Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-01-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 janvier 1909 29 janvier 1909
Description : 1909/01/29 (N14203). 1909/01/29 (N14203).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75465662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/01/2013
tV 14803. - 8 Pluviôse An 117.. CINQ OTnWTïME» M2 KritltrKBO
Vendredi 29 janvier 1909. - H' 14803 -,
; - Fondateur t •
: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un mois Tnu mois StUMh U. Il
Paris. 2 fr. 5 fr. 9fr. 18 fr.
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AUGUSTE y ACQUERIE
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MM. LAGRANGE, CERF * C*
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TRIBUNE LIBRE
■ .t.. i. ■■
L'OUENZA
0
On me fait observer que
j'ai estimé beaucoup trop
au-dessous de la réalité les
sommes nécessaires au trans-
port des minerais, et qu'on
ne connaît de coefficient aus-
M montagneux que celui que j'indique.
tomme je tiens à ce que l'étude que je
poursuis ne puisse d'aucun côté être
taxée de partialité, je tiens à répondre
à cette objection sérieuse.,
* *
Je n'ai pas, dans mon premier arti-
cle sur le chemin de fer de l'Ouenza,
parlé de coefficient d'exploitation. Je
n'ai visé que les frais qu'occasionnera
à la Compagnie du chemin de fer, le
transport des minerais.
Mais mon contradicteur oublie qu'il
s'agit d'une ligne d'intérêt général,
qu'on a tenu à lui donner ce caractère
et que, comme telle, elle irépond à un
double but ; assurer le transport du mi-
nerai et assumer la charge du trafic lo-
tal.
Or, pour toute ligne de cette espèce,
le coefficient d'exploitation se divise en
deux parties. La première partie, de
beaucoup la plus importante dans la gé-
néralité des exploitations à voie étroite,
de beaucoup la moins importante dans
une ligne qui, comme celle de l'Ouenza,
,a assuré un trafic de près de 50.000 fr.
par kilomètre, est à peu près fixe. Elle
oscille entre 1.500 francs et 2.000 fr.
de dépenses par an et par kilomètre,
jet tant que les recettes du trafic n'at-
teignent pas ce chiffre il y a déficit.
Elles sont irréductibles quel que soit
le trafic, elles ne peuvent être diminuées.
Mais quand le trafic donne des recettes
plus importantes, la totalité de ce sur-
plus n'est pas absorbé par les frais sup-
plémentaires que nécessite ce supplé-
ment. Il y a bénéfice et alors ce supplé-
ment de dépense occasionné par l'ac-
croissement de trafic n'est plus que de
30 pour cent de la recette sur les li-
gnes à voies normales. C'est la deuxiè-
me partie des dépenses qui constitue le
coefficient d'exploitation qui n'est que
le total des dépenses comparé au total
des recettes.
Dans les cas ordinaires, dans les con-
ventions usuelles d'exploitation de che-
min à voie étroite par un concessionnai-
re, la formule d'exploitation partage
d'habitude les recettes au-dessus de
12.MtO francs /par k^mètre à raison
de Y pour cent au concédant et de 50
pour cent au concessionnaire
* *
Je n'ai donc rien exagéré en disant
qu'aux frais d'exploitation de la ligne
ii voie étroite de Bône à l'Ouenza, le
transport des minerais dans les condi-
tions spéciales indiquées, n'occasionne-
rait qu'une dépense, qu'un supplément
e dépense de 20 pour cent.
; D'autant qu'en ce qui concerne la li-
e de l'Ouenza, en laissant pour cou-
vrir la part irréductible des frais d'ex-
ploitation, toutes les recettes locales, le
.transport du matériel nécessaire à la
minière et à la mine, le transport des
denrées de toutes sortes qui seront uti-
lisées par la ville ouvrière qui fatale-
ment se construira, le coût des trans-
ports de l'autre minière de Djebel-bon-
Kadin, j'ai longuement laissé de quoi
couvrir ces frais et je fais aux partisans
de la convention la part assez belle.
fin ne tablant que sur un traiic local
(de 3.000 francs par kilomètre, c'est
Une somme de 600.000 francs que j'at-
tribue tourte entière aux depenses
^'exploitation. Ge qui me donne un
total de 13.000 francs de dépenses par
kilomètre somme qui permet, dans
les conditions de l'exploitation de la
ligne de l'Ouenza, de faire face à tout.
Il reste donc, qu'en tout état de cau-
se, et en faisant aux défenseurs de la
convention les plus larges concessions,
le bénéfice annuel, intérêt et amortisse-
ment du capital déduits, oscillera entre
quatre et cinq millions.
***
Nous dira-t-on alors que nous avons
labié sur une exploitation annuelle du
binerai trop forte et que cette exploi-
tation n'atteindra pas 1.500.000 ton-
aes ? Nous répondions que c'est dans
les conventions et contrats qui nous
sont soumis que nous avons pris ces
chiffres.
L'annexe VII du projet de loi est le
texte de l'arrangement intervenu le 9
avril 1908 entre la Société d'études de
l'Ouenza et ln Soriôfo concessionnaire
des mines de l'Ouenza. On y lit à l'r-
iicle 4 : « Par analogie avec le traité de
consommation ipassé entre les mines si-
dérurgiques faisant partie de la société
d'études, 300.000 tonnes de minerais de
fer et de manganèse seront mises an-
nuellement à la disposition de la so-
ciété concessionnaire des mines de l'Ou-
enza aux mêmes prix, clauses et con-
ditions que les 1.080.000 tonnes attri-
buées aux mines du consortium d'étu-
des. »
Et à l'article 5 : « La société d'études
prend en outre le même engagement jus-
qu'à concurrence de 120.000 tonnes
par an, vis-à-vis des usines françaises
ne faisant pas partie du consortium qui
demanderaient à acheter du minerai de
fer à la Société sidérurgique. »
**#
Il s'agit donc bien d'une exploitation
annuelle et par conséquent du trans-
port de 1.500.000 tonnes lorsque l'ex-
ploitation sera devenue normale.
Et, du reste, l'article très intéressant,
très documenté et tout à fait officiel que
publie la Revue politique et parlemen-
taire rétablit d'une façon indiscutable.
Mais immédiatement vient à l'esprit
l'objection suivante : La minière de
l'Ouenza ne représente que 30 millions
de tonnes, elle sera donc épuisée très
rapidement eL bien avant la fin de la
concession du chemin de fer 1
Evidemment le bénéfice que nous
avons indiqué et qui est formidable —
car pendant 60 ans il représenterait
plus de trois cent millions — ne sera
pas automatiquement réalisé pendant
les soxanie années de la concession,
mais il le sera plus longtemps que les
30 millions de tonnes que l'exposé
des motifs ne l'indique.
Si,en effet,la Société d'études a grossi
habilement le coût du chemin de fer à
construire, elle n'a point fait de même
sur la valeur de la minière et son con-
tenu. Nous lisons dans l'article déjà cité
de la Revue politique et parlementaire!
« Un amas reconnu de 30 à 50 millions
de tonnes, ce qui ne représente pas plus
peut-être que 1 a plus petite des 45
concessions de Briey. »
On peut donc varier du simple au
double, et peut-être penser qu'il y en a
même encore un peu plus, et comme il
faut encore y ajouter le contenu de la
mine, et le cube de la minière du Bon-
Kadin. dont l'exposé des motifs évalue
la puissance à plusieurs millions de
tonnes.
On ne peut être que très rassuré sur
l'avenir du chemin de fer et les résul-
tats de son exploitation.
ojtW*
C'est ce que pense la Société d'études
qui attache à la concession de cette li-
gne un très grand intérêt, tellement
grand que nous en trouvons une preu-
ve très convaincante dans l'arrangement
conclu avec l'autre Société.
L'article 2 de cet arrangement indi-
que que le capital de la Société sidé-
rurgique, à constituer pour l'exploita-
tion de la minière sera de cinq mil-
lions, sur lesquels un million cinq cent
mille francs seront réservés à la So-
ciété concessionnaire des mines de
l'Ouenza, laquelle aura, en outre, droit
à trente pour cent des parts bénéficiai-
res attribuées, tant aux membres de la
Société d'études de l'Ouenza qu'aux
souscripteurs du capital de cinq mil-
lions de francs.
Soit un tiers du capital et trente pour
cent des parts bénéficiaires.
Au contraire, l'article 3 ne réserve à
la Société concessionnaire des mines de
l'Ouenza que le droit de souscrire un
million dans l'émission de la Sociéité du
chemin de fer à créer que le rapport
de M. Périar indique devoir être de
14 millions.
Soit un quatorzième et aucune pro-
portion dans les parts bénéficiaires.
Pourquoi cette différence et comment
l'expliquer sinon par la raison que la
Société d'études de rOuenza,qui impo-
se à l'autre ses conditions, sait l'affaire
du chemin de fer meilleure que celle de
la minière et entend s'en réserver la
grosse part.
**#
Et alors s'explique ce passage de l'ar-
ticle de la Revue : « Si l'on veut don-
ner à l'exploitation de l'Ouenza l'em-
pleur qui correspond à l'importance du
gisement et qui est commandée aussi
par l'importance des charges, il faut
qu'elle ait son propre chemin de fer.
Toute autre solution serait à la fois mé-
diocre et hasardeuse ».
Et cet autre passage de l'exposé des
motifs : « 'Prête à engager un gros ca-
pital, la Société d'études de l'Ouenza
entendait posséder une ligne qui lui ap-
partient en propre et où elle pût organi-
ser elle-même les transports considéra-
bles, supérieurs à quinze cent mille ton-
nes par an, qu'exigera l'extraction de
la minière, elle préférerait se retirer que
d'accepter l'emploi de la ligne de Tebes-
sa à Bône malgré les économies de pre-
mier établissement que cette solution lui
aurait procurées »►
(A suivre.)
Marcel REGNIER,
Député de l'Allier.
op
LA POLITIQUE
TURCS ET BULGARES
La grande mobilisation bul-
gare annoncée ces jours ci avec
fracas n'a dntimidé personne.
Les Turcs n'ont répondu par
aucune « précaution militai-
re » et ceci nrouve. ou bien
qu'ils sont suffisamment prêts pour n'a-
voir pas à rechercher aucun surcroît de
forces, ou bien qu'ils n'ont interprété les
manœuvres bulgares que comme un geste
destiné à émouvoir les chancelleries
Les Bulgares — dont la valeur mili-
taire et le patriotisme d'ailleurs ne sont
point en cause — ont cette fois joué la
comédie de la mobilisation d'une façon
trop grossière. Et puis il est des effets
dont il ne faut pas abuser.
Faire sonner le sabre sur les dalles à
chaque étape d'une tractation diplomati-
que c'est d'abord une manœuvre d'une
goût douteux, c'est ensuite une manœu-
vre une peu ridicule, lorsqu'elle n'est pas
suivie de conséquences.
Il ressort des dernières (informations
que les Bulgares qui règlent leur dif-
férend avec la Turquie ont mal compris
le sens des propositions de Kiamid pa-
cha. S'iils les avaient lues de gang-froid
il eussent évité leur mobilisation théâ-
trale.
Mais voilai dans les Balkans, si l'on
excepte les dtfomans dont le sang-froid
est remarquable, tous les petits peuples
de Sofia à Cettigné sont tiraillés par une
névrose spéciale : c'est la mégalomanie
des petits peupes irritées des obstacles
insurmontaibles qui arrêtent leur crois-
sance. j
LES ON-DIT.
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 7 h. 38 ; coucher à
4 h. 49.
— Premier quartier de la lune.
— Premières. — Gaité-Lyrique : La Som-
nambula. — Trianon-Lyrique : Boccace.
— Matinées. — Comédie-Française, O-
déon, Opéra-Comique, Galté-Lyrique, Théâ-
tre Antoine, AtdénÓe, Châtelet, Porte-Saint-
Martin, Cluny, Déjazet, Olympia, Parisia-
na, Alhambra, Casino de Paris, Nouveau-
Cirque.
— Courses à Vincennes et à Nice.
AUTREFOIS
Rappel du 29 janvier 1873. - M. Jules
Favre a proposé à ta minorité républicaine
de la Commission des Trente, de faire un
contre-projet dont les points-principaux se-
raient ta prorogation des pouvoirs de M.
Thiers et l'institution d'une vice-présidenl
de la République. Cette proposition a été
soumise à l'appréciation de M. Thiers par
M. Arago.
Les cartes postales, qui viennent d'être
créées, ont du succès. En quelques jours, il
en a été lancé dans la circulation près de
sept millions et demi. L'industrie privée a
reçu une commande de quatre millions de
cartes.
M. Rosenthal vient de gagner le pari de
jouer simultanément vingt-huit parties 'd'é-
checs contre d'excellents adversaires sans
mettre plus d'une minute d'intervalle entre
les coups.
Le jeune Italien Cipriani, qui avait ava-
lé une fourchette, il y a neuf mois, et qui a
sllbi plusieurs douloureuses opérations,
sans que l'objet de métal fût retrouvé, se
porte maintenant à merveille.
M. Alexandre Mazel, maire de Saint-Hip.
polyte du Fort (Gard), vient d'être révo-
qué de ses fondions pour avoir porté un
toast à la République, dans un banquet, il
y a près de cinq mois.
M. Victor Wilder a découvert récemment
un ballet de Mozart, les Petits-Réens qui
sera prochainement exécuté devant le ptn.
blic parisien par un orchestre que Olriqera
M. DanbEt
La machine et le cerveau
On attribue au poète Saint-Amand -
l'un des premiers qui fut de l'Académie
française lorsque Richelieu l'eut orga-
nisée — un mot assez plaisant. Il se ren-
contrait, un jour, en une réunion où se
trouvait un visiteur, parlant beaucoup
et fort haut, qui avait les cheveux très
noirs et la barbe très blanche. Et
comme, parce qu'il attirait l'attention
sur lui par son insupportable bavarda-
ge, on s'étonnait de ces deux couleurs
si contraires : « C'est sans doute, dit
Saint-Amand que monsieur a davanta-
ge travaillé de la mâchoire que du cer-
veau 1 » *
Une leçon de modestie
Prior, ce diplomate anglais, qui mou"
rut en 1721, et fut aussi un aimable et
spirituel poète, avait été tout d'abord,
parce que d'une naissance assez hum-
S »
ble, garçon cabaretier. Le comte cte
Dolet l'ayant pris sous sa protéetion, il
s'élevait petit à petit, son esprit et son
intelligence l'aidant, jusqu'aux places
les plus importantes. Un jour qu'à Ver-
sailles un courtisan, qui lui montrait
les tableaux de Lebrun, où sont repré-
sentées les victoires de Louis XIV, lui
demandait : « Voit-on aussi, dans son
palais, les actions héroïques de votre
roi Guillaume ?
— Non, monsieur, répondit Prior, les
peintures qui rappellent les beaux actes
du roi, mon maître, se voient partout
ailleurs que dans son palais ».:
Livre d'heures
Une bonne femme, achetant un jour
des Heures chez un libraire de la rue
Saint-Jacques, les demanda latines. Un
ecclésiastique, qui était présent, lui dit :
v Mais, ma bonne femme, vous devriez
plutôt les prendre françaises, car vous
n'entendez rien au latin.
— C'est pour cela, dit cette femme,
que je les prends latines, parce que, s'il
y a du mal, il ne roulera point sur moi,
mais sur vous autres qui les avez
faites ».
Des mots
Un moine, te Père Pecli, monta un
jour dans un ballon, ce qui fit dire à un
homme d'esprit :
« Voilà le seul religieux détaché des
biens de la terre ».
Le comte de Lauraguais, dégoûté de
la.-mauvaise chère que l'on faisait chez
M. d'Aligre, où il dînait souvent parce
que c'itait un lieu de médisance, s'écria
un beau jour : « Eh pardieu ! je suis las
de manger mon prochain sur du pain
sec ».
- -
L'Administration de la Marine
M I. «
COUPABLE INCURIE
M. Picard daignera-t-il nous excuser de
continuer à interrompre ses « études » pour
lui poser diverses questions auxquelles
nous lui saurions un gré infini de vouloir
bien donner des réponses u catégoriques ? »
Est-il vrai que dans ses rapports l'inspec-
tion générale ait signalé au ministère de
la marine que le dernier essai de première
catégorie du tuyautage du Cassard, alors
en service au Maroc, remonte au 17 juillet
1903 ?
Est-il vrai que ces rapports concluaient
à l'urgence de procéder à l'essai réglemen-
taire ?
Est-il vrai que M. Picard, à fin décembre
1908, n'avait pas encore donné satisfaction
aux (réclamations répétées de l'inspection
générale ?
S'en est-il préoccupé depuis ?
Et quelle serait la responsabilité minis-
Wrieîïe m, par suite (îe cette coupable et
dangereuse incurie, une catastrophe venait
à se produire sur le Cassard, qui Va partir
incessamment pour Port-au-Prince ?
L'OUENZA
De notre très spirituel confrère Marcel Sem-
bat, dans 1 Humanité :
Morizet me faisait parcourir lundi, avant
la séance du groupe, un. article étonnant
paru dans la (c Revue politique et parle-
mentaire » sur l'affaire de l'Ouenza. C'est
décisif.
Bien entendu, l'article est écrit pour la
sauver. Les sauve têurs n'en font jamais
d'autres! L'anonyme défenseur sauve l'Ou-
enza comme Cléménceau sauve la France.
Il n'y a pas d'adversaires plus redoutables
que ces sauveurs-là.
Tranquille et compétent, le monsieur
nous démontre que tous les. minerais de
fer s'épuisent en Europe. L'Allemagne n'en
a plus et ne sait où s'en procurer. Mais
n'a-t-elle pas mis la main sur nos mine-
rais de l'Est , Sans doute, et c'est le chef-
d'œuvre des patriotes concessionnaires.
Mais voilà le diable ! Il paraît que nos mi-
nerais de l'Est sont encore trop phospho-
reux pour certaines « fabrications spécia-
les. »
Fabrications spéciales !
Cela ne vous dit rien ?
Fiaibrication dé canons et d'obus, par-
bleu ! tout bonnement ! Nos minerais sont,
par infortune, de qualité insuffisante pour
les usines Krupp.
Alors, vous ne voudriez pas que nous
laissons Krupp manquer de minerais, n'est-
ce pas ?
Il faut donc lui assurer les minerais de
l'Ouenza, car il paraît que seuls ils sont
(parfaits pour ces fabrications spéciales,
ces délicates fabrications de canons, de
cuirassés et d'obus pour nous mitrailler.
- Clemenceau pose la question de con-
bance.
Qu'est-ce que vous en dites, de celle-là ?
Vous ne l'auriez pas trouvée, n'est-ce pas ?
cc Messieurs, les socialistes sont les en-
nemis de la patrie ! Parti itnfàme, sabo-
teurs, insurgés, vendus à l'Allemagne ! »
Et en avant la musique, comme dit Dru-
mont.
Feraand Faure, le rédacteur en chef de la
« Revue politique et parlementaire » qui
présente avec componction cet article pré-
cieux a trouvé un mot superbe.
Savez-vous comment il apprécie les gens
qui ne marchent pas dans la combinaison
KKupp ?
Il les appelle des « politiciens peu scru-
puleux. Il
Et les autres ? Ceux qui marchent ?
D'ailleurs, laissant le côté « financier » et
Il spéculations » de cette affaire de l'Ouenza
dont nous avons précisé les conséquences
scandaleuses, pour aborder l'examen purement
technique du chemin de fer, nous entendons dé-
montrer là encore les étranges anomalies du
projet, appeler l'attention du Parlement sur les
a parts bénéficiaires », et prouver qu'il n'est
question que d'intérêts particuliers sous le fal-
lacieux prétexte de l'intérêt général
UNE PERTE POUR L'ART
L. - »
Mort de Coquelin aîné
-.-.
Coquelin est mort, l'aîné, le grand
Coquelin.:
Il est mort subitement, hier matin, à
8 h. 25, d'une embolie au cœur. Sur le
conseil de ses médecins, les profes-
seurs Robin et Huchard, après la vive
alerte qui, récemment, avait mis ses
jours en danger, 11 était allé prendre
quelque repos à Pont-aux-Dames, dans
cette maison de retraite des comédiens
qu'il avaitrfoaiidée. II se plaisait pairbicu-
lièrement dans ce milieu de gens ayant
vieilli à faire ce métier de comédie.n
qu'il chérissait lui-même par-dessus
tout, qui partageaient ses idées, ses
préoccupations d'art dont tout l'effort
d'esprit, comme le sien, s'était tourné
vers le .théâtre ; il s'y sentait en famille,
chez lui, chez les siens ; il y rencontrait
ce double réconfort si précieux à un
cœur de grand artiste, la déférenoo,
l'admitration sincère de ses pareils pour
un des leurs indiscutablement supé-
rieur à tous, et ces marques d'affection
reconnaissante, de tendresse émue et
familière pour l'illustre camarade dont
le dévouement vous fait une vieillesse
heureuse, une fin très douce. II s'y plai-
sait à ce Tjoint dans cet éden des vieux
comédiens, ses amis très chers, conçu
et créé par lui, qu'il avait répété bien
souvent :
— « J'y yeux avoir ma dernière (le..
meure. » -
Il y est mort.
***
Hier, comme d'habitude, il s'était
levé vers sept heures et demie du, ma-
tilJl et ayant endossé son vêtement de
travail, il s'était installé à son bureau
pour continuer l'étude de Chaniecler.
Tout à coup, il se sent indisposé ap-
pelle son valet de chambre ; celui-ci ac-
court, trouve son maître affalé sur le
canapé. Une syncope s'est déclarée ; 'e>t
Constant Coquelin succombait presque
immédiatement.
Rien ne faisait prévoir cette brusque
fin du célèbre acteur.
Il avait là-bas, près de lui, son ami
Chabert, qui lui servait de, secrétaire et
ne lIe quittait guère, Chabert le dévoue-
ment, l'attachement même. Avant-hier
Coquelin téléphona de Pont-aux-Dames
et appela son fils Jean. Ils causèrent
tous deux une dernière fois. Coquelin
souhaitait savoir comment la première
répétition de Chantecler avait marché,
et quelles étaient les impressions d'Ed-
mond Rostand.
Chantecler ! C'était dev^enu la grande
préoccupation ide Coquelin. Enfin Ed-
mond Rosîand était ici 1 Enfin on répé-
tait soit, œuvre l
M. Rostand s'était montré heureux
de la mise en scènie, des costumes et du
commencent d'exécution ; le poète et
Mme Rostand avaient suivi le travail
des répétitions jusqu'à six heures ; tout
s'annonçait à merveille. -'
Coquelin était dans la joie. Le créa-
teur de l'inoubliable Ctjrano de Berge-
rac allait couronner sa carrière d'une
éclatante façon, dans une apothéose
die gloire en créant ce rôle tant désiré,
tant attendu, dont il avait épié, sur-
veillé suivi l'éclosion, et qui, par sa
fantaisie, son brio, sa beauté le ravis-
sait. lui promettait un suprême triom-
phe. -
Son théâtre, en attendant sa vienue,
qu'il annonçait prochaine, on répétait.
Dès qu'il serait là, le travail prendrait
une activité plus vive. Et quelle noble,
quelle belle bataille à préparer I.
Comme ils arrivaient à dix heures et
dtemie pour répéter, les interprètes de
Chantecler étaient informés que la ré-
pétition était remise. Leur chef de file
était mort.- M. Edmond Rostand, avisé
à l'hôtel Meurioe partait dmmédiate-
ment en automobile pour Pont-aux-Da-
mes ayec MM. Rostand. M. Hertz, co-
directeur de la Porte-Saint-Martin, avi-
sait Mme Coquelin et M. Jean Coqffe-
lin du malheur qui les frappait.
La nouvelle en même temps se répan-
dait dans Paris et consternait les admira-
teurs du célèbre comédien, c'est-à-dire
tous ceux qui aiment le théâtre.
Il venait d'avoir soixante-huit ans,
étant né à Boulogne-sur-Mer le 25 janvier
1841, de braves gens qui tenaient une
boulangerie, rue de l'Ecu, et qui, cela va
sans dire, destinaient leurs fils à prendre
la suite de leurs affaires qui prospé-
raient. , t
Mais les fées en avaient décidé autre-
ment. Dès sa première jeunesse, Cons-
tant se souciait beaucoup moins du com-
merce que de rêves. Le théâtre, déjà,
travaillait sa jeune cervelle.Et son cadet
— le futur Cadet dont la maladie si dou-
loureuse n'est point étrangère à .la mort
si inattendue de son aîné qui adorait ce
frère — le cadet, ses grands yeux ouverts
et bouche bée, admirait le futur artiste^
lui emboîtait le pas, vouiait faire comme
lui. Et, après bien des hésitations, des
craintes, des recommandations, les pa-
rents laissent Constant courir à sa voca-
tion.
Il arriva en conquérant. Et, dès lors,
il mènera sa carrière en conquérant. Il
bouscule la chance, s'impose, force la
gloire.
Reçu au Conservatoire en 1859 il $ai
neuf mois après son prix, entre à la Co-
médie-Française, débute à ia fin de 1860
et en 1862 il est célèbre, du jour au len.
demain, tant son interprétation du Ma--
riage du Figaro le met hors de pair. En
1864 il est sociétaire. La critique, le pu-
blic l'acclament. Il est un valet sans rival
sans précédent. Molière, Regnard, Beau-
marchais ont eu en lui l'interprète rêvé.
Mais son talent s'élargit, s'assouplit, sa
maîtrise s'affirme. Il s'esaie dans des
rôles qui ne sont pas nettement de son
emploi. IJ y triomphe également. Le duc
de Septmont, de l'Etrangère, fut ainsi
une sorte de révélation.
La place qu'il se créait au théâtre tou*
jours plus large, toujours plus domi-
nante. concentrait sur lui l'attention;
publique.
« L'amitié de Gambetta, dit fort bien
à ce propos M. Adolphe Brisson, fon-
dée sur une estime réciproque, achève
de faire de lui un personnage excep-
tionnel,quelau'un de considérable dans
l'Etat. Cette importanoo,il se l'attribue,
le public la lui accorde. Je imc rappelle
les représentations du Barbier -de Sé-
vÀlle données n 1876, pendant la période'
du Selze-Mai.Coquelin lançait avec une
telle violence,vers la loge qu'occupait le
garde des sceaux, les brocards de Fi-
garo, qu'il s'ensuivit une sorte de scan-
dale. Chaque phrase s'appliquait comme
im soufflet sur la joue du ministre ; le
comédien la lui envoyait avec allégres-
se, à pleine volée. Jamais son verbe
n'avait ,u.' rvlus éloquent, son regard
plus gouailleur. L'ovation de la salle le.
flattait doublement puisqu'elle récom-
pensait l'artiste et encourageait le dé-
mocrate. A ce moment, dit-on, la tan-
tation de la politique l'effleura. »
Il fut assez sage pour préférer sa pro-
fession. Mais !e cadre de la Comédie
Française était devenu trop étroit pour
ses ambitions. Il se sentait, — ce vigou-
reux et bouillonnant travailleur, solide-
ment campé sur sa base et si résistant
qu'il lassait même encore en ces der-
nières années les plus jeunes, — tailLé
pour de plus rudes efforts. Il donne sa
démission.
On se rappelle les procès soutenus
par Waldeck-Rousseau, les heureuses
transactions survenues à la suite de co
départ qui fit tapage.
Il entreprenait alors, en 1886, de gran-
des tournées en Europe, en Amérique,
où il pouvait se griser de gloire, où il
ramassait des millions, Puis sur les ins- -
tances de ses amis, en 1891, il rentrait
en qualité de pensionnaire à la Comé-
die-Française, où son cher Cadet était
sociétaire importanf. n y créait ainsi
Thermidor et la Ai éqrc apprivoisée.
Mais ce mariage de raison ne duirail
pas. Constant Coquelin, repris par la
nostalgie des grandes randonnées, pari
de nouveau.
Enfin il entre en 1895 à la Renais-
sance avec Mme Sarali Bemhardt. As"
sociation éphémère f
Il prend, à lui seul, la Porte-Saint-
Martin et il y donne, le 27 décembre
1897, Cyrano de Bergerac.
Jamais comédien n'avait,au plus beail
Ifôle et jamais rôle n'avait eu pareil im4
terprète. Le chef-d'œuvre de M. Ros"
tand éclatait en fanfares dans la bou"
,che-de son incomparable interprète- On
sait que la répétition générale finit dans
un délire d'acclamations qui associaient
le nom du poète et celui du pjrincipal
créateur.
Il ne créera point Chantecler. Mais un
dernier .sourire de la fortune, qu'il avait
foircée par son travail, sa vigueur el
son audace, lui a évité le chagrin d'en
avoir conscience. Il étudiait ce rôle,
l'évoquait, il jouissait, ttans sa visiois
d'artiste, de tout ce qu'il allait tirée
Téclat, de fantaisie, de prestigieux,
quand il est mort d'une mort suibite,
sans même se rendTe compte qu'il allait,
mourir.
Nous nous inclinerons tous devant la
tombe de ce laborieux, de ce bienfai-
sant, de ce grarief artiste. Il va reposer
parmi ceux qui, moins bien partagés
que lui par le sort, trouveront à Tom*
bre de son tombeau la quiétude Res der*
niers jours. et son dernier sommeil E
sera bercé par leur présence amie..*
Georges Fonville.
Coulisses des Chambres
Au ministère de la marine
MM. Guieyesse et Mahieu, députés des
ports militaires, se sont rendus, hier ma-
tin, auprès du ministre de la marine.
M. Guieysse, au nom des représentants
des arsenaux et établissements de la ma-
rine, a signalé au ministre la légitime im,
patience avec laouells. les coWe techniques.
é
attendent l'apparition de leur décret 416
réorganisation.
1 M. Picard a répondu quE! Qe décret était
entre ses mains depuis quelques jours el
qu'il aurait tenu à le mettre au point. lui-
même malgré les multiples occupa £ i*&3
qui l'assiègent. ,
On en termine en ce moment la rédac-
tion rectifiée d'après ses propres indica-
tiens et la publication du déeret ne peut
plus être qu'une question d'heures.
Le ministre a ensuite ajouté que sous
neu il s'occuperait de régler la question
Vendredi 29 janvier 1909. - H' 14803 -,
; - Fondateur t •
: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Un mois Tnu mois StUMh U. Il
Paris. 2 fr. 5 fr. 9fr. 18 fr.
: Départements 2 — 6 — t t - 20 -
jLJnion Postale 3 - 9 - 16— 32
Ponilrifiii :
AUGUSTE y ACQUERIE
ANNONCESl
MM. LAGRANGE, CERF * C*
6, Place, de la Bourse
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TRIBUNE LIBRE
■ .t.. i. ■■
L'OUENZA
0
On me fait observer que
j'ai estimé beaucoup trop
au-dessous de la réalité les
sommes nécessaires au trans-
port des minerais, et qu'on
ne connaît de coefficient aus-
M montagneux que celui que j'indique.
tomme je tiens à ce que l'étude que je
poursuis ne puisse d'aucun côté être
taxée de partialité, je tiens à répondre
à cette objection sérieuse.,
* *
Je n'ai pas, dans mon premier arti-
cle sur le chemin de fer de l'Ouenza,
parlé de coefficient d'exploitation. Je
n'ai visé que les frais qu'occasionnera
à la Compagnie du chemin de fer, le
transport des minerais.
Mais mon contradicteur oublie qu'il
s'agit d'une ligne d'intérêt général,
qu'on a tenu à lui donner ce caractère
et que, comme telle, elle irépond à un
double but ; assurer le transport du mi-
nerai et assumer la charge du trafic lo-
tal.
Or, pour toute ligne de cette espèce,
le coefficient d'exploitation se divise en
deux parties. La première partie, de
beaucoup la plus importante dans la gé-
néralité des exploitations à voie étroite,
de beaucoup la moins importante dans
une ligne qui, comme celle de l'Ouenza,
,a assuré un trafic de près de 50.000 fr.
par kilomètre, est à peu près fixe. Elle
oscille entre 1.500 francs et 2.000 fr.
de dépenses par an et par kilomètre,
jet tant que les recettes du trafic n'at-
teignent pas ce chiffre il y a déficit.
Elles sont irréductibles quel que soit
le trafic, elles ne peuvent être diminuées.
Mais quand le trafic donne des recettes
plus importantes, la totalité de ce sur-
plus n'est pas absorbé par les frais sup-
plémentaires que nécessite ce supplé-
ment. Il y a bénéfice et alors ce supplé-
ment de dépense occasionné par l'ac-
croissement de trafic n'est plus que de
30 pour cent de la recette sur les li-
gnes à voies normales. C'est la deuxiè-
me partie des dépenses qui constitue le
coefficient d'exploitation qui n'est que
le total des dépenses comparé au total
des recettes.
Dans les cas ordinaires, dans les con-
ventions usuelles d'exploitation de che-
min à voie étroite par un concessionnai-
re, la formule d'exploitation partage
d'habitude les recettes au-dessus de
12.MtO francs /par k^mètre à raison
de Y pour cent au concédant et de 50
pour cent au concessionnaire
* *
Je n'ai donc rien exagéré en disant
qu'aux frais d'exploitation de la ligne
ii voie étroite de Bône à l'Ouenza, le
transport des minerais dans les condi-
tions spéciales indiquées, n'occasionne-
rait qu'une dépense, qu'un supplément
e dépense de 20 pour cent.
; D'autant qu'en ce qui concerne la li-
e de l'Ouenza, en laissant pour cou-
vrir la part irréductible des frais d'ex-
ploitation, toutes les recettes locales, le
.transport du matériel nécessaire à la
minière et à la mine, le transport des
denrées de toutes sortes qui seront uti-
lisées par la ville ouvrière qui fatale-
ment se construira, le coût des trans-
ports de l'autre minière de Djebel-bon-
Kadin, j'ai longuement laissé de quoi
couvrir ces frais et je fais aux partisans
de la convention la part assez belle.
fin ne tablant que sur un traiic local
(de 3.000 francs par kilomètre, c'est
Une somme de 600.000 francs que j'at-
tribue tourte entière aux depenses
^'exploitation. Ge qui me donne un
total de 13.000 francs de dépenses par
kilomètre somme qui permet, dans
les conditions de l'exploitation de la
ligne de l'Ouenza, de faire face à tout.
Il reste donc, qu'en tout état de cau-
se, et en faisant aux défenseurs de la
convention les plus larges concessions,
le bénéfice annuel, intérêt et amortisse-
ment du capital déduits, oscillera entre
quatre et cinq millions.
***
Nous dira-t-on alors que nous avons
labié sur une exploitation annuelle du
binerai trop forte et que cette exploi-
tation n'atteindra pas 1.500.000 ton-
aes ? Nous répondions que c'est dans
les conventions et contrats qui nous
sont soumis que nous avons pris ces
chiffres.
L'annexe VII du projet de loi est le
texte de l'arrangement intervenu le 9
avril 1908 entre la Société d'études de
l'Ouenza et ln Soriôfo concessionnaire
des mines de l'Ouenza. On y lit à l'r-
iicle 4 : « Par analogie avec le traité de
consommation ipassé entre les mines si-
dérurgiques faisant partie de la société
d'études, 300.000 tonnes de minerais de
fer et de manganèse seront mises an-
nuellement à la disposition de la so-
ciété concessionnaire des mines de l'Ou-
enza aux mêmes prix, clauses et con-
ditions que les 1.080.000 tonnes attri-
buées aux mines du consortium d'étu-
des. »
Et à l'article 5 : « La société d'études
prend en outre le même engagement jus-
qu'à concurrence de 120.000 tonnes
par an, vis-à-vis des usines françaises
ne faisant pas partie du consortium qui
demanderaient à acheter du minerai de
fer à la Société sidérurgique. »
**#
Il s'agit donc bien d'une exploitation
annuelle et par conséquent du trans-
port de 1.500.000 tonnes lorsque l'ex-
ploitation sera devenue normale.
Et, du reste, l'article très intéressant,
très documenté et tout à fait officiel que
publie la Revue politique et parlemen-
taire rétablit d'une façon indiscutable.
Mais immédiatement vient à l'esprit
l'objection suivante : La minière de
l'Ouenza ne représente que 30 millions
de tonnes, elle sera donc épuisée très
rapidement eL bien avant la fin de la
concession du chemin de fer 1
Evidemment le bénéfice que nous
avons indiqué et qui est formidable —
car pendant 60 ans il représenterait
plus de trois cent millions — ne sera
pas automatiquement réalisé pendant
les soxanie années de la concession,
mais il le sera plus longtemps que les
30 millions de tonnes que l'exposé
des motifs ne l'indique.
Si,en effet,la Société d'études a grossi
habilement le coût du chemin de fer à
construire, elle n'a point fait de même
sur la valeur de la minière et son con-
tenu. Nous lisons dans l'article déjà cité
de la Revue politique et parlementaire!
« Un amas reconnu de 30 à 50 millions
de tonnes, ce qui ne représente pas plus
peut-être que 1 a plus petite des 45
concessions de Briey. »
On peut donc varier du simple au
double, et peut-être penser qu'il y en a
même encore un peu plus, et comme il
faut encore y ajouter le contenu de la
mine, et le cube de la minière du Bon-
Kadin. dont l'exposé des motifs évalue
la puissance à plusieurs millions de
tonnes.
On ne peut être que très rassuré sur
l'avenir du chemin de fer et les résul-
tats de son exploitation.
ojtW*
C'est ce que pense la Société d'études
qui attache à la concession de cette li-
gne un très grand intérêt, tellement
grand que nous en trouvons une preu-
ve très convaincante dans l'arrangement
conclu avec l'autre Société.
L'article 2 de cet arrangement indi-
que que le capital de la Société sidé-
rurgique, à constituer pour l'exploita-
tion de la minière sera de cinq mil-
lions, sur lesquels un million cinq cent
mille francs seront réservés à la So-
ciété concessionnaire des mines de
l'Ouenza, laquelle aura, en outre, droit
à trente pour cent des parts bénéficiai-
res attribuées, tant aux membres de la
Société d'études de l'Ouenza qu'aux
souscripteurs du capital de cinq mil-
lions de francs.
Soit un tiers du capital et trente pour
cent des parts bénéficiaires.
Au contraire, l'article 3 ne réserve à
la Société concessionnaire des mines de
l'Ouenza que le droit de souscrire un
million dans l'émission de la Sociéité du
chemin de fer à créer que le rapport
de M. Périar indique devoir être de
14 millions.
Soit un quatorzième et aucune pro-
portion dans les parts bénéficiaires.
Pourquoi cette différence et comment
l'expliquer sinon par la raison que la
Société d'études de rOuenza,qui impo-
se à l'autre ses conditions, sait l'affaire
du chemin de fer meilleure que celle de
la minière et entend s'en réserver la
grosse part.
**#
Et alors s'explique ce passage de l'ar-
ticle de la Revue : « Si l'on veut don-
ner à l'exploitation de l'Ouenza l'em-
pleur qui correspond à l'importance du
gisement et qui est commandée aussi
par l'importance des charges, il faut
qu'elle ait son propre chemin de fer.
Toute autre solution serait à la fois mé-
diocre et hasardeuse ».
Et cet autre passage de l'exposé des
motifs : « 'Prête à engager un gros ca-
pital, la Société d'études de l'Ouenza
entendait posséder une ligne qui lui ap-
partient en propre et où elle pût organi-
ser elle-même les transports considéra-
bles, supérieurs à quinze cent mille ton-
nes par an, qu'exigera l'extraction de
la minière, elle préférerait se retirer que
d'accepter l'emploi de la ligne de Tebes-
sa à Bône malgré les économies de pre-
mier établissement que cette solution lui
aurait procurées »►
(A suivre.)
Marcel REGNIER,
Député de l'Allier.
op
LA POLITIQUE
TURCS ET BULGARES
La grande mobilisation bul-
gare annoncée ces jours ci avec
fracas n'a dntimidé personne.
Les Turcs n'ont répondu par
aucune « précaution militai-
re » et ceci nrouve. ou bien
qu'ils sont suffisamment prêts pour n'a-
voir pas à rechercher aucun surcroît de
forces, ou bien qu'ils n'ont interprété les
manœuvres bulgares que comme un geste
destiné à émouvoir les chancelleries
Les Bulgares — dont la valeur mili-
taire et le patriotisme d'ailleurs ne sont
point en cause — ont cette fois joué la
comédie de la mobilisation d'une façon
trop grossière. Et puis il est des effets
dont il ne faut pas abuser.
Faire sonner le sabre sur les dalles à
chaque étape d'une tractation diplomati-
que c'est d'abord une manœuvre d'une
goût douteux, c'est ensuite une manœu-
vre une peu ridicule, lorsqu'elle n'est pas
suivie de conséquences.
Il ressort des dernières (informations
que les Bulgares qui règlent leur dif-
férend avec la Turquie ont mal compris
le sens des propositions de Kiamid pa-
cha. S'iils les avaient lues de gang-froid
il eussent évité leur mobilisation théâ-
trale.
Mais voilai dans les Balkans, si l'on
excepte les dtfomans dont le sang-froid
est remarquable, tous les petits peuples
de Sofia à Cettigné sont tiraillés par une
névrose spéciale : c'est la mégalomanie
des petits peupes irritées des obstacles
insurmontaibles qui arrêtent leur crois-
sance. j
LES ON-DIT.
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 7 h. 38 ; coucher à
4 h. 49.
— Premier quartier de la lune.
— Premières. — Gaité-Lyrique : La Som-
nambula. — Trianon-Lyrique : Boccace.
— Matinées. — Comédie-Française, O-
déon, Opéra-Comique, Galté-Lyrique, Théâ-
tre Antoine, AtdénÓe, Châtelet, Porte-Saint-
Martin, Cluny, Déjazet, Olympia, Parisia-
na, Alhambra, Casino de Paris, Nouveau-
Cirque.
— Courses à Vincennes et à Nice.
AUTREFOIS
Rappel du 29 janvier 1873. - M. Jules
Favre a proposé à ta minorité républicaine
de la Commission des Trente, de faire un
contre-projet dont les points-principaux se-
raient ta prorogation des pouvoirs de M.
Thiers et l'institution d'une vice-présidenl
de la République. Cette proposition a été
soumise à l'appréciation de M. Thiers par
M. Arago.
Les cartes postales, qui viennent d'être
créées, ont du succès. En quelques jours, il
en a été lancé dans la circulation près de
sept millions et demi. L'industrie privée a
reçu une commande de quatre millions de
cartes.
M. Rosenthal vient de gagner le pari de
jouer simultanément vingt-huit parties 'd'é-
checs contre d'excellents adversaires sans
mettre plus d'une minute d'intervalle entre
les coups.
Le jeune Italien Cipriani, qui avait ava-
lé une fourchette, il y a neuf mois, et qui a
sllbi plusieurs douloureuses opérations,
sans que l'objet de métal fût retrouvé, se
porte maintenant à merveille.
M. Alexandre Mazel, maire de Saint-Hip.
polyte du Fort (Gard), vient d'être révo-
qué de ses fondions pour avoir porté un
toast à la République, dans un banquet, il
y a près de cinq mois.
M. Victor Wilder a découvert récemment
un ballet de Mozart, les Petits-Réens qui
sera prochainement exécuté devant le ptn.
blic parisien par un orchestre que Olriqera
M. DanbEt
La machine et le cerveau
On attribue au poète Saint-Amand -
l'un des premiers qui fut de l'Académie
française lorsque Richelieu l'eut orga-
nisée — un mot assez plaisant. Il se ren-
contrait, un jour, en une réunion où se
trouvait un visiteur, parlant beaucoup
et fort haut, qui avait les cheveux très
noirs et la barbe très blanche. Et
comme, parce qu'il attirait l'attention
sur lui par son insupportable bavarda-
ge, on s'étonnait de ces deux couleurs
si contraires : « C'est sans doute, dit
Saint-Amand que monsieur a davanta-
ge travaillé de la mâchoire que du cer-
veau 1 » *
Une leçon de modestie
Prior, ce diplomate anglais, qui mou"
rut en 1721, et fut aussi un aimable et
spirituel poète, avait été tout d'abord,
parce que d'une naissance assez hum-
S »
ble, garçon cabaretier. Le comte cte
Dolet l'ayant pris sous sa protéetion, il
s'élevait petit à petit, son esprit et son
intelligence l'aidant, jusqu'aux places
les plus importantes. Un jour qu'à Ver-
sailles un courtisan, qui lui montrait
les tableaux de Lebrun, où sont repré-
sentées les victoires de Louis XIV, lui
demandait : « Voit-on aussi, dans son
palais, les actions héroïques de votre
roi Guillaume ?
— Non, monsieur, répondit Prior, les
peintures qui rappellent les beaux actes
du roi, mon maître, se voient partout
ailleurs que dans son palais ».:
Livre d'heures
Une bonne femme, achetant un jour
des Heures chez un libraire de la rue
Saint-Jacques, les demanda latines. Un
ecclésiastique, qui était présent, lui dit :
v Mais, ma bonne femme, vous devriez
plutôt les prendre françaises, car vous
n'entendez rien au latin.
— C'est pour cela, dit cette femme,
que je les prends latines, parce que, s'il
y a du mal, il ne roulera point sur moi,
mais sur vous autres qui les avez
faites ».
Des mots
Un moine, te Père Pecli, monta un
jour dans un ballon, ce qui fit dire à un
homme d'esprit :
« Voilà le seul religieux détaché des
biens de la terre ».
Le comte de Lauraguais, dégoûté de
la.-mauvaise chère que l'on faisait chez
M. d'Aligre, où il dînait souvent parce
que c'itait un lieu de médisance, s'écria
un beau jour : « Eh pardieu ! je suis las
de manger mon prochain sur du pain
sec ».
- -
L'Administration de la Marine
M I. «
COUPABLE INCURIE
M. Picard daignera-t-il nous excuser de
continuer à interrompre ses « études » pour
lui poser diverses questions auxquelles
nous lui saurions un gré infini de vouloir
bien donner des réponses u catégoriques ? »
Est-il vrai que dans ses rapports l'inspec-
tion générale ait signalé au ministère de
la marine que le dernier essai de première
catégorie du tuyautage du Cassard, alors
en service au Maroc, remonte au 17 juillet
1903 ?
Est-il vrai que ces rapports concluaient
à l'urgence de procéder à l'essai réglemen-
taire ?
Est-il vrai que M. Picard, à fin décembre
1908, n'avait pas encore donné satisfaction
aux (réclamations répétées de l'inspection
générale ?
S'en est-il préoccupé depuis ?
Et quelle serait la responsabilité minis-
Wrieîïe m, par suite (îe cette coupable et
dangereuse incurie, une catastrophe venait
à se produire sur le Cassard, qui Va partir
incessamment pour Port-au-Prince ?
L'OUENZA
De notre très spirituel confrère Marcel Sem-
bat, dans 1 Humanité :
Morizet me faisait parcourir lundi, avant
la séance du groupe, un. article étonnant
paru dans la (c Revue politique et parle-
mentaire » sur l'affaire de l'Ouenza. C'est
décisif.
Bien entendu, l'article est écrit pour la
sauver. Les sauve têurs n'en font jamais
d'autres! L'anonyme défenseur sauve l'Ou-
enza comme Cléménceau sauve la France.
Il n'y a pas d'adversaires plus redoutables
que ces sauveurs-là.
Tranquille et compétent, le monsieur
nous démontre que tous les. minerais de
fer s'épuisent en Europe. L'Allemagne n'en
a plus et ne sait où s'en procurer. Mais
n'a-t-elle pas mis la main sur nos mine-
rais de l'Est , Sans doute, et c'est le chef-
d'œuvre des patriotes concessionnaires.
Mais voilà le diable ! Il paraît que nos mi-
nerais de l'Est sont encore trop phospho-
reux pour certaines « fabrications spécia-
les. »
Fabrications spéciales !
Cela ne vous dit rien ?
Fiaibrication dé canons et d'obus, par-
bleu ! tout bonnement ! Nos minerais sont,
par infortune, de qualité insuffisante pour
les usines Krupp.
Alors, vous ne voudriez pas que nous
laissons Krupp manquer de minerais, n'est-
ce pas ?
Il faut donc lui assurer les minerais de
l'Ouenza, car il paraît que seuls ils sont
(parfaits pour ces fabrications spéciales,
ces délicates fabrications de canons, de
cuirassés et d'obus pour nous mitrailler.
- Clemenceau pose la question de con-
bance.
Qu'est-ce que vous en dites, de celle-là ?
Vous ne l'auriez pas trouvée, n'est-ce pas ?
cc Messieurs, les socialistes sont les en-
nemis de la patrie ! Parti itnfàme, sabo-
teurs, insurgés, vendus à l'Allemagne ! »
Et en avant la musique, comme dit Dru-
mont.
Feraand Faure, le rédacteur en chef de la
« Revue politique et parlementaire » qui
présente avec componction cet article pré-
cieux a trouvé un mot superbe.
Savez-vous comment il apprécie les gens
qui ne marchent pas dans la combinaison
KKupp ?
Il les appelle des « politiciens peu scru-
puleux. Il
Et les autres ? Ceux qui marchent ?
D'ailleurs, laissant le côté « financier » et
Il spéculations » de cette affaire de l'Ouenza
dont nous avons précisé les conséquences
scandaleuses, pour aborder l'examen purement
technique du chemin de fer, nous entendons dé-
montrer là encore les étranges anomalies du
projet, appeler l'attention du Parlement sur les
a parts bénéficiaires », et prouver qu'il n'est
question que d'intérêts particuliers sous le fal-
lacieux prétexte de l'intérêt général
UNE PERTE POUR L'ART
L. - »
Mort de Coquelin aîné
-.-.
Coquelin est mort, l'aîné, le grand
Coquelin.:
Il est mort subitement, hier matin, à
8 h. 25, d'une embolie au cœur. Sur le
conseil de ses médecins, les profes-
seurs Robin et Huchard, après la vive
alerte qui, récemment, avait mis ses
jours en danger, 11 était allé prendre
quelque repos à Pont-aux-Dames, dans
cette maison de retraite des comédiens
qu'il avaitrfoaiidée. II se plaisait pairbicu-
lièrement dans ce milieu de gens ayant
vieilli à faire ce métier de comédie.n
qu'il chérissait lui-même par-dessus
tout, qui partageaient ses idées, ses
préoccupations d'art dont tout l'effort
d'esprit, comme le sien, s'était tourné
vers le .théâtre ; il s'y sentait en famille,
chez lui, chez les siens ; il y rencontrait
ce double réconfort si précieux à un
cœur de grand artiste, la déférenoo,
l'admitration sincère de ses pareils pour
un des leurs indiscutablement supé-
rieur à tous, et ces marques d'affection
reconnaissante, de tendresse émue et
familière pour l'illustre camarade dont
le dévouement vous fait une vieillesse
heureuse, une fin très douce. II s'y plai-
sait à ce Tjoint dans cet éden des vieux
comédiens, ses amis très chers, conçu
et créé par lui, qu'il avait répété bien
souvent :
— « J'y yeux avoir ma dernière (le..
meure. » -
Il y est mort.
***
Hier, comme d'habitude, il s'était
levé vers sept heures et demie du, ma-
tilJl et ayant endossé son vêtement de
travail, il s'était installé à son bureau
pour continuer l'étude de Chaniecler.
Tout à coup, il se sent indisposé ap-
pelle son valet de chambre ; celui-ci ac-
court, trouve son maître affalé sur le
canapé. Une syncope s'est déclarée ; 'e>t
Constant Coquelin succombait presque
immédiatement.
Rien ne faisait prévoir cette brusque
fin du célèbre acteur.
Il avait là-bas, près de lui, son ami
Chabert, qui lui servait de, secrétaire et
ne lIe quittait guère, Chabert le dévoue-
ment, l'attachement même. Avant-hier
Coquelin téléphona de Pont-aux-Dames
et appela son fils Jean. Ils causèrent
tous deux une dernière fois. Coquelin
souhaitait savoir comment la première
répétition de Chantecler avait marché,
et quelles étaient les impressions d'Ed-
mond Rostand.
Chantecler ! C'était dev^enu la grande
préoccupation ide Coquelin. Enfin Ed-
mond Rosîand était ici 1 Enfin on répé-
tait soit, œuvre l
M. Rostand s'était montré heureux
de la mise en scènie, des costumes et du
commencent d'exécution ; le poète et
Mme Rostand avaient suivi le travail
des répétitions jusqu'à six heures ; tout
s'annonçait à merveille. -'
Coquelin était dans la joie. Le créa-
teur de l'inoubliable Ctjrano de Berge-
rac allait couronner sa carrière d'une
éclatante façon, dans une apothéose
die gloire en créant ce rôle tant désiré,
tant attendu, dont il avait épié, sur-
veillé suivi l'éclosion, et qui, par sa
fantaisie, son brio, sa beauté le ravis-
sait. lui promettait un suprême triom-
phe. -
Son théâtre, en attendant sa vienue,
qu'il annonçait prochaine, on répétait.
Dès qu'il serait là, le travail prendrait
une activité plus vive. Et quelle noble,
quelle belle bataille à préparer I.
Comme ils arrivaient à dix heures et
dtemie pour répéter, les interprètes de
Chantecler étaient informés que la ré-
pétition était remise. Leur chef de file
était mort.- M. Edmond Rostand, avisé
à l'hôtel Meurioe partait dmmédiate-
ment en automobile pour Pont-aux-Da-
mes ayec MM. Rostand. M. Hertz, co-
directeur de la Porte-Saint-Martin, avi-
sait Mme Coquelin et M. Jean Coqffe-
lin du malheur qui les frappait.
La nouvelle en même temps se répan-
dait dans Paris et consternait les admira-
teurs du célèbre comédien, c'est-à-dire
tous ceux qui aiment le théâtre.
Il venait d'avoir soixante-huit ans,
étant né à Boulogne-sur-Mer le 25 janvier
1841, de braves gens qui tenaient une
boulangerie, rue de l'Ecu, et qui, cela va
sans dire, destinaient leurs fils à prendre
la suite de leurs affaires qui prospé-
raient. , t
Mais les fées en avaient décidé autre-
ment. Dès sa première jeunesse, Cons-
tant se souciait beaucoup moins du com-
merce que de rêves. Le théâtre, déjà,
travaillait sa jeune cervelle.Et son cadet
— le futur Cadet dont la maladie si dou-
loureuse n'est point étrangère à .la mort
si inattendue de son aîné qui adorait ce
frère — le cadet, ses grands yeux ouverts
et bouche bée, admirait le futur artiste^
lui emboîtait le pas, vouiait faire comme
lui. Et, après bien des hésitations, des
craintes, des recommandations, les pa-
rents laissent Constant courir à sa voca-
tion.
Il arriva en conquérant. Et, dès lors,
il mènera sa carrière en conquérant. Il
bouscule la chance, s'impose, force la
gloire.
Reçu au Conservatoire en 1859 il $ai
neuf mois après son prix, entre à la Co-
médie-Française, débute à ia fin de 1860
et en 1862 il est célèbre, du jour au len.
demain, tant son interprétation du Ma--
riage du Figaro le met hors de pair. En
1864 il est sociétaire. La critique, le pu-
blic l'acclament. Il est un valet sans rival
sans précédent. Molière, Regnard, Beau-
marchais ont eu en lui l'interprète rêvé.
Mais son talent s'élargit, s'assouplit, sa
maîtrise s'affirme. Il s'esaie dans des
rôles qui ne sont pas nettement de son
emploi. IJ y triomphe également. Le duc
de Septmont, de l'Etrangère, fut ainsi
une sorte de révélation.
La place qu'il se créait au théâtre tou*
jours plus large, toujours plus domi-
nante. concentrait sur lui l'attention;
publique.
« L'amitié de Gambetta, dit fort bien
à ce propos M. Adolphe Brisson, fon-
dée sur une estime réciproque, achève
de faire de lui un personnage excep-
tionnel,quelau'un de considérable dans
l'Etat. Cette importanoo,il se l'attribue,
le public la lui accorde. Je imc rappelle
les représentations du Barbier -de Sé-
vÀlle données n 1876, pendant la période'
du Selze-Mai.Coquelin lançait avec une
telle violence,vers la loge qu'occupait le
garde des sceaux, les brocards de Fi-
garo, qu'il s'ensuivit une sorte de scan-
dale. Chaque phrase s'appliquait comme
im soufflet sur la joue du ministre ; le
comédien la lui envoyait avec allégres-
se, à pleine volée. Jamais son verbe
n'avait ,u.' rvlus éloquent, son regard
plus gouailleur. L'ovation de la salle le.
flattait doublement puisqu'elle récom-
pensait l'artiste et encourageait le dé-
mocrate. A ce moment, dit-on, la tan-
tation de la politique l'effleura. »
Il fut assez sage pour préférer sa pro-
fession. Mais !e cadre de la Comédie
Française était devenu trop étroit pour
ses ambitions. Il se sentait, — ce vigou-
reux et bouillonnant travailleur, solide-
ment campé sur sa base et si résistant
qu'il lassait même encore en ces der-
nières années les plus jeunes, — tailLé
pour de plus rudes efforts. Il donne sa
démission.
On se rappelle les procès soutenus
par Waldeck-Rousseau, les heureuses
transactions survenues à la suite de co
départ qui fit tapage.
Il entreprenait alors, en 1886, de gran-
des tournées en Europe, en Amérique,
où il pouvait se griser de gloire, où il
ramassait des millions, Puis sur les ins- -
tances de ses amis, en 1891, il rentrait
en qualité de pensionnaire à la Comé-
die-Française, où son cher Cadet était
sociétaire importanf. n y créait ainsi
Thermidor et la Ai éqrc apprivoisée.
Mais ce mariage de raison ne duirail
pas. Constant Coquelin, repris par la
nostalgie des grandes randonnées, pari
de nouveau.
Enfin il entre en 1895 à la Renais-
sance avec Mme Sarali Bemhardt. As"
sociation éphémère f
Il prend, à lui seul, la Porte-Saint-
Martin et il y donne, le 27 décembre
1897, Cyrano de Bergerac.
Jamais comédien n'avait,au plus beail
Ifôle et jamais rôle n'avait eu pareil im4
terprète. Le chef-d'œuvre de M. Ros"
tand éclatait en fanfares dans la bou"
,che-de son incomparable interprète- On
sait que la répétition générale finit dans
un délire d'acclamations qui associaient
le nom du poète et celui du pjrincipal
créateur.
Il ne créera point Chantecler. Mais un
dernier .sourire de la fortune, qu'il avait
foircée par son travail, sa vigueur el
son audace, lui a évité le chagrin d'en
avoir conscience. Il étudiait ce rôle,
l'évoquait, il jouissait, ttans sa visiois
d'artiste, de tout ce qu'il allait tirée
Téclat, de fantaisie, de prestigieux,
quand il est mort d'une mort suibite,
sans même se rendTe compte qu'il allait,
mourir.
Nous nous inclinerons tous devant la
tombe de ce laborieux, de ce bienfai-
sant, de ce grarief artiste. Il va reposer
parmi ceux qui, moins bien partagés
que lui par le sort, trouveront à Tom*
bre de son tombeau la quiétude Res der*
niers jours. et son dernier sommeil E
sera bercé par leur présence amie..*
Georges Fonville.
Coulisses des Chambres
Au ministère de la marine
MM. Guieyesse et Mahieu, députés des
ports militaires, se sont rendus, hier ma-
tin, auprès du ministre de la marine.
M. Guieysse, au nom des représentants
des arsenaux et établissements de la ma-
rine, a signalé au ministre la légitime im,
patience avec laouells. les coWe techniques.
é
attendent l'apparition de leur décret 416
réorganisation.
1 M. Picard a répondu quE! Qe décret était
entre ses mains depuis quelques jours el
qu'il aurait tenu à le mettre au point. lui-
même malgré les multiples occupa £ i*&3
qui l'assiègent. ,
On en termine en ce moment la rédac-
tion rectifiée d'après ses propres indica-
tiens et la publication du déeret ne peut
plus être qu'une question d'heures.
Le ministre a ensuite ajouté que sous
neu il s'occuperait de régler la question
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