Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-02-01
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1909 01 février 1909
Description : 1909/02/01 (N14206). 1909/02/01 (N14206).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75465699
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/01/2013
N.14206. - 12 Pluviôse An 117. CINQ OENTIMES LE NCHÊHO
Lundi l"r Février 1909. — N. 14208 -
Fondateur :
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un moii Troii moii Suata Cb »
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 48 fr.
Départements 2 - 6 - ti - 20-
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Pondatevr i
AUGUSTE VACQUERIE
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6, Place de la Bourse
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- TRIBUNE LIBRE ,,'
COUP DE SONDE
- > t
Certains ont regretté que
le gouvernement ait décidé
de grouper en trois séries
les' "électiQns législatives
partielles. Mais ce fraction-
nement ne diminuera en
rien l'importance de cette
consultation électorale et la leçon d'en-
semble qui se dégagera des résultats
n'en aura pas une moindre valeur.
Dans tous les partis on s'accorde à
reconnaître que l'indication qui va nous
être bientôt donnée par le suffrage uni-
versel aura sur la direction des affaires
politiques du pays, une influence consi-
dérable. Il n en peut être autrement
puisque le résultat ne constituera pas
seulement une manifestation politique
d'une importance immédiate mais qu'il
nous fera connaître, par les trente coups
de sonde qui vont être effectués presque
en même temps sur tous les points du
territoire, la pensée générale du pays
et qu'il nous renseignera par avance et
d'une manière très précieuse sur les
conditions dans lesquelles la mêlée to-
tale de neuf-dixièmes s'engagera et sur
les pronostics qu'on peut dès maintenant
donner à son sujet.
Pour ma part, je suis plein d'espoir.
Tout se tient dans la nation et pour
que, il y a quelques jours, le suffrage
restreint lui-même ait manifesté avec
tant d'éclat sa répulsion pour les partis
de réaction et de conservativisme, il
faut que, dans le peuple tout entier, l'es-
prit de démocratie circule avec ardeur.
Les élections sénatoriales du 4 janvier
furent une très grande chose. Elles ont
marqué une date dans l'histoire républi-
caine en affirmant la volonté d'évolu-
tion démocratique dans une classe qui
jusqu'alors avait paru, sinon hostile,
du moins peu favorable au progrès so.
cial.
Vraiment, si l'on tient compte de leur
condition économique, de leurs habitu-
des, les délégués sénatoriaux ont fait
tout leur devoir ; ils nous ont donné
largement ce (qu'on pouvait attendre
d'eux.
Si le suffrage restreint a ainsi montré
son désir de réformes et d'effort vers
la justice, comment pourrait-on ne pas
espérer que le suffrage universel se pro-
noncera dans le même sens, mais avec
plus de force encore ?
Si les partis de gauche savent, au
lieu d'inquiéter et de diviser les élec-
teurs républicaines par de stériles dis-
putés, faire devant eux une vigoureuse
affirmation de démocratie, le succès doit
être éclatant.
S'il m'est permis de donner mon avis,
je dirai qu'à mon sens il y aurait inté-
rêt, pour nos candidats, à concentrer
li'attention du suffrage (universel sur
certaines réformes, et à lui demander de
voter pour elles. v
Montrer, pour l'impôt sur le revenu,
l'oeuvre presque achevée à la Chambre
mais déclarer que le pays doit mani-
fester avec véhémence s'il veut qu'elle
soit, sans délais, consacrée par le sénat
Pour les retraites ouvrières, résumen,
ftans toute sa vérité, la manœuvre dé-
loyale d'une commission sénatoriale
hostile, et affirmer, devant l'insuffi-
sance du nouveau projet du gouverne-
ment et de cette commission la néces-
sité de créer de véritables retraites as-
surant vraiment le vieux travailleur
contre la plus grande misère.
Dénoncer hautement la campagne clé-
ricale organisée contre l'enseignement
laïque et réclamer le vote immédiat des
projets Doumergue et Briand pour dé-
fendre l'instituteur contre les menées
des calomniateures d'église et pour as-
surer le respect intégral du principe dé
l'obligation scolaire.
Demander enfin la réforme des con-
seils de guerre.
Voilà, semble-t-il, les articles princi-
paux du programme « d'actualité M,
d'intérêt immédiat, que les candidats
républicains doivent développer devant
-le suffrage universel.
En faisant, d'un tel programme, la
( plateforme » de la consultation électo-
rale, nous affirmerons notre volonté
d'action pratique, de réalisation réfor-
matrice. ,
Non seulement, par une telle campa-
gne, les républicains peuvent être cer-
tains d'obtenir, dans les prochains scru-
tins, un succès complet, mais encore ils
prépareront la victoire 'd'ensemble pour
neuf-dizièmes.
L'opinion publique est prête à répon-
dre avec enthousiasme à un vigoureux
appel en faveur des réformes démocra-
tkiii.es. Il suffit qu'on le leur fasse en-
tendre.
C'est une lutte de principes qu'il faut
êngager.
N'ous assistons en ce moment à un re-
il de l'agitation réactionnaire cléri-
ale et monarchiste, suite déplorable
mais inévitable des longues incertitudes
au milieu desquelles cette législature
s'est débattue. Cette agitation reste cir-
conscrite dans un petit espace. Les élec-
tions sénatoriales ont prouvé quelle
n'a nullement ému la masse du pays.
Mais si l'on veut réduire complète-
ment à l'impuissance les chevaliers du
trône et de l'autel, il faut donner à la
démocratie la seule direction dans la-
quelle elle peut entretenir, renouveler et
développer sa force, celle du progrès
social.
Et, si, par d éclatantes élections ré-
publicaines, on parvient à décourager
les menées, peu dangereuses assurément
mais irritantes des ^yatistes, ce résultat
particulier aura aussi quelque impor-
tance.
René RENOULT,
Député de la Haute-Saône.
LA POLITIQUE
UNE MESAVENTURE
Il est advenu vendredi, à la
Chambre, au cours de l'inter-
pellation sur les officiers de
Laon, ce que l'on attendait le
moins : une « friction » un
- peu vive entre M. le président
du conseil et M. de Pressenssé.
Ce hors d'œuvre — étranger au débat
- a naturellement bénéficié de l'atten-
tion générale et M. Clemenceau — en
tous temps — ayant usé et abusé des
gentilfesses de sa prose à l'égard de ses
contemporains, n'a pu s'étonner de quel-
ques représailles.
Quelques phrases survivront du dis-
cours de M. de Pressenssé, que l'on di-
sait, naguère, un orateur verbeux et qui
fut, l'autre JOUIT, un orateur verveux.
Au compte-goutte, il distilla quelques
aménités a son adversaire : « Vous cr
avez, avec la complicité des pires enne-
mis de la République, renversé successi-
vement Gambetta et Ferry. » Et en-
suite : « La Chambre me permettra de
ne point m'arrêter à ce qui voudrait être
l'outrage d'un vieillard en colère. » Et
enfin : « Je ne sais pas ce que l'on gagne
au pouvoir, mais je sais ce que l'on y
perd, l'unité de sa vie, etc. w
Et certes cela devait arriver. On ne
gaule pas les noix impunément sans re-
cevoir sur le nez quelques pichenettes.
Moins heureux que le dormeur de la fa-
ble, l'ancien ler de la Justice a reçu
plus lourd qu'un gland. 'Si avant-hier
M. de Pressenssé joua un mauvais tour
à M. Clemenceau, le lendemain, un dé-
puté nationaliste en jouait un autre au
président du conseil. II regrettait, en se
frappant la poitrine, que M. le prési-
dent du conseil dont il avait invoqué le
patronage, il y a quelques mois, dans
une campagne électorale, dans la Gi-
ronde, ne lui eût pas permis de voter
pour le 'gouvernement dans l'affaire des
officierë.
Et c"est la moralité de l'histoire :
M. Clemenceau n'a nulle part tant d'ad-
mirateurs qu'à droite. Et ils lui pardon-
neront, à n'en pas douter, quelques tra-
casseries à l'égard de militaires qui n'ex-
pieront pas trop longuement les sévéri-
tés du tombeur de Ferry et de Gam-
betta.
» \-
LES ON-DIT,
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil à 7 h. 34 ; coucher à
4 h. 54.
— Matinées. — Dans tous les théâtres,
sauf à l'Opéra, et au Théâtre des Arts.
— Courses à Vincennes, à Pau et à Can-
nes.
AUTREFOIS
Rappel du 1er février 1873. - Hier s'est
ouvert, devant, VAssemblée nationale, un
grand débat sur les faits qui se sont passés
à Lyon, pendant la guerre, M. Challemel-
Lacour étant préfet du Rhône. M. Challe-
mel-Lacour, dans un superbe discours a
montré qu'il avait toujours agi au mieux
des intérêts de la défense nationale. En.
suite, il a fait, dans une cinglante pérorai-
son le procès de ses accusateurs. ■
L'hiver, qui avait été d'une grande dis-
crétion iusoxnci, se rappelle soudain
nous : il est tombé hier, à Paris une neige
abon-danle:
La reine d'Espagne vient d'accoucher
d'un garçon.
II Le cinquième milliard sera payé, en espè-
ces au gouvernement allemand. L& gouver-
nement a défà 300 millions en numéraire
dans ses caisses.
Dans sa prochaine session. le Reiehstag
allemand examinerai'emploi à faire de l'ar-
gent arraché à la France.
Frédérick-Lemaître ouvre. un cours de dé-
clamation, 37, boulevard Magenta.
Origine du Lutrin
Un chantre du chapitre de la Sainte
Chapelle de Paris se trouvait fort offen-
sé de voir un lutrin élevé aurès de sa
place. Dans sa colère, il pria un jour
Boileau d'en parler à M. le premier pré-
sident comme de l'affaire la plus sé-
rieuse du monde. Boileau-s'acquitta de
sa commission.
« Voilà un beau sujet pour un poème
épique, lui dit ce magistrat, et vous de-
vriez y travailler.
« Il ne faut jamais défier un fou,
reprit le poète ; si je fais quelque ouvra-
ge là-dessus, je vous le présenterai, et
vous serez complice de-ma folie ».
Ainsi fut fait, et telle est l'origine du
poème de Lutrin.
Des mots -.
Un Anglais et un Français se battaient
au pistolet. Le premier, au moment de
tirer, n'étant pas encore bien décidé à se
battre, dit : « Parlementons ». « Soit »,
dit l'autre. Et la balle vint briser la mâ-
choire inférieure de son adversaire.
On demandait à .Pope par quels
moyens il s'était fait tant d'amis ; il ré- j
pondit : « Au moyen de ces deux axio-
mes : Tout est possible, tout le monde
a raison. »
Un homme de cœur et d'esprit ne fait
jamais fortune par hasard.
Il y a très peu de grandes fortunes
innocentes.
« La manière dont je vois distribuer
l'éloge et le blâme, disait Turgot, donne-
rait au plus honnête homme l'envie
d'être diffamé ».
Il y a trois sortes d'amis : les amis
qui vous aiment, les amis que ne se sou-
cient pas de vous, et les amis qui vous
haïssent.
Ducis disait à Chamfort : « Il n'y a
que l'inutilité du premier déluge qui
empêche Dieu d'en envoyer un second ».
Chameau
Pourquoi les gens mal élevés appel-
lent-ils chameaux les courtisanes de bas
étage ? Car il y a des degrés dans ceite'
profession, et toutes les courtisanes ne
sont pas appelées du nom de l'animal
en question ? Cette injure n'est pas
très ancienne ; elle date, paraît-il, de
l'époque de la campagne d'Egypte, ou
nos soldats avaient eu l'occasion d'obser-
ver le chameau, et avaient été frappés
de la docilité de ce quadrupède, qui se
couche pour recevoir son fardeau.
« Si non e vere. »,
Leurs « gens »
Un gentilhomme de la Chambre mal-
traitait un valet de pied de Louis XVI.
Le roi, entendant des cris derrière son
.carrosse, demanda ce que c'était.
« Ce n'est rien, sire, répondit le gen-
tilhomme, ce sont deux de vos gens qui
se battent ! »
La crainte du satyre
Fontenelle représentait à sa femme
dévote et d'une propreté très recher-
chée, qu'elle prenait une peine bien inu-
tile, étant donné la sévéxité de ses prin-
cipes :
« Que sait-on ? lui répondît-elle, on
peut rencontrer des insolents »»
L'esprit du Ruisseau
Un titi voyait passer un brave hom-
me portant un superbe bois de cerf
quil venait d'acheter pour en faire des
manches de couteau :
« Mes compliments à Madame ! a
lui cria le polisson..
L'Administration
de la Marine
LE GRAND SABOTAGE
M. Picard veut-il nous permettre de lui
poser trois ou quatre petites questions sus-
ceptibles d'intéresser son esprit « stu-
di-eux » ?
Et-il exact que lie lieutenant-colonel
commandant l'école de pyrotechnie de
Toulon se soit plaint au ministre de la
marine, en novembre dernier, des difficul-
tés qu'il rencontrait au cours des expé-
riences de stabilité des poudres. ?
Est-il exact que ces difficultés prove-
naient de, la mauvaise qualité d'une four-
niture de gazoline ?
Est-il exact que, en effet, S.000 kiloo die
gazoline furent acceptés par fia '.commis-
sion de recettes, en s'en rapportant seu-
lement à l'analyse officielle du laboratoire
de l'hôpital de la marine, alors que le
cahier des charges- demande que La com-
mission emploie tous Loo, moyens qu'elle
juge convenables pour s'assurer de la bon-
ne qualité du produit présenté ?
Est-il exact que ces 3.000 kilos de gazo-
line étaient défectueux et ne purent ser-
vir au chauffage des étuves auquel on les
destinait. t ,.
Est-il exact que, ne sachant qu'en faire,
on les imposa, le 6 novembre 1908, à la py-
rotechnie qui dut protester en présence des
difficultés que leur emploi lui oréait ?
Enfin, quelles mesures M. Picard a-t-il
prises pour éviter le retour de tels actes de.
grand sabotasse ?
A-t-il frappé la commission qui a reçu la
gazoiine défectueuse ?
Nous espérons que M. le ministre de la
j 1 marine voudra bien se distraire un instant
de ees chères « études » pour nous hono-
rer, sinon d'un démenti Il catégorique », du
moine de quelques explications, attendues
avec une impatiente curiosité.
»
La Mine souriante
La « m'ne souriante » M. le président du
conseil a reçu les députés partisans du scru-
tin de liste. Réception charmante.
« Le scrutin de liste, a dit M. Clemen-
ceau, offre des avantages incontestables.,
comprends très bien., suis de votre
avis., entendu ! »
Le lendemain, la « mine souriante » M.
le président du conseil a - reçu les députés
partisans du scrutin d'arrondissement. Ré-
ception charmante.
« La représentation proportionnelle, a dit
M. Clemenceau, offre des avantages incon-
testables., romprends très bien., suis de
votre avis., entendu ! »
Le lendemain, la « mini souriant n, M.
le président du conseil a reçu la Délégation
des gauches, présidée par « son ami », M.
Dubief.
M. Dubief venait informer le président du
conseil qGela Délégation des gauches avait
arrêté un ordre des travaux de la Chambre.
différent de celui que le gouvernement
avait cru devoir fixer lui-même. Réception
charmante.
« Votre ordre du jour, dit M. Clemenceau,
offre des avantages incontestables., com-
prends très bien., suis de votre avis.,
entendu »
Quand la Délégation des gauches se fut
retirée, M. le président du conseil allongea
une grande tape dans le dos de Maujan, qui
laissa dhoir une pile de dossiers, qu'il
époussetait.
— « Adelphe, retiens bien la manière :
dire tout ce. qu'ils veulent et ne faire que
ce que je veux. »
— « Compris », répondit l'autre en recti-
fiant la position.
— ♦ J
La Garonne à Paris
On sait que les demandes d'emploi dans
les services de la Ville de Paris atteignent
le chiffre formidable de 80.000 ! Le balayage
compte à lui seul près de 50.000 candidats.
Or, le conseil municipal pour tenter d'arrê-
ter le flot montant des solliciteurs a pris, le
28 octobre 1907, la très sage mesure de ne
plus transmettre aucune demande à l'admi-
nistration jusqu'au 1er janvier 1910, et le
Bulletin Municipal n'a inséré aucune ,péti-
tion à ce sujet depuis cette époque. Mais
comme le Conseil ne peut exercer aucun
contrôle sur l'administration, cette dernière
s'est empressée de caser tous ses protégés
dans les places vacantes qui s'élèvent à
environ un millier par an. Et cela s'est pas-
sé le plus tranquillement du monde, l'ad-
ministration n'étant plus ênée par les re-
commandations acharnées des élus muni-
cipaux. Lorsque ceux-ci insistaient d'une
manière trop pressante en tfaveur d'un
ami en quête d'emploi, le directeur du per-
sonnel, M. de Metz, un intellectuel distin-
gué, répondait en invoquant la délibération
formelle de l'assemblée communale. Et le
tour était joué.
Il est vrai qu'en révanche, tandis que M.
de Metz opposait d'infranchissables barriè-
res aux candidats de la Seine, il ouvrait
toutes grandes les écluses à « ceuss » de
Ja Garonne, de la Haute-Garonne et surtout
-du Tarn et-Garonne.
A l'Assistance publique, à l'Octroi, au
Mont de Piété, aux Ppmpes funèbres, on ne
rencontre plus depuis quelques mois que
MM. de Bigagnac, Tizac, Cahuzac, Pussac,
Noirac, Cudillae, Gabernac, Floirac, Car-
dailhac, etc.
Ev idemment ces messieurs sont de char-
mants garçons, et ils ont tout autant Je
mérites que. d'autres (Dieu me garde de
chercher noise aux cadets de Gascogne !),
mais, enfin, jusqu'ici, on avait cru que
c'était la Seine qui passait à Paris, et" le
personnel de la Préfecture de la Seine pour-
rait sans doute présenter cette originalité
de renfermer quelques Parisiens ?
LA TRIPLE=ALLIANCE
Si la triple-alliance résiste à l'assaut qu'elle
subit actuellement, nous renonçons à pro-
phétiser.
Il est impossible que l'alliance austro-ita-
lienne puisse être maintenue. Mais il nous
semble aussi difficile de croire à la durée de
l'alliance italo-allemande.
Il ne faut pas oublier que Trieste reste,
pour les Italiens, la prisonnière sacrée qu'on
doit délivrer. Le Trentin et l'Illyrie sont des
provinces italiennes dont les habitants sont
italiens de race et de cœur.
Or, si l'Allemagne se désintéresse du
Trentin et peut le voir revenir sans dépit à
l'Italie, il n'en est pas de même de Trieste.
Trieste* est, pour les pangermanistes, le
futur port du Saint-Empire d'Allemagne
sur l'Adriatique. Il est appelé à devenir le
débouché principal de l'Allemagne Unifiée
sur la Méditerranée : C'est la clef qui ouvre
la porte de l'Orient.
la L'Allemagne n'abandonnera donc jamais
Trieste aux Italiens : on peut en être certain.
La triple-alliance offre ainsi cette particu
larité typique qu'elle comprend trois mem
bres dont deux cherchent à nuire au tpoi
sièïàe I
Dès que l'Italie soulève la question de*
Trieste, elle voit l'Allemagne se dresser à
côté de l'Autriche. Trieste restera autri-
chienne aussi longtemps que durera l'Em-
pire d'Allemagne.
L'Italie — en faisant partie de la triplice
— se met donc elle-même la chaîne au cou et
devient la prisonnière de ses étranges alliés.
On peut se demander, dans ces conditionss
à quoi sert, pour l'Italie, cette Belle-Alliance
dens laquelle elle joue le rôle de dupe ?
Toute l'Europe se pose cette question à
laquelle l'incident de l'Université de Trieste
vient de donner une acuité nouvelle.
Une alliance austro-italienne semblait déjà
paradoxale quand on considérait les diver-
gences d'intérêts qui séparaient les deux
pays. Une alliance italo-allemande paraît
tout aussi stupéfiante quand on sait que
l'Allemagne s'est convertie en gardienne
implacable de Trieste, port allemand. — J.Ç.
LA CRISE ORIENTALE
LES BULGARES MENACENT
— 1KH» > ■ „
Le gouvernement bulgare, dans la note remise aux grandes
puissances, déclare vouloir en finir.
Les représentants clos grandes puis-
sances à Sofia ont tous été mis en pas-
session de la seconde note du gouverne-
ment bulgare dans laquelle celui-ci leur
6ignaile que la Porte a renvoyé la Bul-
garie devant les grandes, puissances en
ce qui concerne sa reconnaissance com-
me royaume.
Le gouvernement bulgare déclare re-
gretter que ses efforts vers l'entente ne
soient pas secondés par la Turquie. Il
s'avoue disposé encore aujourd'hui à
payer les 32 millions d'indemnité qu'il a
offerts, mais il déclare qu'il retirera cet-
te offre si la Turquie tarde trop à recon-
naître l'indépendance de la Bulgarie-
Elle se 'bornerait alors à indemniser
seulement le chemin de fer.
La note fait ensuite ressortir le grand
amour de la paix dont la Bulgarie a fadt
preuve pusqu'ici et invoque une inter-
vention rapide des grandes puissances-,
car la situation tendue qui existe actuel-
lement est grosse de dangers dont le
gouvernement bulgare ne peut répon-
dre..
La note n'est pas encore conçue eai
termes comminatoires, mais elle est
pleine de fermeté, et elle fait mention
des incidents de frontière et de l'agita-
tion croissante de l'opinion, en présence
d'une solution qui tarde trop à interve-
nir.
On peut en conclure que la situation
est grave et que la paix peut être com-
promise par le moindre ineideint qui
viendrait à se produire à la frontière de
la part de la Turquie.
Les notes aux puissances
Londres, 30 janvier.
Une note communiquée aux journaux
dit :
Sur la proposition de la Russie, qui a
pris l'initiative de l'affaire, le gouverne-
ment britannique a chargé ses représen-
tants à Constantinople et à Sofia de faire
des représentations à la Turquie et à la
Bulgarie, de leur signaler les dangers de
mouvements militaires à la frontière et de
leur exprimer de la sympathie pour tous
les efforts qui seront faits en vue d'abou-
tir à un accord.
La note de Saint-Pétersbourg est arrivée
après que la France et l'Angleterre avaient
eu un échange de vues sur le même ob-
jet. Aussi le. gouvernement anglais a-t-il
immédiatement donné des instructions à
ses représentants.
Toutes les grandes puissances s'emploient
de concert dans le même but.
On ne sache pas, dans les cercles bien
informés, que la Turquie a demandé à la
Bulgarie une rectification de frontière, ni
que les puissances se proposent d'interve-
nir à Sofia et à Coftstantinople d'une ma-
nière plus décisive qu'au moyen des re-
présentations amicales précitées.
Vienne, 30 janvier.
La Correspondance politique' annonce
qu'on a remis hier au ministère des affai-
res étrangères trois notes circulaires eon-
cernant la situation entre la Bulgarie et la
Turquie relativement aux dispositions mi-
litaires récemment prises en Bulgarie. Ce
sont , une note russe qu'a remise M. Sver-
bejeI, chargé d'affaires, une note turque
remise par Rechid pacha, ambassadeur et
une note bulgare remise par M. Sarefof,
agent diplomatique.
Sofia, 29 janvier.
Le gouvernement bulgare a transmis aux
représentants des grandes puissances à
Sofia une seconde note où il leur signale
que la Porte a, du fait de la dernière dé-
claration du chargé d'affaires turc, renvoyé
i la Bulgarie devant les grandes puissances,
en ce qui concerne sa reconnaissance
comme royaume.
La note fait ensuite ressortir le grand
amour de la paix dont la Bulgarie a fait
preuve jusqu'ici et demande une interven-
tion rapide des grandes' puissances, car la
situation tendue qui existe actuellement
est grosse de dangers dont le gouvernement
bulgare ne peut répondre.
L'offre de la Bulgarie
Sofia, 30 janvier.
Il résulte de déclarations faites hier par
le gouvernement bulgare aux représen-
tants des puissances, que la Bulgarie en-
tend n'accorder qu'une somme de 82 mil-
'lions en échange de la reconnaissance de
son indépendance par la Turquie et pour
les chemins de fer orientaux.
Le gouvernement semble décidé à ne dé-
passer en aucun cas ce chiffre et est prêt
à accepter toutes les conséquences de cette
résolution.
La Bosnie et l'Herzégovine
Belgrade, 30 janvier.
On annonce comme prochain l'envoi aux
puissances, et d'accord avec le Monténé-
gro, d'une note- réclamant l'autonomie de
la Bosnie et de l'Herzégovine et une bande
de territoire.
La question de frontière tureo-bulgare
On envoie de source bulgare à la Nou-
velle Presse libre, l'exposé suivant des
revendications turques dont le gouverne-
ment de Sofia ne veut rien connaître :
Le traité de Berliçt avait fixé de telle
sorte la frontière entre la Roumélie orien-
tale et la Turquie, que le pays de Pomaks
et les villages kirdjalis (on en compte 421
revenaient à la Roumélie. Mais les Pomaks
qui constituaient une sorte de république
à peu près autonome sous la domination
turque, ne se soumirent pas davantage au
gouvernement rouméliote, et on les a, en
fait, toujours considérés comme des sujets
ottomans-
Le pays des Kirdjalis avait été au con-
traire incorporé à la Roumélie, mais comme
les sympathies de ces gens allaient aux
.Ottomans, la Bulgarie a cédé leui territoire
à la Porte par un traité en date du 5 avril
1886, traité qui montre assez l'intention dil
gouvernement de Sofia de considérer désor-
mais la Roumélie orientale comme un terri-
tojre purement bulgare.
La Porte prétend maintenant profiter des
négociations pendantes avec le cabinet de
Sofia pour imposer à ce dernier une nou-
velle rectification de frontière.
Il s'agit du territoire de Bistépé, contigu
à celui des Kirdjalis, et qui commande, au
dire des Turcs, Andrinople et ses environs
Des mesures militaires ont même été prises
qu trahissent l'intention de s'emparer de
ce territoire par un coup de force. Une sem-
blante occupation constituerait une menace
pour Philippopoli, aussi les Bulgares sont-
ils décidés à s'y opposer.
L'allemagne et la note turque
On envoie de Berlin à la Gazelle de Cô*
logne la dépêche suivante, marquée de l'as-
térisque des communications officieuses :
Hier soir a été remise aux puissances une
note turque dans laquelle la Porte nie avec
décision toute- tentative d'agression contre
la Bulgarie et déclare que, ayant égard à la
situation financière de la Bulgarie, elle ré-
duit sa précédente réclamation de 150 mil-
lions à 100 millions de francs. Il n'y a donc
plus qu un écart de 18 millions entre la no.1"
velle réclamation et la somme précédem-
ment offerte par la Bulgarie. On peut donc
espérer avec confiance que cette différence
entre la demande et l'offre n'empêchera
pas un arrangement amiable, d'autant plus
que la Turquie laisse visiblement tomber
son désir d'une rectification de frontière.
Du moins la note turque ne contient pas S
mot sur cette réclamation et on peut en in-
férer que la Porte elle-même a acquis la
conviction que cette question extrêmement
incommode doit être rayée du programme
des négociations. Ainsi, dans le cours des
dernières vingt-quatre heures. la situation
s'est sensiblement améliorée, et il y a appa-
rence que ce qui est visé dans la note rus e
est déjà obtenu.
Dans ces circonstances, une démancha
collective des puissances telle que la prévoit
la note russe serait-elle nécessaire ? Cela
est douteux, ce qui n'empêche pas, d'ail-
leurs, que la bonne intention du gouverne-
ment russe mérite d'être pleinement appré-
ciée. »
L'opinion diplomatique allemande
Berli i, 30 janvier.
On envisage comme suit, dans les milieux
diplomo t ques allemands, la situation dans
les Balkans :
Dans sa note am pui- sances, la Bulgarie
exprime -.c désir de voir reconnaître son in-
dépenddrce. Ce désir est légitime, mais
avant que les puissances s'entremettent à
Constantinople pour que ce vœu reçoive sa-
tisfaction, il faut qu'elles soient exactement
informées sur les intentions du gouverne-
ment bulgare, tant au point cte vue des mê-
sures militaires, qu'au point de vue de l'in-
demnité à payer à la Turquie.
Or, à Constantinople, on a assuré ne pas
songer à demander une indemnité territo-
riale, ci d'autre part on a réduit à cent mil-
lions l'indemnité demandée.
r Ce n'est donc .pas à Constantinople que,
pour le mômerit, les puissances ont à faire
valoir leur inilueDce.
La Bulgarie porte l'indemnité à 100 millions
Sofia, 30 janvier.
Une information de Sofia, qui n'est pas
encore officiellement confirmée, annonçait
que la Bulgarie songerait à porter juste*
ment à cent millions de francs le chiffre de
l'indemnité à payer à la Turquie.
Si cette information se confirmait, l'inter-
vention suggérée par la Russie n'aurait
donc plus lieu de se produire.
Mais il est possible que, si la confirma-
Idon se fait attendre, les puissances don-
nent suite à la suggestion russe en ce sens
qu'elles s'entendraient pour conseiller ins-
tamment à Sofia, tout en tenant compte des
susceptibilités bulgares, de faciliter l'en- -
tente avec la Turquie.
Il y a lieu de croire qu'actuellement les
différents cabinets envisageant cette éven-
tualité d'une démarche commune à Sofia.
Si la Porte en reste aux prétentions indi-
quées plus haut, l'intervention à Constapti-
nople n'aurait "guère de raison d'être.
La coavealion austro-turque
Vienne, 30 janvier.
Le texte de la convention austro-turque
avec les modifications qui y ont été appor-
tées ici, sera expédié demain à Constantino.
pIe. ,",
Démarche collective des puissances
Vienne, 30 janvier.
Le Fremdenblatt annonce que le cabinet
de Vienne a donné son assentiment à la
proposition du gouvernement russe concer-
nant une démarche collective des puissan-
ces à Constantinople, et prendra par consé-
quent part à l'action diplomatique projetée..
LA JOURNÉE POLITIQUE
Le Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis hier matin à l'Elysée, sous
la présidence de M. Fallières.
Conformément à l'engagement pris èje-
vaffit les représentants d06 la d¡éla:"on
des gauches de déposer le projet de bud-
get pour rexerci-oe 1910 avant, les vacan-
ces de Pâques, le conseil a décidé que les
ministres feraient parvenir avilit le 20
février, au ministre des finances, leurs
propositions budgétaires pour leur dépar-
tement respectif.
Sur la proposition du ministre des af-
faires étrangères et d'accord avec le mi.
nistre de la marine, le conseil a. décidé de
réduire à trois navires le chiffre de nos
bâtiments de guerre dans les eaux maro-
:C3iÏDesJ" , Notre division aiavate au MaroQ
Lundi l"r Février 1909. — N. 14208 -
Fondateur :
AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un moii Troii moii Suata Cb »
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 48 fr.
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Pondatevr i
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Adresser toutes les Communications au Directeur
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- TRIBUNE LIBRE ,,'
COUP DE SONDE
- > t
Certains ont regretté que
le gouvernement ait décidé
de grouper en trois séries
les' "électiQns législatives
partielles. Mais ce fraction-
nement ne diminuera en
rien l'importance de cette
consultation électorale et la leçon d'en-
semble qui se dégagera des résultats
n'en aura pas une moindre valeur.
Dans tous les partis on s'accorde à
reconnaître que l'indication qui va nous
être bientôt donnée par le suffrage uni-
versel aura sur la direction des affaires
politiques du pays, une influence consi-
dérable. Il n en peut être autrement
puisque le résultat ne constituera pas
seulement une manifestation politique
d'une importance immédiate mais qu'il
nous fera connaître, par les trente coups
de sonde qui vont être effectués presque
en même temps sur tous les points du
territoire, la pensée générale du pays
et qu'il nous renseignera par avance et
d'une manière très précieuse sur les
conditions dans lesquelles la mêlée to-
tale de neuf-dixièmes s'engagera et sur
les pronostics qu'on peut dès maintenant
donner à son sujet.
Pour ma part, je suis plein d'espoir.
Tout se tient dans la nation et pour
que, il y a quelques jours, le suffrage
restreint lui-même ait manifesté avec
tant d'éclat sa répulsion pour les partis
de réaction et de conservativisme, il
faut que, dans le peuple tout entier, l'es-
prit de démocratie circule avec ardeur.
Les élections sénatoriales du 4 janvier
furent une très grande chose. Elles ont
marqué une date dans l'histoire républi-
caine en affirmant la volonté d'évolu-
tion démocratique dans une classe qui
jusqu'alors avait paru, sinon hostile,
du moins peu favorable au progrès so.
cial.
Vraiment, si l'on tient compte de leur
condition économique, de leurs habitu-
des, les délégués sénatoriaux ont fait
tout leur devoir ; ils nous ont donné
largement ce (qu'on pouvait attendre
d'eux.
Si le suffrage restreint a ainsi montré
son désir de réformes et d'effort vers
la justice, comment pourrait-on ne pas
espérer que le suffrage universel se pro-
noncera dans le même sens, mais avec
plus de force encore ?
Si les partis de gauche savent, au
lieu d'inquiéter et de diviser les élec-
teurs républicaines par de stériles dis-
putés, faire devant eux une vigoureuse
affirmation de démocratie, le succès doit
être éclatant.
S'il m'est permis de donner mon avis,
je dirai qu'à mon sens il y aurait inté-
rêt, pour nos candidats, à concentrer
li'attention du suffrage (universel sur
certaines réformes, et à lui demander de
voter pour elles. v
Montrer, pour l'impôt sur le revenu,
l'oeuvre presque achevée à la Chambre
mais déclarer que le pays doit mani-
fester avec véhémence s'il veut qu'elle
soit, sans délais, consacrée par le sénat
Pour les retraites ouvrières, résumen,
ftans toute sa vérité, la manœuvre dé-
loyale d'une commission sénatoriale
hostile, et affirmer, devant l'insuffi-
sance du nouveau projet du gouverne-
ment et de cette commission la néces-
sité de créer de véritables retraites as-
surant vraiment le vieux travailleur
contre la plus grande misère.
Dénoncer hautement la campagne clé-
ricale organisée contre l'enseignement
laïque et réclamer le vote immédiat des
projets Doumergue et Briand pour dé-
fendre l'instituteur contre les menées
des calomniateures d'église et pour as-
surer le respect intégral du principe dé
l'obligation scolaire.
Demander enfin la réforme des con-
seils de guerre.
Voilà, semble-t-il, les articles princi-
paux du programme « d'actualité M,
d'intérêt immédiat, que les candidats
républicains doivent développer devant
-le suffrage universel.
En faisant, d'un tel programme, la
( plateforme » de la consultation électo-
rale, nous affirmerons notre volonté
d'action pratique, de réalisation réfor-
matrice. ,
Non seulement, par une telle campa-
gne, les républicains peuvent être cer-
tains d'obtenir, dans les prochains scru-
tins, un succès complet, mais encore ils
prépareront la victoire 'd'ensemble pour
neuf-dizièmes.
L'opinion publique est prête à répon-
dre avec enthousiasme à un vigoureux
appel en faveur des réformes démocra-
tkiii.es. Il suffit qu'on le leur fasse en-
tendre.
C'est une lutte de principes qu'il faut
êngager.
N'ous assistons en ce moment à un re-
il de l'agitation réactionnaire cléri-
ale et monarchiste, suite déplorable
mais inévitable des longues incertitudes
au milieu desquelles cette législature
s'est débattue. Cette agitation reste cir-
conscrite dans un petit espace. Les élec-
tions sénatoriales ont prouvé quelle
n'a nullement ému la masse du pays.
Mais si l'on veut réduire complète-
ment à l'impuissance les chevaliers du
trône et de l'autel, il faut donner à la
démocratie la seule direction dans la-
quelle elle peut entretenir, renouveler et
développer sa force, celle du progrès
social.
Et, si, par d éclatantes élections ré-
publicaines, on parvient à décourager
les menées, peu dangereuses assurément
mais irritantes des ^yatistes, ce résultat
particulier aura aussi quelque impor-
tance.
René RENOULT,
Député de la Haute-Saône.
LA POLITIQUE
UNE MESAVENTURE
Il est advenu vendredi, à la
Chambre, au cours de l'inter-
pellation sur les officiers de
Laon, ce que l'on attendait le
moins : une « friction » un
- peu vive entre M. le président
du conseil et M. de Pressenssé.
Ce hors d'œuvre — étranger au débat
- a naturellement bénéficié de l'atten-
tion générale et M. Clemenceau — en
tous temps — ayant usé et abusé des
gentilfesses de sa prose à l'égard de ses
contemporains, n'a pu s'étonner de quel-
ques représailles.
Quelques phrases survivront du dis-
cours de M. de Pressenssé, que l'on di-
sait, naguère, un orateur verbeux et qui
fut, l'autre JOUIT, un orateur verveux.
Au compte-goutte, il distilla quelques
aménités a son adversaire : « Vous cr
avez, avec la complicité des pires enne-
mis de la République, renversé successi-
vement Gambetta et Ferry. » Et en-
suite : « La Chambre me permettra de
ne point m'arrêter à ce qui voudrait être
l'outrage d'un vieillard en colère. » Et
enfin : « Je ne sais pas ce que l'on gagne
au pouvoir, mais je sais ce que l'on y
perd, l'unité de sa vie, etc. w
Et certes cela devait arriver. On ne
gaule pas les noix impunément sans re-
cevoir sur le nez quelques pichenettes.
Moins heureux que le dormeur de la fa-
ble, l'ancien ler de la Justice a reçu
plus lourd qu'un gland. 'Si avant-hier
M. de Pressenssé joua un mauvais tour
à M. Clemenceau, le lendemain, un dé-
puté nationaliste en jouait un autre au
président du conseil. II regrettait, en se
frappant la poitrine, que M. le prési-
dent du conseil dont il avait invoqué le
patronage, il y a quelques mois, dans
une campagne électorale, dans la Gi-
ronde, ne lui eût pas permis de voter
pour le 'gouvernement dans l'affaire des
officierë.
Et c"est la moralité de l'histoire :
M. Clemenceau n'a nulle part tant d'ad-
mirateurs qu'à droite. Et ils lui pardon-
neront, à n'en pas douter, quelques tra-
casseries à l'égard de militaires qui n'ex-
pieront pas trop longuement les sévéri-
tés du tombeur de Ferry et de Gam-
betta.
» \-
LES ON-DIT,
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil à 7 h. 34 ; coucher à
4 h. 54.
— Matinées. — Dans tous les théâtres,
sauf à l'Opéra, et au Théâtre des Arts.
— Courses à Vincennes, à Pau et à Can-
nes.
AUTREFOIS
Rappel du 1er février 1873. - Hier s'est
ouvert, devant, VAssemblée nationale, un
grand débat sur les faits qui se sont passés
à Lyon, pendant la guerre, M. Challemel-
Lacour étant préfet du Rhône. M. Challe-
mel-Lacour, dans un superbe discours a
montré qu'il avait toujours agi au mieux
des intérêts de la défense nationale. En.
suite, il a fait, dans une cinglante pérorai-
son le procès de ses accusateurs. ■
L'hiver, qui avait été d'une grande dis-
crétion iusoxnci, se rappelle soudain
nous : il est tombé hier, à Paris une neige
abon-danle:
La reine d'Espagne vient d'accoucher
d'un garçon.
II Le cinquième milliard sera payé, en espè-
ces au gouvernement allemand. L& gouver-
nement a défà 300 millions en numéraire
dans ses caisses.
Dans sa prochaine session. le Reiehstag
allemand examinerai'emploi à faire de l'ar-
gent arraché à la France.
Frédérick-Lemaître ouvre. un cours de dé-
clamation, 37, boulevard Magenta.
Origine du Lutrin
Un chantre du chapitre de la Sainte
Chapelle de Paris se trouvait fort offen-
sé de voir un lutrin élevé aurès de sa
place. Dans sa colère, il pria un jour
Boileau d'en parler à M. le premier pré-
sident comme de l'affaire la plus sé-
rieuse du monde. Boileau-s'acquitta de
sa commission.
« Voilà un beau sujet pour un poème
épique, lui dit ce magistrat, et vous de-
vriez y travailler.
« Il ne faut jamais défier un fou,
reprit le poète ; si je fais quelque ouvra-
ge là-dessus, je vous le présenterai, et
vous serez complice de-ma folie ».
Ainsi fut fait, et telle est l'origine du
poème de Lutrin.
Des mots -.
Un Anglais et un Français se battaient
au pistolet. Le premier, au moment de
tirer, n'étant pas encore bien décidé à se
battre, dit : « Parlementons ». « Soit »,
dit l'autre. Et la balle vint briser la mâ-
choire inférieure de son adversaire.
On demandait à .Pope par quels
moyens il s'était fait tant d'amis ; il ré- j
pondit : « Au moyen de ces deux axio-
mes : Tout est possible, tout le monde
a raison. »
Un homme de cœur et d'esprit ne fait
jamais fortune par hasard.
Il y a très peu de grandes fortunes
innocentes.
« La manière dont je vois distribuer
l'éloge et le blâme, disait Turgot, donne-
rait au plus honnête homme l'envie
d'être diffamé ».
Il y a trois sortes d'amis : les amis
qui vous aiment, les amis que ne se sou-
cient pas de vous, et les amis qui vous
haïssent.
Ducis disait à Chamfort : « Il n'y a
que l'inutilité du premier déluge qui
empêche Dieu d'en envoyer un second ».
Chameau
Pourquoi les gens mal élevés appel-
lent-ils chameaux les courtisanes de bas
étage ? Car il y a des degrés dans ceite'
profession, et toutes les courtisanes ne
sont pas appelées du nom de l'animal
en question ? Cette injure n'est pas
très ancienne ; elle date, paraît-il, de
l'époque de la campagne d'Egypte, ou
nos soldats avaient eu l'occasion d'obser-
ver le chameau, et avaient été frappés
de la docilité de ce quadrupède, qui se
couche pour recevoir son fardeau.
« Si non e vere. »,
Leurs « gens »
Un gentilhomme de la Chambre mal-
traitait un valet de pied de Louis XVI.
Le roi, entendant des cris derrière son
.carrosse, demanda ce que c'était.
« Ce n'est rien, sire, répondit le gen-
tilhomme, ce sont deux de vos gens qui
se battent ! »
La crainte du satyre
Fontenelle représentait à sa femme
dévote et d'une propreté très recher-
chée, qu'elle prenait une peine bien inu-
tile, étant donné la sévéxité de ses prin-
cipes :
« Que sait-on ? lui répondît-elle, on
peut rencontrer des insolents »»
L'esprit du Ruisseau
Un titi voyait passer un brave hom-
me portant un superbe bois de cerf
quil venait d'acheter pour en faire des
manches de couteau :
« Mes compliments à Madame ! a
lui cria le polisson..
L'Administration
de la Marine
LE GRAND SABOTAGE
M. Picard veut-il nous permettre de lui
poser trois ou quatre petites questions sus-
ceptibles d'intéresser son esprit « stu-
di-eux » ?
Et-il exact que lie lieutenant-colonel
commandant l'école de pyrotechnie de
Toulon se soit plaint au ministre de la
marine, en novembre dernier, des difficul-
tés qu'il rencontrait au cours des expé-
riences de stabilité des poudres. ?
Est-il exact que ces difficultés prove-
naient de, la mauvaise qualité d'une four-
niture de gazoline ?
Est-il exact que, en effet, S.000 kiloo die
gazoline furent acceptés par fia '.commis-
sion de recettes, en s'en rapportant seu-
lement à l'analyse officielle du laboratoire
de l'hôpital de la marine, alors que le
cahier des charges- demande que La com-
mission emploie tous Loo, moyens qu'elle
juge convenables pour s'assurer de la bon-
ne qualité du produit présenté ?
Est-il exact que ces 3.000 kilos de gazo-
line étaient défectueux et ne purent ser-
vir au chauffage des étuves auquel on les
destinait. t ,.
Est-il exact que, ne sachant qu'en faire,
on les imposa, le 6 novembre 1908, à la py-
rotechnie qui dut protester en présence des
difficultés que leur emploi lui oréait ?
Enfin, quelles mesures M. Picard a-t-il
prises pour éviter le retour de tels actes de.
grand sabotasse ?
A-t-il frappé la commission qui a reçu la
gazoiine défectueuse ?
Nous espérons que M. le ministre de la
j 1 marine voudra bien se distraire un instant
de ees chères « études » pour nous hono-
rer, sinon d'un démenti Il catégorique », du
moine de quelques explications, attendues
avec une impatiente curiosité.
»
La Mine souriante
La « m'ne souriante » M. le président du
conseil a reçu les députés partisans du scru-
tin de liste. Réception charmante.
« Le scrutin de liste, a dit M. Clemen-
ceau, offre des avantages incontestables.,
comprends très bien., suis de votre
avis., entendu ! »
Le lendemain, la « mine souriante » M.
le président du conseil a - reçu les députés
partisans du scrutin d'arrondissement. Ré-
ception charmante.
« La représentation proportionnelle, a dit
M. Clemenceau, offre des avantages incon-
testables., romprends très bien., suis de
votre avis., entendu ! »
Le lendemain, la « mini souriant n, M.
le président du conseil a reçu la Délégation
des gauches, présidée par « son ami », M.
Dubief.
M. Dubief venait informer le président du
conseil qGela Délégation des gauches avait
arrêté un ordre des travaux de la Chambre.
différent de celui que le gouvernement
avait cru devoir fixer lui-même. Réception
charmante.
« Votre ordre du jour, dit M. Clemenceau,
offre des avantages incontestables., com-
prends très bien., suis de votre avis.,
entendu »
Quand la Délégation des gauches se fut
retirée, M. le président du conseil allongea
une grande tape dans le dos de Maujan, qui
laissa dhoir une pile de dossiers, qu'il
époussetait.
— « Adelphe, retiens bien la manière :
dire tout ce. qu'ils veulent et ne faire que
ce que je veux. »
— « Compris », répondit l'autre en recti-
fiant la position.
— ♦ J
La Garonne à Paris
On sait que les demandes d'emploi dans
les services de la Ville de Paris atteignent
le chiffre formidable de 80.000 ! Le balayage
compte à lui seul près de 50.000 candidats.
Or, le conseil municipal pour tenter d'arrê-
ter le flot montant des solliciteurs a pris, le
28 octobre 1907, la très sage mesure de ne
plus transmettre aucune demande à l'admi-
nistration jusqu'au 1er janvier 1910, et le
Bulletin Municipal n'a inséré aucune ,péti-
tion à ce sujet depuis cette époque. Mais
comme le Conseil ne peut exercer aucun
contrôle sur l'administration, cette dernière
s'est empressée de caser tous ses protégés
dans les places vacantes qui s'élèvent à
environ un millier par an. Et cela s'est pas-
sé le plus tranquillement du monde, l'ad-
ministration n'étant plus ênée par les re-
commandations acharnées des élus muni-
cipaux. Lorsque ceux-ci insistaient d'une
manière trop pressante en tfaveur d'un
ami en quête d'emploi, le directeur du per-
sonnel, M. de Metz, un intellectuel distin-
gué, répondait en invoquant la délibération
formelle de l'assemblée communale. Et le
tour était joué.
Il est vrai qu'en révanche, tandis que M.
de Metz opposait d'infranchissables barriè-
res aux candidats de la Seine, il ouvrait
toutes grandes les écluses à « ceuss » de
Ja Garonne, de la Haute-Garonne et surtout
-du Tarn et-Garonne.
A l'Assistance publique, à l'Octroi, au
Mont de Piété, aux Ppmpes funèbres, on ne
rencontre plus depuis quelques mois que
MM. de Bigagnac, Tizac, Cahuzac, Pussac,
Noirac, Cudillae, Gabernac, Floirac, Car-
dailhac, etc.
Ev idemment ces messieurs sont de char-
mants garçons, et ils ont tout autant Je
mérites que. d'autres (Dieu me garde de
chercher noise aux cadets de Gascogne !),
mais, enfin, jusqu'ici, on avait cru que
c'était la Seine qui passait à Paris, et" le
personnel de la Préfecture de la Seine pour-
rait sans doute présenter cette originalité
de renfermer quelques Parisiens ?
LA TRIPLE=ALLIANCE
Si la triple-alliance résiste à l'assaut qu'elle
subit actuellement, nous renonçons à pro-
phétiser.
Il est impossible que l'alliance austro-ita-
lienne puisse être maintenue. Mais il nous
semble aussi difficile de croire à la durée de
l'alliance italo-allemande.
Il ne faut pas oublier que Trieste reste,
pour les Italiens, la prisonnière sacrée qu'on
doit délivrer. Le Trentin et l'Illyrie sont des
provinces italiennes dont les habitants sont
italiens de race et de cœur.
Or, si l'Allemagne se désintéresse du
Trentin et peut le voir revenir sans dépit à
l'Italie, il n'en est pas de même de Trieste.
Trieste* est, pour les pangermanistes, le
futur port du Saint-Empire d'Allemagne
sur l'Adriatique. Il est appelé à devenir le
débouché principal de l'Allemagne Unifiée
sur la Méditerranée : C'est la clef qui ouvre
la porte de l'Orient.
la L'Allemagne n'abandonnera donc jamais
Trieste aux Italiens : on peut en être certain.
La triple-alliance offre ainsi cette particu
larité typique qu'elle comprend trois mem
bres dont deux cherchent à nuire au tpoi
sièïàe I
Dès que l'Italie soulève la question de*
Trieste, elle voit l'Allemagne se dresser à
côté de l'Autriche. Trieste restera autri-
chienne aussi longtemps que durera l'Em-
pire d'Allemagne.
L'Italie — en faisant partie de la triplice
— se met donc elle-même la chaîne au cou et
devient la prisonnière de ses étranges alliés.
On peut se demander, dans ces conditionss
à quoi sert, pour l'Italie, cette Belle-Alliance
dens laquelle elle joue le rôle de dupe ?
Toute l'Europe se pose cette question à
laquelle l'incident de l'Université de Trieste
vient de donner une acuité nouvelle.
Une alliance austro-italienne semblait déjà
paradoxale quand on considérait les diver-
gences d'intérêts qui séparaient les deux
pays. Une alliance italo-allemande paraît
tout aussi stupéfiante quand on sait que
l'Allemagne s'est convertie en gardienne
implacable de Trieste, port allemand. — J.Ç.
LA CRISE ORIENTALE
LES BULGARES MENACENT
— 1KH» > ■ „
Le gouvernement bulgare, dans la note remise aux grandes
puissances, déclare vouloir en finir.
Les représentants clos grandes puis-
sances à Sofia ont tous été mis en pas-
session de la seconde note du gouverne-
ment bulgare dans laquelle celui-ci leur
6ignaile que la Porte a renvoyé la Bul-
garie devant les grandes, puissances en
ce qui concerne sa reconnaissance com-
me royaume.
Le gouvernement bulgare déclare re-
gretter que ses efforts vers l'entente ne
soient pas secondés par la Turquie. Il
s'avoue disposé encore aujourd'hui à
payer les 32 millions d'indemnité qu'il a
offerts, mais il déclare qu'il retirera cet-
te offre si la Turquie tarde trop à recon-
naître l'indépendance de la Bulgarie-
Elle se 'bornerait alors à indemniser
seulement le chemin de fer.
La note fait ensuite ressortir le grand
amour de la paix dont la Bulgarie a fadt
preuve pusqu'ici et invoque une inter-
vention rapide des grandes puissances-,
car la situation tendue qui existe actuel-
lement est grosse de dangers dont le
gouvernement bulgare ne peut répon-
dre..
La note n'est pas encore conçue eai
termes comminatoires, mais elle est
pleine de fermeté, et elle fait mention
des incidents de frontière et de l'agita-
tion croissante de l'opinion, en présence
d'une solution qui tarde trop à interve-
nir.
On peut en conclure que la situation
est grave et que la paix peut être com-
promise par le moindre ineideint qui
viendrait à se produire à la frontière de
la part de la Turquie.
Les notes aux puissances
Londres, 30 janvier.
Une note communiquée aux journaux
dit :
Sur la proposition de la Russie, qui a
pris l'initiative de l'affaire, le gouverne-
ment britannique a chargé ses représen-
tants à Constantinople et à Sofia de faire
des représentations à la Turquie et à la
Bulgarie, de leur signaler les dangers de
mouvements militaires à la frontière et de
leur exprimer de la sympathie pour tous
les efforts qui seront faits en vue d'abou-
tir à un accord.
La note de Saint-Pétersbourg est arrivée
après que la France et l'Angleterre avaient
eu un échange de vues sur le même ob-
jet. Aussi le. gouvernement anglais a-t-il
immédiatement donné des instructions à
ses représentants.
Toutes les grandes puissances s'emploient
de concert dans le même but.
On ne sache pas, dans les cercles bien
informés, que la Turquie a demandé à la
Bulgarie une rectification de frontière, ni
que les puissances se proposent d'interve-
nir à Sofia et à Coftstantinople d'une ma-
nière plus décisive qu'au moyen des re-
présentations amicales précitées.
Vienne, 30 janvier.
La Correspondance politique' annonce
qu'on a remis hier au ministère des affai-
res étrangères trois notes circulaires eon-
cernant la situation entre la Bulgarie et la
Turquie relativement aux dispositions mi-
litaires récemment prises en Bulgarie. Ce
sont , une note russe qu'a remise M. Sver-
bejeI, chargé d'affaires, une note turque
remise par Rechid pacha, ambassadeur et
une note bulgare remise par M. Sarefof,
agent diplomatique.
Sofia, 29 janvier.
Le gouvernement bulgare a transmis aux
représentants des grandes puissances à
Sofia une seconde note où il leur signale
que la Porte a, du fait de la dernière dé-
claration du chargé d'affaires turc, renvoyé
i la Bulgarie devant les grandes puissances,
en ce qui concerne sa reconnaissance
comme royaume.
La note fait ensuite ressortir le grand
amour de la paix dont la Bulgarie a fait
preuve jusqu'ici et demande une interven-
tion rapide des grandes' puissances, car la
situation tendue qui existe actuellement
est grosse de dangers dont le gouvernement
bulgare ne peut répondre.
L'offre de la Bulgarie
Sofia, 30 janvier.
Il résulte de déclarations faites hier par
le gouvernement bulgare aux représen-
tants des puissances, que la Bulgarie en-
tend n'accorder qu'une somme de 82 mil-
'lions en échange de la reconnaissance de
son indépendance par la Turquie et pour
les chemins de fer orientaux.
Le gouvernement semble décidé à ne dé-
passer en aucun cas ce chiffre et est prêt
à accepter toutes les conséquences de cette
résolution.
La Bosnie et l'Herzégovine
Belgrade, 30 janvier.
On annonce comme prochain l'envoi aux
puissances, et d'accord avec le Monténé-
gro, d'une note- réclamant l'autonomie de
la Bosnie et de l'Herzégovine et une bande
de territoire.
La question de frontière tureo-bulgare
On envoie de source bulgare à la Nou-
velle Presse libre, l'exposé suivant des
revendications turques dont le gouverne-
ment de Sofia ne veut rien connaître :
Le traité de Berliçt avait fixé de telle
sorte la frontière entre la Roumélie orien-
tale et la Turquie, que le pays de Pomaks
et les villages kirdjalis (on en compte 421
revenaient à la Roumélie. Mais les Pomaks
qui constituaient une sorte de république
à peu près autonome sous la domination
turque, ne se soumirent pas davantage au
gouvernement rouméliote, et on les a, en
fait, toujours considérés comme des sujets
ottomans-
Le pays des Kirdjalis avait été au con-
traire incorporé à la Roumélie, mais comme
les sympathies de ces gens allaient aux
.Ottomans, la Bulgarie a cédé leui territoire
à la Porte par un traité en date du 5 avril
1886, traité qui montre assez l'intention dil
gouvernement de Sofia de considérer désor-
mais la Roumélie orientale comme un terri-
tojre purement bulgare.
La Porte prétend maintenant profiter des
négociations pendantes avec le cabinet de
Sofia pour imposer à ce dernier une nou-
velle rectification de frontière.
Il s'agit du territoire de Bistépé, contigu
à celui des Kirdjalis, et qui commande, au
dire des Turcs, Andrinople et ses environs
Des mesures militaires ont même été prises
qu trahissent l'intention de s'emparer de
ce territoire par un coup de force. Une sem-
blante occupation constituerait une menace
pour Philippopoli, aussi les Bulgares sont-
ils décidés à s'y opposer.
L'allemagne et la note turque
On envoie de Berlin à la Gazelle de Cô*
logne la dépêche suivante, marquée de l'as-
térisque des communications officieuses :
Hier soir a été remise aux puissances une
note turque dans laquelle la Porte nie avec
décision toute- tentative d'agression contre
la Bulgarie et déclare que, ayant égard à la
situation financière de la Bulgarie, elle ré-
duit sa précédente réclamation de 150 mil-
lions à 100 millions de francs. Il n'y a donc
plus qu un écart de 18 millions entre la no.1"
velle réclamation et la somme précédem-
ment offerte par la Bulgarie. On peut donc
espérer avec confiance que cette différence
entre la demande et l'offre n'empêchera
pas un arrangement amiable, d'autant plus
que la Turquie laisse visiblement tomber
son désir d'une rectification de frontière.
Du moins la note turque ne contient pas S
mot sur cette réclamation et on peut en in-
férer que la Porte elle-même a acquis la
conviction que cette question extrêmement
incommode doit être rayée du programme
des négociations. Ainsi, dans le cours des
dernières vingt-quatre heures. la situation
s'est sensiblement améliorée, et il y a appa-
rence que ce qui est visé dans la note rus e
est déjà obtenu.
Dans ces circonstances, une démancha
collective des puissances telle que la prévoit
la note russe serait-elle nécessaire ? Cela
est douteux, ce qui n'empêche pas, d'ail-
leurs, que la bonne intention du gouverne-
ment russe mérite d'être pleinement appré-
ciée. »
L'opinion diplomatique allemande
Berli i, 30 janvier.
On envisage comme suit, dans les milieux
diplomo t ques allemands, la situation dans
les Balkans :
Dans sa note am pui- sances, la Bulgarie
exprime -.c désir de voir reconnaître son in-
dépenddrce. Ce désir est légitime, mais
avant que les puissances s'entremettent à
Constantinople pour que ce vœu reçoive sa-
tisfaction, il faut qu'elles soient exactement
informées sur les intentions du gouverne-
ment bulgare, tant au point cte vue des mê-
sures militaires, qu'au point de vue de l'in-
demnité à payer à la Turquie.
Or, à Constantinople, on a assuré ne pas
songer à demander une indemnité territo-
riale, ci d'autre part on a réduit à cent mil-
lions l'indemnité demandée.
r Ce n'est donc .pas à Constantinople que,
pour le mômerit, les puissances ont à faire
valoir leur inilueDce.
La Bulgarie porte l'indemnité à 100 millions
Sofia, 30 janvier.
Une information de Sofia, qui n'est pas
encore officiellement confirmée, annonçait
que la Bulgarie songerait à porter juste*
ment à cent millions de francs le chiffre de
l'indemnité à payer à la Turquie.
Si cette information se confirmait, l'inter-
vention suggérée par la Russie n'aurait
donc plus lieu de se produire.
Mais il est possible que, si la confirma-
Idon se fait attendre, les puissances don-
nent suite à la suggestion russe en ce sens
qu'elles s'entendraient pour conseiller ins-
tamment à Sofia, tout en tenant compte des
susceptibilités bulgares, de faciliter l'en- -
tente avec la Turquie.
Il y a lieu de croire qu'actuellement les
différents cabinets envisageant cette éven-
tualité d'une démarche commune à Sofia.
Si la Porte en reste aux prétentions indi-
quées plus haut, l'intervention à Constapti-
nople n'aurait "guère de raison d'être.
La coavealion austro-turque
Vienne, 30 janvier.
Le texte de la convention austro-turque
avec les modifications qui y ont été appor-
tées ici, sera expédié demain à Constantino.
pIe. ,",
Démarche collective des puissances
Vienne, 30 janvier.
Le Fremdenblatt annonce que le cabinet
de Vienne a donné son assentiment à la
proposition du gouvernement russe concer-
nant une démarche collective des puissan-
ces à Constantinople, et prendra par consé-
quent part à l'action diplomatique projetée..
LA JOURNÉE POLITIQUE
Le Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis hier matin à l'Elysée, sous
la présidence de M. Fallières.
Conformément à l'engagement pris èje-
vaffit les représentants d06 la d¡éla:"on
des gauches de déposer le projet de bud-
get pour rexerci-oe 1910 avant, les vacan-
ces de Pâques, le conseil a décidé que les
ministres feraient parvenir avilit le 20
février, au ministre des finances, leurs
propositions budgétaires pour leur dépar-
tement respectif.
Sur la proposition du ministre des af-
faires étrangères et d'accord avec le mi.
nistre de la marine, le conseil a. décidé de
réduire à trois navires le chiffre de nos
bâtiments de guerre dans les eaux maro-
:C3iÏDesJ" , Notre division aiavate au MaroQ
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