Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-08-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 août 1909 19 août 1909
Description : 1909/08/19 (N14405). 1909/08/19 (N14405).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75451382
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/01/2013
N° 14405. — 30 Thermidor, An 118. CINQ CENTIMES CE riUMÉRO - 19 Août 1969. — N° 14465.
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", ,', ,,- TRIBUNE LIBRE
- !
POLITIQUE NOUVELLE
Le jour où le cabinet Briand
s'est présenté devant les
Chambres, interrogé au sujet
de l'attitude qu'il aurait à
l'égard des postiers révoqués
et de leur réintégration pos-
sible, le président du Conseil a pronon-
cé une parole qui, par le contraste qu'el-
le faisait avec le langage tenu au nom
du précédent gouvernement,apparaîssait
à tous comme une parole d'apaisement.
Tandis qu'à la même question, peu
èü temps auparavant, M. Clemenceau
avait opposé un « jamais » plein de ran-
cune et de menaces. M. Briand, se ren-
dant mieux compte des nécessités du
moment, se contenta de répondre : « Je
ne dis pas jamais ». Ces deux formules
suffisent, dans leur laconisme, à mar-
quer non seulement la différence qu'il
y a entre deux tempéraments, mais
encore celle qui existe entre deux mé-
thodes et deux politiques.
Le Parlement l'a compris et par l'ac-
cueil sympathique fait au nouveau cabi-
net, il a marqué que ceux-là même qui
avaient soutenu avec le plus d'énergie
M. Clemenceau, n'étaient point fâchés
'd'échapper à un autoritarisme dont les
conséquences fâcheuses n'étaient que
trop faciles à prévoir.
La grande majorité de la Chambre,.
fie jour-là, sans se l'avouer encore, par-
tageait les sentiments si nobles et si
élevés exprimés quelques jours aupara-
vant par notre ami Buisson, au cours
de la discussion sur la politique géné-
rale.
Ces sentiments, cependant, la majo-
rité avait refusé de les exprimer dans
un ordre du jour.
Mais ils étaient si conformes à ses
propres aspirations qu'elle a été heu-
reuse de voir M. Briand ne pas manifes-
ter à l'égard des postiers révoqués la
même rigueur intransigeante que son
prédécesseur.
Le Igouvernement l'a compris. Il s'est
rendu compte aussi qu'il ne pouvait,
'Pllr des déclarations plus précises,
sembler heurter les sentiments manifes-
tés quelques jours plus tôt par la Cham-
bre. Mais il ne pouvait y avoir de doute
pour personne, au sujet de ses vérita-
bles intentions.
Chacun a compris qu'à la première
occasion, il s'empresserait d'effacer par
'des mesures bienveillantes ce qu'une
excessive brutalité avait pu amasser de
colères et de rancunes dans le cœur de
bien des citoyens.
Sans doute, les employés des postes
qui ont brusquement interrompu leur
service pour se mettre en grève sont cou-
ipables. Mais avant de prononcer contre
eux une condamnation sans appel, il
Convenait de rechercher si quelques cir-
constances atténuantes ne pouvaient pas
être invoquées en leur faveur.
En admettant même qu'aucune pro-
messe formelle ne leur ait été faite, dû
moins, pouvaient-ils se méprendre-sur
la portée du langage qui leur avait été
tenu, puisqu'à la Chambre même, nom-
breux sont ceux qui, dans les déclama-
tions ae M. Clemenceau et de M. Bar-
lhou avaient vu un engagement, au
moins tacite, ae procéder, à bref délai,
à une réorganisation de l'administra-
tion des postes. -
Mieux qu'un autre, peut-être, M.
Briand pouvait être fixé, sur l'origine
exacte de la seconde grève. Il avait as-
sisté, dans les conseils du gouverne-
ment, non seulement à la discussion de
toutes les mesures prises, mais encore à
celle des mesures qui, si nos informa-
tions sont exactes, n'ont été écartées
que sur son intervention et celle de M.
Viviani.
C'est donc que le nouveau président
du Conseil s'était rendu compte, comme
il s'en est rendu compte au moment
des douloureux événements de Draveil,
'du danger qu'il y avait pour la Répu-
blique à élever toujours des barricades
entre la démocratie, même êgaréç, et le
gouvernement.
On pouvait être certain QV.Æ le jour
bù il assumerait la responsabilité entiè-
re du pouvoir, il se refuserait à perpé-
tuer une politique qui jamais n'a eu
son assentiment.
Quelques semaines à peiné sont écou-
lées depuis que, du haut de la tribune,
il a laissé tomber le mot destiné à faire
renaître un peu d'espoir dans le cœur
de ceux qui furent beaucoup plus vic-
times que coupables.
Et voilà que M. Millerand, s'inpirant
des mêmes idées auxquelles il est tou-
jours, lui aussi, demeuré fidèle, annonce
que des réintégrations individuelles
vont avoir lieu.
Pas nombreuses, sans 'doute, au clé-
but, elles suffiront pour amener une dé-
tente et provoquer l'apaisement. C'est
la preuve que d'autres suivront et que
bientôt, des incidents profondément re-
grettables que tous ont déploré, il ne
subsistera plus que le souvenir sembla-
ble à celui d'un mauvais rêve.
Inaugurer par un acte de clémence
la politique du cabinet qui succède à
M. Clemenceau, c'est travailler pour la
République.
C'en serait bientôt fait de celle-ci si
l'affection et la confiance de tout ce qui
constitue les masses profondes de la
démocratie venaient un jour à lui faire
défaut.
Un gouvernement peut avoir avec lui
la majorité parlementaire, il ne peut
faire œuvre utile et durable que s'il a
également pour lui le sentiment popu-
laire. Ce fut là l'unique secret de la
grande force des ministères Waldeck-
Rousseau et Combes. C'est cette tradi-
tion interrompue que cherche à renouer
le président du Conseil actuel.
Il ne peut manquer d'y réussir en
prenant des mesures comme celles que
viennent d'adopter MM. Briand et Mil-
lerand. Quant à la majorité, elle les ap-
prouvera d'autant plus volontiers que
ces mesures répondent à ses véritables
sentiments.
On a pu, pendant un certain temps,
la tromper sur ce qu'elle pensait elle-
même ; mais, fermement républicaine,
elle ne saurait donner son adhésion bien
longtemps à des pratiques gouvernemen-
tales renouvelées de l'Empiré.
Le ministère Briand lui permettra 3e
se retrouver elle-même, de revenir à sa
tradition, de reprendre la méthode qui
toujours à eu ses préférences et ses
sympathies.
C'est par la confiance réciproque qui
existera entre la démocratie d'une part,
la majorité parlementaire et le gouver-
nement de l'autre, que la République
pourra, sans érainteae ceux qui res-
tent ses adversaires, poursuivre pacifi-
quement son œuvre de justice et de pro-
grès.
Cette confiance, qui a pu, amis cer-
tains cas, être quelque peu ébranlée, il
tains câs, 't au eoïivérn-èmenf et à la tn-à-
appartient au gouvernement et à la ma-
jorité de tout faire pour la: rétablir plei-
ne, entière, loyale.
Ni le gouvernement, ni Ta; majorité,
nous en avons Pintime conviction, ne
failliront à ce aèvÕir
Alfred MASSÈ,
- u .- Députd "de la "Nièvre*
> M «
tGS ON-DIT
•—" If. '::"
NOTRE ACENIUJ
Aujourd'hui mercredi i
Lever du 'soleil 3$h. 56 ; toucher à
7. h. 11..
CQu{ses. S Deauvillé. (Trot)*
AUTREFOIS
Le Rappel du 20 août 1873 :
La maréchale Bazaine s'est rendue hier
à Compiègne en compagnie de Me Lachaud,
pour choisir l'appartement qu'elle occupera
pendant la durée du procès de son mari,
qui, lui, n'arrivera à Compiègne/que le 10
septembre.
- Le préfet de police vient de nommer
six inspecteurs spécialement délégués. à la
surveillance de la fabrication du pain,
— L'ex-reine des Espagnols est sur le
point de faire vendre, à Londres, les dia-
mants dont aime à se parer, a cette grande
infortune, »
La valeur des diamants ila la grande
infortune est de 12 millions.
Affreuse misère l
-- La cour d'assises de l'Aisne condamne
à cinq ans de détention le nommé Garnier,
déclaré coupable d'intelligence avec l'enne-
mi. *
--Mme Sarah Bernhardt ne resterait pas,
dit-on, au Théâtre-Français. -
Elle retournerait, l'hiver prochain à l' O-
déon,
Qui nous a donné le grog ?
L'origine de cette boisson est assez amu-
sante et elle vaut la peine d'être rappelée.
Les marins de l'ancienne flotte royale an-
glaise recevaient jadis, lorsqu'ils étaient
embarqués, une ration quotidienne d'alcools
variés (genièvre, brandy ou rhum). Cet usa-
ge dégénérait souvent en abus, et l'amiral
Vernon, qui commandait la station du
VVest-Indian. pour y couper court, ordonna
aux cuisiniers de tempérer les liqueurs for-
tes par deux tiers d'eau. La réforme fut
mal accueillie, comme on pense, et l'amiraj
devint rapidement, impopulaire.
L'amiral Vernon avait l'habitude, par les
gros temps, d'apparaître sur le pont du ba-
teau-amiral enveloppé dans un imperméa-
ble d'étoffe épaisse dénommée « grogan-
2oat » ou gros-grain. C'est un composé de
soie et de crin à l'épreuve de l'eau et du
froid. Il n'en fallut pas davantage pour-ai-
guiser la verve de son équipage qui se Y-en-
gea en donnant à l'amiral le surnom de
« vieux grog Il. 1
De l'amiral, le nom passa au breuvage
qu'il imposait. Et voilà l'origine du grog.
Le comble de l'avarice,
Grippe-Sous,célèbÉe avare, tombe un jour
dans un puits. Passe "un homme qui, en-
tendant des cris, s'approche, se penche
sur la margelle et reconnaît l'Arpagon.
- Hé, l'homme' ! crie-t-il, donne moi ta
main, je vais te tirer de là l
Donner 1 à ce mot de « donner », qui lui
a toujours déchiré le cœur, l'avare frémit,
blêmit, se recroqueville et cache vivement
sa main sous sa veste. Donner ! quelle
horrible expression ! Il n'a jamais voulu
la comprendre, il ne veut pas la compren-
dre davantage aujourd'hui, même au ris-
que de périr.. Mais l'autre, ayant deviné :
— Voyons, dit-U, prends ma main.
Grippe-Sons, au mot de prendre, bondit
sur la main qu'on lui tend.
(( Donner » et « prendre u sont les deux
motifs qui dominent la vie des avares.
Un homme complaisant
Un vieillard octogénaire qui vivait à
Montpellier, dans les premières années du
dernier siècle, s'avisait subitement de por-
ter ses pénates à l'autre bout de la ville.
— Mais pourquoi, lui demandait-on, chan-
ger de demeure à votre âge ?
— Et justement, répondit l'autre, jamais
je ne voulus ennuyer personne et il me
serait aujourd'hui trop tard pour prendre
d'autres habitudes. Il est certain que je
vais mourir bientôt, et si je n'avais pas
quitté la maison où je demeurais jusqu'a-
lors, on aurait eu beaucoup de peine à me
conduire au cimetière. Tandis que, de l'en-
droit où j'habite maintenant, il n'y aura
plus qu'un pas la
Un damier humain
Une très intéressante opération de greffe
humaine vient d'être réussie à Brooklyn.
Un nommé Georges Kilby avait été très
sérieusement brûlé sur tout le côté droit du
corps et à la tête, à la suite de l'explosion
d'une lampe à alcool. On lui a refait une
peau nouvelle avec 414 morceaux pris en
majeure partie sur ses parents. Sa fillette,
âgée de douze ans, a été la première à ai-
der à l'opération, et, fait assez rare pour
mériter d'être rapporté, son médecin lui-
même a apporté son petit morceau de peau.
La garde-malade a suivi l'exemple : elle a
donné trente millimètres carrés ; la femme
de l'opéré en a aussi donné trente, sa fil-
lette dix, son père, âgé de soixante ans, une
vingtaine, et, enfin, de nombreux amis ont
contribué au reste des 414 cases de ce da-
mier humain.
Noblesse incontestable
Un Gascon se vantait de descendre d'une
maison si ancienne, qu'il payait encore,
flisait-il, la rente d'une somme empruntée
par ses ancêtres pour aller adorer Jésus-
Christ dans la crèche de Bethléem.:
Les bons pasteurs
Un évêque fort riclie félicitait un curé fort
pauvre sur le bon air qu'il respirait dans
le pays de sa cure.
« Oui, monseigneur, reprit le curé, l'air
y serait bien bon. en effet, si je pouvais
en vivre. )
——————————— r
LA CLEF
■ ■■ J.'
L'incident qui vient de PS produire à
Cherbourg, lors de l'inspection inopinée de
M. Chéron, est vraiment symbolique.
On connaît les faits. Le sous-secrétaire
d'Etat à la Marine se présente à l'impro-
viste au magasin d'approvisionnement où
sont déposées les viandes livrées à la con-
sommation des équipages de la flotte.
Pas de clef. Où est la clef ? On cherche
la cleî pendant deux heures. Finalement,
on avoue que la clef est entre les mains
« des fournisseurs ».
Partout il en est ainsi dans la Marine,
et la jiclef non seulement des magasins,
mais des chantiers, des arsenaux, des ports
et des Lureaux de la rue Royale est-elle
aussi entre les mains des u tournis-
seurs ? »
Viandes avariées, tubes de chaudièrés
éclatés, plaques de cuirassés ou de sub-
mersibles malfaçonnées, obus qui n'écla-
tent pas et canons qui éclatent trop, tout
Ce qui a créé en un mot l'état abominable
de notre Marine dépend de l'insuffisance
du contrôle exercé sur les fournisseurs, et
des pénalités ridicules qui leur sont appli-
quées.
Que M. Chéron exerce ga; probe et vigi-
lante surveillance non seulement sur les
bouchers, mais sur tous les gros fournis-
seurs de la marine, qu'il examine sévère-
ment les marchés, qu'il contrôle rigoureu-
sement les fournitures, qu'il applique im-
pitoyablement les sanctions et — n'en dé-
plaise à quelques « rigoleurg » profession-
nels qui cherchent à donner le change -
il rendra au pays le service immense que
nous attendons de son patriotisme et de
son courage. -
EfJQUÊTK ÈeSSIK
■ «♦»
A Saint-Mandrier, le jeune soldat San-
tini, torturé par les brimades des anciens,
tolérées par des chefs indignes d'exercer
un commandement, a succombé à sès bles-
sures.
Dans l'Aisne, un officiel de dragons a
assommé à coups de cravache, en wagon,
un paisible voyageur, déclassé par un chef
de gare, et dont l'aspect n'avait pas le dori
de lui plaire.
L'ardeur même de notre patriotisme
nous fait un devoir d'être impitoyables
pour de pareils actes, et qui nuisent plus à
l'esprit militaire que toutes les élucubra-
tions de M. Hervé.
Les gradés qui laissent assassiner les
soldats que la, nation leur confie, sont tout
aussi coupables que les énergumènes qui
incitent les soldats à tirer sur leurs offi-
ciers.
Nous voulons croire que M. le ministre
le la guerre a ordonné une enquête, et
qu'il ea fera connaitre' rapidement les ré-
sultats.. ainsi que les sanctions qu'ils
comportent.
» ■ m. -
LIBERATION l
«»»
Nous avons exposé récemment les rai-
sons péremptoires qui font de la libération
de Marchai, gérant de la Guerre Sociale,
une nécessité inéluctable.
La seule chose qui étonne en cette af-
faire scandaleuse, c'est la lenteur du gou-
vernement à prendre une décision qui
s'impose.
Il ne s'agit pas ici, bien entendu, ae
souscrire aux théories de la Guerre So-
ciale. Il n'est question que d'un innocent,
abusivement retenu en prison.
Nous n'ignorons pas que M. Barthou est
garde des sceaux et qu'il excelle à oppo-
ser un « jamais » impérieux aux deman-
des de bienveillance et d'amnistie.
Mais nous savons aussi que son inflexi-
bilité hautaine feait à l'occasion Compo-
ser avec les nécessités de l'heure. On vient
de le voir à l'occasion de la réintégration
des postiers.
Au demeurant, c'est M. Briand qui est
le chef responsable du gouvernement, et
puisqu'il se trouve qu'il a été — de même
que M. Millerand — directeur de journal,
il peut se rendre compte mieux que per-
sonne combien la situation faite à Marchai
est inique, odieuse, intolérable, et sans
tarder il fera le geste libérateur qui eiin-
pose à sa conscience.
.———————————< 1* ———————————.
Carnet du Libre Penseur
Lt' Ilbbé VraI
et e Idées
A la suite des controverses qu'il a eu
avec le citoyen Sébastien Faure, au cours
des récentes réunions qui ont eu lieu à la
Salle des Sociétés Savantes, l'abbé André
Vrai vient d'adresser - à l'Indépendance
Belge, qui s'est occupée de sa personne et
de ses idées, la curieuse lettre que voici :
« L'abbé André Vrai est un simple prêtre
qui a vu dans l'Evangile le point de départ
divin de toutes les transformations socia-
les. Il s'est appliqué à l'étudier er à le
prêcher dans toute sa profondeur, et d-une
façon édulcorée et tronquée. Il est croyant
sincère du dogme religieux, et se trouve
dans la tradition doctrinale officielle de l'E-
glise par la voix du Christ, des Apôtres,
des Pères, des Conciles et des Papes, de
quoi effondrer toutes les théories que le ca-
pitalisme met en ligne pour excuser ou jus-
tifier l'oppression que les possédants non
travailleurs font peser sur les travailleurs
non possédants.
« Il est clérical au sens d'un homme qui
adhère librement aux doctrines religieuses
proposées à son intelligence par l'Eglise.
Il est anti-clérical, si l'on entend, comme
c'est fréquemment le cas, par clérical un
homme qui veut instituer une sorte- de do-
mination politique au profit du clergé ou
encore couvrir du manteau de la religion
dès menées réactonnaires ,des manœuvres
contraires aux droits et intérêts du peuple.
Voilà dans quel sens, et uniquement dans
quel sens, il accepterait de prendre à son
compte le mot de Gambetta : « Le clérica-
lisme , voilà Vennemi ! n.
« Il est non pas « rallié, », ce qui est l'en-
fance de l'art et prête à bien des soupçons,
souvent légitimés par les événements d'in-
sincérité. Il est inflexiblement républicain,
convaincu que de graves raisons dordre
philosophique ou historique justifient sura-
bondamment l'avènement et le triomphé
dans les conseils de la nation, de cette
grande idée républicaine pour laquelle le
peuple a versé son sang dans quatre révo-
lutions et contre laquelle on ne peut allé-
guer aucune objection sérieuse, soit ait
point de vue théologique, soit au point de
vue politique et social. Il adhère aux prin-
cipes économiques fondamentaux du socia.
lisme qui, tout en accordant à l'individu
cette part d'appropriation, personnelle né-
cessaire pour la sauvegarde de la sécurité
ou de sa liberté, admettent des moyens ca-
pitalistes de production et de répartition
des richesses, le droit du travailleur. au
produit intégral de son travail sauf les pré-
lèvements en faveur des impotents, 'rJes in-
capables ou des services généraux de la
collectivité. La lutte contre le revenu du
capital sous toutes ses formes, le groupe-
ment des travailleurs à L'effet de faire front
à la poussée malfaisante et inhumaine de
ces forces capitalistes qui ont bel et bien
créé, par leur inaction, cette lutte de classe
que le monde ouvrier doit regarder en face.
A la ploutocratie, il voudrait substituer la
règle du travail et de la justice dans les
rapports sociaux. Sans vouloir créer des
chapelles au profit ou au désavantage de
l'une ou de l'autre, de Guesde ou de Jau-
rès, de Vandevelde ou d'Hervé, il tend la
main à tous ceux, quelles que soient leurs
opinions philosophiques, leurs croyances
ou incroyances confessionnelles, qui lais-
sant de côté les vieilles querelles de cléri-
calisme ou d'anticléricalisme, veulent s'unir
dans un irréductible effort de bonne foi et
de bonne volonté pour fonder le bloc prolé-
taire destiné à refouler le bloc capitaliste
et à affranchir les travailleurs. Abreuvé de
calomnies et d'outrages pour son intrépide
apostolat en laveur 'du prolétariat opprimé,
il pardonne ces injures ; il sait qu'elles
n'empêcheront pas la lause du peuple de
triompher et la vérité de se faire Jour. Vot.
là ce qu'il est. On peut deviner dès lors
ce qu'il n'est pas et e qu'il faut exacte-
ment penser de ce qui a été dit ou écrit à
son sujet en ces derniers temps. »
Sf Abbé André VRAL. n
Il y a, dans la lettre de l'abbé Vrai, mal-
gré certaines exagérations, un véritable
souffle démocratique, et c'est la raison pour
laquelle j'ai cru devoir la signaler au lec-
teur. Mais le pauvre abbé s'illusionne s'il
s'imagine que les idées généreuses qui han-
tent son esprit peuvent faire du chemin
dâns l'Eglise à laquelle il appartient par
le sacerdoce qu'il exerce. C'est parce que
le cléricalisme est précisément la force la
mieux organisée contre les idées d'émanci-
pation que nous ont léguées les hommes de
la Révolution, que nous ne devons cesser
un seul instant d'avoir l'œil sur lui et cher-
cher constamment à le Réduire à l'impuis-
!1c.c>p..
TRIBUNE CORPORATIVE
Le Gouffres finnuel
îles Employés de Perception
- ■ ♦■>♦«0» -
Statut des fonctionnaires. — Son ex-
tension par assimilation aux
commis de perception
Metton (Amiens), dépose l'ordre du jour
suivant :
« Le Congrès émet le vœu que les dispo-
sitions du statut des fonctionnaires soient
étendues, par assimilation, à la corporatiQn
eB employés de perception. »
Cet-ordre du jour, mis aux voix, est
adopté.
Vœux. - Communications diverses. -
Propositions d'initiative.
Les différents vœux ci-après sont soumis
à l'assemblée :
Vœu de la 40 région (Clermont-Ferrand)
tendant a l'application du repos hebdoma-
daire aux employés de perception et à l'ob-
tention d'un congé annuel de 15 jours.
Adopté.
Vœu de la 14° région (Rennes) tendant à
ce que Je Comité central soit composé de
collègues habitant tous la même ville, ou
tout au moins le même département. L'as-
semblée fait remarquer que les membres
du conseil d'administration étant élus par
leurs collègues, à l'assemblée générale,
ceux-ci sont seuls maîtres de voter pour les
camarades qui ont leur sympathie.
Vœu Cormier (Nantes), tendant à ce que
la priorité soit accordée aux employés de
perception pour faire les intérims. Adopté.
Vœu Paoli 1 Mrseille) tendant à ce
qu'aucune admission de nouveau syndiqué
ne soit prononcée par le conseil d'admi-
nistration, sans enquête préalable. Adopté.
Vœu de Pétigny (Valenciennes) : « Les
commis de perception réunis en congrès,
regrettant que les Compagnies de chemins
de fer n'aient pas encore favorablement
répondu aux demandes de réduction de ta-
rif sollicitée par le syndicat à l'occasion
des congrès ou des assemblées générales,
contrairement à ce qu'elles font générale-
ment dans des circonstances analogues
pour de riches associations ou des sociétés
se rendant à des réjouissances publiques,
font appel aux pouvoirs publics à qui la
précarité des finances de la corporation est
signalée et invitent le comité central à
faire les démarches nécessaires auprès des
ministres compétents. » Adopté.
L'attention de l'assemblée est appelée sur
le cas du camarade Raison, de Paimbeuf,
qui, après 36 ans de service, dont 21 ans
dans l'une des perceptions d'Orléans, s'est
vu congédier dans les mêmes conditions
que le camarade Raffer, de Bordeaux.
L'assemblée décide qu'il y a lieu de si-
gnaler cette situation au ministre et charge
le conseil d'administration de faire toutes
les démarches nécessaires. -
Le cas du collègue Beauchère, de Romil-
ly, est également porté à la connaissance
du congrès : ce camarade s'est trouvé dans
l'impossibilité de se faire payer son traite-
ment par suite du décès de son patron. Il
est décidé que le dossier de cette affaire
sera remis à M. Turpaud, docteur en
droit, directeur de la « Revue Financière
pour être examiné, ainsi qu'à M. Thibauù,
avocat-conseil du syndicat.
L'assemblée émet le vœu que dans l'ave-
nir, toutes les injustices dont les employés
de perception seront victimes, devront être
signalées aux pouvoirs publics par les soins
du conseil d'administration.
Potipet (Pontoise), au nom de la 12° ré-
gion, signale la conduite répréhensible dil
collègue Cogni, de Pontoise, qui s'est rendu
coifpable d'une inexplicable indiscipline
syndicale au moment ou tous les camarades
ont besoin plus que jamais d'être frater-
nellement unis.
Lamontre demande que le collègue Cogni
soit exclu du syndicat et l'assemblée pro-
nonce cette exclusion avec blâme.
L'apparition d'un bulletin « Le Commis
de perception », dirigé par ce collègue, sou-
lève, l'indignation générale de toute l'as-
semblée, et il est décidé do traiter par - la
plus complète indifférence et le plus -pro-
fond mépris cette nouvelle manœuvre pa-
tronale. ,',
Paoli (Marseille), au nom de la 3e région,
signale également le cas du collègue Mé-
riau, qui s'est rendu coupable d'indélica-
tesse et demande qu'il soit fait application
de l'article 10 des statuts. Il en est ainsi
jugé.
Acte est donné a Paoli (Marseille) du dé-
pôt d'un mémoire du comité de la Corse
proposant une réglementation spéciale à
accorder aux employés de perception de la
Corse en raison de leur situation anor-
male. :Sur la proposition du camarade
Paoli, le comité central est invité à solli-
citer auprès de l'administration centrale
la réglementation spéciale demandée.
Paoli (Marseille) dépose l'ordre du jour
suivant :
« Les employés de perception, réunis en
congrès général, le 25 juillet 1909, au nom-
bre 'de 643. présents ou représentés, affir-
mant leur solidarité et leur besoin de s'u-
nir étroitement afin d'obtenir l'application
des réformes qu'ils ont sollicitées, mettent
en garde les pouvoirs publics contre l'ac-
tion néfaste du comité d'entente des per-
cepteurs qui cherche par la création d'puenre-
caisse de prévoyance à faire obstacle à
toutes leurs légitimes aspirations ; réprou-
vent comme une indignité ce geste de cer-
tains percepteurs quf méconnaissent les
droits les plus.'sacrés de leurs collabora-
teurs ; assurent le gouvernement de leur
proîond dévouement aux institutions répu-
blicaines et émettent le vœu que leurs pré-
cédentes demandes soient accueillies avec
la bienveillance que comporte leur carac-
tère de légitimité. »
Cet ordre du jour est volé à l'unanimité.
Avant de se séparer, les congressistes
votent également, à l'unanimité, l'ordre du
jour suivant :
« Les employés de perception, réunis-en'
congrès, au nombre do €43, présents ou rc-1
présentés, adressent à M. Caillaux. l'ex.
pression de toute leur reconnaissance et
de leur entier dévouement et le remercient
de la bienveillance qu'il leur a toujours
témoignée. »
Ce témoignage de sympathie et de recon-
naissance a été transmis à M. Caillaux
le 7 août dernier..
Le banquet
A l'issue des travaux du congrès, a en
'!heu, rue Montpensier, dans les salons du
restaurant de Paris, le banquet annuel du
syndicat des employés de perception, qui
réunissait autour des tables du festin prés
de cent convives.
A la table d'honneur, où brillaient par
leur absence, en raison de la crise minis.
térielle actuelle, les représentants officiels
qui avaient antérieurement promis leur
concours aux dévoués organisateurs (le
cette retj avaient pris place, aux côtés de
M. LamÕnfre, président du syndicat des
employés de perception, MM. Chabrol.
Bourdierv Ranvier, Guilhoz, de Paris ; Ber-
nard, de Montrouge ; Viilere, de Sèvres ;
Duhan, de VincennesPujos. de Boissy-
Saint-Léger: Peleyras, de Corbcil ; Gonin,
d'Arpajon ; Bazin, de Brie-Comte-Robert ;
Gaffard, de Villeneuve-Saint-Georges ; Pou-
pet, de
pet, de Pontoise ; de Fetigny, de Valencien-
nes : Cabassus, de Montpellier ; .Metton,
d'Amiens. ; Renault, de Montceau-les-Mi-
nes ; Rollin, de Lille : Chapelain, de Nan-
cy ; Gaillac, de Bordeaux ; Giroud. de
Lyon ; Thévenon, du Cher ; Clavier, de
Lille ; Soissons, de Coubert (S.-et-M.); Cor-
mier, de Nantes ; Déraison, de Péronne ;
Leblond. d'Epchy (Cher), et d'auires en-
core dont les noms nous échappent.
Au Champagne, M. le président s'est le-
vé et a donné aux convives lecture : 1°
d'une lettre très bienveillante de M. le di-
recteur du cabinet au ministère des finan-
ces ; 2° d'une deuxième lettre également
fort sympathique, en date du 19 juillet, de
M. Privat Deschanel, directeur général du
cabinet du ministre des finances, et enfin
des deux correspondances ci-dessous, que
nous nous faisons un devoir de publier
in extenso :
Lettre de M. Dyborne, percepteur à Royan
Royan, 13 jaillct 1909.
Monsieur le président,
le vous exprime bien cordialement mes re-
merciements pour votre invitation au banquet
du 25, qui clôturéra le congrès annuel des em-
ployés de perception. Vous voudrez bien trans-
mettre à vos collègues tous mes regrets de ne
pouvoir y assister. Vous pourrez ajouter que je
reste convaincu de la nécessité d'obtenir la ti-
tularisation des employés de perception et que
je m'efforcerai, dans les réunions de percep-
teurs. de faire partager mes idées par tous mes
collègues.
J'ai déjà fait adopter un vœu dans ce sens,
l'année dernière, par le groupe des percepteurs
de la Charente-Inférieure appartenant à la Fra-
ternelle et ai refusé d'adhérer à la création
d'une caisse de socours, création qui, a mon
sens. "e peut que retarder la titularisation.
Veuillez agréer. Monsieur le président, l'as-
surance de mes sentiments les meilleurs.
Lettre de M. Jacquin, percepteur à Amiens
Amiens, '13 juillet 190.
Monsieur le président,
Un deuil récent ne me permettra pas de me
rendre, comme j'eûsse été heureux de le faire,
à l'aimable invitation que vous voulez bien
m'adresser au nom du syndicat national des
employés de perception.
Veuillez faire part de mes excuses et de mes
regrets à vos collègues et les assurer des vœux
très sincères que je forme pour le succès de
votre congrès.
Il est vivement à souhaiter qu'une entente,
inspirée d'un juste sentiment de l'esprit de so-
lidarité. s'établisse, sous l'autorité et la haute
équité du ministre, entre les associations de
percepteurs et les représentants de leurs colla-
borateurs ; cette entente ne se réalisera que
si elle est basée sur l'accomplissement des de-
voirs que nous avons les uns envers les au-
tres et sur le respect de nos droits récipro-
ques, les vôtres m'apparaissant aussi respecta-
bles que les nôtres.
J'espre que vos délibérations contribueront,
pour leur part, à préparer cet accord et je vous
prie de croire à mes sentiments les meilleurs
et les plus cordialement dévoués.
Inutile d'ajouter que la lecture de ces
deux lettres a été accueillie par les ap-
plaudissements répétées de tout l'auditoire
et un triple ban a élé battu en l'honneur
de ces deux distingués et bienveillants per-
écpteurs.
Discours de M. Lamontre, président.
Le très aimable et très dévoué président
du Syndicat des Employés de 'Perception,
malgré la fatigue physique qui semblait
l'accabler après tant de travail et d'efforts
dépensés dans les travaux du Congrès, a
prononcé, au milieu de l'attention général,
l'allocution suivante, souvent interrompue
par les bravos et applaudissements chaleu-
reux de l'assistance :
« Messieurs, mes chers camarades,'
cc Après les lettres d'excuses de M. le *
conseiller d'Etat, directeur de la comptabi-
lité publique ; de M. le directeur du person-
nel au ministère des- finances ; de MM. les
sénateurs et députés qui, tous, nous assu-
rent de toute la sympathie que notre cause
leur inspire ; de MM. Rolland, Pinot, Mau-
rouard, Martinier, trésoriers généraux ; de
MM. de tu Roche, Pignerol, receveurs des
finances ; de MM. Jacquin, Marlière, Dy-
borne, Guyonnet, Bernard, Aubert, Minaud,
Alliot, percepteurs ; de M. Guindon, prési-
dent du Syndicat national des Employés de
trésorerie et recette des finances ; de MM.
Dubechot, Martinier, fondés de pouvoirs de
Trésorerie générale, qui nous font part de
toute leur sollicitude à l'endroit de nos lé-
gitimes revendications ; il nous est donc
fort agréable, ce soir, de constater, en pré-
sence de tant de témoignages de sympa-
thies, combien bon nombre de nos chefs
s'intéressent de tout cœur à l'amélioration
de notre situation.
« Vous venez d'applaudir et avec raison,
aux lettres de MM. Jacquin el Dyborne,
percepteurs, dont la teneur élève il sa véri-
- Imtâatetn» « ;
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", ,', ,,- TRIBUNE LIBRE
- !
POLITIQUE NOUVELLE
Le jour où le cabinet Briand
s'est présenté devant les
Chambres, interrogé au sujet
de l'attitude qu'il aurait à
l'égard des postiers révoqués
et de leur réintégration pos-
sible, le président du Conseil a pronon-
cé une parole qui, par le contraste qu'el-
le faisait avec le langage tenu au nom
du précédent gouvernement,apparaîssait
à tous comme une parole d'apaisement.
Tandis qu'à la même question, peu
èü temps auparavant, M. Clemenceau
avait opposé un « jamais » plein de ran-
cune et de menaces. M. Briand, se ren-
dant mieux compte des nécessités du
moment, se contenta de répondre : « Je
ne dis pas jamais ». Ces deux formules
suffisent, dans leur laconisme, à mar-
quer non seulement la différence qu'il
y a entre deux tempéraments, mais
encore celle qui existe entre deux mé-
thodes et deux politiques.
Le Parlement l'a compris et par l'ac-
cueil sympathique fait au nouveau cabi-
net, il a marqué que ceux-là même qui
avaient soutenu avec le plus d'énergie
M. Clemenceau, n'étaient point fâchés
'd'échapper à un autoritarisme dont les
conséquences fâcheuses n'étaient que
trop faciles à prévoir.
La grande majorité de la Chambre,.
fie jour-là, sans se l'avouer encore, par-
tageait les sentiments si nobles et si
élevés exprimés quelques jours aupara-
vant par notre ami Buisson, au cours
de la discussion sur la politique géné-
rale.
Ces sentiments, cependant, la majo-
rité avait refusé de les exprimer dans
un ordre du jour.
Mais ils étaient si conformes à ses
propres aspirations qu'elle a été heu-
reuse de voir M. Briand ne pas manifes-
ter à l'égard des postiers révoqués la
même rigueur intransigeante que son
prédécesseur.
Le Igouvernement l'a compris. Il s'est
rendu compte aussi qu'il ne pouvait,
'Pllr des déclarations plus précises,
sembler heurter les sentiments manifes-
tés quelques jours plus tôt par la Cham-
bre. Mais il ne pouvait y avoir de doute
pour personne, au sujet de ses vérita-
bles intentions.
Chacun a compris qu'à la première
occasion, il s'empresserait d'effacer par
'des mesures bienveillantes ce qu'une
excessive brutalité avait pu amasser de
colères et de rancunes dans le cœur de
bien des citoyens.
Sans doute, les employés des postes
qui ont brusquement interrompu leur
service pour se mettre en grève sont cou-
ipables. Mais avant de prononcer contre
eux une condamnation sans appel, il
Convenait de rechercher si quelques cir-
constances atténuantes ne pouvaient pas
être invoquées en leur faveur.
En admettant même qu'aucune pro-
messe formelle ne leur ait été faite, dû
moins, pouvaient-ils se méprendre-sur
la portée du langage qui leur avait été
tenu, puisqu'à la Chambre même, nom-
breux sont ceux qui, dans les déclama-
tions ae M. Clemenceau et de M. Bar-
lhou avaient vu un engagement, au
moins tacite, ae procéder, à bref délai,
à une réorganisation de l'administra-
tion des postes. -
Mieux qu'un autre, peut-être, M.
Briand pouvait être fixé, sur l'origine
exacte de la seconde grève. Il avait as-
sisté, dans les conseils du gouverne-
ment, non seulement à la discussion de
toutes les mesures prises, mais encore à
celle des mesures qui, si nos informa-
tions sont exactes, n'ont été écartées
que sur son intervention et celle de M.
Viviani.
C'est donc que le nouveau président
du Conseil s'était rendu compte, comme
il s'en est rendu compte au moment
des douloureux événements de Draveil,
'du danger qu'il y avait pour la Répu-
blique à élever toujours des barricades
entre la démocratie, même êgaréç, et le
gouvernement.
On pouvait être certain QV.Æ le jour
bù il assumerait la responsabilité entiè-
re du pouvoir, il se refuserait à perpé-
tuer une politique qui jamais n'a eu
son assentiment.
Quelques semaines à peiné sont écou-
lées depuis que, du haut de la tribune,
il a laissé tomber le mot destiné à faire
renaître un peu d'espoir dans le cœur
de ceux qui furent beaucoup plus vic-
times que coupables.
Et voilà que M. Millerand, s'inpirant
des mêmes idées auxquelles il est tou-
jours, lui aussi, demeuré fidèle, annonce
que des réintégrations individuelles
vont avoir lieu.
Pas nombreuses, sans 'doute, au clé-
but, elles suffiront pour amener une dé-
tente et provoquer l'apaisement. C'est
la preuve que d'autres suivront et que
bientôt, des incidents profondément re-
grettables que tous ont déploré, il ne
subsistera plus que le souvenir sembla-
ble à celui d'un mauvais rêve.
Inaugurer par un acte de clémence
la politique du cabinet qui succède à
M. Clemenceau, c'est travailler pour la
République.
C'en serait bientôt fait de celle-ci si
l'affection et la confiance de tout ce qui
constitue les masses profondes de la
démocratie venaient un jour à lui faire
défaut.
Un gouvernement peut avoir avec lui
la majorité parlementaire, il ne peut
faire œuvre utile et durable que s'il a
également pour lui le sentiment popu-
laire. Ce fut là l'unique secret de la
grande force des ministères Waldeck-
Rousseau et Combes. C'est cette tradi-
tion interrompue que cherche à renouer
le président du Conseil actuel.
Il ne peut manquer d'y réussir en
prenant des mesures comme celles que
viennent d'adopter MM. Briand et Mil-
lerand. Quant à la majorité, elle les ap-
prouvera d'autant plus volontiers que
ces mesures répondent à ses véritables
sentiments.
On a pu, pendant un certain temps,
la tromper sur ce qu'elle pensait elle-
même ; mais, fermement républicaine,
elle ne saurait donner son adhésion bien
longtemps à des pratiques gouvernemen-
tales renouvelées de l'Empiré.
Le ministère Briand lui permettra 3e
se retrouver elle-même, de revenir à sa
tradition, de reprendre la méthode qui
toujours à eu ses préférences et ses
sympathies.
C'est par la confiance réciproque qui
existera entre la démocratie d'une part,
la majorité parlementaire et le gouver-
nement de l'autre, que la République
pourra, sans érainteae ceux qui res-
tent ses adversaires, poursuivre pacifi-
quement son œuvre de justice et de pro-
grès.
Cette confiance, qui a pu, amis cer-
tains cas, être quelque peu ébranlée, il
tains câs, 't au eoïivérn-èmenf et à la tn-à-
appartient au gouvernement et à la ma-
jorité de tout faire pour la: rétablir plei-
ne, entière, loyale.
Ni le gouvernement, ni Ta; majorité,
nous en avons Pintime conviction, ne
failliront à ce aèvÕir
Alfred MASSÈ,
- u .- Députd "de la "Nièvre*
> M «
tGS ON-DIT
•—" If. '::"
NOTRE ACENIUJ
Aujourd'hui mercredi i
Lever du 'soleil 3$h. 56 ; toucher à
7. h. 11..
CQu{ses. S Deauvillé. (Trot)*
AUTREFOIS
Le Rappel du 20 août 1873 :
La maréchale Bazaine s'est rendue hier
à Compiègne en compagnie de Me Lachaud,
pour choisir l'appartement qu'elle occupera
pendant la durée du procès de son mari,
qui, lui, n'arrivera à Compiègne/que le 10
septembre.
- Le préfet de police vient de nommer
six inspecteurs spécialement délégués. à la
surveillance de la fabrication du pain,
— L'ex-reine des Espagnols est sur le
point de faire vendre, à Londres, les dia-
mants dont aime à se parer, a cette grande
infortune, »
La valeur des diamants ila la grande
infortune est de 12 millions.
Affreuse misère l
-- La cour d'assises de l'Aisne condamne
à cinq ans de détention le nommé Garnier,
déclaré coupable d'intelligence avec l'enne-
mi. *
--Mme Sarah Bernhardt ne resterait pas,
dit-on, au Théâtre-Français. -
Elle retournerait, l'hiver prochain à l' O-
déon,
Qui nous a donné le grog ?
L'origine de cette boisson est assez amu-
sante et elle vaut la peine d'être rappelée.
Les marins de l'ancienne flotte royale an-
glaise recevaient jadis, lorsqu'ils étaient
embarqués, une ration quotidienne d'alcools
variés (genièvre, brandy ou rhum). Cet usa-
ge dégénérait souvent en abus, et l'amiral
Vernon, qui commandait la station du
VVest-Indian. pour y couper court, ordonna
aux cuisiniers de tempérer les liqueurs for-
tes par deux tiers d'eau. La réforme fut
mal accueillie, comme on pense, et l'amiraj
devint rapidement, impopulaire.
L'amiral Vernon avait l'habitude, par les
gros temps, d'apparaître sur le pont du ba-
teau-amiral enveloppé dans un imperméa-
ble d'étoffe épaisse dénommée « grogan-
2oat » ou gros-grain. C'est un composé de
soie et de crin à l'épreuve de l'eau et du
froid. Il n'en fallut pas davantage pour-ai-
guiser la verve de son équipage qui se Y-en-
gea en donnant à l'amiral le surnom de
« vieux grog Il. 1
De l'amiral, le nom passa au breuvage
qu'il imposait. Et voilà l'origine du grog.
Le comble de l'avarice,
Grippe-Sous,célèbÉe avare, tombe un jour
dans un puits. Passe "un homme qui, en-
tendant des cris, s'approche, se penche
sur la margelle et reconnaît l'Arpagon.
- Hé, l'homme' ! crie-t-il, donne moi ta
main, je vais te tirer de là l
Donner 1 à ce mot de « donner », qui lui
a toujours déchiré le cœur, l'avare frémit,
blêmit, se recroqueville et cache vivement
sa main sous sa veste. Donner ! quelle
horrible expression ! Il n'a jamais voulu
la comprendre, il ne veut pas la compren-
dre davantage aujourd'hui, même au ris-
que de périr.. Mais l'autre, ayant deviné :
— Voyons, dit-U, prends ma main.
Grippe-Sons, au mot de prendre, bondit
sur la main qu'on lui tend.
(( Donner » et « prendre u sont les deux
motifs qui dominent la vie des avares.
Un homme complaisant
Un vieillard octogénaire qui vivait à
Montpellier, dans les premières années du
dernier siècle, s'avisait subitement de por-
ter ses pénates à l'autre bout de la ville.
— Mais pourquoi, lui demandait-on, chan-
ger de demeure à votre âge ?
— Et justement, répondit l'autre, jamais
je ne voulus ennuyer personne et il me
serait aujourd'hui trop tard pour prendre
d'autres habitudes. Il est certain que je
vais mourir bientôt, et si je n'avais pas
quitté la maison où je demeurais jusqu'a-
lors, on aurait eu beaucoup de peine à me
conduire au cimetière. Tandis que, de l'en-
droit où j'habite maintenant, il n'y aura
plus qu'un pas la
Un damier humain
Une très intéressante opération de greffe
humaine vient d'être réussie à Brooklyn.
Un nommé Georges Kilby avait été très
sérieusement brûlé sur tout le côté droit du
corps et à la tête, à la suite de l'explosion
d'une lampe à alcool. On lui a refait une
peau nouvelle avec 414 morceaux pris en
majeure partie sur ses parents. Sa fillette,
âgée de douze ans, a été la première à ai-
der à l'opération, et, fait assez rare pour
mériter d'être rapporté, son médecin lui-
même a apporté son petit morceau de peau.
La garde-malade a suivi l'exemple : elle a
donné trente millimètres carrés ; la femme
de l'opéré en a aussi donné trente, sa fil-
lette dix, son père, âgé de soixante ans, une
vingtaine, et, enfin, de nombreux amis ont
contribué au reste des 414 cases de ce da-
mier humain.
Noblesse incontestable
Un Gascon se vantait de descendre d'une
maison si ancienne, qu'il payait encore,
flisait-il, la rente d'une somme empruntée
par ses ancêtres pour aller adorer Jésus-
Christ dans la crèche de Bethléem.:
Les bons pasteurs
Un évêque fort riclie félicitait un curé fort
pauvre sur le bon air qu'il respirait dans
le pays de sa cure.
« Oui, monseigneur, reprit le curé, l'air
y serait bien bon. en effet, si je pouvais
en vivre. )
——————————— r
LA CLEF
■ ■■ J.'
L'incident qui vient de PS produire à
Cherbourg, lors de l'inspection inopinée de
M. Chéron, est vraiment symbolique.
On connaît les faits. Le sous-secrétaire
d'Etat à la Marine se présente à l'impro-
viste au magasin d'approvisionnement où
sont déposées les viandes livrées à la con-
sommation des équipages de la flotte.
Pas de clef. Où est la clef ? On cherche
la cleî pendant deux heures. Finalement,
on avoue que la clef est entre les mains
« des fournisseurs ».
Partout il en est ainsi dans la Marine,
et la jiclef non seulement des magasins,
mais des chantiers, des arsenaux, des ports
et des Lureaux de la rue Royale est-elle
aussi entre les mains des u tournis-
seurs ? »
Viandes avariées, tubes de chaudièrés
éclatés, plaques de cuirassés ou de sub-
mersibles malfaçonnées, obus qui n'écla-
tent pas et canons qui éclatent trop, tout
Ce qui a créé en un mot l'état abominable
de notre Marine dépend de l'insuffisance
du contrôle exercé sur les fournisseurs, et
des pénalités ridicules qui leur sont appli-
quées.
Que M. Chéron exerce ga; probe et vigi-
lante surveillance non seulement sur les
bouchers, mais sur tous les gros fournis-
seurs de la marine, qu'il examine sévère-
ment les marchés, qu'il contrôle rigoureu-
sement les fournitures, qu'il applique im-
pitoyablement les sanctions et — n'en dé-
plaise à quelques « rigoleurg » profession-
nels qui cherchent à donner le change -
il rendra au pays le service immense que
nous attendons de son patriotisme et de
son courage. -
EfJQUÊTK ÈeSSIK
■ «♦»
A Saint-Mandrier, le jeune soldat San-
tini, torturé par les brimades des anciens,
tolérées par des chefs indignes d'exercer
un commandement, a succombé à sès bles-
sures.
Dans l'Aisne, un officiel de dragons a
assommé à coups de cravache, en wagon,
un paisible voyageur, déclassé par un chef
de gare, et dont l'aspect n'avait pas le dori
de lui plaire.
L'ardeur même de notre patriotisme
nous fait un devoir d'être impitoyables
pour de pareils actes, et qui nuisent plus à
l'esprit militaire que toutes les élucubra-
tions de M. Hervé.
Les gradés qui laissent assassiner les
soldats que la, nation leur confie, sont tout
aussi coupables que les énergumènes qui
incitent les soldats à tirer sur leurs offi-
ciers.
Nous voulons croire que M. le ministre
le la guerre a ordonné une enquête, et
qu'il ea fera connaitre' rapidement les ré-
sultats.. ainsi que les sanctions qu'ils
comportent.
» ■ m. -
LIBERATION l
«»»
Nous avons exposé récemment les rai-
sons péremptoires qui font de la libération
de Marchai, gérant de la Guerre Sociale,
une nécessité inéluctable.
La seule chose qui étonne en cette af-
faire scandaleuse, c'est la lenteur du gou-
vernement à prendre une décision qui
s'impose.
Il ne s'agit pas ici, bien entendu, ae
souscrire aux théories de la Guerre So-
ciale. Il n'est question que d'un innocent,
abusivement retenu en prison.
Nous n'ignorons pas que M. Barthou est
garde des sceaux et qu'il excelle à oppo-
ser un « jamais » impérieux aux deman-
des de bienveillance et d'amnistie.
Mais nous savons aussi que son inflexi-
bilité hautaine feait à l'occasion Compo-
ser avec les nécessités de l'heure. On vient
de le voir à l'occasion de la réintégration
des postiers.
Au demeurant, c'est M. Briand qui est
le chef responsable du gouvernement, et
puisqu'il se trouve qu'il a été — de même
que M. Millerand — directeur de journal,
il peut se rendre compte mieux que per-
sonne combien la situation faite à Marchai
est inique, odieuse, intolérable, et sans
tarder il fera le geste libérateur qui eiin-
pose à sa conscience.
.———————————< 1* ———————————.
Carnet du Libre Penseur
Lt' Ilbbé VraI
et e Idées
A la suite des controverses qu'il a eu
avec le citoyen Sébastien Faure, au cours
des récentes réunions qui ont eu lieu à la
Salle des Sociétés Savantes, l'abbé André
Vrai vient d'adresser - à l'Indépendance
Belge, qui s'est occupée de sa personne et
de ses idées, la curieuse lettre que voici :
« L'abbé André Vrai est un simple prêtre
qui a vu dans l'Evangile le point de départ
divin de toutes les transformations socia-
les. Il s'est appliqué à l'étudier er à le
prêcher dans toute sa profondeur, et d-une
façon édulcorée et tronquée. Il est croyant
sincère du dogme religieux, et se trouve
dans la tradition doctrinale officielle de l'E-
glise par la voix du Christ, des Apôtres,
des Pères, des Conciles et des Papes, de
quoi effondrer toutes les théories que le ca-
pitalisme met en ligne pour excuser ou jus-
tifier l'oppression que les possédants non
travailleurs font peser sur les travailleurs
non possédants.
« Il est clérical au sens d'un homme qui
adhère librement aux doctrines religieuses
proposées à son intelligence par l'Eglise.
Il est anti-clérical, si l'on entend, comme
c'est fréquemment le cas, par clérical un
homme qui veut instituer une sorte- de do-
mination politique au profit du clergé ou
encore couvrir du manteau de la religion
dès menées réactonnaires ,des manœuvres
contraires aux droits et intérêts du peuple.
Voilà dans quel sens, et uniquement dans
quel sens, il accepterait de prendre à son
compte le mot de Gambetta : « Le clérica-
lisme , voilà Vennemi ! n.
« Il est non pas « rallié, », ce qui est l'en-
fance de l'art et prête à bien des soupçons,
souvent légitimés par les événements d'in-
sincérité. Il est inflexiblement républicain,
convaincu que de graves raisons dordre
philosophique ou historique justifient sura-
bondamment l'avènement et le triomphé
dans les conseils de la nation, de cette
grande idée républicaine pour laquelle le
peuple a versé son sang dans quatre révo-
lutions et contre laquelle on ne peut allé-
guer aucune objection sérieuse, soit ait
point de vue théologique, soit au point de
vue politique et social. Il adhère aux prin-
cipes économiques fondamentaux du socia.
lisme qui, tout en accordant à l'individu
cette part d'appropriation, personnelle né-
cessaire pour la sauvegarde de la sécurité
ou de sa liberté, admettent des moyens ca-
pitalistes de production et de répartition
des richesses, le droit du travailleur. au
produit intégral de son travail sauf les pré-
lèvements en faveur des impotents, 'rJes in-
capables ou des services généraux de la
collectivité. La lutte contre le revenu du
capital sous toutes ses formes, le groupe-
ment des travailleurs à L'effet de faire front
à la poussée malfaisante et inhumaine de
ces forces capitalistes qui ont bel et bien
créé, par leur inaction, cette lutte de classe
que le monde ouvrier doit regarder en face.
A la ploutocratie, il voudrait substituer la
règle du travail et de la justice dans les
rapports sociaux. Sans vouloir créer des
chapelles au profit ou au désavantage de
l'une ou de l'autre, de Guesde ou de Jau-
rès, de Vandevelde ou d'Hervé, il tend la
main à tous ceux, quelles que soient leurs
opinions philosophiques, leurs croyances
ou incroyances confessionnelles, qui lais-
sant de côté les vieilles querelles de cléri-
calisme ou d'anticléricalisme, veulent s'unir
dans un irréductible effort de bonne foi et
de bonne volonté pour fonder le bloc prolé-
taire destiné à refouler le bloc capitaliste
et à affranchir les travailleurs. Abreuvé de
calomnies et d'outrages pour son intrépide
apostolat en laveur 'du prolétariat opprimé,
il pardonne ces injures ; il sait qu'elles
n'empêcheront pas la lause du peuple de
triompher et la vérité de se faire Jour. Vot.
là ce qu'il est. On peut deviner dès lors
ce qu'il n'est pas et e qu'il faut exacte-
ment penser de ce qui a été dit ou écrit à
son sujet en ces derniers temps. »
Sf Abbé André VRAL. n
Il y a, dans la lettre de l'abbé Vrai, mal-
gré certaines exagérations, un véritable
souffle démocratique, et c'est la raison pour
laquelle j'ai cru devoir la signaler au lec-
teur. Mais le pauvre abbé s'illusionne s'il
s'imagine que les idées généreuses qui han-
tent son esprit peuvent faire du chemin
dâns l'Eglise à laquelle il appartient par
le sacerdoce qu'il exerce. C'est parce que
le cléricalisme est précisément la force la
mieux organisée contre les idées d'émanci-
pation que nous ont léguées les hommes de
la Révolution, que nous ne devons cesser
un seul instant d'avoir l'œil sur lui et cher-
cher constamment à le Réduire à l'impuis-
!1c.c>p..
TRIBUNE CORPORATIVE
Le Gouffres finnuel
îles Employés de Perception
- ■ ♦■>♦«0» -
Statut des fonctionnaires. — Son ex-
tension par assimilation aux
commis de perception
Metton (Amiens), dépose l'ordre du jour
suivant :
« Le Congrès émet le vœu que les dispo-
sitions du statut des fonctionnaires soient
étendues, par assimilation, à la corporatiQn
eB employés de perception. »
Cet-ordre du jour, mis aux voix, est
adopté.
Vœux. - Communications diverses. -
Propositions d'initiative.
Les différents vœux ci-après sont soumis
à l'assemblée :
Vœu de la 40 région (Clermont-Ferrand)
tendant a l'application du repos hebdoma-
daire aux employés de perception et à l'ob-
tention d'un congé annuel de 15 jours.
Adopté.
Vœu de la 14° région (Rennes) tendant à
ce que Je Comité central soit composé de
collègues habitant tous la même ville, ou
tout au moins le même département. L'as-
semblée fait remarquer que les membres
du conseil d'administration étant élus par
leurs collègues, à l'assemblée générale,
ceux-ci sont seuls maîtres de voter pour les
camarades qui ont leur sympathie.
Vœu Cormier (Nantes), tendant à ce que
la priorité soit accordée aux employés de
perception pour faire les intérims. Adopté.
Vœu Paoli 1 Mrseille) tendant à ce
qu'aucune admission de nouveau syndiqué
ne soit prononcée par le conseil d'admi-
nistration, sans enquête préalable. Adopté.
Vœu de Pétigny (Valenciennes) : « Les
commis de perception réunis en congrès,
regrettant que les Compagnies de chemins
de fer n'aient pas encore favorablement
répondu aux demandes de réduction de ta-
rif sollicitée par le syndicat à l'occasion
des congrès ou des assemblées générales,
contrairement à ce qu'elles font générale-
ment dans des circonstances analogues
pour de riches associations ou des sociétés
se rendant à des réjouissances publiques,
font appel aux pouvoirs publics à qui la
précarité des finances de la corporation est
signalée et invitent le comité central à
faire les démarches nécessaires auprès des
ministres compétents. » Adopté.
L'attention de l'assemblée est appelée sur
le cas du camarade Raison, de Paimbeuf,
qui, après 36 ans de service, dont 21 ans
dans l'une des perceptions d'Orléans, s'est
vu congédier dans les mêmes conditions
que le camarade Raffer, de Bordeaux.
L'assemblée décide qu'il y a lieu de si-
gnaler cette situation au ministre et charge
le conseil d'administration de faire toutes
les démarches nécessaires. -
Le cas du collègue Beauchère, de Romil-
ly, est également porté à la connaissance
du congrès : ce camarade s'est trouvé dans
l'impossibilité de se faire payer son traite-
ment par suite du décès de son patron. Il
est décidé que le dossier de cette affaire
sera remis à M. Turpaud, docteur en
droit, directeur de la « Revue Financière
pour être examiné, ainsi qu'à M. Thibauù,
avocat-conseil du syndicat.
L'assemblée émet le vœu que dans l'ave-
nir, toutes les injustices dont les employés
de perception seront victimes, devront être
signalées aux pouvoirs publics par les soins
du conseil d'administration.
Potipet (Pontoise), au nom de la 12° ré-
gion, signale la conduite répréhensible dil
collègue Cogni, de Pontoise, qui s'est rendu
coifpable d'une inexplicable indiscipline
syndicale au moment ou tous les camarades
ont besoin plus que jamais d'être frater-
nellement unis.
Lamontre demande que le collègue Cogni
soit exclu du syndicat et l'assemblée pro-
nonce cette exclusion avec blâme.
L'apparition d'un bulletin « Le Commis
de perception », dirigé par ce collègue, sou-
lève, l'indignation générale de toute l'as-
semblée, et il est décidé do traiter par - la
plus complète indifférence et le plus -pro-
fond mépris cette nouvelle manœuvre pa-
tronale. ,',
Paoli (Marseille), au nom de la 3e région,
signale également le cas du collègue Mé-
riau, qui s'est rendu coupable d'indélica-
tesse et demande qu'il soit fait application
de l'article 10 des statuts. Il en est ainsi
jugé.
Acte est donné a Paoli (Marseille) du dé-
pôt d'un mémoire du comité de la Corse
proposant une réglementation spéciale à
accorder aux employés de perception de la
Corse en raison de leur situation anor-
male. :Sur la proposition du camarade
Paoli, le comité central est invité à solli-
citer auprès de l'administration centrale
la réglementation spéciale demandée.
Paoli (Marseille) dépose l'ordre du jour
suivant :
« Les employés de perception, réunis en
congrès général, le 25 juillet 1909, au nom-
bre 'de 643. présents ou représentés, affir-
mant leur solidarité et leur besoin de s'u-
nir étroitement afin d'obtenir l'application
des réformes qu'ils ont sollicitées, mettent
en garde les pouvoirs publics contre l'ac-
tion néfaste du comité d'entente des per-
cepteurs qui cherche par la création d'puenre-
caisse de prévoyance à faire obstacle à
toutes leurs légitimes aspirations ; réprou-
vent comme une indignité ce geste de cer-
tains percepteurs quf méconnaissent les
droits les plus.'sacrés de leurs collabora-
teurs ; assurent le gouvernement de leur
proîond dévouement aux institutions répu-
blicaines et émettent le vœu que leurs pré-
cédentes demandes soient accueillies avec
la bienveillance que comporte leur carac-
tère de légitimité. »
Cet ordre du jour est volé à l'unanimité.
Avant de se séparer, les congressistes
votent également, à l'unanimité, l'ordre du
jour suivant :
« Les employés de perception, réunis-en'
congrès, au nombre do €43, présents ou rc-1
présentés, adressent à M. Caillaux. l'ex.
pression de toute leur reconnaissance et
de leur entier dévouement et le remercient
de la bienveillance qu'il leur a toujours
témoignée. »
Ce témoignage de sympathie et de recon-
naissance a été transmis à M. Caillaux
le 7 août dernier..
Le banquet
A l'issue des travaux du congrès, a en
'!heu, rue Montpensier, dans les salons du
restaurant de Paris, le banquet annuel du
syndicat des employés de perception, qui
réunissait autour des tables du festin prés
de cent convives.
A la table d'honneur, où brillaient par
leur absence, en raison de la crise minis.
térielle actuelle, les représentants officiels
qui avaient antérieurement promis leur
concours aux dévoués organisateurs (le
cette retj avaient pris place, aux côtés de
M. LamÕnfre, président du syndicat des
employés de perception, MM. Chabrol.
Bourdierv Ranvier, Guilhoz, de Paris ; Ber-
nard, de Montrouge ; Viilere, de Sèvres ;
Duhan, de VincennesPujos. de Boissy-
Saint-Léger: Peleyras, de Corbcil ; Gonin,
d'Arpajon ; Bazin, de Brie-Comte-Robert ;
Gaffard, de Villeneuve-Saint-Georges ; Pou-
pet, de
pet, de Pontoise ; de Fetigny, de Valencien-
nes : Cabassus, de Montpellier ; .Metton,
d'Amiens. ; Renault, de Montceau-les-Mi-
nes ; Rollin, de Lille : Chapelain, de Nan-
cy ; Gaillac, de Bordeaux ; Giroud. de
Lyon ; Thévenon, du Cher ; Clavier, de
Lille ; Soissons, de Coubert (S.-et-M.); Cor-
mier, de Nantes ; Déraison, de Péronne ;
Leblond. d'Epchy (Cher), et d'auires en-
core dont les noms nous échappent.
Au Champagne, M. le président s'est le-
vé et a donné aux convives lecture : 1°
d'une lettre très bienveillante de M. le di-
recteur du cabinet au ministère des finan-
ces ; 2° d'une deuxième lettre également
fort sympathique, en date du 19 juillet, de
M. Privat Deschanel, directeur général du
cabinet du ministre des finances, et enfin
des deux correspondances ci-dessous, que
nous nous faisons un devoir de publier
in extenso :
Lettre de M. Dyborne, percepteur à Royan
Royan, 13 jaillct 1909.
Monsieur le président,
le vous exprime bien cordialement mes re-
merciements pour votre invitation au banquet
du 25, qui clôturéra le congrès annuel des em-
ployés de perception. Vous voudrez bien trans-
mettre à vos collègues tous mes regrets de ne
pouvoir y assister. Vous pourrez ajouter que je
reste convaincu de la nécessité d'obtenir la ti-
tularisation des employés de perception et que
je m'efforcerai, dans les réunions de percep-
teurs. de faire partager mes idées par tous mes
collègues.
J'ai déjà fait adopter un vœu dans ce sens,
l'année dernière, par le groupe des percepteurs
de la Charente-Inférieure appartenant à la Fra-
ternelle et ai refusé d'adhérer à la création
d'une caisse de socours, création qui, a mon
sens. "e peut que retarder la titularisation.
Veuillez agréer. Monsieur le président, l'as-
surance de mes sentiments les meilleurs.
Lettre de M. Jacquin, percepteur à Amiens
Amiens, '13 juillet 190.
Monsieur le président,
Un deuil récent ne me permettra pas de me
rendre, comme j'eûsse été heureux de le faire,
à l'aimable invitation que vous voulez bien
m'adresser au nom du syndicat national des
employés de perception.
Veuillez faire part de mes excuses et de mes
regrets à vos collègues et les assurer des vœux
très sincères que je forme pour le succès de
votre congrès.
Il est vivement à souhaiter qu'une entente,
inspirée d'un juste sentiment de l'esprit de so-
lidarité. s'établisse, sous l'autorité et la haute
équité du ministre, entre les associations de
percepteurs et les représentants de leurs colla-
borateurs ; cette entente ne se réalisera que
si elle est basée sur l'accomplissement des de-
voirs que nous avons les uns envers les au-
tres et sur le respect de nos droits récipro-
ques, les vôtres m'apparaissant aussi respecta-
bles que les nôtres.
J'espre que vos délibérations contribueront,
pour leur part, à préparer cet accord et je vous
prie de croire à mes sentiments les meilleurs
et les plus cordialement dévoués.
Inutile d'ajouter que la lecture de ces
deux lettres a été accueillie par les ap-
plaudissements répétées de tout l'auditoire
et un triple ban a élé battu en l'honneur
de ces deux distingués et bienveillants per-
écpteurs.
Discours de M. Lamontre, président.
Le très aimable et très dévoué président
du Syndicat des Employés de 'Perception,
malgré la fatigue physique qui semblait
l'accabler après tant de travail et d'efforts
dépensés dans les travaux du Congrès, a
prononcé, au milieu de l'attention général,
l'allocution suivante, souvent interrompue
par les bravos et applaudissements chaleu-
reux de l'assistance :
« Messieurs, mes chers camarades,'
cc Après les lettres d'excuses de M. le *
conseiller d'Etat, directeur de la comptabi-
lité publique ; de M. le directeur du person-
nel au ministère des- finances ; de MM. les
sénateurs et députés qui, tous, nous assu-
rent de toute la sympathie que notre cause
leur inspire ; de MM. Rolland, Pinot, Mau-
rouard, Martinier, trésoriers généraux ; de
MM. de tu Roche, Pignerol, receveurs des
finances ; de MM. Jacquin, Marlière, Dy-
borne, Guyonnet, Bernard, Aubert, Minaud,
Alliot, percepteurs ; de M. Guindon, prési-
dent du Syndicat national des Employés de
trésorerie et recette des finances ; de MM.
Dubechot, Martinier, fondés de pouvoirs de
Trésorerie générale, qui nous font part de
toute leur sollicitude à l'endroit de nos lé-
gitimes revendications ; il nous est donc
fort agréable, ce soir, de constater, en pré-
sence de tant de témoignages de sympa-
thies, combien bon nombre de nos chefs
s'intéressent de tout cœur à l'amélioration
de notre situation.
« Vous venez d'applaudir et avec raison,
aux lettres de MM. Jacquin el Dyborne,
percepteurs, dont la teneur élève il sa véri-
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