Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-06-25
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juin 1910 25 juin 1910
Description : 1910/06/25 (N14715). 1910/06/25 (N14715).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75441647
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
- N* 14715. — 18 MESSIDOR, AN 118. CIHQ CENTIMES LE NUMERO SAMEDI 25 JUIN 1910. - N° 14715.
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AUGUSTE VACQUERIE .: r, AUGUSTE VACQUERJIC
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- TRIBUNE LIBRE:
LES CHEMINOTS
Comment s'explique l'agi-
tation qui, chaque jour, se
manifeste parmi le monde
des travailleurs des chemins
de fer ? D'où vient ce mé-
contentement qui, dans ces
milieux si sages, si pondérés, et jus-
qu'à ce jour fermement attachés à leurs
devoirs, menace de jeter le trouble et
la révolte ?
Si les agitateurs de: la C. G. T. y ont
travaillé, ils n'ont pas une influence
suffisante sur ces ouvriers cons-
cients pour avoir pu le créer artificiei-
rement.
Il faut donc chercher ailleurs l'ori-
gine de ce mouvement.
Certes, la question des salaires a joué
un rôle. Mais les difficultés sérieuses
que rencontre toute augmentation des
- salaires d'une aussi nombreuse classe
, de travailleurs sont connues de tous, et
elles font que tous se rendent compte
que c'est par un effort méthodique, lent
et sage, que seront obtenus les résultats
souhaités.
Aussi juste que soit Paugmentation
demandée, les travailleurs des chemins
de fer ne seraient pas arrivés aux
moyens extrêmes avec une telle soudai-
neté si un sentiment de désillusion, de
mécontentement, venu d'ailleurs, ne les
avait aigris et prédisposés par avance
aux solutions violentes.
Trop longtemps on leur a fait atten-
dre la loi Berteaux-Rabier organisant
leurs retraites, trop longtemps on a te-
nu cette réforme en suspens, et la solu-
tion adoptée, attendue avec une fébrile
impatience, ne pouvait apporter à tous
la satisfaction désirée, produire la dé-
tente nécessaire, qu'à, la condition d'être
complète et de ne créer aucune désil-
lusion, aucune inégalité.
Malheureusement, il n'en fut point
ainsi. Après avoir trop attendu, sous
la. poussée de l'opinion le Sénat pro-
céda avec trop de hâte, et l'examen des
textes ne fut point suffisamment appro-
fondi. De son côté, la Chambre, pour
rendre la réforme définitive, sous l'im-
pulsion de Berteaux, Jaurès et Rabier,
et après consultation des représentants
de toutes les grandes organisations ou-
vrières des travailleurs des chemins de
fer, adopta sans examen et sans débat
le projet sénatorial.
On voulait aboutir. On y réussit. Mais
dès le lendemain du vote unanime de
la Chambre, dès le jour de la promulga-
tion de la loi, on s'aperçut que peut-
être un examen un peu plus long, mais
plus approfondi, n'eût ,pas été sans
avantage.
» Certains textes étaient ambigus, et
de la façon dont on les interprétait dé-
pendait le sort de la loi.
Profiterait-elle à tous les employés,
comme on l'avait pensé, comme on l'a-
vait voulu ?
N'aurait-elle, au contraire, qu'un ef-
fet partiel, et les avantages apportés par
elle seraient-ils l'apanage d'une partie
des employés seulement ?
Les uns disent oui, les autres disent
non. Les Compagnies étudient.
Mais, de l'avis de tous, le texte am-
bigu prête à la critique.
Et le personnel des chemins de fer,
déçu dans ses espérances, froissé, s'a-
gite.
C'est la cause certaine du premier
mécontentement, savamment exploité
par les violents, et dont ils espèrent ti-
rer de plus grands succès encore.
On pensait que la loi bénéficierait à
tous, toute crainte de restriction sou-
lève la colère.
On la veut plus large, on exige la ré-
troactivité qui en assurera à tous les
profits.. Et on en profite pour agiter à
côté l'augmentation des salaires et la
réglementation du travail.
Il faut dire que cette réclamation
concernant la nouvelle loi des retrai-
tes est juste. Ce n'est que l'exécution
de la volonté du législateur. Et pour la
faire aboutir, avec toute son énergie,
► toute son autorité, le ministre des tra-
vaux publics agit et négocie. Que peut-
on exiger de plus ?
Les chemins de fer de l'Etat placés
sous son contrôle viennent de donner
l'exemple, et, par un règlement soumis
à l'étude des organisations ouvrières du
réseau, accordent le bénéfice de la loi
r nouvelle à tout le personnel.
c Les Compagnies suivront, nous en
sommes sûrs. Rien n'est donc perdu.
i
Et il faut que, conservant tout leur
sang-froid, les travailleurs de la voie
ferrée sachent attendre. Il est équitaltfe
qu'ils se souviennent des conditions
dans lesquelles la loi a été votée, et
qu'ils ne fassent pas grief et au gou-
vernement et au Parlement d'une er-
reur dont ils ont leur part, et qui de-
main sera réparée par le législateur:
Il faut donc savoir attendre. La so-
lution équitable est certaine, proche..
Et Berteaux, le dévoué et éloquent por-
te-parole de leurs revendications, n'a
pas été contredit, hier, par le gouver-
nement, lorsqu'il a parlé de la rétroac-
tivité nécessaire de la loi des retraites..
Reate les deux autres questions. Elles
ne sont insolubles ni l'une ni l'autre,
si on veut tenir compte des faits éco-
nomiques, des possibilités financières.
La réglementation du travail ne peut
qu'être solutionnée humainement (par
l'homme averti qu'est M. Millerand.
Quant à l'augmentation des salaires,
incontestablement elle ne pourra être
réalisée que par étapes successives. Ses
répercussions financières, tant sur la si-
tuation des Compagnies que sur le bud-
get de l'Etat, sont lourdes, il faut les
examiner, les calculer. ,
D'un coup, on ne peut pas penser,
dans l'état actuel de nos finances, aug-
menter les dépenses de plus de cent mil-
lions.
Il faut commencer par ceux dont le
salaire est notoirement insuffisant et ne
répond plus aux nécessités actuelles de
la vie. Et beaucoup, plus favorisés,
sans renoncer à l'espérance de voir un
jour améliorer leur sort, doivent savoir
ajourner leur réclamation, pour per-
mettre aux petits salaires de recevoir
une première augmentation.
En unissant mieux leurs efforts, en
demandant à faire profiter l'adminis-
tration des réseaux de leur expérience,
en s'associant à cette administration, ils
pourront l'améliorer, la rendre plus
productive, et hâter ainsi, par leur pro-
pre effort, le jour où les résultats finan-
ciers meilleurs rendront possibles les
augmentations qu'ils souhaitent.
C'est la politique qu'indique et que
veut suivre le ministre des travaux pu-
blics. Elle sera féconde, si les travail-
leurs veulent l'adopter et la défendre,
et s'ils savent résister aux suggestions
violentes.
Marcel REGNIER.
1 »
LA POLITIQUE
LA TACHE QUI S'IMPOSE
La France a rempli son de-
voir de pieuse gratitude en fai-
sant aux petits marins du Plu-
viôse, morts à son service, des
funérailles dignes d'elle, di-
gne d'eux. La Nation a, comme on l'a
dit, élevé aux regards du Monde, vers
les régions sereines de la gloire impéris-
sable, la mémoire de ceux-là qui sont
tombés en préparant sa défense pour le
jour où viendrait le danger. Et la
solennité sera inoubliable qui rapprocha
et unit tous les cœurs battant d'une com-
mune et réconfortante émotion.
Mais l'heure n'est plus de pleurer. Il
convient que nous tirions, du sacrifice li-
brement consenti des marins du Pluviôse,
l'utile, la haute et décisive leçon.
Au lendemain des trop nombreux si-
nistres que notre marine a eu à enregis-
trer, et plus particulièrement après les
douloureuses épreuves du Lutin et du
Farfadet, on a soumis aux bureaux de la
rue Royale divers moyens de préserva-
tion, ou plutôt de sauvetage rapide des
unités naufragées : docks spéciaux, bou-
cles de relevage, cloches à air, dont cer-
tains ont déjà été expérimentés avec fruit
à l'étranger. Les bureaux ont-ils étudié
la possible utilisation des engins propo-
sés ? Nullement. Depuis, les spécialistes
ont insisté pour qu'on apportât aux sub-
mersibles de plus complètes mesures de
sécurité intérieure : l'augmentation de la
réserve d'air comprimé, le renforcement
et l'étanchéité absolue des cloisons inter-
nes. Les services techniques ont-ils tenti
compte de ces réclamations si justifiées. ?
Pas davantage.
Alors ?
Alors, il faut que, sous la poussée de
l'opinion, sous l'effort de volonté d'un
ministre énergique, disparaissent tout de
suite des bureaux cette insouciance
inouïe, cet esprit d'encrassement routi-
nier et surtout cette déplorable tendance
à repousser et à décourager les inven-
teurs,— esprit et tendances qui sont déjà
la cause de tant de maux irréparables.
Il faut que les techniciens sur qui pèse
la lourde responsabilité de la sécurité des
équipages à bord des sous-marins, en
aient enfin conscience et se décident à
examiner tous les systèmes qui leur sont
présentés, destinés non pas à prévenir les
accidents — où d'ailleurs la fatalité joue
son rôle, — mais à y soustraire le plus
possible de vies humaines.
Au nombre des inventions qui s'impo-
sent à leur attention, il s'en trouve dont
on est en droit d'espérer les plus heu-
reux résultats. Nous le démontrerons.
■ «
LES ON-DIT
■ »'»
Aujourd'hui vendredi ;
Lever du soleil à 3 h. 59 du matin j
Coucher à 8 h. 5 du soir.
Lever de la lune à 10 h. 3 du soir ;
Coucher à 4 h. 52 du matin.
Courses à Auteuil (PRIX DES DHAGS).
AUTREFOIS
Le Rappel, frappé d'interdiction par le
gouvérnement de t'Ordre moral, au nom
de la liberté, ne parait pas te. 25 juin 1874.
AUJOURD'HUI
Le train noir
11 est plus die minuit. Un long convoi
vient de s'arrêter en gare du Nord ; aucun
mouvement ne s'en élève. Il se compose de
dixisept fourgons et de deux wagons de
voyageurs. Dans les fourgons ont été pLa-
cés les cercueils des dix-sept marins du
Pluvidse, dont les corps dormiront bientôt,
en terre bretonne* leur dernier somimeil.
Des wagons, descendent lentement — tels
des ombres - et se dispersent par les
quais, sans une parole, dans une attitude
de dépression douloureuse, des hommes,
des femmes des adolescents vêtus d'ha-
bits de deuil et qui accompagnent vers le
pays iruatal le fils, le frère, le mari ou l'ami
bien aimé. Et le spectacle est poignant de
ces pauvres êtres entourés, il y a quelques
heures à peine, de la pompe glorieuse que
la France réserve à ses héros, et qui, main-
tenant,. par cette nuit d'été grise, humide,
presque froide, n'ont plus, dans la giare dé-
serte où tout bruit va s'éteindre, que l'hom-
mage de quelques fleurs éparses sur leur
cercueil.
Une vietiime des élections
Un homme paraissant âgé d'une cinquan-
taine d'années se présentait meroredi soir
aux huissiers du ministère de l'intérieur,
demandant à parler à M. Briand. Comme
on l'invitait à se faire connaître, il répondit
qu'il avait été candidat contre M. Jules Ro-
che, dans l'Ardèdhe, aux dernières élections
législatives, et développa son programme.
Comprenant à qui ils avaient affaire, les
huissiers firent conduire le malheureux
chez M. Rajaud, commissaire de police, qui
l'envoya à l'infirmerie spéciale du Dépôt.
Le candidat fou est pour faire pendant
au député privé de raison, qui ne siégea
pas, mais qui, durant la dernière législa-
ture, participa à tous les votes de la Cham-
bre. Au contraire du visiteur de M. Briand,
c'était le succès qui lui avait troublé la
cervelle. Il fut si heureux d'être envoyé au
Palais-Bourbon qu'il en délira aussitôt.
—-fr*—
Mortadelle
M. Augagneur a, parait-il, quelque chan-
ce d'adjoindre aux économies qu'il réaJisa
sur son million d'émoluments comme gou-
verneur général la rente viagère de 10,000
francs qu'il sollicite comme infirme.
Les certificats que lui rédigea le docteur
Augagneur sont d'une netteté et d'une pré-
cision tellement irréfutables qu'on ne sau-
rait contester sa demande.
Aussi, le spirituel Pierre Veber avise-t-il
au meilleur moyen de nous débarrasser de
l'exigeant ancien gouverneur.
Et comme M n'est pas de canapé aux res-
sorts assez puissants pour pouvoir recevoir
le député de Lyon., Veber s'est arrêté à
cette solution : « L'anden gouverneur de
Madagascar est d'un joli rose de morta-
delle très fraîeîhe : il donne faim. Si on
l'envoyait chez les anthropophages ? »
En est-il qui accepteraient ce coriace ca-
deau ?
*
• ■
»
M. Dujardin économise
Il est, parait-il, question de transférer
une partie des services du Conservatoire
dans les nouveaux locaux de la rue de Ma-
drid au mois d'octobre prochain, et, natu-
rellement, les classes d'abord.
Ce transfert, qui sera bien accueilli par
les professeurs et les élèves, met,, au con-
traire, la mort dans l'âme du petit person-
nel actuellement logé au Conservatoire et
pour lequel il n'y a pas de locaux prévus
rue de Madrid. Comme les mirifiques ap-
pointements de ces garçons de bureau, gar-
diens — une centaine de francs par mois
— ne seront pas augmentés, on voit ie
« trou » fait à ces budgets de famine.
Par contre, on va probablement « con-
server » et « loger » quelques sinéeuristes
bien rétribués, ayant depuis longtemps
droit à la retraite et ne rendant que de pro-
blématiques services ; entre autres,, un
haut employé devenu tellement invalide
qu'il ne peut ni signer ni se mouvoir, et
qu'on est obligé de lui adjoindre un sup-
pléant pour faire sa besogne : ce suppléant
est naturellement payé par le budget.
Nous n'avons aucun parti pris, mais
nous estimons qu'en lui octroyant la re-
traite à laquelle d'ailleurs il a droit, on
pourrait, sans augmenter le budget de la
couveuse où se forment nos cc espoirs »
lyriques ou dramatiques, donner une in-
demnité die logement aux pauvres diables
à trois francs par jour qui von t, dans cruel-
que3 mois., se trouver sans gite. Il est mê-
me probable qu'il resterait un reliquat.
Voilà, tout à la fois, une économie et une
bonne action que nous signalons à notre
éminent surintendant des Beaux-Arts, qui
peut, sans se déranger beaucoup, dire à M.
Dujardin de prier M. Beaumetz d'ouvrir
son œil léonin sur la Maison du faubourg
Poissonnière qu'il est chargé de gérer au
nom des contribuables ; à moins, toutefois,
qu'il ne préfère augmenter le matériel du
Conservatoire d'une voiture automobile
d'amibulance réservée aux invalides- de l'é-
tablissement.
1 J
Les Crédits supplémentaires
Le gouvernement a déposé un cahier de
crédits supplémentaires aux budgets de
1909 et 1910 ; les crédits se montent à cin-
quante millions ; ëp vue de leur examen, la
Chambre a procédé, hier, dans ses bu-
reaux, à la nomination d'une commission
du budget spéciale. Cette commission est
ainsi composée :
1er bureau, M. Massabuau ; 2e, M. Bou-
rély ; 3e, M. Caillaux ; 4e, M. Clémentel ;
5e, M. Berteaux ; 6e, M. Massé ; 7e„ M.
Ktotz ; 8e, M. Messimy ; 9e, M. Besnard ;
10°, M. Javal ; 11e, M. Bedouce.
La commission, où nous avons la 'satis-
faction de compter nombre de nos meil-
leurs amis, c'est constituée immédiatement
après sa inomination.
M. Berteaux a été élu président et M.
Caillaux rapporteur.
On a procédé à un premier examen des
crédits supplémentaires demandés par le
gouvernement pour 1909 et 1910.
M. Caillaux a été chargé d'obtenir des
ministres intéressés des explications, no-
tamment sur les dépenses de la guerre.
h'ŒuFe de Laïcité
La commission de statistique de ren-
seignement primaire vient de présenter son
rapport au ministre dé l'instruction publi-
que.
Il déborde de chiffres particulièrement si-
gnificatifs et de considérations qui répon-
dent, mieux que toute discussion, aux in-
sinuations réactionnaires.
En ce qui concerne les conscrits illettrés,
— pierre de touche des progrès de l'instruc-
tion, — on lit dans le rapport :
Le nombre des conscrits qui déclarent savoir
lire et- écrire est un indice des résultats de
l'enseignement primaire. Nous avons dit que,
quelque imparfait que fut ce mode de consta-
tation, il n'était pas cependant sans utilité : il
fournil le moyen de savoir combien il reste
encore, dans chaque génération, de jeunes gens
privés des première éïémenls de l'instruction.
Nous ajoultons qu'en Franoe cette statistique
porte sur tous les jeunes gens atteignant l'âge
du service militaire : parmi eux se trouvent des
anormaux, idiots, sourds-muets, aveugles, etc.,
qui ne sont pas admis au service et qui, '- ce-
pendant, grossissent la proportion des illettrés.
A cet égard, la statistique française n'est pas
comparable avec celle des autres Etats qui ne
constatent le degré d'instruction qu'après l'ad-
miésion des jeunes gens au service.
D'autre part, la statistique des illettrés par
département ne donne pas toujours une idée
exacte de l'instruction donnée aux enfants éle-
vés dans les écoles du département ; ainsi, ie
département de la Seine reçoit un grand nombre
de jeunes ouvriers des départements. où ils ont
échappé à l'enseignement primaire.
Quant à la proportion des conscrits illet-
trés, elle était de 56 °/ il y a un siècle.
Sucessivement. abaissée à 35 en 18GS à
22 en 1868, à 12 en 1881, la voici
à 4
Tout commentaire serait superflu.
• r-+
UN SUOCÈS
--:+.-+:--0
M. de Selves ne se contente plus d'être
préfet de Tarn et Seine, sénateur de Seine
et Garonne, académicien et capitaine de
territoriale, il a voulu essayer de se faire
élire socrmàtaire du Conseil général de la
Seine.
Au scrutin dTavant-hier, il a obtenu.
quatre voix qui ont été proclamées au mi-
lieu des riires discrets de l'assemblée.
Et certaine conseillers — gens de bonne
compagnie et d'aimables manières— s'em-
pressèrent de proditguer à M. de Selves les
félicitations qui s'imposaient.
Le préfet eut le mauvais goût, parait-il,
de ne les remercier que très froidement de
cette preuve de sympathie.
Et pourtant.
NOS HOTES
Les Souverains Bulgaros en France
■ ,
Le train royal, amenant en France les
souverains bulgares, est entré en gare
d'Igney-Avricourt hier matin, à huit heures
quarante-cinq et en est reparti quelques
minutes après. C'est à cette gare que le
docteur Dimitri Stanciof, ministre de Bul-
garie en France,, et le comte de Bourbou-
Ion, grand-chambellan, étaient allés atten-
dre le roi et la reine. Ceux-ci les ont invités
à prendre place dans un wagon-salon,
A Châlons-sur-Marne, à midi, les souve-
rains ont été salués par le préfet, le maire,
les adjoints et les membres du conseil mu-
nicipal.
Le général Goirand, commandant le 6°
corps d'armée ; le contre-amiral de Mont-
ferrand" le colonel Marette de Lagarenne,
le lieutenant-colonel Griache, le capitaine
Taboin, attachés aux personnes des souve-
rains, et M. Pozzi, du cabinet de M. Pi-
chon, attadhé aux personnes des ministres,
formant la mission extraordinaire chargée
d'aller recevoir le roi et la reine à leur en-
trée en Franoe,, se sont acquittés de cette
mission en gare de Châlons où ils sont
montés dans le train royal.
On sait que la suite du roi se compose,
outre le comte de Bourboulon, du général
Markof, aide de camp général ; du général
Fitahef, chef d'état-major de l'armée bud-
gare ; de MM. Dobrovitoh, chef de cabinet ;
le lieu-benantcolonel Stojanof, adde de
camp ; le comte de Clinctiamp, maître des
cérémonies, et de Chèvremont, se-crétaire.
La suite de la reine se compose de Mme
Sbanciof, femme du ministre de Bulgarie à
Paris, grande-maîtresse de la Cour ; de
Mlle Hakwnof, lectrice ; de Mlle Markof, de-
moiselle d'honneur, et de M. Drandar, se-
crétaire des commandements.
A LA GARE DU BOIS DE BOULOCNE
Depuis le matin, dix 'heures, la gare de la
Porte Dauphine a été fermée aux voya-
geurs et livrée aux tapissiers qui l'ont
transformée en salon d'honneur.
A l'enbrée est une marquise formée de ve-
lours grenat frangé d'or, soutenue par des
lances de bois doré ; les salles d'attente et
de distribution des billets ont été transfor-
mées en salon de réception, bouton d'or et
rose garni de meubles en bois doré et de
plates-bandes de fleurs, de corbeilles de
plantes vertes. Partout, des trophées de
drapeaux buJgiares et français. Les deux
escaliers conduisant aux quais et les piliers
soutenant les verrières sont tendus de ta-
pis et de draperies -rouges.
Sur le quai d'arrivée, dès deux heures,
une compagnie de la garde républicaine,
avec drapeau, a pris position. La. musique
occupe La galerie supérieure qui re!!ie les
deux escaliers. En haut, le général Dals-
tein, gouverneur militaire de Paris, avec
son état-major ; le colonel et les deux lieu-
tenants-colonels de la légion de la garde
sont groupés autour du petit jardin qui fait
face à la gare.
La place, les boulevards Lannes et Flan-
drin et l'avenue du Bois-de-Boulogne, dans
la partie voisine du débarcadère, sont bar-
rés par des (gardes à cheval et des gardiens
de la paix sous les ordres de leurs officiers
ou de nombreux officiers de paix.
M. Lépine, préfet de police ; MM. Lau-
rent, secrétaire général de la préfecture de
polioe, et Touny, directeur de la police mu-
nicipale, dirigent tout le service d'ordre
que la foule rend particulièrement odiffiffilc.
A partir de deux heures et demie, arri-
vent les personnages offidels. Tour à tour,,
entrent dans le salon, de réception : les
présidents du Sénat et de la Chambre des
députés, le président du conseil, les minis-
tres, le grand-chancelier de la Légion
d'honneur, les présidents du Conseil géné-
ral de la Seine et du Conseil municipal de
la Ville de Paris, les préfets de la Seine et
de police, la - direction du protocole, les
membres du Parlement, le personnel de
la légation bulgare à Paris, etc.
Le Président de la République a quitté
l'Elysée à deux heures trente-cinq pour se
rendre à la gare du Bois-de-Boulogne.
Il a pris place avec Mme Fallières et M.
Ramondou, secrétaire général de la prési-
dence, dans un landau attelé de quatre
chevaux en daumont, précédé du piqueur
Troude et encadré d'une escorte formé par
un escadron du 2e cuirassiers. Dans les au-
tres voitures suivent les officiers de la mai-
son militaire et M. Varenne, chef du secré-
tariat de la préfecture.
L'ARRIVÉE
A deux heures cinquante, le train royal,
qui a été amené de la frontière jusqu'à Pa-
is par MM. Picard, chef de l'exploitation,
et Ertzbischof, chef du mouvement, est si-
gnalé.
Le Président de la République et Mme
Fallières ; MM. Antonin Dubost et Brisson
ainsi que le président du Conseil, les mi-
nistres, et M. Mollard, directeur du proto-
cole, descend-ent sur le quai.
Une batterie d'artillerie, placée sur le
boulevard Lannes, au bastion 54, commen-
mence une salve de quarante coups de ca-
non, alors que soixante et un coups sont
tirés en même temps de l'Esplanade des
Invalides ; la musique de la garde exécute
l'hymne bulgare.
Lentement, le train royal, dont la loco-
motive est pavoisée de drapeaux bulgares
et français, entre en gare.
Les souverains descendent du wagon
salon, saluent le drapeau de la garde incli-
né devant eux. Après avoir échangé des
paroles de bienvenue et de remerciement
avec le Président de la République et Mme
Fallières, ils gagnent le salon où se font
les présentations.
Puis le cortège se forme, encadré du 2*
régiment de cuirassiers. -
Dans la première voiture se trouvent le
roi des Bulgares et M. Fallières ; dans la
seconde, la. reine et Mme Fallières, Mlle
Akanof et le général Goirand.
Les autres landaus, sont occupés comme
suit :
3* voiture. Mme Stanciof, Mlle Markof, le
comte de Bourboulon, M. Ramondou.
4e voiture. M. Manilof, M. Briand, M.
Stanciof, le contre-amiral de Montferrand.
5' voiture. Le général Paprikof, M. Pi-
chon, M. Paléologue, le colonel Marette de
Lagarenne.
60 voiture. M. Mouchanof, le général Mar-
kof, le général Fitchef, le lieutenant-colonel
Griache.
7* voiture. M. Dobrovitch, lieutenant-co-
lonel Stojanof, le comte de Clinchamp, un
officier de service de la présidence.
8e voiture. M. Drandar, M. de Chevre-
moUt, un officier de service de la prési-
dence, M. Varenne.
9* voiture. M. Nicolas Stanciof, M. MiIt$..
chef, M. Pozzi, M. le capitaine Tabouin.
DE LA GARE AU PALAIS ROYAL
Sur la place de -la gare le 119* régiment
d infanterie de ligne rend les honneurs.
Passant devant lés états-majors du gouver-
neur militaire de Paris, du commandant de
la place, le cortège s'engage dans l'avenue
du Bois-de-Boulogne pour arriver à la pla-
ce de l'Etoile, suivre l'avenue des Champs-
Elysées, traverser la place et le pont de la
Concorde et enfin arriver au Palais royal
quai d'Orsay.
Itinéraire sur lequel la haie est (formée
par la garde républicaine, les 6* et 70 divi-
sions d'infanterie, les sapeurs-pompiers, la
(1r' division de cavalerie (1er cuirassiers,
23° et 27' dragons}, la brigade de cuiras-
siers de Saint-Germain-Rambouillet (11' et
120 régiments), la brigade d'artillerie de
Versailles, la brigade d'artillerie de Vin-
cennes, le 26' bataillon de chasseurs, le 4
cennes,
groupe de zouaves, le bataillon de sapeurs
télégraphistes et celui des sapeurs aéros-
tiers du génie de Versailles.
Toutes ces troupes sont sous les ordres"
du gouverneur militaire de Paris, général
Dalstein.
De la garnie la Porte Dauphine jusqu'au
palais d'Orsay, sur tout le parcours, à gau-
che comme à droite, une foule compacte
se presse derrière les soldats.
Elle acclame vigoureusement Je roi et le
Président ; ses vivats redoublent au passa-
ge de la reine, qui salue avec grâce ; eMe
semble particulièrement émue de cet ac-
cueil enthousiaste que lui a réservé 'la po-
pulation parisienne ; elle dira, d'ailleurs,
tout à l'heure combien elle en a été touchée
et quel souvenir elle gardera. de son entrée
dans Paris.
A la place de l'Etoile, les voilures des
ministres, du président du Sénat et de la
Chambre, des membres du Conseil géné-
ral et du Conseil municipal, des préfets,
etc., etc., se sont détachées du cortège.
Seuls, M. et Mme Fallières, M. Briand,
président du- conseil, et M. Pichon, minis-
tre des affaires étrangères, apeompagnent
les souverains jusqu'au palais du minis-
tère-des affaires étrangères devenu Palais-
Royal : au sommet, flotte depuis le matin,
le drapeau bulgare aux couleurs superpo-
sées blanc, vert et rouge.
Il est trois heures et demie quand un
bataillon du 104* de ligne avec drapeau et
musique rend les honneurs : les souve-i
rains arrivent au quai d'Orsay.
Les appartements réservés au roi et à la
reine sont situés au premier étage. La dé-
coration qu'ils ont reçue est absolument
la même que celle qui fut faite lors des
précédentes visites officielles des souve-
rains étrangers.
Après quelques impressions échangées,
les souverains se sont retirés dans leurs
appartements, et M. et Mme Fallières ont
regagné le palais de l'Elysée par le quai
d'Orsay, le pont et la place de la Con-
corde, l'avenue des Champs-Elysées et
l'avenue Marigny.
VISITES
A quatre heures, les souverains bulga-
res, accompagnés d'une escorte, se sont
rendus à l'Elysée pour rendre visite au
président et à Mme Fallières.
La suite des souverains étant trop nom-
breuse pour pouvoir être logée toute au
palais royal, le président du conseil et les
ministres bulgares sont descendus à l'hO;,
tel Meurice. où un grand appartement a
été retenu à leur intention par les soina
de la légation de Bulgarie.
A quatre heures et demie, le roi Ferdi-
nand et la. reine Louise ont rendu visite
aux présidents des Chambres ; à sept heu-
res, ils ont reçu au Palais-Royal les chefs
des missions diplomatiques accrédités en
France et à huit heures, le président de la
République et Mme Fallières ont donné en
leur honneur, à l'Elysée, un grand dlner.
de gala.
DEUX ACCIDENTS
Vers deux heures, le capitaine Fabry, dl) *
24e de ligne, qui défilait à la tête de sa
compagnie, pour se rendre au-devant des
souverains bulgares, a été désarçonné par
son cheval, et blessé à la tête. d
Après avoir reçu des soins à l'hôpital
Beaujon. il a été reconduit à son domicile"
square des Batignolles.
— Un second accident s'est produit de-
vant la Chambre. Le cheval que montait
le général Tavernat a fait un brusque
écart et a désarçonné son cavalier, qui a
eu un poignet luxé et a reçu quelques con-
tusions à la tête.
——————————— ..,
A LA CHAMBRE
Une Exécution nécessaire
• ..1 —
M. MONPROFIT EST INVALIDÉ
« Immonde personnage » a clamé, hier,
notre ami Ceccaldi au chirurgien Monpro-
fit. Et la Chambre a approuvé en refusant
d'accepter sur ses bancs l'homme que ceux
qui ont eu l'honneur de mener en Anjou le
bon combat républicain savent le jésuite le
plus hypocrite et le plus dangereux qui
soit.
Pour triompher de son concurrent repu*
blicain, M. Monprofit a cru devoir em.
Fondateur : Fondateur!
AUGUSTE VACQUERIE .: r, AUGUSTE VACQUERJIC
ABONNEMENTS || B| : B4( J^gL JBP ■ WP^ H4 H : ANNONCES1^
'ans. 2 ir. 5 Ir. 9 ir. t8 fr.
Départew.ents 2 - 6 - t t - 20 - 6, Place de la Bour«
Union Postale 3_ 9- 46 — 32 et aux BUREAUX DU JOURNA
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- TRIBUNE LIBRE:
LES CHEMINOTS
Comment s'explique l'agi-
tation qui, chaque jour, se
manifeste parmi le monde
des travailleurs des chemins
de fer ? D'où vient ce mé-
contentement qui, dans ces
milieux si sages, si pondérés, et jus-
qu'à ce jour fermement attachés à leurs
devoirs, menace de jeter le trouble et
la révolte ?
Si les agitateurs de: la C. G. T. y ont
travaillé, ils n'ont pas une influence
suffisante sur ces ouvriers cons-
cients pour avoir pu le créer artificiei-
rement.
Il faut donc chercher ailleurs l'ori-
gine de ce mouvement.
Certes, la question des salaires a joué
un rôle. Mais les difficultés sérieuses
que rencontre toute augmentation des
- salaires d'une aussi nombreuse classe
, de travailleurs sont connues de tous, et
elles font que tous se rendent compte
que c'est par un effort méthodique, lent
et sage, que seront obtenus les résultats
souhaités.
Aussi juste que soit Paugmentation
demandée, les travailleurs des chemins
de fer ne seraient pas arrivés aux
moyens extrêmes avec une telle soudai-
neté si un sentiment de désillusion, de
mécontentement, venu d'ailleurs, ne les
avait aigris et prédisposés par avance
aux solutions violentes.
Trop longtemps on leur a fait atten-
dre la loi Berteaux-Rabier organisant
leurs retraites, trop longtemps on a te-
nu cette réforme en suspens, et la solu-
tion adoptée, attendue avec une fébrile
impatience, ne pouvait apporter à tous
la satisfaction désirée, produire la dé-
tente nécessaire, qu'à, la condition d'être
complète et de ne créer aucune désil-
lusion, aucune inégalité.
Malheureusement, il n'en fut point
ainsi. Après avoir trop attendu, sous
la. poussée de l'opinion le Sénat pro-
céda avec trop de hâte, et l'examen des
textes ne fut point suffisamment appro-
fondi. De son côté, la Chambre, pour
rendre la réforme définitive, sous l'im-
pulsion de Berteaux, Jaurès et Rabier,
et après consultation des représentants
de toutes les grandes organisations ou-
vrières des travailleurs des chemins de
fer, adopta sans examen et sans débat
le projet sénatorial.
On voulait aboutir. On y réussit. Mais
dès le lendemain du vote unanime de
la Chambre, dès le jour de la promulga-
tion de la loi, on s'aperçut que peut-
être un examen un peu plus long, mais
plus approfondi, n'eût ,pas été sans
avantage.
» Certains textes étaient ambigus, et
de la façon dont on les interprétait dé-
pendait le sort de la loi.
Profiterait-elle à tous les employés,
comme on l'avait pensé, comme on l'a-
vait voulu ?
N'aurait-elle, au contraire, qu'un ef-
fet partiel, et les avantages apportés par
elle seraient-ils l'apanage d'une partie
des employés seulement ?
Les uns disent oui, les autres disent
non. Les Compagnies étudient.
Mais, de l'avis de tous, le texte am-
bigu prête à la critique.
Et le personnel des chemins de fer,
déçu dans ses espérances, froissé, s'a-
gite.
C'est la cause certaine du premier
mécontentement, savamment exploité
par les violents, et dont ils espèrent ti-
rer de plus grands succès encore.
On pensait que la loi bénéficierait à
tous, toute crainte de restriction sou-
lève la colère.
On la veut plus large, on exige la ré-
troactivité qui en assurera à tous les
profits.. Et on en profite pour agiter à
côté l'augmentation des salaires et la
réglementation du travail.
Il faut dire que cette réclamation
concernant la nouvelle loi des retrai-
tes est juste. Ce n'est que l'exécution
de la volonté du législateur. Et pour la
faire aboutir, avec toute son énergie,
► toute son autorité, le ministre des tra-
vaux publics agit et négocie. Que peut-
on exiger de plus ?
Les chemins de fer de l'Etat placés
sous son contrôle viennent de donner
l'exemple, et, par un règlement soumis
à l'étude des organisations ouvrières du
réseau, accordent le bénéfice de la loi
r nouvelle à tout le personnel.
c Les Compagnies suivront, nous en
sommes sûrs. Rien n'est donc perdu.
i
Et il faut que, conservant tout leur
sang-froid, les travailleurs de la voie
ferrée sachent attendre. Il est équitaltfe
qu'ils se souviennent des conditions
dans lesquelles la loi a été votée, et
qu'ils ne fassent pas grief et au gou-
vernement et au Parlement d'une er-
reur dont ils ont leur part, et qui de-
main sera réparée par le législateur:
Il faut donc savoir attendre. La so-
lution équitable est certaine, proche..
Et Berteaux, le dévoué et éloquent por-
te-parole de leurs revendications, n'a
pas été contredit, hier, par le gouver-
nement, lorsqu'il a parlé de la rétroac-
tivité nécessaire de la loi des retraites..
Reate les deux autres questions. Elles
ne sont insolubles ni l'une ni l'autre,
si on veut tenir compte des faits éco-
nomiques, des possibilités financières.
La réglementation du travail ne peut
qu'être solutionnée humainement (par
l'homme averti qu'est M. Millerand.
Quant à l'augmentation des salaires,
incontestablement elle ne pourra être
réalisée que par étapes successives. Ses
répercussions financières, tant sur la si-
tuation des Compagnies que sur le bud-
get de l'Etat, sont lourdes, il faut les
examiner, les calculer. ,
D'un coup, on ne peut pas penser,
dans l'état actuel de nos finances, aug-
menter les dépenses de plus de cent mil-
lions.
Il faut commencer par ceux dont le
salaire est notoirement insuffisant et ne
répond plus aux nécessités actuelles de
la vie. Et beaucoup, plus favorisés,
sans renoncer à l'espérance de voir un
jour améliorer leur sort, doivent savoir
ajourner leur réclamation, pour per-
mettre aux petits salaires de recevoir
une première augmentation.
En unissant mieux leurs efforts, en
demandant à faire profiter l'adminis-
tration des réseaux de leur expérience,
en s'associant à cette administration, ils
pourront l'améliorer, la rendre plus
productive, et hâter ainsi, par leur pro-
pre effort, le jour où les résultats finan-
ciers meilleurs rendront possibles les
augmentations qu'ils souhaitent.
C'est la politique qu'indique et que
veut suivre le ministre des travaux pu-
blics. Elle sera féconde, si les travail-
leurs veulent l'adopter et la défendre,
et s'ils savent résister aux suggestions
violentes.
Marcel REGNIER.
1 »
LA POLITIQUE
LA TACHE QUI S'IMPOSE
La France a rempli son de-
voir de pieuse gratitude en fai-
sant aux petits marins du Plu-
viôse, morts à son service, des
funérailles dignes d'elle, di-
gne d'eux. La Nation a, comme on l'a
dit, élevé aux regards du Monde, vers
les régions sereines de la gloire impéris-
sable, la mémoire de ceux-là qui sont
tombés en préparant sa défense pour le
jour où viendrait le danger. Et la
solennité sera inoubliable qui rapprocha
et unit tous les cœurs battant d'une com-
mune et réconfortante émotion.
Mais l'heure n'est plus de pleurer. Il
convient que nous tirions, du sacrifice li-
brement consenti des marins du Pluviôse,
l'utile, la haute et décisive leçon.
Au lendemain des trop nombreux si-
nistres que notre marine a eu à enregis-
trer, et plus particulièrement après les
douloureuses épreuves du Lutin et du
Farfadet, on a soumis aux bureaux de la
rue Royale divers moyens de préserva-
tion, ou plutôt de sauvetage rapide des
unités naufragées : docks spéciaux, bou-
cles de relevage, cloches à air, dont cer-
tains ont déjà été expérimentés avec fruit
à l'étranger. Les bureaux ont-ils étudié
la possible utilisation des engins propo-
sés ? Nullement. Depuis, les spécialistes
ont insisté pour qu'on apportât aux sub-
mersibles de plus complètes mesures de
sécurité intérieure : l'augmentation de la
réserve d'air comprimé, le renforcement
et l'étanchéité absolue des cloisons inter-
nes. Les services techniques ont-ils tenti
compte de ces réclamations si justifiées. ?
Pas davantage.
Alors ?
Alors, il faut que, sous la poussée de
l'opinion, sous l'effort de volonté d'un
ministre énergique, disparaissent tout de
suite des bureaux cette insouciance
inouïe, cet esprit d'encrassement routi-
nier et surtout cette déplorable tendance
à repousser et à décourager les inven-
teurs,— esprit et tendances qui sont déjà
la cause de tant de maux irréparables.
Il faut que les techniciens sur qui pèse
la lourde responsabilité de la sécurité des
équipages à bord des sous-marins, en
aient enfin conscience et se décident à
examiner tous les systèmes qui leur sont
présentés, destinés non pas à prévenir les
accidents — où d'ailleurs la fatalité joue
son rôle, — mais à y soustraire le plus
possible de vies humaines.
Au nombre des inventions qui s'impo-
sent à leur attention, il s'en trouve dont
on est en droit d'espérer les plus heu-
reux résultats. Nous le démontrerons.
■ «
LES ON-DIT
■ »'»
Aujourd'hui vendredi ;
Lever du soleil à 3 h. 59 du matin j
Coucher à 8 h. 5 du soir.
Lever de la lune à 10 h. 3 du soir ;
Coucher à 4 h. 52 du matin.
Courses à Auteuil (PRIX DES DHAGS).
AUTREFOIS
Le Rappel, frappé d'interdiction par le
gouvérnement de t'Ordre moral, au nom
de la liberté, ne parait pas te. 25 juin 1874.
AUJOURD'HUI
Le train noir
11 est plus die minuit. Un long convoi
vient de s'arrêter en gare du Nord ; aucun
mouvement ne s'en élève. Il se compose de
dixisept fourgons et de deux wagons de
voyageurs. Dans les fourgons ont été pLa-
cés les cercueils des dix-sept marins du
Pluvidse, dont les corps dormiront bientôt,
en terre bretonne* leur dernier somimeil.
Des wagons, descendent lentement — tels
des ombres - et se dispersent par les
quais, sans une parole, dans une attitude
de dépression douloureuse, des hommes,
des femmes des adolescents vêtus d'ha-
bits de deuil et qui accompagnent vers le
pays iruatal le fils, le frère, le mari ou l'ami
bien aimé. Et le spectacle est poignant de
ces pauvres êtres entourés, il y a quelques
heures à peine, de la pompe glorieuse que
la France réserve à ses héros, et qui, main-
tenant,. par cette nuit d'été grise, humide,
presque froide, n'ont plus, dans la giare dé-
serte où tout bruit va s'éteindre, que l'hom-
mage de quelques fleurs éparses sur leur
cercueil.
Une vietiime des élections
Un homme paraissant âgé d'une cinquan-
taine d'années se présentait meroredi soir
aux huissiers du ministère de l'intérieur,
demandant à parler à M. Briand. Comme
on l'invitait à se faire connaître, il répondit
qu'il avait été candidat contre M. Jules Ro-
che, dans l'Ardèdhe, aux dernières élections
législatives, et développa son programme.
Comprenant à qui ils avaient affaire, les
huissiers firent conduire le malheureux
chez M. Rajaud, commissaire de police, qui
l'envoya à l'infirmerie spéciale du Dépôt.
Le candidat fou est pour faire pendant
au député privé de raison, qui ne siégea
pas, mais qui, durant la dernière législa-
ture, participa à tous les votes de la Cham-
bre. Au contraire du visiteur de M. Briand,
c'était le succès qui lui avait troublé la
cervelle. Il fut si heureux d'être envoyé au
Palais-Bourbon qu'il en délira aussitôt.
—-fr*—
Mortadelle
M. Augagneur a, parait-il, quelque chan-
ce d'adjoindre aux économies qu'il réaJisa
sur son million d'émoluments comme gou-
verneur général la rente viagère de 10,000
francs qu'il sollicite comme infirme.
Les certificats que lui rédigea le docteur
Augagneur sont d'une netteté et d'une pré-
cision tellement irréfutables qu'on ne sau-
rait contester sa demande.
Aussi, le spirituel Pierre Veber avise-t-il
au meilleur moyen de nous débarrasser de
l'exigeant ancien gouverneur.
Et comme M n'est pas de canapé aux res-
sorts assez puissants pour pouvoir recevoir
le député de Lyon., Veber s'est arrêté à
cette solution : « L'anden gouverneur de
Madagascar est d'un joli rose de morta-
delle très fraîeîhe : il donne faim. Si on
l'envoyait chez les anthropophages ? »
En est-il qui accepteraient ce coriace ca-
deau ?
*
• ■
»
M. Dujardin économise
Il est, parait-il, question de transférer
une partie des services du Conservatoire
dans les nouveaux locaux de la rue de Ma-
drid au mois d'octobre prochain, et, natu-
rellement, les classes d'abord.
Ce transfert, qui sera bien accueilli par
les professeurs et les élèves, met,, au con-
traire, la mort dans l'âme du petit person-
nel actuellement logé au Conservatoire et
pour lequel il n'y a pas de locaux prévus
rue de Madrid. Comme les mirifiques ap-
pointements de ces garçons de bureau, gar-
diens — une centaine de francs par mois
— ne seront pas augmentés, on voit ie
« trou » fait à ces budgets de famine.
Par contre, on va probablement « con-
server » et « loger » quelques sinéeuristes
bien rétribués, ayant depuis longtemps
droit à la retraite et ne rendant que de pro-
blématiques services ; entre autres,, un
haut employé devenu tellement invalide
qu'il ne peut ni signer ni se mouvoir, et
qu'on est obligé de lui adjoindre un sup-
pléant pour faire sa besogne : ce suppléant
est naturellement payé par le budget.
Nous n'avons aucun parti pris, mais
nous estimons qu'en lui octroyant la re-
traite à laquelle d'ailleurs il a droit, on
pourrait, sans augmenter le budget de la
couveuse où se forment nos cc espoirs »
lyriques ou dramatiques, donner une in-
demnité die logement aux pauvres diables
à trois francs par jour qui von t, dans cruel-
que3 mois., se trouver sans gite. Il est mê-
me probable qu'il resterait un reliquat.
Voilà, tout à la fois, une économie et une
bonne action que nous signalons à notre
éminent surintendant des Beaux-Arts, qui
peut, sans se déranger beaucoup, dire à M.
Dujardin de prier M. Beaumetz d'ouvrir
son œil léonin sur la Maison du faubourg
Poissonnière qu'il est chargé de gérer au
nom des contribuables ; à moins, toutefois,
qu'il ne préfère augmenter le matériel du
Conservatoire d'une voiture automobile
d'amibulance réservée aux invalides- de l'é-
tablissement.
1 J
Les Crédits supplémentaires
Le gouvernement a déposé un cahier de
crédits supplémentaires aux budgets de
1909 et 1910 ; les crédits se montent à cin-
quante millions ; ëp vue de leur examen, la
Chambre a procédé, hier, dans ses bu-
reaux, à la nomination d'une commission
du budget spéciale. Cette commission est
ainsi composée :
1er bureau, M. Massabuau ; 2e, M. Bou-
rély ; 3e, M. Caillaux ; 4e, M. Clémentel ;
5e, M. Berteaux ; 6e, M. Massé ; 7e„ M.
Ktotz ; 8e, M. Messimy ; 9e, M. Besnard ;
10°, M. Javal ; 11e, M. Bedouce.
La commission, où nous avons la 'satis-
faction de compter nombre de nos meil-
leurs amis, c'est constituée immédiatement
après sa inomination.
M. Berteaux a été élu président et M.
Caillaux rapporteur.
On a procédé à un premier examen des
crédits supplémentaires demandés par le
gouvernement pour 1909 et 1910.
M. Caillaux a été chargé d'obtenir des
ministres intéressés des explications, no-
tamment sur les dépenses de la guerre.
h'ŒuFe de Laïcité
La commission de statistique de ren-
seignement primaire vient de présenter son
rapport au ministre dé l'instruction publi-
que.
Il déborde de chiffres particulièrement si-
gnificatifs et de considérations qui répon-
dent, mieux que toute discussion, aux in-
sinuations réactionnaires.
En ce qui concerne les conscrits illettrés,
— pierre de touche des progrès de l'instruc-
tion, — on lit dans le rapport :
Le nombre des conscrits qui déclarent savoir
lire et- écrire est un indice des résultats de
l'enseignement primaire. Nous avons dit que,
quelque imparfait que fut ce mode de consta-
tation, il n'était pas cependant sans utilité : il
fournil le moyen de savoir combien il reste
encore, dans chaque génération, de jeunes gens
privés des première éïémenls de l'instruction.
Nous ajoultons qu'en Franoe cette statistique
porte sur tous les jeunes gens atteignant l'âge
du service militaire : parmi eux se trouvent des
anormaux, idiots, sourds-muets, aveugles, etc.,
qui ne sont pas admis au service et qui, '- ce-
pendant, grossissent la proportion des illettrés.
A cet égard, la statistique française n'est pas
comparable avec celle des autres Etats qui ne
constatent le degré d'instruction qu'après l'ad-
miésion des jeunes gens au service.
D'autre part, la statistique des illettrés par
département ne donne pas toujours une idée
exacte de l'instruction donnée aux enfants éle-
vés dans les écoles du département ; ainsi, ie
département de la Seine reçoit un grand nombre
de jeunes ouvriers des départements. où ils ont
échappé à l'enseignement primaire.
Quant à la proportion des conscrits illet-
trés, elle était de 56 °/ il y a un siècle.
Sucessivement. abaissée à 35 en 18GS à
22 en 1868, à 12 en 1881, la voici
à 4
Tout commentaire serait superflu.
• r-+
UN SUOCÈS
--:+.-+:--0
M. de Selves ne se contente plus d'être
préfet de Tarn et Seine, sénateur de Seine
et Garonne, académicien et capitaine de
territoriale, il a voulu essayer de se faire
élire socrmàtaire du Conseil général de la
Seine.
Au scrutin dTavant-hier, il a obtenu.
quatre voix qui ont été proclamées au mi-
lieu des riires discrets de l'assemblée.
Et certaine conseillers — gens de bonne
compagnie et d'aimables manières— s'em-
pressèrent de proditguer à M. de Selves les
félicitations qui s'imposaient.
Le préfet eut le mauvais goût, parait-il,
de ne les remercier que très froidement de
cette preuve de sympathie.
Et pourtant.
NOS HOTES
Les Souverains Bulgaros en France
■ ,
Le train royal, amenant en France les
souverains bulgares, est entré en gare
d'Igney-Avricourt hier matin, à huit heures
quarante-cinq et en est reparti quelques
minutes après. C'est à cette gare que le
docteur Dimitri Stanciof, ministre de Bul-
garie en France,, et le comte de Bourbou-
Ion, grand-chambellan, étaient allés atten-
dre le roi et la reine. Ceux-ci les ont invités
à prendre place dans un wagon-salon,
A Châlons-sur-Marne, à midi, les souve-
rains ont été salués par le préfet, le maire,
les adjoints et les membres du conseil mu-
nicipal.
Le général Goirand, commandant le 6°
corps d'armée ; le contre-amiral de Mont-
ferrand" le colonel Marette de Lagarenne,
le lieutenant-colonel Griache, le capitaine
Taboin, attachés aux personnes des souve-
rains, et M. Pozzi, du cabinet de M. Pi-
chon, attadhé aux personnes des ministres,
formant la mission extraordinaire chargée
d'aller recevoir le roi et la reine à leur en-
trée en Franoe,, se sont acquittés de cette
mission en gare de Châlons où ils sont
montés dans le train royal.
On sait que la suite du roi se compose,
outre le comte de Bourboulon, du général
Markof, aide de camp général ; du général
Fitahef, chef d'état-major de l'armée bud-
gare ; de MM. Dobrovitoh, chef de cabinet ;
le lieu-benantcolonel Stojanof, adde de
camp ; le comte de Clinctiamp, maître des
cérémonies, et de Chèvremont, se-crétaire.
La suite de la reine se compose de Mme
Sbanciof, femme du ministre de Bulgarie à
Paris, grande-maîtresse de la Cour ; de
Mlle Hakwnof, lectrice ; de Mlle Markof, de-
moiselle d'honneur, et de M. Drandar, se-
crétaire des commandements.
A LA GARE DU BOIS DE BOULOCNE
Depuis le matin, dix 'heures, la gare de la
Porte Dauphine a été fermée aux voya-
geurs et livrée aux tapissiers qui l'ont
transformée en salon d'honneur.
A l'enbrée est une marquise formée de ve-
lours grenat frangé d'or, soutenue par des
lances de bois doré ; les salles d'attente et
de distribution des billets ont été transfor-
mées en salon de réception, bouton d'or et
rose garni de meubles en bois doré et de
plates-bandes de fleurs, de corbeilles de
plantes vertes. Partout, des trophées de
drapeaux buJgiares et français. Les deux
escaliers conduisant aux quais et les piliers
soutenant les verrières sont tendus de ta-
pis et de draperies -rouges.
Sur le quai d'arrivée, dès deux heures,
une compagnie de la garde républicaine,
avec drapeau, a pris position. La. musique
occupe La galerie supérieure qui re!!ie les
deux escaliers. En haut, le général Dals-
tein, gouverneur militaire de Paris, avec
son état-major ; le colonel et les deux lieu-
tenants-colonels de la légion de la garde
sont groupés autour du petit jardin qui fait
face à la gare.
La place, les boulevards Lannes et Flan-
drin et l'avenue du Bois-de-Boulogne, dans
la partie voisine du débarcadère, sont bar-
rés par des (gardes à cheval et des gardiens
de la paix sous les ordres de leurs officiers
ou de nombreux officiers de paix.
M. Lépine, préfet de police ; MM. Lau-
rent, secrétaire général de la préfecture de
polioe, et Touny, directeur de la police mu-
nicipale, dirigent tout le service d'ordre
que la foule rend particulièrement odiffiffilc.
A partir de deux heures et demie, arri-
vent les personnages offidels. Tour à tour,,
entrent dans le salon, de réception : les
présidents du Sénat et de la Chambre des
députés, le président du conseil, les minis-
tres, le grand-chancelier de la Légion
d'honneur, les présidents du Conseil géné-
ral de la Seine et du Conseil municipal de
la Ville de Paris, les préfets de la Seine et
de police, la - direction du protocole, les
membres du Parlement, le personnel de
la légation bulgare à Paris, etc.
Le Président de la République a quitté
l'Elysée à deux heures trente-cinq pour se
rendre à la gare du Bois-de-Boulogne.
Il a pris place avec Mme Fallières et M.
Ramondou, secrétaire général de la prési-
dence, dans un landau attelé de quatre
chevaux en daumont, précédé du piqueur
Troude et encadré d'une escorte formé par
un escadron du 2e cuirassiers. Dans les au-
tres voitures suivent les officiers de la mai-
son militaire et M. Varenne, chef du secré-
tariat de la préfecture.
L'ARRIVÉE
A deux heures cinquante, le train royal,
qui a été amené de la frontière jusqu'à Pa-
is par MM. Picard, chef de l'exploitation,
et Ertzbischof, chef du mouvement, est si-
gnalé.
Le Président de la République et Mme
Fallières ; MM. Antonin Dubost et Brisson
ainsi que le président du Conseil, les mi-
nistres, et M. Mollard, directeur du proto-
cole, descend-ent sur le quai.
Une batterie d'artillerie, placée sur le
boulevard Lannes, au bastion 54, commen-
mence une salve de quarante coups de ca-
non, alors que soixante et un coups sont
tirés en même temps de l'Esplanade des
Invalides ; la musique de la garde exécute
l'hymne bulgare.
Lentement, le train royal, dont la loco-
motive est pavoisée de drapeaux bulgares
et français, entre en gare.
Les souverains descendent du wagon
salon, saluent le drapeau de la garde incli-
né devant eux. Après avoir échangé des
paroles de bienvenue et de remerciement
avec le Président de la République et Mme
Fallières, ils gagnent le salon où se font
les présentations.
Puis le cortège se forme, encadré du 2*
régiment de cuirassiers. -
Dans la première voiture se trouvent le
roi des Bulgares et M. Fallières ; dans la
seconde, la. reine et Mme Fallières, Mlle
Akanof et le général Goirand.
Les autres landaus, sont occupés comme
suit :
3* voiture. Mme Stanciof, Mlle Markof, le
comte de Bourboulon, M. Ramondou.
4e voiture. M. Manilof, M. Briand, M.
Stanciof, le contre-amiral de Montferrand.
5' voiture. Le général Paprikof, M. Pi-
chon, M. Paléologue, le colonel Marette de
Lagarenne.
60 voiture. M. Mouchanof, le général Mar-
kof, le général Fitchef, le lieutenant-colonel
Griache.
7* voiture. M. Dobrovitch, lieutenant-co-
lonel Stojanof, le comte de Clinchamp, un
officier de service de la présidence.
8e voiture. M. Drandar, M. de Chevre-
moUt, un officier de service de la prési-
dence, M. Varenne.
9* voiture. M. Nicolas Stanciof, M. MiIt$..
chef, M. Pozzi, M. le capitaine Tabouin.
DE LA GARE AU PALAIS ROYAL
Sur la place de -la gare le 119* régiment
d infanterie de ligne rend les honneurs.
Passant devant lés états-majors du gouver-
neur militaire de Paris, du commandant de
la place, le cortège s'engage dans l'avenue
du Bois-de-Boulogne pour arriver à la pla-
ce de l'Etoile, suivre l'avenue des Champs-
Elysées, traverser la place et le pont de la
Concorde et enfin arriver au Palais royal
quai d'Orsay.
Itinéraire sur lequel la haie est (formée
par la garde républicaine, les 6* et 70 divi-
sions d'infanterie, les sapeurs-pompiers, la
(1r' division de cavalerie (1er cuirassiers,
23° et 27' dragons}, la brigade de cuiras-
siers de Saint-Germain-Rambouillet (11' et
120 régiments), la brigade d'artillerie de
Versailles, la brigade d'artillerie de Vin-
cennes, le 26' bataillon de chasseurs, le 4
cennes,
groupe de zouaves, le bataillon de sapeurs
télégraphistes et celui des sapeurs aéros-
tiers du génie de Versailles.
Toutes ces troupes sont sous les ordres"
du gouverneur militaire de Paris, général
Dalstein.
De la garnie la Porte Dauphine jusqu'au
palais d'Orsay, sur tout le parcours, à gau-
che comme à droite, une foule compacte
se presse derrière les soldats.
Elle acclame vigoureusement Je roi et le
Président ; ses vivats redoublent au passa-
ge de la reine, qui salue avec grâce ; eMe
semble particulièrement émue de cet ac-
cueil enthousiaste que lui a réservé 'la po-
pulation parisienne ; elle dira, d'ailleurs,
tout à l'heure combien elle en a été touchée
et quel souvenir elle gardera. de son entrée
dans Paris.
A la place de l'Etoile, les voilures des
ministres, du président du Sénat et de la
Chambre, des membres du Conseil géné-
ral et du Conseil municipal, des préfets,
etc., etc., se sont détachées du cortège.
Seuls, M. et Mme Fallières, M. Briand,
président du- conseil, et M. Pichon, minis-
tre des affaires étrangères, apeompagnent
les souverains jusqu'au palais du minis-
tère-des affaires étrangères devenu Palais-
Royal : au sommet, flotte depuis le matin,
le drapeau bulgare aux couleurs superpo-
sées blanc, vert et rouge.
Il est trois heures et demie quand un
bataillon du 104* de ligne avec drapeau et
musique rend les honneurs : les souve-i
rains arrivent au quai d'Orsay.
Les appartements réservés au roi et à la
reine sont situés au premier étage. La dé-
coration qu'ils ont reçue est absolument
la même que celle qui fut faite lors des
précédentes visites officielles des souve-
rains étrangers.
Après quelques impressions échangées,
les souverains se sont retirés dans leurs
appartements, et M. et Mme Fallières ont
regagné le palais de l'Elysée par le quai
d'Orsay, le pont et la place de la Con-
corde, l'avenue des Champs-Elysées et
l'avenue Marigny.
VISITES
A quatre heures, les souverains bulga-
res, accompagnés d'une escorte, se sont
rendus à l'Elysée pour rendre visite au
président et à Mme Fallières.
La suite des souverains étant trop nom-
breuse pour pouvoir être logée toute au
palais royal, le président du conseil et les
ministres bulgares sont descendus à l'hO;,
tel Meurice. où un grand appartement a
été retenu à leur intention par les soina
de la légation de Bulgarie.
A quatre heures et demie, le roi Ferdi-
nand et la. reine Louise ont rendu visite
aux présidents des Chambres ; à sept heu-
res, ils ont reçu au Palais-Royal les chefs
des missions diplomatiques accrédités en
France et à huit heures, le président de la
République et Mme Fallières ont donné en
leur honneur, à l'Elysée, un grand dlner.
de gala.
DEUX ACCIDENTS
Vers deux heures, le capitaine Fabry, dl) *
24e de ligne, qui défilait à la tête de sa
compagnie, pour se rendre au-devant des
souverains bulgares, a été désarçonné par
son cheval, et blessé à la tête. d
Après avoir reçu des soins à l'hôpital
Beaujon. il a été reconduit à son domicile"
square des Batignolles.
— Un second accident s'est produit de-
vant la Chambre. Le cheval que montait
le général Tavernat a fait un brusque
écart et a désarçonné son cavalier, qui a
eu un poignet luxé et a reçu quelques con-
tusions à la tête.
——————————— ..,
A LA CHAMBRE
Une Exécution nécessaire
• ..1 —
M. MONPROFIT EST INVALIDÉ
« Immonde personnage » a clamé, hier,
notre ami Ceccaldi au chirurgien Monpro-
fit. Et la Chambre a approuvé en refusant
d'accepter sur ses bancs l'homme que ceux
qui ont eu l'honneur de mener en Anjou le
bon combat républicain savent le jésuite le
plus hypocrite et le plus dangereux qui
soit.
Pour triompher de son concurrent repu*
blicain, M. Monprofit a cru devoir em.
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