Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-11-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1897 19 novembre 1897
Description : 1897/11/19 (N10115). 1897/11/19 (N10115).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7543585g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
CÎNQi CENf IMS» le Num.érÕ-: PARIS & DEPARTEMENTS .1 'i:-:.- Le Numéro: CINQ CENTIMES
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NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
La Question du Niger
Quelques amis inconnus,. lecteurs de
ce journal veulent bien me demander
mon avis sur la question du Niger, tant
débattue, depuis quelque temps, dans
les journaux de Londres et de Paris,
dans les premiers surtout, et qui semble
avoir occasionné en Angleterre, même
dans les sphères gouvernementales, une
recrudescence de ce jingoïsme dont
quelques-uns de nos voisins abusent
trop volontiers et qui, de ce côté du dé-
troit,!sert de prétexte aux ennemis sys-
tématiques de l'Angleterre pour indispo-
ser l'opinion publique contre elle.
Pareille chose se produisit, il y a deux
ans, à propos d'un territoire du Haut-
Mékong que les géographes appellent
Muong-Sin. Pendant des semaines, et des
mois, la pressé londonienne et la presse
parisienne ne parlèrent que de Muong-
Sin, et l'on était, dans certains milieux
politiques français, parvenu à se pas-
sionner pour la possession de Muong-
Sin, comme s'il se fût agi de la Califor-
nie ou du Transvaal.
Les Anglais malins avaient attaché ce
grelot; et ils l'avaient choisi très gros,
très sonore, afin de frapper nos oreilles
et de provoquer notre appétit en nous
faisant croire que la vache au cou de la-
quelle ils l'avaient pendu était aussi
grasse que bruyante. Lorsque nos nerfs
furent bien excités,lorsque nos diploma-
tes, qui ne connaissaient pas plus Muong-
Sin que le premier d'entre vous, eurent
été suffisamment échauffés par une opi-
nion publique aussi ignorante qu'anglo-
phobe, lord Salisbury nous proposa d'é-
changer Muong-Sin contre une conven-
tion en bonne et due forme, par laquelle
nous renoncions à toutes nos ambitions
dans la vallée du Meinam et nous recon-
naissions à l'Angleterre la légitimité des
siennes sur la presqu'île de Malacca.
Je me souviens que le soir où notre mi-
nistre des affaires étrangères fit passer
dans les journaux la grandissime
nouvelle de l'abandon de Muong-Sin par
les Anglais, ce fut parmi les coloniaux
en chambre une joie sans pareille, un
enthousiasme incomparable.
Pendant six mois, la presse anglaise
nous avait fait battre pour un os. La
diplomatie britannique nous le lâchait;
quel triomphe ! Il est vrai que quand on
l'examina de près, on s'aperçut qu'il ne
contenait plus aucune moelle. Mais on
avait l'os ; on se tint pour satisfait, et
je connais des gens qui racontent en-
core, comme un superbe succès de no-
tre diplomatie, l'affaire de Muong-Sin.
Ce brave M. Vacle, qui alla recevoir
ce territoire de la main des Anglais,
n'est pas encore revenu de. l'impression
que lui causa la désolation du pays, et
pourtant je vous assure qu'il n'est pas
difficile en matière de civilisation, ayant,
depuis dix ans, vécu beaucoup plus
dans la brousse que dans les villes.
Eh bien! j'éprouve, je vous l'avoue,
quelque honte à voir recommencer, à
propos de la boucle du Niger, le même
conflit de presse et les mêmes discus-
sions diplomatiques qu'à propos de
Muong-sin, car je me demande si nous
ne serons pas, encore une fois, les vic-
times de l'anglopholie de la masse igno-
rante de nos concitoyens et de quelques-
uns de nos diplomates.
$*.
Je croirai difficilement que lord Salis-
bury ait dit toute sa pensée lorsque,
dans son discours du Guildhall, il a pro-
noncé, au sujet de l'ouest africain, cette
phrase malheureuse que les journaux
jingoïstes de Londres ont soulignée
comme une menace à l'adresse de la
France, et qui a été, en effet, interprétée
ici de cette façon, par notre presse offi-
cieuse.
M. Chamberlain lui-même qui a l'air
de vouloir se faire une popularité en
exploitant le chauvinisme britannique,
sait ce que vaut la boucle du Niger et
ce n'est certainement pas en vue de ce
territoire qu'il se livre à tant de démons-
trations patriotiques.
Il s'est formé, depuis quelques années,
en Angleterre, un parti militaire qui,
sous l'étiquette de l'impérialisme, pousse
à la reconstitution de l'armée sur des
bases nouvelles, et tend à substituer,
dans la politique anglaise, l'esprit belli-
queux des nations continentales, à l'es-
prit commercial qui anima le gouverne-
ment britannique pendant ces deux der-
niers siècles.
M. Chamberlain est le représentant
officiel de cet esprit nouveau. Son atti-
tude dans la question du Niger n'est
qu'une des multiples manifestations. Et
il faut croire qu'elle lui a valu quelque
succès, puisque le chef du cabinet dont
il fait partie s'est cru obligé d'imiter son
attitude et son langage.
Le Niger, dans tout cela, ne joue,
soyez en certain, qu'un rôle très secon-
daire. Le parti militaire anglais crie très
fort au péril étranger, allemand un
jour, français l'autre, pour entrainer
l'opinion britannique dans son sillage,
et la question du Niger n'est que l'un
des clous auxquels il accroche ses argu-
ments et ses ambitions. -
Les commerçants et les adeptes in-
telligents de la politique commerciale
qui a fait la fortune et la grandeur de
l'Angleterre voient clair, sans doute,
dans ce jeu, car il y quelques jours, les
personnalités les plus autorisées du
haut négoce de Liverpool protestaient
contre. les ambitions illégitimes de la
Compagnie du Niger et invitaient leurs
compatriotes à se défier des excitations
ultra-patriotiques par lesquelles on
essaie de les échauffer en faveur de
l'Ouest africain et contre la France.
* #
Nous ferons bien de prendre notre
part de ces excellents conseils, et de ne
pas montrer, dans l'affaire du Niger,
autant de naïve impatience que dans
celle de Muong-Sin. Nous possédons
déjà sur le sol africain plus de sept,
cent millions-d'hectares de terres dont
nous n'avons encore presque rien fait.
Tout en affirmant les droits que nous
pùuvons avoir acquis sur d'autres terri-
toires, nous devrions" surtout nous pré-
occuper de mettre en valeur deux dont
nous avons déjà la propriété.
Il est impossible'que nos diplomates
ne trouvent pas dans l'ouest africain
lui-même, les éléments d'une concilia-
tion à laquelle les peuples anglais et
français sont également intéressés et
qui serait, sans doute, très facile à réa-
liser, s'il n'y avait pas, des deux côtés
de la Manche, des gens désireux de se
faire une popularité en exploitant les
animosités irraisonnées des deux na-
tions.
Il ne nous appartient pas d'indiquer
à la Commission franco-anglaise réunie
à Paris, les concessions que chacune de
ses parties doit faire pour arriver à une
entente, mais nous croyons parler dans
l'intérêt des deux pays, en recomman-
dant à tous les membres de cette com-
mission de se soustraire, pendant la du-
rée de leurs travaux, aux influences
chauvines qu'on serait tenter d'exercer
sur eux, tant du côté de la France que
du côté de l'Angleterre.
La boucle du Niger tout entière ne
vaut pas assez cher pour qu'on sacrifie
au désir de la posséder les bonnes re-
lations que les gouvernements français
et anglais entretiennent depuis tant
d'années.
S'il plaît à M. Chamberlain de sur-
chauffer, pour en faire un piédestal à
ses ambitions personnelles, le jingoïsme
anglais, le devoir de nos ministres est
celui de la presse française est de lui
prouver, par une attitude aussi calme
que ferme, que sa politique ne trompe
personne, nulle part, et qu'elle est con-
traire aux intérêts matériels et moraux
des deux pays. •
Au moment où l'équilibre européen
est en train de se modifier profondé-
ment, en raison de l'alliance franco-
russe et de la prépondérance prise à
Constantinople par l'Allemagne, à la
suite de la guerre gréco-turque, la
France et l'Angleterre commettraient
une insigne folie si elles se brouillaient
pour quelques hectares de terre sur les
bords du Niger, dans un pays où les ha-
bitants sont impropres à tout travail et
où l'européen ne saurait vivre qu'à la
condition de ne presque rien faire.
Tout désaccord entre les deux plus
grandes puissances maritimes de l'Eu-
rope ne pourrait être que profitable à
l'Allemagne qui aspire à devenir sur
mer la rivale de l'une et de l'autre. Et
si de ce désaccord, une guerre venait,
par malheur, à surgir, tous les bénéfices
en seraient pour le commerce et pour
la marine de guerre germaniques.
J'estime donc que le devoir de la presse
française, celui de nos représentants et
celui de nos ministres est de garder,
dans cette circonstance délicate, un peu
plus de sang-froid que ne paraissent en
avoir M. Chamberlain et lord Salisbury.
C'est le meilleur moyen d'obtenir que la
question du Niger soit résolue de la
manière la plus conforme à nos intérêts
et, c'est aussi la condition essentielle
du maintien d'un accord des deux na-
tions que je considère comme le corol-
laire indispensable de notre alliance
avec la Russie.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de lU. Lucien Victor-Meunier.
LE CONFLIT MUNICIPAL
Entrevue du préfet et du bureau du conseil
Le conflit municipal va probablement entrer
dans une nouvelle phase qui amèneraune con-
clusion agréable à tout le monde : on oublie-
rait.
Voici pourquoi : dès la publication de notre
premier article contenant le texte de l'arrêté
qu'allait signer le préfet de la Seine, M. Sauton
président du c'onseilfit savoir à M. de Selves
qu'il était désireux de conférer avec lui sur
cette grave question. Or, le président du con-
seil ne vit pas le préfet qui publia son ar-
rêté.
C'est cette attitude, indiquant de la part du
préfet le droit de passer outre et de n'accepter
aucune discussion qui amena la séance de
lundi.
Aujourd'hui il est établi que le préfet n'a-
vait pas été averti du désir de M. Sauton que
de ce fait il n'avait pas pu prendre d'attitude
blessante à l'égard du bureau du conseil.
Cela a amené une entrevue entre le préfet
de la Seine et le bureau du conseil municipal
hier après la séance du conseil général.
On s'est expliqué sur le malentendu résul-
tant d'un oubli de la personne chargée de pré-
venir le préfet du désir de M. Sauton et M. dé
Selves a répété au bureau : que s'il lui était
démontré qu'il y avait lieu; de substituer une
autre réglementation à la sienne, il était tout
prêt à le faire, car il n'avait apporté dans sa
rédaction aucun parti pris, ainsi qu'il a cou-
tume de le faire, du reste ».
M. de Selves à ensuite protesté avec énergie
« contre l'idée émise qu'il ne tenait aucun
compte des délibérations du Conseil par sim-
ple satisfaction personnelle. »
M. de Selves a enfin renouvelé au bureau les
paroles qu'il a prononcées à la tribune décla-
rant qu'il n'avait toujours eu qu'un désir, c'é-
tait de travailler avec le conseil municipal au
mieux des intérêts de la ville sans toutefois s'a-
briter derrière ses délibérations pour se dis-
penser d'étudier les affaires et d'engager au
besoin sa responsabilité.
L'entrevue du préfet et des membres du
bureau a duré près d'une heure et l'impression
générale a été bonne. Il est probable qu'elle
facilitera les rapports entre la préfecture et le
conseil municipal de Paris.
EMILE WILLÈME.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : à Auteuil.
Fête deïrfripiersmarchands d'habits.
—- J)uré.eclu)o:_l? h}4 m.
,..--
CHEZ NO PS
IANVVW Le Président de la République, ac-
compagné du secrétaire général de la pré-
sidence et d'un officier de sa maison mili-
taire, a visité hier après-midi, à deux heu-
res, l'hospice de Bicêtre. M. Félix Faure a
été reçu par le directeur et le secrétaire
général de l'Assistance publique, le direc-
teur et les médecins de l'établissement.
AWVW M. Tisserand, directeur honoraire
de l'agriculture, est nommé vice-président
de la commission des améliorations agri-
coles et forestières.
EN PASSANT
Un jeune explorateur, le comte Henri de
La Vaulx que le ministère de l'Instruction
publique avait chargé d'une mission en Pa-
tagonie, vient de rentrer en France, après
dix-huit mois passés cher. les Araucans. Or,
sait-on ce qu'il a trouvé là-bas, entre au-
tres curiosités? Je vous le donne en mille.
Il a trouvé LA COUR DU ROI D'ARAUCANIE, ni
plus ni moins! Chambellans, ministres,
conseillers, ils sont en ce pays lointain, une
dizaine d'Européens, derniers rouages du
gouvernement d'Orélie-Antoine Ier, le lé-
gendaire M. de Tonneins, lequel, renversé
de son trône par les Chiliens, revint mourir
à Marseille. Demeurés dans les pampas de
la Terre de feu, après l'écroulement de leur
monarque, avec leurs titres pour tout po-
tage et leurs fonctions dérisoires, ces infor-
tunés sont aujourd'hui, si l'on en croit M.
de La Vaulx, tombés dans une dèche pro-
fonde. Je transmets respectueusement ces
détails navrants aie successeur actuel d'O-
rélie-Antoine. M. AchilleLaviarde, en effet,
ainsi que nul n'en ignore, est à la fois
voyageur de commerce et roi d'Araucanie.
Seulement voilà : il ne réside pas. Allons !
sire ! à cheval. Reprenez votre sceptre dans
le porte-parapluies et votre couronne à la
patère du quelconque estaminet où à cette
heure vous vous endormer dans les délices
de l'amer-picon menthe. Courer. oit vos des-
tins vous appellent. Traverser les mers!
Parter reconquérir votre royaume !
Hélas! il n'y a plus de princes ! Sa Ma-
jesté a les pieds plats, Elle ne marche
pas!
LOUIS MARSOLLEAU»
AAAAAA/ M. Bailay, directeur de la Loire ré-
publicaine, à Saint-Etienne, est mort la
nuit dernière dans cette ville.
,..VVVVV' On annonce la mort de M. O'Neil
Nesbitt, professeur honoraire de l'Univer-
sité.
AAA/WV Un exemple topique de la simpli-
cité administrative en France.
Un médecin a une note de trois francs à
toucher à l'administration des ponts et
chaussées.
Les honoraires du prix d'une visite sont
fixés à deux francs, plus vingt-cinq centi-
mes par kilomètre, quand l'Esculape est
appelé hors de son domicile.
ap Et voici ce qui se passe ; suivez-moi
bien :
Le docteur adresse son mémoire au con-
ducteur, qui le transmet à l'ingénieur or-
dinaire, lequel l'expédie, avec son « rap-
port », à l'ingénieur en chef, lequel le fait
parvenir avec « son avis » au préfet du dé-
partement, qui l'envoie finalement avec
une lettre au ministre.
Le ministère approuve sereinement la
dépense de trois francs et le dossier s'en
retourne avec la série de lettres, comme il
convient,, en resaluant au passage préfet,
ingénieur en chef, ingénieur ordinaire,
conducteur, etc.
Pour trois francs, ua fiacre n'en ferait
pas tant 1
A L'ETRANGER
www L'Université d'Oxford a conféré au
roi de Siam le titre de d-octeur en droit
civil.
NIN'N'I M. Zanardelli, ancien garde des
sceaux italien a gardé quelque chose de
l'inexorabilité du magistrat.
L'autre jour le vaincu d'Adoua, le
général Barattieri s'est présenté chez.
lui pour le consulter dans une affaire
très grave. Le malheureux général avait été
menacé de poursuites par le ministère de
la guerre s'il s'obstinait à publier des docu-
ments confidentiels dans un livre qu'il pré-
pare.
M. Zanardelli a refusé net de recevoir
le pauvre Barattieri qui a dû rentrer bre-
douille dans le Trente, son pays natal.
/vwvv» Les journaux américains parlent très
sérieusement d'une compagnie récemment
formée, pour l'exploitation d'un système
inventé par un ministre baptiste, le ré..
véread Jernefrao. de Middleton (Comiec,
- -.
.11.:. ", - M"- --
ticut), et à l'aide duquel on extraira l'or et
'argent de i'eau de mer. L'inventeur, par-
tant du principe que l'eau de mer contient
d'un demi-grain à un grain d'or par tonne
et deux grains d'argent, a imaginé un vaste
caisson muni à l'intérieur d'une vingtaine
d'appareils, qui recevra l'eau de mer. L'or
et l'argent qu'elle contient formeront un
précipité au fond du caisson.
Cent cinquante de ces caissons seront
installés au printemps prochain sur un
point de la côte du Pacifique, où les tra-
vaux se poursuivent secrètement.
L'entreprise espère tirer 5,000 francs par
jour de l'exploitation du procédé du révé-
rend Jernegan, lequel prétend avoir refusé
cinq millions pour la cession de sa décou-
verte de l'« eau philosophale ».
MIWN Business is business, disent les An-
glais, ce qui veut dire en bon français : les
affaires avant tout.
Une enquête a permis d'établir que les
fusils dont les indigènes insurgés dans les
Indes contre sa gracieuse majesté étaient
armés, ont été fournis par les armuriers de
Birmingham. • v
Ces armes ont pris la voie du golfe per-
sique pour arriver aux Afridis à la fron-
tière indo-afghane.
Sans commentaires, n'est-ce pas?
Le Passant.
L'naire Dreyfus
-
Comment se défend le commandant
Walsin-Esterhazy. — Complot mys-
térieusement machiné. — Un colo-
nel qui livre les pièces aux accusa-
teurs. — Le document photographié
mais invisible. — Le gouvernement
faitl'enquête.— Dreyfus a-t-il avoué
au capitaine Lebrun-Renault? —
L'avocat de M. Scheurer-Kestner.
Nouvelles informations.
Aucun fait nouveau ne s'est produit dans la
journée d'hier. Le commandant Walsin Es-
te rhazy a renouvelé avec énergie à maintes re-
prises ses protestations, et, dans ses déclara-
tions faites à de nombreux journalistes, il a
expliqué, selon lui, la machination téuébreuse
dont il se prétend victime.
De son côté, le gouvernement s'est décidé à
agir et à ouvrir enfin cette enquête qu'avec le
commandant Esterhazy l'opinion publipue tout
entière réclame.
Nous allons reprendre point par point les
principaux événements de la journée, et expo-
ser les phases par lesquelles passe cette mys-
térieuse affaire.
Mais auparavant il est peut-être intéressant
de signaler que tandis que M. Scheurer-Kest-
ner protestait avec véhémence contre la dési-
gnation du nom de M. de Rougemont,il a laissé
sans remarque livrer le nom du comte Walsin
Esterhazy.
De cette attitude et de ce silence, il convient
naturellement de conclure que le comman-
dant Esterhazy est bien l'homme désigné dans
le dossier du vice-président du Sénat, comme
le coupable, et que, ainsi que nous l'avions
indiqué, le frère du déporté, M. Mathieu Drey-
fus a agi de concert avec l'honorable sénateur,
en livrant à la publicité le nom de celui qu'ils
accusent.
DÉCLARATIONS DU COMMANDANT ESTERHAZY
Ses protestations
Le commandant Esterhazy a été interviewé
à différentes reprises.
Il a refait le récit que nous avons exposé
tout au long hier et ajouté quelques détails.
u La vie m'est bien moins que rien. Je tiens
peu à la vie, s'est écrié le commandant. Mais
j'ai tout un héritage de gloire à défendre. Pour
cela je suis décidé à tout.
— Je suis fils, petit-fils et arrière-petit-fils
de soldats ayant servi la France. Depuis cent
soixante ans, treize des nôtres périrent sur les
champs de bataille au service du pays. Récem-
ment encore, mon neveu, lieutenant aux ti-
railleurs tonkinois, tombait en Indo-Chine, et
c'est moi qu'on vient accuser t
J'étais dans ma propriété de Dommartin, me
livrant à l'élevage, lorsque je dus revenir ici
pour me défendre contre l'épouvantable guet-
apens dont je suis la victime ».
Tout est contre lui, il l'avoue, on le savait
bien — on, le syndicat formé en vue de la dé-
fense des intérêts de Dreyfus. Il a perdu sa
fortune au jeu, sa vie n'est pas ce qu'il est
convenu d'appeler une vie régulière. Il est un
peu en marge de la société. Pour des raisons
personnelles, il est séparé de sa femme, quoi-
que aucun tribunal n'ait eu à intervenir entre
eux ; enfin, et chose effrayante! son écriture
offre une analogie frappante avec celle du ca-
pitaine Dreyfus.
- Et, cependant, ajoute-t-il, je n'ai jamais
été employé au ministère de la guerre que du-
rant une période de huit jours, il y a dix
ans. J'étais à cette époque capitaine au 18e ba-
taillon de chasseurs à pied, et l'on me deman-
dait de faire l'historique de mon bataillon (?)
Et puis, comment pourrais-je avoir donné
des renseignements, moi qui ne fus jamais
dans l'artillerie ?. Pourquoi ces connaissan-
ces spéciales sur le fuein hydraulique, con-
naissances techniques?. C'est une pure in-
famie.
» Quand Mathieu Dreyfus m'a nommé, si
j'avais rencontré Mathieu Dreyfus, je lui au-
rais brûlé la cervelle. Il se cache. Je n'y pense
plus. Je ne me battrai pas en duel avec M.
Scheurer-Kestner, qui est un vieillard. Et puis
je me suis battu quinze fois. Les duels ne
prouvent rien. Je rougis d'avoir à demander
une enquête sur des faits aussi abominables.
Au fond, c'est le seule solution admissible'. Le
ministre de la guerre nommera sans doute un
officier général enquêteur. Je suis à ses ordres
et j'attends qu'il accomplisse sa besogne le
plus tranquillement du monde, comme vous
voyez. »
Les raisons d'un choix.
Et comme un rédacteur du Matin lui de-
mandait comment il explique que les amis de
Dreyfus l'aient choisi, lui, plutôt que tout au-
tre, comme bouc émissaire, il répond que ses
rapports peu fréquents, mais très ouverts avec
le colonel de Schwarzkoppen, qui était l'ami
de sa famille et qui voyait souvent les siens à
à Carlsbad. ont dû le désigner comme la vic-
time possible. En outre, les amis de Dreyfus
avaient pu se procurer de son écriture, de ses
le ttres, et plus particulièrement un gros tra-
lettres, lui avait été demandé par le minis-
vail qui lui avait été demandé par le minis-
tère.
C'est sur ce dernier document qu'ils ont dé-
calqué desmols qui tfgurent sur le fameux bor-
dereau. r -
— L'allure générale de récriture, dit le
«
: ..: j ;: :. :: -. -. - t"
commandant, n'est pas la mienne ; mais il y a
des mots qui semblent absolument être écrits
de ma plume. J'écrirais cinq cents fois le mot
procurer que le dessin de ce mot serait iden-
tique à celui qui se trouve sur le bordereau.
Tout cela a été fabriqué.
» Quant à ma conduite, elle n'a jamais eu
rien d'équivoque. Je suis allé quelquefois à
l'ambassade d'Allemagne. J'avais si peu à me
cacher que je m'y rendis plusieurs fois en
plein jour et en uniforme, pour rendre service
à mon colonel, dont la femme, originaire d'Al-
sace, désirait franchir la frontière pour rai-
sons de famille,
Le colonel Picquart
« — Tout a été mené, ajoute le comman-
dant, par le colonel Picquart, qui a ouvert
contre moi une. enquête il y a quinze mois,
alors qu'il se trouvait au ministère de la guerre.
Il voulait absolument me perdre et il sut choi-
sir pour cela ses auxiliaires. Du reste, sa con-
duite alors fut jugée tellement blâmable que
ses supérieurs l'envoyèrent en disgrâce en Tu-
nisie. Là, il continua à grossir son dossier,
aidé par M. Izaïe Levaillant, ancien directeur
de la sûreté générale. Du reste, les dépêches
échangées à cette époque à propos de cette
campagne doivent être entre les mains du mi-
nistre de la guerre.
» Bref, "ils sont arrivés à mettre entre les
mains de M. Scheurer-Kestner des pièces
où mon écriture, ou plutôt des mots cal-
qués sur mon écriture, jouent le plus grand
rôle. Il y aussi d'autres pièces fabriquées
qui tiendraient à démontrer ma culpa-
bilité.
:
» Mais tout cela s'écroulera devant la preuve
définitive que j'ai entre les mains et dont j'ai
parlé hier, une photographie, sous triple en-
veloppe, au ministère de la guerre.
» Cette preuve est une pièce dans laquelle
Dreyfus est nommé en toutes lettres : « Cet
animal de Dreyfus. » Je ne la publie pas,
parce que c'est impossible.
» — Peut-être le moment viendra-t-il où vos
ennemis vous acculeront à cette publica-
tion.
» — Peut-être. En ce moment, j'attends
que M. Scheurer-Kestner sorte son dossier.
Quand .il raconte qu'il faut quinze jours à son
avocat pour l'établir, il ment, car l'avocat le
possède depuis très longtemps. Il a travaillé
lui-même à le former avec le colonel Picquart
dont il est l'ami.
» C'est Me Leblois, 96, rue de l'Université,
qui a partagé la besogne du colonel. Il se ren-
dait à son bureau au ministère de la guerre,
et, là, le colonel lui ouvrait les tiroirs néces-
saires à son enquête et mettait le dossier à sa
disposition.
Une accusation
M. Esterhazy a dit encore à nn rédacteur de
VIntransigeant :
» Qu'on m'interroge et qu'on sorte les docu-
ments du dossier.
» Parmi ces documents, il en est un probant
le procès-verbal, signé par plusieurs témoins,
établissant que le capitaine Lebrun-Renault,
de la garde républicaine, a reçu les aveux de
Dreyfus à l'issue de la sentence du conseil de
guerre.
» Dreyfus a dit à cet officier : « Eh bien ! oui
j'ai livré certains documents à l'Allemagne,
mais c'était pour en obtenir de plus impor-
tants. »
» Cet aveu, encore une fois, est consigné
dans une pièce versée au dossier du pro-
cès.
» Qu'on la montre !
» L'affaire est machinée de toutes pièces par
trois personnes: M. Isaïe Levaillant, ancien
haut fonctionnaire de la police; l'ex-agent
Souffrain, qui a échangé récemment des télé-
grammes avec ce dernier; l'avocat L.,. et le
colonel Picquart.
» Il faut que tous ces gens-là comparais-
sent sans retard et s'expliquent sur leurs té-
nébreux agissements.
» Pour ma part, et je le lui ai écrit, j'accuse
le colonel Picquart :
1° D'avoir composé un dossier clandestin
avec despièces contradictoires me concernant,
dérobées dans les cartons de son service d'in-
formations;
» 2° D'avoir acheté à des sous-officiers de
mon régiment, le 74® de ligne,, des papiers
couverts de mon écriture ;
» 3e D'avoir fabriqué de faux papiers pour
les glisser dans le dossier.
» De tout cela, je possède les preuves ; j'at-
tends qu'on me traduise devant les juges que
j'ai réclamés pour les produire.
» Seulement, je demande qu'on fasse vite,
car si le gouvernement perd du temps, les ca-
nailles qui m'accusent, eux, n'en perdent
pas. »
M. Esterhazy et le Ministre
- Il y a vingt-cinq jours a déclaré le com-
mandant Esterhazy — le vingt-cinq octobre —
j'écrivis au ministre de la guerre pour le pré-
venir que, puisqu'il avait en dépôt l'honneur
de l'armée, je le faisais juge de ma vie.
Ce qui motiva mon adresse fut la lettre
anonyme dont je vous ai entretenu. Je lui ra-
contai mon existence mouvementée et mon
intention de m'en prendre au colonel Piquart,
que j'accusais d'être l'auteur responsable des
calomnies mystérieuses dont j'étais acca-
blé.
Je reconnais qu'à court d'argent j'avais eu
recours à tous les prêteurs et que mon écri-
ture circulait partout, mais principalement
entre les mains des israélites ; je lui expliquai
que mon nom et mon passé m'interdisaient la
trahison.
La seule pièce du bordereau d'accusation
produit contre Dreyfus, dont j'eus connais-
sance, fut le manuel de tir qui me servit à
faire des cours pratiques. Quant aux autres
pièces, ma situation d'officier d'infanterie me
défendait d'en avoir communication avant
l'heure où elles devaient être répandues dans
la masse de l'armée.
Décidé à obliger le général Billot à prendre
en main mon honneur, j'ajoutais que, s'il le
fallait, j'écrirais à l'empereur.d'Allemagne et le
prierais de jeter sa parole comme un gant au
visage de mescalomniateurs anonymes. Je dis
encore au ministre de la guerre qu'une fois
j'allai en tenue à l'ambassade d'Allemagne,
mais que c'était pour mon colonel qui désirait
se rendre en Alsace-Lorraine sans être inquiété
Voilà le sens de ma lettre.
Une lettre surprise
Maintenant, dit encore le commandant Es-
terhazy, il me revient qu'au début de i893 un
capitaine de l'état-major m'écrivit pour me ae-
mander les états de service de mon père, gé-
néral de brigade pendant la campagne de Cri-
mée.
Je me suis soumis à cette invitation.
Quelque temps aprèi, surpris de ne pas en-
tendre parler de mon travail, j'écrivis à cet
officier.
Sa réponse me frappa de stupeur, car il dé-
clarait ne m'avoir rien demandé et me laissait
comprendre que j'avais été victime d'un faus-
saire.
J'enjlavisai immédiatement le général de
Doisdeffre. Depuis, je n'ai reçu aucune com-
munication oflicielle.
Ce fait joint aux nombreuses lettres de
change laisssées par moi entre des mains plus
ou moins louches, me persuade que mou écri-
ture était archiconnue des intéressés et qu'il
était facile d'en prendre des décalques.
La preuve de la trahison de Dreyfus remonte
à 1894, les traces de mon écriture sont anté-
rieures à cette date. Qu'on en tire une conclu-
sion.
UN TÉMOIGNAGE DÉCISIF
De toutes les déclarations qu'a faites le com<
mandant Esterhazy, il en est une qui a assu*
rément une importance capitale.
C'est celle dans laquelle il dit :
« Parmi ces documents (les documents o~
dossier Dreyfns) il en est un probant : le pro-
cès-verbal sné par plusieurs témoins, établis-
sant que le capitaine Lebrun-Renault, de la
garde républicaine, a reçu les aveux de Drey-
fus à l'issue de la sentence du conseil de
guerre.
» Dreyfus a dit à cet officirr : « Eh bien 1 oui,
j'ai livré certains documents à l'Allemagne,
mais c'était pour en obtenir de plus impor-
tants. »
» Cet aveu, encore une fois, est consigné
dans une pièce versée au dossier du pro-
cès. »
Il n'est pas besoin de faire remarquer que si
ce propos qui avait été rapporté au lendemain
de la dégradation de l'ex-capitaine et qui avait
été démenti, depuis, par sa famille, était au-
jourd'hui confirmé,la culpabilité de Dreyfus se
trouverait aussitôt hors de doute.
Nous n'avons donc pas hésité, puisque pour
la première fois, un témoin noua était indiqué,
A chercher à élucider cette grave et impor-
tante question. , ,. j:.
Malheureusement le capitaine Lebrun-Re-
nault n'est pas (c de semaine » en ce moment,
et il nous a été impossible de le rejoindre à la
caserne des Célestins, où il a son domi-
cile.
Nous voulons espérer que l'autorité mili-
taire ne contraindra pas le capitaine Lebrun-
Renault au slilence.
Ra déposition peut être décisive. Il faut qu'il
parle. -
DÉMENTIS DE M. LEVAILLANT
On a vu que certains journaux mettaient en
cause à propos de l'affaire Dreyfus, M. Levail-
lant, ancien directeur de la sûreté générale.
Le Temps a interrogé M. Levaillant, qui lui
a dit :
— Il eût été étonnant que les journaux antisé-
mites ne mêlassent pas mon nom à cette af-
faire. Maréponsea leurs attaques sera simple:
1° On prétend que je mène campagne pour
Dreyfus, avec l'ex-agentSouffrain; 2° que j'au-
rais procuré, en employant Souffrain, des do-
cuments au colonel Picquart.
Eh bien! je ne me suisjamais occupé ni di-
rectement, ni indirectement de l'affaire Drey-
fus, postérieure à mon départ de la sûreté gé-
nérale. Je m'y intéresse comme tout le monde
s'y intéresse, voilà tout.
Je n'ai plus revu Souffrain depuis mars ou
avril 1695, époque à laquelle il s'est rendu.
chez moi pour me prier — vainement d'ailleurs
— de ne pas le nommer dans la brochure que
je fis paraître au cours de cette année. Je n'ai
pas davantage correspondu avec lui.
Quant au colonel Picquart, j'ignorais, avant
d'avoir lu son nom dans les journaux, qu'il y
eût un officier s'appelant ainsi dans l'armée
française.
Vous voyez, conclut M Levaillant, que mon
attitude est bien nette : je me borne à opposer
à ceux qui me mettent en cause un démenti
formel.
LA PIÈCE PHOTOGRAPHIQUE
Le commandant Esterhazy a remis, comme
nous l'avons dit, la photographie de la pièce au
ministère de la guerre. Elle serait, suivant lui,
d'une extrême gravité et démontrerait de façon
absolue la culpabilité du capitaine Dreyfus :
Il convient, dit l'Echo de Paris d'ajouter qne
le commandant Esterhazy est persuadé que
jamais le gouvernement français, en tant que
gouvernement, n'osera prendre la responsabi-
lité d'avoir en sa possession semblable pièce.
Car elle serait de nature à créer de gros inci-
dents diplomatiques.
Il y a des choses que des gouvernements qui
s'espionnent mutuellement ne peuvent ignorer
et qu'ils affectent de ne pas connaître lorsque
les choses sont conduites -dans l'ombre, mais
qui, divulguées à un tribunal, produiraient de
pénibles contlits.
Le rappel de l'attaché militaire allemand à,
Paris est lié à cet ordre de faits ; c'est une con-
cession de l'Allemagne ; l'incident prend de
telles proportions aujourd'hui qu'une étin-
celle maladroite, un mot mal interprété suffi-
rait pour amener de grosses complications.
Le commandant Esterhazy aurait complété
ces quelques données par ces mots qu'il attri-
bue à M. Hanotaux :
Que vingt officiers français soient mis en ju-
gement si la nécessité nous y oblige, plutôt
que de voir fouiller le secret de nos archives
nationales intéressant le pays tout entier.
Du reste, M. Esterhazy savait qu'une enquête
était faite sur lui, depuis quinze mois, par le
ministre de la guerre.
ACCUSÉS DE RÉCEPTION
Le commandant Esterhazy a reçu, ce matin,
à son dODiHcilc, 27, rue de la Bienfaisance, U
visite d'un officier de l'état-major du général
Billot qui lui a remis une lettre dans laquelle
le ministre lui accusait réception de la
pièce photographique dont nous avons parlé
hier.
Quelque temps après, le commandant a reçu
un pli apporté par un cavalier, dans lequel il
était avisé qu'une enquête allait, sur sa de-
mande, être ouverte, et qu'il eût à se tenir &
la disposition du gouverneur militaire.
LTNQUETE
Après mûres réflexions et hésitations, le
Gouvernement s'est enfin décidé à agir.
Le ministre de la guerre s'occupam de la dé..
nonciation de M. Mathteu Dreyfus et de la de*
mande d'enquête formulée par l'oflicter incri-
miné par lui, a donné l'ordre d'ouvrir cette
enquête. Conformément à l'usage, dit ta note
officielle, celle-ci a été confiée au chef direct
du commandant Walsin-Esterhazy, le général
Pellieux, commandant du département de la
Seine, sous les ordres duquel sont placés les
officiers en non-activité résidant à Pans.
Le général de Pellieux est un Alsacien ; il
est né le 6 septembre 1842, à Strasbourg. Gé-
néral de brigade depuis le 22 décembre 1894,
il était commandant de la 520 brigade, à Cier-
mont, lorsqu'il fut appelé, en septembre der-
nier, à remplacer le général Libermann au
commandement du département de la Seinei,
L'instruction de l'enquête.
Voyons comment s'instruira l'enquête don*
le général de Pellieux vient d'être chargé.
Après avoir pris connaissance des pièces do
procès il comparera l'écriture du commandant
Estheraty à celle des pièces à conviction dont
on a fait usage an cours do procès de l'ex-ca-
pitaine Dreyfus. -
vî11 aura toute liberté pour interroger le com<
tONDATEUR: AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
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Départements.. 2— 6— ii - 20-
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* et AUX BUREAUX du JOURNAL
REDACTION; 131, rue Montmartre, 13f
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Nj lOl 15. - Vendredi 19 Novexnbre 1S9
29 BRUMAIRE AN 108 -
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Adresser lettres et mandats àradmirùtratour,
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
La Question du Niger
Quelques amis inconnus,. lecteurs de
ce journal veulent bien me demander
mon avis sur la question du Niger, tant
débattue, depuis quelque temps, dans
les journaux de Londres et de Paris,
dans les premiers surtout, et qui semble
avoir occasionné en Angleterre, même
dans les sphères gouvernementales, une
recrudescence de ce jingoïsme dont
quelques-uns de nos voisins abusent
trop volontiers et qui, de ce côté du dé-
troit,!sert de prétexte aux ennemis sys-
tématiques de l'Angleterre pour indispo-
ser l'opinion publique contre elle.
Pareille chose se produisit, il y a deux
ans, à propos d'un territoire du Haut-
Mékong que les géographes appellent
Muong-Sin. Pendant des semaines, et des
mois, la pressé londonienne et la presse
parisienne ne parlèrent que de Muong-
Sin, et l'on était, dans certains milieux
politiques français, parvenu à se pas-
sionner pour la possession de Muong-
Sin, comme s'il se fût agi de la Califor-
nie ou du Transvaal.
Les Anglais malins avaient attaché ce
grelot; et ils l'avaient choisi très gros,
très sonore, afin de frapper nos oreilles
et de provoquer notre appétit en nous
faisant croire que la vache au cou de la-
quelle ils l'avaient pendu était aussi
grasse que bruyante. Lorsque nos nerfs
furent bien excités,lorsque nos diploma-
tes, qui ne connaissaient pas plus Muong-
Sin que le premier d'entre vous, eurent
été suffisamment échauffés par une opi-
nion publique aussi ignorante qu'anglo-
phobe, lord Salisbury nous proposa d'é-
changer Muong-Sin contre une conven-
tion en bonne et due forme, par laquelle
nous renoncions à toutes nos ambitions
dans la vallée du Meinam et nous recon-
naissions à l'Angleterre la légitimité des
siennes sur la presqu'île de Malacca.
Je me souviens que le soir où notre mi-
nistre des affaires étrangères fit passer
dans les journaux la grandissime
nouvelle de l'abandon de Muong-Sin par
les Anglais, ce fut parmi les coloniaux
en chambre une joie sans pareille, un
enthousiasme incomparable.
Pendant six mois, la presse anglaise
nous avait fait battre pour un os. La
diplomatie britannique nous le lâchait;
quel triomphe ! Il est vrai que quand on
l'examina de près, on s'aperçut qu'il ne
contenait plus aucune moelle. Mais on
avait l'os ; on se tint pour satisfait, et
je connais des gens qui racontent en-
core, comme un superbe succès de no-
tre diplomatie, l'affaire de Muong-Sin.
Ce brave M. Vacle, qui alla recevoir
ce territoire de la main des Anglais,
n'est pas encore revenu de. l'impression
que lui causa la désolation du pays, et
pourtant je vous assure qu'il n'est pas
difficile en matière de civilisation, ayant,
depuis dix ans, vécu beaucoup plus
dans la brousse que dans les villes.
Eh bien! j'éprouve, je vous l'avoue,
quelque honte à voir recommencer, à
propos de la boucle du Niger, le même
conflit de presse et les mêmes discus-
sions diplomatiques qu'à propos de
Muong-sin, car je me demande si nous
ne serons pas, encore une fois, les vic-
times de l'anglopholie de la masse igno-
rante de nos concitoyens et de quelques-
uns de nos diplomates.
$*.
Je croirai difficilement que lord Salis-
bury ait dit toute sa pensée lorsque,
dans son discours du Guildhall, il a pro-
noncé, au sujet de l'ouest africain, cette
phrase malheureuse que les journaux
jingoïstes de Londres ont soulignée
comme une menace à l'adresse de la
France, et qui a été, en effet, interprétée
ici de cette façon, par notre presse offi-
cieuse.
M. Chamberlain lui-même qui a l'air
de vouloir se faire une popularité en
exploitant le chauvinisme britannique,
sait ce que vaut la boucle du Niger et
ce n'est certainement pas en vue de ce
territoire qu'il se livre à tant de démons-
trations patriotiques.
Il s'est formé, depuis quelques années,
en Angleterre, un parti militaire qui,
sous l'étiquette de l'impérialisme, pousse
à la reconstitution de l'armée sur des
bases nouvelles, et tend à substituer,
dans la politique anglaise, l'esprit belli-
queux des nations continentales, à l'es-
prit commercial qui anima le gouverne-
ment britannique pendant ces deux der-
niers siècles.
M. Chamberlain est le représentant
officiel de cet esprit nouveau. Son atti-
tude dans la question du Niger n'est
qu'une des multiples manifestations. Et
il faut croire qu'elle lui a valu quelque
succès, puisque le chef du cabinet dont
il fait partie s'est cru obligé d'imiter son
attitude et son langage.
Le Niger, dans tout cela, ne joue,
soyez en certain, qu'un rôle très secon-
daire. Le parti militaire anglais crie très
fort au péril étranger, allemand un
jour, français l'autre, pour entrainer
l'opinion britannique dans son sillage,
et la question du Niger n'est que l'un
des clous auxquels il accroche ses argu-
ments et ses ambitions. -
Les commerçants et les adeptes in-
telligents de la politique commerciale
qui a fait la fortune et la grandeur de
l'Angleterre voient clair, sans doute,
dans ce jeu, car il y quelques jours, les
personnalités les plus autorisées du
haut négoce de Liverpool protestaient
contre. les ambitions illégitimes de la
Compagnie du Niger et invitaient leurs
compatriotes à se défier des excitations
ultra-patriotiques par lesquelles on
essaie de les échauffer en faveur de
l'Ouest africain et contre la France.
* #
Nous ferons bien de prendre notre
part de ces excellents conseils, et de ne
pas montrer, dans l'affaire du Niger,
autant de naïve impatience que dans
celle de Muong-Sin. Nous possédons
déjà sur le sol africain plus de sept,
cent millions-d'hectares de terres dont
nous n'avons encore presque rien fait.
Tout en affirmant les droits que nous
pùuvons avoir acquis sur d'autres terri-
toires, nous devrions" surtout nous pré-
occuper de mettre en valeur deux dont
nous avons déjà la propriété.
Il est impossible'que nos diplomates
ne trouvent pas dans l'ouest africain
lui-même, les éléments d'une concilia-
tion à laquelle les peuples anglais et
français sont également intéressés et
qui serait, sans doute, très facile à réa-
liser, s'il n'y avait pas, des deux côtés
de la Manche, des gens désireux de se
faire une popularité en exploitant les
animosités irraisonnées des deux na-
tions.
Il ne nous appartient pas d'indiquer
à la Commission franco-anglaise réunie
à Paris, les concessions que chacune de
ses parties doit faire pour arriver à une
entente, mais nous croyons parler dans
l'intérêt des deux pays, en recomman-
dant à tous les membres de cette com-
mission de se soustraire, pendant la du-
rée de leurs travaux, aux influences
chauvines qu'on serait tenter d'exercer
sur eux, tant du côté de la France que
du côté de l'Angleterre.
La boucle du Niger tout entière ne
vaut pas assez cher pour qu'on sacrifie
au désir de la posséder les bonnes re-
lations que les gouvernements français
et anglais entretiennent depuis tant
d'années.
S'il plaît à M. Chamberlain de sur-
chauffer, pour en faire un piédestal à
ses ambitions personnelles, le jingoïsme
anglais, le devoir de nos ministres est
celui de la presse française est de lui
prouver, par une attitude aussi calme
que ferme, que sa politique ne trompe
personne, nulle part, et qu'elle est con-
traire aux intérêts matériels et moraux
des deux pays. •
Au moment où l'équilibre européen
est en train de se modifier profondé-
ment, en raison de l'alliance franco-
russe et de la prépondérance prise à
Constantinople par l'Allemagne, à la
suite de la guerre gréco-turque, la
France et l'Angleterre commettraient
une insigne folie si elles se brouillaient
pour quelques hectares de terre sur les
bords du Niger, dans un pays où les ha-
bitants sont impropres à tout travail et
où l'européen ne saurait vivre qu'à la
condition de ne presque rien faire.
Tout désaccord entre les deux plus
grandes puissances maritimes de l'Eu-
rope ne pourrait être que profitable à
l'Allemagne qui aspire à devenir sur
mer la rivale de l'une et de l'autre. Et
si de ce désaccord, une guerre venait,
par malheur, à surgir, tous les bénéfices
en seraient pour le commerce et pour
la marine de guerre germaniques.
J'estime donc que le devoir de la presse
française, celui de nos représentants et
celui de nos ministres est de garder,
dans cette circonstance délicate, un peu
plus de sang-froid que ne paraissent en
avoir M. Chamberlain et lord Salisbury.
C'est le meilleur moyen d'obtenir que la
question du Niger soit résolue de la
manière la plus conforme à nos intérêts
et, c'est aussi la condition essentielle
du maintien d'un accord des deux na-
tions que je considère comme le corol-
laire indispensable de notre alliance
avec la Russie.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de lU. Lucien Victor-Meunier.
LE CONFLIT MUNICIPAL
Entrevue du préfet et du bureau du conseil
Le conflit municipal va probablement entrer
dans une nouvelle phase qui amèneraune con-
clusion agréable à tout le monde : on oublie-
rait.
Voici pourquoi : dès la publication de notre
premier article contenant le texte de l'arrêté
qu'allait signer le préfet de la Seine, M. Sauton
président du c'onseilfit savoir à M. de Selves
qu'il était désireux de conférer avec lui sur
cette grave question. Or, le président du con-
seil ne vit pas le préfet qui publia son ar-
rêté.
C'est cette attitude, indiquant de la part du
préfet le droit de passer outre et de n'accepter
aucune discussion qui amena la séance de
lundi.
Aujourd'hui il est établi que le préfet n'a-
vait pas été averti du désir de M. Sauton que
de ce fait il n'avait pas pu prendre d'attitude
blessante à l'égard du bureau du conseil.
Cela a amené une entrevue entre le préfet
de la Seine et le bureau du conseil municipal
hier après la séance du conseil général.
On s'est expliqué sur le malentendu résul-
tant d'un oubli de la personne chargée de pré-
venir le préfet du désir de M. Sauton et M. dé
Selves a répété au bureau : que s'il lui était
démontré qu'il y avait lieu; de substituer une
autre réglementation à la sienne, il était tout
prêt à le faire, car il n'avait apporté dans sa
rédaction aucun parti pris, ainsi qu'il a cou-
tume de le faire, du reste ».
M. de Selves à ensuite protesté avec énergie
« contre l'idée émise qu'il ne tenait aucun
compte des délibérations du Conseil par sim-
ple satisfaction personnelle. »
M. de Selves a enfin renouvelé au bureau les
paroles qu'il a prononcées à la tribune décla-
rant qu'il n'avait toujours eu qu'un désir, c'é-
tait de travailler avec le conseil municipal au
mieux des intérêts de la ville sans toutefois s'a-
briter derrière ses délibérations pour se dis-
penser d'étudier les affaires et d'engager au
besoin sa responsabilité.
L'entrevue du préfet et des membres du
bureau a duré près d'une heure et l'impression
générale a été bonne. Il est probable qu'elle
facilitera les rapports entre la préfecture et le
conseil municipal de Paris.
EMILE WILLÈME.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : à Auteuil.
Fête deïrfripiersmarchands d'habits.
—- J)uré.eclu)o:_l? h}4 m.
,..--
CHEZ NO PS
IANVVW Le Président de la République, ac-
compagné du secrétaire général de la pré-
sidence et d'un officier de sa maison mili-
taire, a visité hier après-midi, à deux heu-
res, l'hospice de Bicêtre. M. Félix Faure a
été reçu par le directeur et le secrétaire
général de l'Assistance publique, le direc-
teur et les médecins de l'établissement.
AWVW M. Tisserand, directeur honoraire
de l'agriculture, est nommé vice-président
de la commission des améliorations agri-
coles et forestières.
EN PASSANT
Un jeune explorateur, le comte Henri de
La Vaulx que le ministère de l'Instruction
publique avait chargé d'une mission en Pa-
tagonie, vient de rentrer en France, après
dix-huit mois passés cher. les Araucans. Or,
sait-on ce qu'il a trouvé là-bas, entre au-
tres curiosités? Je vous le donne en mille.
Il a trouvé LA COUR DU ROI D'ARAUCANIE, ni
plus ni moins! Chambellans, ministres,
conseillers, ils sont en ce pays lointain, une
dizaine d'Européens, derniers rouages du
gouvernement d'Orélie-Antoine Ier, le lé-
gendaire M. de Tonneins, lequel, renversé
de son trône par les Chiliens, revint mourir
à Marseille. Demeurés dans les pampas de
la Terre de feu, après l'écroulement de leur
monarque, avec leurs titres pour tout po-
tage et leurs fonctions dérisoires, ces infor-
tunés sont aujourd'hui, si l'on en croit M.
de La Vaulx, tombés dans une dèche pro-
fonde. Je transmets respectueusement ces
détails navrants aie successeur actuel d'O-
rélie-Antoine. M. AchilleLaviarde, en effet,
ainsi que nul n'en ignore, est à la fois
voyageur de commerce et roi d'Araucanie.
Seulement voilà : il ne réside pas. Allons !
sire ! à cheval. Reprenez votre sceptre dans
le porte-parapluies et votre couronne à la
patère du quelconque estaminet où à cette
heure vous vous endormer dans les délices
de l'amer-picon menthe. Courer. oit vos des-
tins vous appellent. Traverser les mers!
Parter reconquérir votre royaume !
Hélas! il n'y a plus de princes ! Sa Ma-
jesté a les pieds plats, Elle ne marche
pas!
LOUIS MARSOLLEAU»
AAAAAA/ M. Bailay, directeur de la Loire ré-
publicaine, à Saint-Etienne, est mort la
nuit dernière dans cette ville.
,..VVVVV' On annonce la mort de M. O'Neil
Nesbitt, professeur honoraire de l'Univer-
sité.
AAA/WV Un exemple topique de la simpli-
cité administrative en France.
Un médecin a une note de trois francs à
toucher à l'administration des ponts et
chaussées.
Les honoraires du prix d'une visite sont
fixés à deux francs, plus vingt-cinq centi-
mes par kilomètre, quand l'Esculape est
appelé hors de son domicile.
ap Et voici ce qui se passe ; suivez-moi
bien :
Le docteur adresse son mémoire au con-
ducteur, qui le transmet à l'ingénieur or-
dinaire, lequel l'expédie, avec son « rap-
port », à l'ingénieur en chef, lequel le fait
parvenir avec « son avis » au préfet du dé-
partement, qui l'envoie finalement avec
une lettre au ministre.
Le ministère approuve sereinement la
dépense de trois francs et le dossier s'en
retourne avec la série de lettres, comme il
convient,, en resaluant au passage préfet,
ingénieur en chef, ingénieur ordinaire,
conducteur, etc.
Pour trois francs, ua fiacre n'en ferait
pas tant 1
A L'ETRANGER
www L'Université d'Oxford a conféré au
roi de Siam le titre de d-octeur en droit
civil.
NIN'N'I M. Zanardelli, ancien garde des
sceaux italien a gardé quelque chose de
l'inexorabilité du magistrat.
L'autre jour le vaincu d'Adoua, le
général Barattieri s'est présenté chez.
lui pour le consulter dans une affaire
très grave. Le malheureux général avait été
menacé de poursuites par le ministère de
la guerre s'il s'obstinait à publier des docu-
ments confidentiels dans un livre qu'il pré-
pare.
M. Zanardelli a refusé net de recevoir
le pauvre Barattieri qui a dû rentrer bre-
douille dans le Trente, son pays natal.
/vwvv» Les journaux américains parlent très
sérieusement d'une compagnie récemment
formée, pour l'exploitation d'un système
inventé par un ministre baptiste, le ré..
véread Jernefrao. de Middleton (Comiec,
- -.
.11.:. ", - M"- --
ticut), et à l'aide duquel on extraira l'or et
'argent de i'eau de mer. L'inventeur, par-
tant du principe que l'eau de mer contient
d'un demi-grain à un grain d'or par tonne
et deux grains d'argent, a imaginé un vaste
caisson muni à l'intérieur d'une vingtaine
d'appareils, qui recevra l'eau de mer. L'or
et l'argent qu'elle contient formeront un
précipité au fond du caisson.
Cent cinquante de ces caissons seront
installés au printemps prochain sur un
point de la côte du Pacifique, où les tra-
vaux se poursuivent secrètement.
L'entreprise espère tirer 5,000 francs par
jour de l'exploitation du procédé du révé-
rend Jernegan, lequel prétend avoir refusé
cinq millions pour la cession de sa décou-
verte de l'« eau philosophale ».
MIWN Business is business, disent les An-
glais, ce qui veut dire en bon français : les
affaires avant tout.
Une enquête a permis d'établir que les
fusils dont les indigènes insurgés dans les
Indes contre sa gracieuse majesté étaient
armés, ont été fournis par les armuriers de
Birmingham. • v
Ces armes ont pris la voie du golfe per-
sique pour arriver aux Afridis à la fron-
tière indo-afghane.
Sans commentaires, n'est-ce pas?
Le Passant.
L'naire Dreyfus
-
Comment se défend le commandant
Walsin-Esterhazy. — Complot mys-
térieusement machiné. — Un colo-
nel qui livre les pièces aux accusa-
teurs. — Le document photographié
mais invisible. — Le gouvernement
faitl'enquête.— Dreyfus a-t-il avoué
au capitaine Lebrun-Renault? —
L'avocat de M. Scheurer-Kestner.
Nouvelles informations.
Aucun fait nouveau ne s'est produit dans la
journée d'hier. Le commandant Walsin Es-
te rhazy a renouvelé avec énergie à maintes re-
prises ses protestations, et, dans ses déclara-
tions faites à de nombreux journalistes, il a
expliqué, selon lui, la machination téuébreuse
dont il se prétend victime.
De son côté, le gouvernement s'est décidé à
agir et à ouvrir enfin cette enquête qu'avec le
commandant Esterhazy l'opinion publipue tout
entière réclame.
Nous allons reprendre point par point les
principaux événements de la journée, et expo-
ser les phases par lesquelles passe cette mys-
térieuse affaire.
Mais auparavant il est peut-être intéressant
de signaler que tandis que M. Scheurer-Kest-
ner protestait avec véhémence contre la dési-
gnation du nom de M. de Rougemont,il a laissé
sans remarque livrer le nom du comte Walsin
Esterhazy.
De cette attitude et de ce silence, il convient
naturellement de conclure que le comman-
dant Esterhazy est bien l'homme désigné dans
le dossier du vice-président du Sénat, comme
le coupable, et que, ainsi que nous l'avions
indiqué, le frère du déporté, M. Mathieu Drey-
fus a agi de concert avec l'honorable sénateur,
en livrant à la publicité le nom de celui qu'ils
accusent.
DÉCLARATIONS DU COMMANDANT ESTERHAZY
Ses protestations
Le commandant Esterhazy a été interviewé
à différentes reprises.
Il a refait le récit que nous avons exposé
tout au long hier et ajouté quelques détails.
u La vie m'est bien moins que rien. Je tiens
peu à la vie, s'est écrié le commandant. Mais
j'ai tout un héritage de gloire à défendre. Pour
cela je suis décidé à tout.
— Je suis fils, petit-fils et arrière-petit-fils
de soldats ayant servi la France. Depuis cent
soixante ans, treize des nôtres périrent sur les
champs de bataille au service du pays. Récem-
ment encore, mon neveu, lieutenant aux ti-
railleurs tonkinois, tombait en Indo-Chine, et
c'est moi qu'on vient accuser t
J'étais dans ma propriété de Dommartin, me
livrant à l'élevage, lorsque je dus revenir ici
pour me défendre contre l'épouvantable guet-
apens dont je suis la victime ».
Tout est contre lui, il l'avoue, on le savait
bien — on, le syndicat formé en vue de la dé-
fense des intérêts de Dreyfus. Il a perdu sa
fortune au jeu, sa vie n'est pas ce qu'il est
convenu d'appeler une vie régulière. Il est un
peu en marge de la société. Pour des raisons
personnelles, il est séparé de sa femme, quoi-
que aucun tribunal n'ait eu à intervenir entre
eux ; enfin, et chose effrayante! son écriture
offre une analogie frappante avec celle du ca-
pitaine Dreyfus.
- Et, cependant, ajoute-t-il, je n'ai jamais
été employé au ministère de la guerre que du-
rant une période de huit jours, il y a dix
ans. J'étais à cette époque capitaine au 18e ba-
taillon de chasseurs à pied, et l'on me deman-
dait de faire l'historique de mon bataillon (?)
Et puis, comment pourrais-je avoir donné
des renseignements, moi qui ne fus jamais
dans l'artillerie ?. Pourquoi ces connaissan-
ces spéciales sur le fuein hydraulique, con-
naissances techniques?. C'est une pure in-
famie.
» Quand Mathieu Dreyfus m'a nommé, si
j'avais rencontré Mathieu Dreyfus, je lui au-
rais brûlé la cervelle. Il se cache. Je n'y pense
plus. Je ne me battrai pas en duel avec M.
Scheurer-Kestner, qui est un vieillard. Et puis
je me suis battu quinze fois. Les duels ne
prouvent rien. Je rougis d'avoir à demander
une enquête sur des faits aussi abominables.
Au fond, c'est le seule solution admissible'. Le
ministre de la guerre nommera sans doute un
officier général enquêteur. Je suis à ses ordres
et j'attends qu'il accomplisse sa besogne le
plus tranquillement du monde, comme vous
voyez. »
Les raisons d'un choix.
Et comme un rédacteur du Matin lui de-
mandait comment il explique que les amis de
Dreyfus l'aient choisi, lui, plutôt que tout au-
tre, comme bouc émissaire, il répond que ses
rapports peu fréquents, mais très ouverts avec
le colonel de Schwarzkoppen, qui était l'ami
de sa famille et qui voyait souvent les siens à
à Carlsbad. ont dû le désigner comme la vic-
time possible. En outre, les amis de Dreyfus
avaient pu se procurer de son écriture, de ses
le ttres, et plus particulièrement un gros tra-
lettres, lui avait été demandé par le minis-
vail qui lui avait été demandé par le minis-
tère.
C'est sur ce dernier document qu'ils ont dé-
calqué desmols qui tfgurent sur le fameux bor-
dereau. r -
— L'allure générale de récriture, dit le
«
: ..: j ;: :. :: -. -. - t"
commandant, n'est pas la mienne ; mais il y a
des mots qui semblent absolument être écrits
de ma plume. J'écrirais cinq cents fois le mot
procurer que le dessin de ce mot serait iden-
tique à celui qui se trouve sur le bordereau.
Tout cela a été fabriqué.
» Quant à ma conduite, elle n'a jamais eu
rien d'équivoque. Je suis allé quelquefois à
l'ambassade d'Allemagne. J'avais si peu à me
cacher que je m'y rendis plusieurs fois en
plein jour et en uniforme, pour rendre service
à mon colonel, dont la femme, originaire d'Al-
sace, désirait franchir la frontière pour rai-
sons de famille,
Le colonel Picquart
« — Tout a été mené, ajoute le comman-
dant, par le colonel Picquart, qui a ouvert
contre moi une. enquête il y a quinze mois,
alors qu'il se trouvait au ministère de la guerre.
Il voulait absolument me perdre et il sut choi-
sir pour cela ses auxiliaires. Du reste, sa con-
duite alors fut jugée tellement blâmable que
ses supérieurs l'envoyèrent en disgrâce en Tu-
nisie. Là, il continua à grossir son dossier,
aidé par M. Izaïe Levaillant, ancien directeur
de la sûreté générale. Du reste, les dépêches
échangées à cette époque à propos de cette
campagne doivent être entre les mains du mi-
nistre de la guerre.
» Bref, "ils sont arrivés à mettre entre les
mains de M. Scheurer-Kestner des pièces
où mon écriture, ou plutôt des mots cal-
qués sur mon écriture, jouent le plus grand
rôle. Il y aussi d'autres pièces fabriquées
qui tiendraient à démontrer ma culpa-
bilité.
:
» Mais tout cela s'écroulera devant la preuve
définitive que j'ai entre les mains et dont j'ai
parlé hier, une photographie, sous triple en-
veloppe, au ministère de la guerre.
» Cette preuve est une pièce dans laquelle
Dreyfus est nommé en toutes lettres : « Cet
animal de Dreyfus. » Je ne la publie pas,
parce que c'est impossible.
» — Peut-être le moment viendra-t-il où vos
ennemis vous acculeront à cette publica-
tion.
» — Peut-être. En ce moment, j'attends
que M. Scheurer-Kestner sorte son dossier.
Quand .il raconte qu'il faut quinze jours à son
avocat pour l'établir, il ment, car l'avocat le
possède depuis très longtemps. Il a travaillé
lui-même à le former avec le colonel Picquart
dont il est l'ami.
» C'est Me Leblois, 96, rue de l'Université,
qui a partagé la besogne du colonel. Il se ren-
dait à son bureau au ministère de la guerre,
et, là, le colonel lui ouvrait les tiroirs néces-
saires à son enquête et mettait le dossier à sa
disposition.
Une accusation
M. Esterhazy a dit encore à nn rédacteur de
VIntransigeant :
» Qu'on m'interroge et qu'on sorte les docu-
ments du dossier.
» Parmi ces documents, il en est un probant
le procès-verbal, signé par plusieurs témoins,
établissant que le capitaine Lebrun-Renault,
de la garde républicaine, a reçu les aveux de
Dreyfus à l'issue de la sentence du conseil de
guerre.
» Dreyfus a dit à cet officier : « Eh bien ! oui
j'ai livré certains documents à l'Allemagne,
mais c'était pour en obtenir de plus impor-
tants. »
» Cet aveu, encore une fois, est consigné
dans une pièce versée au dossier du pro-
cès.
» Qu'on la montre !
» L'affaire est machinée de toutes pièces par
trois personnes: M. Isaïe Levaillant, ancien
haut fonctionnaire de la police; l'ex-agent
Souffrain, qui a échangé récemment des télé-
grammes avec ce dernier; l'avocat L.,. et le
colonel Picquart.
» Il faut que tous ces gens-là comparais-
sent sans retard et s'expliquent sur leurs té-
nébreux agissements.
» Pour ma part, et je le lui ai écrit, j'accuse
le colonel Picquart :
1° D'avoir composé un dossier clandestin
avec despièces contradictoires me concernant,
dérobées dans les cartons de son service d'in-
formations;
» 2° D'avoir acheté à des sous-officiers de
mon régiment, le 74® de ligne,, des papiers
couverts de mon écriture ;
» 3e D'avoir fabriqué de faux papiers pour
les glisser dans le dossier.
» De tout cela, je possède les preuves ; j'at-
tends qu'on me traduise devant les juges que
j'ai réclamés pour les produire.
» Seulement, je demande qu'on fasse vite,
car si le gouvernement perd du temps, les ca-
nailles qui m'accusent, eux, n'en perdent
pas. »
M. Esterhazy et le Ministre
- Il y a vingt-cinq jours a déclaré le com-
mandant Esterhazy — le vingt-cinq octobre —
j'écrivis au ministre de la guerre pour le pré-
venir que, puisqu'il avait en dépôt l'honneur
de l'armée, je le faisais juge de ma vie.
Ce qui motiva mon adresse fut la lettre
anonyme dont je vous ai entretenu. Je lui ra-
contai mon existence mouvementée et mon
intention de m'en prendre au colonel Piquart,
que j'accusais d'être l'auteur responsable des
calomnies mystérieuses dont j'étais acca-
blé.
Je reconnais qu'à court d'argent j'avais eu
recours à tous les prêteurs et que mon écri-
ture circulait partout, mais principalement
entre les mains des israélites ; je lui expliquai
que mon nom et mon passé m'interdisaient la
trahison.
La seule pièce du bordereau d'accusation
produit contre Dreyfus, dont j'eus connais-
sance, fut le manuel de tir qui me servit à
faire des cours pratiques. Quant aux autres
pièces, ma situation d'officier d'infanterie me
défendait d'en avoir communication avant
l'heure où elles devaient être répandues dans
la masse de l'armée.
Décidé à obliger le général Billot à prendre
en main mon honneur, j'ajoutais que, s'il le
fallait, j'écrirais à l'empereur.d'Allemagne et le
prierais de jeter sa parole comme un gant au
visage de mescalomniateurs anonymes. Je dis
encore au ministre de la guerre qu'une fois
j'allai en tenue à l'ambassade d'Allemagne,
mais que c'était pour mon colonel qui désirait
se rendre en Alsace-Lorraine sans être inquiété
Voilà le sens de ma lettre.
Une lettre surprise
Maintenant, dit encore le commandant Es-
terhazy, il me revient qu'au début de i893 un
capitaine de l'état-major m'écrivit pour me ae-
mander les états de service de mon père, gé-
néral de brigade pendant la campagne de Cri-
mée.
Je me suis soumis à cette invitation.
Quelque temps aprèi, surpris de ne pas en-
tendre parler de mon travail, j'écrivis à cet
officier.
Sa réponse me frappa de stupeur, car il dé-
clarait ne m'avoir rien demandé et me laissait
comprendre que j'avais été victime d'un faus-
saire.
J'enjlavisai immédiatement le général de
Doisdeffre. Depuis, je n'ai reçu aucune com-
munication oflicielle.
Ce fait joint aux nombreuses lettres de
change laisssées par moi entre des mains plus
ou moins louches, me persuade que mou écri-
ture était archiconnue des intéressés et qu'il
était facile d'en prendre des décalques.
La preuve de la trahison de Dreyfus remonte
à 1894, les traces de mon écriture sont anté-
rieures à cette date. Qu'on en tire une conclu-
sion.
UN TÉMOIGNAGE DÉCISIF
De toutes les déclarations qu'a faites le com<
mandant Esterhazy, il en est une qui a assu*
rément une importance capitale.
C'est celle dans laquelle il dit :
« Parmi ces documents (les documents o~
dossier Dreyfns) il en est un probant : le pro-
cès-verbal sné par plusieurs témoins, établis-
sant que le capitaine Lebrun-Renault, de la
garde républicaine, a reçu les aveux de Drey-
fus à l'issue de la sentence du conseil de
guerre.
» Dreyfus a dit à cet officirr : « Eh bien 1 oui,
j'ai livré certains documents à l'Allemagne,
mais c'était pour en obtenir de plus impor-
tants. »
» Cet aveu, encore une fois, est consigné
dans une pièce versée au dossier du pro-
cès. »
Il n'est pas besoin de faire remarquer que si
ce propos qui avait été rapporté au lendemain
de la dégradation de l'ex-capitaine et qui avait
été démenti, depuis, par sa famille, était au-
jourd'hui confirmé,la culpabilité de Dreyfus se
trouverait aussitôt hors de doute.
Nous n'avons donc pas hésité, puisque pour
la première fois, un témoin noua était indiqué,
A chercher à élucider cette grave et impor-
tante question. , ,. j:.
Malheureusement le capitaine Lebrun-Re-
nault n'est pas (c de semaine » en ce moment,
et il nous a été impossible de le rejoindre à la
caserne des Célestins, où il a son domi-
cile.
Nous voulons espérer que l'autorité mili-
taire ne contraindra pas le capitaine Lebrun-
Renault au slilence.
Ra déposition peut être décisive. Il faut qu'il
parle. -
DÉMENTIS DE M. LEVAILLANT
On a vu que certains journaux mettaient en
cause à propos de l'affaire Dreyfus, M. Levail-
lant, ancien directeur de la sûreté générale.
Le Temps a interrogé M. Levaillant, qui lui
a dit :
— Il eût été étonnant que les journaux antisé-
mites ne mêlassent pas mon nom à cette af-
faire. Maréponsea leurs attaques sera simple:
1° On prétend que je mène campagne pour
Dreyfus, avec l'ex-agentSouffrain; 2° que j'au-
rais procuré, en employant Souffrain, des do-
cuments au colonel Picquart.
Eh bien! je ne me suisjamais occupé ni di-
rectement, ni indirectement de l'affaire Drey-
fus, postérieure à mon départ de la sûreté gé-
nérale. Je m'y intéresse comme tout le monde
s'y intéresse, voilà tout.
Je n'ai plus revu Souffrain depuis mars ou
avril 1695, époque à laquelle il s'est rendu.
chez moi pour me prier — vainement d'ailleurs
— de ne pas le nommer dans la brochure que
je fis paraître au cours de cette année. Je n'ai
pas davantage correspondu avec lui.
Quant au colonel Picquart, j'ignorais, avant
d'avoir lu son nom dans les journaux, qu'il y
eût un officier s'appelant ainsi dans l'armée
française.
Vous voyez, conclut M Levaillant, que mon
attitude est bien nette : je me borne à opposer
à ceux qui me mettent en cause un démenti
formel.
LA PIÈCE PHOTOGRAPHIQUE
Le commandant Esterhazy a remis, comme
nous l'avons dit, la photographie de la pièce au
ministère de la guerre. Elle serait, suivant lui,
d'une extrême gravité et démontrerait de façon
absolue la culpabilité du capitaine Dreyfus :
Il convient, dit l'Echo de Paris d'ajouter qne
le commandant Esterhazy est persuadé que
jamais le gouvernement français, en tant que
gouvernement, n'osera prendre la responsabi-
lité d'avoir en sa possession semblable pièce.
Car elle serait de nature à créer de gros inci-
dents diplomatiques.
Il y a des choses que des gouvernements qui
s'espionnent mutuellement ne peuvent ignorer
et qu'ils affectent de ne pas connaître lorsque
les choses sont conduites -dans l'ombre, mais
qui, divulguées à un tribunal, produiraient de
pénibles contlits.
Le rappel de l'attaché militaire allemand à,
Paris est lié à cet ordre de faits ; c'est une con-
cession de l'Allemagne ; l'incident prend de
telles proportions aujourd'hui qu'une étin-
celle maladroite, un mot mal interprété suffi-
rait pour amener de grosses complications.
Le commandant Esterhazy aurait complété
ces quelques données par ces mots qu'il attri-
bue à M. Hanotaux :
Que vingt officiers français soient mis en ju-
gement si la nécessité nous y oblige, plutôt
que de voir fouiller le secret de nos archives
nationales intéressant le pays tout entier.
Du reste, M. Esterhazy savait qu'une enquête
était faite sur lui, depuis quinze mois, par le
ministre de la guerre.
ACCUSÉS DE RÉCEPTION
Le commandant Esterhazy a reçu, ce matin,
à son dODiHcilc, 27, rue de la Bienfaisance, U
visite d'un officier de l'état-major du général
Billot qui lui a remis une lettre dans laquelle
le ministre lui accusait réception de la
pièce photographique dont nous avons parlé
hier.
Quelque temps après, le commandant a reçu
un pli apporté par un cavalier, dans lequel il
était avisé qu'une enquête allait, sur sa de-
mande, être ouverte, et qu'il eût à se tenir &
la disposition du gouverneur militaire.
LTNQUETE
Après mûres réflexions et hésitations, le
Gouvernement s'est enfin décidé à agir.
Le ministre de la guerre s'occupam de la dé..
nonciation de M. Mathteu Dreyfus et de la de*
mande d'enquête formulée par l'oflicter incri-
miné par lui, a donné l'ordre d'ouvrir cette
enquête. Conformément à l'usage, dit ta note
officielle, celle-ci a été confiée au chef direct
du commandant Walsin-Esterhazy, le général
Pellieux, commandant du département de la
Seine, sous les ordres duquel sont placés les
officiers en non-activité résidant à Pans.
Le général de Pellieux est un Alsacien ; il
est né le 6 septembre 1842, à Strasbourg. Gé-
néral de brigade depuis le 22 décembre 1894,
il était commandant de la 520 brigade, à Cier-
mont, lorsqu'il fut appelé, en septembre der-
nier, à remplacer le général Libermann au
commandement du département de la Seinei,
L'instruction de l'enquête.
Voyons comment s'instruira l'enquête don*
le général de Pellieux vient d'être chargé.
Après avoir pris connaissance des pièces do
procès il comparera l'écriture du commandant
Estheraty à celle des pièces à conviction dont
on a fait usage an cours do procès de l'ex-ca-
pitaine Dreyfus. -
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