Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1904-07-23
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juillet 1904 23 juillet 1904
Description : 1904/07/23 (N12552). 1904/07/23 (N12552).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
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L'BHIi aIIin
Notre Maître a été élevé dans les
bonnes traditions. Il lui faut une
Eglise nationale comme à Louis XIV.
Après la déclaration de 1682 qui a fait
son temps, nous allons avoir celle de
1904. La première avait été rédigée
par Bossuet sous la dictée du mari de
Mme de Maintenon ; la seconde le sera
très certainement par M. Geay, évêque
de Laval, sous l'inspiration de M.
Emile Combes. Après quoi, tout le
monde devra être content. Le Maître le
veut ainsi : « L'Etat, c'est moi ! »
Mais cela n'indique point que la
suppression de l'ambassade du Vati-
can sera effectuée et que la séparation
des Eglises et de l'Etat sera faite.
.*.
Aucun des aètes du Maître ne per-
met, en effet, de l'espérer. Au mois de
mai dernier, alors que le Pape venait
d'insulter la France en protestant con-
tre le voyage de M. Loubet en Italie, le
Révérend Père avait une admirable
occasion de rompre avec Rome. Il de-
vait, pour ménager la dignité de ce
pays, rappeler tout le personnel de
notre ambassade et remettre ses pas-
seports au nonce. Il s'en est bien gardé.
Si M. Nisard est revenu à Paris, le
nonce y est resté, s'occupant de nos
affaires comme devant et pendant le
même temps, un secrétaire va chaque
jour au Vatican, au nom du gouver-
nement français, tout comme M. Ni-
sard y allait lui-même avant d'être mis
en congé.
Cela est une belle comédib. Le gou-
vernement ne nous a jamais dit, d'ail-
leurs, ce qu'il en pense. Quand le Petit
Père se présenta à la commission du
budget, il refusa énergiquement de ré-
pondre à cette unique question : « Le
gouvernement ayant rappelé l'ambas-
sadeur auprès du Vatican, y a-t-il lieu
desupprimer ou non les crédits de l'am-
bassade ? » Il se réserva de donner son
sentiment à la Chambre, - dès la rentrée
d'octobre.
Bien entendu, il n'en avait pas d'au-
tre que celui de vouloir durer.Un débat
eût pu être provoqué le lendemain, s'il
avait dit un oui ou un non, et ce débat
aurait été certainement funeste à son
ministère.
Depuis, le Révérend Père Notre Maî-
tre a imaginé autre chose. Il avait sur
son bureau, au moment même où le
Pape s'insurgeait contre la visite de
M. Loubet au roi d'Italie, une lettre de
M.. Geay, évêque de Laval, lui annon-
çant que Pie X lui avait adressé des
observations et lui demandait sa dé-
mission. Cette lettre constituait, à n'en
pas douter, une rupture du Concordat
de la part du Vatican. II y avait donc
une raison de premier ordre, en plus
de la première, de faire cesser tout de
suite les rapports de la France et de la
papauté.
***
Notr.Maît.re a préféré négocier. Il a
fait dire au Pape qu'il n'avait aucune
discipline à exercer sur un de nos
évêques. Cette discipline, lui seul,
EmUe Combes, comme chef du gou-
vernement et ministre des cultes, a le
droit de l'appliquer. Le Révérend Père
est donc le pape français. C'est un bien
bel avancement pour un ancien con-
gréganiste.
Les journaux qu'il entretient ne nous
en prédisent pas moins la dénoncia-
tion du Concordat, la suppression de
l'ambassade du Vatican et la séDaration
des Eglises et de 1 Etat pour le mois
d'octobre prochain. De grandes dis-
cussions auront même lieu à la tri-
bune. Nous connaîtrons alors le fonds
et le tréfonds de la pensée du Petit
Père. Nous verrons à l'œuvre cet ad-
mirable anticlérical.
Ces journaux nous prennent pour
des naïfs. Nous ne verrons rien du
tout, car tout a été renvoyé aux ca-
lendes d'octobre : impôt sur le re-
venu, caisse des retraites, budget, gaz,
sans compter la séparation des Eglises
et de l'Etat. Pour avoir pris trop d'en-
gagements, le Révérend Père sera
dans la stricte obligation de les violer
à peu près tous. Ce ne sera d'ailleurs
pas la première fois que pareille
aventure lui arrivera. Il a, sous ce
rapport, le cœur plus que léger. Mais
beaucoup de choses font croire que
c'est surtout le budget qui sollicitera
son attention et celle de la Chambre
Notre pape laïque n'a qu'une façon
de se tirer d'affaire. Me permettra-t-il
de la lui suggérer?
Comme la Chambre n'est plus rien
et que c'est la Délégation des gauches
qui est tout, il pourrait convoquer
cette dernière la veille même de la
rentrée. Les dix de la République
combiste s'empareraient d'pbord et
tont naturellement des bulletins de
vote des députés de la majorité. Et
après avoir entendu un sermon du
Révérend Père et avoir proclamé une
fois de plus, à la faee du monde, que
celui-ci est un grand homme, ils adop-
teraient en quelques minutes un pro-
jet de loi sur les retraites, un autre
sur l'impôt sur le revenu, un troisième
sur la séparation des Eglises et de
l'Etat. Ils voteraient encore d'enthou-
siasme la régie directe du gaz, la sup-
pression de l'ambassade et la dénon-
ciation du Concordat.
Vingt-quatre heures après, la Cham-
bre reprendrait ses travaux. Heureuse
de n'avoir rien d'autre à faire que le
budget, elle adresserait immédiate-
ment à la délégation des gauches, j'en
suis profondément convaincu, des fé-
licitations telles que, dans leur ravis-
sement, les Dix proposeraient de nom-
mer le Révérend Père consul à vie,
ce qui serait ratifié par la majorité,
j'en suis encore plus profondément
convaincu, au milieu d'une joie indes-
criptible. Et nous ne serions pas nom-
breux, sur les bancs de la Gauche,
qui ne voudrions point nous associer
à ce bel acte.
.**
Si le Révérend Père n'emploie pas
ce moyen, il ne fera rien. Mais, au fond,
a-t-il l'intention de faire quelque cho-
se ? Ce vieux philosophe spiritualiste,
qui en a dit de si raides à l'enseigne-
ment laïque, me paraît surtout préoc-
cupé de faire sentir le poids de son
autorité au clergé français, à ses fonc-
tionnaires. Il ne serait donc pas sur-
prenant que sa tactique ne tendit qu'à
ce but : séparer la France de Rome
pour avoir une Eglise nationale, une
Eglise gallicane.
CHARLES BOS.
LES ON-DIT
M. Combes se plaint dea inter-
pellateurs ; à chaque question, il
dit, avec fatigue : « Soit, demain,
mais ce sera la dernière fois que je
parlerai pour répondre à quel-
qu'un » ; il ajoute même «Comme
je déteste les questions, je vous préviens que
vous aurez une déconvenue ».
Et en effet, le lendemain, on a la déconve-
nue. laquelle consiste en ceci : 1° pas de ré-
ponse à la question posée; 2" diversion bizarre
pour obliger la Chambre à s'occuper d'autre
chose que de la question posée.
Si M. Combes avait affaire à des Anglais, il
il y a beau temps qu'il serait guéri de la mala-
die de ne pas répondre. Tenez, sur l'affaire de
la saisie du Malacca par les Russes, ce n'est
pas une, ce sont dix interpellations que le ca-
binet anglais a eu à subir depuis deux jours.
Et le cabinet anglais n'a pas l'air d'en être in-
commodé.
Avant-hier, le ministre anglais avait répon-
du déjà qu'il trouvait l'incident de première
importance, qu'il en faisait son affaire, etc.
Hier, absolument comme si le ministre n'eût
rien dit la veille, M. Gibson Bowles lui posait
trois questions sur le Malacca ; et M. Bal-
four de répondre copieusement au triple inter-
pellateur ; là-dessus, M. Lawrie (( demande à
interroger le gouvernement sur l'affaire du
Malaccn ). Cela devenait « musical )) comme di-
sait un ancien, on a prié M. Lawrie de vouloir
bien ajourner sa question à lundi ; sur la de-
mande de son noble ami Percy, M. Lawrie a
consenti à cet ajournement ; supposez à M.
Lawrie un peu plus d'entêtement et le pauvre
M. Balfour était obligé de recommencer à s'ex-
pliquer.
Dans ce pays-là, on perdrait son temps à
vouloir fermer la bouche à l'opposition : non
seulement l'opposition no se tairait pas, mais
ce serait la majorité qui exigerait que l'opposi-
tion usât de son droit. Ah t c'est, un drôle de
pays. -
MÉDICATION ROYALE
Le général Rebillot nous apprend que
Louis XIII était d'une humeur désagréa-
ble, mais que c'était beaucoup moins sa
faute que celle de son médecin. Celui-ci,
dans une seule année, administrait à son
royal client cinquante saignées, deux
cents médecines et plus de deux cents
clystères.
Vous voyez comment les choses devaient
se passer.
Le roi appelait son médecin :
— J'ai la tête lourde, le cerveau embar-
rassé : ne serait-il pas bon que je prenne
de l'exercice? (Aujourd'hui, du sport.)
— Gardez vous en bien, l'effort pour-
rait fatiguer votre auguste personne. Et
l'homme de science ouvrait délicatement
une veine royale. -
Quelques jours après :
— J'ai mal à mon palais royal. (Dans
son langage princier, le roi voulait dire
qu'il avait soif.)
-- Et le médecin de -- répondre -- :
— bire, c'est la bile que vous donne
l'administration du royaume, Humectez
votre palais royal d'un bon verre d'huile de
ricin.
Je suis sûr que l'aurais rendu toute sa
gaîté à ce bon Louis XIII, si, au lieu de
saignées et de purgations, je lui avais of
fert. une bécane pour réveiller les éner-
gies de son sang alourdi, ou si je l'avais
emmené quelquefois, sans escorte, engouf-
frer un « demi » chez on Pousset ou un
Muller quelconque. -
NOUVEAU TARIF TÉLÉGRAPHIQUE y-o,
C'est à devenir espion 1
On se rappelle qu'il y a quelque temps
une dépêche de Rome annonçait qu'une
certaine comtesse, morte récemment,
exercait un lucratif espionnage en faveur
du Japon.Avant la catastrophe du Petropa-
tolosk, elle se trouvait à Port Arthur et elle
a réussi à envoyer à Tokio de longues dé-
pêches qui lui étaient payées à raison de
mille francs le mot.
Le jour où les journalistes sé mettront en
grève et réclameront à leurs directeurs le
tarif de cette dame-espiou, ce sont les di-
recteurs qui feront un nez ! Et toi, lecteur,
tu payes un sou les milliers de lignes que
crayonnent pour toi d'honnêtes et laborieux
écrivains, et les Japonais payaient mille
francs un mot inspiré par la félonie et la
trahison.
Honneur, tu n'es qu'un moH
LA DÉCORATION DE SAINT-CLOUD
Le Passant est arrivé bon premier dans
l'annonce du projet de décoration adopté
par le conseil suprême des Beaux-Arts pour
le parc de Saint-Cloud.
On commence à citer les noms des ar-
tistes que nos Mécènes se proposent d'exi-
ler tout là-bas, en province. Disons tout
de suite que quelques-uns des élus ne mé-
ritent pas l'excès d'honneur compliqué
d'un excès d'indignité qui leur est dévolu.
La figure d'Hippolyte Lefèvre, qui semble
inspirée de la Louise de Charpentier, serait
beaucoup mieux à l'Opéra-Comique et l'ad
ministration, par hasard, s'en doute. D'où
ses hésitations.
MM. Verlet, Gasc, etc. seront fort ho-
norablement représentés parmi les verdu-
res chères à l'ex-impératrice. Quant à Mme
Samos, qui a pu placer un navet quelcon-
que, sur l'expresse recommandation de
M. Trouillot, le meilleur service qu'elle soit
en droit d'attendre de la critique, est le si-
lence. Ça ne vaut vraiment pas le voyage.
LA JUSTICE TELLE QU'ELLE EST
M. Jean de Bonnefon, dans le Journal,
parle de la Justice ecclésiastique. Inci-
demment, il fait la curieuse révélation que
voici :
Il est bien entendu que, civilement, te com-
damné est libre de ne pas accepter la peine.
Mais, canoniquement, il a parfois intérêt à en
trer en prison : M. Rosenberg, l'aimable cha-
noine de Tours, qué la police recherche tou-
jours, a eu soin de se faire condamner par le
Saint-Office, qui, sous prétexte de l'emprison-
ner, l'a mis en sûreté dans une douce ab-
baye.
Bien qu'on nous affirme que la justice
est faite pour tout le monde, elle n'est
donc pas à l'usage des hommes d'Eglise.
Ne nous étonnoas plus s'ils s'en donnent à
cœur joie.
LES ÉTAPES D'UN FACTEUR
Ce sont, ne vous en déplaise, des étapes
universitaires.
M. Jacques Barbero, facteur des télégra
phes, vient d'être reçu à l'Université de
Turin licencié ès-sciences chimiques. Fils
d'un charpentier de Biella, dit la Presse
associée, il avait dû à 15 ans quitter l'é-
cole. En revenant du service militaire, il
fut nommé garde-frein au chemin de fer.
Il entra ensuite dans les télégraphes, se
fit recevoir bachelier et continua ses études
tout en travaillant.
PETITS ET GROS HÉRITAGES
La statistique des successions qui se sont
ouvertes au cours de l'an dernier vient
d'être publiée par le ministère des finan-
ces.
Il y a eu 399.164 héritages, représentant
une valeur totale de 5.320 millions.
Les plus nombreuses successions sont
les plus minimes,au-dessous de 500 francs:
121.000 environ. C'est la catégorie des hé-
ritages de 10.000 à 50.000 francs qui
constitue la masse la plus importante :
près d'un milliard.
Il est mort 497 millionnaires.
Une seule succession a été de plus de
50 millions : celle de M.. Arthur de Rots
child.
LE MURIER MUNICIPAL
Le Conseil municipal de Caissargues
(Gard) vient seulement de procéder à l'élec-
tion de son maire et de ses adjoihts. Il
était très ennuyé ce conseil municipal. La
loi exige que les réunions des assemblées
communales aient lieu dans un édifice pu-
blic. Or, en dehors de l'école, que l'admi-
nistration ne veut -pas détourner de son
affectation, il n'y a pas d'édifice public dans
la commune.
Qu'a fait le premier élu ? Il a convoqué
ses collègues à-l'ombre d'un mûrier cente-
naire, l'orgueil du pays. Et c'est là, au
chant des cigales, par 45° de chaleur, du
reste, qu'on a procédé au scrutin.
Maintenant,-.ce scrutin est-il valable?
Un mûrier est-il un « édifice public » ?
LES WATER-CLOSETS ÉCRASEURS
Hier après midi, place de la Concorde,
un fiacre a été accroché — par des water-
closets! -
Maintenant, pourquoi les dits water-
closets se promenaient-ils au milieu de la
place ? Ils n'y étaient pas venus tout seuls,
on le pense bien. Installés sur une pro-
longe, on les transportait du Champ de
Mars, où ils étaient restés longtemps « à la
disposition de .usted », au dépôt de la Com-
pagnie qui les exploite.
L'accident, sans gravité d'ailleurs, a
amusé le public, qui a tenu à prouver par
ses lazzis que l'esprit gaulois n'était pas
mort. :
LES CAUSES INATTENDUES
Hier, à la quatrième Chambre, a été
appelée l'affaire Personne contre Per-
sonne. Des avocats disaient : « Ce sera un
double défaut. » Ils en ont été pour leurs
frais d'esprit, car les parties se sont fait
représenter. n
A cette occasion, on rappelait une ré-
cente affaire Ventre contre Ventre — dans
laquelle, nous assurait un homme de robe,
les parties avaient été renvoyées dos à
dos.
Le Passant.
LE VETERINAIRE
Hélas ! il n'y a pas que les juges qui soient
irresponsables : les vétérinaires le sont aussi.
Le 27 mai dernier, vers 6 h. du soir. une
dame Sutter se présentait chez une de ses
amies, Mme Jeannequin, habitant le hameau
de Garguelelle, à Oignies (Pas-de-Calais). Mme
Sutter gardait sur ses genoux un petit chien
que l'enfant de la maison, Emile-Louis Jean-
nequin, âgé d'un peu plus de trois ans, vou-
lut caresser. La bête grogna, sauta à la figure
de l'enfant, lui mordit la lèvre supérieure, le
nez et la joue droite; et comme sa maitresse
voulait corriger ce vilain toutou, il la mordit,
elle aussi, à la main droite.
Cris et larmes de l'enfant, terreur de la
mère : « Ma chère, dit-elle à son amie, je ne
vais plus vivre tranquille Si votre chien était
enragé ! »
Mme Sutter aimait bien Azor mais elle ai-
mait encore plus Mme Jeannequin, le petit
Emile-Louis, et sa propre sécurité : elle se ré
signa au douloureux sacrifice de faire abattre
et examiner son chien par un vétérinaire.
L'homme de science tua, charcuta, autopsia
et déclara péremptoirement que a le chien
n'était pas atteint de la rage et qu'il était inu-
tile de diriger le petit Jeannequin sur l'Insti-
tut Pasteur de Lille ».
Le vétérinaire présenta sa note ; Mme Sut-
ter paya en déplorant la mort de l'innocent
touto i, et Mme Jeannequin, son enfant dans
1 is bras, regagna son logis, complètement ras-
surée. radieuse comme on l'est quand on vient
d'échapper définitivement à un grand péril.
Depuis longtemps on ne songeait plus à cet
accident, lorsque, ces jours derniers, Mme
Jeannequin vit son enfant se tordre sur sa
couche, les yeux injectés de sang, l'écume aux
lèvres, les membres convulsés. Affolée, elle
fait venir un médecin. Hydrophobie, gémit
l'homme de l'art impuissant. Votre enfant a
été mordu par un chien? Oui. Pourquoi ne
l'avez-vous pas fait soigner à cette époque?
Aujourd'hui, il est trop tard.
Et dans une crise épouvantable, enfonçant
ses pauvres petites mains dans sa gorge, l'en-
fant meurt sous les yeux de la mère hagarde,
hébétée, stupide, qui répète machinalement,
comme dans une oraison funèbre : « Et le vé-
térinaire, et le vétérinaire. » -- - -
Le vètèrmalre, lui, s en moque ; il a bien
d'autres chiens à battre et à autopsier.
Il possède un diplôme qui lui permet de se
tromper, un diplôme qui l'autorise à commet-
tre des erreurs avec une impassible et souve-
raine indifférence, un diplôme qui lui confère
l'irresponsabilité comme à un vulgaire juge.
Pourquoi voudriez-vous qu'il agit comme un
être responsable, cet irresponsable ? Pourquoi
voudriez-vous qu'il fût prudent, soucieux et
circonspect, cet irresponsable ?
Vos législateurs, pour vous complaire, ont
créé des légions d'irresponsables : ne vous
plaignez donc pas, vous n'avez que ce que vous
avez voulu vous-mêmes.
Vous apercevant q e vous vous êtes trompés
comme si vous n'étiez que des juges et des vé-
térinaires, vous vous lamentez ensuite auprès
des journalistes, vous les suppliez de prendre
votre défense — et ces malheureux se mettent
ainsi à dos la moitié de la nation.
L'autre jour, à l'inauguration de la statue
de Pasteur, l'illustre professeur Grancher, par-
lant des médecins, disait : Genus irritabile.
On pourrait en dire autant des vétérinai-
res.
G. de Vorney.
4b.
L'AFFAIRE MICHEL LAGRAVE
A la suite des circonstances qui ont amené
le remplacement de M, Michel Lagrave, comme
commissaire général de l'Exposition de Saint-
Louis, celui-ci, qui était en même temps chef
de division du ministère du commerce, a été
mis en congé sur sa demande par M. Trouillot
pour une durée de trois mois.
Le ministère du commerce communique aux
journaux la note suivante :
M. Alfred Picard, délégué du gouvernement
français à l'Exposition de Saint-Louis, travaille en
ce moment avec M. Gérald, commissaire général
adjoint, à l'élaboration définitive de la liste des
membres des jurys de 1 Exposition.
Les désignations notifiées ces jours derniers,
n'ayant pas été soumises au ministre du commerce,
conformément aux instructions données et aux en-
gagements pris, n'ont qu'un caractère provisoire,
et les jurés définitivement choisis recevront inces-
samment une notification officielle de leur nomi-
nation ratifiée par le ministre.
L'INCIDENT OE LA COMMISSION
DE LA MARINE
M. Berteaux, à qui l'on est allé demander des
renseignements sur l'incident de la Commission
extra-parlementaire de la marine, a répondu que
l'on pouvait se référer à un article de son jour-
nal, le Réveil,articlo dont voici les principaux pas-
sages :
M. Berteaux, membre de la sous-commission,
fut sollicité de faire partie de la délégation,
qui comprenait, en outre, MM. Doumer, Loc-
kroy, Vazeille, Delobeau, Gerville-Réache,
Cbaumet, Clemenceau et Thomson.
Le député de notre circonscription objecta
que ses nombreusesoccuoations, et notamment
ses travaux comme rapporteur du budget de
la guerre l'obligeaient à décliner cette nouvelle
fonction. -
M. Berteaux fut néanmoins élu par ses col-
lègues.
C'est alors que M. Thomson déclara que la
délégation lui paraissait comprendre beau-
coup trop d'adversaires du ministre de la ma-
rine, et il ajouta que M. Berteaux n'ayant pas
encore fait connaître son sentiment sur l'en-
quête, ce n'était pas sa présence dans la délé-
gation qui pouvait rassurer les partisans du
ministre.
M. Berteaux releva vivement ces paroles. Il
déclara que ses sentiments d'amitié pour M.
Pelletan étaient connus, mais qu'en acceptant
de faire partie de la commission d'enquête il
avait entendu remplir son mandat avec impar-
tialité et sans parti pris. -
Du moment que M. Thomson comprenait
autrement le rôle de la commission, M. Ber-
teaux préférait se retirer.
Et sur cette loyale protestation, M. Berteaux
quitta la séance.
En s'élevant contre les paroles de M. Thom-
son, M. Berteaux entendait exprimer cette
pensée que, qucllo que fût son amitié pour M.
Pellotan, il était porsuadé que l'absence de
parti pris, dans lesquerelles qui se sont élevées
jusqu'ici au sein de la commission, constitue
la garantie la plus essentielle) pour que l'œu-
vre de cette commission soit utile à la cause
de la défense nationale et à la manifestation de
la vérité.
S'il était permis de faire grief aux membres
de là commission de cette impartialité qui, du
moment qu'il s'agit d'une commissian d'en-
quête, apparaît comme la qualité !a pl s élé-
mentaire en même temps que la plus essentielle
des commissaires enquêteurs, notre député ne
pourrait rester membre d'une commission où
il n'y aurait plus de place pour ceux qui ne
veulent se prononcer qu'en connaissance de
cause.
Nous connaissonsassez M. Berteaux pour sa-
voir qu'il ne consentira à s'associer à la
suite des travaux de la commission qu'il
aara la certitude que ces travaux seront
poursuivis dans l'esprit d'impartialité et de
loyauté qu'il déclare, à juste titre, indispen-
sable.
CHRONIQUE
Un'opera di riparazione
Ma joie est grande. — Voilà dix ans au
moins que, partout, dans tous les jour-
naux où j'ai écrit, à toute occasion et même
sans occasion,je répète ce nom; Alexandre
Andryane. J'ai entassé les articles, j'ai
écrit des poèmes, j'ai fait des conférences,
obstiné à l'oeuvre de réparation que j'ai
entreprise.
A quelques personnes, j'ai pu inspirer
le désir de savoir qui était Andryane, de
lire les « Mémoires d'un prisonnier d'Etat »,
le livre superbe du Français qui, en 1822,
a donné sa force, sa jeunesse, sa liberté,
plus que sa vie, pour l'Italie opprimée, es-
clave.
Et ç'a été tout.
Il existe à Paris une « Ligue franco-ita-
lienne ». J'ai parlé à son président d'An-
dryane. Ce président ignorait absolument
Andryane; c'était son droit ; mais je lui
en veux de n'avoir témoigné d'aucune eu
riosité, d'être resté,à l'égard du héros, du
martyr que je lui révélais, en une indiffé-
rence complète. Rien à faire de ce côté.
Il y a, dans la vie d'Andryane, la matière
d'un drame,d'une tragédie plutôt, qui fa-
cilement pourrait être d'un effet saisissant.
J'ai entretenu de ce projet mon éminent
confrère Jules Claretie. M. Jules Claretie a
bien ""oulu me dire qu'en lisant le poème
que j'ai publié dans les Annales de la Jeu-
nesse Laïque, en 1902, la pensée de cette
tragédie lui était venue ; mais il a ajouté
que la représentation d'une telle œuvre
serait impossible sur une scène subven-
tionnée, en raison de considérations diplo-
matiques ; jamais la censure ne permettrait
que l'empereur d'Autriche, François II, le
geôlier du Spielberg, le bourreau de Frédé-
ric Confalonieri, de Silvio Pellico, de Ma-
roncelli, d'Oroboni, de Villa, de Moretti, de
Bacchiega, de Munari, de Forcoti, de Cas-
tillia, de Borsieri, de Fortini— et d'Alexan-
dre Andryane —fût montré tel qu'il était.
Un peu plus tard, un confrère italien,
M. A. d'Atri, le distingué directeur de
l'Italie illustrée, s'enthousiasma,me pressa
d'écrire la tragédie, s'affirmant prêt à la
traduire, se faisant fort de la faire repré-
senter en Italie. La tragédie est écrite ; la
traduction est faite, chaude, colorée, vi-
brante ; mais de nombreux empêchements
se sont opposés jusqu'à présent à la re-
présentation.
***
En mai dernier, je me rencontre, A Pa-
ris, dans une maison amie, avec M. Ho-
noré Méreu, qui dirige, à Rome, l'impor-
tante Revue d'Italie. Je parle d'Andryane ;
M. Méreu ignore ; mais à la différence du
président de la « Ligue franco-italienne e),
il manifeste le désir de s'instruire. Et,à la
fin de notre conversation, il m'ouvre tou-
tes grandes les colonnes de la Rerrue d'Ita-
lie.
Je résume, condense en- quinze pages la
vie du héros. A grands coups de plume,
tout frémissant d'émotion, je raconte les
souffrances par lui endurées pour le devoir,
pour l'honneur, pour les hommes. Je ter-
mine en disant :
— cc Il faut qu'à Milan se dresse le mo-
nument, non point d'Andryane seul, mais
élevé à la gloire de tous ceux qui, ayant
combattu pour la patrie italienne l'oppres
sion étrangère, souffrirent sous les voûtes
sombres du Spielberg; et qu'au sommet de
ce monument soient les statues d'Alexan-
dre Andryane et de Frédério Confalonieri,
le Français soutenant dans ses bras l'Ita-
lien comme il le fit pendant huit années
d'agonie ; et que,sur le socle, soient gravés
les noms de tous leurs compagnons de souf-
france et d'honneur. — Et je serai bien
heureux et bien fier si je puis, à force de
persévérance, être l'humble ouvrierde cette
grande œuvre de réparation.
J'aiparlé de joie .,ut àl'heure. Il me sem-
ble, en effet, après dix ans d'efforts, être à
la veille de toucher le but.
.*.
L'article auquel la Revue d'Italie a donné
une hospitalité don" je suis si profondément
reconnaissant à M. Méreu, n'est point
tombé dans le vide. La presse italienne
s'émeut.
Le Capitan Fracassa de Rome, sous ce
titre « Un'opera di riparazione » (une
œuvre de réparation) consacre un article
de trois colonnes à Andryane, déplore l'ou-
bli dans lequel est tombé le nom de ce
Français qui fut un des fondateurs de
l'Italie une et libre, et s'associe à la pro-
position d'un monument de gloire.
Le Secolo, de Milan, donne aussi sans
réserves sa précieuse adhésion. Il m'ap-
prend qu'à Milan, sur la place Beccaria, au
mur du palais du tribunal où fut pro-
noncée,le 21 janvier 1824,contre Andryane,
la peine de mort, commuée., a par l'inépui-
sable clémence de -Bi\ Majesté l'empereur
d'Autriche»,en la prison dure à perpétuité,
une plaque conserve le souvenir des pre-
miers martyrs de l'indépendance italienne,
et qu'immédiatement au-dessous du nom
de Confalonieri, se lit le nom d'Alexandre
Andryane.
« C'est là, dit le Secolo, l'unique souve-
mr matériel qui existe dans notre cité du
pauvre jeune français, venu vers nous oour.
faire le sacrifice de sa vie, lui étranger, à
un idéal que la plupart des Italiens d'alors
commençaient à peine à percevoir. »
Mais le Secolo déclare que ce ntrwï, sur
un mur, ce n'est pas assez, et après avoir,
en excellents termes, analyse l'article de
la Revue d Italie, il promet son appui h
T( l'œuvre de réparation ».
De même, le tJlcssagc-ro de Rome ; et l'on
m'informe que d'autres journaux italiens,
dont je regrette de ne pas avoir encore les
noms, ont consacré aussi des pages élo-
quentes, émues, à Andryane.
De sorte que voici peut-être suscité enfin
le mouvement d'opinion que j'ai voulu
créer en faveur de la mémoire d'Andryane.
On m'écrit d'Italie : « Je crois que nous
réussirons à faire le monument. »
Ah 1 ce sera une grande journée humaine
que celle où la France et l'llalie s'uniront
dans un embrassement fraternel au pied de
l'effigie de ce héros d'altruisme qui, fils
d'une des deux grandes sœurs latines,
s'est donné tout entier à l'autre.
Il faut qu'un comité se forme d'abord à
Milan où à Rome, puis un autre comité à
Paris.
Et j'ai encore une ambition, celle de
trouver un éditeur pour faire une nouvelle
édition-des Mémoires d'Andryane,qui n'ont
pas été réimprimés depuis 1850, qui sont
à peu près introuvables et que personne,
autant dire, n'a lus; livre admirable, fé-
cond en graves enseignements, et qui de-
vrait être dans toutes les bibliothèques
populaires.
Que de travail encore 1
Mais l'œuvre — l'œuvre de réparation-
est grande et juste, et salutaire; et l'on
pense bien que ce n'est pas maintenant
que je me lasserai.
Lucien Victor-Meunier
La Littérature à la Caserne
Une société — La soirée du soldat —
Jadis et aujourd'hui — Les lettres
du « gas » ! — Succès croissant.
La France militaire ayant annoncé la créa.,
tion, dans certains corps d'armée, de cours h
soir pour les soldats, sur la demande d'inspoo
teurs de l'enseignement primaire, je rappellt
lerai l'initiative prise par la Société nationate
(tes Conférences populaires, fondée le 5 décem-
bre 1890, par M. Emile Guérin-Catelain. -
Pour le soldat
Son appel séduisit, du haut en bas de la hié-
rarchie militaire. L'une des dernières assem.
blées de la Société fut présidée par le ministre
de la guerre lui-même, et, dans les locaux ré-
gimenlaires, peu luxueux, mais suffisamment
spacieux, où des caisses de biscuits habilement
disposées ont permis l'établissement de biblio-
Ulèques, où les adaptations les plus ing-énieu"
ses sont venues en aide à cette pédagogie spé-
ciale, les conférences faites par dos officiers
ont efficacement combattu le désoeuvrement
dominical qui ronge le soldat.
La Société nationale facilite ces zélateurs pat
l'envoi de textes imprimés, de leçons, de mor-
ceaux choisis, de livres, d'appareils à projec-
tions, de phonographes, de partitions de chant,
de pièces théâtrales. Des collections de vues
sur verre pour projections lumineuses sont
mises à la disposition des chefs de corps. C'est
un excellent prucédé d'enseignement techni-
que et de moralisation générale qui permet
d'instruire un nomDre d'hommes plus consi-
dérable Des préparations microscopiques
complètent ces intéressantes séries, et ouvrent
à l'ignorant qui les contemple les mystères de
l'entomologie de l'organisme humain et la vie
parasitaire qu'il supporte. Ces visions achè-
vent les théories sur l'hygiène et la propreté.
Un programme attrayant
Les premières organisations de conférences
illustrées reçurent l'accueil le plus chaleu-
reux des colonels. Capitaines et lieutenants
s'offrirent. Les soldats accoururent et s'entas-
sèrent dans les abris les plus inattendus, com-
me le dit M. Guérin-Catelain dans. son rap-
port : hangar, manège, chambrée, réfectoire.
Us vinrent en foule écouter avidement la pa-
role de leurs chefs. Souvent le colonel pré-
sida, prononçant quelques mots après le con-
férencier. Et les hommes éoquterent, d'au-
cuns se passionnèrent. Ce fut toujours autant
de pris sur le cabaret, selon l'expression d'un
des plus zélés adhérents.
Aujourd'hui, devant l'affluence des audi-
teurs, le colonel permet l'ouverture des plus
vastes salles, et la manège peut c Intcair toute
une foule. Le programme unit l'agréable à
l'utile, des chansons, des parties de concert.
Ce sont de véritables spectacles, ayant toute
la diversité du théâtre, causerie avec lanterne
magique ; orchestre, chansonnettes, mono-
logues et chœurs, quelquefois saynètes à deux
et trois personnages, et jusqu'à des pièces
d'ombres chinoises telles qu'on les représen-
tait jadis dans les cabarets littéraires de Mont-
martre.
Certains officiers de bonne volonté ont ac-
cepté avec une telle ardeur ces besognes,
après les pénibles manœuvres de la journée,
qu'ils se sont faits les instituteurs véritables
d'une adolescence campagnarde, trop souvent
négligée. Leurs cours, imprimés par les soins
de la Société nationale, ont été répandus par-
tout ou ils pouvaient être répétés, entourés de
tous détails et accessoires pour leur applica-
tion. La Société prête des livres, des comé-
dies, des partitions et jusqu'à des phonogra-
phes, ai-je dit. Comment ne pas composer
ainsi, presque sans débours, des programmer.
attrayants qui remplaceront amplement les
plaisirs du dehors et leurs onéreuses consé-
quences ?
L'arrivée des recrues
Les recrues arrivent. Casquettes, cha-
peaux de soie, bourgerons et redingotes sont
confondus fraternellement. Après Lllignd-
ment, l'appel dans la cour du quartier, la
distribution par compagnie ou par batterie,
vient l'habillement, l'établissement des fiches
signalétiques. Et chaque nouveau soldat doit
indiquer sommairement son degré d'instruc-
tion.
Les baccalauréats sont rares. Pourtant il
s'en trouve, mêlés à des certificats d'apti-
tude pédagogique, à des brevets de capacité.
Timidement, pourtant, glorieux quand même,
les « certificats d'études primaires » s'énoncent
de plus en plus nombreux, et c'est parmi eux
que le sergent-major, le maréchal des logis,
chef chercheront le scribe qui viendra travail-
ler le soir au bureau et dont surgira le four-
rier de demain.
Ah! je l'ai connue, cette dure vie nociurne,
où la tête s'écroulait, lass. sur les feuilles de
statistique., où quinzo heures de fatigues avaient
raison de ma jounessû. tandis que les illettrés,
plus heureux, dormaient sur le châlit, ou sut
la chaude paille des gardes d'écuries.
A cette époque, U n'y a guère plus de riuÉ
crrw® cnR^mr.'wn^ Ï>T=: NTn\I'.¡;n
I r
BAVmm 83 JUILLET 1 I ia
FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
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— SO - .,.. 1 fr. Ma
— 30 — *« fr. KO
L'BHIi aIIin
Notre Maître a été élevé dans les
bonnes traditions. Il lui faut une
Eglise nationale comme à Louis XIV.
Après la déclaration de 1682 qui a fait
son temps, nous allons avoir celle de
1904. La première avait été rédigée
par Bossuet sous la dictée du mari de
Mme de Maintenon ; la seconde le sera
très certainement par M. Geay, évêque
de Laval, sous l'inspiration de M.
Emile Combes. Après quoi, tout le
monde devra être content. Le Maître le
veut ainsi : « L'Etat, c'est moi ! »
Mais cela n'indique point que la
suppression de l'ambassade du Vati-
can sera effectuée et que la séparation
des Eglises et de l'Etat sera faite.
.*.
Aucun des aètes du Maître ne per-
met, en effet, de l'espérer. Au mois de
mai dernier, alors que le Pape venait
d'insulter la France en protestant con-
tre le voyage de M. Loubet en Italie, le
Révérend Père avait une admirable
occasion de rompre avec Rome. Il de-
vait, pour ménager la dignité de ce
pays, rappeler tout le personnel de
notre ambassade et remettre ses pas-
seports au nonce. Il s'en est bien gardé.
Si M. Nisard est revenu à Paris, le
nonce y est resté, s'occupant de nos
affaires comme devant et pendant le
même temps, un secrétaire va chaque
jour au Vatican, au nom du gouver-
nement français, tout comme M. Ni-
sard y allait lui-même avant d'être mis
en congé.
Cela est une belle comédib. Le gou-
vernement ne nous a jamais dit, d'ail-
leurs, ce qu'il en pense. Quand le Petit
Père se présenta à la commission du
budget, il refusa énergiquement de ré-
pondre à cette unique question : « Le
gouvernement ayant rappelé l'ambas-
sadeur auprès du Vatican, y a-t-il lieu
desupprimer ou non les crédits de l'am-
bassade ? » Il se réserva de donner son
sentiment à la Chambre, - dès la rentrée
d'octobre.
Bien entendu, il n'en avait pas d'au-
tre que celui de vouloir durer.Un débat
eût pu être provoqué le lendemain, s'il
avait dit un oui ou un non, et ce débat
aurait été certainement funeste à son
ministère.
Depuis, le Révérend Père Notre Maî-
tre a imaginé autre chose. Il avait sur
son bureau, au moment même où le
Pape s'insurgeait contre la visite de
M. Loubet au roi d'Italie, une lettre de
M.. Geay, évêque de Laval, lui annon-
çant que Pie X lui avait adressé des
observations et lui demandait sa dé-
mission. Cette lettre constituait, à n'en
pas douter, une rupture du Concordat
de la part du Vatican. II y avait donc
une raison de premier ordre, en plus
de la première, de faire cesser tout de
suite les rapports de la France et de la
papauté.
***
Notr.Maît.re a préféré négocier. Il a
fait dire au Pape qu'il n'avait aucune
discipline à exercer sur un de nos
évêques. Cette discipline, lui seul,
EmUe Combes, comme chef du gou-
vernement et ministre des cultes, a le
droit de l'appliquer. Le Révérend Père
est donc le pape français. C'est un bien
bel avancement pour un ancien con-
gréganiste.
Les journaux qu'il entretient ne nous
en prédisent pas moins la dénoncia-
tion du Concordat, la suppression de
l'ambassade du Vatican et la séDaration
des Eglises et de 1 Etat pour le mois
d'octobre prochain. De grandes dis-
cussions auront même lieu à la tri-
bune. Nous connaîtrons alors le fonds
et le tréfonds de la pensée du Petit
Père. Nous verrons à l'œuvre cet ad-
mirable anticlérical.
Ces journaux nous prennent pour
des naïfs. Nous ne verrons rien du
tout, car tout a été renvoyé aux ca-
lendes d'octobre : impôt sur le re-
venu, caisse des retraites, budget, gaz,
sans compter la séparation des Eglises
et de l'Etat. Pour avoir pris trop d'en-
gagements, le Révérend Père sera
dans la stricte obligation de les violer
à peu près tous. Ce ne sera d'ailleurs
pas la première fois que pareille
aventure lui arrivera. Il a, sous ce
rapport, le cœur plus que léger. Mais
beaucoup de choses font croire que
c'est surtout le budget qui sollicitera
son attention et celle de la Chambre
Notre pape laïque n'a qu'une façon
de se tirer d'affaire. Me permettra-t-il
de la lui suggérer?
Comme la Chambre n'est plus rien
et que c'est la Délégation des gauches
qui est tout, il pourrait convoquer
cette dernière la veille même de la
rentrée. Les dix de la République
combiste s'empareraient d'pbord et
tont naturellement des bulletins de
vote des députés de la majorité. Et
après avoir entendu un sermon du
Révérend Père et avoir proclamé une
fois de plus, à la faee du monde, que
celui-ci est un grand homme, ils adop-
teraient en quelques minutes un pro-
jet de loi sur les retraites, un autre
sur l'impôt sur le revenu, un troisième
sur la séparation des Eglises et de
l'Etat. Ils voteraient encore d'enthou-
siasme la régie directe du gaz, la sup-
pression de l'ambassade et la dénon-
ciation du Concordat.
Vingt-quatre heures après, la Cham-
bre reprendrait ses travaux. Heureuse
de n'avoir rien d'autre à faire que le
budget, elle adresserait immédiate-
ment à la délégation des gauches, j'en
suis profondément convaincu, des fé-
licitations telles que, dans leur ravis-
sement, les Dix proposeraient de nom-
mer le Révérend Père consul à vie,
ce qui serait ratifié par la majorité,
j'en suis encore plus profondément
convaincu, au milieu d'une joie indes-
criptible. Et nous ne serions pas nom-
breux, sur les bancs de la Gauche,
qui ne voudrions point nous associer
à ce bel acte.
.**
Si le Révérend Père n'emploie pas
ce moyen, il ne fera rien. Mais, au fond,
a-t-il l'intention de faire quelque cho-
se ? Ce vieux philosophe spiritualiste,
qui en a dit de si raides à l'enseigne-
ment laïque, me paraît surtout préoc-
cupé de faire sentir le poids de son
autorité au clergé français, à ses fonc-
tionnaires. Il ne serait donc pas sur-
prenant que sa tactique ne tendit qu'à
ce but : séparer la France de Rome
pour avoir une Eglise nationale, une
Eglise gallicane.
CHARLES BOS.
LES ON-DIT
M. Combes se plaint dea inter-
pellateurs ; à chaque question, il
dit, avec fatigue : « Soit, demain,
mais ce sera la dernière fois que je
parlerai pour répondre à quel-
qu'un » ; il ajoute même «Comme
je déteste les questions, je vous préviens que
vous aurez une déconvenue ».
Et en effet, le lendemain, on a la déconve-
nue. laquelle consiste en ceci : 1° pas de ré-
ponse à la question posée; 2" diversion bizarre
pour obliger la Chambre à s'occuper d'autre
chose que de la question posée.
Si M. Combes avait affaire à des Anglais, il
il y a beau temps qu'il serait guéri de la mala-
die de ne pas répondre. Tenez, sur l'affaire de
la saisie du Malacca par les Russes, ce n'est
pas une, ce sont dix interpellations que le ca-
binet anglais a eu à subir depuis deux jours.
Et le cabinet anglais n'a pas l'air d'en être in-
commodé.
Avant-hier, le ministre anglais avait répon-
du déjà qu'il trouvait l'incident de première
importance, qu'il en faisait son affaire, etc.
Hier, absolument comme si le ministre n'eût
rien dit la veille, M. Gibson Bowles lui posait
trois questions sur le Malacca ; et M. Bal-
four de répondre copieusement au triple inter-
pellateur ; là-dessus, M. Lawrie (( demande à
interroger le gouvernement sur l'affaire du
Malaccn ). Cela devenait « musical )) comme di-
sait un ancien, on a prié M. Lawrie de vouloir
bien ajourner sa question à lundi ; sur la de-
mande de son noble ami Percy, M. Lawrie a
consenti à cet ajournement ; supposez à M.
Lawrie un peu plus d'entêtement et le pauvre
M. Balfour était obligé de recommencer à s'ex-
pliquer.
Dans ce pays-là, on perdrait son temps à
vouloir fermer la bouche à l'opposition : non
seulement l'opposition no se tairait pas, mais
ce serait la majorité qui exigerait que l'opposi-
tion usât de son droit. Ah t c'est, un drôle de
pays. -
MÉDICATION ROYALE
Le général Rebillot nous apprend que
Louis XIII était d'une humeur désagréa-
ble, mais que c'était beaucoup moins sa
faute que celle de son médecin. Celui-ci,
dans une seule année, administrait à son
royal client cinquante saignées, deux
cents médecines et plus de deux cents
clystères.
Vous voyez comment les choses devaient
se passer.
Le roi appelait son médecin :
— J'ai la tête lourde, le cerveau embar-
rassé : ne serait-il pas bon que je prenne
de l'exercice? (Aujourd'hui, du sport.)
— Gardez vous en bien, l'effort pour-
rait fatiguer votre auguste personne. Et
l'homme de science ouvrait délicatement
une veine royale. -
Quelques jours après :
— J'ai mal à mon palais royal. (Dans
son langage princier, le roi voulait dire
qu'il avait soif.)
-- Et le médecin de -- répondre -- :
— bire, c'est la bile que vous donne
l'administration du royaume, Humectez
votre palais royal d'un bon verre d'huile de
ricin.
Je suis sûr que l'aurais rendu toute sa
gaîté à ce bon Louis XIII, si, au lieu de
saignées et de purgations, je lui avais of
fert. une bécane pour réveiller les éner-
gies de son sang alourdi, ou si je l'avais
emmené quelquefois, sans escorte, engouf-
frer un « demi » chez on Pousset ou un
Muller quelconque. -
NOUVEAU TARIF TÉLÉGRAPHIQUE y-o,
C'est à devenir espion 1
On se rappelle qu'il y a quelque temps
une dépêche de Rome annonçait qu'une
certaine comtesse, morte récemment,
exercait un lucratif espionnage en faveur
du Japon.Avant la catastrophe du Petropa-
tolosk, elle se trouvait à Port Arthur et elle
a réussi à envoyer à Tokio de longues dé-
pêches qui lui étaient payées à raison de
mille francs le mot.
Le jour où les journalistes sé mettront en
grève et réclameront à leurs directeurs le
tarif de cette dame-espiou, ce sont les di-
recteurs qui feront un nez ! Et toi, lecteur,
tu payes un sou les milliers de lignes que
crayonnent pour toi d'honnêtes et laborieux
écrivains, et les Japonais payaient mille
francs un mot inspiré par la félonie et la
trahison.
Honneur, tu n'es qu'un moH
LA DÉCORATION DE SAINT-CLOUD
Le Passant est arrivé bon premier dans
l'annonce du projet de décoration adopté
par le conseil suprême des Beaux-Arts pour
le parc de Saint-Cloud.
On commence à citer les noms des ar-
tistes que nos Mécènes se proposent d'exi-
ler tout là-bas, en province. Disons tout
de suite que quelques-uns des élus ne mé-
ritent pas l'excès d'honneur compliqué
d'un excès d'indignité qui leur est dévolu.
La figure d'Hippolyte Lefèvre, qui semble
inspirée de la Louise de Charpentier, serait
beaucoup mieux à l'Opéra-Comique et l'ad
ministration, par hasard, s'en doute. D'où
ses hésitations.
MM. Verlet, Gasc, etc. seront fort ho-
norablement représentés parmi les verdu-
res chères à l'ex-impératrice. Quant à Mme
Samos, qui a pu placer un navet quelcon-
que, sur l'expresse recommandation de
M. Trouillot, le meilleur service qu'elle soit
en droit d'attendre de la critique, est le si-
lence. Ça ne vaut vraiment pas le voyage.
LA JUSTICE TELLE QU'ELLE EST
M. Jean de Bonnefon, dans le Journal,
parle de la Justice ecclésiastique. Inci-
demment, il fait la curieuse révélation que
voici :
Il est bien entendu que, civilement, te com-
damné est libre de ne pas accepter la peine.
Mais, canoniquement, il a parfois intérêt à en
trer en prison : M. Rosenberg, l'aimable cha-
noine de Tours, qué la police recherche tou-
jours, a eu soin de se faire condamner par le
Saint-Office, qui, sous prétexte de l'emprison-
ner, l'a mis en sûreté dans une douce ab-
baye.
Bien qu'on nous affirme que la justice
est faite pour tout le monde, elle n'est
donc pas à l'usage des hommes d'Eglise.
Ne nous étonnoas plus s'ils s'en donnent à
cœur joie.
LES ÉTAPES D'UN FACTEUR
Ce sont, ne vous en déplaise, des étapes
universitaires.
M. Jacques Barbero, facteur des télégra
phes, vient d'être reçu à l'Université de
Turin licencié ès-sciences chimiques. Fils
d'un charpentier de Biella, dit la Presse
associée, il avait dû à 15 ans quitter l'é-
cole. En revenant du service militaire, il
fut nommé garde-frein au chemin de fer.
Il entra ensuite dans les télégraphes, se
fit recevoir bachelier et continua ses études
tout en travaillant.
PETITS ET GROS HÉRITAGES
La statistique des successions qui se sont
ouvertes au cours de l'an dernier vient
d'être publiée par le ministère des finan-
ces.
Il y a eu 399.164 héritages, représentant
une valeur totale de 5.320 millions.
Les plus nombreuses successions sont
les plus minimes,au-dessous de 500 francs:
121.000 environ. C'est la catégorie des hé-
ritages de 10.000 à 50.000 francs qui
constitue la masse la plus importante :
près d'un milliard.
Il est mort 497 millionnaires.
Une seule succession a été de plus de
50 millions : celle de M.. Arthur de Rots
child.
LE MURIER MUNICIPAL
Le Conseil municipal de Caissargues
(Gard) vient seulement de procéder à l'élec-
tion de son maire et de ses adjoihts. Il
était très ennuyé ce conseil municipal. La
loi exige que les réunions des assemblées
communales aient lieu dans un édifice pu-
blic. Or, en dehors de l'école, que l'admi-
nistration ne veut -pas détourner de son
affectation, il n'y a pas d'édifice public dans
la commune.
Qu'a fait le premier élu ? Il a convoqué
ses collègues à-l'ombre d'un mûrier cente-
naire, l'orgueil du pays. Et c'est là, au
chant des cigales, par 45° de chaleur, du
reste, qu'on a procédé au scrutin.
Maintenant,-.ce scrutin est-il valable?
Un mûrier est-il un « édifice public » ?
LES WATER-CLOSETS ÉCRASEURS
Hier après midi, place de la Concorde,
un fiacre a été accroché — par des water-
closets! -
Maintenant, pourquoi les dits water-
closets se promenaient-ils au milieu de la
place ? Ils n'y étaient pas venus tout seuls,
on le pense bien. Installés sur une pro-
longe, on les transportait du Champ de
Mars, où ils étaient restés longtemps « à la
disposition de .usted », au dépôt de la Com-
pagnie qui les exploite.
L'accident, sans gravité d'ailleurs, a
amusé le public, qui a tenu à prouver par
ses lazzis que l'esprit gaulois n'était pas
mort. :
LES CAUSES INATTENDUES
Hier, à la quatrième Chambre, a été
appelée l'affaire Personne contre Per-
sonne. Des avocats disaient : « Ce sera un
double défaut. » Ils en ont été pour leurs
frais d'esprit, car les parties se sont fait
représenter. n
A cette occasion, on rappelait une ré-
cente affaire Ventre contre Ventre — dans
laquelle, nous assurait un homme de robe,
les parties avaient été renvoyées dos à
dos.
Le Passant.
LE VETERINAIRE
Hélas ! il n'y a pas que les juges qui soient
irresponsables : les vétérinaires le sont aussi.
Le 27 mai dernier, vers 6 h. du soir. une
dame Sutter se présentait chez une de ses
amies, Mme Jeannequin, habitant le hameau
de Garguelelle, à Oignies (Pas-de-Calais). Mme
Sutter gardait sur ses genoux un petit chien
que l'enfant de la maison, Emile-Louis Jean-
nequin, âgé d'un peu plus de trois ans, vou-
lut caresser. La bête grogna, sauta à la figure
de l'enfant, lui mordit la lèvre supérieure, le
nez et la joue droite; et comme sa maitresse
voulait corriger ce vilain toutou, il la mordit,
elle aussi, à la main droite.
Cris et larmes de l'enfant, terreur de la
mère : « Ma chère, dit-elle à son amie, je ne
vais plus vivre tranquille Si votre chien était
enragé ! »
Mme Sutter aimait bien Azor mais elle ai-
mait encore plus Mme Jeannequin, le petit
Emile-Louis, et sa propre sécurité : elle se ré
signa au douloureux sacrifice de faire abattre
et examiner son chien par un vétérinaire.
L'homme de science tua, charcuta, autopsia
et déclara péremptoirement que a le chien
n'était pas atteint de la rage et qu'il était inu-
tile de diriger le petit Jeannequin sur l'Insti-
tut Pasteur de Lille ».
Le vétérinaire présenta sa note ; Mme Sut-
ter paya en déplorant la mort de l'innocent
touto i, et Mme Jeannequin, son enfant dans
1 is bras, regagna son logis, complètement ras-
surée. radieuse comme on l'est quand on vient
d'échapper définitivement à un grand péril.
Depuis longtemps on ne songeait plus à cet
accident, lorsque, ces jours derniers, Mme
Jeannequin vit son enfant se tordre sur sa
couche, les yeux injectés de sang, l'écume aux
lèvres, les membres convulsés. Affolée, elle
fait venir un médecin. Hydrophobie, gémit
l'homme de l'art impuissant. Votre enfant a
été mordu par un chien? Oui. Pourquoi ne
l'avez-vous pas fait soigner à cette époque?
Aujourd'hui, il est trop tard.
Et dans une crise épouvantable, enfonçant
ses pauvres petites mains dans sa gorge, l'en-
fant meurt sous les yeux de la mère hagarde,
hébétée, stupide, qui répète machinalement,
comme dans une oraison funèbre : « Et le vé-
térinaire, et le vétérinaire. » -- - -
Le vètèrmalre, lui, s en moque ; il a bien
d'autres chiens à battre et à autopsier.
Il possède un diplôme qui lui permet de se
tromper, un diplôme qui l'autorise à commet-
tre des erreurs avec une impassible et souve-
raine indifférence, un diplôme qui lui confère
l'irresponsabilité comme à un vulgaire juge.
Pourquoi voudriez-vous qu'il agit comme un
être responsable, cet irresponsable ? Pourquoi
voudriez-vous qu'il fût prudent, soucieux et
circonspect, cet irresponsable ?
Vos législateurs, pour vous complaire, ont
créé des légions d'irresponsables : ne vous
plaignez donc pas, vous n'avez que ce que vous
avez voulu vous-mêmes.
Vous apercevant q e vous vous êtes trompés
comme si vous n'étiez que des juges et des vé-
térinaires, vous vous lamentez ensuite auprès
des journalistes, vous les suppliez de prendre
votre défense — et ces malheureux se mettent
ainsi à dos la moitié de la nation.
L'autre jour, à l'inauguration de la statue
de Pasteur, l'illustre professeur Grancher, par-
lant des médecins, disait : Genus irritabile.
On pourrait en dire autant des vétérinai-
res.
G. de Vorney.
4b.
L'AFFAIRE MICHEL LAGRAVE
A la suite des circonstances qui ont amené
le remplacement de M, Michel Lagrave, comme
commissaire général de l'Exposition de Saint-
Louis, celui-ci, qui était en même temps chef
de division du ministère du commerce, a été
mis en congé sur sa demande par M. Trouillot
pour une durée de trois mois.
Le ministère du commerce communique aux
journaux la note suivante :
M. Alfred Picard, délégué du gouvernement
français à l'Exposition de Saint-Louis, travaille en
ce moment avec M. Gérald, commissaire général
adjoint, à l'élaboration définitive de la liste des
membres des jurys de 1 Exposition.
Les désignations notifiées ces jours derniers,
n'ayant pas été soumises au ministre du commerce,
conformément aux instructions données et aux en-
gagements pris, n'ont qu'un caractère provisoire,
et les jurés définitivement choisis recevront inces-
samment une notification officielle de leur nomi-
nation ratifiée par le ministre.
L'INCIDENT OE LA COMMISSION
DE LA MARINE
M. Berteaux, à qui l'on est allé demander des
renseignements sur l'incident de la Commission
extra-parlementaire de la marine, a répondu que
l'on pouvait se référer à un article de son jour-
nal, le Réveil,articlo dont voici les principaux pas-
sages :
M. Berteaux, membre de la sous-commission,
fut sollicité de faire partie de la délégation,
qui comprenait, en outre, MM. Doumer, Loc-
kroy, Vazeille, Delobeau, Gerville-Réache,
Cbaumet, Clemenceau et Thomson.
Le député de notre circonscription objecta
que ses nombreusesoccuoations, et notamment
ses travaux comme rapporteur du budget de
la guerre l'obligeaient à décliner cette nouvelle
fonction. -
M. Berteaux fut néanmoins élu par ses col-
lègues.
C'est alors que M. Thomson déclara que la
délégation lui paraissait comprendre beau-
coup trop d'adversaires du ministre de la ma-
rine, et il ajouta que M. Berteaux n'ayant pas
encore fait connaître son sentiment sur l'en-
quête, ce n'était pas sa présence dans la délé-
gation qui pouvait rassurer les partisans du
ministre.
M. Berteaux releva vivement ces paroles. Il
déclara que ses sentiments d'amitié pour M.
Pelletan étaient connus, mais qu'en acceptant
de faire partie de la commission d'enquête il
avait entendu remplir son mandat avec impar-
tialité et sans parti pris. -
Du moment que M. Thomson comprenait
autrement le rôle de la commission, M. Ber-
teaux préférait se retirer.
Et sur cette loyale protestation, M. Berteaux
quitta la séance.
En s'élevant contre les paroles de M. Thom-
son, M. Berteaux entendait exprimer cette
pensée que, qucllo que fût son amitié pour M.
Pellotan, il était porsuadé que l'absence de
parti pris, dans lesquerelles qui se sont élevées
jusqu'ici au sein de la commission, constitue
la garantie la plus essentielle) pour que l'œu-
vre de cette commission soit utile à la cause
de la défense nationale et à la manifestation de
la vérité.
S'il était permis de faire grief aux membres
de là commission de cette impartialité qui, du
moment qu'il s'agit d'une commissian d'en-
quête, apparaît comme la qualité !a pl s élé-
mentaire en même temps que la plus essentielle
des commissaires enquêteurs, notre député ne
pourrait rester membre d'une commission où
il n'y aurait plus de place pour ceux qui ne
veulent se prononcer qu'en connaissance de
cause.
Nous connaissonsassez M. Berteaux pour sa-
voir qu'il ne consentira à s'associer à la
suite des travaux de la commission qu'il
aara la certitude que ces travaux seront
poursuivis dans l'esprit d'impartialité et de
loyauté qu'il déclare, à juste titre, indispen-
sable.
CHRONIQUE
Un'opera di riparazione
Ma joie est grande. — Voilà dix ans au
moins que, partout, dans tous les jour-
naux où j'ai écrit, à toute occasion et même
sans occasion,je répète ce nom; Alexandre
Andryane. J'ai entassé les articles, j'ai
écrit des poèmes, j'ai fait des conférences,
obstiné à l'oeuvre de réparation que j'ai
entreprise.
A quelques personnes, j'ai pu inspirer
le désir de savoir qui était Andryane, de
lire les « Mémoires d'un prisonnier d'Etat »,
le livre superbe du Français qui, en 1822,
a donné sa force, sa jeunesse, sa liberté,
plus que sa vie, pour l'Italie opprimée, es-
clave.
Et ç'a été tout.
Il existe à Paris une « Ligue franco-ita-
lienne ». J'ai parlé à son président d'An-
dryane. Ce président ignorait absolument
Andryane; c'était son droit ; mais je lui
en veux de n'avoir témoigné d'aucune eu
riosité, d'être resté,à l'égard du héros, du
martyr que je lui révélais, en une indiffé-
rence complète. Rien à faire de ce côté.
Il y a, dans la vie d'Andryane, la matière
d'un drame,d'une tragédie plutôt, qui fa-
cilement pourrait être d'un effet saisissant.
J'ai entretenu de ce projet mon éminent
confrère Jules Claretie. M. Jules Claretie a
bien ""oulu me dire qu'en lisant le poème
que j'ai publié dans les Annales de la Jeu-
nesse Laïque, en 1902, la pensée de cette
tragédie lui était venue ; mais il a ajouté
que la représentation d'une telle œuvre
serait impossible sur une scène subven-
tionnée, en raison de considérations diplo-
matiques ; jamais la censure ne permettrait
que l'empereur d'Autriche, François II, le
geôlier du Spielberg, le bourreau de Frédé-
ric Confalonieri, de Silvio Pellico, de Ma-
roncelli, d'Oroboni, de Villa, de Moretti, de
Bacchiega, de Munari, de Forcoti, de Cas-
tillia, de Borsieri, de Fortini— et d'Alexan-
dre Andryane —fût montré tel qu'il était.
Un peu plus tard, un confrère italien,
M. A. d'Atri, le distingué directeur de
l'Italie illustrée, s'enthousiasma,me pressa
d'écrire la tragédie, s'affirmant prêt à la
traduire, se faisant fort de la faire repré-
senter en Italie. La tragédie est écrite ; la
traduction est faite, chaude, colorée, vi-
brante ; mais de nombreux empêchements
se sont opposés jusqu'à présent à la re-
présentation.
***
En mai dernier, je me rencontre, A Pa-
ris, dans une maison amie, avec M. Ho-
noré Méreu, qui dirige, à Rome, l'impor-
tante Revue d'Italie. Je parle d'Andryane ;
M. Méreu ignore ; mais à la différence du
président de la « Ligue franco-italienne e),
il manifeste le désir de s'instruire. Et,à la
fin de notre conversation, il m'ouvre tou-
tes grandes les colonnes de la Rerrue d'Ita-
lie.
Je résume, condense en- quinze pages la
vie du héros. A grands coups de plume,
tout frémissant d'émotion, je raconte les
souffrances par lui endurées pour le devoir,
pour l'honneur, pour les hommes. Je ter-
mine en disant :
— cc Il faut qu'à Milan se dresse le mo-
nument, non point d'Andryane seul, mais
élevé à la gloire de tous ceux qui, ayant
combattu pour la patrie italienne l'oppres
sion étrangère, souffrirent sous les voûtes
sombres du Spielberg; et qu'au sommet de
ce monument soient les statues d'Alexan-
dre Andryane et de Frédério Confalonieri,
le Français soutenant dans ses bras l'Ita-
lien comme il le fit pendant huit années
d'agonie ; et que,sur le socle, soient gravés
les noms de tous leurs compagnons de souf-
france et d'honneur. — Et je serai bien
heureux et bien fier si je puis, à force de
persévérance, être l'humble ouvrierde cette
grande œuvre de réparation.
J'aiparlé de joie .,ut àl'heure. Il me sem-
ble, en effet, après dix ans d'efforts, être à
la veille de toucher le but.
.*.
L'article auquel la Revue d'Italie a donné
une hospitalité don" je suis si profondément
reconnaissant à M. Méreu, n'est point
tombé dans le vide. La presse italienne
s'émeut.
Le Capitan Fracassa de Rome, sous ce
titre « Un'opera di riparazione » (une
œuvre de réparation) consacre un article
de trois colonnes à Andryane, déplore l'ou-
bli dans lequel est tombé le nom de ce
Français qui fut un des fondateurs de
l'Italie une et libre, et s'associe à la pro-
position d'un monument de gloire.
Le Secolo, de Milan, donne aussi sans
réserves sa précieuse adhésion. Il m'ap-
prend qu'à Milan, sur la place Beccaria, au
mur du palais du tribunal où fut pro-
noncée,le 21 janvier 1824,contre Andryane,
la peine de mort, commuée., a par l'inépui-
sable clémence de -Bi\ Majesté l'empereur
d'Autriche»,en la prison dure à perpétuité,
une plaque conserve le souvenir des pre-
miers martyrs de l'indépendance italienne,
et qu'immédiatement au-dessous du nom
de Confalonieri, se lit le nom d'Alexandre
Andryane.
« C'est là, dit le Secolo, l'unique souve-
mr matériel qui existe dans notre cité du
pauvre jeune français, venu vers nous oour.
faire le sacrifice de sa vie, lui étranger, à
un idéal que la plupart des Italiens d'alors
commençaient à peine à percevoir. »
Mais le Secolo déclare que ce ntrwï, sur
un mur, ce n'est pas assez, et après avoir,
en excellents termes, analyse l'article de
la Revue d Italie, il promet son appui h
T( l'œuvre de réparation ».
De même, le tJlcssagc-ro de Rome ; et l'on
m'informe que d'autres journaux italiens,
dont je regrette de ne pas avoir encore les
noms, ont consacré aussi des pages élo-
quentes, émues, à Andryane.
De sorte que voici peut-être suscité enfin
le mouvement d'opinion que j'ai voulu
créer en faveur de la mémoire d'Andryane.
On m'écrit d'Italie : « Je crois que nous
réussirons à faire le monument. »
Ah 1 ce sera une grande journée humaine
que celle où la France et l'llalie s'uniront
dans un embrassement fraternel au pied de
l'effigie de ce héros d'altruisme qui, fils
d'une des deux grandes sœurs latines,
s'est donné tout entier à l'autre.
Il faut qu'un comité se forme d'abord à
Milan où à Rome, puis un autre comité à
Paris.
Et j'ai encore une ambition, celle de
trouver un éditeur pour faire une nouvelle
édition-des Mémoires d'Andryane,qui n'ont
pas été réimprimés depuis 1850, qui sont
à peu près introuvables et que personne,
autant dire, n'a lus; livre admirable, fé-
cond en graves enseignements, et qui de-
vrait être dans toutes les bibliothèques
populaires.
Que de travail encore 1
Mais l'œuvre — l'œuvre de réparation-
est grande et juste, et salutaire; et l'on
pense bien que ce n'est pas maintenant
que je me lasserai.
Lucien Victor-Meunier
La Littérature à la Caserne
Une société — La soirée du soldat —
Jadis et aujourd'hui — Les lettres
du « gas » ! — Succès croissant.
La France militaire ayant annoncé la créa.,
tion, dans certains corps d'armée, de cours h
soir pour les soldats, sur la demande d'inspoo
teurs de l'enseignement primaire, je rappellt
lerai l'initiative prise par la Société nationate
(tes Conférences populaires, fondée le 5 décem-
bre 1890, par M. Emile Guérin-Catelain. -
Pour le soldat
Son appel séduisit, du haut en bas de la hié-
rarchie militaire. L'une des dernières assem.
blées de la Société fut présidée par le ministre
de la guerre lui-même, et, dans les locaux ré-
gimenlaires, peu luxueux, mais suffisamment
spacieux, où des caisses de biscuits habilement
disposées ont permis l'établissement de biblio-
Ulèques, où les adaptations les plus ing-énieu"
ses sont venues en aide à cette pédagogie spé-
ciale, les conférences faites par dos officiers
ont efficacement combattu le désoeuvrement
dominical qui ronge le soldat.
La Société nationale facilite ces zélateurs pat
l'envoi de textes imprimés, de leçons, de mor-
ceaux choisis, de livres, d'appareils à projec-
tions, de phonographes, de partitions de chant,
de pièces théâtrales. Des collections de vues
sur verre pour projections lumineuses sont
mises à la disposition des chefs de corps. C'est
un excellent prucédé d'enseignement techni-
que et de moralisation générale qui permet
d'instruire un nomDre d'hommes plus consi-
dérable Des préparations microscopiques
complètent ces intéressantes séries, et ouvrent
à l'ignorant qui les contemple les mystères de
l'entomologie de l'organisme humain et la vie
parasitaire qu'il supporte. Ces visions achè-
vent les théories sur l'hygiène et la propreté.
Un programme attrayant
Les premières organisations de conférences
illustrées reçurent l'accueil le plus chaleu-
reux des colonels. Capitaines et lieutenants
s'offrirent. Les soldats accoururent et s'entas-
sèrent dans les abris les plus inattendus, com-
me le dit M. Guérin-Catelain dans. son rap-
port : hangar, manège, chambrée, réfectoire.
Us vinrent en foule écouter avidement la pa-
role de leurs chefs. Souvent le colonel pré-
sida, prononçant quelques mots après le con-
férencier. Et les hommes éoquterent, d'au-
cuns se passionnèrent. Ce fut toujours autant
de pris sur le cabaret, selon l'expression d'un
des plus zélés adhérents.
Aujourd'hui, devant l'affluence des audi-
teurs, le colonel permet l'ouverture des plus
vastes salles, et la manège peut c Intcair toute
une foule. Le programme unit l'agréable à
l'utile, des chansons, des parties de concert.
Ce sont de véritables spectacles, ayant toute
la diversité du théâtre, causerie avec lanterne
magique ; orchestre, chansonnettes, mono-
logues et chœurs, quelquefois saynètes à deux
et trois personnages, et jusqu'à des pièces
d'ombres chinoises telles qu'on les représen-
tait jadis dans les cabarets littéraires de Mont-
martre.
Certains officiers de bonne volonté ont ac-
cepté avec une telle ardeur ces besognes,
après les pénibles manœuvres de la journée,
qu'ils se sont faits les instituteurs véritables
d'une adolescence campagnarde, trop souvent
négligée. Leurs cours, imprimés par les soins
de la Société nationale, ont été répandus par-
tout ou ils pouvaient être répétés, entourés de
tous détails et accessoires pour leur applica-
tion. La Société prête des livres, des comé-
dies, des partitions et jusqu'à des phonogra-
phes, ai-je dit. Comment ne pas composer
ainsi, presque sans débours, des programmer.
attrayants qui remplaceront amplement les
plaisirs du dehors et leurs onéreuses consé-
quences ?
L'arrivée des recrues
Les recrues arrivent. Casquettes, cha-
peaux de soie, bourgerons et redingotes sont
confondus fraternellement. Après Lllignd-
ment, l'appel dans la cour du quartier, la
distribution par compagnie ou par batterie,
vient l'habillement, l'établissement des fiches
signalétiques. Et chaque nouveau soldat doit
indiquer sommairement son degré d'instruc-
tion.
Les baccalauréats sont rares. Pourtant il
s'en trouve, mêlés à des certificats d'apti-
tude pédagogique, à des brevets de capacité.
Timidement, pourtant, glorieux quand même,
les « certificats d'études primaires » s'énoncent
de plus en plus nombreux, et c'est parmi eux
que le sergent-major, le maréchal des logis,
chef chercheront le scribe qui viendra travail-
ler le soir au bureau et dont surgira le four-
rier de demain.
Ah! je l'ai connue, cette dure vie nociurne,
où la tête s'écroulait, lass. sur les feuilles de
statistique., où quinzo heures de fatigues avaient
raison de ma jounessû. tandis que les illettrés,
plus heureux, dormaient sur le châlit, ou sut
la chaude paille des gardes d'écuries.
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