Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-09-24
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 septembre 1900 24 septembre 1900
Description : 1900/09/24 (N11154). 1900/09/24 (N11154).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75453573
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
CINQ CENTIMES le ftu:ID.ro. PJDIS * DEWHfTtMfcWTS X-e Nqméro, CINQ CENTIMES
-..-,,-.. --
IBIDATEUR ; IUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Il Mil Trois aeil Situft fou
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.. 2— 6— 11 — 20-
tJoion Postale. 3 — 9 - t6 - 32 -
RÉDACTEUR EN CHEF : CHARLES BOS
ANNONCES rPé
MM. Ch. LAGRANGE, CERF t
6, Place de la Bourse, 6 11
et AUX BUREAUX du JOURN
RÉDACTION: 131, rue Montmartre, 131
De 1 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 1 1104. — Lundi 84 Septembre 1900
Õ VENDÈMIAIRE AN 108
ADMINISTRATION s 131, rue Montmartre, 131
Àfifaser féflres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
LA GRANDE JURN
Ç'a été, hier, vraiment la grande
fête de France.
L'éclat des solennités triomphales :
l'ouverture de l'Exposition, la distribu-
tion des récompenses, est effacé.
Cette date seule : 22 septembre 1900,
maintenant rayonne, rayonnera long-
temps dans notre ciel.
Hier, aux Tuileries, a battu le cœur
même de la Patrie ; et tous ceux qui ont
assisté à ce sublime spectacle en gar-
deront l'impérissable souvenir.
Ils étaient là vingt mille, représen-
tants élus de vingt mille communes, ri-
ches et pauvres, bourgeois et paysans,
tous unis par la môme pensée ; tous ve-
nus pour affirmer, en une manifesta-
tion grandiose, l'indestructible union de
la République et de la patrie ; tous pour
apporter aux hommes en qui s'incarne
la défense des libertés républicaines :
ministres et Président, leur concours,
leur respect, leur dévouement loyal.
.*.
Cherchez, maintenant, cherchez par
terre, dans la boue, les débris de la
coalition réactionnaire.
Ce qu'ils ont, nos indignes adversai-
res, appelé : nationalisme, ce qui n'é-
tait que le suprême effort tenté par les
scélérats qui voudraient de nouveau
asservir la France, de nouveau
courber sa tête sous le joug, et ravir au
peuple son honneur et ses droits, n'existe
plus.
Un grand souffle a passé, bousculant
les échafaudages élevés par les artisans
de mensonge et de calomnie, arra-
chant les masques, souffletant les faces
blêmes.
Et nous pouvons, à présent, mépriser
avec tranquillité l'impuissante rage de
ces drôles , nous pouvons ignorer leurs
contorsions, leurs grimaces, la bave qui
ruisselle entre leurs dents noires ; toute
cette canaille en déroute disparaît dans
l'ombre; tandis que la République,
plus forte, plus jeune que jamais monte,
dans la clarté. ,-
Le repas fraternel où le gouverne-
ment a convié tous les maires de France,
est devenu, par la force même des cho-
ses, une consultation nationale d'une
irrésistible ampleur, une sorte de plé-
biscite spontané et sincère : seuls les ré-
voltés ou les fous refusent de s'incli-
ner ; la France a parlé.
Elle a dit son profond attachement
aux institutions républicaines, et sa
confiance dans les citoyens qui ont la
lourde tâche, le redoutable honneur de
défendre contre tous les complots, con-
tre tous les attentats, ces institutions
qui sont à la fois la garantie des con-
quêtes du passé et la promesse des vic-
toires de l'avenir ; elle a dit son hor-
reur et son mépris des misérables qui,
pour la satisfaction de leurs ambitions
infâmes, de leurs ignobles appétits,
voudraient la précipiter encore, après
Brumaire et Waterloo, après Décembre
et Sedan, dans quelque sinistre aven-
ture de fange et de sang ; sa voix sou-
veraine a retenti, attestant son espoir,
sa certitude, proclamant sa volonté.
De sorte que tout malentendu, à
l'heure actuelle est dissipé; l'équivo-
que, le doute, la méfiance, l'espèce
d'anxiété malsaine, que les partisans de
la guerre civile ont fait durer autant
qu'ils l'ont pu, ont cessé d'être; la
France, d'un vigoureux effort, s'est dé-
livrée de l'atmosphère irrespirable où
ces gredins la condamnaient à vivre, où
elle agonisait.
Il y a comme cela, en certains en-
droits. de mauvais airs asphyxiants, qui
stagnent à ras du sol ; là, qui rampe
étouffe, meurt; debout, on est sauvé.
La France s'est mise debout ; elle est
sauvée ; elle aspire, à poumons larges
ouverts, l'air pur, et baigne son front
régénéré dans les rayons du soleil.
***
Une fierté légitime est permise à l'intè-
gre citoyen qui remplit si dignement
les fonctions de premier magistrat de
la République française, aux vaillants
qui, autour de lui, ont constitué ce
gouvernement de défense républicaine,
triomphateur aujourd'hui.
De quelles injures, de quelles mena-
ces, n'ont-ils pas été, l'un et les autres,
assaillis ; la haine, le mensonge et la
trahison ont essayé de leur barrer la
route, ont multiplié les embûches sous
leurs pas ; et si basse a été l'invective,
si déloyale la guerre, si vil l'ennemi,
que d'autres, sans doute, écœurés,
eussent ressenti quelque hautaine lassi-
tude, en présence de tant de boue.
Eux, comprenant qu'on ne transige
pas avec le devoir et qu'il faut le faire
jusqu'à la fin, ont persévéré, et ce
Kera leur honneur dans l'histoire. Ils
ont, malgré tout, poursuivi l'œuvre du
relèvement moral de la nation et ce que
nous avons vu hier prouve leur vic-
toire.
Ils étaient contents, hier, payés de tant
de fatigues; vengés de tant d'outrages,
tans une pensée, certes, en ce jour de
fraternité belle, pour la tourbe im-
monde de leurs détracteurs.
.*.
- Et ie mendiai» le droit de s'wio-
cier à leur mâle satisfaction pour tous
ceux— et j'en suis —qui combattirent,
de toutes leurs forces et de tout leur
cœur, pour sauver la France de l'igno-
minie nationaliste.
Camarades, amis, qui avons risqué
dans la bataille notre réputation, notre
honneur, notre liberté, notre vie, pre-
nons chacun sa part de gloire ; elle est
nôtre; tous les soldats de la France
républicaine, libre, en ont la lueur sur
le front.
Nous avons vaincu.
La nuit perverse est derrière nous ;
le ciel est bleu; nous avons franchi le
tournant de la route; la France qui com-
prend, qui voit, qui s'est retrouvée, qui
s'est ressaisie, s'est remise en marche
d'un pas fort vers le beau, vers le grand,
vers l'avenir, vers l'idéal éternel, éter-
nellement promis aux hommes, de li-
berté et de lumière, de justice et de
vérité.
Lucien Victor-Meunier.
Nous publierons demain un article
de M. Henry Fo minier
DEUX CENTS, ENVIRON
Evidemment, ils sont trou-
blés, les nationalistes, il
faut leur laisser vingt-qua-
heures pour se remettre.
L'un dit : mais ce ne sont
pas des maires, qui sont
allés au banquet monstre,
ce sont des parents ou des amis; les maires
sont trop occupés chez eux; ils ont remis
leurs cartes à d'autres.
je ne trouve pas l'invention très drôle.
S'ils n'étaient pas dans l'état que j'indique
plus haut, ils trouveraient mieux. Mais
voici qui est bien :
C'est, après le banquet, la sortie torren-
tielle des maires acclamant M. Loubet
entourant sa voiture, débordant tout
service d'ordre, amenant à l'Elysée le
Président dans un triomphe inoubliable.
La Presse a vu l'incident comme ceci :
« Deux cents maires environ suivent la
Daumont présidentielle. une cinquantaine
de personnes suivent le cortège sur le trot-
toir en criant : Vive Loubet!. »
Remarquez ce: environ. Environ, est une
trouvaille. Vous comprenez ; ils étaient en-
viron deux cents : maintenant, ils étaient
peut-être bien vingt mille ; c'est une ques-
tion d'appréciation.
M. Léon Bailby qui est un confrère plein
d'esprit a dû sourire, en lisant les épreu-
ves.
Avouez donc, pauvres gens, avouez donc
que la France entière était représentée hier,
aux Tuileries, à l'Elyste, à la Salle des
Fêtes; et que ce fut aussi grand, aussi una-
nime que la Fédération de 1790; et que ce
pays, guéri de vous par la grande commu-
nion républicaine qu'il vient de faire, vous
a condamnés et rejetés.
Voir à la 3* page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
RÊVUÉ DES JOURNAUX
du matin
COMMENT ONT ÉTÉ EXECUTES
LES MINISTRES CHINOIS
Le « Tsa-Yao-Tao D. - Ministres
sur la planche. — Le couteau
dans l'estomac.
Les agences télégraphiques ont annoncé, à
l'époque la condamnation à mort et l'exécution
de Hsu-Tching-Tcheng et de Youan-Tchang,
les 2 membres libéraux du Tsung-li-Y amen. Elles
ne nous ont donné aucun renseignement sur la
manière dont on a appliqué la peine capitale
aux deux ministres. On a emplovè à cette oc-
casion un vieux procédé, le Tsa-Yao-Tao. qui,
député 160 ans, est tombé en désuétude, Les
deux condamnés ont été liés et étendus sur
une planche.
Le bourreau leur a plongé ensuite un grand
couteau dans la région gastrique et leur a
tranché complètement l'estomac.
Ce mode d'exécution — si on peut s'expri-
mer ainsi — a été inrenté dans le onzième siè-
cle et mis en pratique par les Mandchous con-
tre les Chinois qui ne voulaient pas se sou-
mettre à la nouvelle dynastie.
——————————— ———————.————
AUTOMOBILE EN FEU
A Versailles. — Une panique.
Hier, après-midi, à Versailles, une voiture
automobile appartenant & Mme Marie Mereux,
demeurant à Paris, 18, rue Fortuny, station-
nait, devant les magasins de M. Bureau, mar-
chand de couleurs, 12, rue Ducis.
Le chauÍlJur, Charles Rougeux, AgtS de dix-
huit ans, voulut garnir de pétrole le réservoir
de la voiture.
Malheureusement, il approcha une bougie du
pétrole qui prit feu.
En quelques instants, la voiture fut entourée
de flammes qui venaient lécher les fenêtres du
premier étage de la maison de M. Bureau. On
craignit fort, un moment, que l'incendie ne ga-
gnàt l'immeuble.
Un passant, M. Pfleger, se dévoua pour ve-
nir jeter sur l'automobile en feu des sacs de sa-
ble mouillé qui étouffèrent les flammes.
Le véhicule, d'une valeur de 20,000 francs,
était à peu près détruit.
Le chauffeur Rougeux a reçu de graves brû-
lures à la figure et aux mains.
LE 801 DES BELGES A BREST -
Brest, 22 septembre.
Depuis l'arrivée de VAlberta, le roi Léopold
a fait de nombreuses promenades à Brest et
en rade parmi les navires de l'escadre du
Nord.
L'Alberta a appareillé dans la lOir. pour
Ostende.
——- - -. ——————————
ATTENTAT EN CHEMIN DE FER
Bruxelles, 22 septembre.
,. A Albeke, près de Mouscron, un officier des
douanes a découvert près de la vois ferrée, uns
dame couverte de sang, respirant à peine, qui
avait été victime, dans le train venant de Bru-
xelles, d'un attentat à la suite duquel f 00 SgrOf-
seur avait jetée par la iprtitait
jvmr
-'"-' '.,,'
! LE BANQUET DES MAIRES
LE TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE •
~——————————~~ .¿..
Une journée historique. — Du soleil, de la joie, de la cordialité. — Avant la fête. — Place Beauvau. — Les ministres à FBlysêe. - Tôttt
est prêt ! — Coups d'œil : place de la Concorde, aux Tuileries. — Du pittoresque. — L'entrée des maires. — Arrivée de
M. Loubet. — Une belle salle à manger. — Vingt-trois mille repas en 1 h. 1/4. — Vite et bien ! — Discours du
Président de la République. — Bonnes paroles, bien accueillies. — Après déjeuner. — Au Jardin. - Prome-
nade triomphale. — A bas le Nationalisme ! — La réception à l'Elysée. — La représentation à la
Salle des Fêtes. — « Le chant du départ ». — Vive la Défense républicaine !
La journée d'hier est, dès maintenant, entrée
danr l'Histoire. Elle marque mieux et plus que
l'anéantissement d'un parti qui ne vécut qu'en
organisant le détordre, selon un mot célèbre;
elle ne signifie pas seulement le triomphe d'un
des partis qui se disputent le pouvoir, elle est
la consécration définitive de la République, dé-
sormais indéracinable du sol de France, quel-
les que soient les armes que l'on employa pour
l'attaquer.
Aucune note discordante, nichez les hommes
ni dans les choses, n'en a troublé l'harmo-
nie.
Le soleil joyeux projetant ses rayons au tra-
vers des feuilles aux tons de rouille n'a éclairé
qu'une foule en fête, uniquement désireuse de
célébrer l'anniversaire d'une grande date et
créant peut-être, par l'unanimité de son en-
thousiasme et de sa foi républicaine, une date
mémorable pour les historiens de l'avenir.
Et vraiment, dès que Paris s'éveilla, hier,
tout indiquait bien que c'était un jour de fête,
et de grande fête. qui se levait.
DANS PARIS
Certains quartiers de Paris ont été somptueu-
sement pavoisés. La Bourse, le quartier du Mail,
les grande boulevards, les abords de l'Opéra et
de la Madeleine étaient particulièrement bril-
lants.
Quant à l'animation, on en jugera par ce
fait. unique peut-être dans les annales pari-
siennes : dès 9 heures et demie du matin, un
formidable embarras de voitures s'était pro-
duit, allant de la rue Drouot à la place de la
Concorde. Et les trottoirs noirs de monde,
roulaient vers ce dernier point un flot ininter-
rompu de promeneurs, au milieu desquels les
maires — que personne n'a songé à blaguer
hier — arboraient sur l'habit, le veston ou la
blouse, l'écharpe municipale.
SUR LA PLACE DE LA CONCORDE
Depuis l'inoubliable arrivée du Tsar, entouré
des spahis et des cheicks arabes, jamais nous
n'avions vu pareille affluence de public sur la
place de la Concorde. Public bon enfant et
joyeux, qui se range docilement aux avis des
gardiens de la paix.
Le service d'ordre est important. Il est dirigé
par le préfet de police en personne, qui se pro-
mène d'un air satisfait au milieu des groupes.
Pour lui, la journée sera bonne, et pas la moin-
dre manifestation — hors la grande manifesta-
tion républicaine — pas le moindre désordre
désordre ne sont à redouter.
Leï seuls cris que l'on entend sont ceux de
« Vive la République ! » ou encore de « Vive
monsieur le maire! » auxquels les magistrats
municipaux répondent en agitant gaîment leurs
chapeaux.
Bien curieux, ce défilé incessant des maires
se rendant aux Tuileries. Tous les accents s'y
confondent, tous les costumes s'y mêlent. Tous
les départements, tous les plus petits coins de
la belle France sont ici représentés. Et tout à
l'heure les acclamations qui accueilleront le
Président, retentiront de l'assent redondant du
Midi, ou de la rudesse des intonations des pro-
vinces de l'Est. Et si l'accent diffère, c'est du
même cœur, de la môme sincérité, que tous
crieront « Vive loubet! Vive la République ! »
et aussi « Vive Waldeck-Rousseau ! »
Et, la popularité de M. Loubet n'étant plus
maintenant discutée, il faut signaler cette ova-
tion faite au président du Conseil, au grand
citoyen que les injures et les calomnies n'ont
pu détourner de la route qu'il s'était tracée.
LE DÉPART DE L'ÉLYSÈE
Quel statistitien émérite pourra jamais dire le
nombre de clichés photographiques pris par
des amateurs et par des professionnels de la
plaque sensible en cette journée glorieuse et
mémorable d'hier 1 Bien avant lu banquet, les
appareils fonctionnaient déjà, non seulement
aux Tuileries, mais place Beauveau. En ce der-
nier point, dès neuf heures et demie du matin,
les curieux se massaient, attendant la sortie
d* ministre de l'intérieur, de même qu'en at-
tendant la sortie du président de la Républi-
que, ils se massaient faubourg Saint-Honoré,
devant l'Elysée, Beaucoup de maires parmi ces
curieux, D'ailleurs, jusqu'à onze heures du
matin, des groupes de magistrats municipaux
ceints de l'écharpe aux trois couleurs, agré-
mentée parfois de franges dorées, sont venus,
présentés par leurs députés ou leurs sénateurs,
saluer M. Waldeck-Rousseau.
A onze heures et demie, ce dernier, accom-
pagné du chef de son cabinet arrivait à pied, à
l'Elysée. Il était très acclamé. Etaient déjà
venus ou vinrent peu après tous les ministres ;
puis, en tenue de gala, un escadron de la
garde républicaine; puis encore les voitures
présidentielles : la Daumont à six chevaux et
cinq landaus, cochers et valets de pied en
grande livrée.
Au galop, un cavalier arrive ; il prévient
l'officier de service que les maires sont arrivés
et qiioi tout est prêt.
Tout aussitôt, un coup de canon est tiré ; les
trompettes sonnent aux champs et les voitures
sortent de l'Elysée. M. Loubet, M. Waldeck-
Rousseau et le général Dubois occupent la
première ; les ministres sont dans les autres.
Des cris extrêmement nourris de Vive Lou-
bet ! Vive la République 1 n'ont cessé d'être
poussés sur le parcours de l'Elysée aux Tui-
leries.
LE BANQUET
Dans cette admirable fête, disions-nous plus
haut, aucun accroc ne n'est produit, tout a été
merveilleusement organisé; plus merveilleuse-
ment encore, le programme s'est exécuté.
Pour arriver à cet ensemble parfait, il a fallu
une somme d'efforts que nous avons, hier, es-
sayé d'apprécier. Il a fallu, au dernier mo-
ment, donner un formidable coup de collier, et
la dernière nuit a été une véritable veillée des
armes. C'est avec une activité inouïe que tous,
depuis les charpentiers qui construisaient la
salle du banquet, jusqu'aux marmitons qui, in-
fatigablement, tournaient la mayonnaise, que
tous se sont employés à la réussite de la
fête.
Tous ont travaillé à la lueur des lampes à
alcool disposées le long des travées. La ques-
tion de l'éclairage pendant les nuits qui ont
précédé le banquet et durant la nuit dernière,
a été victorieusement résolue par la Société
d'éclairage par l'alcool, dont le siège est à Pa-
ris, 41, avenue de l'Opéra. Cette société a
fourni, pour un prix vingt fois moindre que
fourni, pour un prix v2 iu t lampes Denayrouze
l'électricité ou le gaz, 200 lampes Denayrouze
oroduiiaat plut de 60,000 bougies, et donnant
une lumière remarquable d'intensité et de blan-
cheur.
Grâce à cette activité, toute la décoration des
salles est achevée quand, à cinq heures du ma-
tin, arrivent les maîtres d'hôtel venant termi-
nor le service des tables.
La décoration est très simple ; sur les mon-
tants des tentes, des écussons aux initiales
R F, surmontés de drapeaux tricolores, et, ten-
dus en travers des longues salles, à perte de
vue, des fils où sont accrochés de petites flam-
mes aux couleurs et aux armes de toutes les
villes et communes de France.
De loin en loin, une reproduction en cou-
leur d'une tapisserie moderne de la manufac-
ture des Gobelins, les « Armes de la R6pu-
blique », dont un fac-similé réduit est placé
sur toutes les assiettes et offert aux convives.
Derrière la table présidentielle, surélevée de
trois marches, le salon de réception où sera
installée, pendant le déjeuner, la musique de
la garde républicaine, est tendu de rouge et
décoré de plantes vertes. Une grande tapisse-
rie des Gobelins représentant la mort d'Esther
en couvre une des parois.
Derrière le fauleuil destiné à M. Loubet, un
buste de la République, entouré de drapeaux
tricolores et d'écussons portant les lettres R F,
domine la salle.
Dès cinq heures du matin, les chefs de divi-
sion, chefs de groupes et leurs seconds, les
maîtres d'hôtel de M. Legrand entrent aux
Tuileries par la place de la Concorde.
Tous sont en habit et portent à la bouton-
nière un numéro ou une cocarde de couleur,
indiquant les groupes et les tables. M. Legrand,
en veston blanc, est partout à la fois, parcou-
rant les cuisines, donnant de rapides indica-
tions qui sont aussitôt transmises des chefs de
division aux chefs de groupes, des chefs de
groupes aux maîtres d'hôtel et de ceux-ci à
leurs hommes.
Les bicyclistes se croisent, portant des or-
dres.
Les tables sont déjà, depuis la veille garnies
d'assiettes, de verres et de serviettes. Il reste à
disposer les petits pains — deux dans chaque
assiette — les vins, les menus et l'argen-
terie.
Dans les cuisines, on dissèque les saumons,
dont on dispose les tranches roses sur les
feuilles de laitues, On tranche les viandes, on
dispose les hors-d'œuvre sur d'innombrables
raviers.
Dans le jardin, on prépare les corbeilles de
,fruits destinées à la table d'honneur. Enguir-
landées de pampres et de feuilles de vigne,elles
sont remplies de magnifiques grappes de raisin
noir et de pêches. Des rubans tricolores en com-
plètent l'ornementation.
LE MENU
A neuf heures et demie, on commence à met-
tre les menus sur les assiettes.
Imprimé en couleurs sur quatre pages, ce
luxueux carton reproduit, sur la première, la
statue qui domine le monument de Dalou, le
Triomphe de la République. Le fond du paysa-
ge représente la Seine et la rue des Nations.
La seconde et la troisième pages donnent le
menu du déjeuner et le programme de la fête
qui sera donnée ce soir dans la salle des Fêtes.
En voici la reproduction :
EXPOSITION UNIVERSELLE
BANQUET DES MAIRES DE FRANCE
sous la présidence de
M. ÉMILE LOUBET
PRÉSIDENT DII LA RÉPUBLIQUE FRANCAI,..
Sur la seconde page :
MEIU
HORS-D'ŒUVRB
Darnes de saumon glacées Parisienne
Filet de bœuf en Bellevue
Pains de canetons de Rouen
Poulardes de Bresse rôties
Ballotines de faisans Saint-Huberi
Salade Potel
Glaces Succès. — Condét
DESSERT
VINS
Preignac en carafes — Saint-Julien en carafes
Haut-Sauternes
Beaune — Margaux (J. Galvet 1887)
Champagne Montebello
(Potel et Chabot)
Sur la troisième page, faisant vis-à-vis au
menu et sous le même titre que plus haut :
PROGRAMME
(SALLE DES FÊTIS)
La Marseillaise
DANSES DE JADIS ET DE NAGUÈRE
1. — Danses barbares
Il. — Danses grecques
III. — Danses françaises
IV. — Danses modernes.
Le Chant du Départ
avec le concours
DE LA COMÉDIE - FRANÇAISB
et de
L'ACADEMIE NATIONALE DI IlUSIQUJI
ET DE DANSa
Orchestre de l'Opéra
Ce programme est entouré des écus aux ar-
mes des principales villes de France imprimés
en plusieurs couleurs. Sur la 4* page se trouve
la coq gaulois, au-dessus d'un faisceau de lic-
teur surmonté du bonnet phrygien et entre les
lettres R F.
Au menu sont joints le texte du discours de
M. Loubet. Président de la République, et une
plaquette, illustrée par la reproduction du
groupe de Rude, le Chant du départ, et conte-
nant des poèmes de MM. Camille de Sainte-
Croix, P.-B. Gheusi, Auguste Dorchain et
Louis de Gramont.
Le portrait de M. Loubet est encarté dans
cette plaquette.
L'ARRIVÉE DU PRÉSIDENT
Sur la place de la Concorde, un service d'or-
dre, dirigé par M. Mouquin, commissaire divi-
sionnaire, est organisé pour livrer passage aux
landaus ministériels qui arrivent sur la place à
midi moins quelques minutes.
Les ministres arrivent quelques instants
avant le président de la République, qui des-
cend de voiture à midi précis.
M. Loubet est reçu, à l'entrée du vestibule
par MM. Picard, commissaire général de l'Ex-
position, de Selves. préfet de la Seine, Lépine,
préfet de police. Fallières, président du Sér&i,
et Deschanel président de la Chambrt.
MM, Crozier, directeur du protocole et Mol-
lard, directeur-adioint, précèdent le Président
de la République. qui va faire son entrée dans
la salle du banquet.
Il est midi précis. La musique de la garde
attaque la Marseillaise et, quoique le cortège
n'ait pas encore pénétré sur la terrasse, les in-
vités du lointain, aux accents de l'hymne na-
tional, se lèvent tous et poussent des a hourras»
frénétiques. Ils crient: « Vive Loubet 1 Vive la
République ! » Mais les clameurs ne sont pas
calmées que déjà le Président parait.
Les journalistes, les invités des tables immé-
diatement devant la table d'honneur et les mai-
res des premiers départements se lèvent alors.
L'ovation devient générale. Plus de 10,000 per-
sonnes applaudissent avec enthousiasme en ré-
pétant : « Vive Loubet ! » Le Président descend
l'escalier, précédé de M. Crozier, entre M. Fal-
lières et M. Deschanel. Derrière eux défilent
sur la terrasse les ministres et les personnages
qui, tout à l'heure, s'assiéront à la table prin-
cipale.
Le spectacle est vraiment superbe.
LA TABLE D'HONNEUR
M. Loubet prend place à la table d'honneur.
ayant à sa droite MM. Fallières, président du
Sénat ; Waldeck-Rousseau, président du Con-
seil ; Paradis, second doyen des maires, maire
de Latouche (Drôme) ; Augagneur, maire de
Lyon ; Maurice Faure. vice-président de la
Chambre ; Delcassé, ministre des affaires étran-
gères ; Henri Brisson, ancien président de la
Chambre; le général André, ministre de la
guerre; Mesureur, ancien ministre; Decrais,
ministre des colonies ; Leygues, ministre de
l'instruction publique ; Millerand, ministre du
commerce ; général Davoust, duc d'Auerstsedt,
grand-chancelier de la Légion d'honneur : La-
ferrière, gouverneur général de l'Algérie ; Alfr.
Picard, commissaire général de l'Exposition ;
Renaud, procureur général à la Cour des
Comptes; Forichon, premier président à la
Cour d'appel ; de Selves, préfet de la Seine, et
Demagny, directeur du cabinet du ministre de
l'intérieur.
A la gaucho du Président : MM. Deschanel.
président de la Chambre ; Monis, ministre de la
justice ; de Verninac, vice-présidont du Sénat ;
Caillaux, ministre des finances; Berthoumieu,
le plus jeune des maires : Georges Cochery,
vice-président de la Chambre; de Lanessan,
ministre de la marine; P. Baudin, ministre des
travaux publics ; Jean Dupuy, ministre de l'a-
griculture; Mougeot, sous-secrétaire d'Etat aux
postes et télégraphes; le général Brugère; Cou-
Ion, vice-président du Conseil d'Etat; le géné-
ral Florentin, gouverneur militaire de Paris;
amiral Bienaimé; général Pendezec, chef de
l'état-major général ; Bernard, procureur géné-
ral ; Lépine, préfet de police, et Delaunay-Bel-
leville, directeur général de l'Exposition.
LE DÉJEUNER
Entre la table d'honneur et les premières ta
bles des départements, en tête desquelles ve-
nait le département de l'Ain, avaient été amé-
nagées deux catégories de tables, portant l'in-
dication « Presle », et devant contenir un mil-
lier de convives.
Lu première, comprenant huit rangées de
tables était réservée aux directeurs et sous-
directeurs du protocole,aux présidents des syn-
dicats de la presse, aux sénateurs, maires et
députés de Paris, aux chefs et attachés des ca-
binets, à plusieurs personnages militaires, aux
directeurs de quelques grandes administrations
parisiennes, aux fonctionnaires de l'adminis-
tration de l'Exposition et à quelques notoriétés
du monde littéraire ou artistique.
Dans la seconde, avaient pris place les repré-
sentants de la presse.
Derrière ces mille convives commençaient
les séries des départements, et dans chaque
groupe la plus parfaite bonhomie, la meilleure
bonne grâce n'ont cessé de régner.
Le repas a donc été, comme le souhaitait M.
Legrand, « servi, et bien servi D, en moins
d'une heure un quart.
La musique de la garde républicaine, tou-
jours placée dans le saloa de réception, exé-
cute plusieurs morceaux fantaisies sur le
Prè-aux-Clerc* et ouk Lohengrin, le ballet
d'Hamlet et Patrie.
On applaudit à la fin de chacun, et le dessert
aux servi sans qu'on et soit, pour ainsi dire
aperçu de l'heure qui u'esv écoulée.
LE DISCOUR DU PRESIDENT
DE LA REPUBLIQUE
A une heure un quart, M. Loubet le lève. La
salle entièru imite ton sxemple et le coup d'œil
est d'unb grandeur incomparable Aussi loin
qub peut t'étendre la vue, c'est une véritable
met humaine qui, agitée d'abord, se calme peu
à peu et oDserrft pendant le discours de M. Lou-
bev un profond silence coupé d'applaudisse-
ments et de viva ts qui roulent avec un bruit
formidable.
Le Président parle A voix très haute, très
claire et très distincte Aussi est-il entendu par
un grand nombre de convives. Quant aux au-
tres, ils lisent, ne pouvant l'entendre, le remar-
quable discours suivant :
Messieurs,
Le gouvernement de la République
est heureux de pouvoir célébrer les glo-
rieux souvenirs de 1792 dans la paix et
dans l'allégresse de l'Exposition. Cette
satisfaction est doublement ressentie par
votre Président. Je ne saurais oublier,
en effet, que pendant vingt-neuf ans de mon
existence, consacrée au service de la démo-
cratie, j'ai eu l'honneur, messieurs les
maires de France, de porter la même
écharpe que vous; si les circonstances m'o-
bligèrent un jour à rompre le lien qui m'at-
tachait à votre magistrature paternelle, il
m'est infiniment agréable de souhaiter la
bienvenue à mes collègues d'hier, devenus
aujourd'hui les aa:xirafres les plus pré-
cieux de ma mission républicaine et patrio-
tique.
En répondant à notre invitation avec
tant d'empressement, messieurs., TOUS n'a-
vez voulu ni adhérer à un programme de
parti, ni donner à quelques hommes poli-
tiques le plaisir de voir leurs amis réunis
autour d'eax. Cette imposante assemblée
est autre chose qu'un ralliement de com-
bat. Nationale par le nombre et le carrière
de ses membres, elle est nationale aussi pas
lessentiments quil'animentet parson objet.
Profondément attachés aux communes qui
vous ont élus, mais plus attachés encore à
la grande patrie, vous savez que le meilleur
moyen de faire respecter l'autorité qui est
en vous, c'est de donner l'exemple de la dé-
férence due à l'autorité qui est au-dessus
de vous. Loyalement, vous êtes venus nous
renouveler l'assurance d'un concours sin-
cère pour l'œuvre d'apaisement et de pro-
grès que la volonté des représentants du
pays nous a confiée. Cette œuvre domine
des querelles passagères, que l'exercice dt
la liberté rend inévitables ; elle réclame par-
fois le sacrifice d'intérêts et de sentiments
individuels ; il faut qu'elle réunisse tous
les bons citoyens dans la poursuite d'un
triple idéal ; idéal de concorde, idéal de
justice sociale, idéal d'honneur pour le nom
français.
Si nous sentions jamais faiblir en nous
l'énergie persévérante qu'elle exige, il nous
suffirait de reporter notre pensée sur cet
ancêtres de la Révolution , auxquels la
France d'aujourd'hui doit une si profonde ;
reconnaissance. Lorsqu'ils proclamèrent la
République, ils voulaient organiser la dé-:
fense nationale en même temps que la dé-
mocratie : de telle sorte qu'ils nous ont
donné l'exemple du courage sous ses deux -
plus belles formes, et que cet anniversaire
est la fête du patriotisme autant que la fête
de la liberté.
A ce réconfort moral, qui résulte de si •
grands souvenirs, ne peut se mêler, d'ail-
leurs, aucune inquiétude. La République a
toujours triomphé de ses ennemis. Elle est
sortie victorieuse et chaque fois plus forte
des épreuves qu'elle a traversées. Sans
doute il est possible qu'elle modifie quel-
ques-unes de ses institutions, et, pourvu
que ce soit par les voies pacifiques et légales
nous acceptons volontiers l'éventualité de
certains changements. Mais les principes
qui lui servent de base sont intangibles.
Ils sont sa raison d'être, son essence même.
Ils semblent avoir d'autant plus d'éclat et
de solidité qu'ils ont mis plus de temps à se
dégager de la conscience. Ils sont la gloire
et l'honneur de la France. Notre devoir est
de les réaliser chaque jour davantage, de
les faire pénétrer plus avant dans nos lois
et dans nos mœurs. Nous ne cesserons,
messieurs, d'y consacrer ensemble nos
efforts, et le souvenir de cette admirable
journée, qui deviendra comme un lien de
plus entre nous, nous donnera, pour conti-
nuer notre tâche, une nouvelle ardeur.
Quand vous serez rentres dans vos com-
munes, ou vous interrogera sans doute
lm- votre voyage : on vous demandera quels
sentiments vous rapportez de notre ren-
contre.
Di-es que nous restons fidèles à l'esprit
de la Révolution, parce que notre patrio-
tisme est égal à notre amour de la Républi-
que; parce que nous voulons la France
libre, forte et glorieuse, unie au dedans
sous le règne de la loi et du droit, respectée
au dehors pour son génie, pour la puis-
sance de ses armes, pour son amour sincère
de la paix ;
Dites que nous n'avons pas ambitionné
le poste d'honneur où nous sommes, mais
que nous accomplirons jusqu'au bout, sans
hésitation ni faiblesse, un mandat dont
l'exécution nous est rendue plus facile pal
des collaborateurs tels que vous,
Dites enfin, dites surtout, que nous n'a-
vons de haine ni de rancune contre per-
sonne et que notre plus chère espérance est
de voir tous les Français fraternellement
unis dans un même amour de la patrie et
de la République.
APRÈS LE BANQUET
Les applaudissements n'ont pas cessé. Mail
comme le programme, réglé à une minuleprès,
et jusque-là observé, indique pour cet instant
le départ du Président de la République, M.
Loubet, visiblement ému de l'enthousiasme de
cette « mer de maires » comme dit un convive,
repasse sur la tribune qui conduit à la table
d'honneur et s'éloigne avec le même cérémo-
nial qu'à l'arrivée.
Un moment, le Président s'arrête dans la
salon situé derrière la table d'honneur, et là,
il reçoit les félicitations d'un grand nombre de
députés, de sénateurs, de hauts fonctionnai-
res.
Pendant ce temps, les départements se for-
ment en groupe ; leurs maires échangent dei
petits toasts particuliers qui commencent tou-
jours par le toast respectueux du Président de
la République et aux ministres de la défense
républicaine.
DANS LES TUILERIES
Du salon d'honneur, le cortège repart dirigé
comme auparavant par les huissiers de la pré-
sidence et le personnel du protocole.
Les soldats de la garde républicaine forment
la haie sur deux rangs, de chaque côté. Ils
tiennent le sabre au poing et, immobiles dans
leur uniforme superbe,, ils sont très admirés.
Le Président arrive dans le jardin. C'est
l'heure fatale pour les dispositions protocolai-
res. L'ordre primitivement adopté, auquel
veillait M. Crozier avec la jalousie de l'auteur
surveillant son œuvre, ne peut plus être res-
pecté. Les maires qui avalent quitté la table
après le discours, guettaient M. Loubet pour
manifester leurs sentiments républicains au
passage du Président. Que faire contre vingt
mille républicains, enthousiastes, résolus à
tout braver pour approcher le chef do l'Etat?
Rien,
M. Lépine lui-même, et M. Touny, chef de
la police municipale, qui conduisait le cortège,
ont du renoncer à toute mesure. Nombre de
maires avaient ainsi réussi à envahir l'entrée
centrale à la suite du Président dont le cortège
de la sorte, se trouvait à chaque instant, ren-
l forcé de nouveaux maniffitâUW sympathiquo%,
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Àfifaser féflres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
LA GRANDE JURN
Ç'a été, hier, vraiment la grande
fête de France.
L'éclat des solennités triomphales :
l'ouverture de l'Exposition, la distribu-
tion des récompenses, est effacé.
Cette date seule : 22 septembre 1900,
maintenant rayonne, rayonnera long-
temps dans notre ciel.
Hier, aux Tuileries, a battu le cœur
même de la Patrie ; et tous ceux qui ont
assisté à ce sublime spectacle en gar-
deront l'impérissable souvenir.
Ils étaient là vingt mille, représen-
tants élus de vingt mille communes, ri-
ches et pauvres, bourgeois et paysans,
tous unis par la môme pensée ; tous ve-
nus pour affirmer, en une manifesta-
tion grandiose, l'indestructible union de
la République et de la patrie ; tous pour
apporter aux hommes en qui s'incarne
la défense des libertés républicaines :
ministres et Président, leur concours,
leur respect, leur dévouement loyal.
.*.
Cherchez, maintenant, cherchez par
terre, dans la boue, les débris de la
coalition réactionnaire.
Ce qu'ils ont, nos indignes adversai-
res, appelé : nationalisme, ce qui n'é-
tait que le suprême effort tenté par les
scélérats qui voudraient de nouveau
asservir la France, de nouveau
courber sa tête sous le joug, et ravir au
peuple son honneur et ses droits, n'existe
plus.
Un grand souffle a passé, bousculant
les échafaudages élevés par les artisans
de mensonge et de calomnie, arra-
chant les masques, souffletant les faces
blêmes.
Et nous pouvons, à présent, mépriser
avec tranquillité l'impuissante rage de
ces drôles , nous pouvons ignorer leurs
contorsions, leurs grimaces, la bave qui
ruisselle entre leurs dents noires ; toute
cette canaille en déroute disparaît dans
l'ombre; tandis que la République,
plus forte, plus jeune que jamais monte,
dans la clarté. ,-
Le repas fraternel où le gouverne-
ment a convié tous les maires de France,
est devenu, par la force même des cho-
ses, une consultation nationale d'une
irrésistible ampleur, une sorte de plé-
biscite spontané et sincère : seuls les ré-
voltés ou les fous refusent de s'incli-
ner ; la France a parlé.
Elle a dit son profond attachement
aux institutions républicaines, et sa
confiance dans les citoyens qui ont la
lourde tâche, le redoutable honneur de
défendre contre tous les complots, con-
tre tous les attentats, ces institutions
qui sont à la fois la garantie des con-
quêtes du passé et la promesse des vic-
toires de l'avenir ; elle a dit son hor-
reur et son mépris des misérables qui,
pour la satisfaction de leurs ambitions
infâmes, de leurs ignobles appétits,
voudraient la précipiter encore, après
Brumaire et Waterloo, après Décembre
et Sedan, dans quelque sinistre aven-
ture de fange et de sang ; sa voix sou-
veraine a retenti, attestant son espoir,
sa certitude, proclamant sa volonté.
De sorte que tout malentendu, à
l'heure actuelle est dissipé; l'équivo-
que, le doute, la méfiance, l'espèce
d'anxiété malsaine, que les partisans de
la guerre civile ont fait durer autant
qu'ils l'ont pu, ont cessé d'être; la
France, d'un vigoureux effort, s'est dé-
livrée de l'atmosphère irrespirable où
ces gredins la condamnaient à vivre, où
elle agonisait.
Il y a comme cela, en certains en-
droits. de mauvais airs asphyxiants, qui
stagnent à ras du sol ; là, qui rampe
étouffe, meurt; debout, on est sauvé.
La France s'est mise debout ; elle est
sauvée ; elle aspire, à poumons larges
ouverts, l'air pur, et baigne son front
régénéré dans les rayons du soleil.
***
Une fierté légitime est permise à l'intè-
gre citoyen qui remplit si dignement
les fonctions de premier magistrat de
la République française, aux vaillants
qui, autour de lui, ont constitué ce
gouvernement de défense républicaine,
triomphateur aujourd'hui.
De quelles injures, de quelles mena-
ces, n'ont-ils pas été, l'un et les autres,
assaillis ; la haine, le mensonge et la
trahison ont essayé de leur barrer la
route, ont multiplié les embûches sous
leurs pas ; et si basse a été l'invective,
si déloyale la guerre, si vil l'ennemi,
que d'autres, sans doute, écœurés,
eussent ressenti quelque hautaine lassi-
tude, en présence de tant de boue.
Eux, comprenant qu'on ne transige
pas avec le devoir et qu'il faut le faire
jusqu'à la fin, ont persévéré, et ce
Kera leur honneur dans l'histoire. Ils
ont, malgré tout, poursuivi l'œuvre du
relèvement moral de la nation et ce que
nous avons vu hier prouve leur vic-
toire.
Ils étaient contents, hier, payés de tant
de fatigues; vengés de tant d'outrages,
tans une pensée, certes, en ce jour de
fraternité belle, pour la tourbe im-
monde de leurs détracteurs.
.*.
- Et ie mendiai» le droit de s'wio-
cier à leur mâle satisfaction pour tous
ceux— et j'en suis —qui combattirent,
de toutes leurs forces et de tout leur
cœur, pour sauver la France de l'igno-
minie nationaliste.
Camarades, amis, qui avons risqué
dans la bataille notre réputation, notre
honneur, notre liberté, notre vie, pre-
nons chacun sa part de gloire ; elle est
nôtre; tous les soldats de la France
républicaine, libre, en ont la lueur sur
le front.
Nous avons vaincu.
La nuit perverse est derrière nous ;
le ciel est bleu; nous avons franchi le
tournant de la route; la France qui com-
prend, qui voit, qui s'est retrouvée, qui
s'est ressaisie, s'est remise en marche
d'un pas fort vers le beau, vers le grand,
vers l'avenir, vers l'idéal éternel, éter-
nellement promis aux hommes, de li-
berté et de lumière, de justice et de
vérité.
Lucien Victor-Meunier.
Nous publierons demain un article
de M. Henry Fo minier
DEUX CENTS, ENVIRON
Evidemment, ils sont trou-
blés, les nationalistes, il
faut leur laisser vingt-qua-
heures pour se remettre.
L'un dit : mais ce ne sont
pas des maires, qui sont
allés au banquet monstre,
ce sont des parents ou des amis; les maires
sont trop occupés chez eux; ils ont remis
leurs cartes à d'autres.
je ne trouve pas l'invention très drôle.
S'ils n'étaient pas dans l'état que j'indique
plus haut, ils trouveraient mieux. Mais
voici qui est bien :
C'est, après le banquet, la sortie torren-
tielle des maires acclamant M. Loubet
entourant sa voiture, débordant tout
service d'ordre, amenant à l'Elysée le
Président dans un triomphe inoubliable.
La Presse a vu l'incident comme ceci :
« Deux cents maires environ suivent la
Daumont présidentielle. une cinquantaine
de personnes suivent le cortège sur le trot-
toir en criant : Vive Loubet!. »
Remarquez ce: environ. Environ, est une
trouvaille. Vous comprenez ; ils étaient en-
viron deux cents : maintenant, ils étaient
peut-être bien vingt mille ; c'est une ques-
tion d'appréciation.
M. Léon Bailby qui est un confrère plein
d'esprit a dû sourire, en lisant les épreu-
ves.
Avouez donc, pauvres gens, avouez donc
que la France entière était représentée hier,
aux Tuileries, à l'Elyste, à la Salle des
Fêtes; et que ce fut aussi grand, aussi una-
nime que la Fédération de 1790; et que ce
pays, guéri de vous par la grande commu-
nion républicaine qu'il vient de faire, vous
a condamnés et rejetés.
Voir à la 3* page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
RÊVUÉ DES JOURNAUX
du matin
COMMENT ONT ÉTÉ EXECUTES
LES MINISTRES CHINOIS
Le « Tsa-Yao-Tao D. - Ministres
sur la planche. — Le couteau
dans l'estomac.
Les agences télégraphiques ont annoncé, à
l'époque la condamnation à mort et l'exécution
de Hsu-Tching-Tcheng et de Youan-Tchang,
les 2 membres libéraux du Tsung-li-Y amen. Elles
ne nous ont donné aucun renseignement sur la
manière dont on a appliqué la peine capitale
aux deux ministres. On a emplovè à cette oc-
casion un vieux procédé, le Tsa-Yao-Tao. qui,
député 160 ans, est tombé en désuétude, Les
deux condamnés ont été liés et étendus sur
une planche.
Le bourreau leur a plongé ensuite un grand
couteau dans la région gastrique et leur a
tranché complètement l'estomac.
Ce mode d'exécution — si on peut s'expri-
mer ainsi — a été inrenté dans le onzième siè-
cle et mis en pratique par les Mandchous con-
tre les Chinois qui ne voulaient pas se sou-
mettre à la nouvelle dynastie.
——————————— ———————.————
AUTOMOBILE EN FEU
A Versailles. — Une panique.
Hier, après-midi, à Versailles, une voiture
automobile appartenant & Mme Marie Mereux,
demeurant à Paris, 18, rue Fortuny, station-
nait, devant les magasins de M. Bureau, mar-
chand de couleurs, 12, rue Ducis.
Le chauÍlJur, Charles Rougeux, AgtS de dix-
huit ans, voulut garnir de pétrole le réservoir
de la voiture.
Malheureusement, il approcha une bougie du
pétrole qui prit feu.
En quelques instants, la voiture fut entourée
de flammes qui venaient lécher les fenêtres du
premier étage de la maison de M. Bureau. On
craignit fort, un moment, que l'incendie ne ga-
gnàt l'immeuble.
Un passant, M. Pfleger, se dévoua pour ve-
nir jeter sur l'automobile en feu des sacs de sa-
ble mouillé qui étouffèrent les flammes.
Le véhicule, d'une valeur de 20,000 francs,
était à peu près détruit.
Le chauffeur Rougeux a reçu de graves brû-
lures à la figure et aux mains.
LE 801 DES BELGES A BREST -
Brest, 22 septembre.
Depuis l'arrivée de VAlberta, le roi Léopold
a fait de nombreuses promenades à Brest et
en rade parmi les navires de l'escadre du
Nord.
L'Alberta a appareillé dans la lOir. pour
Ostende.
——- - -. ——————————
ATTENTAT EN CHEMIN DE FER
Bruxelles, 22 septembre.
,. A Albeke, près de Mouscron, un officier des
douanes a découvert près de la vois ferrée, uns
dame couverte de sang, respirant à peine, qui
avait été victime, dans le train venant de Bru-
xelles, d'un attentat à la suite duquel f 00 SgrOf-
seur avait jetée par la iprtitait
jvmr
-'"-' '.,,'
! LE BANQUET DES MAIRES
LE TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE •
~——————————~~ .¿..
Une journée historique. — Du soleil, de la joie, de la cordialité. — Avant la fête. — Place Beauvau. — Les ministres à FBlysêe. - Tôttt
est prêt ! — Coups d'œil : place de la Concorde, aux Tuileries. — Du pittoresque. — L'entrée des maires. — Arrivée de
M. Loubet. — Une belle salle à manger. — Vingt-trois mille repas en 1 h. 1/4. — Vite et bien ! — Discours du
Président de la République. — Bonnes paroles, bien accueillies. — Après déjeuner. — Au Jardin. - Prome-
nade triomphale. — A bas le Nationalisme ! — La réception à l'Elysée. — La représentation à la
Salle des Fêtes. — « Le chant du départ ». — Vive la Défense républicaine !
La journée d'hier est, dès maintenant, entrée
danr l'Histoire. Elle marque mieux et plus que
l'anéantissement d'un parti qui ne vécut qu'en
organisant le détordre, selon un mot célèbre;
elle ne signifie pas seulement le triomphe d'un
des partis qui se disputent le pouvoir, elle est
la consécration définitive de la République, dé-
sormais indéracinable du sol de France, quel-
les que soient les armes que l'on employa pour
l'attaquer.
Aucune note discordante, nichez les hommes
ni dans les choses, n'en a troublé l'harmo-
nie.
Le soleil joyeux projetant ses rayons au tra-
vers des feuilles aux tons de rouille n'a éclairé
qu'une foule en fête, uniquement désireuse de
célébrer l'anniversaire d'une grande date et
créant peut-être, par l'unanimité de son en-
thousiasme et de sa foi républicaine, une date
mémorable pour les historiens de l'avenir.
Et vraiment, dès que Paris s'éveilla, hier,
tout indiquait bien que c'était un jour de fête,
et de grande fête. qui se levait.
DANS PARIS
Certains quartiers de Paris ont été somptueu-
sement pavoisés. La Bourse, le quartier du Mail,
les grande boulevards, les abords de l'Opéra et
de la Madeleine étaient particulièrement bril-
lants.
Quant à l'animation, on en jugera par ce
fait. unique peut-être dans les annales pari-
siennes : dès 9 heures et demie du matin, un
formidable embarras de voitures s'était pro-
duit, allant de la rue Drouot à la place de la
Concorde. Et les trottoirs noirs de monde,
roulaient vers ce dernier point un flot ininter-
rompu de promeneurs, au milieu desquels les
maires — que personne n'a songé à blaguer
hier — arboraient sur l'habit, le veston ou la
blouse, l'écharpe municipale.
SUR LA PLACE DE LA CONCORDE
Depuis l'inoubliable arrivée du Tsar, entouré
des spahis et des cheicks arabes, jamais nous
n'avions vu pareille affluence de public sur la
place de la Concorde. Public bon enfant et
joyeux, qui se range docilement aux avis des
gardiens de la paix.
Le service d'ordre est important. Il est dirigé
par le préfet de police en personne, qui se pro-
mène d'un air satisfait au milieu des groupes.
Pour lui, la journée sera bonne, et pas la moin-
dre manifestation — hors la grande manifesta-
tion républicaine — pas le moindre désordre
désordre ne sont à redouter.
Leï seuls cris que l'on entend sont ceux de
« Vive la République ! » ou encore de « Vive
monsieur le maire! » auxquels les magistrats
municipaux répondent en agitant gaîment leurs
chapeaux.
Bien curieux, ce défilé incessant des maires
se rendant aux Tuileries. Tous les accents s'y
confondent, tous les costumes s'y mêlent. Tous
les départements, tous les plus petits coins de
la belle France sont ici représentés. Et tout à
l'heure les acclamations qui accueilleront le
Président, retentiront de l'assent redondant du
Midi, ou de la rudesse des intonations des pro-
vinces de l'Est. Et si l'accent diffère, c'est du
même cœur, de la môme sincérité, que tous
crieront « Vive loubet! Vive la République ! »
et aussi « Vive Waldeck-Rousseau ! »
Et, la popularité de M. Loubet n'étant plus
maintenant discutée, il faut signaler cette ova-
tion faite au président du Conseil, au grand
citoyen que les injures et les calomnies n'ont
pu détourner de la route qu'il s'était tracée.
LE DÉPART DE L'ÉLYSÈE
Quel statistitien émérite pourra jamais dire le
nombre de clichés photographiques pris par
des amateurs et par des professionnels de la
plaque sensible en cette journée glorieuse et
mémorable d'hier 1 Bien avant lu banquet, les
appareils fonctionnaient déjà, non seulement
aux Tuileries, mais place Beauveau. En ce der-
nier point, dès neuf heures et demie du matin,
les curieux se massaient, attendant la sortie
d* ministre de l'intérieur, de même qu'en at-
tendant la sortie du président de la Républi-
que, ils se massaient faubourg Saint-Honoré,
devant l'Elysée, Beaucoup de maires parmi ces
curieux, D'ailleurs, jusqu'à onze heures du
matin, des groupes de magistrats municipaux
ceints de l'écharpe aux trois couleurs, agré-
mentée parfois de franges dorées, sont venus,
présentés par leurs députés ou leurs sénateurs,
saluer M. Waldeck-Rousseau.
A onze heures et demie, ce dernier, accom-
pagné du chef de son cabinet arrivait à pied, à
l'Elysée. Il était très acclamé. Etaient déjà
venus ou vinrent peu après tous les ministres ;
puis, en tenue de gala, un escadron de la
garde républicaine; puis encore les voitures
présidentielles : la Daumont à six chevaux et
cinq landaus, cochers et valets de pied en
grande livrée.
Au galop, un cavalier arrive ; il prévient
l'officier de service que les maires sont arrivés
et qiioi tout est prêt.
Tout aussitôt, un coup de canon est tiré ; les
trompettes sonnent aux champs et les voitures
sortent de l'Elysée. M. Loubet, M. Waldeck-
Rousseau et le général Dubois occupent la
première ; les ministres sont dans les autres.
Des cris extrêmement nourris de Vive Lou-
bet ! Vive la République 1 n'ont cessé d'être
poussés sur le parcours de l'Elysée aux Tui-
leries.
LE BANQUET
Dans cette admirable fête, disions-nous plus
haut, aucun accroc ne n'est produit, tout a été
merveilleusement organisé; plus merveilleuse-
ment encore, le programme s'est exécuté.
Pour arriver à cet ensemble parfait, il a fallu
une somme d'efforts que nous avons, hier, es-
sayé d'apprécier. Il a fallu, au dernier mo-
ment, donner un formidable coup de collier, et
la dernière nuit a été une véritable veillée des
armes. C'est avec une activité inouïe que tous,
depuis les charpentiers qui construisaient la
salle du banquet, jusqu'aux marmitons qui, in-
fatigablement, tournaient la mayonnaise, que
tous se sont employés à la réussite de la
fête.
Tous ont travaillé à la lueur des lampes à
alcool disposées le long des travées. La ques-
tion de l'éclairage pendant les nuits qui ont
précédé le banquet et durant la nuit dernière,
a été victorieusement résolue par la Société
d'éclairage par l'alcool, dont le siège est à Pa-
ris, 41, avenue de l'Opéra. Cette société a
fourni, pour un prix vingt fois moindre que
fourni, pour un prix v2 iu t lampes Denayrouze
l'électricité ou le gaz, 200 lampes Denayrouze
oroduiiaat plut de 60,000 bougies, et donnant
une lumière remarquable d'intensité et de blan-
cheur.
Grâce à cette activité, toute la décoration des
salles est achevée quand, à cinq heures du ma-
tin, arrivent les maîtres d'hôtel venant termi-
nor le service des tables.
La décoration est très simple ; sur les mon-
tants des tentes, des écussons aux initiales
R F, surmontés de drapeaux tricolores, et, ten-
dus en travers des longues salles, à perte de
vue, des fils où sont accrochés de petites flam-
mes aux couleurs et aux armes de toutes les
villes et communes de France.
De loin en loin, une reproduction en cou-
leur d'une tapisserie moderne de la manufac-
ture des Gobelins, les « Armes de la R6pu-
blique », dont un fac-similé réduit est placé
sur toutes les assiettes et offert aux convives.
Derrière la table présidentielle, surélevée de
trois marches, le salon de réception où sera
installée, pendant le déjeuner, la musique de
la garde républicaine, est tendu de rouge et
décoré de plantes vertes. Une grande tapisse-
rie des Gobelins représentant la mort d'Esther
en couvre une des parois.
Derrière le fauleuil destiné à M. Loubet, un
buste de la République, entouré de drapeaux
tricolores et d'écussons portant les lettres R F,
domine la salle.
Dès cinq heures du matin, les chefs de divi-
sion, chefs de groupes et leurs seconds, les
maîtres d'hôtel de M. Legrand entrent aux
Tuileries par la place de la Concorde.
Tous sont en habit et portent à la bouton-
nière un numéro ou une cocarde de couleur,
indiquant les groupes et les tables. M. Legrand,
en veston blanc, est partout à la fois, parcou-
rant les cuisines, donnant de rapides indica-
tions qui sont aussitôt transmises des chefs de
division aux chefs de groupes, des chefs de
groupes aux maîtres d'hôtel et de ceux-ci à
leurs hommes.
Les bicyclistes se croisent, portant des or-
dres.
Les tables sont déjà, depuis la veille garnies
d'assiettes, de verres et de serviettes. Il reste à
disposer les petits pains — deux dans chaque
assiette — les vins, les menus et l'argen-
terie.
Dans les cuisines, on dissèque les saumons,
dont on dispose les tranches roses sur les
feuilles de laitues, On tranche les viandes, on
dispose les hors-d'œuvre sur d'innombrables
raviers.
Dans le jardin, on prépare les corbeilles de
,fruits destinées à la table d'honneur. Enguir-
landées de pampres et de feuilles de vigne,elles
sont remplies de magnifiques grappes de raisin
noir et de pêches. Des rubans tricolores en com-
plètent l'ornementation.
LE MENU
A neuf heures et demie, on commence à met-
tre les menus sur les assiettes.
Imprimé en couleurs sur quatre pages, ce
luxueux carton reproduit, sur la première, la
statue qui domine le monument de Dalou, le
Triomphe de la République. Le fond du paysa-
ge représente la Seine et la rue des Nations.
La seconde et la troisième pages donnent le
menu du déjeuner et le programme de la fête
qui sera donnée ce soir dans la salle des Fêtes.
En voici la reproduction :
EXPOSITION UNIVERSELLE
BANQUET DES MAIRES DE FRANCE
sous la présidence de
M. ÉMILE LOUBET
PRÉSIDENT DII LA RÉPUBLIQUE FRANCAI,..
Sur la seconde page :
MEIU
HORS-D'ŒUVRB
Darnes de saumon glacées Parisienne
Filet de bœuf en Bellevue
Pains de canetons de Rouen
Poulardes de Bresse rôties
Ballotines de faisans Saint-Huberi
Salade Potel
Glaces Succès. — Condét
DESSERT
VINS
Preignac en carafes — Saint-Julien en carafes
Haut-Sauternes
Beaune — Margaux (J. Galvet 1887)
Champagne Montebello
(Potel et Chabot)
Sur la troisième page, faisant vis-à-vis au
menu et sous le même titre que plus haut :
PROGRAMME
(SALLE DES FÊTIS)
La Marseillaise
DANSES DE JADIS ET DE NAGUÈRE
1. — Danses barbares
Il. — Danses grecques
III. — Danses françaises
IV. — Danses modernes.
Le Chant du Départ
avec le concours
DE LA COMÉDIE - FRANÇAISB
et de
L'ACADEMIE NATIONALE DI IlUSIQUJI
ET DE DANSa
Orchestre de l'Opéra
Ce programme est entouré des écus aux ar-
mes des principales villes de France imprimés
en plusieurs couleurs. Sur la 4* page se trouve
la coq gaulois, au-dessus d'un faisceau de lic-
teur surmonté du bonnet phrygien et entre les
lettres R F.
Au menu sont joints le texte du discours de
M. Loubet. Président de la République, et une
plaquette, illustrée par la reproduction du
groupe de Rude, le Chant du départ, et conte-
nant des poèmes de MM. Camille de Sainte-
Croix, P.-B. Gheusi, Auguste Dorchain et
Louis de Gramont.
Le portrait de M. Loubet est encarté dans
cette plaquette.
L'ARRIVÉE DU PRÉSIDENT
Sur la place de la Concorde, un service d'or-
dre, dirigé par M. Mouquin, commissaire divi-
sionnaire, est organisé pour livrer passage aux
landaus ministériels qui arrivent sur la place à
midi moins quelques minutes.
Les ministres arrivent quelques instants
avant le président de la République, qui des-
cend de voiture à midi précis.
M. Loubet est reçu, à l'entrée du vestibule
par MM. Picard, commissaire général de l'Ex-
position, de Selves. préfet de la Seine, Lépine,
préfet de police. Fallières, président du Sér&i,
et Deschanel président de la Chambrt.
MM, Crozier, directeur du protocole et Mol-
lard, directeur-adioint, précèdent le Président
de la République. qui va faire son entrée dans
la salle du banquet.
Il est midi précis. La musique de la garde
attaque la Marseillaise et, quoique le cortège
n'ait pas encore pénétré sur la terrasse, les in-
vités du lointain, aux accents de l'hymne na-
tional, se lèvent tous et poussent des a hourras»
frénétiques. Ils crient: « Vive Loubet 1 Vive la
République ! » Mais les clameurs ne sont pas
calmées que déjà le Président parait.
Les journalistes, les invités des tables immé-
diatement devant la table d'honneur et les mai-
res des premiers départements se lèvent alors.
L'ovation devient générale. Plus de 10,000 per-
sonnes applaudissent avec enthousiasme en ré-
pétant : « Vive Loubet ! » Le Président descend
l'escalier, précédé de M. Crozier, entre M. Fal-
lières et M. Deschanel. Derrière eux défilent
sur la terrasse les ministres et les personnages
qui, tout à l'heure, s'assiéront à la table prin-
cipale.
Le spectacle est vraiment superbe.
LA TABLE D'HONNEUR
M. Loubet prend place à la table d'honneur.
ayant à sa droite MM. Fallières, président du
Sénat ; Waldeck-Rousseau, président du Con-
seil ; Paradis, second doyen des maires, maire
de Latouche (Drôme) ; Augagneur, maire de
Lyon ; Maurice Faure. vice-président de la
Chambre ; Delcassé, ministre des affaires étran-
gères ; Henri Brisson, ancien président de la
Chambre; le général André, ministre de la
guerre; Mesureur, ancien ministre; Decrais,
ministre des colonies ; Leygues, ministre de
l'instruction publique ; Millerand, ministre du
commerce ; général Davoust, duc d'Auerstsedt,
grand-chancelier de la Légion d'honneur : La-
ferrière, gouverneur général de l'Algérie ; Alfr.
Picard, commissaire général de l'Exposition ;
Renaud, procureur général à la Cour des
Comptes; Forichon, premier président à la
Cour d'appel ; de Selves, préfet de la Seine, et
Demagny, directeur du cabinet du ministre de
l'intérieur.
A la gaucho du Président : MM. Deschanel.
président de la Chambre ; Monis, ministre de la
justice ; de Verninac, vice-présidont du Sénat ;
Caillaux, ministre des finances; Berthoumieu,
le plus jeune des maires : Georges Cochery,
vice-président de la Chambre; de Lanessan,
ministre de la marine; P. Baudin, ministre des
travaux publics ; Jean Dupuy, ministre de l'a-
griculture; Mougeot, sous-secrétaire d'Etat aux
postes et télégraphes; le général Brugère; Cou-
Ion, vice-président du Conseil d'Etat; le géné-
ral Florentin, gouverneur militaire de Paris;
amiral Bienaimé; général Pendezec, chef de
l'état-major général ; Bernard, procureur géné-
ral ; Lépine, préfet de police, et Delaunay-Bel-
leville, directeur général de l'Exposition.
LE DÉJEUNER
Entre la table d'honneur et les premières ta
bles des départements, en tête desquelles ve-
nait le département de l'Ain, avaient été amé-
nagées deux catégories de tables, portant l'in-
dication « Presle », et devant contenir un mil-
lier de convives.
Lu première, comprenant huit rangées de
tables était réservée aux directeurs et sous-
directeurs du protocole,aux présidents des syn-
dicats de la presse, aux sénateurs, maires et
députés de Paris, aux chefs et attachés des ca-
binets, à plusieurs personnages militaires, aux
directeurs de quelques grandes administrations
parisiennes, aux fonctionnaires de l'adminis-
tration de l'Exposition et à quelques notoriétés
du monde littéraire ou artistique.
Dans la seconde, avaient pris place les repré-
sentants de la presse.
Derrière ces mille convives commençaient
les séries des départements, et dans chaque
groupe la plus parfaite bonhomie, la meilleure
bonne grâce n'ont cessé de régner.
Le repas a donc été, comme le souhaitait M.
Legrand, « servi, et bien servi D, en moins
d'une heure un quart.
La musique de la garde républicaine, tou-
jours placée dans le saloa de réception, exé-
cute plusieurs morceaux fantaisies sur le
Prè-aux-Clerc* et ouk Lohengrin, le ballet
d'Hamlet et Patrie.
On applaudit à la fin de chacun, et le dessert
aux servi sans qu'on et soit, pour ainsi dire
aperçu de l'heure qui u'esv écoulée.
LE DISCOUR DU PRESIDENT
DE LA REPUBLIQUE
A une heure un quart, M. Loubet le lève. La
salle entièru imite ton sxemple et le coup d'œil
est d'unb grandeur incomparable Aussi loin
qub peut t'étendre la vue, c'est une véritable
met humaine qui, agitée d'abord, se calme peu
à peu et oDserrft pendant le discours de M. Lou-
bev un profond silence coupé d'applaudisse-
ments et de viva ts qui roulent avec un bruit
formidable.
Le Président parle A voix très haute, très
claire et très distincte Aussi est-il entendu par
un grand nombre de convives. Quant aux au-
tres, ils lisent, ne pouvant l'entendre, le remar-
quable discours suivant :
Messieurs,
Le gouvernement de la République
est heureux de pouvoir célébrer les glo-
rieux souvenirs de 1792 dans la paix et
dans l'allégresse de l'Exposition. Cette
satisfaction est doublement ressentie par
votre Président. Je ne saurais oublier,
en effet, que pendant vingt-neuf ans de mon
existence, consacrée au service de la démo-
cratie, j'ai eu l'honneur, messieurs les
maires de France, de porter la même
écharpe que vous; si les circonstances m'o-
bligèrent un jour à rompre le lien qui m'at-
tachait à votre magistrature paternelle, il
m'est infiniment agréable de souhaiter la
bienvenue à mes collègues d'hier, devenus
aujourd'hui les aa:xirafres les plus pré-
cieux de ma mission républicaine et patrio-
tique.
En répondant à notre invitation avec
tant d'empressement, messieurs., TOUS n'a-
vez voulu ni adhérer à un programme de
parti, ni donner à quelques hommes poli-
tiques le plaisir de voir leurs amis réunis
autour d'eax. Cette imposante assemblée
est autre chose qu'un ralliement de com-
bat. Nationale par le nombre et le carrière
de ses membres, elle est nationale aussi pas
lessentiments quil'animentet parson objet.
Profondément attachés aux communes qui
vous ont élus, mais plus attachés encore à
la grande patrie, vous savez que le meilleur
moyen de faire respecter l'autorité qui est
en vous, c'est de donner l'exemple de la dé-
férence due à l'autorité qui est au-dessus
de vous. Loyalement, vous êtes venus nous
renouveler l'assurance d'un concours sin-
cère pour l'œuvre d'apaisement et de pro-
grès que la volonté des représentants du
pays nous a confiée. Cette œuvre domine
des querelles passagères, que l'exercice dt
la liberté rend inévitables ; elle réclame par-
fois le sacrifice d'intérêts et de sentiments
individuels ; il faut qu'elle réunisse tous
les bons citoyens dans la poursuite d'un
triple idéal ; idéal de concorde, idéal de
justice sociale, idéal d'honneur pour le nom
français.
Si nous sentions jamais faiblir en nous
l'énergie persévérante qu'elle exige, il nous
suffirait de reporter notre pensée sur cet
ancêtres de la Révolution , auxquels la
France d'aujourd'hui doit une si profonde ;
reconnaissance. Lorsqu'ils proclamèrent la
République, ils voulaient organiser la dé-:
fense nationale en même temps que la dé-
mocratie : de telle sorte qu'ils nous ont
donné l'exemple du courage sous ses deux -
plus belles formes, et que cet anniversaire
est la fête du patriotisme autant que la fête
de la liberté.
A ce réconfort moral, qui résulte de si •
grands souvenirs, ne peut se mêler, d'ail-
leurs, aucune inquiétude. La République a
toujours triomphé de ses ennemis. Elle est
sortie victorieuse et chaque fois plus forte
des épreuves qu'elle a traversées. Sans
doute il est possible qu'elle modifie quel-
ques-unes de ses institutions, et, pourvu
que ce soit par les voies pacifiques et légales
nous acceptons volontiers l'éventualité de
certains changements. Mais les principes
qui lui servent de base sont intangibles.
Ils sont sa raison d'être, son essence même.
Ils semblent avoir d'autant plus d'éclat et
de solidité qu'ils ont mis plus de temps à se
dégager de la conscience. Ils sont la gloire
et l'honneur de la France. Notre devoir est
de les réaliser chaque jour davantage, de
les faire pénétrer plus avant dans nos lois
et dans nos mœurs. Nous ne cesserons,
messieurs, d'y consacrer ensemble nos
efforts, et le souvenir de cette admirable
journée, qui deviendra comme un lien de
plus entre nous, nous donnera, pour conti-
nuer notre tâche, une nouvelle ardeur.
Quand vous serez rentres dans vos com-
munes, ou vous interrogera sans doute
lm- votre voyage : on vous demandera quels
sentiments vous rapportez de notre ren-
contre.
Di-es que nous restons fidèles à l'esprit
de la Révolution, parce que notre patrio-
tisme est égal à notre amour de la Républi-
que; parce que nous voulons la France
libre, forte et glorieuse, unie au dedans
sous le règne de la loi et du droit, respectée
au dehors pour son génie, pour la puis-
sance de ses armes, pour son amour sincère
de la paix ;
Dites que nous n'avons pas ambitionné
le poste d'honneur où nous sommes, mais
que nous accomplirons jusqu'au bout, sans
hésitation ni faiblesse, un mandat dont
l'exécution nous est rendue plus facile pal
des collaborateurs tels que vous,
Dites enfin, dites surtout, que nous n'a-
vons de haine ni de rancune contre per-
sonne et que notre plus chère espérance est
de voir tous les Français fraternellement
unis dans un même amour de la patrie et
de la République.
APRÈS LE BANQUET
Les applaudissements n'ont pas cessé. Mail
comme le programme, réglé à une minuleprès,
et jusque-là observé, indique pour cet instant
le départ du Président de la République, M.
Loubet, visiblement ému de l'enthousiasme de
cette « mer de maires » comme dit un convive,
repasse sur la tribune qui conduit à la table
d'honneur et s'éloigne avec le même cérémo-
nial qu'à l'arrivée.
Un moment, le Président s'arrête dans la
salon situé derrière la table d'honneur, et là,
il reçoit les félicitations d'un grand nombre de
députés, de sénateurs, de hauts fonctionnai-
res.
Pendant ce temps, les départements se for-
ment en groupe ; leurs maires échangent dei
petits toasts particuliers qui commencent tou-
jours par le toast respectueux du Président de
la République et aux ministres de la défense
républicaine.
DANS LES TUILERIES
Du salon d'honneur, le cortège repart dirigé
comme auparavant par les huissiers de la pré-
sidence et le personnel du protocole.
Les soldats de la garde républicaine forment
la haie sur deux rangs, de chaque côté. Ils
tiennent le sabre au poing et, immobiles dans
leur uniforme superbe,, ils sont très admirés.
Le Président arrive dans le jardin. C'est
l'heure fatale pour les dispositions protocolai-
res. L'ordre primitivement adopté, auquel
veillait M. Crozier avec la jalousie de l'auteur
surveillant son œuvre, ne peut plus être res-
pecté. Les maires qui avalent quitté la table
après le discours, guettaient M. Loubet pour
manifester leurs sentiments républicains au
passage du Président. Que faire contre vingt
mille républicains, enthousiastes, résolus à
tout braver pour approcher le chef do l'Etat?
Rien,
M. Lépine lui-même, et M. Touny, chef de
la police municipale, qui conduisait le cortège,
ont du renoncer à toute mesure. Nombre de
maires avaient ainsi réussi à envahir l'entrée
centrale à la suite du Président dont le cortège
de la sorte, se trouvait à chaque instant, ren-
l forcé de nouveaux maniffitâUW sympathiquo%,
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