Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-10-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 octobre 1898 19 octobre 1898
Description : 1898/10/19 (N10449). 1898/10/19 (N10449).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/01/2013
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et AUX BUREAUX du JOURNAL
REDACTION: 131, rue Montmartre, 131
"llJe 4 à 8 htures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N. 10449. - Mercredi 19 Octobre 1898
27 VENDÉMIAIRE AN 107
ADUINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
A OS LEADERS
Louis XVIII et les FIE
ï a comédie que l'on joue à l'Odéon
ous le titre de Colinsite, a ramené l'at-
tention sur la figure du roi Louis XVIII,
que l'acteur Chelles représente avec
beaucoup de succès tous les soirs. No-
tre confrère, le docteur Cabanes a pro-
fité de l'occasion pour nous parler en
médecin, dans la Chronique rnédicale
lie ce roi et cte ses maîtresses.
Ses maîtresses! il paraît que c'est
jane manière de parler. Le roi Louis XVIII,
piême quand il n'était encore que le
Comte de Provence, n'entretint jamais
}l.vec les dames que des rapports exclu-
sivement platoniques. On se rappelle
fimpertinente réponse que lui fit la
comtesse Balbi, pour laquelle il avait
des bontés. Il aurait bien voulu faire
croire que ces bontés étaient de la na-
ture de celles dont son aïeul Henri IV
honorait Gabrielle et quelques autres.
Mais le bruit courait déjà que ce petit-
fils d'un diable à quatre, s'il n'avait pas
le talent de boire et de battre, n'avait
pas davantage celui d'être vert galant.
Il lui avait donc pris fantaisie un jour
de témoigner d'un peu de jalousie à sa
prétendue maîtresse, la comtesse de
Balbi ; et comme il la priait un peu sè-
chement de se mettre mieux en garde
contre les méchants propos qui cou-
raient sur son compte :-
— La femme de Cesar, ajouta-t-il, ne
doit pas même être soupçonnée.
— D'abord, lui répondit-elle, vous
-p'êfcs pas César, et puis vous savez bien
que je n'ai aucnn droit à être appelée
irotre femme.
Cette réputation l'agaçait; et le doc-
leur Cabanès donne à ce propos une
fenecdote que je ne crois pas très con-
pue, et qui est bien plaisante.
.*.
Il contait un jour, dans une de ses
réunions, l'histoire d'un malheureux
homme qui s'était épris dela reine Marie-
Antoinette, jusqu'à en perdre la raison.
« Nous nous promenions, dit Louis
!XVIII, la comtesse de Provence et moi
{la comtesse de Provence, c'était sa
femme; car à l'époque du récit, il n'é-
tait encore que Monsieur, le frère du roi
Louis XVI) ; et nous venions d'entrer
dans la grande avenue de Versailles;
les femmes de la comtesse nous accom-
pagnaient. Tout à coup, l'amoureux de
Ja reine s'élance de l'un des bosquets,
et se précipite vers nous. La comtesse
e Provence effrayée tombe évanouie
dans mes bras; on s'empresse autour
d'elle et l'on parvient, non sans peine,
il la ranimer.
» Je fus d'autant plus troublé et in-
quiet des suites de cette aventure que
j'avais de bonnes raisons de croire que
ta comtesse était dans une situation qui
exigeait beaucoup de ménagements. »
La conclusion fort inattendue de ce
fécit, ajoute le docteur Cabanès, fut
accueillie par un immense éclat de rire,
vont le signal fut donné par le comte
d'Artois lui-même et par la duchesse
d'Angoulême.
Le roi fronça le sourcil et lança sur
le cercle qui l'entourait un de ces re-
gards, dont personne n'osait braver
l'imposante domination. Ses yeux cher-
chaient une victime, et s'adressant à la
jluchessCi d'Angoulême :
— Voulez-vous bien, ma nièce, lui
ilemanda-t-il, m'expliquer ce que vous
trouvez de si plaisant dans mon his-
toire. J'ai parlé de la reine votre mère,
je ne pensais pas que son souvenir dût
jpxciter vos rires.
Vraiment l'observation du roi
'Louis XVIII me rappelle le mot du co-
jmédien Ballande, un mot resté légen-
daire. Il jouait le Cid, en tournée, dans
une ville de province. On ne l'y trouva
pas bon et on l'y sifla vertement. Il sor-
tit de scène, l'air indigné et navré :
— Les malheureux ! s'écria-t-il, ils
pnt sifflé Corneille !
* #
: Une autre anecdote assez amusante
encore :
Au commencement de la Restauration
la politique avait envahi jusqu'à la
Comédie-Française. Mlle Mars était
restée bonapartiste; Mlle Bourgoin tenait
pour les rois légitimes. Louis XVIII à
qui l'on avait vanté et sa beauté et son
dévouement la fit venir dans son cabi-
net, l'accueillit avec la plus grande
bienveillance, s'entretint avec elle sur
un ton d'aimable familiarité et après
une demi-heure d'audience la congédia
avec cette phrase que l'on trouva, du
diable si je sais pourquoi, par exemple,
spirituelle et gracieuse : Il n'est si bonne
compagnie qui ne se quitte enfin, disait
pagobert à ses chiens.
Le lendemain, l'actrice reçut une élé-
gante voiture à laquelle étaient attelés
deux beaux chevaux gris pommelés, un
Immense et magnifique nécessaire en
vermeil contenant une somme de trente
jaiile francs.
Et comme on la complimentait avec
quelque malice de ce cadeau tout à fait
royal : Oh ! dit-elle, modestement, le roi
p'est montré avec moi plus généreux
qu'entreprenant. ",
C'éta t au palais une opinion reçue
que ion pouvait sans crainte de danger
se laisser faire la cour par le roi. Cela
ne tirait pas à conséquence. Il se con-
tentait de ce que nos pères appelaient
les menus suffrages ou la petite oie.
C'était, comme dirait aujourd'hui Paul
Costand, un simple frôleur. Il ne pous-
sait pas même fort avant ce genre de
liberté. La légende est allée, on le sait,
beaucoup plus loin que la vérité. Quand
j'étais jeune on répétait encore les vers
de Béranger:
Ces feux infects, dont s'indignent les voûtes
Où plane encore l'aigle du grand César.
Il ne faut pas toujours croire les poè-
tes, surtout quand le poète se double
d'un polémiste.
***
M. Lenôtre a peut-être, dans sa
pièce, quelque peu calomnié ce pauvre
Louis XVIII, en prêtant à ses courti-
sans l'idée de lui donner Colinette pour
maîtresse.. Jamais on n'aurait eu dans
l'entourage du roi cette pensée dange-
reuse. Il fait allusion aussi à une cer-
taine pincée de tabac prise en compagnie
et non loin de l'épaule de Madame du
Cayla. Il connaît mieux que moi, assu-
rément, ces petits coins de l'histoire
anecdotique. Mais je voudrais bien sa-
voir de qui l'on tenait les secrets d'al-
côve. Il n'y a pas apparence que ce soit
le roi lui même ni Madame du Cayla qui
aient révélé ces détails peu ragoûtants.
J'imagine qu'ils ne faisaient pas venir
un tiers pour s'en rendre témoin.
Le docteur Cabanès me semble, à
vu de pay, être plus dans le vrai quand
il dit qu'au lit de Louis XVIII, la ca-
lomnie la plus déshabillée ne pouvait
voir des guirlandes de roses, là où il
n'y avait que des cataplasmes et des
sinapismes. Songez que ce fut la com-
tesse du Cayla qui fut chargée par la
famille royale d'insister auprès du libre-
penseur Louis XVIII, pour qu'il mourût
en roi très chrétien. La chronique ajoute
qu'elle s'acquitta, avec beaucoup de
discrétion de cette commission délicate,
et qu'elle remporta cette dernière vic-
toire.
*
* *
D'où il appert qu'il y a des cas où il
est moins facile à une femme même
experte et adroite de mener un roi à
Cythère qu'au confessionnal.
Vous me direz sans doute qu'au fond
tout cela vous est fort indifférent. Il ne
vous chaut que Louis XVIII ait eu une
maîtresse pour de rire et un confesseur
pour de bon, ou une maîtresse pour de
bon et un confesseur pour de rire. Et à
moi donc ! Si vous saviez comme ça m'est
égal! Je ne donnerais un clou ni de la
maîtresse ni du confesseur. Mais cela
flatte toujours mes sentiments égali-
taires, que de savoir qu'il y a des cir-
constances où les souverains ne sont
pas plus puissants que les autres hom-
mes; qu'ils ont eux aussi de fâcheuses
faiblesses, et
Que la garde qui veille aux barrières du Louvre
n'en défend pas nos rois.
FRANCISQUE SARCEY.
rIJI..-
Nous publierons demain un article
de M Charles Bos.
Accusation Morte
Personne n'a démenti — parce que per-
sonne ne pouvait les démentir — les rensei-
gnements donnés récemment par le Matin, et
reproduits par toute la presse, sur l'état actuel
de l'instruction dirigée contre le lieutenant-
colonel Picquart.
H s'agissait, alors, nos lecteurs s'en souvien-
nent, de l'abandon de l'accusation de faux
lancée d'abord contre l'ancien chef du bureau
des renseignements.
Déçus dans leur espérance, ceux qui ont
juré la perte du colonel Picquart, se raccro-
chaient désespérément à une inculpation sub-
sidiaire d' « usage de faux ».
Le colonel Picquart n'était plus accusé d'a-
voir fabriqué le « petit bleu », mais de s'en
être servi.
Et tout de suite, nous faisions obsérarqu en
admettant qus le petit bleu fût, en réalité, un
faux, — ce qui n'est nullement établi — il
était nécessaire de prouver que le colonel
Picquart en avait fait usage en connaissance
de cause, c'est-à-dire en sachant que c'était
un faux.
Cette preuve, sans laquelle l'inculpation
« d'usagé de faux » tombe, s'écroule, parait
de plus en plus difficile à faire.
En effet, l'instruction qui, décidément, ne
marche pas au gré des ennemis du lieutenant-
colonel Picquart, aurait établi, maintenant,
que les fameuses lettres du général Gonse ont
été écrites avec l'approbation et — ajoute le
Matin — « on pourrait mètre dire sous l'inspi-
ration de M. le général Billot lui-même ».
Vous vous rappelez ces lettres dans lesquel-
les le général Gonse encourageait son subor-
donné, le lieutenant-colonel Picquart, à pour-
suivre avec prudence l'affaire Estherazy.
Leur auteur s'est, depuis, couvert de honte
en essayant de les rattraper, de les désavouer;
mais ses balbutiements piteux et pâteux ne
trompèrent personne. Et ç'a été là la première
démonstration de l'évidente, de l'éclatante
bonne foi du colonel Picquart : cette approba-
tion donnée au chef du bureau des renseigne-
ments par son chef hiérarchique.
Qua penser, à présent qu'il est prouvé - car
l'information du Matin est sûrement exacte —
que ces lettres, le général Gonse les a écrites
après en avoir référé à celui qui était alors le
chef suprême de l'armée, au ministre de la
guerre, le général Billot.
Voiei les persécuteurs du colonel Picquart
placés dans la dure alternative, ou d'aban-
donner l'accusation d' « usage de faux » comme
ils ont déjà abandouné celle de « faux » — ou
bien de comprendre dans les poursuites qu'ils
ont engagées le général Gonse et le général
(Billot.
Les recherches auxquelles se livrait le lieu-
tenant-colonel Picquart en 1891 étaient moti-
vées par la découverte du « petit bleu » ; en
l'encourageant à persévérer dans ces recher-
ches, le sous chef d'état-major général de
l'armée et le ministre de la guerre, assumaient
— cela n'est pas contestable — une part de
responsabilité — il faut dire, sans doute : de
complicité, puisqu'il y a inculpation — dans
l'usage fait et à faire du document initial..
Assurément, le général Billot et le général
Gonse argueront de leur bonne foi.
Mais leur bonne foi ne démontre-t-elle pas
celle du colonel Picquart ?
Puisqu'ils ont ajouté une réelle importance
au « petit bleu », puisqu'ils ont cru à son au-
thenticité, pourquoi ne pas reconnaître que le
colonel Picquart a pu, sans commettre le
moindre délit, admettre l'importance du
« petit bleu » et croire à son authenticité ?
En réalité, l'accusation, aussi absurde que
criminel'e, forgée contre le lieutenant-colo-
nel Picquart, n'existe plus. Elle gît, morte.
Et il n'existe plus aucun motif plausible de
retenir dans sa cellule du Cherche-Midi le
loyal et héroïque citoyen qui a fait si noble-
ment son devoir d'officier français. — L'ins-
truction que vous avez faite vous-mêmes éta-
blit son innocence; que voulez-vous davan-
tage? -
Aussi, plus que jamais nous réclamons sa
mise en liberté.
Le scandale de son incarcération a trop
longtemps duré. Il faut que cela finisse.
Aujourd'hui, les accusateurs du colonel
Picquart, atterrée, ne savent plus que dire ;
la Vérité a été plus forte qu'eux; malgré leurs
efforts, elle s'est faite; et ils se courbent, l'é-
pouvante aux entrailles, devant la Justice appa-
rue. Allons ! que les portes de la prison s'ou-
vrent; la cour de cassation a besoin du témoi-
gnage du lieutenant-colonel Picquart.
Elle saura, lorsqu'il devra être entendu par
elle, le faire sortir du cachot où l'on avait es-
péré l'étouffer. Nous sommes tranquilles ; ce
n'est plus que quelques jours à attendre.
Mais ils auront, ne le croyez-vous pas ? de
terribles comptes à rendre ceux qui ont fait
de si incroyables tentatives pour bâillonner le
témoin, ceux qui ont imaginé cette accusation
infâme et ceux pour qui elle a été imaginée,
tous ceux qui savaient la vérité et qui, depuis
plus d'un an, ont menti, si effrontément, si
impudemment et se sont si complètement, si
définitivement déshonorés.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER
LES ON-DIT
CHEZ NOOS
--- Il rentre.
Le Président de la République, qui pour
n'en point perdre l'habitude, avait chassé
à Rambouillet toute la journée de diman-
che, est rentré à Paris hier, à trois heures
cinquante.
Nous restera-t-il?
- Le comte Mouraview.
Le Président de la République a reçu
hier le comte Mouraview.
Le soir, un grand dîner a été offert au
quai d'Orsay en l'honneur du comte Mou-
raview.
Mercredi, un dîner lui sera offert à
l'Elysée.
ElS PASSANT
Il y a, en ce moment, placardée un peu
partout sur les murs de Paris, une affiche
qui tirerait des larmes sincères au crocodile
le plus endurci, tan t la sensiblarderie qui
en émane, noie d'azur le regard des pas-
sants 1 Cela s'appelle * Premier Amour »
et sert d'annonce à un feuilleton quelconque
à paraître prochainement. Le parfait in-
souci du dessin dont a fait preuve l'auteur
de cette composition attendrissante, est déjà
touchant et combien nouç voilà loin, en une
reposante naïveté, de toutes les audaces et
de tous les éclats des Chéret, des Mucha et
autres artistes cherchant l'Art; mais ce
quiva jusqu'à l'âme en ce «.Premier Amour »
c'est la parfaite, complète, inattaquable et
incomparable sottise d'expression dont se
parent ces deux visages, — l'Amant et l'A-
mante ! Oh ! ces yeux d'un bleu de ciel
d'été, ces bouches roses comme des roses,
ces aimables frisures, cette correcte redin-
gote et ce corsage sans défaut 1 L'ineffable
niaiserie du sourire qu'échangent ces deux
gravures de mode ! Il y a de quoi faire bêler
d'extase des légions entières de trottins. Et
cette affiche, chef-d'œuvre synthétique et
sans prix, tombé d'un pinceau qui ne s'en
doute certainement pas, symbolise à miracle,
cette chose énorme, influente et si française
la Romance l La Romance, pleurarde et
coquette, fausse et mièvre, petits oiseaux,
petits ruisseaux, les trois couleurs, parfums
et fleurs ! la Romance, pour qui et par qui
s'allument les réchauds des couturières et
s'abattent les gourdins des ligneulards al-
térés lia Romance 1 cette « éducation senti-
mentale » de notre race.
LOUIS MARSOLLEAa.
--'" On a célébré, hier, les obsèques de
Mme Pierre, la femme du sympathique
secrétaire général de la présidence de la
Chambre.
Nombreux étaient les députés et les
journalistes qui étaient venus apporter à
M. Pierre l'expression de leurs condoléan-
ces.
Au nombre des personnes présentes se
trouvait M. Henri Brisson, président du
conseil.
Notons qu'on a beaucoup remarqué
l'empressement qu'ont mis un grand nom-
bre de députés — même de députés mo-
dérés — à profiter de l'occasion pour ex-
primer leurs sympathies à M. Brisson.
O>AAANV On aménage en ce moment au
Pavillon de Flore, des bureaux pour M.
Doumer, gouverneur général de l'Indo-
Chine, qui y donnera des audiences, du-
rant son prochain séjour à Paris.
- On annonce le prochain mariage
de M. Millerand, député de Paris, avec
Mlle Jeanne-Marie Levayer. La cérémonie
aura lieu à la mairie du septième arrondis-
sement.
"——' Le portrait de Verlaine au musée
du Luxembourg.
La commission consultative des musées
va être appelée, à la fin de ce mois, à
statuer sur l'oftre qui vient d'être faite à
l'Etat, par un groupe d'hommes de lettres,
du portrait de Verlaine, d'Edouard Chan-
talat.
Cette toile, du plus haut intérêt artisti-
que est, en ce moment, dans le cabinet du
conservateur de Galliera, notre distingué
confrère Ch. Formentin.
Disons que la direction des beaux-arts
est absolument favorable à ce projet ainsi
que M. Bénédite, conservateur du musée
du Luxembourg, auquel cette toile est des-
tinée.
'——' Duel depresse.
Une rencontre à l'épée a eu lieu hier
matin, au manège Guyenet, avenue de la
Grande-Armée, entre MM. Maurice Barrès
et Laurent Tailhade. M. Tailhade a été
blesfé à la main.
Les témoins étaient, pour M. Barrés :
MM. L. Dumonteil et André Berthelot:
pour M. Tailhade, MM. Gustave Kahn et
B. Guinaudeau.
- Le congrès de chirurgie.
L'Association française de chirurgie a
tenu hier, à deux heures, sous la prési-
dence du docteur Le Dentu, son douzième
congrès, devant une assistance nombreuse,
composée des cliniciens des services hos-
pitaliers de Paris.
Le congrès a discuté la première ques-
tion à son ordre du jour : la néphrotomie.
Les docteurs Le Dentu, Doyen, Bazy,
Schwartz, Albaran, Picqué, Poncet, Pho-
cas, Zonneco et Tédenat ont pris tour à
tour la parole.
- On annonce la mort du peintre
Jules Lenepveu, membre de l'Institut, an-
cien directeur de l'Ecole Française de
Rome, de 1872 à 1878. M. Jules Lenepveu
était âgé de soixante-dix-neuf ans.
A L'ETRANGER
--- Toto-la-Gamelle :
Il s'apprête toujours à devenir roi de
France ; mais l'impatience ne lui fait per-
dre ni le boire ni le manger, ni le goût des
distractions.
Le duc d'Orléans a passé la journée de
dimanche à Bruxelles, dans ses apparte-
ments, avec quelques amis.
Lundi matin, il n'a pas quitté ses appar-
tements.
A midi, un dîner intime de vingt cou-
verts a réuni les amis du duc.
Vers midi, le comte de Flandre est venu
lui rendre visite.
A cinq heures, le duc est parti pour
l'Autriche, chez le comte de Metternich,
qui l'a invité à venir chasser sur ses
terres.
La note sérieuse : M. de Monicourt, se-
crétaire du duc, a pris le train pour Paris
à cinq heures.
Que vient faire chez nous ce gentil-
homme ? Préparer les appartements du
Roy ? Rappelons-nous l'annonce : « Bien-
tôt paraîtra le prince d'Orléans! » Mais
nous ne croyons guère à cette appari-
tion.
Le Passant.
NOTES * D'ART
A LA GALERIE PETIT
Les terrassiers et les soldats n'y font rient
Les peintres ne sont pas plutôt revenus de la
campagne, qu'ils nous convient au fin régal de
leurs derniers chefs-d'œuvre. C'est à la galerie
Petit que les premiers arrivés ouvrent le feu.
Et pour une dizaine qu'ils sont, leur exposition
est très variée, très nourrie, Tableaux, aqua-
relles, dessins, crayons de couleur, eaux-for-
tes, lithographies, il y en a plein la grande
salle, sans compter le corridor du rez-de-
chaussée qui s'en trouve garni jusqu'au pla-
fond.
Du nouveau, de l'inattendu ? Non , mais de
l'étude, de l'observation, un désir de commu-
nion sincère avec la nature.
M. Vogler n'est pas allé bien loin ; il s'en
est tenu généralement aux « rives prochaines»
aux bords de la Seine et de l'Oise, à cette at-
mosphère fluviale et bocagère, à ces paysages
trempés de brumes et de vapeurs d'eau, que
la lumière des matins et des soirs, des cou-
chers de soleil et des levers de lune, colore,au
jeu du temps et des saisons, de nuances si
délicates et si charmantes. Peut-être, en les
peIgnant,M. Vogler ne les a-t-il pas toujours re-
gardés assez franchement, ne s'en est-il pas
toujours assez directement inspiré ; peut-être
les a-t-il vus à travers de traîtresses réminis-
cences, s'est-il souvenu avec trop de compldi-
sance de Claude Monet, de Sisley, de Pissaro,
des vieux maîtres de l'rmpressionnisme. En
tout cas, il est de leur religion, de leur école,
encore qu'il les lâche parfois volontiers pour
courir après Cazin — voir la Nuit, à Jouy-la-
Fontaine — ce qui ne l'empêche pas de se
montrer à l'occasion, très personnel, coloriste
subtil et délicat, comme dans la Matinée de
Printemps, la Côte du Rénier, la Plaine à Jouy,
la Neige à Courbevoie.
M. Normann, comme son nom l'indique,
nous revient du pays des fjords et des sapins,
des mers de glace et des montagnes de neige,
et ses toiles sont soulignées de durs mots
scandinaves : Eikisdalsvand, Shagastolstinderne,
Skjergehaven, Sorbovaag, Tjugum, etc., autant
de sites, de pêcheries, de villages bariolés de
couleurs vives que flagelle l'âpre vent du nord,
qu'illumine de ses féeries le mystérieux soleil
de minuit.
Pour être de pâte un peu lourde, pour man-
quer souvent de transparence et de fluidité,
ces peinturas n'en donnent pas moins la sen-
sation de choses vues, de visions évocatrices
des pays de rêve où se déroulent les drames
ténébreux d'Ibsen et de Bjoernson. Esefjord,
Bodo,Ivtumheimen,sont des pages touffues,trop
chargées de couleurs, mais d'un peintre quand
même, d'un artiste dont les yeux sont ouverts
sur la nature et qui ne peut manquer de la
surprendre un jour dans sa nue simplicité.
Aussi violemment compliqué, aussi dominé
par la couleur est M. Brangwyn qui persiste à
donner à ses toiles plaquées de rouge som-
bre, de sang figé, l'aspect de farouches tapis-
series. On ne saurait lui nier la force et la
puissance, ni même le charme et la grâce.
comme dans le Repos — une grisaille char-
mante — mais qu'il prenne donc une bonne
fois la peine de dégager, de désiengluer ses
personnages, d'éclairer ses fonds, en un mot
d'allumer sa lanterne.
Avec M. Van der Weyden tout est calme et
rêverie, paix et douceur. Ce sont par les cré-
puscules, par les soirs d'été, de tranquilles
amarrages au creux des baies, de bleus clairs
de lune sur les falaises croulantes, sur les
rivières sinueuse profondément encaissées
dans leurs berges, sur les terres perdues et
sur les plages d'où la mer s'est retirée ; et ce
sont encore des idylles et des contes de fée,
des images et des lueurs qui passent, et des
retours de bergers qui nous ramènent aux
anciens âges, aux naïves peintures des Primi-
tifs.
Les Intérieurs de M. Delachaux valent mieux
par le dessin que par la couleur. Quelques-
uns font penser à M. Lobre, notamment la
Chambre du second, grande pièce déserte, dis-
crètement éclairée par une fenêtre unique
bordés de pots de verdure, et près de laquelle
se trouve une chaise inoccupée où l'on aime-
rait s'asseoir.
Les paysages de M. Emile Claus, Sérénité,
l'Automne dans la prairie, la Ferme ensoleillée
sont d'un joli sentiment, sans accuser de per-
sonnalité bien tranchée. J'aime mieux le Som-
met de la colline, avec son soleil couchant dans
les arbres, de M. East ; j'aime mieux surtout
sa rivière de Somme, coulant toute grise entre
ses berges pâles, sous un ciel argenté, douce-
ment lumineux, petite toile aussi ferme d'exé-
cution que pénétrée de rêve et de mélan-
colie.
Un artiste que je vous signale, un jeune
homme en train de devenir un maître du
crayon, — tout simplement — M. Perrichon,
expose une vmgtdine de sanguineq absolument
remarquables. Par l'aisance et le naturel de
leur attitude, de leur pose, par la souplesse et
la fermeté de leur enveloppe, par leur vérité
d'expression, toutes ces figures accusent un
tempérament, un caractère, donnent l'éton-
nement et la sensation de la vie. Il y a là
quelqu'un.
Je n'ai pas à rappeler le talent si personnel
de M. Steinlen. Tout le monde connait ses
illustrations. Après Forain, il a fouillé d'un
trait cruel, parfois tragique tout un coin de
notre jolie société. Souteneurs et rôdeurs noc-
turnes, filles du boulevard et filles de taverne,
bals de barrière et bals-musette, mendiants,
vagabonds, assassins, c'est un défilé lamen-
table et sinistre, éclairé d-e feux louches, tra-
versé de lames de couteau. Un amusant des-
sin politique à noter: Une foule hurlante, dé-
lirante, acclame un sabre gigantesque que
brandit au-dessus des têtes, une « poigne »
invisible. Comme légende : les Moutons de
Boisdeffre.
Cette exposition picturale est rehaussée de
très intéressantes sculptures de M. Bourdelle,
Marbres et plâtres, ce sont pour la plupart des
têtes de femmes et d'enfants, des visages dou-
loureux ou souriants, modelés, caressés avec
un grand charme de rêve et de sentiment.
Comme contraste, une série de Guerriers, de
soldats combattant ou mourant, de figures
d'une expression bestiale et farouche, héroï-
ques, qui font penser au terriLle Condottiere
de Léonard.
CHARLES FRÉMINB.
4,
LE DOSSIER DREYFUS
Colères nationalistes. — M. Bard est resté
dans la légalité. — Interview de
M° Mornard. — L'opinion
des juristes.
Les gens qui veulent à toute force éviter qué
la lumière se fasse sur le procès de 1894 et
sur celui de 1898, émettent depuis quelques
jours la prétention de priver la famille Drey-
fus de tout défenseur au cours de la procé-
dure de revision poursuivie par la cour de
cassation.
Quand ils ont appris qu'une partie du dos-
sier avait été communiquée à Me Mornard,
avocat de Mme Dreyfus, ils se sont lancés dans
la difficile entreprise d'accuser M. Bard, rap-
porteur, d'avoir violé la loi.
Quoiqu'il ne puisse y avoir doute chez au-
cun juriste sur la légalité de la mesure prise
par M. Bard, il ne faudrait pas laisser sans ré-
futation les erreurs, peut-être bien voulues,
de certains publicistes.
Me Mornard n'a pas été sans éprouver quel-
que surprise, de la violente campagne menée
contre un acte de procédure, suivant sa pro-
pre expression, « si élémentaire ».
.*.
Un de nos rédacteurs s'est rendu chez l'a-
vocat de Mme Dreyfus et a eu la bonne fortune
d'obtenir de lui quelques renseignements.
Voici comment s'est exprimé M* Mornard :
— Je vous avoue mon étonnement en voyant
à quels mécontentements je me suis exposé
en usant de mon droit le plus strict. Impor-
tants ou non, tous les procès dont la revision
est demandée à la cour de cassation sont sou-
mis exactement aux mêmes règlements, et je
ne comprends pas pourquoi l'on mène si
grand bruit aujourd'hui autour du fait le plus
élémentaire de la procédure en suspens,
lorsque le même événement a pansé à peu
près inaperçu tout dernièrement à propos de
la réhabilitation de Pierre Vaux.
Si les antirevisionnistes ont à se méfier de
moi, je les rassurerai en leur apprenant que
le dossier n'est pas chez moi; je n'ai pu ni
n'ai voulu l'y transporter, et c'est au Palais
que je vais quotidiennement le compulser tout
à mon aise.
- Je ne suis d'ailleurs pas encore fixé sur la
date approximative où j en aurai totalement
terminé l'examen.
Ce dossier ne mérite pas d'inquiéter tant de
gens.
En réalité, il est beancoup moins compliqué
et sensationnel qu'on ne l'imagine.
En l'ouvrant, qu'ai-je trouvé? De nombreuses
paperasses de procédure d'une valeur tout à
fait relative, et aussi quelques notes confiden-
tielles qui n'ont peut-être pu toute l'iaapor-
tance qu'on leur prête. Qu'ajouteraWj o an
surplus ? Je suis persuadé que le dossier tout
entier est entre mes mains, qu'aucune pièce
n'en a été distraite et qu'il n'y a pas dans
toutes celles qu'il contient actuellement, une
seule de ces notes diplomatiques dont on nous
a trop souvent rebattu les oreilles.
Or si ces lettres capitales existaient vrai-
ment, il Jeur serait impossible être ailleurs
que sous mes yeux.
D'un bout à l'autre, le dossier en question
se compose d'éléments judiciaires, exclusive-
ment, et la seule remarque personnelle que
j'aurais eu à tirer, est le désordre ertraordi-
naire et la classification mal ordonnée des piè-
ces dont il se compose ».
Me Mornard a bien raison de s'étonner des
étranges vues judiciaires des personnes qui
nient un droit qui lui appartient si évidemment.
Est ce qu'il n'est pas de règle, en matière cri-
minelle, lorsque le ministère public se pour-
voit en cassation, devant une juridiction quel-
csnque, de laisser le condamné l'y suivre ?
Croit-on devoir refuser ce droit à la famille
Dreyfus, parce que c'est le ministre de la jus-
tice qui a formé la demande en révision ? Mais
trouvez donc un texte pour appuyer cette
prétention 1
Se souvient-on de l'affaire Fabus? Pour les.
juristes, cette affaire, qui date de 1842, est im-
portante en ce sens qu'elle fournit à la juris-
prudence l'occasion de consacrer le droit d'in-
tervention du condamné; et cela dans des con-
ditions analogues à celles qni se présentent
pour l'affaire Dreyfus.
Fabus s'était pourvu personnellement en
cassation contre le jugement du conseil de
guerre de Bône. Mais son pourvoi avait été dé-
claré irrecevable, parce qu'il fut jugé sans
qualité pour le former.
Le procureur général Dupin, sur l'ordre du
garde des sceaux, saisit alors d'une demande
en annulation du jugement du conseil de
guerre fondée sur l'article 441 la Chambre cri-
minelle de la Cour de cassation.
Et Fabus, représenté par Me Bon jean, inter-
vint.
Le procureur général ne s'opposa nullement,
comme le rappelle un de nos confrères, à la
prétention db Fabus, et la cour admit l'inter-
vention.
**#
Et puis, pourquoi se donner tant de mai
pour éviter une lumière qui se fera infaillible-
ment d'ici peu de temps.
Nous pouvons annoncer dès à présent que
les débats sur la recevabilité devant la Cham-
bre criminelle auront lieu en audience pu-
blique.
Le procureur général, le conseiller rappor-
teur et l'avocat de la famille Dreyfus pourront
tous faire valoir leurs arguments et exposer
les faits en toute liberté.
Ces débats auront lieu vraisemblablement à
la fin de la semaine.
-Ob
A Beux contre Un
Le jeu ne perd jamais son droit.
Croirait-on que la condamnation ou l'acquit r
tement du capitaine Dreyfus devant le conse d
de guerre qui revisera le procès a déjà donr té
lieu à des paris ?
Il nous revient qu'un pari a été engagé, à
deux contre un entre deux personnalités, d, #nt
l'une, le preneur, est précisément un dél aué
de la droite.
Ce député, que nous ne voulons pas > lsi-
gner autrement que par ce faitquilrepré &ente
un département de l'Ouest, a parié, à b , cote
de deux contie un, que Dreyfus sera: t ac-
quitté.
Et quand on pense que, une fois la C! ianibre
réunie, il se déclarera sans doute l'une Les plus
convaincus que le capitaine Dreyfus était le
dernier des traîtres.
o
ZURLINDEN ET BQiSDEFF m
Il parait que M. le général Zurli- Aden avait
eu, avant de quitter le ministère, u ae idée de
génie.
Cette idée — idée grande, idée g !néreuse!-
consistait à faire de M. le général de Boisdeffre
un commandant de corps d'armé e.
Oui, lecteurs, pour récompenser le général
de Boisdeffre de la clairvoyanci :, du courage,
de la hauteur de vues dont il av ait fait preuve
comme chef d'état-major gé, âérai, le mi-
nistre Zurlinden avait proje' k de lui of-
frir le commandement du quatrième corps
que le général Mercier — ô tristesse ! ô dou-
leur! — va être obligé, de p ir la loi inexora-
ble de l'âge, d'abandonner a 11 mois de décem-
bre prochain.
Nos grands chefs ont toujours, entre eux, de
ces attentions délicates.
Le général Duchesne contre comme chef de
l'expédition de Madagascar une incapacité no-
toire. On le bombarde commandant de corps.
Le général Mercier m.ontre' comme ministre
une ignorance crasso. On le bombarde com-
mandant de corps. Le général de Boisdeffre
montre comme chef d'état-major un aveugle-
ment inexcusable, nn extraordinaire méprisdu
Droit, une créduliié invraisemblable. On veut
!& bombarder commandant de corps.
C'est dans l'ordre, c'est dans la logique des
choses.
Le hasard a voulu cependant que, cette fois,
cet ordre ait été transgressé et que, contrai-
rement à la logique, le général de Boisdeffre
n'ait pas été récompensé de ses fautes.
C'est une chance que nous savons appré-
cier. Mais nous souhaiterions que ce fût une ;
chance qui se continuât. — A. H.
mimm nu PREMIER mssm
DE LA COUR D'APPEL DE PARIS
Le Discours de M. Forichon
La rentrée des cours et tribunaux a eu lieu
hier, au palais de justice, selon l'antique e.
ridicule usage, c'est-à-dire qu'elle a été précé-
dée de la démodée « messe rouge » et qu'aprèi
cette cérémonie les magistrats de la cour de
cassation et ceux de la cour d'appel se sont
rendus dans leurs grandes chambres respecti-
ves où les discours ont été prononcés. >
A la cour de cassation, M. Melcot, avocat
général, avait pris pour texte : « Les mœurs
judiciaires. »
A la cour d'appel, M. Bulot, avocat générai
avait choisi comme sujet : « L'éloquence judi-
ciaire de nos jours, h
Mais ce ne sont pas ces deux discours quel-
que remarquable qu'ils soient, qui ont cons-
titué le « clou « de la reprise des travaux ju-
diciaires : C'est l'installation de M. Foli-
chon, nommé premier président de la coor
d'appel, en remplacement de M. Périvier, de
brusque et autoritaire mémoire.
L'audience de la cour était présidée par IL
Lefebvre de Viefville.
Le nouveau premier président a été intro-
duit par deux présidents de chambre et dea
avocats généraux dans la salle de la première
chambre, qui était occupée par tous les magis-
trats tant de la cour que du parquet. *
M. Forichon a prit place sur un fautevf
-.,¡ 'I.>.--
Le Nunjiéio; CINQ CENTIMES
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et AUX BUREAUX du JOURNAL
REDACTION: 131, rue Montmartre, 131
"llJe 4 à 8 htures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N. 10449. - Mercredi 19 Octobre 1898
27 VENDÉMIAIRE AN 107
ADUINISTRATION: 131, rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
A OS LEADERS
Louis XVIII et les FIE
ï a comédie que l'on joue à l'Odéon
ous le titre de Colinsite, a ramené l'at-
tention sur la figure du roi Louis XVIII,
que l'acteur Chelles représente avec
beaucoup de succès tous les soirs. No-
tre confrère, le docteur Cabanes a pro-
fité de l'occasion pour nous parler en
médecin, dans la Chronique rnédicale
lie ce roi et cte ses maîtresses.
Ses maîtresses! il paraît que c'est
jane manière de parler. Le roi Louis XVIII,
piême quand il n'était encore que le
Comte de Provence, n'entretint jamais
}l.vec les dames que des rapports exclu-
sivement platoniques. On se rappelle
fimpertinente réponse que lui fit la
comtesse Balbi, pour laquelle il avait
des bontés. Il aurait bien voulu faire
croire que ces bontés étaient de la na-
ture de celles dont son aïeul Henri IV
honorait Gabrielle et quelques autres.
Mais le bruit courait déjà que ce petit-
fils d'un diable à quatre, s'il n'avait pas
le talent de boire et de battre, n'avait
pas davantage celui d'être vert galant.
Il lui avait donc pris fantaisie un jour
de témoigner d'un peu de jalousie à sa
prétendue maîtresse, la comtesse de
Balbi ; et comme il la priait un peu sè-
chement de se mettre mieux en garde
contre les méchants propos qui cou-
raient sur son compte :-
— La femme de Cesar, ajouta-t-il, ne
doit pas même être soupçonnée.
— D'abord, lui répondit-elle, vous
-p'êfcs pas César, et puis vous savez bien
que je n'ai aucnn droit à être appelée
irotre femme.
Cette réputation l'agaçait; et le doc-
leur Cabanès donne à ce propos une
fenecdote que je ne crois pas très con-
pue, et qui est bien plaisante.
.*.
Il contait un jour, dans une de ses
réunions, l'histoire d'un malheureux
homme qui s'était épris dela reine Marie-
Antoinette, jusqu'à en perdre la raison.
« Nous nous promenions, dit Louis
!XVIII, la comtesse de Provence et moi
{la comtesse de Provence, c'était sa
femme; car à l'époque du récit, il n'é-
tait encore que Monsieur, le frère du roi
Louis XVI) ; et nous venions d'entrer
dans la grande avenue de Versailles;
les femmes de la comtesse nous accom-
pagnaient. Tout à coup, l'amoureux de
Ja reine s'élance de l'un des bosquets,
et se précipite vers nous. La comtesse
e Provence effrayée tombe évanouie
dans mes bras; on s'empresse autour
d'elle et l'on parvient, non sans peine,
il la ranimer.
» Je fus d'autant plus troublé et in-
quiet des suites de cette aventure que
j'avais de bonnes raisons de croire que
ta comtesse était dans une situation qui
exigeait beaucoup de ménagements. »
La conclusion fort inattendue de ce
fécit, ajoute le docteur Cabanès, fut
accueillie par un immense éclat de rire,
vont le signal fut donné par le comte
d'Artois lui-même et par la duchesse
d'Angoulême.
Le roi fronça le sourcil et lança sur
le cercle qui l'entourait un de ces re-
gards, dont personne n'osait braver
l'imposante domination. Ses yeux cher-
chaient une victime, et s'adressant à la
jluchessCi d'Angoulême :
— Voulez-vous bien, ma nièce, lui
ilemanda-t-il, m'expliquer ce que vous
trouvez de si plaisant dans mon his-
toire. J'ai parlé de la reine votre mère,
je ne pensais pas que son souvenir dût
jpxciter vos rires.
Vraiment l'observation du roi
'Louis XVIII me rappelle le mot du co-
jmédien Ballande, un mot resté légen-
daire. Il jouait le Cid, en tournée, dans
une ville de province. On ne l'y trouva
pas bon et on l'y sifla vertement. Il sor-
tit de scène, l'air indigné et navré :
— Les malheureux ! s'écria-t-il, ils
pnt sifflé Corneille !
* #
: Une autre anecdote assez amusante
encore :
Au commencement de la Restauration
la politique avait envahi jusqu'à la
Comédie-Française. Mlle Mars était
restée bonapartiste; Mlle Bourgoin tenait
pour les rois légitimes. Louis XVIII à
qui l'on avait vanté et sa beauté et son
dévouement la fit venir dans son cabi-
net, l'accueillit avec la plus grande
bienveillance, s'entretint avec elle sur
un ton d'aimable familiarité et après
une demi-heure d'audience la congédia
avec cette phrase que l'on trouva, du
diable si je sais pourquoi, par exemple,
spirituelle et gracieuse : Il n'est si bonne
compagnie qui ne se quitte enfin, disait
pagobert à ses chiens.
Le lendemain, l'actrice reçut une élé-
gante voiture à laquelle étaient attelés
deux beaux chevaux gris pommelés, un
Immense et magnifique nécessaire en
vermeil contenant une somme de trente
jaiile francs.
Et comme on la complimentait avec
quelque malice de ce cadeau tout à fait
royal : Oh ! dit-elle, modestement, le roi
p'est montré avec moi plus généreux
qu'entreprenant. ",
C'éta t au palais une opinion reçue
que ion pouvait sans crainte de danger
se laisser faire la cour par le roi. Cela
ne tirait pas à conséquence. Il se con-
tentait de ce que nos pères appelaient
les menus suffrages ou la petite oie.
C'était, comme dirait aujourd'hui Paul
Costand, un simple frôleur. Il ne pous-
sait pas même fort avant ce genre de
liberté. La légende est allée, on le sait,
beaucoup plus loin que la vérité. Quand
j'étais jeune on répétait encore les vers
de Béranger:
Ces feux infects, dont s'indignent les voûtes
Où plane encore l'aigle du grand César.
Il ne faut pas toujours croire les poè-
tes, surtout quand le poète se double
d'un polémiste.
***
M. Lenôtre a peut-être, dans sa
pièce, quelque peu calomnié ce pauvre
Louis XVIII, en prêtant à ses courti-
sans l'idée de lui donner Colinette pour
maîtresse.. Jamais on n'aurait eu dans
l'entourage du roi cette pensée dange-
reuse. Il fait allusion aussi à une cer-
taine pincée de tabac prise en compagnie
et non loin de l'épaule de Madame du
Cayla. Il connaît mieux que moi, assu-
rément, ces petits coins de l'histoire
anecdotique. Mais je voudrais bien sa-
voir de qui l'on tenait les secrets d'al-
côve. Il n'y a pas apparence que ce soit
le roi lui même ni Madame du Cayla qui
aient révélé ces détails peu ragoûtants.
J'imagine qu'ils ne faisaient pas venir
un tiers pour s'en rendre témoin.
Le docteur Cabanès me semble, à
vu de pay, être plus dans le vrai quand
il dit qu'au lit de Louis XVIII, la ca-
lomnie la plus déshabillée ne pouvait
voir des guirlandes de roses, là où il
n'y avait que des cataplasmes et des
sinapismes. Songez que ce fut la com-
tesse du Cayla qui fut chargée par la
famille royale d'insister auprès du libre-
penseur Louis XVIII, pour qu'il mourût
en roi très chrétien. La chronique ajoute
qu'elle s'acquitta, avec beaucoup de
discrétion de cette commission délicate,
et qu'elle remporta cette dernière vic-
toire.
*
* *
D'où il appert qu'il y a des cas où il
est moins facile à une femme même
experte et adroite de mener un roi à
Cythère qu'au confessionnal.
Vous me direz sans doute qu'au fond
tout cela vous est fort indifférent. Il ne
vous chaut que Louis XVIII ait eu une
maîtresse pour de rire et un confesseur
pour de bon, ou une maîtresse pour de
bon et un confesseur pour de rire. Et à
moi donc ! Si vous saviez comme ça m'est
égal! Je ne donnerais un clou ni de la
maîtresse ni du confesseur. Mais cela
flatte toujours mes sentiments égali-
taires, que de savoir qu'il y a des cir-
constances où les souverains ne sont
pas plus puissants que les autres hom-
mes; qu'ils ont eux aussi de fâcheuses
faiblesses, et
Que la garde qui veille aux barrières du Louvre
n'en défend pas nos rois.
FRANCISQUE SARCEY.
rIJI..-
Nous publierons demain un article
de M Charles Bos.
Accusation Morte
Personne n'a démenti — parce que per-
sonne ne pouvait les démentir — les rensei-
gnements donnés récemment par le Matin, et
reproduits par toute la presse, sur l'état actuel
de l'instruction dirigée contre le lieutenant-
colonel Picquart.
H s'agissait, alors, nos lecteurs s'en souvien-
nent, de l'abandon de l'accusation de faux
lancée d'abord contre l'ancien chef du bureau
des renseignements.
Déçus dans leur espérance, ceux qui ont
juré la perte du colonel Picquart, se raccro-
chaient désespérément à une inculpation sub-
sidiaire d' « usage de faux ».
Le colonel Picquart n'était plus accusé d'a-
voir fabriqué le « petit bleu », mais de s'en
être servi.
Et tout de suite, nous faisions obsérarqu en
admettant qus le petit bleu fût, en réalité, un
faux, — ce qui n'est nullement établi — il
était nécessaire de prouver que le colonel
Picquart en avait fait usage en connaissance
de cause, c'est-à-dire en sachant que c'était
un faux.
Cette preuve, sans laquelle l'inculpation
« d'usagé de faux » tombe, s'écroule, parait
de plus en plus difficile à faire.
En effet, l'instruction qui, décidément, ne
marche pas au gré des ennemis du lieutenant-
colonel Picquart, aurait établi, maintenant,
que les fameuses lettres du général Gonse ont
été écrites avec l'approbation et — ajoute le
Matin — « on pourrait mètre dire sous l'inspi-
ration de M. le général Billot lui-même ».
Vous vous rappelez ces lettres dans lesquel-
les le général Gonse encourageait son subor-
donné, le lieutenant-colonel Picquart, à pour-
suivre avec prudence l'affaire Estherazy.
Leur auteur s'est, depuis, couvert de honte
en essayant de les rattraper, de les désavouer;
mais ses balbutiements piteux et pâteux ne
trompèrent personne. Et ç'a été là la première
démonstration de l'évidente, de l'éclatante
bonne foi du colonel Picquart : cette approba-
tion donnée au chef du bureau des renseigne-
ments par son chef hiérarchique.
Qua penser, à présent qu'il est prouvé - car
l'information du Matin est sûrement exacte —
que ces lettres, le général Gonse les a écrites
après en avoir référé à celui qui était alors le
chef suprême de l'armée, au ministre de la
guerre, le général Billot.
Voiei les persécuteurs du colonel Picquart
placés dans la dure alternative, ou d'aban-
donner l'accusation d' « usage de faux » comme
ils ont déjà abandouné celle de « faux » — ou
bien de comprendre dans les poursuites qu'ils
ont engagées le général Gonse et le général
(Billot.
Les recherches auxquelles se livrait le lieu-
tenant-colonel Picquart en 1891 étaient moti-
vées par la découverte du « petit bleu » ; en
l'encourageant à persévérer dans ces recher-
ches, le sous chef d'état-major général de
l'armée et le ministre de la guerre, assumaient
— cela n'est pas contestable — une part de
responsabilité — il faut dire, sans doute : de
complicité, puisqu'il y a inculpation — dans
l'usage fait et à faire du document initial..
Assurément, le général Billot et le général
Gonse argueront de leur bonne foi.
Mais leur bonne foi ne démontre-t-elle pas
celle du colonel Picquart ?
Puisqu'ils ont ajouté une réelle importance
au « petit bleu », puisqu'ils ont cru à son au-
thenticité, pourquoi ne pas reconnaître que le
colonel Picquart a pu, sans commettre le
moindre délit, admettre l'importance du
« petit bleu » et croire à son authenticité ?
En réalité, l'accusation, aussi absurde que
criminel'e, forgée contre le lieutenant-colo-
nel Picquart, n'existe plus. Elle gît, morte.
Et il n'existe plus aucun motif plausible de
retenir dans sa cellule du Cherche-Midi le
loyal et héroïque citoyen qui a fait si noble-
ment son devoir d'officier français. — L'ins-
truction que vous avez faite vous-mêmes éta-
blit son innocence; que voulez-vous davan-
tage? -
Aussi, plus que jamais nous réclamons sa
mise en liberté.
Le scandale de son incarcération a trop
longtemps duré. Il faut que cela finisse.
Aujourd'hui, les accusateurs du colonel
Picquart, atterrée, ne savent plus que dire ;
la Vérité a été plus forte qu'eux; malgré leurs
efforts, elle s'est faite; et ils se courbent, l'é-
pouvante aux entrailles, devant la Justice appa-
rue. Allons ! que les portes de la prison s'ou-
vrent; la cour de cassation a besoin du témoi-
gnage du lieutenant-colonel Picquart.
Elle saura, lorsqu'il devra être entendu par
elle, le faire sortir du cachot où l'on avait es-
péré l'étouffer. Nous sommes tranquilles ; ce
n'est plus que quelques jours à attendre.
Mais ils auront, ne le croyez-vous pas ? de
terribles comptes à rendre ceux qui ont fait
de si incroyables tentatives pour bâillonner le
témoin, ceux qui ont imaginé cette accusation
infâme et ceux pour qui elle a été imaginée,
tous ceux qui savaient la vérité et qui, depuis
plus d'un an, ont menti, si effrontément, si
impudemment et se sont si complètement, si
définitivement déshonorés.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER
LES ON-DIT
CHEZ NOOS
--- Il rentre.
Le Président de la République, qui pour
n'en point perdre l'habitude, avait chassé
à Rambouillet toute la journée de diman-
che, est rentré à Paris hier, à trois heures
cinquante.
Nous restera-t-il?
- Le comte Mouraview.
Le Président de la République a reçu
hier le comte Mouraview.
Le soir, un grand dîner a été offert au
quai d'Orsay en l'honneur du comte Mou-
raview.
Mercredi, un dîner lui sera offert à
l'Elysée.
ElS PASSANT
Il y a, en ce moment, placardée un peu
partout sur les murs de Paris, une affiche
qui tirerait des larmes sincères au crocodile
le plus endurci, tan t la sensiblarderie qui
en émane, noie d'azur le regard des pas-
sants 1 Cela s'appelle * Premier Amour »
et sert d'annonce à un feuilleton quelconque
à paraître prochainement. Le parfait in-
souci du dessin dont a fait preuve l'auteur
de cette composition attendrissante, est déjà
touchant et combien nouç voilà loin, en une
reposante naïveté, de toutes les audaces et
de tous les éclats des Chéret, des Mucha et
autres artistes cherchant l'Art; mais ce
quiva jusqu'à l'âme en ce «.Premier Amour »
c'est la parfaite, complète, inattaquable et
incomparable sottise d'expression dont se
parent ces deux visages, — l'Amant et l'A-
mante ! Oh ! ces yeux d'un bleu de ciel
d'été, ces bouches roses comme des roses,
ces aimables frisures, cette correcte redin-
gote et ce corsage sans défaut 1 L'ineffable
niaiserie du sourire qu'échangent ces deux
gravures de mode ! Il y a de quoi faire bêler
d'extase des légions entières de trottins. Et
cette affiche, chef-d'œuvre synthétique et
sans prix, tombé d'un pinceau qui ne s'en
doute certainement pas, symbolise à miracle,
cette chose énorme, influente et si française
la Romance l La Romance, pleurarde et
coquette, fausse et mièvre, petits oiseaux,
petits ruisseaux, les trois couleurs, parfums
et fleurs ! la Romance, pour qui et par qui
s'allument les réchauds des couturières et
s'abattent les gourdins des ligneulards al-
térés lia Romance 1 cette « éducation senti-
mentale » de notre race.
LOUIS MARSOLLEAa.
--'" On a célébré, hier, les obsèques de
Mme Pierre, la femme du sympathique
secrétaire général de la présidence de la
Chambre.
Nombreux étaient les députés et les
journalistes qui étaient venus apporter à
M. Pierre l'expression de leurs condoléan-
ces.
Au nombre des personnes présentes se
trouvait M. Henri Brisson, président du
conseil.
Notons qu'on a beaucoup remarqué
l'empressement qu'ont mis un grand nom-
bre de députés — même de députés mo-
dérés — à profiter de l'occasion pour ex-
primer leurs sympathies à M. Brisson.
O>AAANV On aménage en ce moment au
Pavillon de Flore, des bureaux pour M.
Doumer, gouverneur général de l'Indo-
Chine, qui y donnera des audiences, du-
rant son prochain séjour à Paris.
- On annonce le prochain mariage
de M. Millerand, député de Paris, avec
Mlle Jeanne-Marie Levayer. La cérémonie
aura lieu à la mairie du septième arrondis-
sement.
"——' Le portrait de Verlaine au musée
du Luxembourg.
La commission consultative des musées
va être appelée, à la fin de ce mois, à
statuer sur l'oftre qui vient d'être faite à
l'Etat, par un groupe d'hommes de lettres,
du portrait de Verlaine, d'Edouard Chan-
talat.
Cette toile, du plus haut intérêt artisti-
que est, en ce moment, dans le cabinet du
conservateur de Galliera, notre distingué
confrère Ch. Formentin.
Disons que la direction des beaux-arts
est absolument favorable à ce projet ainsi
que M. Bénédite, conservateur du musée
du Luxembourg, auquel cette toile est des-
tinée.
'——' Duel depresse.
Une rencontre à l'épée a eu lieu hier
matin, au manège Guyenet, avenue de la
Grande-Armée, entre MM. Maurice Barrès
et Laurent Tailhade. M. Tailhade a été
blesfé à la main.
Les témoins étaient, pour M. Barrés :
MM. L. Dumonteil et André Berthelot:
pour M. Tailhade, MM. Gustave Kahn et
B. Guinaudeau.
- Le congrès de chirurgie.
L'Association française de chirurgie a
tenu hier, à deux heures, sous la prési-
dence du docteur Le Dentu, son douzième
congrès, devant une assistance nombreuse,
composée des cliniciens des services hos-
pitaliers de Paris.
Le congrès a discuté la première ques-
tion à son ordre du jour : la néphrotomie.
Les docteurs Le Dentu, Doyen, Bazy,
Schwartz, Albaran, Picqué, Poncet, Pho-
cas, Zonneco et Tédenat ont pris tour à
tour la parole.
- On annonce la mort du peintre
Jules Lenepveu, membre de l'Institut, an-
cien directeur de l'Ecole Française de
Rome, de 1872 à 1878. M. Jules Lenepveu
était âgé de soixante-dix-neuf ans.
A L'ETRANGER
--- Toto-la-Gamelle :
Il s'apprête toujours à devenir roi de
France ; mais l'impatience ne lui fait per-
dre ni le boire ni le manger, ni le goût des
distractions.
Le duc d'Orléans a passé la journée de
dimanche à Bruxelles, dans ses apparte-
ments, avec quelques amis.
Lundi matin, il n'a pas quitté ses appar-
tements.
A midi, un dîner intime de vingt cou-
verts a réuni les amis du duc.
Vers midi, le comte de Flandre est venu
lui rendre visite.
A cinq heures, le duc est parti pour
l'Autriche, chez le comte de Metternich,
qui l'a invité à venir chasser sur ses
terres.
La note sérieuse : M. de Monicourt, se-
crétaire du duc, a pris le train pour Paris
à cinq heures.
Que vient faire chez nous ce gentil-
homme ? Préparer les appartements du
Roy ? Rappelons-nous l'annonce : « Bien-
tôt paraîtra le prince d'Orléans! » Mais
nous ne croyons guère à cette appari-
tion.
Le Passant.
NOTES * D'ART
A LA GALERIE PETIT
Les terrassiers et les soldats n'y font rient
Les peintres ne sont pas plutôt revenus de la
campagne, qu'ils nous convient au fin régal de
leurs derniers chefs-d'œuvre. C'est à la galerie
Petit que les premiers arrivés ouvrent le feu.
Et pour une dizaine qu'ils sont, leur exposition
est très variée, très nourrie, Tableaux, aqua-
relles, dessins, crayons de couleur, eaux-for-
tes, lithographies, il y en a plein la grande
salle, sans compter le corridor du rez-de-
chaussée qui s'en trouve garni jusqu'au pla-
fond.
Du nouveau, de l'inattendu ? Non , mais de
l'étude, de l'observation, un désir de commu-
nion sincère avec la nature.
M. Vogler n'est pas allé bien loin ; il s'en
est tenu généralement aux « rives prochaines»
aux bords de la Seine et de l'Oise, à cette at-
mosphère fluviale et bocagère, à ces paysages
trempés de brumes et de vapeurs d'eau, que
la lumière des matins et des soirs, des cou-
chers de soleil et des levers de lune, colore,au
jeu du temps et des saisons, de nuances si
délicates et si charmantes. Peut-être, en les
peIgnant,M. Vogler ne les a-t-il pas toujours re-
gardés assez franchement, ne s'en est-il pas
toujours assez directement inspiré ; peut-être
les a-t-il vus à travers de traîtresses réminis-
cences, s'est-il souvenu avec trop de compldi-
sance de Claude Monet, de Sisley, de Pissaro,
des vieux maîtres de l'rmpressionnisme. En
tout cas, il est de leur religion, de leur école,
encore qu'il les lâche parfois volontiers pour
courir après Cazin — voir la Nuit, à Jouy-la-
Fontaine — ce qui ne l'empêche pas de se
montrer à l'occasion, très personnel, coloriste
subtil et délicat, comme dans la Matinée de
Printemps, la Côte du Rénier, la Plaine à Jouy,
la Neige à Courbevoie.
M. Normann, comme son nom l'indique,
nous revient du pays des fjords et des sapins,
des mers de glace et des montagnes de neige,
et ses toiles sont soulignées de durs mots
scandinaves : Eikisdalsvand, Shagastolstinderne,
Skjergehaven, Sorbovaag, Tjugum, etc., autant
de sites, de pêcheries, de villages bariolés de
couleurs vives que flagelle l'âpre vent du nord,
qu'illumine de ses féeries le mystérieux soleil
de minuit.
Pour être de pâte un peu lourde, pour man-
quer souvent de transparence et de fluidité,
ces peinturas n'en donnent pas moins la sen-
sation de choses vues, de visions évocatrices
des pays de rêve où se déroulent les drames
ténébreux d'Ibsen et de Bjoernson. Esefjord,
Bodo,Ivtumheimen,sont des pages touffues,trop
chargées de couleurs, mais d'un peintre quand
même, d'un artiste dont les yeux sont ouverts
sur la nature et qui ne peut manquer de la
surprendre un jour dans sa nue simplicité.
Aussi violemment compliqué, aussi dominé
par la couleur est M. Brangwyn qui persiste à
donner à ses toiles plaquées de rouge som-
bre, de sang figé, l'aspect de farouches tapis-
series. On ne saurait lui nier la force et la
puissance, ni même le charme et la grâce.
comme dans le Repos — une grisaille char-
mante — mais qu'il prenne donc une bonne
fois la peine de dégager, de désiengluer ses
personnages, d'éclairer ses fonds, en un mot
d'allumer sa lanterne.
Avec M. Van der Weyden tout est calme et
rêverie, paix et douceur. Ce sont par les cré-
puscules, par les soirs d'été, de tranquilles
amarrages au creux des baies, de bleus clairs
de lune sur les falaises croulantes, sur les
rivières sinueuse profondément encaissées
dans leurs berges, sur les terres perdues et
sur les plages d'où la mer s'est retirée ; et ce
sont encore des idylles et des contes de fée,
des images et des lueurs qui passent, et des
retours de bergers qui nous ramènent aux
anciens âges, aux naïves peintures des Primi-
tifs.
Les Intérieurs de M. Delachaux valent mieux
par le dessin que par la couleur. Quelques-
uns font penser à M. Lobre, notamment la
Chambre du second, grande pièce déserte, dis-
crètement éclairée par une fenêtre unique
bordés de pots de verdure, et près de laquelle
se trouve une chaise inoccupée où l'on aime-
rait s'asseoir.
Les paysages de M. Emile Claus, Sérénité,
l'Automne dans la prairie, la Ferme ensoleillée
sont d'un joli sentiment, sans accuser de per-
sonnalité bien tranchée. J'aime mieux le Som-
met de la colline, avec son soleil couchant dans
les arbres, de M. East ; j'aime mieux surtout
sa rivière de Somme, coulant toute grise entre
ses berges pâles, sous un ciel argenté, douce-
ment lumineux, petite toile aussi ferme d'exé-
cution que pénétrée de rêve et de mélan-
colie.
Un artiste que je vous signale, un jeune
homme en train de devenir un maître du
crayon, — tout simplement — M. Perrichon,
expose une vmgtdine de sanguineq absolument
remarquables. Par l'aisance et le naturel de
leur attitude, de leur pose, par la souplesse et
la fermeté de leur enveloppe, par leur vérité
d'expression, toutes ces figures accusent un
tempérament, un caractère, donnent l'éton-
nement et la sensation de la vie. Il y a là
quelqu'un.
Je n'ai pas à rappeler le talent si personnel
de M. Steinlen. Tout le monde connait ses
illustrations. Après Forain, il a fouillé d'un
trait cruel, parfois tragique tout un coin de
notre jolie société. Souteneurs et rôdeurs noc-
turnes, filles du boulevard et filles de taverne,
bals de barrière et bals-musette, mendiants,
vagabonds, assassins, c'est un défilé lamen-
table et sinistre, éclairé d-e feux louches, tra-
versé de lames de couteau. Un amusant des-
sin politique à noter: Une foule hurlante, dé-
lirante, acclame un sabre gigantesque que
brandit au-dessus des têtes, une « poigne »
invisible. Comme légende : les Moutons de
Boisdeffre.
Cette exposition picturale est rehaussée de
très intéressantes sculptures de M. Bourdelle,
Marbres et plâtres, ce sont pour la plupart des
têtes de femmes et d'enfants, des visages dou-
loureux ou souriants, modelés, caressés avec
un grand charme de rêve et de sentiment.
Comme contraste, une série de Guerriers, de
soldats combattant ou mourant, de figures
d'une expression bestiale et farouche, héroï-
ques, qui font penser au terriLle Condottiere
de Léonard.
CHARLES FRÉMINB.
4,
LE DOSSIER DREYFUS
Colères nationalistes. — M. Bard est resté
dans la légalité. — Interview de
M° Mornard. — L'opinion
des juristes.
Les gens qui veulent à toute force éviter qué
la lumière se fasse sur le procès de 1894 et
sur celui de 1898, émettent depuis quelques
jours la prétention de priver la famille Drey-
fus de tout défenseur au cours de la procé-
dure de revision poursuivie par la cour de
cassation.
Quand ils ont appris qu'une partie du dos-
sier avait été communiquée à Me Mornard,
avocat de Mme Dreyfus, ils se sont lancés dans
la difficile entreprise d'accuser M. Bard, rap-
porteur, d'avoir violé la loi.
Quoiqu'il ne puisse y avoir doute chez au-
cun juriste sur la légalité de la mesure prise
par M. Bard, il ne faudrait pas laisser sans ré-
futation les erreurs, peut-être bien voulues,
de certains publicistes.
Me Mornard n'a pas été sans éprouver quel-
que surprise, de la violente campagne menée
contre un acte de procédure, suivant sa pro-
pre expression, « si élémentaire ».
.*.
Un de nos rédacteurs s'est rendu chez l'a-
vocat de Mme Dreyfus et a eu la bonne fortune
d'obtenir de lui quelques renseignements.
Voici comment s'est exprimé M* Mornard :
— Je vous avoue mon étonnement en voyant
à quels mécontentements je me suis exposé
en usant de mon droit le plus strict. Impor-
tants ou non, tous les procès dont la revision
est demandée à la cour de cassation sont sou-
mis exactement aux mêmes règlements, et je
ne comprends pas pourquoi l'on mène si
grand bruit aujourd'hui autour du fait le plus
élémentaire de la procédure en suspens,
lorsque le même événement a pansé à peu
près inaperçu tout dernièrement à propos de
la réhabilitation de Pierre Vaux.
Si les antirevisionnistes ont à se méfier de
moi, je les rassurerai en leur apprenant que
le dossier n'est pas chez moi; je n'ai pu ni
n'ai voulu l'y transporter, et c'est au Palais
que je vais quotidiennement le compulser tout
à mon aise.
- Je ne suis d'ailleurs pas encore fixé sur la
date approximative où j en aurai totalement
terminé l'examen.
Ce dossier ne mérite pas d'inquiéter tant de
gens.
En réalité, il est beancoup moins compliqué
et sensationnel qu'on ne l'imagine.
En l'ouvrant, qu'ai-je trouvé? De nombreuses
paperasses de procédure d'une valeur tout à
fait relative, et aussi quelques notes confiden-
tielles qui n'ont peut-être pu toute l'iaapor-
tance qu'on leur prête. Qu'ajouteraWj o an
surplus ? Je suis persuadé que le dossier tout
entier est entre mes mains, qu'aucune pièce
n'en a été distraite et qu'il n'y a pas dans
toutes celles qu'il contient actuellement, une
seule de ces notes diplomatiques dont on nous
a trop souvent rebattu les oreilles.
Or si ces lettres capitales existaient vrai-
ment, il Jeur serait impossible être ailleurs
que sous mes yeux.
D'un bout à l'autre, le dossier en question
se compose d'éléments judiciaires, exclusive-
ment, et la seule remarque personnelle que
j'aurais eu à tirer, est le désordre ertraordi-
naire et la classification mal ordonnée des piè-
ces dont il se compose ».
Me Mornard a bien raison de s'étonner des
étranges vues judiciaires des personnes qui
nient un droit qui lui appartient si évidemment.
Est ce qu'il n'est pas de règle, en matière cri-
minelle, lorsque le ministère public se pour-
voit en cassation, devant une juridiction quel-
csnque, de laisser le condamné l'y suivre ?
Croit-on devoir refuser ce droit à la famille
Dreyfus, parce que c'est le ministre de la jus-
tice qui a formé la demande en révision ? Mais
trouvez donc un texte pour appuyer cette
prétention 1
Se souvient-on de l'affaire Fabus? Pour les.
juristes, cette affaire, qui date de 1842, est im-
portante en ce sens qu'elle fournit à la juris-
prudence l'occasion de consacrer le droit d'in-
tervention du condamné; et cela dans des con-
ditions analogues à celles qni se présentent
pour l'affaire Dreyfus.
Fabus s'était pourvu personnellement en
cassation contre le jugement du conseil de
guerre de Bône. Mais son pourvoi avait été dé-
claré irrecevable, parce qu'il fut jugé sans
qualité pour le former.
Le procureur général Dupin, sur l'ordre du
garde des sceaux, saisit alors d'une demande
en annulation du jugement du conseil de
guerre fondée sur l'article 441 la Chambre cri-
minelle de la Cour de cassation.
Et Fabus, représenté par Me Bon jean, inter-
vint.
Le procureur général ne s'opposa nullement,
comme le rappelle un de nos confrères, à la
prétention db Fabus, et la cour admit l'inter-
vention.
**#
Et puis, pourquoi se donner tant de mai
pour éviter une lumière qui se fera infaillible-
ment d'ici peu de temps.
Nous pouvons annoncer dès à présent que
les débats sur la recevabilité devant la Cham-
bre criminelle auront lieu en audience pu-
blique.
Le procureur général, le conseiller rappor-
teur et l'avocat de la famille Dreyfus pourront
tous faire valoir leurs arguments et exposer
les faits en toute liberté.
Ces débats auront lieu vraisemblablement à
la fin de la semaine.
-Ob
A Beux contre Un
Le jeu ne perd jamais son droit.
Croirait-on que la condamnation ou l'acquit r
tement du capitaine Dreyfus devant le conse d
de guerre qui revisera le procès a déjà donr té
lieu à des paris ?
Il nous revient qu'un pari a été engagé, à
deux contre un entre deux personnalités, d, #nt
l'une, le preneur, est précisément un dél aué
de la droite.
Ce député, que nous ne voulons pas > lsi-
gner autrement que par ce faitquilrepré &ente
un département de l'Ouest, a parié, à b , cote
de deux contie un, que Dreyfus sera: t ac-
quitté.
Et quand on pense que, une fois la C! ianibre
réunie, il se déclarera sans doute l'une Les plus
convaincus que le capitaine Dreyfus était le
dernier des traîtres.
o
ZURLINDEN ET BQiSDEFF m
Il parait que M. le général Zurli- Aden avait
eu, avant de quitter le ministère, u ae idée de
génie.
Cette idée — idée grande, idée g !néreuse!-
consistait à faire de M. le général de Boisdeffre
un commandant de corps d'armé e.
Oui, lecteurs, pour récompenser le général
de Boisdeffre de la clairvoyanci :, du courage,
de la hauteur de vues dont il av ait fait preuve
comme chef d'état-major gé, âérai, le mi-
nistre Zurlinden avait proje' k de lui of-
frir le commandement du quatrième corps
que le général Mercier — ô tristesse ! ô dou-
leur! — va être obligé, de p ir la loi inexora-
ble de l'âge, d'abandonner a 11 mois de décem-
bre prochain.
Nos grands chefs ont toujours, entre eux, de
ces attentions délicates.
Le général Duchesne contre comme chef de
l'expédition de Madagascar une incapacité no-
toire. On le bombarde commandant de corps.
Le général Mercier m.ontre' comme ministre
une ignorance crasso. On le bombarde com-
mandant de corps. Le général de Boisdeffre
montre comme chef d'état-major un aveugle-
ment inexcusable, nn extraordinaire méprisdu
Droit, une créduliié invraisemblable. On veut
!& bombarder commandant de corps.
C'est dans l'ordre, c'est dans la logique des
choses.
Le hasard a voulu cependant que, cette fois,
cet ordre ait été transgressé et que, contrai-
rement à la logique, le général de Boisdeffre
n'ait pas été récompensé de ses fautes.
C'est une chance que nous savons appré-
cier. Mais nous souhaiterions que ce fût une ;
chance qui se continuât. — A. H.
mimm nu PREMIER mssm
DE LA COUR D'APPEL DE PARIS
Le Discours de M. Forichon
La rentrée des cours et tribunaux a eu lieu
hier, au palais de justice, selon l'antique e.
ridicule usage, c'est-à-dire qu'elle a été précé-
dée de la démodée « messe rouge » et qu'aprèi
cette cérémonie les magistrats de la cour de
cassation et ceux de la cour d'appel se sont
rendus dans leurs grandes chambres respecti-
ves où les discours ont été prononcés. >
A la cour de cassation, M. Melcot, avocat
général, avait pris pour texte : « Les mœurs
judiciaires. »
A la cour d'appel, M. Bulot, avocat générai
avait choisi comme sujet : « L'éloquence judi-
ciaire de nos jours, h
Mais ce ne sont pas ces deux discours quel-
que remarquable qu'ils soient, qui ont cons-
titué le « clou « de la reprise des travaux ju-
diciaires : C'est l'installation de M. Foli-
chon, nommé premier président de la coor
d'appel, en remplacement de M. Périvier, de
brusque et autoritaire mémoire.
L'audience de la cour était présidée par IL
Lefebvre de Viefville.
Le nouveau premier président a été intro-
duit par deux présidents de chambre et dea
avocats généraux dans la salle de la première
chambre, qui était occupée par tous les magis-
trats tant de la cour que du parquet. *
M. Forichon a prit place sur un fautevf
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