Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-07-02
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 juillet 1897 02 juillet 1897
Description : 1897/07/02 (N9975). 1897/07/02 (N9975).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75434461
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
CINQ CENTIMES le Numéro;
PARIS * DËP.NT8
Le 9 CINQ CENTIMES
FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS •
VlIIItis Troinoii SU B#ii A p :
Paris 2 fr. 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.. 2 - 6 — 11 - 20 —
Union Postale. 3 — 9 — 16 t— 32 —
: FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE *
7; ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF 0Sc Cie
6, Place dtl la Bourae, 6
et AUX BUREAUX du JOURNAL *
-..<- ---------
ntDAcTION: 131, rue Montmartre, 131 :.'
Oe 4 à 8 heures du soir et dé 10 heures du soir à 1 heure du matin
N" 9975. — Vendredi 2 Juillet. 1897
f a* 14 MESSIDOR Alf 105 il
ADMINISTRATION : 131 rue Montmartre. lai •»,
- Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
CONVENTIONETTE
La Chambre trouve, sans doute,
qu'elle n'a pas encore suffisamment dé-
considéré le parlementarisme et la Répu-
blique par son ignorance, son incapacité,
son impuissance à réaliser la moindre
réforme et la versabilité de ses votes;
elle tient à ne pas se séparer avant
d'avoir donné au pays le spectacle de
ses passions mesquines et de ses appé-
- tits égoïstes. -
La voilà- qui tend à s'ériger en une
sorte de « conventionette » où des pyg-
mées s'essouffleraient à jouer des rôles
écrits pour des géants et transforme-
raient en un vaudeville ridicule la san-
glante tragédie de l'épopée révolution-
oaire.
Hantés par les sonvenirs d'une his-
toire incomprise, les élus étriqués
du scrutin d'arrondissement ont la pré-
tention de copier les Mirabeau, les
Vergniaud, les Danton, les Robespierre,
les Tallien, tous ces grands acteurs
d'une époque, où les intérêts particu-
liers n'avaient peut-être pas moins
d'importance qu'aujourd'hui dans les
luttes politiques, mais où l'enjeu était
assez gros pour que les forts tempéra-
ments prissent seuls part aux batailles
parlementaires.
Aujourd hui, n importe qui s y peut
mêler. Ce n'est plus sa tête que l'on joue
et ce n'est pas sur la plate-forme de
l'échafaud que la bataille se termine,
mais dans le cabinet d'un juge d'instruc-
tion. La calomnie n'est plus violente,
terrible et signée du sang du calomnia-
teur; elle s'est faite doucereuse, dis-
crète et hypocrite. On serre la main de
celui que l'on veut perdre et l'on couvre
de fleurs la victime que l'on se propose
d'envoyer à l'autel expiatoire où la
vertu de ceux qui n'ont rien fait désho-
aore le nom de tous les hommes qui ont
encouru quelque responsabilité dans les
services rendus à leur pays et à la Ré-
publique.
On joue à la Convention, on aspire à
absorber tous les pouvoirs de la Répu-
blique, on veut commander aux armées
donner de l'avancement aux fonction-
naires ou les jeter en disgrâce, dicter
des ordres à la justice ; on veut exer-
cer tous les pouvoirs de la dictature con-
ventionnaliste ; ce n'est ni pour sauver
la France mise en péril par les armées
étrangères, ni pour assurer le triomphe
de l'équité dans les administrations et
celui de la vertu par la justice, mais
sour assurer une réélection menacée ou
conquérir un portefeuille convoité.
.**
Voilà, au fond, tout ce qu'il y a dans
jette commission du Panama que la
Chambre vient de nommer très solen-
nellement, au scrutin de liste, oomme la
Convention nommait le Comité de sûreté
générale et le Comité de salut public.
Et parmi les huit ou dix groupes en-
tre lesquels la Chambre se divise, il ne
s'en est pas trouvé un seul pour re-
fuser de s'associer à la ridicule comé-
die que prétend jouer devant le public
cette « conventionette » impuissante.
Et parmi les cinq cent quatre vingts
députés qui composent cette « conven-
tionette », il n'y en a pas un seul qui ait
osé déclarer, à la face de ses collègues
et devant le pays qu'il refuserait toute
candidature à une Commission dont le
- rôle ne pourra être que grotesque ou
odieux ; grotesque si elle n'est pas revê-
tue de tous les pouvoirs de la justice;
odieux si, étant dotée de ces pouvoirs,
elle est mise en mesure de substituer
les passions de la politique et les appé-
tits des ambitions personnelles, à la sé-
rénité de la justice.
*! *
Maintenant que la commission est
nommé, la question qu'il va falloir ré-
soudre est celle de savoir si l'on fera une
loi pour doter les commissions de tous
les pouvoirs attribués à la justice par la
constitution et les lois, ou l'enquête à
laquelle la commission doit se livrer sera
confinée dans le domaine habituel des
opérations parlementaires.
Dans le second cas, la commission
est d'avance condamnée à une ridicule
impuissance. Elle ne pourrait, en effet,
contraindre personne à comparaître de-
vant elle, elle ne pourrait opérer ni per-
quisitions, ni recherches, tout citoyen
ayant le droit de lui fermer au nez sa
porte, ses livres et ses tiroirs. Elle ne
pourrait même pas exiger le serment et
chacun jouirait de la faculté de se
gausser d'elle, sans avoir à craindre
d'être inquiété d'aucune façon.
La grande commission d'enquête que
présida M. Henri Brisson en 1892, n'a-
boutit à aucun résultat précisément
parcequ'elle n'avait aucun pouvoir d'or-
dre judiciaire et parceque chacun pût se
moquer d'elle à son aise. Encore mit-on
en général, à lui répondre et à lui ouvrir
les portes, un empressement que la nou-
velle commission ne trouvera probable-
ment pas. On commence en effet, à
avoir assez, dans le public, des préten-
dons qu'ont tes députés à s'ingérer
dans nne foule d'affaires ou ils n'ont
rien à voir.
*
',> ***
: Si l'enquête conserve le caractère
exclusivement parlementaire qu'eût
la Commission présidée par M. Brisson,
la seule satisfaction qu'elle pourra se
donner sera de faire venir devant elle
le ministre de la justice et de l'inviter à
lui envoyer le juge d'instruction avec le
dossier qu'il a pu former depuis trois
mois.
On raconte, dans certains milieux
bien informés que si M. Le Poitevin n'a
pas encore déposé son rapport sur l'ins-
truction qui lui a été confiée, c'est pré-
cisément parce qu'il attendait la com-
mission qui a été nommée hier. Grâce
aux passions politiques dont les com-
missaires sont animés, les résultats
assez maigres qu'il a obtenus pren-
draient une importance qu'ils n'auraient
pas devant des magistrats impartiaux.
On dit déjà que le premier acte de la
commission nommée mardi par la Cham-
bre sera de faire appeler le juge d'ins-
truction et de fourrager dans les dos-
siers. Cela permettrait de jeter tout de
suite en pature à la malignité publique
les insinuations, les calomnies et les dif-
famations anonymes qui se produisirent
il y a trois mois, à l'occasion de la de-
mande de poursuites contre certains
députés.
Il faut espérer que le ministre de la
justice ne voudra pas se prêter une se-
conde fois à des manœuvres dont les en-
nemis de la République peuvent seuls tirer
profit. Le juge d'instruction a fait une
œuvre exclusivement judiciaire. C'est à
la justice seule qu'il en doit communica-
tion et c'est à Ir justice seule qu'il
appartient d'en prendre connaissance et
d'en tirer les éléments de poursuites
devant les tribunaux réguliers.
Quant aux pouvoirs judiciaires que
la commission revendique, les Cham-
bres ne pourraient pas les lui accorder
sans se mettre en contradiction formelle
avec la Constitution.
Celle-ci a prévu le seul cas dans le-
quel le pouvoir exécutif peut être revêtu
passagèrement de la puissance judi-
ciaire.
Le Sénat peut être transformé en cour
de justice, dans deux cas différents : en
vertu de l'article 9 de la loi du 24 février
1875 « pour juger soit le Président de la
République, soit les ministres, et pour
connaître des attentats commis contre
la sûreté de l'Etat » ; et en vertu de l'ar-
ticle 12 de la loi du 16 juillet 1875 « pour
juger toute personne prévenue d'attentat
commis contre la sûreté de l'Etat ».
C'est en vertu de cette dernière loi que
le Sénat fut chargé du jugement du gé-
néral Boulanger et de ses complices.
Quant à la Chambre, la Constitution a
prévu qu'elle peut mettre en accusation
le président de la République, les minis-
tres et les personnes ayant attenté à la
sûreté de l'Etat, mais elle ne lui attribue
aucun rôle judiciaire dans aucune cir-
constance.
Pour qu'une de ses commissions put
s'ériger en chambre d'instruction judi-
ciaire, il faudrait une loi que le Parle-
ment ne pourrait pas rendre sans vio-
ler, sinon la lettre, du moins l'esprit de
la constitution. Quant au gouvernement,
li commettrait la plus dangereuse des
lâchetés s'il ne s'opposait pas de la ma-
nière la plus formelle à la discussion
d'une pareille loi.
***
Que les députés se dévorent. entre
eux si cela leur plaît, que la Chambre
affecte de se transformer en une ridicule
« conventionette » si ce jeu l'amuse, le
pays se borne à en hausser les épaules,
mais il ne pardonnerait pas au gouver-
ment de se faire le complice de l'enva-
hissement de la justice par les politi-
ciens et il ne veut pas que l'honneur des
citoyens soit livré aux fantaisies anar-
chistes de députés qui ne semblent vou-
loir s'occuper que, des affaires où ils
sont incompétents.
Le jour où la justice serait livrée aux
passions et aux ambitions de la Cham-
bre, il n'y aurait plus en France ni jus-
tice ni sécurité et la République ne
serait pas loin de tomber dans les bras
d'un sauveur.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Charles Dos.
LE PRÉSIDENT EN RUSSIE
UNE NOTE OFFICIELLE
Le Président de la République a donné con-
naissance au conseil des ministres, hier matin,
d'une lettre de l'empereur de Russie qui vient
de lui parvenir et par laquelle Nicolas II ex-
prime la satisfaction qu'il aurait de le recevoir
cette année à Peterhof.
M. Félix Faure a indiqué au conseil son in-
tention de se rendre à cette invitation dans la
seconde quinzaine du mois d'août.
D'accord avec le Président de la République,
le conseil des ministres a décidé de saisir pro-
chainement le Parlement par le dépôt d'un
projet de loi comportant l'ouverture des cré-
dits nécessaires.
Avant-hier soir, M. Félix Faure a fait prier
le président du Sénat et le président de la
Ch ambre des députés de venir le voir à. l'Ely
sée. Dans l'entrevue aue les Dissidents du
Parlement ont eue avec le président de la Ré-
publique, celui-ci leur a fait part de l'invitation
de l'empereur.
En ce qui concerne la date exacte, la liste
des personnes qui accompagneront le président
de la République et les détails de l'organisa-
tion de ce voyage, rien n'est encore arrêté.
A la Chambre
La nouvelle officielle du voyage du président
de la République a été connue hier, dans l'a-
près-midi, dans les couloirs de la Chambre.
Elle a fait aussitôt le sujet de toutes les con-
versations.
D'après les observations échangées, il res-
sort que seuls les socialistes combattront les
crédits qui seront demandés.
— Comment voulez-vous que nous votions
des crédits extraordinaires, déclarait M. Jau-
rès, nous qui ne votons presque jamais les
Cr édits ordinaires?
Quant aux autres députés, radicaux, répu-
blicains ou conservateurs, ils estiment que la
visite de M. Félix Faure en Russie est une vi-
site de courtoisie et qu'il faut que la Chambre
s'y associe dans l'intérêt de la politique exté-
rieure de la France.
—
L'enquête sur le Panama
Nomination du Bureau.- L'Echec des
modérés. — Discours de M. Vallé.
- La communication des dos-
siers. — Les décisions.
C'est M. Vallé, rapporteur général de la pre-
mière commission d'enquête sur les affaires du
Panama qui par 17 voix contre i3 à M. du Pé-
rier de Larsan et 2 à M. Trélat, a été élu hier
président de la nouvelle commission d'en-
quête.
Ont été désignés comme vice-présidents, M.
Gu)ot-Dessaigne, par 27 voix, au premier tour
de scrutin.
MM. de Lanjuinais, de la droite, et Trélat,
du groupe des républicains du gouvernement,
au deuxième tour, par 20 voix et 16 voix.
Les chiffres de ce scrutin ayant fourni cette
constation que les radicaux n'avaient pas voté
pour le candidat des modérés, M. Trélat a
donné sa démission et les commissaires appar-
tenant au parti modéré se sont retirés pour
délibérer.
Une demi-heure après, ils sont revenus en
séance et M. du Périer de Larsan a déclaré
que ses amis étaient décidés à n'accepter au-
cune fonction pour le bureau.
En présence de cettç résolution, la commis-
sion a décidé de ne point remplacer M. Tré-
lat comme vice-président.
La commission a désigné ensuite comme
secrétaires MM. Denis, Samary et de la Noue,
et comme archivistes MM. Mathé, Alexandre
Bérard et de Ramel.
M. Vallé a alors pris possession du fauteuil
présidentiel et a prononcé le discours sui-
vant :
Discours de M. Vallé
Je vous remercie du grand honneur que vous ve-
nez de me faire en m'appelant à la présidence de
votre commission. J'en comprends, croyez-le bien,
tout le prix et toute la signification. De même ne
suis-je pas sans en entrevoir les soucis et les char-
ges.
Ces charges, je les assume ; c'est même dans la
haute mission que vous me confiez la seule partie
que j'accepte avec le moins d'hésitation et de préoc-
cupation car s'il est toujours facile de repousser un
honneur on n'a pas le droit de reculer devant un
devoir à accomplir.
-- J'ai d'ailleurs la certitude que tous ici sans distinc-
tion de parti les uns comme les autres et au même
degré de l'unique désir de faire la lumière, d'établir
la vérité et de n'obéir qu'à de pures considérations
de justice, vous aurez par un concours absolu et dé-
voué faciliter la tâche de votre président.
La commission telle qu'elle est composée avec une
représentation rigoureusement proportionnelle de
tous les groupes de la Chambre ét même de ceux de
nos collègues qui ne se sont groupés qu'à cette oc-
casion est l'image vivante et lidèle de la représen-
tation nationale et doit inspirer au pays une confiance
sans réserve.
Cette confiance, nous nous appliquerons à la con-
server jusqu'au bout.
Peut-être et- quoique nous fassions, ne serons-
nous pas à l'abri de certaines critiques et même de
certaines attaques. Mais si nous voulons bien nous
abstenir de ce qui se dira au dehors pour concentrer
toute notre attention sur ce qui se passera ici, de fa-
çon à n'asseoir notre décision et nos jugements que
sur les témoignages que nous pourrons recueillir,
sur les documents qui nous seront fournis ou que
nous nous procurerons à l'aide des moyens quels
qu'ils soient qui seront mis à notre disposition.
- Nous aurons fait une œuvre utile, impartiale, la
seule chose que l'on puisse exiger de nous. Mes-
sieurs, laissez-moi ajouter que s'il est devenu né-
cessaire à l'occasion des dernières révélations qui ont
eu lieu et qui ont amené la nomination de la seconde
commission d'enquête que la lumière soit faite à
nouveau et complètement. Le pays nous saura gré
de ne pas éterniser cette affaire de Panama et d'en
finir rapidemeut. ,
Vite et tout, a-t-il été déjà dit et fort heureuse-
ment. Il y a de cela plusieurs mois il est vrai.
Je vous propose néanmoins de reprendre cette
devise, mais avec la ferme résolution de la mettre à
exécution.
Motion d'ajournement
M. Théophile Goujon a ensuite présenté une
motion tendant à suspendre les délibérations
de la commission jusqu'à la clôture de l'ins-
truction judiciaire, c'est-à-dire jusque vers le
11 juillet.
Avant de discuter cette motion sur la pro-
position de M. Rouanet la commission a expri-
mé l'avis qu'il convenait de sténographier
toutes les observations qui seraient échangées
à ce sujet et elle a suspendu sa réunion jus-
qu'à l'arrivée d'un sténographe.
A quatre heures et demie, la discussion s'est
engagée sur la motion de M. Théophile Gou-
jon.
M. Viviani a insisté pour que la commission
demandât immédiatement tous les documents
jugés utiles.
M. Philippon a exprimé l'avis que la Commis-
sion avait pour premier devoir de procéder àune
enquête très rapide et que la Commission de-
vait dans la soirée même demander au garde
des sceaux la communication du dossier de
M. Le Poittevin.
M. Henri Blanc est d'avis, au contraire,
qu'il convient d'attendre les décisions de la
justice. Le rôle de la commission est pour lui
de rechercher amplement les sanctions mo-
rales qui ne peuvent pas être données par le
code.
M. Viviani a soutenu les observations de M.
Philippon : il convient que la commission, en
réclamant tout de suite la communication du
dossier judiciaire fera une brêche au principe
de la séparation des pouvoirs, mais cette brè-
che a été faite par la Chambre elle-même
quand elle a ordonné la nomination d'une
commission.
Par 29 voix contre 2 abstentions, la com-
mission l'a repoussée.
Par contre et à une grande majorité, la com-
mission a voté une motion de M. Viviani d'a-
près laquelle le ministre de la justice est in-
vité à saisir tout de suite la commission des
différents dossiers qui concernent l'affaire de
Panama et qui se rapportent soit à l'instruc-
tion en cours, soit aux instructions déjà
closes.
La commission a voté d'autre part une mo-
tion de M. Guyot-De3saigne pour la constitution
d'une commission exécutive, dont le rôle con-
sistera surtout à rechercher à centraliser et à
recueillir tous les documents nécessaires à l'en-
quête.
Cette commission exécutive a été nommée
aussitôt. Elle comprend MM. Viviani, Rouanet,
Philippon, de la Batut, Moret, de Ramel, Le
Hérissé, de Casabianea et de la Noue. -
M. Moret ne croit pas que la Chambre ait
donné à la commifr,-:nn le mandat de se saisir
du dossier avant la clôture de l'instruction.
M. de Ramel pense que l'on peut demander
tout de suite communication du dossier.
En ce qui concerne les travaux de la com-
mission, il faut, suivant M. de Ramel, recher-
cher les responsabilités encourues sur les pres-
criptions acquises, sur la fuite des inculpés,
sur les conventions du gouvernement français
avec Arton.
M. du Périer de Larsan estime qu'il serait
dangereux d'insister pour que le dossier soit
remis à la Commission.
Il admettrait que le ministre de la justice au-
torisât celle-ci à prendre connaissance du dos-
sier sur place.
M. Rouanet pense que la communication du
dossier à la commission ne retarderait pas
l'instruction judiciaire.
A la suite de ces observations, M. Goujon a
retiré sa motion. Pour que cette motion puisse
être soumise à un vote, elle a été reprise par
MM. Viviani et Rouanet.
Enfin, sur la proposition de M. Garnaud, la
commission a résolu de demander communica-
tion de différents dossiers du ministère des
affaires étrangères dont l'un concerne M.Crispi
et Cornélius Herz.
Avant de se séparer, la commission a ex-
primé l'avis qu'elle n'avait aucun secret à gar-
der sur ses délibérations.
- r*J - D I T
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : à Saint-Ouen (obstacles).
— Clôture des cours des Facultés.
— Admission aux écoles d'arts-et-métiers de
France.
— Affichage des listes des classes astreintes
au service militaire pendant le deuxième se-
mestre.
— Durée du jour, 17 h. 29.
CHEZ NOUS
—w Hier, a été célébré, à la mairie de
Neuilly, le mariage de notre ami et colla-
borateur Eugène Lintilhac et de Mlle
Jeanne Robelin.
Les témoins du marié étaient: MM. Emile
Duclaux, membre de l'Institut, directeur
de l'Institut Pasteur, et Pierre Lefèvre, di-
recteur du RappeZ; ceux de la mariée MM.
Emden et Ligeron.
Remarqué dans l'assistance : MM. Jules
Girard, de l'Institut, directeur de l'Institut
Thiers; Léger, du Collège de France; Ca-
tulle Mendès, Jean Rameau, Gilbert, Au-
gustin Thierry, Chantavoine, Courteline,
André Corneau, Alphonse Berget, Des-
moulins, belvai, Adrien bastid, député du
Cantal; Paul Devès, Michaut, Dr Taupe-
nard, Maurice de Beaumarchais et comtesse
de Beaumarchais, Mme3 Catherine Lefè-
vre, Charles Bos, Weil; M. et Mme Olive,
M. et Mme Diaz, Mme Chazotte et ses
filles, Mme Louis Bonnet, etc.
- Voyage présidentiel.
Le voyage que doit faire le président de
la République en Dauphinè est arrêté dans
ses grandes lignes.
M. Félix Faure partira de Paris le 31 juil-
let pour Valence.
De Valence, il descendra le Rhône jus-
qu'à Orange où de grandes fêtes sont orga-
nisées, puis il gagnera Grenoble et ensuite
Modane.
Pendant quatre jours environ, le prési-
dent assistera aux manœuvres des troupes
alpines entre Modane et Moutiers. A Mou-
tiers, le voyage officiel, interrompu par
les manœuvres, recommencera et se conti-
nuera par la visite des villes de Chambéry,
Aix-les-Bains et Annecy. M. Félix Faure
reviendra directement, vers le 10 août,
d'Annecy à Paris.
ANVvVV Hier soir a eu lieu au ministère de
la guerre le dîner diplomatique offert par
le général et Mme Billot.
Les convives étaientau nombre de 67.
Le 10 juillet, il y aura au ministère de
la guerre, une grande réception.
EN PASSANT
Les magistrats de la neuvième chambre
correctionnelle ont cru devoir juger à huis
clos le cas scandaleux de cette bonne ma-
dame de Meyreuil qui, trois ans durant, sut
réunir jeunes et vieux en ses réceptions delà
rue Cambacérès. Donc, on ne saura rien de
précis; mais, autour d'une affaire pareille,
il est difficile d empêcher les langues de
marcher, et elles marchent, les mâtines l
Nul n'tnore que le salon de Meyreuil était
un rendez-vous de noble compagnie ; que la
clientèle n'en était pas de la petite bière, et
que c'étaient de grosses légumes qui venaient
y croquer des fruits verts. Et comme dans
le doute, le Français, né malin, ne s'abstient
pas, voilà déjà que se soufflent et se chu-
choîtent des noms : les noms des vieillards
présumés de ces Surannés ; et dame! ce sont
de très grands noms, messeigneurs ! Mys-
tère et discrétion ! On se trompe peut-être.
Imitant la sage réserve de mon pudique
ami Amédée Blondeau, je n'irai certes pas,
par des divulgations inconsidérées, risquer
le fatal procès en diffamation. N'empêche
que l'on cite un prince de la science.
hum, ! un prince de la politique. chut ! un
prince de la diplomatie. motus 1 Dire que
l'équilibre européen dépendait — sauf er-
reur des bruits qui courent — des invités
de la Meyreuil, et que c'est dans cet appar-
tement galant, qu'entre la croupe et les
lèvres, il y eut place pour l'affermissement
lèvres > t l y
d la paix! la plus grande pensée du ré-
gime !
LOUIS MARSOLLEAU.
AIVVVVV On sait que le service de gynéco-
logie de l'hôpital Broca a pris une impor-
tance d'autant plus considérable que la
Faculté de médecine n'a pas encore de
chaire spéciale pour l'enseignement de
cette branche de la chirurgie.
On a inauguré hier dans ce service de
nouvelles salles offrant tous les perfection-
nements de l'hygiène hospitalière : chauf-
fage à la vapeur évitant les poussières,
éclairage électrique mettant à l'abri de la
chaleur du gaz, ventilation électrique sup-
primant les odeurs et renouvelant inces-,
samment l air, etc., etc. 1
En outre, à l'exemple de ce qui se passe
dans les hôpitaux étrangers, les nouvelles
salles sont ornées de fresques et de plantes
d'ornement pour leur enlever le caractère
triste et rébarbatif de nos vieux établisse-
ments hospitaliers.
J\NVVV\I M. Charles-Hippolyte Lesage, an-
cien premier adjoint du 9e arrondissement,
est décédé hier, en son domicile, 45, rue
Blanche, à l'âge de soixante-neuf ans. M.
Lesage avait occupé les fonctions d'adjoint
du mois de mars 1880 au mois de juillet
1896. A cette époque, M. Ferry, maire de
l'arrondissement étant mort, il s'était mis
sur les rangs pourlui succéder, mais n'ayant
pas été désigné, il donna sa démission.
M. Charles Lesage était très populaire"
dans l'arrondissement.
- Ou vient de célébrer à Gien le ma-
riage de M. François Veuillot, fils du di-
recteur de l'Univers, avec Mlle Marie
Monnoir. L'évêque d'Orléans, M. Touchet,
a prononcé une allocution.
- Au Jardin des Plantes.
M. Lecomte, professeur au lycée Saint-
Louis, vient d'offrir au Muséum d'histoire
naturelle une collection curieuse de Pro-
topterus anectens, ou poissons de vase de
la Gambie. Ces animaux, encore mal con-
nus, s'enfoncent en terre pendant la sai-
son sèche ; il se forme alors autour de leur
corps une sorte de coton translucide qui
disparaît lorsque la saison des pluies reve-
nue, la vase s'amolit de nouveau.
M. Lecomte a donné soixante-trois de
ces poissons, enveloppés dans leurs cocons,
au Jardin des Plantes. Le professeur Vail-
lant les a mis dans un aquarium avec un
peu d'eau tiède. Quelques minutes après
le cocon avait fondu et les poissons, rede-
venus libres, respiraient « à pleins pou-
mons ». Car le protopterus, quoique pois-
son possède des poumons, à l'égal des ba-
traciens.
—— Il ne faut jamais se mettre à dos les
médecins. Voici le docteur Constantin —
auquel évidemment des directeurs peu gé-
néreux ont refusé des places—qui se venge
en « créant » le « mal du théâtre ». Ce mé-
decin a découvert que quand on a dîné ra-
pidement dans un restaurant et qu'on va au
spectacle après, on risque d'avoir sa di-
gestion troublée.
JI paraît que c'est surtout arrivé quand
on allait voir Frédégonde. Pour guérir cette
singulière affection, il suffit, dit le docteur
Constantin, de mettre le patient dans la
position horizontale. Autrement dit, on
l'envoie coucher, il dort, et le lendemain
il n'y paraît plus.
A L'ETRANGER
Le président de la République française,
M. Faure, avait envoyé en cadeau au général
Maximovitch, hetman des régiments de cosa-
ques de l'Oural, un petit fût du meilleur co-
gnac français. Le cadeau présidentiel, qui
pesait plus de deux poucs, arriva par mer à
Odessa et fut reçu par le consul français qui,
par l'intermédiaire du drogman du consulat,
l'expédia à destination de l'Oural, en même
temps qu'il prévenait par lettre le général
Maximowitch de l'arrivée prochaine du petit
fût.
Or, il s'est produit le fait incroyable que le
cadeau de M. Félix Faure s'est perdu en route.
Non seulement le cognac a été bu, mais on a
fait encore disparaître le contenant.
Les recherches ordonnées sur toutes les
lignes de chemins de fer n'ont donné aucun
résultat. Une enquête sévère a été ouvérte par
les autorités.
Le fait est exact : ajoutons que le Prési-
dent de la République, informé par notre
consul de cette mauvaise plaisanterie, l'a
prise avec bonne humeur et a donné aussi-
tôt des ordres pour qu'on remplaçât le fût
perdu. Il espère que cette fois son cadeau
arrivera à son destinataire.
4» — —
La Question des Patentes
Les Grands Magasins
Depuis bientôt quatre ans une commission
.parlementaire de trente-trois membres travaille
à la revision du tarif des patentes appliquées,
à différents commerces ou à différentes indus-
tries.
Le travail de cette commission est très avancé
toutefois il lui reste une série de décisions à
prendre en ce qui concerne les grands maga-
sins.
Au surplus c'est la question la plus impor-
tante de celles que la commission avait à ré-
soudre.
Il importe, en effet, de savoir si les nouveaux
tarifs qui seront proposés à l'approbation de
la Chambre donneront satisfaction aux vœux
réitérés du petit commerce et de la petite in-
dustrie.
En attendant, la commission, ou plutôt M.
Georges Berry, auteur d'un amendement sur
les grands magasins, vient de recevoir de l'ad-
ministration des finances un document très
intéressant.
Ce document qui a été dressé par les soins
de M. Boutin, le très distingué directeur des
contributions directes, montre quels seraient
les effets fiscaux de l'amendement de M. Geor
ges Berry, s'il était accepté par la commission.
Rappelons en quelques mots que M. Georges
Berry, considérant que la patente payée par
les grands magasins est insuffisante, réclame
son élévation. Mais comme déjà les grands ma-
gasins visés sont, au point de vue de la pa-
tente, sous le coup d'une loi exceptionnelle
qui les frappe tant pour le nombre des spécia-
lités de marchandises qu'ils mettent en vente
et tant pour le nombre des employés qu'ils
emploient, M. Gorges Berry a pensé que, pour
atteindre le but qu'il se proposait, il convenait
de faire une nouvelle classification des spécia-
lités de .marchandises et d'en augmenter le
nombre.
C'est en calculant d'après le nombre de ces
nouvelles spécialités que l'administration des
finances a pu établir un tableau comparatif.
Voici ces chiffres :
Le Bon Marché qui paie actuellement une
patente de 924,668 francs paierait, si l'amen-
dement est adopté 1,230,348 francs, soit une
augmentation de 33 0/0;
Le Louvre qui paie 855,410 francs paierait
1,149,810 francs, soit une augmentation de
34 0/0; ?
Le Printemps qui paie 148,306 francs paie-
rait 181,006 francs, soit une augmentation de
22 0/0; -
La Samaritaine, qui paye 132,794 francs
paierait 153,994 francs, soit une augmentation
de 16 0/0;
La Belle Jardinière, qui paye 126,984 francs,
paierait 143,684 francs, soit une augmentation
de 13 0/0;
Le Bazar de PHÔtel-de-Vilîe, qirf paye actuel-
lement 112,300 francs, paierait 132,300 francs,
soit une augmentation de 18 0/0;
La Place Clichy, qui paie actuellement
37,520 francs, paierait 51,380 francs, soit une
augmentation de 37 0/0. -
Enfin, par une bizarrerie singulière, l'épice-
rie Potin, qui paie 62,102 francs, ne paierait
plus que 61.002 francs' soit une diminution de
0.02 0/0.
Enfin, 29 grands magasins de province su-
biraient une augmentation globale de 48,120 fr.
Au total, l'amendement produirait une recette
supplémentaire d'environ 800,000 francs.
Il ftonvient d'ajouter que la Commission n'a
pas encore statué sur le fond de l'amendement
de M. Georges Berry. Elle a simplement voté
en principe l'élévation de la patente des grands
magasins, mais pour ce faire, elle n'a accepté
aucun système particulier. Nous croyons sa-
voir, au contraire, que la sous-commission
technique, laquelle , chargée d'examiner la
question, doit rechercher si cette augmenta-
tion de la patente doit être obtenue par le cal-
cul des spécialités, ou par l'augmentation de la
taxe perçue sur le nombre des employés ou
enfin par l'augmentation du droit proportion-
nel.
Enfin on prévoit que la commission statuera
prochainement car son désir est d'aboutir pour
que la nouvell loi des patentes trouve sa
place dans le budget de i898.
+
LES MIETTES DE LA SEMAINE
Samedi, 26 juin. — Il faudrait cepen-
dant savoir à quoi s'en tenir.
Hier, la presse celébrait l'hymne triom-
phal des rayons cathodiques. La direc-
tion des douanes exultait d'une joie ex-
pansive, M. Georges Pallain était aussi
heureux que la reine Victoria peut l'être.
Son administration tout entière jubilait :
elle était sûre désormais, après des dé-
monstrations indiscutables, de sortir vic-
torieuse de cette lutte sans merci que la
roublardise des contrebandiers et l'ingé-
nuité des fraudeurs livrent à la perspica-
té des douaniers et des gabelous.
Les rayons X, grâce au nouvel appareil
inventé pour ce service délicat, péné-
traient les cuirs des valises et les bois des
malles avec la discrétion délicate d'un
coin de rideau écarté par une main lé-
gère pour voir dans la rue ce qui se
passe. Les douaniers, les employas d'oc-
trois vous manipuleraient les colis ou les
personnes extérieurement, pour ainsi
dire.
Ah ! cet âge d'or de l'inspection à dis-
tance, comme il luisait dans notre rêve
en cette belle journée d'hier I
Ah ! le beau rêve ! le beau rêve 1
Trop beau en vérité. Car voilà qu'au-
jourd'hui la chanson a varié son refrain.
La démonstration lumineuse la veille s'est
tout à coup obscurcie du jour au lende-
main.
Il résulte, en effet, des dernières épreu-
ves auxquelles on a soumis les objets in-
troduits habituellement en fraude que
ceux-ci, pénétrés par les trop perspicaces
rayons X ne présentent plus à l œil de
l'opérateur la révélation de leur exis-
tence.
Si les clous des malles ou des souliers
qu'elles contiennent, les coins de cuivre,
les manches des brosses et l'acier des
tire boutons consentent à avouer leur
inoffensive présence, les choses suspec-
tes, dentelles ou étoffes,. allumettes ou
tabac, transpercés par les reflets catho-
diques à qui leur matière trop peu résis-
tante n'oppose aucun obstacle, dissimu-
lent opiniâtrement leur présence illégale.
Allons les bocaux de cornichons d'E-
mile Zola passeront encore de fichus quarts
d'heure.
Nous voici retombés du haut de nos illu-
sions. Il n'y a rien de changé sauf peut-
être une forme d'inquisition nouvelle.
La faillite de la science dirait la Bunej
tière.
Mardi 29 juin. — Au palais de j ustice.
Affluence inaccoutumée de toges dans les
couloirs, les galeries, les salles hautes
dont la paix accoutumée se trouble aux
allées et venues fiévreuses. Une colonie'
de fourmis bouleversée par quelque ca-
tastrophe, semble-t-il. Rumeurs, bour-
donnements, appels ; des groupes se for-
ment, se désagregent, des gestes mysté.
rieux, des affirmatiops de mentons gla-
bres, des demi-sourires, de soudaines dé-
négations avec de brusques mouvements
qui balaient le sol des robes agitées. *Et
puis, tout à coup, l'heure sonne, et toutes
les toges, hâtivement, s'engouffrent dans
le boyau étroit qui mène à la bibliothèque
de l'Ordre.
Que se passe-t-il donc ? La cour d'assi-
ses est calme. Et c'est demain seulement,
qu'à huis demi-clos, car il est toujours
entr'ouvert pour les avocats friands de
révélations croustillantes, la huitième
chambre jugera l'affaire de la rue Camba-
cérès.
Mais aujourd'hui ? « ,..
Aujourd'hui, c'est le grand jour du
monde où l'on parle, la date du fameux
tournoi où se heurtent à forces égales les
partis ennemis qui disputent pour leur
chef la suprématie du bâtonnat. C'est jour
d'élections. Il s'agit de savoir qui de Ma
Ployer ou de Me Devin l'emportera.
Pour ces élections, point d'affiches ni
de réunions électorales. Nul ne se porte.
candidat, ce qui, paraît-il, serait contraire
à l'esprit de confraternité et d'égalité rd..
gnant souverainement - à en croire la
qu'en dira-t-on — dans cette république
noire de la cité où le téléphone est in- -
connu et le pantalon de bicycliste persé-
cuté.
Nul ne se porte candidat. On sel laisse
porter, Saisissez-vous la nuance? Yoilà
PARIS * DËP.NT8
Le 9 CINQ CENTIMES
FONDATEUR : AUGUSTE VACQUERIE
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Oe 4 à 8 heures du soir et dé 10 heures du soir à 1 heure du matin
N" 9975. — Vendredi 2 Juillet. 1897
f a* 14 MESSIDOR Alf 105 il
ADMINISTRATION : 131 rue Montmartre. lai •»,
- Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
CONVENTIONETTE
La Chambre trouve, sans doute,
qu'elle n'a pas encore suffisamment dé-
considéré le parlementarisme et la Répu-
blique par son ignorance, son incapacité,
son impuissance à réaliser la moindre
réforme et la versabilité de ses votes;
elle tient à ne pas se séparer avant
d'avoir donné au pays le spectacle de
ses passions mesquines et de ses appé-
- tits égoïstes. -
La voilà- qui tend à s'ériger en une
sorte de « conventionette » où des pyg-
mées s'essouffleraient à jouer des rôles
écrits pour des géants et transforme-
raient en un vaudeville ridicule la san-
glante tragédie de l'épopée révolution-
oaire.
Hantés par les sonvenirs d'une his-
toire incomprise, les élus étriqués
du scrutin d'arrondissement ont la pré-
tention de copier les Mirabeau, les
Vergniaud, les Danton, les Robespierre,
les Tallien, tous ces grands acteurs
d'une époque, où les intérêts particu-
liers n'avaient peut-être pas moins
d'importance qu'aujourd'hui dans les
luttes politiques, mais où l'enjeu était
assez gros pour que les forts tempéra-
ments prissent seuls part aux batailles
parlementaires.
Aujourd hui, n importe qui s y peut
mêler. Ce n'est plus sa tête que l'on joue
et ce n'est pas sur la plate-forme de
l'échafaud que la bataille se termine,
mais dans le cabinet d'un juge d'instruc-
tion. La calomnie n'est plus violente,
terrible et signée du sang du calomnia-
teur; elle s'est faite doucereuse, dis-
crète et hypocrite. On serre la main de
celui que l'on veut perdre et l'on couvre
de fleurs la victime que l'on se propose
d'envoyer à l'autel expiatoire où la
vertu de ceux qui n'ont rien fait désho-
aore le nom de tous les hommes qui ont
encouru quelque responsabilité dans les
services rendus à leur pays et à la Ré-
publique.
On joue à la Convention, on aspire à
absorber tous les pouvoirs de la Répu-
blique, on veut commander aux armées
donner de l'avancement aux fonction-
naires ou les jeter en disgrâce, dicter
des ordres à la justice ; on veut exer-
cer tous les pouvoirs de la dictature con-
ventionnaliste ; ce n'est ni pour sauver
la France mise en péril par les armées
étrangères, ni pour assurer le triomphe
de l'équité dans les administrations et
celui de la vertu par la justice, mais
sour assurer une réélection menacée ou
conquérir un portefeuille convoité.
.**
Voilà, au fond, tout ce qu'il y a dans
jette commission du Panama que la
Chambre vient de nommer très solen-
nellement, au scrutin de liste, oomme la
Convention nommait le Comité de sûreté
générale et le Comité de salut public.
Et parmi les huit ou dix groupes en-
tre lesquels la Chambre se divise, il ne
s'en est pas trouvé un seul pour re-
fuser de s'associer à la ridicule comé-
die que prétend jouer devant le public
cette « conventionette » impuissante.
Et parmi les cinq cent quatre vingts
députés qui composent cette « conven-
tionette », il n'y en a pas un seul qui ait
osé déclarer, à la face de ses collègues
et devant le pays qu'il refuserait toute
candidature à une Commission dont le
- rôle ne pourra être que grotesque ou
odieux ; grotesque si elle n'est pas revê-
tue de tous les pouvoirs de la justice;
odieux si, étant dotée de ces pouvoirs,
elle est mise en mesure de substituer
les passions de la politique et les appé-
tits des ambitions personnelles, à la sé-
rénité de la justice.
*! *
Maintenant que la commission est
nommé, la question qu'il va falloir ré-
soudre est celle de savoir si l'on fera une
loi pour doter les commissions de tous
les pouvoirs attribués à la justice par la
constitution et les lois, ou l'enquête à
laquelle la commission doit se livrer sera
confinée dans le domaine habituel des
opérations parlementaires.
Dans le second cas, la commission
est d'avance condamnée à une ridicule
impuissance. Elle ne pourrait, en effet,
contraindre personne à comparaître de-
vant elle, elle ne pourrait opérer ni per-
quisitions, ni recherches, tout citoyen
ayant le droit de lui fermer au nez sa
porte, ses livres et ses tiroirs. Elle ne
pourrait même pas exiger le serment et
chacun jouirait de la faculté de se
gausser d'elle, sans avoir à craindre
d'être inquiété d'aucune façon.
La grande commission d'enquête que
présida M. Henri Brisson en 1892, n'a-
boutit à aucun résultat précisément
parcequ'elle n'avait aucun pouvoir d'or-
dre judiciaire et parceque chacun pût se
moquer d'elle à son aise. Encore mit-on
en général, à lui répondre et à lui ouvrir
les portes, un empressement que la nou-
velle commission ne trouvera probable-
ment pas. On commence en effet, à
avoir assez, dans le public, des préten-
dons qu'ont tes députés à s'ingérer
dans nne foule d'affaires ou ils n'ont
rien à voir.
*
',> ***
: Si l'enquête conserve le caractère
exclusivement parlementaire qu'eût
la Commission présidée par M. Brisson,
la seule satisfaction qu'elle pourra se
donner sera de faire venir devant elle
le ministre de la justice et de l'inviter à
lui envoyer le juge d'instruction avec le
dossier qu'il a pu former depuis trois
mois.
On raconte, dans certains milieux
bien informés que si M. Le Poitevin n'a
pas encore déposé son rapport sur l'ins-
truction qui lui a été confiée, c'est pré-
cisément parce qu'il attendait la com-
mission qui a été nommée hier. Grâce
aux passions politiques dont les com-
missaires sont animés, les résultats
assez maigres qu'il a obtenus pren-
draient une importance qu'ils n'auraient
pas devant des magistrats impartiaux.
On dit déjà que le premier acte de la
commission nommée mardi par la Cham-
bre sera de faire appeler le juge d'ins-
truction et de fourrager dans les dos-
siers. Cela permettrait de jeter tout de
suite en pature à la malignité publique
les insinuations, les calomnies et les dif-
famations anonymes qui se produisirent
il y a trois mois, à l'occasion de la de-
mande de poursuites contre certains
députés.
Il faut espérer que le ministre de la
justice ne voudra pas se prêter une se-
conde fois à des manœuvres dont les en-
nemis de la République peuvent seuls tirer
profit. Le juge d'instruction a fait une
œuvre exclusivement judiciaire. C'est à
la justice seule qu'il en doit communica-
tion et c'est à Ir justice seule qu'il
appartient d'en prendre connaissance et
d'en tirer les éléments de poursuites
devant les tribunaux réguliers.
Quant aux pouvoirs judiciaires que
la commission revendique, les Cham-
bres ne pourraient pas les lui accorder
sans se mettre en contradiction formelle
avec la Constitution.
Celle-ci a prévu le seul cas dans le-
quel le pouvoir exécutif peut être revêtu
passagèrement de la puissance judi-
ciaire.
Le Sénat peut être transformé en cour
de justice, dans deux cas différents : en
vertu de l'article 9 de la loi du 24 février
1875 « pour juger soit le Président de la
République, soit les ministres, et pour
connaître des attentats commis contre
la sûreté de l'Etat » ; et en vertu de l'ar-
ticle 12 de la loi du 16 juillet 1875 « pour
juger toute personne prévenue d'attentat
commis contre la sûreté de l'Etat ».
C'est en vertu de cette dernière loi que
le Sénat fut chargé du jugement du gé-
néral Boulanger et de ses complices.
Quant à la Chambre, la Constitution a
prévu qu'elle peut mettre en accusation
le président de la République, les minis-
tres et les personnes ayant attenté à la
sûreté de l'Etat, mais elle ne lui attribue
aucun rôle judiciaire dans aucune cir-
constance.
Pour qu'une de ses commissions put
s'ériger en chambre d'instruction judi-
ciaire, il faudrait une loi que le Parle-
ment ne pourrait pas rendre sans vio-
ler, sinon la lettre, du moins l'esprit de
la constitution. Quant au gouvernement,
li commettrait la plus dangereuse des
lâchetés s'il ne s'opposait pas de la ma-
nière la plus formelle à la discussion
d'une pareille loi.
***
Que les députés se dévorent. entre
eux si cela leur plaît, que la Chambre
affecte de se transformer en une ridicule
« conventionette » si ce jeu l'amuse, le
pays se borne à en hausser les épaules,
mais il ne pardonnerait pas au gouver-
ment de se faire le complice de l'enva-
hissement de la justice par les politi-
ciens et il ne veut pas que l'honneur des
citoyens soit livré aux fantaisies anar-
chistes de députés qui ne semblent vou-
loir s'occuper que, des affaires où ils
sont incompétents.
Le jour où la justice serait livrée aux
passions et aux ambitions de la Cham-
bre, il n'y aurait plus en France ni jus-
tice ni sécurité et la République ne
serait pas loin de tomber dans les bras
d'un sauveur.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Charles Dos.
LE PRÉSIDENT EN RUSSIE
UNE NOTE OFFICIELLE
Le Président de la République a donné con-
naissance au conseil des ministres, hier matin,
d'une lettre de l'empereur de Russie qui vient
de lui parvenir et par laquelle Nicolas II ex-
prime la satisfaction qu'il aurait de le recevoir
cette année à Peterhof.
M. Félix Faure a indiqué au conseil son in-
tention de se rendre à cette invitation dans la
seconde quinzaine du mois d'août.
D'accord avec le Président de la République,
le conseil des ministres a décidé de saisir pro-
chainement le Parlement par le dépôt d'un
projet de loi comportant l'ouverture des cré-
dits nécessaires.
Avant-hier soir, M. Félix Faure a fait prier
le président du Sénat et le président de la
Ch ambre des députés de venir le voir à. l'Ely
sée. Dans l'entrevue aue les Dissidents du
Parlement ont eue avec le président de la Ré-
publique, celui-ci leur a fait part de l'invitation
de l'empereur.
En ce qui concerne la date exacte, la liste
des personnes qui accompagneront le président
de la République et les détails de l'organisa-
tion de ce voyage, rien n'est encore arrêté.
A la Chambre
La nouvelle officielle du voyage du président
de la République a été connue hier, dans l'a-
près-midi, dans les couloirs de la Chambre.
Elle a fait aussitôt le sujet de toutes les con-
versations.
D'après les observations échangées, il res-
sort que seuls les socialistes combattront les
crédits qui seront demandés.
— Comment voulez-vous que nous votions
des crédits extraordinaires, déclarait M. Jau-
rès, nous qui ne votons presque jamais les
Cr édits ordinaires?
Quant aux autres députés, radicaux, répu-
blicains ou conservateurs, ils estiment que la
visite de M. Félix Faure en Russie est une vi-
site de courtoisie et qu'il faut que la Chambre
s'y associe dans l'intérêt de la politique exté-
rieure de la France.
—
L'enquête sur le Panama
Nomination du Bureau.- L'Echec des
modérés. — Discours de M. Vallé.
- La communication des dos-
siers. — Les décisions.
C'est M. Vallé, rapporteur général de la pre-
mière commission d'enquête sur les affaires du
Panama qui par 17 voix contre i3 à M. du Pé-
rier de Larsan et 2 à M. Trélat, a été élu hier
président de la nouvelle commission d'en-
quête.
Ont été désignés comme vice-présidents, M.
Gu)ot-Dessaigne, par 27 voix, au premier tour
de scrutin.
MM. de Lanjuinais, de la droite, et Trélat,
du groupe des républicains du gouvernement,
au deuxième tour, par 20 voix et 16 voix.
Les chiffres de ce scrutin ayant fourni cette
constation que les radicaux n'avaient pas voté
pour le candidat des modérés, M. Trélat a
donné sa démission et les commissaires appar-
tenant au parti modéré se sont retirés pour
délibérer.
Une demi-heure après, ils sont revenus en
séance et M. du Périer de Larsan a déclaré
que ses amis étaient décidés à n'accepter au-
cune fonction pour le bureau.
En présence de cettç résolution, la commis-
sion a décidé de ne point remplacer M. Tré-
lat comme vice-président.
La commission a désigné ensuite comme
secrétaires MM. Denis, Samary et de la Noue,
et comme archivistes MM. Mathé, Alexandre
Bérard et de Ramel.
M. Vallé a alors pris possession du fauteuil
présidentiel et a prononcé le discours sui-
vant :
Discours de M. Vallé
Je vous remercie du grand honneur que vous ve-
nez de me faire en m'appelant à la présidence de
votre commission. J'en comprends, croyez-le bien,
tout le prix et toute la signification. De même ne
suis-je pas sans en entrevoir les soucis et les char-
ges.
Ces charges, je les assume ; c'est même dans la
haute mission que vous me confiez la seule partie
que j'accepte avec le moins d'hésitation et de préoc-
cupation car s'il est toujours facile de repousser un
honneur on n'a pas le droit de reculer devant un
devoir à accomplir.
-- J'ai d'ailleurs la certitude que tous ici sans distinc-
tion de parti les uns comme les autres et au même
degré de l'unique désir de faire la lumière, d'établir
la vérité et de n'obéir qu'à de pures considérations
de justice, vous aurez par un concours absolu et dé-
voué faciliter la tâche de votre président.
La commission telle qu'elle est composée avec une
représentation rigoureusement proportionnelle de
tous les groupes de la Chambre ét même de ceux de
nos collègues qui ne se sont groupés qu'à cette oc-
casion est l'image vivante et lidèle de la représen-
tation nationale et doit inspirer au pays une confiance
sans réserve.
Cette confiance, nous nous appliquerons à la con-
server jusqu'au bout.
Peut-être et- quoique nous fassions, ne serons-
nous pas à l'abri de certaines critiques et même de
certaines attaques. Mais si nous voulons bien nous
abstenir de ce qui se dira au dehors pour concentrer
toute notre attention sur ce qui se passera ici, de fa-
çon à n'asseoir notre décision et nos jugements que
sur les témoignages que nous pourrons recueillir,
sur les documents qui nous seront fournis ou que
nous nous procurerons à l'aide des moyens quels
qu'ils soient qui seront mis à notre disposition.
- Nous aurons fait une œuvre utile, impartiale, la
seule chose que l'on puisse exiger de nous. Mes-
sieurs, laissez-moi ajouter que s'il est devenu né-
cessaire à l'occasion des dernières révélations qui ont
eu lieu et qui ont amené la nomination de la seconde
commission d'enquête que la lumière soit faite à
nouveau et complètement. Le pays nous saura gré
de ne pas éterniser cette affaire de Panama et d'en
finir rapidemeut. ,
Vite et tout, a-t-il été déjà dit et fort heureuse-
ment. Il y a de cela plusieurs mois il est vrai.
Je vous propose néanmoins de reprendre cette
devise, mais avec la ferme résolution de la mettre à
exécution.
Motion d'ajournement
M. Théophile Goujon a ensuite présenté une
motion tendant à suspendre les délibérations
de la commission jusqu'à la clôture de l'ins-
truction judiciaire, c'est-à-dire jusque vers le
11 juillet.
Avant de discuter cette motion sur la pro-
position de M. Rouanet la commission a expri-
mé l'avis qu'il convenait de sténographier
toutes les observations qui seraient échangées
à ce sujet et elle a suspendu sa réunion jus-
qu'à l'arrivée d'un sténographe.
A quatre heures et demie, la discussion s'est
engagée sur la motion de M. Théophile Gou-
jon.
M. Viviani a insisté pour que la commission
demandât immédiatement tous les documents
jugés utiles.
M. Philippon a exprimé l'avis que la Commis-
sion avait pour premier devoir de procéder àune
enquête très rapide et que la Commission de-
vait dans la soirée même demander au garde
des sceaux la communication du dossier de
M. Le Poittevin.
M. Henri Blanc est d'avis, au contraire,
qu'il convient d'attendre les décisions de la
justice. Le rôle de la commission est pour lui
de rechercher amplement les sanctions mo-
rales qui ne peuvent pas être données par le
code.
M. Viviani a soutenu les observations de M.
Philippon : il convient que la commission, en
réclamant tout de suite la communication du
dossier judiciaire fera une brêche au principe
de la séparation des pouvoirs, mais cette brè-
che a été faite par la Chambre elle-même
quand elle a ordonné la nomination d'une
commission.
Par 29 voix contre 2 abstentions, la com-
mission l'a repoussée.
Par contre et à une grande majorité, la com-
mission a voté une motion de M. Viviani d'a-
près laquelle le ministre de la justice est in-
vité à saisir tout de suite la commission des
différents dossiers qui concernent l'affaire de
Panama et qui se rapportent soit à l'instruc-
tion en cours, soit aux instructions déjà
closes.
La commission a voté d'autre part une mo-
tion de M. Guyot-De3saigne pour la constitution
d'une commission exécutive, dont le rôle con-
sistera surtout à rechercher à centraliser et à
recueillir tous les documents nécessaires à l'en-
quête.
Cette commission exécutive a été nommée
aussitôt. Elle comprend MM. Viviani, Rouanet,
Philippon, de la Batut, Moret, de Ramel, Le
Hérissé, de Casabianea et de la Noue. -
M. Moret ne croit pas que la Chambre ait
donné à la commifr,-:nn le mandat de se saisir
du dossier avant la clôture de l'instruction.
M. de Ramel pense que l'on peut demander
tout de suite communication du dossier.
En ce qui concerne les travaux de la com-
mission, il faut, suivant M. de Ramel, recher-
cher les responsabilités encourues sur les pres-
criptions acquises, sur la fuite des inculpés,
sur les conventions du gouvernement français
avec Arton.
M. du Périer de Larsan estime qu'il serait
dangereux d'insister pour que le dossier soit
remis à la Commission.
Il admettrait que le ministre de la justice au-
torisât celle-ci à prendre connaissance du dos-
sier sur place.
M. Rouanet pense que la communication du
dossier à la commission ne retarderait pas
l'instruction judiciaire.
A la suite de ces observations, M. Goujon a
retiré sa motion. Pour que cette motion puisse
être soumise à un vote, elle a été reprise par
MM. Viviani et Rouanet.
Enfin, sur la proposition de M. Garnaud, la
commission a résolu de demander communica-
tion de différents dossiers du ministère des
affaires étrangères dont l'un concerne M.Crispi
et Cornélius Herz.
Avant de se séparer, la commission a ex-
primé l'avis qu'elle n'avait aucun secret à gar-
der sur ses délibérations.
- r*J - D I T
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : à Saint-Ouen (obstacles).
— Clôture des cours des Facultés.
— Admission aux écoles d'arts-et-métiers de
France.
— Affichage des listes des classes astreintes
au service militaire pendant le deuxième se-
mestre.
— Durée du jour, 17 h. 29.
CHEZ NOUS
—w Hier, a été célébré, à la mairie de
Neuilly, le mariage de notre ami et colla-
borateur Eugène Lintilhac et de Mlle
Jeanne Robelin.
Les témoins du marié étaient: MM. Emile
Duclaux, membre de l'Institut, directeur
de l'Institut Pasteur, et Pierre Lefèvre, di-
recteur du RappeZ; ceux de la mariée MM.
Emden et Ligeron.
Remarqué dans l'assistance : MM. Jules
Girard, de l'Institut, directeur de l'Institut
Thiers; Léger, du Collège de France; Ca-
tulle Mendès, Jean Rameau, Gilbert, Au-
gustin Thierry, Chantavoine, Courteline,
André Corneau, Alphonse Berget, Des-
moulins, belvai, Adrien bastid, député du
Cantal; Paul Devès, Michaut, Dr Taupe-
nard, Maurice de Beaumarchais et comtesse
de Beaumarchais, Mme3 Catherine Lefè-
vre, Charles Bos, Weil; M. et Mme Olive,
M. et Mme Diaz, Mme Chazotte et ses
filles, Mme Louis Bonnet, etc.
- Voyage présidentiel.
Le voyage que doit faire le président de
la République en Dauphinè est arrêté dans
ses grandes lignes.
M. Félix Faure partira de Paris le 31 juil-
let pour Valence.
De Valence, il descendra le Rhône jus-
qu'à Orange où de grandes fêtes sont orga-
nisées, puis il gagnera Grenoble et ensuite
Modane.
Pendant quatre jours environ, le prési-
dent assistera aux manœuvres des troupes
alpines entre Modane et Moutiers. A Mou-
tiers, le voyage officiel, interrompu par
les manœuvres, recommencera et se conti-
nuera par la visite des villes de Chambéry,
Aix-les-Bains et Annecy. M. Félix Faure
reviendra directement, vers le 10 août,
d'Annecy à Paris.
ANVvVV Hier soir a eu lieu au ministère de
la guerre le dîner diplomatique offert par
le général et Mme Billot.
Les convives étaientau nombre de 67.
Le 10 juillet, il y aura au ministère de
la guerre, une grande réception.
EN PASSANT
Les magistrats de la neuvième chambre
correctionnelle ont cru devoir juger à huis
clos le cas scandaleux de cette bonne ma-
dame de Meyreuil qui, trois ans durant, sut
réunir jeunes et vieux en ses réceptions delà
rue Cambacérès. Donc, on ne saura rien de
précis; mais, autour d'une affaire pareille,
il est difficile d empêcher les langues de
marcher, et elles marchent, les mâtines l
Nul n'tnore que le salon de Meyreuil était
un rendez-vous de noble compagnie ; que la
clientèle n'en était pas de la petite bière, et
que c'étaient de grosses légumes qui venaient
y croquer des fruits verts. Et comme dans
le doute, le Français, né malin, ne s'abstient
pas, voilà déjà que se soufflent et se chu-
choîtent des noms : les noms des vieillards
présumés de ces Surannés ; et dame! ce sont
de très grands noms, messeigneurs ! Mys-
tère et discrétion ! On se trompe peut-être.
Imitant la sage réserve de mon pudique
ami Amédée Blondeau, je n'irai certes pas,
par des divulgations inconsidérées, risquer
le fatal procès en diffamation. N'empêche
que l'on cite un prince de la science.
hum, ! un prince de la politique. chut ! un
prince de la diplomatie. motus 1 Dire que
l'équilibre européen dépendait — sauf er-
reur des bruits qui courent — des invités
de la Meyreuil, et que c'est dans cet appar-
tement galant, qu'entre la croupe et les
lèvres, il y eut place pour l'affermissement
lèvres > t l y
d la paix! la plus grande pensée du ré-
gime !
LOUIS MARSOLLEAU.
AIVVVVV On sait que le service de gynéco-
logie de l'hôpital Broca a pris une impor-
tance d'autant plus considérable que la
Faculté de médecine n'a pas encore de
chaire spéciale pour l'enseignement de
cette branche de la chirurgie.
On a inauguré hier dans ce service de
nouvelles salles offrant tous les perfection-
nements de l'hygiène hospitalière : chauf-
fage à la vapeur évitant les poussières,
éclairage électrique mettant à l'abri de la
chaleur du gaz, ventilation électrique sup-
primant les odeurs et renouvelant inces-,
samment l air, etc., etc. 1
En outre, à l'exemple de ce qui se passe
dans les hôpitaux étrangers, les nouvelles
salles sont ornées de fresques et de plantes
d'ornement pour leur enlever le caractère
triste et rébarbatif de nos vieux établisse-
ments hospitaliers.
J\NVVV\I M. Charles-Hippolyte Lesage, an-
cien premier adjoint du 9e arrondissement,
est décédé hier, en son domicile, 45, rue
Blanche, à l'âge de soixante-neuf ans. M.
Lesage avait occupé les fonctions d'adjoint
du mois de mars 1880 au mois de juillet
1896. A cette époque, M. Ferry, maire de
l'arrondissement étant mort, il s'était mis
sur les rangs pourlui succéder, mais n'ayant
pas été désigné, il donna sa démission.
M. Charles Lesage était très populaire"
dans l'arrondissement.
- Ou vient de célébrer à Gien le ma-
riage de M. François Veuillot, fils du di-
recteur de l'Univers, avec Mlle Marie
Monnoir. L'évêque d'Orléans, M. Touchet,
a prononcé une allocution.
- Au Jardin des Plantes.
M. Lecomte, professeur au lycée Saint-
Louis, vient d'offrir au Muséum d'histoire
naturelle une collection curieuse de Pro-
topterus anectens, ou poissons de vase de
la Gambie. Ces animaux, encore mal con-
nus, s'enfoncent en terre pendant la sai-
son sèche ; il se forme alors autour de leur
corps une sorte de coton translucide qui
disparaît lorsque la saison des pluies reve-
nue, la vase s'amolit de nouveau.
M. Lecomte a donné soixante-trois de
ces poissons, enveloppés dans leurs cocons,
au Jardin des Plantes. Le professeur Vail-
lant les a mis dans un aquarium avec un
peu d'eau tiède. Quelques minutes après
le cocon avait fondu et les poissons, rede-
venus libres, respiraient « à pleins pou-
mons ». Car le protopterus, quoique pois-
son possède des poumons, à l'égal des ba-
traciens.
—— Il ne faut jamais se mettre à dos les
médecins. Voici le docteur Constantin —
auquel évidemment des directeurs peu gé-
néreux ont refusé des places—qui se venge
en « créant » le « mal du théâtre ». Ce mé-
decin a découvert que quand on a dîné ra-
pidement dans un restaurant et qu'on va au
spectacle après, on risque d'avoir sa di-
gestion troublée.
JI paraît que c'est surtout arrivé quand
on allait voir Frédégonde. Pour guérir cette
singulière affection, il suffit, dit le docteur
Constantin, de mettre le patient dans la
position horizontale. Autrement dit, on
l'envoie coucher, il dort, et le lendemain
il n'y paraît plus.
A L'ETRANGER
Le président de la République française,
M. Faure, avait envoyé en cadeau au général
Maximovitch, hetman des régiments de cosa-
ques de l'Oural, un petit fût du meilleur co-
gnac français. Le cadeau présidentiel, qui
pesait plus de deux poucs, arriva par mer à
Odessa et fut reçu par le consul français qui,
par l'intermédiaire du drogman du consulat,
l'expédia à destination de l'Oural, en même
temps qu'il prévenait par lettre le général
Maximowitch de l'arrivée prochaine du petit
fût.
Or, il s'est produit le fait incroyable que le
cadeau de M. Félix Faure s'est perdu en route.
Non seulement le cognac a été bu, mais on a
fait encore disparaître le contenant.
Les recherches ordonnées sur toutes les
lignes de chemins de fer n'ont donné aucun
résultat. Une enquête sévère a été ouvérte par
les autorités.
Le fait est exact : ajoutons que le Prési-
dent de la République, informé par notre
consul de cette mauvaise plaisanterie, l'a
prise avec bonne humeur et a donné aussi-
tôt des ordres pour qu'on remplaçât le fût
perdu. Il espère que cette fois son cadeau
arrivera à son destinataire.
4» — —
La Question des Patentes
Les Grands Magasins
Depuis bientôt quatre ans une commission
.parlementaire de trente-trois membres travaille
à la revision du tarif des patentes appliquées,
à différents commerces ou à différentes indus-
tries.
Le travail de cette commission est très avancé
toutefois il lui reste une série de décisions à
prendre en ce qui concerne les grands maga-
sins.
Au surplus c'est la question la plus impor-
tante de celles que la commission avait à ré-
soudre.
Il importe, en effet, de savoir si les nouveaux
tarifs qui seront proposés à l'approbation de
la Chambre donneront satisfaction aux vœux
réitérés du petit commerce et de la petite in-
dustrie.
En attendant, la commission, ou plutôt M.
Georges Berry, auteur d'un amendement sur
les grands magasins, vient de recevoir de l'ad-
ministration des finances un document très
intéressant.
Ce document qui a été dressé par les soins
de M. Boutin, le très distingué directeur des
contributions directes, montre quels seraient
les effets fiscaux de l'amendement de M. Geor
ges Berry, s'il était accepté par la commission.
Rappelons en quelques mots que M. Georges
Berry, considérant que la patente payée par
les grands magasins est insuffisante, réclame
son élévation. Mais comme déjà les grands ma-
gasins visés sont, au point de vue de la pa-
tente, sous le coup d'une loi exceptionnelle
qui les frappe tant pour le nombre des spécia-
lités de marchandises qu'ils mettent en vente
et tant pour le nombre des employés qu'ils
emploient, M. Gorges Berry a pensé que, pour
atteindre le but qu'il se proposait, il convenait
de faire une nouvelle classification des spécia-
lités de .marchandises et d'en augmenter le
nombre.
C'est en calculant d'après le nombre de ces
nouvelles spécialités que l'administration des
finances a pu établir un tableau comparatif.
Voici ces chiffres :
Le Bon Marché qui paie actuellement une
patente de 924,668 francs paierait, si l'amen-
dement est adopté 1,230,348 francs, soit une
augmentation de 33 0/0;
Le Louvre qui paie 855,410 francs paierait
1,149,810 francs, soit une augmentation de
34 0/0; ?
Le Printemps qui paie 148,306 francs paie-
rait 181,006 francs, soit une augmentation de
22 0/0; -
La Samaritaine, qui paye 132,794 francs
paierait 153,994 francs, soit une augmentation
de 16 0/0;
La Belle Jardinière, qui paye 126,984 francs,
paierait 143,684 francs, soit une augmentation
de 13 0/0;
Le Bazar de PHÔtel-de-Vilîe, qirf paye actuel-
lement 112,300 francs, paierait 132,300 francs,
soit une augmentation de 18 0/0;
La Place Clichy, qui paie actuellement
37,520 francs, paierait 51,380 francs, soit une
augmentation de 37 0/0. -
Enfin, par une bizarrerie singulière, l'épice-
rie Potin, qui paie 62,102 francs, ne paierait
plus que 61.002 francs' soit une diminution de
0.02 0/0.
Enfin, 29 grands magasins de province su-
biraient une augmentation globale de 48,120 fr.
Au total, l'amendement produirait une recette
supplémentaire d'environ 800,000 francs.
Il ftonvient d'ajouter que la Commission n'a
pas encore statué sur le fond de l'amendement
de M. Georges Berry. Elle a simplement voté
en principe l'élévation de la patente des grands
magasins, mais pour ce faire, elle n'a accepté
aucun système particulier. Nous croyons sa-
voir, au contraire, que la sous-commission
technique, laquelle , chargée d'examiner la
question, doit rechercher si cette augmenta-
tion de la patente doit être obtenue par le cal-
cul des spécialités, ou par l'augmentation de la
taxe perçue sur le nombre des employés ou
enfin par l'augmentation du droit proportion-
nel.
Enfin on prévoit que la commission statuera
prochainement car son désir est d'aboutir pour
que la nouvell loi des patentes trouve sa
place dans le budget de i898.
+
LES MIETTES DE LA SEMAINE
Samedi, 26 juin. — Il faudrait cepen-
dant savoir à quoi s'en tenir.
Hier, la presse celébrait l'hymne triom-
phal des rayons cathodiques. La direc-
tion des douanes exultait d'une joie ex-
pansive, M. Georges Pallain était aussi
heureux que la reine Victoria peut l'être.
Son administration tout entière jubilait :
elle était sûre désormais, après des dé-
monstrations indiscutables, de sortir vic-
torieuse de cette lutte sans merci que la
roublardise des contrebandiers et l'ingé-
nuité des fraudeurs livrent à la perspica-
té des douaniers et des gabelous.
Les rayons X, grâce au nouvel appareil
inventé pour ce service délicat, péné-
traient les cuirs des valises et les bois des
malles avec la discrétion délicate d'un
coin de rideau écarté par une main lé-
gère pour voir dans la rue ce qui se
passe. Les douaniers, les employas d'oc-
trois vous manipuleraient les colis ou les
personnes extérieurement, pour ainsi
dire.
Ah ! cet âge d'or de l'inspection à dis-
tance, comme il luisait dans notre rêve
en cette belle journée d'hier I
Ah ! le beau rêve ! le beau rêve 1
Trop beau en vérité. Car voilà qu'au-
jourd'hui la chanson a varié son refrain.
La démonstration lumineuse la veille s'est
tout à coup obscurcie du jour au lende-
main.
Il résulte, en effet, des dernières épreu-
ves auxquelles on a soumis les objets in-
troduits habituellement en fraude que
ceux-ci, pénétrés par les trop perspicaces
rayons X ne présentent plus à l œil de
l'opérateur la révélation de leur exis-
tence.
Si les clous des malles ou des souliers
qu'elles contiennent, les coins de cuivre,
les manches des brosses et l'acier des
tire boutons consentent à avouer leur
inoffensive présence, les choses suspec-
tes, dentelles ou étoffes,. allumettes ou
tabac, transpercés par les reflets catho-
diques à qui leur matière trop peu résis-
tante n'oppose aucun obstacle, dissimu-
lent opiniâtrement leur présence illégale.
Allons les bocaux de cornichons d'E-
mile Zola passeront encore de fichus quarts
d'heure.
Nous voici retombés du haut de nos illu-
sions. Il n'y a rien de changé sauf peut-
être une forme d'inquisition nouvelle.
La faillite de la science dirait la Bunej
tière.
Mardi 29 juin. — Au palais de j ustice.
Affluence inaccoutumée de toges dans les
couloirs, les galeries, les salles hautes
dont la paix accoutumée se trouble aux
allées et venues fiévreuses. Une colonie'
de fourmis bouleversée par quelque ca-
tastrophe, semble-t-il. Rumeurs, bour-
donnements, appels ; des groupes se for-
ment, se désagregent, des gestes mysté.
rieux, des affirmatiops de mentons gla-
bres, des demi-sourires, de soudaines dé-
négations avec de brusques mouvements
qui balaient le sol des robes agitées. *Et
puis, tout à coup, l'heure sonne, et toutes
les toges, hâtivement, s'engouffrent dans
le boyau étroit qui mène à la bibliothèque
de l'Ordre.
Que se passe-t-il donc ? La cour d'assi-
ses est calme. Et c'est demain seulement,
qu'à huis demi-clos, car il est toujours
entr'ouvert pour les avocats friands de
révélations croustillantes, la huitième
chambre jugera l'affaire de la rue Camba-
cérès.
Mais aujourd'hui ? « ,..
Aujourd'hui, c'est le grand jour du
monde où l'on parle, la date du fameux
tournoi où se heurtent à forces égales les
partis ennemis qui disputent pour leur
chef la suprématie du bâtonnat. C'est jour
d'élections. Il s'agit de savoir qui de Ma
Ployer ou de Me Devin l'emportera.
Pour ces élections, point d'affiches ni
de réunions électorales. Nul ne se porte.
candidat, ce qui, paraît-il, serait contraire
à l'esprit de confraternité et d'égalité rd..
gnant souverainement - à en croire la
qu'en dira-t-on — dans cette république
noire de la cité où le téléphone est in- -
connu et le pantalon de bicycliste persé-
cuté.
Nul ne se porte candidat. On sel laisse
porter, Saisissez-vous la nuance? Yoilà
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