Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-03-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 mars 1906 12 mars 1906
Description : 1906/03/12 (N13149). 1906/03/12 (N13149).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7546073g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
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COURRIERES
Celle agitation, ces combinaisons de
la politique parlementaire, auxquel-
les nous croyons souvent nous inté-
- resser, comme tout cela semble mes-
quin en face d'une grande catastro-
phe. Celle de Courrières a fait tort aux
menus événements de la crise. Les
gens s'interrogeaient bien, dans la
rue. Mais ils ne se demandaient pas
qui serait ministre le soir ou le lende-
main. Ils disaient : combien a-t-on
sauvé d'ouvriers des puits ?
La première dépêche était terrible
dans sa concision. Un coup de grisou
ou une explosion de gaz d'éclairage,
on -ne, savait au juste. Le feu dans les
mines. Près de deux mille travailleurs
prisonniers sous les éboulements et
menacés-par l'incendie.
A l'heure où j'écris, les nouvelles ne
sont guère moins épouvantables. Il
reste douze cents ouvriers dans les ga-
leries. Parmi ceux que l'on a ramenés
au jour, beaucoup sont blessés. Tous
sont affolés par les spectacles auxquels
iis ont assisté, par le danger auquel
ils ont échappé. Les renseignements
; qu'ils donnent sont encore vagues.
Mais ce sont des hommes de devoir,
habitués au péril qu'ils frôlent chaque
jour, à chaque minute. Ils feront taire
leur douleur, ils reconstitueront le
drame et, sur leurs indications, avec
leur concours, on va entreprendre
l'immense sauvetage que le monde
entier suivra anxieusement.
***
On se représente la scène, tant de
fois décrite, des femmes, des enfants
errant, pleurant, criant autour des
puits, réclamant ceux qui sont des-
cendus dans les mines pour gagner le
pain de leurs familles, et qui ne re-
monteront peut-être pas.
Ah ! sans doute, il est lamentable, le
sort de ceux qui ont été tout de suite
broyés sous les éboulis ou étouffés par
Je grisou. Ce qui serre encore plus le
cœur, c'est la pensée des survivants,
lapis dans quelque coin, dans quelque
• bout de galerie épargné par les flam-
mes et attendant un signe quelconque
de l'extérieur, un appel, un bruit, qui
leur prouve que les camarades pen-
sent aux victimes, les cherchent, esr
saient de les sauver.
Ce n'est pas aujourd'hui qu'on en-
tendrait sans dérision tous ces grands
mots par lesquels nous berçons notre
ignorance et notre impuissance de ro-
seaux pensants. - - _0
La bcienceï la science i Avec quelle
foi nous l'invoquons souvent ! Ne di-
rait-on pas que ce soit une déesse dont
le pouvoir n'ait pas de borne? Eh ! si,
ce pouvoir a des limites, Dans ses ap-
plications industrielles, la Science ar-
rive à des résultats étourdissants.C'est
sur ce terrain cependant qu'elle subit
ses plus cruelles défaites, celles qui
coûtent le plus de sang et de misère
à la malheureuse humanité. Une im-
mense machinerie, exacte et compli-
quée, s'écroule à cause d'un peu de
gaz qui s'enflamme.
Les ingénieurs ont imaginé mille
engins, tous parfaits en théorie, pour
prévenir ces accidents épouvantables
et stupides. Ils ont essayé des lampes
protégées, des ampoules électriques,
ils ont organisé de puissants systèmes
t!e ventilation, que sais-je ?
.**'
; Tant de courage, tant de forces, tant
de talent dépensés, et qu'une cause
peut-être futile déchaîne une catas-
trophe comme celle que nous voyons !
Alfred de Vigny, à propos des che-
mins de fer, dont il avait regardé avec
stupeur le développement, avait prévu
cette fragilité de nos ambitieuses ma-
chineries :
Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle
L'homme est monté trop tôt. Nul ne connaît encor
, (.!aeJs orages en lui porte ce rude aveugle.
Et il ajoutait :
Pour jeter en éclats la magique fournaise
n suffira toujours du caillou d'un enfant.
Pourtant, je ne veux pas conclure
sur ces réflexions découragées. Contre
les « mondes qui s'unissent pour l'é-
craser », comme le supposait Pascal,
l'homme a ces deux seules armes
lilliputiennes, la pensée et le travail.
Elles lui ont suffi pour se frayer dans
1 univers une route assez belle, et pour
s'élever de l'anfmalité à une civilisa-
lion qui a sa grandeur si elle a ses
tristesses. Toujours plus loin, tou-
jours plus haut !
Non, ce qui parait insensé, devant
Je cataclysme, ce n'est pas le génie de
J homme, c'est la vanité de nos que-
relles. Nous nous sentons frères « ma-
nuels» et « intellectuels », prolétaires
et bourgeois, en constatant notre fai-
blesse, notre impuissance identique
en présence du fléau. Assez, donc,
o appels à la « haine créatrice n.
Le malheur porte en lui sa leçon,
qui est une leçon d'union. Souhaitons
que I effet en soit plus durable que
l'impression fugitive du moment qui
passe.
Hugues Destrem. °
.m »■— + ——
LES ON-DIT
INVENTAIRES
Inventoriez-vous, n'invento-
riez-vous pas ? On ne sait plus.
Le cabinet démissionnaire, trou-
vant qu'il a assez d'affaires sur
les bras avec ces expéditions,
ne tient pas à en risquer une de
plus, et nous comprenons cela : il laisse à
ses successeurs le soin de régler la ques-
tion.
Provisoirement, il a dit à ses agents de
ne pas insister en cas de résistance, et de
se retirer en attendant une autre occasion.
Il aurait bien dû commencer par là.
Nous avons dit notre sentiment déjà plu-
sieurs fois sur la question: nous estimons
pour notre part, et le clergé, nous semble-
t-il, eût du estimer comme nous,que la lec-
ture d'une protestation insérée au procès-
verbal d'inventaire, et une déclaration de
non-concours, constituaient une protesta-
tion entière et complète, donnant au pro-
testataire toutes les garanties de droit en
cas de procès, par exemple, avec l'Etat. Et
puisque toutes les garanties de droit se
trouvaient dès lors réunies, pourquoi pas-
ser à une résistance eflective ? La résis-
tance effective n'a d'utilité que lorsqu'on
espère la victoire; lorsqu'on sait, de façon
certaine, que la victoire ne saurait être
obtenue, les gens sages y renoncent.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement a
enfin trouvé le procédé qui lui permettra
d'en finir sans absurdes bousculades. —
« Vous avez envie de vous battre ? Très
bien. Je m'en vais, je reviendrai quand
les locaux seront disponibles. » Et comme
les plus zélés ne sauraient prétendre mon-
ter la garde jusqu'à l'année prochaine, il va
de soi que l'opération ajournée se fera
sans bruit, sans tapage, et de la façon la
plus naturelle du monde, dans quelques
semaines.
Il y à un intérêt de comptabilité à savoir
le nombre et la valeur des œuvres exposées
dans les églises, mais un intérêt de comp-
tabilité seulement. Inutile de se colleter à
propos de statistique.
LE NÉO-MALTHUSIANISME AU THÉÂTRE
M. Robin et ses amis du Régénérateur
doivent être contents. Leur doctrine mal-
faisante fait des progrès. Un médecin
connu, le Dr C., vient de signaler une
audacieuse réclame qui s'étale à Bruxelles,
sur le rideau d'un des principaux théâtres.
Sous couleur de massage, on offre aux
spectateurs et spectatrices une méthode
sû,re et inoffensive pour contrarier cet
excellent M. Piot. Et l'adresse suit. Est-il
possible que la police telge tolère une pa-
reille publicité ? Heureusement, nous n'en
sommes pas encore là!
UNE PARTIE DÉ BILLARD QUI COUTE CHER
L'été dernier, Nieux gros propriétaires
des environs de Hanovre faisaient une par-
tie de billard dans un café de Gehrdeu.
Par hasard, l'un des joueurs, en voulant
faire un coup d'effet, donna- par inadver-
tance un coup de queue derrière l'oreille à
un médecin qui faisait une partie de cartes
avec un ami à une table près du billard.
Le coup avait été violent, l'oreille fut sé-
rieusement blessée et peu à peu son pro-
priétaire perdit l'ouïe de ce côté. D'où pro-
cès en dommages-intérêts. Les experts
commis à l'examen du cas évaluèrent le
dommage subi de ce fait par le médecin
au 30 pour cent de sa capacité physique.
Se basant sur cette expertise, le tribunal
de Hanovre condamna le gros propriétaire
foncier à payer à sa victime une rente an-
nuelle de 1.660 marks ; mais reconnaissant
qu'il n'y avait faute ni d'un côté ni de
l'autre, le tribunal partagea les frais.
C'était un jjeu l'histoire de l'Huître et des
Plaideurs de La Fontaine. La Cour d'appel
confirma le premier jugement, quant a
l'indemne ; mais elle condamna l'aceusé à
payer seul les frais. Enfin l'affaire vient
d'être jugée en dernière instance par le
Tribunal de l'empire qui siège à Leipzig
et celui-ci a confirmé purement et simple-
ment la sentence de la Cour d'appel.
« LE PHOTOGRAPHE ». PAR CARJAT
Etienne Carjat, qu'on vient d'enterrer,
qui était à "la fois photographe et poète,
adressa les vers suivants au peintre Eu-
gène Duez qui avait manifesté le dessein
de s'établir photographe : ",."
Si, pour un trafic lucratif,
Tu veux déserter la peinture,
Ne va pas choisir l'objectif,
C'est un instrument de torture I
Ses deux lentilles de cristal,
Qu'enferme un long tube de cuivre,
Mènent leur homme à l'hôpital,
Et, je te défends de m'y suivre.
Fais-toi plutôt marchand, huissier,
Montreur d'ours, ou bien saltimbanque,
Si tu ne veux dans un grenier
Finir tes jours, loin de la Banque ;
Fais-toi Quaker, fais-toi mormon,
Fais-toi même bonapartiste,
Mais jamais photographe, oh ! non :
Le sort du forçat est moins triste.
Le photographe, ô mon Ernest !
C'est le paria dix Bengale:
C'est un lépreux, un Saint-Genest,
Que chacun fuit comme la gale ;
Et toi-même, ô cœur inhumain,
Bercé par le flot qui te porte,
Tu poursuis, heureux, ton chemin,
Sans t'arrèter devant sa porto.
E. CARJAT.'
L'HÉRITAGE DÉ M. DENIS
Le correspondant de la Presse associée à
San Bernardino (Californie), rapporte que
M. J. -B. Denis, un yieillard qui est mort
au County Hospital de cette ville à l'âge
de 63 ans, laisse un héritage de plus de
23.000 francs qu'on trouva dans ses vête-
ments. Des billets de banque étaient cou-
sus sous la doublure d'an vieux veston et
dans une podhe du pantalon également
cousue avec de la ficelle, on trouva un li-,
vret de Caisse d'épargne où se trouvait;
une somme de 2.635 francs déposée en
1903 à la Farmers and Merchants Bank de
Los Angeles. On ne connaît pas de parents
à Denis, d'origine française.
Mais comme il y a beaucoup de citoyens
français qui s'appellent Denis, que de gens
vont se croire héritiers !
LA FORTUNE DU ROI CHRISTIAN
La fortune laissée par le roi Christian de
Danemark, qui vient de mourir, s'élève à
166.550 livres. Elle passe tout entière au
prince Valdemar, le plus jeune fils du roi
défunt.
Le Passant.
m cm MINISTERIELLE
M. Sarrien en route
La situation était, hier matin, la même que
la veille au soir. La question qui se pose est
toujours celle de savoir qui sera président du
Conseil, MM. Sarrien, Bourgeois et Poincaré
persistant à refaser de se charger de la pré-
sidence, tout en consentant chacun à entrer
dans la combinaison à titre de ministre.
Tous les trois ont été invités hier matin à
Tous les. l'Elysée. MM. Bourgeois et Sarrien
ont accepté l'invitation ; M. Poincaré, empê-
ché de s'y rendre, est allé néanmoins à l'Ely-
sée vers une heure pour prendre part a l'en-
tretien du président de la République avec
MM. Bourgeois et Sarrien.
C'est après cet entretien qu'on a définitive-
ment statué sur le point de savoir qui serait
chargé de constituer le futur cabinet.
A 3 h. 1(2, M. Sarrien acceptait de former
un cabinet.
Les démarches
En quittant l'Elysée, M. Sarrien s'est rendu
directement chez M. Aristide Briand, 40, rue
d'Orsel ; il ne s'y est arrêté que cinq minutes,
M. Briand n'étant pas chez lui. Il est reparti
à 3 h. 40 pour se rendre, 8, rue Franklin,
chez M. Georges Clémeneeau qu'il n'a pas
trouvé davantage.
De là, il s'est rendu 16 quai de Passy, chez
M. Georges Leygues, et là encore il n'a ren-
contré personne et .n'a fait qu'entrer et sortir.
il s'est rendu ensuite au ministère de l'A-
griculture chez M. Ruau, et ce dernier étant
absent, il est rentré chez lui. 22, avenue de
l'Observatoire, où l'attendait le ministre de
l'Asrriculture.
M. Sarrien a déclaré qu'il ne pensait Das
ressortir dans la soirée, mais qu'il recevrait
chez lui les amis qu'il avait convoqués.
M. Bourgeois s'est rendu hier après-midi
chez M. Rouvier, président du conseil.
Dans la soirée, M. Sarrien a procédé à un
échange de vues avec M. Georges Leygues.
Comme M. Georges Leygues se retirait, est
arrivé M. Georges Clemenceau. Celui-ci a
conféré assez longuement avec M. Sarrien. Il
n'a été abordé dans cette entrevue que des
points de politique générale. Contrairement
à ce qui a été dit, on n'a procédé au choix
d'aucun portefeuille.
M. Georges Clemenceau s'est rencontré peu
après avec M. Briand.
Une nouvelle conférence doit avoir lieu ce
matin à 10 h. 112 chez M. Sarrien.
La note suivante est publiée par l'agenca
Havas :
En sortant de l'Elysée, M, Sarrien a com-
mencé immédiatement ses démarches.
Il a eu à son domicile, avenue de. l'Obser-
vatoire, de six heures à huit heures, des entre-
tiens successifs avec MM. Aristide Briand,
Georges Leygues et Clemenceau.
De neuf heures à dix heures un quart. M.
Sarrien a conféré avec MM. Léon Bourgeois,
Poincaré, Thomson et Ruau.
M. Sarrien s'est ensuite rendu, en compa-
gnie de M. Ruau, à l'Elysée, ou il a fait part
au Président de la République de l'état de ses
négociations.
DERNIÈRE HEURE
D'apiès un bruit qui nous parvient à une
heure du matin, huit portefeuilles seraient
actuellement attribués à MM. Sarrien, pré-
sident du conseil ; Léon Bourgeois, Clemen-
ceau, Briand, Ruau, Thomson, Poincaré ot
Georges Leygues.
VIOLENT TREMBLEMENT DE TERRE AUX INDES
Lahore, 10 mars.
Un tremblement de terre local, aussi violent
que celui du mois d'avril dernier, s'est pro-
duit dans le district de Bashahr, situé sur le
territoire montagneux indigène de la province
de Simla.
Deux personnes ont été tuées et vingt-qua-
tre blessées dans la ville de Rampur, où le
tribunal. la station de police et le bureau de
poste ont été détruits. Deux ont été blessées IL
Kakoola, près de Rampur, sur la route de
l'Hindoustan au Thibet.
EN CHINE
Pékin, 9 mars.
La question aes indemnités pour le massa-
cre des missionnaires de Nan-Chang paraît
devoir être épineuse. Les Chinois sont unani-
mes à prétendre que ce sont les prêtres catho-
liques qui ont poignardé le magistrat du pays.
Les étrangers, au contraire, sont persuadés
que ce magistrat s'est suicidé pour protester
contre les exigences des catholiques et pour
amener un soulèvement populaire. De pareils
procédés ne sont pas rares chez 1er Chinois.
Le gouvernement envoie le tao-taï Liang
faire une enquête. Celui-ci, qui a eu beau-
coup de rapports avec les étrangers et a été
élevé par eux, se trouve dans une situation
très délicate. Ses conclusions, si elles sont et
faveur des chrétiens, provoqueront de nou-
veaux trouble;
Les habitants de Nan-Chang continuent à
se montrer hostiles ét exigent que les autorités
françaises rendent les honneurs funèbres au
magistrat décédé. Les fonctionnaires chinois,
de leur côté, protestent contre la présence des
canonnières qui, disent-ils, est de nature à
provoquer de nouvelles hostilités.
EN AFRIQUE AUSTRALE
Napumulo, 9 mars.
Les opérations de la colonne anglaise ont
abouti à la complète pacification du pays.
Tous les indigènes de la région ont reçu l'or-
dre de comparaître demain pour recevoir les
ordres du chef suprême en ce qui concerne
les localités affectées digènes ont déjà amené volontairement des
quantités considérables de bétail. ,.,'
LA CATASTROPHE DE COURRIERES
IPlus de 1,200 Victimes
DANS LA MINE. UN COUP DE GRISOU
L'incendie qui couvait. — Effroyable explosion. — Trois puits incendiés. -- 1,800 mineurs
ensevelis. — Conséquence des pluies et des inondations. - Colossal éboulement.
", - Les causes du désastre. — Premiers secours, premiers sauvetages. — Spec-
tacle navrant.- Courage et héroïsme." Les victimes.-- L'émotion dans
le Nord et à Paris. — Nouvelles officielles. — Le deuil national.
Une épouvantable catastrophe vient de
mettre en deuil la population minière du
nord de la France. Un terrible coup de
grisou s'est produit hier matin, à 7 h.,aux
mines de la compagnie de Courrières, à
30 kilomètres de Béthune (Pas-de-Calais).
Il est impossible d'évaluer même approxi-
mativement le nombre des victimes. Plus de
1,800 ouvriers venaient de descendre, quand
le sinistre s'est produit.
D'après les premiers renseignements
parvenus au ministère de l'intérieur, la
catastrophe, qui s'est produite à 7 heures
du matin dans les mines de Courrières,
dépasse en horreur tout ce qu'on peut ima-
giner.
Il est impossible de calculer, même ap-
proximativement, le nombre des victimes.
Tout ce que l'on sait, c'est que 1.800 ou-
vriers étaient descendus ce matin dans les
trois fosses qui ont été le théâtre de cette
effroyable catastrophe.
On espère que le plus grand nombre
d'entre eux auront pu se réfugier dans les
gâteries latérales. ,
On ignore encore les causes du sinistre.
Les trois fosses dans lesquelles il s'est pro-
duit sont transformées en brasier.
La violence de l'incendie est telle que les
flammes sortent par l'orifice des puits ser-
vant à la descente.
Le ministre de l'intérieur a été avisé telé-
phoniquement & 3 h. de l'après-midi, que
quelques-uns des ouvriers descendus dans les
mines de Courrières ont pu être ramenés au
jour sains et saufs ; mais ou n'a pas encore pu
en indiquer le nombre. ,
« Courrières -
Courrières est une bourgade de 4,274 habi-
tants située à 30 kilomètres de Béthune, près
de la limite Est du département du Pas-de-
Calais, sur la ligne,de Lens à Don-Sainghin.
La Compagnie des mines de Courrières, qui
a son siège social à Billy-Montigny, & proxi-
mité de l'une des fosses, et à 5 kilomètres de
Courrières, a pour objet l'exploitation et la
vente de la houille trouvée dans la conces-
sion. Celle-ci est limitée à l'Est parla conces-
sion de Dourges, et au Nord par celle de Lié-
vin.
La Société anonyme de Courrières est re-
présentée à Paris par un bureau de vente
situé rue Mogador, et où l'on n'avait encore
hier après-midi aucun renseignement.
Dans les milieux officiels
Dès la première nouvelle, le ministre des
travaux publics a donné l'ordre à M, Delà-
fond, inspecteur général des mines, de se ren-
dre sur les lieux et de prendre d'urgence les
mesures que comporte la situation.
M. Gauthier, ministre des travaux publics,
et son chef de cabinet sont partis hier soir, a
5 h. 25, pour Lens, av* M. Dubief, ministre
de l'intérieur, qu'accompagnent MM. Honno-
rat, directeur de son cabinet, G.-G. Paraf,
attaché et ingénieur-conseil du ministère de
l'intérieur.
Da son côté, le Président de la République
a fait exprimer toute sa sympathie aux fa-
milles des victimes.
Il a chargé son officier d'ordonnance, le
commandant Keraudren, d'allar à Cour
rières.
Le commandant est parti avec le ministre
do l'intérieur hier après-midi, à 5 h. 25.
M. Fallières devait se rendre hier soir au
bal de l'Ecole normale; il a renoncé à ce pro-
jet en raison de la catastrophe.
Les renseignements que l'on possède sur
cette épouvantable catastrophe sont vagues,
imprécis et contradictoires. Nous publions ci-
après les dépêches que nous recevons sur ce
tragique événement, leur laconisme même
montrant l'émotion de la foule massée sur les
lieux de la catastrophe et des correspondants
qui accueillent et transmettent tous les bruits
qui circulent :
LA CATASTROPHE
Grisou, incendie et éboulement
Lens, 10 mars, 10 h. matin.
On annonce qu'un coup de grisou vient de
se produire aux fosses 3 et 4 des mines de
Courrières.
Il y aurait de nombreuses victimes.
Lille, 10 mars, midi.
:. Aux mines de Courrières, on attribue - l'ac-
cident à un incendie qui se produisit à 7 h. 1/2
du matin, après la descente des mineurs, à
la fosse de Méricourt et qui provoqua un
éboulement obstruant le passage d'air. Les
fosses 2, 3 et 4 sont atteintes.
Il est prématuré d'évaluer le nombre des
victimes attendu que l'on n'a pas pu encore
commencer la remonte. Jusqu'à présent on
connaîtrait une quinzaine da blessés.
Les fosses atteintes sont situées à Sallaumi-
nes, Billy-Montigny et Méricourt.
Douai, 10 mars, 2 h. 30.
Ce matin, à 6 h. 1{2, alors que tous les ou-
vriers étaient au travail, un coup de grisou a
dévasté les fossés n" 11 et 4 de la concession
de Courrières. La catastrophe intéressa non
seulement ces deux fosses, mais aussi les
autres puits de la concession qui étaient en
communication avec les fosses 4 et 11, dans
tout le rayon de Méricourt, Coron et Lens.
Ce nombre des victimes doit être considé-
rable, mais on ne peut l'évaluer même ap-
proximativement.
Lens, 10 mars, 2 h.
L'affolement est général. ,'
Il s'agit d'un coup de grisou qui a fait des
centaines de victimes.
On se trouve en présence d'une catastrophe
sans précédant.
Un incendie existait depuis quelques jours
dans la fosse h" 3 qui communique avec les
fosses 2 et 4. Le feu se sera transmis au gri-
sou, provoquant ainsi l'explosion. >.
II. y a actuellement 1,300 ouvriers prison-
niers dans les trois puits. Sont-ils encore vi-
vants? On se le demande avec inquiétude.
La cause de la catastrophe
Lille, 10 mars, 2 h. 30 soir.
'[)'ès les premiers renseignements f ria.
la cause de la catastrophe serait un colossal
éboulement dont les conséquences ne peuvent
être évaluées actuellement.
C'est un affaissement de terrain qui s'est
produit, à la suite des pluies torrentielles de
ces temps derniers, sur une surface s'étendant
à plusieurs communes : Mériconrt-Coron, Sal-
laumines, Billy-Montigny, Montigny-En-
gohelle, et peut-être plusieurs autres.
A Sallaumines, les mineurs ne peuvent pas
encore remonter; en d'autres endroits, du côté
de BiUy-,Von'ïg".ti, il y aurait des victimes ;
certaines seraient écrasées, d'autres asphyxiées.
A midi, un grand nombre de victimes avaient
été découvertes, mais il restait plusieurs cen-
taines d'ouvriers dans les fosses et on ne sait
quel est leur sort.
Premiers sauvetages
Douai, 10 mars, 2 h. 30 soir.
Le coup de grisou a balayé tous les bois do
soutènement des galeries, et de3 éboulements
nombreux se sont produits. On espère que
certains mineurs ont pu se mettre à l'abri et
échapper au fléau. Peut-être se sont-ils ré-
fugiés dans des galeries qui se sont refer-
mées sur eux et sont-ils dans l'impossibilité
de sortir de la fosse.
On déblaie activement la fosse n* 3 pour se
porter à leur secours ; mais arrivera-t-on en
temps utile. -
On s'attend à retrouver un nombre considé-
rable de victimes.
Ceux qui parlent d'une centaine ne doivent
malheureusement pas exagérer, mais peut-être
aura-t-on à en déplorer quatre ou cinq fois
plus.
A midi l'on n'avait encore remonté qu'un seul
blessé.
On a remonté de la fosse n, s cent vingt
hommes vivants qui attendaient du secours à
l'accrochage.
Il est impossible de dépeindre la stupeur et
la désolation que cette épouvantable catastro-
phe a jetées dans la région.
Navrant spectacle
Lens, 20 mars, 2 h. 30 soir.
Aux fosses i et 3 des mines de Courrières, il
est impossible de porter secours aux mineurs
enfermés dans les galeries.
A la fosse S, les gaz qui s'échappent dit puits
empêchent d'approcher et Vinaenieur Voisin a
dû être remonté. Il avait subi un commence-
ment d'asphyxie.
A la fosse 3, la cage ne fonctionne plus; le
puits est détérioré par le choc violent qui s'est
produit.
Aux abords des puits le spectacle est navrant.
Les femmes crient et ptturene.
Les gendarmes ont peine à les empêcher d'ap-
procher trop pris des orifices des puits.
Les secours
Lens, 10 mars, 3 h. 30 soir.
On parle de plus de mille ouvriers tués, ce
qui jette la consternation, mais rien n'indique
que ce chiffre soit exact.
Cependant on peut présumer que le nombre
des victimes sera très élevé, pas un seul mi-
neur des puits, 2, 3 et 4 n'étant encore re-
monté.
A la fosse 4, située sur le territoire de Sal-
(aumines, on procède difficilement au sauve-
tage. La puits est avarié par l'explosion et la
cage ne peut descendre jusqu'au fond.
On remonte quelques ouvriers du puits nu-
méro 11, voisin de ceux où s'est produit la
catastrophe.
Le préfet du Pas-de-Calais, le procureur de
Béthune, les directeurs et ingénieurs des
Compagnies voisines et leur personnel médi-
cal prêt a secourir les blessés, sont sur les
lieux.
Lens, 10 mars, 4 heures soir.
On vient de remonter un blessé brûlé sur
tout le corps. On attend, mais en vain, de voir
remonter les autres.
Il est impossible d'approcher des galeries qui
sont débouchées.
Une cinquantaine de mineurs courageux
descendent, dirigés par M. Bar, ingénieur on
chef. Ils vont tenter de secourir leurs cama-
rades.
Le chef porion Leçomte, qui vient de des-
cendre et qui remonte, raconte que la tableau
est terrifiant.
La foule qui entoure la fosse témoigne son
impationce.
Les femmes crient et pleurent, interrogeant
le3 passants, pour savoir si leurs maris sont
encore en vie.
Nouveaux détails
Lille, 10mars, 4 h. 30 soir.
La nuit dernière, un incendie qui couvait
depuis 2 ou 3 jours s'est déclaré dans la fosse
n° 3 des mines de Courrières, à proximité des
corons de Méricourt, à une profondeur da ZO
mètres, où l'on procédait à des travaux da
maçonnerie.
Dans le but de circonscrira l'incendie, M.
Barault, ingénieur, desceniji lia nuit dernière
dans la fosse pour faire opérer des travaux
d'étouffement. C'est tout ce qu'on sait au
sujet de l'origine de cette terrible catas-
trophe.
Vers 7 h. du matin, une épouvantable déto-
nation se produisit à la fois dans les fosses
n° 3, n° 4 et n° 2. Des cages furent projetées à
une hautour d'environ 10 mètres de la fosse
n° 1 et de la fosse n° 4.
Un ouvrier de jour, un moulinour, fut tué
n3t par cette explosion.
A la foîse a, 3 un cheval fut projeta en
l'air.
L'orifice des puits présente un aspect indes-
criptible : toutes les fosses communiquant
entre elles, certains ouvriers ont cherché à
s'échapper par la fosse n° 10 près de la gare
de Billy-Montigny, îcqsa qui était restée in-
tacte. C'est par la qu'on a pu opérer quelques
sauvetages.
A 10 h. du matin, les premières cages pu-
reut ramener une dizaine d'hommes à demi
asphyxiés, parmi lesquels se trouvaient M. Voi-
sin, ingénieur, qui avait essayé de de33C.rt(il>d
pour organiser les secours, et Lecorf, ehb,f-
porion.
L'un de ces hommes ayant penché le bras
au-dessus de la cage, eut le bras écrasé : c'est
un nommé Georges Cassetête, de Montigny-
en-Gohelie. Les docteurs l'ont amputé sur
place.
Vers 11 h., on réussit à déblayer la fosse
n°4 sur le territoire de Méricourt,ot au moyen
de paniers on put enlover un certain uombro
d'ouvriers blessés.
A la fosse n* 10, l'organisation des secoura
a été faite par des équipes de bonne vo-
lonté.
Actuellement, on n'a enlevé que deux mort.
do la fosse o. 10, mais on craint que les ou-
vriers qui ne sont pas sortis ne soient presque
tous morts par l'asphyxie.
Il est très difficile d'évaluer, même approxi-
mativement, le nombre des morts, mais on
parle de mille à douze cents.
MM. Duréault, nréfet du Pas-de-Calais ;
Léon, ingénieur ea chef à Arras sont sur les
lieux, ainsi que M. Dauransard, procureur
de la République ; Irando, substitut et Ou-
dry, juge d'instruction.
Un mineur, nommé Pierre Dasson, 22 ans,
habitant Méricourt, qui a pu s'échapper, a
raconté qu'il se trouvait à une distante de
280 mètres, à proximité relative de l'orifice
du puits au moment où il fut frappé par la
bruit de l'oxplosion.
Immédiatement, dit-il, l'air se raréfia et sa
chargea de vapeurs toxiques. Dasson se porta
instinctivement vers le puits de la fosse n. 2,
mais à proximité du puits plusieurs de ses
camarades se trouvaient asphyxiés. lis étaient
tombés dans la galerio, exténués ; ils récla-
mèrent des secours immédiats et Dasson, mal-
gré son état, les chargea sur la berline. Il
parvint ainsi à les nousser iusau'à la fosse
n' 10. .-
Une foule considérable est' massée aux abords
des puits. Il règne une terreur indescriptible
aux environs des fosses qu'assiègent les familles
éplorées.
La service d'ordre est fait par les gendarmei
des brigades environnantes et par la polico de
Lens et d'Hénin-Liétard.
Courrières, 10 mars, 5 h. soir.
Les gaz qui sa dégagent de la fosse 2 inter-
disent toute entrée dans le puits, et il est
impossible de songer à porter secours de ce
côté.
Au puits n' 3, la cago na fonctionne plus,
le puits ayant été ondommagé par la violence
de l'explosion.
C'est donc à la fosse 4 que se concentrent
les opérations de sauvetage. On y romirque
la présence du personnel de la mine et de
nombreux ingénieurs des concessions voi-
sines, de Liévin, d'Orges et de Lens.
La toiture du bâtiment entourant la fosse a
été enlevée par l'explosion. Plusieurs ingé-
nieurs et porions accompagnés d'un délégué
mineur viennent de descendre dans le puits.
A 10 h., on a commencé à remonter une
dizaine d'ouvriers appartenant au puits n" 11,
où la catastraphe s'est fait égaloment sentir,
mais aucun des 838 mineurs descendus au puits
n° 4 n'est encore remonté.
Les victimes
Lens, 10 mars, 5 h. 35.
A la fosaâ n* 2, sur 500 mineurs descendu.
ce malin, on en a remonté 38g; tout sauve-
tage des autres ost impossible actuellement.
A la fosse n" 3, sur 443 mineurs descondua,
on en a seulement remonté 13. La cago ne
fonctionnant pas et les échelles étant brisées,
on désespère do retirer les autres.
A la fosse 4, sur 852 mineurs descendus,
135 ont été romontés avant l'explosion, par
ordra de l'ingénieur Barot, à cause du travail
de barrages et de l'empêchement de l'accès de
certaines galeries ; 40 autres ouvriers ont été
romontés par des échelles et 10 par les cages,
5 ont été tués.
En récapitulant. on trouve 1.795 ouvriers
descendus, 591 remontas, soit 1.204 qui restent
ensevelis dans les 3 puits.
Les ouvriers descendus pour porter secoure
commencent à remonter ; on juge, croit-on.
que toute tentative de sauvetage serait inu-
tile.
Le parquet d'Arras vient d'arriver poif
commencer une enquête.
Lille, 10 mars,8 h. 45 soir.
Il est actuellement certain que onzp, cent
quatre-vingt-etrize mineurs descendus ce matin
dans les puits de Courrières sont morts.
On a retrouvé environ quatre cents surut-
vants.
Le sauvetage interrompu
Lens, 10 mars, 11 b. 35 soir.
A la fosse 4 de Courrières, les ouvrierl
sauveteurs viennent de remonter les ingé-
nieurs, parmi lesquels MM. Laffitte, ingénieur
en chef, et Dinoire, ingénieur principal dey
mines de Lens, qui avaient été frappés d'as-
phyxie. Après les soins qui leur sont donnés,
ils sont rappelés à la vie et dirigea suc
Lons.
Le préfet est toujours sur les lieux.
On renonce à tenter le sauvetage ; les gale-
ries se sont éboulées : on va aviser aux
moyens de secourir les L 201 mineurs qui
restent dans les puits.
Le préfet communique la dépêche du prési*
dent de la République exprimant l'assurance
de sa douloureuse sympathie aux famille* des
victimes.
La foule entoura la fosse 4. L'émotion est
indescriptible ; les femmes et les enfants pleu-
rent et menacent de forcer les barrages da
gendarmes; c'est un tableau navrant.
Les ministres sur 193 lnax du sinistre
LENS, 10 iiirg. — Les ':,\st(?'I, MM. Du-
bief et Gauthier, accompagnés de M. Ltfoad,
directeur au ministère des travaux publics. et
de t'officier d'ordonnance du président de !t
République, sont arrivés a la foiae 4 des ai-
nes de Courrières à Saliaumiucs à 8 h.
M. DUXMUII, préfet du Pas-de-Calais, a pré-
senté le personnel dirigeant d.n mines dj
Courrières, puis M. Léoj, iftgénieor en chef]
du contrôle des mines, a expliqué les Ç4Crf1
présumées do la catastrophe.
Les ministre.'» ;îo rendent3 la t"?SJe 3 à MérM
court.
LENS, 10 mars. - Les raliïîakrc» sent reçi a
dans le bureau des usines où ils s'entourent;
le renBvignsfn,,'n'9-
A 9 heures, par U-irta suécbrt ils regllgDen"
IXTOW i P. M.11SS tA"9. 11:
," FiBIVDATËUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS ,,"
h Mi îhU bOi lit ait Oi ■ -
Ferle «. 2fr. 6 fr. 9 tt. 18 ftj
lriépextements.. 2 - 6 — t, - 20 -
tJnion Postale. 3— 0— 40-=: 32 —
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ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Secrétaire Général : A.-F. CECCALDi
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Adresser les communications au Rédacteur en Chef
Rédacteur en Chef < BBRRY IHARET -
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE fi OS. 8*
Adresser kMw et mandais à l'Administrateur
COURRIERES
Celle agitation, ces combinaisons de
la politique parlementaire, auxquel-
les nous croyons souvent nous inté-
- resser, comme tout cela semble mes-
quin en face d'une grande catastro-
phe. Celle de Courrières a fait tort aux
menus événements de la crise. Les
gens s'interrogeaient bien, dans la
rue. Mais ils ne se demandaient pas
qui serait ministre le soir ou le lende-
main. Ils disaient : combien a-t-on
sauvé d'ouvriers des puits ?
La première dépêche était terrible
dans sa concision. Un coup de grisou
ou une explosion de gaz d'éclairage,
on -ne, savait au juste. Le feu dans les
mines. Près de deux mille travailleurs
prisonniers sous les éboulements et
menacés-par l'incendie.
A l'heure où j'écris, les nouvelles ne
sont guère moins épouvantables. Il
reste douze cents ouvriers dans les ga-
leries. Parmi ceux que l'on a ramenés
au jour, beaucoup sont blessés. Tous
sont affolés par les spectacles auxquels
iis ont assisté, par le danger auquel
ils ont échappé. Les renseignements
; qu'ils donnent sont encore vagues.
Mais ce sont des hommes de devoir,
habitués au péril qu'ils frôlent chaque
jour, à chaque minute. Ils feront taire
leur douleur, ils reconstitueront le
drame et, sur leurs indications, avec
leur concours, on va entreprendre
l'immense sauvetage que le monde
entier suivra anxieusement.
***
On se représente la scène, tant de
fois décrite, des femmes, des enfants
errant, pleurant, criant autour des
puits, réclamant ceux qui sont des-
cendus dans les mines pour gagner le
pain de leurs familles, et qui ne re-
monteront peut-être pas.
Ah ! sans doute, il est lamentable, le
sort de ceux qui ont été tout de suite
broyés sous les éboulis ou étouffés par
Je grisou. Ce qui serre encore plus le
cœur, c'est la pensée des survivants,
lapis dans quelque coin, dans quelque
• bout de galerie épargné par les flam-
mes et attendant un signe quelconque
de l'extérieur, un appel, un bruit, qui
leur prouve que les camarades pen-
sent aux victimes, les cherchent, esr
saient de les sauver.
Ce n'est pas aujourd'hui qu'on en-
tendrait sans dérision tous ces grands
mots par lesquels nous berçons notre
ignorance et notre impuissance de ro-
seaux pensants. - - _0
La bcienceï la science i Avec quelle
foi nous l'invoquons souvent ! Ne di-
rait-on pas que ce soit une déesse dont
le pouvoir n'ait pas de borne? Eh ! si,
ce pouvoir a des limites, Dans ses ap-
plications industrielles, la Science ar-
rive à des résultats étourdissants.C'est
sur ce terrain cependant qu'elle subit
ses plus cruelles défaites, celles qui
coûtent le plus de sang et de misère
à la malheureuse humanité. Une im-
mense machinerie, exacte et compli-
quée, s'écroule à cause d'un peu de
gaz qui s'enflamme.
Les ingénieurs ont imaginé mille
engins, tous parfaits en théorie, pour
prévenir ces accidents épouvantables
et stupides. Ils ont essayé des lampes
protégées, des ampoules électriques,
ils ont organisé de puissants systèmes
t!e ventilation, que sais-je ?
.**'
; Tant de courage, tant de forces, tant
de talent dépensés, et qu'une cause
peut-être futile déchaîne une catas-
trophe comme celle que nous voyons !
Alfred de Vigny, à propos des che-
mins de fer, dont il avait regardé avec
stupeur le développement, avait prévu
cette fragilité de nos ambitieuses ma-
chineries :
Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle
L'homme est monté trop tôt. Nul ne connaît encor
, (.!aeJs orages en lui porte ce rude aveugle.
Et il ajoutait :
Pour jeter en éclats la magique fournaise
n suffira toujours du caillou d'un enfant.
Pourtant, je ne veux pas conclure
sur ces réflexions découragées. Contre
les « mondes qui s'unissent pour l'é-
craser », comme le supposait Pascal,
l'homme a ces deux seules armes
lilliputiennes, la pensée et le travail.
Elles lui ont suffi pour se frayer dans
1 univers une route assez belle, et pour
s'élever de l'anfmalité à une civilisa-
lion qui a sa grandeur si elle a ses
tristesses. Toujours plus loin, tou-
jours plus haut !
Non, ce qui parait insensé, devant
Je cataclysme, ce n'est pas le génie de
J homme, c'est la vanité de nos que-
relles. Nous nous sentons frères « ma-
nuels» et « intellectuels », prolétaires
et bourgeois, en constatant notre fai-
blesse, notre impuissance identique
en présence du fléau. Assez, donc,
o appels à la « haine créatrice n.
Le malheur porte en lui sa leçon,
qui est une leçon d'union. Souhaitons
que I effet en soit plus durable que
l'impression fugitive du moment qui
passe.
Hugues Destrem. °
.m »■— + ——
LES ON-DIT
INVENTAIRES
Inventoriez-vous, n'invento-
riez-vous pas ? On ne sait plus.
Le cabinet démissionnaire, trou-
vant qu'il a assez d'affaires sur
les bras avec ces expéditions,
ne tient pas à en risquer une de
plus, et nous comprenons cela : il laisse à
ses successeurs le soin de régler la ques-
tion.
Provisoirement, il a dit à ses agents de
ne pas insister en cas de résistance, et de
se retirer en attendant une autre occasion.
Il aurait bien dû commencer par là.
Nous avons dit notre sentiment déjà plu-
sieurs fois sur la question: nous estimons
pour notre part, et le clergé, nous semble-
t-il, eût du estimer comme nous,que la lec-
ture d'une protestation insérée au procès-
verbal d'inventaire, et une déclaration de
non-concours, constituaient une protesta-
tion entière et complète, donnant au pro-
testataire toutes les garanties de droit en
cas de procès, par exemple, avec l'Etat. Et
puisque toutes les garanties de droit se
trouvaient dès lors réunies, pourquoi pas-
ser à une résistance eflective ? La résis-
tance effective n'a d'utilité que lorsqu'on
espère la victoire; lorsqu'on sait, de façon
certaine, que la victoire ne saurait être
obtenue, les gens sages y renoncent.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement a
enfin trouvé le procédé qui lui permettra
d'en finir sans absurdes bousculades. —
« Vous avez envie de vous battre ? Très
bien. Je m'en vais, je reviendrai quand
les locaux seront disponibles. » Et comme
les plus zélés ne sauraient prétendre mon-
ter la garde jusqu'à l'année prochaine, il va
de soi que l'opération ajournée se fera
sans bruit, sans tapage, et de la façon la
plus naturelle du monde, dans quelques
semaines.
Il y à un intérêt de comptabilité à savoir
le nombre et la valeur des œuvres exposées
dans les églises, mais un intérêt de comp-
tabilité seulement. Inutile de se colleter à
propos de statistique.
LE NÉO-MALTHUSIANISME AU THÉÂTRE
M. Robin et ses amis du Régénérateur
doivent être contents. Leur doctrine mal-
faisante fait des progrès. Un médecin
connu, le Dr C., vient de signaler une
audacieuse réclame qui s'étale à Bruxelles,
sur le rideau d'un des principaux théâtres.
Sous couleur de massage, on offre aux
spectateurs et spectatrices une méthode
sû,re et inoffensive pour contrarier cet
excellent M. Piot. Et l'adresse suit. Est-il
possible que la police telge tolère une pa-
reille publicité ? Heureusement, nous n'en
sommes pas encore là!
UNE PARTIE DÉ BILLARD QUI COUTE CHER
L'été dernier, Nieux gros propriétaires
des environs de Hanovre faisaient une par-
tie de billard dans un café de Gehrdeu.
Par hasard, l'un des joueurs, en voulant
faire un coup d'effet, donna- par inadver-
tance un coup de queue derrière l'oreille à
un médecin qui faisait une partie de cartes
avec un ami à une table près du billard.
Le coup avait été violent, l'oreille fut sé-
rieusement blessée et peu à peu son pro-
priétaire perdit l'ouïe de ce côté. D'où pro-
cès en dommages-intérêts. Les experts
commis à l'examen du cas évaluèrent le
dommage subi de ce fait par le médecin
au 30 pour cent de sa capacité physique.
Se basant sur cette expertise, le tribunal
de Hanovre condamna le gros propriétaire
foncier à payer à sa victime une rente an-
nuelle de 1.660 marks ; mais reconnaissant
qu'il n'y avait faute ni d'un côté ni de
l'autre, le tribunal partagea les frais.
C'était un jjeu l'histoire de l'Huître et des
Plaideurs de La Fontaine. La Cour d'appel
confirma le premier jugement, quant a
l'indemne ; mais elle condamna l'aceusé à
payer seul les frais. Enfin l'affaire vient
d'être jugée en dernière instance par le
Tribunal de l'empire qui siège à Leipzig
et celui-ci a confirmé purement et simple-
ment la sentence de la Cour d'appel.
« LE PHOTOGRAPHE ». PAR CARJAT
Etienne Carjat, qu'on vient d'enterrer,
qui était à "la fois photographe et poète,
adressa les vers suivants au peintre Eu-
gène Duez qui avait manifesté le dessein
de s'établir photographe : ",."
Si, pour un trafic lucratif,
Tu veux déserter la peinture,
Ne va pas choisir l'objectif,
C'est un instrument de torture I
Ses deux lentilles de cristal,
Qu'enferme un long tube de cuivre,
Mènent leur homme à l'hôpital,
Et, je te défends de m'y suivre.
Fais-toi plutôt marchand, huissier,
Montreur d'ours, ou bien saltimbanque,
Si tu ne veux dans un grenier
Finir tes jours, loin de la Banque ;
Fais-toi Quaker, fais-toi mormon,
Fais-toi même bonapartiste,
Mais jamais photographe, oh ! non :
Le sort du forçat est moins triste.
Le photographe, ô mon Ernest !
C'est le paria dix Bengale:
C'est un lépreux, un Saint-Genest,
Que chacun fuit comme la gale ;
Et toi-même, ô cœur inhumain,
Bercé par le flot qui te porte,
Tu poursuis, heureux, ton chemin,
Sans t'arrèter devant sa porto.
E. CARJAT.'
L'HÉRITAGE DÉ M. DENIS
Le correspondant de la Presse associée à
San Bernardino (Californie), rapporte que
M. J. -B. Denis, un yieillard qui est mort
au County Hospital de cette ville à l'âge
de 63 ans, laisse un héritage de plus de
23.000 francs qu'on trouva dans ses vête-
ments. Des billets de banque étaient cou-
sus sous la doublure d'an vieux veston et
dans une podhe du pantalon également
cousue avec de la ficelle, on trouva un li-,
vret de Caisse d'épargne où se trouvait;
une somme de 2.635 francs déposée en
1903 à la Farmers and Merchants Bank de
Los Angeles. On ne connaît pas de parents
à Denis, d'origine française.
Mais comme il y a beaucoup de citoyens
français qui s'appellent Denis, que de gens
vont se croire héritiers !
LA FORTUNE DU ROI CHRISTIAN
La fortune laissée par le roi Christian de
Danemark, qui vient de mourir, s'élève à
166.550 livres. Elle passe tout entière au
prince Valdemar, le plus jeune fils du roi
défunt.
Le Passant.
m cm MINISTERIELLE
M. Sarrien en route
La situation était, hier matin, la même que
la veille au soir. La question qui se pose est
toujours celle de savoir qui sera président du
Conseil, MM. Sarrien, Bourgeois et Poincaré
persistant à refaser de se charger de la pré-
sidence, tout en consentant chacun à entrer
dans la combinaison à titre de ministre.
Tous les trois ont été invités hier matin à
Tous les. l'Elysée. MM. Bourgeois et Sarrien
ont accepté l'invitation ; M. Poincaré, empê-
ché de s'y rendre, est allé néanmoins à l'Ely-
sée vers une heure pour prendre part a l'en-
tretien du président de la République avec
MM. Bourgeois et Sarrien.
C'est après cet entretien qu'on a définitive-
ment statué sur le point de savoir qui serait
chargé de constituer le futur cabinet.
A 3 h. 1(2, M. Sarrien acceptait de former
un cabinet.
Les démarches
En quittant l'Elysée, M. Sarrien s'est rendu
directement chez M. Aristide Briand, 40, rue
d'Orsel ; il ne s'y est arrêté que cinq minutes,
M. Briand n'étant pas chez lui. Il est reparti
à 3 h. 40 pour se rendre, 8, rue Franklin,
chez M. Georges Clémeneeau qu'il n'a pas
trouvé davantage.
De là, il s'est rendu 16 quai de Passy, chez
M. Georges Leygues, et là encore il n'a ren-
contré personne et .n'a fait qu'entrer et sortir.
il s'est rendu ensuite au ministère de l'A-
griculture chez M. Ruau, et ce dernier étant
absent, il est rentré chez lui. 22, avenue de
l'Observatoire, où l'attendait le ministre de
l'Asrriculture.
M. Sarrien a déclaré qu'il ne pensait Das
ressortir dans la soirée, mais qu'il recevrait
chez lui les amis qu'il avait convoqués.
M. Bourgeois s'est rendu hier après-midi
chez M. Rouvier, président du conseil.
Dans la soirée, M. Sarrien a procédé à un
échange de vues avec M. Georges Leygues.
Comme M. Georges Leygues se retirait, est
arrivé M. Georges Clemenceau. Celui-ci a
conféré assez longuement avec M. Sarrien. Il
n'a été abordé dans cette entrevue que des
points de politique générale. Contrairement
à ce qui a été dit, on n'a procédé au choix
d'aucun portefeuille.
M. Georges Clemenceau s'est rencontré peu
après avec M. Briand.
Une nouvelle conférence doit avoir lieu ce
matin à 10 h. 112 chez M. Sarrien.
La note suivante est publiée par l'agenca
Havas :
En sortant de l'Elysée, M, Sarrien a com-
mencé immédiatement ses démarches.
Il a eu à son domicile, avenue de. l'Obser-
vatoire, de six heures à huit heures, des entre-
tiens successifs avec MM. Aristide Briand,
Georges Leygues et Clemenceau.
De neuf heures à dix heures un quart. M.
Sarrien a conféré avec MM. Léon Bourgeois,
Poincaré, Thomson et Ruau.
M. Sarrien s'est ensuite rendu, en compa-
gnie de M. Ruau, à l'Elysée, ou il a fait part
au Président de la République de l'état de ses
négociations.
DERNIÈRE HEURE
D'apiès un bruit qui nous parvient à une
heure du matin, huit portefeuilles seraient
actuellement attribués à MM. Sarrien, pré-
sident du conseil ; Léon Bourgeois, Clemen-
ceau, Briand, Ruau, Thomson, Poincaré ot
Georges Leygues.
VIOLENT TREMBLEMENT DE TERRE AUX INDES
Lahore, 10 mars.
Un tremblement de terre local, aussi violent
que celui du mois d'avril dernier, s'est pro-
duit dans le district de Bashahr, situé sur le
territoire montagneux indigène de la province
de Simla.
Deux personnes ont été tuées et vingt-qua-
tre blessées dans la ville de Rampur, où le
tribunal. la station de police et le bureau de
poste ont été détruits. Deux ont été blessées IL
Kakoola, près de Rampur, sur la route de
l'Hindoustan au Thibet.
EN CHINE
Pékin, 9 mars.
La question aes indemnités pour le massa-
cre des missionnaires de Nan-Chang paraît
devoir être épineuse. Les Chinois sont unani-
mes à prétendre que ce sont les prêtres catho-
liques qui ont poignardé le magistrat du pays.
Les étrangers, au contraire, sont persuadés
que ce magistrat s'est suicidé pour protester
contre les exigences des catholiques et pour
amener un soulèvement populaire. De pareils
procédés ne sont pas rares chez 1er Chinois.
Le gouvernement envoie le tao-taï Liang
faire une enquête. Celui-ci, qui a eu beau-
coup de rapports avec les étrangers et a été
élevé par eux, se trouve dans une situation
très délicate. Ses conclusions, si elles sont et
faveur des chrétiens, provoqueront de nou-
veaux trouble;
Les habitants de Nan-Chang continuent à
se montrer hostiles ét exigent que les autorités
françaises rendent les honneurs funèbres au
magistrat décédé. Les fonctionnaires chinois,
de leur côté, protestent contre la présence des
canonnières qui, disent-ils, est de nature à
provoquer de nouvelles hostilités.
EN AFRIQUE AUSTRALE
Napumulo, 9 mars.
Les opérations de la colonne anglaise ont
abouti à la complète pacification du pays.
Tous les indigènes de la région ont reçu l'or-
dre de comparaître demain pour recevoir les
ordres du chef suprême en ce qui concerne
les localités affectées digènes ont déjà amené volontairement des
quantités considérables de bétail. ,.,'
LA CATASTROPHE DE COURRIERES
IPlus de 1,200 Victimes
DANS LA MINE. UN COUP DE GRISOU
L'incendie qui couvait. — Effroyable explosion. — Trois puits incendiés. -- 1,800 mineurs
ensevelis. — Conséquence des pluies et des inondations. - Colossal éboulement.
", - Les causes du désastre. — Premiers secours, premiers sauvetages. — Spec-
tacle navrant.- Courage et héroïsme." Les victimes.-- L'émotion dans
le Nord et à Paris. — Nouvelles officielles. — Le deuil national.
Une épouvantable catastrophe vient de
mettre en deuil la population minière du
nord de la France. Un terrible coup de
grisou s'est produit hier matin, à 7 h.,aux
mines de la compagnie de Courrières, à
30 kilomètres de Béthune (Pas-de-Calais).
Il est impossible d'évaluer même approxi-
mativement le nombre des victimes. Plus de
1,800 ouvriers venaient de descendre, quand
le sinistre s'est produit.
D'après les premiers renseignements
parvenus au ministère de l'intérieur, la
catastrophe, qui s'est produite à 7 heures
du matin dans les mines de Courrières,
dépasse en horreur tout ce qu'on peut ima-
giner.
Il est impossible de calculer, même ap-
proximativement, le nombre des victimes.
Tout ce que l'on sait, c'est que 1.800 ou-
vriers étaient descendus ce matin dans les
trois fosses qui ont été le théâtre de cette
effroyable catastrophe.
On espère que le plus grand nombre
d'entre eux auront pu se réfugier dans les
gâteries latérales. ,
On ignore encore les causes du sinistre.
Les trois fosses dans lesquelles il s'est pro-
duit sont transformées en brasier.
La violence de l'incendie est telle que les
flammes sortent par l'orifice des puits ser-
vant à la descente.
Le ministre de l'intérieur a été avisé telé-
phoniquement & 3 h. de l'après-midi, que
quelques-uns des ouvriers descendus dans les
mines de Courrières ont pu être ramenés au
jour sains et saufs ; mais ou n'a pas encore pu
en indiquer le nombre. ,
« Courrières -
Courrières est une bourgade de 4,274 habi-
tants située à 30 kilomètres de Béthune, près
de la limite Est du département du Pas-de-
Calais, sur la ligne,de Lens à Don-Sainghin.
La Compagnie des mines de Courrières, qui
a son siège social à Billy-Montigny, & proxi-
mité de l'une des fosses, et à 5 kilomètres de
Courrières, a pour objet l'exploitation et la
vente de la houille trouvée dans la conces-
sion. Celle-ci est limitée à l'Est parla conces-
sion de Dourges, et au Nord par celle de Lié-
vin.
La Société anonyme de Courrières est re-
présentée à Paris par un bureau de vente
situé rue Mogador, et où l'on n'avait encore
hier après-midi aucun renseignement.
Dans les milieux officiels
Dès la première nouvelle, le ministre des
travaux publics a donné l'ordre à M, Delà-
fond, inspecteur général des mines, de se ren-
dre sur les lieux et de prendre d'urgence les
mesures que comporte la situation.
M. Gauthier, ministre des travaux publics,
et son chef de cabinet sont partis hier soir, a
5 h. 25, pour Lens, av* M. Dubief, ministre
de l'intérieur, qu'accompagnent MM. Honno-
rat, directeur de son cabinet, G.-G. Paraf,
attaché et ingénieur-conseil du ministère de
l'intérieur.
Da son côté, le Président de la République
a fait exprimer toute sa sympathie aux fa-
milles des victimes.
Il a chargé son officier d'ordonnance, le
commandant Keraudren, d'allar à Cour
rières.
Le commandant est parti avec le ministre
do l'intérieur hier après-midi, à 5 h. 25.
M. Fallières devait se rendre hier soir au
bal de l'Ecole normale; il a renoncé à ce pro-
jet en raison de la catastrophe.
Les renseignements que l'on possède sur
cette épouvantable catastrophe sont vagues,
imprécis et contradictoires. Nous publions ci-
après les dépêches que nous recevons sur ce
tragique événement, leur laconisme même
montrant l'émotion de la foule massée sur les
lieux de la catastrophe et des correspondants
qui accueillent et transmettent tous les bruits
qui circulent :
LA CATASTROPHE
Grisou, incendie et éboulement
Lens, 10 mars, 10 h. matin.
On annonce qu'un coup de grisou vient de
se produire aux fosses 3 et 4 des mines de
Courrières.
Il y aurait de nombreuses victimes.
Lille, 10 mars, midi.
:. Aux mines de Courrières, on attribue - l'ac-
cident à un incendie qui se produisit à 7 h. 1/2
du matin, après la descente des mineurs, à
la fosse de Méricourt et qui provoqua un
éboulement obstruant le passage d'air. Les
fosses 2, 3 et 4 sont atteintes.
Il est prématuré d'évaluer le nombre des
victimes attendu que l'on n'a pas pu encore
commencer la remonte. Jusqu'à présent on
connaîtrait une quinzaine da blessés.
Les fosses atteintes sont situées à Sallaumi-
nes, Billy-Montigny et Méricourt.
Douai, 10 mars, 2 h. 30.
Ce matin, à 6 h. 1{2, alors que tous les ou-
vriers étaient au travail, un coup de grisou a
dévasté les fossés n" 11 et 4 de la concession
de Courrières. La catastrophe intéressa non
seulement ces deux fosses, mais aussi les
autres puits de la concession qui étaient en
communication avec les fosses 4 et 11, dans
tout le rayon de Méricourt, Coron et Lens.
Ce nombre des victimes doit être considé-
rable, mais on ne peut l'évaluer même ap-
proximativement.
Lens, 10 mars, 2 h.
L'affolement est général. ,'
Il s'agit d'un coup de grisou qui a fait des
centaines de victimes.
On se trouve en présence d'une catastrophe
sans précédant.
Un incendie existait depuis quelques jours
dans la fosse h" 3 qui communique avec les
fosses 2 et 4. Le feu se sera transmis au gri-
sou, provoquant ainsi l'explosion. >.
II. y a actuellement 1,300 ouvriers prison-
niers dans les trois puits. Sont-ils encore vi-
vants? On se le demande avec inquiétude.
La cause de la catastrophe
Lille, 10 mars, 2 h. 30 soir.
'[)'ès les premiers renseignements f ria.
la cause de la catastrophe serait un colossal
éboulement dont les conséquences ne peuvent
être évaluées actuellement.
C'est un affaissement de terrain qui s'est
produit, à la suite des pluies torrentielles de
ces temps derniers, sur une surface s'étendant
à plusieurs communes : Mériconrt-Coron, Sal-
laumines, Billy-Montigny, Montigny-En-
gohelle, et peut-être plusieurs autres.
A Sallaumines, les mineurs ne peuvent pas
encore remonter; en d'autres endroits, du côté
de BiUy-,Von'ïg".ti, il y aurait des victimes ;
certaines seraient écrasées, d'autres asphyxiées.
A midi, un grand nombre de victimes avaient
été découvertes, mais il restait plusieurs cen-
taines d'ouvriers dans les fosses et on ne sait
quel est leur sort.
Premiers sauvetages
Douai, 10 mars, 2 h. 30 soir.
Le coup de grisou a balayé tous les bois do
soutènement des galeries, et de3 éboulements
nombreux se sont produits. On espère que
certains mineurs ont pu se mettre à l'abri et
échapper au fléau. Peut-être se sont-ils ré-
fugiés dans des galeries qui se sont refer-
mées sur eux et sont-ils dans l'impossibilité
de sortir de la fosse.
On déblaie activement la fosse n* 3 pour se
porter à leur secours ; mais arrivera-t-on en
temps utile. -
On s'attend à retrouver un nombre considé-
rable de victimes.
Ceux qui parlent d'une centaine ne doivent
malheureusement pas exagérer, mais peut-être
aura-t-on à en déplorer quatre ou cinq fois
plus.
A midi l'on n'avait encore remonté qu'un seul
blessé.
On a remonté de la fosse n, s cent vingt
hommes vivants qui attendaient du secours à
l'accrochage.
Il est impossible de dépeindre la stupeur et
la désolation que cette épouvantable catastro-
phe a jetées dans la région.
Navrant spectacle
Lens, 20 mars, 2 h. 30 soir.
Aux fosses i et 3 des mines de Courrières, il
est impossible de porter secours aux mineurs
enfermés dans les galeries.
A la fosse S, les gaz qui s'échappent dit puits
empêchent d'approcher et Vinaenieur Voisin a
dû être remonté. Il avait subi un commence-
ment d'asphyxie.
A la fosse 3, la cage ne fonctionne plus; le
puits est détérioré par le choc violent qui s'est
produit.
Aux abords des puits le spectacle est navrant.
Les femmes crient et ptturene.
Les gendarmes ont peine à les empêcher d'ap-
procher trop pris des orifices des puits.
Les secours
Lens, 10 mars, 3 h. 30 soir.
On parle de plus de mille ouvriers tués, ce
qui jette la consternation, mais rien n'indique
que ce chiffre soit exact.
Cependant on peut présumer que le nombre
des victimes sera très élevé, pas un seul mi-
neur des puits, 2, 3 et 4 n'étant encore re-
monté.
A la fosse 4, située sur le territoire de Sal-
(aumines, on procède difficilement au sauve-
tage. La puits est avarié par l'explosion et la
cage ne peut descendre jusqu'au fond.
On remonte quelques ouvriers du puits nu-
méro 11, voisin de ceux où s'est produit la
catastrophe.
Le préfet du Pas-de-Calais, le procureur de
Béthune, les directeurs et ingénieurs des
Compagnies voisines et leur personnel médi-
cal prêt a secourir les blessés, sont sur les
lieux.
Lens, 10 mars, 4 heures soir.
On vient de remonter un blessé brûlé sur
tout le corps. On attend, mais en vain, de voir
remonter les autres.
Il est impossible d'approcher des galeries qui
sont débouchées.
Une cinquantaine de mineurs courageux
descendent, dirigés par M. Bar, ingénieur on
chef. Ils vont tenter de secourir leurs cama-
rades.
Le chef porion Leçomte, qui vient de des-
cendre et qui remonte, raconte que la tableau
est terrifiant.
La foule qui entoure la fosse témoigne son
impationce.
Les femmes crient et pleurent, interrogeant
le3 passants, pour savoir si leurs maris sont
encore en vie.
Nouveaux détails
Lille, 10mars, 4 h. 30 soir.
La nuit dernière, un incendie qui couvait
depuis 2 ou 3 jours s'est déclaré dans la fosse
n° 3 des mines de Courrières, à proximité des
corons de Méricourt, à une profondeur da ZO
mètres, où l'on procédait à des travaux da
maçonnerie.
Dans le but de circonscrira l'incendie, M.
Barault, ingénieur, desceniji lia nuit dernière
dans la fosse pour faire opérer des travaux
d'étouffement. C'est tout ce qu'on sait au
sujet de l'origine de cette terrible catas-
trophe.
Vers 7 h. du matin, une épouvantable déto-
nation se produisit à la fois dans les fosses
n° 3, n° 4 et n° 2. Des cages furent projetées à
une hautour d'environ 10 mètres de la fosse
n° 1 et de la fosse n° 4.
Un ouvrier de jour, un moulinour, fut tué
n3t par cette explosion.
A la foîse a, 3 un cheval fut projeta en
l'air.
L'orifice des puits présente un aspect indes-
criptible : toutes les fosses communiquant
entre elles, certains ouvriers ont cherché à
s'échapper par la fosse n° 10 près de la gare
de Billy-Montigny, îcqsa qui était restée in-
tacte. C'est par la qu'on a pu opérer quelques
sauvetages.
A 10 h. du matin, les premières cages pu-
reut ramener une dizaine d'hommes à demi
asphyxiés, parmi lesquels se trouvaient M. Voi-
sin, ingénieur, qui avait essayé de de33C.rt(il>d
pour organiser les secours, et Lecorf, ehb,f-
porion.
L'un de ces hommes ayant penché le bras
au-dessus de la cage, eut le bras écrasé : c'est
un nommé Georges Cassetête, de Montigny-
en-Gohelie. Les docteurs l'ont amputé sur
place.
Vers 11 h., on réussit à déblayer la fosse
n°4 sur le territoire de Méricourt,ot au moyen
de paniers on put enlover un certain uombro
d'ouvriers blessés.
A la fosse n* 10, l'organisation des secoura
a été faite par des équipes de bonne vo-
lonté.
Actuellement, on n'a enlevé que deux mort.
do la fosse o. 10, mais on craint que les ou-
vriers qui ne sont pas sortis ne soient presque
tous morts par l'asphyxie.
Il est très difficile d'évaluer, même approxi-
mativement, le nombre des morts, mais on
parle de mille à douze cents.
MM. Duréault, nréfet du Pas-de-Calais ;
Léon, ingénieur ea chef à Arras sont sur les
lieux, ainsi que M. Dauransard, procureur
de la République ; Irando, substitut et Ou-
dry, juge d'instruction.
Un mineur, nommé Pierre Dasson, 22 ans,
habitant Méricourt, qui a pu s'échapper, a
raconté qu'il se trouvait à une distante de
280 mètres, à proximité relative de l'orifice
du puits au moment où il fut frappé par la
bruit de l'oxplosion.
Immédiatement, dit-il, l'air se raréfia et sa
chargea de vapeurs toxiques. Dasson se porta
instinctivement vers le puits de la fosse n. 2,
mais à proximité du puits plusieurs de ses
camarades se trouvaient asphyxiés. lis étaient
tombés dans la galerio, exténués ; ils récla-
mèrent des secours immédiats et Dasson, mal-
gré son état, les chargea sur la berline. Il
parvint ainsi à les nousser iusau'à la fosse
n' 10. .-
Une foule considérable est' massée aux abords
des puits. Il règne une terreur indescriptible
aux environs des fosses qu'assiègent les familles
éplorées.
La service d'ordre est fait par les gendarmei
des brigades environnantes et par la polico de
Lens et d'Hénin-Liétard.
Courrières, 10 mars, 5 h. soir.
Les gaz qui sa dégagent de la fosse 2 inter-
disent toute entrée dans le puits, et il est
impossible de songer à porter secours de ce
côté.
Au puits n' 3, la cago na fonctionne plus,
le puits ayant été ondommagé par la violence
de l'explosion.
C'est donc à la fosse 4 que se concentrent
les opérations de sauvetage. On y romirque
la présence du personnel de la mine et de
nombreux ingénieurs des concessions voi-
sines, de Liévin, d'Orges et de Lens.
La toiture du bâtiment entourant la fosse a
été enlevée par l'explosion. Plusieurs ingé-
nieurs et porions accompagnés d'un délégué
mineur viennent de descendre dans le puits.
A 10 h., on a commencé à remonter une
dizaine d'ouvriers appartenant au puits n" 11,
où la catastraphe s'est fait égaloment sentir,
mais aucun des 838 mineurs descendus au puits
n° 4 n'est encore remonté.
Les victimes
Lens, 10 mars, 5 h. 35.
A la fosaâ n* 2, sur 500 mineurs descendu.
ce malin, on en a remonté 38g; tout sauve-
tage des autres ost impossible actuellement.
A la fosse n" 3, sur 443 mineurs descondua,
on en a seulement remonté 13. La cago ne
fonctionnant pas et les échelles étant brisées,
on désespère do retirer les autres.
A la fosse 4, sur 852 mineurs descendus,
135 ont été romontés avant l'explosion, par
ordra de l'ingénieur Barot, à cause du travail
de barrages et de l'empêchement de l'accès de
certaines galeries ; 40 autres ouvriers ont été
romontés par des échelles et 10 par les cages,
5 ont été tués.
En récapitulant. on trouve 1.795 ouvriers
descendus, 591 remontas, soit 1.204 qui restent
ensevelis dans les 3 puits.
Les ouvriers descendus pour porter secoure
commencent à remonter ; on juge, croit-on.
que toute tentative de sauvetage serait inu-
tile.
Le parquet d'Arras vient d'arriver poif
commencer une enquête.
Lille, 10 mars,8 h. 45 soir.
Il est actuellement certain que onzp, cent
quatre-vingt-etrize mineurs descendus ce matin
dans les puits de Courrières sont morts.
On a retrouvé environ quatre cents surut-
vants.
Le sauvetage interrompu
Lens, 10 mars, 11 b. 35 soir.
A la fosse 4 de Courrières, les ouvrierl
sauveteurs viennent de remonter les ingé-
nieurs, parmi lesquels MM. Laffitte, ingénieur
en chef, et Dinoire, ingénieur principal dey
mines de Lens, qui avaient été frappés d'as-
phyxie. Après les soins qui leur sont donnés,
ils sont rappelés à la vie et dirigea suc
Lons.
Le préfet est toujours sur les lieux.
On renonce à tenter le sauvetage ; les gale-
ries se sont éboulées : on va aviser aux
moyens de secourir les L 201 mineurs qui
restent dans les puits.
Le préfet communique la dépêche du prési*
dent de la République exprimant l'assurance
de sa douloureuse sympathie aux famille* des
victimes.
La foule entoura la fosse 4. L'émotion est
indescriptible ; les femmes et les enfants pleu-
rent et menacent de forcer les barrages da
gendarmes; c'est un tableau navrant.
Les ministres sur 193 lnax du sinistre
LENS, 10 iiirg. — Les ':,\st(?'I, MM. Du-
bief et Gauthier, accompagnés de M. Ltfoad,
directeur au ministère des travaux publics. et
de t'officier d'ordonnance du président de !t
République, sont arrivés a la foiae 4 des ai-
nes de Courrières à Saliaumiucs à 8 h.
M. DUXMUII, préfet du Pas-de-Calais, a pré-
senté le personnel dirigeant d.n mines dj
Courrières, puis M. Léoj, iftgénieor en chef]
du contrôle des mines, a expliqué les Ç4Crf1
présumées do la catastrophe.
Les ministre.'» ;îo rendent3 la t"?SJe 3 à MérM
court.
LENS, 10 mars. - Les raliïîakrc» sent reçi a
dans le bureau des usines où ils s'entourent;
le renBvignsfn,,'n'9-
A 9 heures, par U-irta suécbrt ils regllgDen"
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