Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-01-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 janvier 1905 05 janvier 1905
Description : 1905/01/05 (N12718). 1905/01/05 (N12718).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
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Prit - rlntin
Amis lecteurs, comme on écrivait
en 1820, avez-vous soif de renseigne-
ments sur l'Unité du Parti socialiste ?
Je vous satisferai d'un mot - d'un
mot composé. Cette unité est à l'état
de projet de résolution.
Je trouve plein de sens et abondant
en ironie le terme, emprunté au voca-
bulaire parlementaire, de projet de
résolution. Se résoudre à faire quelque
chose, cela ne veut pas dire qu'on le
fera, oh ! non. Entre la conception et
la réalisation, il y a une belle ban-
quette irlandaise à sauter. Mais proje-
ter qu'on prendra, un jour ou l'autre,
la résolution d'accomplir un progrès,
que signifie une promesse si double
et si vague ?
Nos députés et nos ministres répon-
dent chaqué jour à cette question. Ils
prennent ou ils acceptent un projet de
résolution chaque fois qu'ils tiennent
le ferme propos de se débarrasser,
d'une façon polie pour leurs électeurs,
d'une réforme qu'ils ont promise et qui
n'a aucune chance immédiate d'abou-
tir.
Des employés reçoivent un traite-
ment de famine ? Vite un projet de
résolution pour relever le crédit qui
les concerne. Bien entendu, ils ne tou-
cheront pas un sou de plus ; seule-
ment le vote delà Chambre sera comme
un de ces apéritifs exotiques, bon pour
calmer la faim.
***
Je ne crois pas qu'à la « Commis-
sion d'unification du parti socialiste »,
on plaisante volontiers, et c'est de la
meilleure foi du monde que « les dé-
légués des organisations socialistes
françaises » ont inscrit en tête du do-
cument qu'ils communiquent aux
journaux amis ce mot savoureux de
projet de résolution. Ceux que je con-
nais de ces délégués sont des jeunes
hommes très méritants. Dans leurs
yeux ingénus
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Il convient d'autant mieux de croire
aux excellentes intentions de ces mi-
litants que les grands manitous des
deux partis collectivistes sont restés
en dehors de la Commission.
A ces causes, nous ne suivrons pas
le Temps qui découvre dans le vaste
papier rédigé par les citoyens commis-
saires mille finesses machiavéliques.
Je rencontrais hier soir un des ci-
toyens précités :
— Que faut-il dire de vous et de vo-
tre Unité? lui demandai-je à brûle-
pourpoint.
Il se gratta l'oreille, et me répondit
avec la prudence qu'un « prolétaire
conscient » doit conserver vis-à-vis
d'un « bourgeois » :
- Dites, si vous voulez, le contraire
de ce qu'explique le Temps. Celui-ci
croit que Jules Guesde a été roulé par
Jaurès. Déclarez que Jaurès a été roulé
par Jules Guesde: vous aurez le mé-
rite de l'originalité.
Donc, mon ami Marxiste, si je re-
mets bien au point son propos rail-
leur, compte que l'une et l'autre des
deux fractions de son parti remportent
une victoire en se rapprochant. Je ne
m'étonne pas de le trouver dans ce
sentiment. Il appartient à ce petit
groupe de socialistes qui se sont op-
posés à la rupture de l'ex-Entente, et
qui ont, depuis, constamment préco-
nisé la soudure.
Le « Parti socialiste français » et le
« Parti socialiste de France » se sou-
deront-ils ? Peuvent-ils se souder ?
Voilà le problème.
J'entends bien qu'ils affirment, avec
cette grandiloquence nébuleuse qui
est leur marque de fabrique, « leur
commun désir de fonder un parti de
lutte de classe qui, même lorsqu'il
- utilise au profit des travailleurs les
conflits secondaires des possédants, ou
se trouve combiner accidentellement
sn action avec celle d'un parti poli-
tique pour la défense des droits et des
intérêts du prolétariat, reste toujours
un parti d'opposition fondamentale et
irréductible à l'ensemble de la classe
bourgeoise et à l'Etat qui en est l'ins-
trument ». Qui ne voit l'antinomie des
termes de cette proposition? Comment
se cantonner dans « une opposition
irréductible à l'ensemble de la classe
bourgeoise », quand on « combine son
action avec celle d'un parti politique »,
bourgeois, celui-là ?
Et comment, si le parti socialiste
n'est pas, ainsi qu'on le jure plus loin,
« un parti de réforme, mais un parti
de classe et de révolution ». s'arran-
gera-t-il pour « poursuivre la réalisa-
tion des réformes immédiates revendi-
quées par la classe ouvrière » ?
***
Quel chaos d'idées contradictoires se
devine sous cette incohérente logoma-
chie? Il serait possible d'admettre le
principe d'un parti qui, suivant les
circonstances, serait réformiste ou ré-
volutionnaire. C'est peut-être le cas du
parti républicain, si on l'étudié dans
son rôle historique. Mais n'être pas
un parti de réforme et accomplir ce-
pendant des réformes, être un parti
de révolution, et s'accommoder néan-
moins de la politique du Petit Profit,
voilà une attitude inconcevable.
Aussi, la plupart des Socialistes,
disons-le à leur honneur, ne la con-
çoivent-ils pas. Ils savent, d'ailleltrs,
que les divisions du Socialisme collec-
tiviste en France déchirent aussi leur
parti à l'étranger. Nous avons parlé en
son temps de la querelle de Kautsky
et de Bernstein. Ce dernier avait voulu
décider ses coreligionnaires à se criti-
quer eux-mêmes, à rejeter ce qui,
dans la doctrine de Marx, était vieilli,
ce qui constituait un germe de mort.
Et, sans avouer entièrement son schis-
me, il condamnait, quoi ? J'ose à peine
l'écrire : le dogme fondamental de la
conception matérialiste de l'Histoire,
dogme sans - lequel il n'y a plus de
marxisme, pilier sans lequel s'écrou-
le l'édifice du Socialisme scientifique.
Il fallut que Bernstein, en chemise
et la corde au cou,abjurât ses erreurs.
Par exemple, on raconte qu'il y est
revenu.
Les socialistes, malgré les leçons de
philosophie d'Hegel, savent qu'il y a
des contraires qui se concilient diffici-
lement. Si le Réformisme et le Révo-
lutionnarisme sont des frères, ce sont
des frères ennemis.
Alors à auoi tend l'Unité ? Parlons
tout bas, pour être entendus de nos
seuls amis radicaux-socialistes. 11 n'y
aura pas d'Unité.
Ce qui s'annonce, c'est une gentille
petite entente électorale qui ne com-
promettrait aucun principe, qui n'en-
gagerait l'avenir de personne, et qui
adjugerait pas mal de sièges radicaux
aux guesdistes comme aux jauressis-
tes. C'est la moralité de cette comé-
die.
Hugues Destrem.
LES ON-DIT
LES RETRAITES OUVRIÈRES
Puisque décidément nous ne
sommes pas à la veille de voir
voter, ni surtout appliquer la loi
sur les retraites ouvrières, par-
lons-en. Les ministres se conso-
lent bien - de ne - pas - agir en cau-
sant ; la même liberté doit être accordée,
et à plus juste titre, aux journalistes.
La question est mûre, si le gouverne-
ment n'est pas prêt. Déjà, dans un rapport
fait au nom de la commission du travail,
en 1893, M. Guieysse écrivait:
« Assurer la sécurité du travailleur pen-
dant son âge mûr, lui garantir un avenir
honorable pendant sa vieillesse sont des
problèmes qu'une démocratie ne devrait
plus avoir à se poser. »
Ce n'est pas sans une mélancolique iro-
nie que M. Guieysse, dans son rapport de
cette année, rappelle combien la démocra-
tie, il y a déjà onze ans, pressait les pou-
voirs publics de donner une solution au
plus angoissant des problèmes sociaux.
Je doute que M. Guieysse se fasse beau-
coup d'illusions sur le concours que ie gou-
vernement veut apporter à l'œuvre des ré-
formes ouvrières.
Dans le discours qu'il prononçait le mois
dernier devant ses électeurs de Bercy, Mil-
lerand rappelait que le ministère Combes
s'était toujours montré indifférent à l'égard
de ce genre de problèmes.
Le gouvernement s'ést contenté d'annon
cer une quarantaine de millions de charges
nouvelles. « Personne, ajoutait Millerand,
ne croira qu'on trouve jamais une majorité
pour offrir au pays une loi dont les bien-
faits ne se feront que peu à peu sentir,
sous les espèces d'une carte à payer de 30
à 40 millions. ))
M. Aristide Briand nous engage à rester
confiants. La confiance ne se commande
pas.
Le vieux Buloz se vantait de mener à la
baguette les poètes et les romanciers de la
Revue des Deux-Yondes: « Ma recette r di-
sait-il. Je les décourage ! »
M. Combes gouverne ainsi le parti répu-
blicain, en le décourageant.
LE MONUMENT WALDECK-ROUSSEAU
L'emplacement du monument que l'Al-
liance républicaine démocralique,' grâce à
la souscription publique dont on connaît le
succès, doit élever prochainement à la mé-
moire de 1\1. Waldeck-Rousseau, vient d'être
choisi.
C'est dans le jardin des Tuileries, près
de la terrasse du bord de l'eau et der-
rière le dernier bassin de la rue des
Tuileries, en allant vers le quai, qu'il s'élè-
vera.
LE MÉDAILLON DE RICHftfiD WAGNER
La physionomie singulière de Wagner
a fait le désespoir des sculpteurs. Les
très nombreuses effigies qui existent don-
nent l'impression d'un professeur de ma-
thématiques, engoncé dans son faux-col à
la Royer-Collard, avec son menton volon-
taire, ses traits heurtés, son collier de
barbe. Le médailleur Ovide Yencesse vient
de nous révéler un Wagner peu connu,
tout à fait différent du type convenu.
La plaquette qu il consacre à l'auteur
de la Tétralogie le représente assis, dans
une attitude méditative ; la ressem-
blance est idéalisée par une expression de
recueillement mélancolique et de grâce
inspirée. Au revers, le théâtre de Beyreuth
se découvre dans une auréole.
LE TRAIN RENARD AU LUXEMBOURG
L'autre jour, j'ai vu le colonel Renard
conduire son train dans l'étroite rue de Vau-
girard et l'y a fait évoluer avec une sa-
vante précision. Il a passé devant le Sénat,
s'est arrêté devant l'hôtel particulier du
Président, où il a déposé M. Fallières,
qui était assis à côté de lui,tout emmitouf-
fié de fourrures. Puis, il a effectué un au-
dacieux virage et regagné les voies larges
avec ses six voitures, chargées de voyageurs
et de bagages. Voilà, certes, l'instrument
idéal de colonisation. Pas tant de chemins
de fer coûteux, improductifs, livrés à tous
les hasards. De bonnes routes et des trains
Renard, cela suffirait.
LES QUALITES D'UNE AFFICHE
Pans son livre les Catholiques républi-
cains, l'abbé Pierre Dabry donne de curieux
renseignements sur l'organisation des fa-
meux comités cléricaux Justice-Egalité.
L'un de leurs grands moyens de propa-
gande fut l'affiche, dont l'abbé Fourié, qui
dirigeait le mouvement,avait révélé la puis-
sance, et sur laquelle il s'expliquait en ces
termes curieux :
Le journal ne s'adresse qu'à l'abonné ou à
l'acheteur ; l'affiche, tous les passants peuvent
la lire. Pour qu'elle produise son effet, il
faut :
1° Qu'elle soit bien conçue et rédigée dans
un style spécial. Elle doit être courte, non pas
un traité, mais un trait. Le style doit être
claire, populaire, concis. Elle doit être un coup
de clairon, affirmer toujours et ne jamais dis-
cuter.
2. Il faut que son exécution typographique
attire l'œil. La couleur doit en être choisie
avec soin ; l'affiche qui réussit le mieux est
l'affiche tricolore.
3° 11 faut qu'elle soit bien placée sur les
murs et aux endroits - favorables, surtout aux
endroits de passage et à la hauteur voulue.
Ah ! ces abbés, qu'ils sont modernes,
qu'ils sont XXe siècle, quand on les regarde
de près.
Le Passant.
FAUSSE MANŒUVRE
La Saddentsche Reichs correspondes a pu-
blié, et le Rappel a reproduit, hier, la sta-
tistique officielle du mouvement de l'émigra-
tion en Alsace-Lorraine.
Il résulte de ce document que, de 1871 à
1900, près de 305.000 Alsaciens-Lorrains ont
quitté leur pays pour s'établir en France.
L'émigration porte principalement sur la
Lorraine.
Le journal allemand ajoute, en guise de
consolation, que ces émigrés ont été immédia-
tement remplacés par des immigrés teutons
qui sont d'excellents auxiliaires de la germa-
nisation des provinces annexées.
Le fait n'est malheureusement que trop
vrai. Et, pour s'en convaincre, il suffit de pas-
ser une journée à Metz.
L'émigration de la bourgeoisie messine en
1871 a produit des effets désastreux.
Metz, la ville française par excellence, a été
livrée, une deuxième fois, aux Allemands.
Chaque Messin qui partait était remplacé,
par trois ou quatre Allemands qui achetaient
à vil prix, des propriétés, des fonds de com
merce, etc., et devenaient, petit à petit, les
maîtres absolus de la cité lorraine. Aujour-
d'hui, l'élément indigène est tenu en échec, à
Metz, par les immigrants qui se reproduisent
avec une fécondité vraiment désespérante.
L'émigration, après l'annexion, était décidé-
ment, une fausse manœuvre dont Metz subit
les tristesconséquences. Tandis que Strasbourg,
Colmar etMulhouse gardentieur caractère par-
ticulier et conservent leur autonomie alsa-
cienne qui dissimule les aspirations françai-
ses, Metz est une ville allemande, peuplée
d'Allemands et convertie en véritable foyer de
propagande germaine.
Vous pouvez traverser Metz de part en part
sans entendre vingt mots de français. Tout
est germanisé : les enseignes, les noms des
rues, los costumes, les tramways, voire le
genre de vie des habitants.
Les gamins que vous rencontrez parlent le plus
pur allemand, contrairement à se qui se passe
en Alsace et dans la Lorraine de la vallée de
la Sarre où les habitants conservent, avec un
soin jaloux, le dialecte alsacien ou le patois
platditsch qui les différencient tant des vérita-
bles aliemanàs.
Les Messins d'origine ne parlent pas plus
l'allemand que les habitants de Rouen, de
Marseille, do Lyon, etc. Leurs enfants, aui
sont obligés d'apprendre l'allemand à l'école,
ne p&uvont donc s'exprimer qu'en allemand
classique et ignorent totalement le dialecte que
leurs frères d'Alsace parlent exclusivement,
afin de n'être jamais pris pour des schicob
d'outre-Rhin.
Cette particularité transforme, malgré eux,
les petits Messins en Allemands authentiquas
aux yeux de tout étranger qui n'est pas aucou-
rant de la transformation violente qui a été
opérée à Metz par la déplorable émigration de
1871.
Pour retrouver à Metz un semblant de men-
talité française, il faut visiter la ville un jour
de foire ou de grand marché.
L'affluence des campagnards de la ban-
lieue messine transforme alors l'allure teu-
tonne de la cité. On entend reparler le fran-
çais, on retrouve le paysan français sous la
blouse du cultivateur lorrain et l'on ne con-
sidère plus comme un cruel anachronisme
la présence des statues de Fabert et de Ney
dans une ville convertie par l'Allemagne en
une formidable base d'opération militaire.
JEAN CLERVAL.
---
AU MAROC
-
Tanger, 3 janvier.
Un courrier du MakhMn vient d'apporter
la réponse officielle du sultan à la lettre par
laquelle le ministre de France avait protesté
contre le renvoi des missions. Elle est entiè-
rement conforme aux assurances de bonne vo-
lonté qu'Abd-el-Aziz avait déjà données ver-
balement à notre consul à Fez, M. Gaillard.
Les nouvelles du littoral et du Sud-Maro-
cain accusent une tranquilité relative dans
toute la région comprise entre Casablanca et
Marrakech. Mais l'anarchie ne fait que croître
autour de Tanger.
Le bandit Bakash, qui a dirigé la dernière
attaque contre la maison de M. Harris, corres-
pondant du Times, vient d'être tué au cours
d'une incursion dans un village, aux environs
de Tanger.
Nous avons annoncé qu'un combat avait eu
lieu, à la casbah de Saïdia, entre les soldats
marocains et 500 cavaliers du prétendant.
Le commandant Pein, commandant supé-
rieur du cercle de Marnia, est arrivé pour
assister à ces événements, qui se dérou-
lent à proximité de notre frontière. Il a
ordonné do prendre soin de l'état grave des
Marocains blessés dans le dernier combat et
hospitalisés à Port-Say, puis il a fait des
les zouaves du campement d'Adjéroud et les a
postés à l'entrée même de Port-Say, aux jar-
dins du Soudam pour mieux assurer la sécu-
rité de la colonie naissante.
Tous les douars de l'oued Mansour sont au-
jourd'hui à Port-Say, attendant les événe-
ments.
.43> -
POUR LES VICTIMES DU FROID
Le froid sévit. et s'il fait des heureux en la
personne des patineurs, il fait aussi des victi-
mes, et celles-ci sont les malheureux, les pau-
vres qui n'ont point d'asile. C'est à ces der-
niers qu'il faut surtout penser. La charité pri
vée doit s'exercer, et ceux qui ont chez eux
le nécessaire, le confortable ou le luxe, sont
dans l'obligation morale de penser à ceux qui
grelottent dans les mansardes ou dans les
rues.
Mais à côté de la charité privée, il y a
l'action des pouvoirs publics qui doit se faire
sentir. Les gueux sont nombreux à Paris et
leur misère est assez intéressante pour attirer
l'attention des élus de la ville. Le Conseil mu-
nicipal est en vacances, mais le bureau a
pleins pouvoirs, et s'il en use pour secourir
les pauvres, il est certain que l'assemblée le
couvrira de ses votes unanimes. Il ne faut pas
altendre que le froid ait fait des victimes pour
songer à les soulager : que l'admininistration
soit un peu moins administrative et qu'elle
soit plus agissante. Le froid n'est pourtant
pas une nouveauté : il fait froid tous les
ans.
Faut-il donc que chaque année les mêmes
plaintes s'élèvent contre les lenteurs ou les
imprévoyances municipales? Quelques abris,
quelques refuges, un peu de soupe chaude :
voilà ce que réclament les infirmes, les vieux,
les pauvres, tous ceux pour qui la vie est
rude et qui ne sont point armés contre les in-
tempéries des saisons.
L'administration dé l'Assistance publique
n'est sans doute pas restée inactive, et elle
fait annoncer qu'elle a déjà distribué 100.000
hectolitres de coke. Nous sommes heureux
d'applaudir à ses efforts, mais nous appelons
spécialement son attention sur ceux que les
distributions de coke laissent parfaitement
indifférents, ceux qui n'ont point d'abri et par
conséquent aucun moyen d'utiliser le coke
qui leur est octroyé. Et les pauvres diables
que leurs propriétaires ont jetés dehors ?.
Et les malheureux qui ont pour tout abri
l'arche d'un pont, ou la marquise d'un ma-
gasin ?. Voilà ceux qu'il faut arracher à la
mort en réchauffant leur estomac par quel-
ques aliments chauds et en leur procurant un
abri durant ces longues journées et ces lon-
gues nuits glaciales.
LIGUE INTERNATIONALE DE LA PAIX
ET DE LA LIBERTÉ
---
Projet d'une manifestation populaire
Hier a eu lieu une réunion du bureau de la
délégation permanente des sociétés françaises
de la paix au siège social, 18, rue Saint-Vin-
cent-de-Paul. Y assistaient : MM. Frédéric
Passy, membre de l'Institut, Emile Arnaud,
président de la Ligue de la paix et de la
liberté, Ch. Beauquier, député, Edmond Spa-
likowski, secrétaire de la délégation, etc.
Il a été décidé de faire un pétitionnement en
faveur d'un armistice en France et à l'étran-
ger, d'ouvrir une souscription afin de consti
tuer un fonds de propagande de la paix; diffé-
rentes commissions ont été instituées et il a
été décidé d'organiser un grand banquet
populaire à Paris le samedi 25 février pro-
chain,
DES ACTES ET DES RÉFORMES
Notre éminent rédacteur en chef a reçu la lettre
suivante que nous insérons avec plaisir. Jointe
aux acclamations qui accueillirent Henry Marct le
soir du meeting qu'il présida à la Bourse du Tra-
vail, elle nous console de la mauvaise foi que nous
voyons s'étaler avec un cynisme révoltant dans
toutes les feuilles ministérielles. C'est dire à nos
lecteurs que, comme par le passé, nous ne nous
contenterons pas de mots. Nous voulons des actes
et des réformes. Nous ne désespérons pas de les
obtenir.
Conflans-Ste-Honorine, le 30 décembre.
Monsieur Henry Maret, rédacteur en
chef du Rappel.
J'ai bien reçu votre aimable lettre, et vous
remercie de votre sympathique appréciation,
sur les idées que j'ai l'honneur de soumettre à
mes concitoyens, elle a d'autant plus do va
leur pour moiA qu'elle vient d'un homme
comme vous, qui avez fait vos preuves et at-
teint l'âge qui donne l'expérience et la facilité
de juger les hommes et les choses avec clair-
voyance et sincérité, c'est-à-dire sans parti-
pris, etdontle passé politiquepermetdetoujours
dire franchement ce qu'il pense, et ayant pour
principe de mettre l'intérêt général avant le
sien personnellement. Hélas ! il faut le dire
avec un profond regret, combien peu sont
comme vous dans cette Chambre. c'est pres-
que écœurant de voir que l'intérêt personnel
prime le premier (ne faisant pour ainsi dire
que deslois d'exception).Vous l'avezlaissé com-
prendre bien des fois dans vos écrits, que ce
n'est pas là la République rêvée., bien des
citoyens sont comme vous, et peut-être plus
que l'on ne le croit.
Je suis, après avoir été chef d'atelier dans
la métallurgie, à Paris, aujourd'hui depuis
vingt ans représentant d'usine métallurgique,
visitant presque toute la France et un peu
l'étranger, de ce fait, un peu à même de cau-
ser avec beaucoup de monde. Et bien! les
vieux républicains sont écœurés.
Et la désorganisation, la démoralisation
est beaucoup plus profonde qu'on ne le croit.
Le gouvernement peut changer, mais ce que
l'on ne ramènera pas, ou tout au moinsde si
tôt, c'est cette aménité et cette concorde qui
existaient autrefois entre l'employant et l'em-
ployé. Aujourd'hui, tout n'est que haine et
égoïsme. Voilà l'œuvre de 1,'tous ces fameux
émancipateurs, ils ont surtout émancipé la
haine, qui conduit souvent aux pires extrémi-
tés.
Je vous remercie bien sincèrement de pren-
dre en considération le projet d'impôt sur le
capital, que j'ai eu l'honneur de vous adres-
ser, il n'est probablement pas parfait ; mais
n'est-ce pas de la coopération des idées que
peuvent sortir les réformes pratiques, une
idée peut en suggérer une autre ; pourvu que
le but cherché soit atteint : l'intérêt général.
Veuillez agréer l'assurance de ma considé-
ration la plus distinguée.
G. TRAGIN.
———————————————— ♦ ————————————————
LES AFFAIRES RELIGIEUSES
Moulins, 3 janvier.
Le commissaire spécial de Commentry a
perquisitionné à l'école libre de Marcillat, di-
rigée par d'anciennes congréganistes, préve-
nues d'infraction à la loi de 1904. Divers pa-
piers ont été saisis.
RUSSES EX JAPONAIS
APRÈS LA CAPITULATION
COMMENT PORT-ARTHUR SE RENDIT
Les conditions de la reddition. — Désarmement des torpilleurs
russes. — L'agonie de la forteresse.— La presse japonaise.
- En Europe. — En Amérique. -- L'opinion des
écrivains milit&ires.
Nous avions raison de douter que l'effet
moral de la chute de Port-Arthur soit aussi
grand que les Nippons l'espéraient. Dans
le monde entier il n'y a qu'un cri pour
louer, avant tout, l'admirable défense de la
ville et la conduite du général Stœssel.
Port-Arthur, comme toutes les forteres-
ses bloquées, était condamné d'avance et
on s'attendait d'un jour à l'autre, sinon à
ce qu'on le prît, du moins à ce qu'il capi-
tulât. Les Japonais auront chèrement payé
l'occupation de la forteresse. Stœssel a fait
sauter les forts, détruit les ouvrages de
défense, encloué sans doute les canons
encore en usage et il a mis le feu aux épa-
ves des vaisseaux de guerre qui restaient
dans le port. Enfin les torpilleurs se sont
enfuis à Che-Fou port-neutre, où ils se-
ront désarmés par les autorités chinoises.
Quant à la ville proprement dite, elle
n'existe plus.
On comprend que tout cela ne soit pas
du goût des Japonais. Déjà la presse de
Tokio, tout en rendant hommage à Stœs-
sel et à ses compagnons d'armes, déplore
que le général russe ait été assez mesquin
(le mot est joli) pour faire sauter les forts
et les navires. Cela, dit un de nos confrères
nippons, « laissera une tache durable sur
sa réputation militaire ». La plaisanterie
est un peu forte et d'un goût douteux. Les
Japonais sont trop intelligents pour avoir
eu la naïveté de croire que Stœssel leur
abandonnerait Port-Arthur, avec les vais-
seaux remis à neuf, repeints, et les clefs
sur la porte despoudrières—et ils sont trop
experts en choses militaires pour ne pas
savoir que le devoir le plus élémentaire
d'un commandant de place forte est de dé-
truire tout ce qui est susceptible d'être uti-
lisé par l'ennemi.
Il est curieux aussi de noter l'attitude
des journaux anglais et américains. Les
amis des Japonais affectent de croire que
la chute de Port-Arthur est l'indice de la
signature prochaine de la paix. Les bons
apôtres ! Ces affirmations tendancieuses
ont pour but de représenter la Russie
comme définitivement écrasée et deman-
dant grâce.
Inutile de dire qu'il n'en est rien. La
Russie envisage les événements avec tris-
tesse mais sans découragement. Les Rus-
ses ne veulent point entendre parler de
paix. Leur amour-propre national est en-
gagé. Pour eux la guerre ne commencera
véritablement qu'en avril, après la saison
d'hiver, dès que Kouropatkine prendra
l'offensive. Jusque-là, ils attendent, et
avec dignité se recueillent et se prépa-
rent.
Quant aux Japonais, il est à craindre
que leurs succès ne leur fassent, un tanti-
net. perdre la tête.
Signature de la convention
Tokio, 3 janvier.
Les commissaires ont signé hier soir, à 9 h.
45, la convention relative a la capitulation de
Port-Arthur.
Tokio, 3 janvier.
Voici le texte du télégramme du général
Nogi annonçant la capitulation :
Les plénipotentiaires des deux parties ont
terminé les négociations à 4 h. 112. Les com-
missaires russes ont accepté les conditions
stipulées par nous et ont consenti à capituler.
Les documents sont en mains pour y apposer
les signatures.
Dès que les négociations furent termi-
nées, les deux armées suspendirent les hosti-
lités.
Saint-Pétersbourg, 3 janvier.
Officiel. — Télégramme du consul de Tché-
fou, M. Tiedemann, à l'empereur, le 2 jan-
vier :
« Les torpilleurs flastn,/¡, lerdity et Skory
arrivèrent, annonçant que la reddition de
Port-Arthur aura lieu aujourd'hui. »
Che-Fou, 3 janvier, midi.
Hier soir, à 8 h., au moment où la dernière
chaloupe quittait Port-Arthur, les négocia-
tions des Japonais et des Russes se poursui-
vaient dans un fort appelé le « Nid du Grand
Aigle », près d'Er-Loung-Chan.
On disait que la proposition du général
Stœssel tendant à ce que les malades et les
blessés russes restassent sous la surveillance
des autorités médicales russes, et une autre
proposition relative au départ des non-com-
battants de la ville, avaient reçu du général
Nogi un accueil favorable, mais la condition
que les troupes russes sortiraient en armes
soulevait des difficultés.
Entrée des Japonais dans la ville
Tokio, 3 janvier.
On compte que les Japonais entreront au-
jourd'hui dans la ville de Port-Arthur.
Les torpilleurs russes à Ché Pou
Ché-Fou, 3 janvier, 10 h. matin.
Trois chaloupes sont arrivées de Port-Ar-
thur et quatre contre-torpilleurs japonais sont
partis.
Che-Fou, 3 janvier, 2 h. après-midi.
Deux autres contre-torpilleurs japonais
sont arrivés, mais il n'en reste plus qu'un ici.
La nouvelle que le général Stœssel aurait
accepté les conditions du général Nogi a sur
pris les officiers russes qui sont arrivés ici à
bord de la dernière chaloupe. Ces officiers
prétendent n'avoir pas entendu parier do
cela lorsqu'ils ont quitté Port-Arthur hier
soir.
Londres, 3 janvier.
On mande de Che-Fou au Daily Telegraph,
le2 janvier, 4 h. 10 du soir, qu'on est en train
de désarmer les contre-torpilleurs russes.
Les derniers moments du siège
Che-Fou, 3 janvier.
Voici, fait par le capitaine Khavkofî, comman-
dant le Vlatny, un des torpilleurs russes échappés
de Port-Arthur, le récit de l'agonie de la forte-
resse. Nos lecteurs liront avec émotion cette page
qui a toute la valeur d'un document :
Port-Arthur tombe d'épuisement. Non seu-
lement d'épuisement en munitions mais en
hommes. Ceux qui restent ont fait œuvre de
héros. Pendant cinq jours et cinq nuits, il
ont atteint les limites de l'endurance humaine.
Dans les casemates des forts, on ne voyait
que visages blêmis par la faim, l'épuisement
et la tension nerveuse. On leur parlait, ils ne
répondaient pas. Ils allaient à eux sans mot
dire.
Le défaut de munitions n'aurait pas suffi à ,
faire capituler la place. On en souffrait depuis
des mois. Bien des forts n'avaient pas de quoi
riposter au feu de l'ennemi.
Les Russes étaient assis dans les casemates.
Ils ne pouvaient tirer qu'un projectile contre
200 que lançaient les Japonais. Quand venait
l'action, ils repoussaient l'ennemi à la baïon-
nette; mais les hommes ne recevant plus de-
puis trois mois que des rations réduites étaient
si épuisés, que c'est miracle s'ils ont résisté
si longtemps.
Hier encore, le général Stœssel voulait com-
battre Les blessures qu'il avait reçues au dé-
but du siège le faisaient souffrir, mais sa dé-
termination de lutter jusqu'au dernier hom-
me était inébranlable.
Nous ne pouvons pas combattre, disaient les;
généraux, nos hommes sont incapables de se'
mouvoir, ils dorment debout. Ils ne voient pas
la baïonnette qui les touche. Nous pouvons
commander, mais eux ne peuvent exécuter
nos ordres. Combattez alors vous-mêmes, gé-
néraux, leur réplique le général Stœssel aiR
serrant les poings. Finalement, il dut se ren-
dre à la raison. Les amiraux Lockinsky et
Wiren, les généraux Smirnoff, Fox et bien
d'autres lui demandèrent plus d'une fois d'une
voix brisée de prendre le parti longtemps re-
douté.
Je suis certain que sans le général Stœssel
qui s'y refusa obstinément, à diverses repri-
ses, Port-Arthur aurait demandé bien plus tôt
à capituler. Mais le général avait dit à son
empereur qu'il ne se rendrait jamais et il vou-
lait tenir sa parole.
La plus grande perte de Port-Arthur fut la
mort récente du général Kondrateako. Offi-
ciers et soldats le considéraient également
comme l'étoile la plus éclatante qui brillait au
firmament de Port-Arthur et dès qu'on con-
nut sa fia, l'effet en fut visible sur les soldats.
LA MORT DE KONDRATENKO
Kondratenko était assis dans la casemate
d'un fort, discutant avec sept autres officiers
le meilleur moyen de poser une contre-mine
aux Japonais, quand un obus éclata tuant
tous ceux qui se trouvaient dans la case-
mate.
Le général Nogi a pris Port-Artbur avec
son artillerie et ses galeries de mines, Les
balles des fusils lui ont rarement rendu ser-
vice.
Nous avons subi sans trêve ni merci le 4
bombardement le plus violent connu dans
l'histoire. De temps à autre, les Japonais don-
naient l'assaut. S'ils échouaient, ils repre-
naient la canonnade.
Je n'exagère pas en disant que les gros obus
japonais les plus fréquemment employés ne
laissaient souvent pas un endroit où mettre
les pieds, témoin le fort d'Erloug-Chan.
Les Japonais firent avancer leur artillerie,
délogèrent les Russes par une grêle d'obus
puis occupèrent la position.
Stœssel peut offrir une dernière résistance
pour tenir sa promesse au tsar. Nous qui som-
mes venus ici aujourd'hui nous ne connais-
sons pas les conditions soumises par lui à
Nogi ; nous avons quitté Port-Arthur avant
l'envoi des parlementaires.
L'impression générale est que Stœssel ri;
proposé que la garnison soit laissée libre; que
lui seul soit retenu prisonnier. Cette dernière
concession semblait déchirer le cœur au vieux
soldat.
Quel que soit la résultat des négociations il i
est certain que Port-Arthur est perdu. Nous
avons encore quelques munitions, quelques ca-
nons à Lao-Ti-Chan, mais Lao Ti-Chan ne
pourrait facilement être défendu de l'intérieur,
la tâche des Japonais pour s'en emparer serait
plus aisée que d'autres qu'ils ont déjà entre-
prises.
Il en est de même du fort de la Queue du
Tigre et du fort de la Montagne d'Or qui n'ont
plus de munitions depuis trois mois.
Depuis que je suis arrivé à Che-Fou, j'ai re-
marqué qu'on essayait de faire croire que la
général Stœssel est seul à vouloir capituler et
que les autres généraux désirent continuer la
lutte. C'est là un écho de certains sentiments
personnels à l'égard çld Stœssel, pas autre
chose.
Avec des munitions, la forteresse aurait ré-
sisté indéfiniment. ;
Pendant des mois, Port-Arthur n'a eu à op
poser à l'adversaire que des baïonnettes. Quand
un homme tombait, il n'y avait personne Dour
le remplacer ; la garnison s'est graduellement l'
épuisée. La montagne haute (colline de 203
mètres) à elle seule nous a coûté 5.000 hom-
mes ; ce fut le commencement de la fin. Les'
Japonais avaient une excellente artillerie ; ils
avaient dirigé 400 canons contre la mont agne
haute. -
LA. TACTIQUE JAPONAISE
Dans les corps à corps, les Japonais sonf.)
inférieurs aux Russes ; à la baïonnette, un ;
Russe peut avoir raison de quatre Japonais.
Les Nippons sont de bons soldats ; ils sont
braves, je l'avoue, bien que je les aime peu ; >
il leur a coûté 80.000, certains disent 100.000 )
hommes, à prendre la forteresse. Le nombre
des morts n'est pas connu, même des officiera
supérieurs.
Depuis 1e mois d'août,ç'a été une lutte sans.
merci. Lors de la prise d'Erloung-Chan, les
Japonais s'élancèrent dans le fort avec tant de
rapidité que 500 hommes qui occupaient une ;
casem ite ne purent en sortir; ils essayèrent;
bien de se frayer un chemin à la baïonnette, j
mais macureusement ils n'avaient d'ilutrel,
armes que celles-ci à opposer aux canons au- :
tomatiques.
Pendant les trois derniers mois, le riz était
le seul aliment dont les Russes recevaient ra- :
tion entière, il en résulta une sorte de
maladie scorbutique assez semblable au béri-
béri dont une centaine d'hommes furent at-,
teints.
Quant aux autres aliments, pendant deux j
mois les soldats n'en reçurent qu'un quart de
ration et le dernier mois celle-ci fut encore 1
réduite de 40 OrO.
Malgre cela, on n'épargnait rien pour lais-rj
ser ceoire à l'ennemi que tout allait bien dani
fi forteresse.
LE DÉSESPOIR DE STŒSSEL j
Stœssel, dit-il, étaij l'agonie personnifia.
Il -1 il a
JEUDI S 1
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Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
Prit - rlntin
Amis lecteurs, comme on écrivait
en 1820, avez-vous soif de renseigne-
ments sur l'Unité du Parti socialiste ?
Je vous satisferai d'un mot - d'un
mot composé. Cette unité est à l'état
de projet de résolution.
Je trouve plein de sens et abondant
en ironie le terme, emprunté au voca-
bulaire parlementaire, de projet de
résolution. Se résoudre à faire quelque
chose, cela ne veut pas dire qu'on le
fera, oh ! non. Entre la conception et
la réalisation, il y a une belle ban-
quette irlandaise à sauter. Mais proje-
ter qu'on prendra, un jour ou l'autre,
la résolution d'accomplir un progrès,
que signifie une promesse si double
et si vague ?
Nos députés et nos ministres répon-
dent chaqué jour à cette question. Ils
prennent ou ils acceptent un projet de
résolution chaque fois qu'ils tiennent
le ferme propos de se débarrasser,
d'une façon polie pour leurs électeurs,
d'une réforme qu'ils ont promise et qui
n'a aucune chance immédiate d'abou-
tir.
Des employés reçoivent un traite-
ment de famine ? Vite un projet de
résolution pour relever le crédit qui
les concerne. Bien entendu, ils ne tou-
cheront pas un sou de plus ; seule-
ment le vote delà Chambre sera comme
un de ces apéritifs exotiques, bon pour
calmer la faim.
***
Je ne crois pas qu'à la « Commis-
sion d'unification du parti socialiste »,
on plaisante volontiers, et c'est de la
meilleure foi du monde que « les dé-
légués des organisations socialistes
françaises » ont inscrit en tête du do-
cument qu'ils communiquent aux
journaux amis ce mot savoureux de
projet de résolution. Ceux que je con-
nais de ces délégués sont des jeunes
hommes très méritants. Dans leurs
yeux ingénus
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Il convient d'autant mieux de croire
aux excellentes intentions de ces mi-
litants que les grands manitous des
deux partis collectivistes sont restés
en dehors de la Commission.
A ces causes, nous ne suivrons pas
le Temps qui découvre dans le vaste
papier rédigé par les citoyens commis-
saires mille finesses machiavéliques.
Je rencontrais hier soir un des ci-
toyens précités :
— Que faut-il dire de vous et de vo-
tre Unité? lui demandai-je à brûle-
pourpoint.
Il se gratta l'oreille, et me répondit
avec la prudence qu'un « prolétaire
conscient » doit conserver vis-à-vis
d'un « bourgeois » :
- Dites, si vous voulez, le contraire
de ce qu'explique le Temps. Celui-ci
croit que Jules Guesde a été roulé par
Jaurès. Déclarez que Jaurès a été roulé
par Jules Guesde: vous aurez le mé-
rite de l'originalité.
Donc, mon ami Marxiste, si je re-
mets bien au point son propos rail-
leur, compte que l'une et l'autre des
deux fractions de son parti remportent
une victoire en se rapprochant. Je ne
m'étonne pas de le trouver dans ce
sentiment. Il appartient à ce petit
groupe de socialistes qui se sont op-
posés à la rupture de l'ex-Entente, et
qui ont, depuis, constamment préco-
nisé la soudure.
Le « Parti socialiste français » et le
« Parti socialiste de France » se sou-
deront-ils ? Peuvent-ils se souder ?
Voilà le problème.
J'entends bien qu'ils affirment, avec
cette grandiloquence nébuleuse qui
est leur marque de fabrique, « leur
commun désir de fonder un parti de
lutte de classe qui, même lorsqu'il
- utilise au profit des travailleurs les
conflits secondaires des possédants, ou
se trouve combiner accidentellement
sn action avec celle d'un parti poli-
tique pour la défense des droits et des
intérêts du prolétariat, reste toujours
un parti d'opposition fondamentale et
irréductible à l'ensemble de la classe
bourgeoise et à l'Etat qui en est l'ins-
trument ». Qui ne voit l'antinomie des
termes de cette proposition? Comment
se cantonner dans « une opposition
irréductible à l'ensemble de la classe
bourgeoise », quand on « combine son
action avec celle d'un parti politique »,
bourgeois, celui-là ?
Et comment, si le parti socialiste
n'est pas, ainsi qu'on le jure plus loin,
« un parti de réforme, mais un parti
de classe et de révolution ». s'arran-
gera-t-il pour « poursuivre la réalisa-
tion des réformes immédiates revendi-
quées par la classe ouvrière » ?
***
Quel chaos d'idées contradictoires se
devine sous cette incohérente logoma-
chie? Il serait possible d'admettre le
principe d'un parti qui, suivant les
circonstances, serait réformiste ou ré-
volutionnaire. C'est peut-être le cas du
parti républicain, si on l'étudié dans
son rôle historique. Mais n'être pas
un parti de réforme et accomplir ce-
pendant des réformes, être un parti
de révolution, et s'accommoder néan-
moins de la politique du Petit Profit,
voilà une attitude inconcevable.
Aussi, la plupart des Socialistes,
disons-le à leur honneur, ne la con-
çoivent-ils pas. Ils savent, d'ailleltrs,
que les divisions du Socialisme collec-
tiviste en France déchirent aussi leur
parti à l'étranger. Nous avons parlé en
son temps de la querelle de Kautsky
et de Bernstein. Ce dernier avait voulu
décider ses coreligionnaires à se criti-
quer eux-mêmes, à rejeter ce qui,
dans la doctrine de Marx, était vieilli,
ce qui constituait un germe de mort.
Et, sans avouer entièrement son schis-
me, il condamnait, quoi ? J'ose à peine
l'écrire : le dogme fondamental de la
conception matérialiste de l'Histoire,
dogme sans - lequel il n'y a plus de
marxisme, pilier sans lequel s'écrou-
le l'édifice du Socialisme scientifique.
Il fallut que Bernstein, en chemise
et la corde au cou,abjurât ses erreurs.
Par exemple, on raconte qu'il y est
revenu.
Les socialistes, malgré les leçons de
philosophie d'Hegel, savent qu'il y a
des contraires qui se concilient diffici-
lement. Si le Réformisme et le Révo-
lutionnarisme sont des frères, ce sont
des frères ennemis.
Alors à auoi tend l'Unité ? Parlons
tout bas, pour être entendus de nos
seuls amis radicaux-socialistes. 11 n'y
aura pas d'Unité.
Ce qui s'annonce, c'est une gentille
petite entente électorale qui ne com-
promettrait aucun principe, qui n'en-
gagerait l'avenir de personne, et qui
adjugerait pas mal de sièges radicaux
aux guesdistes comme aux jauressis-
tes. C'est la moralité de cette comé-
die.
Hugues Destrem.
LES ON-DIT
LES RETRAITES OUVRIÈRES
Puisque décidément nous ne
sommes pas à la veille de voir
voter, ni surtout appliquer la loi
sur les retraites ouvrières, par-
lons-en. Les ministres se conso-
lent bien - de ne - pas - agir en cau-
sant ; la même liberté doit être accordée,
et à plus juste titre, aux journalistes.
La question est mûre, si le gouverne-
ment n'est pas prêt. Déjà, dans un rapport
fait au nom de la commission du travail,
en 1893, M. Guieysse écrivait:
« Assurer la sécurité du travailleur pen-
dant son âge mûr, lui garantir un avenir
honorable pendant sa vieillesse sont des
problèmes qu'une démocratie ne devrait
plus avoir à se poser. »
Ce n'est pas sans une mélancolique iro-
nie que M. Guieysse, dans son rapport de
cette année, rappelle combien la démocra-
tie, il y a déjà onze ans, pressait les pou-
voirs publics de donner une solution au
plus angoissant des problèmes sociaux.
Je doute que M. Guieysse se fasse beau-
coup d'illusions sur le concours que ie gou-
vernement veut apporter à l'œuvre des ré-
formes ouvrières.
Dans le discours qu'il prononçait le mois
dernier devant ses électeurs de Bercy, Mil-
lerand rappelait que le ministère Combes
s'était toujours montré indifférent à l'égard
de ce genre de problèmes.
Le gouvernement s'ést contenté d'annon
cer une quarantaine de millions de charges
nouvelles. « Personne, ajoutait Millerand,
ne croira qu'on trouve jamais une majorité
pour offrir au pays une loi dont les bien-
faits ne se feront que peu à peu sentir,
sous les espèces d'une carte à payer de 30
à 40 millions. ))
M. Aristide Briand nous engage à rester
confiants. La confiance ne se commande
pas.
Le vieux Buloz se vantait de mener à la
baguette les poètes et les romanciers de la
Revue des Deux-Yondes: « Ma recette r di-
sait-il. Je les décourage ! »
M. Combes gouverne ainsi le parti répu-
blicain, en le décourageant.
LE MONUMENT WALDECK-ROUSSEAU
L'emplacement du monument que l'Al-
liance républicaine démocralique,' grâce à
la souscription publique dont on connaît le
succès, doit élever prochainement à la mé-
moire de 1\1. Waldeck-Rousseau, vient d'être
choisi.
C'est dans le jardin des Tuileries, près
de la terrasse du bord de l'eau et der-
rière le dernier bassin de la rue des
Tuileries, en allant vers le quai, qu'il s'élè-
vera.
LE MÉDAILLON DE RICHftfiD WAGNER
La physionomie singulière de Wagner
a fait le désespoir des sculpteurs. Les
très nombreuses effigies qui existent don-
nent l'impression d'un professeur de ma-
thématiques, engoncé dans son faux-col à
la Royer-Collard, avec son menton volon-
taire, ses traits heurtés, son collier de
barbe. Le médailleur Ovide Yencesse vient
de nous révéler un Wagner peu connu,
tout à fait différent du type convenu.
La plaquette qu il consacre à l'auteur
de la Tétralogie le représente assis, dans
une attitude méditative ; la ressem-
blance est idéalisée par une expression de
recueillement mélancolique et de grâce
inspirée. Au revers, le théâtre de Beyreuth
se découvre dans une auréole.
LE TRAIN RENARD AU LUXEMBOURG
L'autre jour, j'ai vu le colonel Renard
conduire son train dans l'étroite rue de Vau-
girard et l'y a fait évoluer avec une sa-
vante précision. Il a passé devant le Sénat,
s'est arrêté devant l'hôtel particulier du
Président, où il a déposé M. Fallières,
qui était assis à côté de lui,tout emmitouf-
fié de fourrures. Puis, il a effectué un au-
dacieux virage et regagné les voies larges
avec ses six voitures, chargées de voyageurs
et de bagages. Voilà, certes, l'instrument
idéal de colonisation. Pas tant de chemins
de fer coûteux, improductifs, livrés à tous
les hasards. De bonnes routes et des trains
Renard, cela suffirait.
LES QUALITES D'UNE AFFICHE
Pans son livre les Catholiques républi-
cains, l'abbé Pierre Dabry donne de curieux
renseignements sur l'organisation des fa-
meux comités cléricaux Justice-Egalité.
L'un de leurs grands moyens de propa-
gande fut l'affiche, dont l'abbé Fourié, qui
dirigeait le mouvement,avait révélé la puis-
sance, et sur laquelle il s'expliquait en ces
termes curieux :
Le journal ne s'adresse qu'à l'abonné ou à
l'acheteur ; l'affiche, tous les passants peuvent
la lire. Pour qu'elle produise son effet, il
faut :
1° Qu'elle soit bien conçue et rédigée dans
un style spécial. Elle doit être courte, non pas
un traité, mais un trait. Le style doit être
claire, populaire, concis. Elle doit être un coup
de clairon, affirmer toujours et ne jamais dis-
cuter.
2. Il faut que son exécution typographique
attire l'œil. La couleur doit en être choisie
avec soin ; l'affiche qui réussit le mieux est
l'affiche tricolore.
3° 11 faut qu'elle soit bien placée sur les
murs et aux endroits - favorables, surtout aux
endroits de passage et à la hauteur voulue.
Ah ! ces abbés, qu'ils sont modernes,
qu'ils sont XXe siècle, quand on les regarde
de près.
Le Passant.
FAUSSE MANŒUVRE
La Saddentsche Reichs correspondes a pu-
blié, et le Rappel a reproduit, hier, la sta-
tistique officielle du mouvement de l'émigra-
tion en Alsace-Lorraine.
Il résulte de ce document que, de 1871 à
1900, près de 305.000 Alsaciens-Lorrains ont
quitté leur pays pour s'établir en France.
L'émigration porte principalement sur la
Lorraine.
Le journal allemand ajoute, en guise de
consolation, que ces émigrés ont été immédia-
tement remplacés par des immigrés teutons
qui sont d'excellents auxiliaires de la germa-
nisation des provinces annexées.
Le fait n'est malheureusement que trop
vrai. Et, pour s'en convaincre, il suffit de pas-
ser une journée à Metz.
L'émigration de la bourgeoisie messine en
1871 a produit des effets désastreux.
Metz, la ville française par excellence, a été
livrée, une deuxième fois, aux Allemands.
Chaque Messin qui partait était remplacé,
par trois ou quatre Allemands qui achetaient
à vil prix, des propriétés, des fonds de com
merce, etc., et devenaient, petit à petit, les
maîtres absolus de la cité lorraine. Aujour-
d'hui, l'élément indigène est tenu en échec, à
Metz, par les immigrants qui se reproduisent
avec une fécondité vraiment désespérante.
L'émigration, après l'annexion, était décidé-
ment, une fausse manœuvre dont Metz subit
les tristesconséquences. Tandis que Strasbourg,
Colmar etMulhouse gardentieur caractère par-
ticulier et conservent leur autonomie alsa-
cienne qui dissimule les aspirations françai-
ses, Metz est une ville allemande, peuplée
d'Allemands et convertie en véritable foyer de
propagande germaine.
Vous pouvez traverser Metz de part en part
sans entendre vingt mots de français. Tout
est germanisé : les enseignes, les noms des
rues, los costumes, les tramways, voire le
genre de vie des habitants.
Les gamins que vous rencontrez parlent le plus
pur allemand, contrairement à se qui se passe
en Alsace et dans la Lorraine de la vallée de
la Sarre où les habitants conservent, avec un
soin jaloux, le dialecte alsacien ou le patois
platditsch qui les différencient tant des vérita-
bles aliemanàs.
Les Messins d'origine ne parlent pas plus
l'allemand que les habitants de Rouen, de
Marseille, do Lyon, etc. Leurs enfants, aui
sont obligés d'apprendre l'allemand à l'école,
ne p&uvont donc s'exprimer qu'en allemand
classique et ignorent totalement le dialecte que
leurs frères d'Alsace parlent exclusivement,
afin de n'être jamais pris pour des schicob
d'outre-Rhin.
Cette particularité transforme, malgré eux,
les petits Messins en Allemands authentiquas
aux yeux de tout étranger qui n'est pas aucou-
rant de la transformation violente qui a été
opérée à Metz par la déplorable émigration de
1871.
Pour retrouver à Metz un semblant de men-
talité française, il faut visiter la ville un jour
de foire ou de grand marché.
L'affluence des campagnards de la ban-
lieue messine transforme alors l'allure teu-
tonne de la cité. On entend reparler le fran-
çais, on retrouve le paysan français sous la
blouse du cultivateur lorrain et l'on ne con-
sidère plus comme un cruel anachronisme
la présence des statues de Fabert et de Ney
dans une ville convertie par l'Allemagne en
une formidable base d'opération militaire.
JEAN CLERVAL.
---
AU MAROC
-
Tanger, 3 janvier.
Un courrier du MakhMn vient d'apporter
la réponse officielle du sultan à la lettre par
laquelle le ministre de France avait protesté
contre le renvoi des missions. Elle est entiè-
rement conforme aux assurances de bonne vo-
lonté qu'Abd-el-Aziz avait déjà données ver-
balement à notre consul à Fez, M. Gaillard.
Les nouvelles du littoral et du Sud-Maro-
cain accusent une tranquilité relative dans
toute la région comprise entre Casablanca et
Marrakech. Mais l'anarchie ne fait que croître
autour de Tanger.
Le bandit Bakash, qui a dirigé la dernière
attaque contre la maison de M. Harris, corres-
pondant du Times, vient d'être tué au cours
d'une incursion dans un village, aux environs
de Tanger.
Nous avons annoncé qu'un combat avait eu
lieu, à la casbah de Saïdia, entre les soldats
marocains et 500 cavaliers du prétendant.
Le commandant Pein, commandant supé-
rieur du cercle de Marnia, est arrivé pour
assister à ces événements, qui se dérou-
lent à proximité de notre frontière. Il a
ordonné do prendre soin de l'état grave des
Marocains blessés dans le dernier combat et
hospitalisés à Port-Say, puis il a fait des
les zouaves du campement d'Adjéroud et les a
postés à l'entrée même de Port-Say, aux jar-
dins du Soudam pour mieux assurer la sécu-
rité de la colonie naissante.
Tous les douars de l'oued Mansour sont au-
jourd'hui à Port-Say, attendant les événe-
ments.
.43> -
POUR LES VICTIMES DU FROID
Le froid sévit. et s'il fait des heureux en la
personne des patineurs, il fait aussi des victi-
mes, et celles-ci sont les malheureux, les pau-
vres qui n'ont point d'asile. C'est à ces der-
niers qu'il faut surtout penser. La charité pri
vée doit s'exercer, et ceux qui ont chez eux
le nécessaire, le confortable ou le luxe, sont
dans l'obligation morale de penser à ceux qui
grelottent dans les mansardes ou dans les
rues.
Mais à côté de la charité privée, il y a
l'action des pouvoirs publics qui doit se faire
sentir. Les gueux sont nombreux à Paris et
leur misère est assez intéressante pour attirer
l'attention des élus de la ville. Le Conseil mu-
nicipal est en vacances, mais le bureau a
pleins pouvoirs, et s'il en use pour secourir
les pauvres, il est certain que l'assemblée le
couvrira de ses votes unanimes. Il ne faut pas
altendre que le froid ait fait des victimes pour
songer à les soulager : que l'admininistration
soit un peu moins administrative et qu'elle
soit plus agissante. Le froid n'est pourtant
pas une nouveauté : il fait froid tous les
ans.
Faut-il donc que chaque année les mêmes
plaintes s'élèvent contre les lenteurs ou les
imprévoyances municipales? Quelques abris,
quelques refuges, un peu de soupe chaude :
voilà ce que réclament les infirmes, les vieux,
les pauvres, tous ceux pour qui la vie est
rude et qui ne sont point armés contre les in-
tempéries des saisons.
L'administration dé l'Assistance publique
n'est sans doute pas restée inactive, et elle
fait annoncer qu'elle a déjà distribué 100.000
hectolitres de coke. Nous sommes heureux
d'applaudir à ses efforts, mais nous appelons
spécialement son attention sur ceux que les
distributions de coke laissent parfaitement
indifférents, ceux qui n'ont point d'abri et par
conséquent aucun moyen d'utiliser le coke
qui leur est octroyé. Et les pauvres diables
que leurs propriétaires ont jetés dehors ?.
Et les malheureux qui ont pour tout abri
l'arche d'un pont, ou la marquise d'un ma-
gasin ?. Voilà ceux qu'il faut arracher à la
mort en réchauffant leur estomac par quel-
ques aliments chauds et en leur procurant un
abri durant ces longues journées et ces lon-
gues nuits glaciales.
LIGUE INTERNATIONALE DE LA PAIX
ET DE LA LIBERTÉ
---
Projet d'une manifestation populaire
Hier a eu lieu une réunion du bureau de la
délégation permanente des sociétés françaises
de la paix au siège social, 18, rue Saint-Vin-
cent-de-Paul. Y assistaient : MM. Frédéric
Passy, membre de l'Institut, Emile Arnaud,
président de la Ligue de la paix et de la
liberté, Ch. Beauquier, député, Edmond Spa-
likowski, secrétaire de la délégation, etc.
Il a été décidé de faire un pétitionnement en
faveur d'un armistice en France et à l'étran-
ger, d'ouvrir une souscription afin de consti
tuer un fonds de propagande de la paix; diffé-
rentes commissions ont été instituées et il a
été décidé d'organiser un grand banquet
populaire à Paris le samedi 25 février pro-
chain,
DES ACTES ET DES RÉFORMES
Notre éminent rédacteur en chef a reçu la lettre
suivante que nous insérons avec plaisir. Jointe
aux acclamations qui accueillirent Henry Marct le
soir du meeting qu'il présida à la Bourse du Tra-
vail, elle nous console de la mauvaise foi que nous
voyons s'étaler avec un cynisme révoltant dans
toutes les feuilles ministérielles. C'est dire à nos
lecteurs que, comme par le passé, nous ne nous
contenterons pas de mots. Nous voulons des actes
et des réformes. Nous ne désespérons pas de les
obtenir.
Conflans-Ste-Honorine, le 30 décembre.
Monsieur Henry Maret, rédacteur en
chef du Rappel.
J'ai bien reçu votre aimable lettre, et vous
remercie de votre sympathique appréciation,
sur les idées que j'ai l'honneur de soumettre à
mes concitoyens, elle a d'autant plus do va
leur pour moiA qu'elle vient d'un homme
comme vous, qui avez fait vos preuves et at-
teint l'âge qui donne l'expérience et la facilité
de juger les hommes et les choses avec clair-
voyance et sincérité, c'est-à-dire sans parti-
pris, etdontle passé politiquepermetdetoujours
dire franchement ce qu'il pense, et ayant pour
principe de mettre l'intérêt général avant le
sien personnellement. Hélas ! il faut le dire
avec un profond regret, combien peu sont
comme vous dans cette Chambre. c'est pres-
que écœurant de voir que l'intérêt personnel
prime le premier (ne faisant pour ainsi dire
que deslois d'exception).Vous l'avezlaissé com-
prendre bien des fois dans vos écrits, que ce
n'est pas là la République rêvée., bien des
citoyens sont comme vous, et peut-être plus
que l'on ne le croit.
Je suis, après avoir été chef d'atelier dans
la métallurgie, à Paris, aujourd'hui depuis
vingt ans représentant d'usine métallurgique,
visitant presque toute la France et un peu
l'étranger, de ce fait, un peu à même de cau-
ser avec beaucoup de monde. Et bien! les
vieux républicains sont écœurés.
Et la désorganisation, la démoralisation
est beaucoup plus profonde qu'on ne le croit.
Le gouvernement peut changer, mais ce que
l'on ne ramènera pas, ou tout au moinsde si
tôt, c'est cette aménité et cette concorde qui
existaient autrefois entre l'employant et l'em-
ployé. Aujourd'hui, tout n'est que haine et
égoïsme. Voilà l'œuvre de 1,'tous ces fameux
émancipateurs, ils ont surtout émancipé la
haine, qui conduit souvent aux pires extrémi-
tés.
Je vous remercie bien sincèrement de pren-
dre en considération le projet d'impôt sur le
capital, que j'ai eu l'honneur de vous adres-
ser, il n'est probablement pas parfait ; mais
n'est-ce pas de la coopération des idées que
peuvent sortir les réformes pratiques, une
idée peut en suggérer une autre ; pourvu que
le but cherché soit atteint : l'intérêt général.
Veuillez agréer l'assurance de ma considé-
ration la plus distinguée.
G. TRAGIN.
———————————————— ♦ ————————————————
LES AFFAIRES RELIGIEUSES
Moulins, 3 janvier.
Le commissaire spécial de Commentry a
perquisitionné à l'école libre de Marcillat, di-
rigée par d'anciennes congréganistes, préve-
nues d'infraction à la loi de 1904. Divers pa-
piers ont été saisis.
RUSSES EX JAPONAIS
APRÈS LA CAPITULATION
COMMENT PORT-ARTHUR SE RENDIT
Les conditions de la reddition. — Désarmement des torpilleurs
russes. — L'agonie de la forteresse.— La presse japonaise.
- En Europe. — En Amérique. -- L'opinion des
écrivains milit&ires.
Nous avions raison de douter que l'effet
moral de la chute de Port-Arthur soit aussi
grand que les Nippons l'espéraient. Dans
le monde entier il n'y a qu'un cri pour
louer, avant tout, l'admirable défense de la
ville et la conduite du général Stœssel.
Port-Arthur, comme toutes les forteres-
ses bloquées, était condamné d'avance et
on s'attendait d'un jour à l'autre, sinon à
ce qu'on le prît, du moins à ce qu'il capi-
tulât. Les Japonais auront chèrement payé
l'occupation de la forteresse. Stœssel a fait
sauter les forts, détruit les ouvrages de
défense, encloué sans doute les canons
encore en usage et il a mis le feu aux épa-
ves des vaisseaux de guerre qui restaient
dans le port. Enfin les torpilleurs se sont
enfuis à Che-Fou port-neutre, où ils se-
ront désarmés par les autorités chinoises.
Quant à la ville proprement dite, elle
n'existe plus.
On comprend que tout cela ne soit pas
du goût des Japonais. Déjà la presse de
Tokio, tout en rendant hommage à Stœs-
sel et à ses compagnons d'armes, déplore
que le général russe ait été assez mesquin
(le mot est joli) pour faire sauter les forts
et les navires. Cela, dit un de nos confrères
nippons, « laissera une tache durable sur
sa réputation militaire ». La plaisanterie
est un peu forte et d'un goût douteux. Les
Japonais sont trop intelligents pour avoir
eu la naïveté de croire que Stœssel leur
abandonnerait Port-Arthur, avec les vais-
seaux remis à neuf, repeints, et les clefs
sur la porte despoudrières—et ils sont trop
experts en choses militaires pour ne pas
savoir que le devoir le plus élémentaire
d'un commandant de place forte est de dé-
truire tout ce qui est susceptible d'être uti-
lisé par l'ennemi.
Il est curieux aussi de noter l'attitude
des journaux anglais et américains. Les
amis des Japonais affectent de croire que
la chute de Port-Arthur est l'indice de la
signature prochaine de la paix. Les bons
apôtres ! Ces affirmations tendancieuses
ont pour but de représenter la Russie
comme définitivement écrasée et deman-
dant grâce.
Inutile de dire qu'il n'en est rien. La
Russie envisage les événements avec tris-
tesse mais sans découragement. Les Rus-
ses ne veulent point entendre parler de
paix. Leur amour-propre national est en-
gagé. Pour eux la guerre ne commencera
véritablement qu'en avril, après la saison
d'hiver, dès que Kouropatkine prendra
l'offensive. Jusque-là, ils attendent, et
avec dignité se recueillent et se prépa-
rent.
Quant aux Japonais, il est à craindre
que leurs succès ne leur fassent, un tanti-
net. perdre la tête.
Signature de la convention
Tokio, 3 janvier.
Les commissaires ont signé hier soir, à 9 h.
45, la convention relative a la capitulation de
Port-Arthur.
Tokio, 3 janvier.
Voici le texte du télégramme du général
Nogi annonçant la capitulation :
Les plénipotentiaires des deux parties ont
terminé les négociations à 4 h. 112. Les com-
missaires russes ont accepté les conditions
stipulées par nous et ont consenti à capituler.
Les documents sont en mains pour y apposer
les signatures.
Dès que les négociations furent termi-
nées, les deux armées suspendirent les hosti-
lités.
Saint-Pétersbourg, 3 janvier.
Officiel. — Télégramme du consul de Tché-
fou, M. Tiedemann, à l'empereur, le 2 jan-
vier :
« Les torpilleurs flastn,/¡, lerdity et Skory
arrivèrent, annonçant que la reddition de
Port-Arthur aura lieu aujourd'hui. »
Che-Fou, 3 janvier, midi.
Hier soir, à 8 h., au moment où la dernière
chaloupe quittait Port-Arthur, les négocia-
tions des Japonais et des Russes se poursui-
vaient dans un fort appelé le « Nid du Grand
Aigle », près d'Er-Loung-Chan.
On disait que la proposition du général
Stœssel tendant à ce que les malades et les
blessés russes restassent sous la surveillance
des autorités médicales russes, et une autre
proposition relative au départ des non-com-
battants de la ville, avaient reçu du général
Nogi un accueil favorable, mais la condition
que les troupes russes sortiraient en armes
soulevait des difficultés.
Entrée des Japonais dans la ville
Tokio, 3 janvier.
On compte que les Japonais entreront au-
jourd'hui dans la ville de Port-Arthur.
Les torpilleurs russes à Ché Pou
Ché-Fou, 3 janvier, 10 h. matin.
Trois chaloupes sont arrivées de Port-Ar-
thur et quatre contre-torpilleurs japonais sont
partis.
Che-Fou, 3 janvier, 2 h. après-midi.
Deux autres contre-torpilleurs japonais
sont arrivés, mais il n'en reste plus qu'un ici.
La nouvelle que le général Stœssel aurait
accepté les conditions du général Nogi a sur
pris les officiers russes qui sont arrivés ici à
bord de la dernière chaloupe. Ces officiers
prétendent n'avoir pas entendu parier do
cela lorsqu'ils ont quitté Port-Arthur hier
soir.
Londres, 3 janvier.
On mande de Che-Fou au Daily Telegraph,
le2 janvier, 4 h. 10 du soir, qu'on est en train
de désarmer les contre-torpilleurs russes.
Les derniers moments du siège
Che-Fou, 3 janvier.
Voici, fait par le capitaine Khavkofî, comman-
dant le Vlatny, un des torpilleurs russes échappés
de Port-Arthur, le récit de l'agonie de la forte-
resse. Nos lecteurs liront avec émotion cette page
qui a toute la valeur d'un document :
Port-Arthur tombe d'épuisement. Non seu-
lement d'épuisement en munitions mais en
hommes. Ceux qui restent ont fait œuvre de
héros. Pendant cinq jours et cinq nuits, il
ont atteint les limites de l'endurance humaine.
Dans les casemates des forts, on ne voyait
que visages blêmis par la faim, l'épuisement
et la tension nerveuse. On leur parlait, ils ne
répondaient pas. Ils allaient à eux sans mot
dire.
Le défaut de munitions n'aurait pas suffi à ,
faire capituler la place. On en souffrait depuis
des mois. Bien des forts n'avaient pas de quoi
riposter au feu de l'ennemi.
Les Russes étaient assis dans les casemates.
Ils ne pouvaient tirer qu'un projectile contre
200 que lançaient les Japonais. Quand venait
l'action, ils repoussaient l'ennemi à la baïon-
nette; mais les hommes ne recevant plus de-
puis trois mois que des rations réduites étaient
si épuisés, que c'est miracle s'ils ont résisté
si longtemps.
Hier encore, le général Stœssel voulait com-
battre Les blessures qu'il avait reçues au dé-
but du siège le faisaient souffrir, mais sa dé-
termination de lutter jusqu'au dernier hom-
me était inébranlable.
Nous ne pouvons pas combattre, disaient les;
généraux, nos hommes sont incapables de se'
mouvoir, ils dorment debout. Ils ne voient pas
la baïonnette qui les touche. Nous pouvons
commander, mais eux ne peuvent exécuter
nos ordres. Combattez alors vous-mêmes, gé-
néraux, leur réplique le général Stœssel aiR
serrant les poings. Finalement, il dut se ren-
dre à la raison. Les amiraux Lockinsky et
Wiren, les généraux Smirnoff, Fox et bien
d'autres lui demandèrent plus d'une fois d'une
voix brisée de prendre le parti longtemps re-
douté.
Je suis certain que sans le général Stœssel
qui s'y refusa obstinément, à diverses repri-
ses, Port-Arthur aurait demandé bien plus tôt
à capituler. Mais le général avait dit à son
empereur qu'il ne se rendrait jamais et il vou-
lait tenir sa parole.
La plus grande perte de Port-Arthur fut la
mort récente du général Kondrateako. Offi-
ciers et soldats le considéraient également
comme l'étoile la plus éclatante qui brillait au
firmament de Port-Arthur et dès qu'on con-
nut sa fia, l'effet en fut visible sur les soldats.
LA MORT DE KONDRATENKO
Kondratenko était assis dans la casemate
d'un fort, discutant avec sept autres officiers
le meilleur moyen de poser une contre-mine
aux Japonais, quand un obus éclata tuant
tous ceux qui se trouvaient dans la case-
mate.
Le général Nogi a pris Port-Artbur avec
son artillerie et ses galeries de mines, Les
balles des fusils lui ont rarement rendu ser-
vice.
Nous avons subi sans trêve ni merci le 4
bombardement le plus violent connu dans
l'histoire. De temps à autre, les Japonais don-
naient l'assaut. S'ils échouaient, ils repre-
naient la canonnade.
Je n'exagère pas en disant que les gros obus
japonais les plus fréquemment employés ne
laissaient souvent pas un endroit où mettre
les pieds, témoin le fort d'Erloug-Chan.
Les Japonais firent avancer leur artillerie,
délogèrent les Russes par une grêle d'obus
puis occupèrent la position.
Stœssel peut offrir une dernière résistance
pour tenir sa promesse au tsar. Nous qui som-
mes venus ici aujourd'hui nous ne connais-
sons pas les conditions soumises par lui à
Nogi ; nous avons quitté Port-Arthur avant
l'envoi des parlementaires.
L'impression générale est que Stœssel ri;
proposé que la garnison soit laissée libre; que
lui seul soit retenu prisonnier. Cette dernière
concession semblait déchirer le cœur au vieux
soldat.
Quel que soit la résultat des négociations il i
est certain que Port-Arthur est perdu. Nous
avons encore quelques munitions, quelques ca-
nons à Lao-Ti-Chan, mais Lao Ti-Chan ne
pourrait facilement être défendu de l'intérieur,
la tâche des Japonais pour s'en emparer serait
plus aisée que d'autres qu'ils ont déjà entre-
prises.
Il en est de même du fort de la Queue du
Tigre et du fort de la Montagne d'Or qui n'ont
plus de munitions depuis trois mois.
Depuis que je suis arrivé à Che-Fou, j'ai re-
marqué qu'on essayait de faire croire que la
général Stœssel est seul à vouloir capituler et
que les autres généraux désirent continuer la
lutte. C'est là un écho de certains sentiments
personnels à l'égard çld Stœssel, pas autre
chose.
Avec des munitions, la forteresse aurait ré-
sisté indéfiniment. ;
Pendant des mois, Port-Arthur n'a eu à op
poser à l'adversaire que des baïonnettes. Quand
un homme tombait, il n'y avait personne Dour
le remplacer ; la garnison s'est graduellement l'
épuisée. La montagne haute (colline de 203
mètres) à elle seule nous a coûté 5.000 hom-
mes ; ce fut le commencement de la fin. Les'
Japonais avaient une excellente artillerie ; ils
avaient dirigé 400 canons contre la mont agne
haute. -
LA. TACTIQUE JAPONAISE
Dans les corps à corps, les Japonais sonf.)
inférieurs aux Russes ; à la baïonnette, un ;
Russe peut avoir raison de quatre Japonais.
Les Nippons sont de bons soldats ; ils sont
braves, je l'avoue, bien que je les aime peu ; >
il leur a coûté 80.000, certains disent 100.000 )
hommes, à prendre la forteresse. Le nombre
des morts n'est pas connu, même des officiera
supérieurs.
Depuis 1e mois d'août,ç'a été une lutte sans.
merci. Lors de la prise d'Erloung-Chan, les
Japonais s'élancèrent dans le fort avec tant de
rapidité que 500 hommes qui occupaient une ;
casem ite ne purent en sortir; ils essayèrent;
bien de se frayer un chemin à la baïonnette, j
mais macureusement ils n'avaient d'ilutrel,
armes que celles-ci à opposer aux canons au- :
tomatiques.
Pendant les trois derniers mois, le riz était
le seul aliment dont les Russes recevaient ra- :
tion entière, il en résulta une sorte de
maladie scorbutique assez semblable au béri-
béri dont une centaine d'hommes furent at-,
teints.
Quant aux autres aliments, pendant deux j
mois les soldats n'en reçurent qu'un quart de
ration et le dernier mois celle-ci fut encore 1
réduite de 40 OrO.
Malgre cela, on n'épargnait rien pour lais-rj
ser ceoire à l'ennemi que tout allait bien dani
fi forteresse.
LE DÉSESPOIR DE STŒSSEL j
Stœssel, dit-il, étaij l'agonie personnifia.
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