doivent l'accom-
pagner quitterontdemain Londrespour Tanger.
Mme Saint-René Taillandier est arrivée de
Fez hier matin, allant à Paris.
Une mission commerciale allemande est
partie aujourd'hui pour Fez afin d'étudier les
arrangements commerciaux por/airt résniter
de la situation actuelle.
LE CYCLONE DE SNYDER
Guthrio (Oklahoma), 12 mai.
Les dégâts causes par le cyclone de Snyder
sont évalués à 350.000 dollars.
La ville, qui forme un carré d'un mille de
côté, a été coupée en deux par le cyclone, sui-
vant une diagonale partant de l'angle sud-
ouest pour aboutir à l'angle nord-est. Le long
de cette diagonale, large d'un demi-mille, ab-
solument rien n'est resté debout. Des usines,
des maisons entières, n'ont pas plus résisté
que les constructions de bois. Sur certains
points môme, le sol a été littéralement la-
bouré.
Une vingtairie de personnes ont pu se reti-
rer saines et sauves d'une cave aux épaisses
parois où elles étaient restées ensevelies sous
des monceaux de débris, alors que d'une
cave voisine on n'a extrait que des ca-
davres.
Un bébé de deux ans a été recueilli sur une
pile de débris ; il criait : Papa ! papal mais
toute sa famille a disparu, et on ignore son
nom.
Le cyclone a déchaussé et scalpé ses victi-
mes. Les cadavres ne sont plus que des masses
de chair boursouffiées et bleuies. On les a
rangés sur les rayons d'un magasin de nou-
veautés, dont la façade, la toiture et les mar-
chandises ont été emportées par le cyclone.
Les cadavres des bébés sont disposés sur les
rayons supérieurs, ceux des enfants sur les
rayons intermédiaires, et ceux des adultes
près du sol. On les étiquette à mesure qu'ils
sont recueillis.
Un seul hôtel, le plus grand, est resté de-
bout ; il a été converti en hôpital provisoire.
Le gouverneur a réquisitionné la garde na-
tionale de Lawton pour aider au sauvetage. Il
a invité les maires des différentes villes de
l'Oklahoma, les pasteurs, les curés, les Socid-
tés de bientaisance, à ouvrir des souscrip-
tions.
Mil .11- ■ .1 .!■■■■ I ■ rmmmmmm■—«
LE MYSTERE RUSSE
Dauô les provinces
.r" Saint-Pétersbourg, 12 mai.
On «iêcïare officiellement qu'il n'y a rien de
to dans l'information d'après laquelle une
Collision aurait eu lieu à la frontière de Pers^
entre un poste russe et des soldats persan;. Le
nombre relativement minime des victimes des
troubles de Gitomir est dû aux masures éner-
giques que le gouvernement a prises pour. r6.
primer et prévenir les désordres. Des troupes
ont été envoyées de différentes directions pour
mainterir l'ordre et conjurer de nouvelle col-
lisions dans la région de Gitomir.
Le lieutenant-colonel de gendarmerie de
Nijni-Novgorod, M. Greschner, qui revenait
du théâtre, a été assassiné à coups de revolver
sur le seuil de sa maison, et le concierge a été
grièvement blessé. On s'est emparé du meur-
trier : c'est un noble du nom de Nikiforof.
Le tsar
Contrairement aux conseils pressants de
son entourage, le tsar a résolu de se rendre
au moins deux fois par semaine à Saint-Pé-
tersbourg.
Durant ces trois derniers mois, le tsar avait
exprimé à différentes reprises son intention
d'aller à Saint-Pétersbourg, mais il s'était
abstenu de quitter Tsarskoïé-Sélo, par ce fait
que les hautes autorités policières estimaient
la situation à ce point menaçante qu'olles re-
fusaient toute responsabilité.
(Voir la suite en DEUXIEME EDITIONS
CHRONIQUE
Le « IPotrt Chose »
Les idées ont germé en ce printemps ai-
grelet plus vite que les choses. On a pa-
labré un peu partout, tenu des congrès à
propos de tout et de rien, cependant que
les bourgeons s'attardaient frileux et que
les lilas, n'osaient point, aux jardins,
faire jaillir leur floraison superbe.
Parmi tous ces congrès, il en est un in-
téressant à noter. Je veux parler de celui
des maîtres répétiteurs de collège.
Le « Petit Chose» méconnu veut prendre
sa revanche. Placé au dernier échelon de la
hiérarchie universitaire, il a secoué sa ti-
midité excessive et, prenant conscience de
lui-même, du rôle qui lui est dévolu, des
services qu'il rend, il est venu affirmer ses
droits à une vie plus normale, à une exis-
tence plus rationnelle.
Et,chose extraordinaire, on l'écoute. Ses
plaintes maintenant qu'elles sont formu-
lées et précisées, trouvent un écho bien-
veillant dans la presse, et ce désgérité,
cet humble est reçu par le ministre lui-
même, qui promet. d'étudier sa situa-
tion.
Elle est, en effet, peu connue du grand
public, cette existence misérable du pion,
du débutant surtout, qui doit lutter con-
tre l'indiscipline de l'élève, contre le mau-
vais esprit des principaux — marchands de
soupe odieux, plus cupides et plus ladres
que des hôteliers de grands chemins,
ceux-ci considèrent le pion comme un ser-
viteur imposé par l'administration, comme
une sorte d'intermédiaire, entre le pro-
fesseur — un fonctionnaire — et le con-
cierge— un domestique !
Ceux qui autour de leur vingtième an-
née entrèrent dans la vie par cette porte
du pionnicat, se souviennent éternellement
des heures lugubres, vécues en quelque
morne collège de province.
La grande bâtisse endeuillée d'ennui, où
il fallait, dès l'aube, harceler l'indolence
paresseuse des élèves ; les surveillances
monotones des récréations et les études
sans fin où l'on écoute, par les fenêtres,
monter les piaillements joyeux des moi-
neaux qui se disputent à l'ombre des pla-
tanes une croûte de pain.
Oh 1 la navrance de ces promenades,
derrière la théorie des potaches endiman-
chés. Les rues sont pleines de soleil et de
gaîté. La petite ville se repose dans le
calme des après-midi tranquilles. Seul le
pion ne connaîtra ni repos ni dimanche.
Sa journée finie il ira au dortoir. oh!
la tristesse indicible qui tombe de la blan-
che crudUé des murs nus ; ce silence qui
endolorit l'âme de ce malheureux et l'op-
presse lamentablement.
Il voudrait comme tant d'autres pouvoir
fonder unefamille, avoir un foyer où après
le dur labeur son esprit pourrait se déten-
dre. Mais il ne le fera pas car le règlement
aussi administratif qu'intransigeant fait du
collège un cloître et du dortoir une pri-
son.
Si encore on donnait à ce forçat un com-
pagnon de misère ! Mais dans la plupart
des collèges on ne nomme par économie
qu'un seul maître à qui est dévolue toute la
besogne de surveillance.
Seize heures de travail par jour et trente-
cinq francs seulement par mois. C'est là le
traitement de début, durant les qualre
premiers mois. Puis il passe à quarante-
sept en attendant sa titularisation qui lui
accorde cinquante francs environ.
Il est vrai qu'il est nourri et logé. Mais,
ô ingratitude, c'est précisément contre
cette prétendue faveur administrative que
les maîtres répétiteurs s'insurgent.
Je ne dirai rien des ratatouilles innon-
mables, des fayots académiques qui sont
la base alimentaire de notre enseignement
secondaire.
Mais la chambre prionnicale ! Jamais on
ne saura l'horreur de ces taudis infects où
règne le beau désordre de quelques chai-
ses dépareillées, près d'une table boi-
teuse.
La désolation des murs s'ornemente
d'inscriptions navrantes, résumant l'état
d'âme et la misérable condition de ceux
qui vécurent en cette demeure.
C'est là que le maître vit ; c'est là quel-
quefois qu'il meurt et je me souviens
d'avoir vu jadis avec épouvante l'agonie
d'un de ces malheureux dont le cadavre
gisait là comme une loque dans un lugubre
abandon, sans un ami près de lui.
Voilà le milieu où évoluent ces jeunes
gens dont on veut faire des éducateurs.
Ironie des choses 1 Ceux qui conservent
encore quelque énergie n'ont qu'une pen-
sée unique : s'évader du bagne.
Et ceux qui demeurent, pris dans cet
engrenage, s'abrutissent par la répétition
monotone des mômes gestes accomplis
chaque jour.
Leur iiitèlligence s'obscurcit, leur cer-
veau déprimé s'ossifie ét, incapables d'au-
cun effort, ils végètent sans avoir accompli
îrëurrêve. Ayant depuis longtemps désap-
pris la salutaire gymnastique du travail,
ils assistent impuissants à leur dégénéres-
cence intellectuelle.
Aujourd'hui, il semble que le « Petit
chose » veut secouer sa léthargie. On n'.
rien fait jusqu'à ce jour pour lui. Et pour
tant, ils sont nombreux ceux qui, en.
trés dans le bagne pionnical, après s'être
évadés, occupent des places marquang.
au barreau, dans le Parlement et dans la
presse.
D'aucuns même furent ministres de
l'instruction publique 1ft académiciens.
Mais ils ne se souviennent plus, ils ont
oublié les années de geôle.
D'ailleurs, les maîtres répétiteurs n'ont
point besoin d'eux pour obtenir l'amélio-
ration de leur sort.Qu'ils tiennent des con-
grès comme celui de Paris, et au besoin
qu'ils organisent la grève.
On finira par écouter leurs plaintes ; on
finira par leur accorder satisfaction.
Ce congrès qu'ils ont tenu à Paris est un
premier pas. t. est surtout un symptôme
heureux auquel nous applaudissons de tout
cœur car cette manifestation de vie indé-i
pendante est l'indice d'une régénérescence
pleine de promesses pour l'avenir.
Edmond About définissait, à l'Ecole
Normale, le pion « la plus noble conquête
de l'homme de l'homme après le cheval ».
Boutade d'écolier assurément, mais vraie
en son indécence. Quand on aura fait,pour
le maitre-répétiteur, autant que pour l'en.
couragement de la race chevaline, ce sera
l'âge d'or pour ce déshérité, non pointf
l'âge d'or que M. Samuel fait jouer aux
Variétés, mais celui que rêvêrent les poè-;
tes proches parents de cet humble: « Le
Petit chose ».
Michel Borrossi,
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
LES FORCES NAVALES RUSSES
Japonais et Anglais
La jonction des escadres russes. - Le
sort du « Mikasa ». — L'affaire d'es-
pionnage au Japon. - La ques-
tion de la paix.
Rojestvensky, à la tête de la 2e et 36
escadres, porte les destinées de la Russie.
Mais il ne faudrait pas, hypnotisé par la
lutte prochaine qui va se livrer entre Ro-
jestvensky et Togo, oublier qu'il y a ac-(
tuellement en Russie, prête à partir, une
4e escadre composée de 1 cuirassé, 3 crf!'!J
seurs, 8 contre torpilleurs, escadre qui
sera sans doute grossie, avant son départ,
de plusieurs unités navales en voie d'achè-
vement. Au cas où l'issue de la bataille
entre Togo et Rojestvenky serait indécise
et au cas où les deux flottes se réduiraient
mutuellement à l'impuissance, ce serait
cette 4e escadre russe qui, survenant dans
les mers d'Extrême Orient, vers le milieu
d'août, aurait, sans coup férir, la maîtrise
maritime, et, coupant les communications
du Japon,mettrait victorieusement fin à la
guerre.
EN MER
Les flottes russes
Singapour, 12 mai.
Le capitaine du Coromandel annonce que le
8 mai, à 11 h. 30 du soir, il a aperçu quatre
navires de guerre au large du cap Padaran.
Il croit que ces navires faisaient partie de
l'escadre de l'amiral Nebogatoff et étaient sur
le point d'opérer leur jonction avec la 2' es-
cadre de la Baltique.
L'escadre de Vladivostok
Tobio, 12 maL
On confirme la présence, mardi dernier, au
large d'Aomari, de deux navires russes, proba-
blement le Rossia et le Gromoboï. Il est pro-
bable qu'tls n'ont capturé aucun caboteur ja-
pona's. Ils n'ont pas été aperçus depuis.
Le « Mikasa » échoué
Londres, 12 mai.
On télégraphie de Hong-Kong que dans la
nuit du 6 au 7, à dix milles environ au sud
de Formose, le cuirassé japonais Mikasa, pris
dans le brouillard, aurait heurté un récif, di-
sent les uns, une mine sous-marine, préten-
dent les autres.
Quoi qu'il en soit, le Mikasa est échoué et
le lied Star, de la Compagnie japonaise de.
navigation Yuyan-Kaisha, a quitté Hong-
Kong avec un matériel considérable de secours
destiné à renflouer le Mikasa.
Le câble d'Haïnan coupé
Hong-Kong, 12 mai.
Suivant un rapport officiel chinois, le eàbEs
avec l'île d'Haïnan est coupé depuis trois se-
maines. Le vapeur chargé de le réparer a fait
hier le tour de Vile et n'a aperçu aucun navire
russe.
AU JAPON
L'arrestation de M. Bougouin
Nous croyons savùir que le gouvernement
français s'occupe tout. particulièrement de l'in-
cident imprévu qui vient de se produire à Ta-
kio par l'arrestation de l'ancien capitaine
Bougouin.
M. Bougouin qui, tout d'abord, avait été
gardé à vue dans sa demeure, a éié incarcéré.
On a dit, à propos de cet incident, que l'at-
taché militaire français à Tokio était, pour le
moment, le capitaine Roussel, de l'infanterie
calamate; il y a là une erreur : Rattaché mili-
taire est le lieutenant-colonel Corvisart.
(Agence l'Information.)
Tokio, 12 mai.
Les accusations portées contre M. Bougouin
n'ont trouvé aucune créance parmi ses amis
français.
On croit que les papiers saisis chez lui ne
consistaient qu'en de simples notes, sur les-
quelles il jetait des idées destinées à être dé-
voloppées dans des correspondances de presse.
Ancien oftlcier et correspondant de journaux
M. Bougouin avait deux raisons pour accu-
muler les observations et les renseignements
sur les faits de la guerre.
M. Etienne Bougouin, était aussi peu russo-
phile que possible. Il ne dissimulait pas ses
sentiments bienveillants pour les Japonais,
dont il admirait les méthodes et le talent d'as"
similatioo.
Né à Nantes, élève de Saint-Cyr, M. Bou-
gouin avait pris part comme lieutenant à la
camraguede 1870-1871, pendant laquelle il
fut fait prisonnier et nommé chevalier do la
Légion d'nonneur pour sa brillante conduite.
Quelques années après la guerre, il partie
comme attaché d'ambassade à la légation du
Japon, puis revint en France après la suppres-
sion de cette légation et y reprit iu servies]
actif, avec le grade de capitaine, en garaisoa
à Paris, puis à la Flèche.
Il avait amené en France avec lui sa fem- ]
mai une Américaine oui avait toujours VMi
, -
,ËS -
FONDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
II MIL IMSMÎI NI ■* un a
Par» 2 fr. 5 fr. 9 fr. la fr4
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8. Place de la Bourse, 6
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL1
Secrétaire Général : A.-F. CECCALDI
RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TÉLÉPHONE 102.82
Adresser les communications au Rédacteur en Chef
Rédacteur en Chef : BBNRY IVIARET
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. — TÉLÉPHONE 102.80
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
POD-OOU
— Ce pauvre Pod-Dhu s'est égaré
hier à Ploumanac'h. Si vous voulez,
nous irons le chercher.
Je suivis le professeur L., mon
Drdinaire compagnon de promenade.
- Pod-Dhti ?
— Je l'avais aopelé Noiraud, sim-
plement. Les Bretons préfèrent le nom-
mer Pod-Dhu, ce qui signifie Moricaud.
De guerre lasse, je me suis rangé à
l'avis des Bretons. Me voilà peu ras-
suré sur le sort de mon chien. C'est
un épagneul, pas mal mâtiné, comme
ceux qu'on trouve dans ce pays, hétéro-
doxe au point de vue de la vénerie. Mais
courageux pour entrer dans les aj oncs
hérissés où se cachent les lapins, et si
beau à l'arrêt!. Quand il veut arrê-
ter, bien entendu ; car mon brave ca-
bot a cet unique défaut de ne pas sa-
voir au juste s'il est « couchant » ou
« courant ». Entre nous, je soupçonne
mon épagneul d'avoir un basset à pat-
tes torses parmi ses ascendants. Bah 1
je n'ai pas demandé son pédigrée, et,
tel qu'il est, je le tiens pour un hon-
nête animal, et .même pour un bon
camarade.
.**
Nous suivîmes la côte, par le che-
min de douane où le plaisir de la mar-
che s'agrémente du frisson des gou-
fres côtoyés. Au-dessus de nous s'éla-
gealent, çà et là, les villas préparées
pour les baigneurs de la saison qui
approche. Ce spectacle a toujours le
don d'agacer mon ami le professeur,
Il lâcha la bride à son goût de critique
verbeuse :
— J'ai longtemps pensé que je cé-
dais à une sotte nervosité d'intellec-
tuel en haïssant ce genre de construc-
tions. Les vieux châteaux, leurs rui-
nes, les chaumières, jusqu'aux bara-
ques des cantonniers, le long des rou-
tes, me paraissent pittoresques, et
sont de bonnes « fabriques », comme
disent les dessinateurs, dans un pay-
sage. Les hommes de tous les temps
se sont logés sans que les artistes y
trouvassent à redire, que diable. Il
faut bien que les bourgeois qui pren-
nent les eaux aient des maisons à
leur disposition. Pourquoi, par un pri-
vilège singulier, leurs habitations me
font-elles mal à voir ? C'est par ha-
sard, en lisant Max Nordau, que j'ai
trouvé la justification de mon senti-
ment.
« Max Nordau, dans ses paradoxes,
n'est pas toujours si paradoxal. Par
exemple, il convient de le louer d'a-
voir battu en brèche la doctrine idéa-
liste, la théorie platonicienne qui ra-
mène la beauté à un seul élément.
D'après le philosophe allemand, l'idée
générale de beauté se décomposerait
naturellement en trois notions : celle
du sublime, celle du joli, et celle de
l'idoine. Le sublime: ce qui nous do-
mine, ce qui nous écrase moralement,
sans toutefois nous donner la terreur
directe de la mort; le joli : dont la
femme tire le sentiment de l'amour
des enfants et dont l'homme prend le
goût à admirer la faiblesse gracieuse
de la femme; l'idoine : ce qui, d'une
façon qui saule aux yeux, est con-
forme à son objet.
; « J'en arrive à nos architectes :
quelle a été leur faute? Ils ne pou-
vaient élever de bâtiments sublimes ;
en face de la magnificence tranquille
et absolue de la mer, du ciel et des fa-
laises, leur tentative aurait semblé
meine : les œuvres de l'homme ne
se comparent pas sans ridicule à une
nature comme celle que nous admi-
rons. Ils ont opté pour le joli. Quel so-
léLsme 1 Du gracieux, du gentil; du
puriril, dans une rue étroite de ville,
sous un ciel rétréci, en présence de
perspectives peu vastes, soit Mais ici ?
Des toits recroquevillés comme des
cocottes en papier, des tourelles, des
clochetons, des chalets suisses qui re-
grettent leur patrie, des donjons en
réduction qui pleurent le moyen-âge!
Nos architectes se sont plu à ces jeux
quand sous leurs yeux s'étendaient les
formidables horizons que vous voyez?
Une telle sottise donne des rancœurs.
Leurs villas sont des barbarismes
constants, des attentats perpétuels à
la logique.
« Il était si indiqué de renoncer au
joli comme au sublime, et d'élever des
maisons sans prétention en pierres du
pays, conior-uzs à leur objet, qui n'est
pas de valoir l'Institut à l'architecte,
qui est de loger confortablement — et
k bon marché — des Parisiens en
luête de grand air et de lumière.
***
Nous entrâmes dans un des mille et
un débits de boissons du pays.
— Madame, dit L,.. à la propriétaire
de ce minuscule établissement, vous
n'auriez pas vu mon chien ? Je l'ai
perdu par ici. Il est noir, il a l'air d'un
épagneul et les allures d'un basset?
— Si, monsieur. Nous l'avons g(-èié
toute la nçirtj il doit être à sur
le-quaiv
Nous allâmes vers le port.
- Bon Dieu! reprit le professeur,
je parie que mon toutou est là-bas !
Je ne voyais, au bout de la courte
jetée et sur la cale, que des gamins
qui jetaient des pierres dans le port.
Nous courûmes. Pod-Dhu était assis
dans l'eau; il ne laissait paraître que
la truffe amusante de son nez. Malgré
sa retraite devant l'armée féroce des
enfants, il avait eu l'oreille fendue par
une pierre.
On ne perdit pas un instant pour
procéder à son sauvetage ; et ce furent
les embrassements que l'on devine.
— Avouez que l'humanité est stu-
pide, criait L..,; les architectes enlai-
dissent les paysages, les nîontagnards
arrachent les forêts, et les petits pê-
cheurs massacrent les bêtes. Nulle
part le moindre respect de la Nature.
La campagne de Rousseau est à re-
commencer.
Hugues Destrem.
LES ON-DIT
LE SOLITAIRE D'USSEAU
Aux dernières nouvelles, on
avait résolu d'en finir avec le
vieux garde-chasse d'Usseau, et
on s'apprêtait à le faire sauter,
avec a maisonnette, simple-
ment. Et on tenait à nous ras-
surer : le siège ne durera pas maintenant
plus de vingt-quatre heures.
En effet, il suffira de « quinze pétards
de mélinite », pour « réduire en miettes »
les murs de l'immeuble. Il est vrai qu'un
lieutenant risquera sa peau pour aller por-
ter le paquet au pied de la baraque, mais,
soyez tranquille, il « a l'habitude de ma-
nier les explosifs ».
Est-il donc si urgent que cela de faiie
sauter à la mélinite un maniaque âgé de
70 ans, qui monte depuis dix jours des
gardes qui durent vingt-quatre heures par
jour ? Ne peut-on attendre que ce pauvre
fou tombe épuisé pour l'empoigner ? Se
figure-t-on qu'il battra successivement tous
les records connus de manque de sommeil,
de jeûne prolongé et de fatigue continue ?
On a attendu dix jours ; ne peut-on atten-
dre encore un jour ou deux ?
Dès à présent, vous avez la certitude que
vous avez affaire à un irresponsable : s'il
n'était pas fou quand il a commencé ses
exercices — et ce serait à prouver — il l'est
certainement devenu. Vous êtes en pré-
sence d'un impulsif exaspéré. Vous ne
tirerez rien de lui, sans le tuer, tant qu'il
sera debout ; mais ce soir, demain matin,
demain à midi, il tombera tout à coup,
comme un sac de plâtre, et vous n'aurez
qu'à le coucher sur une civière pour l'em-
porter.
Qu'est-ce qui vous talonne? et quelle
étrange fureur poussa le parquet, le tri-
bunal, la gendarmerie, la préfecture et
l'armée à ne pouvoir patienter quelques
heures ? Cherchez la loi qui vous autorise
à abattre un fou, comme vous le feriez
d'un chien enragé. Je vous préviens que
cette loi n'existe pas. C'est donc un crime
que vous allez Commettre ; et pourquoi ?
pour vous dispenser d'une nuit ou deux à
passer encore à la belle étoile ?
Hé bien, ce maniaque, ce fou, au temps
ou il n'était pas encore atteint de la manie
persécutrice,a payé des impôts. Ces impôts
étaient précisément destinés, non à le tuer,
mais à le protéger lui-même, s'il devenait
fou, contre sa propre démence ; vous trou-
vez que l'opération est mauvaise, et ou'il
n'a pas assez versé d'argent au trésor pour
que l'on mobilise à son seul usage toutes
les autorités du département ? Que voulez-
vous qu'on y fasse. Vous avez tous les
droits, hors celui d'abuser de votre force
contre ce misérable détraqué.
L'ÉPIDÉMIE DE PEUDE
On a fait beaucoup trop de bruit autour
de l'épidémie de pelade qui ravagerait
quelques quartiers parisiens. Tous les ans,
on en relève deux ou trois cas isolés dans
les écoles. La consultation de Saint-Louis
traite aussi, tous les mois, quelques mala-
des. Mais de là à une situation anormale,
il y a loin.
Quand on songe aux multiples chances
de contagion qui existent, aux contacts
variés que nous subissons dans les cafés,
dans les théâtres, dans les omnibus, dans
les boutiques de coiffeurs, à la rareté des
précautions aseptisantes qui sont prises,
il faut convenir que le danger n'est pas
très considérable.
UN BARON A L'AGRICULTURE
Nous apprenons avec plaisir que le gou-
vernement austro-hongrois vient de confé-
rer la Couronne de fer à l'un des plus dis-
tingués collaborateurs de M. Ruau , M.
Georges Marsais, chef du bureau des en-
couragements, rue de Varenne, rédacteur
au Journal officiel et au Petit Parisien.
Cette distinction, qui est la juste récom-
pense de services rendus dans l'organisa-
tion de diverses expositions spéciales,
donne de droit à M. Marsais le titre de ba-
ron du Saint-Empire. Il en a reçu, de
Vienne, les insignes enrichis de brillants.
LA MÉDECINE SPIRITUELLE
La grave Faculté a donné ses lettres de
grande naturalisation à la « médecine spi-
rituelle » et, déjà, certains voient dans ce
fait, un peu à la légère, un symptôme d'un
abandon partiel des doctrines matérialistes.
Lundi 15 mai, à l'amphithéâtre Cruvelhier,
M. le Dr-Bérillon, médecin-inspecteur des
asiles d'aliénés, professeur à l'Ecole de
psychologie, ouvrira un cours spécial sur
la psychothérapie.
Eh bien, après? La suggestion est un
fait matériellement explicable. Et ce n'est
pas sans raison que Charcot se vantait
d'avoir trouvé la genèse du miracle.
ARrs ET MÈT"tRs
Un vœu depuis longtemps formulé par
le Conseil général de la Seine et le Conseil
municipal de Paris va être bientôt rÇaUsé,
M. Dubief, ministre du commerce, vient
de soumettre au contre seing de M. le mi-
nistre des finances, un projet de loi ayant
pour objet la création, à Paris, d'une école
nationale d'arts et métiers.
Le régime de l'école sera l'externat avec
repas de midi obligatoire. La durée des
études sera de trois ans avec une 4è année
facultative consacrée à des enseignements
spéciaux.
L'admission est réservée aux candidats
domiciliés dans le département de la Seine.
L'écolé sera édifiée sur l'emplacement de
l'ancien abattoir de Villejuif, à l'angle du
boulevard de l'Hôpital et de la rue Pinel.
LA DIME DES MILLIONS
Les membres de l'Association des Artistes
musiciens, ilfe sont 6.000, ont reçu cette se-
maine une requête de la famille Lelong,
famille très nombreuse et dont la situation
est digne d'intérêt.
On sait que, l'an passé, la Société héri-
tait de sept millions, frais de succession
déduits. Ce legs royal lui venait de Mme
veuve. Camille Lelong, la célèbre mar-
chande d'objets d'art.
Dans des circonstances analogues, l'As-
sistance publique a toujours fait la part
des parents pauvres. La famille Lelong
compte qu'une grande Association artis-
tique suivra ce généreux exemple.
Nous saurons bientôt quelle suite aura
été donnée à cette requête par l'assemblée
générale des artistes musiciens, qui a lieu
le 15 mai.
Le Passant.
-.-. —. mm*. , .1 m
GUILLAUME Il A GRAVELOTTE
Guillaume II, admirable metteur on scène,
théâtral empereur d'Allemagne, a congru-
ment procédé à l'inauguration de l'ossuaire
de Gravelotte. Il a eu l'attitude calme, grave,
un peu mélancolique, qui convenait, avec l'air
profond et mystérieux dont il croit utile et
même nécessaire de ne jamais se départir.
Guillaume II, écrit M. René Maizeroy dans le
Journal, après avoir sauté à terre avec une sou-
plesse de cadet, traverse l'ailée du petit cimetière
et entre dans le cloître. Il porte l'uniforme si sim-
ple de général d'infanterie. Ses récentes croisières
ont bruni et tanné son visage. La cicatrice du
coup qu'il reçut à Brème, il y a quelques années,
s'accuse au coin de la tempe, parmi des rides plus
profondes. Il a maigri ; mais son regard, jusque-
là si dur, si impérieux, si aiguisé, regard de ger-
faut qui plane au-dessus d'une volière, s'est im-
prégné d'on ne sait quelle indulgence, adouci sin-
gulièrement de quelque chose de paternel.
Un Guillaume II indulgent et paternel I Ad-
mirons le talent avec lequel le Kaiser sait
imprimer sur son faciès, comme sur un écran,
les sentiments dont il juge bon, pour l'ins-
tant, de faire étalage. Dans le Matin, M. G.
de Maizière constate la même douceur et la
même tristesse.
Le maintien qu'adopterait Guiij¿f.uMe 11, dit-il,
dans le cimetière de Gravelotte devait indiquer le
sens exact qu'il entendait attacher à la cérémonie
d'aujourd'hui. Etl bien ! voici de quelle façon
l'empereur s'est tenu : très droit, une main sur la
poiguée de son sabre, l'autre tenant le casque, la
tête très haute, le regard doux et triste obstiné-
ment fixé vers le ciel.
Du môme air absent et détaché, il a écouté les
trois discours, semblantes conférence spéciale et
confidentielle avec un être supérieur, dédaigneux
des paroes humaines, tout entier à quelque voix
divine qui lui parlait en grand mystère. Il n'a pas
paru entendre le statthalter prononcer cette phrase
qui fut pourtant très remarquée : « C'est ici la
fête de la fidélité, et, si les circonstances, un jour,
l'exigeaient, la patrie allemande retrouverait
dans son armée la même gloire et le même dé-
vouement ».
Il n'a pas semblé non plus prêter plus d'atten-
tion à ce propos du pasteur protestant, à qui re-
vient l'honneur d'avoir dit le mot attendu : « Il
faut saluer ces drapeaux qui ont été témoins du
glorieux martyre des soldats allemands et fran-
çais ¡).
Aucune marque d'approbation, pas un mot, pas
un mouvement de la paupière, toujours ouverte
vers l'azur.
Après l'attitude, la parole. Celle-ci a peut-
être été moins bien inspirée que celle-là.
La revue de Strasbourg terminée, Guillau-
me II a fait aux officiers allemands un dis-
cours dans lequel il ne leur a pas proposé
comme modèles les officiers russes, vaincus
bien plus par « leur ivrognerie et leur immo-
ralité » que par les Japonais. Ce n'est pas
plus flatteur pour les uns que pour les au-
tres.
Estimant, ensuite, qu'il lui importait de
préciser sa pensée davantage, il a ajouté :
Si la Russie a montré son impuissance contre le
péril jaune, il appartient al'AUemagM d'empêcher
ce péril de s'étendre. Le devoir des officiers et des
soldats allemands est de bien remplir leurs jour-
nées, afin que le vice et l'intempérance n'y trou-
vent point de place. Les soldats doivent être sou-
mis à de rudes fatigues; de la sorte ils n'auront
point le temps de penser à autre chose.
Ereinter les soldat3 pour « qu'ils n'aient
point le temps de penser à autre chose » ne
révèle pas une hauteur de vue prodigieuse.
On n'arrive, pàr ce système vulgaire et rudi-
mentaire, qu'à créer des brutes, des machi-
nai. des êtres avilis qu'un rien peut détra-
quer, et non des êtres conscients, moraux,
puisant leur force dans leur conscience et
leur moralité.
Quant à cette préoccupation d'écarter de
l'Europe le péril jaune, le Kaiser nous la baille
bonne.
Votre compassion, lui répondra volontiers
l'Europe, part d'un bon naturel ; mais quit-
tez ce souci, ou plutôt, portez-le sur un point
tien plus inquiétant.
Le péril jaune n'existe et n'existera que si
les peuples de l'Europe restent divisés. Or,
vous savez mieux que personne que, depuis
trente-cinq ans, la cause de cette division,
c'est la quesliou do l'Alsace-Lorraine.
Supprimez cette Question, vous supprime-
rez le péril jaune.
G. de Vorney.
DANS LE SUD ALGÉRIEN
Alger, 12 mai;
Vendredi 5 mai, à 8 heures du soir, un
djich, composé d'une vingtaine de Beni Guil,
après avoir enlevé des chameaux aux Hamyan
(Oulad Klif) s'est dirigé vers Gadel-el-Graa
en passant par Aglat Cadra.
Une trontaine de Mokrani, sous le comman-
dement d'El Hadj Mohamed, ont été envoyés
vers Aioun Dahaguena pour couper la retraite
au djioh.
Le djich a £ tt* rejoint le l&ndomsin au nord
do l'Oued Botoun. Tous les chameaux volés la
veille ont été repris après un engagement où
les Beni Gail ont perdu six hommes, cinq che-
vaux. et sept fusils.
Le détachement est rentré à Bergoent sa-
medi soir.
Cette affaire très heureuse, où les repré-
sailles ont été immédiates, montre clairement
l'efficacité de nos postes avancés pour la pro-
tection de nos tribus-
Si nous n'avions occupé que des points plus
reculés, la poursuite et la reprise eussent été
très difficiles.
Le fils de Bou-Amama est parti dans la ma-
tinée du 11 mai, à 5 heures, pour Oudjda,
escorté de 5 cavaliers des Beni-Khaled.
L'ÉCHÉANCE
La Chambre va, lundi, reprendre ses séan-
ces et continuer les discussions interrompues.
Puisse-t-olle montrer un peu plus d'impatience
à réaliser les réformes que le pays attend !
Qu'on y songe bien. Un an à peine nous sé-
pare de la fin de la législature. Dans un an, il
faudra déposer son bilan pour la liquidation
générale. Dans un an, il faudra que le parti
républicain rende compte aux électeurs du
mandat précis qui lui a été confié on 1901.
Quel sera son bagage? Tout dépendra de l'ac-
tivité qu'il dépensera à partir d'aujourd'hui et
de la tactique qu'il emploiera.
Songez bien que les députés radicaux et ra-
dicaux-socialistes se trouveront en mauvaise
posture, si 1905 n'est pas plus fécond en tra-
vail législatif que les années précédentes.
Comment s'excuseraient ils ? Je comprendrais
difficilement qu'ils rejettent sur M. Combes
tous les torts. Certes l'ancien président du
conseil leur a fait perdra trois années en vai-
nes tergiversations et en persécutions mesqui-
nes. Mais s'il est responsable de tout ce temps
perdu, ne le sont-ils pas, eux, de l'avoir aidé
de leurs votes? Je ne reconnais guère qu'aux
dissidents le droit de critique. Et ce n'est pas
à ceux qui ont soutenu si longtemps le Petit
Père qu'il appartiendrait de récriminer contre
lui. Ils - ont fait -- des fautes. Qu'ils les répa-
rent 1
Sans doute, un an, ce n'est pas beaucoup
lorsqu'on considère tout ce qu'il reste à ac-
complir. Mais en travaillant sérieusement, et
sans qu'il soit besoin de calendrier de réfor-
mes, la majorité républicaine pourrait arri-
ver au bjut de sa tâche. Le voudra-t-elle? Le
saura-t-ello ? La discussion de la Séparation
des Eglises et de l'Etat absorbera encore de
nombreuses séances, mais il est possible de
mener de front avec elle d'autres débats. Ne
pourrait-on consacrer une séanceparsemaine,
même une séance du matin, aux lois ouvriè-
res? Le rapport de la Commission d'assuran-
ce et de prévoyance sociales sur les retraites,
est tout prêt. Pourquoi ne pas entamer d'ores
et déjà cette question qui estde celles qui doi-
vent être résolues avaut les élections généra-
les, sous peine de faillite?
Et puis, que la majorité républicaine ait la
sagesse d'écarter les interpellations inutiles
qui ne font que retarder le travail sérieux et
profitable. Qu'elle se hâtel L'échéance est pro-
che, et les adversaires de la démocratie sur-
veillent ses défaillances pour s'en servir con-
tre elle.
CALCHAS.
———————————— ———————————.
LA QUESTION MAROCAINE
La mission espagnole
Tanger, 12 mai.
On commente beaucoup le fait suivant :
A son arrivée, le croiseur Rio-de-la-Plata,
ayant à bord le nouveau ministre d'Espagne,
après avoir salué le port, arbora les couleurs
françaises et tira une salve de 21 coups de
canon. Un croiseur français qui se trouvait
dans le port rendit le salut, bien qu'il n'y eût
pas d'amiral à bord, quand son commandant
fut informé que le salut du llio-,Ie-la -Plat À
était une marque d'attention spéciale. On voit
là une preuve du désir du gouvernement espa-
gnol de souligner sa solidarité avec le gouver-
nement français.
Le ministre d'Angleterre partira pour Fez
le 19 mai. Deux officiers qui doivent l'accom-
pagner quitterontdemain Londrespour Tanger.
Mme Saint-René Taillandier est arrivée de
Fez hier matin, allant à Paris.
Une mission commerciale allemande est
partie aujourd'hui pour Fez afin d'étudier les
arrangements commerciaux por/airt résniter
de la situation actuelle.
LE CYCLONE DE SNYDER
Guthrio (Oklahoma), 12 mai.
Les dégâts causes par le cyclone de Snyder
sont évalués à 350.000 dollars.
La ville, qui forme un carré d'un mille de
côté, a été coupée en deux par le cyclone, sui-
vant une diagonale partant de l'angle sud-
ouest pour aboutir à l'angle nord-est. Le long
de cette diagonale, large d'un demi-mille, ab-
solument rien n'est resté debout. Des usines,
des maisons entières, n'ont pas plus résisté
que les constructions de bois. Sur certains
points môme, le sol a été littéralement la-
bouré.
Une vingtairie de personnes ont pu se reti-
rer saines et sauves d'une cave aux épaisses
parois où elles étaient restées ensevelies sous
des monceaux de débris, alors que d'une
cave voisine on n'a extrait que des ca-
davres.
Un bébé de deux ans a été recueilli sur une
pile de débris ; il criait : Papa ! papal mais
toute sa famille a disparu, et on ignore son
nom.
Le cyclone a déchaussé et scalpé ses victi-
mes. Les cadavres ne sont plus que des masses
de chair boursouffiées et bleuies. On les a
rangés sur les rayons d'un magasin de nou-
veautés, dont la façade, la toiture et les mar-
chandises ont été emportées par le cyclone.
Les cadavres des bébés sont disposés sur les
rayons supérieurs, ceux des enfants sur les
rayons intermédiaires, et ceux des adultes
près du sol. On les étiquette à mesure qu'ils
sont recueillis.
Un seul hôtel, le plus grand, est resté de-
bout ; il a été converti en hôpital provisoire.
Le gouverneur a réquisitionné la garde na-
tionale de Lawton pour aider au sauvetage. Il
a invité les maires des différentes villes de
l'Oklahoma, les pasteurs, les curés, les Socid-
tés de bientaisance, à ouvrir des souscrip-
tions.
Mil .11- ■ .1 .!■■■■ I ■ rmmmmmm■—«
LE MYSTERE RUSSE
Dauô les provinces
.r" Saint-Pétersbourg, 12 mai.
On «iêcïare officiellement qu'il n'y a rien de
to dans l'information d'après laquelle une
Collision aurait eu lieu à la frontière de Pers^
entre un poste russe et des soldats persan;. Le
nombre relativement minime des victimes des
troubles de Gitomir est dû aux masures éner-
giques que le gouvernement a prises pour. r6.
primer et prévenir les désordres. Des troupes
ont été envoyées de différentes directions pour
mainterir l'ordre et conjurer de nouvelle col-
lisions dans la région de Gitomir.
Le lieutenant-colonel de gendarmerie de
Nijni-Novgorod, M. Greschner, qui revenait
du théâtre, a été assassiné à coups de revolver
sur le seuil de sa maison, et le concierge a été
grièvement blessé. On s'est emparé du meur-
trier : c'est un noble du nom de Nikiforof.
Le tsar
Contrairement aux conseils pressants de
son entourage, le tsar a résolu de se rendre
au moins deux fois par semaine à Saint-Pé-
tersbourg.
Durant ces trois derniers mois, le tsar avait
exprimé à différentes reprises son intention
d'aller à Saint-Pétersbourg, mais il s'était
abstenu de quitter Tsarskoïé-Sélo, par ce fait
que les hautes autorités policières estimaient
la situation à ce point menaçante qu'olles re-
fusaient toute responsabilité.
(Voir la suite en DEUXIEME EDITIONS
CHRONIQUE
Le « IPotrt Chose »
Les idées ont germé en ce printemps ai-
grelet plus vite que les choses. On a pa-
labré un peu partout, tenu des congrès à
propos de tout et de rien, cependant que
les bourgeons s'attardaient frileux et que
les lilas, n'osaient point, aux jardins,
faire jaillir leur floraison superbe.
Parmi tous ces congrès, il en est un in-
téressant à noter. Je veux parler de celui
des maîtres répétiteurs de collège.
Le « Petit Chose» méconnu veut prendre
sa revanche. Placé au dernier échelon de la
hiérarchie universitaire, il a secoué sa ti-
midité excessive et, prenant conscience de
lui-même, du rôle qui lui est dévolu, des
services qu'il rend, il est venu affirmer ses
droits à une vie plus normale, à une exis-
tence plus rationnelle.
Et,chose extraordinaire, on l'écoute. Ses
plaintes maintenant qu'elles sont formu-
lées et précisées, trouvent un écho bien-
veillant dans la presse, et ce désgérité,
cet humble est reçu par le ministre lui-
même, qui promet. d'étudier sa situa-
tion.
Elle est, en effet, peu connue du grand
public, cette existence misérable du pion,
du débutant surtout, qui doit lutter con-
tre l'indiscipline de l'élève, contre le mau-
vais esprit des principaux — marchands de
soupe odieux, plus cupides et plus ladres
que des hôteliers de grands chemins,
ceux-ci considèrent le pion comme un ser-
viteur imposé par l'administration, comme
une sorte d'intermédiaire, entre le pro-
fesseur — un fonctionnaire — et le con-
cierge— un domestique !
Ceux qui autour de leur vingtième an-
née entrèrent dans la vie par cette porte
du pionnicat, se souviennent éternellement
des heures lugubres, vécues en quelque
morne collège de province.
La grande bâtisse endeuillée d'ennui, où
il fallait, dès l'aube, harceler l'indolence
paresseuse des élèves ; les surveillances
monotones des récréations et les études
sans fin où l'on écoute, par les fenêtres,
monter les piaillements joyeux des moi-
neaux qui se disputent à l'ombre des pla-
tanes une croûte de pain.
Oh 1 la navrance de ces promenades,
derrière la théorie des potaches endiman-
chés. Les rues sont pleines de soleil et de
gaîté. La petite ville se repose dans le
calme des après-midi tranquilles. Seul le
pion ne connaîtra ni repos ni dimanche.
Sa journée finie il ira au dortoir. oh!
la tristesse indicible qui tombe de la blan-
che crudUé des murs nus ; ce silence qui
endolorit l'âme de ce malheureux et l'op-
presse lamentablement.
Il voudrait comme tant d'autres pouvoir
fonder unefamille, avoir un foyer où après
le dur labeur son esprit pourrait se déten-
dre. Mais il ne le fera pas car le règlement
aussi administratif qu'intransigeant fait du
collège un cloître et du dortoir une pri-
son.
Si encore on donnait à ce forçat un com-
pagnon de misère ! Mais dans la plupart
des collèges on ne nomme par économie
qu'un seul maître à qui est dévolue toute la
besogne de surveillance.
Seize heures de travail par jour et trente-
cinq francs seulement par mois. C'est là le
traitement de début, durant les qualre
premiers mois. Puis il passe à quarante-
sept en attendant sa titularisation qui lui
accorde cinquante francs environ.
Il est vrai qu'il est nourri et logé. Mais,
ô ingratitude, c'est précisément contre
cette prétendue faveur administrative que
les maîtres répétiteurs s'insurgent.
Je ne dirai rien des ratatouilles innon-
mables, des fayots académiques qui sont
la base alimentaire de notre enseignement
secondaire.
Mais la chambre prionnicale ! Jamais on
ne saura l'horreur de ces taudis infects où
règne le beau désordre de quelques chai-
ses dépareillées, près d'une table boi-
teuse.
La désolation des murs s'ornemente
d'inscriptions navrantes, résumant l'état
d'âme et la misérable condition de ceux
qui vécurent en cette demeure.
C'est là que le maître vit ; c'est là quel-
quefois qu'il meurt et je me souviens
d'avoir vu jadis avec épouvante l'agonie
d'un de ces malheureux dont le cadavre
gisait là comme une loque dans un lugubre
abandon, sans un ami près de lui.
Voilà le milieu où évoluent ces jeunes
gens dont on veut faire des éducateurs.
Ironie des choses 1 Ceux qui conservent
encore quelque énergie n'ont qu'une pen-
sée unique : s'évader du bagne.
Et ceux qui demeurent, pris dans cet
engrenage, s'abrutissent par la répétition
monotone des mômes gestes accomplis
chaque jour.
Leur iiitèlligence s'obscurcit, leur cer-
veau déprimé s'ossifie ét, incapables d'au-
cun effort, ils végètent sans avoir accompli
îrëurrêve. Ayant depuis longtemps désap-
pris la salutaire gymnastique du travail,
ils assistent impuissants à leur dégénéres-
cence intellectuelle.
Aujourd'hui, il semble que le « Petit
chose » veut secouer sa léthargie. On n'.
rien fait jusqu'à ce jour pour lui. Et pour
tant, ils sont nombreux ceux qui, en.
trés dans le bagne pionnical, après s'être
évadés, occupent des places marquang.
au barreau, dans le Parlement et dans la
presse.
D'aucuns même furent ministres de
l'instruction publique 1ft académiciens.
Mais ils ne se souviennent plus, ils ont
oublié les années de geôle.
D'ailleurs, les maîtres répétiteurs n'ont
point besoin d'eux pour obtenir l'amélio-
ration de leur sort.Qu'ils tiennent des con-
grès comme celui de Paris, et au besoin
qu'ils organisent la grève.
On finira par écouter leurs plaintes ; on
finira par leur accorder satisfaction.
Ce congrès qu'ils ont tenu à Paris est un
premier pas. t. est surtout un symptôme
heureux auquel nous applaudissons de tout
cœur car cette manifestation de vie indé-i
pendante est l'indice d'une régénérescence
pleine de promesses pour l'avenir.
Edmond About définissait, à l'Ecole
Normale, le pion « la plus noble conquête
de l'homme de l'homme après le cheval ».
Boutade d'écolier assurément, mais vraie
en son indécence. Quand on aura fait,pour
le maitre-répétiteur, autant que pour l'en.
couragement de la race chevaline, ce sera
l'âge d'or pour ce déshérité, non pointf
l'âge d'or que M. Samuel fait jouer aux
Variétés, mais celui que rêvêrent les poè-;
tes proches parents de cet humble: « Le
Petit chose ».
Michel Borrossi,
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
LES FORCES NAVALES RUSSES
Japonais et Anglais
La jonction des escadres russes. - Le
sort du « Mikasa ». — L'affaire d'es-
pionnage au Japon. - La ques-
tion de la paix.
Rojestvensky, à la tête de la 2e et 36
escadres, porte les destinées de la Russie.
Mais il ne faudrait pas, hypnotisé par la
lutte prochaine qui va se livrer entre Ro-
jestvensky et Togo, oublier qu'il y a ac-(
tuellement en Russie, prête à partir, une
4e escadre composée de 1 cuirassé, 3 crf!'!J
seurs, 8 contre torpilleurs, escadre qui
sera sans doute grossie, avant son départ,
de plusieurs unités navales en voie d'achè-
vement. Au cas où l'issue de la bataille
entre Togo et Rojestvenky serait indécise
et au cas où les deux flottes se réduiraient
mutuellement à l'impuissance, ce serait
cette 4e escadre russe qui, survenant dans
les mers d'Extrême Orient, vers le milieu
d'août, aurait, sans coup férir, la maîtrise
maritime, et, coupant les communications
du Japon,mettrait victorieusement fin à la
guerre.
EN MER
Les flottes russes
Singapour, 12 mai.
Le capitaine du Coromandel annonce que le
8 mai, à 11 h. 30 du soir, il a aperçu quatre
navires de guerre au large du cap Padaran.
Il croit que ces navires faisaient partie de
l'escadre de l'amiral Nebogatoff et étaient sur
le point d'opérer leur jonction avec la 2' es-
cadre de la Baltique.
L'escadre de Vladivostok
Tobio, 12 maL
On confirme la présence, mardi dernier, au
large d'Aomari, de deux navires russes, proba-
blement le Rossia et le Gromoboï. Il est pro-
bable qu'tls n'ont capturé aucun caboteur ja-
pona's. Ils n'ont pas été aperçus depuis.
Le « Mikasa » échoué
Londres, 12 mai.
On télégraphie de Hong-Kong que dans la
nuit du 6 au 7, à dix milles environ au sud
de Formose, le cuirassé japonais Mikasa, pris
dans le brouillard, aurait heurté un récif, di-
sent les uns, une mine sous-marine, préten-
dent les autres.
Quoi qu'il en soit, le Mikasa est échoué et
le lied Star, de la Compagnie japonaise de.
navigation Yuyan-Kaisha, a quitté Hong-
Kong avec un matériel considérable de secours
destiné à renflouer le Mikasa.
Le câble d'Haïnan coupé
Hong-Kong, 12 mai.
Suivant un rapport officiel chinois, le eàbEs
avec l'île d'Haïnan est coupé depuis trois se-
maines. Le vapeur chargé de le réparer a fait
hier le tour de Vile et n'a aperçu aucun navire
russe.
AU JAPON
L'arrestation de M. Bougouin
Nous croyons savùir que le gouvernement
français s'occupe tout. particulièrement de l'in-
cident imprévu qui vient de se produire à Ta-
kio par l'arrestation de l'ancien capitaine
Bougouin.
M. Bougouin qui, tout d'abord, avait été
gardé à vue dans sa demeure, a éié incarcéré.
On a dit, à propos de cet incident, que l'at-
taché militaire français à Tokio était, pour le
moment, le capitaine Roussel, de l'infanterie
calamate; il y a là une erreur : Rattaché mili-
taire est le lieutenant-colonel Corvisart.
(Agence l'Information.)
Tokio, 12 mai.
Les accusations portées contre M. Bougouin
n'ont trouvé aucune créance parmi ses amis
français.
On croit que les papiers saisis chez lui ne
consistaient qu'en de simples notes, sur les-
quelles il jetait des idées destinées à être dé-
voloppées dans des correspondances de presse.
Ancien oftlcier et correspondant de journaux
M. Bougouin avait deux raisons pour accu-
muler les observations et les renseignements
sur les faits de la guerre.
M. Etienne Bougouin, était aussi peu russo-
phile que possible. Il ne dissimulait pas ses
sentiments bienveillants pour les Japonais,
dont il admirait les méthodes et le talent d'as"
similatioo.
Né à Nantes, élève de Saint-Cyr, M. Bou-
gouin avait pris part comme lieutenant à la
camraguede 1870-1871, pendant laquelle il
fut fait prisonnier et nommé chevalier do la
Légion d'nonneur pour sa brillante conduite.
Quelques années après la guerre, il partie
comme attaché d'ambassade à la légation du
Japon, puis revint en France après la suppres-
sion de cette légation et y reprit iu servies]
actif, avec le grade de capitaine, en garaisoa
à Paris, puis à la Flèche.
Il avait amené en France avec lui sa fem- ]
mai une Américaine oui avait toujours VMi
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