Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-04-30
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1896 30 avril 1896
Description : 1896/04/30 (N9547). 1896/04/30 (N9547).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7543927d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
CINO CENTIMES le Numéro.
PARIS ET DaU^RTEMENTS
Le Numero. CXNQ CENTIMES
Foidatcm : Augoste VACQUERIE
ABONNEMENTS I
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huit IrwMis SIx- ha
Paris 2fir. 5tir. 9 fr. 18 fr.
Departwaentt 6— 11— 20—.
inion Postai 3— « — 16—33 —
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T LL P AD AÂ rPrPCITiiTkS
FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
) ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et 98
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX DU JOURNAL
rédactkoiv s ree Hoatmartre, 181
; De4h8 heures du soir et de iOheuresduso&rb l heure du matin
""-" 9547, —^S%\xai SO Avril 1896
11 FLOREAL AN 104
h ADMINISTRATION t 131, rue Montmartre, Isi-
idrmrbttmetmncîatsa; tumbdamtow
NOS LEADERS
RESPONSABILITE
Il est difficile à M. le président de
(a République de se dissimuler la por-
tée de l'acte auquel on le pousse et qu'il
semble en train d'accomplir.
Cet acte, c'est un coup d'Etat, plus
ou moins enveloppé dans la forme,
mais parfaitement net dans le fonds.
Si M. Félix Faure constitue le cabinet
Méline, il déclare, de son autorité
privée, qu'il entend déposséder le suf-
frage universel du premier de ses
droits.
**#
En effet, nul ne peut se méprendre
sur le caractère des faits qu'on nous
annonce. On n'avait rien vu de pareil
depuis M. de Mac-Mahon. J'ai, pour
ma part, combattu tous les ministères
opportunistes : nous trouvions leur
conduite détestable; mais nous ne
pouvions pas contester leur légitimité,
puisqu'ils avaient des majorités à la
Chambre. Nous tâchions de convain-
cre, de dissoudre ces majorités, et
nous y arrivions souvent; mais jusque
là nous ne pouvions leur dénier le
droit de maintenir au pouvoir, si cela
leur convenait, les gouvernements les
plus funestes à notre sens. On trichait
bien un peu sur les règles parlemen-
taires; mais ces petites ruses n'attei-
gnaient pas le principe lui-même. De-
puis l'échec du Seize-Mal, le suffrage
universel a disposé en somme, par
l'intermédiaire de ses représentants,
du droit de faire et de défaire les gou-
vernements.
Or la Chambre a eu jusqu'à ce jour,
depuis l'arrivée de M. Bourgeois au
pouvoir, une majorité compacte, ho-
mogène, entièrement républicaine, qui
non seulement a soutenu le dernier
cabinet jusqu'au bout, mais qui encore
s'est retrouvée sans défection au len-
demain de sa retraite volontaire. Cette
majorité, M. Félix Faure lui dit : « Je
ne te connais pas : tu n'existes pas
pour moi. » Les fonctions de président
de la République, arbitre impartial
des partis, est de dégager, des votes
des élus du pays, l'opinion à laquelle
le pouvoir doit appartenir. C'est pour
cela qu'il peut être placé en dehors de
nos conflits ; c'est à cette condition
qu'il est irresponsable. M. Félix Faure
vient de faire absolument le contraire
de ce que sa fonction lui commandait;
et cela avec une sorte d'entrain dans
la forme comme dans le fond.
En effet, appelé à former un cabinet
après les votes que l'on connaît, il a
commencé par écarter des consulta-
tions préliminaires, par une sorte de
question préalable, tous les membres
de la plus récente majorité de la
Chambre ; le seul de leurs amis qu'il
ait vu, M. Sarrien, s'étant accidentel-
lement trouvé absent au moment du
vote. Et, avec une logique rigoureuse,
le président prend exclusivement le
ministère dans la minorité. Cela est
net et ne laisse place à aucune équi-
voque.
D'autre part, le Sénat, par un vote
qui avait semblé follement audacieux,
avant qu'on pût entrevoir comment il
pouvait avoir été suggéré, a réclamé
pour lui-même la prérogative gouver-
nementale, que depuis vingt ans il
laissait exercer sans contestation par
la Chambre. M. Faure compose un ca-
binet conforme au vote du Sénat :
c'est-à-dire qu'il prend sur lui de dé-
posséder le suffrage universel au pro-
fit du suffrage restreint.
#*#
Voilà les faits : ils sont indéniables;
ils ont une signification d'une clarté
parfaite. Que le ministère Méline se
fassew et dans la crise, les comparses
du Sénat passent au second plan ; le
président de la République assume sur
sa tête toute la responsabilité. Et même
si la Chambre se déjugeait (ce qu'elle
ne fera pas, ce qu'elle ne peut pas
faire), la situation ne serait changée
qu'en un point. La Chambre se désho-
norerait; la Chambre abdiquerait; la
Chambre livrerait les droits dont elle
a reçu le dépôt ; elle mériterait les
dernières sévérités du mépris public.
Mais il serait manifeste qu'elle n'aurait
capitulé qu'à cause de la pression exer-
cée sur elle ; et le rôle décisif appar-
tiendrait encore au président.
Je parlais tout à l'heure de M. de
Mac-Mahon. Le soldat de Sedan lui-
même a moins ouvertement violé les
principes républicains. Il n'a pas osé
dire qu'il en appelait du suffrage uni-
versel au suffrage restreint; il a dit
qu'il en appelait des représentants du
pays au pays lui-même. Il a essayé de
peser sur les électeurs ; il a tenté de
fausser le vote par la menace et par la
suppression de toutes les libertés ; les
hommes du Seize-Mai ont ainsi mérité
le vote de flétrissure qui leur a été in-
fligé par la Chambre républicaine et
auraient mérité mieux ; mais, sur le
point capital, on s'est conformé aux
Règles d'un pays libre. On a rendu la
parole à la France et$a s'est soumis,
quand la France a eu fait connaître sa
volonté.
La tentative indiquée par les pra-
tiques actuelles du président irait plus
loin. Jusqu'ici, on ne parle même pas
de dissolution. M. Félix Faure, gardien
des libertés publiques, prétend sim-
plement livrer au Sénat les droits et
les devoirs des représentants du suf-
frage universel, sans que le suffrage
universel ait les moyens de se pro-
noncer. Il n'est donc pas excessif de
dire qu'il accomplit, au fond, un véri-
table coup d'Etat. Oh 1 sans appareil
de violence militaire, au moins au
premier moment. Mais qui ne sait
qu'après cela, on est obligé d'aller
jusqu'au bout?
**#
On ne peut voir sans une profonde
douleur ceux qui devraient assurer le
repos public, travailler ainsi à jeter la
France dans toutes les aventures. Ce
pays-ci avait pourtant bien mérité de
jouir en paix des libertés qu'il avait
conquises. Notez qu'ici l'usurpation
ne porte pas sur tel ou tel détail
plus ou moins important du régime
républicain : elle porte sur le point
essentiel, sur le seul moyen que pos-
sède la nation d'exercer une influence
décisive sur son propre gouvernement.
C'est la condition première de la sou-
veraineté nationale que le président,
au retour des courses d'Auteuil, arri-
verait ainsi à mettre tranquillement
dans sa poche.
Nous avons encore peine à croire,
pour beaucoup de raisons, que M.
Félix Faure se décide à jouer un pareil
rôle. Il avait, en effet, semblé tenir à
faire preuve, depuis son entrée à l'E-
lysée, d'une certaine correction et
d'un certain esprit de conduite. Il lui
suffira d'ailleurs du plus simple bon
sens pour voir que le rôle d'un faiseur
de coups d'audace, coupable chez tous,
serait chez lui singulièrement déplacé.
Si à la suite des incidents qui ont
marqué son élection, et malgré les
campagnes furieuses menées contre
lui, il a pu se considérer comme ac-
cepté par le pays, c'est assurément
que, sorti des rangs des modestes, il
semblait à la fois, par son caractère et
par sa situation, l'homme le plus inca-
pable de prétendre usurper un pouvoir
personnel. Et c'est lui qui tenterait de
le faire avec l'outrance la plus inouïe!
Nous aurons encore quelque peine à
le croire, même quand l'événement
sera accompli.
Ce seraient de bien dangereux enne-
mis que ceux qui le pousseraient dans
des hasards dont les partis les plus
déconsidérés peuvent, avec les illu-
sions habituelles en pareil cas, se dis-
simuler les risques pour eux-mêmes,
mais où, lui, il serait sûr dans tous les
cas de se perdre tout le premier. On le
jette au premier rang, contre la démo-
cratie et les droits de la nation, dans
une bataille d'un genre qui n'a réussi
à personne. Qu'il se tâte, qu'il se re-
garde, et qu'il se demande s'il a quel-
que chance de réussir là où les autres
ont échoué.
CAMILLE PELLETAN.
Nous publierons demain un article
de M. J.-L. de Lanessan
LA CRISE MINISTÉRIELLE
LE CABINET MÉLINE
Le ministère n'est pas encore constitué,
mais il paraît certain que les négociations
entreprises par M. Méline sont très avan-
cées et qu'elles aboutiront définitivement
aujourd'hui.
Cela ne veut pas dire que M. Méline et ses
collaborateurs se présenteront aujourd'hui
devant la Chambre qui siégera à deux
heures ; on fera traîner les choses en lon-
gueur de façon à ne venir devant le Parle-
ment que jeudi. D'ailleurs, le Sénat s'est
ajourné hier à ce jour-là.
Revenons aux démarches de M. Méline au
cour.. de la journée de mardi.
Dans la matinée il se rendait auprès de
M. Sarrien pour lui offrir d'entrer dans la
combinaison et lui faisait connaître dès ses
premières paroles que s'il faisait son cabi-
net sa politique serait nettement anti-collec-
tiviste et anii-revisionniste.
En présence d'un programme semblable
en ce qui concerne la revision, M. Sarrien
n'a pas eu de peine à justifier un refus caté-
gorique. D'autre part, M. Viger basant sa
conduite sur celle de M. Sarrien, se trouvait
dans l'obligation de ne pas accorder sa col-
laboration au nouveau ministère.
M. Méline rentra chez lui et eut une assez
longue conférence avec quelques-uns de ses
futurs collaborateurs. Etaient présents :
MM. Hanotaux, qui a définitivement ac-
cepté le portefeuille des affaires étrangères;
Barthou, le général Billot, Georges Cochery,
Darlan et Paul Deschanel.
Dans l'après-midi, à deux heures, la déli-
bération reprenait. A ce moment, M. Paul
Deschanel recevait l'offre du portefeuille des
colonies, mais le député d'Eure-et-Loir le
refusait et se trouvait ainsi éliminé du futur
cabinet.
On racontait à ce sujet que M. Deschanel
aurait désiré le ministère do l'instruction
publique, mais le soin qu'on a mis à ne pas
le lui donnr, laissa supposer que l'idée de
derrière la tête de M. Méline était de se
passer du concours, considéré comme com-
promettant , du jeune député du centre
gauche.
Avant d'aller plus loin, M. Méline se ren-
dait à trois heures à l'Elysée et annonçait
au président de la République que ses né-
gociations étaient en bonne voie et qu'il
avait la ferme intentiond'aboutir.
Une troisième conférence avait alors lieu
au domicile du député des Vosges.
Outre les personnes que nous avons citées
plus haut, moins toutefois M. Paul Descha-
nel, la réunion comprenait en plus l'amiral
Besnard, ancien ministre de la marine du
cabinet Ribot, qui avait accepté la succes-
sion de M. Lockroy, et M. Alfred Rambaud,
sénateur du Doubs, professeur à la Sor-
bonne.
Celui-ci, pressenti pour le portefeuille de
l'instruction publique, apportait son accep-
tation au futur chef du gouvernement.
Ace moment M. Méline s'était assuré la
collaboration de neuf ministres et il ne res-
tait à nourvoir de titulaires mie deux minis-
tères : ceux des travaux publics et du com-
merce.
En effet, le portefeuille du commerce, pri-
mitivement attribué à M. Lebon, devient
libre, le député des Deux-Sèvres, à la de-
mande de M. Hanotaux, prenant le minis-
tère des colonies aux lieu et place de M. Des-
chanel, qui s'était récusé.
L'intention de M. Méline est d'essayer de
donner les deux portefeuilles qui lui restent
à des progressistes, de façon qu'il puisse
écrire dans sa déclaration que son ministère
est un ministère de conciliation.
Réussira-t-il? Nous en doutons. Cependant
il va faire appel, pour le ministère des tra-
vaux publics, à M. Louis Lacombe, député
de l'extrême gauche, qui fait partie du groupe
radical socialiste, et pour le ministère du
commerce, il va s'adresser à M. Vallé, dé-
puté de la Marne, membre de la gauche
progressiste.
- Ces deux honorables députés sont absents
de Paris : M. Lacombe est à Rodez et M.
Vallé est à Epernay.
Epernay étant à quelques heures de Paris,
M. Darlan, au nom de M. Méline, a pris le
train hier soir pour y aller chercher le dé-
puté de la Marne et faire en sorte de le ra-
mener à Paris.
Quant à M. Lacombe, M. Barthou a dû
lui télégraphier dans la soirée d'hier.
Mais si MM. Lacombe et Vallé refusent
les propositions de M. Méline, il fera appel
à deux autres concours,car, quoi qu'il arrive,
c'est un ministre qui nous le disait hier soir,
le ministère se fera quand même.
D'ailleurs, pour se convaincre que M. Mé-
line ne se laissera pas rebuter par les refus
qu'on pourrait lui opposer, il suffit de lire
l'article suivant, paru hier soir dans la Ré-
publique française, dont M. Méline est le
directeur politique, et qui, par avance, fait
connaître quelle sera la politique du nou-
veau gouvernement.
Voici le morceau :
Nous avons annoncé hier, sans commentaires,
que M. Méline avait été chargé, par M. le pré-
sident de la République, de constituer un ca-
binet. Nous sommes aujourd'hui en mesure de
compléter cette information : M. Méline a ac-
cepte la mission dont le chef de l'Etat l'avait
investi, et, au moment où nous écrivons, il con-
tinue ses démarches pour s'entourer de collabo-
rateurs aussi dévoués que lui à la chose publi-
que. M. Méline aboutira, cela n'est pas douteux,
et pour une raison très simple : c'est qu'il a la
volonté d'aboutir, qu'aucun refus ne le décou-
ragera et qu'il est absolument décidé à se pré-
senter jeudi devant les Chambres avec un ca-
binet de conciliation républicaine.
M. Méline a pris cette résolution parce qu'il a
compris que c'était son devoir le plus impé-
rieux. Tout le monde sait que, depuis bien des
années, il a toujours décline les offres qui lui
étaient faites, soit pour un portefeuille, soit pour
la présidence du conseil. 11 a laissé jusqu'ici,
très volontiers, à d'autres la lourde charge
d'exercer le pouvoir. Mais aujourd'hui les cir-
constances ne sont plus les mêmes. La législa-
ture actuelle a vu se succéder cinq crises mi-
nistérielles. Elle s'est passée en agitations, en
débats irritants et stériles. L'impuissance de la
Chambre a même été l'une des causes de ce
mouvement révolutionnaire qui a très vivement
inquiété le monde du travail.
En outre des divisions inattendues se sont pro-
duites parmi des républicains qui, depuis de
longues années, n'avaient pas cessé de marcher
d'accord. On a vu des hommes de gouverne-
ment mêler leur vote à ceux des députés socia-
listes, et le pays a pu se demander si les révo-
lutionnaires n'allaient pas s'emparer bientôt de
la direction de ses affaires. Puis, lorsque l'iné-
vitable crise du 23 avril a éclaté, les mêmes so-
cialistes ont émis la prétention d'imposer leur
volonté à la Chambre d'abord, au président de
la République ensuite, et, au besoin, de faire
« capituler » le Sénat par une agitation dans la
rue.
Telle est la situation. Voilà non pas six mois,
mais près de deux ans que nous insistons sur
ses périls, que nous supplions les représentants
du pays de revenir à la politique des réalités,
au lieu de gaspiller leurs séances en manifesta-
tions stériles ou dangereuses. Dans ce journal,
comme à la Chambre des députés, M. Méline a
été, pendant toute cette période, l'infatigable dé-
fenseur des idées d'ordre, de progrès démocra-
tique et de conciliation. Le jour où le président
de la République lui a demandé de faire un
dernier sacrifice à l'intérêt général en acceptant
la responsabilité du pouvoir, M. Méline a pu
éprouver d'abord quelques hésitations. C'était
chose naturelle de la part d'un homme public
dont l'ambition était depuis longtemps satisfaite,
et que ni ses goûts ni ses convenances person-
nelles ne portaient guère à jouer le rôle qu'on
lui imposait.
Mais ses hésitations n'ont pas été de longue
durée. Refuser le pouvoir, c'était peut-être le
livrer à de nouveaux protégés du socialisme
révolutionnaire. Reculer devant les difficultés
de sa tâche aurait pu paraître trahir ses devoirs
envers son pays et envers la République. Pour
toutes ces raisons, les répugnances de M. Mé-
line pour le pouvoir ont bien vite fait place à
une résolution très ferme, très loyale et bien
arrêtée de mettre fin, dans le plus bref délai, à
la crise redoutable que nous traversons.
Les hommes de cœur et de courage, les répu-
blicains et les patriotes ne manqueront pas d'ap-
plaudir à ses eIrorts. Quant au Parlement, il
tiendra compte sans doute à M. Méline de son
long passé de dévouement et de désintéresse-
ment. Ce sera à lui de dire, et non pas seule-
ment au groupe radical socialiste, si oui ou non
le cabinet de conciliation de M. Méline est con-
forme aux véritables règles constitutionnelles et
parlementaires.
Les journaux d'extrême gauche nous font pré-
voir. d'ailleurs une série de questions ou d'inter-
pellationsdès que la formation du nouveau ca-
binet sera accomplie. Soit. M. Méline y répondra
avec franchise. 11 n'essayera pas de conserver
par une équivoque le pouvoir auquel il ne tient
nullement. Aussi conciliant et aussi large que
possible sur les personnes, il sera très ferme
sur les principes d'ordre, de liberté et de pro-
grès qu'il considère comme les conditions es-
sentielles du régime parlementaire et démocra-
tique.
S'il n'a pas la majorité, il se retirera. S il a la
confiance de la Chambre, il se mettra résolu-
ment à la tâche pour faire aboutir les réformes
que tant d'agitations stériles ont laissées en sus-
pens.
LE MINISTÈRE MÉLINE
Si aucun incident nouveau ne se produit,
voici comment serait formé le ministère
Méline :
Présidence du conseil
et agriculture MÉLINE
Affaires étrangères. HANOTAUX
•
Finances • » G. COCHERY J
Justice , * ;. 'e.' J. DARUfl'i
Instruction publique. A. RAMBAUD
Intérieur. BARTHOU
Guerre.. GÉNÉRAL BILLOT
Marine „ „ A ..,.,. AMIRAL BESNARD
Colonies ANDRE LEBON
Commerce.: .', VALLÉ ou
JONNART
Travaux publics é Â LACOMBE ou
DESCUBES
Les nouveaux ministres se réuniront ce
matin, à neuf heures, chez M. Méline.
A,
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : A Neuilly-Levallois.
- Départ du prince de Bulgarie.
- Durée du jour : 15 h. 40 nu
AU JOUR LE JOUR
Le ministère Méline est constitué,
d'après ce que nous apprennent les
journaux qui vont être ses officieux.
C'est un ministère homogène, mais il
n'est composé que de conservateurs
dont M. Méline a l'air d'être le chef,
tandis qu'il n'est qu'un commandant en
second. Derrière lui, dans les coulisses,
il y a en effet MM. Charles Dupuy et
Poincaré, ce dernier, ministre de la pa-
role sans portefeuille, ainsi que l'a dit
un organe réactionnaire. On ne saurait
faire remarquer d'une façon plus spiri-
tuelle, aux membres du futur ministère
qu'ils ne sont que de vulgaires bafouil-
leurs.
Ce ministère n'est pas seulement ho-
mogène et réactionnaire. C'est aussi un
ministère de combat. Le chef qui va,
en apparence, le diriger, a un pro-
gramme économique qui est en partie
réalisé et qui commence à ruiner le
pays. Il est hostile à toutes les ré-
formes. Il ne veut entendre parler ni
de l'impôt sur le revenu, ni de la revi-
sion. Il est de ceux qui soutiennent
cette monstrueuse théorie que le suf-
frage universel doit s'incliner devant
le suffrage restreint. Il est l'ennemi du
progrès.
Mais les véritables présidents du con-
seil sont encore autrement rétrogrades.
On les a vus à l'œuvre MM. Dupuy et
Poincaré.
J'aime à croire que la majorité démo-
cratique ne laissera pas à ce ministère
le temps de vivre. Il faut qu'il tombe
tout de suite, car il a été constitué
contre les indications de la Chambre.
Une fois de plus, la démocratie est
trompée. Elle doit se ressaisir, se tenir
plus unie que jamais et continuer, plus
activement encore que par le passé, la
lutte pour la République qui me parait
sérieusement menacée par la coalition
des réactionnaires et des conserva-
teurs.
CHEZ NOUS
Le président de la République et
Mme Félix Faure ont offert hier soir un
dîner en l'honnerr Ju prince Ferdinand de
Bulgarie.
La table comprenait soixante couverts.
Le président de la République, qui por-
tait le grand cordon de Saint-Alexandre,
avait à sa droite le prince de Bulgarie, en
grand uniforme, avec en sautoir le grand
cordon de la Légion d'honneur. A la gau-
che du président était l'ambassadeur de
Turquie.
Mme Félix Faure avait à sa droite le
président du Sénat et à sa gauche le prési-
dent de la Chambre des députés.
Une superbe soirée artistique a suivi le
dîner. Elle a été donnée dans la grande
salle des fêtes.
Le chiffre des invitations avait été ri-
goureusement limité. En dehors du corps
diplomatique, des membres du Parlement,
il n'y avait que huit cents personnes envi-
ron.
Une barrière de fleurs séparait du public
l'orchestre de l'Opéra.
Un peu en avant des spectateurs, trois
fauteuils étaient réservés. Le président de
la République a placé à sa droite le prince
de Bulgarie et à sa gauche le prince Fushi-
mi, chef de la mission japonaise envoyée
à Moscou pour le couronnement du tsar.
A dix heures précises, le rideau s'est
levé sur l'acte de Murger : le Bonhomme
jadis, interprété par Mlle Reichemberg et
MM. Leloir et Boucher.
M. Mounet-Sully a dit ensuite des poé-
sies. M. Coquelin cadet a récité des mono-
logues. Mlle Delna a chanté les stances
de Sapho. M. Bouvet s'est fait entendre
dans un air de la Jolie fille de Perth et
Mlle Bréval dans un air du Cid.
Le corps de la danse de l'Opéra, ayant à
sa tête Mlles Mauri et Subra, a exécuté la
gavotte, la sarabande, la pavane, le me-
nuet, le rigodon et le passe-pied.
La soirée s'est terminée par la comédie
de Ludovic Halévy, Lolotte, interprétée
par Mlle Réjane, Mlle Avril et M. Mayer.
- M. Pierre Blanc, député de la Sa-
voie et doyen d'âge de la Chambre, vient
de mourir.
Il était né à Beaufort (Savoie) le 29 juin
1806 et avait débuté dans la vie politique
comme député de la Savoie au Parlement
piémontais, avant l'annexion.
Il entra au Parlement français en 1876,
comme député d'Albertville. Républicain
déterminé, il fit partie des 363 et depuis
fut toujours réélu avec de fortes majorités.
Depuis 1881, M. Pierre Blanc, doyen,
présidait à l'ouverture de chacune des ses-
sions. Tout le monde a présent à la mé-
moire la distinction parfaite avec laquelle
il inaugurait les travaux législatifs.
Le doyen de la Chambre est maintenant
M. de Lacretelle, député de Saône-et-Loire,
"né le 29 avril 1817.
—— Notre collaborateur et ami Bentin
vient d'avoir la douleur de perdre son
père.
Nous lui adressons ici nos sincères con-
doléances.
Il est dans la vie, même chez les
moins complexes, des moments inexplica-
bles, où nous agissons contrairement à
notre volonté et à nos habitudes, sous
l'influence d'instincts obscurs et de forces
inconnues. Telles sont les Heures de mys-
tère que Maurice Leblanc, dans son nou-
veau livre publié par Ollendorft étudie en
une trentaine de - - ces petits romans, ner-
veux, étranges, de style sobre et de dénoue-
ment inattendu, qui l'ont placé parmi nos
meilleurs conteurs.
Le Passant.
LE CRIME DE VINCENNES
Un père qui tue son fils
Le cousin complice — L'endroit choisi
Le guet-apens — Grâce !
L'assassin du jeune Vasseur, trouvé étran-
glé dans le bois de Vincennes, au plateau
de Gravelles, est connu et, chose mons-
trueuse à dire, c'est son père qui a commis
l'épouvantable forfait. Voici dans quelles
circonstances la justice a découvert la vé-
rité :
INTERROGATOIRE DE BOUCHER
Le cousin du jeune Vasseur, Boucher,
établi crémier, rue Sainte-Anne, avait été
appelé, hier, par M. Cochefert, chef de la
sûreté. De graves présomptions pesaient
sur lui ; nous allons voir plus loin com-
ment elles étaient justifiées.
Lorsque Boucher s'est présenté dans le
cabinet de M. Cochefert, deux choses ont
frappé ce magistrat : lo cousin de Vasseur
était rasé, et il portait au doigt une blessure
assez grave. Il prétendit qu'il s'était fait
raser pour être plus correct et qu'il avait
été mordu par un jeune chien.
On lui demanda compte de l'emploi de
son temps et l'on remarqua bientôt qu'il
avait passé ses nuits à droite et à gauche,
contrairement à ses habitudes, ce qui déno-
tait chez lui la préoccupation d'un grave
événement.
Vendredi dernier, le jour du crime, il était
rentré chez lui fort tard, vers six heures du
matin, et il avait dit à sa femme :
— Quoi qu'il arrive, tu diras que je suis
venu me coucher de très bonne heure.
Sans cela, tes paroles pourraient nous coû-
ter cher.
Le lendemain du crime, il avait été rue
du Chemin-Vert et il avait demandé l'hos-
pitalité à une dame Balzat, à laquelle il
avait fait cette singulière déclaration :
— Figurez-vous que mon pauvre cousin a
été assassiné, on est capable de me faire
arrêter, c'est pourquoi je me suis fait raser
et que je me sauve un peu partout comme
un chien errant. Je vous en supplie, madame,
ayez la bonté de me remonter le moral. Et
puisque vous me connaissez depuis long-
temps, ne me repoussez pas.
Mmt BOUCHER PARLE
Tel était le point de départ des investiga-
tions, si heureusement terminées, du service
de la sûreté.
Pour plus amples renseignements, M. Co-
chefert avait fait venir dans son cabinet la
femme de Boucher : puisque le crémier
mentait évidemment, sa femme dirait peut-
être la vérité. On ne se trompait pas.
Mme Boucher attendait depuis une demi-
heure dans la salle réservée aux témoins,
lorsqu'elle fut prise d'une syncope. On
s'empressa autour d'elle, et, lorsque sa crise
de nerfs fut calmée, elle s'écria en sanglo-
tant :
— Je veux parler, maintenant, j'ai des
choses très graves à dire.
M. Cochefert la fit comparaître devant
lui.
— Lorsque mon mari est rentré chez nous
le jour du crime, il était six heures du
matin.
— Votre mari, répliqua M. Cochefert, pré-
tend qu'il était neuf heures du soir, mais
nous étions déjà fixés à cet égard. Enfin
puisque vous êtes venue ici compléter les
renseignements sûrs que nous possédons
déjà, parlez, madame.
Alors, très émue, Mme Boucher fit les
aveux suivants :
— Je suis certaine que le jeune Vasseur a
été assassiné par son père, avec la compli-
cité de mon mari.
M. Cochefert donna immédiatement les
ordres nécessaires pour que M. Vasseur
père lui fût amené séance tenante.
Mme Boucher ne put lui en dire davan-
tage. On lui accorda quelque repos et Bou-
cher fut interrogé sur le champ.
LE BON COUSIN
L'homme ras6, en apprenant les terribles
révélations qui avaient été faites sur lui,
perdit immédiatement le sangfroid qui
jusque-là lui avait admirablement servi.
- Allons, dites la vérité; vous prétendez
que la nuit du crime vous êtes resté chez
vous, auprès de voire femme. Elle avoue
maintenant le contraire. Où étiez-vous ?
— J'étais dans le bois de Vincennes, r6-
pondit-il en baissant la tête. Mais je ne 1 sois
qu'un complice et c'est malgré moi que ce
crime atroce a été commis C'est lo père
Vasseur qui a fait le coup. Je vais vous dire
toute la vérité.
Le petit Vasseur a été de bonne heure
abandonné par son père, et c'est peut-être
pour cela qu'il a mal tourné.
Son père, qui est établi marchand de vins
à La Chapelle est pourtant très aisé, mais
qu est-ce que vous voulez, il ne voulait pas
en entendre parler. C'est pourquoi l'autre
changeait de place à chaque instant, il
n'avait pas de quoi vivre, il venait souvent
me demander de l'argent, et je lui en ai
donné. J'espère qu'on me pardonnera peut-
être un peu à cause de ça.
Pour acheter ma crômerio do la rue
Sainte-Anne, j'avais contracté des dettes, il
me fallait 3,0U0 fr absolument. J ai été
trouver le père Vasseur. Tout on causant, je
lui ai dit que son lils était mat tourné, qu'il
était vêtu de loques et qu'il avait pour ainsi
dire sans souliers : « Il te faut 3,000 fr.,
m'a-t-il répondu, si tu veux, tu les auras ».
J'ai compris qu'il me proposait quelque chose
de grave.
POUR TROIS MILLE FRANCS
Le père Vasseur a continué en me disant ?
« Mon fils est un chenapan, il déshonorera
mon nom, il faut que je le corrige, si tu veux
m'aider, je te donnerai ce qu'il te faut pour
ton échéance. » Cette promesse me faisait
tant plaisir que je n'ai pas réiléchi da-
vantage et que je me suis mis à la disposi-
tion du Dèce VMaear.
- «
Il me fit remarquer que c'était une correc-
tion particulière qu'il fallait à sa colère et
qu'il ne serait pas prudent de l'administrer
en public.
Il me déclara donc qu'il nous fallait cher-
cher un endroit désert, où, loin des regarda
importuns, il pourrait assouvir sa rage. Ja
1 ai aidé. Nous avons été à Clamart et dans
plusieurs endroits aux environs de Paris, lii
plateau de Gravelle nous a plu.
LIÉT-RANGLEUR
Pour attirer mon cousin, je lui ai dit que
j avais trouvé pour lui une très bonne place.,
Et comme je lui promettais de le nrp.nf:A..
au plateau de Gravelle à la personne qui
devait le prendre à son service, il me crut et
nous nous donnâmes rendez-vous.
Je prévins son père et je me rendis accom..
pagné de son cousin à l'endroit indiqué, tans
dis que le pire Vasseur, par une autre voie*
allait également là.
Il était caché dans un buisson, je ne sa*
vais d ailleurs pas exactement où; nous mar-
chions, le jeune homme et moi, causant da.
la place en question, et tandis que je lui ra-
contais que c'était par l'intermédiaire d'une
caissière que j'avais appris la vacance da
cet emploi et qu'il m'écoutait avec attention,
les feuillages s'écartèrent et un homme bon
dit sur nous, si brusquement que je ne re-
connus Vasseur qu'un moment après.
Déjà il avait saisi son fils à la gorge, mais,
le jeune homme allait se dégager; il criait
si fort que je crus voir surgir de tous côtés
des témoins. J'ai voulu arrêter ses cris, je
lui ai mis mon pouce dans la bouche. Lé
sang pissait, j'ai lâché prise, et j'ai étlj.
quelques pas plus loin pour m'envelopper
le doigt dans mon mouchoir
Lorsque je me suis retourJ 3,1e petit Vas-
seur était à plat ventre sur le chemin, sou
père était accroupi sur lui, le serrant de ses-
deux mains, sans lâcher prise; il s'est se-
coué, il n'a plus rien dit. Il était mort.
Nous lui avons mis une corde autour du
cou, pour faire croire à un suicide par pen-
daison, nous l'avons jeté dans un buisson et
nous nous sommes sauvés.
Le lendemain j'ai été trouver Vasseur pour
avoir les 3,OJO fr., il a refusé de me les
donner.
Après ce dramatique récit, le triste coquirç
qu avait pas craint de se rendre complicit
d'un crime aussi odieux, afin de se procurer'
de quoi faire face à ses échéances, a étfe
incarcéré.
LE PÈRE VASSEUR
Ce misérable est assez riche, il tient un
débit de vins rue du Faubourg-Saint-Denis,
130; il a, lui aussi, une singulière façon dIJ
comprendre la morale,
A l'tige de treize ans, il avait remarqué-
que son fils n'était pas une créature par-
laite. Il résolut de le noyer.
Alors qu'il allait lo jeter dans la Seine,
l'enfant se dégagea et se sauva pour ne plus
revenir. Livré à lui-même, si jeune et sans
état, il ne fut pas un modèle de vertus, il
gagna sa vie comme il le put.
- 11 me déshonorera, criait à qui voulait-
1 entendre la canaille paternelle qui lui refu-
sait le pain quotidien.
Et dans 1 esprit cruel et borné du vieux
misérable naquit un jour le dessein de se
débarrasser de son enfant, pour ne pas dés-
honorer son nom.
Quand il a été amené auprès de M. Co-
chefert, il a répété point par poin, la dépo-
sition du consciencieux Boucher, y ajoutant
des détails à faire frémir.
— Boucher a dit la vérité; quand j'étran-
glais ce sacré galupin, il avait beau me dire :
« Laisse-le, il est ton tils ! » je savais très
bien ce que je faisais. Vous voyez bien que
ce voyou me déshonorait, puisque c'est à
cause de lui que je suis ici. Les enfants soat'
des ingra's.
Nous avons vu quelques agents, et ils
ont avoué être émus eux-mêmes des dé-
tails particulièrement tristes et cruels de ce
crime inouï.
PAUL QÉONON.
L' ŒUVRE DU CABINET BOURGEOIS
Quand le parti radical, remis de la
première émotion que devait lui causer
la brusque retraite d'un cabinet sur le-
quel il avait fondé tant d'espérances,
aura repris tout son sang-froid, il re-
connaîtra quel chemin considérable le
ministère Bourgeois lui a permis de
parcourir. En ce moment, l'amertume
des déceptions, le dépit de voir ceux
qui l'ont conduit à la victoire, renoncer
au champ de hataille, ne lui permettent
pas d'apprécier sainement sa dette de
gratitude. Mais la réflexion viendra
vite et avec elle l'équité. Et les républi-
cains avancés reconnaîtront que ce n'é-
tait pas à des mains inactives qu'ils
avaient confié leur drapeau.
Et d'abord, le cabinet présidé par M.
Bourgeois a opéré ce premier tour de
force de déplacer à la Chambre des dé-
putés l'axe politique. Par lui, une ma-
jorité nouvelle s'est constituée, majol
rite compacte, persévérante , groupée
derrière les leaders du radicalisme. Ce
fait, on a voulu tantôt le nier, tantôt
l'obscurcir. Mais toutes les manifesta-
tions de la volonté parlementaire l'ont
placé dans une évidence grandissante.
Cette majorité ne s'est jamais démentie;
les coalitions du centre et des droites
n'ont pu roussir à l'entamer. Au début,
on la déclarait trop considérable pour
comporter une signification ; depuis,
on la dénoncé comme trop exiguë pour
offrir des chances de stabilité. Mais
qu'importent les sophismes? Il reste
que la majorité nouvelle n'a contenu
nul alliage d éléments réactionnaires,
au lieu que la minorité dite des mo-
dérés a dû demander aux droites son
appoint. Enfin, par un phénomène par-
lementaire à peu près unique, on a vu
une majorité survivre aux leaders
qu'elle soutenait et demeurer fidèle*
invincible, alors que ses chefs s'étaient
retirés.
En second lieu, ces groupes radicaux
dont les journaux doctrinaires allaient
répétant que leur incapacité était ab-
solue d'exercer une action méthodique
et continue, bons seulement à détruiret
nullement à édifier, se sont, durant ces
six mois, révélés comme un parti de
gouvernement. A quels signes se fait
reconnaître un parti décoré de ce titrer
Ce n'est Das seulement à la promptitude
PARIS ET DaU^RTEMENTS
Le Numero. CXNQ CENTIMES
Foidatcm : Augoste VACQUERIE
ABONNEMENTS I
Í
huit IrwMis SIx- ha
Paris 2fir. 5tir. 9 fr. 18 fr.
Departwaentt 6— 11— 20—.
inion Postai 3— « — 16—33 —
, f
T LL P AD AÂ rPrPCITiiTkS
FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
) ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et 98
6, Place de la Bourse, 6
et AUX BUREAUX DU JOURNAL
rédactkoiv s ree Hoatmartre, 181
; De4h8 heures du soir et de iOheuresduso&rb l heure du matin
""-" 9547, —^S%\xai SO Avril 1896
11 FLOREAL AN 104
h ADMINISTRATION t 131, rue Montmartre, Isi-
idrmrbttmetmncîatsa; tumbdamtow
NOS LEADERS
RESPONSABILITE
Il est difficile à M. le président de
(a République de se dissimuler la por-
tée de l'acte auquel on le pousse et qu'il
semble en train d'accomplir.
Cet acte, c'est un coup d'Etat, plus
ou moins enveloppé dans la forme,
mais parfaitement net dans le fonds.
Si M. Félix Faure constitue le cabinet
Méline, il déclare, de son autorité
privée, qu'il entend déposséder le suf-
frage universel du premier de ses
droits.
**#
En effet, nul ne peut se méprendre
sur le caractère des faits qu'on nous
annonce. On n'avait rien vu de pareil
depuis M. de Mac-Mahon. J'ai, pour
ma part, combattu tous les ministères
opportunistes : nous trouvions leur
conduite détestable; mais nous ne
pouvions pas contester leur légitimité,
puisqu'ils avaient des majorités à la
Chambre. Nous tâchions de convain-
cre, de dissoudre ces majorités, et
nous y arrivions souvent; mais jusque
là nous ne pouvions leur dénier le
droit de maintenir au pouvoir, si cela
leur convenait, les gouvernements les
plus funestes à notre sens. On trichait
bien un peu sur les règles parlemen-
taires; mais ces petites ruses n'attei-
gnaient pas le principe lui-même. De-
puis l'échec du Seize-Mal, le suffrage
universel a disposé en somme, par
l'intermédiaire de ses représentants,
du droit de faire et de défaire les gou-
vernements.
Or la Chambre a eu jusqu'à ce jour,
depuis l'arrivée de M. Bourgeois au
pouvoir, une majorité compacte, ho-
mogène, entièrement républicaine, qui
non seulement a soutenu le dernier
cabinet jusqu'au bout, mais qui encore
s'est retrouvée sans défection au len-
demain de sa retraite volontaire. Cette
majorité, M. Félix Faure lui dit : « Je
ne te connais pas : tu n'existes pas
pour moi. » Les fonctions de président
de la République, arbitre impartial
des partis, est de dégager, des votes
des élus du pays, l'opinion à laquelle
le pouvoir doit appartenir. C'est pour
cela qu'il peut être placé en dehors de
nos conflits ; c'est à cette condition
qu'il est irresponsable. M. Félix Faure
vient de faire absolument le contraire
de ce que sa fonction lui commandait;
et cela avec une sorte d'entrain dans
la forme comme dans le fond.
En effet, appelé à former un cabinet
après les votes que l'on connaît, il a
commencé par écarter des consulta-
tions préliminaires, par une sorte de
question préalable, tous les membres
de la plus récente majorité de la
Chambre ; le seul de leurs amis qu'il
ait vu, M. Sarrien, s'étant accidentel-
lement trouvé absent au moment du
vote. Et, avec une logique rigoureuse,
le président prend exclusivement le
ministère dans la minorité. Cela est
net et ne laisse place à aucune équi-
voque.
D'autre part, le Sénat, par un vote
qui avait semblé follement audacieux,
avant qu'on pût entrevoir comment il
pouvait avoir été suggéré, a réclamé
pour lui-même la prérogative gouver-
nementale, que depuis vingt ans il
laissait exercer sans contestation par
la Chambre. M. Faure compose un ca-
binet conforme au vote du Sénat :
c'est-à-dire qu'il prend sur lui de dé-
posséder le suffrage universel au pro-
fit du suffrage restreint.
#*#
Voilà les faits : ils sont indéniables;
ils ont une signification d'une clarté
parfaite. Que le ministère Méline se
fassew et dans la crise, les comparses
du Sénat passent au second plan ; le
président de la République assume sur
sa tête toute la responsabilité. Et même
si la Chambre se déjugeait (ce qu'elle
ne fera pas, ce qu'elle ne peut pas
faire), la situation ne serait changée
qu'en un point. La Chambre se désho-
norerait; la Chambre abdiquerait; la
Chambre livrerait les droits dont elle
a reçu le dépôt ; elle mériterait les
dernières sévérités du mépris public.
Mais il serait manifeste qu'elle n'aurait
capitulé qu'à cause de la pression exer-
cée sur elle ; et le rôle décisif appar-
tiendrait encore au président.
Je parlais tout à l'heure de M. de
Mac-Mahon. Le soldat de Sedan lui-
même a moins ouvertement violé les
principes républicains. Il n'a pas osé
dire qu'il en appelait du suffrage uni-
versel au suffrage restreint; il a dit
qu'il en appelait des représentants du
pays au pays lui-même. Il a essayé de
peser sur les électeurs ; il a tenté de
fausser le vote par la menace et par la
suppression de toutes les libertés ; les
hommes du Seize-Mai ont ainsi mérité
le vote de flétrissure qui leur a été in-
fligé par la Chambre républicaine et
auraient mérité mieux ; mais, sur le
point capital, on s'est conformé aux
Règles d'un pays libre. On a rendu la
parole à la France et$a s'est soumis,
quand la France a eu fait connaître sa
volonté.
La tentative indiquée par les pra-
tiques actuelles du président irait plus
loin. Jusqu'ici, on ne parle même pas
de dissolution. M. Félix Faure, gardien
des libertés publiques, prétend sim-
plement livrer au Sénat les droits et
les devoirs des représentants du suf-
frage universel, sans que le suffrage
universel ait les moyens de se pro-
noncer. Il n'est donc pas excessif de
dire qu'il accomplit, au fond, un véri-
table coup d'Etat. Oh 1 sans appareil
de violence militaire, au moins au
premier moment. Mais qui ne sait
qu'après cela, on est obligé d'aller
jusqu'au bout?
**#
On ne peut voir sans une profonde
douleur ceux qui devraient assurer le
repos public, travailler ainsi à jeter la
France dans toutes les aventures. Ce
pays-ci avait pourtant bien mérité de
jouir en paix des libertés qu'il avait
conquises. Notez qu'ici l'usurpation
ne porte pas sur tel ou tel détail
plus ou moins important du régime
républicain : elle porte sur le point
essentiel, sur le seul moyen que pos-
sède la nation d'exercer une influence
décisive sur son propre gouvernement.
C'est la condition première de la sou-
veraineté nationale que le président,
au retour des courses d'Auteuil, arri-
verait ainsi à mettre tranquillement
dans sa poche.
Nous avons encore peine à croire,
pour beaucoup de raisons, que M.
Félix Faure se décide à jouer un pareil
rôle. Il avait, en effet, semblé tenir à
faire preuve, depuis son entrée à l'E-
lysée, d'une certaine correction et
d'un certain esprit de conduite. Il lui
suffira d'ailleurs du plus simple bon
sens pour voir que le rôle d'un faiseur
de coups d'audace, coupable chez tous,
serait chez lui singulièrement déplacé.
Si à la suite des incidents qui ont
marqué son élection, et malgré les
campagnes furieuses menées contre
lui, il a pu se considérer comme ac-
cepté par le pays, c'est assurément
que, sorti des rangs des modestes, il
semblait à la fois, par son caractère et
par sa situation, l'homme le plus inca-
pable de prétendre usurper un pouvoir
personnel. Et c'est lui qui tenterait de
le faire avec l'outrance la plus inouïe!
Nous aurons encore quelque peine à
le croire, même quand l'événement
sera accompli.
Ce seraient de bien dangereux enne-
mis que ceux qui le pousseraient dans
des hasards dont les partis les plus
déconsidérés peuvent, avec les illu-
sions habituelles en pareil cas, se dis-
simuler les risques pour eux-mêmes,
mais où, lui, il serait sûr dans tous les
cas de se perdre tout le premier. On le
jette au premier rang, contre la démo-
cratie et les droits de la nation, dans
une bataille d'un genre qui n'a réussi
à personne. Qu'il se tâte, qu'il se re-
garde, et qu'il se demande s'il a quel-
que chance de réussir là où les autres
ont échoué.
CAMILLE PELLETAN.
Nous publierons demain un article
de M. J.-L. de Lanessan
LA CRISE MINISTÉRIELLE
LE CABINET MÉLINE
Le ministère n'est pas encore constitué,
mais il paraît certain que les négociations
entreprises par M. Méline sont très avan-
cées et qu'elles aboutiront définitivement
aujourd'hui.
Cela ne veut pas dire que M. Méline et ses
collaborateurs se présenteront aujourd'hui
devant la Chambre qui siégera à deux
heures ; on fera traîner les choses en lon-
gueur de façon à ne venir devant le Parle-
ment que jeudi. D'ailleurs, le Sénat s'est
ajourné hier à ce jour-là.
Revenons aux démarches de M. Méline au
cour.. de la journée de mardi.
Dans la matinée il se rendait auprès de
M. Sarrien pour lui offrir d'entrer dans la
combinaison et lui faisait connaître dès ses
premières paroles que s'il faisait son cabi-
net sa politique serait nettement anti-collec-
tiviste et anii-revisionniste.
En présence d'un programme semblable
en ce qui concerne la revision, M. Sarrien
n'a pas eu de peine à justifier un refus caté-
gorique. D'autre part, M. Viger basant sa
conduite sur celle de M. Sarrien, se trouvait
dans l'obligation de ne pas accorder sa col-
laboration au nouveau ministère.
M. Méline rentra chez lui et eut une assez
longue conférence avec quelques-uns de ses
futurs collaborateurs. Etaient présents :
MM. Hanotaux, qui a définitivement ac-
cepté le portefeuille des affaires étrangères;
Barthou, le général Billot, Georges Cochery,
Darlan et Paul Deschanel.
Dans l'après-midi, à deux heures, la déli-
bération reprenait. A ce moment, M. Paul
Deschanel recevait l'offre du portefeuille des
colonies, mais le député d'Eure-et-Loir le
refusait et se trouvait ainsi éliminé du futur
cabinet.
On racontait à ce sujet que M. Deschanel
aurait désiré le ministère do l'instruction
publique, mais le soin qu'on a mis à ne pas
le lui donnr, laissa supposer que l'idée de
derrière la tête de M. Méline était de se
passer du concours, considéré comme com-
promettant , du jeune député du centre
gauche.
Avant d'aller plus loin, M. Méline se ren-
dait à trois heures à l'Elysée et annonçait
au président de la République que ses né-
gociations étaient en bonne voie et qu'il
avait la ferme intentiond'aboutir.
Une troisième conférence avait alors lieu
au domicile du député des Vosges.
Outre les personnes que nous avons citées
plus haut, moins toutefois M. Paul Descha-
nel, la réunion comprenait en plus l'amiral
Besnard, ancien ministre de la marine du
cabinet Ribot, qui avait accepté la succes-
sion de M. Lockroy, et M. Alfred Rambaud,
sénateur du Doubs, professeur à la Sor-
bonne.
Celui-ci, pressenti pour le portefeuille de
l'instruction publique, apportait son accep-
tation au futur chef du gouvernement.
Ace moment M. Méline s'était assuré la
collaboration de neuf ministres et il ne res-
tait à nourvoir de titulaires mie deux minis-
tères : ceux des travaux publics et du com-
merce.
En effet, le portefeuille du commerce, pri-
mitivement attribué à M. Lebon, devient
libre, le député des Deux-Sèvres, à la de-
mande de M. Hanotaux, prenant le minis-
tère des colonies aux lieu et place de M. Des-
chanel, qui s'était récusé.
L'intention de M. Méline est d'essayer de
donner les deux portefeuilles qui lui restent
à des progressistes, de façon qu'il puisse
écrire dans sa déclaration que son ministère
est un ministère de conciliation.
Réussira-t-il? Nous en doutons. Cependant
il va faire appel, pour le ministère des tra-
vaux publics, à M. Louis Lacombe, député
de l'extrême gauche, qui fait partie du groupe
radical socialiste, et pour le ministère du
commerce, il va s'adresser à M. Vallé, dé-
puté de la Marne, membre de la gauche
progressiste.
- Ces deux honorables députés sont absents
de Paris : M. Lacombe est à Rodez et M.
Vallé est à Epernay.
Epernay étant à quelques heures de Paris,
M. Darlan, au nom de M. Méline, a pris le
train hier soir pour y aller chercher le dé-
puté de la Marne et faire en sorte de le ra-
mener à Paris.
Quant à M. Lacombe, M. Barthou a dû
lui télégraphier dans la soirée d'hier.
Mais si MM. Lacombe et Vallé refusent
les propositions de M. Méline, il fera appel
à deux autres concours,car, quoi qu'il arrive,
c'est un ministre qui nous le disait hier soir,
le ministère se fera quand même.
D'ailleurs, pour se convaincre que M. Mé-
line ne se laissera pas rebuter par les refus
qu'on pourrait lui opposer, il suffit de lire
l'article suivant, paru hier soir dans la Ré-
publique française, dont M. Méline est le
directeur politique, et qui, par avance, fait
connaître quelle sera la politique du nou-
veau gouvernement.
Voici le morceau :
Nous avons annoncé hier, sans commentaires,
que M. Méline avait été chargé, par M. le pré-
sident de la République, de constituer un ca-
binet. Nous sommes aujourd'hui en mesure de
compléter cette information : M. Méline a ac-
cepte la mission dont le chef de l'Etat l'avait
investi, et, au moment où nous écrivons, il con-
tinue ses démarches pour s'entourer de collabo-
rateurs aussi dévoués que lui à la chose publi-
que. M. Méline aboutira, cela n'est pas douteux,
et pour une raison très simple : c'est qu'il a la
volonté d'aboutir, qu'aucun refus ne le décou-
ragera et qu'il est absolument décidé à se pré-
senter jeudi devant les Chambres avec un ca-
binet de conciliation républicaine.
M. Méline a pris cette résolution parce qu'il a
compris que c'était son devoir le plus impé-
rieux. Tout le monde sait que, depuis bien des
années, il a toujours décline les offres qui lui
étaient faites, soit pour un portefeuille, soit pour
la présidence du conseil. 11 a laissé jusqu'ici,
très volontiers, à d'autres la lourde charge
d'exercer le pouvoir. Mais aujourd'hui les cir-
constances ne sont plus les mêmes. La législa-
ture actuelle a vu se succéder cinq crises mi-
nistérielles. Elle s'est passée en agitations, en
débats irritants et stériles. L'impuissance de la
Chambre a même été l'une des causes de ce
mouvement révolutionnaire qui a très vivement
inquiété le monde du travail.
En outre des divisions inattendues se sont pro-
duites parmi des républicains qui, depuis de
longues années, n'avaient pas cessé de marcher
d'accord. On a vu des hommes de gouverne-
ment mêler leur vote à ceux des députés socia-
listes, et le pays a pu se demander si les révo-
lutionnaires n'allaient pas s'emparer bientôt de
la direction de ses affaires. Puis, lorsque l'iné-
vitable crise du 23 avril a éclaté, les mêmes so-
cialistes ont émis la prétention d'imposer leur
volonté à la Chambre d'abord, au président de
la République ensuite, et, au besoin, de faire
« capituler » le Sénat par une agitation dans la
rue.
Telle est la situation. Voilà non pas six mois,
mais près de deux ans que nous insistons sur
ses périls, que nous supplions les représentants
du pays de revenir à la politique des réalités,
au lieu de gaspiller leurs séances en manifesta-
tions stériles ou dangereuses. Dans ce journal,
comme à la Chambre des députés, M. Méline a
été, pendant toute cette période, l'infatigable dé-
fenseur des idées d'ordre, de progrès démocra-
tique et de conciliation. Le jour où le président
de la République lui a demandé de faire un
dernier sacrifice à l'intérêt général en acceptant
la responsabilité du pouvoir, M. Méline a pu
éprouver d'abord quelques hésitations. C'était
chose naturelle de la part d'un homme public
dont l'ambition était depuis longtemps satisfaite,
et que ni ses goûts ni ses convenances person-
nelles ne portaient guère à jouer le rôle qu'on
lui imposait.
Mais ses hésitations n'ont pas été de longue
durée. Refuser le pouvoir, c'était peut-être le
livrer à de nouveaux protégés du socialisme
révolutionnaire. Reculer devant les difficultés
de sa tâche aurait pu paraître trahir ses devoirs
envers son pays et envers la République. Pour
toutes ces raisons, les répugnances de M. Mé-
line pour le pouvoir ont bien vite fait place à
une résolution très ferme, très loyale et bien
arrêtée de mettre fin, dans le plus bref délai, à
la crise redoutable que nous traversons.
Les hommes de cœur et de courage, les répu-
blicains et les patriotes ne manqueront pas d'ap-
plaudir à ses eIrorts. Quant au Parlement, il
tiendra compte sans doute à M. Méline de son
long passé de dévouement et de désintéresse-
ment. Ce sera à lui de dire, et non pas seule-
ment au groupe radical socialiste, si oui ou non
le cabinet de conciliation de M. Méline est con-
forme aux véritables règles constitutionnelles et
parlementaires.
Les journaux d'extrême gauche nous font pré-
voir. d'ailleurs une série de questions ou d'inter-
pellationsdès que la formation du nouveau ca-
binet sera accomplie. Soit. M. Méline y répondra
avec franchise. 11 n'essayera pas de conserver
par une équivoque le pouvoir auquel il ne tient
nullement. Aussi conciliant et aussi large que
possible sur les personnes, il sera très ferme
sur les principes d'ordre, de liberté et de pro-
grès qu'il considère comme les conditions es-
sentielles du régime parlementaire et démocra-
tique.
S'il n'a pas la majorité, il se retirera. S il a la
confiance de la Chambre, il se mettra résolu-
ment à la tâche pour faire aboutir les réformes
que tant d'agitations stériles ont laissées en sus-
pens.
LE MINISTÈRE MÉLINE
Si aucun incident nouveau ne se produit,
voici comment serait formé le ministère
Méline :
Présidence du conseil
et agriculture MÉLINE
Affaires étrangères. HANOTAUX
•
Finances • » G. COCHERY J
Justice , * ;. 'e.' J. DARUfl'i
Instruction publique. A. RAMBAUD
Intérieur. BARTHOU
Guerre.. GÉNÉRAL BILLOT
Marine „ „ A ..,.,. AMIRAL BESNARD
Colonies ANDRE LEBON
Commerce.: .', VALLÉ ou
JONNART
Travaux publics é Â LACOMBE ou
DESCUBES
Les nouveaux ministres se réuniront ce
matin, à neuf heures, chez M. Méline.
A,
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : A Neuilly-Levallois.
- Départ du prince de Bulgarie.
- Durée du jour : 15 h. 40 nu
AU JOUR LE JOUR
Le ministère Méline est constitué,
d'après ce que nous apprennent les
journaux qui vont être ses officieux.
C'est un ministère homogène, mais il
n'est composé que de conservateurs
dont M. Méline a l'air d'être le chef,
tandis qu'il n'est qu'un commandant en
second. Derrière lui, dans les coulisses,
il y a en effet MM. Charles Dupuy et
Poincaré, ce dernier, ministre de la pa-
role sans portefeuille, ainsi que l'a dit
un organe réactionnaire. On ne saurait
faire remarquer d'une façon plus spiri-
tuelle, aux membres du futur ministère
qu'ils ne sont que de vulgaires bafouil-
leurs.
Ce ministère n'est pas seulement ho-
mogène et réactionnaire. C'est aussi un
ministère de combat. Le chef qui va,
en apparence, le diriger, a un pro-
gramme économique qui est en partie
réalisé et qui commence à ruiner le
pays. Il est hostile à toutes les ré-
formes. Il ne veut entendre parler ni
de l'impôt sur le revenu, ni de la revi-
sion. Il est de ceux qui soutiennent
cette monstrueuse théorie que le suf-
frage universel doit s'incliner devant
le suffrage restreint. Il est l'ennemi du
progrès.
Mais les véritables présidents du con-
seil sont encore autrement rétrogrades.
On les a vus à l'œuvre MM. Dupuy et
Poincaré.
J'aime à croire que la majorité démo-
cratique ne laissera pas à ce ministère
le temps de vivre. Il faut qu'il tombe
tout de suite, car il a été constitué
contre les indications de la Chambre.
Une fois de plus, la démocratie est
trompée. Elle doit se ressaisir, se tenir
plus unie que jamais et continuer, plus
activement encore que par le passé, la
lutte pour la République qui me parait
sérieusement menacée par la coalition
des réactionnaires et des conserva-
teurs.
CHEZ NOUS
Le président de la République et
Mme Félix Faure ont offert hier soir un
dîner en l'honnerr Ju prince Ferdinand de
Bulgarie.
La table comprenait soixante couverts.
Le président de la République, qui por-
tait le grand cordon de Saint-Alexandre,
avait à sa droite le prince de Bulgarie, en
grand uniforme, avec en sautoir le grand
cordon de la Légion d'honneur. A la gau-
che du président était l'ambassadeur de
Turquie.
Mme Félix Faure avait à sa droite le
président du Sénat et à sa gauche le prési-
dent de la Chambre des députés.
Une superbe soirée artistique a suivi le
dîner. Elle a été donnée dans la grande
salle des fêtes.
Le chiffre des invitations avait été ri-
goureusement limité. En dehors du corps
diplomatique, des membres du Parlement,
il n'y avait que huit cents personnes envi-
ron.
Une barrière de fleurs séparait du public
l'orchestre de l'Opéra.
Un peu en avant des spectateurs, trois
fauteuils étaient réservés. Le président de
la République a placé à sa droite le prince
de Bulgarie et à sa gauche le prince Fushi-
mi, chef de la mission japonaise envoyée
à Moscou pour le couronnement du tsar.
A dix heures précises, le rideau s'est
levé sur l'acte de Murger : le Bonhomme
jadis, interprété par Mlle Reichemberg et
MM. Leloir et Boucher.
M. Mounet-Sully a dit ensuite des poé-
sies. M. Coquelin cadet a récité des mono-
logues. Mlle Delna a chanté les stances
de Sapho. M. Bouvet s'est fait entendre
dans un air de la Jolie fille de Perth et
Mlle Bréval dans un air du Cid.
Le corps de la danse de l'Opéra, ayant à
sa tête Mlles Mauri et Subra, a exécuté la
gavotte, la sarabande, la pavane, le me-
nuet, le rigodon et le passe-pied.
La soirée s'est terminée par la comédie
de Ludovic Halévy, Lolotte, interprétée
par Mlle Réjane, Mlle Avril et M. Mayer.
- M. Pierre Blanc, député de la Sa-
voie et doyen d'âge de la Chambre, vient
de mourir.
Il était né à Beaufort (Savoie) le 29 juin
1806 et avait débuté dans la vie politique
comme député de la Savoie au Parlement
piémontais, avant l'annexion.
Il entra au Parlement français en 1876,
comme député d'Albertville. Républicain
déterminé, il fit partie des 363 et depuis
fut toujours réélu avec de fortes majorités.
Depuis 1881, M. Pierre Blanc, doyen,
présidait à l'ouverture de chacune des ses-
sions. Tout le monde a présent à la mé-
moire la distinction parfaite avec laquelle
il inaugurait les travaux législatifs.
Le doyen de la Chambre est maintenant
M. de Lacretelle, député de Saône-et-Loire,
"né le 29 avril 1817.
—— Notre collaborateur et ami Bentin
vient d'avoir la douleur de perdre son
père.
Nous lui adressons ici nos sincères con-
doléances.
Il est dans la vie, même chez les
moins complexes, des moments inexplica-
bles, où nous agissons contrairement à
notre volonté et à nos habitudes, sous
l'influence d'instincts obscurs et de forces
inconnues. Telles sont les Heures de mys-
tère que Maurice Leblanc, dans son nou-
veau livre publié par Ollendorft étudie en
une trentaine de - - ces petits romans, ner-
veux, étranges, de style sobre et de dénoue-
ment inattendu, qui l'ont placé parmi nos
meilleurs conteurs.
Le Passant.
LE CRIME DE VINCENNES
Un père qui tue son fils
Le cousin complice — L'endroit choisi
Le guet-apens — Grâce !
L'assassin du jeune Vasseur, trouvé étran-
glé dans le bois de Vincennes, au plateau
de Gravelles, est connu et, chose mons-
trueuse à dire, c'est son père qui a commis
l'épouvantable forfait. Voici dans quelles
circonstances la justice a découvert la vé-
rité :
INTERROGATOIRE DE BOUCHER
Le cousin du jeune Vasseur, Boucher,
établi crémier, rue Sainte-Anne, avait été
appelé, hier, par M. Cochefert, chef de la
sûreté. De graves présomptions pesaient
sur lui ; nous allons voir plus loin com-
ment elles étaient justifiées.
Lorsque Boucher s'est présenté dans le
cabinet de M. Cochefert, deux choses ont
frappé ce magistrat : lo cousin de Vasseur
était rasé, et il portait au doigt une blessure
assez grave. Il prétendit qu'il s'était fait
raser pour être plus correct et qu'il avait
été mordu par un jeune chien.
On lui demanda compte de l'emploi de
son temps et l'on remarqua bientôt qu'il
avait passé ses nuits à droite et à gauche,
contrairement à ses habitudes, ce qui déno-
tait chez lui la préoccupation d'un grave
événement.
Vendredi dernier, le jour du crime, il était
rentré chez lui fort tard, vers six heures du
matin, et il avait dit à sa femme :
— Quoi qu'il arrive, tu diras que je suis
venu me coucher de très bonne heure.
Sans cela, tes paroles pourraient nous coû-
ter cher.
Le lendemain du crime, il avait été rue
du Chemin-Vert et il avait demandé l'hos-
pitalité à une dame Balzat, à laquelle il
avait fait cette singulière déclaration :
— Figurez-vous que mon pauvre cousin a
été assassiné, on est capable de me faire
arrêter, c'est pourquoi je me suis fait raser
et que je me sauve un peu partout comme
un chien errant. Je vous en supplie, madame,
ayez la bonté de me remonter le moral. Et
puisque vous me connaissez depuis long-
temps, ne me repoussez pas.
Mmt BOUCHER PARLE
Tel était le point de départ des investiga-
tions, si heureusement terminées, du service
de la sûreté.
Pour plus amples renseignements, M. Co-
chefert avait fait venir dans son cabinet la
femme de Boucher : puisque le crémier
mentait évidemment, sa femme dirait peut-
être la vérité. On ne se trompait pas.
Mme Boucher attendait depuis une demi-
heure dans la salle réservée aux témoins,
lorsqu'elle fut prise d'une syncope. On
s'empressa autour d'elle, et, lorsque sa crise
de nerfs fut calmée, elle s'écria en sanglo-
tant :
— Je veux parler, maintenant, j'ai des
choses très graves à dire.
M. Cochefert la fit comparaître devant
lui.
— Lorsque mon mari est rentré chez nous
le jour du crime, il était six heures du
matin.
— Votre mari, répliqua M. Cochefert, pré-
tend qu'il était neuf heures du soir, mais
nous étions déjà fixés à cet égard. Enfin
puisque vous êtes venue ici compléter les
renseignements sûrs que nous possédons
déjà, parlez, madame.
Alors, très émue, Mme Boucher fit les
aveux suivants :
— Je suis certaine que le jeune Vasseur a
été assassiné par son père, avec la compli-
cité de mon mari.
M. Cochefert donna immédiatement les
ordres nécessaires pour que M. Vasseur
père lui fût amené séance tenante.
Mme Boucher ne put lui en dire davan-
tage. On lui accorda quelque repos et Bou-
cher fut interrogé sur le champ.
LE BON COUSIN
L'homme ras6, en apprenant les terribles
révélations qui avaient été faites sur lui,
perdit immédiatement le sangfroid qui
jusque-là lui avait admirablement servi.
- Allons, dites la vérité; vous prétendez
que la nuit du crime vous êtes resté chez
vous, auprès de voire femme. Elle avoue
maintenant le contraire. Où étiez-vous ?
— J'étais dans le bois de Vincennes, r6-
pondit-il en baissant la tête. Mais je ne 1 sois
qu'un complice et c'est malgré moi que ce
crime atroce a été commis C'est lo père
Vasseur qui a fait le coup. Je vais vous dire
toute la vérité.
Le petit Vasseur a été de bonne heure
abandonné par son père, et c'est peut-être
pour cela qu'il a mal tourné.
Son père, qui est établi marchand de vins
à La Chapelle est pourtant très aisé, mais
qu est-ce que vous voulez, il ne voulait pas
en entendre parler. C'est pourquoi l'autre
changeait de place à chaque instant, il
n'avait pas de quoi vivre, il venait souvent
me demander de l'argent, et je lui en ai
donné. J'espère qu'on me pardonnera peut-
être un peu à cause de ça.
Pour acheter ma crômerio do la rue
Sainte-Anne, j'avais contracté des dettes, il
me fallait 3,0U0 fr absolument. J ai été
trouver le père Vasseur. Tout on causant, je
lui ai dit que son lils était mat tourné, qu'il
était vêtu de loques et qu'il avait pour ainsi
dire sans souliers : « Il te faut 3,000 fr.,
m'a-t-il répondu, si tu veux, tu les auras ».
J'ai compris qu'il me proposait quelque chose
de grave.
POUR TROIS MILLE FRANCS
Le père Vasseur a continué en me disant ?
« Mon fils est un chenapan, il déshonorera
mon nom, il faut que je le corrige, si tu veux
m'aider, je te donnerai ce qu'il te faut pour
ton échéance. » Cette promesse me faisait
tant plaisir que je n'ai pas réiléchi da-
vantage et que je me suis mis à la disposi-
tion du Dèce VMaear.
- «
Il me fit remarquer que c'était une correc-
tion particulière qu'il fallait à sa colère et
qu'il ne serait pas prudent de l'administrer
en public.
Il me déclara donc qu'il nous fallait cher-
cher un endroit désert, où, loin des regarda
importuns, il pourrait assouvir sa rage. Ja
1 ai aidé. Nous avons été à Clamart et dans
plusieurs endroits aux environs de Paris, lii
plateau de Gravelle nous a plu.
LIÉT-RANGLEUR
Pour attirer mon cousin, je lui ai dit que
j avais trouvé pour lui une très bonne place.,
Et comme je lui promettais de le nrp.nf:A..
au plateau de Gravelle à la personne qui
devait le prendre à son service, il me crut et
nous nous donnâmes rendez-vous.
Je prévins son père et je me rendis accom..
pagné de son cousin à l'endroit indiqué, tans
dis que le pire Vasseur, par une autre voie*
allait également là.
Il était caché dans un buisson, je ne sa*
vais d ailleurs pas exactement où; nous mar-
chions, le jeune homme et moi, causant da.
la place en question, et tandis que je lui ra-
contais que c'était par l'intermédiaire d'une
caissière que j'avais appris la vacance da
cet emploi et qu'il m'écoutait avec attention,
les feuillages s'écartèrent et un homme bon
dit sur nous, si brusquement que je ne re-
connus Vasseur qu'un moment après.
Déjà il avait saisi son fils à la gorge, mais,
le jeune homme allait se dégager; il criait
si fort que je crus voir surgir de tous côtés
des témoins. J'ai voulu arrêter ses cris, je
lui ai mis mon pouce dans la bouche. Lé
sang pissait, j'ai lâché prise, et j'ai étlj.
quelques pas plus loin pour m'envelopper
le doigt dans mon mouchoir
Lorsque je me suis retourJ 3,1e petit Vas-
seur était à plat ventre sur le chemin, sou
père était accroupi sur lui, le serrant de ses-
deux mains, sans lâcher prise; il s'est se-
coué, il n'a plus rien dit. Il était mort.
Nous lui avons mis une corde autour du
cou, pour faire croire à un suicide par pen-
daison, nous l'avons jeté dans un buisson et
nous nous sommes sauvés.
Le lendemain j'ai été trouver Vasseur pour
avoir les 3,OJO fr., il a refusé de me les
donner.
Après ce dramatique récit, le triste coquirç
qu avait pas craint de se rendre complicit
d'un crime aussi odieux, afin de se procurer'
de quoi faire face à ses échéances, a étfe
incarcéré.
LE PÈRE VASSEUR
Ce misérable est assez riche, il tient un
débit de vins rue du Faubourg-Saint-Denis,
130; il a, lui aussi, une singulière façon dIJ
comprendre la morale,
A l'tige de treize ans, il avait remarqué-
que son fils n'était pas une créature par-
laite. Il résolut de le noyer.
Alors qu'il allait lo jeter dans la Seine,
l'enfant se dégagea et se sauva pour ne plus
revenir. Livré à lui-même, si jeune et sans
état, il ne fut pas un modèle de vertus, il
gagna sa vie comme il le put.
- 11 me déshonorera, criait à qui voulait-
1 entendre la canaille paternelle qui lui refu-
sait le pain quotidien.
Et dans 1 esprit cruel et borné du vieux
misérable naquit un jour le dessein de se
débarrasser de son enfant, pour ne pas dés-
honorer son nom.
Quand il a été amené auprès de M. Co-
chefert, il a répété point par poin, la dépo-
sition du consciencieux Boucher, y ajoutant
des détails à faire frémir.
— Boucher a dit la vérité; quand j'étran-
glais ce sacré galupin, il avait beau me dire :
« Laisse-le, il est ton tils ! » je savais très
bien ce que je faisais. Vous voyez bien que
ce voyou me déshonorait, puisque c'est à
cause de lui que je suis ici. Les enfants soat'
des ingra's.
Nous avons vu quelques agents, et ils
ont avoué être émus eux-mêmes des dé-
tails particulièrement tristes et cruels de ce
crime inouï.
PAUL QÉONON.
L' ŒUVRE DU CABINET BOURGEOIS
Quand le parti radical, remis de la
première émotion que devait lui causer
la brusque retraite d'un cabinet sur le-
quel il avait fondé tant d'espérances,
aura repris tout son sang-froid, il re-
connaîtra quel chemin considérable le
ministère Bourgeois lui a permis de
parcourir. En ce moment, l'amertume
des déceptions, le dépit de voir ceux
qui l'ont conduit à la victoire, renoncer
au champ de hataille, ne lui permettent
pas d'apprécier sainement sa dette de
gratitude. Mais la réflexion viendra
vite et avec elle l'équité. Et les républi-
cains avancés reconnaîtront que ce n'é-
tait pas à des mains inactives qu'ils
avaient confié leur drapeau.
Et d'abord, le cabinet présidé par M.
Bourgeois a opéré ce premier tour de
force de déplacer à la Chambre des dé-
putés l'axe politique. Par lui, une ma-
jorité nouvelle s'est constituée, majol
rite compacte, persévérante , groupée
derrière les leaders du radicalisme. Ce
fait, on a voulu tantôt le nier, tantôt
l'obscurcir. Mais toutes les manifesta-
tions de la volonté parlementaire l'ont
placé dans une évidence grandissante.
Cette majorité ne s'est jamais démentie;
les coalitions du centre et des droites
n'ont pu roussir à l'entamer. Au début,
on la déclarait trop considérable pour
comporter une signification ; depuis,
on la dénoncé comme trop exiguë pour
offrir des chances de stabilité. Mais
qu'importent les sophismes? Il reste
que la majorité nouvelle n'a contenu
nul alliage d éléments réactionnaires,
au lieu que la minorité dite des mo-
dérés a dû demander aux droites son
appoint. Enfin, par un phénomène par-
lementaire à peu près unique, on a vu
une majorité survivre aux leaders
qu'elle soutenait et demeurer fidèle*
invincible, alors que ses chefs s'étaient
retirés.
En second lieu, ces groupes radicaux
dont les journaux doctrinaires allaient
répétant que leur incapacité était ab-
solue d'exercer une action méthodique
et continue, bons seulement à détruiret
nullement à édifier, se sont, durant ces
six mois, révélés comme un parti de
gouvernement. A quels signes se fait
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