Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 19 octobre 1903 19 octobre 1903
Description : 1903/10/19 (N12274). 1903/10/19 (N12274).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7547369x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
i : „-
.1 f .,.
âIN:Q CENTIMES • le Numéro. PàBîS & DÉPARTEMENTS Le Nuxnéro CINQ CENTIMES
ONDATEUR,: ':JGUSTE' VACQUERIE
ABONNEMENTS
Bi Mit Trtit IDOis Six Mil S»»
Paris 2fr. 5fr. 9 fr. 18 fr.,
Départements.. 2 — 6 — ii — 20 —
V" Postale. 3 — 9 — 46 32-
REDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF S- l'he
6, Place d-e la Bourse, 6
et AUX BUREAUX DU JOURNAJ,
REDACTION s 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12274, — Lundi 19 Octobre 1903
26 VENDÉMIAIRE AN 112
ADMINISTRATION : 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
La rnll 'nn ri
Est-il nécessaire, pour recevoir un roi
et une reine, que la République fran-
çaise se monarchise ? Le monde officiel
dépasse vraiment la mesure. Trop de
galas, trop de protocole, trop de cour-
tisanerie. Les Dangeau de notre temps
ont dû enregistrer des choses admira-
bles, car chacun cherche à faire sa
cour au roi d'Italie. Aussi assistons-
nous à des assauts de flagornerie stu-
péfiants. Il serait, par exemple, in-
juste de ne pas décerner le premier
prix à ce fonctionnaire de la Monnaie
qui, sachant que le roi est un numis-
mate, s'empresse de lui dire : « Oh !
sire, à côté de vous nous ne sommes
que des écoliers ».
Les employés du protocole sont cou-
verts de galons, de broderies et de
'Crachats. Ils se précipitent partout où
il y a des révérences à faire et des
gaffes à commettre. On les voit fen-
dre la foule, faire des contorsions
inexprimables et donner des ordres à
la police pour qu'elle fasse reculer ce
peuple de Paris qui a l'audace de re-
garder et de vouloir montrer ses sym-
pathies à l'égard d'un peuple voisin.
Tous d'ailleurs sont comtes, marquis
ou barons comme sous Louis XIV. Ils
portent des noms longs d'une lieue.
Ils sont les mouches du coche et
créent des difficultés à chaque ins-
tant. On se,demande quel besoin peut
avoir notre République de ces gaillards
qui regrettent tous les jours la dispa-
rition de l'ancien régime.
Quand quelque chose rate dans la
disposition du cortège, c'est toujours
de leur faute. Ils n'ont rien prévu,
mais ils font beaucoup de bruit. Ils
ont eu, pour citer un cas, une ma-
nière d'organiser le gala de l'Opéra,
qui les ridiculiserait à tout jamais
s'il était vrai que nous fussions le peu-
ple le plus spirituel de la terre. Le
Bourgeois gentilhomme en scène, dans
une représentation de ce genre, c'est à
pouffer de rire ! A moins que, et alors
je les en féliciterais,ils n'aient voulu
donner une leçon de savoir-vivre à
cette bourgeoisie réactionnaire qui
remplissait la salle, si prétentieuse, si
enorguellie de ses richesses et crevant
-de dépit de n'avoir pas la moindre pe-
tite particule à se mettre sur ses car-
tes de visite.
Car elle s'aplatit, notre bourgeoisie,
le Bourgeois gentilhomme est bien fait
pour elle. Mais Je protocole n'a pas vu
tant de malice dans la chose. Il a inter-
calé dans le spectacle la terrible comé-
die de Molière comme il y aurait mis
Esther ou Athalie.
Et le tombeau de l'empereur î Et la
visite à Versailles ! Ainsi la République
française n'a pas autre chose à mon-
trer à des souverains étrangers que le
palais de Louis XIV et que la tombe
de Napoléon ? Remarquez avec quelle
courtisannerie cette visite de Versailles
a été agencée, mais notez aussi la
maladresse de son inventeur. Comme
on croit savoir que la reine est en-
ceinte, on veut que le premier portrait
qui frappe ses regards soit celui'd'une
princesse de la maison de Savoie, la
duchesse de Bourgogne, peinte dans
les premiers mois de sa grossesse. Et
aussitôt après, on la promène dans
les appartements de Marie-Antoinette;
on lui montre des souvenirs de Marie-
Antoinette; on lui fait toucher les ob-
jets chers à Marie-Antoinette, dont ses
sujets, nos ancêtres, se sont séparés
un peu violemment. Jolie perspec-
tive dont on ne cesse indirectement
d'entretenir une jeune reine en voyage
que celle de la guillotine sur UIH\ place
de la Révolution !
Quant à nos fonctionnaires, ils nous
apparaissent tous dans de beaux, cos-
tumes chamarrés d'or et d'argent. De
nombreuses décorations s'étalent sur
leurs poitrines. Ils ont l'épée au côté.
Ils font des courbettes savantes. Ils
prononcent, sans hésitation, comme
s'ils n'avaient fait que cela toute ieur
vie, les mois de majesté et de sire.
Les beaux républicains que nous avens
là et comme ils comprennent admira-
blement la simplicité démocratiquel.
J'ai la conviction profonde que si le
président de la République américaine
venait en France, ou bien le président
de la République suisse, tous nos pro-
locolards et tous nos fonctionnaires nô
se donneraient pas tant de peine et ne
montreraient pas tantd'empressement.
Qu'est-ce que cela,je vous le demande,
qu'un président de la République qui
ne porte que le simple habit ou la sim-
ple redingote? Parlez-nous d'un roi,
d'un empereur coiffé d'un casque à ai-
gle d'or, d'un képi avec une aigrette
et couvert de broderies et de galons
«ar toutes les coutures ! A la bonne
fleure. Voilà au moins un chef d'Etat.
Tous ces gens-là ont l'air de deman-
der un roi ou un empereur. Ils se dis-
putent pour avoir les meilleures pla-
ces. Voir le roi et la reine de près, quel
bonheur ! Leur parler et recevoir
d'eux une réponse, quel ravissement!
jLa République est bien servie, décidé-
ment. Quelle éducation républicaine
t'/eut donner à ce pays cette adminis-
tration éprise des façons, des cérémo-
nies et des cortèges monarchiques ?
Le peuple de Paris a été autrement
intelligent. Il savait qu'il fallait rece-
voir le roi et la reine d'Italie avec cha-
leur et avec sympathie. 11 l'a fait. Il
les a acclamés largement ; il s'est
pressé sur leur passage pour que ses
acclamations arrivassent mieux jus-
qu'à eux. Mais il l'a fait aussi sans fa-
çon, à la bonne franquette et sans se
montrer ému ; il en a vu bien d'au-
tres.Et je gage que cet accueil sincère,
ardent, mais sans flatterie, fera cer-
tainement plaisir au peuple italien et
contribuera autrement à dissiper
les malentendus qui ont existé entre
les deux pays "que le gala de l'Opéra,
la visite à Versailles et les bassesses de
notre monde officiel.
Charles Bos. ,..
L'ARBITRAGE ANGLO-FRANÇAIS
-
Sir Thomas Barclay, l'ancien
président de la chambre de com-
merce anglaise de Paris, — qui
a pris une si giande part à la
préparation du traité d'arbitrage
anglo-français — répond aux ob
jections qui ont été faites à cet acte.
Quoiqu'on en dise, c'est, affirme-t-il, un
événement de première importance. Ce-
pendant, M. Barclay reconnaît qu'il y a
des lacunes dans le traité en question.
Il les explique par une difficulté de droit
constitutionnel. On n'ignore pas que le
pouvoir exécutif, en Angleterre, est armé
du droit de conclure, seul, des traités avec
les puissances étrangères. Il n'en est pas de
ironie chez nous, où la ratification du Par-
lement est nécessaire pour donner force
d'exécution aux « instruments » diploma-
tiques.
Les représentants du gouvernement an-
glais — et sans doute celui de l'Etat fran-
çais — auraient cru prudent « de rester en
deçà de l'opinion, plutôt que de la dépas-
ser )).
Sir Thomas Barclay est un homme dont
la parole mérite d'être crue. Il est vraisem-
blable qu'il ne s'abuse pas sur la prudence
exagérée de nos diplomates. Eh bien, les
diplomates ont eu tort. Un traité d'arbitrage
ne comportant aucune restriction aurait été
accueilli avec joie, non seulement par la
majorité républicaine des Chambres fran-
çaises, mais par l'ensemble de la démocra-
tie internationale.
Est-ce à dire que le traité, tel qu'il a été
rédigé, puisse être considéré comme négli-
geable ? N.o.tr.c pansée est bien différente
Quel que soit le traité d'arbitrage qui a été
signé, il permettra toujours au parti de la
paix d'en appeler à la Cour de La Haye si
jamais les relations de l'Angleterre et de la
France deviennent un peu tendues. Et puis,
le principe de l'arbitrage une fois admis,
il faudra bien, sous la pression de l'opi-
nion, que la plus large application en soit
faite.
Sir Th. Barclay estime qu'il serait possi-
ble de conclure d'autres traités d'arbitrage
entre l'Angleterre et l'Amérique, et entre la
France et l'Amérique.
Il n'en faudrait pas plus pour rendre la.
guerre impossible dans la Manche et dans
l'Atlantique. Et l'alliance russe r1 Et le rap-
prochement franco-italien > Et les tendan-
ces francophiles des libéraux et des répu-
blicains espagnols ? Et les dispositions cor-
diales de la Hollande, de la Suède et Nor-
vège ? A nous de tirer parti de tous ces élé-
ments de paix. Nous sommes engagés dans*
la bonne voie. - Ch. B.
———————————
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Le Comité exécutif se réunira mercredi pro-
chain, 21 octobre, à heures du soir, au siège
du Parti, 9, rue de Valois (Palais-Royal).
Ordre du jour :
1° Proposition du bureau sur l'application de
l'article 11 du règlement du Parti.
2' Communications du bureau.
3° Fixation de la date do la nomination des com-
missions.
4° Elections municipales.
En raison de l'importance de cette première
séance tous les délégués sont priés de vouloir;
bien répondre à la convocation.
Compte rendu dit .Congrès de Marseille. —
Pour faciliter la correction des épreuves du
compte rendu sténographique du Congrès de
Marseille, les citoyens qui ont déposé des vœux
ou présenté des motions, les rapporteurs et les
orateurs qui ont pris part aux discussions,.
uorrt priés de vouloir bien envoyer sans retard,,
sut secrétariat général, 9, rue de Valois, à Pa-
ins, avec leur adresse exacte, les documents
qui concernent les débats.
Les épreuves seront prochainement commu-
niquées aux orateurs et aux rapporteurs.
,_
RUSSES ET JAPONAIS EN EITREME-CRIENT
Londres, 17 octobre.
Nous reproduisons, sous toutes réserves, la
dépêche suivante que le correspondant du
Morning Post à Weï-Haï-Weï télégraphie à ce
journal, le 16 octobre :
En arrivant ici de Tche-Fou,j'apprends do source
\),gne de foi que les Japonais ont débarqué des
ilswipes à Pi-Iviang-, .dans la baia de Corée.
On dit couramment que la conférence des auto-
rités russes et japonaises n'a pas ahoutl
Le correspondant du Daily Mail à Hakodate
télégraphie, le 16 octobre, que plus de 100.000
hommes sont concentrés dans le voisinage de
cette ville qui, en cas d'hostilités, serait le
point d'embarquement des troupes.
Les Japonais posent des torpilles dans !e
port, ainsi que dans les autres ports du litto-
ral occidental du Japon.
On mande de Tche-Fou au Daily Mail, le
16 octobre :
D'après une dépêche da Port-Ao-thur, on a des
craintes au sujet de l'invulnérabilité de ce port du
icôté de la terre et, en conséqueuce, on pousse ac-'
uivement la construction de nouveaux forts.
On mande de Tien-Tsia au Standard, le
16 octobre :
Une personne venant de Yong-Kan-Fou annonce
que les Russes construisent un fort sur ce point et
reculent la frontière de leur territoire à bail au sud
de Taisan.
PortsmoutlJ, 17 octobre.
On a donné l'ordre d'armer immédiatement
le cuirassé Centurion et le croiseur de 1" classe
Europia.
Le Centurion va remplacer dans la Méditer-
ranée un cuirassé envoyé en Chine.
L'Europia partira également pour les mers
de Chine, aussitôt ses préparatifs terminés.
New-York, 17 octobre.
Suivant une dépêche de Washington au
lVorld, le département de la marine a désigné
49 vaisseaux pour les eaux asiatiques, dans le
cas où un conflit éclaterait entre la Russie et
le Japon. Le poste assigné à ces navires est
déjà choisi.
ÉCONOMIES
Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Il n'y a pas de petites économies. Cette année,
pour la première fois depuis 1326, je crois, les
compagnies judiciaires ont été privées du mor-
ceau d'éloquence qui prit successivement le
nom de mercuriale et de discours de rentrée.
Elles ne s'en portent pas plus mal pour cela
d'ailleurs.
Le plaisir était maigre pour les magistrats,
après avoir assisté en corps à la Messe rouge,
de venir écouter un des leurs développer sur
un ton plus ou moins monotone, et souvent
pendant plus d'une heure,des variations sur un
thème connu, ou des essais littéraires débités
avec apparat, précédant l'éloge des membres
des cours décédés ou simplement atteints par la
limite d'âge dans l'année courante. Et puis il
était cher, il se payait par quelques billets de
mille francs consacrés à l'impression des dis-
cours solennels.
M. Vallé a bien fait de supprimer ces céré-
monies d'un autre âge, qui occasionnaient en
même temps une perle d'argent, et qui n'a-
vaient aucune utilité pratique.
Si l'on examine, en effet, les différents dis-
cours prononcés récemment, on voit qu'ils se
distinguent surtout par leurs tendances méta-
physiques, Il en est peu, et je devrais même
dire il n'en est point, qui s'adressent spéciale-
ment aux magistrats et parachèvent leur édu-
cation judiciaire.
Or l'éducation des magistrats n'est pas une
mince besogne. Par les fonctions qu'ils exer-
cent, ils sont obligés de tout connaître. Il n'est
pas une des branches de l'activité humaine,
animale ou mécanique, qui soit en dehors de
leur sphère. Or, il se trouve que, par la force-
des choses, les juges n'ont que des notions
bien vagues souvent sur les particularités de;
la vie industrielle et même sur celles de la
vie courante.
Dans le début de l'industrie de l'automo-
bile, on leur faisait ouvrir des grands yeux
lorsqu'on parlait de « couper l'allumage ». Et
c'est tout juste si maintenant ils se rendent
compte exactement de cette opération. Dn me
citait l'autre jour lo cas de ce magistrat, ré-
cemment promu à la cour et qui, présidant
une chambre correctionnelle, se trouva amené
à juger un cocher responsable d'un accident
de voiture : « Je conduisais, dit le prévenu,
un double-poney ; à un moment donné, mon
cheval fit un faux pas.— Et l'autre? interrom-
pit le président.- Quel autre? dit le cocher in-
terloqué. — Mais l'autre poney. puisque vous
aviez un double'poney. »
On en rit encore dans la salle des Pas-Per-
due. Mais que voulez-vous, ce magistrat avait
une excuse, aucun discours de rentrée d'au-
dience solennelle n'avait été jusqu'alors con-
sacré aux variétés de la race chevaline. Depuis.
on n'a pas rompu la tradition — et c'est dom-
mage. — Charles Daraj.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
LE MANUEL DE L'INFANTERIE ITALIENNE
[De notre correspondant particulier)
Rome, 17 octobre.
Une commission spéciale, présidée par le géné-
ral Spingardi, vient d'élaborer un nouveau ma-
nuel de lactique d'infanterie. Le projet sera pré-
senté d'abord au chef du grand état-major, et ne
sera distribué aux chefs de troupes que vors la fin
du mois de janvier.
i *0(11111
S
Un nouveau canon allemand
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 17 octobre.
L'autorité militaire vient d'adopter un canon
d'un nouveau système pour l'artillerie de campa-
gne. On garde [e secret le plus absolu sur les dé-
tails de construction de la nouvelle pièce. Il pa-
raît quo le principal avantage du canon consiste
en un projectile d'un nouveau genre, projectile
dont les effets balistiques ont fait l'admiration
des artttleurs. La nouveau canon sera muni d'un
bouclier .en acier.
L I I
Les impressions de voyage d'Edouard VII
iDe notre correspondant particulier)
Londres, 17 octobre,
Le roi Edouard VII est on train de revoir les
épreuves d'un volume qu'il publiera prochaine-
ment et dans lequel il raconte ses impressions de
voyage recueillies dans ses récentes visites au Por-
tugal, à Malte, en Italie et en France. On ne tirera
qu'un nombre restreint d'exemplaires de cet ouvrage.
Le roi a fait intercaler dans le texte les instan-
tanés pris pendant son voyage.
-0-
UN CONGRÈS DE SALUTISTES
(De notre correspondant particulier]
Londres, 17 octobre.
L'Armée du Salut prépare, pour l'année pro-
chaine, un congrès international à Londres, suivi
de « grandes manœuvres » qui dureront quatre
semaines.
Par «grandes manoeuvres » il faut entendre les
réunions publiques qui seront données pour la
conversion des mécréants. Il y en aura trois ou
quatre par jour et chaque réunion sera présidée
par le maréchal Booth lui-même.
Il y aura à Londres 6.000 officiers de l'Armée du
Salut de tous les pays et environ 100.000 troupiers
salutistes.
Le protectorat du Wadaï
Tripoli, 17 octobre.
Une caravane arrivée du Wadaï annonce que
le sultan a accepté paciGquement le protecto-
rat de la France.
La colonne, commandée par le colonel Des-
tenaves, doit maintenant être arrivée à Abe-
che, la capitale, pour la prise de possession.
-Ob
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Un programme de réformes
Francfort, 17 octobre.
On télégraphie de Constantinople à la Ga-
zette de Francfort :
Toutes les grandes puissances ont adhéré d'une
manière générale au programme de réformes pour
la Macédoine.
Le sultan attend avec impatience la note qui
doit lui être remise par l'Autriche-Hongrie et la
Russie.
On garde provisoirement d'une façon absolue le
secret des mesures de contrôle projetées. Tous les
renseignements publiés à ce sujet ne sont donc que
dos conjectures.
LmilSOL Ellî ni is 'ITALIENS' A A als
QUATRIÈME JOURNÉE
Il pJ.erLvi,., il plôut. - Le roi chasse. - Faisans et lapins: - Paris-Razn.
bouillet. et J.'etou.r. - La reine est fatiguée.— Le déjeuner de
l'Elysée. — La reine et le télécjraptiiste. — Au musée du..
Louvre. - M. Donnât cicérone. — IDe l'antique au mo-
derne. - Le retour. — Et la pluie tombait toujours.
— Un dîner intime.
Le service d'ordre a été, hier matin, aux
abords du ministère des affaires étrangères et
de la gare des Invalides, absolument sembla-
ble à celui de jeudi dernier.
Nous avons décrit, à l'occasion du départ
des souverains pour Versailles, la décoration
do la gare ; hier matin, elle était identique.
Du vestibule du ministère à l'entrée de la gare,
un long tapis est déroulé. Des gardes munici-
paux font la haie jusqu'au quai d'embarque-
ment.
A 9 h. 25, M. Loubet arrive en laudau
fermé. Tambours et clairons battent et sonnent;
aux champs. Le Président pénètre dans le ves-
tibule, où l'attendent le roi et les personnages
de sa suite. Deux ou trois minutes s'écoulent.
Puis la sonnerie : aux champs, retentit de nou-
veau. Précédés de M. Lépine et de M. Hamard,
le roi et le Président traversent la rue. Victor-
Emmanuel a revêtu un pardessus gris ; il est
coiffé d'un chapeau de feutre gris à larges
bords et chaussé de guêtres jaunes. Le Prési-
dent porte un pardessus noir et un chapeau
haut de forme.
M. Fallières, l'amiral Morin et les autres in-
vités sont en tenue de chasse,
MM. Gay, président du conseil d'adminis-
tration de la Compagnie de l'Ouest, et Bonnet,
sous-directeur, reçoivent le roi et le président
de la République sous la tente dressée à l'en-"
trée de la gare et les conduisent sur le quai.
M. Loubet monte le premier dans le wagon-
salon, Victor Emmanuel le suit. Les invités
montent derrière lui, et le train démarre aus-
sitôt.
Au coup de sifflet annonçant le départ, le
roi se découvre et salue les personnages res-
tés sur le quai. -
A l'aller comme su retour, la marche du
train était surveillée par MM. Sabouret, ingé-
nieur en chef du matériel et de la traction, et
Berthelier, chef de l'exploitation.
En outre, depuis 8 h. du matin, la voie était
gardée militairement. De Versailles à Ram-
bouillet les soldats du 5e régiment du génie,
en tenue de campagne, occupent les passa-
ges à niveau, les ponts, les issues des tunnels,
les aiguilles, et sont échelonnés le long de la
ligne. Sur les quais de toutes les gares et dans
les simples haltes sont postés-des gendarmes,
en petite tenue, pris dans toutes les brigades
du département. Ils ont la consigne de faire
évacuer les quais au moment du passage du
train royal.
A Rambouillet
La petite ville de Rambouillet était en fête.
Son aspect était d'un pittoresque exquis. La
ville est pavoisée de drapeaux jusqu'au châ-
teau. La demeure du garde, en face de la gril-
le, à l'intérieur, est également pavoisée.
La gare est décorée avec goût aux couleurs
italiennes et françaises.
Trois arcs de triomphe ont été dressés : l'un,
au bas de la descente de la gare, porto l'hom-
mage des commerçants de la ville de Ram-
bouillet ; le second, à mi-dislance entre la
gare et le château, porte au centre un grand
écusson aux armes de Savoie et un drapeau
italien. En banderole, les mots : « France-
Italie » se détachent ; le troisième, tout de i
verdure, est situé à 20 mètres de l'entrée du:
parc. De nombreux mâts sont plantés de cha-
que côté de cette voie principale que suivra
le cortège; les murs des maisons et les pieds,
des mâts sont garnis de branchages ; des guir-
landes 4e papier colorié, des guirlandes de pe-
tites flammes variées vont, de distance en
distance, d'un côté de la rue à l'autre.
Il pleut assez fort ot un vent glacial souffle
depuis le matin. Mais, vers 10 h., le ciel s'é-
claircit quelque peu et le soleil brille. Donc,
nul empêchement pour la chasse, mais on
nous prévient que personne ne sera admis dans
le parc.
Ce sont les cuirassiers, en garnison à Ram-
bouillet, qui fournissent le serrice d'honneur.
L'arrivée des voitures du cortège à la gare fait
sensation. Le piqueur et les postillons de la
daumont, attelée, en poste, de quatre chevaux,
portent le costume pittoresque que nous avons
décrit, à Versailles, jeudi: vestes-fracs,ctllottes
et gants jaune-vif.
L'arrivée
M. Poirson, préfet de Seine et-Oise, arrive à
la gare, quelques instants avant l'heure fixée
pourl'arrivée du train spécial. Il est en petite
tenue. Presque en même temps arrivent M.
Roman, sous-préfet ; le colonel Lancelot, com-
mandant d'armes; M. Gautherin, maire de
Rambouillet ; M. Godin, ancien ministre ; M.
de Caraman, député ; M. Syrieis, président du
tribunal. Un long tapis rouge est déroulé sur
le quai devant lequel va stopper le train.
A 10h. Ii4, le train entre en gare. Des offi-
ciers italiens, le lieutenant-colonel Lamy pa-
raissent les premiers ; et, soudain, la fanfare
des cuirassiers attaque allègrement l'hymne
royal italien, tandis que le roi et le Président
de la République descendent du wagon-salon.
M. Poirson s'avance aussitôt vers eux et pré-
sente au roi le maire de Rambouillet et les
'conseillers municipaux.
Le maire souhaite la bienvenue au roi au
nom de ses concitoyens :
Sire, dit-il, le conseil municipal de la ville de:
Rambouillet est très heureux et très fier de venir
saluer Votre Majesté et de lui apporter un hom-
mage respectueux pour vous et pour S. M. la reine
et les vives sympathies de la bonne ville de Ram-
bouillet qui évoque tant de souvenirs. La France
forme les vœux les plus vifs pour la prospérité
et le bonheur de votre grande et belle nation.
Le roi serre la main du maire et le remercie
de ses souhaits de bienvenue. Puis il traverse
la salle de réception, luxueusement décorée,
et se dirige vers une daumont attelée en poste
de quatre superbes gris-pommelés. Le Prési-
dent prend place à côté du roi, tandis que les
autres personnages de la suite montent dans
d'autres landaus.
Le cortège, après avoir descendu au pas la:
rampe de la gare, passe sous le premier arc de
triomphe et s'engage dans la rue principale de
Rambouillet. Toute la population de la ville!
est dans cette rue, entassée sur les trottoirs
étroits ou se pressant aux fenêtres.
Précédé du piqueur Troude et escorté du 12*
cuirassiers, le cortège suit l'itinéraire suivant :
rue Sadi-Carnot, rue de l'Embarcadère, place
de la Foire et rue Nationale.
Les gendarmes assurent le service d'ordre,
des cuira&siers barrent les rues ot rendent les'
honneurs au passage du cortège. I.e temps qui
s'était éclairci au moment de l'arrivée du train
se couvre de nouveau et la pluie se remet à
tomber.
A 10 h. 25, le cortège pénètre dans la cour
de l'Ecole des enfants do troupe. Au moment
où il franchit la grille du parc, sen entrée est
saluée par l'Hymne italien qu'exécute la mu-
sique des enfants do troupe.
Le roi et M. Loubet saluent à plusieurs re-
prises les petits soldats.
Au château
Le vestibule d'entrée du château a été décoré
d'une tapisserie de haute lice représentant une
chasse au cerf. Par le grand escalier, qui a
été décoré de belles tapisseries des Gobelins
représentant les chasses de François I", le roi
et le président gagnent les salons du 1" étage,
et les visitent rapidement. Ils sont ornés pour
la circonstance de motifs de verdure desquels;
émergent à profusion des chrysanthèmes aux
tons les plus divers.
Le roi se rend ensuite dans les appartements
qui lui ont été réservés au 2" étage, et dont
les fenêtres s'ouvrent sur le parc. La chambre,
très vaste,est de style Empire, rouge et or ; le
meuble est en bois de citronnier. Le président-
retrouve l'appartement qu'il occupe d'ordinai-
re, dans l'aile du château. Des chambres ont
été disposées pour M. Fallières, pour M. Mou-
geot et pour les invités italiens.
Ces appartements, ainsi que la salle à man-
ger, sont ornés d'une profusion de plantes
vertes et de fleurs, d'un effet des plus agréa-
bles.
Le déj euner
A 11 h., le roi, le Président, les invités, qui
viennent de se revêtir du costume de chasse, se
réunissent dans la grande salle à manger du
premier étage ; cette salle, fort belle, a pour
principal ornement les célèbres tapisseries
d'Oudry, les Chasses de Louis XV; les fenêtres
s'ouvrent sur la pièce d'eau du parterre. Le
roi et le Président s'asseyent l'un en face de
l'autre. Victor-Emmanuel III a à sa droite M.
Fallières, et à sa gauche M. Mougeot. M. Lou-
bst a à sa droite le lieutenant-général Brusati,
et à sa gauche M. Barrère. Les autres convives
sont le major Uboldi de Capei, le capitaine de:
corvette comte Leonardi, le comte Guicciar-
dini, le général Dubois, le lieutenant-colonel
Lamy, le colonel Lancelot, le général Dalstein,
l'officier de service au château, MM. Bertrand
et Jeannerat. Le service est très simple ; au-
cune musique ne se fait entendre, aucun toast
n'est prononcé.
Le menu représente dans sa partie supérieure
le château de Rambouillet en 1700 et 1903 et
est ainsi composé :
Œufs brouillés aux truffes
Filet de sole Joinville
Côtelette de pré-salé Soubise
Riz de veau financière
Canards rôtis à la rouennaise
Chaudfroid de caille à la parisienne
Salade jardinière
Fonds d'artichauts à l'italienne
Glace Néva
Le fumoir est installé dans les salons du
premier étage, dont les magnifiques boiseries
bien connues excitent l'admiration du roi.
Mais les convives ne peuvent s'attarder dans
les salons ; déjà les voitures attendent. En
route pour la chasse !
La chasse
Le déjeuner terminé, les attelages superbes
qui ont amené le roi et le Président de la
République approchent du perron. Il est midi
ll4. Le roi et le Président prennent place dans
la première voiture. Dans les autres montent
les personnes qui doivent prendre part, avec
les deux chefs d'Etat,à la chasse. Ce sont MM,
Fallières, président du Sénat ; Barrère, ambas-
sadeur de France à Rome ; Mougeot, ministre
de l'agriculture ; le général Dalstain ; le géné-
Tal Dubois ; le lieutenant général Brusatli ; le
major Oboldi de Capoi ; le capitaine comte
Leonardi.
Le soleil brille par intermittences entre des
nuages menaçants. Les voitures suivent d'a-
bord la grande avenue et la route de Coupe-
Gorge et sortent au rond-point de la Chas-
seuse où la chasse commence.
L'armée des gardes et des rabatteurs atten-
dait au rond-point les chasseurs.
Les gardes ont leur sévère tenue de fores-:
tiers : les rabatteurs portent un complet en j
toile gris clair, des guêtres de même nuance,
une casquette plate, en toile ciré6 blanche, à'
cocarde tricolore.
Les gardes remettent aux chasseurs leurs fu-
sils.
Organisée de façon remarquable par le colo-
nel Lamy, la chasse est composée do tir en
marche et battues. C'est par les tirs en marche
qu'elle commence. Les chasseurs sont placés
tout d'abord dans les différents layons des
tirés. Le roi est au contre, ayant à sa droite le
Président et à sa gauche le président du Sénat.
Derrière chaque chasseur se tient un garde
forestier portant un fusil de rechange. Dans
les intervalles libres entre les chasseurs s'avan-
cent les rabatteurs.
Presque aussitôt, un premier coup de feu re-
tentit. Comme à un signal, sur tout le front de
la chasse, une vraie fusillade crépite. La mar-
che se poursuit ainsi, sans interruption, jus-
qu'à la route des Quatre-Rangées. Là, les voi-
tures prennent les chasseurs pour les conduire
dans une autre partie du parc, à la route Du-
cambard, où a lieu une battue analogue.
C'est ensuite le tour des lapins. Dans le
« fermé » des Vieilles-Bergeries, vaste enceinte
de quinze hectares, entièrement entourée de
grillages, les chasseurs marchent devant eux
foulant les hautes herbes qui leur montent
presque jusqu'aux genoux, et faisant une héca-
tombe. Ils vont jusqu'à l'extrémité du « fermé »
puis reviennent. Tandis que les rabatteurs ga-
gnent rapidement la route de Onze-Heures, les
voitures transportent le roi, le Président, les
invités dans le tiré des Plaisirs.
Les chasseurs, encadrés par les rabatteurs,
reprennent la marche en avant dans les layons,
jusqu'à la route de la Faisanderie. Les voitures
attendent sur la route de la Ferme. Elles trans-
portent les chasseurs du rond-point des Mal-
nones sur une route où a lieu la dernière bat-
tue.
La chasse se termine à 4 h. 23. Les pièces
abattues sont rangées dans la cour du Châ-
teau :
641 pièces figurent au tableau, se répartis-,
sant ainsi : 382 faisans; — 3 lièvres; -
perdreaux; 1 pivert; - 244 lapins; 6 che-
vreuils.
A lui seul, le roi a tué 130 pièces, dont 89
faisans.
Puis, les voitures, par la Faisanderie, la
Ferme Nationale et la route de la Ferme, rega-t
gnent le château. Le roi, le Président de la
République et les invités sont reconduits dans
leurs appartements où ils changent de costume
et prennent quelques instants de repos. Après
un lunch qui leur est servi dans la grande
salle à manger, les chasseurs vont à la gare
prendre le train qui les ramène à Paris.
Sur le trajet du château à la gare, même foule,
enthousiaste qu'à l'arrivée, mêmes acclama-
tions.
Le retour
A la gare, le roi et le président ont été sa-
lués par M. Poirson, préfet de Seine-et-Oise, et
par les notabilités de Rambouillet. L'entrevue
a été courte. Les chasseurs sont montés dans
le wagon-salon, et le train s'est mis en mar-
che. A 5 h. 45, on arrivait à Paris, à la gare
des Invalides.
Le roi, accompagné du président de la Ré-
publique, a gagné à pied le palais du minis-
tère des affaires étrangères par la porte de la
rue de Constantine.
La foule, assez considérable, a longuement
acclamé le souverain. M. Loubet est monté en
landau et est rentré à l'Elysée. Sur le trajet, la
président a été chaudement acclamé.
LA JOURNÉE DE LA REINE
La reine était un peu fatiguée, hier matin,
de son voyage et de ses deux premières jour-
nées. Elle n'a reçu personne. Avec ses deux
dames d'honneur, elle a dépouillé un assez vo-
lumineux courrier et écrit quelques lettres.
A midi et quart, la souveraine a paru sur le
perron d'honneur, ayant à ses côtés le duc et
la duchesse d'Ascoli, l'amiral Mallarmé et'le
commandant Fraisse. Elle portait une ravis-
sante toilette de velours bleu foncé qui lui
seyait à ravir. Les landaus étaient avancés. La
souveraine et sa suite y ont pris place.
., Le déjeuner de l'Elysée
- La Yoîtare do la reino — un landau fermé,
cd^n pleuvait — était escortée par un piquet
de gardes municipaux à cheval.
La voiture royale et son escorte ont passfi
parle pont Alexandre-Ill et l'avenue de Mari.
gny. Très peu de curieux se trouvaient sur cf
parcours ; il faisait un mauvais temps à dé«ou<
rager les plus braves.
La reine est arrivée à l'Elysée à midi et de
mi, accompagnée par le duc et la duchesst
d'Ascoli qui avaient pris place dans son lan
dau ; dans la voiture suivante, l'amiral Mal
larmé, le commandant Fraisse et la comtesse
Guicciardini. •
Dans la cour du palais de la présidence, un
piquet d'infanterie rendait les honneurs.
La reine a été reçue au bas de l'escalier pat
le lieutenant-colonel Chabaud, officier de ser.
vice, et, dans le grand vestibule, par Mme Lou-
bet, qu'accompagnaient M. Abel Combarieu,
secrétaire général de la présidence, et le géné-
ral Silvestre.
Après les présentations qui ont eu lieu dans
le grand salon du premier étage, le déjeuner a
été aussitôt servi dans la salle à mangar du
premier étage, qui, pour la circonstance, avait
été ornée d'une façon exquise. Le déjeuner a
eu un caractère tout à fait intime.
La reino avait à sa droite M. Delcassé, mi-
nistre des affaires étrangères, et à sa gauche
M. Chaumié, ministre de l'instruction publi- -
que. Mme Loubet avait à sa droite le comte
Tornielli, ambassadeur d'Italie,et à sa gauche
le duc d'Ascoli.
Parmi les autres convives se tronvaient la
duchesse d'Ascoli, la comtesse Torniclli, la
comtesse Guicciardini, Mme Barrère, M. Léon
Bonnat et plusieurs personnages de la suite
des souverains et de la maison militaire du
Président de la République.
Le menu du déjeuner était le même que
celui qui était servi à Rambouillet :
Œufs brouillés aux truffes
Filet de sole Joinville
Côtelette de pré-salé Soubise
Riz de veau financière
Canards rôtis à la rouennaise
Chaudfroid de caille à la parisienne
Salade jardinière
Fonds d'artichauts à l'italienne
Glace Néva
De l'Elysée au Louvre
Le départ de l'Elysée pour le musée du Lou--
vre a dû être retardé à cause de la pluie tor.
.rentielle qui est tombée, un peu avant 2 h. Les
gardes municipaux de l'escorte, en culotteg
blanches, étaient déjà rangés devant l'Elysée,.
sabre au clair. Dans.la cour du Palais, les sol-
dats du bataillon d'infanterie attendaient, l'ar-
me au pied. Ils étaient ruisselants.
c Les curieux, stoïques sous leur parapluie, se
pressaient sur le trottoir bordant le fau-
bourg Saint-Honoré, et malgré que la grêle se
fut un instant mise de la fête, ils sont rester
jusqu'au passage du cortège.
A 2 114 seulement, la reine et Mme Loubet
descendent ie perron de l'Elysée. La musique
du 28= d'infanterie joue l'Hymne royal italien,
puis les tambours battent aux champs.
Mme Loubet a pris place avec la reine dan*
le premier landau ; elle porte une jolie robe om
moire gris perle. Le duc d'Ascoli s'assied ell
face de sa souveraine, et cinq autres voitures
complètent le cortège qu'escortent les garde?
municipaux jusqu'au Louvre, par te faubourg
Saint-Honoré, la rue Royale, la place de 1*
Concordç et les quais.
Les curieux sont nombreux. Ils crient cha.
leureusement : « Vive la reine! » et la reine,
derrière les glaces de sa voiture, incline U
tête et sourit.
Un touchant incident
Au moment où le cortège se formait datF-
la cour de l'Elvsée, un incident des plus ton
-chants s'est produit.
A ce moment, en effet, un petit télégra-
phiste a surgi sous la voûte d'entrée. On ¡'at
naturellement, un peu rudoyé et sa bicy\
clette fut aussitôt saisie.
Il eut quelque peine, devant l'indignation
des gardes du Palais, à s'expliquer : il appor*
tait en grande hâte un télégramme de Romt
pour la reine, il cria : « Ce sont des nouvelle
.1 f .,.
âIN:Q CENTIMES • le Numéro. PàBîS & DÉPARTEMENTS Le Nuxnéro CINQ CENTIMES
ONDATEUR,: ':JGUSTE' VACQUERIE
ABONNEMENTS
Bi Mit Trtit IDOis Six Mil S»»
Paris 2fr. 5fr. 9 fr. 18 fr.,
Départements.. 2 — 6 — ii — 20 —
V" Postale. 3 — 9 — 46 32-
REDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF S- l'he
6, Place d-e la Bourse, 6
et AUX BUREAUX DU JOURNAJ,
REDACTION s 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12274, — Lundi 19 Octobre 1903
26 VENDÉMIAIRE AN 112
ADMINISTRATION : 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
La rnll 'nn ri
Est-il nécessaire, pour recevoir un roi
et une reine, que la République fran-
çaise se monarchise ? Le monde officiel
dépasse vraiment la mesure. Trop de
galas, trop de protocole, trop de cour-
tisanerie. Les Dangeau de notre temps
ont dû enregistrer des choses admira-
bles, car chacun cherche à faire sa
cour au roi d'Italie. Aussi assistons-
nous à des assauts de flagornerie stu-
péfiants. Il serait, par exemple, in-
juste de ne pas décerner le premier
prix à ce fonctionnaire de la Monnaie
qui, sachant que le roi est un numis-
mate, s'empresse de lui dire : « Oh !
sire, à côté de vous nous ne sommes
que des écoliers ».
Les employés du protocole sont cou-
verts de galons, de broderies et de
'Crachats. Ils se précipitent partout où
il y a des révérences à faire et des
gaffes à commettre. On les voit fen-
dre la foule, faire des contorsions
inexprimables et donner des ordres à
la police pour qu'elle fasse reculer ce
peuple de Paris qui a l'audace de re-
garder et de vouloir montrer ses sym-
pathies à l'égard d'un peuple voisin.
Tous d'ailleurs sont comtes, marquis
ou barons comme sous Louis XIV. Ils
portent des noms longs d'une lieue.
Ils sont les mouches du coche et
créent des difficultés à chaque ins-
tant. On se,demande quel besoin peut
avoir notre République de ces gaillards
qui regrettent tous les jours la dispa-
rition de l'ancien régime.
Quand quelque chose rate dans la
disposition du cortège, c'est toujours
de leur faute. Ils n'ont rien prévu,
mais ils font beaucoup de bruit. Ils
ont eu, pour citer un cas, une ma-
nière d'organiser le gala de l'Opéra,
qui les ridiculiserait à tout jamais
s'il était vrai que nous fussions le peu-
ple le plus spirituel de la terre. Le
Bourgeois gentilhomme en scène, dans
une représentation de ce genre, c'est à
pouffer de rire ! A moins que, et alors
je les en féliciterais,ils n'aient voulu
donner une leçon de savoir-vivre à
cette bourgeoisie réactionnaire qui
remplissait la salle, si prétentieuse, si
enorguellie de ses richesses et crevant
-de dépit de n'avoir pas la moindre pe-
tite particule à se mettre sur ses car-
tes de visite.
Car elle s'aplatit, notre bourgeoisie,
le Bourgeois gentilhomme est bien fait
pour elle. Mais Je protocole n'a pas vu
tant de malice dans la chose. Il a inter-
calé dans le spectacle la terrible comé-
die de Molière comme il y aurait mis
Esther ou Athalie.
Et le tombeau de l'empereur î Et la
visite à Versailles ! Ainsi la République
française n'a pas autre chose à mon-
trer à des souverains étrangers que le
palais de Louis XIV et que la tombe
de Napoléon ? Remarquez avec quelle
courtisannerie cette visite de Versailles
a été agencée, mais notez aussi la
maladresse de son inventeur. Comme
on croit savoir que la reine est en-
ceinte, on veut que le premier portrait
qui frappe ses regards soit celui'd'une
princesse de la maison de Savoie, la
duchesse de Bourgogne, peinte dans
les premiers mois de sa grossesse. Et
aussitôt après, on la promène dans
les appartements de Marie-Antoinette;
on lui montre des souvenirs de Marie-
Antoinette; on lui fait toucher les ob-
jets chers à Marie-Antoinette, dont ses
sujets, nos ancêtres, se sont séparés
un peu violemment. Jolie perspec-
tive dont on ne cesse indirectement
d'entretenir une jeune reine en voyage
que celle de la guillotine sur UIH\ place
de la Révolution !
Quant à nos fonctionnaires, ils nous
apparaissent tous dans de beaux, cos-
tumes chamarrés d'or et d'argent. De
nombreuses décorations s'étalent sur
leurs poitrines. Ils ont l'épée au côté.
Ils font des courbettes savantes. Ils
prononcent, sans hésitation, comme
s'ils n'avaient fait que cela toute ieur
vie, les mois de majesté et de sire.
Les beaux républicains que nous avens
là et comme ils comprennent admira-
blement la simplicité démocratiquel.
J'ai la conviction profonde que si le
président de la République américaine
venait en France, ou bien le président
de la République suisse, tous nos pro-
locolards et tous nos fonctionnaires nô
se donneraient pas tant de peine et ne
montreraient pas tantd'empressement.
Qu'est-ce que cela,je vous le demande,
qu'un président de la République qui
ne porte que le simple habit ou la sim-
ple redingote? Parlez-nous d'un roi,
d'un empereur coiffé d'un casque à ai-
gle d'or, d'un képi avec une aigrette
et couvert de broderies et de galons
«ar toutes les coutures ! A la bonne
fleure. Voilà au moins un chef d'Etat.
Tous ces gens-là ont l'air de deman-
der un roi ou un empereur. Ils se dis-
putent pour avoir les meilleures pla-
ces. Voir le roi et la reine de près, quel
bonheur ! Leur parler et recevoir
d'eux une réponse, quel ravissement!
jLa République est bien servie, décidé-
ment. Quelle éducation républicaine
t'/eut donner à ce pays cette adminis-
tration éprise des façons, des cérémo-
nies et des cortèges monarchiques ?
Le peuple de Paris a été autrement
intelligent. Il savait qu'il fallait rece-
voir le roi et la reine d'Italie avec cha-
leur et avec sympathie. 11 l'a fait. Il
les a acclamés largement ; il s'est
pressé sur leur passage pour que ses
acclamations arrivassent mieux jus-
qu'à eux. Mais il l'a fait aussi sans fa-
çon, à la bonne franquette et sans se
montrer ému ; il en a vu bien d'au-
tres.Et je gage que cet accueil sincère,
ardent, mais sans flatterie, fera cer-
tainement plaisir au peuple italien et
contribuera autrement à dissiper
les malentendus qui ont existé entre
les deux pays "que le gala de l'Opéra,
la visite à Versailles et les bassesses de
notre monde officiel.
Charles Bos. ,..
L'ARBITRAGE ANGLO-FRANÇAIS
-
Sir Thomas Barclay, l'ancien
président de la chambre de com-
merce anglaise de Paris, — qui
a pris une si giande part à la
préparation du traité d'arbitrage
anglo-français — répond aux ob
jections qui ont été faites à cet acte.
Quoiqu'on en dise, c'est, affirme-t-il, un
événement de première importance. Ce-
pendant, M. Barclay reconnaît qu'il y a
des lacunes dans le traité en question.
Il les explique par une difficulté de droit
constitutionnel. On n'ignore pas que le
pouvoir exécutif, en Angleterre, est armé
du droit de conclure, seul, des traités avec
les puissances étrangères. Il n'en est pas de
ironie chez nous, où la ratification du Par-
lement est nécessaire pour donner force
d'exécution aux « instruments » diploma-
tiques.
Les représentants du gouvernement an-
glais — et sans doute celui de l'Etat fran-
çais — auraient cru prudent « de rester en
deçà de l'opinion, plutôt que de la dépas-
ser )).
Sir Thomas Barclay est un homme dont
la parole mérite d'être crue. Il est vraisem-
blable qu'il ne s'abuse pas sur la prudence
exagérée de nos diplomates. Eh bien, les
diplomates ont eu tort. Un traité d'arbitrage
ne comportant aucune restriction aurait été
accueilli avec joie, non seulement par la
majorité républicaine des Chambres fran-
çaises, mais par l'ensemble de la démocra-
tie internationale.
Est-ce à dire que le traité, tel qu'il a été
rédigé, puisse être considéré comme négli-
geable ? N.o.tr.c pansée est bien différente
Quel que soit le traité d'arbitrage qui a été
signé, il permettra toujours au parti de la
paix d'en appeler à la Cour de La Haye si
jamais les relations de l'Angleterre et de la
France deviennent un peu tendues. Et puis,
le principe de l'arbitrage une fois admis,
il faudra bien, sous la pression de l'opi-
nion, que la plus large application en soit
faite.
Sir Th. Barclay estime qu'il serait possi-
ble de conclure d'autres traités d'arbitrage
entre l'Angleterre et l'Amérique, et entre la
France et l'Amérique.
Il n'en faudrait pas plus pour rendre la.
guerre impossible dans la Manche et dans
l'Atlantique. Et l'alliance russe r1 Et le rap-
prochement franco-italien > Et les tendan-
ces francophiles des libéraux et des répu-
blicains espagnols ? Et les dispositions cor-
diales de la Hollande, de la Suède et Nor-
vège ? A nous de tirer parti de tous ces élé-
ments de paix. Nous sommes engagés dans*
la bonne voie. - Ch. B.
———————————
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Le Comité exécutif se réunira mercredi pro-
chain, 21 octobre, à heures du soir, au siège
du Parti, 9, rue de Valois (Palais-Royal).
Ordre du jour :
1° Proposition du bureau sur l'application de
l'article 11 du règlement du Parti.
2' Communications du bureau.
3° Fixation de la date do la nomination des com-
missions.
4° Elections municipales.
En raison de l'importance de cette première
séance tous les délégués sont priés de vouloir;
bien répondre à la convocation.
Compte rendu dit .Congrès de Marseille. —
Pour faciliter la correction des épreuves du
compte rendu sténographique du Congrès de
Marseille, les citoyens qui ont déposé des vœux
ou présenté des motions, les rapporteurs et les
orateurs qui ont pris part aux discussions,.
uorrt priés de vouloir bien envoyer sans retard,,
sut secrétariat général, 9, rue de Valois, à Pa-
ins, avec leur adresse exacte, les documents
qui concernent les débats.
Les épreuves seront prochainement commu-
niquées aux orateurs et aux rapporteurs.
,_
RUSSES ET JAPONAIS EN EITREME-CRIENT
Londres, 17 octobre.
Nous reproduisons, sous toutes réserves, la
dépêche suivante que le correspondant du
Morning Post à Weï-Haï-Weï télégraphie à ce
journal, le 16 octobre :
En arrivant ici de Tche-Fou,j'apprends do source
\),gne de foi que les Japonais ont débarqué des
ilswipes à Pi-Iviang-, .dans la baia de Corée.
On dit couramment que la conférence des auto-
rités russes et japonaises n'a pas ahoutl
Le correspondant du Daily Mail à Hakodate
télégraphie, le 16 octobre, que plus de 100.000
hommes sont concentrés dans le voisinage de
cette ville qui, en cas d'hostilités, serait le
point d'embarquement des troupes.
Les Japonais posent des torpilles dans !e
port, ainsi que dans les autres ports du litto-
ral occidental du Japon.
On mande de Tche-Fou au Daily Mail, le
16 octobre :
D'après une dépêche da Port-Ao-thur, on a des
craintes au sujet de l'invulnérabilité de ce port du
icôté de la terre et, en conséqueuce, on pousse ac-'
uivement la construction de nouveaux forts.
On mande de Tien-Tsia au Standard, le
16 octobre :
Une personne venant de Yong-Kan-Fou annonce
que les Russes construisent un fort sur ce point et
reculent la frontière de leur territoire à bail au sud
de Taisan.
PortsmoutlJ, 17 octobre.
On a donné l'ordre d'armer immédiatement
le cuirassé Centurion et le croiseur de 1" classe
Europia.
Le Centurion va remplacer dans la Méditer-
ranée un cuirassé envoyé en Chine.
L'Europia partira également pour les mers
de Chine, aussitôt ses préparatifs terminés.
New-York, 17 octobre.
Suivant une dépêche de Washington au
lVorld, le département de la marine a désigné
49 vaisseaux pour les eaux asiatiques, dans le
cas où un conflit éclaterait entre la Russie et
le Japon. Le poste assigné à ces navires est
déjà choisi.
ÉCONOMIES
Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Il n'y a pas de petites économies. Cette année,
pour la première fois depuis 1326, je crois, les
compagnies judiciaires ont été privées du mor-
ceau d'éloquence qui prit successivement le
nom de mercuriale et de discours de rentrée.
Elles ne s'en portent pas plus mal pour cela
d'ailleurs.
Le plaisir était maigre pour les magistrats,
après avoir assisté en corps à la Messe rouge,
de venir écouter un des leurs développer sur
un ton plus ou moins monotone, et souvent
pendant plus d'une heure,des variations sur un
thème connu, ou des essais littéraires débités
avec apparat, précédant l'éloge des membres
des cours décédés ou simplement atteints par la
limite d'âge dans l'année courante. Et puis il
était cher, il se payait par quelques billets de
mille francs consacrés à l'impression des dis-
cours solennels.
M. Vallé a bien fait de supprimer ces céré-
monies d'un autre âge, qui occasionnaient en
même temps une perle d'argent, et qui n'a-
vaient aucune utilité pratique.
Si l'on examine, en effet, les différents dis-
cours prononcés récemment, on voit qu'ils se
distinguent surtout par leurs tendances méta-
physiques, Il en est peu, et je devrais même
dire il n'en est point, qui s'adressent spéciale-
ment aux magistrats et parachèvent leur édu-
cation judiciaire.
Or l'éducation des magistrats n'est pas une
mince besogne. Par les fonctions qu'ils exer-
cent, ils sont obligés de tout connaître. Il n'est
pas une des branches de l'activité humaine,
animale ou mécanique, qui soit en dehors de
leur sphère. Or, il se trouve que, par la force-
des choses, les juges n'ont que des notions
bien vagues souvent sur les particularités de;
la vie industrielle et même sur celles de la
vie courante.
Dans le début de l'industrie de l'automo-
bile, on leur faisait ouvrir des grands yeux
lorsqu'on parlait de « couper l'allumage ». Et
c'est tout juste si maintenant ils se rendent
compte exactement de cette opération. Dn me
citait l'autre jour lo cas de ce magistrat, ré-
cemment promu à la cour et qui, présidant
une chambre correctionnelle, se trouva amené
à juger un cocher responsable d'un accident
de voiture : « Je conduisais, dit le prévenu,
un double-poney ; à un moment donné, mon
cheval fit un faux pas.— Et l'autre? interrom-
pit le président.- Quel autre? dit le cocher in-
terloqué. — Mais l'autre poney. puisque vous
aviez un double'poney. »
On en rit encore dans la salle des Pas-Per-
due. Mais que voulez-vous, ce magistrat avait
une excuse, aucun discours de rentrée d'au-
dience solennelle n'avait été jusqu'alors con-
sacré aux variétés de la race chevaline. Depuis.
on n'a pas rompu la tradition — et c'est dom-
mage. — Charles Daraj.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
LE MANUEL DE L'INFANTERIE ITALIENNE
[De notre correspondant particulier)
Rome, 17 octobre.
Une commission spéciale, présidée par le géné-
ral Spingardi, vient d'élaborer un nouveau ma-
nuel de lactique d'infanterie. Le projet sera pré-
senté d'abord au chef du grand état-major, et ne
sera distribué aux chefs de troupes que vors la fin
du mois de janvier.
i *0(11111
S
Un nouveau canon allemand
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 17 octobre.
L'autorité militaire vient d'adopter un canon
d'un nouveau système pour l'artillerie de campa-
gne. On garde [e secret le plus absolu sur les dé-
tails de construction de la nouvelle pièce. Il pa-
raît quo le principal avantage du canon consiste
en un projectile d'un nouveau genre, projectile
dont les effets balistiques ont fait l'admiration
des artttleurs. La nouveau canon sera muni d'un
bouclier .en acier.
L I I
Les impressions de voyage d'Edouard VII
iDe notre correspondant particulier)
Londres, 17 octobre,
Le roi Edouard VII est on train de revoir les
épreuves d'un volume qu'il publiera prochaine-
ment et dans lequel il raconte ses impressions de
voyage recueillies dans ses récentes visites au Por-
tugal, à Malte, en Italie et en France. On ne tirera
qu'un nombre restreint d'exemplaires de cet ouvrage.
Le roi a fait intercaler dans le texte les instan-
tanés pris pendant son voyage.
-0-
UN CONGRÈS DE SALUTISTES
(De notre correspondant particulier]
Londres, 17 octobre.
L'Armée du Salut prépare, pour l'année pro-
chaine, un congrès international à Londres, suivi
de « grandes manœuvres » qui dureront quatre
semaines.
Par «grandes manoeuvres » il faut entendre les
réunions publiques qui seront données pour la
conversion des mécréants. Il y en aura trois ou
quatre par jour et chaque réunion sera présidée
par le maréchal Booth lui-même.
Il y aura à Londres 6.000 officiers de l'Armée du
Salut de tous les pays et environ 100.000 troupiers
salutistes.
Le protectorat du Wadaï
Tripoli, 17 octobre.
Une caravane arrivée du Wadaï annonce que
le sultan a accepté paciGquement le protecto-
rat de la France.
La colonne, commandée par le colonel Des-
tenaves, doit maintenant être arrivée à Abe-
che, la capitale, pour la prise de possession.
-Ob
L'INSURRECTION EN MACÉDOINE
Un programme de réformes
Francfort, 17 octobre.
On télégraphie de Constantinople à la Ga-
zette de Francfort :
Toutes les grandes puissances ont adhéré d'une
manière générale au programme de réformes pour
la Macédoine.
Le sultan attend avec impatience la note qui
doit lui être remise par l'Autriche-Hongrie et la
Russie.
On garde provisoirement d'une façon absolue le
secret des mesures de contrôle projetées. Tous les
renseignements publiés à ce sujet ne sont donc que
dos conjectures.
LmilSOL Ellî ni is 'ITALIENS' A A als
QUATRIÈME JOURNÉE
Il pJ.erLvi,., il plôut. - Le roi chasse. - Faisans et lapins: - Paris-Razn.
bouillet. et J.'etou.r. - La reine est fatiguée.— Le déjeuner de
l'Elysée. — La reine et le télécjraptiiste. — Au musée du..
Louvre. - M. Donnât cicérone. — IDe l'antique au mo-
derne. - Le retour. — Et la pluie tombait toujours.
— Un dîner intime.
Le service d'ordre a été, hier matin, aux
abords du ministère des affaires étrangères et
de la gare des Invalides, absolument sembla-
ble à celui de jeudi dernier.
Nous avons décrit, à l'occasion du départ
des souverains pour Versailles, la décoration
do la gare ; hier matin, elle était identique.
Du vestibule du ministère à l'entrée de la gare,
un long tapis est déroulé. Des gardes munici-
paux font la haie jusqu'au quai d'embarque-
ment.
A 9 h. 25, M. Loubet arrive en laudau
fermé. Tambours et clairons battent et sonnent;
aux champs. Le Président pénètre dans le ves-
tibule, où l'attendent le roi et les personnages
de sa suite. Deux ou trois minutes s'écoulent.
Puis la sonnerie : aux champs, retentit de nou-
veau. Précédés de M. Lépine et de M. Hamard,
le roi et le Président traversent la rue. Victor-
Emmanuel a revêtu un pardessus gris ; il est
coiffé d'un chapeau de feutre gris à larges
bords et chaussé de guêtres jaunes. Le Prési-
dent porte un pardessus noir et un chapeau
haut de forme.
M. Fallières, l'amiral Morin et les autres in-
vités sont en tenue de chasse,
MM. Gay, président du conseil d'adminis-
tration de la Compagnie de l'Ouest, et Bonnet,
sous-directeur, reçoivent le roi et le président
de la République sous la tente dressée à l'en-"
trée de la gare et les conduisent sur le quai.
M. Loubet monte le premier dans le wagon-
salon, Victor Emmanuel le suit. Les invités
montent derrière lui, et le train démarre aus-
sitôt.
Au coup de sifflet annonçant le départ, le
roi se découvre et salue les personnages res-
tés sur le quai. -
A l'aller comme su retour, la marche du
train était surveillée par MM. Sabouret, ingé-
nieur en chef du matériel et de la traction, et
Berthelier, chef de l'exploitation.
En outre, depuis 8 h. du matin, la voie était
gardée militairement. De Versailles à Ram-
bouillet les soldats du 5e régiment du génie,
en tenue de campagne, occupent les passa-
ges à niveau, les ponts, les issues des tunnels,
les aiguilles, et sont échelonnés le long de la
ligne. Sur les quais de toutes les gares et dans
les simples haltes sont postés-des gendarmes,
en petite tenue, pris dans toutes les brigades
du département. Ils ont la consigne de faire
évacuer les quais au moment du passage du
train royal.
A Rambouillet
La petite ville de Rambouillet était en fête.
Son aspect était d'un pittoresque exquis. La
ville est pavoisée de drapeaux jusqu'au châ-
teau. La demeure du garde, en face de la gril-
le, à l'intérieur, est également pavoisée.
La gare est décorée avec goût aux couleurs
italiennes et françaises.
Trois arcs de triomphe ont été dressés : l'un,
au bas de la descente de la gare, porto l'hom-
mage des commerçants de la ville de Ram-
bouillet ; le second, à mi-dislance entre la
gare et le château, porte au centre un grand
écusson aux armes de Savoie et un drapeau
italien. En banderole, les mots : « France-
Italie » se détachent ; le troisième, tout de i
verdure, est situé à 20 mètres de l'entrée du:
parc. De nombreux mâts sont plantés de cha-
que côté de cette voie principale que suivra
le cortège; les murs des maisons et les pieds,
des mâts sont garnis de branchages ; des guir-
landes 4e papier colorié, des guirlandes de pe-
tites flammes variées vont, de distance en
distance, d'un côté de la rue à l'autre.
Il pleut assez fort ot un vent glacial souffle
depuis le matin. Mais, vers 10 h., le ciel s'é-
claircit quelque peu et le soleil brille. Donc,
nul empêchement pour la chasse, mais on
nous prévient que personne ne sera admis dans
le parc.
Ce sont les cuirassiers, en garnison à Ram-
bouillet, qui fournissent le serrice d'honneur.
L'arrivée des voitures du cortège à la gare fait
sensation. Le piqueur et les postillons de la
daumont, attelée, en poste, de quatre chevaux,
portent le costume pittoresque que nous avons
décrit, à Versailles, jeudi: vestes-fracs,ctllottes
et gants jaune-vif.
L'arrivée
M. Poirson, préfet de Seine et-Oise, arrive à
la gare, quelques instants avant l'heure fixée
pourl'arrivée du train spécial. Il est en petite
tenue. Presque en même temps arrivent M.
Roman, sous-préfet ; le colonel Lancelot, com-
mandant d'armes; M. Gautherin, maire de
Rambouillet ; M. Godin, ancien ministre ; M.
de Caraman, député ; M. Syrieis, président du
tribunal. Un long tapis rouge est déroulé sur
le quai devant lequel va stopper le train.
A 10h. Ii4, le train entre en gare. Des offi-
ciers italiens, le lieutenant-colonel Lamy pa-
raissent les premiers ; et, soudain, la fanfare
des cuirassiers attaque allègrement l'hymne
royal italien, tandis que le roi et le Président
de la République descendent du wagon-salon.
M. Poirson s'avance aussitôt vers eux et pré-
sente au roi le maire de Rambouillet et les
'conseillers municipaux.
Le maire souhaite la bienvenue au roi au
nom de ses concitoyens :
Sire, dit-il, le conseil municipal de la ville de:
Rambouillet est très heureux et très fier de venir
saluer Votre Majesté et de lui apporter un hom-
mage respectueux pour vous et pour S. M. la reine
et les vives sympathies de la bonne ville de Ram-
bouillet qui évoque tant de souvenirs. La France
forme les vœux les plus vifs pour la prospérité
et le bonheur de votre grande et belle nation.
Le roi serre la main du maire et le remercie
de ses souhaits de bienvenue. Puis il traverse
la salle de réception, luxueusement décorée,
et se dirige vers une daumont attelée en poste
de quatre superbes gris-pommelés. Le Prési-
dent prend place à côté du roi, tandis que les
autres personnages de la suite montent dans
d'autres landaus.
Le cortège, après avoir descendu au pas la:
rampe de la gare, passe sous le premier arc de
triomphe et s'engage dans la rue principale de
Rambouillet. Toute la population de la ville!
est dans cette rue, entassée sur les trottoirs
étroits ou se pressant aux fenêtres.
Précédé du piqueur Troude et escorté du 12*
cuirassiers, le cortège suit l'itinéraire suivant :
rue Sadi-Carnot, rue de l'Embarcadère, place
de la Foire et rue Nationale.
Les gendarmes assurent le service d'ordre,
des cuira&siers barrent les rues ot rendent les'
honneurs au passage du cortège. I.e temps qui
s'était éclairci au moment de l'arrivée du train
se couvre de nouveau et la pluie se remet à
tomber.
A 10 h. 25, le cortège pénètre dans la cour
de l'Ecole des enfants do troupe. Au moment
où il franchit la grille du parc, sen entrée est
saluée par l'Hymne italien qu'exécute la mu-
sique des enfants do troupe.
Le roi et M. Loubet saluent à plusieurs re-
prises les petits soldats.
Au château
Le vestibule d'entrée du château a été décoré
d'une tapisserie de haute lice représentant une
chasse au cerf. Par le grand escalier, qui a
été décoré de belles tapisseries des Gobelins
représentant les chasses de François I", le roi
et le président gagnent les salons du 1" étage,
et les visitent rapidement. Ils sont ornés pour
la circonstance de motifs de verdure desquels;
émergent à profusion des chrysanthèmes aux
tons les plus divers.
Le roi se rend ensuite dans les appartements
qui lui ont été réservés au 2" étage, et dont
les fenêtres s'ouvrent sur le parc. La chambre,
très vaste,est de style Empire, rouge et or ; le
meuble est en bois de citronnier. Le président-
retrouve l'appartement qu'il occupe d'ordinai-
re, dans l'aile du château. Des chambres ont
été disposées pour M. Fallières, pour M. Mou-
geot et pour les invités italiens.
Ces appartements, ainsi que la salle à man-
ger, sont ornés d'une profusion de plantes
vertes et de fleurs, d'un effet des plus agréa-
bles.
Le déj euner
A 11 h., le roi, le Président, les invités, qui
viennent de se revêtir du costume de chasse, se
réunissent dans la grande salle à manger du
premier étage ; cette salle, fort belle, a pour
principal ornement les célèbres tapisseries
d'Oudry, les Chasses de Louis XV; les fenêtres
s'ouvrent sur la pièce d'eau du parterre. Le
roi et le Président s'asseyent l'un en face de
l'autre. Victor-Emmanuel III a à sa droite M.
Fallières, et à sa gauche M. Mougeot. M. Lou-
bst a à sa droite le lieutenant-général Brusati,
et à sa gauche M. Barrère. Les autres convives
sont le major Uboldi de Capei, le capitaine de:
corvette comte Leonardi, le comte Guicciar-
dini, le général Dubois, le lieutenant-colonel
Lamy, le colonel Lancelot, le général Dalstein,
l'officier de service au château, MM. Bertrand
et Jeannerat. Le service est très simple ; au-
cune musique ne se fait entendre, aucun toast
n'est prononcé.
Le menu représente dans sa partie supérieure
le château de Rambouillet en 1700 et 1903 et
est ainsi composé :
Œufs brouillés aux truffes
Filet de sole Joinville
Côtelette de pré-salé Soubise
Riz de veau financière
Canards rôtis à la rouennaise
Chaudfroid de caille à la parisienne
Salade jardinière
Fonds d'artichauts à l'italienne
Glace Néva
Le fumoir est installé dans les salons du
premier étage, dont les magnifiques boiseries
bien connues excitent l'admiration du roi.
Mais les convives ne peuvent s'attarder dans
les salons ; déjà les voitures attendent. En
route pour la chasse !
La chasse
Le déjeuner terminé, les attelages superbes
qui ont amené le roi et le Président de la
République approchent du perron. Il est midi
ll4. Le roi et le Président prennent place dans
la première voiture. Dans les autres montent
les personnes qui doivent prendre part, avec
les deux chefs d'Etat,à la chasse. Ce sont MM,
Fallières, président du Sénat ; Barrère, ambas-
sadeur de France à Rome ; Mougeot, ministre
de l'agriculture ; le général Dalstain ; le géné-
Tal Dubois ; le lieutenant général Brusatli ; le
major Oboldi de Capoi ; le capitaine comte
Leonardi.
Le soleil brille par intermittences entre des
nuages menaçants. Les voitures suivent d'a-
bord la grande avenue et la route de Coupe-
Gorge et sortent au rond-point de la Chas-
seuse où la chasse commence.
L'armée des gardes et des rabatteurs atten-
dait au rond-point les chasseurs.
Les gardes ont leur sévère tenue de fores-:
tiers : les rabatteurs portent un complet en j
toile gris clair, des guêtres de même nuance,
une casquette plate, en toile ciré6 blanche, à'
cocarde tricolore.
Les gardes remettent aux chasseurs leurs fu-
sils.
Organisée de façon remarquable par le colo-
nel Lamy, la chasse est composée do tir en
marche et battues. C'est par les tirs en marche
qu'elle commence. Les chasseurs sont placés
tout d'abord dans les différents layons des
tirés. Le roi est au contre, ayant à sa droite le
Président et à sa gauche le président du Sénat.
Derrière chaque chasseur se tient un garde
forestier portant un fusil de rechange. Dans
les intervalles libres entre les chasseurs s'avan-
cent les rabatteurs.
Presque aussitôt, un premier coup de feu re-
tentit. Comme à un signal, sur tout le front de
la chasse, une vraie fusillade crépite. La mar-
che se poursuit ainsi, sans interruption, jus-
qu'à la route des Quatre-Rangées. Là, les voi-
tures prennent les chasseurs pour les conduire
dans une autre partie du parc, à la route Du-
cambard, où a lieu une battue analogue.
C'est ensuite le tour des lapins. Dans le
« fermé » des Vieilles-Bergeries, vaste enceinte
de quinze hectares, entièrement entourée de
grillages, les chasseurs marchent devant eux
foulant les hautes herbes qui leur montent
presque jusqu'aux genoux, et faisant une héca-
tombe. Ils vont jusqu'à l'extrémité du « fermé »
puis reviennent. Tandis que les rabatteurs ga-
gnent rapidement la route de Onze-Heures, les
voitures transportent le roi, le Président, les
invités dans le tiré des Plaisirs.
Les chasseurs, encadrés par les rabatteurs,
reprennent la marche en avant dans les layons,
jusqu'à la route de la Faisanderie. Les voitures
attendent sur la route de la Ferme. Elles trans-
portent les chasseurs du rond-point des Mal-
nones sur une route où a lieu la dernière bat-
tue.
La chasse se termine à 4 h. 23. Les pièces
abattues sont rangées dans la cour du Châ-
teau :
641 pièces figurent au tableau, se répartis-,
sant ainsi : 382 faisans; — 3 lièvres; -
perdreaux; 1 pivert; - 244 lapins; 6 che-
vreuils.
A lui seul, le roi a tué 130 pièces, dont 89
faisans.
Puis, les voitures, par la Faisanderie, la
Ferme Nationale et la route de la Ferme, rega-t
gnent le château. Le roi, le Président de la
République et les invités sont reconduits dans
leurs appartements où ils changent de costume
et prennent quelques instants de repos. Après
un lunch qui leur est servi dans la grande
salle à manger, les chasseurs vont à la gare
prendre le train qui les ramène à Paris.
Sur le trajet du château à la gare, même foule,
enthousiaste qu'à l'arrivée, mêmes acclama-
tions.
Le retour
A la gare, le roi et le président ont été sa-
lués par M. Poirson, préfet de Seine-et-Oise, et
par les notabilités de Rambouillet. L'entrevue
a été courte. Les chasseurs sont montés dans
le wagon-salon, et le train s'est mis en mar-
che. A 5 h. 45, on arrivait à Paris, à la gare
des Invalides.
Le roi, accompagné du président de la Ré-
publique, a gagné à pied le palais du minis-
tère des affaires étrangères par la porte de la
rue de Constantine.
La foule, assez considérable, a longuement
acclamé le souverain. M. Loubet est monté en
landau et est rentré à l'Elysée. Sur le trajet, la
président a été chaudement acclamé.
LA JOURNÉE DE LA REINE
La reine était un peu fatiguée, hier matin,
de son voyage et de ses deux premières jour-
nées. Elle n'a reçu personne. Avec ses deux
dames d'honneur, elle a dépouillé un assez vo-
lumineux courrier et écrit quelques lettres.
A midi et quart, la souveraine a paru sur le
perron d'honneur, ayant à ses côtés le duc et
la duchesse d'Ascoli, l'amiral Mallarmé et'le
commandant Fraisse. Elle portait une ravis-
sante toilette de velours bleu foncé qui lui
seyait à ravir. Les landaus étaient avancés. La
souveraine et sa suite y ont pris place.
., Le déjeuner de l'Elysée
- La Yoîtare do la reino — un landau fermé,
cd^n pleuvait — était escortée par un piquet
de gardes municipaux à cheval.
La voiture royale et son escorte ont passfi
parle pont Alexandre-Ill et l'avenue de Mari.
gny. Très peu de curieux se trouvaient sur cf
parcours ; il faisait un mauvais temps à dé«ou<
rager les plus braves.
La reine est arrivée à l'Elysée à midi et de
mi, accompagnée par le duc et la duchesst
d'Ascoli qui avaient pris place dans son lan
dau ; dans la voiture suivante, l'amiral Mal
larmé, le commandant Fraisse et la comtesse
Guicciardini. •
Dans la cour du palais de la présidence, un
piquet d'infanterie rendait les honneurs.
La reine a été reçue au bas de l'escalier pat
le lieutenant-colonel Chabaud, officier de ser.
vice, et, dans le grand vestibule, par Mme Lou-
bet, qu'accompagnaient M. Abel Combarieu,
secrétaire général de la présidence, et le géné-
ral Silvestre.
Après les présentations qui ont eu lieu dans
le grand salon du premier étage, le déjeuner a
été aussitôt servi dans la salle à mangar du
premier étage, qui, pour la circonstance, avait
été ornée d'une façon exquise. Le déjeuner a
eu un caractère tout à fait intime.
La reino avait à sa droite M. Delcassé, mi-
nistre des affaires étrangères, et à sa gauche
M. Chaumié, ministre de l'instruction publi- -
que. Mme Loubet avait à sa droite le comte
Tornielli, ambassadeur d'Italie,et à sa gauche
le duc d'Ascoli.
Parmi les autres convives se tronvaient la
duchesse d'Ascoli, la comtesse Torniclli, la
comtesse Guicciardini, Mme Barrère, M. Léon
Bonnat et plusieurs personnages de la suite
des souverains et de la maison militaire du
Président de la République.
Le menu du déjeuner était le même que
celui qui était servi à Rambouillet :
Œufs brouillés aux truffes
Filet de sole Joinville
Côtelette de pré-salé Soubise
Riz de veau financière
Canards rôtis à la rouennaise
Chaudfroid de caille à la parisienne
Salade jardinière
Fonds d'artichauts à l'italienne
Glace Néva
De l'Elysée au Louvre
Le départ de l'Elysée pour le musée du Lou--
vre a dû être retardé à cause de la pluie tor.
.rentielle qui est tombée, un peu avant 2 h. Les
gardes municipaux de l'escorte, en culotteg
blanches, étaient déjà rangés devant l'Elysée,.
sabre au clair. Dans.la cour du Palais, les sol-
dats du bataillon d'infanterie attendaient, l'ar-
me au pied. Ils étaient ruisselants.
c Les curieux, stoïques sous leur parapluie, se
pressaient sur le trottoir bordant le fau-
bourg Saint-Honoré, et malgré que la grêle se
fut un instant mise de la fête, ils sont rester
jusqu'au passage du cortège.
A 2 114 seulement, la reine et Mme Loubet
descendent ie perron de l'Elysée. La musique
du 28= d'infanterie joue l'Hymne royal italien,
puis les tambours battent aux champs.
Mme Loubet a pris place avec la reine dan*
le premier landau ; elle porte une jolie robe om
moire gris perle. Le duc d'Ascoli s'assied ell
face de sa souveraine, et cinq autres voitures
complètent le cortège qu'escortent les garde?
municipaux jusqu'au Louvre, par te faubourg
Saint-Honoré, la rue Royale, la place de 1*
Concordç et les quais.
Les curieux sont nombreux. Ils crient cha.
leureusement : « Vive la reine! » et la reine,
derrière les glaces de sa voiture, incline U
tête et sourit.
Un touchant incident
Au moment où le cortège se formait datF-
la cour de l'Elvsée, un incident des plus ton
-chants s'est produit.
A ce moment, en effet, un petit télégra-
phiste a surgi sous la voûte d'entrée. On ¡'at
naturellement, un peu rudoyé et sa bicy\
clette fut aussitôt saisie.
Il eut quelque peine, devant l'indignation
des gardes du Palais, à s'expliquer : il appor*
tait en grande hâte un télégramme de Romt
pour la reine, il cria : « Ce sont des nouvelle
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.51%.
- Collections numériques similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7547369x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7547369x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7547369x/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7547369x/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7547369x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7547369x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7547369x/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest