Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-01-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 15 janvier 1909 15 janvier 1909
Description : 1909/01/15 (N14189). 1909/01/15 (N14189).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75465521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/01/2013
lqe 14 fgg. 25 Nivôse An 117" X CfltiwQ CENTIMES MB NDIUÉBO - /Vendredi 15 Janvier 1909. - l'fe 14
Fondateur :
AUGUSTE VACQUERIE
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- TRIBUNE LIBRE
—-——— t WMM
Il Ou
>«wi -", -----.-- -
Lorsqu'il prit le pouvoir]
en 1906, M. Clemenceau lut
aux chambres une déclara-
tion-programme éloquente-et
copieuse.
Les grandes réformes qui
s'y trouvaient inscrites étaient du uum-
bre de 14, sans compter les petites.
Or, après vingt-six mois de gouverae-
eent, M. Clemenceau en a tout juste
réalisé une, incomplètement : le rachat
Cie l'Ouest.
Restent environ Il mois pour la dis-
tussion et la réalisation des 13 autres.
C'est maigre.
Aussi, -quand M. Clemenceau aura
fait l'emprunt russe (7 millions environ
de commissions diverses), et qu'il sen-
tira le parti radical, dont - ironie
iamère — il passait pour le chef, em-
bourbé jusqu'à l'essieu, il (pirouettera
sur ses talons rouges, et il tirera cava-
lièrement sa révérence avec un nouveau
« j'ai bien l'honneur de vous saluer »
dont il gratifia naguère le Sénat inter-
loqué.
Le Parti radical, s'il ne sait aviser
Ses maintenant, se trouvera englobé
alors tout entier dans la faillite « du
clemencisme », et c'est lui seul qui en
eupportera l'écrasante responsabilité
devant le pays déçu et justement irrité.
Avoir été tout, pouvoir tout, et n'a-
voir fait rien, ce serait en vérité l'aven-
ture la plus lamentable et l'échec le
plus inouï qu'ait jamais subi un grand
parti.
il importe donc que le radicalisme
se dégage résolument et immédiate-
ment d'une politique mortelle d'inco-
hérence et d'inaction.
Il faut qu'il renonce au leurre d'un
trop vaste programme — irréalisable
avant mai 1910 -, et qu'il s'attèle à
franc collier à celles des réformes que
la démocratie considère comme les plus
essentielles, et qu'elle attend avec le
plus d'impatience.
Surtout pas d'équivoques, pas de di-
versions. Qu'on ne vienne pas nous
parler de réformes dont « on votera le
principe, quitte à en (préciser par la
suite les moyens de réalisation ».
Cet euphémisme parlementaire n'est
plus de saison. A parler franc: ce n'est
qu'un subterfuge d'impuissance.
Ce n'est pas avec des « votes de prin-
cipes » que l'on servira aux vieux tra-
vailleurs les arrérages de leurs rentes,
ni avec des votes de principes qu'on
.protégera l'école laïque contre le retour
offensif de la réaction cléricale. Les
principes sont immortels; c'est .possi-
ble. Mais les hommes, eux, sont mor-
tels, et ils ont droit à quelques contin-
.up.n-rp -
c
Or une réforme dont tous les moyens
kl'exécution ne sont pas préparés mé-
thodiquement et complètement assurés,
n'est qu'une parodie de réforma.
tion, et la démocratie — que nul n'en
idoute — commence à ressentir un for-
midable dégoût de la viande creuse
es déclamations.
Assez de rhéteurs: des hommes.Trop
ide phrases : des actes.
Précisément la délégation des gau-
ches vient de se reconstituer.
S'il ne s'agit que d'ergoter, de parlo-
ter, de discutailler, de palabrer comme
nègres sous cocotiers, de préparer uè-
rement des ordres du jour foudroyants,
que l'on dépose ensuite timidement,
pour les abandonner en fin de compte,
lonteusement: rien à faire !
La délégation des gauches ne sera
que le fossoyeur du radicalisme, et son
Président peut dès ce jour remplacer
l'urne aux bulletins de vote, par le vase
lacrymatoire. «
Si la délégation des gauches au con-
traire, consciente de sa force, de la
grandeur de sa mission, et de l'immi-
nence du péril, veut et sait agir, les de-
vins de malheur qui escomptent déjà la
crise du radicalisme pour s'en parta-
ger les dépouilles en seront pour leurs
- vaines prophéties.
Avec le gouvernement s'il s'y prèle,
sans le gouvernement ou contre lui s il
hésite, il importe d'artrêter sans coup
térir, dès la rentrée, un dispositif d'ac-
tion ininterrompue.
Le projet d'impôt sur le revenu —
gardons-nous des illusions plus ou
moins sincères — ne paraît plus pou-
voir être étudié et voté en temps utile
-par le Parlement, avec toutes les modi-
fications et les retouches qu'il doit su-
bir encore tant à la Chambre qu'au Sé-
nat. Retenons-le donc comme un solide
ijalon pour la 'législature prochaine, et
avisons au plus pressé. Voici les re-
traites ouvrières, le Statut des fonc-
tionnaires, l'abrogation de la loi Fal-
loux et les mesures de protection de
l'école laïque, la réforme du code de
justice militaire.
Les retraites ouvrières seront la plus
éclatante et la plus efficace manifesta-
tion de la politique sociale du parti ra-
dical; celle qui — sans conteste - res-
serrera le plus cordialement les liens
qui l'unissent au prolétariat conscient.
Le Statut des fonctionnaires en met-
tant fin aux abus scandaleux d'un ré-
gime intolérable de favoritisme et de
bon plaisir, soulagera la conscience de
cette multitude admirable de modestes
serviteurs de la chose publique, qui
toujours se montrèrent ardents, fidèles
et dévoués dans la défense de la Ré-
publique, que l'on sut trop souvent
aduler aux Veilles de combat pour les
abandonner ensuite aux lendemains de
victoires. -
L'abrogation de la loi Falloux et
les mesures propres à (protéger l'école
laïque et nos vaillants instituteurs con-
tre la ruée noire, seront le remède dé-
cisif qui immunisera définitivement le
pays contre un nouvel accès du mal de
Rome.
Enfin la réforme du code de justice
militaire, reconnue nécessaire par M.
de Galliffet lui-même, répondra aux
vœux de tous les bons Franç.ais,qui rou-
gissent encore aux souvenirs exécra-
bles des condamnations par KC ordre )
et qui déplorent de voir les citoyens
aux armées soumis à une procédure et
passibles de pénalités que le capora-
lisme allemand lui-même a abolies de-
puis longtemps, et qui sont l'opprobre
d'hommes libres uniquement discipli-
nés en vue de la défense de la patrie.
Si le parti radical se présente avec
ce bagage honorable de réformes aux
électeurs de 1910, il est certain de re-
cevoir l'absolution de deux années d'in-
cohérence et de stérilité. Il obtiendra
du suffrage universel un nouveau man-
dat pour continuer hardiment sa rude
el bonne besogne, et il se trouvera en-
core fortifié par cette consécration nou-
velle, et par un large crédit illimité.
Ces- cinq questions essentielles la
majorité radicale peut les poser, les
étudier, les discuter, les résoudre,
avant la fin de la présente législature
tant à la Chambre qu'au Sénat.
Pour pouvoir, il suffit de vouloir.
Oui ou non, Messieurs de la Déléga-
tion des Gauches, voulez-vous ?
UN RADICAL
LA POLITIQUE
LA QUESTION DE L'OUENZA
Cette fois c'est sérieux. Le
trust international de la mé-
tallurgie fait donner la garde
en attendant la cavalerie de
Saint-Georges.
Le vote significatif de la
igauche radicale-socialiste a indigné les
associés de M. Kriupp. Il faut mettre à
la raison ces parlementaires qui préten-
dent encore à l'intégrité. M. Jonnart lui-
même repasse la mer pour la troisième
fois et, comme le proclame ingénuement
la Liberté, « ce serait un procédé dis-
courtois de.ne pas l'entendre. »
D'ailleurs, pourquoi n'entendrait-t-oh
pas le plaidoyer de M. le Gouverneur
général de l'Algérie, que M. le Prési-
dent du Conseil s'est chargé de présen-
ter lui-même à la Chambre en un por-
trait inoublié, brossé de main de maî-
tre ?
Déjà les concours les plus précieux,
les plus inattendus et les plus désinté-
ressés sont venus spontanément s'offrir
aux défenseurs de l'Ouenza.
La Revue politique et parlementaire,
le Bulletin de l'Alliance républicaine
démocratique, et d'autres graves con-
frères qu'on n'est guère accoutumé à
voir prendre parti en ces questions, ont
insisté sur le caractère admirable de
cette mirifique opération.
Pourquoi le gouvernement a-t-il oone
tant hésité ? -
Pourquoi a-t-il — sans oser intervenir
— laissé la Chambre repousser l'été
dernier un projet de loi qui eut le don
de l'émouvoir et de l'inquiéter ?
Les (intéressés affirment que la Cham-
bre est « retournée » et qu'ils sont cer-
tains de leur majorité.
Puisqu'ils seront défendus par le Gou-
verneur général de l'Algérie en person-
ne, et deux ministres, pourquoi ne pas
l y aller franchement et carrément ?
> M. le Président du Cçwisail a déjà
pris la peine de nous présenter lui-même
M. Jonnart.
Qu'il le couvre donc en posant la
question de confiance !
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 7 h. 52 ; coucher à 4 h.
27 minutes.
- Dernier quartier de la lune.
- Matinées : Comédie-Française, Odéon,
Gaîté-Lyrique, Porte-Saint-Martin, Déjazet,
Théâtre du Jardin d'Acclimatation, Châte-
let, Athénée, Cluny, Olympia, Parisiana, Al-
hanibra, Casino de Paris, Nouveau-Cirque.
- Courses à Vincennes et à Nice.
AUTREFOIS
Rappel du 15 janvier 1873. — rA Voccasion
de la mort de Napoléon III, les journaux
bonapartistes publient des articles enca-
drés de noir où l'on relève toutes sortes
d'appels à l'insurrection contre la Républi-
que. M. Thiers, après les avoir vus, aurait
dit qu'il n'y avait pas lieu- de s'en inquiéter.
et qu'il ne fallait pas donner d'importance
à des fanfaronnades ridicules ; cette phra-
se même aurait été dite à la présidence :
« Le parti bonapartiste est maintenant un
cadavre ; il ne faut pas le galvaniser. »
C'est demain l'enterrement du Napo-
léon III. Le deuil sera conduit par le prince
impérial. Les cordons du poèle seront tenus
par les princes Napoléon, Murat, Charle
et Lucien Bonavarte. et par M. Rouher. Le
corps sera exposé publiquement aujourd'hui
de midi à quatre heures. Le public sera
admis. Les salons de Càmbden-House sont
tendus de noir avec aigles d'argent.
L'autorisation d'assister aux obsèques a
été accordée aux officiers généraux ayani
fait partie de la maison de l'empereur, ou
ayant été attachés à son service — à la
condition d'être en non activité. Il y a eu
quatre demandeurs autorisés : les maré-
chaux Canrobert et Lebœuf, et les généraux
Froinard et de Failly.
On construit à Paris, sur commande du
gouvernement, un millier de maisons de
bois, se montant et se démontant avec fa-
cilité, et qui sont destinées aux colonies pé-
nitentiaires. Chacune de ces maisons re-
vient en moyenne à deux cents francs.
Quinze cents de ces maisonnettes ont été
déjà installées à Nouméa.
Le Conseil municipal vient de voter
83.000 francs pour la transformation en
double parterre du talus abrupt qui se voit
depuis longtemps devant la façade du Col-
lège de France. Ce terrain vague sera ga-
zonné, planté d'arbres, entouré de balus-
trades en pierre, garni de bancs, enfin, mé-
tamorphosé en square public. Il sera tra-
versé par une voie ménagée dans l'axe de
l'entrée du collège.
A la Comédie-Française. Mlle Croizette
devient sociétaire, et Mlle Sarah-Bernhardt
pensionnaire de première classe.
Vieux marcheur
Quel est l'homme politique considé-
rable qui — la verne du réveillon, pour
être précis — soupait galamment au
Café de Paris en compagnie de deux
« grandes et nobles dames », comme
on disait dans La Tour de Nesle ?
Ces deux « grandes et nobles dames »
étaient la princesse de X. et la com-
tesse de Z. ; quant au mystérieux poli-
ticien, tout ce que nous avons pu sa-
voir c'est que ces dames rappelaient
« Lavendée » et que lui-même, par une
singulière habitude, appelait tous ceux
qui le servaient « Adolphe » !
Peinture et équitation
Doyen,. peintre de l'Académie, voyait
souvent le - comte de Lauraguais, à
cause du goût de ce dernier pour les
arts et surtout pour la peinture, à la-
quelle le comte s'exerçait avec autant
de prétention que de médiocrité. Un
jour, Doyen partait à cheval de la terre
du comte pour retourner à Paris. Il
était fort mauvais cavalier. M. de Lau-
raguais, qui le voyait de sa fenêtre, riait
aux éclats de sa manière gauche et de
la peine qu'il avait à manier son che-
val. L'artiste, piqué, relève brusque-
ment la tête, fixe le mauvais plaisant et
lui crie : « Monsieur le comte, cihacun
son métier ! Je vous ai vu peindre ! »
De l' « Opinion »
Après le triomphe, qu'on ne sait à
qui attribuer, des élections sénato-
riales, « l'horizon» devint à Paris aus-
si noir que dans les Balkans. Il n'était
bruit que de tiraillements Õans le mi-
nistère, de dislocation, etc.. La chose
fut fort exagérée : il n'y eut rien qu'un
choc entre M. Clemenceau et M.
Briand. Si leurs dissentiments pren-
nent une forme périodique, on peut ce-
pendant compter sur la maîtrise de M.
Briand. 'pour que la mesure ne soit pas
dépassée. M. Clemenceau vient seule-
ment de recevoir une petite leçon.
A son retour du Var, il entendit va-
guement parler d'exécutions capitales
et s'en ouvrit au garde des sceaux.
Qu'on exécute sans le lui dire, voilà
qui l'atteignait dans son orgueil de chef
du gouvernement et dans ses convic-
tions d'afoolitionniste.
A ces préliminaires, M. Briand ré-
pondit en éludant la question.
M. Clemenceau, insistant, s'attira en-
fin cette objection imprévue qui, dite
avec tranquillité et comme aimable-
ment, le laissa stupide :
— Cela ne vous regarde pas.
La conversation rompue fut remise
au lendemain. Entre temps, M.. Cle-
menceau pensait saisir le conseil des
ministres, mais M. Briand intervint :
—. Ça ne le regarde pas, dit-il encore.
La suite du débat fut de nouveau re-
mise au lendemain, comme dans les
romans. Enfin, le troisième Jour, M.
Briand, avec l'assurance qui lui est
propre quand il a envisagé tous les as-
pects d'une question, consentit à ex-
poser à M. Clemenceau que le conseil
des ministres et lui-même pourraient
être saisis dans le cas où le Président
de la République aborderait certaines
grâces, pance qu'il s'agit là d'un acte
positif, mais qu'ils n'avaient rien à di-
re ni à faire, ouand le Président, par
un acte tout négatif, laissait la justice
suivre son cours.
M. Clemenceau crut à une aimaïfle
ironie et s'assit sans pouvoir insister.
Les deux ministres étaient d'accord. Ils
venaient de se prouver l'un à l'autre
qu'un « socialiste papalin » peut très
bien tenir en respect un Jacobin tur-
bulent.
♦
Son petit cadeau de rentrée
Pour faire risette. à sa bonne petite majo-
rité bien sage grand'papa gâteau Clemen-
ceau s'est mis en frais. :
Il avait promis 14 grandes réformes, et
xum moins de petites, sans compter un joli
petit Chemin de fer racheté.
Mais les réformes sont hors de prix cette
année. Le bonhomme Noël n'en avait plus
que quelques-unes dans sa hotte, et il a
pris précipitamment la fuite en voyant les
grosses bottes de gendarme du capitaine
Maujan placées devant la cheminée de la
Iplaœ Beauvau.
Alors, pour ne point arriver les mains
vides devant sa bonne petite majorité bien
sage, grand'papa gâteau Clemenceau va
se présenter avec une belle petite guillotine
toute neuve, et quatre têtes fraîchement
coupées dans son portefeuille. ;
Le joli cadeau. à faire à un enfant !
L Administration de la Marine
L'Ouenza et les «gros fournisseurs voleurs»
Depuis plusieurs jours le bruit se répand
de la prochaine démission de M. Picard,
ministre de la marine.
M. Picard — en plus des faits abomina-
bles qui lui ont été révélés par la presse
et par les rapports Monis et Henri Michel
— a découvert, paraît-il, des gaspillages,
des irrégularités, des actes de sabotage
des « gros fournisseurs voleurs Il tels, qu'il
-wlttlait -fera éclater toute la vérité au
grand jour, et exiger les sanctions néces-
saires.
Mais on aurait fait observer à M. Pi-
card que si le scandale des « gros fournis-
seurs voleurs » éclatait avant la discus-
sion du projet de l'Ouenza. l'opinion pu-
blique et la Chambre seraient si violem-
ment émues et surexcitées, que les pires
conséquences étaient à envisager.
M. le président du conseil qui fut na-
guère président d'une commission d'en-
quête de la marine — dont nul ne connut
jamais les résultats — serait naturellement
partisan de l'étouffement complet.
M. Picard voudrait la lumière.
D'où les discussions, les tiraillements
qui ont donné naissance aux bruits de dé-
mission du ministre de la marine.
Attendons.
«» J
BONNES NOUVELLES
En deux jours, nos gouvernante nous
offrent deux bonnes nouvelles.
Ils nous comblent.
D'abore M1. Piichon vient d'infliger lia
gripipe à M. Regnault ; et M. Regnault,
soucieux de sa santé, se soigne et diffère
son départ pour Ræbat.
Pour n'être pas autrement grave, cette
diplomatique indisposition durera néan-
moins, sans doute, jusqu'à ce que la Cham-
bre ait statué sur l'opportunité de sa mis-
sion et sur la direction à donner à notre
politique marocaine.
Alors, M. Regnault sera rétabli, ou bien,
au contraire, ne pourra supporter les fa-
tigues d'une entrevue avec Moûlay Hafid.
Sans vouloir sa mort, nous souhaitons
longue et heureuse grippe à M. Regnault.
Ensuite on nous prévient qute, sous peu,
nous recauserons de l'Ouenza.
Sitôt close la diecussion sur le Maroc,
on rouvrira celle sur les mines du Djebel.
Allons, tant mieux !
Nous sommes tout prêts à soutenir la
conversation.
-
Par file à droite
Par file à gauche
Le jour de la séparation des Chambres
le grand chef « des Muets du Sérail » ne
voulait pas entendre parler de l'amnistie.
Il passa donc en caracolant devant ses
troupes, et d'un ton sec comme un coup
de sécateur commanda « par file à droite
marche ! Il
t Jls marchèrent à droite.
, Pendant les vacances, l'air du Var, et
surtout un petit entretien salutaire avec
M. Briand, opérèrent un brusque revire-
ment dans l'esprit girouettard du grand
Patron.
« Vous dites qu'il faut marcher à gau-
che maintenant, hein ?. vous dites à gau-
cihe. très bien. moi, VQUS savez j'm'en
f. vous allez voir comme je vais les fai-
re pivoter. »
Et muni de la « cravache u des Débats
le grand chef des « Muets du Sérail » s'ap-
prête à commander la nouvelle manœuvre.
« Par file à gauche, marche ! »
Lui, il s'en f. C'est entendu !
Mais, eux, consentiront-ils longtemps en-
core à se faire ainsi ridiculiser et discré-
diter aux yeux du suffrage universel ?
LES PAROLES ET LES ACTES
i mi Km »
Le Bilan du Ministère Clemenceau
Le 5 novembre 1906 - il y a donc vingt-six mois révolus 1 - le nouveau
président du Conseil, M. Clemenceau, lisait au Parlement la déclaration du
Ministère qu'il venait de constituer.
« En l'absence, disait-il, de tout dissentiment entre la majorité et le mi-
nistère qui vient de résigner ses pouvoirs, une seule indication s'offrait à nos
esprits : c'est que le pays, récemment consulté, avait fait connaître sa volonté
d'accentuer, d'activer l'œuvre de réformation. Nous nous sommes donc effor-
cés de modeler au plus près le gouvernement sur la représentation national
afin d'assurer la prompte exécution du mandat reçu des électeurs. » (Journal
officiel du 6 novembre 1906). :
Le programme de M. Clemenceau comportait quatorze articles princi-
paux que M. le président du Conseil s'engageait à réaliser « sans délai ».
Jamais gouvernement n'eut majorité plus compacte, plus docile, plus
soucieuse d'affirmer par des actes son ardent désir de « réformation ».
Jamais gouvernement n'eut en face de lui opposition plus débile, plus con-
ciliante, plus curieuse de lui voir donner toute sa mesure. -
Jamais gouvernement ne bénéficia d'un si large crédit, ne détint aussi
longtemps le pouvoir.. -
Jamais gouvernement n'eut donc en mains autant d'atouts pour la réali-
sation de son programme.
Et pourtant jamais gouvernement n'aboutit - par son incohérence funes-
te — à une pareille impuissance, à un si complet oubli de ses promesses, ne
provoqua un tel aveulissement de sa majorité, ne réserva une si déconcer-
tante déception au parti républicain.
Quel commentaire, si éloquent fût-il, en donnerait une idée plus nette que
ce simple tableau synoptique :
LES PAROLES LES ACTES
r- (5 novembre 1906) (14 janvier 1909}
POUR L'ARMÉE
1° — Lois sur les Cadres
M. le Ministre de la Guerre dé-
posera prochainement (!) un projet de
loi sur les cadres et les effectifs en vue
d'obtenir la pleine utilisation des res- NÉANT
sources du recrutement. Un autre pro-
jet de loi depuis longtemps attendu ap-
portera plus de justice dans l'avance
ment des officiers..,.
2° - La Suppression des Conseils de guerre
Nous vous proposerons sans dé-
lai (1) la suppression des conseils de
guerre. La connaissance des crimes et
délits de droit commun, l'exercice de NÉANT1
l'action disciplinaire seront entourés de NÉANT
toutes les garanties indispensables pour
concilier avec les droits de l'homme les
nécessités de la défense nationale.
POUR LES CONQUÊTES DÉMOCRATIQUES
3° — La Réorganisation Administrative
La République a fondé la liberté
en France. Il nous reste à lui donner
ses développements naturels dans tou-
tes les parties du régime républicain.
C'est en vue d'une extension nouvelle
d'attributions aux pouvoirs régionaux
que sera préparée la réorganisation ad-
ministrative, impliquant dans notre pen- NÉANT
sée, l'élargissement du mode de scru-
tin dans les élections législatives. Seu-
lement pour que nous puissions connaî-
tre, enfin, les mœurs de la liberté il
faut que l'exercice légitime de cette 1
liberté soit garanti d'abord contre l'ar-
bitraire administratif
4° — Les Garanties Individuelles
Une loi vous sera soumise pour 1
la sauvegarde des droits inaliénables NE AN 1 -
attachés à la personne humaine.
5° - L'Œuvre de Laïcisation
Immuablement fidèles ^au grand ;.-
principe général de sécularisation,
nous achèverons la laïcisation de nos
écoles dans le plus bref délai et nous NÉANT
vous demanderons l'abrogation de la
loi Falloux pour en finir avec les pri- - ; ;
vilèges conférés à l'enseignement secon- -' ,
daire privé -
6° - Les Lois de Défense Républicaine
Tout en faisant la part des pré-
ventions invétérées, nous aurons soin
de barrer solidement la route aux re-
tours offensifs de l'esprit de domination
plus particulièrement redoutable quand
il émane d'une autorité étrangère ou-
verte elle-même à des influences étran- NÉANT
gères. NÉANT
En même temps que nous assurerons
la liberté des cultes, nous appliquerons
sans faiblesse la loi dans toutes ses
dispositions et, s'il nous apparaissait ":-:.
que les sanctions édictées sont insuffi- 4 - -
santés, nous n'hésiterions pas à vous
en proposer de nouvelles.
POUR L'ÉVOLUTION SOCIALE
7° — Les Retraites Ouvrières
Notre ferme résolution est de
faire promptement (!) aboutir la loi sur , 7:
les retraites ouvrières. MM. les minis- -
, .,.
tres du travail et des finances soutien- ,- NÉANT
dront, en substance, devant la Haute
Assemblée, les principes consacrés par
le vote de la Chambre et d'abord le
principe dé l'obligation. ",
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réalisé une, incomplètement : le rachat
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Restent environ Il mois pour la dis-
tussion et la réalisation des 13 autres.
C'est maigre.
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fait l'emprunt russe (7 millions environ
de commissions diverses), et qu'il sen-
tira le parti radical, dont - ironie
iamère — il passait pour le chef, em-
bourbé jusqu'à l'essieu, il (pirouettera
sur ses talons rouges, et il tirera cava-
lièrement sa révérence avec un nouveau
« j'ai bien l'honneur de vous saluer »
dont il gratifia naguère le Sénat inter-
loqué.
Le Parti radical, s'il ne sait aviser
Ses maintenant, se trouvera englobé
alors tout entier dans la faillite « du
clemencisme », et c'est lui seul qui en
eupportera l'écrasante responsabilité
devant le pays déçu et justement irrité.
Avoir été tout, pouvoir tout, et n'a-
voir fait rien, ce serait en vérité l'aven-
ture la plus lamentable et l'échec le
plus inouï qu'ait jamais subi un grand
parti.
il importe donc que le radicalisme
se dégage résolument et immédiate-
ment d'une politique mortelle d'inco-
hérence et d'inaction.
Il faut qu'il renonce au leurre d'un
trop vaste programme — irréalisable
avant mai 1910 -, et qu'il s'attèle à
franc collier à celles des réformes que
la démocratie considère comme les plus
essentielles, et qu'elle attend avec le
plus d'impatience.
Surtout pas d'équivoques, pas de di-
versions. Qu'on ne vienne pas nous
parler de réformes dont « on votera le
principe, quitte à en (préciser par la
suite les moyens de réalisation ».
Cet euphémisme parlementaire n'est
plus de saison. A parler franc: ce n'est
qu'un subterfuge d'impuissance.
Ce n'est pas avec des « votes de prin-
cipes » que l'on servira aux vieux tra-
vailleurs les arrérages de leurs rentes,
ni avec des votes de principes qu'on
.protégera l'école laïque contre le retour
offensif de la réaction cléricale. Les
principes sont immortels; c'est .possi-
ble. Mais les hommes, eux, sont mor-
tels, et ils ont droit à quelques contin-
.up.n-rp -
c
Or une réforme dont tous les moyens
kl'exécution ne sont pas préparés mé-
thodiquement et complètement assurés,
n'est qu'une parodie de réforma.
tion, et la démocratie — que nul n'en
idoute — commence à ressentir un for-
midable dégoût de la viande creuse
es déclamations.
Assez de rhéteurs: des hommes.Trop
ide phrases : des actes.
Précisément la délégation des gau-
ches vient de se reconstituer.
S'il ne s'agit que d'ergoter, de parlo-
ter, de discutailler, de palabrer comme
nègres sous cocotiers, de préparer uè-
rement des ordres du jour foudroyants,
que l'on dépose ensuite timidement,
pour les abandonner en fin de compte,
lonteusement: rien à faire !
La délégation des gauches ne sera
que le fossoyeur du radicalisme, et son
Président peut dès ce jour remplacer
l'urne aux bulletins de vote, par le vase
lacrymatoire. «
Si la délégation des gauches au con-
traire, consciente de sa force, de la
grandeur de sa mission, et de l'immi-
nence du péril, veut et sait agir, les de-
vins de malheur qui escomptent déjà la
crise du radicalisme pour s'en parta-
ger les dépouilles en seront pour leurs
- vaines prophéties.
Avec le gouvernement s'il s'y prèle,
sans le gouvernement ou contre lui s il
hésite, il importe d'artrêter sans coup
térir, dès la rentrée, un dispositif d'ac-
tion ininterrompue.
Le projet d'impôt sur le revenu —
gardons-nous des illusions plus ou
moins sincères — ne paraît plus pou-
voir être étudié et voté en temps utile
-par le Parlement, avec toutes les modi-
fications et les retouches qu'il doit su-
bir encore tant à la Chambre qu'au Sé-
nat. Retenons-le donc comme un solide
ijalon pour la 'législature prochaine, et
avisons au plus pressé. Voici les re-
traites ouvrières, le Statut des fonc-
tionnaires, l'abrogation de la loi Fal-
loux et les mesures de protection de
l'école laïque, la réforme du code de
justice militaire.
Les retraites ouvrières seront la plus
éclatante et la plus efficace manifesta-
tion de la politique sociale du parti ra-
dical; celle qui — sans conteste - res-
serrera le plus cordialement les liens
qui l'unissent au prolétariat conscient.
Le Statut des fonctionnaires en met-
tant fin aux abus scandaleux d'un ré-
gime intolérable de favoritisme et de
bon plaisir, soulagera la conscience de
cette multitude admirable de modestes
serviteurs de la chose publique, qui
toujours se montrèrent ardents, fidèles
et dévoués dans la défense de la Ré-
publique, que l'on sut trop souvent
aduler aux Veilles de combat pour les
abandonner ensuite aux lendemains de
victoires. -
L'abrogation de la loi Falloux et
les mesures propres à (protéger l'école
laïque et nos vaillants instituteurs con-
tre la ruée noire, seront le remède dé-
cisif qui immunisera définitivement le
pays contre un nouvel accès du mal de
Rome.
Enfin la réforme du code de justice
militaire, reconnue nécessaire par M.
de Galliffet lui-même, répondra aux
vœux de tous les bons Franç.ais,qui rou-
gissent encore aux souvenirs exécra-
bles des condamnations par KC ordre )
et qui déplorent de voir les citoyens
aux armées soumis à une procédure et
passibles de pénalités que le capora-
lisme allemand lui-même a abolies de-
puis longtemps, et qui sont l'opprobre
d'hommes libres uniquement discipli-
nés en vue de la défense de la patrie.
Si le parti radical se présente avec
ce bagage honorable de réformes aux
électeurs de 1910, il est certain de re-
cevoir l'absolution de deux années d'in-
cohérence et de stérilité. Il obtiendra
du suffrage universel un nouveau man-
dat pour continuer hardiment sa rude
el bonne besogne, et il se trouvera en-
core fortifié par cette consécration nou-
velle, et par un large crédit illimité.
Ces- cinq questions essentielles la
majorité radicale peut les poser, les
étudier, les discuter, les résoudre,
avant la fin de la présente législature
tant à la Chambre qu'au Sénat.
Pour pouvoir, il suffit de vouloir.
Oui ou non, Messieurs de la Déléga-
tion des Gauches, voulez-vous ?
UN RADICAL
LA POLITIQUE
LA QUESTION DE L'OUENZA
Cette fois c'est sérieux. Le
trust international de la mé-
tallurgie fait donner la garde
en attendant la cavalerie de
Saint-Georges.
Le vote significatif de la
igauche radicale-socialiste a indigné les
associés de M. Kriupp. Il faut mettre à
la raison ces parlementaires qui préten-
dent encore à l'intégrité. M. Jonnart lui-
même repasse la mer pour la troisième
fois et, comme le proclame ingénuement
la Liberté, « ce serait un procédé dis-
courtois de.ne pas l'entendre. »
D'ailleurs, pourquoi n'entendrait-t-oh
pas le plaidoyer de M. le Gouverneur
général de l'Algérie, que M. le Prési-
dent du Conseil s'est chargé de présen-
ter lui-même à la Chambre en un por-
trait inoublié, brossé de main de maî-
tre ?
Déjà les concours les plus précieux,
les plus inattendus et les plus désinté-
ressés sont venus spontanément s'offrir
aux défenseurs de l'Ouenza.
La Revue politique et parlementaire,
le Bulletin de l'Alliance républicaine
démocratique, et d'autres graves con-
frères qu'on n'est guère accoutumé à
voir prendre parti en ces questions, ont
insisté sur le caractère admirable de
cette mirifique opération.
Pourquoi le gouvernement a-t-il oone
tant hésité ? -
Pourquoi a-t-il — sans oser intervenir
— laissé la Chambre repousser l'été
dernier un projet de loi qui eut le don
de l'émouvoir et de l'inquiéter ?
Les (intéressés affirment que la Cham-
bre est « retournée » et qu'ils sont cer-
tains de leur majorité.
Puisqu'ils seront défendus par le Gou-
verneur général de l'Algérie en person-
ne, et deux ministres, pourquoi ne pas
l y aller franchement et carrément ?
> M. le Président du Cçwisail a déjà
pris la peine de nous présenter lui-même
M. Jonnart.
Qu'il le couvre donc en posant la
question de confiance !
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 7 h. 52 ; coucher à 4 h.
27 minutes.
- Dernier quartier de la lune.
- Matinées : Comédie-Française, Odéon,
Gaîté-Lyrique, Porte-Saint-Martin, Déjazet,
Théâtre du Jardin d'Acclimatation, Châte-
let, Athénée, Cluny, Olympia, Parisiana, Al-
hanibra, Casino de Paris, Nouveau-Cirque.
- Courses à Vincennes et à Nice.
AUTREFOIS
Rappel du 15 janvier 1873. — rA Voccasion
de la mort de Napoléon III, les journaux
bonapartistes publient des articles enca-
drés de noir où l'on relève toutes sortes
d'appels à l'insurrection contre la Républi-
que. M. Thiers, après les avoir vus, aurait
dit qu'il n'y avait pas lieu- de s'en inquiéter.
et qu'il ne fallait pas donner d'importance
à des fanfaronnades ridicules ; cette phra-
se même aurait été dite à la présidence :
« Le parti bonapartiste est maintenant un
cadavre ; il ne faut pas le galvaniser. »
C'est demain l'enterrement du Napo-
léon III. Le deuil sera conduit par le prince
impérial. Les cordons du poèle seront tenus
par les princes Napoléon, Murat, Charle
et Lucien Bonavarte. et par M. Rouher. Le
corps sera exposé publiquement aujourd'hui
de midi à quatre heures. Le public sera
admis. Les salons de Càmbden-House sont
tendus de noir avec aigles d'argent.
L'autorisation d'assister aux obsèques a
été accordée aux officiers généraux ayani
fait partie de la maison de l'empereur, ou
ayant été attachés à son service — à la
condition d'être en non activité. Il y a eu
quatre demandeurs autorisés : les maré-
chaux Canrobert et Lebœuf, et les généraux
Froinard et de Failly.
On construit à Paris, sur commande du
gouvernement, un millier de maisons de
bois, se montant et se démontant avec fa-
cilité, et qui sont destinées aux colonies pé-
nitentiaires. Chacune de ces maisons re-
vient en moyenne à deux cents francs.
Quinze cents de ces maisonnettes ont été
déjà installées à Nouméa.
Le Conseil municipal vient de voter
83.000 francs pour la transformation en
double parterre du talus abrupt qui se voit
depuis longtemps devant la façade du Col-
lège de France. Ce terrain vague sera ga-
zonné, planté d'arbres, entouré de balus-
trades en pierre, garni de bancs, enfin, mé-
tamorphosé en square public. Il sera tra-
versé par une voie ménagée dans l'axe de
l'entrée du collège.
A la Comédie-Française. Mlle Croizette
devient sociétaire, et Mlle Sarah-Bernhardt
pensionnaire de première classe.
Vieux marcheur
Quel est l'homme politique considé-
rable qui — la verne du réveillon, pour
être précis — soupait galamment au
Café de Paris en compagnie de deux
« grandes et nobles dames », comme
on disait dans La Tour de Nesle ?
Ces deux « grandes et nobles dames »
étaient la princesse de X. et la com-
tesse de Z. ; quant au mystérieux poli-
ticien, tout ce que nous avons pu sa-
voir c'est que ces dames rappelaient
« Lavendée » et que lui-même, par une
singulière habitude, appelait tous ceux
qui le servaient « Adolphe » !
Peinture et équitation
Doyen,. peintre de l'Académie, voyait
souvent le - comte de Lauraguais, à
cause du goût de ce dernier pour les
arts et surtout pour la peinture, à la-
quelle le comte s'exerçait avec autant
de prétention que de médiocrité. Un
jour, Doyen partait à cheval de la terre
du comte pour retourner à Paris. Il
était fort mauvais cavalier. M. de Lau-
raguais, qui le voyait de sa fenêtre, riait
aux éclats de sa manière gauche et de
la peine qu'il avait à manier son che-
val. L'artiste, piqué, relève brusque-
ment la tête, fixe le mauvais plaisant et
lui crie : « Monsieur le comte, cihacun
son métier ! Je vous ai vu peindre ! »
De l' « Opinion »
Après le triomphe, qu'on ne sait à
qui attribuer, des élections sénato-
riales, « l'horizon» devint à Paris aus-
si noir que dans les Balkans. Il n'était
bruit que de tiraillements Õans le mi-
nistère, de dislocation, etc.. La chose
fut fort exagérée : il n'y eut rien qu'un
choc entre M. Clemenceau et M.
Briand. Si leurs dissentiments pren-
nent une forme périodique, on peut ce-
pendant compter sur la maîtrise de M.
Briand. 'pour que la mesure ne soit pas
dépassée. M. Clemenceau vient seule-
ment de recevoir une petite leçon.
A son retour du Var, il entendit va-
guement parler d'exécutions capitales
et s'en ouvrit au garde des sceaux.
Qu'on exécute sans le lui dire, voilà
qui l'atteignait dans son orgueil de chef
du gouvernement et dans ses convic-
tions d'afoolitionniste.
A ces préliminaires, M. Briand ré-
pondit en éludant la question.
M. Clemenceau, insistant, s'attira en-
fin cette objection imprévue qui, dite
avec tranquillité et comme aimable-
ment, le laissa stupide :
— Cela ne vous regarde pas.
La conversation rompue fut remise
au lendemain. Entre temps, M.. Cle-
menceau pensait saisir le conseil des
ministres, mais M. Briand intervint :
—. Ça ne le regarde pas, dit-il encore.
La suite du débat fut de nouveau re-
mise au lendemain, comme dans les
romans. Enfin, le troisième Jour, M.
Briand, avec l'assurance qui lui est
propre quand il a envisagé tous les as-
pects d'une question, consentit à ex-
poser à M. Clemenceau que le conseil
des ministres et lui-même pourraient
être saisis dans le cas où le Président
de la République aborderait certaines
grâces, pance qu'il s'agit là d'un acte
positif, mais qu'ils n'avaient rien à di-
re ni à faire, ouand le Président, par
un acte tout négatif, laissait la justice
suivre son cours.
M. Clemenceau crut à une aimaïfle
ironie et s'assit sans pouvoir insister.
Les deux ministres étaient d'accord. Ils
venaient de se prouver l'un à l'autre
qu'un « socialiste papalin » peut très
bien tenir en respect un Jacobin tur-
bulent.
♦
Son petit cadeau de rentrée
Pour faire risette. à sa bonne petite majo-
rité bien sage grand'papa gâteau Clemen-
ceau s'est mis en frais. :
Il avait promis 14 grandes réformes, et
xum moins de petites, sans compter un joli
petit Chemin de fer racheté.
Mais les réformes sont hors de prix cette
année. Le bonhomme Noël n'en avait plus
que quelques-unes dans sa hotte, et il a
pris précipitamment la fuite en voyant les
grosses bottes de gendarme du capitaine
Maujan placées devant la cheminée de la
Iplaœ Beauvau.
Alors, pour ne point arriver les mains
vides devant sa bonne petite majorité bien
sage, grand'papa gâteau Clemenceau va
se présenter avec une belle petite guillotine
toute neuve, et quatre têtes fraîchement
coupées dans son portefeuille. ;
Le joli cadeau. à faire à un enfant !
L Administration de la Marine
L'Ouenza et les «gros fournisseurs voleurs»
Depuis plusieurs jours le bruit se répand
de la prochaine démission de M. Picard,
ministre de la marine.
M. Picard — en plus des faits abomina-
bles qui lui ont été révélés par la presse
et par les rapports Monis et Henri Michel
— a découvert, paraît-il, des gaspillages,
des irrégularités, des actes de sabotage
des « gros fournisseurs voleurs Il tels, qu'il
-wlttlait -fera éclater toute la vérité au
grand jour, et exiger les sanctions néces-
saires.
Mais on aurait fait observer à M. Pi-
card que si le scandale des « gros fournis-
seurs voleurs » éclatait avant la discus-
sion du projet de l'Ouenza. l'opinion pu-
blique et la Chambre seraient si violem-
ment émues et surexcitées, que les pires
conséquences étaient à envisager.
M. le président du conseil qui fut na-
guère président d'une commission d'en-
quête de la marine — dont nul ne connut
jamais les résultats — serait naturellement
partisan de l'étouffement complet.
M. Picard voudrait la lumière.
D'où les discussions, les tiraillements
qui ont donné naissance aux bruits de dé-
mission du ministre de la marine.
Attendons.
«» J
BONNES NOUVELLES
En deux jours, nos gouvernante nous
offrent deux bonnes nouvelles.
Ils nous comblent.
D'abore M1. Piichon vient d'infliger lia
gripipe à M. Regnault ; et M. Regnault,
soucieux de sa santé, se soigne et diffère
son départ pour Ræbat.
Pour n'être pas autrement grave, cette
diplomatique indisposition durera néan-
moins, sans doute, jusqu'à ce que la Cham-
bre ait statué sur l'opportunité de sa mis-
sion et sur la direction à donner à notre
politique marocaine.
Alors, M. Regnault sera rétabli, ou bien,
au contraire, ne pourra supporter les fa-
tigues d'une entrevue avec Moûlay Hafid.
Sans vouloir sa mort, nous souhaitons
longue et heureuse grippe à M. Regnault.
Ensuite on nous prévient qute, sous peu,
nous recauserons de l'Ouenza.
Sitôt close la diecussion sur le Maroc,
on rouvrira celle sur les mines du Djebel.
Allons, tant mieux !
Nous sommes tout prêts à soutenir la
conversation.
-
Par file à droite
Par file à gauche
Le jour de la séparation des Chambres
le grand chef « des Muets du Sérail » ne
voulait pas entendre parler de l'amnistie.
Il passa donc en caracolant devant ses
troupes, et d'un ton sec comme un coup
de sécateur commanda « par file à droite
marche ! Il
t Jls marchèrent à droite.
, Pendant les vacances, l'air du Var, et
surtout un petit entretien salutaire avec
M. Briand, opérèrent un brusque revire-
ment dans l'esprit girouettard du grand
Patron.
« Vous dites qu'il faut marcher à gau-
che maintenant, hein ?. vous dites à gau-
cihe. très bien. moi, VQUS savez j'm'en
f. vous allez voir comme je vais les fai-
re pivoter. »
Et muni de la « cravache u des Débats
le grand chef des « Muets du Sérail » s'ap-
prête à commander la nouvelle manœuvre.
« Par file à gauche, marche ! »
Lui, il s'en f. C'est entendu !
Mais, eux, consentiront-ils longtemps en-
core à se faire ainsi ridiculiser et discré-
diter aux yeux du suffrage universel ?
LES PAROLES ET LES ACTES
i mi Km »
Le Bilan du Ministère Clemenceau
Le 5 novembre 1906 - il y a donc vingt-six mois révolus 1 - le nouveau
président du Conseil, M. Clemenceau, lisait au Parlement la déclaration du
Ministère qu'il venait de constituer.
« En l'absence, disait-il, de tout dissentiment entre la majorité et le mi-
nistère qui vient de résigner ses pouvoirs, une seule indication s'offrait à nos
esprits : c'est que le pays, récemment consulté, avait fait connaître sa volonté
d'accentuer, d'activer l'œuvre de réformation. Nous nous sommes donc effor-
cés de modeler au plus près le gouvernement sur la représentation national
afin d'assurer la prompte exécution du mandat reçu des électeurs. » (Journal
officiel du 6 novembre 1906). :
Le programme de M. Clemenceau comportait quatorze articles princi-
paux que M. le président du Conseil s'engageait à réaliser « sans délai ».
Jamais gouvernement n'eut majorité plus compacte, plus docile, plus
soucieuse d'affirmer par des actes son ardent désir de « réformation ».
Jamais gouvernement n'eut en face de lui opposition plus débile, plus con-
ciliante, plus curieuse de lui voir donner toute sa mesure. -
Jamais gouvernement ne bénéficia d'un si large crédit, ne détint aussi
longtemps le pouvoir.. -
Jamais gouvernement n'eut donc en mains autant d'atouts pour la réali-
sation de son programme.
Et pourtant jamais gouvernement n'aboutit - par son incohérence funes-
te — à une pareille impuissance, à un si complet oubli de ses promesses, ne
provoqua un tel aveulissement de sa majorité, ne réserva une si déconcer-
tante déception au parti républicain.
Quel commentaire, si éloquent fût-il, en donnerait une idée plus nette que
ce simple tableau synoptique :
LES PAROLES LES ACTES
r- (5 novembre 1906) (14 janvier 1909}
POUR L'ARMÉE
1° — Lois sur les Cadres
M. le Ministre de la Guerre dé-
posera prochainement (!) un projet de
loi sur les cadres et les effectifs en vue
d'obtenir la pleine utilisation des res- NÉANT
sources du recrutement. Un autre pro-
jet de loi depuis longtemps attendu ap-
portera plus de justice dans l'avance
ment des officiers..,.
2° - La Suppression des Conseils de guerre
Nous vous proposerons sans dé-
lai (1) la suppression des conseils de
guerre. La connaissance des crimes et
délits de droit commun, l'exercice de NÉANT1
l'action disciplinaire seront entourés de NÉANT
toutes les garanties indispensables pour
concilier avec les droits de l'homme les
nécessités de la défense nationale.
POUR LES CONQUÊTES DÉMOCRATIQUES
3° — La Réorganisation Administrative
La République a fondé la liberté
en France. Il nous reste à lui donner
ses développements naturels dans tou-
tes les parties du régime républicain.
C'est en vue d'une extension nouvelle
d'attributions aux pouvoirs régionaux
que sera préparée la réorganisation ad-
ministrative, impliquant dans notre pen- NÉANT
sée, l'élargissement du mode de scru-
tin dans les élections législatives. Seu-
lement pour que nous puissions connaî-
tre, enfin, les mœurs de la liberté il
faut que l'exercice légitime de cette 1
liberté soit garanti d'abord contre l'ar-
bitraire administratif
4° — Les Garanties Individuelles
Une loi vous sera soumise pour 1
la sauvegarde des droits inaliénables NE AN 1 -
attachés à la personne humaine.
5° - L'Œuvre de Laïcisation
Immuablement fidèles ^au grand ;.-
principe général de sécularisation,
nous achèverons la laïcisation de nos
écoles dans le plus bref délai et nous NÉANT
vous demanderons l'abrogation de la
loi Falloux pour en finir avec les pri- - ; ;
vilèges conférés à l'enseignement secon- -' ,
daire privé -
6° - Les Lois de Défense Républicaine
Tout en faisant la part des pré-
ventions invétérées, nous aurons soin
de barrer solidement la route aux re-
tours offensifs de l'esprit de domination
plus particulièrement redoutable quand
il émane d'une autorité étrangère ou-
verte elle-même à des influences étran- NÉANT
gères. NÉANT
En même temps que nous assurerons
la liberté des cultes, nous appliquerons
sans faiblesse la loi dans toutes ses
dispositions et, s'il nous apparaissait ":-:.
que les sanctions édictées sont insuffi- 4 - -
santés, nous n'hésiterions pas à vous
en proposer de nouvelles.
POUR L'ÉVOLUTION SOCIALE
7° — Les Retraites Ouvrières
Notre ferme résolution est de
faire promptement (!) aboutir la loi sur , 7:
les retraites ouvrières. MM. les minis- -
, .,.
tres du travail et des finances soutien- ,- NÉANT
dront, en substance, devant la Haute
Assemblée, les principes consacrés par
le vote de la Chambre et d'abord le
principe dé l'obligation. ",
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