Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-01-18
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 janvier 1897 18 janvier 1897
Description : 1897/01/18 (N9810). 1897/01/18 (N9810).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7542735z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
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Le Numéro, CINQ CENrIMES\
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f MOTEUR : AUGUSTE VACQUERIE
ABONNEMENTS
Vi Mb tnlsub Six mois 10
'&fis.: 71 2 fr. 5 tr. 9fr. 18fir.
Départements 2 - 8 - 11 — 20 —
Union Postale 8 - 6— i8 - BI
Lia
Eomateur : Auguste VACQUERIE ,
ANNONCES
Ifpr Ch. LAGRANGE, CERF <& Q*
6, Place de la Bourse, 6 1.
et AUX BUREAUX DU JOURNAL
RÉDACTION: t31, rue Montmartre, 131
Œk4it 8 heurts du mr et de 10 heures du soir à 1 heure du maMm
N'o 8810. - Lundi 18 Janvier 1897
29 NIVOSE AN 105
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, les
Adresser lettres et mandaté à l'Adtainutrat^
Nous commençons aujourd'hui un
Jlôuveau grand roman inédit :
LES BILLIONS DE CUIIDINE
"PAR
tDOUARD CADOL & PAUL BONHOMME
i
En nous initiant aux angoisses d'une
jeune orpheline, que des coquins se
sont acharnés à dépouiller, et qui lutte
jusqu'à l'épuisement contre une desti-
née implacable, cette poignante his-
toire d'amour nous découvre un coin
tes dessous de la vie parisienne.
NOS LEADERS
ào%
DES HOMMES
Mercredi dernier, le hasard d'une
Yencontre m'a fait assister à la répéti-
tion générale de la Motte de terre, à
l' « OEuvre ». Etant, avant tout, épris
ne clarté, je n'aime point beaucoup,
en général les pièces symbolistes;
dans celle-ci pourtant j'ai trouvé ma-
tière à quelques-unes de ces réflexions
auxquelles on se livre volontiers, pour
peu que l'on soit noctambule, en
errant dans les rues endormies.
Le sujet de la Motte de terre — si
tant est que l'on puisse dire qu'une
pièce symboliste ait un sujet- c'est la
lutte de la volonté humaine pour s'af-
franchir de toute servitude. Sujet
vieux comme le monde; toujours
)Muf.
Dans la pièce de M. Dumur, il est
nettement indiqué dès la première
scène — je pense que vous avez lu le
Compte-rendu de mon excellent colla-
borateur Lintilhac — par cette phrase
du Voyageur à l'Hôtesse : « Votre fils
me paraît manquer de personnalité. »
Pourtant, pour rester lui, pour ne
Subir aucune influence étrangère, ce
fils a refusé même d'apprendre à lire
et à écrire, voulant n'épeler que le
grand livre de la nature ; mais le voici
amoureux et celle qu'il aime brisera
aisément sa volonté ; et de même, le
Voyageur, qui n'a jamais aimé, lui,
succombera aussi sous le poids du
fardeau dont il s'est chargé et qui,
je crois, symbolise la solitude. Donc,
défaite ; et le poète —ce mot convient
pour désigner M. Dumur — crie :
Malheur ! à ceux qui veulent s'af-
franchir. -
#*#
C'est là cependant un beau rêve:
être soi; dégager, à force de labeurs,
à force de sacrifices, à force de souf-
frances, sa personnalité ; se délivrer
de toute influence ; s'abstraire en un
mot. ,-l'J'-
Combien peu, dans la foule hu-
Jnaine" ont une existence qui leur soit
propre!
Combien peu se décident d'après
des raisons prises exclusivement en
eux-mêmes! La masse, qu'elle s'en
rende compte ou non, est jouet, se
meut selon les événements, selon les
circonstances, au gré du vent qui
souffle ou de la voix qui parle. A y
bien regarder, la plupart des hommes
né sont que le reflet d'autres hommes,
acceptent sans s'en apercevoir, les
idées toutes faites, et, de la sorte, pas-
sent, disparaissent, sans avoir senti,
sans avoir éprouvé, sans avoir vécu.
Et c'est pour cela que toute nouveauté
a toujours, d'abord, tout le monde
contre elle; tant les cerveaux des
hommes sont peu habitués à agir
seuls. Bien rares sont les êtres qui
Dsent résister, se cramponnent pour
n'être point emportés par les mouve-
ments de flux et de reflux que suit
l'humanité docile. Leur audace est
taxée de folie. Est-ce que le libre ar-
bitre existe ? Puisque j'en rencontre
l'occasion, je proteste, oh! de toutes
mes forces! contre cette négation im-
pie du libre arbitre. Oui, je le crois,
l'homme peut — et à mon sens tous
ses efforts doivent tendre vers ce noble
but — se faire libre.
**#
En fermant son cœur à toute affec-
tion et son âme à toute croyance? en
se réfugiant dans un isolement farou-
che? Non; car la vie ainsi comprise
serait monstrueuse et blasphématoire.
Il aimera ; mais il ne permettra point
aux objets de sa tendresse de le domi-
ner. Il vivra au milieu des hommes;
mais il ne se laissera pas emprisonner,
comprimer, absorber par eux. Il main-
tiendra, pure de toute compromission,
sa personnalité. Comment? En ne
demandant jamais conseil qu'à sa
conscience; en supprimant, par sa
Volonté, toutes influences extérieures.
Tenez — car un exemple, je crois,
rendra plus ., aisément tangible ma
pensée — j'assistais vendredi à la
séance du Comité d'action pour les
réformes républicaines. La salle était
pleine, et tous les regards, je crois
pouvoir l'affirmer, allaient à la place
vide, à la place laissée vide par celui
,qu'on aimait, en' lequel on avait mis
espoir et couqagce, parce qu'il avait
la jeunesse, l'activité, letilent, et qu'il
semblait avoir à un égal degré la sin-
cérité et la conscience, et qui est parti
- trahison, hélas! semblable à celle
des Saxons, tournant, à Leipzick, leurs
canons contre leurs amis de tout à
l'heure — qui est parti, en pleine ba-
taille, désertant le drapeau, passant à
l'ennemi. Je m'imaginais lire les pen-
sées à travers les fronts. L'un se di-
sait : « Il est pauvre, il a des enfants,
il a des dettes. » Un autre : « Beaucoup
en eussent fait autant à sa place. » Un
autre : « C'est un ancien camarade de
lutte ; ma main est encore toute chaude
de la sienne ». Un autre : « A quoi bon
dire sa réprobation maintenant que
c'est fait, qu'il va représenter la France
là-bas?» - Et de toutes ces pensées
muettes, résultait un silence lourd et
douloureux. — L'homme libre, lui, ne
verra que le fait, le fait tout nu ; il le
verra avec ses yeux, le jugera avec sa
conscience, criera la vérité, insoucieux
de se faire des ennemis, de semer la
rancune, jaloux uniquement de ne
laisser aucune circonstance, aucune
influence, aucun conseil attenter à sa
personnalité.
#*#
Existe-t-il cet homme qui aura tou-
jours réglé ses actions sur ses sensa-
tions propres, non sur les sensations
d'autrui? En tout cas, c'est un bel
idéal. Quand Franklin a écrit : « L'ex-
périence tient une école dont les
leçons coûtent cher, mais c'est la seule
où les imbéciles puissent s'instruire; »
— il s'est trompé. Non pas seulement
les imbéciles, mais tous ont nécessai-
rement besoin de l'expérience person-
nelle pour dégager leur personnalité.
L'homme aura beaucoup vécu, et de
toutes les façons, connu les plus. eni-
vrantes voluptés et les pires souffran-
ces, avant de se sentir lui-même,
avant d'être inaccessible à toutes opi-
nions qui ne se seront pas formées en
lui-même. Mais quelle récompense
d'une telle lutte! .LJtre libre! avoir un
« moi », qui ne doit rien à personne,
qu'on me passe l'expression !
Et qu'on me pardonne aussi cette
courte tentative sur un terrain plutôt
philosophique; on ne peut pas tou-
jours, non plus, sous prétexte de poli-
tique courante et d'actualité, demeu-
rer dans le terre à terre des faits de
chaque jour. Ne doit-il pas être per-
mis, une fois par hasard, de s'élever
pour regarder les choses et les hom-
mes d'un peu haut? Songez d'ail-
leurs combien ces réflexions sont
liées étroitement aux évènements que
nous voyons s'accomplir chaque joar.
Prenez, par exemple, ce qui se passe
dans les assemblées délibérantes. N'est-
il pas t à peu près sans exemple,' à la
Chambre ou au Sénat, qu'une décision
soit prise pour des raisons faisant
corps avec l'objet même du débat? Ce
sont toujours des considérations étran-
gères, extérieures, accessoires, qui
dictent cette décision. Car ainsi les
humains ont pris l'habitude de juger,
et sur eux-mêmes, et sur les autres.
Et comme jadis il faisait sur les places
publiques d'Athènes, Diogène le Cy-
nique pourrait aujourd'hui promener
longtemps sa lanterne au-dessus des
foules, de quelques noms qu'elles s'ap-
pellent, quels que soient les règle-
ments qui les régissent, sans voir des
hommes libres; — je dirai plus sim-
plement : des hommes.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER.
Nous publierons demain un article de
M. J.-L. de Lauessan
UNE LETTRE DE M. CLUSERET
M. Cluseret, député, qui est, comme on
sait, un ancien officier, nous adresse, à
propos du récent article de notre colla-
borateur de Lanessan, la lettre sui-
vante :
Jusqu'en 1848, les soldats no portaient pas
d'armes en ville. Ce n'est qu'après les jour-
nées de Juin, autant que je peux me rappe-
ler, que cela a commencé.
Nous, les officiers, auxquels l'habit bour-
geois était interdit — j'ai fait quatre jours
d'arrêt pour m'être habillé un soir en bour-
geois — jusqu'à onze heures, nous ne por-
tions pas l'épée. A partir de onze heures, la
tenue du jour nous obligeait à la porter.
11 ne nous est jamais venu à l'esprit que
le soldat était insulté pour sortir sans ar-
mes.
G. CLUSERET, député du Var.
ÉQUITÉ ADMINISTRATIVE
Au ministère des finances
Plaintes légitimes
Nous demandions dernièrement à M. le
ministre des finances pour quelles raisons
l'Etat ne se croyait pas tenu depayer à date
fixe les traitements des plus modestes de ses
employés, alors qu'il s'acquittait avec ré-
gularité vis-à-vis de ceux de ses serviteurs
qui ont des situations infiniment plus lucra-
tives.
M. Cochery n'a pas daigné prendre cette
requête en considération.
Bien mieux, il a appliqué le même sys-
tème aux gratifications de fin d'année.
Nous apprenons, en effet, que les gardiens
de bureau du ministère n'ont pas encore
reçu les 30fr. qui leur sont alloués à titre de
gratification annuelle, tandis que les hauts
'll fonctionnaires qui dirigent les différents
services des finances ont touché dès 18 6
janvier les J sommes autrement plus im-
portantes qui leur sont données au même
titre.
On peut déjà s'étonner que les gardiens
de bureaux du ministère des finances ne
soient pas aussi bien traités que ceux des
autres ministères et qu'il ne leur soit remis
que 30 fr. de gratification, alors que leurs
collègues des autres administrations reçoi-
vent un mois de supplément. Mais penser
qu'on leur fait attendre ce modeste secours
pendant plus de quinze jours quand on
trouve le moyen de s'acquitter envers des
employés qui émargent au budget pour six,
huit, dix ou quinze mille francs, voilà qui
est vraiment un peu trop fort !
Nous voulons croire cependant qu'il n'y a
là qu'un oubli et qu'il nous aura suffi de si-
gnaler le fait pour que M. le ministre des
finances donne des ordres en conséquence.
- A. H.
UNE GROSSE GAFFE
Les faits que nous avons racontés hier,
sous ce titre, sont actuellement, par ordre
du ministre de lïntérieur, l'objet d'une en-
quête très sérieuse. - -
Il est inexact comme le dit un de nos
confrères du Journal des Débats, que M.
Georges Msnu ait été remis en liberté peu
après son arrestation.
Conduit au ministère de l'intérieur à une
heure de l'iprès midi, il n'était libre qu'à cinq
heures et demie du soir. — P. a.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : A Nice.
— Fête du bi-centenaire de Dupleix.
— Manifestations patriotiques à Buzenval, Mon-
tretout, Garches, Vanves, Clichy, Asnières.
— Fête des vanniers.
- Durée du jour : 9 h. 58.
CHEZ NOUS
— A l'Elysée :
Le président de la République a reçu
hier, à deux heures, en audience solen-
nelle, le nouveau nonce apostolique, M.
Clari, venu pour présenter les lettres par
lesquelles le pape Léon XIII l'accrédite
auprès du gouvernement français.
- Le président de la République a
reçu hier le bureau de l'Académie fran-
çaise, composé de MM. Gréard, Boissier
et Sorel qui sont venus lui présenter M.
Anatole France.
- A l'Académie des beaux-arts :
M. Barrias, vice-président pour 1897,
avait écrit à l'Académie pour la remercier
de l'honneur qu'elle lui avait fait, mais se
voyant obligé, pour des raisons de santé,
de décliner cet honneur, il priait la com-
pagnie de vouloir bien accepter sa démis-
sion.
L'Académie, à l'unanimité des suffrages,
n'avait pas accepté la démission de son
vice-président ; mais hier, se rendant de-
vant une seconde lettre plus pressante de
M. Barrias, eHe a décidé qu'elle élirait.
dans sa prochaine séance, le remplaçant de
l'illustre sculpteur.-----,.. -
m L'Académie a fixé comme suit les échel-
les des projets rendus du concours Achille
Leclère: 0,005 pour le plan, 0,015 pour la
façade et 0,015 pour la coupe.
Le poème Choisi dans le concours Ros-
sini (poésie) a pour titre : la Vision du
Dante, et pour auteur M. Jules Adenis.
Le concours Rossini (musique) est ou-
vert sur ce livret et sera clos le 31 décem-
bre prochain.
Des exemplaires du poème récompensé
seront, dans une quinzaine de jours, mis à
la disposition des concurrents au secré-
tariat de l'Institut, ainsi que le programme
du concours.
—^ M. Henry Boucher, ministre des
postes, vient de prendre un arrêté aux
termes duquel le public pourra échanger
désormais contre des timbres-poste les
enveloppes timbrées, les cartes postales,
cartes-lettres, cartes-télégrammes et bandes
timbrées, lorsqu'elles contiendront un
texte manuscrit devenu sans otyet ou
qu'elles auront été mises accidentellement
hors d'usage.
Hier soir est parti, par le train de
onze heures cinq, par la gare de l'Est, à
destination de Nancy, M. Deibler, accom-
pagné de ses aides, emmenant avec lui les
bois de justice.
Il va procéder à l'exécution d'Haescher,
condamné à mort par la cour d'assises de
Nancy.
,, Le ministre de la guerre a fixé à 220
le nombre des élèves à admettre à l'Ecole
polyctechnique à la suite du concours de
cette année.
- Les fêtes du carnaval : la reine du
Temple.
Les marchands et les marchandes du
Temple viennent d'élire la jeune fille qui
sera reine dans la cavalcade des marchés,
le jour de la mi-carême. C'est Mlle Hen-
riette Blanchet, une jeune blonde fort
jolie, qui a été désignée. Ses demoiselles
d'honneur seront : Mlles Delforge et
Montigny. C'est Mme Delforge qui pré-
sidait.
Après l'élection de la reine, les mar-
chands et les marchandes se sont occupés
de l'organisation de leur cortège et aussi
de la réduction de 30 0/0 sur le loyer des
places du marché, réduction que vient de
voter le conseil municipal.
- A propos des fêtes du bi-centenaire
de Dupleix :
Sait-on que le dernier descendant di-
rect de Dupleix vit en ce moment à Ge-
nève ?
C'est un vieillard de quatrevingts ans,
M. Jean-Baptiste Dupleix, ex-proscrit du 2
Décembre. -
Par modestie et aussi peut-être par
crainte d'affronter un long voyage, il ne
s'çst M?. fait CQH¡! an ®oi!S|î Q. a
été décidée la célébration de la fête du
deuxième centenaire de l'illustre conqué-
rant des Indes.
M. Dupleix assistera-t-il à la cérémonie
d'aujourd'hui.
On a, paraît-il, négligé jusqu'ici de l'in-
viter.
Le Passant.
LE BŒUF GRAS
Une question des plus intéressantes vient
d'être posée à M. Bouvard qui a promis de
s'occupper de la promenade du bœuf gras :
D'où partira le cortège
On sait que l'an dernier le rassemblement
des chars et des figurants se fit dans le pa-
lais des Champs-Elysées, mais, cette année,
les travaux de l'Exposition se rapprochent
assez rapidement du palais de l'Industrie
pour qu'on puisse craindre qu'au mois de
mars les démolisseurs soient après sa car-
casse.
Le comité se trouverait alors dans l'im-
possibilité de mettre ses chars à l'abri ail-
leurs que dans le palais des Machines, lieu
bien éloigné de la rive droite.
M. Bouvard à qui rien des tentatives qui
intéressent Paris n'est indifférent, a promis
de s'occuper de la question, ce qui, l'on
p:mt le dire d'avance, équivaut à la promesse
de la résoudre. — E. w.
Très encouragés par l'accueil que les Pa-
siens ont fait, en 1896, au nouveau roi du
Carnaval, les organisateurs du cortège du
bœuf gras se proposent d'entourer les fê-
tes prochaines, d'un apparat encore plus
grandiose et plus solenne l.
Voici, d'ailleurs, les renseignements que
vient de nous donner l'un des membres du
comité :
Il était assez périlleux de notre part de
réssusciter le bœuf gras, de joyeuse mé-
moire, en une époque où le carnaval per-
dait de plus én plus son entrain de jadis,
mais nous sommes arrivés, grâce à notre
cortège, à rendre à ces fêtes leur gaîté d'an-
tan.
Cette année, assurés, d'avance, de notre
réussite, nous voulons agir plus grande-
ment encore, et tout en conservant au cor-
tège son cachet de bonne humeur pour lui
ajouter un ton patriotique, nous avons de-
mandé au ministre de la guerre de nous
prêter le concours des troupes.
Nous passerons en revue les principaux
événements de l'année et le voyage du tsar
en France est encore trop présent dans
toutes les mémoires pour ne point figurer
en première ligne, avec ses épisodes les
plus intéressants : le débarquement à Cher-
bourg, l'arrivée à Paris et le défilé de Châ-
lons. -
Mais nous n'oublierons pas non plus que
nous devons, par dessus tout, amuser les
Parisiens, et dans ce but nous reproduirons
les succès des pièces de l'année et des der-
nières nouveautés. La partie de l'alimenta-
tion ne sera point négligée, et dès mainte-
nant nous nous ingénions à composer de
pittoresques ensembles pour chacune de ses
branches. Nos décorateurs, choisis parmi
le 3 meilleurs, ont même l'intention de sou-
mettre leurs croquis à M. Bouvard, le grand
maître de l'art.
Enfin, je termine en vous donnant une
bonne nouvelle : soucieux de montrer le
bœuf gras à Paris tout entier, sans provo-
quer d'encombrements sur son parcours,
nous nous efforcerons de le promener dans
tous les quartiers des deux rives de la
Seine, -- ----".,. '--":'----'-' -
Les Parisiens peuvent donc former > de
belles espérances pour le mardi gras et
nous ne croyons pas qu'elles seront trom-
pées.
LA LIGUE PARIS-BANLIEUE
TRAINS DE NUIT - TRAINS OUVRIERS
REVENDIC ATIONS GENÉRALES DE LA BANLIEUE
Nous publions plus loin la lettre de la
Ligue Paris-Banlieue au directeur de
la compagnie des chemins de fer d'Or-
léans.
Voici donc les revendications des
communes — revendications partielles
— précisées pour toutes les lignes. Le
travail auquel s'est livrée la Ligue à la
demande même du ministre des tra-
vaux publics et des directeurs des com-
pagnies est entièrement terminé.
On a vu combien modestes sont ces
revendications; quelques trains en plus
pour les ouvriers abonnes à la semaine;
quelques trains en plus pour plusieurs
lignes de banlieue jusqu'ici vraiment
trop négligées. Pas davantage.
Les compagnies auraient mauvaise
grâce à ne pas donner les légères satis-
factions que l'on réclame dans toutes
les communes. Mais déjà — nous le
tenons de bonne source — on serait
tout prêt à modifier le service de ban-
lieue dans le sens indiqué par la Ligue.
Le train matinal, sans lequel véritable-
ment les ouvriers de Paris ne peuvent
habiter hors des fortifications, serait
sur le point d'être établi sur les di-
verses lignes de l'Ouest; le train de
nuit également. Nous adressons par
avance nos remerciements aux com-
pagnies.
Sans doute, elles ont mis quelque dif-
ficulté à tenir compte des doléances
dont depuis si longtemps nous nous
sommes fait l'écho ici même ; sans
doute, elles ont opposé une certaine
résistance aux communes et à la Ligue.
Mais, devant l'unanimité des réclama-
tions, il parait enfin décidé qu'elles
consentent à améliorer les services, à
les étendre, à les compléter.
Les compagnies n'y perdront point,
d'ailleurs, ni l'Etat en raison du jeu de
la garantie d'intérêt. Les communica-
tions devenant plus faciles entre Paris
et la banlieue c'est, en effet, une recette
plus importante assurée, ce sont les
bénéfices augmentés.
Heureux résultats dont nous aurons
le droit de féliciter la Ligue Paris-
Banlieue et de nous féliciter aussi nous-
même, puisque c'est le Rappel et le
XIXe Siecle qui ont provoqué le grand
courant d'opinion auquel on doit la
constitution du vaste groupement des
communes suburbaines
«cV1-''*' -
Nous pourrons ensuite, une fois cette
question tranchée, passer à d'autres
sujets non moins intéressants pour les
habitants de la banlieue. Déjà notre
enquête sur le service des eaux est
commencée ; puis viendra celle sur les
conditions faites par les compagnies
d'éclairage. Nombreux sont les abus
dont on se plaint de tous côtés. Ils dis-
paraîtront, mais à condition que la
même méthode soit toujours observée.
Voilà une année bientôt que, quoti-
diennement pour ainsi dire, nous avons
exposé la situation déplorable faite aux
communes qui entourent Paris par l'in-
sumsance des moyens de communica-
tion et dénoncé l'absurdité des règle-
ments sur les trains ouvriers. Nous
donnerons le même temps s'il le faut
aux autres revendications générales :
pour les eaux, pour l'éclairage, cour
l'empoisonnement de la Seine, pour
les hôpitaux, pour l'enseignement,
pour l'assistance publique, etc. Mais
jamais ces questions ne seront mêlées.
On a trop souvent adressé à la Cham-
bre le reproche d'aborder toutes les ré-
formes à la fois — seul moyen de n'en
réaliser aucune — pour que nous ne
cherchions pas, avec la ligue Paris-Ban-
lieue, à employer en ce qui nous con-
cerne, une méthode de travail toute
différente, toute opposée.
Et certes, il ne faudra pas, à présent
que l'essor est donné et que les com-
munes sont outillées pour se défendre,
une année d'efforts pour chaque ques-
tion. Il suffira de rester étroitement
unis pour triompher très rapidement
de toutes les difficultés.
I. BENTIN,
LES SCANDALES MUNICIPAUX
Adjudications et marchés
Vieilles affaires — L'enquête continue
Au Parquet directement
L'adj udication d'hier
Décidément, il souffle un mauvais vent
sur les affaires municipales, car au moment
où l'esprit public se passionne avec de nou-
veaux scandales, la justice sort de ses mys-
térieux tiroirs une affaire qui passionna en
son temps (il s'agit des asphaltes) et parle
de saisie de livres, etc., sous l'inculpation
de corruption de fonctionnaires.
En un mot, voici l'information qui courait
hier dans les couloirs de l'Hôtel de Ville :
A la suite d'une plainte relative à des faits
de corruption de fonctionnaires déposée il y
a plusieurs mois, M. Meyer, juge d'instruc-
tion. ouvrit une enquête qui l'a amené hier
à donner mandat à M. Bernard, commis-
saire aux délégations judiciaires, pour sai-
sir les livres de comptabilité de la Compa-
gnie des asphaltes.
- Un expert aurait été désigné pour exami-
ner la comptabilité, afin de savoir si les
griefs de la Ville sont fondés.
Cette plainte, de laquelle nous avons parlé
en son temps, arriva à la suite de certaines
dépositions faites par un conseiller munici-
pal qui affirmait que la Compagnie des as-
phaltes aurait fourni à la Ville, pour la
construction de ses trottoirs, des matières
provenant de la démolition des trottoirs à
bouty car cm-sait qu'il y a une grande diffé-
rence de qualité entre - le bitume frais et
celui ayant déjà servi et que le préjudice
qui aurait été causé, s'il portait sur de
grandes quantités, pouvait rapidement at-
teindre de fortes proportions.
Le révélateur de ces faits déclara qu'ils
devaient se produire depuis de nombreuses
années et que la compagnie incriminée n'au-
rait pu arriver à ce résultat que grâce à la
complicité de fonctionnaires, d'où l'enquête
judiciaire que l'on connaît.
Un de nos confrères s'est rendu à la Com-
pagnie des asphaltes, où il lui a été déclaré
qu en effet on avait bien entendu parler de
cette plainte, mais qu'elle n'avait pas dû
être suivie d'effet, puisque l'on n'en avait
jamais signifié le moindre mot par des actes
judiciaires à la compagnie. Quant à l'ori-
gine : « Ce sont trois employés dont la di-
rection de la société a dû, il y a assez long-
temps déjà, se séparer, qui lui causent tous
ces embarras », telle est la phrase qui a été
répondue à notre confrère. De quels embar-
ras veut donc parler la Compagnie des as-
phaltes si elle ignore officielilement qu'il y
ait des poursuites exercées contre elle?
On voit que cette affaire, qui revient sur
l eau, montre sous un jour tout spécial 1 ad-
ministration en ce qui concerne les fourni-
tures de la Ville : les adjudications n'offrent
pas de garantie ; les fournitures ne sont pas
soumises au contrôle nécessaire, ou cer-
tains contrôleurs oublient leur rôle ; enfin,
tout dernièrement, à propos d'un marché
renouvelable pour 3, 6, ou 9 ans, on a cons-
taté que l'employé chargé de rédiger le
traité, avait oublié les 3 et 6 et par ce fait
avait lié la Ville avec un contrat de 9 ans.
N'est-ce pas complet et peut-on rêver plus
d'incurie pour dilapider les fonds des contri-
buables?
Cet état de choses qui date de plusieurs
années a ému M. de Selves, qui a pris la
résolution d'en finir une bonne fois avec des
coutumes instituées avant sa présence à
l'Hôtel-de-Ville et qu'il ne veut pas voir se
continuer; il a donné l'ordre aux inspecteurs
des services administratifs chargés des dif-
férentes enquêtes en cours : l'affaire du bu-
reau de placement du quatorzième, celle du
contrat cité plus haut, enfin de l'affaire des
adjudications, de poursuivre rapidement
leurs travaux et d'en remettre directement
les résultats au parquet si la moindre consta-
tation faite par eux leur laissait croire la pos-
sibilité de poursuites judiciaires.
Cela nous rassure un peu, cependant il ne
faudrait pas aller trop vite dans cette beso-
gne, qui offre beaucoup de difficultés, et un
peu de patience permettrait peut-être à cer-
tains faits de se dévoiler seuls par la force
des choses.
En attendant, l'adjudication de pavés faite
hier est venue prouver la justesse de mes
dires en ce qui concerne certaines coalitions
frauduleuses de soumissionnaires.
C'est au sujet de cette soumission que
| 1 M. Chérioux a commencé à montrer à l'ad-
ministration l'incurie avec laquelle elle trai-
tait les adjudications, en s'inscrivant contre
la radiation d'un propriétaire sous prétexte
qu'il n'avait pas encore dirigé d'entreprise.
Inutile de dire qu'après cet avertissement
on a fait en sorte que l'adjudication offre
toutes les garanties exigées pour ce genre
dQ marché, et il en est résulté qne la der-
nière adjudication a été traitée avec 6 0/0 de
rabais; on en a offert 16 hier, d'où 10 0/0 de
bénéfice pour la Ville, sur 600,000 fr. mon-
tant du marché d'hier, cela fait 60,000 fr.
qui restent dans nos caisses.
Combien en a-t-on perda de ces 60,081
francs t
ÉMILE WILLÈME.
LA BANQUE DE FRANCE
La commission du privilège de la Banque
de France réunie hier a pris connaissance
d'une lettre du ministre des finances lui fai-
sant savoir que la Banque accepte que le
privilège puisse prendre fin par anticipation
le 31 décembre 1912, en vertu d'une loi. La
Banque consent également à ce que le mini-
mum de la redevance annuelle soit fixé à 2
millions.
La commission, après avoir arrêté le
texte définitif du projet, a décidé que le rap-
port de M. Maurice Lebon sera imprimé en
épreuves et distribué aux membres de la
commission avant d'être approuvé définiti-
vement. La commission se réunira samedi
prochain.
LES RÉPUBLICAINS DE GflDYERIEIEET
Le groupe des républicains de gouverne-
ment renouvellera lundi son bureau qui est
présidé par M. Jules Develle.
C'est très probablemennt M. Marty qui
sera élu.
1 ^1 »
LA FAMINE AUX INDES
Violent incident à Londres
Le lord-maire a présidé hier, à Mansion-
House, une grande réunion au sujet de la
famine des Indes. -
Le secrétaire d'Etat pour les Indes, le
secrétaire d'Etat pour la guerre et le duc de
Connaught y assistaient.
Ce dernier a proposé un ordre du jour
approuvant les mesures prises par le gou-
vernement dans les Indes, et déclarant que
le public anglais avait fait son devoir en
donnant, par son concours à la souscrip-
tion son appui à ces malheureux.
L'ordre du jour allait être voté, quand M.
Hyndman voulut prendre la parole pour
proposer un amendement à l'ordre du jour
du duc de Connaught.
Le lord-maire, après plusieurs vaines ten-
tatives d'entente, prie l'orateur de cesser de
parler.' On entend les cris : « Non! non!
non! Continuez, Hyndman! » pendant que
le lord-maire et M. Hyndman continuent de
parler ensemble.
M. Hyndman insiste pour que son amen-
dement soit proposé à l'assemblée. 1%
Le lord-maire ne veut pas céder; le public
crie : « Continuez ! Bravo! »
Finalement, deux policemen et le marshali
ont entraîné M. Hyndman hors de la salle,
au milieu du tumulte. -
M. Hyndman ne cessait de protester et do
se débattre entre les policemen.
Il réclamait dans son amendement la sus-
pension par le secrétaire d'Etat, pendant
toute l'année courante, du service mensuel
des sommes réclamées par la mêtropolé
au budget des Indes et l'application de cette
somme au secours de millions d'êtres hu-
mains qui sont, autrement, condamnés à
périr. -
A LA * CHAMBRE.
En ouvrant la séance d'hier, en prenant
possession du fauteuil présidentiel, M. Henri
Brisson a prononcé l'allocution suivante,
saluée par les applaudissements chaleureux
et répétés de la Chambre :
Messieurs et Cliît^-ôollc^lic^ je crains de mal
vous remercier du nouvel et grand honneur que
vous venez de me faire; quatre fois en deux,
années, vous avez bien voulu me confier la tâche
de présider à vos travaux; cette confiance répé-
tée me touche profondément; je tâcherai de
m'en rendre digne par mon dévouement à mes
devoirs, en secondant vos efforts pour utiliser
au mieux des intérêts du pays les quelques
mois qui nous séparent de là fin de notre
mandat. <
Avant de procéder au règlement de l'ordre du
jour, permettez-moi d'adresser les remercie-
ments .de la Chambre au bureau provisoire, à
MM. les secrétaires d'âge et à notre doyen.
La vie politique de cet homme de conviction "-
et de cœur nous donne un enseignement que
sa modestie l'a peut-être empêché de mettre en
lumière. t.
Il y a quelque trente-cinq ans, dans l'exercice
loyal de son mandat et dans des circonstances
à propos desquelles chacun de nous peut faire
ses réserves, M. le comte Lemercier se permit
d'avertir le gouvernement d'alors. C'était un de
ces gouvernements forts, fondés sur l'écrase-
ment brutal de leurs adversaires, un de ces gou-
vernements auxquels voudraient nous ramener
les critiques amers et quotidiens de la Répa-
blique parlementaire.
un san a ailleurs ce que ces gouvernements-
là coûtent à la patrie. Comme ce pouvoir fort
était maître de tout, et particulièrement des
élections, comme il était impatient de tout con-
trôle et prenait un avertissement pour une
insulte, notre vénéré doyen payait bientôt son
indépendance de son siège de député. Aussi, eu
ouvrant-notre session, saluait-il cette République
tolérante, plus que tolérante, généreuse, quî
écoute tous les conseils, qui tend la main à
toutes les bonnes volontés, et qui n'écartera ja-
mais que les perfides.
Nos controverses sont passionnées ; du moins
elles sont au plein jour; elles éloignent le péril
de cette anarchie secrète où se peuvent dévorer,
on l'a vu, sous d'autres régimes, les forces essen-
tielles de l'Etat; elles éclairent la volonté gé-
nérale.
Où elles seraient fâcheuses, ce serait si elles
ne concluaient pas à l'action. Cette législature
approche de son terme ; des discussions prati-
ques nous attendent, nous pressent. Terminons
le vote du budget et arrêtons, pour la fin de nos
travaux, un ordre du jour précis ; demeurons-y
fidèles et, suivant l'invitation de notre doyen,.
travaillons chaque jour pour le bien de la France
et les progrès de la démocratie I ..-,
Puis la discussion immédiate a été ordon-
née de l'interpellation de M. Carnaud « sur
la nomination d'un député au poste de gou-
verneur général de l'Indo-Chine ». Mais du
discours de M. Carnaud, je me proposé dà
ne rien dire. Ce bafouillage fortement im-
prégné d'ail a fatigué la Chambre. Jo passe ;
je noterai seulement quelques incidents :
H. Carnand. — Cette politique qui consiste à
corrompre ses adversaires au lieu de les con-
vaincre. (Vives interruptions au centre.)
Le président. — Je demande à M. Carnaud
lui-même, et je suis convaincu que ce ne sera
pas en vain, s'il est convenable de faire précé-
der d'une pareille préface l'arrivée du représen-
tant de la France dans une région lointaine oil
il trouvera des luttes peut-être plus périlleusea-
qu'ici.
J'ai tenu à citer l'observation de M. Bris,
son parce que je veux y répondre. A mon-
avis, nulles considérations, même aussi res-
pectables que celles qu'il a invoquées, M
doivent empêcher de dire la vérité, Si 05
trouv«\oaaintenaut M. Qo\\W.r trop q\ÇO
iîiINO CENTIMES le Ntamerw.
-'1"1'
1fT, ;"7'; :,,'7'¡\
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PARISETDÉPARTEMENT8
Le Numéro, CINQ CENrIMES\
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et AUX BUREAUX DU JOURNAL
RÉDACTION: t31, rue Montmartre, 131
Œk4it 8 heurts du mr et de 10 heures du soir à 1 heure du maMm
N'o 8810. - Lundi 18 Janvier 1897
29 NIVOSE AN 105
ADMINISTRATION : 131, rue Montmartre, les
Adresser lettres et mandaté à l'Adtainutrat^
Nous commençons aujourd'hui un
Jlôuveau grand roman inédit :
LES BILLIONS DE CUIIDINE
"PAR
tDOUARD CADOL & PAUL BONHOMME
i
En nous initiant aux angoisses d'une
jeune orpheline, que des coquins se
sont acharnés à dépouiller, et qui lutte
jusqu'à l'épuisement contre une desti-
née implacable, cette poignante his-
toire d'amour nous découvre un coin
tes dessous de la vie parisienne.
NOS LEADERS
ào%
DES HOMMES
Mercredi dernier, le hasard d'une
Yencontre m'a fait assister à la répéti-
tion générale de la Motte de terre, à
l' « OEuvre ». Etant, avant tout, épris
ne clarté, je n'aime point beaucoup,
en général les pièces symbolistes;
dans celle-ci pourtant j'ai trouvé ma-
tière à quelques-unes de ces réflexions
auxquelles on se livre volontiers, pour
peu que l'on soit noctambule, en
errant dans les rues endormies.
Le sujet de la Motte de terre — si
tant est que l'on puisse dire qu'une
pièce symboliste ait un sujet- c'est la
lutte de la volonté humaine pour s'af-
franchir de toute servitude. Sujet
vieux comme le monde; toujours
)Muf.
Dans la pièce de M. Dumur, il est
nettement indiqué dès la première
scène — je pense que vous avez lu le
Compte-rendu de mon excellent colla-
borateur Lintilhac — par cette phrase
du Voyageur à l'Hôtesse : « Votre fils
me paraît manquer de personnalité. »
Pourtant, pour rester lui, pour ne
Subir aucune influence étrangère, ce
fils a refusé même d'apprendre à lire
et à écrire, voulant n'épeler que le
grand livre de la nature ; mais le voici
amoureux et celle qu'il aime brisera
aisément sa volonté ; et de même, le
Voyageur, qui n'a jamais aimé, lui,
succombera aussi sous le poids du
fardeau dont il s'est chargé et qui,
je crois, symbolise la solitude. Donc,
défaite ; et le poète —ce mot convient
pour désigner M. Dumur — crie :
Malheur ! à ceux qui veulent s'af-
franchir. -
#*#
C'est là cependant un beau rêve:
être soi; dégager, à force de labeurs,
à force de sacrifices, à force de souf-
frances, sa personnalité ; se délivrer
de toute influence ; s'abstraire en un
mot. ,-l'J'-
Combien peu, dans la foule hu-
Jnaine" ont une existence qui leur soit
propre!
Combien peu se décident d'après
des raisons prises exclusivement en
eux-mêmes! La masse, qu'elle s'en
rende compte ou non, est jouet, se
meut selon les événements, selon les
circonstances, au gré du vent qui
souffle ou de la voix qui parle. A y
bien regarder, la plupart des hommes
né sont que le reflet d'autres hommes,
acceptent sans s'en apercevoir, les
idées toutes faites, et, de la sorte, pas-
sent, disparaissent, sans avoir senti,
sans avoir éprouvé, sans avoir vécu.
Et c'est pour cela que toute nouveauté
a toujours, d'abord, tout le monde
contre elle; tant les cerveaux des
hommes sont peu habitués à agir
seuls. Bien rares sont les êtres qui
Dsent résister, se cramponnent pour
n'être point emportés par les mouve-
ments de flux et de reflux que suit
l'humanité docile. Leur audace est
taxée de folie. Est-ce que le libre ar-
bitre existe ? Puisque j'en rencontre
l'occasion, je proteste, oh! de toutes
mes forces! contre cette négation im-
pie du libre arbitre. Oui, je le crois,
l'homme peut — et à mon sens tous
ses efforts doivent tendre vers ce noble
but — se faire libre.
**#
En fermant son cœur à toute affec-
tion et son âme à toute croyance? en
se réfugiant dans un isolement farou-
che? Non; car la vie ainsi comprise
serait monstrueuse et blasphématoire.
Il aimera ; mais il ne permettra point
aux objets de sa tendresse de le domi-
ner. Il vivra au milieu des hommes;
mais il ne se laissera pas emprisonner,
comprimer, absorber par eux. Il main-
tiendra, pure de toute compromission,
sa personnalité. Comment? En ne
demandant jamais conseil qu'à sa
conscience; en supprimant, par sa
Volonté, toutes influences extérieures.
Tenez — car un exemple, je crois,
rendra plus ., aisément tangible ma
pensée — j'assistais vendredi à la
séance du Comité d'action pour les
réformes républicaines. La salle était
pleine, et tous les regards, je crois
pouvoir l'affirmer, allaient à la place
vide, à la place laissée vide par celui
,qu'on aimait, en' lequel on avait mis
espoir et couqagce, parce qu'il avait
la jeunesse, l'activité, letilent, et qu'il
semblait avoir à un égal degré la sin-
cérité et la conscience, et qui est parti
- trahison, hélas! semblable à celle
des Saxons, tournant, à Leipzick, leurs
canons contre leurs amis de tout à
l'heure — qui est parti, en pleine ba-
taille, désertant le drapeau, passant à
l'ennemi. Je m'imaginais lire les pen-
sées à travers les fronts. L'un se di-
sait : « Il est pauvre, il a des enfants,
il a des dettes. » Un autre : « Beaucoup
en eussent fait autant à sa place. » Un
autre : « C'est un ancien camarade de
lutte ; ma main est encore toute chaude
de la sienne ». Un autre : « A quoi bon
dire sa réprobation maintenant que
c'est fait, qu'il va représenter la France
là-bas?» - Et de toutes ces pensées
muettes, résultait un silence lourd et
douloureux. — L'homme libre, lui, ne
verra que le fait, le fait tout nu ; il le
verra avec ses yeux, le jugera avec sa
conscience, criera la vérité, insoucieux
de se faire des ennemis, de semer la
rancune, jaloux uniquement de ne
laisser aucune circonstance, aucune
influence, aucun conseil attenter à sa
personnalité.
#*#
Existe-t-il cet homme qui aura tou-
jours réglé ses actions sur ses sensa-
tions propres, non sur les sensations
d'autrui? En tout cas, c'est un bel
idéal. Quand Franklin a écrit : « L'ex-
périence tient une école dont les
leçons coûtent cher, mais c'est la seule
où les imbéciles puissent s'instruire; »
— il s'est trompé. Non pas seulement
les imbéciles, mais tous ont nécessai-
rement besoin de l'expérience person-
nelle pour dégager leur personnalité.
L'homme aura beaucoup vécu, et de
toutes les façons, connu les plus. eni-
vrantes voluptés et les pires souffran-
ces, avant de se sentir lui-même,
avant d'être inaccessible à toutes opi-
nions qui ne se seront pas formées en
lui-même. Mais quelle récompense
d'une telle lutte! .LJtre libre! avoir un
« moi », qui ne doit rien à personne,
qu'on me passe l'expression !
Et qu'on me pardonne aussi cette
courte tentative sur un terrain plutôt
philosophique; on ne peut pas tou-
jours, non plus, sous prétexte de poli-
tique courante et d'actualité, demeu-
rer dans le terre à terre des faits de
chaque jour. Ne doit-il pas être per-
mis, une fois par hasard, de s'élever
pour regarder les choses et les hom-
mes d'un peu haut? Songez d'ail-
leurs combien ces réflexions sont
liées étroitement aux évènements que
nous voyons s'accomplir chaque joar.
Prenez, par exemple, ce qui se passe
dans les assemblées délibérantes. N'est-
il pas t à peu près sans exemple,' à la
Chambre ou au Sénat, qu'une décision
soit prise pour des raisons faisant
corps avec l'objet même du débat? Ce
sont toujours des considérations étran-
gères, extérieures, accessoires, qui
dictent cette décision. Car ainsi les
humains ont pris l'habitude de juger,
et sur eux-mêmes, et sur les autres.
Et comme jadis il faisait sur les places
publiques d'Athènes, Diogène le Cy-
nique pourrait aujourd'hui promener
longtemps sa lanterne au-dessus des
foules, de quelques noms qu'elles s'ap-
pellent, quels que soient les règle-
ments qui les régissent, sans voir des
hommes libres; — je dirai plus sim-
plement : des hommes.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER.
Nous publierons demain un article de
M. J.-L. de Lauessan
UNE LETTRE DE M. CLUSERET
M. Cluseret, député, qui est, comme on
sait, un ancien officier, nous adresse, à
propos du récent article de notre colla-
borateur de Lanessan, la lettre sui-
vante :
Jusqu'en 1848, les soldats no portaient pas
d'armes en ville. Ce n'est qu'après les jour-
nées de Juin, autant que je peux me rappe-
ler, que cela a commencé.
Nous, les officiers, auxquels l'habit bour-
geois était interdit — j'ai fait quatre jours
d'arrêt pour m'être habillé un soir en bour-
geois — jusqu'à onze heures, nous ne por-
tions pas l'épée. A partir de onze heures, la
tenue du jour nous obligeait à la porter.
11 ne nous est jamais venu à l'esprit que
le soldat était insulté pour sortir sans ar-
mes.
G. CLUSERET, député du Var.
ÉQUITÉ ADMINISTRATIVE
Au ministère des finances
Plaintes légitimes
Nous demandions dernièrement à M. le
ministre des finances pour quelles raisons
l'Etat ne se croyait pas tenu depayer à date
fixe les traitements des plus modestes de ses
employés, alors qu'il s'acquittait avec ré-
gularité vis-à-vis de ceux de ses serviteurs
qui ont des situations infiniment plus lucra-
tives.
M. Cochery n'a pas daigné prendre cette
requête en considération.
Bien mieux, il a appliqué le même sys-
tème aux gratifications de fin d'année.
Nous apprenons, en effet, que les gardiens
de bureau du ministère n'ont pas encore
reçu les 30fr. qui leur sont alloués à titre de
gratification annuelle, tandis que les hauts
'll fonctionnaires qui dirigent les différents
services des finances ont touché dès 18 6
janvier les J sommes autrement plus im-
portantes qui leur sont données au même
titre.
On peut déjà s'étonner que les gardiens
de bureaux du ministère des finances ne
soient pas aussi bien traités que ceux des
autres ministères et qu'il ne leur soit remis
que 30 fr. de gratification, alors que leurs
collègues des autres administrations reçoi-
vent un mois de supplément. Mais penser
qu'on leur fait attendre ce modeste secours
pendant plus de quinze jours quand on
trouve le moyen de s'acquitter envers des
employés qui émargent au budget pour six,
huit, dix ou quinze mille francs, voilà qui
est vraiment un peu trop fort !
Nous voulons croire cependant qu'il n'y a
là qu'un oubli et qu'il nous aura suffi de si-
gnaler le fait pour que M. le ministre des
finances donne des ordres en conséquence.
- A. H.
UNE GROSSE GAFFE
Les faits que nous avons racontés hier,
sous ce titre, sont actuellement, par ordre
du ministre de lïntérieur, l'objet d'une en-
quête très sérieuse. - -
Il est inexact comme le dit un de nos
confrères du Journal des Débats, que M.
Georges Msnu ait été remis en liberté peu
après son arrestation.
Conduit au ministère de l'intérieur à une
heure de l'iprès midi, il n'était libre qu'à cinq
heures et demie du soir. — P. a.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN:
Les courses : A Nice.
— Fête du bi-centenaire de Dupleix.
— Manifestations patriotiques à Buzenval, Mon-
tretout, Garches, Vanves, Clichy, Asnières.
— Fête des vanniers.
- Durée du jour : 9 h. 58.
CHEZ NOUS
— A l'Elysée :
Le président de la République a reçu
hier, à deux heures, en audience solen-
nelle, le nouveau nonce apostolique, M.
Clari, venu pour présenter les lettres par
lesquelles le pape Léon XIII l'accrédite
auprès du gouvernement français.
- Le président de la République a
reçu hier le bureau de l'Académie fran-
çaise, composé de MM. Gréard, Boissier
et Sorel qui sont venus lui présenter M.
Anatole France.
- A l'Académie des beaux-arts :
M. Barrias, vice-président pour 1897,
avait écrit à l'Académie pour la remercier
de l'honneur qu'elle lui avait fait, mais se
voyant obligé, pour des raisons de santé,
de décliner cet honneur, il priait la com-
pagnie de vouloir bien accepter sa démis-
sion.
L'Académie, à l'unanimité des suffrages,
n'avait pas accepté la démission de son
vice-président ; mais hier, se rendant de-
vant une seconde lettre plus pressante de
M. Barrias, eHe a décidé qu'elle élirait.
dans sa prochaine séance, le remplaçant de
l'illustre sculpteur.-----,.. -
m L'Académie a fixé comme suit les échel-
les des projets rendus du concours Achille
Leclère: 0,005 pour le plan, 0,015 pour la
façade et 0,015 pour la coupe.
Le poème Choisi dans le concours Ros-
sini (poésie) a pour titre : la Vision du
Dante, et pour auteur M. Jules Adenis.
Le concours Rossini (musique) est ou-
vert sur ce livret et sera clos le 31 décem-
bre prochain.
Des exemplaires du poème récompensé
seront, dans une quinzaine de jours, mis à
la disposition des concurrents au secré-
tariat de l'Institut, ainsi que le programme
du concours.
—^ M. Henry Boucher, ministre des
postes, vient de prendre un arrêté aux
termes duquel le public pourra échanger
désormais contre des timbres-poste les
enveloppes timbrées, les cartes postales,
cartes-lettres, cartes-télégrammes et bandes
timbrées, lorsqu'elles contiendront un
texte manuscrit devenu sans otyet ou
qu'elles auront été mises accidentellement
hors d'usage.
Hier soir est parti, par le train de
onze heures cinq, par la gare de l'Est, à
destination de Nancy, M. Deibler, accom-
pagné de ses aides, emmenant avec lui les
bois de justice.
Il va procéder à l'exécution d'Haescher,
condamné à mort par la cour d'assises de
Nancy.
,, Le ministre de la guerre a fixé à 220
le nombre des élèves à admettre à l'Ecole
polyctechnique à la suite du concours de
cette année.
- Les fêtes du carnaval : la reine du
Temple.
Les marchands et les marchandes du
Temple viennent d'élire la jeune fille qui
sera reine dans la cavalcade des marchés,
le jour de la mi-carême. C'est Mlle Hen-
riette Blanchet, une jeune blonde fort
jolie, qui a été désignée. Ses demoiselles
d'honneur seront : Mlles Delforge et
Montigny. C'est Mme Delforge qui pré-
sidait.
Après l'élection de la reine, les mar-
chands et les marchandes se sont occupés
de l'organisation de leur cortège et aussi
de la réduction de 30 0/0 sur le loyer des
places du marché, réduction que vient de
voter le conseil municipal.
- A propos des fêtes du bi-centenaire
de Dupleix :
Sait-on que le dernier descendant di-
rect de Dupleix vit en ce moment à Ge-
nève ?
C'est un vieillard de quatrevingts ans,
M. Jean-Baptiste Dupleix, ex-proscrit du 2
Décembre. -
Par modestie et aussi peut-être par
crainte d'affronter un long voyage, il ne
s'çst M?. fait CQH¡! an ®oi!S|î Q. a
été décidée la célébration de la fête du
deuxième centenaire de l'illustre conqué-
rant des Indes.
M. Dupleix assistera-t-il à la cérémonie
d'aujourd'hui.
On a, paraît-il, négligé jusqu'ici de l'in-
viter.
Le Passant.
LE BŒUF GRAS
Une question des plus intéressantes vient
d'être posée à M. Bouvard qui a promis de
s'occupper de la promenade du bœuf gras :
D'où partira le cortège
On sait que l'an dernier le rassemblement
des chars et des figurants se fit dans le pa-
lais des Champs-Elysées, mais, cette année,
les travaux de l'Exposition se rapprochent
assez rapidement du palais de l'Industrie
pour qu'on puisse craindre qu'au mois de
mars les démolisseurs soient après sa car-
casse.
Le comité se trouverait alors dans l'im-
possibilité de mettre ses chars à l'abri ail-
leurs que dans le palais des Machines, lieu
bien éloigné de la rive droite.
M. Bouvard à qui rien des tentatives qui
intéressent Paris n'est indifférent, a promis
de s'occuper de la question, ce qui, l'on
p:mt le dire d'avance, équivaut à la promesse
de la résoudre. — E. w.
Très encouragés par l'accueil que les Pa-
siens ont fait, en 1896, au nouveau roi du
Carnaval, les organisateurs du cortège du
bœuf gras se proposent d'entourer les fê-
tes prochaines, d'un apparat encore plus
grandiose et plus solenne l.
Voici, d'ailleurs, les renseignements que
vient de nous donner l'un des membres du
comité :
Il était assez périlleux de notre part de
réssusciter le bœuf gras, de joyeuse mé-
moire, en une époque où le carnaval per-
dait de plus én plus son entrain de jadis,
mais nous sommes arrivés, grâce à notre
cortège, à rendre à ces fêtes leur gaîté d'an-
tan.
Cette année, assurés, d'avance, de notre
réussite, nous voulons agir plus grande-
ment encore, et tout en conservant au cor-
tège son cachet de bonne humeur pour lui
ajouter un ton patriotique, nous avons de-
mandé au ministre de la guerre de nous
prêter le concours des troupes.
Nous passerons en revue les principaux
événements de l'année et le voyage du tsar
en France est encore trop présent dans
toutes les mémoires pour ne point figurer
en première ligne, avec ses épisodes les
plus intéressants : le débarquement à Cher-
bourg, l'arrivée à Paris et le défilé de Châ-
lons. -
Mais nous n'oublierons pas non plus que
nous devons, par dessus tout, amuser les
Parisiens, et dans ce but nous reproduirons
les succès des pièces de l'année et des der-
nières nouveautés. La partie de l'alimenta-
tion ne sera point négligée, et dès mainte-
nant nous nous ingénions à composer de
pittoresques ensembles pour chacune de ses
branches. Nos décorateurs, choisis parmi
le 3 meilleurs, ont même l'intention de sou-
mettre leurs croquis à M. Bouvard, le grand
maître de l'art.
Enfin, je termine en vous donnant une
bonne nouvelle : soucieux de montrer le
bœuf gras à Paris tout entier, sans provo-
quer d'encombrements sur son parcours,
nous nous efforcerons de le promener dans
tous les quartiers des deux rives de la
Seine, -- ----".,. '--":'----'-' -
Les Parisiens peuvent donc former > de
belles espérances pour le mardi gras et
nous ne croyons pas qu'elles seront trom-
pées.
LA LIGUE PARIS-BANLIEUE
TRAINS DE NUIT - TRAINS OUVRIERS
REVENDIC ATIONS GENÉRALES DE LA BANLIEUE
Nous publions plus loin la lettre de la
Ligue Paris-Banlieue au directeur de
la compagnie des chemins de fer d'Or-
léans.
Voici donc les revendications des
communes — revendications partielles
— précisées pour toutes les lignes. Le
travail auquel s'est livrée la Ligue à la
demande même du ministre des tra-
vaux publics et des directeurs des com-
pagnies est entièrement terminé.
On a vu combien modestes sont ces
revendications; quelques trains en plus
pour les ouvriers abonnes à la semaine;
quelques trains en plus pour plusieurs
lignes de banlieue jusqu'ici vraiment
trop négligées. Pas davantage.
Les compagnies auraient mauvaise
grâce à ne pas donner les légères satis-
factions que l'on réclame dans toutes
les communes. Mais déjà — nous le
tenons de bonne source — on serait
tout prêt à modifier le service de ban-
lieue dans le sens indiqué par la Ligue.
Le train matinal, sans lequel véritable-
ment les ouvriers de Paris ne peuvent
habiter hors des fortifications, serait
sur le point d'être établi sur les di-
verses lignes de l'Ouest; le train de
nuit également. Nous adressons par
avance nos remerciements aux com-
pagnies.
Sans doute, elles ont mis quelque dif-
ficulté à tenir compte des doléances
dont depuis si longtemps nous nous
sommes fait l'écho ici même ; sans
doute, elles ont opposé une certaine
résistance aux communes et à la Ligue.
Mais, devant l'unanimité des réclama-
tions, il parait enfin décidé qu'elles
consentent à améliorer les services, à
les étendre, à les compléter.
Les compagnies n'y perdront point,
d'ailleurs, ni l'Etat en raison du jeu de
la garantie d'intérêt. Les communica-
tions devenant plus faciles entre Paris
et la banlieue c'est, en effet, une recette
plus importante assurée, ce sont les
bénéfices augmentés.
Heureux résultats dont nous aurons
le droit de féliciter la Ligue Paris-
Banlieue et de nous féliciter aussi nous-
même, puisque c'est le Rappel et le
XIXe Siecle qui ont provoqué le grand
courant d'opinion auquel on doit la
constitution du vaste groupement des
communes suburbaines
«cV1-''*' -
Nous pourrons ensuite, une fois cette
question tranchée, passer à d'autres
sujets non moins intéressants pour les
habitants de la banlieue. Déjà notre
enquête sur le service des eaux est
commencée ; puis viendra celle sur les
conditions faites par les compagnies
d'éclairage. Nombreux sont les abus
dont on se plaint de tous côtés. Ils dis-
paraîtront, mais à condition que la
même méthode soit toujours observée.
Voilà une année bientôt que, quoti-
diennement pour ainsi dire, nous avons
exposé la situation déplorable faite aux
communes qui entourent Paris par l'in-
sumsance des moyens de communica-
tion et dénoncé l'absurdité des règle-
ments sur les trains ouvriers. Nous
donnerons le même temps s'il le faut
aux autres revendications générales :
pour les eaux, pour l'éclairage, cour
l'empoisonnement de la Seine, pour
les hôpitaux, pour l'enseignement,
pour l'assistance publique, etc. Mais
jamais ces questions ne seront mêlées.
On a trop souvent adressé à la Cham-
bre le reproche d'aborder toutes les ré-
formes à la fois — seul moyen de n'en
réaliser aucune — pour que nous ne
cherchions pas, avec la ligue Paris-Ban-
lieue, à employer en ce qui nous con-
cerne, une méthode de travail toute
différente, toute opposée.
Et certes, il ne faudra pas, à présent
que l'essor est donné et que les com-
munes sont outillées pour se défendre,
une année d'efforts pour chaque ques-
tion. Il suffira de rester étroitement
unis pour triompher très rapidement
de toutes les difficultés.
I. BENTIN,
LES SCANDALES MUNICIPAUX
Adjudications et marchés
Vieilles affaires — L'enquête continue
Au Parquet directement
L'adj udication d'hier
Décidément, il souffle un mauvais vent
sur les affaires municipales, car au moment
où l'esprit public se passionne avec de nou-
veaux scandales, la justice sort de ses mys-
térieux tiroirs une affaire qui passionna en
son temps (il s'agit des asphaltes) et parle
de saisie de livres, etc., sous l'inculpation
de corruption de fonctionnaires.
En un mot, voici l'information qui courait
hier dans les couloirs de l'Hôtel de Ville :
A la suite d'une plainte relative à des faits
de corruption de fonctionnaires déposée il y
a plusieurs mois, M. Meyer, juge d'instruc-
tion. ouvrit une enquête qui l'a amené hier
à donner mandat à M. Bernard, commis-
saire aux délégations judiciaires, pour sai-
sir les livres de comptabilité de la Compa-
gnie des asphaltes.
- Un expert aurait été désigné pour exami-
ner la comptabilité, afin de savoir si les
griefs de la Ville sont fondés.
Cette plainte, de laquelle nous avons parlé
en son temps, arriva à la suite de certaines
dépositions faites par un conseiller munici-
pal qui affirmait que la Compagnie des as-
phaltes aurait fourni à la Ville, pour la
construction de ses trottoirs, des matières
provenant de la démolition des trottoirs à
bouty car cm-sait qu'il y a une grande diffé-
rence de qualité entre - le bitume frais et
celui ayant déjà servi et que le préjudice
qui aurait été causé, s'il portait sur de
grandes quantités, pouvait rapidement at-
teindre de fortes proportions.
Le révélateur de ces faits déclara qu'ils
devaient se produire depuis de nombreuses
années et que la compagnie incriminée n'au-
rait pu arriver à ce résultat que grâce à la
complicité de fonctionnaires, d'où l'enquête
judiciaire que l'on connaît.
Un de nos confrères s'est rendu à la Com-
pagnie des asphaltes, où il lui a été déclaré
qu en effet on avait bien entendu parler de
cette plainte, mais qu'elle n'avait pas dû
être suivie d'effet, puisque l'on n'en avait
jamais signifié le moindre mot par des actes
judiciaires à la compagnie. Quant à l'ori-
gine : « Ce sont trois employés dont la di-
rection de la société a dû, il y a assez long-
temps déjà, se séparer, qui lui causent tous
ces embarras », telle est la phrase qui a été
répondue à notre confrère. De quels embar-
ras veut donc parler la Compagnie des as-
phaltes si elle ignore officielilement qu'il y
ait des poursuites exercées contre elle?
On voit que cette affaire, qui revient sur
l eau, montre sous un jour tout spécial 1 ad-
ministration en ce qui concerne les fourni-
tures de la Ville : les adjudications n'offrent
pas de garantie ; les fournitures ne sont pas
soumises au contrôle nécessaire, ou cer-
tains contrôleurs oublient leur rôle ; enfin,
tout dernièrement, à propos d'un marché
renouvelable pour 3, 6, ou 9 ans, on a cons-
taté que l'employé chargé de rédiger le
traité, avait oublié les 3 et 6 et par ce fait
avait lié la Ville avec un contrat de 9 ans.
N'est-ce pas complet et peut-on rêver plus
d'incurie pour dilapider les fonds des contri-
buables?
Cet état de choses qui date de plusieurs
années a ému M. de Selves, qui a pris la
résolution d'en finir une bonne fois avec des
coutumes instituées avant sa présence à
l'Hôtel-de-Ville et qu'il ne veut pas voir se
continuer; il a donné l'ordre aux inspecteurs
des services administratifs chargés des dif-
férentes enquêtes en cours : l'affaire du bu-
reau de placement du quatorzième, celle du
contrat cité plus haut, enfin de l'affaire des
adjudications, de poursuivre rapidement
leurs travaux et d'en remettre directement
les résultats au parquet si la moindre consta-
tation faite par eux leur laissait croire la pos-
sibilité de poursuites judiciaires.
Cela nous rassure un peu, cependant il ne
faudrait pas aller trop vite dans cette beso-
gne, qui offre beaucoup de difficultés, et un
peu de patience permettrait peut-être à cer-
tains faits de se dévoiler seuls par la force
des choses.
En attendant, l'adjudication de pavés faite
hier est venue prouver la justesse de mes
dires en ce qui concerne certaines coalitions
frauduleuses de soumissionnaires.
C'est au sujet de cette soumission que
| 1 M. Chérioux a commencé à montrer à l'ad-
ministration l'incurie avec laquelle elle trai-
tait les adjudications, en s'inscrivant contre
la radiation d'un propriétaire sous prétexte
qu'il n'avait pas encore dirigé d'entreprise.
Inutile de dire qu'après cet avertissement
on a fait en sorte que l'adjudication offre
toutes les garanties exigées pour ce genre
dQ marché, et il en est résulté qne la der-
nière adjudication a été traitée avec 6 0/0 de
rabais; on en a offert 16 hier, d'où 10 0/0 de
bénéfice pour la Ville, sur 600,000 fr. mon-
tant du marché d'hier, cela fait 60,000 fr.
qui restent dans nos caisses.
Combien en a-t-on perda de ces 60,081
francs t
ÉMILE WILLÈME.
LA BANQUE DE FRANCE
La commission du privilège de la Banque
de France réunie hier a pris connaissance
d'une lettre du ministre des finances lui fai-
sant savoir que la Banque accepte que le
privilège puisse prendre fin par anticipation
le 31 décembre 1912, en vertu d'une loi. La
Banque consent également à ce que le mini-
mum de la redevance annuelle soit fixé à 2
millions.
La commission, après avoir arrêté le
texte définitif du projet, a décidé que le rap-
port de M. Maurice Lebon sera imprimé en
épreuves et distribué aux membres de la
commission avant d'être approuvé définiti-
vement. La commission se réunira samedi
prochain.
LES RÉPUBLICAINS DE GflDYERIEIEET
Le groupe des républicains de gouverne-
ment renouvellera lundi son bureau qui est
présidé par M. Jules Develle.
C'est très probablemennt M. Marty qui
sera élu.
1 ^1 »
LA FAMINE AUX INDES
Violent incident à Londres
Le lord-maire a présidé hier, à Mansion-
House, une grande réunion au sujet de la
famine des Indes. -
Le secrétaire d'Etat pour les Indes, le
secrétaire d'Etat pour la guerre et le duc de
Connaught y assistaient.
Ce dernier a proposé un ordre du jour
approuvant les mesures prises par le gou-
vernement dans les Indes, et déclarant que
le public anglais avait fait son devoir en
donnant, par son concours à la souscrip-
tion son appui à ces malheureux.
L'ordre du jour allait être voté, quand M.
Hyndman voulut prendre la parole pour
proposer un amendement à l'ordre du jour
du duc de Connaught.
Le lord-maire, après plusieurs vaines ten-
tatives d'entente, prie l'orateur de cesser de
parler.' On entend les cris : « Non! non!
non! Continuez, Hyndman! » pendant que
le lord-maire et M. Hyndman continuent de
parler ensemble.
M. Hyndman insiste pour que son amen-
dement soit proposé à l'assemblée. 1%
Le lord-maire ne veut pas céder; le public
crie : « Continuez ! Bravo! »
Finalement, deux policemen et le marshali
ont entraîné M. Hyndman hors de la salle,
au milieu du tumulte. -
M. Hyndman ne cessait de protester et do
se débattre entre les policemen.
Il réclamait dans son amendement la sus-
pension par le secrétaire d'Etat, pendant
toute l'année courante, du service mensuel
des sommes réclamées par la mêtropolé
au budget des Indes et l'application de cette
somme au secours de millions d'êtres hu-
mains qui sont, autrement, condamnés à
périr. -
A LA * CHAMBRE.
En ouvrant la séance d'hier, en prenant
possession du fauteuil présidentiel, M. Henri
Brisson a prononcé l'allocution suivante,
saluée par les applaudissements chaleureux
et répétés de la Chambre :
Messieurs et Cliît^-ôollc^lic^ je crains de mal
vous remercier du nouvel et grand honneur que
vous venez de me faire; quatre fois en deux,
années, vous avez bien voulu me confier la tâche
de présider à vos travaux; cette confiance répé-
tée me touche profondément; je tâcherai de
m'en rendre digne par mon dévouement à mes
devoirs, en secondant vos efforts pour utiliser
au mieux des intérêts du pays les quelques
mois qui nous séparent de là fin de notre
mandat. <
Avant de procéder au règlement de l'ordre du
jour, permettez-moi d'adresser les remercie-
ments .de la Chambre au bureau provisoire, à
MM. les secrétaires d'âge et à notre doyen.
La vie politique de cet homme de conviction "-
et de cœur nous donne un enseignement que
sa modestie l'a peut-être empêché de mettre en
lumière. t.
Il y a quelque trente-cinq ans, dans l'exercice
loyal de son mandat et dans des circonstances
à propos desquelles chacun de nous peut faire
ses réserves, M. le comte Lemercier se permit
d'avertir le gouvernement d'alors. C'était un de
ces gouvernements forts, fondés sur l'écrase-
ment brutal de leurs adversaires, un de ces gou-
vernements auxquels voudraient nous ramener
les critiques amers et quotidiens de la Répa-
blique parlementaire.
un san a ailleurs ce que ces gouvernements-
là coûtent à la patrie. Comme ce pouvoir fort
était maître de tout, et particulièrement des
élections, comme il était impatient de tout con-
trôle et prenait un avertissement pour une
insulte, notre vénéré doyen payait bientôt son
indépendance de son siège de député. Aussi, eu
ouvrant-notre session, saluait-il cette République
tolérante, plus que tolérante, généreuse, quî
écoute tous les conseils, qui tend la main à
toutes les bonnes volontés, et qui n'écartera ja-
mais que les perfides.
Nos controverses sont passionnées ; du moins
elles sont au plein jour; elles éloignent le péril
de cette anarchie secrète où se peuvent dévorer,
on l'a vu, sous d'autres régimes, les forces essen-
tielles de l'Etat; elles éclairent la volonté gé-
nérale.
Où elles seraient fâcheuses, ce serait si elles
ne concluaient pas à l'action. Cette législature
approche de son terme ; des discussions prati-
ques nous attendent, nous pressent. Terminons
le vote du budget et arrêtons, pour la fin de nos
travaux, un ordre du jour précis ; demeurons-y
fidèles et, suivant l'invitation de notre doyen,.
travaillons chaque jour pour le bien de la France
et les progrès de la démocratie I ..-,
Puis la discussion immédiate a été ordon-
née de l'interpellation de M. Carnaud « sur
la nomination d'un député au poste de gou-
verneur général de l'Indo-Chine ». Mais du
discours de M. Carnaud, je me proposé dà
ne rien dire. Ce bafouillage fortement im-
prégné d'ail a fatigué la Chambre. Jo passe ;
je noterai seulement quelques incidents :
H. Carnand. — Cette politique qui consiste à
corrompre ses adversaires au lieu de les con-
vaincre. (Vives interruptions au centre.)
Le président. — Je demande à M. Carnaud
lui-même, et je suis convaincu que ce ne sera
pas en vain, s'il est convenable de faire précé-
der d'une pareille préface l'arrivée du représen-
tant de la France dans une région lointaine oil
il trouvera des luttes peut-être plus périlleusea-
qu'ici.
J'ai tenu à citer l'observation de M. Bris,
son parce que je veux y répondre. A mon-
avis, nulles considérations, même aussi res-
pectables que celles qu'il a invoquées, M
doivent empêcher de dire la vérité, Si 05
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