Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-03-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mars 1906 15 mars 1906
Description : 1906/03/15 (N13152). 1906/03/15 (N13152).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7546076q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
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fKCATEUtî: AUGUSTE V ACOUERIE
ABONNEMENTS
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fcaris 2fr. 5 fr. 9fr. 18 fr;
Départements.. 2 — 6 - ti - 20 -
tJnion Postale. 3 — 9 — 48 32-
DIRECTEUR POLITIQUE : CHARLES BOT"*
ANNONCES : *
MM. CH. LAGRANGE, CERI» A Cf.
f, Place de la Bourse, 6
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Secrétaire Général : A.-F. CECCALDI
JtÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TÉLÉPHONÉ 108.88
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Rédacteur en Chef : SIENHY MARET -
ADMINISTRATION : 14, RU. DU MAIL. - TÉLÉPHONE fi08.8t
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On nous demande en ce moment de nom-
breux changements d'adresses. Nous rappe-
lons à nos abonnis qu'ils doivent joindre
0 fr. 60 à leur demande pour l'impression
de nouvelles bandes.
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La nlaratin
La Déclaration
Cependant, un monsieur monta à
la tribune et lut le papier suivant :
« Messieurs,
« Le cabinet qui se présente devant
vous est le plus homogène qui ait ja-
mais existé. Il est né d'une pensée
commune à tous ses membres, celle
de se dévouer au salut de la Républi-
que, autrement dit d'être ministres.
« C'est sur l'autel de la Patrie que
nous avons tous sacrifié les opinions
qui nous avaient divisés jusqu'ici.
Toutes ces opinions se sont fondues en
une seule, pareille à la flamme unique
qui, dans une chetninée, sort de com-
bustibles divers. Tons les portefeuilles
ont la même couleur, et c'est là le
point important.
« Ne vous étonnez dons pas si voyez
parmi nous des hommes qui, hier en-
core, se combattaient avec la plus vive
animosité. Nous ne sommes pas d'ail-
leurs le premier cabinet de ce genre,
et c'est un vieil usage parlementaire
que celui qui consiste à céder son opi-
nion lorsqu'on peut la placer avanta-
geusement. Esaü céda bien son droit
d'aînesse pour un plat de lentilles ; et
l'olla podrida, que nous vous offrons,
a certainement plus de saveur que les
lentilles de la Palestine.
« C'est un excellent plat que l'olla
podrida" je ne sais pas si vous en avez
mangé. On y trouve de tout, ce qui
fait que chacun se sert selon son
goût. Nous avons la bonne fortune de
vous offrir ce qu'il y a de mieux dans
tous les genres. Le magasin est supé-
rieurement assorti. Il y en a pour tout
le monde.
« Aimez-vous les radicaux? En
voici, et du meilleur teint. Ils ne blan-
chissent qu'en vieillissant. Préférez-
vous les modérés ? Tournez - vous.
Toutes ces dames sont au salon. Nous
avons également un comptoir de ca-
méléons très bien fourni. Vous aurez
beau les regarder, vous ne connaîtrez
jamais leur couleur ; ils les ont toutes.
Entrez, messieurs, faites-vous servir.
Nous avons jusqu'à un socialiste, et
un dissident et demi. C'est tout ce que
nous avons pu nous procurer pour le
moment.
« Maintenant vous êtes peut-être
désireux de savoir ce que nous allons
faire. De grandes choses évidemment.
Nous allons continuer les inventaires,
à moins que nous les cessions; si
nous les continuons, ce sera avec la
dernière énergie à moins que ce ne soit
avec la de aceur la plus évangélique.
« En fait de concessions récipro-
ques, nous avons obtenu que ceux
d'entre nous qui approuvent les syn-
dicats de fonctionnaires cessent de les
approuver, et comme compensation,
ceux qui ne les approuvaient point
les approuveront. De cette façon les
choses resteront en l'état et tout le
monde sera content.
« Nous nous occuperons activement
de la réorganisation de la marine et de
l'armée tout en veillant à ne point mé-
contenter ceux qui ont pris l'habitu-
de de les désorganiser. La Patrie nous
sera sacrée ; et nous la vénérerons tel-
lement, que nous nous garderons d'en
parler.
« Quant aux affaires extérieures,
vous pouvez vous tranquilliser. La
paix sera maintenue à tout prix. On
nous prendra bien tout ce qu'on vou-
dra, on ne réussira jamais à nous faire
mettre en colère.
« Notre tâche capitale sera de pré-
Darer de bonnes élections. Et nous es-
pérons bien, grâce à nos efforts, que
la Chambre qui succédera à celle-ci ne
lui cédera en rien, ni en capacité, ni
en grandeur de vues. Il pouvait vous
paraître difficile de trouver une as-
semblée plus déséquilibrée et plus
incapable de se diriger; nous vain-
crons cette difficulté, et le scrutin
d'arrondissement, bien secoué, nous
donnera de tels résultats, qu'ils sur-
prendront ceux-là même qui pen-
saient avoir atteint le tuf de la ba-
dauderie humaine.
- (i C'est pourquoi nous sommes cer-
tains que vous nous donnerez votre
confiance. »
v: Comme il y a des grincheux par-
tout, : j'ai entendu, dans la salle des
Pas-Perdus, quelqu'un qui disait :
« Il est vraiment malheureux qu'on
se soit obstiné à vouloir former un
ministère. Depuis qu'il n'y en avait
plus, nous étions si tranquilles TV
HENRY MARET.
LES ON-DIT
CONTRE LE GRISOU
On a certainement lu avec
intérêt, dans notre numéro
d'hier, la communication que
nous a faite un jeune et savant
ingénieur sur les procédés qui
pourraient être employés dans
les mines pour assurer le sauvetage des
ouvriers surpris par un coup de grisou,
par l'asphyxie et par l'incendie.
La grande difficulté réside dans le temps
qu'il faut pour remonter par les bennes
des milliers de travailleurs.
Notre correspondant recommande la
création, sur divers points des galeries, de
sortes de chambres de sûreté où les mi-
neurs se réfugieraient en attendant les se-
cours. Il y aurait dans ces chambres des
boîtes de pharmacie, des obus d'oxygène,
des aliments de conserve, tout ce qu'il faut
pour attendre,dans un confortable relatif,
l'heure où les puits seraient déblayés, où les
galeries, aérées, seraient rendues à la cir-
culation. Il serait même possible — ne
croyez pas à une lugubre plaisanterie —
d'installer le téléphone dans ces chambres
de manière à entretenir avec la surface des
communications constantes.
Pourquoi ne pas réaliser ces améliora-
tions ? Oui, pourquoi > Eh ! il y a la ques-
tion d'argent qui a bien son importance, et
qu'aucun industriel ne peut traiter légère-
ment sous peine de la ruine.
Maintenant, dans une catastrophe pa-
reille à celle de Courrières, où les puits
flambent pendant des journées et des jour-
nées, est-il certain que les chambres de
sûreté suffiraient à sauver les victimes en-
tassées dans les mines ?
Le problème est un de ceux que la
Science aura le plus de peine à résoudre
d'une façon définitive. Pourtant, je crois
que le fléau sera maîtrisé. Le génie hu-
main ne restera pas sur la sanglante dé-
route qu'il vient de subir.
PATRIOTES INTERNATIONALISTES
Les murs de Paris sont couverts, depuis
hier, d'une petite affiche qui est le mani-
feste de l'Union des Patriotes internationa-
listes. Au nom d'Auguste Comte, qui n'en
peut mais, ce singulier document affirme
que les diplomates d'Algésiras doivent
s'inspirer de deux principes : la neutralisa-
tion définitive du Maroc sous le protectorat
mondial et la création d'une marine inter-
nationale (sic). Une marine internationale,
voilà une solution à laquelle notre ami
Charles Bos, le rapporteur du budget de la
rue Royale, n'a pas songé ! Il paraît, ce-
pendant, qu'Auguste Comte y songeait,
lui, il y a un demi siècle.
Entre nous, je méfie de ces évocations
d'illustres autorités : si Gambetta vivait,
il penserait ceci et cela ; si Comte était à
Algésiras" il proposerait ceci et cela. C'est
du spiritisme politique 1 Le Comité qui
signe cet appel, appuyé d'une pétition po-
pulaire, est domicilié rue des Martyrs. Je
crois bien qu'il n'y a qu'un seul martyr en
cette affaire, le bon sens.
REGRETS
Nous apprenons le décès, à l'âge de qua-
tre-vingts ans, de M.Emile Dufour, ancien
maire de Champigny-sur-Marne. C'était
un artiste distingué, un excellent républi-
cain et un très brave homme. Ancien vio-
loncelle de l'Opéra, il était professeur à
l'Institution nationale des Jeunes Aveu-
gles. Il nous souvient qu'il y a quelques
années, à l'occasion de ses noces d'or, qu'il
célébra civilement, il eut la délicate pensée
d'inviter tous les indigents de sa commune
au banquet donné à cette occasion. Cela fit
faire la grimace à quelques pharisiens,
mais toucha profondément tous les répu-
blicains sincères de Champigny.
Nous adressons à Mme veuve Dufour
l'hommage de notre bien douloureuse con-
doléance.
TRIBULATIONS D'UNE PRINCESSE
La princesse Alexandra d'Ysenbourg-
Dudinger, qui a été récemment emprison-
née à Arbon, canton de Thurgovie, puis
mise en liberté grâce à l'intervention de
ses parents et amis, vient de disparaître,
et il a été jusqu'ici impossible de retrouver
sa trace.
La princesse, écrit-on au Daily Mail,
avait la manie d'acheter de vieux châteaux
et de les meubler luxueusement à crédit.
Elle avait fait plusieurs acquisitions de ce
genre dans le canton de Thurgovie, quand
la police est intervenue.
LE CONGRÉS DE LA LAITERIE
C'est la semaine agricole.
Hier, mardi, le premier congrès national
de l'Industrie laitière, présidé par M. Vi-
ger, sénateur, ancien ministre, a clôturé
ses travaux à la salle de la Société de Géo-
graphie. D'intéressants rapports ont été
faits par MM. Dechambre et Henri Rémy
sur la production du lait et sur l'entretien
des vaches ; par M. Dornic, sur la fabrica-
tion et la conservation des beurres; par
M. Paul Guérault, ancien élève de l'Ecole
polytechnique, directeur de la fromagerie
de Fère-Champenoise, sur la pasteurisa-
tion; par MM. Mazé et Kayser sur les sous-
produits du lait. La production et le com-
merce des œufs ont été aussi l'objet d'études
approfondies. -
Le Congrès a condamné l'importation
de jaunes d'œufs liquides additionnés et
appliqués en fraude à la consommation,
d'où de nombreux accidents. Enfin, Mme
Borela parlé avec compétence de l'éduca-
tion agricole de la femme et a esquissé le
plan d'organisation d'un Institut rural
féminin. Des vœux conformes ont été
adoptés. Le Congrès, en terminant, a af-
firmé la nécessité de réformer matériel
et la tarif des compagnies de chemins de
fer.
Le Passant.
Il. 1.
LE MINISTÈRE CONSTITUE
LE CABINET SARRIEN
Dans une dernière conférence qui a eu lieu
hier après-midi au domicile de M. Sarrien, et
qui s'est prolongée de 3 h. 112 à 6 heures, l'ac-
cord s'est définitivement établi sur tous les
points du programme ministériel. et le cabi-
net a été constitué de la façon suivante :
Présidence du conseil et justice, M. Sar-
rien :
Affaires étrangères, M. Léon Bourgeois ;
Intérieur, M. Clemenceau ;
Finances, M. Poincaré ;
Instruction publique et cultes, M. Aristide
Briand;
Guerre, M. Etienne; -
Marine, M. Thomson;
Colonies, M. Leygues ;
Travaux publics, postes et télégraphes, M.
Louis Barthou ;
Commerce, travail et - industrie, M. Dou-
mergue;
Agriculture, M. Ruau ;
Sous-secrétaire d'Etat à l'intérieur, M. Al-
bert Sarraut;
Sous secrétaire d'Etat aux postes et télé-
graphes, M. Bérard;
Sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts, M.
Dujardin-Beaumetz.
M. Sarrien s'est rendu à 6 b. 112 à l'Elysée
pour faire signer au Président de la Répu-
blique les décrets portant constitution du ca-
binet. Ces décrets paraîtront ce matin au
Journal officiel.
Les ministres tiendront ce matin à 9 heures
au ministère de la marina leur premier con-
seil de cabinet, et arrêteront les termes de la
déclaration qui sera lue l'après-midi aux
Chambres.
Al issue de ce conseil, ils se rendront à
l'Elysée, où ils seront présentés par M. Sar-
rien au chef de l'Etat.
Si, après la lecture de la déclaration mi-
nistérielle, une demande d'interpellation sur
la politique générale est déposée, le gouver-
nement en acceptera la discussion immé-
diate.
En résumé, le ministère est définitivement
constitué sur les bases déjà connues.
Le ministère du commerce prend le titre de
ministère du commerce, du travail et de l'in-
dustrie. Les postes sont rattachées au minis-
tère des travaux publics. Un sous-secrétariat
est créé à l'intérieur.
Place Beauveau
M. Clemenceau s'est rendu à sept heures au
ministère de l'intérieur, où il a eu avec M.
Dubief une entrevue des plus cordiales.
Il prendra ce matin la direction des services
du ministère.
Le décret
Le Président de la République a signé les
décrets portant constitution du nouveau cabi-
net. Ces décrets paraîtront demain au Journal
Officiel.
UN BÉBÉ DE 46 ANS
IDe notre correspondant particulieri
Londres, 13 mars.
Dans la Maison de Travail de Westburg est
mort hier un bébé qui avait atteint l'âge de
46 ans. Cet étrange pensionnaire avait été
reçu dans l'établissement à l'àgo de dcuze
mois. Depuis, son développement est , complè-
tement arrêté au point de vue physique aussi
bien qu'au point de vue intellectuel. Pendant
45 ans, l'individu est resté à l'état de bébé.
On l'a habillé en petit enfant. Il ne savait
pas manger seul et sans l'aide d'une nourrice
et n'a jamais appris à Darler ni à maroher.
LETTRE DU CHER
Pour Henry Maret. — Aux républi-
cains Sancerrois
Henrichemont, 12 mars 1905.
Un tiens vaut ce dit-on mieux que deux tu l'auras.
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
Vous avez un bon député, le citoyen Henry
Maret, vous le connaissez tous.
Il vous a rendu bien des services. Il a en
tous temps, dans les moments difficiles,tenu
haut et ferme le drapeau de la République. Il
a combattu vaillamment la réaction.
Il vous a donné toutes les preuves de sas
opinions franchement, foncièrement républi-
caines.
Maret est une personnalité, un homme
qui jouit de l'estime générale. Et c'est cet
homme-là que vous regarderez de travers
parce que d'autres vous diront qu'il a manqué
à ses devoirs, à son programme, que ses votes
sont mauvais, qu'il veut perdre la Républi-
que, autant de bourdes qu'ils voudraient vous
faire avaler.
Vous n'êtes pas, je pense, assez naïfs pour
vous laisser duper par des promesses men-
songères, par le miroitement d'engagements
impossibles à tenir.
Vous acquiesserez du bonnet aux belles réu-
nions des contradicteurs, mais vous n'en con-
serverez pas moins toute votre sympathie
pour celui qui vous représente si dignement,
depuis si longtemps.
Pour arriver aujourd'hui au pouvoir, à cette
fameuse assielto au beurre, il faut être co-t
médien, faire des tours de force, épater le
public, se moquer adroitement des électeurs,
les convaincre en bon prestidigitateur que
deux et deux ne font plus quatre, qu'il est
temps que ce soit le nombre cinq qui en soi
le total.
Autant de balivernes, dont vous jugerez,
facilement les effets. Républicains mes amis :
Restez calmes en face des promesses, des
belles paroles de nos adversaires ; ne vous
emballez pas ; songez bien que les extrêmes
sont mauvais, qu'il faut se rallier au gros de
l'armée républicaine pour faire de la bonne
besogne, pour ne pas envoyer siéger au Pa-
lais-Bourbon des gens qui ne professent point
vos idées ni voa sentiments et qui ne sont
animés que du désir d'arriver à manger le
lard par tous les moyens.
Hier dimanche,- j'ai vivement regretté mon
absence à la réunion politique de Vinon où
mon fils m'a remplacé auprès de nos sympa-
thiques représentants Pauliat et Maret.
Il a pu constater que le courant était tout
en faveur do notre député actuel, M. Hen-
ry Maret, qui, à cette occasion a fait com-
prendre aux nombreux républicains présenta,
que l'essence même de la République était la
liberté; il-a, avee toute la largesse des idées
libérales qui le caractériie.eroavé que les votes
qu'on lui reproche comme hostiles à la démo-
cratie sont au contraire en sa faveur.
Les nombreux orateurs n'ont pu que le
louer de sa franchise et de son indépftndance
et du désir constant de faire aimer la Répu-
blique à laquelle il a consacré toute sa vie.
Vive la République démocratique et so-
ciale 1
FOUCHER COUSIN,
Conseiller général du Cher.
SOUSCRIPTION
ouverte par la Presse Parisienne en
faveur des familles des victimes
de la catastrophe de Courrières.
Première liste
Syndicat de la Presse Parisienne..fr. 5.000
MM. de Rothschild frères. 100.000
Banque de France. 50.000
Crédit Lyonnais. 25.000
Banque de Paris et des Pays-Bas. 20.000
M. Gouin, président du Conseil d'ad-
ministration. 2.000
M. Ba m berger, administrateur 2.000
M. Nœtzlin, administrateur. 1.500
M. Thors, directeur général 1.000
Chambre syndicale des Agents de
change. 20.000
Société Générale. 10.000
Crédit Foncier de France. 10.000
Comptoir national d'Escompte. 10.000
CréJit Industriel et Commercial. 6.000
M. Hugo Finaly. 5.000
Caisse des Victimes du devoir,. 5.000
Souscriptions reçues par le Figaro9.331
Souscriptions reçues par le Gaulois. 3.010
Total. 284.841
Nous avons reçu pour les familles des mi-
neurs de Courrières : Les ouvriers et employés
de la maison Jules Grouvelle, H. Arquem-
bourg et Cie, 58, rue des Plantes, Paris. 1"
versement, fr. 70 que nous versons au Crédit
Lyonnais.
La gendarmerie mobile
Notre excellent collaborateur Hugues Des-
Irem nous a chipé le sujet d'un article. Nos
lecteurs ne s'en plaindront pas et nous, nous
serons quitte pour reprendre l'air sur une
autre antienne.
Nous voulons revenir, en effet, sur la gen-
darmerie mobile dont la création s'impose
absolument.
Depuis les premières grèves de Monceau et
l'exécution des décrets de Jules Ferry, nous
n'avons cessé de réclamer la reconstitution
d'un corps de gendarmerie mobile.
Nous avons toujours considéré comme un
véritable danger l'immixtion de l'armée dans
la répression des troubles intérieurs.
Cette ingérence des forces destinées à la
défense nationale dans nos mêlées politiques
ou sociales est très préjudiciable à la disci-
pline et à l'unité morale de l'armée. Elle pro-
voque ces défaillances, ces flottements et ces
excès de zèle qu'on est malheureusement
obligé de constater ou de réprimer à chaque
intervention de la troupe dans les grèves ou
dans les manifestations politiques.
La situation est bien plus délicate aujour-
d'hui qu'à l'époque où nous réclamions déjà
la création d'une gendarmerie mobile.
L'application du recrutement régional peut
mettremaintenant en présence, dans des camps
opposés, des frères ou des parents.Des soldats
peuvent être appelés à tirer ou à arrêter des
frères grévistes ou des pères manifestants.
D'autre part, la très délicate question reli-
gieuse peut mettre aux prises des hommes de
la même croyance et placer ainsi dans l'alter-
native la plus douloureuse les soldats les plus
disciplinés.
Avec le recrutement régional, la répression
des troubles intérieurs devient très difficile
pour l'armée qui peut se trouver appelée à
sévir contre les concitoyens connus de tous.
On n'a pas assez envisagé la considération
que nous soulevons et qui domine toutes les
autres. Elle est tellement importante qu'elle
suffit, à elle seule, pour justiUer la reconsti-
tution immédiate de la gendarmerie mobile.
Quant à la crainte éprouvée par notre con-
frère Destrem, au sujet des tendances du corps
de la gendarmerie mobile, nous la croyons
mal fondée. La gendarmerie mobile ne sera
jamais un corps de prétoriens à la merci d'un
aventurier, ou à la disposition d'un faiseur
delnron uacia mien tas.
Elle n'en aurait d'ailleurs pas le pouvoir,
car, dans notre pensée, la gendarmerie mo-
bile ne constituerait pas un corps compact
groupé dans une seule garuison ; mais elle se-
rait répartie dans toute la France, suivant
l'importance industrielle des régions.
On créerait un, deux ou trois bataillons à
Paris, à Lille, à Reims, à Nancy, à Dijon, à
Lyon, à Saint-Etienne, à Marseille, à Tou-
louse, à Bordeaux, à Nantes et à Brest.
En cas de troubles, un bataillon rejoindrait
l'autre suivant les besoins du service.
On aurait soin, en outre, pour éviter les
inconvénients d'un long séjour dans une même
garnison, de faire permuter tous les ans les
bataillons afin que les gendarmes mobiles
aient le moins de contact possible avec les
habitants.
Il serait stipulé, d'autre part, qu'aucun gen-
darme ne pourrait être originaire de la région
dans laquelle stationne son bataillon.
Enfin, ce ne sont pas 2.000, mais bien 5.000
gendarmes mobiles qu'il convient de créer.
2.000 gendarmes sont insuffisants pour faire
face à tous les besoins et pour soustraire dé-
finitivement l'armée à une besogne qui ne
s'accomplit qu'au détriment de notre puis-
sance offensive et défensive.
JEAN CLERVAL,
LES COULHJIES CHAMBRES
Marine marchande
La commission sénatoriale relative à la ma-
rine marchande a composé son bureau de la
manière suivante:
Président, M. Pey tral ; vice-président, M.
Waddington, secrétaires, MM. Cabart-Danne-
ville et Reymond.
Gauche radicale-socialiste
Le groupe do la gauche radicale-socialiste
du Sénat s'est réuni hie soir, sous la prési-
dence do M. Goirand.
Il a été donné connaissance d'une démarche
faite par M. Dolpech en vue d'obtenir la mise
à l'ordre du jour delà loi sur l'extension des
prud'hommes aux employés.
Après examen de-ta situation parlementaire,
le groupe a décidé de se réunir & nouveau
après la lecture de la déclaration ministé-
rielle,. ': ,:. -"
CHRONIQUE
Les Cantines scolaires
S'il est un livre qui paraît bien à son
heure, c'est le remarquable ouvrage que
M. Pascal Ceccaldi, ancien sous-préfet à
Vervins, avocat à la Cour d'appel de Paris,
directeur du Démocrate Vervinois, publie
aujourd'hui sur la création et le dévelop-
pement des cantines scolaires (1).
Le Rappel nous a appris l'agitation qui
règne en ce moment dans le personnel du
corps enseignant de Paris, non point, à
proprement parler, au sujet des cantines
scolaires, mais plutôt au sujet des exi-
gences qu'émettent certains administra-
teurs des Caisses des Ecoles.
Au fond, le conflit peut, je crois, se ré-
sumer ainsi : « Nous ne demandons pas
mieux, disent les instituteurs, que de
nous dévouer et de nous surmener; mais
nous entendons que notre dévouement
désintéressé reste volontaire et qu'on ne
nous l'impose pas, qu'on ne nous en fasse
pas une obligation administrative et régle-
mentaire. »
Les instituteurs de Paris trouveront dans
le livre de M. P. Ceccaldi, qu'ouvre une
délicieuse préface de Henry Maret, une
formidable réserve d'orguments, de faits
et de documents à l'appui de leur thèse et
de leurs protestations.
Ils pourront y lire des pages comme
celle ci :
Nos maîtres piimaires doivent six heures.
Un point, c'est tout. Libre à ceux qui ont be-
soin de leurs services de leur offrir de donner
contre rémunération ou par pure gracieuseté
quelques minutes de leur liberté aux enfants
qu'ils instruisent. Mais aller au delà, c'est
illégal, et ils peuvent refuser.
C'est ainsi, dans cette largeur d'idées et de
vues, que nous avons vidé un conflit do cette
sorte dans une des communes de notre arron-
diss ment. Et nous pensons que nous n'avons
pas violé la loi ; au contraire. L'abus a tou-
jours un lendemain fâcheux. Evitons qu'il
s'en produise. Nous avons dit, nous, à nos
instituteurs, voulez-vous surveiller nos canti-
nes ? Voulez-vous en exercer la gérance ? Et
ils nous ont répondu : « Oui, si on ne nous
l'imposo pas I » Nous avons approuvé leur
réponse, et ils ont satisfait à notre demande.
Que peut-il y avoir de mieux ? Sans doute
nous aurions pu, au nom de l'autorité qui ré-
prime, bâillonner les récalcitrants. Ah! qu'on
nous croie, cela n'aurait servi à rien.
Jamais la guillotine n'a moralisé les masses,
jamais la crainte du gendarme n'a amendé
personne. L'idée républicaine implique une
certaine largeur; n'essayons pas de la com-
primer, sinon elle cessera d'être républicaine.
Et l'instituteur aura le droit de nous dire:
« Si la loi n'est la loi que lorsqu'elle profite
« au pouvoir, il est inutile de servir la Répu-
« blique, tout autre gouvernement peut indif-
« féremment présider aux destinées de notre
« pays. »
Dans notre capitale, les cantines ne fonc-
tionnent pas comme dans les autres commu-
nes de France. Elles sont bien aménagéas pour
la réception des enfants, mais constituent une
charge trop lourde pour les instituteurs. Ceux-
ci demandent à bon droit qu'on allège leur
souffrance. Chaque jour, ils se plaignent dans
leurs réunions amicales qu'on les surcharge
de bosogne. Ce n'est donc pas le moment
qu'on devrait choisir pour augmenter leurs
heures de travail. D'autant qu'un peu do li-
berté leur est nécessaire, après six longues
heures de classe, pour chercher hors des for-
tifications cet air pur que nous n'avons ni
peine ni plaisir à respirer continuellement et
à pleins poumons dans les campagnes.
Si l'on voulait être juste, il faudrait ici ou-
vrir une grande parenthèse et traiter la ques-
(1) Une Campagne sur les cantines scolaires,
par Pascal Ceccaldi, à la Bibliothèque d'Educa-
tion, 15, rue de Cluny, à Paris. — Prix : 4 fr.
tion des heures supplémentairel qu'on impoes
aux instituteurs pour la surveillance det
cantines. Car à Paris on ne demande Pal.
comme chez nous. aux instituteurs de con-
sentir à surveiller, avec ou sans rémunéra-
tion, leur cantine. Les administrateurs com-'
mandent, en effet, et les autres ont l'obliga-
tion d'obéir ! on se croirait à la caserne. Il
ne manque plus qu'un code militaire pour
régenter les instituteurs et ce sera parfait. Si
on y tient qu'on lo fasse voter, mais jus-
qu'alors qu'on se taise. Car en vertu de quoi
texte peut-on empiéter sur la liberté de l'ins-
tituteur? Au nom de quelle loi, de quel dé-
cret veut-on augmentor la durée de leur
classe? Nous entendons bien 1 c'est au nom
d'un article quelconque, d'un règlement plus
quelconque encore, qu'on ordonne et qu'on;
frappe. Et l'instituteur courbe le dos. Soit !
on est obéi, mais cette servitude est illi-'
cite.
On peut ne pas partager toutes les idées
de M. P. Ceccaldi, mais on ne saurait lui
dénier une franchise et une sincérité abso-
lues. Il ose exprimer sa pensée tout en-,
tière, sans autre souci que celui de recher-
cher la vérité. A notre époque, c'est mon-
trer un réel courage.
Cette franchise, parfois rude, cette sin-
cérité, toujours complète et charmeuse, on
les retrouve à chaque page, à chaque ligne
de son volume. Incapable de déguiser, il
démasque le mal où il le découvre, il pro-
clame le bien où il le rencontre. i
Il n'est pas de ceux qui cachent le péril ;
il est de ceux qui l'affrontent et le sur-
montent. Il ne craint pas d'écrire que l'o-i
bligation scolaire est devenue un mythe,
les mesures coercitives étant iliusoires et
inapplicables ; que la fréquentation sco-
laire baisse chaque jour davantage ; que
le nombre des illettrés croît dans des pro-
portions inquiétantes ; mais il indique im-
médiatement le remède : « attirer à l'école
le plus grand nombre d'enfants qui tri-
mardent sur les grandes routes, protéger
tous les petits êtres comme de simples pro-
duits manufacturés ».
Pour cela, il faut les nourrir ; pour
cela, il faut multiplier les cantines sco-
laires.
Que de difficultés ! Que d'obstacles ! M.
P. Ceccaldi les énumère tous : il se garde-
rait d'en omettre un seul, car il nous en-
seigne en même temps le moyen de les
surmonter.
Il m'est impossible, et je le regrette vi-
vement, de résumer en un assez court ar-
ticle les développements de cette géné-
reuse étude sur les cantines scolaires, sur
leur utilité, sur leurs avantages, sur leur
organisation et leur fonctionnement à
Paris, en province et à l'étranger. On di-:
rait une revue saisissante de faits tristes
ou comiques, stupides ou pleins d'esprit,
douloureux ou réconfortants.
Mais, après avoir lu cette étude, comme
on comprendra mieux l'axiome, atroce
dans sa brièveté et sa sécheresse, formulé
par le célèbre criminaliste italien Ferrari :
« C'est le manque d'aliments, qu'il se pro-
duise dans la jeunesse ou l'âge mûr, qui a
toujours créé des délinquants. »
G. de Vorney.
Au moment où je termine cet article me
parvient une navrante nouvelle : notre
ami et ancien collaborateur A. Callet, chef
de bureau à la mairie du 4e arrondisse-
ment, secrétaire général et fondateur delà
« Cité », vient de perdre son fils unique à
Verrière le-Grand (Ain). Ces jours-ci, notre
ami avait été repris d'espoir. Son amour,
lui semblait-il, allait être plus fort que la
maladie, que la mort. Hélas ! il n'en a rien
été.
Toute la rédaction du Rappel, dans la-
quelle Callet ne compte que des amis, lui
adresse l'expression attristée de toutes ses
sympathies et s'associe au deuil cruel qui
le frappe.
LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES
LES OBSÈQUES DES VICTIMES
Journée funèbre. — Autour des fosses. — Les sauveteurs de
Westphalie. — Héroïques dévouements. — Douleur poi-
gnante. — Scènes tragiques. — Solidarité française.
- Sympathies mondiales. — Funérailles impo-
santes. — Discours émus. — Les souscrip-
tions et les condoléances.
Depuis quatre jours que s'est déroulé
l'effroyable clrama de Courrières, les nou-
velles n'ont pas cessé d'affluer de Lens,
terribles, sinistres. De nouveaux malheurs
sont à enregistrer: la catastrophe est encore
plus affreuse qu'on n'avait prévu tout
d'abord.
La lueur d'espoir, cette lumière dans les
ténèbres, qu'on avait eue un instant,a dis-
paru. Lundi, la compagnie avouait 1.060
disparus — morts par conséquent. Hier ce
chiffre a été modifié et on reconnaissait
1.213 victimes. Il ne faut considérer encore
ce chiffre que comme un minimum.
Aujourd'hui, demain, ce total atteindra
sans doute, dépassera peut-être 1.400.
Il faut louer comme elle le mérite l'héroï-
que attitude des sauveteurs de Westphalie
dont on lira plus loin les exploits admi-
rables.
Hier, ont eu lieu les funérailles, funé-
railles nationales, des victimes. Elles ont
été imposantes et ont montré qu'en dépit
des divisions passagères de la politique,
tous les citoyens français étaient frères et
solidaires devant le malheur. C'est aussi la
conclusion qui se dégage des sympathies
unanimes recueillies et de l'admirable mou-
vement de charité constaté.
Puissent ces sympathies, puisse cette
solidarité ne jamais se démentir et souhai-
tons de toutes nos forces qu'il ne soit pas
nécessaire à l'avenir d'une grande catas-
trophe pour les faire naître spontané-
ment!
-
LES RECHERCHES
DANS LES FOSSES
Les sauveteurs de Westphalie
Lenst, 13 mars, 11 h. 45.
Une violente tempête de neige s'est abattue
cette nuit sur la région, et ce matin le sa
était couvert d'une couche de neige de plus
de 20 centimètres. La neige continue à tomber
avec violence.
On a travaillé jusqu'à quatre heures et de-
mie du matin à la fosse n° 2 de Billy-Mon-
tigny où, grâce au concours apporté par les
sauveteurs de Westphalie, on a pu retirer 26
cadavres.
Le public qui stationnait aux abords du
carreau a été admis à les voir et 19 ont été
reconnus, placés dans des cercueils et trans-
portés dans les familles. Les sept cadavres
non encore reconnus ont été transportés à
Méricourt-Corons pour être joints à ceux des
autres fosses qui n'ont pas été identifiés.
Les sauveteurs allemands de Guelsenkir-
chen (Westphalie) ont pour mission unique
de combattre les incendies de mines fréquents
dans leurs centres houillers. Ils sont munis
d'appareils spéciaux et de casques respiratoi-
res qui leur permettent de rester environ deux
heures dans les milieux les plus dangereux et
les plus irrespirables. Hier soir, à six heures,
ils sont descendus dans la fosse n* 2, à Billy-
Montigny, avec les ingénieurs français Weiss,
Petitjean et Léon, sous la direction de leur in-
génieur, M. Hugo Koch.
Une heure après environ, un des ingénieurs
français remontait effaré et donnait l'ordre
bref de faire évacuer rapidement le hall où se
trouvaient différentes personnes, ordre qui
était aussitôt exécuté.
Lesingénieurs des mines de Courrières ne
sont plus chargés de prendre les mesures né-
cessaires pour protéger la mine et retirer de;
nouveaux cadavres, si c'est possible. C'est une:
commission composée de M. Delalond. inspec- j
teur général des mines; Léon, ingénieur en;
chef du Pas-de-Calais; Weiss et Cuvalett
ingénieurs à Paris; Leprince, Ringuetct H8ur
teaux, ingénieurs à Arras ; Dindire père?
ingénieur principal à Lens ; Morin, in- -
génieur en chef des mines de Liévin ; Domai-
son, ingénieur divisionnaire des mines da
Courrières, et Potitjean, ingénieur principal.1
Cette commission est entrée Immédiatomoitf
::i {:"r: >7, ---
t , 2 -
-■ JPWïH tB TSARS tO {);:¡., îftiiitaâft
fKCATEUtî: AUGUSTE V ACOUERIE
ABONNEMENTS
h Mi! Ml Mb SfxaiU Cl M
fcaris 2fr. 5 fr. 9fr. 18 fr;
Départements.. 2 — 6 - ti - 20 -
tJnion Postale. 3 — 9 — 48 32-
DIRECTEUR POLITIQUE : CHARLES BOT"*
ANNONCES : *
MM. CH. LAGRANGE, CERI» A Cf.
f, Place de la Bourse, 6
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Secrétaire Général : A.-F. CECCALDI
JtÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TÉLÉPHONÉ 108.88
Adresser les communications au Rédacteur - Chel
Rédacteur en Chef : SIENHY MARET -
ADMINISTRATION : 14, RU. DU MAIL. - TÉLÉPHONE fi08.8t
il Adresser lettres et mandats à f Administrateur
On nous demande en ce moment de nom-
breux changements d'adresses. Nous rappe-
lons à nos abonnis qu'ils doivent joindre
0 fr. 60 à leur demande pour l'impression
de nouvelles bandes.
■Illllll II'I mil III II llllllh I I II» 11 I II il ug m.1 nuu LM»*. m - mjm m HFfflgfni
La nlaratin
La Déclaration
Cependant, un monsieur monta à
la tribune et lut le papier suivant :
« Messieurs,
« Le cabinet qui se présente devant
vous est le plus homogène qui ait ja-
mais existé. Il est né d'une pensée
commune à tous ses membres, celle
de se dévouer au salut de la Républi-
que, autrement dit d'être ministres.
« C'est sur l'autel de la Patrie que
nous avons tous sacrifié les opinions
qui nous avaient divisés jusqu'ici.
Toutes ces opinions se sont fondues en
une seule, pareille à la flamme unique
qui, dans une chetninée, sort de com-
bustibles divers. Tons les portefeuilles
ont la même couleur, et c'est là le
point important.
« Ne vous étonnez dons pas si voyez
parmi nous des hommes qui, hier en-
core, se combattaient avec la plus vive
animosité. Nous ne sommes pas d'ail-
leurs le premier cabinet de ce genre,
et c'est un vieil usage parlementaire
que celui qui consiste à céder son opi-
nion lorsqu'on peut la placer avanta-
geusement. Esaü céda bien son droit
d'aînesse pour un plat de lentilles ; et
l'olla podrida, que nous vous offrons,
a certainement plus de saveur que les
lentilles de la Palestine.
« C'est un excellent plat que l'olla
podrida" je ne sais pas si vous en avez
mangé. On y trouve de tout, ce qui
fait que chacun se sert selon son
goût. Nous avons la bonne fortune de
vous offrir ce qu'il y a de mieux dans
tous les genres. Le magasin est supé-
rieurement assorti. Il y en a pour tout
le monde.
« Aimez-vous les radicaux? En
voici, et du meilleur teint. Ils ne blan-
chissent qu'en vieillissant. Préférez-
vous les modérés ? Tournez - vous.
Toutes ces dames sont au salon. Nous
avons également un comptoir de ca-
méléons très bien fourni. Vous aurez
beau les regarder, vous ne connaîtrez
jamais leur couleur ; ils les ont toutes.
Entrez, messieurs, faites-vous servir.
Nous avons jusqu'à un socialiste, et
un dissident et demi. C'est tout ce que
nous avons pu nous procurer pour le
moment.
« Maintenant vous êtes peut-être
désireux de savoir ce que nous allons
faire. De grandes choses évidemment.
Nous allons continuer les inventaires,
à moins que nous les cessions; si
nous les continuons, ce sera avec la
dernière énergie à moins que ce ne soit
avec la de aceur la plus évangélique.
« En fait de concessions récipro-
ques, nous avons obtenu que ceux
d'entre nous qui approuvent les syn-
dicats de fonctionnaires cessent de les
approuver, et comme compensation,
ceux qui ne les approuvaient point
les approuveront. De cette façon les
choses resteront en l'état et tout le
monde sera content.
« Nous nous occuperons activement
de la réorganisation de la marine et de
l'armée tout en veillant à ne point mé-
contenter ceux qui ont pris l'habitu-
de de les désorganiser. La Patrie nous
sera sacrée ; et nous la vénérerons tel-
lement, que nous nous garderons d'en
parler.
« Quant aux affaires extérieures,
vous pouvez vous tranquilliser. La
paix sera maintenue à tout prix. On
nous prendra bien tout ce qu'on vou-
dra, on ne réussira jamais à nous faire
mettre en colère.
« Notre tâche capitale sera de pré-
Darer de bonnes élections. Et nous es-
pérons bien, grâce à nos efforts, que
la Chambre qui succédera à celle-ci ne
lui cédera en rien, ni en capacité, ni
en grandeur de vues. Il pouvait vous
paraître difficile de trouver une as-
semblée plus déséquilibrée et plus
incapable de se diriger; nous vain-
crons cette difficulté, et le scrutin
d'arrondissement, bien secoué, nous
donnera de tels résultats, qu'ils sur-
prendront ceux-là même qui pen-
saient avoir atteint le tuf de la ba-
dauderie humaine.
- (i C'est pourquoi nous sommes cer-
tains que vous nous donnerez votre
confiance. »
v: Comme il y a des grincheux par-
tout, : j'ai entendu, dans la salle des
Pas-Perdus, quelqu'un qui disait :
« Il est vraiment malheureux qu'on
se soit obstiné à vouloir former un
ministère. Depuis qu'il n'y en avait
plus, nous étions si tranquilles TV
HENRY MARET.
LES ON-DIT
CONTRE LE GRISOU
On a certainement lu avec
intérêt, dans notre numéro
d'hier, la communication que
nous a faite un jeune et savant
ingénieur sur les procédés qui
pourraient être employés dans
les mines pour assurer le sauvetage des
ouvriers surpris par un coup de grisou,
par l'asphyxie et par l'incendie.
La grande difficulté réside dans le temps
qu'il faut pour remonter par les bennes
des milliers de travailleurs.
Notre correspondant recommande la
création, sur divers points des galeries, de
sortes de chambres de sûreté où les mi-
neurs se réfugieraient en attendant les se-
cours. Il y aurait dans ces chambres des
boîtes de pharmacie, des obus d'oxygène,
des aliments de conserve, tout ce qu'il faut
pour attendre,dans un confortable relatif,
l'heure où les puits seraient déblayés, où les
galeries, aérées, seraient rendues à la cir-
culation. Il serait même possible — ne
croyez pas à une lugubre plaisanterie —
d'installer le téléphone dans ces chambres
de manière à entretenir avec la surface des
communications constantes.
Pourquoi ne pas réaliser ces améliora-
tions ? Oui, pourquoi > Eh ! il y a la ques-
tion d'argent qui a bien son importance, et
qu'aucun industriel ne peut traiter légère-
ment sous peine de la ruine.
Maintenant, dans une catastrophe pa-
reille à celle de Courrières, où les puits
flambent pendant des journées et des jour-
nées, est-il certain que les chambres de
sûreté suffiraient à sauver les victimes en-
tassées dans les mines ?
Le problème est un de ceux que la
Science aura le plus de peine à résoudre
d'une façon définitive. Pourtant, je crois
que le fléau sera maîtrisé. Le génie hu-
main ne restera pas sur la sanglante dé-
route qu'il vient de subir.
PATRIOTES INTERNATIONALISTES
Les murs de Paris sont couverts, depuis
hier, d'une petite affiche qui est le mani-
feste de l'Union des Patriotes internationa-
listes. Au nom d'Auguste Comte, qui n'en
peut mais, ce singulier document affirme
que les diplomates d'Algésiras doivent
s'inspirer de deux principes : la neutralisa-
tion définitive du Maroc sous le protectorat
mondial et la création d'une marine inter-
nationale (sic). Une marine internationale,
voilà une solution à laquelle notre ami
Charles Bos, le rapporteur du budget de la
rue Royale, n'a pas songé ! Il paraît, ce-
pendant, qu'Auguste Comte y songeait,
lui, il y a un demi siècle.
Entre nous, je méfie de ces évocations
d'illustres autorités : si Gambetta vivait,
il penserait ceci et cela ; si Comte était à
Algésiras" il proposerait ceci et cela. C'est
du spiritisme politique 1 Le Comité qui
signe cet appel, appuyé d'une pétition po-
pulaire, est domicilié rue des Martyrs. Je
crois bien qu'il n'y a qu'un seul martyr en
cette affaire, le bon sens.
REGRETS
Nous apprenons le décès, à l'âge de qua-
tre-vingts ans, de M.Emile Dufour, ancien
maire de Champigny-sur-Marne. C'était
un artiste distingué, un excellent républi-
cain et un très brave homme. Ancien vio-
loncelle de l'Opéra, il était professeur à
l'Institution nationale des Jeunes Aveu-
gles. Il nous souvient qu'il y a quelques
années, à l'occasion de ses noces d'or, qu'il
célébra civilement, il eut la délicate pensée
d'inviter tous les indigents de sa commune
au banquet donné à cette occasion. Cela fit
faire la grimace à quelques pharisiens,
mais toucha profondément tous les répu-
blicains sincères de Champigny.
Nous adressons à Mme veuve Dufour
l'hommage de notre bien douloureuse con-
doléance.
TRIBULATIONS D'UNE PRINCESSE
La princesse Alexandra d'Ysenbourg-
Dudinger, qui a été récemment emprison-
née à Arbon, canton de Thurgovie, puis
mise en liberté grâce à l'intervention de
ses parents et amis, vient de disparaître,
et il a été jusqu'ici impossible de retrouver
sa trace.
La princesse, écrit-on au Daily Mail,
avait la manie d'acheter de vieux châteaux
et de les meubler luxueusement à crédit.
Elle avait fait plusieurs acquisitions de ce
genre dans le canton de Thurgovie, quand
la police est intervenue.
LE CONGRÉS DE LA LAITERIE
C'est la semaine agricole.
Hier, mardi, le premier congrès national
de l'Industrie laitière, présidé par M. Vi-
ger, sénateur, ancien ministre, a clôturé
ses travaux à la salle de la Société de Géo-
graphie. D'intéressants rapports ont été
faits par MM. Dechambre et Henri Rémy
sur la production du lait et sur l'entretien
des vaches ; par M. Dornic, sur la fabrica-
tion et la conservation des beurres; par
M. Paul Guérault, ancien élève de l'Ecole
polytechnique, directeur de la fromagerie
de Fère-Champenoise, sur la pasteurisa-
tion; par MM. Mazé et Kayser sur les sous-
produits du lait. La production et le com-
merce des œufs ont été aussi l'objet d'études
approfondies. -
Le Congrès a condamné l'importation
de jaunes d'œufs liquides additionnés et
appliqués en fraude à la consommation,
d'où de nombreux accidents. Enfin, Mme
Borela parlé avec compétence de l'éduca-
tion agricole de la femme et a esquissé le
plan d'organisation d'un Institut rural
féminin. Des vœux conformes ont été
adoptés. Le Congrès, en terminant, a af-
firmé la nécessité de réformer matériel
et la tarif des compagnies de chemins de
fer.
Le Passant.
Il. 1.
LE MINISTÈRE CONSTITUE
LE CABINET SARRIEN
Dans une dernière conférence qui a eu lieu
hier après-midi au domicile de M. Sarrien, et
qui s'est prolongée de 3 h. 112 à 6 heures, l'ac-
cord s'est définitivement établi sur tous les
points du programme ministériel. et le cabi-
net a été constitué de la façon suivante :
Présidence du conseil et justice, M. Sar-
rien :
Affaires étrangères, M. Léon Bourgeois ;
Intérieur, M. Clemenceau ;
Finances, M. Poincaré ;
Instruction publique et cultes, M. Aristide
Briand;
Guerre, M. Etienne; -
Marine, M. Thomson;
Colonies, M. Leygues ;
Travaux publics, postes et télégraphes, M.
Louis Barthou ;
Commerce, travail et - industrie, M. Dou-
mergue;
Agriculture, M. Ruau ;
Sous-secrétaire d'Etat à l'intérieur, M. Al-
bert Sarraut;
Sous secrétaire d'Etat aux postes et télé-
graphes, M. Bérard;
Sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts, M.
Dujardin-Beaumetz.
M. Sarrien s'est rendu à 6 b. 112 à l'Elysée
pour faire signer au Président de la Répu-
blique les décrets portant constitution du ca-
binet. Ces décrets paraîtront ce matin au
Journal officiel.
Les ministres tiendront ce matin à 9 heures
au ministère de la marina leur premier con-
seil de cabinet, et arrêteront les termes de la
déclaration qui sera lue l'après-midi aux
Chambres.
Al issue de ce conseil, ils se rendront à
l'Elysée, où ils seront présentés par M. Sar-
rien au chef de l'Etat.
Si, après la lecture de la déclaration mi-
nistérielle, une demande d'interpellation sur
la politique générale est déposée, le gouver-
nement en acceptera la discussion immé-
diate.
En résumé, le ministère est définitivement
constitué sur les bases déjà connues.
Le ministère du commerce prend le titre de
ministère du commerce, du travail et de l'in-
dustrie. Les postes sont rattachées au minis-
tère des travaux publics. Un sous-secrétariat
est créé à l'intérieur.
Place Beauveau
M. Clemenceau s'est rendu à sept heures au
ministère de l'intérieur, où il a eu avec M.
Dubief une entrevue des plus cordiales.
Il prendra ce matin la direction des services
du ministère.
Le décret
Le Président de la République a signé les
décrets portant constitution du nouveau cabi-
net. Ces décrets paraîtront demain au Journal
Officiel.
UN BÉBÉ DE 46 ANS
IDe notre correspondant particulieri
Londres, 13 mars.
Dans la Maison de Travail de Westburg est
mort hier un bébé qui avait atteint l'âge de
46 ans. Cet étrange pensionnaire avait été
reçu dans l'établissement à l'àgo de dcuze
mois. Depuis, son développement est , complè-
tement arrêté au point de vue physique aussi
bien qu'au point de vue intellectuel. Pendant
45 ans, l'individu est resté à l'état de bébé.
On l'a habillé en petit enfant. Il ne savait
pas manger seul et sans l'aide d'une nourrice
et n'a jamais appris à Darler ni à maroher.
LETTRE DU CHER
Pour Henry Maret. — Aux républi-
cains Sancerrois
Henrichemont, 12 mars 1905.
Un tiens vaut ce dit-on mieux que deux tu l'auras.
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
Vous avez un bon député, le citoyen Henry
Maret, vous le connaissez tous.
Il vous a rendu bien des services. Il a en
tous temps, dans les moments difficiles,tenu
haut et ferme le drapeau de la République. Il
a combattu vaillamment la réaction.
Il vous a donné toutes les preuves de sas
opinions franchement, foncièrement républi-
caines.
Maret est une personnalité, un homme
qui jouit de l'estime générale. Et c'est cet
homme-là que vous regarderez de travers
parce que d'autres vous diront qu'il a manqué
à ses devoirs, à son programme, que ses votes
sont mauvais, qu'il veut perdre la Républi-
que, autant de bourdes qu'ils voudraient vous
faire avaler.
Vous n'êtes pas, je pense, assez naïfs pour
vous laisser duper par des promesses men-
songères, par le miroitement d'engagements
impossibles à tenir.
Vous acquiesserez du bonnet aux belles réu-
nions des contradicteurs, mais vous n'en con-
serverez pas moins toute votre sympathie
pour celui qui vous représente si dignement,
depuis si longtemps.
Pour arriver aujourd'hui au pouvoir, à cette
fameuse assielto au beurre, il faut être co-t
médien, faire des tours de force, épater le
public, se moquer adroitement des électeurs,
les convaincre en bon prestidigitateur que
deux et deux ne font plus quatre, qu'il est
temps que ce soit le nombre cinq qui en soi
le total.
Autant de balivernes, dont vous jugerez,
facilement les effets. Républicains mes amis :
Restez calmes en face des promesses, des
belles paroles de nos adversaires ; ne vous
emballez pas ; songez bien que les extrêmes
sont mauvais, qu'il faut se rallier au gros de
l'armée républicaine pour faire de la bonne
besogne, pour ne pas envoyer siéger au Pa-
lais-Bourbon des gens qui ne professent point
vos idées ni voa sentiments et qui ne sont
animés que du désir d'arriver à manger le
lard par tous les moyens.
Hier dimanche,- j'ai vivement regretté mon
absence à la réunion politique de Vinon où
mon fils m'a remplacé auprès de nos sympa-
thiques représentants Pauliat et Maret.
Il a pu constater que le courant était tout
en faveur do notre député actuel, M. Hen-
ry Maret, qui, à cette occasion a fait com-
prendre aux nombreux républicains présenta,
que l'essence même de la République était la
liberté; il-a, avee toute la largesse des idées
libérales qui le caractériie.eroavé que les votes
qu'on lui reproche comme hostiles à la démo-
cratie sont au contraire en sa faveur.
Les nombreux orateurs n'ont pu que le
louer de sa franchise et de son indépftndance
et du désir constant de faire aimer la Répu-
blique à laquelle il a consacré toute sa vie.
Vive la République démocratique et so-
ciale 1
FOUCHER COUSIN,
Conseiller général du Cher.
SOUSCRIPTION
ouverte par la Presse Parisienne en
faveur des familles des victimes
de la catastrophe de Courrières.
Première liste
Syndicat de la Presse Parisienne..fr. 5.000
MM. de Rothschild frères. 100.000
Banque de France. 50.000
Crédit Lyonnais. 25.000
Banque de Paris et des Pays-Bas. 20.000
M. Gouin, président du Conseil d'ad-
ministration. 2.000
M. Ba m berger, administrateur 2.000
M. Nœtzlin, administrateur. 1.500
M. Thors, directeur général 1.000
Chambre syndicale des Agents de
change. 20.000
Société Générale. 10.000
Crédit Foncier de France. 10.000
Comptoir national d'Escompte. 10.000
CréJit Industriel et Commercial. 6.000
M. Hugo Finaly. 5.000
Caisse des Victimes du devoir,. 5.000
Souscriptions reçues par le Figaro9.331
Souscriptions reçues par le Gaulois. 3.010
Total. 284.841
Nous avons reçu pour les familles des mi-
neurs de Courrières : Les ouvriers et employés
de la maison Jules Grouvelle, H. Arquem-
bourg et Cie, 58, rue des Plantes, Paris. 1"
versement, fr. 70 que nous versons au Crédit
Lyonnais.
La gendarmerie mobile
Notre excellent collaborateur Hugues Des-
Irem nous a chipé le sujet d'un article. Nos
lecteurs ne s'en plaindront pas et nous, nous
serons quitte pour reprendre l'air sur une
autre antienne.
Nous voulons revenir, en effet, sur la gen-
darmerie mobile dont la création s'impose
absolument.
Depuis les premières grèves de Monceau et
l'exécution des décrets de Jules Ferry, nous
n'avons cessé de réclamer la reconstitution
d'un corps de gendarmerie mobile.
Nous avons toujours considéré comme un
véritable danger l'immixtion de l'armée dans
la répression des troubles intérieurs.
Cette ingérence des forces destinées à la
défense nationale dans nos mêlées politiques
ou sociales est très préjudiciable à la disci-
pline et à l'unité morale de l'armée. Elle pro-
voque ces défaillances, ces flottements et ces
excès de zèle qu'on est malheureusement
obligé de constater ou de réprimer à chaque
intervention de la troupe dans les grèves ou
dans les manifestations politiques.
La situation est bien plus délicate aujour-
d'hui qu'à l'époque où nous réclamions déjà
la création d'une gendarmerie mobile.
L'application du recrutement régional peut
mettremaintenant en présence, dans des camps
opposés, des frères ou des parents.Des soldats
peuvent être appelés à tirer ou à arrêter des
frères grévistes ou des pères manifestants.
D'autre part, la très délicate question reli-
gieuse peut mettre aux prises des hommes de
la même croyance et placer ainsi dans l'alter-
native la plus douloureuse les soldats les plus
disciplinés.
Avec le recrutement régional, la répression
des troubles intérieurs devient très difficile
pour l'armée qui peut se trouver appelée à
sévir contre les concitoyens connus de tous.
On n'a pas assez envisagé la considération
que nous soulevons et qui domine toutes les
autres. Elle est tellement importante qu'elle
suffit, à elle seule, pour justiUer la reconsti-
tution immédiate de la gendarmerie mobile.
Quant à la crainte éprouvée par notre con-
frère Destrem, au sujet des tendances du corps
de la gendarmerie mobile, nous la croyons
mal fondée. La gendarmerie mobile ne sera
jamais un corps de prétoriens à la merci d'un
aventurier, ou à la disposition d'un faiseur
delnron uacia mien tas.
Elle n'en aurait d'ailleurs pas le pouvoir,
car, dans notre pensée, la gendarmerie mo-
bile ne constituerait pas un corps compact
groupé dans une seule garuison ; mais elle se-
rait répartie dans toute la France, suivant
l'importance industrielle des régions.
On créerait un, deux ou trois bataillons à
Paris, à Lille, à Reims, à Nancy, à Dijon, à
Lyon, à Saint-Etienne, à Marseille, à Tou-
louse, à Bordeaux, à Nantes et à Brest.
En cas de troubles, un bataillon rejoindrait
l'autre suivant les besoins du service.
On aurait soin, en outre, pour éviter les
inconvénients d'un long séjour dans une même
garnison, de faire permuter tous les ans les
bataillons afin que les gendarmes mobiles
aient le moins de contact possible avec les
habitants.
Il serait stipulé, d'autre part, qu'aucun gen-
darme ne pourrait être originaire de la région
dans laquelle stationne son bataillon.
Enfin, ce ne sont pas 2.000, mais bien 5.000
gendarmes mobiles qu'il convient de créer.
2.000 gendarmes sont insuffisants pour faire
face à tous les besoins et pour soustraire dé-
finitivement l'armée à une besogne qui ne
s'accomplit qu'au détriment de notre puis-
sance offensive et défensive.
JEAN CLERVAL,
LES COULHJIES CHAMBRES
Marine marchande
La commission sénatoriale relative à la ma-
rine marchande a composé son bureau de la
manière suivante:
Président, M. Pey tral ; vice-président, M.
Waddington, secrétaires, MM. Cabart-Danne-
ville et Reymond.
Gauche radicale-socialiste
Le groupe do la gauche radicale-socialiste
du Sénat s'est réuni hie soir, sous la prési-
dence do M. Goirand.
Il a été donné connaissance d'une démarche
faite par M. Dolpech en vue d'obtenir la mise
à l'ordre du jour delà loi sur l'extension des
prud'hommes aux employés.
Après examen de-ta situation parlementaire,
le groupe a décidé de se réunir & nouveau
après la lecture de la déclaration ministé-
rielle,. ': ,:. -"
CHRONIQUE
Les Cantines scolaires
S'il est un livre qui paraît bien à son
heure, c'est le remarquable ouvrage que
M. Pascal Ceccaldi, ancien sous-préfet à
Vervins, avocat à la Cour d'appel de Paris,
directeur du Démocrate Vervinois, publie
aujourd'hui sur la création et le dévelop-
pement des cantines scolaires (1).
Le Rappel nous a appris l'agitation qui
règne en ce moment dans le personnel du
corps enseignant de Paris, non point, à
proprement parler, au sujet des cantines
scolaires, mais plutôt au sujet des exi-
gences qu'émettent certains administra-
teurs des Caisses des Ecoles.
Au fond, le conflit peut, je crois, se ré-
sumer ainsi : « Nous ne demandons pas
mieux, disent les instituteurs, que de
nous dévouer et de nous surmener; mais
nous entendons que notre dévouement
désintéressé reste volontaire et qu'on ne
nous l'impose pas, qu'on ne nous en fasse
pas une obligation administrative et régle-
mentaire. »
Les instituteurs de Paris trouveront dans
le livre de M. P. Ceccaldi, qu'ouvre une
délicieuse préface de Henry Maret, une
formidable réserve d'orguments, de faits
et de documents à l'appui de leur thèse et
de leurs protestations.
Ils pourront y lire des pages comme
celle ci :
Nos maîtres piimaires doivent six heures.
Un point, c'est tout. Libre à ceux qui ont be-
soin de leurs services de leur offrir de donner
contre rémunération ou par pure gracieuseté
quelques minutes de leur liberté aux enfants
qu'ils instruisent. Mais aller au delà, c'est
illégal, et ils peuvent refuser.
C'est ainsi, dans cette largeur d'idées et de
vues, que nous avons vidé un conflit do cette
sorte dans une des communes de notre arron-
diss ment. Et nous pensons que nous n'avons
pas violé la loi ; au contraire. L'abus a tou-
jours un lendemain fâcheux. Evitons qu'il
s'en produise. Nous avons dit, nous, à nos
instituteurs, voulez-vous surveiller nos canti-
nes ? Voulez-vous en exercer la gérance ? Et
ils nous ont répondu : « Oui, si on ne nous
l'imposo pas I » Nous avons approuvé leur
réponse, et ils ont satisfait à notre demande.
Que peut-il y avoir de mieux ? Sans doute
nous aurions pu, au nom de l'autorité qui ré-
prime, bâillonner les récalcitrants. Ah! qu'on
nous croie, cela n'aurait servi à rien.
Jamais la guillotine n'a moralisé les masses,
jamais la crainte du gendarme n'a amendé
personne. L'idée républicaine implique une
certaine largeur; n'essayons pas de la com-
primer, sinon elle cessera d'être républicaine.
Et l'instituteur aura le droit de nous dire:
« Si la loi n'est la loi que lorsqu'elle profite
« au pouvoir, il est inutile de servir la Répu-
« blique, tout autre gouvernement peut indif-
« féremment présider aux destinées de notre
« pays. »
Dans notre capitale, les cantines ne fonc-
tionnent pas comme dans les autres commu-
nes de France. Elles sont bien aménagéas pour
la réception des enfants, mais constituent une
charge trop lourde pour les instituteurs. Ceux-
ci demandent à bon droit qu'on allège leur
souffrance. Chaque jour, ils se plaignent dans
leurs réunions amicales qu'on les surcharge
de bosogne. Ce n'est donc pas le moment
qu'on devrait choisir pour augmenter leurs
heures de travail. D'autant qu'un peu do li-
berté leur est nécessaire, après six longues
heures de classe, pour chercher hors des for-
tifications cet air pur que nous n'avons ni
peine ni plaisir à respirer continuellement et
à pleins poumons dans les campagnes.
Si l'on voulait être juste, il faudrait ici ou-
vrir une grande parenthèse et traiter la ques-
(1) Une Campagne sur les cantines scolaires,
par Pascal Ceccaldi, à la Bibliothèque d'Educa-
tion, 15, rue de Cluny, à Paris. — Prix : 4 fr.
tion des heures supplémentairel qu'on impoes
aux instituteurs pour la surveillance det
cantines. Car à Paris on ne demande Pal.
comme chez nous. aux instituteurs de con-
sentir à surveiller, avec ou sans rémunéra-
tion, leur cantine. Les administrateurs com-'
mandent, en effet, et les autres ont l'obliga-
tion d'obéir ! on se croirait à la caserne. Il
ne manque plus qu'un code militaire pour
régenter les instituteurs et ce sera parfait. Si
on y tient qu'on lo fasse voter, mais jus-
qu'alors qu'on se taise. Car en vertu de quoi
texte peut-on empiéter sur la liberté de l'ins-
tituteur? Au nom de quelle loi, de quel dé-
cret veut-on augmentor la durée de leur
classe? Nous entendons bien 1 c'est au nom
d'un article quelconque, d'un règlement plus
quelconque encore, qu'on ordonne et qu'on;
frappe. Et l'instituteur courbe le dos. Soit !
on est obéi, mais cette servitude est illi-'
cite.
On peut ne pas partager toutes les idées
de M. P. Ceccaldi, mais on ne saurait lui
dénier une franchise et une sincérité abso-
lues. Il ose exprimer sa pensée tout en-,
tière, sans autre souci que celui de recher-
cher la vérité. A notre époque, c'est mon-
trer un réel courage.
Cette franchise, parfois rude, cette sin-
cérité, toujours complète et charmeuse, on
les retrouve à chaque page, à chaque ligne
de son volume. Incapable de déguiser, il
démasque le mal où il le découvre, il pro-
clame le bien où il le rencontre. i
Il n'est pas de ceux qui cachent le péril ;
il est de ceux qui l'affrontent et le sur-
montent. Il ne craint pas d'écrire que l'o-i
bligation scolaire est devenue un mythe,
les mesures coercitives étant iliusoires et
inapplicables ; que la fréquentation sco-
laire baisse chaque jour davantage ; que
le nombre des illettrés croît dans des pro-
portions inquiétantes ; mais il indique im-
médiatement le remède : « attirer à l'école
le plus grand nombre d'enfants qui tri-
mardent sur les grandes routes, protéger
tous les petits êtres comme de simples pro-
duits manufacturés ».
Pour cela, il faut les nourrir ; pour
cela, il faut multiplier les cantines sco-
laires.
Que de difficultés ! Que d'obstacles ! M.
P. Ceccaldi les énumère tous : il se garde-
rait d'en omettre un seul, car il nous en-
seigne en même temps le moyen de les
surmonter.
Il m'est impossible, et je le regrette vi-
vement, de résumer en un assez court ar-
ticle les développements de cette géné-
reuse étude sur les cantines scolaires, sur
leur utilité, sur leurs avantages, sur leur
organisation et leur fonctionnement à
Paris, en province et à l'étranger. On di-:
rait une revue saisissante de faits tristes
ou comiques, stupides ou pleins d'esprit,
douloureux ou réconfortants.
Mais, après avoir lu cette étude, comme
on comprendra mieux l'axiome, atroce
dans sa brièveté et sa sécheresse, formulé
par le célèbre criminaliste italien Ferrari :
« C'est le manque d'aliments, qu'il se pro-
duise dans la jeunesse ou l'âge mûr, qui a
toujours créé des délinquants. »
G. de Vorney.
Au moment où je termine cet article me
parvient une navrante nouvelle : notre
ami et ancien collaborateur A. Callet, chef
de bureau à la mairie du 4e arrondisse-
ment, secrétaire général et fondateur delà
« Cité », vient de perdre son fils unique à
Verrière le-Grand (Ain). Ces jours-ci, notre
ami avait été repris d'espoir. Son amour,
lui semblait-il, allait être plus fort que la
maladie, que la mort. Hélas ! il n'en a rien
été.
Toute la rédaction du Rappel, dans la-
quelle Callet ne compte que des amis, lui
adresse l'expression attristée de toutes ses
sympathies et s'associe au deuil cruel qui
le frappe.
LA CATASTROPHE DE COURRIÈRES
LES OBSÈQUES DES VICTIMES
Journée funèbre. — Autour des fosses. — Les sauveteurs de
Westphalie. — Héroïques dévouements. — Douleur poi-
gnante. — Scènes tragiques. — Solidarité française.
- Sympathies mondiales. — Funérailles impo-
santes. — Discours émus. — Les souscrip-
tions et les condoléances.
Depuis quatre jours que s'est déroulé
l'effroyable clrama de Courrières, les nou-
velles n'ont pas cessé d'affluer de Lens,
terribles, sinistres. De nouveaux malheurs
sont à enregistrer: la catastrophe est encore
plus affreuse qu'on n'avait prévu tout
d'abord.
La lueur d'espoir, cette lumière dans les
ténèbres, qu'on avait eue un instant,a dis-
paru. Lundi, la compagnie avouait 1.060
disparus — morts par conséquent. Hier ce
chiffre a été modifié et on reconnaissait
1.213 victimes. Il ne faut considérer encore
ce chiffre que comme un minimum.
Aujourd'hui, demain, ce total atteindra
sans doute, dépassera peut-être 1.400.
Il faut louer comme elle le mérite l'héroï-
que attitude des sauveteurs de Westphalie
dont on lira plus loin les exploits admi-
rables.
Hier, ont eu lieu les funérailles, funé-
railles nationales, des victimes. Elles ont
été imposantes et ont montré qu'en dépit
des divisions passagères de la politique,
tous les citoyens français étaient frères et
solidaires devant le malheur. C'est aussi la
conclusion qui se dégage des sympathies
unanimes recueillies et de l'admirable mou-
vement de charité constaté.
Puissent ces sympathies, puisse cette
solidarité ne jamais se démentir et souhai-
tons de toutes nos forces qu'il ne soit pas
nécessaire à l'avenir d'une grande catas-
trophe pour les faire naître spontané-
ment!
-
LES RECHERCHES
DANS LES FOSSES
Les sauveteurs de Westphalie
Lenst, 13 mars, 11 h. 45.
Une violente tempête de neige s'est abattue
cette nuit sur la région, et ce matin le sa
était couvert d'une couche de neige de plus
de 20 centimètres. La neige continue à tomber
avec violence.
On a travaillé jusqu'à quatre heures et de-
mie du matin à la fosse n° 2 de Billy-Mon-
tigny où, grâce au concours apporté par les
sauveteurs de Westphalie, on a pu retirer 26
cadavres.
Le public qui stationnait aux abords du
carreau a été admis à les voir et 19 ont été
reconnus, placés dans des cercueils et trans-
portés dans les familles. Les sept cadavres
non encore reconnus ont été transportés à
Méricourt-Corons pour être joints à ceux des
autres fosses qui n'ont pas été identifiés.
Les sauveteurs allemands de Guelsenkir-
chen (Westphalie) ont pour mission unique
de combattre les incendies de mines fréquents
dans leurs centres houillers. Ils sont munis
d'appareils spéciaux et de casques respiratoi-
res qui leur permettent de rester environ deux
heures dans les milieux les plus dangereux et
les plus irrespirables. Hier soir, à six heures,
ils sont descendus dans la fosse n* 2, à Billy-
Montigny, avec les ingénieurs français Weiss,
Petitjean et Léon, sous la direction de leur in-
génieur, M. Hugo Koch.
Une heure après environ, un des ingénieurs
français remontait effaré et donnait l'ordre
bref de faire évacuer rapidement le hall où se
trouvaient différentes personnes, ordre qui
était aussitôt exécuté.
Lesingénieurs des mines de Courrières ne
sont plus chargés de prendre les mesures né-
cessaires pour protéger la mine et retirer de;
nouveaux cadavres, si c'est possible. C'est une:
commission composée de M. Delalond. inspec- j
teur général des mines; Léon, ingénieur en;
chef du Pas-de-Calais; Weiss et Cuvalett
ingénieurs à Paris; Leprince, Ringuetct H8ur
teaux, ingénieurs à Arras ; Dindire père?
ingénieur principal à Lens ; Morin, in- -
génieur en chef des mines de Liévin ; Domai-
son, ingénieur divisionnaire des mines da
Courrières, et Potitjean, ingénieur principal.1
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