Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-08-11
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 août 1910 11 août 1910
Description : 1910/08/11 (N14762). 1910/08/11 (N14762).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7547484z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
N° 14762. - 26 THERMIDOR, AN 118.
CINQ" CENTIMES LE NUMERO
JEUDI 1t AOUT 1910.
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Fondateur :
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
UB ntii Treii mois Six mois une
Paris. 2fr. 5 fr. 9fr. 48 fr.
Départements 2 — 6 — 11 — 20 -
Union Postale 3 - 9 — t6 - 32 -
! -- -, .,
:
Fondateur *
AUGUSTE VACQUERIE
1
,
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF & C'*
6, Place de la Boursé
el aux BUREAUX DU JOURNALt
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ADMINISTRATION & RÉDACTION : 53, rue du Château-d'Eau: Téléphone 438-14. - De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre:. Téléphone 143-93,
TRIBUNE LIBRE :'
—-
Les Congrès Scolaires
0
■ ->«>♦<»( »
La période des vacances
est fertile en Congrès de tou-
tes sortes. Tandis que les uns
vont se reposer de leurs tra-
vaux au bord de la mer ou
dans les montagnes, sitôt
le Grand Prix couru, d'autres, sou-
cieux d'un mieux être social, se réu-
nissent en Congrès. Ils ne craignent pas
de parcourir de longues distances, de
s'enfermer dans des salles surchauffées,
pour discuter avec des collègues venus
des quatre coins du monde sur de gra-
ves questions. C'est ainsi que nous ve-
nons d'avoir à Toulouse le Congrès pour
l'avancement des Sciences, à Stock-
holm le Congrès des Pacifistes. Paris a
eu pour sa part : le Congrès interna-
tionnal de l'Hygiène scolaire et le Con-
grès international de la Fédération des
Instituteurs de l'Enseignement primai-
re. Demain, à Rouen et à Bruxelles, se
tiendront des Congrès dèr - la Libre-
- Pensée.
C'est une noble émulatibn pour le
'bien qui anime les congressistes. Nous
ne saurions trop leur témoigner notre
sympathie et leur dire notre vive re-
connaissance. -
Paris a été particulièrement flatté de
l'honneur qui lui est échu cette année.
Il a été choisi comme siège des deux
Congrès internationaux les plus impor-
tants.
Ces deux Congrès ont tenu leurs as-
sises dans la vieille Sorbonne, asile de
la Science. Le gouvernement français a
témoigné à ces Congrès (où des gou-
vernements, des provinces et des villes
de l'étranger étaient officiellement re-
présentés) tout son bienveillant inté-
rêt.
Il a délégué à la présidence de cer-
taines séances M. Chéron, sous-secré-
taire d'Etat à la marine, et M. Gazes,
inspecteur général de l'Enseignement,
représentant le ministre de l'Instruction
publique.
La Ville de Paris s'est associée à ces
manifestations de sympathie en re-
cevant officiellement les délégués étran-
gers et tous les congressistes à l'Hôtel
de Ville. M. Bellan, président du Con-
seil municipal, a su dire très heureu-
sement, en cette circonstance, les pa-
roles qui devaient être dites.
Il nous a été particulièrement agréa-
ble de constater — et nous tenons à le
signaler — que ces deux Congrès, sco-
laires de Paris se complétaient mutuel-
lement dans leur but et dans leur ac-
tion.
L'un, présidé par le très distingué
docteur Mathieu, de Paris, recherchait
le meilleur moyen de créer des indivi-
dus sains, vigoureux, énergiquement
constitués, capables de régénérer la
vieille race gauloise.
L'autre, présidé par un Maître émi-
nent, M. Rossignol, de Bruxelles, pré-
sident du Bureau international des Ins-
tituteurs, se préoccupait plus particu-
lièrement de l'âme et du cerveau de
l'enfant. Il se donnait pour mission de
tirer le meilleur parti de l'enfant pour
en faire un citoyen digne de son pays,
'un homme utile à la Société.
Ces deux Congrès, sans distinction
9e nationalité, ont travaillé pour l'amé-
lioration de l'individu au double point
de vue moral et physique. Ils ont tra-
vaillé à préparer un avenir meilleur à
la Société de demain, où tous les hom-
mes devront tendre à leur perfection-
nement intellectuel et corporel.
L'Ecole est le creuset où se prépare
l'homme de demain. C'est une grande
façonneuse de muscles, de cerveaux et
de consciences. Il lui' appartient de
faire une beso'gne digne de la haute
mission qui lui est confiée, en suivant
les lois directrices votées par les con-
gressistes. Nous lui devrons l'Humanité
nouvelle, semblable aux vieilles races
pleines d'énergie physique à défaut de
qualités morales, mais avec la connais-
sance scientifique et la conscience mo-
rale en plus. Dans cette Humanité, l'i-
dée de Justice sera la souveraine maî-
tresse de l'Individu, le sentiment de la
Solidarité sera la base essentielle des
rapports entre les Peuples.
L'Homme devenu meilleur morale-
ment et physiquement sera socialement
1
f supérieur à ce qu'il était. La conscience
, de ses devoirs envers le milieu dans le-
quel il évolue créera une mentalité su-
périeure. La Société qui vaut par les
unités qui la composent aura fait un
progrès considérable. La conscience
: universelle sera une réalité.
Chaque congressiste emporte dans
son pays, aux quatre coins du monde,
le souvenir de Paris, ville hospitalière
et agréable sans doute, mais aussi Ville-
Lumière comme on s'est plu à l'appeler
bien des fois déjà. Il emportera des
discussions du Congrès, où il aura d'ail-
leurs imprimé sa personnalité aussi,
un bagage de connaissances utiles, pré-
cieuses, qu'il aura recueillies dans les
débats nombreux qui ont eu lieu.
Les problèmes intéressant l'éducation
intellectuelle, morale et physique ont
reçu des solutions théoriques. Il les ju-
gera à la pratique.
Mais ce qu'il gardera surtout de ces
Congrès, nous voulons l'espérer, c'est
le sentiment de Fraternité et de Soli-
-darité qui doivent nous unir ; et tous
ces maîtres de l'enfance seront demain
les agents conscients du rapproche-
ment des peuples.
Edmond DAUBE.
r- » J
LA POLITIQUE !
QUEL EST CE MYSTÈRE ?
"Qui. jamais nous fournira, la
clé de la troublante énigme ?
Que croire, à qui se lier, jus-
tes dieux ?- Et comme il de-
vient malaisé d'écrire l'His-
toire ?
La semaine dernière, le « Comité
d'action syndicale dit prolétariat admi-
nistratif » nous annonçait que, sur sa
demande, MM. Berteaux, F. Buisson et
Painlevé, avaient fait une démarche au-
près du Gouvernement pour demander
la réintégration de MM. Nègre et Si-
monnet. Ces deux fonctionnaires, on se
le rappelle. lurent, il y a trois ans, ré-
voqués pour avoir signé la fameuse
lettre ouverte à M. Clemenceau.
M. Briand aurait répondu à ses trois
collègues que la réintégration était dé-
cidée.
Là-dessus,. les journaux modérés de
morigéner le Gouvernement et de faire
comprendre avec netteté au Président
du Conseil que s'il tenait à leur amitié
il ne devait témoigner d'aucune fai-
blesse vis-à-vis des groupements de
fonctionnaires, en révolte contre la loi.
La clémence ! pouvait-on l'accorder à
d'irréductibles insubordonnés, à de
permanents agitateurs ? Une réinté-
gration de Nègre et de SimÓnnet ! mais
ne représentait-elle pas la revanche du
hideux syndicalisme, comme leur révo-
cation en avait marqué l'éclxec ? M.
Bi iand était bien placé pour juger cette
allaire avec sang-froid, sérénité et sa-
gesse, — et, dans ces conditions, re-
fuser 'd'octroyer aux révoltés la faveur
sollicitée pour eux.
Doit-on voir une corrélation entre
cette invite formulée sur un mode assez
impérieux et la réponse que fit le Gou-
vernement, au communiqué du Comité
d'action syndicale ?
Ce qu'il y a de certain, c'est que le
soir même du jour oit les « avertisse-
ments » s'exprimaient ainsi, une note
du ministère de l'Intérieur 'démentait
formellement l'information donnée par
les amis de Nègre et de Simonnet.
Or, la note ministérielle est, paraît-il,
en opposition avec la vérité. C'est, du
moins, ce qu'affirment les deux révo-
qués, dans une lettre qu'ils adressent
aux journaux, et ce que reconnaît, dans
une interview prise par le Matin, un
des honorables parlementaires mis en
cause, M. Painlevé. Le député du Ve
ajoute que ses collègues et lui tiennent
de M. Briand que le Conseil des minis-
tres avait, avant leur démarche, déli-
béré sur cette question dans le*sens le
plus favorable.
Alors, à quoi rimait donc le démenti
ministériel ?.
Malgré les objurgations certaines'des
milieux conservateurs, la décision sera
bien vue qui réintégrera deux modestes
serviteurs de l'Etat, coupables d'avoir
dépassé peut-être la mesure dans l'af
firmation 'de ce qu'ils considéraient
comme un 'droit, mais qui sont déjà
sultisamment punis, ce nous semble !
La clémence est une bonne conseil-
lère pour tous les gouvernements, a dit
à Charles-Quint l'âme de Charlemagne:
il ne faudrait pas que M. Briand eût
l'air d'attendre, pour la pratiquer, d'a-
voir subi la généreuse pression répu-
blicaine.
■O
LES ON-DIT
Aujourd'hui mercredi :
Lever du soleil : 4 h. 46 du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 24 du soir.
Lever de la lune : 10 h. 20 du matin.1
Coucher de la lune : 9 h. 44 du soir.:
Courses à Deauville et à Caen..
AUTREFOIS
Le Rappel du 11 août 1874 1
« On relègue la statue de Voltaire loin
du centre de Paris, dans un quartier perdu,
au square Monge, et l'on joue Za-ire. On
cache le grand Voltaire, 'et l'on étale le pe-
tit. Il y avait deux manières de diminuer
Voltaire : le Conseil municipal, présidé par
M. Vautrain, s'est chargé de l'une ; le Théâ-
tre-Français, dirigé par M. Perrin, s'est
chargé de l'autre. » (Article de Vacquerie).
— Le Constitutionnel lui-même s'étonne
que dans son rapide éloge des gloires franc-
comtoises, M. le duc d'Aumale ait reculé de-
vant le nom de Victor-Hugo. Pendant qu'un
prince français, qui est en même temps un
académicien, ignore Victor-Hugo, les étran-
gers - le connaissent.
—- Programme des théâtres : A l'Opéra,
l'Esclave, de Membrée ; au Théâtre-Fran-
çais, l'Ecole des Femmes, de Molière, etTa-
barin, de Ferrier ; à l'Opéra-Comique, Jli-
gnon ; à la Porte-Saint-Martin, le Pied de
! Mouton, féerie; au Gymnase, les Grandes
Demo-iselles, de Gondinet ; à la Gaîté, Or
pilée aux Enfers ; aux Variétés, la Vie Pa-
risienne - au Châtelet, les Deux Orpheline s,
de d'Ennery.
Les deux géographes
m
Elle est toujours amusante cette épigram-
me, vieille bientôt de deux cents ans :
Un gros magister du Vexin,
Qui ne sut onc prose ni mètres,
Vit sur la carte, en grandes lettres,
Bien imprimé : le Pont Euxin.
Un pont £ ur mer ! C'est du mécompte,
On n'y doit pas monter souvent.
Peul-011 nous bercer d'un tel conte ?
— Quoi, dit Biaise, d'un ton savant.
Ne sais-tu pas que l'on y monte
Par les Echelles du Levant ?
AUJOURD'HUI
La neige au mois d'août !
Elle a fait, samedi dernier, une appari-
tion imprévue dans les montagnes d'Au-
vergne. Elle est tombée à plusieurs repri-
ses sur les sommets du Plomb du Cantal
et sur les monts des cantons d'Allanche et
de Condat.
Du reste, sur un certain nombre de
points, la neige de l'hiver dernier n'a pas
encore complètement disparu.
Dans les régions montagneuses du Puy-
de-Dôme, il n'y a pas eu de neige, mais le
froid est vif.
Drôle d'été 1
Toujours les mêmes
L'incident est clos. L'archevêque de
Rennes désavoue nettement l'abbé Trochu
et lui demande de se désister de sa re-
quête de contrainte par corps contre Al-
bert Monniot.
Parbleu ! Maintenant que tout le monde
a annoncé que les douze mille francs al-
laient être versés I
Stations balnéaires
Un de nos confrères s'est amusé à re-
chercher les noms des fondateurs de. sta-
tions balnéaires. C'est ainsi qu'il a appris
que le duc de Morny fonda. Deauville, Mme
de Sévigné, Vichy ; la reine Amélie, Amé-
lie-les-Bains, et la reine Christine. Sain-
te-Adresse.
Mais alors. et Dutayel ?
Les toutous de Constantinople
L'Assistance française aux Animaux est
intervenue en faveur des chiens de Cons-
tantinople. Elle vient de recevoir de l'am-
bassade ottorne l'assurance que toutes
dispositions sont prises pour nourrir con-
venablement ces bons toutous, qui, par me-
sure d'hygiène, ont été transportés à l'île
d'Oxia.
« Le Combat Sacré »
Le député-commandant Driant a trouvé
spirituel ou adroit de publier les noms des
officiers qu'il suppose appartenir à la franc-
maçonnerie.
On sait, pour l'avoir depuis longtemps
éprouvé, de combien d'erreurs fourmillent
généralement lés recensements dé cetfe na-
ture. Les procédés à la portée de tous aux-
quels recourent les opérateurs sont tout
justement une garantie d'inexactitude.
C'est ainsi que figurent sur la liste de M.
Driant beaucoup d'officiers qui ne furent
jamais francs-maçons et que beaucoup
s'honorent de l'être qui échappèrent à la
sagacité de ce brillant littérateur.
Le gendre du général Boulanger appelle;
cela Je 4( Combat sacré H. C'est donner un
bien joli nom à un moins joli geste.
Le côté amusant de l'histoire est que le
preux chevalier à tout l'air de se livrer à
un combat « Donquichottesque M. ,
Voilà, en effet, que les officiers francs-
maçons oubliés sur la liste vont se mettre
à réclamer !
Le lieutenant Langlois-Longueville ouvre
le feu. La fin de sa lettre au député de
Nancy, vaut d'être citée. -
« Votre expérience de la vie aurait Bien
dû vous faire comprendre qu'au progrès
indéfini il n'est pas d'obstacle qui puisse
résister et que l'Armée, cette grande collec-
tivité nationale, doit subir inéluctablement
-les lois de l'évolution, sous peine de disso-
ciation rapide. L'armée de 1910 n'est plus,
Dieu merci ! l'Armée du « Gesu » : elle est
bien celle de la République une et indivi-
sible !
(1 Et si vous et vos partisans s'avisaient
de tenter contre elle un de ces coups d'Etat
dont vous êtes si friands, nous les jeunes,
nous nous lèverions comme un seul hom-
me pour la défendre au prix de notre vie.
comme -les francs-maçons de la première
République.
u Fidèles à nos principes philosophiques,
nous resterons toujours les soutiens d'un
régime de progrès, "de pensée libre et de
tolérance. » - -
C'est très bien, c'est si bien que l'auteur
.tMa manœuvre cléricale n'en retire plus
que le léger ridicule inévitablement attaché
aux gens qui font beaucoup de bruit pour
rien.
* ■' ■
ha Guerre de 1870
Nous avons marqué notre surprise de
voir confier à un libraire allemand, nommé
Ficker, l'ouvrage publié, par le quai d'Or-
say, sur les origines de la guerre de 1870.
l'Action Française commente notre in-
formation dans les termes suivants :
Notre confrère le Rappel apprend que « le
libraire choisi par le quai d'Orsay pour lan-
cer l'ouvrage annoncé contenant des docu-
ments nouveaux sur les origines de la guerre
de 1870 est un Allemand, nommé Ficker, qui
n'est d'ailleurs établi à Paris que depuis peu
de temps JI.
Le Rappel s'étonne qu'on n'ait pas choisi un
libraire français. Etant donné le rôle joué par
Reinach dans cette publication, c'est ie choix
d'un hbraire non-allemand qui eût été extra-
ordinaire.
Nous ne disconvenons pas que le choix
du hideux Joseph Reinach ait été une in-
congruité.
Complété par la désignation de M. Fic-
ker, c'est un scandale.
NE NOUS FRAPPONS PAS !
* S-^.1 "■*
Junius, de l'Echo de Paris, raconte, dans
un de ses derniers « billets », l'histoire
d'une bonne dame et de sept méchants
garçons. Les sept. méchants garçons pé-
chaient dans la rivière de la bonne dame
et eurent l'inconvenance de rire au nez
d'icelle quand elle les menaça du garde
champêtre.
Cela peut vous paraître très ordinaire,
mais Junius n'est pas de cet avis. Il voit,
dans un tel incident, le prodrome certain
d'une proche révolution ! Tout simple-
ment !
Ah ! le bon billet, Junius ! Et comme
vous pouvez dormir tranquille, si vous n'a-
vez découvert, comme symptôme de cham-
bardement, qu'une gaminerie qui est de
tous les temps, même du temps où il n'y
avait pas encore « la laïque » que vous
en voulez rendre responsable !
»
Mesure incomplète
Le ministre de la marine a sagement dé-
cidé que les matelots ayant fait l'objet de
condamnations et de punitions graves
« cesseront de pouvoir être destinés aux
bâtiments- en campagne ».
L'amiral de Lapeyrère a raison de con-
sidérer comme un honneur les expéditions
lontaines, de même qu'on a bien fait d'a-
bandonner, pour l'armée de terre, la mau-
vaise habitude qu'on avait de choisir les
garnisons de l'Est comme postes de dis-
grâces, alors qu'elles sont des postes de
confiance.
Mais il ne faut pas oublier que, parmi
les mauvais matelots, il y a, comme parmi
les. mauvais soldats, une forte majorité de
« tireurs au flanc ».
Ceux-là, loin de tenir une telle mesure
pour vexatoire, vont être enchantés. de se
voir débarrassés de ce qu'ils ont toujours
jugé être une très désagréable corvée. Si
bien que, dans le clan des fortes têtes, on
viendra aisément à rechercher cette sorte
de prime à l'indiscipline et à l'immoralité.
Qu'on n'oblige pas nos officiers à emme-
ner avec eux, loin de la France, des indi-
vidus dont la présence compromettrait
leur sécurité et celTe du bâtiment qui leur
est confié, mais qu'on impose du moins à
ces mêmes individus un service tel qu'ils
ne puissent apprécier comme une faveur
enviable le fait d'être classés dans les re-
buts de la flotte.
.——————————— ————————————.
Voir en 2e page :
LE CIRCUIT DE L'EST
DE TROYES A NANCV
TRIBUNE CORPORATIVE
La Contrainte o.0. par corps
-
Nous avons commenté récemment
les diverses phases de l'incident qui
s'est produit entre notre confrère, M.
Albert Monniot, de la Libre Parole, et
MM. Desgrées du Lou et Trochu, de
l'Ouest-Eclair.
Nous avons protesté avec toute la
Presse française — sans distinction de
partis — contre l'attitude -inusitée et
parfaitement -odieuse des pseudo-jour-
nalistes de l'Ouest-Eclair.
A ce sujet, nous avons reçu de M. E.
Desgrées du Lou, directeur de rOuest-
Eclair, la tet-tre suivante :
Monsieur le Directeur,
Qui- n'entend qu'une cloche n'entend
qu'un son, et puisqu'il vous convenait
d'entretenir vo.s lecteurs du conflit de per-
sonnes qui s'est élevé entre M. Albert
Monniot et l'Ouest-Eclair, vous auriez bien
dû vous informer plus exactement des
circonstances qui ont précédé, accompa-
gné et suivi la décision de justice dont nous
exigeons aujourd'hui l'exécution.
Nous aurions pu, mon ami M. l'abbé
Trochu et moi, ne point contraindre par
COJl'.s M. Albert Monniot. Mais, alors, voi-
ci qu'elle eût été la morale de cette aven-
ture :
Pour. avoir été diffamés de la plus odieu-
se façon par M. Albert Monniot, et pour
avoir obtenu du tribunal correctionnel de
Rennes, puis de la cour d'appel, la con-
damnation du diffamateur, nous nous se-
rions trouvés dans l'obligation assez inat-
tendue d'alléger de quelques billets de
mille francs- notre portefeuille. Qui est-ce
qui se serait bien amusé de cette plaisante
histoire ? qui s'en serait joyeusement frot-
té les mains 1.. Et puisque de diffamer
les gens fût devenu, dans ces conditions,
un excellent moyen de les induire en
frais de justice et de leur faire vider leur;
bourse, après avoir essayé de les désho-
norer, qui donc, s'il vous plaît, contre
nous ou contre d'autres, aurait été tenté
de recommencer à écrire de nouvelles bro-
chures également diffamatoires et non
moins avantageuses ?. Demandez-le plu-
tôt à notre adversaire : son sourire vous
répondra.
Eh bien, nous n'avons pas voulu: nous
prêter à cette comédie. Nous n'avon,s pas
voulu qu'il fût dit qu'il n'y avait en Fran-
ce qu'une seule catégorie de citoyens dont
on pouvait impunément attaquer la répu-
tation et l'honneur, et que ceux-là qui,
comme nous, se permettent d'être tout en-
semble des .républicains loyaux et d'indé-
fectibles catholiques, devaient se résigner
d'avance, et pour cette unique raison, à
passer pour des gen,s malhonnêtes, capa-
bles de toutes les vilenies, y compris la
trahison.
Nous sommes, mes amis et moi, j'ose le
dire, les plu,3 libéraux, les plus tolérants
des hommes. Nous acceptons que l'on cri-
tique, que l'on discute, que l'on combatte
nos idées, non pas seulement avec énergie,
mais avec véhémence et, si l'on peut dire,
avec colère. Cela, c'est de la polémique
courante et, encore qu'il ne soit pas dans
nos habitudes d'en user de la sorte à l'é-
gard d'autrui, nous n'en voulons point à
autrui de s'échauffer ainsi contre un pro-
gramme politique et social qu'il a le droit
de juger exécrable. Par contre, ce que nous
n'acceptons pas et ce que jamais nous n'ac-
cepterons, c'est que l'on sorte de ce ter-
rain, et qu'après avoir vainement tenté
de ruiner nos idées, l'on entreprenne de
déconsidérer nos personnes,
M. Albert Monniot, ainsi qu'en font foi
le jugement et l'arrêt qui l'ont condamné',
a dépassé toute mesure, donnant à en-
tendre que la politique défendue par
VOuesl-Eclair avait pour mobiles des sen-
timents inavouables et n'hésitant pas
pour accréditer cette opinion, à diriger
contre la vie privée de chacun de nous les
insinuations les plus outrageantes. Ce fai-
sant, il était sans excuse, et, pour le dire
en passant, je le défie bien de produire
une seule ligne de VOuest-Eclair, lui sur-
tout, dont jamais l'Ouest-Eclair ne s'oc-
cupa, qui puisse expliquer le,s propos inju-
rieux et diffamatoires dont sa brochure
est remplie.
La vérité, c'est qu'agissant pour le'
compte d'un groupe de royalistes dont
l'Ouest-Eclair contrarie, en Bretagne, la
propagande, et s'imaginant sans doute
qu'en cas de besoin ce groupe viendrait à
non aide, M. Albert Monniot a cru qu'il
pouvait tout se permettre contre les" di-
rigeants » du journal. Nous n'avons pas,
quant à. nous, à entrer dans de telles con-
sidérations.
Il se peut que quelques bonnes âmes,
après avoir admis que M. Albert Monniot
s'applique à nous deshonorer, n'admettent
pas que nous exigions de lui le paiement
de sa dette. Mais s'il est vrai que, con-
traint par corps, M. Albert Monniot doit
inspirer de la pitié, il ne faut pas que cette
pitié se tourne en indignation contre
l'Ouest-Eclair, car, en vérité, s'il va en
prison, c'est à d'autres qu'à nous qu'en
incombera, en bonne justice, la responsa-
bilité. Eh quoi 1 voici des militants roya--
liste, des hommes de vaillance et de gé-
nérosité, si j'en crois leurs journaux et*
leurs partisans, et dont plusieurs sont fort
riches : ces messieurs font appel à M.
Monniot, ils lé supplient de les débarrasser
d'un adversaire gênant, ils lui tracent Son
plan de campagne, ils l'excitent, ils l'crt*
tlamment, et ils le lancent, nouveau croi.
sé, contre les hérétiques de l'Ouesl-Eclair.
Et puis, la besogne étant faite, ils l'aban-
donnent quand il faut payer les frais de lal
casse !. Ah ! comme disait l'autre, (c la
peste soit de l'avarice et des avaricieux ! ;
et ne trouvez-vous pas, Monsieurs le direct
teur, que c'est une chose infiniment triste-
que cette croisade qui prend fin auprès du
coffre-fort d'Harpagon ?.
Vous voudrez bien, etc..,
E. DESGRÉES DU Lou,. f
Directeur de YOuest-Eclair.
Le « son de la cloche » de M. Des-
grées du Lou est faux, et nè modifia
en rien notre opinion.
M. Desgrées du Lou et son vicaire'
Trochu, se sont disqualifiés commet
journalistes.
M. Desgrées du Lou, accablé sous les
reproches véhéments de M. Paul des
Cassagnac et de. nos confrères, de JaJ"
Presse conservafTiee, essaie \'ain'cmcnt:
de se faire passer pour un républïcqjLit
loyal. en butte aux représailles des;,
royalistes. ,
- M. Desgrées du Lou que nous avons
(.onnu, en 189R, directeur du Montfor-
tais, où il soutenait contre tous les ré-
publicains. notamment la candidature
de M. Porleu, ancien préfet, royaliste,
(eprésentant. du comte de Paris, n'esti.
f.i républicain ni loyal.
Il est en marge de tous les partis,.
'omme il est au ban de toute la presse
française.
»
Lettre de Pologne
Âpres Sofia et Cracovie
■ l'
Nous recevons de notre éminent collabo-
iatenr, M. S. Skarzynski, les lianes sui- ,
vantes que l'on lira avec le plus sympatlii-
aue intérêt :
Le Congrès, -soi-disant slave, de Sofiav
préparé de longue main, aboutissant à une,
déconvenue politique, et les Fêtes de Cra-,
oovie, spontanées, entravées jusqu'à um:
tertain point et malgré"cela splendidement'
K-ussies, viennent de prouver une fois dt*
j lus la grande vitalité de la Pologne. Les;
représentants de la presse, française, aux
premiers rangs des invités étrangers, ont
pu se convaincre de la situation dans la-
quelle se présente actuellement la question'
polonaise.
Elle a entièrement perdu son ancien ca..
ractère militant ; elle en a gagné un au-
tre qui la met en dehors de la violence, deai
coups de main et du sort des armes.
La question polonaise apparaît, en cet
moment, sous une face absolument _DouveL-.;
le, qui est celle d'une suprématie de cul-
ture attractive n'ayant rien d'agressif ni de;,
belliqueux.
Depuis les mémorabes journées du Con..,
grès slave de Prague, en 1908, et depuis
celles de Cracovie, à l'occasion des FNc!t
commémoratives de Grünwald et de l'U-
nion avec la Lithuanie, le monde politique:
s'est rendu compte qu'un agent nouveiw,,
construit de forces morales, appuyé sur,
des sentiments de justice et de paix, en-
trait en jeu dans l'équilibre qui règle les
relations entre l'Autriche, l'Allemagne ef
1a. Russie.
Les nationalistes russes qui comptent sur
les sympathies bien problématiques de
soixante-cinq millions de Vieux-Russes dis-
séminés sur les immenses étendues située»
entre le Dniëper, la Dvina et la mer du Ja-
pon, auront ignoré les droits des Polonais
sujets Russes ; — ils ne réussiront qu'<ï:; •
attirer vers eux les sympathies de tous les'
slaves latins habitant le .Centre-Est de,
l'Europe.
L'esprit polonais règne déjà sur 40 ou 4S
millions de ces slaves, et les mesures pro-
posées par le nationalisme russe contrat
tous les slaves non orthodozes et non Vieux-
Russes, ne feront qu'accroître l'jnfluence
polonaise bien au-delà des régions qui lut
sont déjà soumises. -
Les sympathies françaises, éveillées de-:
puis quelques années pour la Pologne et
l'amitié séculaire qui réunit la Pologne a
la Hongrie, jointes à la situation que nous
signalons, font de la Pologne uns puissan-
ce qui, quoique privée de canons à tir
quelconque, décidera un jour dans la lutte)
qui menace la paix du monde et qui .se dé-
roulera entre le Germanisme avançant
vers les terres riches des plaines russes et
la Russie, dont les aspirations tendent de.
plus en plu/s à récupérer l'ancien domaine:
slave jusqu'à la Oder. -
Sofia et Cracovie nous fournissent le bi,
lan des forces dont disposent les parties
engagées dans cet avenir.
Sofia a prouvé le néant d'une union
slave san4s les Polonais.
Cracovic, malgré un caractère symbole
que anti-germain, fit preuve d'une modéra-
tion significative oui dénote un esprit dei:
conduite dont l'AuTriche-Allemagne sauront"
certes, profiter.
La France, spectatrice intéressée, assisté
à ce tournant de l'histoire.
Ses sympathie et sa mission de progrès-
peuvent facilement entrer en conflit avec!
ses engagements extérieurs. - Il n'est que
temps de les mettre d'accord, et ce n'est
certes pas à nous de donner de3 conseil
à la puissance qui. par le noids de son
épée et de sin richesses, • est tonîo"rs ta!
premier agent de l'équilibre mnndûd.
Stanislas SKARZYXSKi*
Varsovie, le 2 août 1910.
<56»
CINQ" CENTIMES LE NUMERO
JEUDI 1t AOUT 1910.
!~, q~
Fondateur :
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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AUGUSTE VACQUERIE
1
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MM. LAGRANGE, CERF & C'*
6, Place de la Boursé
el aux BUREAUX DU JOURNALt
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ADMINISTRATION & RÉDACTION : 53, rue du Château-d'Eau: Téléphone 438-14. - De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre:. Téléphone 143-93,
TRIBUNE LIBRE :'
—-
Les Congrès Scolaires
0
■ ->«>♦<»( »
La période des vacances
est fertile en Congrès de tou-
tes sortes. Tandis que les uns
vont se reposer de leurs tra-
vaux au bord de la mer ou
dans les montagnes, sitôt
le Grand Prix couru, d'autres, sou-
cieux d'un mieux être social, se réu-
nissent en Congrès. Ils ne craignent pas
de parcourir de longues distances, de
s'enfermer dans des salles surchauffées,
pour discuter avec des collègues venus
des quatre coins du monde sur de gra-
ves questions. C'est ainsi que nous ve-
nons d'avoir à Toulouse le Congrès pour
l'avancement des Sciences, à Stock-
holm le Congrès des Pacifistes. Paris a
eu pour sa part : le Congrès interna-
tionnal de l'Hygiène scolaire et le Con-
grès international de la Fédération des
Instituteurs de l'Enseignement primai-
re. Demain, à Rouen et à Bruxelles, se
tiendront des Congrès dèr - la Libre-
- Pensée.
C'est une noble émulatibn pour le
'bien qui anime les congressistes. Nous
ne saurions trop leur témoigner notre
sympathie et leur dire notre vive re-
connaissance. -
Paris a été particulièrement flatté de
l'honneur qui lui est échu cette année.
Il a été choisi comme siège des deux
Congrès internationaux les plus impor-
tants.
Ces deux Congrès ont tenu leurs as-
sises dans la vieille Sorbonne, asile de
la Science. Le gouvernement français a
témoigné à ces Congrès (où des gou-
vernements, des provinces et des villes
de l'étranger étaient officiellement re-
présentés) tout son bienveillant inté-
rêt.
Il a délégué à la présidence de cer-
taines séances M. Chéron, sous-secré-
taire d'Etat à la marine, et M. Gazes,
inspecteur général de l'Enseignement,
représentant le ministre de l'Instruction
publique.
La Ville de Paris s'est associée à ces
manifestations de sympathie en re-
cevant officiellement les délégués étran-
gers et tous les congressistes à l'Hôtel
de Ville. M. Bellan, président du Con-
seil municipal, a su dire très heureu-
sement, en cette circonstance, les pa-
roles qui devaient être dites.
Il nous a été particulièrement agréa-
ble de constater — et nous tenons à le
signaler — que ces deux Congrès, sco-
laires de Paris se complétaient mutuel-
lement dans leur but et dans leur ac-
tion.
L'un, présidé par le très distingué
docteur Mathieu, de Paris, recherchait
le meilleur moyen de créer des indivi-
dus sains, vigoureux, énergiquement
constitués, capables de régénérer la
vieille race gauloise.
L'autre, présidé par un Maître émi-
nent, M. Rossignol, de Bruxelles, pré-
sident du Bureau international des Ins-
tituteurs, se préoccupait plus particu-
lièrement de l'âme et du cerveau de
l'enfant. Il se donnait pour mission de
tirer le meilleur parti de l'enfant pour
en faire un citoyen digne de son pays,
'un homme utile à la Société.
Ces deux Congrès, sans distinction
9e nationalité, ont travaillé pour l'amé-
lioration de l'individu au double point
de vue moral et physique. Ils ont tra-
vaillé à préparer un avenir meilleur à
la Société de demain, où tous les hom-
mes devront tendre à leur perfection-
nement intellectuel et corporel.
L'Ecole est le creuset où se prépare
l'homme de demain. C'est une grande
façonneuse de muscles, de cerveaux et
de consciences. Il lui' appartient de
faire une beso'gne digne de la haute
mission qui lui est confiée, en suivant
les lois directrices votées par les con-
gressistes. Nous lui devrons l'Humanité
nouvelle, semblable aux vieilles races
pleines d'énergie physique à défaut de
qualités morales, mais avec la connais-
sance scientifique et la conscience mo-
rale en plus. Dans cette Humanité, l'i-
dée de Justice sera la souveraine maî-
tresse de l'Individu, le sentiment de la
Solidarité sera la base essentielle des
rapports entre les Peuples.
L'Homme devenu meilleur morale-
ment et physiquement sera socialement
1
f supérieur à ce qu'il était. La conscience
, de ses devoirs envers le milieu dans le-
quel il évolue créera une mentalité su-
périeure. La Société qui vaut par les
unités qui la composent aura fait un
progrès considérable. La conscience
: universelle sera une réalité.
Chaque congressiste emporte dans
son pays, aux quatre coins du monde,
le souvenir de Paris, ville hospitalière
et agréable sans doute, mais aussi Ville-
Lumière comme on s'est plu à l'appeler
bien des fois déjà. Il emportera des
discussions du Congrès, où il aura d'ail-
leurs imprimé sa personnalité aussi,
un bagage de connaissances utiles, pré-
cieuses, qu'il aura recueillies dans les
débats nombreux qui ont eu lieu.
Les problèmes intéressant l'éducation
intellectuelle, morale et physique ont
reçu des solutions théoriques. Il les ju-
gera à la pratique.
Mais ce qu'il gardera surtout de ces
Congrès, nous voulons l'espérer, c'est
le sentiment de Fraternité et de Soli-
-darité qui doivent nous unir ; et tous
ces maîtres de l'enfance seront demain
les agents conscients du rapproche-
ment des peuples.
Edmond DAUBE.
r- » J
LA POLITIQUE !
QUEL EST CE MYSTÈRE ?
"Qui. jamais nous fournira, la
clé de la troublante énigme ?
Que croire, à qui se lier, jus-
tes dieux ?- Et comme il de-
vient malaisé d'écrire l'His-
toire ?
La semaine dernière, le « Comité
d'action syndicale dit prolétariat admi-
nistratif » nous annonçait que, sur sa
demande, MM. Berteaux, F. Buisson et
Painlevé, avaient fait une démarche au-
près du Gouvernement pour demander
la réintégration de MM. Nègre et Si-
monnet. Ces deux fonctionnaires, on se
le rappelle. lurent, il y a trois ans, ré-
voqués pour avoir signé la fameuse
lettre ouverte à M. Clemenceau.
M. Briand aurait répondu à ses trois
collègues que la réintégration était dé-
cidée.
Là-dessus,. les journaux modérés de
morigéner le Gouvernement et de faire
comprendre avec netteté au Président
du Conseil que s'il tenait à leur amitié
il ne devait témoigner d'aucune fai-
blesse vis-à-vis des groupements de
fonctionnaires, en révolte contre la loi.
La clémence ! pouvait-on l'accorder à
d'irréductibles insubordonnés, à de
permanents agitateurs ? Une réinté-
gration de Nègre et de SimÓnnet ! mais
ne représentait-elle pas la revanche du
hideux syndicalisme, comme leur révo-
cation en avait marqué l'éclxec ? M.
Bi iand était bien placé pour juger cette
allaire avec sang-froid, sérénité et sa-
gesse, — et, dans ces conditions, re-
fuser 'd'octroyer aux révoltés la faveur
sollicitée pour eux.
Doit-on voir une corrélation entre
cette invite formulée sur un mode assez
impérieux et la réponse que fit le Gou-
vernement, au communiqué du Comité
d'action syndicale ?
Ce qu'il y a de certain, c'est que le
soir même du jour oit les « avertisse-
ments » s'exprimaient ainsi, une note
du ministère de l'Intérieur 'démentait
formellement l'information donnée par
les amis de Nègre et de Simonnet.
Or, la note ministérielle est, paraît-il,
en opposition avec la vérité. C'est, du
moins, ce qu'affirment les deux révo-
qués, dans une lettre qu'ils adressent
aux journaux, et ce que reconnaît, dans
une interview prise par le Matin, un
des honorables parlementaires mis en
cause, M. Painlevé. Le député du Ve
ajoute que ses collègues et lui tiennent
de M. Briand que le Conseil des minis-
tres avait, avant leur démarche, déli-
béré sur cette question dans le*sens le
plus favorable.
Alors, à quoi rimait donc le démenti
ministériel ?.
Malgré les objurgations certaines'des
milieux conservateurs, la décision sera
bien vue qui réintégrera deux modestes
serviteurs de l'Etat, coupables d'avoir
dépassé peut-être la mesure dans l'af
firmation 'de ce qu'ils considéraient
comme un 'droit, mais qui sont déjà
sultisamment punis, ce nous semble !
La clémence est une bonne conseil-
lère pour tous les gouvernements, a dit
à Charles-Quint l'âme de Charlemagne:
il ne faudrait pas que M. Briand eût
l'air d'attendre, pour la pratiquer, d'a-
voir subi la généreuse pression répu-
blicaine.
■O
LES ON-DIT
Aujourd'hui mercredi :
Lever du soleil : 4 h. 46 du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 24 du soir.
Lever de la lune : 10 h. 20 du matin.1
Coucher de la lune : 9 h. 44 du soir.:
Courses à Deauville et à Caen..
AUTREFOIS
Le Rappel du 11 août 1874 1
« On relègue la statue de Voltaire loin
du centre de Paris, dans un quartier perdu,
au square Monge, et l'on joue Za-ire. On
cache le grand Voltaire, 'et l'on étale le pe-
tit. Il y avait deux manières de diminuer
Voltaire : le Conseil municipal, présidé par
M. Vautrain, s'est chargé de l'une ; le Théâ-
tre-Français, dirigé par M. Perrin, s'est
chargé de l'autre. » (Article de Vacquerie).
— Le Constitutionnel lui-même s'étonne
que dans son rapide éloge des gloires franc-
comtoises, M. le duc d'Aumale ait reculé de-
vant le nom de Victor-Hugo. Pendant qu'un
prince français, qui est en même temps un
académicien, ignore Victor-Hugo, les étran-
gers - le connaissent.
—- Programme des théâtres : A l'Opéra,
l'Esclave, de Membrée ; au Théâtre-Fran-
çais, l'Ecole des Femmes, de Molière, etTa-
barin, de Ferrier ; à l'Opéra-Comique, Jli-
gnon ; à la Porte-Saint-Martin, le Pied de
! Mouton, féerie; au Gymnase, les Grandes
Demo-iselles, de Gondinet ; à la Gaîté, Or
pilée aux Enfers ; aux Variétés, la Vie Pa-
risienne - au Châtelet, les Deux Orpheline s,
de d'Ennery.
Les deux géographes
m
Elle est toujours amusante cette épigram-
me, vieille bientôt de deux cents ans :
Un gros magister du Vexin,
Qui ne sut onc prose ni mètres,
Vit sur la carte, en grandes lettres,
Bien imprimé : le Pont Euxin.
Un pont £ ur mer ! C'est du mécompte,
On n'y doit pas monter souvent.
Peul-011 nous bercer d'un tel conte ?
— Quoi, dit Biaise, d'un ton savant.
Ne sais-tu pas que l'on y monte
Par les Echelles du Levant ?
AUJOURD'HUI
La neige au mois d'août !
Elle a fait, samedi dernier, une appari-
tion imprévue dans les montagnes d'Au-
vergne. Elle est tombée à plusieurs repri-
ses sur les sommets du Plomb du Cantal
et sur les monts des cantons d'Allanche et
de Condat.
Du reste, sur un certain nombre de
points, la neige de l'hiver dernier n'a pas
encore complètement disparu.
Dans les régions montagneuses du Puy-
de-Dôme, il n'y a pas eu de neige, mais le
froid est vif.
Drôle d'été 1
Toujours les mêmes
L'incident est clos. L'archevêque de
Rennes désavoue nettement l'abbé Trochu
et lui demande de se désister de sa re-
quête de contrainte par corps contre Al-
bert Monniot.
Parbleu ! Maintenant que tout le monde
a annoncé que les douze mille francs al-
laient être versés I
Stations balnéaires
Un de nos confrères s'est amusé à re-
chercher les noms des fondateurs de. sta-
tions balnéaires. C'est ainsi qu'il a appris
que le duc de Morny fonda. Deauville, Mme
de Sévigné, Vichy ; la reine Amélie, Amé-
lie-les-Bains, et la reine Christine. Sain-
te-Adresse.
Mais alors. et Dutayel ?
Les toutous de Constantinople
L'Assistance française aux Animaux est
intervenue en faveur des chiens de Cons-
tantinople. Elle vient de recevoir de l'am-
bassade ottorne l'assurance que toutes
dispositions sont prises pour nourrir con-
venablement ces bons toutous, qui, par me-
sure d'hygiène, ont été transportés à l'île
d'Oxia.
« Le Combat Sacré »
Le député-commandant Driant a trouvé
spirituel ou adroit de publier les noms des
officiers qu'il suppose appartenir à la franc-
maçonnerie.
On sait, pour l'avoir depuis longtemps
éprouvé, de combien d'erreurs fourmillent
généralement lés recensements dé cetfe na-
ture. Les procédés à la portée de tous aux-
quels recourent les opérateurs sont tout
justement une garantie d'inexactitude.
C'est ainsi que figurent sur la liste de M.
Driant beaucoup d'officiers qui ne furent
jamais francs-maçons et que beaucoup
s'honorent de l'être qui échappèrent à la
sagacité de ce brillant littérateur.
Le gendre du général Boulanger appelle;
cela Je 4( Combat sacré H. C'est donner un
bien joli nom à un moins joli geste.
Le côté amusant de l'histoire est que le
preux chevalier à tout l'air de se livrer à
un combat « Donquichottesque M. ,
Voilà, en effet, que les officiers francs-
maçons oubliés sur la liste vont se mettre
à réclamer !
Le lieutenant Langlois-Longueville ouvre
le feu. La fin de sa lettre au député de
Nancy, vaut d'être citée. -
« Votre expérience de la vie aurait Bien
dû vous faire comprendre qu'au progrès
indéfini il n'est pas d'obstacle qui puisse
résister et que l'Armée, cette grande collec-
tivité nationale, doit subir inéluctablement
-les lois de l'évolution, sous peine de disso-
ciation rapide. L'armée de 1910 n'est plus,
Dieu merci ! l'Armée du « Gesu » : elle est
bien celle de la République une et indivi-
sible !
(1 Et si vous et vos partisans s'avisaient
de tenter contre elle un de ces coups d'Etat
dont vous êtes si friands, nous les jeunes,
nous nous lèverions comme un seul hom-
me pour la défendre au prix de notre vie.
comme -les francs-maçons de la première
République.
u Fidèles à nos principes philosophiques,
nous resterons toujours les soutiens d'un
régime de progrès, "de pensée libre et de
tolérance. » - -
C'est très bien, c'est si bien que l'auteur
.tMa manœuvre cléricale n'en retire plus
que le léger ridicule inévitablement attaché
aux gens qui font beaucoup de bruit pour
rien.
* ■' ■
ha Guerre de 1870
Nous avons marqué notre surprise de
voir confier à un libraire allemand, nommé
Ficker, l'ouvrage publié, par le quai d'Or-
say, sur les origines de la guerre de 1870.
l'Action Française commente notre in-
formation dans les termes suivants :
Notre confrère le Rappel apprend que « le
libraire choisi par le quai d'Orsay pour lan-
cer l'ouvrage annoncé contenant des docu-
ments nouveaux sur les origines de la guerre
de 1870 est un Allemand, nommé Ficker, qui
n'est d'ailleurs établi à Paris que depuis peu
de temps JI.
Le Rappel s'étonne qu'on n'ait pas choisi un
libraire français. Etant donné le rôle joué par
Reinach dans cette publication, c'est ie choix
d'un hbraire non-allemand qui eût été extra-
ordinaire.
Nous ne disconvenons pas que le choix
du hideux Joseph Reinach ait été une in-
congruité.
Complété par la désignation de M. Fic-
ker, c'est un scandale.
NE NOUS FRAPPONS PAS !
* S-^.1 "■*
Junius, de l'Echo de Paris, raconte, dans
un de ses derniers « billets », l'histoire
d'une bonne dame et de sept méchants
garçons. Les sept. méchants garçons pé-
chaient dans la rivière de la bonne dame
et eurent l'inconvenance de rire au nez
d'icelle quand elle les menaça du garde
champêtre.
Cela peut vous paraître très ordinaire,
mais Junius n'est pas de cet avis. Il voit,
dans un tel incident, le prodrome certain
d'une proche révolution ! Tout simple-
ment !
Ah ! le bon billet, Junius ! Et comme
vous pouvez dormir tranquille, si vous n'a-
vez découvert, comme symptôme de cham-
bardement, qu'une gaminerie qui est de
tous les temps, même du temps où il n'y
avait pas encore « la laïque » que vous
en voulez rendre responsable !
»
Mesure incomplète
Le ministre de la marine a sagement dé-
cidé que les matelots ayant fait l'objet de
condamnations et de punitions graves
« cesseront de pouvoir être destinés aux
bâtiments- en campagne ».
L'amiral de Lapeyrère a raison de con-
sidérer comme un honneur les expéditions
lontaines, de même qu'on a bien fait d'a-
bandonner, pour l'armée de terre, la mau-
vaise habitude qu'on avait de choisir les
garnisons de l'Est comme postes de dis-
grâces, alors qu'elles sont des postes de
confiance.
Mais il ne faut pas oublier que, parmi
les mauvais matelots, il y a, comme parmi
les. mauvais soldats, une forte majorité de
« tireurs au flanc ».
Ceux-là, loin de tenir une telle mesure
pour vexatoire, vont être enchantés. de se
voir débarrassés de ce qu'ils ont toujours
jugé être une très désagréable corvée. Si
bien que, dans le clan des fortes têtes, on
viendra aisément à rechercher cette sorte
de prime à l'indiscipline et à l'immoralité.
Qu'on n'oblige pas nos officiers à emme-
ner avec eux, loin de la France, des indi-
vidus dont la présence compromettrait
leur sécurité et celTe du bâtiment qui leur
est confié, mais qu'on impose du moins à
ces mêmes individus un service tel qu'ils
ne puissent apprécier comme une faveur
enviable le fait d'être classés dans les re-
buts de la flotte.
.——————————— ————————————.
Voir en 2e page :
LE CIRCUIT DE L'EST
DE TROYES A NANCV
TRIBUNE CORPORATIVE
La Contrainte o.0. par corps
-
Nous avons commenté récemment
les diverses phases de l'incident qui
s'est produit entre notre confrère, M.
Albert Monniot, de la Libre Parole, et
MM. Desgrées du Lou et Trochu, de
l'Ouest-Eclair.
Nous avons protesté avec toute la
Presse française — sans distinction de
partis — contre l'attitude -inusitée et
parfaitement -odieuse des pseudo-jour-
nalistes de l'Ouest-Eclair.
A ce sujet, nous avons reçu de M. E.
Desgrées du Lou, directeur de rOuest-
Eclair, la tet-tre suivante :
Monsieur le Directeur,
Qui- n'entend qu'une cloche n'entend
qu'un son, et puisqu'il vous convenait
d'entretenir vo.s lecteurs du conflit de per-
sonnes qui s'est élevé entre M. Albert
Monniot et l'Ouest-Eclair, vous auriez bien
dû vous informer plus exactement des
circonstances qui ont précédé, accompa-
gné et suivi la décision de justice dont nous
exigeons aujourd'hui l'exécution.
Nous aurions pu, mon ami M. l'abbé
Trochu et moi, ne point contraindre par
COJl'.s M. Albert Monniot. Mais, alors, voi-
ci qu'elle eût été la morale de cette aven-
ture :
Pour. avoir été diffamés de la plus odieu-
se façon par M. Albert Monniot, et pour
avoir obtenu du tribunal correctionnel de
Rennes, puis de la cour d'appel, la con-
damnation du diffamateur, nous nous se-
rions trouvés dans l'obligation assez inat-
tendue d'alléger de quelques billets de
mille francs- notre portefeuille. Qui est-ce
qui se serait bien amusé de cette plaisante
histoire ? qui s'en serait joyeusement frot-
té les mains 1.. Et puisque de diffamer
les gens fût devenu, dans ces conditions,
un excellent moyen de les induire en
frais de justice et de leur faire vider leur;
bourse, après avoir essayé de les désho-
norer, qui donc, s'il vous plaît, contre
nous ou contre d'autres, aurait été tenté
de recommencer à écrire de nouvelles bro-
chures également diffamatoires et non
moins avantageuses ?. Demandez-le plu-
tôt à notre adversaire : son sourire vous
répondra.
Eh bien, nous n'avons pas voulu: nous
prêter à cette comédie. Nous n'avon,s pas
voulu qu'il fût dit qu'il n'y avait en Fran-
ce qu'une seule catégorie de citoyens dont
on pouvait impunément attaquer la répu-
tation et l'honneur, et que ceux-là qui,
comme nous, se permettent d'être tout en-
semble des .républicains loyaux et d'indé-
fectibles catholiques, devaient se résigner
d'avance, et pour cette unique raison, à
passer pour des gen,s malhonnêtes, capa-
bles de toutes les vilenies, y compris la
trahison.
Nous sommes, mes amis et moi, j'ose le
dire, les plu,3 libéraux, les plus tolérants
des hommes. Nous acceptons que l'on cri-
tique, que l'on discute, que l'on combatte
nos idées, non pas seulement avec énergie,
mais avec véhémence et, si l'on peut dire,
avec colère. Cela, c'est de la polémique
courante et, encore qu'il ne soit pas dans
nos habitudes d'en user de la sorte à l'é-
gard d'autrui, nous n'en voulons point à
autrui de s'échauffer ainsi contre un pro-
gramme politique et social qu'il a le droit
de juger exécrable. Par contre, ce que nous
n'acceptons pas et ce que jamais nous n'ac-
cepterons, c'est que l'on sorte de ce ter-
rain, et qu'après avoir vainement tenté
de ruiner nos idées, l'on entreprenne de
déconsidérer nos personnes,
M. Albert Monniot, ainsi qu'en font foi
le jugement et l'arrêt qui l'ont condamné',
a dépassé toute mesure, donnant à en-
tendre que la politique défendue par
VOuesl-Eclair avait pour mobiles des sen-
timents inavouables et n'hésitant pas
pour accréditer cette opinion, à diriger
contre la vie privée de chacun de nous les
insinuations les plus outrageantes. Ce fai-
sant, il était sans excuse, et, pour le dire
en passant, je le défie bien de produire
une seule ligne de VOuest-Eclair, lui sur-
tout, dont jamais l'Ouest-Eclair ne s'oc-
cupa, qui puisse expliquer le,s propos inju-
rieux et diffamatoires dont sa brochure
est remplie.
La vérité, c'est qu'agissant pour le'
compte d'un groupe de royalistes dont
l'Ouest-Eclair contrarie, en Bretagne, la
propagande, et s'imaginant sans doute
qu'en cas de besoin ce groupe viendrait à
non aide, M. Albert Monniot a cru qu'il
pouvait tout se permettre contre les" di-
rigeants » du journal. Nous n'avons pas,
quant à. nous, à entrer dans de telles con-
sidérations.
Il se peut que quelques bonnes âmes,
après avoir admis que M. Albert Monniot
s'applique à nous deshonorer, n'admettent
pas que nous exigions de lui le paiement
de sa dette. Mais s'il est vrai que, con-
traint par corps, M. Albert Monniot doit
inspirer de la pitié, il ne faut pas que cette
pitié se tourne en indignation contre
l'Ouest-Eclair, car, en vérité, s'il va en
prison, c'est à d'autres qu'à nous qu'en
incombera, en bonne justice, la responsa-
bilité. Eh quoi 1 voici des militants roya--
liste, des hommes de vaillance et de gé-
nérosité, si j'en crois leurs journaux et*
leurs partisans, et dont plusieurs sont fort
riches : ces messieurs font appel à M.
Monniot, ils lé supplient de les débarrasser
d'un adversaire gênant, ils lui tracent Son
plan de campagne, ils l'excitent, ils l'crt*
tlamment, et ils le lancent, nouveau croi.
sé, contre les hérétiques de l'Ouesl-Eclair.
Et puis, la besogne étant faite, ils l'aban-
donnent quand il faut payer les frais de lal
casse !. Ah ! comme disait l'autre, (c la
peste soit de l'avarice et des avaricieux ! ;
et ne trouvez-vous pas, Monsieurs le direct
teur, que c'est une chose infiniment triste-
que cette croisade qui prend fin auprès du
coffre-fort d'Harpagon ?.
Vous voudrez bien, etc..,
E. DESGRÉES DU Lou,. f
Directeur de YOuest-Eclair.
Le « son de la cloche » de M. Des-
grées du Lou est faux, et nè modifia
en rien notre opinion.
M. Desgrées du Lou et son vicaire'
Trochu, se sont disqualifiés commet
journalistes.
M. Desgrées du Lou, accablé sous les
reproches véhéments de M. Paul des
Cassagnac et de. nos confrères, de JaJ"
Presse conservafTiee, essaie \'ain'cmcnt:
de se faire passer pour un républïcqjLit
loyal. en butte aux représailles des;,
royalistes. ,
- M. Desgrées du Lou que nous avons
(.onnu, en 189R, directeur du Montfor-
tais, où il soutenait contre tous les ré-
publicains. notamment la candidature
de M. Porleu, ancien préfet, royaliste,
(eprésentant. du comte de Paris, n'esti.
f.i républicain ni loyal.
Il est en marge de tous les partis,.
'omme il est au ban de toute la presse
française.
»
Lettre de Pologne
Âpres Sofia et Cracovie
■ l'
Nous recevons de notre éminent collabo-
iatenr, M. S. Skarzynski, les lianes sui- ,
vantes que l'on lira avec le plus sympatlii-
aue intérêt :
Le Congrès, -soi-disant slave, de Sofiav
préparé de longue main, aboutissant à une,
déconvenue politique, et les Fêtes de Cra-,
oovie, spontanées, entravées jusqu'à um:
tertain point et malgré"cela splendidement'
K-ussies, viennent de prouver une fois dt*
j lus la grande vitalité de la Pologne. Les;
représentants de la presse, française, aux
premiers rangs des invités étrangers, ont
pu se convaincre de la situation dans la-
quelle se présente actuellement la question'
polonaise.
Elle a entièrement perdu son ancien ca..
ractère militant ; elle en a gagné un au-
tre qui la met en dehors de la violence, deai
coups de main et du sort des armes.
La question polonaise apparaît, en cet
moment, sous une face absolument _DouveL-.;
le, qui est celle d'une suprématie de cul-
ture attractive n'ayant rien d'agressif ni de;,
belliqueux.
Depuis les mémorabes journées du Con..,
grès slave de Prague, en 1908, et depuis
celles de Cracovie, à l'occasion des FNc!t
commémoratives de Grünwald et de l'U-
nion avec la Lithuanie, le monde politique:
s'est rendu compte qu'un agent nouveiw,,
construit de forces morales, appuyé sur,
des sentiments de justice et de paix, en-
trait en jeu dans l'équilibre qui règle les
relations entre l'Autriche, l'Allemagne ef
1a. Russie.
Les nationalistes russes qui comptent sur
les sympathies bien problématiques de
soixante-cinq millions de Vieux-Russes dis-
séminés sur les immenses étendues située»
entre le Dniëper, la Dvina et la mer du Ja-
pon, auront ignoré les droits des Polonais
sujets Russes ; — ils ne réussiront qu'<ï:; •
attirer vers eux les sympathies de tous les'
slaves latins habitant le .Centre-Est de,
l'Europe.
L'esprit polonais règne déjà sur 40 ou 4S
millions de ces slaves, et les mesures pro-
posées par le nationalisme russe contrat
tous les slaves non orthodozes et non Vieux-
Russes, ne feront qu'accroître l'jnfluence
polonaise bien au-delà des régions qui lut
sont déjà soumises. -
Les sympathies françaises, éveillées de-:
puis quelques années pour la Pologne et
l'amitié séculaire qui réunit la Pologne a
la Hongrie, jointes à la situation que nous
signalons, font de la Pologne uns puissan-
ce qui, quoique privée de canons à tir
quelconque, décidera un jour dans la lutte)
qui menace la paix du monde et qui .se dé-
roulera entre le Germanisme avançant
vers les terres riches des plaines russes et
la Russie, dont les aspirations tendent de.
plus en plu/s à récupérer l'ancien domaine:
slave jusqu'à la Oder. -
Sofia et Cracovie nous fournissent le bi,
lan des forces dont disposent les parties
engagées dans cet avenir.
Sofia a prouvé le néant d'une union
slave san4s les Polonais.
Cracovic, malgré un caractère symbole
que anti-germain, fit preuve d'une modéra-
tion significative oui dénote un esprit dei:
conduite dont l'AuTriche-Allemagne sauront"
certes, profiter.
La France, spectatrice intéressée, assisté
à ce tournant de l'histoire.
Ses sympathie et sa mission de progrès-
peuvent facilement entrer en conflit avec!
ses engagements extérieurs. - Il n'est que
temps de les mettre d'accord, et ce n'est
certes pas à nous de donner de3 conseil
à la puissance qui. par le noids de son
épée et de sin richesses, • est tonîo"rs ta!
premier agent de l'équilibre mnndûd.
Stanislas SKARZYXSKi*
Varsovie, le 2 août 1910.
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