Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-12-13
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 13 décembre 1881 13 décembre 1881
Description : 1881/12/13 (N1697,A5). 1881/12/13 (N1697,A5).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75448867
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/10/2012
ADMINISTRATION, REDACTION ET ANNONCES
A PARIS
& — Rue Coq-Héron — &
te articles non insérés ne seront pua rendus
Abonnements : Paris
TROIS 5 FR.
SIX MOIS.».,,. 9 FR.
ON 18 FB.
JOURNAL POLITIQUE
QIUOICIIDIEN
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
AboMsmsnts : Départements
TROIS MOIS. 6 FS.
SIX MOIS. 12 FH.
DM A £ ..24 nu
CINQUIÈME A>ÏNSS. —NUMÉRO 1697
Mardi 13 décembre 1831
(23 frimaire an 90)
ELECTIONS MUNICIPALES""
SIXIÈME ARRONDISSEMENT < t
Quartier de la Monnaie
D' ROBINET, un. r. 1.158 ËLÙ
LEVRIER, soc. 523
CHAULLfN. 493
M. Robinet est élu en remplacement de M.de
Lanessan, nommé député' -
SEPTIÈME AR RONDTSSEMENT
Quartier du Gros- Caillou
M. POULET, r. d. 2.107 ÉLU
'S AUTON, réact.-1.507'
M. Poulet est élu en remplacement.deM-.Tonv
Révillon, député. •
DOUZIÈME AR.ROSDISSÊ5fÇ?ÎX
Quartier de-Bercy - --
LION-ALEMAND. r. 631 ÉLU
FIGUIER, rad.-80Cr.-r-~.-Trr-395
- -i --- -'- ~395- - -.
Mme Léonie Rduzalle.,..;.. : 57
M. Lioû-AIémand est élu en remplacement
de M. Jules Roche,. député. ; - - - - - J
- .- D.IX..SEP-nm.m..,¡\RBMEi'W- n,.,
Quartier des Emnettes
DESMOULINS. 1.181 ;. -
PAYNEL. rad. soc. 1.007
JA€LARD, rad. soc.*-. 370
Ballottage pour le siège de M.Maret.-député.
- Quartier des Ternes
É. LEVEL, un. r 1.453 ÉLU
RAVENEZ, çons. 806 1
M. Lever est élu én remplacement de M. de
Héredia, député.. •
Héredia, député. -
DlX-:VETJVrfcftE ARRONDISSEMENT > •
Quartier de la Villette
R. CANÏVET, r, s 1.228 r'-'
GUICÏÏAJtD, r. s 1,430
REMOND, r. s. 1.003
DESMARAIS, ouv 311
Ballottage pour lé siège de M. Delattre. dé* j
pute.. - .- ; - ,.
*' : vÀ Tr V -' A'* -iM
TERRE-NEUVE OU PIGEON ?
Le Voltaire publie sous la rubrique:
0: Boulades » une « lettre de Bagnères-
de-Bigorre » qui ne manque point de sa-
vènr..,
On a de l'esprit à Bagnères ; et cette
lettre, venue des montagnes « où l'on
crève de faim », n'a rien de partriarcal
ni de naïf. Si c'est là Je style des Bigour
dans, il n'a point trop goût de terroir et
sent l'asphalte du boulevard Montmartre
plus que le sapin des Pyrénées.
Toutefois, cette lettre, si leste d'allu-
res, Si sceptique de sentiments, justifie
parfaitement sa; provenance. Elle ne
peut-guère venir d'ailleurs que du pays
des ours savants ; car l'honnête Bigour-
dan qui signe cette « boutade » délurée
n'a pas jeté sur la tête de M. Devès une
fleur qui ne soit le plus lourd des pavés.
Il paraît que si l'on crève de faini dans
les montagnes de Bagnères, on n'y crèye
pas de fierté. Le sens moral y fait dé-
faut à peu près autant que les victuailles,
et la fermeté des opinions y paraît moins
appréciée que le titre des pièces de cent
sous.
Quand ce bon M. Devès, toujours prêt
à tous les dévouements, est parti pour
Bagnères, une dépêche en style nègre'
apprit aux électeurs de Béziers que si
leur député les lâchait si prestement,
c'était pour cause d'abnégation. Il y
avait là-bas, à Bagnères, quelque chose
à sauver.
Ce que c'était au juste, M. Devès ne
le disait pas, faute de le .savoir lui-
même exactement. Ce devait être quel-
que chose comme le salut de la société,
ou de la République, ou n'importe quoi
d'approchant. M. Devès n'en demandait
pas plus ; il y avait un sauvetage à faire
là bas, et, simplement, sans hésiter, il y
courait.
Ce dévouement aveugle et beau com.,
me l'antique méritait un meilleur sort ;
lcar il est évident à cette heure — et la
lettre si finement troussée de Bigour-
dan du. Voltaire ne laisse aucun doute
à cet égard — que les gens du Bagnères
sont tout bonnement d'affreux roublards
qui n'ont pas craint d'exploiter le dé-
vouement naïf de M. Devès et sa passion
du sauvetage, pour lui faire sauver.
leur caisse.
Je ne le leur fais pas dire, car voici ce
qu'écrit textuellement le Bigourdan du
Voltaire :
Sans bourse délier, et par le seul fait d'une
candidature habilement choisie, nous jouissons
du plus bel effet de réclamé que puisse rêver
un honnête industriel.
Heureuse candidature Devès 1 Quelle trou-
vaille nous avons faite-là 1
Savez-vous qu'ils vont bien ces mon-
tagnards de l'âge d'or ? Pendant que
nous autres, Parisiens obtus, nous les
prenions pour de simples électeurs ou
même pour des ^électeurs simples, ces
«1wnnêtes industriels» trouvaient le
moyen de mettre le gouvernement en
annonce, le ministre de l'agriculture en
prospectus et leur élection en réclame.
Ce bon M. Devès, qui se croyait le sau-
veur du pays, n'était, pour les Bigour-
dans malins, qu'une fenseigne voyante
pour le casino de Bagnères. Il accourait
pour les sauver, et ils l'exploitaient. Ce
terre-neuve était un pigeon dont on avait
escompté les plumes. On l'avait pris
pour le faire figurer sur le prospectus
entre les succulences de la table ;d'hôte
et les délices du « salon de conversa-
tion ». Il se croyait le Curtius de Bagnè-
res, et on faisait de lui « l'allumeur » du
Casino. Très forts, les Bigourdans, très
.forts ! Déjà, dans leur Casino — qui, dé-
cidément, constitue toute la politique et
toutes les opinions de Bagnères — nous
nous sommes laissé dire qu'ils avaient
dû fourrer de forts gros bonnets. Il
leur manquait un ministre pour complé.
ter le prospectus; maintenant, il ne leur
maiique plus rien
Et encore, pardon, je me trompe, ces
bons Bigourdans, qui sont fort pratiques,
entendent tirer quelque chose de plus
de leur Devès. Et ils ne mâchent point
trop les mots. La politique, à leurs yeux,
est viande creuse, dont ils se soucient
comme d'une guigne et même moins ;
car une guigne, si petit que ce soit, cela
se mange, tandis qu'on ne se nourrit pas
d'opinions. AussileBigourdan du Voltaire
ne se gêne point pour faire savoirurbi et
orbi que les bons Bigourdans « n'oritpas
d,',Qpitlions pohtiqîees bien déterminée$.»
La profession de foi que, dans sa naï-
veté primitive, M. Devès leur a expédiée
par télégraphe, les a touchés médiocre-
ment.. Ils déclarent tout net qu'ils
n'y entendent goutte et n'ont point af-
faire d'y comprendre quoi que ce soit.
Ce qui leur plaît en M. Devès, c'est qu'il
est ministre en même temps que candi-
dat, et ce qui permet de faire chanter le
candidat avec la voix du ministre.
Pour nous, nous comprenons fort bien ceci,
que l'on crève de faim dans nos montagnes et
que des routes et des chemins de fer nous ap-
porteront un peu de prospérité. Voilà pour-
quoi nous préférons un candidat-Excellence à
un solliciteur obscur, et un mininistre à M.
Rochefort, voire même à M*, de Cassagnac.
Est-ce clair ? Et peut-on dire plus car-
rément que, si l'on vote pour M. Devès,
ce n'est point par opinion politique ou
par attachement personnel ; c'est pour
les routes, les ponts, les chemins de
fer. et le, casino que les Bigourdans se
préparent à voter. « Une Excellence qui
donne des chemins de fer », voilà ce.
que M.Devès va représenter à Bagnères.
Ce pauvre M. Devès est un candidat
officiel malgré lui. Et c'est le comble de
la candidature officielle, car c'est la
candidature officielle imposée par les
électeurs au gouvernement. Et la lettre
du Bigourdan du Voltaire n'a point
d'autre signification que celle-ci : « Cher
» monsieur, entendons - nous bien : Si
» vous n'êtes pas le plus officiel des can-
» didats, vous ne sauriez être le candi-
» dat des Bigourdans. »
De sorte que voilà ce pauvre M. De*
vès en passe de n'être point élu à Ba-
gnères ou d'être, comme candidat offi-
ciel, répudié par le gouvernement et
condamné par la Chambre, démission-
naire comme ministre et invalidé com-
me - député.
DERNIERES NOUVELLES
lie Crime de Besançon
Besançon, 11 déeembre.
Ce matin, vers sept heures et demie, la veuve
Surdey et sa bonne ont été trouvées étranglées
dans leur domicile, 3, rue Sainte-Anne, en
face le poste militaire du quartier général.
Ce crime, dont le vol a été le mobile, a dû
être commis hier soir entre neuf et dix heures,
le factionnaire du poste avant vu à cette heure
deux jeunes gens entrer furtivement dans la
maison et en sortir peu après.
La justice informe.
Départ de M. Virman
Marseille, 10 décembre, soir.
M. Tirman, gouverneur général civil de l'Ai*
gérie, est parti -à cinq heures du soir à bord
du paquebot Ville de Barcelone, de la compagnie
transatlantique, - accompagné de son chef de,
cabinet M. Rosain et de M. Fournier, conseil-
ler général.
Plusieurs notabilités du parti républicain:
sont venues saluer à bord le nouveau gouve*
neur.
Une Terrible catastrophe
Wahington, 10 décembre, soir.,
Dans la nuit denière, un incendie a détruit
une pension d'ouvriers, près de Pittsbourg.
Sur 43 ouvriers qui étaient dans la maison,
20 ont péri.
Jusqu'à présent, on n'a retrouvé que 10 cada.
vres.
La crise municipale de Céder.
Béziers, 11 décembre.
Aujourd'hui, à deux heures, a eu lieu l'ins-
tallation des nouveaux élus du conseil munici-
pal. Après l'élection du secrétaire, M. Carro-
tier. au nom de la minorité, a proposé, en ver-
tu du mandat accepté devant le corps électoral,
la démission en masse du conseil municipal.
"!!! !!! , --:-:- -= -:- -:- -:
FEUILLETON DU 13 DECEMBRE 1881
", 29- -
» - •> k-v, rîV-î , v
• *; t XI, V: •
relevant
Un soupçon Viîit à Tarpiaud en relevant
an détail qui lui avait d'abord échappé.
Dans la chambre à coucher, sur un guéri-
don de marbre, une bougie brûlait.
Donc Furet était venu dans cette cham-
bre où il n'avait que faire. t
— À moins de me voler, se dit le cher-
cheur en s'approchant de sa caisse pour
l'examiner.
, Le colfre-fort était fermé. Oui, mais Tar-
piaud savait qu'il n'est caisse dont le mé-
canisme puisse résister à un connaisseur
curieux qui a le temps de le caresser. :'
Et Furet, qui était un connaisseur de
première force, avait eu près de trois heu-
res-devsnt-lui- • -
Tarpiand glissa, la clef dans la serrure
qui refusa deJ9,r[J()iîêlemot s'opposait
à l'ouverturo^---^ -- : -
Oui, mais était-ce le même mot.
Il pointa les boutons sur chaque lettre du
nom Calrap, puis renouvela 1 essai de là
clef qui tourna si merveilleusement que le
panneau de fer s'ouvrit.
Retrouver sa caisse, si correctement fer-
mée ne prouvait en rien qu'elle n'eût pas
étéouverte, surtout quand il s'agissait
d'un artiste émérite comme l'était Furet,
Mais qui disait Furet disait aussi grand
amateur du bien d'autrui, aimable clii-
péitr des louis ou des billets de banque du
prochain.
Donc, après sa caisse ouverte, le seul
souci de Tarpiaud fut d'interroger un gros
portefeuile tout bourré de billets de ban-
que dont il fit rapidement le compte.
Pas un ne manquait à l'appel.
Devant cette preuve de la probité. ou,
pour mieux dire, devant cette absence d'une
preuve de l'improbité de son domestique, le
maître, sans plus ample recherche, remit
son portefeuille dans la caisse qu'il refer-
ma tout en se demandant encore pourquoi
Furet, puisqu'il n'avait pas volé, s'était
donné de l'an';'?
Et, tout aussitôt, derrière cette question,
reparut l'autre plus ardue, et surtout, plus
alarmante :
— Par où Furet avait-il pu sortir de cet
appartement dont chaque issue s'était
retrouvée intérieurement fermée ?
Tarpiaud, sombre, rêveur, se creusait,.Ja:
cervellè à chercher le mot de l'énigme;
'-'--"---'- .-- --.. - .-
-,"'-" .p' ,,/ ,v,::-
Soudainement, il secoua sa rêverie.
Pour la deuxième fois, devant la caisse,
il venait de sentir - quelque chose s'écraser
sous sa botte. -
Il se baissa et se mità.palper le plancher
de la paume de sa main. Au pied du coffre-
Tort étaient éparpillés une dizaine de tout
petits corps ronds qu'il recueillit pour les
apporter devant la bougie.
C'étaient des grains d'avoine ! -
Qûel que fût son passé, Tarpiaud devait
'avoir été un bien adroit releveur de pistes,
car, à la vue de ces grains d'avoine, la lu-
mière se fit brusquement dans son esprit.
: Î1 rapprocha ie fait de sa trouvaille de ce-
lui de la bougie qui était restée brûlant sur
le guéridon et accentua d'une voix frémis-
sante :
— On a fait disparaître Furet 1
Alors reconstituant la scène telle! que
son imagination lui disait qu'elle avait dû
se passer : - .-
— Oui, reprit-il, Furet était là. devant
ma caisse, peut-être en train de l'ouvrir,
quand tout à coup il a été enfourné, par la
tête, dans un sac qui a servi à l'emporter
d'ici.
Et, pris d'une folie furieuse à la pensée
qu'il avait aflaire à un ennemi qui lui ga-
gnait la première manche, il se mit à cher-
cher dans tous les coins et recoins du lo-
gis en répétant d'une voix étranglée par
une rage immense : -
il ront emporté. Par où. Par où ?
XII,
Pour que Raoul Brissac et la gracieuse
Mme veuve Rossignol qui, quarante-huit
heures auparavant, ne s'étaient jamais ren-
contrés, fussent dans la même loge au
théâtre du Châtelet, il fallait que l'artiste
théâtre
aimât fort à brusquer les choses, et que,
de son côté, la belle blonde eût horreur des
dénouements qui traînent irop.
Toujours que sui les - midi de- ce
même jour où, dans la soirée. Furet devait
si étrangement disparaître, les deux jeu-
nes gens se trouvaient réunis dans l'atelier
du peintre.
Quels avaient été les débuts de cette en-
entrevue ? Sans les préciser, nous dirons
qu'il en était résulté une intimité dont
Raoul s'autorisait pour demander :
— Quel est ton petit nom ? ma bichette ?
— Henriette. Et le tien ? mon loulou.
— Raou!, ma belle Vénus.
Et, en souriant, le peintre ajouta :
- GaI' tu es toujours décidée à poser
en Vénus, n'est-ce pas?
— Je t'en ai fait juge. Ai-je tort? de..
manda Mme Rossignol avec une gentille, ri-
setté.
EUGÈNE CHAVETT5
La suite à demaiîà
A PARIS
& — Rue Coq-Héron — &
te articles non insérés ne seront pua rendus
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TROIS 5 FR.
SIX MOIS.».,,. 9 FR.
ON 18 FB.
JOURNAL POLITIQUE
QIUOICIIDIEN
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
AboMsmsnts : Départements
TROIS MOIS. 6 FS.
SIX MOIS. 12 FH.
DM A £ ..24 nu
CINQUIÈME A>ÏNSS. —NUMÉRO 1697
Mardi 13 décembre 1831
(23 frimaire an 90)
ELECTIONS MUNICIPALES""
SIXIÈME ARRONDISSEMENT < t
Quartier de la Monnaie
D' ROBINET, un. r. 1.158 ËLÙ
LEVRIER, soc. 523
CHAULLfN. 493
M. Robinet est élu en remplacement de M.de
Lanessan, nommé député' -
SEPTIÈME AR RONDTSSEMENT
Quartier du Gros- Caillou
M. POULET, r. d. 2.107 ÉLU
'S AUTON, réact.-1.507'
M. Poulet est élu en remplacement.deM-.Tonv
Révillon, député. •
DOUZIÈME AR.ROSDISSÊ5fÇ?ÎX
Quartier de-Bercy - --
LION-ALEMAND. r. 631 ÉLU
FIGUIER, rad.-80Cr.-r-~.-Trr-395
- -i --- -'- ~395- - -.
Mme Léonie Rduzalle.,..;.. : 57
M. Lioû-AIémand est élu en remplacement
de M. Jules Roche,. député. ; - - - - - J
- .- D.IX..SEP-nm.m..,¡\RBMEi'W- n,.,
Quartier des Emnettes
DESMOULINS. 1.181 ;. -
PAYNEL. rad. soc. 1.007
JA€LARD, rad. soc.*-. 370
Ballottage pour le siège de M.Maret.-député.
- Quartier des Ternes
É. LEVEL, un. r 1.453 ÉLU
RAVENEZ, çons. 806 1
M. Lever est élu én remplacement de M. de
Héredia, député.. •
Héredia, député. -
DlX-:VETJVrfcftE ARRONDISSEMENT > •
Quartier de la Villette
R. CANÏVET, r, s 1.228 r'-'
GUICÏÏAJtD, r. s 1,430
REMOND, r. s. 1.003
DESMARAIS, ouv 311
Ballottage pour lé siège de M. Delattre. dé* j
pute.. - .- ; - ,.
*' : vÀ Tr V -' A'* -iM
TERRE-NEUVE OU PIGEON ?
Le Voltaire publie sous la rubrique:
0: Boulades » une « lettre de Bagnères-
de-Bigorre » qui ne manque point de sa-
vènr..,
On a de l'esprit à Bagnères ; et cette
lettre, venue des montagnes « où l'on
crève de faim », n'a rien de partriarcal
ni de naïf. Si c'est là Je style des Bigour
dans, il n'a point trop goût de terroir et
sent l'asphalte du boulevard Montmartre
plus que le sapin des Pyrénées.
Toutefois, cette lettre, si leste d'allu-
res, Si sceptique de sentiments, justifie
parfaitement sa; provenance. Elle ne
peut-guère venir d'ailleurs que du pays
des ours savants ; car l'honnête Bigour-
dan qui signe cette « boutade » délurée
n'a pas jeté sur la tête de M. Devès une
fleur qui ne soit le plus lourd des pavés.
Il paraît que si l'on crève de faini dans
les montagnes de Bagnères, on n'y crèye
pas de fierté. Le sens moral y fait dé-
faut à peu près autant que les victuailles,
et la fermeté des opinions y paraît moins
appréciée que le titre des pièces de cent
sous.
Quand ce bon M. Devès, toujours prêt
à tous les dévouements, est parti pour
Bagnères, une dépêche en style nègre'
apprit aux électeurs de Béziers que si
leur député les lâchait si prestement,
c'était pour cause d'abnégation. Il y
avait là-bas, à Bagnères, quelque chose
à sauver.
Ce que c'était au juste, M. Devès ne
le disait pas, faute de le .savoir lui-
même exactement. Ce devait être quel-
que chose comme le salut de la société,
ou de la République, ou n'importe quoi
d'approchant. M. Devès n'en demandait
pas plus ; il y avait un sauvetage à faire
là bas, et, simplement, sans hésiter, il y
courait.
Ce dévouement aveugle et beau com.,
me l'antique méritait un meilleur sort ;
lcar il est évident à cette heure — et la
lettre si finement troussée de Bigour-
dan du. Voltaire ne laisse aucun doute
à cet égard — que les gens du Bagnères
sont tout bonnement d'affreux roublards
qui n'ont pas craint d'exploiter le dé-
vouement naïf de M. Devès et sa passion
du sauvetage, pour lui faire sauver.
leur caisse.
Je ne le leur fais pas dire, car voici ce
qu'écrit textuellement le Bigourdan du
Voltaire :
Sans bourse délier, et par le seul fait d'une
candidature habilement choisie, nous jouissons
du plus bel effet de réclamé que puisse rêver
un honnête industriel.
Heureuse candidature Devès 1 Quelle trou-
vaille nous avons faite-là 1
Savez-vous qu'ils vont bien ces mon-
tagnards de l'âge d'or ? Pendant que
nous autres, Parisiens obtus, nous les
prenions pour de simples électeurs ou
même pour des ^électeurs simples, ces
«1wnnêtes industriels» trouvaient le
moyen de mettre le gouvernement en
annonce, le ministre de l'agriculture en
prospectus et leur élection en réclame.
Ce bon M. Devès, qui se croyait le sau-
veur du pays, n'était, pour les Bigour-
dans malins, qu'une fenseigne voyante
pour le casino de Bagnères. Il accourait
pour les sauver, et ils l'exploitaient. Ce
terre-neuve était un pigeon dont on avait
escompté les plumes. On l'avait pris
pour le faire figurer sur le prospectus
entre les succulences de la table ;d'hôte
et les délices du « salon de conversa-
tion ». Il se croyait le Curtius de Bagnè-
res, et on faisait de lui « l'allumeur » du
Casino. Très forts, les Bigourdans, très
.forts ! Déjà, dans leur Casino — qui, dé-
cidément, constitue toute la politique et
toutes les opinions de Bagnères — nous
nous sommes laissé dire qu'ils avaient
dû fourrer de forts gros bonnets. Il
leur manquait un ministre pour complé.
ter le prospectus; maintenant, il ne leur
maiique plus rien
Et encore, pardon, je me trompe, ces
bons Bigourdans, qui sont fort pratiques,
entendent tirer quelque chose de plus
de leur Devès. Et ils ne mâchent point
trop les mots. La politique, à leurs yeux,
est viande creuse, dont ils se soucient
comme d'une guigne et même moins ;
car une guigne, si petit que ce soit, cela
se mange, tandis qu'on ne se nourrit pas
d'opinions. AussileBigourdan du Voltaire
ne se gêne point pour faire savoirurbi et
orbi que les bons Bigourdans « n'oritpas
d,',Qpitlions pohtiqîees bien déterminée$.»
La profession de foi que, dans sa naï-
veté primitive, M. Devès leur a expédiée
par télégraphe, les a touchés médiocre-
ment.. Ils déclarent tout net qu'ils
n'y entendent goutte et n'ont point af-
faire d'y comprendre quoi que ce soit.
Ce qui leur plaît en M. Devès, c'est qu'il
est ministre en même temps que candi-
dat, et ce qui permet de faire chanter le
candidat avec la voix du ministre.
Pour nous, nous comprenons fort bien ceci,
que l'on crève de faim dans nos montagnes et
que des routes et des chemins de fer nous ap-
porteront un peu de prospérité. Voilà pour-
quoi nous préférons un candidat-Excellence à
un solliciteur obscur, et un mininistre à M.
Rochefort, voire même à M*, de Cassagnac.
Est-ce clair ? Et peut-on dire plus car-
rément que, si l'on vote pour M. Devès,
ce n'est point par opinion politique ou
par attachement personnel ; c'est pour
les routes, les ponts, les chemins de
fer. et le, casino que les Bigourdans se
préparent à voter. « Une Excellence qui
donne des chemins de fer », voilà ce.
que M.Devès va représenter à Bagnères.
Ce pauvre M. Devès est un candidat
officiel malgré lui. Et c'est le comble de
la candidature officielle, car c'est la
candidature officielle imposée par les
électeurs au gouvernement. Et la lettre
du Bigourdan du Voltaire n'a point
d'autre signification que celle-ci : « Cher
» monsieur, entendons - nous bien : Si
» vous n'êtes pas le plus officiel des can-
» didats, vous ne sauriez être le candi-
» dat des Bigourdans. »
De sorte que voilà ce pauvre M. De*
vès en passe de n'être point élu à Ba-
gnères ou d'être, comme candidat offi-
ciel, répudié par le gouvernement et
condamné par la Chambre, démission-
naire comme ministre et invalidé com-
me - député.
DERNIERES NOUVELLES
lie Crime de Besançon
Besançon, 11 déeembre.
Ce matin, vers sept heures et demie, la veuve
Surdey et sa bonne ont été trouvées étranglées
dans leur domicile, 3, rue Sainte-Anne, en
face le poste militaire du quartier général.
Ce crime, dont le vol a été le mobile, a dû
être commis hier soir entre neuf et dix heures,
le factionnaire du poste avant vu à cette heure
deux jeunes gens entrer furtivement dans la
maison et en sortir peu après.
La justice informe.
Départ de M. Virman
Marseille, 10 décembre, soir.
M. Tirman, gouverneur général civil de l'Ai*
gérie, est parti -à cinq heures du soir à bord
du paquebot Ville de Barcelone, de la compagnie
transatlantique, - accompagné de son chef de,
cabinet M. Rosain et de M. Fournier, conseil-
ler général.
Plusieurs notabilités du parti républicain:
sont venues saluer à bord le nouveau gouve*
neur.
Une Terrible catastrophe
Wahington, 10 décembre, soir.,
Dans la nuit denière, un incendie a détruit
une pension d'ouvriers, près de Pittsbourg.
Sur 43 ouvriers qui étaient dans la maison,
20 ont péri.
Jusqu'à présent, on n'a retrouvé que 10 cada.
vres.
La crise municipale de Céder.
Béziers, 11 décembre.
Aujourd'hui, à deux heures, a eu lieu l'ins-
tallation des nouveaux élus du conseil munici-
pal. Après l'élection du secrétaire, M. Carro-
tier. au nom de la minorité, a proposé, en ver-
tu du mandat accepté devant le corps électoral,
la démission en masse du conseil municipal.
"!!! !!! , --:-:- -= -:- -:- -:
FEUILLETON DU 13 DECEMBRE 1881
", 29- -
» - •> k-v, rîV-î , v
• *; t XI, V: •
relevant
Un soupçon Viîit à Tarpiaud en relevant
an détail qui lui avait d'abord échappé.
Dans la chambre à coucher, sur un guéri-
don de marbre, une bougie brûlait.
Donc Furet était venu dans cette cham-
bre où il n'avait que faire. t
— À moins de me voler, se dit le cher-
cheur en s'approchant de sa caisse pour
l'examiner.
, Le colfre-fort était fermé. Oui, mais Tar-
piaud savait qu'il n'est caisse dont le mé-
canisme puisse résister à un connaisseur
curieux qui a le temps de le caresser. :'
Et Furet, qui était un connaisseur de
première force, avait eu près de trois heu-
res-devsnt-lui- • -
Tarpiand glissa, la clef dans la serrure
qui refusa deJ9,r[J()iîêlemot s'opposait
à l'ouverturo^---^ -- : -
Oui, mais était-ce le même mot.
Il pointa les boutons sur chaque lettre du
nom Calrap, puis renouvela 1 essai de là
clef qui tourna si merveilleusement que le
panneau de fer s'ouvrit.
Retrouver sa caisse, si correctement fer-
mée ne prouvait en rien qu'elle n'eût pas
étéouverte, surtout quand il s'agissait
d'un artiste émérite comme l'était Furet,
Mais qui disait Furet disait aussi grand
amateur du bien d'autrui, aimable clii-
péitr des louis ou des billets de banque du
prochain.
Donc, après sa caisse ouverte, le seul
souci de Tarpiaud fut d'interroger un gros
portefeuile tout bourré de billets de ban-
que dont il fit rapidement le compte.
Pas un ne manquait à l'appel.
Devant cette preuve de la probité. ou,
pour mieux dire, devant cette absence d'une
preuve de l'improbité de son domestique, le
maître, sans plus ample recherche, remit
son portefeuille dans la caisse qu'il refer-
ma tout en se demandant encore pourquoi
Furet, puisqu'il n'avait pas volé, s'était
donné de l'an';'?
Et, tout aussitôt, derrière cette question,
reparut l'autre plus ardue, et surtout, plus
alarmante :
— Par où Furet avait-il pu sortir de cet
appartement dont chaque issue s'était
retrouvée intérieurement fermée ?
Tarpiaud, sombre, rêveur, se creusait,.Ja:
cervellè à chercher le mot de l'énigme;
'-'--"---'- .-- --.. - .-
-,"'-" .p' ,,/ ,v,::-
Soudainement, il secoua sa rêverie.
Pour la deuxième fois, devant la caisse,
il venait de sentir - quelque chose s'écraser
sous sa botte. -
Il se baissa et se mità.palper le plancher
de la paume de sa main. Au pied du coffre-
Tort étaient éparpillés une dizaine de tout
petits corps ronds qu'il recueillit pour les
apporter devant la bougie.
C'étaient des grains d'avoine ! -
Qûel que fût son passé, Tarpiaud devait
'avoir été un bien adroit releveur de pistes,
car, à la vue de ces grains d'avoine, la lu-
mière se fit brusquement dans son esprit.
: Î1 rapprocha ie fait de sa trouvaille de ce-
lui de la bougie qui était restée brûlant sur
le guéridon et accentua d'une voix frémis-
sante :
— On a fait disparaître Furet 1
Alors reconstituant la scène telle! que
son imagination lui disait qu'elle avait dû
se passer : - .-
— Oui, reprit-il, Furet était là. devant
ma caisse, peut-être en train de l'ouvrir,
quand tout à coup il a été enfourné, par la
tête, dans un sac qui a servi à l'emporter
d'ici.
Et, pris d'une folie furieuse à la pensée
qu'il avait aflaire à un ennemi qui lui ga-
gnait la première manche, il se mit à cher-
cher dans tous les coins et recoins du lo-
gis en répétant d'une voix étranglée par
une rage immense : -
il ront emporté. Par où. Par où ?
XII,
Pour que Raoul Brissac et la gracieuse
Mme veuve Rossignol qui, quarante-huit
heures auparavant, ne s'étaient jamais ren-
contrés, fussent dans la même loge au
théâtre du Châtelet, il fallait que l'artiste
théâtre
aimât fort à brusquer les choses, et que,
de son côté, la belle blonde eût horreur des
dénouements qui traînent irop.
Toujours que sui les - midi de- ce
même jour où, dans la soirée. Furet devait
si étrangement disparaître, les deux jeu-
nes gens se trouvaient réunis dans l'atelier
du peintre.
Quels avaient été les débuts de cette en-
entrevue ? Sans les préciser, nous dirons
qu'il en était résulté une intimité dont
Raoul s'autorisait pour demander :
— Quel est ton petit nom ? ma bichette ?
— Henriette. Et le tien ? mon loulou.
— Raou!, ma belle Vénus.
Et, en souriant, le peintre ajouta :
- GaI' tu es toujours décidée à poser
en Vénus, n'est-ce pas?
— Je t'en ai fait juge. Ai-je tort? de..
manda Mme Rossignol avec une gentille, ri-
setté.
EUGÈNE CHAVETT5
La suite à demaiîà
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