Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-01-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 janvier 1906 05 janvier 1906
Description : 1906/01/05 (N13083). 1906/01/05 (N13083).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7546007g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
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., ', >'-. druser kttru mandatl Ii t dministra;
,^v, , Adresser lettre» et mandat» à F Administrateur
PROCHAINEMENT
nous commencerons la publication d'un nou-
veau roman d'ELY-MONTCLERC :
bA..FtffiITlVE
Nos lecteurs 'connaissent assez Ely-M ont-
clerc pour que nous n'ayons pas besoin de
présenter longuement son dernier ouvrage.
Cette œuvre, tragique à la fois et sentimen-
tale, ne le cède en rien à ses devancières
et nous lui prédisons un m'and succès.
Étranges contradictions
Je ne crois pas être suspect de la
moindre hostilité contre Dubief, ayant
été de ses amis à une heure où le
nombreen était infiniment moinscon-
sidérable qu'aujourd'hui. Je me suis
réjoui de son élévation. Son républica-
nisme sincère, son zèle consciencieux
et sa valeur laborieuse justifient am-
plement la confiance dont il est l'ob-
jet,mais,qu'il me permette de le lui dé-
clarer en toute franchise et toute ami-
tié, nous sommes plusieurs à ne rien
comprendre à son premier acte minis-
tériel, c'est-à-dire à la mesure inat-
tendue qui élève les classes d'un cer-
tain nombre de sous-préfectures, et
grève de ce chef un budget suffisam-
ment obéré, d'une trentaine de mille
francs au moins.
Vraiment nous attendions mieux.
Nous espérions que M. le ministre de
l'intérieur se souvenant de son rap-
port, tout à fait excellent, sur les mo-
difications indispensables qu'exige la
loi de 1838 relative au régime des
aliénés tiendrait à honneur de mar-
quer de son empreinte cette réforme
qui ressortit directement à son mi-
nistère. Que s'il préférait appliquer
ses soins à l'organisation départemen-
tale ou communale nul n'était mieux
qualifié que lui pour pour procéder à
un large effort de décentralisation.
Conférer au département, à la com-
mune une plus grande source de li-
berté, parce que nous l'avons toujours
promis et pour ne pas laisser dire,
avec une apparence de raison, qu'à
l'exception du très regretté M. Goblet,
aucun de nos hommes de pouvoir n'a
osé se montrer en ces matières aussi
libéral que le fut l'Assemblée de 1871,
c'était, à notre avis, étendre heureu-
sement le champ d'application de la
République. Mais porter de la 2° à la
l10 classe la sous-préfecture de Tour-
non ou de Béthune, n'y avait-il donc
rien de mieux à faire ?
On me répondra peut-être que cette
mesure est juste et qu'elle s'explique
par l'augmentation de la population
des arrondissements dont il s'agit. Ce
n'est pas ce que l'on conteste. Mais il
y a mille mesures d'une nécessité plus
absolue, d'une urgence plus évidente,
et que l'on ne cesse de différer.
La réforme qui vient d'être accom-
plie coûtera trente ou quarante mille
francs au trésor, mais qui en bénéfi-
ciera? A part les quelques sous-préfets
dont le traitement s'élèvera de 4.500
à 6.000 francs et de 6.000 à 7.000 fr.,
on ne voit guère d'autres personnes.
11 est tout à fait indifférent au citoyen
de Tournon ou de Largentière que sa
sous-préiecture soit inscrite dans une
catégorie plutôt qu'une autre. C'est
bien le cadet de ses soucis, et comme
il a raison !
Passe encore, si notre budget était
florissant ! Mais non, hélas! Sitôt que
l'un de nous ouvre la bouche pour une
dépense nécessaire, impossible, pas le
moindre sou! Voici, à titre d'exemple,
les malheureuses aides des postes et
télégraphes. L'Etat ne les paye pas,
faute de ressources ; les receveuses qui
les emploient sont chargés de les ré-
munérer et, étant elles-mêmes très
peu subventionnées, ne leur peuvent
donner que d'insuffisantes indem-
nitÁ¡;: -
Les ouvriers des usines des câbles
des téléphones, qui ne sont qu'en très
petit nombre, demandent une réforme
d'une utilité certaine, qui ne coûterait
presque rien.Toujours même réponse :
Impossible, pas d'argent.
Nos malheureux juges suppléants
remplissent pour la plupart, pendant
de longues années, une fonction gra-
tuite et épuisante. Il serait humain de
leur concéder un traitement. Impossi-
ble, l'argent manque.
Au cours de la discussion du bud-
get de 1905, nous avons, mon ami Fer-
rero, député de Toulon,. et moi, dé-
posé un projet de résolution invitant
le gouvernement à créer une seconde
chambre au tribunal civil de Toulon.
M. le garde des sceaux Vallé a reconnu
que cette création s'imposait. Malgré
,le zèle et la bonne volonté des magis-
trats auxquels je suis heureux do re-
nouveler l'hommage de mon estime et
de ma sympathie, une foulo de litiges
restent en suspens. L'arrondissement
de Toulon compte 200.000 habitants
environ et son tribunal est saisi de
plus d'affaires qu'aucun des tribunaux
possédant deux chambres et que quel-
ques-uns de ceux qui en ont trois. M.
le garde des sceaux Vallé en convient,
appuie notre projet de résolution, la
Chambre le vote à l'unanimité, M.
"ChaumÎé stfccède* â liî. Vallé, il inscrit
à son budget la somme nécessaire à
cette création, mais elle lui est biffée
par le ministre des finances, sous pré-
texte qu'il n'a pas d'argent. Il en a
pourtant trouvé pour la réforme des
sous-préfectures.
Ce que je dis de Toulon se passe,
dans une proportion moindre mais
considérable encore, au tribunal de
Grenoble et à la Cour d'appel de Tou-
louse où, faute d'une chambre néces-
saire, les procès attendent indéfini-
ment leur tour. Zévaès pour Gre-
noble, Honoré et Raymond Leygues
pourToulouse ont éloquemment signalé
cette situation fâcheuse. On leur a ré-
pondu comme à nous ; « Vous avez
raison, mille fois raison. Attendez la
fin de votre procès. » Notez que les
trente ou quarante mille francs dont la
dépense sous-préfectorale va grever
le Trésor seront à tout jamais perdus
pour lui. tandis que les quelques mil-
liers de francs consacrés à la création
des chambres judiciaires demandées
pour Toulon, Grenoble et Toulouse
auraient été promptement récupérés
par le fisc; car chaque affaire jugée
entrainant des droits de greffe, de
timbre, d'enregistrement, etc., plus il
aurait été jugé d'affaires plus le Tré-
sor aurait touché de droits. Ces droits
auraient même fini par surpasser la
somme avancée et constituer un béné-
fice à l'Etat, en même temps que les
justiciables auraient été satisfaits de
voir leurs affaires sortir du rôle et ne
pas s'éterniser à attendre un tour pro-
blématique et lointain. Ne l'oublions
jamais. Tout retard en ces matières
est un déni de justice.
Nous trouvions jadis étrange cette
façon d'ajourner les réformes urgentes
au profit de celles que ne recomman-
dait aucune nécessité. Ce sont toujours
les mêmes errements. Car, après tout,
notre ami Dubief pourra nous répon-
dre qu'il s'est préoccupé surtout de
son ministère; il a voulu des fonds, on
les lui a donnés. Mais que répondra
l'ami Merlou, lorsque nous lui deman-
derons comment il se fait qu'il trouve
des fonds pour les choses inutiles et
qu'il n'en trouve nas pour des dépen-
ses de somme égale, sur la nécessité
desquelles la Chambre s'est unanime-
ment prononcée.
Louis Martin.
LES ON-DIT
JEUNES-CHINOIS
Il y a un parti jeune-chinois,
comme il y a un parti jeune-turc
et un. parti jeune-tchèque. Les
Jeunes-Chinois sont ceux des
sujets du Céleste-Empire qui
sont un peu éblouis par la gloire
étincelante du Soleil-Levant -
Le Japon est bien, en effet, le Soleil-
Levant pour ces peuples asiatiques, qui
ne regardaient jusqu'à présent notre civili-
sation occidentale que comme une variété
de barbarie,et qui ont appris brusquement,
grâce à l'exemple du Nippon , tous les
avantages que le monde oriental pouvait
tirer de l'étude et de l'application des scien-
ces européennes.
Les journaux d'Extrême-Orient suivent
avec émotion les mouvements des Jeunes-
Chinois. Grâce 1 eux,la Chine va-t-elle de-
venir un autre Japon ?
Ils l'espèrent, ces Chinois à la nouvelle
mode. Ils croient que si le Japon a su se
transformer en 50 ans, l'Empire du milieu
parviendrait aisément à accomplir la même
évolution en deux ou trois lustres.
Cette confiance excessive est, si on le
veut, rassurante pour nous. Si, vraiment,
les Jeunes-Chinois se rendaient compte de
ce qu'est un peuple moderne, avec son
énorme attirail économique et militaire, ils
comprendraient qu'il faut plus de quinze
ans pour créer une pareille organisation
sociale.
On fait valoir, d'ailleurs, que la Chine
n'a pas ce qui a fait le Japon, tel que nous
le voyons aujourd'hui : un gouvernement
progressiste et obéi.
N'importe. Si la Chine veut s'européa-
niser, elle y parviendra dans un temps plus
ou moins long. Tâchons, le jour où le dan-
ger sera réel, de ne pas nous laisser pren-
dre au dépourvu.
It
PORTIÈRE ET TAMBOUR
Il y a des formes de rédaction qui prê-
tent souvent à des équivoques bizarres.
C'est ainsi qu'à la fin de la dernière ses-
sion du Conseil municipal de Paris, on a
vu se produire un mémoire préfectoral,
sous ce titre : Remplacement d'une portière
par un tambour. Si l'on se livre souvent à
des exagérations d'éloquence, il n'y a pas
de portières à l'Hôtel de Ville. Et les cava-
liers de la garde qui portent les dépêches
officielles n'ont pas de tambours.
Il s'agissait simplement de remplacer,
par une cloison avec porte battante, une
draperie qui ne suffisait pas à protéger
contre les courants d'air l'accès du cabinet
du secrétaire général de la préfecture de la
Seine.
LE GÉNÉRAL BRUM
La nomination définitive du général
Brun au poste de chef d'état-major géné-
ral a été bien accueillie dans l'armée. Di-
visionnaire depuis 1904, il a honorable-
ment conquis ses grades en montrant une
intelligence particulière des conditions
techniques de la guerre moderne. En 1872,
il n'était encore qu'un lieutenant d'artille-
rie. Très sévère sur la discipline, il était
appelé au quartier fe iiwitowml PU'Sec.
Nous avons rencontré un des anciens de
sa batterie ;
— Si je me souviehs de lui ? nous dit-
il. Je crois, parbleu, que j'ai des r"
pour cela, car 11 m'a plus d'une fois fourré
dedans comme un tambour. Il était le type
du lieutenant bûcheur, du Lieutenant Bon-
net, d'Hector Malot, J'aimais le métier,
mais on m'avait classé parmi les « fortes
têtes ». Je potassais alors mon entrée à
Saumur. Que c'est loin ! Bon choix, en
somme. Avec Brun, nous échappons enfin
à la série des soldats politiciens, vivant et
se mouvant en. dehors de la hiérarchie, do-
minés par les influences extérieures. La
Grande Famille va respirer ; eue n'aura
plus à penser qu'au métier. Elle a confiance
en Pèt'Sec. ,
UN HOMME D'AMMT ;.,i;:'-'-
Il ne faut pas prendre le*, mot dans 4e
sens de : financier. L'homme d'argent dont
nous voulons parler ressemblerait plutôt
par quelques traits aux « hommes de
bronze » qui travaillent quelquefois dans
les baraques de foire et sur les places pu-
bliques. Seulement, le héros de l'aventure
que nous allons raconter est — comment
dire ? —mieux étamé. Et son procédé
spécial et très nouveau fera peut-être flo-
rès dans le monde où l'on se badigeonne.
Il souffrait d'une affection nerveuse très
douloureuse. Son médecin lui prescrivit des
pilules contenant du nitrate d'argent. Le
malade se trouva bien de ce régime et,
chaque fois qu'il ressentait lei. moindre
trouble, il absorbait des pilules. 'Or,i;apreg-'
quelques années de ce traitement, la peau
du malade prit un éclat argenté et mainte-
nant tout son corps, ses mains et sa figure
sont couverts d'une couche brillante de
métal comme s'il avait été argenté. Ce
phénomène trouve une explication simple.
Dans l'organisme du malade, le nitrate
d'argent s'est décomposé et le métal, mis
en liberté sous la forme d'une poussière
très ténue, est peu à peu expulsé de l'or-
ganisme par les pores, ces exutoires natu-
rels du corps humain.
CONFUSION DES LANGUES
Les journaux autrichiens dénoncent
comme une véritable Babel moderne la
vieille ville hongroise d'Eperjes, sur les
confins de la Galicie. On y parle six lan-
gues différentes, sans compter les dia-
lectes.
Chaque catégorie sociale comme chaque
corps de métier a, de temps immémorial,
un dialecte spécial et ne veut pour rien au
monde l'abandonner. Ainsi, dans les mai-
sons de la bourgeoisie, on trouve en géné-
ral un domestique slovaque, un cocher
hongrois, un cuisinier qui parle allemand
et une femme de chambre qui n'entend que
le polonais. Et pour les fonrnisseurs. il
faut se débattre entre un boulanger
magyar, un boucher illyrien, un phar-
macien slovène et des marchands de qua-
tre saisons dont le langage habituel est le
patois galicien.
Le Passant.
— ; ————————— ————— -
Toujours farceurs, ces Marseillais !
Il faut convenir que l'aventure qui vient
d'arriver, à Marseille, à un avocat parisien,
n'est pas banale. Le spectacle d'un juge fai-
sant arrêter et, quatre heures durant, incar-
cérer l'avocat d'un prévenu, pjur pouvoir
tout à son aise inventorier et indiscrètement
examinor les dossiers et les docuniants de la
défense, ne se pouvait voir qu'à Marseille,
ville où, comme vous savez, rien no saurait
se passer comme il est d'usage ailleurs.
A Dieu ne plaise que je veuille rendre tous
les Marseillais responsables de la gafïo monu-
mentale d'un d'entre eux, m lis je suis bien
forcé de constater que c'est précisément dans
la cité des galéjades extravagantes, dont la
réputation est mondiale, que s'est déroulée la
scène, extrêmement originale oncora que fort
désagréable pour celui qui en fut la victime,
dont je vous entretiens présentement.
Le magistrat coupable de cet abus do pou-
voir pourra invoquer, pour se justifier, qu'il
avait eu seulement l'intention de plaisanter et
de faire voir à l'avocat parisien qu'à Mar-
ssille on avait, quand on le voulait, autant
d'esprit — que dis-je, plus d'osprit — que
dans la capitale. "', -
Je ne sais pas si cette explication sera du
goûtdugardedcs sceaux,et si elle satisfera l'in-
nocente victime de cette facétie un peu trop
poivrée, mais à coup sur, ce serala seule que
pourra fournir lo juge marseillais.
Je sais bien qu'on fait déjà valoir que ce
digna représentant do la loi ignorait qu'il
eût affaire à un avocat, mais cette défense
ressemble beaucoup à une défaits, car d'après
ce qu'on connait de l'histoire, il ne semble
pas que cette affirmation s'appuie sur une
base sérieuse. Et puis, quand bien même il
eût ignoré la qualité de celui qu'il faisait ar-
rêter et dans les bagages duquel il opérait
une perquisition en rè^le, en est-il moins
coupable? L'arbitraire n'est plus de C9 siècle ;
le temps des lettres do cachet est heureuse-
ment disparu depuis longtemps; les juges ne
font plus la loi, ils l'appliquent seulement.
ce qui est déjà beaucoup. Et l'on ne peut re-
tirer à l'acte du magistrat de Marseille la
part énorme d'arbitraire qui s'y est trouvée.
Cet audacieux juge aura bien du mal à se
justifier et il mo parait avoir accompli là un
fâcheux pas de clerc.
Je ne vois pour lui qu'un moyen d'en sor-
tir, c'est de faire de3 excuses à l'avocat en in-
voquant, comme je le dis plus haut, qu'il a
simplement voulu lui faire une bonae farce,
dont l'autre n'a pas goûté tout le sel. Ce n'est
pas pour rien qu'on est de Marseille, té! mon
bon 1
Andrk Joïïhert
„
EN ANGLETERRE
Londres, 3 janvier.
M. Balfour, dans une adressa à ses électeurs,
dit qu'il serait sage d'adapter la politique fis..
cale aux conditions changeantes d'un monde
changeant, et il croit que le moment est venu
où celte adaptation est urgente.
Au sujet dé ta politique étrangère, il rend
hommage aux capacités et au patriotisme de
sir Edouard Grey, mais il ajoute:
« Une politique étrangère, pour être effica-
ce, honorable et solido, n'exige pas seulement
un ministre capable ; le ministre doit avoir
derrière lui une force morale et militaire
puissante, sans laquelle une diplomatie au
moment d'une tension grave, dégénère soit
en bluff, soit en appel à la pitié, soit en un
marchandage aboutissant au chantage 0.
———————————— 00 —— -
CHRONIQUE
L'Art des vers
Les poètes s'agitent et pour cause. Un
nouvel Art poétique nous est né. Il n'a
pas les formes compassées que feu Nicolas
Boileau sut, de main de magister, assujet-
tir aux règles rigides de l'alexandrin ; il
n'a pas non plus les allures un peu Jeune
France du Petit traité de poésie de Théodore
de Banville, qui pareil au moraliste disant
à ses adeptes : Faites ce que je dis et nonce
que je fais, se trouvait souvent en contra-
diction avec ses propres préceptes. Mo-
destement énoncé sous ce vocable, l'Art
des vers, s'inspirant des plus belles sour-
ces de vie et de beauté qui se dégagent de
l'œuvre des grands poètes de la France, ce
vade-mecum de la prosodie française ou-
vre sous un aspect des plus pacifiques les
horizons d'azur aux privilégiés qui se sen-
tent le cerveau obsédé par la hantise du
vers
Depuis Pindare qui déclarait la poésie
grande pacificatrice du cœur de l'homme et
du monde, cependant que Tyrtée l'asso-
ciait à ses appels farouches et belliqueux,
v Hugo, lequel tour à tofit
scanda le vers magistral à l'adresse des
souvenirs et des gloires du passé, comme
pafois en défi aux tyrannies qui oppri-
maient ses concitoyens, tous les poètes
ont conçu cet art divin, cette « musique »
dont parlait Platon en sa République, corn
me le symbole éducateur et régénérateur
de l'humanité.
Qui ne se souvient de cette lyrique évo-
cation du temple d'Ephèse chantée par
Hugo, dans son poème des Sept merveilles
du monde ?
Moi, le temple, je suis législateur d'Ephèse ;
Le peuple, en me voyant, comprend l'ordre et
[s'apaiso;
Mes degrés sont les mots d'un code ; mon fronton
Pense comme Thalès, parle comme Platon ;
Mon portique serein, pour l'âme qui sait lire,
A la vibration pensive d'une lyre.
Homère, Dante, Shakespeare, Goethe,
Hugo, furent les exaltateurs généreux du
génie des races, et les formes dont ils re-
vêtirent leur pensée doivent demeurer
inaltérables, à travers le monde.
Hélas, le monde ne connaît guère les
poètes ; du moins la grande majorité du
peuple, qui préfère encore lire les niaise-
ries bâclées à la légère par des pseudo-ro-
manciers, soucieux beaucoup plus de cap-
tiver l'attention des simples au moyen
d'une intrigue enchevêtrée, ou de jeter les
ferments de dépravation dans l'esprit de
la jeunesse.
Quel intérieur de paysan d'Allemagne n'a
pas son recueil favori des meilleurs poètes
internationaux? Quel humble toit britan-
nique ne recèle un Shakspaere ou même
un Tennyson? Mais hélas, qu'elle chau-
mière de nos campagnes possède un flori-
lège où Corneille, Racine, Molière, Ché-
nier, Lamartine, Hugo et Musset soient
associés dans un même culte, pour offrir
un régal intelligent au cours des longues
veillée3 d'hiver?
Et pourtant c'est à ce prestigieux art
des vers, que nous devons l'expansion des
énergies et des vertus de notre race. Et
c'est un réconfort que de le voir redire par
le poète de race qui s'affirme depuis plus de
vingt ans, M.Auguste D.Jfchain,en ses œu-
vres connues de tous les lettrés, goûtées
et appréciées de tous lss critiques judi-
cieux.
L'auteur de la Jeunesse pensive et de
Conte d'avril a osé entreprendre l'étude la
plus ardue peut-être qui se puisse offrir à
ta plume d'un poète, la dissection de soi-
même; car c'est le mot qui semble conve-
nir à cette analyse des phis menus détails
de nos lois rythmiques, préludant à l'exa-
men théorique des conditions suivant les-
quelles se doit réaliser le vers français.
Peut-être, notre éminent confrère Adolphe
Brissou trouverait-il uu peu hardie cette
audace qui consisterait chez un critique à
énoncer, avant que de l'avoir produit, les
conditions de principe qui doivent présider
à l'éclosion d'un chef-d'œuvre. Mieux vau-
drait, écrivait-il quelque parf, le créer d'a-
bord, et poser des règles ensuite. Mais M.
Auguste Dorchain est de ceux qui ont fait
leurs preuves en la matière, et auxquels on
peut ne pas tenir rigueur, même de son
peu d'estime pour la néomorphie poétique
qui s'est fait jour depuis quelques années
dans les rangs de nos poètes contempo-
rains, rénovateurs du vers libre.
Peut-être fait-il bien d'admettre que le
vers français ne constitue pas une diffi-
culté d'expression. Mais qu'il me permette
de lui objecter, qu'à mon sens, il en est du
vers libre comme de ces œuvres sculptu-
rales qui tiennent au marbre d'où elles
sont taillées, et qui, si elles n'expriment
pas l'entière vision du chef-d'œuvre at-
tendu, nous laissent pourtant une sensa-
tion moins conventionnelle souvent que
les hexamètres martelés de rimes.
La pauvreté de certains suffixes, la ba-
nalité lassante de tels autres, que le bon
goût proscrit le plus souvent, tels ces ad-
jectifs entif et ces adverbes en ment, n'y
a-t-il pas là de quoi désespérer l'interprète
le mieux doué, demeurant parfois impuis-
sant à préciser le sens de sa pensée poéti-
que, pour le vain avantage d'une sonorité
nécessaire à redoubler ?
En quoi le vers libre, nuance selon les
formes de l'harmonie du rythme et du
sens poétique indispensables à toute con -
ception lyrique, peut-il être plus déprisé
des lecteurs que ces poésies, véritables
casse-têtes chinois, dont les dispositifs
spécialisés par tels auteurs d'autrefois,
sont demeurés jusqu'à nous prétextes à
de brillants exercices ?
Rondeaux, panloum5,scxtines et dizains,
ballades, virelais, odes et sonne.ts ont
eu des sorts divers à travers les âges. Et
qui donc se préoccupe, parmi nos poètes
les plus classiques,de ressusciter les rimes
batelécs, fraternisées, emperières ou équivo-
qucs. rélégués aux vieilles lunes uvce l!l
ques t reléguées aux vieilles lunes avec la
même désinvolture dont veulent user, à
l'égard de nos verslibristes, les réfractai-
res avérés aux formes nouvelles.
Ces poésies tour de ce sont auxtrs de
Verhaeren ou de Henri de Régnier ce que
le pointillisme ou le tachisme de quelques
peintres actuels sont à l'impressionnisme
d'un Manet, d'un Guillier ou d'un Raf-
faëlli. Nous sommes d'accord avec M. Au-
guste Dorchain quand il nous affirme à
plusieurs reprises que, dans la poésie,
c'est le son qui prévaut, c'est l'oreille qui
doit guider l'artiste. Ecoutez l'oreille avant
de faire rimer des mots d'ortographe di-
verse. Soit. Mais écoutons aussi la sincé-
rité de notre conscience quand elle nous
dit que tel poème pir le cadre poétique de
son sujet et ld Rythme de son verbe, ne
peut donner à cette même oreille qu'une
impression lyrique.
Que le vers rimé soit aujourd'hui l'ex-
pression la plus parfaite de la poésie, per-
sonne n'en disconvient, mais que le vers
libre ne réponde pas à telles formes d'ex-
pression de la pensée, cela peut paraître
excessif et téméraire pour l'avenir.
Les chefs-d'œuvre revêtent jusqu'à
présent des contours impeccables où l'on
ne trouve rien à ajouter ni à retrancber.
Mais si nous leur concédons la priorité
dans notre admiration, ce n'est pas trop
exiger que de vouloir user du droit de l'ex-
primer poétiquement en des formes moins
parfaites en ce moment, mais susceptibles
de le devenir sous l'impulsion d'un génie
futur..
C'est le cas pour ta pofsfêall e m a
l'anglaise qui savent atteindre les plus
hauts sommets de l'idéal avec ou sans ri-
mes. Mais, objectera-t-on, l'accent y est
plus marqué, et la puissance magique du
rythme permet à l'oreille de se satisfaire
d'un nombre régulier de mesures.
Le moyen aux Français d'y satisfaire
dans leur langue est bien simple. Il suffit
d'accentuer le rythme, et la scansion per-
mettra de tenir pour supérieurs en beauté
des vers qui n'auront pas de rimes, ou qui
se pourront contenter, au gré du poète, de
lointaines assonances.
D'ailleurs, liberté du vers ne signifie
pas nécessairement anarchie et absence
totalede règles. Les peuples libresont aussi
leurs lois, parfois plus sévères sur certains
points que les peuples esclaves. Et le code
poétique de M. Auguste Dorchain serait
encore le plus rationnel, si laissant aux
novateurs le temps et le soin de régler
quelques points essentiels de leur esthé-
tique, il voulait consentir à faire le départ
des excessivités des uns et des efforts si
intéressants que de véritables poètes ont
mis à frayer des sentiers nouveaux à l'ins-
piration des musagètes de l'avenir.
m Alcanter de Brahm.
-- -———————————
UN ABATTAGE
Un do nos confrères, Le Malin, pour ne
point le nommer, donne le portrait grapholo-
gique des divers candidats à la présidence de
la République.
Ces portraits sont plutôt aimables. pour
Fallières, qui est un bonhomme charmant,
fin, malicieux, « un saga dont l'ambition est
équilibrée, patienta ».
Doumerprésenta une «intelligence fine et dé-
licate, uns puissance rare do travail, des qua-
lités de constance et de fidélité, un caractère
ferme dont le courage et la i noblesse se mani-
festent naturellement dans les circonstances
graves. probité morale, conscience rigou-
reuse, amour du devoir ».
L'écriture de M. Léon Bourgeois dénota une
individualité de tout premier ordre : habileté,
tact, esprit brillant, affiné. etc.
* M. Rouvicr : c'est une nature combative,
énergique, sensuelle.
M. Deschanel n'est qua « très favorisé par
la chance et par la souplesse de son esprit ».
Notre confrèro a gardé pour la bonne
bouche le portrait de notre « petit père »
Combes, mais sapristi, je ne sais pas s'il est
flatlé, dans tous les cas il n'est pas tendre;
nous le donnons tout au loag : il est cu-
rieux.
Ecriture dure, massive, peu rapide. Une grande
retenue la caractérise, ainsi que l'absenc3 de tout
paraphe.
Faussa simplicité qui déguise mal un grand or-
gueil. Cerveau intransigeant, vindicatif, têtu. Har-
diesse, témérité. Décisions inébranlables. Aucune
délicatesse; sensibilité nulle.
Idées plus limitées qu'on ne le saurait croire.
Mais une instruction solide et une activité men-
tale constante.
Malgré toute la puissance do dissimulation qui
est affirmée par la boucle du b, une certaine hon-
nêteté bourgeoise apparaît dans la fermeté un peu
rigide do l'écriture.
Plus violent qu'égoïste. Plus sectaire que vrai-
ment ambitieux.
Chance brève, intermittente, peu sûre.
Voilà ce qu'on peut appeler un abattage en
règle; rien n'y manque : « fausse simplicité ;
— cerveau vindicatif ; — têtu ; - aucune dé-
licatesse ; — sensibilité nulle ; - idées plus
limitées qu'on ne saurait croire - plus vio-
lent qu'égoïste, plus sectaire que vraiment
ambitieux - touts la lyre, quoi 1 Et l'on vou-
dra bien se rappeler que notre confrère est un
de? piliers de la politique combiste !.
Pauvre petit père !.
Emile Mahé.
——————————— » ————————————
LA QUESTIQM MAROCAINE
LA CONFÉRENCE D'ALGÉSIRAS
La presse espagnole
Madrid, 3 janvier.
La question marocaine est commentée dans
la plupart des journaux do Madrid, notam-
ment l'Impartial, le Ueraldo, le Correo, le
Diario, YUnioersal Correspondencia et les
feuilles militairus, Les commentaires sont en
général pessimistes sous l'impression produite
par les articles de la pressa étrangère et sur-
tout allemande, qui pressent les Espagnols de
douter des résultats des travaux de la confé-
rence si l'Allemagae persiste à vouloir jouer
un rôle prépondérant auprès du sultan et
s'oppose aux droits acquis par les traités des
autres puissances.
Reflétant les dispositions de la majorité de
l'opinion publique, la presse espagnole se pro-
nonce pour le maintien des ententes avec la
France et l'Angleterre, tout en proclamant la
nécessité d'insister pour la défense non seule-
ment des droits acquis de leur pays, mais
aussi do ses aspirations au Maroc.
Dans le programme de la conférence, ce qui
intéresse le plus les Espagnols, c'est 1 idée dot
mesures pour réprimer la contrebande dt
guerre, mesures qui regardent le3 fabricants
^'armes-ifn Espagne ; ensuite l'organisation de
ra police marocaine avec l'assignatioa de
zones séparées aux puissances européennes
pour * oatte organisation. L'idée d'attribuée
Mogador à l'Allemagne, avec l'influence sur
les marchés et les populations du littoral de
l'OcévD, ne plaît pas du tout en Espagne.
Déclarations du ministre 4Etat
Madrid, 3 janvier.
Le ministre d'Etat, au cours d'une conversation,
a déclaré :
C'est sans raison que la presse étrangèra a
employé, ces jours derniers, un langage belli-
queux au sujet des résultats probables de la
conférence d'Algésiras.
Toutes les conversations que j'ai eues avec
les ambassadeurs, aussi bien que les commu-
nications que j'ai reçues d'eux, confirment
qu'un esprit de concorde anime les nations et
que colles-ci désirent que la conférenco porte
des fruits heureux pour tous les intéressés.
Je répète, a ajout i le ministre, que le lan~.
gage de la presse étrangère est quelque peu
agressif, mais qu'il est sans fondement aucun.
Je suis tout particulièrement heureux d'en
faire la constatation.
Rome. 3 ianvier.
M. Moret, président du conseil des mi-
nistres d'Espagne, interwievé par le corres-
pondant de la rribunak Madrid, lui a déclaré
être convaincu qu'à la Conférence d'Algésiras,
les gouvernemants français et allemand arri-
veront sans trop de difficulté à un accord sin-
cère et durable.
M. Moret a ajouté que le résultat lo plus
important de la Conférence sera d'éloigner
-«Mt- q,gftmps lm[ &tag« ..L.1I
flagration européenne. Il croit que la Confé-
rence durera de six à sept semaines, sauf ill-
cidents imprévus.
La factorerie de Melilla
Madrid, 3 janvier.
Et Globo, organe ministériel, dit que la
gouvernement connaît exactement là question
de la factorerie établie à Marchia, près da
Melilla,par des commerçants français, et que
le duc d'Almodovar, ministre des affaires
étrangères, s'en est entretenu hier avec M.
Cambon, ambassadeur de France.
El Globo ajoute que le gouvernement suit
une ligne de conduite prudente et circonspecte
et agit d'une manière plus patriotique certai-
nement que s'il allait détruire à coups do
canon cet établissement autorisé par le pré-
tendant marocain.
ORIGINALE PAOTESTATION
CONTRE LE FEffllfiiSfôf
(De notre correspondant particulier)
Now-York, 3 janvier.
Les femmes de Williamsport, dans l'Indiana,
sont tellement absorbées par leurs occupations
dans leurs clubs et par la propagande féministe
qu'ellcscn négligent presque tous les devoirsdu
foyer familial.Cet état de choses n'est guère dt
nature à plaire aux maris. Ceux-ci ont mani-
festé hier contro leurs épouses d'une manière
originale. Ils ae sont déguisés en femmes et
au nombre de 303, dont chacun portait une
poupée dans les bras, ils ont parcoura les
rues de la ville. Eu tète du cortège, un gros
bonhomme travesti en matrone portait une
pancarte avec cette inscription : « Voilà où
nous on sommes réduits par les femmes qui
négligent leur foyer ! »
les mmm m mm\
APRtS LES TROUBLES
La protection deg chemins de fer. - Nouvelles arrestations. — La jour-
née des mortsa Moscou.—Lasi-
tuation politique. — Dans
l'Empire. — Troubles en
province.
Moscou enterre ses morts! Les Mosco*
vites, recueillis soudain après ces jours de
luttes sanglantes, songent à leurs parents.
à leurs amis fauchés par la révolution, et
établissent le bilan des sinistres héca-*
tombes. C'est là tout le fruit de la ré*
volte 1
A Pétersbourg, on commence a s ,occuper
sérieusement des élections prochaines.
Dans les milieux politiques bien infor-
més on dément que le comte Wittc soit
à la veille de S3 retirer du gouverne-
ment. -
On estime, tout au contraire, que le
premier ministre jouit de l'entière con-
fiance du tsar, et qu'il ne se démettra pas
de ses fonctions avant la convocation da
la Douma.
Les arrestations continuent. Le nombre
des révolutionnaires déjà prisonniers est
considérable: les prisons regorgent.
Le ministre de l'intérieur, M. Dournovo,
a ordonné la fermeture de quarantc-deiu
imprimeries pour empêcher la publication
de journaux socialistes.
Et, dans les provinces, l'agilation con-
tinue, les troubles éclatent et se pro-
pagent 1
LA SITUATION GLNLHALL
Le comte Witte et la Douma
Saint-Pétersbourg, 3 janvier.
La Molva publie une interview d'un person*
nage appartenant aux hautes sphères officiel-
les de Tsarskoïe-Selo, dans laquelle celui-ci
déclare que la situation du comte Witte, loin
d'être ébranlée, comme la bruit on a couru,
est au contraire plus solide que jamais.
Le môme journal annonce que le conseil
des ministres s'est occupé do la question du
boycottage éventuel de la Douma d'empire
par certains partis politiques et de l'impossi-
bilité pour de nombreux membres de la
Douma, par suite de grève des chemins do
fer, de venir à Saint-Pétersbourg.
Le conseil a décidé on conséquence de fixel
à 150 le nombre dos membres de la Douma
qui devaient être présents à l'ouverture de 1s
session, pour quo l'asssmblée soit considérée
comme légalement constituée.
Les bruits de retraite de 1 amiral Biriler,
ministre de la marine, sont dénués de toui
fondement.
Après les troubles de Moscou
Saint-Pétersbourg. 3 janvier.
Le Stolio annonce que les hôpitaux de Mos-
cou abritent 2.000 blessés.
On a enterré ces trois dernior s jours evl
viclimcs. ,
Le nombre des blessés qui ont été transpor-
tés dans les ambulances privées est tîneori
inconat-
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RÉDACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TELÉPHONE 102.82
Adresser les communications au Rédacteur en Chef
Rédacteur en Chef : HENRY MARET
ADMINISTRATION : 14, RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE a08.8'
., ', >'-. druser kttru mandatl Ii t dministra;
,^v, , Adresser lettre» et mandat» à F Administrateur
PROCHAINEMENT
nous commencerons la publication d'un nou-
veau roman d'ELY-MONTCLERC :
bA..FtffiITlVE
Nos lecteurs 'connaissent assez Ely-M ont-
clerc pour que nous n'ayons pas besoin de
présenter longuement son dernier ouvrage.
Cette œuvre, tragique à la fois et sentimen-
tale, ne le cède en rien à ses devancières
et nous lui prédisons un m'and succès.
Étranges contradictions
Je ne crois pas être suspect de la
moindre hostilité contre Dubief, ayant
été de ses amis à une heure où le
nombreen était infiniment moinscon-
sidérable qu'aujourd'hui. Je me suis
réjoui de son élévation. Son républica-
nisme sincère, son zèle consciencieux
et sa valeur laborieuse justifient am-
plement la confiance dont il est l'ob-
jet,mais,qu'il me permette de le lui dé-
clarer en toute franchise et toute ami-
tié, nous sommes plusieurs à ne rien
comprendre à son premier acte minis-
tériel, c'est-à-dire à la mesure inat-
tendue qui élève les classes d'un cer-
tain nombre de sous-préfectures, et
grève de ce chef un budget suffisam-
ment obéré, d'une trentaine de mille
francs au moins.
Vraiment nous attendions mieux.
Nous espérions que M. le ministre de
l'intérieur se souvenant de son rap-
port, tout à fait excellent, sur les mo-
difications indispensables qu'exige la
loi de 1838 relative au régime des
aliénés tiendrait à honneur de mar-
quer de son empreinte cette réforme
qui ressortit directement à son mi-
nistère. Que s'il préférait appliquer
ses soins à l'organisation départemen-
tale ou communale nul n'était mieux
qualifié que lui pour pour procéder à
un large effort de décentralisation.
Conférer au département, à la com-
mune une plus grande source de li-
berté, parce que nous l'avons toujours
promis et pour ne pas laisser dire,
avec une apparence de raison, qu'à
l'exception du très regretté M. Goblet,
aucun de nos hommes de pouvoir n'a
osé se montrer en ces matières aussi
libéral que le fut l'Assemblée de 1871,
c'était, à notre avis, étendre heureu-
sement le champ d'application de la
République. Mais porter de la 2° à la
l10 classe la sous-préfecture de Tour-
non ou de Béthune, n'y avait-il donc
rien de mieux à faire ?
On me répondra peut-être que cette
mesure est juste et qu'elle s'explique
par l'augmentation de la population
des arrondissements dont il s'agit. Ce
n'est pas ce que l'on conteste. Mais il
y a mille mesures d'une nécessité plus
absolue, d'une urgence plus évidente,
et que l'on ne cesse de différer.
La réforme qui vient d'être accom-
plie coûtera trente ou quarante mille
francs au trésor, mais qui en bénéfi-
ciera? A part les quelques sous-préfets
dont le traitement s'élèvera de 4.500
à 6.000 francs et de 6.000 à 7.000 fr.,
on ne voit guère d'autres personnes.
11 est tout à fait indifférent au citoyen
de Tournon ou de Largentière que sa
sous-préiecture soit inscrite dans une
catégorie plutôt qu'une autre. C'est
bien le cadet de ses soucis, et comme
il a raison !
Passe encore, si notre budget était
florissant ! Mais non, hélas! Sitôt que
l'un de nous ouvre la bouche pour une
dépense nécessaire, impossible, pas le
moindre sou! Voici, à titre d'exemple,
les malheureuses aides des postes et
télégraphes. L'Etat ne les paye pas,
faute de ressources ; les receveuses qui
les emploient sont chargés de les ré-
munérer et, étant elles-mêmes très
peu subventionnées, ne leur peuvent
donner que d'insuffisantes indem-
nitÁ¡;: -
Les ouvriers des usines des câbles
des téléphones, qui ne sont qu'en très
petit nombre, demandent une réforme
d'une utilité certaine, qui ne coûterait
presque rien.Toujours même réponse :
Impossible, pas d'argent.
Nos malheureux juges suppléants
remplissent pour la plupart, pendant
de longues années, une fonction gra-
tuite et épuisante. Il serait humain de
leur concéder un traitement. Impossi-
ble, l'argent manque.
Au cours de la discussion du bud-
get de 1905, nous avons, mon ami Fer-
rero, député de Toulon,. et moi, dé-
posé un projet de résolution invitant
le gouvernement à créer une seconde
chambre au tribunal civil de Toulon.
M. le garde des sceaux Vallé a reconnu
que cette création s'imposait. Malgré
,le zèle et la bonne volonté des magis-
trats auxquels je suis heureux do re-
nouveler l'hommage de mon estime et
de ma sympathie, une foulo de litiges
restent en suspens. L'arrondissement
de Toulon compte 200.000 habitants
environ et son tribunal est saisi de
plus d'affaires qu'aucun des tribunaux
possédant deux chambres et que quel-
ques-uns de ceux qui en ont trois. M.
le garde des sceaux Vallé en convient,
appuie notre projet de résolution, la
Chambre le vote à l'unanimité, M.
"ChaumÎé stfccède* â liî. Vallé, il inscrit
à son budget la somme nécessaire à
cette création, mais elle lui est biffée
par le ministre des finances, sous pré-
texte qu'il n'a pas d'argent. Il en a
pourtant trouvé pour la réforme des
sous-préfectures.
Ce que je dis de Toulon se passe,
dans une proportion moindre mais
considérable encore, au tribunal de
Grenoble et à la Cour d'appel de Tou-
louse où, faute d'une chambre néces-
saire, les procès attendent indéfini-
ment leur tour. Zévaès pour Gre-
noble, Honoré et Raymond Leygues
pourToulouse ont éloquemment signalé
cette situation fâcheuse. On leur a ré-
pondu comme à nous ; « Vous avez
raison, mille fois raison. Attendez la
fin de votre procès. » Notez que les
trente ou quarante mille francs dont la
dépense sous-préfectorale va grever
le Trésor seront à tout jamais perdus
pour lui. tandis que les quelques mil-
liers de francs consacrés à la création
des chambres judiciaires demandées
pour Toulon, Grenoble et Toulouse
auraient été promptement récupérés
par le fisc; car chaque affaire jugée
entrainant des droits de greffe, de
timbre, d'enregistrement, etc., plus il
aurait été jugé d'affaires plus le Tré-
sor aurait touché de droits. Ces droits
auraient même fini par surpasser la
somme avancée et constituer un béné-
fice à l'Etat, en même temps que les
justiciables auraient été satisfaits de
voir leurs affaires sortir du rôle et ne
pas s'éterniser à attendre un tour pro-
blématique et lointain. Ne l'oublions
jamais. Tout retard en ces matières
est un déni de justice.
Nous trouvions jadis étrange cette
façon d'ajourner les réformes urgentes
au profit de celles que ne recomman-
dait aucune nécessité. Ce sont toujours
les mêmes errements. Car, après tout,
notre ami Dubief pourra nous répon-
dre qu'il s'est préoccupé surtout de
son ministère; il a voulu des fonds, on
les lui a donnés. Mais que répondra
l'ami Merlou, lorsque nous lui deman-
derons comment il se fait qu'il trouve
des fonds pour les choses inutiles et
qu'il n'en trouve nas pour des dépen-
ses de somme égale, sur la nécessité
desquelles la Chambre s'est unanime-
ment prononcée.
Louis Martin.
LES ON-DIT
JEUNES-CHINOIS
Il y a un parti jeune-chinois,
comme il y a un parti jeune-turc
et un. parti jeune-tchèque. Les
Jeunes-Chinois sont ceux des
sujets du Céleste-Empire qui
sont un peu éblouis par la gloire
étincelante du Soleil-Levant -
Le Japon est bien, en effet, le Soleil-
Levant pour ces peuples asiatiques, qui
ne regardaient jusqu'à présent notre civili-
sation occidentale que comme une variété
de barbarie,et qui ont appris brusquement,
grâce à l'exemple du Nippon , tous les
avantages que le monde oriental pouvait
tirer de l'étude et de l'application des scien-
ces européennes.
Les journaux d'Extrême-Orient suivent
avec émotion les mouvements des Jeunes-
Chinois. Grâce 1 eux,la Chine va-t-elle de-
venir un autre Japon ?
Ils l'espèrent, ces Chinois à la nouvelle
mode. Ils croient que si le Japon a su se
transformer en 50 ans, l'Empire du milieu
parviendrait aisément à accomplir la même
évolution en deux ou trois lustres.
Cette confiance excessive est, si on le
veut, rassurante pour nous. Si, vraiment,
les Jeunes-Chinois se rendaient compte de
ce qu'est un peuple moderne, avec son
énorme attirail économique et militaire, ils
comprendraient qu'il faut plus de quinze
ans pour créer une pareille organisation
sociale.
On fait valoir, d'ailleurs, que la Chine
n'a pas ce qui a fait le Japon, tel que nous
le voyons aujourd'hui : un gouvernement
progressiste et obéi.
N'importe. Si la Chine veut s'européa-
niser, elle y parviendra dans un temps plus
ou moins long. Tâchons, le jour où le dan-
ger sera réel, de ne pas nous laisser pren-
dre au dépourvu.
It
PORTIÈRE ET TAMBOUR
Il y a des formes de rédaction qui prê-
tent souvent à des équivoques bizarres.
C'est ainsi qu'à la fin de la dernière ses-
sion du Conseil municipal de Paris, on a
vu se produire un mémoire préfectoral,
sous ce titre : Remplacement d'une portière
par un tambour. Si l'on se livre souvent à
des exagérations d'éloquence, il n'y a pas
de portières à l'Hôtel de Ville. Et les cava-
liers de la garde qui portent les dépêches
officielles n'ont pas de tambours.
Il s'agissait simplement de remplacer,
par une cloison avec porte battante, une
draperie qui ne suffisait pas à protéger
contre les courants d'air l'accès du cabinet
du secrétaire général de la préfecture de la
Seine.
LE GÉNÉRAL BRUM
La nomination définitive du général
Brun au poste de chef d'état-major géné-
ral a été bien accueillie dans l'armée. Di-
visionnaire depuis 1904, il a honorable-
ment conquis ses grades en montrant une
intelligence particulière des conditions
techniques de la guerre moderne. En 1872,
il n'était encore qu'un lieutenant d'artille-
rie. Très sévère sur la discipline, il était
appelé au quartier fe iiwitowml PU'Sec.
Nous avons rencontré un des anciens de
sa batterie ;
— Si je me souviehs de lui ? nous dit-
il. Je crois, parbleu, que j'ai des r"
pour cela, car 11 m'a plus d'une fois fourré
dedans comme un tambour. Il était le type
du lieutenant bûcheur, du Lieutenant Bon-
net, d'Hector Malot, J'aimais le métier,
mais on m'avait classé parmi les « fortes
têtes ». Je potassais alors mon entrée à
Saumur. Que c'est loin ! Bon choix, en
somme. Avec Brun, nous échappons enfin
à la série des soldats politiciens, vivant et
se mouvant en. dehors de la hiérarchie, do-
minés par les influences extérieures. La
Grande Famille va respirer ; eue n'aura
plus à penser qu'au métier. Elle a confiance
en Pèt'Sec. ,
UN HOMME D'AMMT ;.,i;:'-'-
Il ne faut pas prendre le*, mot dans 4e
sens de : financier. L'homme d'argent dont
nous voulons parler ressemblerait plutôt
par quelques traits aux « hommes de
bronze » qui travaillent quelquefois dans
les baraques de foire et sur les places pu-
bliques. Seulement, le héros de l'aventure
que nous allons raconter est — comment
dire ? —mieux étamé. Et son procédé
spécial et très nouveau fera peut-être flo-
rès dans le monde où l'on se badigeonne.
Il souffrait d'une affection nerveuse très
douloureuse. Son médecin lui prescrivit des
pilules contenant du nitrate d'argent. Le
malade se trouva bien de ce régime et,
chaque fois qu'il ressentait lei. moindre
trouble, il absorbait des pilules. 'Or,i;apreg-'
quelques années de ce traitement, la peau
du malade prit un éclat argenté et mainte-
nant tout son corps, ses mains et sa figure
sont couverts d'une couche brillante de
métal comme s'il avait été argenté. Ce
phénomène trouve une explication simple.
Dans l'organisme du malade, le nitrate
d'argent s'est décomposé et le métal, mis
en liberté sous la forme d'une poussière
très ténue, est peu à peu expulsé de l'or-
ganisme par les pores, ces exutoires natu-
rels du corps humain.
CONFUSION DES LANGUES
Les journaux autrichiens dénoncent
comme une véritable Babel moderne la
vieille ville hongroise d'Eperjes, sur les
confins de la Galicie. On y parle six lan-
gues différentes, sans compter les dia-
lectes.
Chaque catégorie sociale comme chaque
corps de métier a, de temps immémorial,
un dialecte spécial et ne veut pour rien au
monde l'abandonner. Ainsi, dans les mai-
sons de la bourgeoisie, on trouve en géné-
ral un domestique slovaque, un cocher
hongrois, un cuisinier qui parle allemand
et une femme de chambre qui n'entend que
le polonais. Et pour les fonrnisseurs. il
faut se débattre entre un boulanger
magyar, un boucher illyrien, un phar-
macien slovène et des marchands de qua-
tre saisons dont le langage habituel est le
patois galicien.
Le Passant.
— ; ————————— ————— -
Toujours farceurs, ces Marseillais !
Il faut convenir que l'aventure qui vient
d'arriver, à Marseille, à un avocat parisien,
n'est pas banale. Le spectacle d'un juge fai-
sant arrêter et, quatre heures durant, incar-
cérer l'avocat d'un prévenu, pjur pouvoir
tout à son aise inventorier et indiscrètement
examinor les dossiers et les docuniants de la
défense, ne se pouvait voir qu'à Marseille,
ville où, comme vous savez, rien no saurait
se passer comme il est d'usage ailleurs.
A Dieu ne plaise que je veuille rendre tous
les Marseillais responsables de la gafïo monu-
mentale d'un d'entre eux, m lis je suis bien
forcé de constater que c'est précisément dans
la cité des galéjades extravagantes, dont la
réputation est mondiale, que s'est déroulée la
scène, extrêmement originale oncora que fort
désagréable pour celui qui en fut la victime,
dont je vous entretiens présentement.
Le magistrat coupable de cet abus do pou-
voir pourra invoquer, pour se justifier, qu'il
avait eu seulement l'intention de plaisanter et
de faire voir à l'avocat parisien qu'à Mar-
ssille on avait, quand on le voulait, autant
d'esprit — que dis-je, plus d'osprit — que
dans la capitale. "', -
Je ne sais pas si cette explication sera du
goûtdugardedcs sceaux,et si elle satisfera l'in-
nocente victime de cette facétie un peu trop
poivrée, mais à coup sur, ce serala seule que
pourra fournir lo juge marseillais.
Je sais bien qu'on fait déjà valoir que ce
digna représentant do la loi ignorait qu'il
eût affaire à un avocat, mais cette défense
ressemble beaucoup à une défaits, car d'après
ce qu'on connait de l'histoire, il ne semble
pas que cette affirmation s'appuie sur une
base sérieuse. Et puis, quand bien même il
eût ignoré la qualité de celui qu'il faisait ar-
rêter et dans les bagages duquel il opérait
une perquisition en rè^le, en est-il moins
coupable? L'arbitraire n'est plus de C9 siècle ;
le temps des lettres do cachet est heureuse-
ment disparu depuis longtemps; les juges ne
font plus la loi, ils l'appliquent seulement.
ce qui est déjà beaucoup. Et l'on ne peut re-
tirer à l'acte du magistrat de Marseille la
part énorme d'arbitraire qui s'y est trouvée.
Cet audacieux juge aura bien du mal à se
justifier et il mo parait avoir accompli là un
fâcheux pas de clerc.
Je ne vois pour lui qu'un moyen d'en sor-
tir, c'est de faire de3 excuses à l'avocat en in-
voquant, comme je le dis plus haut, qu'il a
simplement voulu lui faire une bonae farce,
dont l'autre n'a pas goûté tout le sel. Ce n'est
pas pour rien qu'on est de Marseille, té! mon
bon 1
Andrk Joïïhert
„
EN ANGLETERRE
Londres, 3 janvier.
M. Balfour, dans une adressa à ses électeurs,
dit qu'il serait sage d'adapter la politique fis..
cale aux conditions changeantes d'un monde
changeant, et il croit que le moment est venu
où celte adaptation est urgente.
Au sujet dé ta politique étrangère, il rend
hommage aux capacités et au patriotisme de
sir Edouard Grey, mais il ajoute:
« Une politique étrangère, pour être effica-
ce, honorable et solido, n'exige pas seulement
un ministre capable ; le ministre doit avoir
derrière lui une force morale et militaire
puissante, sans laquelle une diplomatie au
moment d'une tension grave, dégénère soit
en bluff, soit en appel à la pitié, soit en un
marchandage aboutissant au chantage 0.
———————————— 00 —— -
CHRONIQUE
L'Art des vers
Les poètes s'agitent et pour cause. Un
nouvel Art poétique nous est né. Il n'a
pas les formes compassées que feu Nicolas
Boileau sut, de main de magister, assujet-
tir aux règles rigides de l'alexandrin ; il
n'a pas non plus les allures un peu Jeune
France du Petit traité de poésie de Théodore
de Banville, qui pareil au moraliste disant
à ses adeptes : Faites ce que je dis et nonce
que je fais, se trouvait souvent en contra-
diction avec ses propres préceptes. Mo-
destement énoncé sous ce vocable, l'Art
des vers, s'inspirant des plus belles sour-
ces de vie et de beauté qui se dégagent de
l'œuvre des grands poètes de la France, ce
vade-mecum de la prosodie française ou-
vre sous un aspect des plus pacifiques les
horizons d'azur aux privilégiés qui se sen-
tent le cerveau obsédé par la hantise du
vers
Depuis Pindare qui déclarait la poésie
grande pacificatrice du cœur de l'homme et
du monde, cependant que Tyrtée l'asso-
ciait à ses appels farouches et belliqueux,
v Hugo, lequel tour à tofit
scanda le vers magistral à l'adresse des
souvenirs et des gloires du passé, comme
pafois en défi aux tyrannies qui oppri-
maient ses concitoyens, tous les poètes
ont conçu cet art divin, cette « musique »
dont parlait Platon en sa République, corn
me le symbole éducateur et régénérateur
de l'humanité.
Qui ne se souvient de cette lyrique évo-
cation du temple d'Ephèse chantée par
Hugo, dans son poème des Sept merveilles
du monde ?
Moi, le temple, je suis législateur d'Ephèse ;
Le peuple, en me voyant, comprend l'ordre et
[s'apaiso;
Mes degrés sont les mots d'un code ; mon fronton
Pense comme Thalès, parle comme Platon ;
Mon portique serein, pour l'âme qui sait lire,
A la vibration pensive d'une lyre.
Homère, Dante, Shakespeare, Goethe,
Hugo, furent les exaltateurs généreux du
génie des races, et les formes dont ils re-
vêtirent leur pensée doivent demeurer
inaltérables, à travers le monde.
Hélas, le monde ne connaît guère les
poètes ; du moins la grande majorité du
peuple, qui préfère encore lire les niaise-
ries bâclées à la légère par des pseudo-ro-
manciers, soucieux beaucoup plus de cap-
tiver l'attention des simples au moyen
d'une intrigue enchevêtrée, ou de jeter les
ferments de dépravation dans l'esprit de
la jeunesse.
Quel intérieur de paysan d'Allemagne n'a
pas son recueil favori des meilleurs poètes
internationaux? Quel humble toit britan-
nique ne recèle un Shakspaere ou même
un Tennyson? Mais hélas, qu'elle chau-
mière de nos campagnes possède un flori-
lège où Corneille, Racine, Molière, Ché-
nier, Lamartine, Hugo et Musset soient
associés dans un même culte, pour offrir
un régal intelligent au cours des longues
veillée3 d'hiver?
Et pourtant c'est à ce prestigieux art
des vers, que nous devons l'expansion des
énergies et des vertus de notre race. Et
c'est un réconfort que de le voir redire par
le poète de race qui s'affirme depuis plus de
vingt ans, M.Auguste D.Jfchain,en ses œu-
vres connues de tous les lettrés, goûtées
et appréciées de tous lss critiques judi-
cieux.
L'auteur de la Jeunesse pensive et de
Conte d'avril a osé entreprendre l'étude la
plus ardue peut-être qui se puisse offrir à
ta plume d'un poète, la dissection de soi-
même; car c'est le mot qui semble conve-
nir à cette analyse des phis menus détails
de nos lois rythmiques, préludant à l'exa-
men théorique des conditions suivant les-
quelles se doit réaliser le vers français.
Peut-être, notre éminent confrère Adolphe
Brissou trouverait-il uu peu hardie cette
audace qui consisterait chez un critique à
énoncer, avant que de l'avoir produit, les
conditions de principe qui doivent présider
à l'éclosion d'un chef-d'œuvre. Mieux vau-
drait, écrivait-il quelque parf, le créer d'a-
bord, et poser des règles ensuite. Mais M.
Auguste Dorchain est de ceux qui ont fait
leurs preuves en la matière, et auxquels on
peut ne pas tenir rigueur, même de son
peu d'estime pour la néomorphie poétique
qui s'est fait jour depuis quelques années
dans les rangs de nos poètes contempo-
rains, rénovateurs du vers libre.
Peut-être fait-il bien d'admettre que le
vers français ne constitue pas une diffi-
culté d'expression. Mais qu'il me permette
de lui objecter, qu'à mon sens, il en est du
vers libre comme de ces œuvres sculptu-
rales qui tiennent au marbre d'où elles
sont taillées, et qui, si elles n'expriment
pas l'entière vision du chef-d'œuvre at-
tendu, nous laissent pourtant une sensa-
tion moins conventionnelle souvent que
les hexamètres martelés de rimes.
La pauvreté de certains suffixes, la ba-
nalité lassante de tels autres, que le bon
goût proscrit le plus souvent, tels ces ad-
jectifs entif et ces adverbes en ment, n'y
a-t-il pas là de quoi désespérer l'interprète
le mieux doué, demeurant parfois impuis-
sant à préciser le sens de sa pensée poéti-
que, pour le vain avantage d'une sonorité
nécessaire à redoubler ?
En quoi le vers libre, nuance selon les
formes de l'harmonie du rythme et du
sens poétique indispensables à toute con -
ception lyrique, peut-il être plus déprisé
des lecteurs que ces poésies, véritables
casse-têtes chinois, dont les dispositifs
spécialisés par tels auteurs d'autrefois,
sont demeurés jusqu'à nous prétextes à
de brillants exercices ?
Rondeaux, panloum5,scxtines et dizains,
ballades, virelais, odes et sonne.ts ont
eu des sorts divers à travers les âges. Et
qui donc se préoccupe, parmi nos poètes
les plus classiques,de ressusciter les rimes
batelécs, fraternisées, emperières ou équivo-
qucs. rélégués aux vieilles lunes uvce l!l
ques t reléguées aux vieilles lunes avec la
même désinvolture dont veulent user, à
l'égard de nos verslibristes, les réfractai-
res avérés aux formes nouvelles.
Ces poésies tour de ce sont auxtrs de
Verhaeren ou de Henri de Régnier ce que
le pointillisme ou le tachisme de quelques
peintres actuels sont à l'impressionnisme
d'un Manet, d'un Guillier ou d'un Raf-
faëlli. Nous sommes d'accord avec M. Au-
guste Dorchain quand il nous affirme à
plusieurs reprises que, dans la poésie,
c'est le son qui prévaut, c'est l'oreille qui
doit guider l'artiste. Ecoutez l'oreille avant
de faire rimer des mots d'ortographe di-
verse. Soit. Mais écoutons aussi la sincé-
rité de notre conscience quand elle nous
dit que tel poème pir le cadre poétique de
son sujet et ld Rythme de son verbe, ne
peut donner à cette même oreille qu'une
impression lyrique.
Que le vers rimé soit aujourd'hui l'ex-
pression la plus parfaite de la poésie, per-
sonne n'en disconvient, mais que le vers
libre ne réponde pas à telles formes d'ex-
pression de la pensée, cela peut paraître
excessif et téméraire pour l'avenir.
Les chefs-d'œuvre revêtent jusqu'à
présent des contours impeccables où l'on
ne trouve rien à ajouter ni à retrancber.
Mais si nous leur concédons la priorité
dans notre admiration, ce n'est pas trop
exiger que de vouloir user du droit de l'ex-
primer poétiquement en des formes moins
parfaites en ce moment, mais susceptibles
de le devenir sous l'impulsion d'un génie
futur..
C'est le cas pour ta pofsfêall e m a
l'anglaise qui savent atteindre les plus
hauts sommets de l'idéal avec ou sans ri-
mes. Mais, objectera-t-on, l'accent y est
plus marqué, et la puissance magique du
rythme permet à l'oreille de se satisfaire
d'un nombre régulier de mesures.
Le moyen aux Français d'y satisfaire
dans leur langue est bien simple. Il suffit
d'accentuer le rythme, et la scansion per-
mettra de tenir pour supérieurs en beauté
des vers qui n'auront pas de rimes, ou qui
se pourront contenter, au gré du poète, de
lointaines assonances.
D'ailleurs, liberté du vers ne signifie
pas nécessairement anarchie et absence
totalede règles. Les peuples libresont aussi
leurs lois, parfois plus sévères sur certains
points que les peuples esclaves. Et le code
poétique de M. Auguste Dorchain serait
encore le plus rationnel, si laissant aux
novateurs le temps et le soin de régler
quelques points essentiels de leur esthé-
tique, il voulait consentir à faire le départ
des excessivités des uns et des efforts si
intéressants que de véritables poètes ont
mis à frayer des sentiers nouveaux à l'ins-
piration des musagètes de l'avenir.
m Alcanter de Brahm.
-- -———————————
UN ABATTAGE
Un do nos confrères, Le Malin, pour ne
point le nommer, donne le portrait grapholo-
gique des divers candidats à la présidence de
la République.
Ces portraits sont plutôt aimables. pour
Fallières, qui est un bonhomme charmant,
fin, malicieux, « un saga dont l'ambition est
équilibrée, patienta ».
Doumerprésenta une «intelligence fine et dé-
licate, uns puissance rare do travail, des qua-
lités de constance et de fidélité, un caractère
ferme dont le courage et la i noblesse se mani-
festent naturellement dans les circonstances
graves. probité morale, conscience rigou-
reuse, amour du devoir ».
L'écriture de M. Léon Bourgeois dénota une
individualité de tout premier ordre : habileté,
tact, esprit brillant, affiné. etc.
* M. Rouvicr : c'est une nature combative,
énergique, sensuelle.
M. Deschanel n'est qua « très favorisé par
la chance et par la souplesse de son esprit ».
Notre confrèro a gardé pour la bonne
bouche le portrait de notre « petit père »
Combes, mais sapristi, je ne sais pas s'il est
flatlé, dans tous les cas il n'est pas tendre;
nous le donnons tout au loag : il est cu-
rieux.
Ecriture dure, massive, peu rapide. Une grande
retenue la caractérise, ainsi que l'absenc3 de tout
paraphe.
Faussa simplicité qui déguise mal un grand or-
gueil. Cerveau intransigeant, vindicatif, têtu. Har-
diesse, témérité. Décisions inébranlables. Aucune
délicatesse; sensibilité nulle.
Idées plus limitées qu'on ne le saurait croire.
Mais une instruction solide et une activité men-
tale constante.
Malgré toute la puissance do dissimulation qui
est affirmée par la boucle du b, une certaine hon-
nêteté bourgeoise apparaît dans la fermeté un peu
rigide do l'écriture.
Plus violent qu'égoïste. Plus sectaire que vrai-
ment ambitieux.
Chance brève, intermittente, peu sûre.
Voilà ce qu'on peut appeler un abattage en
règle; rien n'y manque : « fausse simplicité ;
— cerveau vindicatif ; — têtu ; - aucune dé-
licatesse ; — sensibilité nulle ; - idées plus
limitées qu'on ne saurait croire - plus vio-
lent qu'égoïste, plus sectaire que vraiment
ambitieux - touts la lyre, quoi 1 Et l'on vou-
dra bien se rappeler que notre confrère est un
de? piliers de la politique combiste !.
Pauvre petit père !.
Emile Mahé.
——————————— » ————————————
LA QUESTIQM MAROCAINE
LA CONFÉRENCE D'ALGÉSIRAS
La presse espagnole
Madrid, 3 janvier.
La question marocaine est commentée dans
la plupart des journaux do Madrid, notam-
ment l'Impartial, le Ueraldo, le Correo, le
Diario, YUnioersal Correspondencia et les
feuilles militairus, Les commentaires sont en
général pessimistes sous l'impression produite
par les articles de la pressa étrangère et sur-
tout allemande, qui pressent les Espagnols de
douter des résultats des travaux de la confé-
rence si l'Allemagae persiste à vouloir jouer
un rôle prépondérant auprès du sultan et
s'oppose aux droits acquis par les traités des
autres puissances.
Reflétant les dispositions de la majorité de
l'opinion publique, la presse espagnole se pro-
nonce pour le maintien des ententes avec la
France et l'Angleterre, tout en proclamant la
nécessité d'insister pour la défense non seule-
ment des droits acquis de leur pays, mais
aussi do ses aspirations au Maroc.
Dans le programme de la conférence, ce qui
intéresse le plus les Espagnols, c'est 1 idée dot
mesures pour réprimer la contrebande dt
guerre, mesures qui regardent le3 fabricants
^'armes-ifn Espagne ; ensuite l'organisation de
ra police marocaine avec l'assignatioa de
zones séparées aux puissances européennes
pour * oatte organisation. L'idée d'attribuée
Mogador à l'Allemagne, avec l'influence sur
les marchés et les populations du littoral de
l'OcévD, ne plaît pas du tout en Espagne.
Déclarations du ministre 4Etat
Madrid, 3 janvier.
Le ministre d'Etat, au cours d'une conversation,
a déclaré :
C'est sans raison que la presse étrangèra a
employé, ces jours derniers, un langage belli-
queux au sujet des résultats probables de la
conférence d'Algésiras.
Toutes les conversations que j'ai eues avec
les ambassadeurs, aussi bien que les commu-
nications que j'ai reçues d'eux, confirment
qu'un esprit de concorde anime les nations et
que colles-ci désirent que la conférenco porte
des fruits heureux pour tous les intéressés.
Je répète, a ajout i le ministre, que le lan~.
gage de la presse étrangère est quelque peu
agressif, mais qu'il est sans fondement aucun.
Je suis tout particulièrement heureux d'en
faire la constatation.
Rome. 3 ianvier.
M. Moret, président du conseil des mi-
nistres d'Espagne, interwievé par le corres-
pondant de la rribunak Madrid, lui a déclaré
être convaincu qu'à la Conférence d'Algésiras,
les gouvernemants français et allemand arri-
veront sans trop de difficulté à un accord sin-
cère et durable.
M. Moret a ajouté que le résultat lo plus
important de la Conférence sera d'éloigner
-«Mt- q,gftmps lm[ &tag« ..L.1I
flagration européenne. Il croit que la Confé-
rence durera de six à sept semaines, sauf ill-
cidents imprévus.
La factorerie de Melilla
Madrid, 3 janvier.
Et Globo, organe ministériel, dit que la
gouvernement connaît exactement là question
de la factorerie établie à Marchia, près da
Melilla,par des commerçants français, et que
le duc d'Almodovar, ministre des affaires
étrangères, s'en est entretenu hier avec M.
Cambon, ambassadeur de France.
El Globo ajoute que le gouvernement suit
une ligne de conduite prudente et circonspecte
et agit d'une manière plus patriotique certai-
nement que s'il allait détruire à coups do
canon cet établissement autorisé par le pré-
tendant marocain.
ORIGINALE PAOTESTATION
CONTRE LE FEffllfiiSfôf
(De notre correspondant particulier)
Now-York, 3 janvier.
Les femmes de Williamsport, dans l'Indiana,
sont tellement absorbées par leurs occupations
dans leurs clubs et par la propagande féministe
qu'ellcscn négligent presque tous les devoirsdu
foyer familial.Cet état de choses n'est guère dt
nature à plaire aux maris. Ceux-ci ont mani-
festé hier contro leurs épouses d'une manière
originale. Ils ae sont déguisés en femmes et
au nombre de 303, dont chacun portait une
poupée dans les bras, ils ont parcoura les
rues de la ville. Eu tète du cortège, un gros
bonhomme travesti en matrone portait une
pancarte avec cette inscription : « Voilà où
nous on sommes réduits par les femmes qui
négligent leur foyer ! »
les mmm m mm\
APRtS LES TROUBLES
La protection deg chemins de fer. -
née des mortsa Moscou.—Lasi-
tuation politique. — Dans
l'Empire. — Troubles en
province.
Moscou enterre ses morts! Les Mosco*
vites, recueillis soudain après ces jours de
luttes sanglantes, songent à leurs parents.
à leurs amis fauchés par la révolution, et
établissent le bilan des sinistres héca-*
tombes. C'est là tout le fruit de la ré*
volte 1
A Pétersbourg, on commence a s ,occuper
sérieusement des élections prochaines.
Dans les milieux politiques bien infor-
més on dément que le comte Wittc soit
à la veille de S3 retirer du gouverne-
ment. -
On estime, tout au contraire, que le
premier ministre jouit de l'entière con-
fiance du tsar, et qu'il ne se démettra pas
de ses fonctions avant la convocation da
la Douma.
Les arrestations continuent. Le nombre
des révolutionnaires déjà prisonniers est
considérable: les prisons regorgent.
Le ministre de l'intérieur, M. Dournovo,
a ordonné la fermeture de quarantc-deiu
imprimeries pour empêcher la publication
de journaux socialistes.
Et, dans les provinces, l'agilation con-
tinue, les troubles éclatent et se pro-
pagent 1
LA SITUATION GLNLHALL
Le comte Witte et la Douma
Saint-Pétersbourg, 3 janvier.
La Molva publie une interview d'un person*
nage appartenant aux hautes sphères officiel-
les de Tsarskoïe-Selo, dans laquelle celui-ci
déclare que la situation du comte Witte, loin
d'être ébranlée, comme la bruit on a couru,
est au contraire plus solide que jamais.
Le môme journal annonce que le conseil
des ministres s'est occupé do la question du
boycottage éventuel de la Douma d'empire
par certains partis politiques et de l'impossi-
bilité pour de nombreux membres de la
Douma, par suite de grève des chemins do
fer, de venir à Saint-Pétersbourg.
Le conseil a décidé on conséquence de fixel
à 150 le nombre dos membres de la Douma
qui devaient être présents à l'ouverture de 1s
session, pour quo l'asssmblée soit considérée
comme légalement constituée.
Les bruits de retraite de 1 amiral Biriler,
ministre de la marine, sont dénués de toui
fondement.
Après les troubles de Moscou
Saint-Pétersbourg. 3 janvier.
Le Stolio annonce que les hôpitaux de Mos-
cou abritent 2.000 blessés.
On a enterré ces trois dernior s jours evl
viclimcs. ,
Le nombre des blessés qui ont été transpor-
tés dans les ambulances privées est tîneori
inconat-
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