Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-05-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mai 1910 19 mai 1910
Description : 1910/05/19 (N14678). 1910/05/19 (N14678).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7544127z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
-",. V 14678. ., — 1 PRAIRIAL, AN 118
CINQ CENTIMES LE NUMERO
J- 1:;10' :
- lg* MAI 1810. 1 H.l *, c
Ib'--- -
Fondateur :
AUGUSTE YACQUERIE
ABONNEMENTS 1
VIIItÍ. Tnii util Six mois Va m
!taris. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 2 - e - t t - 20 -
Union Postale 3 M 0—16— 32 —
., 4." -' :. v -i»v w
PoBdate^ 3 Q
AUGUSTE VACOTEftir 1
ANNONCES
1 MM. LAGRANGE, CERF et C'.
6, Place de la Bourse
et aux PUREAUX DU JOURNAÉ
1 ., --:..
Adresser toutes les Communications an Directeur Adresser Lettres et Mandats au Directeur 1
ADMINISTRATION & RÉDACTION: 53, rue du Château-d'Eau : Téléphone 438-14. — De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre: Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
--.., .-
Pas d'équivoque
La Chambre nouvelle a
été nommée il y a dix jours
déjà. Dès le lendemain du
second tour de scrutin on a,
dans tous les journaux, fait
le compte des gains et des pertes de
chaque parti. Il semble, par suite, que
l'on devrait être fixé sur ce que sera
la majorité dans la nouvelle assem-
blée. ,
Il n'en est rien cependant et l'on se
demande de quels éléments cette ma-
jorité sera composée. Chacun la voit
d'après ses propres désirs. Le Temps
invite le gouvernement à se rapprocher
de ses amis les progressistes dont plu-
sieurs n'ont pas de plus ardent désir
que de prendre place dans la majorité.
Ce désir à vrai dire ne date point
ë'hier. Il y a longtemps que les modé-
rés pour qui c'est un supplice que
d'être éloignés du pouvoir ont tenté de
se rapprocher du Gouvernement. Ils
l'ont fait sous le ministère de M. Cle-
menceau et ont continué depuis que
M. Briand est président du Conseil.
Ils ne seraient point fâchés d'accen-
tuer encore le rapprochement. Mais
nombreux sont les républicains qui
voient là un vérntable danger.
Au cours de la campagne électorale
dernier. les progressistes presque
partout ont été les alliés de la réac-
tion. Ils ont rencontré en face d'eux
ides républicains qu'ils ont' 'combattus
aved énergie, quelquefois même avec
violence.
On s'3 demande ce qu'ils viendraient
faire dans une majorité républicaine.
Sans doute, ils ont l'arrière 'pensée
d'amener le Gouvernement à leur faire,
en échange de leur concoulrs, des con-
cessions. Mais le Gouvernement le peut-
il sans manquer à ses engagements et
à son programme ?
M. Briand doit, dès le lendemain de
la constitution définitive de la Cham-
bre nouvelle, faire une déclaration. On
a dit que le président du Conseil avait
adressé aux préfets une demande de
renseignements destinée à lui IfaiIie
connaître l'opinion précise des nou-
veaux élus sur les principales ques-
tions à l'ordre du jour et que, du ré-
sultat de cette enquête, il devait s'ins-
pjrer pour sa déclaration.
Que le Gouverneemnt cherche à con-
naître sur les principales réformes
susceptibles d'être discutées, l'opinion
des députés, il n'y a rien là que de
~tuitirel. Mais ce n'est point le résultat
de cette enquête qui doit le fixer sur le
sens de ses déclarations.
Les membres du cabinet actuel, ont,
sur ces différents points une opinion
personnelle. Ils ont eu plus d'une fois
l'occasion de l'exprimer soit avant les
élections, soit au cours de la campagne
récente.
Ou bien c'est cette opinion à laquel-
le le suffrage universel a aonné raison
et ils doivent rester au pouvoir pour
la faire prévaloit, ou bien le suffrage
universel lui a donné tort et dans ce
cas ils ont trop le souci de leur dignité,
de ce qu'ils doivent aux hautes fonc-
tions qu'ils occupent de ce qu'ils se
doivent à eux-mêmes pour se mainte-
nir aux affaires au prix d'un change-
ment d'attitude.
Il semble donc supàrflu d'épiloguer
sur ce que sera la majorité de demain.
Si, comme on l'affirme et comme nous
en sommes convaincu, la Chambre
nouvelle ne diffère pas sensiblement de
la précédente, la majorité ne peut être
que nettement républicaine et elle ne
peut soutenir qu'un cabinet qui prati-
quera une politique purement républi-
caine.
Puisque M. Briand et ses collègues
doivent se représenter le 1er Juin de-
vant les Chambres, c'est qu'ils iU-
ment que le pays le 24 avril et le 8. mai
a approuvé leur attitude. Ils ne peu-
vent par suite qu'y persévérer. On ne
comprendrait pas, en effet, qu'ils aban-
donnent certains projets, certaines
parties de leur programme. Ils doi-
vent reprendre leur œuvre au point où
elle était à la veille de la séparation
et en poursuivre la réalisation.
La Chambre, avant de se séparer,
avait, sur la demande même du gou-
vernement, inscrit à son ordre du jour
la discussion ae plusieurs projets qui
sont plus nécessaires que jamais.
Ce sont ceux qui ont Orait à la dé-
fense de l'école laïque.
Déposés par le ministre de l'Instruc-
tion publique et rapportés, ils peuvent
et doivent être repris dès le lendemain
de la constitution définitive de la nou-
velle Assemblée. - -
Rien ne s'opposera à ce qu'ils puis-
sent venir drapidement en discussion.
Ce sera pour la Chambre une mer-
veilleuse occasion de manifester son
sentiment sur l'une des questions qui,
à l'heure actuelle, est comme la pierre
de touche du républicanisme.
Au cours de la bataille dernière, au
second tour de scrutin surtout, les dé-
fenseurs de l'école laïque se sont na-
turellement groupés pour résister à la
poussée réactionnaire.
Aucun de ceux qui ont été élus avec
les voix de la droite, ne votera, on en
peut être assuré, les différents projets
déposés par M. Doumergue au cours
de la législature dernière.
Ainsi, M. Biand permettra dès "i
premier jour à une majorité nettement
et purement républicaine de se déga-
ger ; ainsi, il saura les concours suç:
lesquels il pourra compter, les hosti-
lités qui se dresseront en face de lui.
Ce qu'il importe, c'est que dès le dé-
but de la législature il ne puisse pas
y avoir la moindre équivoque, que le1
pays sache que le Gouvernement veut!
faire œuvre républicaine et que les
députés qui hésiteraient à s'associey à
cette œuvre ne soient pas tentés d'en-
trer àau.t U majorité.
La situation politique pendant les
quatre années qui viennent de s'écou-
ler a souvent manqué de clarté. Nous
souhaitons qu'il n'en soit pas de même
pendant la législature qui commence.
Pour cela, il est indispensable de dis-
siper l'équivoque des le premier jour.
C'est ce que nous espérons que feront
M. Briand et ses collègues.
Alfred MASSE,
Député de la ivièvre.
-
LA POLITIQUE
LA REFORME, D'ABORD !
Nous sommes tout heureux
de nous trouver d'accord avec
M. Lafferre.Au cours de la pré-
cédente législature, l'honorable
député de l'Hérault ne parta-
gea pas sur toutes les questions soule-
vées — et en particulier, sur celle de la
réforme électorale — l'opinion du Rap-
pel.
Aujourd'hui, M. Lafferre nous fait
l'honneur, en ce qui est de cette réforme,
d'accéder à notre façon de voir.
( Il y a, écrit-il, dans l'Action d'hier,
une question qu'il serait puéril d'éluder
et qu'il faut trancher d'abord dans un
sens ou dans l'autre : c'est la réforme
électorale. En vain répétera-t-on, poui
se dérober à un débat, que la Chambre
ne peut logiquement remettre en ques-
tion le mode de scrutin dont elle vient
de sortir, sous peine de se discréditer
elle-même dès ses premiers actes. Je pen-
se que l'ajournement serait une faute :
elle pèserait sur le reste de la législature.
Elle se mêlerait à tous les débats, elle
réapparaîtrait à toutes les heures criti-
ques, elle serait la menace incertaine
suspendue sur l'existence même de la
Chambre. »
Tout de même, le Temps, après avoir
enregÍstré avec empressement l'adhésion
de M. Lafferre sur la question d'oppor-
tunité et de procédure, se demande si ce
zèle un peu inattendu ne cache pas de
secrets et noirs desseins.
D'après notre confrère, le calcul de
certains députés est aujourd'hui de pro-
poser sournoisement de confondre la ré-
forme électorale avec la réforme admi-
nistrative, ou de subordonner celle-là à
celle-ci, ce qui reviendrait à les enterrer
toutes les deux.
D'un mot, on demanderait à M.
Briand un ,- tour de force ou un tour de
passe-passe ; d'être, par l'ajournement
ou les moyens dilatoires, le fossoyeur ou
l'escamoteur de la loi attendue.
Nous aimons à déclarer que nous ne
faisons pas à M. Lafferre l'injure de le
supposer capable de recourir à ces « ma-
nœuvres d'hypocrisie et d'habileté su-
balterne » dont parle le Temps. Que
servirait, au surplus ? L'énumération se-
rait intéressante, des projets que les lé-
gislatures passées s'efforcèrent d'enter-
rer et qui bientôt surgirent de leur tom-
be, plus vivaces, plus vigoureux que ja-
mais. Rien ne résiste à la poussée de
l'Idée; aucune roublardise, aucune embû-
che n'en saurait interrompre la marelle.
Tous les républicains sont d'accord,
depuis M. Jaurès jusqu'au Temps, en
passant par le gros de l'armée radicale,
pour proclamer l'urgence qu'il y a à so-
lutionner, dès la réunion de la Cham-
bre, le problème électoral. Il faut abor-
der cette question primordiale et inéluc-
table avec l'intention arrêtée de la ré-
soudre, de la liquider, — mais pas dans
le sens de l'avortement 1 5
Que nos amis radicaux se mettent à
la tête du mouvement, qu'ils sachent
faire taire les craintes infondées des so-
phistes et vaincre les hésitations des ti-
morés, et qu'ils ne laissent pas à d'au-
tres l'honneur d'avoir rendue effective la
réforme promise au pays, escomptée par
lui, et le profit qu'elle procurera à ceux
qui l'auront réalisée.
o J
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi:
Lever du soleil : 4 h. 18 du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 36 du soir. -
Lever de la lune : 1 h. 40 du soir.
Coucher de la lune: 2 h. 27 du iiiatiri.
Courses au Tremblay.
AUTREFOIS
Le Rappel du 19 mai 1874 :
En ce moment, on prépare au ministère
de l'intérieur un travail cnv-ue d'empêcher -
la destruction des oiseaux insectivores.
— Le tzar Alexandre a été faire une vi-
site de poltesse à la veuve de Napoléon 111,
samedi matin.
Le tzar est arrivé à Chislehurst à onze
heures et demie. Quelques personnes de la
suite de Vex-impératrice lui ont été présen-
tées.
La Correspondance Républicaine dit que
le tils de Napoléon III a obtenu le numéro
vingt-sept sur vingt-sept concurrents au
concours de Woolwieh. Il n'y a eu du reste
que vingt admissions.
- M. de Chaffentaine, général de btiga.
de, vient de mourir à Paris.
— Une terrible nouvelle arrive de Neiu-
York.
Trois énormes réservoirs d'eau se sont
crevés à Goshcn. comté de Hampshire,dans
le Massachusscts, détruisant presque trois
vïllages et emportant les usines les mai-
sons et les habitants. On compte une
soixantaine de morts.
Les pertes sont considérables.
— L'état du sculpteur Carpeaux s'est
amélioré, il a quitté la. maison Dubois et
est rentré à sa maison d'Auteuil.
Le Crand Prix
L'artkte de l'ex-secrétaire de la C. G. T.,
M..Griffuelhes, article dans lequel, on le
sait, le révolutionnaire demandait aux oir-
g&aii&aitioiis syndicales de saboter te
Grand-Prix, a fait plus de bruit que M.
Crïffueïheis ne l'espérait lui-même.
A vrai dire, après réflexion, on a corn-
jprâis à la Bou:ree du travail et à la C.G.T.
qu'il s'a!gi(hietr matin, le secrétaire de l'une des or-
'igianii&aftiojaâ sur lesquelles il faudrait
compter le pliis pour « salboter le Grand-
Prix », les cochers et chauffeurs, nous a
dit:
- Je suas persuadé que Gril'fiU'e>llhes
s'est tout simplement laissé aller à une de
ces boutades dont il est familier. Grif-
ifu^lîies n'ignore pas, en effet, que la jour-
née du Gjnaind-Prix n'est pas seulement la
journée des bourgeois.
ill suffit d'avoir fait un tour sur la pe-
louse, oe jour-là, .pour savoir quel est le
nombre des ouvriers qui vont aux cour-
ses. Ils sont certainement les plus nom-
breux.
D'autre part, la journée du Grand-Prix
est une journée fructueuse pour certaines
corporations ouvrières qu'on ne pourrait
priver de leurs bénéfices, de gaîté de
cœur.
Et notre interlocuteur nous affinme qu'il
•ne pense pas que M. Griffuelhes propose
son .projet, si toutefois il y a projet, au
comité eonifedertal.
A vous de donner
L'Amérique ne nous fournit pas seule-
ment de conserves, d'oncles à héritage et
de présidents chasseurs. Elle nous donne
encore de nouveaux jeux de cartes. D'ail-
leurs, les jeux qu'elle exporte sous des noms
yankee sont le plus souvent de vieux jeux
français, oubliés cllez nous depuis long-
temps.
Déjà nous devions à l'oncle Sam trois
façons charmantes de perdre notre ar-
gent : le whist, le poker et le bridge. Ce
dernier va être détrôné à son tour par un
nouveau jeu, qui vient de traverser 1 Atlan-
tique, le Five-Hundred. En français, cela
veut dire tout simplement le jeu de Cinq-
Cents, mais on se gardera bien de lui don-
ner ce nom vulgaire. Qui jouerait encore
au Puzzle si on lui restituait son vieux nom
de Jeu de Patience ?
Avant peu, on ne jouera plus que le Five-
Hundred dans les salons et dans les cerm
cles. On ne joue plus gue cela dans la colo-
nie américainé, et quand celle-ci donne
l'exemple.
Five-Hundred, ne veut pas dire qu'il faut
être cinq cents pour y jouer. Rassurez-vous,
on doit tout simplement marquer cinq cents
points pour gagner.
Ah 1 quand nous reviendra notre bonne manille
Avec un nom baroque acquis à Chicago ?
— ——- ♦ —— —'
Coups de Revolver ao Salon
M. Jean Sala prend sa toile pour cible
Nos lecteurs connaissent le conflit qui
s'est élevé au Salon de la Société Nationale
des Beaux-Arts entre le peintre Jean Sala
et le comité. L'artiste mécontent de voir
que sa toile avait été changée de place au
lendemain de l'ouverture du Salon, n'a ces-
sé de faire entendre ses protestations.
Devant le silence obstiné du comité qui
ne se décida pas à lui donner satisfaction,
M. Jean Sala voulut reprendre son tableau:
on ne le lui permit pas. L'autre jour, armé
d'une canne à pécbe; il creva à demi son
œuvre. Le comité ne broncha pas. Furieux
de cette inertie, le peintre espagnol résolut
de frapper un grand coup.
Hier matin, vers onze heures, M. Jean
Sala, rendu méconnaissable, grâce à une
barbe postiche, se présentait au guichet de
l'avenue d'Antin, et aprè6 avoir payé son
entrée' comme un simple visiteur, pénétrait
dans l'enceinte de l'exposition.
Après avoir erré quelques instants dans
les diverses parties du palais, afin de ne
pas éveiller l'attention, il se rendit salle X,
où se trouve placé le portrait des frères
Alex et Max Fischer, objet tbt conflit.
Tout à coup, quatre détonations reten-
tirent : M. Jean Sala venait de décharger
son revolver sur son œuvre. -
L'émoi fut considérable dans les salles :
un groupe de jeunes Anglaises s'enfuit en
poussant des cris d'effroi ; une vieille dame
tomba en syncope, pendant qu'accouraient
de tous côtés les gardiens renforcés d'a-
gents de police.
L'auteur de tout ce tapage se laissa alors
docilement conduire au poste voisin où
procès-verbal lui fut dressé.
Un examen rapide a permis ide consta-
ter que le tableau semble devoir sortir à
peu près indemne de l'aventure ; les balles,
logées un peu à gauche, causent des dégâts
insignifiants.
M. Sala a déclaré une fois de plus qu'il
était décidé à obtenir justice, sinon il affir-
me que la toile sera détruite.
Nous ne verrons pas
la Comète 1.
Lès Parisiens peuvent dormir
Quand rencontrerons-nous la queue de
la comète ?. C'est l<ï question du jour.
Certes, nous savons avec exactitude que la
brillante voyageuse passera entre le Soleil
et la Terre le 19 mai, vers trois heures et
demie du matin, mais c'est pour nous au-
tres profanes une satisfaction bien plato-
nique. Ce qui nous intéresse, c'est d'ap-
prendre à quel moment se produira la col-
lision entre notre atmosphère et la traîne
de cette dame du vaste monde, — si colli-
sion il doit y avoir.
Or, voici que des précisions (!) nous ar-
rivent. Notre confrère l'Intransigeant a
rendu visite, hier, à M. Bigourdan. le dis-
tingué astronome de l'Observatoire. Et M.
Bigourdan s'exprima de la sorte :
— Ditels bien qu'il est impossible, dans
l'état actuel de la science, de prédire avec
certitude le moment où nous rencontrerons
la queue de la comète de Halley. Cette
queue est bien dirigée dans un sens opposé
au Soleil, mais elle est loin d'être d'une ri-
gidité absolue, elle peut s'incurver en
avant ou en arrière,, donc impossible de
préciser à trois jours près.
- Mais, disons-nous, comment saurons-
nous Mais, l'instant redoutable est passé et
nous que
s'iJ est bien passé ?
— Nous n'en saurons rien du tout, et,
ajoute l'astronome en riant, c'est le seul
mauvais tour que nous jouera la comète.
— Ainsi, vous-même, vous ne vous ren-
drez pas compte de cette collision ?
— Pas du tout, les seuls savants qui
pourraient faire, peut-être, quelques cons-
tatations intéressantes sont les météorolo-
gistes.
« Possible, après tout, qu'il y ait quel-
ques phénomènes électriques ou magnéti-
ques. Mais, pour nous, repos complet jus-
qu'au 20 ou 21. à part les interviews de
journalistes, ajoute M. Bigourdan avec une
bonne humeur dépourvue de toute malice.
— Comment ! vous vous reposez mainte-
nant ? » -
— En ce qui concerne la comète, parfai-
tement. Depuis avant-hier, l'astre errant
est trop près du soleil pour que nous puis-
sions voir sa lumière propre, absolument
comme il vous est impossible de voir une
étoile en plein jour. Ce phénomène opti-
que persistera jusqu'à ce qu'elle soit de
nouveau à une distance suffisante.
- Et son tpassage devant le soleil ?
- Cela, c'est autre chose. Ce n'est évi-
demment que sur le côté de la terre qui
fera face au soleil que l'on pourra obser-
ver cette sorte d'éclipsé. Or, il sera en
France trois heures du matin. Donc, nous
pouvons dormir sur nos deux oreilles, nous
ne verrons rien.
— Mais pour la queue, n'a-t-on pas été
jusqu'à soutenir qu'elle n'existait pas, que
c'est une simple illusion d'optique ?
M. Bigourdan rit franchement.
— Il est aussi ridicule, dit-il, de prêten-
dre que cette chevelure astrale peut causer
des catastrophes que de prétendre qu'elle
n'existe pas. L'analyse spectrale y a ré-
vélé la présence incontestable d'hydrocar-
bures d'hydrogène. Mais, encore une fois,
rassurez les peureux, il n'y a rien à crain-
dre. Et quant aux curieux, calmez leur im-
patience : on ne reverra plus la comète
avant le 20 ou le 21, aux heures qui sui-
M'ont le coucher du. soleil..
LA MORT D'ÉDOUARD VII
Alphonse XIII en France
jW. paHièFes eatije
avec le Roi d'Espagne
Noisy-le-Roi, 17 mai.
Le Président de la République et le Roi
d'Espagne se sont rencontrés ce matin à
Noisy-Ie-Roi. petite localité située sur la
ligne de grande ceinture, à onze kilomètres
die Versailles et à une vingtaine de kilomè-
tres de Rambouillet.
Avant de quitter Madrid pouir aller à Lon-
dres assister aux obsèques d'Edouard VII,
le roi d'Espagne avait exprimé le désir de
profiter de son passage en France pour se
rencontrer avec le Président de la Répu-
blique.
M. Fallières s'empressa de faire savoir
que ce désir répondait à ses sentiments
personnels et qu'il serait heureux de s'en-
tretenir avec Alphonse XIII.
L'entrevue avant été ainsi décidée, 51 fut
convenu de part et d'autre qu'elle aurait
aieu à proximité de Rambouillet où, comme
on le sait, réside actuellement te PrôSsident
de la République. C'est ainsi que fut choi-
sie la gare de Noisy-le-Roi, uniquement
desservie par les trains de grande cein-
ture.
Le train royal, venant de Boréaux a été,
à Juvisy, é aiguillé sur la voie de la grande
ceintur et il a gagné Noisy-le-Roi en pas-
sant par Savigny-sur-Orge, Petit-Vaux,
Gravigny, Chilly Mazarin, Longjumeau,
Champlan, Massy-Palaiseau, Igny, Bièvres,
Vauiboyen. Jouy-en-Josas, Petit-Jouy, Ver-
sailles, Saint-Cyr et Bailly.
Un seul arrêt a eu lieu entre Juvisy et
Noisy-le-Roi, à Massy Palaiseau, pour per-
mettre au marquis del Muni, ambassadeur
d'Espagne à Paris, de saluer son souverain
qui l'a invité à prendre place dans son wa
gon-salon.
A NOISY-LE-ROI
Le Président de la République, qui avait
quitté Rambouillet en automobile, vers 9
heures, est arrivé à 9 h. 40 à Noisy-Le-Ro'
où se trouvaient déjà la marquise d-el Muni,
femme de l'ambassadeur d'Espagne ; le
marquis èt la marquise de Molina, M. Fcr-
raz, le comte Pradère, le opnsul général
d'Espagne à Paris, MM. Mollaro, directeur
du protocole ; Hennion, directeur de la Sû-
reté générale et Autrand, préfet de Seine et-
Oise.
En attendant l'arrivée du train royal,
M. Fallières, qui était accompagné par
deux de ses officiers d'ordonnance ; le ca-
pitaine de vaisseau Laugier et le CWïHfean-
dent Hellot, s'est entretenu, dans la salle
d'attente de la gare, avec la marquise del
Muni. et les membres de l'ambassade d'Es-
pagne.
Le Président de la République était en
redingote ; il avait à la boutonnière la ro-
sette de l'Ordre de Charles III.
A dix heures cinq. le train royal ayant
été signalé, le Président de la République
offire le bras à la marquise del Muni pour
l'aider à traverser la voie ; quelques se-
condes plus tard, le train, entre lentement
en gare. Le ROii, vêtui d'un veston noir et
tenant à la main un petit chapeau rond de
imême nuance, est debout à la portière du
wagon-salon. A peine le train a-t-il stoppé
que le souverain met pied à terre avec une
agilité toute juvénile.
Le Roi et le chef de l'Etat échangent une
cordiale poignée de mains.
Puis le souverain se dirige vers le grou-
pe formé par la marquise del Muni, les
membres de l'ambassade et les personna-
lités françaises. Il s'entretient un instant
avec la marquise del Muni et ses compa-
triotes. 1
Le Président de la République luî présen-
te ensuite MM. Mollard Hennion, le capi-
taine de vaisseau Laugier, le commandant
Hellot et M. Autrand. De son côté, le sou-
verain présente au Président de la Répu-
blique les personnages qui l'accompagnent:
le marquis Torrecilla, grand chambellan,
le duc de Avbar, le colonel Elorriaga et M.
de Quinonès" de Léon qui, avec le marquis
diel Muni étaient descendus du train à la
suite du Roi..
LA CONVERSATION
Les présentations terminées, le Roi in-
vite le Président de la République à mon-
ter dans son wagon-sa,lon. La conversa-
tion qui s'engage alors entre Alphonse XIII
et le chef de l'Etat se prolonge au-delà de
l'heure fixée pour le départ du train.
Afin d'éviter un trop grand retard, le
marquis Torrecilla, sur la demande des
fonctionnaires de la Compagnie va trou-
ver son souverain pour l'aviser que le mo-
ment est venu de remettre le train en mar-
che. A dix heures quarante, on voit réap-
paraître à la portière du wagon-salon le
Président de la République et le (Roi qui
continuent à converser. Tous deux redes-
cendent. sur le quai où sont restés les per-
sonnages de la suite du Roi, le marquis et
la marquise del Muni, iks membres de l'am-
bassade et les personnalités françaises.
Le souverain a.près avoir de nouveau
serré la main de ses compatriotes et des
notabilités françaises, prend congé du Pré-
sident de la République dans les termes
les (plus cordiaux. Il regagne son wagon-
salon et reste tête nue à la portière jusqu'à
ce que ilte train s'éloigne.
Le train royal est conduit par Saint-Ger-
main et Achères sur Persan-en-Beaumont
où il quitte la grande ceinture pour le ré-
seau du Nord.
A dix heures 50, le Présidient de la Répu-
blique repart en automobile pour Rambouil-
let avec M. Autrand, préfet de Seine-et-
Oise, qu'il a invité à déjeuner, le capitaine
de frégate Laugier et le commandant Hel-
lot.
La marquise del Muni les membres de
l'ambassade et les personnalités françaises
quittent quelques instants plus tard Ncwsy-
ie-Roi pour rentrer à Paris en automobile.
Uqe imposante géFéipie
a lieu i We;tmiq$ICF 4311
Londres, 17 mai.
Une foule énorme s'était massée ce ma-
tin le long du parcours suivi par le cortège
funèbre. Une mer humaine remplissait
Whitehall, le square du Parlement et
Westminster Bridge. De mémoire de poli-
cier, on n'avait pas vu un pareil écrase-
ment dans les rues de Londres.
DE BUCKINCHAM PALACE
A WESTMINSTER HALL
A 11 h. 30, le cercueil du roi a été enlevé
du palais de Buckingham par un officier
et douze hommes de la compagnie royale:
des grenadiers de la garde et placé sur un
affût de canon surmonté de la couronne et
des autres emblèmes de la monarchie an-
glaise.
Le cortège était précédé de~ l'êfàt..n)B.jO:f,'
général de l'armée, dur conseil de l'amirau-
té, des fekkmezéchaux. des amiraux de la
flotte. des officiers de l'armée de l'Inde.
Suivaient les musiques des gardes, grou-
pées ensemble avec les tambours et les fi",
fres. Ensuite venaient la compagnie roya-
le des grenadiers de la garde, le premier
valet de pied et le surintendant de la gar.
derobe du feu roi, précédant immédiate-
ment le cercueil, qui était encadré des deux
côtés de yeomen de la garde et d'écuyers.
Derrière le cercueil était porté l'éten-
dard royal, qui précédait immédiatement le
roi George V. Derrière lui marchaient le
duc de Cornouailles et le prince Albert.
Puis venaient, marchant trois de front. les
souverains et princes étrangers, parmi les-
quels les rois de Danemark et de Norvège,
le duc de Saxe-Cobourg-Gotha et le grand-
duc Michel Alexandrovitch.
A WESTMINSTER HALL
La salle de Westminster Hall était sans
drapeau, simple et nue. Les hérauts d'ar-
mes portant les couleurs du roi arrivèrent
les premiers avec les officiers et les dames
d'honneur de la roine, et prirent piaoc de-
vant le portail. Parmi eux, on remarquait
le duc de Norfolk, le bâton de maréchal à
la main. Sur le grand escalier du fond et
sous le vitrail s'étaient groupés la maîtrise
de Westminster Abibey et les enfants de la
chapelle royale,
■"* Peu à peu, les assistants entrèrent en si-
lence. Les membres de la Chambre des
Cominaft^ entrèrent- d'abord par lion des *
bas-cotés. avec leur président, en perruque
et robe d'apparat, au *reniier rang. Puis,
en face,-de l'autre côté du catafalque, les
lords firent leur apparition en procession
solennelle. Derrière eux venait le gentil-
homme huissier de la Verge Noire (Biack
Rod) et le lord-chancelier.
L'archevêque de Cantorbéry traversa en-<
suite la nef dans toute sa. longueur, précédé
par les porteurs de crucifix, et vint se pla-
cer sous l'entrée du erand portail.
Tous ces préparatifs étaient pleins de
simplicité. On n'entendait au dehors que
le glas doux et espaoé de Big Ben, qui son-
nait pour la première fois à l'occasion de
la mort d'un roi ; puis la marche funèbre
de Hœndel, jouée par la musique militaire.
C'était le .cortège qui arrivait.
Les officiers généraux et les amiraux de
la flotte entrèrent les premiers. Lord Kit- -
chener marchait aux côtés de lord Ro-
berts. Par derrière venait, seul, l'amiral
Fisher. Ils se divisèrent en deux files et
allèrent se ranger sur les marches du fond
de la salle.
Puis le cercueil, couvert de l'étendard
royal, entra sur les épaules des carabiniers
de la garde, suivi des insignes royaux.,
Puis vint le roi, en uniforme d'amiral,
l'impératrice de Russie, et entre eux. la
reine Alexandra. La reine-mère avait la
tête droite et conduisait elle-même le deuil.
Elle était suivie de la reine Mary et des
deux princes, les plus âgés marchant timi-
dement côte à côte.
Au bout du cortège, quand les portes se
furent fermées et quand l'office religieux
commença, la nef présentait un aspect im-
posant. Au delà des membres de la Cham-
bre des Communes et des Lords, debout
en face les uns des autres, on apercevait
dans le fond le groupe des officiers géné-i
raux, massés sur les marches où fut jadis
condamné Charles 1er. Et au-dessus de ces
uniformes, les surplis et les chasubles dee
officiants. Au centre de la salle, haut sur
son catafalque, le cercueil, surmonté des
insignes de la couronne. Debout par der-
rière, dominant la salle, se tenait l'arche-
vêque de Cantorbéry.
Le service religieux fut court et recueilli.
Des hymnes chantés, sans accompagne-
ments, alternaient avec les prières récitées
par l'archevêque de Cantorbéry. L'émotion
des assistants était visible.
Puis le cortège, précédé de la famille
royale, se retira avec simplicité. ÎTa reine
Alexandra, toujours entre le roi et sa
sœur, l'impératrice de Russie, s'inclinait à
droite et à gauche pour remercier les as*
sistants. ,." t
Dans la cour, une compagnie d'infanterie
coloniale rendait les honneurs, drapeau à
terre et en présentant lés armes.
L'ensemble de la cérémonie eut à la lOIS
un caractère grandiose et familial.
-
LA MISSION FRANÇAISE
AUX FUNERAILLES D'EDOUARD Vit
On sait que, d'après le cérémonial fixé,
les souverains doivent suivre à cheval le
cortège funèbre du roi Edouard VII, de
Westminster à la gare de Paddington.
MM. Pichon et Roosevelt suivront les
corps en voiture.
Les autres missions extraordinaires de-
vront se rendre directement à. la gare de
Paddington.
Lord Granville et les capitaines d, e vais*
seau Seymour et Fortescue. aides de camp,
du feu roi, seront attachés à la personne
de M. Pichon pendant son séjour en Angle-
CINQ CENTIMES LE NUMERO
J- 1:;10' :
- lg* MAI 1810. 1 H.l *, c
Ib'--- -
Fondateur :
AUGUSTE YACQUERIE
ABONNEMENTS 1
VIIItÍ. Tnii util Six mois Va m
!taris. 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements 2 - e - t t - 20 -
Union Postale 3 M 0—16— 32 —
., 4." -' :. v -i»v w
PoBdate^ 3 Q
AUGUSTE VACOTEftir 1
ANNONCES
1 MM. LAGRANGE, CERF et C'.
6, Place de la Bourse
et aux PUREAUX DU JOURNAÉ
1 ., --:..
Adresser toutes les Communications an Directeur Adresser Lettres et Mandats au Directeur 1
ADMINISTRATION & RÉDACTION: 53, rue du Château-d'Eau : Téléphone 438-14. — De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre: Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
--.., .-
Pas d'équivoque
La Chambre nouvelle a
été nommée il y a dix jours
déjà. Dès le lendemain du
second tour de scrutin on a,
dans tous les journaux, fait
le compte des gains et des pertes de
chaque parti. Il semble, par suite, que
l'on devrait être fixé sur ce que sera
la majorité dans la nouvelle assem-
blée. ,
Il n'en est rien cependant et l'on se
demande de quels éléments cette ma-
jorité sera composée. Chacun la voit
d'après ses propres désirs. Le Temps
invite le gouvernement à se rapprocher
de ses amis les progressistes dont plu-
sieurs n'ont pas de plus ardent désir
que de prendre place dans la majorité.
Ce désir à vrai dire ne date point
ë'hier. Il y a longtemps que les modé-
rés pour qui c'est un supplice que
d'être éloignés du pouvoir ont tenté de
se rapprocher du Gouvernement. Ils
l'ont fait sous le ministère de M. Cle-
menceau et ont continué depuis que
M. Briand est président du Conseil.
Ils ne seraient point fâchés d'accen-
tuer encore le rapprochement. Mais
nombreux sont les républicains qui
voient là un vérntable danger.
Au cours de la campagne électorale
dernier. les progressistes presque
partout ont été les alliés de la réac-
tion. Ils ont rencontré en face d'eux
ides républicains qu'ils ont' 'combattus
aved énergie, quelquefois même avec
violence.
On s'3 demande ce qu'ils viendraient
faire dans une majorité républicaine.
Sans doute, ils ont l'arrière 'pensée
d'amener le Gouvernement à leur faire,
en échange de leur concoulrs, des con-
cessions. Mais le Gouvernement le peut-
il sans manquer à ses engagements et
à son programme ?
M. Briand doit, dès le lendemain de
la constitution définitive de la Cham-
bre nouvelle, faire une déclaration. On
a dit que le président du Conseil avait
adressé aux préfets une demande de
renseignements destinée à lui IfaiIie
connaître l'opinion précise des nou-
veaux élus sur les principales ques-
tions à l'ordre du jour et que, du ré-
sultat de cette enquête, il devait s'ins-
pjrer pour sa déclaration.
Que le Gouverneemnt cherche à con-
naître sur les principales réformes
susceptibles d'être discutées, l'opinion
des députés, il n'y a rien là que de
~tuitirel. Mais ce n'est point le résultat
de cette enquête qui doit le fixer sur le
sens de ses déclarations.
Les membres du cabinet actuel, ont,
sur ces différents points une opinion
personnelle. Ils ont eu plus d'une fois
l'occasion de l'exprimer soit avant les
élections, soit au cours de la campagne
récente.
Ou bien c'est cette opinion à laquel-
le le suffrage universel a aonné raison
et ils doivent rester au pouvoir pour
la faire prévaloit, ou bien le suffrage
universel lui a donné tort et dans ce
cas ils ont trop le souci de leur dignité,
de ce qu'ils doivent aux hautes fonc-
tions qu'ils occupent de ce qu'ils se
doivent à eux-mêmes pour se mainte-
nir aux affaires au prix d'un change-
ment d'attitude.
Il semble donc supàrflu d'épiloguer
sur ce que sera la majorité de demain.
Si, comme on l'affirme et comme nous
en sommes convaincu, la Chambre
nouvelle ne diffère pas sensiblement de
la précédente, la majorité ne peut être
que nettement républicaine et elle ne
peut soutenir qu'un cabinet qui prati-
quera une politique purement républi-
caine.
Puisque M. Briand et ses collègues
doivent se représenter le 1er Juin de-
vant les Chambres, c'est qu'ils iU-
ment que le pays le 24 avril et le 8. mai
a approuvé leur attitude. Ils ne peu-
vent par suite qu'y persévérer. On ne
comprendrait pas, en effet, qu'ils aban-
donnent certains projets, certaines
parties de leur programme. Ils doi-
vent reprendre leur œuvre au point où
elle était à la veille de la séparation
et en poursuivre la réalisation.
La Chambre, avant de se séparer,
avait, sur la demande même du gou-
vernement, inscrit à son ordre du jour
la discussion ae plusieurs projets qui
sont plus nécessaires que jamais.
Ce sont ceux qui ont Orait à la dé-
fense de l'école laïque.
Déposés par le ministre de l'Instruc-
tion publique et rapportés, ils peuvent
et doivent être repris dès le lendemain
de la constitution définitive de la nou-
velle Assemblée. - -
Rien ne s'opposera à ce qu'ils puis-
sent venir drapidement en discussion.
Ce sera pour la Chambre une mer-
veilleuse occasion de manifester son
sentiment sur l'une des questions qui,
à l'heure actuelle, est comme la pierre
de touche du républicanisme.
Au cours de la bataille dernière, au
second tour de scrutin surtout, les dé-
fenseurs de l'école laïque se sont na-
turellement groupés pour résister à la
poussée réactionnaire.
Aucun de ceux qui ont été élus avec
les voix de la droite, ne votera, on en
peut être assuré, les différents projets
déposés par M. Doumergue au cours
de la législature dernière.
Ainsi, M. Biand permettra dès "i
premier jour à une majorité nettement
et purement républicaine de se déga-
ger ; ainsi, il saura les concours suç:
lesquels il pourra compter, les hosti-
lités qui se dresseront en face de lui.
Ce qu'il importe, c'est que dès le dé-
but de la législature il ne puisse pas
y avoir la moindre équivoque, que le1
pays sache que le Gouvernement veut!
faire œuvre républicaine et que les
députés qui hésiteraient à s'associey à
cette œuvre ne soient pas tentés d'en-
trer àau.t U majorité.
La situation politique pendant les
quatre années qui viennent de s'écou-
ler a souvent manqué de clarté. Nous
souhaitons qu'il n'en soit pas de même
pendant la législature qui commence.
Pour cela, il est indispensable de dis-
siper l'équivoque des le premier jour.
C'est ce que nous espérons que feront
M. Briand et ses collègues.
Alfred MASSE,
Député de la ivièvre.
-
LA POLITIQUE
LA REFORME, D'ABORD !
Nous sommes tout heureux
de nous trouver d'accord avec
M. Lafferre.Au cours de la pré-
cédente législature, l'honorable
député de l'Hérault ne parta-
gea pas sur toutes les questions soule-
vées — et en particulier, sur celle de la
réforme électorale — l'opinion du Rap-
pel.
Aujourd'hui, M. Lafferre nous fait
l'honneur, en ce qui est de cette réforme,
d'accéder à notre façon de voir.
( Il y a, écrit-il, dans l'Action d'hier,
une question qu'il serait puéril d'éluder
et qu'il faut trancher d'abord dans un
sens ou dans l'autre : c'est la réforme
électorale. En vain répétera-t-on, poui
se dérober à un débat, que la Chambre
ne peut logiquement remettre en ques-
tion le mode de scrutin dont elle vient
de sortir, sous peine de se discréditer
elle-même dès ses premiers actes. Je pen-
se que l'ajournement serait une faute :
elle pèserait sur le reste de la législature.
Elle se mêlerait à tous les débats, elle
réapparaîtrait à toutes les heures criti-
ques, elle serait la menace incertaine
suspendue sur l'existence même de la
Chambre. »
Tout de même, le Temps, après avoir
enregÍstré avec empressement l'adhésion
de M. Lafferre sur la question d'oppor-
tunité et de procédure, se demande si ce
zèle un peu inattendu ne cache pas de
secrets et noirs desseins.
D'après notre confrère, le calcul de
certains députés est aujourd'hui de pro-
poser sournoisement de confondre la ré-
forme électorale avec la réforme admi-
nistrative, ou de subordonner celle-là à
celle-ci, ce qui reviendrait à les enterrer
toutes les deux.
D'un mot, on demanderait à M.
Briand un ,- tour de force ou un tour de
passe-passe ; d'être, par l'ajournement
ou les moyens dilatoires, le fossoyeur ou
l'escamoteur de la loi attendue.
Nous aimons à déclarer que nous ne
faisons pas à M. Lafferre l'injure de le
supposer capable de recourir à ces « ma-
nœuvres d'hypocrisie et d'habileté su-
balterne » dont parle le Temps. Que
servirait, au surplus ? L'énumération se-
rait intéressante, des projets que les lé-
gislatures passées s'efforcèrent d'enter-
rer et qui bientôt surgirent de leur tom-
be, plus vivaces, plus vigoureux que ja-
mais. Rien ne résiste à la poussée de
l'Idée; aucune roublardise, aucune embû-
che n'en saurait interrompre la marelle.
Tous les républicains sont d'accord,
depuis M. Jaurès jusqu'au Temps, en
passant par le gros de l'armée radicale,
pour proclamer l'urgence qu'il y a à so-
lutionner, dès la réunion de la Cham-
bre, le problème électoral. Il faut abor-
der cette question primordiale et inéluc-
table avec l'intention arrêtée de la ré-
soudre, de la liquider, — mais pas dans
le sens de l'avortement 1 5
Que nos amis radicaux se mettent à
la tête du mouvement, qu'ils sachent
faire taire les craintes infondées des so-
phistes et vaincre les hésitations des ti-
morés, et qu'ils ne laissent pas à d'au-
tres l'honneur d'avoir rendue effective la
réforme promise au pays, escomptée par
lui, et le profit qu'elle procurera à ceux
qui l'auront réalisée.
o J
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi:
Lever du soleil : 4 h. 18 du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 36 du soir. -
Lever de la lune : 1 h. 40 du soir.
Coucher de la lune: 2 h. 27 du iiiatiri.
Courses au Tremblay.
AUTREFOIS
Le Rappel du 19 mai 1874 :
En ce moment, on prépare au ministère
de l'intérieur un travail cnv-ue d'empêcher -
la destruction des oiseaux insectivores.
— Le tzar Alexandre a été faire une vi-
site de poltesse à la veuve de Napoléon 111,
samedi matin.
Le tzar est arrivé à Chislehurst à onze
heures et demie. Quelques personnes de la
suite de Vex-impératrice lui ont été présen-
tées.
La Correspondance Républicaine dit que
le tils de Napoléon III a obtenu le numéro
vingt-sept sur vingt-sept concurrents au
concours de Woolwieh. Il n'y a eu du reste
que vingt admissions.
- M. de Chaffentaine, général de btiga.
de, vient de mourir à Paris.
— Une terrible nouvelle arrive de Neiu-
York.
Trois énormes réservoirs d'eau se sont
crevés à Goshcn. comté de Hampshire,dans
le Massachusscts, détruisant presque trois
vïllages et emportant les usines les mai-
sons et les habitants. On compte une
soixantaine de morts.
Les pertes sont considérables.
— L'état du sculpteur Carpeaux s'est
amélioré, il a quitté la. maison Dubois et
est rentré à sa maison d'Auteuil.
Le Crand Prix
L'artkte de l'ex-secrétaire de la C. G. T.,
M..Griffuelhes, article dans lequel, on le
sait, le révolutionnaire demandait aux oir-
g&aii&aitioiis syndicales de saboter te
Grand-Prix, a fait plus de bruit que M.
Crïffueïheis ne l'espérait lui-même.
A vrai dire, après réflexion, on a corn-
jprâis à la Bou:ree du travail et à la C.G.T.
qu'il s'a!gi
'igianii&aftiojaâ sur lesquelles il faudrait
compter le pliis pour « salboter le Grand-
Prix », les cochers et chauffeurs, nous a
dit:
- Je suas persuadé que Gril'fiU'e>llhes
s'est tout simplement laissé aller à une de
ces boutades dont il est familier. Grif-
ifu^lîies n'ignore pas, en effet, que la jour-
née du Gjnaind-Prix n'est pas seulement la
journée des bourgeois.
ill suffit d'avoir fait un tour sur la pe-
louse, oe jour-là, .pour savoir quel est le
nombre des ouvriers qui vont aux cour-
ses. Ils sont certainement les plus nom-
breux.
D'autre part, la journée du Grand-Prix
est une journée fructueuse pour certaines
corporations ouvrières qu'on ne pourrait
priver de leurs bénéfices, de gaîté de
cœur.
Et notre interlocuteur nous affinme qu'il
•ne pense pas que M. Griffuelhes propose
son .projet, si toutefois il y a projet, au
comité eonifedertal.
A vous de donner
L'Amérique ne nous fournit pas seule-
ment de conserves, d'oncles à héritage et
de présidents chasseurs. Elle nous donne
encore de nouveaux jeux de cartes. D'ail-
leurs, les jeux qu'elle exporte sous des noms
yankee sont le plus souvent de vieux jeux
français, oubliés cllez nous depuis long-
temps.
Déjà nous devions à l'oncle Sam trois
façons charmantes de perdre notre ar-
gent : le whist, le poker et le bridge. Ce
dernier va être détrôné à son tour par un
nouveau jeu, qui vient de traverser 1 Atlan-
tique, le Five-Hundred. En français, cela
veut dire tout simplement le jeu de Cinq-
Cents, mais on se gardera bien de lui don-
ner ce nom vulgaire. Qui jouerait encore
au Puzzle si on lui restituait son vieux nom
de Jeu de Patience ?
Avant peu, on ne jouera plus que le Five-
Hundred dans les salons et dans les cerm
cles. On ne joue plus gue cela dans la colo-
nie américainé, et quand celle-ci donne
l'exemple.
Five-Hundred, ne veut pas dire qu'il faut
être cinq cents pour y jouer. Rassurez-vous,
on doit tout simplement marquer cinq cents
points pour gagner.
Ah 1 quand nous reviendra notre bonne manille
Avec un nom baroque acquis à Chicago ?
— ——- ♦ —— —'
Coups de Revolver ao Salon
M. Jean Sala prend sa toile pour cible
Nos lecteurs connaissent le conflit qui
s'est élevé au Salon de la Société Nationale
des Beaux-Arts entre le peintre Jean Sala
et le comité. L'artiste mécontent de voir
que sa toile avait été changée de place au
lendemain de l'ouverture du Salon, n'a ces-
sé de faire entendre ses protestations.
Devant le silence obstiné du comité qui
ne se décida pas à lui donner satisfaction,
M. Jean Sala voulut reprendre son tableau:
on ne le lui permit pas. L'autre jour, armé
d'une canne à pécbe; il creva à demi son
œuvre. Le comité ne broncha pas. Furieux
de cette inertie, le peintre espagnol résolut
de frapper un grand coup.
Hier matin, vers onze heures, M. Jean
Sala, rendu méconnaissable, grâce à une
barbe postiche, se présentait au guichet de
l'avenue d'Antin, et aprè6 avoir payé son
entrée' comme un simple visiteur, pénétrait
dans l'enceinte de l'exposition.
Après avoir erré quelques instants dans
les diverses parties du palais, afin de ne
pas éveiller l'attention, il se rendit salle X,
où se trouve placé le portrait des frères
Alex et Max Fischer, objet tbt conflit.
Tout à coup, quatre détonations reten-
tirent : M. Jean Sala venait de décharger
son revolver sur son œuvre. -
L'émoi fut considérable dans les salles :
un groupe de jeunes Anglaises s'enfuit en
poussant des cris d'effroi ; une vieille dame
tomba en syncope, pendant qu'accouraient
de tous côtés les gardiens renforcés d'a-
gents de police.
L'auteur de tout ce tapage se laissa alors
docilement conduire au poste voisin où
procès-verbal lui fut dressé.
Un examen rapide a permis ide consta-
ter que le tableau semble devoir sortir à
peu près indemne de l'aventure ; les balles,
logées un peu à gauche, causent des dégâts
insignifiants.
M. Sala a déclaré une fois de plus qu'il
était décidé à obtenir justice, sinon il affir-
me que la toile sera détruite.
Nous ne verrons pas
la Comète 1.
Lès Parisiens peuvent dormir
Quand rencontrerons-nous la queue de
la comète ?. C'est l<ï question du jour.
Certes, nous savons avec exactitude que la
brillante voyageuse passera entre le Soleil
et la Terre le 19 mai, vers trois heures et
demie du matin, mais c'est pour nous au-
tres profanes une satisfaction bien plato-
nique. Ce qui nous intéresse, c'est d'ap-
prendre à quel moment se produira la col-
lision entre notre atmosphère et la traîne
de cette dame du vaste monde, — si colli-
sion il doit y avoir.
Or, voici que des précisions (!) nous ar-
rivent. Notre confrère l'Intransigeant a
rendu visite, hier, à M. Bigourdan. le dis-
tingué astronome de l'Observatoire. Et M.
Bigourdan s'exprima de la sorte :
— Ditels bien qu'il est impossible, dans
l'état actuel de la science, de prédire avec
certitude le moment où nous rencontrerons
la queue de la comète de Halley. Cette
queue est bien dirigée dans un sens opposé
au Soleil, mais elle est loin d'être d'une ri-
gidité absolue, elle peut s'incurver en
avant ou en arrière,, donc impossible de
préciser à trois jours près.
- Mais, disons-nous, comment saurons-
nous Mais, l'instant redoutable est passé et
nous que
s'iJ est bien passé ?
— Nous n'en saurons rien du tout, et,
ajoute l'astronome en riant, c'est le seul
mauvais tour que nous jouera la comète.
— Ainsi, vous-même, vous ne vous ren-
drez pas compte de cette collision ?
— Pas du tout, les seuls savants qui
pourraient faire, peut-être, quelques cons-
tatations intéressantes sont les météorolo-
gistes.
« Possible, après tout, qu'il y ait quel-
ques phénomènes électriques ou magnéti-
ques. Mais, pour nous, repos complet jus-
qu'au 20 ou 21. à part les interviews de
journalistes, ajoute M. Bigourdan avec une
bonne humeur dépourvue de toute malice.
— Comment ! vous vous reposez mainte-
nant ? » -
— En ce qui concerne la comète, parfai-
tement. Depuis avant-hier, l'astre errant
est trop près du soleil pour que nous puis-
sions voir sa lumière propre, absolument
comme il vous est impossible de voir une
étoile en plein jour. Ce phénomène opti-
que persistera jusqu'à ce qu'elle soit de
nouveau à une distance suffisante.
- Et son tpassage devant le soleil ?
- Cela, c'est autre chose. Ce n'est évi-
demment que sur le côté de la terre qui
fera face au soleil que l'on pourra obser-
ver cette sorte d'éclipsé. Or, il sera en
France trois heures du matin. Donc, nous
pouvons dormir sur nos deux oreilles, nous
ne verrons rien.
— Mais pour la queue, n'a-t-on pas été
jusqu'à soutenir qu'elle n'existait pas, que
c'est une simple illusion d'optique ?
M. Bigourdan rit franchement.
— Il est aussi ridicule, dit-il, de prêten-
dre que cette chevelure astrale peut causer
des catastrophes que de prétendre qu'elle
n'existe pas. L'analyse spectrale y a ré-
vélé la présence incontestable d'hydrocar-
bures d'hydrogène. Mais, encore une fois,
rassurez les peureux, il n'y a rien à crain-
dre. Et quant aux curieux, calmez leur im-
patience : on ne reverra plus la comète
avant le 20 ou le 21, aux heures qui sui-
M'ont le coucher du. soleil..
LA MORT D'ÉDOUARD VII
Alphonse XIII en France
jW. paHièFes eatije
avec le Roi d'Espagne
Noisy-le-Roi, 17 mai.
Le Président de la République et le Roi
d'Espagne se sont rencontrés ce matin à
Noisy-Ie-Roi. petite localité située sur la
ligne de grande ceinture, à onze kilomètres
die Versailles et à une vingtaine de kilomè-
tres de Rambouillet.
Avant de quitter Madrid pouir aller à Lon-
dres assister aux obsèques d'Edouard VII,
le roi d'Espagne avait exprimé le désir de
profiter de son passage en France pour se
rencontrer avec le Président de la Répu-
blique.
M. Fallières s'empressa de faire savoir
que ce désir répondait à ses sentiments
personnels et qu'il serait heureux de s'en-
tretenir avec Alphonse XIII.
L'entrevue avant été ainsi décidée, 51 fut
convenu de part et d'autre qu'elle aurait
aieu à proximité de Rambouillet où, comme
on le sait, réside actuellement te PrôSsident
de la République. C'est ainsi que fut choi-
sie la gare de Noisy-le-Roi, uniquement
desservie par les trains de grande cein-
ture.
Le train royal, venant de Boréaux a été,
à Juvisy, é aiguillé sur la voie de la grande
ceintur et il a gagné Noisy-le-Roi en pas-
sant par Savigny-sur-Orge, Petit-Vaux,
Gravigny, Chilly Mazarin, Longjumeau,
Champlan, Massy-Palaiseau, Igny, Bièvres,
Vauiboyen. Jouy-en-Josas, Petit-Jouy, Ver-
sailles, Saint-Cyr et Bailly.
Un seul arrêt a eu lieu entre Juvisy et
Noisy-le-Roi, à Massy Palaiseau, pour per-
mettre au marquis del Muni, ambassadeur
d'Espagne à Paris, de saluer son souverain
qui l'a invité à prendre place dans son wa
gon-salon.
A NOISY-LE-ROI
Le Président de la République, qui avait
quitté Rambouillet en automobile, vers 9
heures, est arrivé à 9 h. 40 à Noisy-Le-Ro'
où se trouvaient déjà la marquise d-el Muni,
femme de l'ambassadeur d'Espagne ; le
marquis èt la marquise de Molina, M. Fcr-
raz, le comte Pradère, le opnsul général
d'Espagne à Paris, MM. Mollaro, directeur
du protocole ; Hennion, directeur de la Sû-
reté générale et Autrand, préfet de Seine et-
Oise.
En attendant l'arrivée du train royal,
M. Fallières, qui était accompagné par
deux de ses officiers d'ordonnance ; le ca-
pitaine de vaisseau Laugier et le CWïHfean-
dent Hellot, s'est entretenu, dans la salle
d'attente de la gare, avec la marquise del
Muni. et les membres de l'ambassade d'Es-
pagne.
Le Président de la République était en
redingote ; il avait à la boutonnière la ro-
sette de l'Ordre de Charles III.
A dix heures cinq. le train royal ayant
été signalé, le Président de la République
offire le bras à la marquise del Muni pour
l'aider à traverser la voie ; quelques se-
condes plus tard, le train, entre lentement
en gare. Le ROii, vêtui d'un veston noir et
tenant à la main un petit chapeau rond de
imême nuance, est debout à la portière du
wagon-salon. A peine le train a-t-il stoppé
que le souverain met pied à terre avec une
agilité toute juvénile.
Le Roi et le chef de l'Etat échangent une
cordiale poignée de mains.
Puis le souverain se dirige vers le grou-
pe formé par la marquise del Muni, les
membres de l'ambassade et les personna-
lités françaises. Il s'entretient un instant
avec la marquise del Muni et ses compa-
triotes. 1
Le Président de la République luî présen-
te ensuite MM. Mollard Hennion, le capi-
taine de vaisseau Laugier, le commandant
Hellot et M. Autrand. De son côté, le sou-
verain présente au Président de la Répu-
blique les personnages qui l'accompagnent:
le marquis Torrecilla, grand chambellan,
le duc de Avbar, le colonel Elorriaga et M.
de Quinonès" de Léon qui, avec le marquis
diel Muni étaient descendus du train à la
suite du Roi..
LA CONVERSATION
Les présentations terminées, le Roi in-
vite le Président de la République à mon-
ter dans son wagon-sa,lon. La conversa-
tion qui s'engage alors entre Alphonse XIII
et le chef de l'Etat se prolonge au-delà de
l'heure fixée pour le départ du train.
Afin d'éviter un trop grand retard, le
marquis Torrecilla, sur la demande des
fonctionnaires de la Compagnie va trou-
ver son souverain pour l'aviser que le mo-
ment est venu de remettre le train en mar-
che. A dix heures quarante, on voit réap-
paraître à la portière du wagon-salon le
Président de la République et le (Roi qui
continuent à converser. Tous deux redes-
cendent. sur le quai où sont restés les per-
sonnages de la suite du Roi, le marquis et
la marquise del Muni, iks membres de l'am-
bassade et les personnalités françaises.
Le souverain a.près avoir de nouveau
serré la main de ses compatriotes et des
notabilités françaises, prend congé du Pré-
sident de la République dans les termes
les (plus cordiaux. Il regagne son wagon-
salon et reste tête nue à la portière jusqu'à
ce que ilte train s'éloigne.
Le train royal est conduit par Saint-Ger-
main et Achères sur Persan-en-Beaumont
où il quitte la grande ceinture pour le ré-
seau du Nord.
A dix heures 50, le Présidient de la Répu-
blique repart en automobile pour Rambouil-
let avec M. Autrand, préfet de Seine-et-
Oise, qu'il a invité à déjeuner, le capitaine
de frégate Laugier et le commandant Hel-
lot.
La marquise del Muni les membres de
l'ambassade et les personnalités françaises
quittent quelques instants plus tard Ncwsy-
ie-Roi pour rentrer à Paris en automobile.
Uqe imposante géFéipie
a lieu i We;tmiq$ICF 4311
Londres, 17 mai.
Une foule énorme s'était massée ce ma-
tin le long du parcours suivi par le cortège
funèbre. Une mer humaine remplissait
Whitehall, le square du Parlement et
Westminster Bridge. De mémoire de poli-
cier, on n'avait pas vu un pareil écrase-
ment dans les rues de Londres.
DE BUCKINCHAM PALACE
A WESTMINSTER HALL
A 11 h. 30, le cercueil du roi a été enlevé
du palais de Buckingham par un officier
et douze hommes de la compagnie royale:
des grenadiers de la garde et placé sur un
affût de canon surmonté de la couronne et
des autres emblèmes de la monarchie an-
glaise.
Le cortège était précédé de~ l'êfàt..n)B.jO:f,'
général de l'armée, dur conseil de l'amirau-
té, des fekkmezéchaux. des amiraux de la
flotte. des officiers de l'armée de l'Inde.
Suivaient les musiques des gardes, grou-
pées ensemble avec les tambours et les fi",
fres. Ensuite venaient la compagnie roya-
le des grenadiers de la garde, le premier
valet de pied et le surintendant de la gar.
derobe du feu roi, précédant immédiate-
ment le cercueil, qui était encadré des deux
côtés de yeomen de la garde et d'écuyers.
Derrière le cercueil était porté l'éten-
dard royal, qui précédait immédiatement le
roi George V. Derrière lui marchaient le
duc de Cornouailles et le prince Albert.
Puis venaient, marchant trois de front. les
souverains et princes étrangers, parmi les-
quels les rois de Danemark et de Norvège,
le duc de Saxe-Cobourg-Gotha et le grand-
duc Michel Alexandrovitch.
A WESTMINSTER HALL
La salle de Westminster Hall était sans
drapeau, simple et nue. Les hérauts d'ar-
mes portant les couleurs du roi arrivèrent
les premiers avec les officiers et les dames
d'honneur de la roine, et prirent piaoc de-
vant le portail. Parmi eux, on remarquait
le duc de Norfolk, le bâton de maréchal à
la main. Sur le grand escalier du fond et
sous le vitrail s'étaient groupés la maîtrise
de Westminster Abibey et les enfants de la
chapelle royale,
■"* Peu à peu, les assistants entrèrent en si-
lence. Les membres de la Chambre des
Cominaft^ entrèrent- d'abord par lion des *
bas-cotés. avec leur président, en perruque
et robe d'apparat, au *reniier rang. Puis,
en face,-de l'autre côté du catafalque, les
lords firent leur apparition en procession
solennelle. Derrière eux venait le gentil-
homme huissier de la Verge Noire (Biack
Rod) et le lord-chancelier.
L'archevêque de Cantorbéry traversa en-<
suite la nef dans toute sa. longueur, précédé
par les porteurs de crucifix, et vint se pla-
cer sous l'entrée du erand portail.
Tous ces préparatifs étaient pleins de
simplicité. On n'entendait au dehors que
le glas doux et espaoé de Big Ben, qui son-
nait pour la première fois à l'occasion de
la mort d'un roi ; puis la marche funèbre
de Hœndel, jouée par la musique militaire.
C'était le .cortège qui arrivait.
Les officiers généraux et les amiraux de
la flotte entrèrent les premiers. Lord Kit- -
chener marchait aux côtés de lord Ro-
berts. Par derrière venait, seul, l'amiral
Fisher. Ils se divisèrent en deux files et
allèrent se ranger sur les marches du fond
de la salle.
Puis le cercueil, couvert de l'étendard
royal, entra sur les épaules des carabiniers
de la garde, suivi des insignes royaux.,
Puis vint le roi, en uniforme d'amiral,
l'impératrice de Russie, et entre eux. la
reine Alexandra. La reine-mère avait la
tête droite et conduisait elle-même le deuil.
Elle était suivie de la reine Mary et des
deux princes, les plus âgés marchant timi-
dement côte à côte.
Au bout du cortège, quand les portes se
furent fermées et quand l'office religieux
commença, la nef présentait un aspect im-
posant. Au delà des membres de la Cham-
bre des Communes et des Lords, debout
en face les uns des autres, on apercevait
dans le fond le groupe des officiers géné-i
raux, massés sur les marches où fut jadis
condamné Charles 1er. Et au-dessus de ces
uniformes, les surplis et les chasubles dee
officiants. Au centre de la salle, haut sur
son catafalque, le cercueil, surmonté des
insignes de la couronne. Debout par der-
rière, dominant la salle, se tenait l'arche-
vêque de Cantorbéry.
Le service religieux fut court et recueilli.
Des hymnes chantés, sans accompagne-
ments, alternaient avec les prières récitées
par l'archevêque de Cantorbéry. L'émotion
des assistants était visible.
Puis le cortège, précédé de la famille
royale, se retira avec simplicité. ÎTa reine
Alexandra, toujours entre le roi et sa
sœur, l'impératrice de Russie, s'inclinait à
droite et à gauche pour remercier les as*
sistants. ,." t
Dans la cour, une compagnie d'infanterie
coloniale rendait les honneurs, drapeau à
terre et en présentant lés armes.
L'ensemble de la cérémonie eut à la lOIS
un caractère grandiose et familial.
-
LA MISSION FRANÇAISE
AUX FUNERAILLES D'EDOUARD Vit
On sait que, d'après le cérémonial fixé,
les souverains doivent suivre à cheval le
cortège funèbre du roi Edouard VII, de
Westminster à la gare de Paddington.
MM. Pichon et Roosevelt suivront les
corps en voiture.
Les autres missions extraordinaires de-
vront se rendre directement à. la gare de
Paddington.
Lord Granville et les capitaines d, e vais*
seau Seymour et Fortescue. aides de camp,
du feu roi, seront attachés à la personne
de M. Pichon pendant son séjour en Angle-
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