Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-08-10
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 août 1910 10 août 1910
Description : 1910/08/10 (N14761). 1910/08/10 (N14761).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
H" 14781. — 25 THERMIDOR, AN 118. CINQ CENTIMES LE N.--ERO -- MERCREDI 10 AOUT 1910. — N* 14761. -
Fondateur : - .-
UGUSTE VACQUERIE
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titstii Trtif mû Sil mfc Imm <,
Paris. 2fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
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"-:
- ** Fondatefir ÏDÉPOT LÉGAL
AUGUSTE VA
.t J A. - 1
1010
ANNON I
MM. LAGRANGE, CERF & Cie
6, Place de la Bourse
et aux BUREAUX DU JOURNAL*
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TRIBUNE LIBRE '- -
: INTERVENTIONNISME
t Je persiste à croire que la
grève des chemins de fer
n'aura pas lieu. Ni la véhé-
mence des discours, ni la
truculence des affiches ne
nous apportent, à cet égard,
un indice décfiif sur l'état d'esprit des
cheminots. DusSé-jeêire taxé d'opti-
misme invétéré, je sens en eux un sen-
timent trop net de leur responsabilité,
et un attachement au devoir trop sou-
vent attesté pour me figurer qu'ils ne
reculent pas, je ne dis point devant un
échec, mais devant les conséquences
désastreuses d'une résolution extrême.
Aussi bien, les Compagnies ont-elles
assez beau jeu : cetw grève que tous
redoutent, elles seules sont fondées à
l'envisager avec sérénité. Elles seules
pourront faire en sorte de n'en pas
souffrir. Car si, la main forcée, elles
acquiescent aux demandes qui leur sont
faites, elles savent que l'Etat est der-
rière elles pour panser leurs blessures,
et comme, en fin de compte, il est logi-
que que ce soient les voyageurs plutôt
que la collectivité qui assurent les frais
'd'exploitation des réseaux, les conces-
sions accordées pourraient bien se tra-
duire par de simples relèvements de ta-
rifs qu'il serait assez difficile de ne pas
autoriser.
C'est en somme le public qui paiera
la casse ; et la faculté de stigmatiser
à son choix ou la rapacité des Compa-
gnies, ou les appétits de leurs employés,
lie lui apportera qu'une mince consola-
nw
Souhaitons qu'une heureuse inspira-
tion anime les négociations qu'on nous
'dit être en cours, et qu'une solution
conciliatrice vienne rendre inutile l'a-
* venture funeste où l'on parle de nous
précipiter.
Cette inspiration il est temps qu'elle
Se fasse sentir, non seulement dans les
circonstances présentes, mais dans les
oonfiits, devenus presque permanents,
gui mettent aux prises le capital et le
travail. Plus on considère la situation
actuelle, plus on y prend la conviction
3e la nécessité d'une intervention éner-
gique et positive qui oppose à la marée
montante des irritations et des mésin-
telligences, son action modératrice et
pacificatrice
Depuis trop longtemps, le problème
social est envisagé un peu à contre-
sens. De très généreux esprits émus au
spectacle des misères que l'essor sou-
dain de l'industrialisme, sous la monar-
chie de Juillet, avait rendues évidentes,
ont apporté dans l'examen de ces ques-
tions une tendance, plus sentimentale
que pratique, dont les effets n'ont pas
toujours été très heureux. L'échec de
la Révolution de 1848 a été dû en gran-
de partie aux excès d'un idéalisme
dont il ne faut pas médire, car il fut, en
un temps de romantisme et d'exalta-
tion, un principe moteur efficace, —
mais qui trop éloigné des nécessités im-
médiates de la vie n'était pas préparé
à lutter contre les obstacles qu'elle fai-
sait surgir.
Cet esprit survit toujours en nous, et
iious ne songeons pas à le bannir. Mais
nous avons appris qu'il avait besoin du
contre-poids de l'expérience. Les con-
flits économiques sont des conflits d'in-
térêts. Ce n'est pas avec des sympa-
thies qu'on peut arriver à leur donner,
dans l'état présent des choses, une so-
lution utile et solide. Il est tout naturel
ijue le travail veuille améliorer sa ré-
munération, il est tout naturel que le
capital cherche à produire des fruits
plus abondants. Quelques critiques
d'ordre, doctrinal que puisse soulever
cette double tendance, on n'en sourait,
pour l'instant, contester la légitimité,
ou si l'on veut la légalité.
- - C'est, il est vrai, ce que fait la Con-
fédération du Travail, dont l'objet à
peu près officiel est d'éliminer par une
guerre continue et ruineuse, l'élé-
ment capitaliste de la production éco-
nomique. Rien ne permet cependant de
supposer ni que cet effort doive être
ipouronné d~ succès, ni même d'ailleurs
que la réussite présente les résultats
avantageux qu'on en espère.
Mais il est certain que cet esprit n'a-
nime pas encore la majorité des tra-
vailleurs, et notamment ceux dont l'a-
gitation nous suggère cet article. Seule-
ment, sans être délibérément révolution-
naires, les ouvriers subissent plus ou
moins l'ascendant des révolutionnaires.
Pourquoi ?
C'est qu'ils ne sentent pas autre part
de force tutélaire et provocante mise
au service de leurs griefs ou de leurs
aspirations. Foule anonyme, encore
inorganique, ils cherchent des chefs
Ils les prennent où ils les trouvent, où
ils les voient s'offrir à les mener vers
la victoire.
Sans doute il est tout à fait injuste
de dénoncer, comme le font les meneurs
avec âpreté, l'indifférence de la Répu-
blique vis-à-vis des souffrances ou des
injustices qui frappent les travailleurs.
Ces réquisitoires trouvent cependant
créance, parce qu'en dépit de « fa-
veurs » légales parfois malingres, par-
fois inopportunes peut-être, ils se sen-
tent en quelque sorte étrangers à l'am-
vre qui s'accomplit, même pour leur
compte. Une loi, si bonne qu'elle soit
a l'impersonnalité de la loi, c'est un
bienfait acquis si elle est bienfaisante ;
arrachée le plus souvent au prix d'une
insistance qui en diminue le prix aux
yeux des bénéficiaires, elle entre insen-
siblement dans la vie normale de la Na-
tion, sans laisser dans les esprits autre
chose que le souvenir des efforts qu'elle
a coûtés. ■ »
Cette activité intermittente ne suffit'
pas ; pour agir sur une masse d'hom-
mes, il faut la tenir en haleine, il faut
lui donner le sentiment qu'avec elle et
pour elle, dans la mesure du possible,
on fait ce que l'on croit réalisable. Si
nous voulons aujourd'hui paralyser la
propagande brouillonne qui s'étend de
jour en jour, il n'est pas deux attitudes
à tenir ; c'est au prolétariat encore rai-
sonnable qu'il faut aller, pour se mettre
hardiment à sa tête.
Mais non pour le conduire à quelque
désastreux assaut 1 Sorte d'arbitre na-
turel entre les travailleurs et le patro-
nat, l'Etat est bien placé pour donner
satisfaction aux impatiences des uns,
pour compenser, par une sollicitude uti-
le, les concessions qu'il obtiendra de
l'autre. Et ces concessions il est indis-
pensable qu'il les obtienne à l'heure
voulue, sans brusquerie, sans violence,
uniquement en montrant aux intéressés
la nécessité sociale, les exigences d'in-
térêt public qui les imposent.
Il n'est plus aujourd'hui dans le do-
maine économique et social d'œuvre
conservatrice en dehors d'une action ré-
solument réformatrice. La philanthro-
pie d'autrefois n'est plus de saison. Des
forces sont en présence, elles roulent
lentement les unes contre les autres,
elles s'apprêtent à s'entrechoquer dans
une effroyable collision, où tout risque
de périr.
Tâchons, si nous en avons encore l'é-
nergie, de les prendre en mains,non dans
le but de les asservir l'une à l'autre,
mais afin de les réassocier dans une so-
lidarité pacifique, en vue du labeur
commun.
T. STEEC,
Député de la Seine,
r 4
LA POLITIQUE
60 *
SOfcQEONS A NOUS !
-
L'impressionnante manifes-
tation de la nouvelle science,
qui a eu déjà ses martyrs et
'lui fait surgir des héros par
centaines, a débuté sur un
trtompTie. Ce triomphe va se continuer
les jours prochains. Notre confrère le
Matin, habiie et. heureux organisateur
de VhistoHque randonnée de l'Est, peut
s'en féliciter et doit s'en enorgueillir«
Elle affirme la conquête de l'air, l'as-
servissement à l'homme des puissances
alliées et hostiles de la nature. Les pi-
lotes téméraires ont abandonné les aé-
rodromes où ils se prodiguaient en
spectacle attrayant, y évoluant au gré
de leur caprice. On leur impose un dé-
part à heure fixe, - un itinéraire, - des
points d'atterrissage ; et ce programme
est scrupuleusement observé.. -
L'aviation apparatt aujourd'hui dans
son rôle d'avenir — peut-être encore
éloigné mais certain. Qui douterait
qu'elle soit appelée à nous rendre d'é-
minents services et qu'elle puisse sur-
tout brillamment coopérer à la défense
nationale ? Tous les rêves du survol
sont permis ; toutes les audaces seront
comprises désormais et s'expliqueront.
Quand on pense ! Quel chemin par-
couru depuis le jour — y a-t-il quatre
ans de cela ? — où Santos-Dumont par-
vint à soulever de terre l'un des pre-
miers et si rudimentaires oiseaux mé-
caniques ; quels progrès acquis depuis
le moment où Farman réussit à cou-
vrir un kilomètre 1
Donc, l'aviation entre, chez nous et
par nous, dans le domaine pratique
des réalisations. Cest à nous d'en tirer
parti et profit.
Trop souvent, nous nous en tenons
au geste large et gén-éreux que l'art de
Roty a fixé. Nous devançons les Na-
tions dans la voie la plus hardie. Nous
jetons au vent la semence, et d'autres
— à l'étranger — récoltent avec abon-
dance. Souhaitons que, dans les diver-
ses applications de la science qui naît,
la néfaste inertie administrative et le
légendaire esprit d'opposition des « bu-
reaux » ne viennent pas contrarier, pa-
ralyser même — comme on eut tant de
fois à le déplorer — le génie des in-
venteurs français„
■ ———————————
LES ON-DIT ;
-
Aujourd'hui mardi.,
Lever du soleil : 4 h. 44 du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 2 5 -du soir.
Lever de là lune : 9 h. 12 du matin.
Coucher de la lune : 9 h. 29 du soir
Courses à Caen et à Vichy..
AUTREFOIS
Le Rappel du 10 août 1874 1
Note en tête du journal : Le Rappel, pen-
dant les vacances parlementaires, va donner
à sa partie littéraire une grande extension.
Il publiera quotidiennement et en même
temps que ses romans les œuvres importantes
qui suivent : Mes fils, par Victor Hugo ;
Les Salons du 188 siècle, par Louis Blanc ;
Mes Souvenirs, par Frdérick-Lemaître ;
Une campagne avec Garibaldit par Loc-
kroy. »
— L'Union Républicaine, avant de se sé-
parer pour le temps des vacances, a consti-
tué une Commission de permanence qui se
'tiendra en communication constante avec les
commissions déjà nommées par les deux au-
tres groupes de la gauche.
- Uf conseil des ministres a été tenu
hier matin, à l'Elysée, sous la présidence
du maréchal de Mac-Mahon. La discussion
principale a eu pour objet la note adressée
aux représentants diplomatiques de l'Allema-
gne, note relative à l'urgence de reconnaître
le gouvernement de la République d'Espa-
gne.
— A l'imitation de la Confédération hel-
vétique, une grande école gouvernementale
d'horlogerie va être établie à Besançon..
Crandeur et chute
■ ■ rti
A l'une des dsrnières séances de la So-
ciété Jules Cousin,M.de Grouehy faisait pas-
ser sous les yeux des Amis de la Bibliothè-
que historique de Paris, une série de pho-
tographies de personnalités du monde des
lettres, des arts et des théâtres du second
Empire.
Il y avait là parmi ces images, vieilles
de plus de quarante ans, Thérésa et Cora
Pearl, et l'on ssurit ; mais il y avait aussi
là Lamartine, et l'on ressentait une émo-
tion qui atteignait l'angoisse.
Ce n'était plus l'admirable Lamartine de
1830, mince, élevant vers le ciel sa telle
tête de poète inspiré ; ce n'était pas non
plus le puissant Lamartine de lm, entraî-
neur de foules, adoré de tout un peuple ;
c'était le Lamartine de 1869, vieux, édenté,
chauve, amaigri, vêtu de vêtements trop
larges et bien pauvres ses jambes frileuses
enveloppées d'une couverture. Une ruine
d'homme, où seuls les yeux vivaient en-
core, restés beaux et vifs.
Quelques lamartiniens, qui étaient pré-
sents, eurent de la peine à retenir leurs
larmes devant tout ce que cette petite et
simple photographie évoquait de détresse
physique et moral et de misère matériel-
le..
l'Ud8URO'HUI
L'invalide
La loi du 9 juin 1853 sur les: retraites Ci-
viles dit, que pour avoir droit à la pension
pour infirmités contractées au service, il
faut 20 ans de services. Elle précise en -ou-
tre qu'aucune pension civile ne doit dé-
passer 6.000 francs.
Or, M. Augagneur, qui n'a que deux an-
nées de service touchera 8.000 francs de
pension.
Voyez-vousque le Conseil d'Etat s'avise
de retirer à M. Augagneur ce que le minis-
tère' des colonies vient de lui attribuer ?
Quel desastre, Victor lnipefator !
<——————————— ■
SIMPLE RAPPROCHEMENT
La presse monarchiste et pseudo-libérale
mène grand bruit autour docteur Monprofit comme député d'An-
gers.
Elle voudrait faire prendre son succès lo-
cal pour un échec terrible du parti radical
et radical-socialiste tout entier que le dia-
ble de docteur s'apprêterait à dissé-
quer comme un simple sujet d'amphithéâ-
tre..
C'est donner beaucoup d'importance à
l'invalidé d'hier !
Elle y verrait, en outre, le triomphe écla-
tant de la politique réactionnaire et cléri-
cale. et de celle du président du Conseil !.
Y a-t-il donc entre les deux quelque ana-
logie ? ? ?
LA RANÇON
Notre éminent confrère Henri Rochefort
annonce qu'il a reçu d'un « groupe d'amis
de la liberté d'écrire », une somme de
douze mille francs destinée ..à. empêcher. Tes
directeurs de l'Ouest-Eclair de faire em-
prisonner Albert Monniot.
Ces donateurs anonymes méritent les re-
merciements de toute la presse à qui il
sera, en outre, agréable de constater qu'on
a choisi comme intermédiaire le toujours
jeune doyen des polémistes français, celui
qui, peut-être, a. le plus lutté et le plus
souffert pour cette liberté d'écrire.
Quant à l'abbé Trochu et à M. du Lou,
souhaitons que ces douze mille francs ne
soient pas d'un plus grand poids à leur
conscience qu'à leur commune escarcelle.
Il y a heureusement bon nombre de
journalistes qui «sûssent préféré perdre le
triple de cette somme que de mériter d'afus-
si unanimes réprobations.
MM. du Lou et Trochu doivent, au fond,
regretter déjà d'avoir montré une menta-
lité différente. Car, s'ils n'avaient jpas
compris, à l'origine, la laideur de leurs
procédés, la presse de tous les partis ne
s'est pas gênée, semble-t-il, pour la leur
faire entrevoir.
Crosse e r) l'air !
e—~ W ~—e
M. Manier, évêque de Bellay, présidant
le banquet de clôture du Congrès diocé-
sain de l'Ain, a terminé son toast par ces
fortes paroles :
-.. ,..,. C'est ainsi que l'on conquiert une
liberté. Quand on vous la refuse, on la
prend 1
Nous souhaitons que le doux prélat n'ait
formulé cette excitation à la révolte qu'en-
traîné par. la chaleur commimicative des
banquets.
Pourtant, l'état d'esprit que manifeste
ce mot de la fin semble bien conforme à
celui qu'on retrouve de temps immémorial
chez les militants catholiques.
Conquérir les libertés de La manière que
préconise M. Manier, c'est, les trois quarts
du temps, restreindre la liberté du voisin.
Mais qu'importe à des gens qui, par prin-
cipe, s'arrogent tous les droits ?
Ne connaître d'autre règle, dans la con-
quête des libertés, que son bon plaisir,
c'est anarchie pure. Cela n'empêche pas
les candidats cléricaux de se donner tou-
jours comme les seuls défenseurs de l'or-
dre.
Un régime d'ordre et de liberté serait,
pour des Manier de toutes catégories, le
régime qui leur permettrait d'être les
maîtres absolus de la situation. Celui-là,
nous y avons trop goûté pour, être tentés
d'y revenir jamais.
— » ♦ «
Qui lache-t-on ?
, -:+.-+:-
Nous avons publié la réponse de M. Bar-
thou à M. Georges Berry au sujet de la
demande d'interpellation de celui-ci sur la
grâce de l'assassin Graby.
Notre confrère l'Autorité se demandait
hier si le garde des sceaux n'avait pas
malicieusement voulu dégager sa propre
responsabilité en découvrant le Président
de la République.
Que notre confrère abandonne cette opi-
nion. M. Barthou est trop avisé pour désa-
vouer M. Fallières qui choisit les Prési-
dents du Conseil sinon les ministres.
Tout au plus pourrait-on l'accuser d'a-
voir lâché M. Briand. Car il etft trop bien
placé pour ignorer que ie Président de la
République ne prend aucune décision sans
suivre l'avis du dit M. Briand ou sans lui
demander tout au moins conseil.
Et Alors ?
NOS CHRONIQUEURS
Autour d'un Séminaire
..tu.. -
- Pour servir à l'a Histoire de la Séparatioi) tt
En apprenant que les députés de l'oppo-
sition républicaine avaient prêté serment
à l'empire, Proudhon s'écria, avec sa rude
logique de montagnard : « Les malheu-
reux, les voilà qui légalisent le Deux-Dé-
cembre ! » -
Les vieux républicains, qui se souvien-
nent des leçons du passé, ont éprouvé une
impression analogue en apprenant que l'en-
treprise des miracles de Lourdes allait dé-
sormais fonctionner avec la garantie du
gouvernement. Les journaux ont donné la
nouvelle en cinq lignes, comme s'il se fut
agi d'un fait sans importance : « Par déci-
« sion de M. le président du conseil, la pro-
u priété de la Vierge de Lourdes et de ses
« annexes est remise au conseil municipal
« de cette ville, lequel s'est, empressé de la
« transmettre à M. l'évêque de Tarbes. »
Passez muscade ! Il était évident que les
marchands do temple qui composent la
majorité de cette honorable assemblée ne
pouvaient décider contre les intérêts de
clocher.
Ainsi s'est trouvée consacrée en droit la
plus grande escroquerie du siècle.
Le cas de la vierge pyrénéenne, vérita-
ble cocotte aux œufs d'or pour l'Eglise,
n'est pas isolé malheureusement. Partout
où le cléricalisme organisé a su se faire
craindre, il a obtenu gain de cause pour la
libre disposition des chapelles, des temples,
des immeubles désignés par la Séparation.
Et quand ces biens sacrés n'ont pas été
remis à Tartufe de la main à, la main, le
résultat a été le même, grâce à des ventes
évidemment dérisoires, ou, tout au moins.
entachées de nullité en raison des manœu-
vres et des menaces impunies des évêques
et de leurs acolytes.
C'est un escamotage indigne. Il faut
avoir le courage de le dire, entre les mains
de M. Briand, l'œuvre de la séparation est
devenue une tapisserie de Pénélope, qu'un
jour avance, qu'une nuit suffit à défaire.
Voyez, par exemple, ce qui s'est passé
pour le séminaire de X., situé dans un
département qui compte deux de ses repré-
sentants dans le cabinet Briand. Ab une
disce omnes. -
Dès l'inventaire, il était aisé de deviner
la comédie qui allait se jouer. Entre paren-
thèse, n'était-ce pas une légéreté impar-
donnable, de la part du vieux renard à
queue écourtée de Clemenceau, de confier
l'exécution des inventaires au service de
l'enregistrement dont l'esprit rétrograde
était connu ?
Le maire de X. était un bourgeois-gen-
tilhomme sorti tout entier du répertoire ;
comme M. Poirier, il brûlait de prouver
qu'il avait les sentiments, sinon les par-
chemins, d'un aristocrate de race. Né Tar-
tempion, il se donnait le luxe de penser
comme un Montmorency. Voltairien au
fond, il s'imposa, pour s'égaler à la no-
blesse qui l'invitait parfois à ses dîners,
d'arborer des sacrés-cœurs à ses complets
et il eut un aumônier au rabais. Oui, ma
chère.
Ce fut ce personnage qui dirigea, en
réalité, l'inventaire du séminaire ; il n'eut
pas de peine à mettre dans sa poche
l'homme de l'enregistrement. La meilleure
partie du mobilier fut distraite comme ap-
partenant personnellement aux messieurs
prêtres.
Pendant plusieurs jours, IA populations
étonnées virent défiler des chariots char-
gés de matériel.
Puis, la chapelle fut mise sous séquestre
spécial, réservée dans la liquidation,
comme bâtiment paroissial. --Un instant
même, le .maire-châtelain émit la préten-
tion de le faire classer comme monument
historique, bien qu'elle datât de l'Exposi-
tion de 1867. Il n'insista pas, d'ailleurs, la
plaisanterie ayant été jugée un peu forte
par M. Dujardin-Beaumetz lui-même.
Deux moulins — (qui n'étaient pas à
prières, comme ceux du Thibet — furent
également classés à part. En attendant que
leur sort fût décidé, M. le maire; pour
marquer son mépris de la légalité républi-
ciane, boucha de sa propre main le canal
d'adduction et détourna l'eau dans sa pro-
priété.
Il y avait, dans la chapelle, une Vierge
noire, objet d'un pèlerinage qui avait eu
son heure de succès, mais que la concur-
rence avait ruiné. L'idole, grossièrement
taillée dans une bûche et habillée des vieil-
les défroques des dames bien pensantes,
datait, disait-on, du moyen âge. Peut-être
personnifiait-elle, comme les icônes simi-
laires, la reconnaissance naïve des croisés
pour les venus basanées de l'Orient ? Entre
nous, je la soupçonne d'être, comme la
plupart des vierges noires, tout à fait apo-
cryphe. Les originaux ont disparu à la Ré-
forme, à la Révolution, dans les guerres et
les incendies. Mais 1s clergé les a rempla-
cés par dss imUatioas assez réussies, qu'il
a baptisées miraculeuses, de la même fa*
çon que Gorenflot baptisait sa poularde de
Carême.
Quoi qu'il en soit, l'objet fut enlevé avec
l'assentiment du délégué à l'inventaire, et
transporté au château sans autre forme da
procès.
**#
Enfin, inventorié, bouclé, sequestré,
qu'allait devenir le séminaire ? Une ca-
serne ? C'était le vœu unanime des popu-
lations. Mais M. Clemenceau tomba, et la
politique de désarmement succéda au rè..
gne de l'incohérence. Il devint bientôt évi-
dent que le général Brun était un partisan
peu enthousiaste de la sécularisation des.
biens de mainmorte. Il envoya bien des
ordres, mais, en réalité, l'enquête préli-
minaire sur la transformation du séminaire
en caserne fut dirigée par les châteaux.
Les officiers instructeurs .se laissèrent
circonvenir par les renseignements qui
leur furent habilement prodigués. Il fallait
compter avec des servitudes et des reven-
dications sans nombre, pour la chapelle,
pour les annexes, pour les enclaves. Bref,
ils reculèrent devant le maquis de la pro-
cédure, leurs conclusions furent négatives
et l'on mit un cierge à la Vierge noire.
A la veille des élections, on s'avisa sou-
dain de rechercher une autre solution. Si.
l'on fondait un établissement hospitalier &
la place de la fabrique de curés ? Mme D.,
de Paris, dont on connaît le dévouement
auit œuvres sociales, voulut bien se trans-
porter à X., pour examiner la possibilité
de transformer le séminaire en orphelinat.
Elle trouva sur son chemin les mêmes in-
trigues jésuitiques, les mêmes difficultés
chicanières. Le séminaire resta fermé, tel
un manoir hanté.
Décontenancés par ces fluctuations visi-
bles de la volonté dirigeante, les électeurs
failirent donner la majorité au candidat
conservateur. Il eût suffi d'un déplace-
ment de cent voix pour renvoyer à ses
chères études le député républicain sortant.
C'est d'une triste augure pour l'avenir.
Cette leçon, n'est-ce pas, valait bien un
fromage ? Eh bien, elle n'a pas suffi, pa-
rait-il, car, tout à coup, les républicains
qui venaient de repousser, non sans peine,
l'assaut furieux de la réaction, apprirent
avec stupeur que M. Briand avait donné
l'ordre de rendre au culte la chapelle du
séminaire. Et allez donc, Paris vaut bien
une messe 1
Tout le monde comprit que la réouver*
ture de la chapelle était le prologue de la
I réouverture du séminaire sous le vocable
nouveau d'Ecole de Saint-Paphnuce ou d4
Pensionnat du Parfait Amour.
Vainement, le conseil municipal de la
ville voisine a-t-il protesté par avance con-
tre cette capitulation en pleine campagne.
en face l'ennemi. Le village de X. com-
prend cent habitants et dépend de la pa-
roisse urbaine, il va enterrer ses morts à la
ville. Donc, la chapelle garde un carac-
tère particulier et n'a rien de paroissial.
EUe ne sert qu'au châtelain et à ses domes-
tiques. M. Briand feignit d'être persuadé
du contraire et mérita la reconnaissance
de l'Eglise. Je crois bien qu'un journal
local a écrit, à cette occasion, qu'il avait
l'âme des Macchabées — sans jeu de mots.
Dans tous les cas, son acte a rendu im.
possible la mise en vente du séminaire.
Quel acquéreur sérieux pourrait se hasar-
der à faire offre pour un immeuble frappé
d'une telle servitude, sans parler des re-
vendications accessoires, qui seront sans
doute légitimées par les mêmes raisons
d'Etat qui aidèrent le Roi-Soleil à légitimer
ses bâtards ? M. Briand a donc sciemment
déprécié un domaine départemental, et
l'Eglise a toutes les facilités désirables,
comme disent les affiches. Il n'a eu qu'un
intérêt moral'à agir de la sorte, c'est en-
tendu, mais c'est déjà trop de rappeler que
Duez et sa bande, pour de tous autres mo-
tifs, ne procédaient pas autrement dans- la
liquidation des biens cléricaux.
Au fond, il continue Clemenceau, il est le
Maxarin de ce Richelieu de ca.f6Hconcert.
Clemenceau entrait au Parlement, comme
Louis XIV, botté, éperonné, le fouet de *
chasse en main ; lui, s'y glisse avec des
allures doucereuses qui rappellent la ma-
nière de Jules Simon. Et sa pâle figure da
Christ, qu'on croirait détachée d'un cal-
vaire breton, a toujours l'air de demander
grâce pour le Juste immolé.
Il a droit, ai-je dit,, à la gratitude de
l'Eglise. Qu'il y compte médiocrement. Re-
nan raconte, dans ses souvenirs d enfance,
que son aïeule avait caché chez elle, pen-
dant la Terreur, un prêtre insermenté, au
péril de sa vie. La bourrasque passée, elle
voulut revoir celui qu'elle avait sauvé et --
qui était curé d'une pnroisse de Lannion.
« Elle prit son enfant par la main et fit un
vovage de deux lieues sous un soleil ar-
dent. Il la reconnut à peine, la reçut de-
bout et la congédia après deux ou trois
paroles. Pas un remerciement, pas une fé.
licitation, pas un souyenir. u
Voilà l'esprit prêtre pris sur le vif ! On
doit tout à l'Eglise, elle ne doit rien aux au-
tres. Elle est, en. effet, hors nature.
Pourquoi, dès lors, ne serait-elle pas hors
la toi 2
Noët AMAUDRU.
Fondateur : - .-
UGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
titstii Trtif mû Sil mfc Imm <,
Paris. 2fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 2— 6— t t - 20 - -
Union Postale 3 - 9— 16 —* 32—*
- :¡ 6 ,.,, - ..-
"-:
- ** Fondatefir ÏDÉPOT LÉGAL
AUGUSTE VA
.t J A. - 1
1010
ANNON I
MM. LAGRANGE, CERF & Cie
6, Place de la Bourse
et aux BUREAUX DU JOURNAL*
Adresser toutes les Communications un Directeur -' 1 Adresser Lettres et Mandats au Directeur
ADMINISTRATION & RÉDACTION : 53, rue du Château-d'Eau : Téléphone 438-14. - De 9 -heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre : Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE '- -
: INTERVENTIONNISME
t Je persiste à croire que la
grève des chemins de fer
n'aura pas lieu. Ni la véhé-
mence des discours, ni la
truculence des affiches ne
nous apportent, à cet égard,
un indice décfiif sur l'état d'esprit des
cheminots. DusSé-jeêire taxé d'opti-
misme invétéré, je sens en eux un sen-
timent trop net de leur responsabilité,
et un attachement au devoir trop sou-
vent attesté pour me figurer qu'ils ne
reculent pas, je ne dis point devant un
échec, mais devant les conséquences
désastreuses d'une résolution extrême.
Aussi bien, les Compagnies ont-elles
assez beau jeu : cetw grève que tous
redoutent, elles seules sont fondées à
l'envisager avec sérénité. Elles seules
pourront faire en sorte de n'en pas
souffrir. Car si, la main forcée, elles
acquiescent aux demandes qui leur sont
faites, elles savent que l'Etat est der-
rière elles pour panser leurs blessures,
et comme, en fin de compte, il est logi-
que que ce soient les voyageurs plutôt
que la collectivité qui assurent les frais
'd'exploitation des réseaux, les conces-
sions accordées pourraient bien se tra-
duire par de simples relèvements de ta-
rifs qu'il serait assez difficile de ne pas
autoriser.
C'est en somme le public qui paiera
la casse ; et la faculté de stigmatiser
à son choix ou la rapacité des Compa-
gnies, ou les appétits de leurs employés,
lie lui apportera qu'une mince consola-
nw
Souhaitons qu'une heureuse inspira-
tion anime les négociations qu'on nous
'dit être en cours, et qu'une solution
conciliatrice vienne rendre inutile l'a-
* venture funeste où l'on parle de nous
précipiter.
Cette inspiration il est temps qu'elle
Se fasse sentir, non seulement dans les
circonstances présentes, mais dans les
oonfiits, devenus presque permanents,
gui mettent aux prises le capital et le
travail. Plus on considère la situation
actuelle, plus on y prend la conviction
3e la nécessité d'une intervention éner-
gique et positive qui oppose à la marée
montante des irritations et des mésin-
telligences, son action modératrice et
pacificatrice
Depuis trop longtemps, le problème
social est envisagé un peu à contre-
sens. De très généreux esprits émus au
spectacle des misères que l'essor sou-
dain de l'industrialisme, sous la monar-
chie de Juillet, avait rendues évidentes,
ont apporté dans l'examen de ces ques-
tions une tendance, plus sentimentale
que pratique, dont les effets n'ont pas
toujours été très heureux. L'échec de
la Révolution de 1848 a été dû en gran-
de partie aux excès d'un idéalisme
dont il ne faut pas médire, car il fut, en
un temps de romantisme et d'exalta-
tion, un principe moteur efficace, —
mais qui trop éloigné des nécessités im-
médiates de la vie n'était pas préparé
à lutter contre les obstacles qu'elle fai-
sait surgir.
Cet esprit survit toujours en nous, et
iious ne songeons pas à le bannir. Mais
nous avons appris qu'il avait besoin du
contre-poids de l'expérience. Les con-
flits économiques sont des conflits d'in-
térêts. Ce n'est pas avec des sympa-
thies qu'on peut arriver à leur donner,
dans l'état présent des choses, une so-
lution utile et solide. Il est tout naturel
ijue le travail veuille améliorer sa ré-
munération, il est tout naturel que le
capital cherche à produire des fruits
plus abondants. Quelques critiques
d'ordre, doctrinal que puisse soulever
cette double tendance, on n'en sourait,
pour l'instant, contester la légitimité,
ou si l'on veut la légalité.
- - C'est, il est vrai, ce que fait la Con-
fédération du Travail, dont l'objet à
peu près officiel est d'éliminer par une
guerre continue et ruineuse, l'élé-
ment capitaliste de la production éco-
nomique. Rien ne permet cependant de
supposer ni que cet effort doive être
ipouronné d~ succès, ni même d'ailleurs
que la réussite présente les résultats
avantageux qu'on en espère.
Mais il est certain que cet esprit n'a-
nime pas encore la majorité des tra-
vailleurs, et notamment ceux dont l'a-
gitation nous suggère cet article. Seule-
ment, sans être délibérément révolution-
naires, les ouvriers subissent plus ou
moins l'ascendant des révolutionnaires.
Pourquoi ?
C'est qu'ils ne sentent pas autre part
de force tutélaire et provocante mise
au service de leurs griefs ou de leurs
aspirations. Foule anonyme, encore
inorganique, ils cherchent des chefs
Ils les prennent où ils les trouvent, où
ils les voient s'offrir à les mener vers
la victoire.
Sans doute il est tout à fait injuste
de dénoncer, comme le font les meneurs
avec âpreté, l'indifférence de la Répu-
blique vis-à-vis des souffrances ou des
injustices qui frappent les travailleurs.
Ces réquisitoires trouvent cependant
créance, parce qu'en dépit de « fa-
veurs » légales parfois malingres, par-
fois inopportunes peut-être, ils se sen-
tent en quelque sorte étrangers à l'am-
vre qui s'accomplit, même pour leur
compte. Une loi, si bonne qu'elle soit
a l'impersonnalité de la loi, c'est un
bienfait acquis si elle est bienfaisante ;
arrachée le plus souvent au prix d'une
insistance qui en diminue le prix aux
yeux des bénéficiaires, elle entre insen-
siblement dans la vie normale de la Na-
tion, sans laisser dans les esprits autre
chose que le souvenir des efforts qu'elle
a coûtés. ■ »
Cette activité intermittente ne suffit'
pas ; pour agir sur une masse d'hom-
mes, il faut la tenir en haleine, il faut
lui donner le sentiment qu'avec elle et
pour elle, dans la mesure du possible,
on fait ce que l'on croit réalisable. Si
nous voulons aujourd'hui paralyser la
propagande brouillonne qui s'étend de
jour en jour, il n'est pas deux attitudes
à tenir ; c'est au prolétariat encore rai-
sonnable qu'il faut aller, pour se mettre
hardiment à sa tête.
Mais non pour le conduire à quelque
désastreux assaut 1 Sorte d'arbitre na-
turel entre les travailleurs et le patro-
nat, l'Etat est bien placé pour donner
satisfaction aux impatiences des uns,
pour compenser, par une sollicitude uti-
le, les concessions qu'il obtiendra de
l'autre. Et ces concessions il est indis-
pensable qu'il les obtienne à l'heure
voulue, sans brusquerie, sans violence,
uniquement en montrant aux intéressés
la nécessité sociale, les exigences d'in-
térêt public qui les imposent.
Il n'est plus aujourd'hui dans le do-
maine économique et social d'œuvre
conservatrice en dehors d'une action ré-
solument réformatrice. La philanthro-
pie d'autrefois n'est plus de saison. Des
forces sont en présence, elles roulent
lentement les unes contre les autres,
elles s'apprêtent à s'entrechoquer dans
une effroyable collision, où tout risque
de périr.
Tâchons, si nous en avons encore l'é-
nergie, de les prendre en mains,non dans
le but de les asservir l'une à l'autre,
mais afin de les réassocier dans une so-
lidarité pacifique, en vue du labeur
commun.
T. STEEC,
Député de la Seine,
r 4
LA POLITIQUE
60 *
SOfcQEONS A NOUS !
-
L'impressionnante manifes-
tation de la nouvelle science,
qui a eu déjà ses martyrs et
'lui fait surgir des héros par
centaines, a débuté sur un
trtompTie. Ce triomphe va se continuer
les jours prochains. Notre confrère le
Matin, habiie et. heureux organisateur
de VhistoHque randonnée de l'Est, peut
s'en féliciter et doit s'en enorgueillir«
Elle affirme la conquête de l'air, l'as-
servissement à l'homme des puissances
alliées et hostiles de la nature. Les pi-
lotes téméraires ont abandonné les aé-
rodromes où ils se prodiguaient en
spectacle attrayant, y évoluant au gré
de leur caprice. On leur impose un dé-
part à heure fixe, - un itinéraire, - des
points d'atterrissage ; et ce programme
est scrupuleusement observé.. -
L'aviation apparatt aujourd'hui dans
son rôle d'avenir — peut-être encore
éloigné mais certain. Qui douterait
qu'elle soit appelée à nous rendre d'é-
minents services et qu'elle puisse sur-
tout brillamment coopérer à la défense
nationale ? Tous les rêves du survol
sont permis ; toutes les audaces seront
comprises désormais et s'expliqueront.
Quand on pense ! Quel chemin par-
couru depuis le jour — y a-t-il quatre
ans de cela ? — où Santos-Dumont par-
vint à soulever de terre l'un des pre-
miers et si rudimentaires oiseaux mé-
caniques ; quels progrès acquis depuis
le moment où Farman réussit à cou-
vrir un kilomètre 1
Donc, l'aviation entre, chez nous et
par nous, dans le domaine pratique
des réalisations. Cest à nous d'en tirer
parti et profit.
Trop souvent, nous nous en tenons
au geste large et gén-éreux que l'art de
Roty a fixé. Nous devançons les Na-
tions dans la voie la plus hardie. Nous
jetons au vent la semence, et d'autres
— à l'étranger — récoltent avec abon-
dance. Souhaitons que, dans les diver-
ses applications de la science qui naît,
la néfaste inertie administrative et le
légendaire esprit d'opposition des « bu-
reaux » ne viennent pas contrarier, pa-
ralyser même — comme on eut tant de
fois à le déplorer — le génie des in-
venteurs français„
■ ———————————
LES ON-DIT ;
-
Aujourd'hui mardi.,
Lever du soleil : 4 h. 44 du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 2 5 -du soir.
Lever de là lune : 9 h. 12 du matin.
Coucher de la lune : 9 h. 29 du soir
Courses à Caen et à Vichy..
AUTREFOIS
Le Rappel du 10 août 1874 1
Note en tête du journal : Le Rappel, pen-
dant les vacances parlementaires, va donner
à sa partie littéraire une grande extension.
Il publiera quotidiennement et en même
temps que ses romans les œuvres importantes
qui suivent : Mes fils, par Victor Hugo ;
Les Salons du 188 siècle, par Louis Blanc ;
Mes Souvenirs, par Frdérick-Lemaître ;
Une campagne avec Garibaldit par Loc-
kroy. »
— L'Union Républicaine, avant de se sé-
parer pour le temps des vacances, a consti-
tué une Commission de permanence qui se
'tiendra en communication constante avec les
commissions déjà nommées par les deux au-
tres groupes de la gauche.
- Uf conseil des ministres a été tenu
hier matin, à l'Elysée, sous la présidence
du maréchal de Mac-Mahon. La discussion
principale a eu pour objet la note adressée
aux représentants diplomatiques de l'Allema-
gne, note relative à l'urgence de reconnaître
le gouvernement de la République d'Espa-
gne.
— A l'imitation de la Confédération hel-
vétique, une grande école gouvernementale
d'horlogerie va être établie à Besançon..
Crandeur et chute
■ ■ rti
A l'une des dsrnières séances de la So-
ciété Jules Cousin,M.de Grouehy faisait pas-
ser sous les yeux des Amis de la Bibliothè-
que historique de Paris, une série de pho-
tographies de personnalités du monde des
lettres, des arts et des théâtres du second
Empire.
Il y avait là parmi ces images, vieilles
de plus de quarante ans, Thérésa et Cora
Pearl, et l'on ssurit ; mais il y avait aussi
là Lamartine, et l'on ressentait une émo-
tion qui atteignait l'angoisse.
Ce n'était plus l'admirable Lamartine de
1830, mince, élevant vers le ciel sa telle
tête de poète inspiré ; ce n'était pas non
plus le puissant Lamartine de lm, entraî-
neur de foules, adoré de tout un peuple ;
c'était le Lamartine de 1869, vieux, édenté,
chauve, amaigri, vêtu de vêtements trop
larges et bien pauvres ses jambes frileuses
enveloppées d'une couverture. Une ruine
d'homme, où seuls les yeux vivaient en-
core, restés beaux et vifs.
Quelques lamartiniens, qui étaient pré-
sents, eurent de la peine à retenir leurs
larmes devant tout ce que cette petite et
simple photographie évoquait de détresse
physique et moral et de misère matériel-
le..
l'Ud8URO'HUI
L'invalide
La loi du 9 juin 1853 sur les: retraites Ci-
viles dit, que pour avoir droit à la pension
pour infirmités contractées au service, il
faut 20 ans de services. Elle précise en -ou-
tre qu'aucune pension civile ne doit dé-
passer 6.000 francs.
Or, M. Augagneur, qui n'a que deux an-
nées de service touchera 8.000 francs de
pension.
Voyez-vousque le Conseil d'Etat s'avise
de retirer à M. Augagneur ce que le minis-
tère' des colonies vient de lui attribuer ?
Quel desastre, Victor lnipefator !
<——————————— ■
SIMPLE RAPPROCHEMENT
La presse monarchiste et pseudo-libérale
mène grand bruit autour
gers.
Elle voudrait faire prendre son succès lo-
cal pour un échec terrible du parti radical
et radical-socialiste tout entier que le dia-
ble de docteur s'apprêterait à dissé-
quer comme un simple sujet d'amphithéâ-
tre..
C'est donner beaucoup d'importance à
l'invalidé d'hier !
Elle y verrait, en outre, le triomphe écla-
tant de la politique réactionnaire et cléri-
cale. et de celle du président du Conseil !.
Y a-t-il donc entre les deux quelque ana-
logie ? ? ?
LA RANÇON
Notre éminent confrère Henri Rochefort
annonce qu'il a reçu d'un « groupe d'amis
de la liberté d'écrire », une somme de
douze mille francs destinée ..à. empêcher. Tes
directeurs de l'Ouest-Eclair de faire em-
prisonner Albert Monniot.
Ces donateurs anonymes méritent les re-
merciements de toute la presse à qui il
sera, en outre, agréable de constater qu'on
a choisi comme intermédiaire le toujours
jeune doyen des polémistes français, celui
qui, peut-être, a. le plus lutté et le plus
souffert pour cette liberté d'écrire.
Quant à l'abbé Trochu et à M. du Lou,
souhaitons que ces douze mille francs ne
soient pas d'un plus grand poids à leur
conscience qu'à leur commune escarcelle.
Il y a heureusement bon nombre de
journalistes qui «sûssent préféré perdre le
triple de cette somme que de mériter d'afus-
si unanimes réprobations.
MM. du Lou et Trochu doivent, au fond,
regretter déjà d'avoir montré une menta-
lité différente. Car, s'ils n'avaient jpas
compris, à l'origine, la laideur de leurs
procédés, la presse de tous les partis ne
s'est pas gênée, semble-t-il, pour la leur
faire entrevoir.
Crosse e r) l'air !
e—~ W ~—e
M. Manier, évêque de Bellay, présidant
le banquet de clôture du Congrès diocé-
sain de l'Ain, a terminé son toast par ces
fortes paroles :
-.. ,..,. C'est ainsi que l'on conquiert une
liberté. Quand on vous la refuse, on la
prend 1
Nous souhaitons que le doux prélat n'ait
formulé cette excitation à la révolte qu'en-
traîné par. la chaleur commimicative des
banquets.
Pourtant, l'état d'esprit que manifeste
ce mot de la fin semble bien conforme à
celui qu'on retrouve de temps immémorial
chez les militants catholiques.
Conquérir les libertés de La manière que
préconise M. Manier, c'est, les trois quarts
du temps, restreindre la liberté du voisin.
Mais qu'importe à des gens qui, par prin-
cipe, s'arrogent tous les droits ?
Ne connaître d'autre règle, dans la con-
quête des libertés, que son bon plaisir,
c'est anarchie pure. Cela n'empêche pas
les candidats cléricaux de se donner tou-
jours comme les seuls défenseurs de l'or-
dre.
Un régime d'ordre et de liberté serait,
pour des Manier de toutes catégories, le
régime qui leur permettrait d'être les
maîtres absolus de la situation. Celui-là,
nous y avons trop goûté pour, être tentés
d'y revenir jamais.
— » ♦ «
Qui lache-t-on ?
, -:+.-+:-
Nous avons publié la réponse de M. Bar-
thou à M. Georges Berry au sujet de la
demande d'interpellation de celui-ci sur la
grâce de l'assassin Graby.
Notre confrère l'Autorité se demandait
hier si le garde des sceaux n'avait pas
malicieusement voulu dégager sa propre
responsabilité en découvrant le Président
de la République.
Que notre confrère abandonne cette opi-
nion. M. Barthou est trop avisé pour désa-
vouer M. Fallières qui choisit les Prési-
dents du Conseil sinon les ministres.
Tout au plus pourrait-on l'accuser d'a-
voir lâché M. Briand. Car il etft trop bien
placé pour ignorer que ie Président de la
République ne prend aucune décision sans
suivre l'avis du dit M. Briand ou sans lui
demander tout au moins conseil.
Et Alors ?
NOS CHRONIQUEURS
Autour d'un Séminaire
..tu.. -
- Pour servir à l'a Histoire de la Séparatioi) tt
En apprenant que les députés de l'oppo-
sition républicaine avaient prêté serment
à l'empire, Proudhon s'écria, avec sa rude
logique de montagnard : « Les malheu-
reux, les voilà qui légalisent le Deux-Dé-
cembre ! » -
Les vieux républicains, qui se souvien-
nent des leçons du passé, ont éprouvé une
impression analogue en apprenant que l'en-
treprise des miracles de Lourdes allait dé-
sormais fonctionner avec la garantie du
gouvernement. Les journaux ont donné la
nouvelle en cinq lignes, comme s'il se fut
agi d'un fait sans importance : « Par déci-
« sion de M. le président du conseil, la pro-
u priété de la Vierge de Lourdes et de ses
« annexes est remise au conseil municipal
« de cette ville, lequel s'est, empressé de la
« transmettre à M. l'évêque de Tarbes. »
Passez muscade ! Il était évident que les
marchands do temple qui composent la
majorité de cette honorable assemblée ne
pouvaient décider contre les intérêts de
clocher.
Ainsi s'est trouvée consacrée en droit la
plus grande escroquerie du siècle.
Le cas de la vierge pyrénéenne, vérita-
ble cocotte aux œufs d'or pour l'Eglise,
n'est pas isolé malheureusement. Partout
où le cléricalisme organisé a su se faire
craindre, il a obtenu gain de cause pour la
libre disposition des chapelles, des temples,
des immeubles désignés par la Séparation.
Et quand ces biens sacrés n'ont pas été
remis à Tartufe de la main à, la main, le
résultat a été le même, grâce à des ventes
évidemment dérisoires, ou, tout au moins.
entachées de nullité en raison des manœu-
vres et des menaces impunies des évêques
et de leurs acolytes.
C'est un escamotage indigne. Il faut
avoir le courage de le dire, entre les mains
de M. Briand, l'œuvre de la séparation est
devenue une tapisserie de Pénélope, qu'un
jour avance, qu'une nuit suffit à défaire.
Voyez, par exemple, ce qui s'est passé
pour le séminaire de X., situé dans un
département qui compte deux de ses repré-
sentants dans le cabinet Briand. Ab une
disce omnes. -
Dès l'inventaire, il était aisé de deviner
la comédie qui allait se jouer. Entre paren-
thèse, n'était-ce pas une légéreté impar-
donnable, de la part du vieux renard à
queue écourtée de Clemenceau, de confier
l'exécution des inventaires au service de
l'enregistrement dont l'esprit rétrograde
était connu ?
Le maire de X. était un bourgeois-gen-
tilhomme sorti tout entier du répertoire ;
comme M. Poirier, il brûlait de prouver
qu'il avait les sentiments, sinon les par-
chemins, d'un aristocrate de race. Né Tar-
tempion, il se donnait le luxe de penser
comme un Montmorency. Voltairien au
fond, il s'imposa, pour s'égaler à la no-
blesse qui l'invitait parfois à ses dîners,
d'arborer des sacrés-cœurs à ses complets
et il eut un aumônier au rabais. Oui, ma
chère.
Ce fut ce personnage qui dirigea, en
réalité, l'inventaire du séminaire ; il n'eut
pas de peine à mettre dans sa poche
l'homme de l'enregistrement. La meilleure
partie du mobilier fut distraite comme ap-
partenant personnellement aux messieurs
prêtres.
Pendant plusieurs jours, IA populations
étonnées virent défiler des chariots char-
gés de matériel.
Puis, la chapelle fut mise sous séquestre
spécial, réservée dans la liquidation,
comme bâtiment paroissial. --Un instant
même, le .maire-châtelain émit la préten-
tion de le faire classer comme monument
historique, bien qu'elle datât de l'Exposi-
tion de 1867. Il n'insista pas, d'ailleurs, la
plaisanterie ayant été jugée un peu forte
par M. Dujardin-Beaumetz lui-même.
Deux moulins — (qui n'étaient pas à
prières, comme ceux du Thibet — furent
également classés à part. En attendant que
leur sort fût décidé, M. le maire; pour
marquer son mépris de la légalité républi-
ciane, boucha de sa propre main le canal
d'adduction et détourna l'eau dans sa pro-
priété.
Il y avait, dans la chapelle, une Vierge
noire, objet d'un pèlerinage qui avait eu
son heure de succès, mais que la concur-
rence avait ruiné. L'idole, grossièrement
taillée dans une bûche et habillée des vieil-
les défroques des dames bien pensantes,
datait, disait-on, du moyen âge. Peut-être
personnifiait-elle, comme les icônes simi-
laires, la reconnaissance naïve des croisés
pour les venus basanées de l'Orient ? Entre
nous, je la soupçonne d'être, comme la
plupart des vierges noires, tout à fait apo-
cryphe. Les originaux ont disparu à la Ré-
forme, à la Révolution, dans les guerres et
les incendies. Mais 1s clergé les a rempla-
cés par dss imUatioas assez réussies, qu'il
a baptisées miraculeuses, de la même fa*
çon que Gorenflot baptisait sa poularde de
Carême.
Quoi qu'il en soit, l'objet fut enlevé avec
l'assentiment du délégué à l'inventaire, et
transporté au château sans autre forme da
procès.
**#
Enfin, inventorié, bouclé, sequestré,
qu'allait devenir le séminaire ? Une ca-
serne ? C'était le vœu unanime des popu-
lations. Mais M. Clemenceau tomba, et la
politique de désarmement succéda au rè..
gne de l'incohérence. Il devint bientôt évi-
dent que le général Brun était un partisan
peu enthousiaste de la sécularisation des.
biens de mainmorte. Il envoya bien des
ordres, mais, en réalité, l'enquête préli-
minaire sur la transformation du séminaire
en caserne fut dirigée par les châteaux.
Les officiers instructeurs .se laissèrent
circonvenir par les renseignements qui
leur furent habilement prodigués. Il fallait
compter avec des servitudes et des reven-
dications sans nombre, pour la chapelle,
pour les annexes, pour les enclaves. Bref,
ils reculèrent devant le maquis de la pro-
cédure, leurs conclusions furent négatives
et l'on mit un cierge à la Vierge noire.
A la veille des élections, on s'avisa sou-
dain de rechercher une autre solution. Si.
l'on fondait un établissement hospitalier &
la place de la fabrique de curés ? Mme D.,
de Paris, dont on connaît le dévouement
auit œuvres sociales, voulut bien se trans-
porter à X., pour examiner la possibilité
de transformer le séminaire en orphelinat.
Elle trouva sur son chemin les mêmes in-
trigues jésuitiques, les mêmes difficultés
chicanières. Le séminaire resta fermé, tel
un manoir hanté.
Décontenancés par ces fluctuations visi-
bles de la volonté dirigeante, les électeurs
failirent donner la majorité au candidat
conservateur. Il eût suffi d'un déplace-
ment de cent voix pour renvoyer à ses
chères études le député républicain sortant.
C'est d'une triste augure pour l'avenir.
Cette leçon, n'est-ce pas, valait bien un
fromage ? Eh bien, elle n'a pas suffi, pa-
rait-il, car, tout à coup, les républicains
qui venaient de repousser, non sans peine,
l'assaut furieux de la réaction, apprirent
avec stupeur que M. Briand avait donné
l'ordre de rendre au culte la chapelle du
séminaire. Et allez donc, Paris vaut bien
une messe 1
Tout le monde comprit que la réouver*
ture de la chapelle était le prologue de la
I réouverture du séminaire sous le vocable
nouveau d'Ecole de Saint-Paphnuce ou d4
Pensionnat du Parfait Amour.
Vainement, le conseil municipal de la
ville voisine a-t-il protesté par avance con-
tre cette capitulation en pleine campagne.
en face l'ennemi. Le village de X. com-
prend cent habitants et dépend de la pa-
roisse urbaine, il va enterrer ses morts à la
ville. Donc, la chapelle garde un carac-
tère particulier et n'a rien de paroissial.
EUe ne sert qu'au châtelain et à ses domes-
tiques. M. Briand feignit d'être persuadé
du contraire et mérita la reconnaissance
de l'Eglise. Je crois bien qu'un journal
local a écrit, à cette occasion, qu'il avait
l'âme des Macchabées — sans jeu de mots.
Dans tous les cas, son acte a rendu im.
possible la mise en vente du séminaire.
Quel acquéreur sérieux pourrait se hasar-
der à faire offre pour un immeuble frappé
d'une telle servitude, sans parler des re-
vendications accessoires, qui seront sans
doute légitimées par les mêmes raisons
d'Etat qui aidèrent le Roi-Soleil à légitimer
ses bâtards ? M. Briand a donc sciemment
déprécié un domaine départemental, et
l'Eglise a toutes les facilités désirables,
comme disent les affiches. Il n'a eu qu'un
intérêt moral'à agir de la sorte, c'est en-
tendu, mais c'est déjà trop de rappeler que
Duez et sa bande, pour de tous autres mo-
tifs, ne procédaient pas autrement dans- la
liquidation des biens cléricaux.
Au fond, il continue Clemenceau, il est le
Maxarin de ce Richelieu de ca.f6Hconcert.
Clemenceau entrait au Parlement, comme
Louis XIV, botté, éperonné, le fouet de *
chasse en main ; lui, s'y glisse avec des
allures doucereuses qui rappellent la ma-
nière de Jules Simon. Et sa pâle figure da
Christ, qu'on croirait détachée d'un cal-
vaire breton, a toujours l'air de demander
grâce pour le Juste immolé.
Il a droit, ai-je dit,, à la gratitude de
l'Eglise. Qu'il y compte médiocrement. Re-
nan raconte, dans ses souvenirs d enfance,
que son aïeule avait caché chez elle, pen-
dant la Terreur, un prêtre insermenté, au
péril de sa vie. La bourrasque passée, elle
voulut revoir celui qu'elle avait sauvé et --
qui était curé d'une pnroisse de Lannion.
« Elle prit son enfant par la main et fit un
vovage de deux lieues sous un soleil ar-
dent. Il la reconnut à peine, la reçut de-
bout et la congédia après deux ou trois
paroles. Pas un remerciement, pas une fé.
licitation, pas un souyenir. u
Voilà l'esprit prêtre pris sur le vif ! On
doit tout à l'Eglise, elle ne doit rien aux au-
tres. Elle est, en. effet, hors nature.
Pourquoi, dès lors, ne serait-elle pas hors
la toi 2
Noët AMAUDRU.
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