Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-01-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 janvier 1897 12 janvier 1897
Description : 1897/01/12 (N9804). 1897/01/12 (N9804).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75427297
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
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ITONDATEUR : AUGUSTE MCCUEME
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Jparis. 2 fr. 5fr. 9 fr. 18 fin.
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mon Postale 8 - fi — 16 - 83
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'_DATEUR: AUGU VACOUERIE;
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ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et <3»
6, Place de la Bourse, 6 >
et AUX BUREAUX DU JOURNAL
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
b 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du seir à 1 heure dm matin
'&.
N° 9804. — Mardi 12 Janvier 1897 e
23 NIVOSE AN 105
.--
ADMINISTRATION: 131, rue IIODtmarare. lai
Adresser lettres et mandats à rAdministrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
lE PORT DES ARMES DE GUERRE
Les bagarres de Brest, dont je ne
Veux pas discuter le caractère puisque
fe tribunal militaire a prononcé un
rerdict d'acquittement en faveur de
tous le! accusés, doit ramener l'atten-
tion du punlic et du gouvernement
kir une question bien souvent discu-
tée mais que jamais on n'a osé résou-
dre, celle du port des armes par les
Militaires, en dehors du service.
± Pourquoi des officiers, des sous-of-
ficiers., des soldats traînent-ils, à la
promenade, dans les cafés, dans les
fieux publics les plus mal famés, leurs
Jjjâbres ou leurs baïonnettes? Quel be-
soin ont-ils de ces armes en prenant
ixn apéritf ou en courtisant la nour-
rice du bourgeois? Est-ce pour la dé-
fense de leurs amours accidentelles
eu de leurs petits verres qu'ils ont ces
armes de guerre? N'y a-t-il pas une
pointe de ridicule dans cette attitude
guerrière en des lieux où elle n'a que
faire? Et n'est-il pas très imprudent,
île la part des pouvoirs publics, d'au-
priser des hommes à être munis d'ar-
es dans les lieux où les excitations
le l'alcool et des amours de rencontre
fisquent si fort de troubler leurs cer-
Telles.
Il n'y a guère de villes de garnisons
)ù des bagarres entre ces porteurs de
iabres ne se produisent chaque fois
EU une fête leur fournit l'occasion et
leur donne les moyens de fréquen-
ter un peu plus qu'à l'ordinaire la
bouteille et la femme. Lorsque deux
corps de troupes distincts sont réunis
dans une même ville,, les chances de
désordres et de batailles sont plus
grandes encore. Ce n'est un secret
pour personne, en effet, que des riva-
lités, des hostilités et même des haines
farouches existent entre l'infanterie et
la cavalerie, l'artillerie et les deux
autres armes, la marine et la guerre,
etc.
Parties d'en haut où elles fleurissent
én bel épanouissement, mais où elles
sont contenues dans une certaine me-
sure par l'éducation sociale, ces rivali-
tés et ces haines s'étalent en toute leur
vilaine nudité parmi les sous-officiers
et les soldats des divers corps, et l'on
y a vite fait de tirer le sabre ou la
oaïonnette quand une dispute éclate,
à la suite des libations dont fantassins
et cavaliers, marins et terriens, artil-
leurs et tringlots ne sont pas moins
coutumiers les uns que les autres.
Si la police intervient dans ces ba-
garres, pour les faire cesser, ainsi que
Ses plus élémentaires devoirs le lui
imposent, il est rare qu'elle ne soit
pas quelque peu maltraitée, fantassins
et cavaliers agissent à son égard
comme mari et femme quand un
étranger prétend s'interposer dans les
troubles du ménage. C'est ce qui se
produisit à Brest le jour de la fête des
lirtilleurs. Divers agents déposent de-
fant le tribunal que « les sous-offi-
ciers menaçaient le poste de police le
labre au clair et provoquaient les
igehts ».
***
Les militaires de tous grades sont
d'ailleurs très disposés à ne voir dans
jes faits rien de repréhensible. Des
jous-officiers de Brest interrogés sur
2es actes reprochés à leurs collègues,
sur les menaces aux agents, sur le dé-
gaînement des sabres, sur les batailles
à coups de pinces, etc., déclarent
avec la plus grande tranquillité d'es-
prit « qu'on s'est amusé bruyamment,
c'est tout».
Le conseil de guerre apprécia les
choses de la même façon puisqu'il a
prononcé un verdict d'acquittement
tu r tous les points et à l'égard de tous
faë accusés.
Je ne m'aviserai certainement pas
4e discuter ce verdict : il est ce qu'il
devait être et je suis convaincu qu'il
Mt, en même temps, conforme à la
justice la pîus stricte; je me permet-
irai seulement de demander si des
ouvriers ou des étudiants, ayant traité
la police comme le firent les artilleurs
fie Brest le soir de la Sainte-Barbe,
jouiraient de la même indulgence de-
vant un tribunal de police correction-
(i";:' surtout si les premiers avaient
tre ivi iy.nx» des haches ou des serpes
dont ils font usage dans leurs travaux
professionnels.
j Les officiers des conseils de guerre
I ont bien fait d'acquitter les artilleurs
de Brest, parce qu'en réalité c'est dans
la toléraaeeaccordée aux soldats, dans
l'autorisatioa de porter des armes en
dehors du service et de traîner des
sabres dans les cabarets, qu'il faut
chercher la source de toutes les ba-
garres dont les troupes sont coutu-
mières et de leurs mépris pour tous
les gens, policiers et bourgeois, qui
n'ont au côté ni sabre ni baïonnette.
JUîJ&oFt des armes d^^uerre en de -
hors du service ne peut être légitimé
par aucune raison sérieuse. Il n'est
que la manifestation persistante de la
supériorité que s'attribuaient, au
moyen âge, et que s'attribuent, dans
les pays encore barbares, les gens
d'armes sur leurs concitoyens.
Ce sont mœurs d'un autre âge et
d'une autre civilisation : elles ne con-
viennent ni à une époque où l'intelli-
gence est, même dans l'armée, plus
nécessaire que la force physique, ni à
un pays où le service militaire étant
un devoir imposé à tous les citoyens,
il faut en faire disparaître tout ce qui
tendrait à faire des soldats et de leurs
officiers une classe à part dans la na-
tion. Or, c'est précisément à cela que
conduit le port des armes de guerre
en dehors d-es casernes, des champs
de manœuvres et des camps.
Dans une démocratie, l'on doit
apprendre aux soldats que rien ne les
distingue des paysans, des ouvriers,
des médecins, des avocats, etc., qu'ils
étaient hier et qu'ils redeviendront
après leur service; qu'ils ne jouissent
d'aucun privilège spécial et que rien
ne les dispense d'avoir pour leurs con-
citoyens et pour la police de leur pays,
le respect auquel sont tenus, en vertu
des lois, tous les Français.
Par l'évolution graduelle des mœurs
et desinstitutionspolitiqueset sociales,
notre pays a vu disparaître successive-
ment les seigneurs féodaux et leurs
bandes armées, pour qui le droit du
plus fort tenait lieu de législation ;
puis les troupes de gens d'armes à la
solde des princes et des rois, brigands
pendant la paix, soldats pendant la
guerre; puis les armées prétoriennes
du premier empire, dont la gloire ne
faisait que difficilement supporter la
jactance et les brutalités ; puis les
bataillons plus empanachés que glo-
rieux du troisième empire ; il convient
à notre époque d'effacer les dernières
traces de l'esprit soldatesque et de
voir l'armée n'être plus que l'école
militaire de la nation, école modeste,
laborieuse, plus soucieuse de science
que de galons et de plumets, et justi-
fiant par la correction de sa conduite,
qu'elle est reconnaissante aux labo-
rieux ouvriers et soldats des sacri-
fices qu'ils font pour assurer sa force.
La leçon qu'il faut tirer des bagarres
militaires de Brest et de tous les inci-
dents analogues qui se produisent
quotidiennement, c'est que la néces-
sité s'impose de démocratiser enfin
l'arméé , comme l'administration ,
comme le gouvernement, comme la
République elle-même.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Francisque Sarcey
LA LIGUE PARIS-BANLIEUE
TRAINS DES OUVRIERS DANS LA BANLIEUE
La circulaire du ministre
Nous appelons'tout particulièrement l'atten-
tion de nos lecteurs sur le document suivant
que M. Alexandre Lefèvre, sénateur, président
de la Ligue Paris-Banlieue, vient de recevoir de
M. Turrel, ministre des travaux publics :
Monsieur le sénateur,
Vous avez bien voulu me recomman-
der tout particulièrement les demandes
qui ont été adressées à mon adminis-
tration par les délégués de la Ligue
Paris-Banlieue, à l'effet d'obtenir que
de nouvelles facilités soient accordées
pour le transport des ouvriers dans la
banlieue de Paris.
- J'ai l'honneur de vous envoyer un
exemplaire de la circulaire que je viens
d'adresser à ce sujet aux compagnies
de chemins de fer'l
Agréez, monsieur le sénateur, l'assu-
rance de ma haute considération.
Le ministre des travaux publics,
TURREL.
Voici cette circulaire :
A messieurs les administrateurs de la compa-
gnie d. chemin. de fer d.
Messieurs.
Dans la séance du 4 décembre courant, la
Chambre des députés a adopté et le gouver-
nement a accepté la résolution suivante :
« La Chambre, comptant sur la sollicitude
du gouvernement à l'égard des travailleurs,
invite le ministre des travaux publics à in-
tervenir auprès des compagnies de chemins
de fer pour obtenir l'amélioration et l'exten-
sion du service des trains ouvriers dans les
régions a voisinant Paris et les centres in-
dustriels. »
En vous transmettant cette résolution, je
crois devoir, messieurs, appeler d'une ma-
nière toute Darticulière votre attention sur
l'intérêt qu'il y aurait, comme on l'a dit à la
Chambre, à donner aux ouvriers habitant la
petite et même la grande banlieue les faci-
lités nécessaires pour venir travailler à
Paris, notamment dans les chantiers des
travaux de l'Exposition où seront occupés
un nombre considérable d'ouvriers de tous
les corps de métier.
Je me plais à reconnaître que de grands
efforts ont déjà éti faits par les compagnies
de chemins de fer depuis les conventions de
1833 pour amener les ouvriers à Paris, tant
par les réductions importantes qu'elles ont
consenties en leur faveur que par le nombre
de trains qu'elles ont mis à leur disposition.
Toutefois, je constate que, depuis quelques
années, il s'est produit un temps d'arrêt et
que diverses compagnies semblent même
considérer qu'elles ont atteint le maximum
des concessions qu'elles pouvaient faire, !
J'estitne cependant : que le .demies. moà
n'est pas dit sur lamatière 'e&alfU'-èSt -é\}::..
core possible de donner de nouvelles facili-
tés aux ouvriers habitant les environs de
Paris et des centres industriels, en les ad-
mettant dans un plus grand nombre de
trains ou mieux en fixant des périodes dans
la journée pendant lesquelles ils seraient re-
çus dans tous les trains, de façon à faire
profiter des avantages accordés tous les
corps de métier dont les heures de travail
ne sont pas les mêmes. Mais c'est surtout
en élargissant la zone dans laquelle les
cartes d abonnement sont délivrées aux ou-
vriers que l'on arriverait au meilleur ré-
sultat.
Jusqu'ici ces cartes ne sont guère déli-
vrées que pour des distances atteignant 15 à
20 kilomètres au maximum ; il semble que
l'on pourrait aller facilement jusqu'à 25 ki-
lomètres. Le temps de parcours ne serait
guère augmen é ; par contre, les ouvriers
habitant la grande banlieue auraient beau-
coup plus d'avantages pour venir travailler
à Paris, et il est permis de penser que l'on
développerait ainsi un courant de circula
tion qui, dans un temps peu éloigné, com-
penserait les abaissements de recettes qui
se produiraient au début.
Je vous prie donc de reprendre l'examen
des trains ouvriers sur les bases indiquées
par la Chambre des députés et développées
dans la présente circulaire et de me faire
connaître, le plus tôt possible, les mesures
que vous cqmptez prendre pour arriver au
résultat cherché.
Recevez, messieurs, l'assurance de ma
considération très distinguée.
Le ministre des travaux publics,
TUftREL.
——————————————— «3» —
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN
Les courses : à Nice.
— Durée du jour : 9 h. 46.
AU JOUR LE JOUR
C'est demain que le Parlement re-
prend ses travaux. Nos lecteurs savent
ce qui va se passer à la première
séance. Le président Brisson sera réélu
à une grosse majorité, en dépit des
efforts tentés par les opportunistes et
les réactionnaires coalisés pour le faire
échouer.
Car, les modérés, qui reviennent la
tête basse, les élections sénatoriales
constituant pour eux une défaite des
plus sérieuses, suivent maintenant les
conseils du Figaro. Le Figaro est, en
effet, en même temps que son organe
officiel, l'inspirateur de la majorité du
Palais-Bourbon. Acquis depuis long-
temps à la haute finance et aux demi-
mondaines, il est qualitié plus qu'au-
cune autre feuille pour être l'enseigne
de cette majorité composée de deux
groupes : les ennemis de la Républi-
que et les républicains qui ont oublié le
programme républicain.
C'est le Figaro qui a inventé d'oppo-
ser un candidat à M. Brisson et de
même qu'il qualifie les ralliés de pro-
gressistes, il traite le président de la
Chambre et ses amis de socialistes ré-
volutionnaires, presque d'anarchistes.
Le Figaro définissant la République
et opérant le triage des républicains,
c'est à pouffer de rire !
Le malheur est que ni lui ni ses ré-
dacteurs n'ont découvert de candidat
présidentiel sortable, de telle sorte que
M. Brisson sera réélu, sans concur-
rent, aux applaudissements des répu-
blicains.
Tout cela, d'ailleurs, n'empêche pas
le ministère d'être en bien mauvaise
posture. Battu par le corps des élec-
teurs sénatoriaux, disloqué par la no-
mination de M. Doumer, ne sachant où
donner de la tête, manquant plus que
jamais de programme, il est à la merci
du moindre hasard parlementaire. Et
j'imagine qu'il n'ira pas loin.
CHEZ NOUS
— -. Les travaux de «défrichement »du
Jardin de Paris avancent à grand pas, les
tranchées pour l'établissement des deux
chemins de fer destinés à l'enlèvement des
déblais et à l'adduction des matériaux sont
à la veille d'être terminées.
Chaque jour les chariots enlèvent trois ou
quatre arbres qu'ils emportent au bois de
Boulogne, et ce n'est pas là une petite
dépense, l'enlèvement de chaque arbre
nécessite un chariot, trois chevaux et huit
hommes; chaque homme est payé 6 fr.,
chaque cheval 10 fr., cela fait bien 100 fr.
par arbre qui émigré. Et il y aura bien trois
ou quatre des ormes magnifiques plantés
par le duc d'Antin qui ne pourront faire
le voyage à cause de leur âge et qui de-
vront tomber sous la cognée.
- Hier, au café Américain, sous la
présidence de M. Benjamin Constant, dîner
mensuel de la Cigale, cette « Académie du
Midi » comme l'appelait Paul Arène, un de
ses fondateurs.
Autour de la table une vaste couronne
d'amis du tant regretté conteur poète, en
commémoration duquel prirent leur essor
propos attendris, toasts émus de MM.
Benjamin Constant, Solerau, vice-prési-
dent du tribunal de la Seine et maire d'An-
tibes où Arène vint boire un dernier rayon
de soleil, d'Eugène Lintilhac, etc.
Puis ce furent des vers de Fabié, d'Ogier
d'Ivry, de Roux-Servine, etc., des chants
de Melchissédec, un sonnet finement ému
de Silvain, de la Comédie-Française, à
i'ami défunt et, planant sur le tout, le
chef-d'œuvre que Paul Arène disait volon-
tiers, l'admirable Noël en mer, que nous a
redit avec une émotion transportante la
vibrante et exquise artiste qu'est Louise
Hartmann (Mme Silvain).
Des chants et des vers, des thrènes et
des paroles ailées dans le sourire d'une
aube d'immortalité, n'est-ce pas ainsi, à
l'antique, ô très attique Paul Arène, qu'il
faut pleurer les poètes envolés?
Les morts : : 1
combé hier matin, en son domicile de la
rue du Luxembourg, à une longue et
cruelle maladie.
Protectionniste et centre gauche, il avait
représenté la Seine-Inférieure à l'Assem-
blée nationale de 1*871. Il était âgé de
soixante-dix-sept ans.
L'année est dure aux inamovibles. C'est
la dépopulation du Sénat.
On annonce la mort de la comtesse Le-
febvre de Béhaine, femme de l'ancien am-
bassadeur de France auprès du Saint-
Siège.
Les obsèques seront célébrées aujour-
d'hui, à midi, à Notre-Dame-de-Lorette.
France ^t Russie :
L'Académie des sciences de Saint-Pé-
tersbourg a élu hier en séance solennelle,
comme membre honoraire , M. Joseph
Bertrand, de Paris ; comme membres cor-
respondants: MM. Callandrau, membre de
l'Académie des sciences de Paris ; Augusto
Righd, professeur à l'Université de Bo-
logne, et Maxime Collignon, membre
de l'Institut de France, de la section des
inscriptions et belles-lettres.
- Indiscrétion sur les expositions
prochaines :
Le peintre Louis Chalon donnera, au
Cercle de la rue Volney, un très beau por-
trait qu'il vient de terminer, celui de Mme
Gustave Mesureur (Amélie de Wailly). Le
peintre a été une fois de plus bien inspiré,
et sa toile retiendra les regards des visi-
teurs.
- Dons et largesses :
Le New-York Herald publie la dépêche
suivante :
Nice, 10 janvier.
J'apprends de source autorisée qu'indé-
pendamment des 2 millions que la baronn.
de Hirsch a donnés à l'instituteur Pasteur
une même somme de 2 millions va être con-
sacrée par la généreuse donatrice à la fon-
dation d'un hùpilal destiné à recevoir des
enfants anglais atteints de consomption.
La baronn: de Hirsch a déjà chargé le
docteur Goldschmitt, qui est en ce moment
auprès de la princesse de Munaco, de cher-
cher un emplacement convenable au bord
de la mer.
-- M. Flaissières, maire socialiste de
Marseille, en prend vraiment à son aise
avec les règlements.
L'autre jour, se rendant à Aubâgne, il
monta dans un train qui va directement de
Marseille à Toulon sans s'arrêter à cette
stàtion intermédiaire. Le maire de Mar-
seille ne trouva, dès lors, rien de mieux
que de tirer le cordon d'alarme.
Le train stoppa en gare d'Aubagne, et le
docteur Flaissières se préparait à quitter
la gare quand, hélas! un employé du che-
min de fer lui mit la main sur l'épaule, lui
fit décliner ses nom, prénoms et qualités,
et lui dressa procès-verbal.
C'est égal ! déranger ainsi par un arrêt
non prévu l'horaire des trains, c'est risquer
de provoquer un accident où beaucoup de
vies humaines peuvent être supprimées.
Ce sont là jeux de princes. et de po-
tentats collectivistes.
A L'BTRANGER
L'empereur de Russie a conféré au
sculpteur Antokolsky le rang de conseiller
d'Etat, donnant droit au titre d'excellence.
"o.V Des dépêches de Montevideo pro-
clament que M. Glamarelli a découvert le
microbe de la fièvre jaune.
Le Passant.
FAVORITISME ADMINISTRATIF
Les surnuméraires-percepteurs
Nous avons signalé il y a quelque temps (1)
la déplorable situation dans laquelle se
trouvent les surnuméraires-percepteurs de-
puis que le décret du 14 avril 1894 a centra-
lisé toutes les nominations au ministère des
finances.
Nous avons montré comment ce décret
qui devait réduire la durée de leur stage et
hâter leur titularisation, avait eu un résultat
diamétralement opposé, et nous avons indi-
qué quelles étaient les véritables raisons du
peu d'intérêt que leur portait l'administra-
tion.
Un nouvel exemple va nous permettre de
mieux faire ressortir encore l'étendue de
l'injustice dont ils sont victimes.
Il y a eu, en 1895, 174 nominations de per-
cepteurs, se décomposant ainsi : 58 surnu-
méraires, 63 sous-officiors et 58 candidats
exceptionnels.
En 1896, le nombre des nominations a été
plus considérable. Il s'est élevé à 214.
Néanmoins, le chiffre des surnuméraires
titulaiisés a considérablement baissé; de
58 il est tombé à 23.
De même, le nombre des anciens sous-
officiers pourvus d'une perception a rétro-
gradé de, 63 à 42.
Seuls, par conséquent, les candidats ex-
ceptionnels ont été favorisés, puisqu'on leur
a réservé 149 places au lieu de de 58.
Que sont donc ces -149 candidats favori-
sés? VOfficiel va nous le dire.
Il y a parmi eux 16 rédacteurs, commis
ou chefs de bureau de différents ministères,
11 rédacteurs, commis ou chefs de bureau
de l'administration centrale, 8 maires ou
anciens maires, 6 préfets ou sous-préfets,
11 employés des contributions indirectes,
3 employés des contributions directes, 14
officiers et anciens officiers, 3 receveurs
municipaux, 20 employés de préfecture et
sous-préfectures, 36 fondés de pouvoirs de
trésoreries générales ou de recettes des
finances, 5 commis des postes, 6 profes-
seurs et anciens professeurs, 3 conduc-
teurs des ponts et chaussées, 2 conseillers
de préfecture, 1 chef de bureau à l'admi-
nistration des postes, 1 ouvrier à l'Ecole
de pyrotechnie militaire, 1 commis colo-
nial, 1 greffier de tribunal civil, 1 ancien mi-
litaire.
Remarquez bien quo nous no contestons
pas que certaines de ces nominations ne
puissent être parfaitement justifiées. Rien
de plus naturel que d'accorder une percep-
tion à des agents de finances qui ont mon-
tré, soit comme fondés de pouvoirs d'une
trésorerie ou d'une recette, soit comme
employés - des contributions, de très réelles
(4) 'âû re-t8ftî. - î i |
qualités. Mais ces maires, mais ces préfets,
mais ces chefs de bureau, mais tous ces
fonctionnaires d'ordres si divers, quels titres
avaient-ils aux postes qui leur unt été con-
fiés? Pourquoi leur a-t-on sacrifié toute une
catégorie de modestes employés qui, con-
fiants dans les promesses de l'Etat, avaient
accepté un surnumérariat, dans l'espoir de
devenir percepteurs?
Pourquoi?. Ah! vous le devinez, parce
qu'ils avaient de puissantes pro ections et
que ceux-ci, hélas ! n'avaient à invoquer en
leur faveur que les services rendus!.
Nous aimons à penser qu'il sa trouvera
un député, lors de la discussion du budget
des finances, pour venir protester à la tri-
bune contre de pareilles mœurs et rappeler
en même temps à M. le ministre des finan-
ces que la loi accorde aux surnuméraires le
tiers des nominations.
On en a nommé 23 sur 214 en 1896. C'est
donc au total pour cette seuleannée48 postes
qui ont été soustraits à ceux à qui ils de-
vaient légitimement revenir. Il faut qu'on
répare cette injustice en 1897! — A. H.
LE CRÉDIT AGRICOLE
Comme la réforme fiscale, comme la ré-
forme de l'impôt des boissons, comme la
réforme du code d'instruction criminelle, et
extern, le crédit agricole est une chose dont
on parle. Dont on parle depuis fort long-
temps déjà; dont, selon toutes vraisemblan-
ce-, on parlera fort longtemps encore avant
d'agir. Sur la nécessité, sur l'urgence de
doter les travailleurs agricoles de cet indis-
pensable outil qui s'appelle le crédit, il y a
unanimité ; mais cet accord ne dùre guère
au delà de la proclamation du principe. Cer-
tains ont sur la question leurs idées parti-
culières dont ils no veulent pas démordre ;
beaucoup n'ont que des idées vagues ; un
plus grand nombre n'ont pas d idées du tout,
sj contentent du mot : crédit agricole, avec
rien derrière. Confusion, obscurité.
Un de nos abonnés d'Arras, M. Erasme
Loir me soumet une petite brochure que j'ai
lue avec le plus grand intérêt, bien que n'é-
tant pas ici d'une bien forte compétence. Le
système exposé m'a paru ingénieux et clair.
Pourrai-je être aussi clair en résumant en
vingt lignes les trente pages de la brochure?
Je le voudrais. — Il s'agit, une revision du
cadastre, ayant permis d'établir de façon in-
discutable l'identité des parcelles et l'au-
thenticité des titres de propriété, de per-
mettre à tout propriétaire terrien de mobi-
liser le tiers de la valeur de ses terres sous
forme de billets hypothécaires circulant sous
la eau ion de l'Etat qui en garantirait le
remboursement à l'échéance. 11 pourrait as-
sumer sans crainte cette responsabilité puis-
que les deux tiers de la propriété constitue-
raient la garantie du troisième tiers dont la
valeur serait représentée par les billets hy-
pothécaires.
Dans ce système, le propriétaire devien-
drait son propre prêteur, conserverait l'inté-
gralité de sa propriété et n'aurait d'intérêts
a payer à personne. A l'échéance, l'Etat, par
les mains du percepteur, verserait le mon-
tant du billet à celui qui en serait actuelle-
ment le détenteur, et celui qui l'aurait émis
devrait à ce moment en opérer le rembour-
sement à la caisse du percepteur de sa loca-
lité; faute de quoi, l'Etat, de plein droit,
ferait vendre la terre hypothéquée, c'est-à-
dire réaliserait le gage.
Il ne m'appartient pas de discuter, d'exa-
miner dans tous ses détails le projet de M.
Loir; je veux seulement le signaler, parce
qu'il m'a paru intéressant, et le renvoyer à
qui de droit, qui de droit étant ici M. Méline,
actuellement président du conseil, et père,
comme on sait, de tous les cultivateurs
français.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER
UNE ÉMEUTE VILLAGEOISE
Une scène émouvante s'est passée avant-
hier à Nagyfala (Hongrie). Le baron Joham
Banffy en se rendant sur le terrain de ses
chasses se prit de querelle avec un paysan.
Dans la lutte, le fusil du baron partit
malheureusement et son adversaire tomba
mortellement frappé.
En apprenant cette nouvelle quelques
paysans coururent trouver le curé, et sur
son refus de sonner les cloches pour ameu-
ter la population forcèrent la porte de
l'église, pénétrèrent dans le clocher et en
sonnant le tocsin réunirent tous les habi-
tants.
La foule des villageois courut alors au
château qu'elle commença à bombarder à
coups de pierres. Les gendarmes, accourus
au plus vite, reçurent des projectiles et l'un
d'eux ayant été blessé, ils firent feu sur les
mutins. Une femme fut mortellement at-
teinte
Il fallut faire venir un important détache-
ment de gendarmes pour permettre au
baron Banffy de se retirer avecfsa famille.
LA TROUÉE DU BOULEVARD RASPAIL
Retraites ombreuses — Meïssas et Michelet
Une sœur de Napoléon
La Tallien et la veillée des armes
de Brumaire.
Le boulevard Raspail finira par percer !
« Télescope » chaque année, il s'allonge
quelque peu, trouant çà et là de vieux hôtels
séculaires du noble faubourg, les jardins
aux arbres plus que centenaires où sous
leur ombre discrète erraient :
Princes, prélats,
Marquis à grands fracas,
Et les belles ambitieuses
Dont vous avez compté les pas.
Quel heureux monde en ces bosquet.,
Que de grands seigneurs, de laquais,
Que de duchesses, de caillettes,
De talons rouges, de paillettes,
Que de soupirs et de caquets,
Que de plumets et de calottes,
De falbalas et de culottes,
Que de poudre sous ces berceaux I
L'amorce du boulevard qui longe le mur
de l'abbaye aux Bois, où le dernier des
Natchez, Châteaubriand, allait chaque jour
mettre aux pieds de la belle Récamier son
éternel ennui et son encens platonique, a
détruit l'ancien hôtel de Fillière, construit
sur l'emplacement d'une manufacture de ta-
pisserie. ,
Sous la Restauration, le doux Michelet
tenait une institution préparatoire à Saint-
Cyr, surnommée les Volailles à cause du
costume polychrome des élèves. C'est là
qu'il perpétrai avec son complice Meïssas,
une géographie et un atlas pas bien. mé-
chants. V ::,..:
La vole nouvelle va détt_';"Ales',
-..
séculaires de ce qui reste du parc du due
de BeauvilJier de Saint-Aignan et jeter bas
1 ancic-n et majestueux hÔ/el du président à
mortier Potier de Novionetfut acheté par le
prince de Chimay qui épousa Mme Tallien.
C'est là où la princesse qui avait tant fait
cascader sa veriu fit connaissance du
grand seigneur qui s'en éprit follement à
une soirée qui fut la répétition générale de
la prise d'armes de Brumaire, du 1er acte de
ce coup d'Etat qui se fit, au matin, rue
Chantereine. Mme Tallien, comme d'autres
belles du temps racolait pour Bonaparte les
vieux grognards que l'on fit asseoir sur des
tambours pris à l'Ambigu et qui passaient,
pour les tambours d'Arcole. '.¡,
LA VIE DE PARIS
Par HENRY FOUQUIER
Voici, enfin, terminé ce scandaleux
et bizarre procès londonnien entre lady
Scott et son gendre lord Russel. Le
procès a fini à l'honneur de celui-ci. Il
paraît que, décidément, sa belle-mère
avait tort quand elle prétendait que ce
grand seigneur avait fait de son yacht
de plaisance une façon de harem dont
ses matelots étaient les houris. Mais
lady Scott, tout en allant en prison, ne
parait pas avoir désarmé. Elle n'a pas
voulu rétracter, à l'audience, ses accu-
sations ni désavouer le libellé où elle
les avait accumulées, alors que ce
désaveu eut permis au juge de ne pas
l'envoyer, pour huit mois, sur « la
paille humide ». Et ses amis, ne vou-
lant pas non plus avoir le dernier mot,
vont redisant que si on a pu condamner
lady Scott comme calomniatrice de son
gendre, c'est que le principal témoin et
complice des petites fêtes auxquelles
on prétend qu'il se livrait a eu la fâ-
cheuse idée de mourir. Sans cela, ajou-
tent-ils, le noble seigneur aurait dû être
envoyé tenir compagnie à ce pauvre
Oscar Wilde, que la justice anglaise a
la cruauté de ne pas vouloir relâcher,
qui est très malade, et qui pourrait bien
payer de sa vie le tort qu'ont beaucoup
d'Anglais « très bien » de se montrer
trop imprégnés des mœurs antiques
par la belle éducation classique de leurs
trèb savantes universités, où l'on fait
encore des vers grecs. Da tout cela,
d'ailleurs, croyez-en ce que vous vou:.-
drez.
11 se peut que l'opinion, en Angle-
terre, reste un peu hésitante, à en ju-
ger par la douceur de la peine infiigée.
à lady Scott et par les atténuations
aussitôt obtenues par elle aux rigueurs
du régime de la prison. Tandis qu'il a
été impossible, au nom de l'humanité
même, de soustraire Oscar Wilde aux
affreuses rigueurs du hard labour, lady
Scott est moins prisonnière qu'inter-.
née. Elle a obtenu de ne pas porter le
costume des prisonnières, de se faire
meubler sa cellule à son goût, d'y faire
venir sa nourriture et d'y recevoir des
visites. C'est le régime, relativement
bien doux, auquel étaient soumis, sous
l'Empire, les journalistes qu'on empri-
sonnait à Sainte Pélagie. Il se peut très
bien aussi que lady Scott soit traitée
avec tant de douceur, tout simplement
parce que, tout en la trouvant coupable
envers son gendre, on ait trouvé que
ces mauvais sentiments, de belle-mère
à gendre, sont quelque chose de très
naturel, d'inéluctable même, dont il
suffit de punir, doucement et en lel
excusant, les manifestations par trop
excentriquement violentes.
Cette idée que les hommes qui se ma-
rient trouvent fatalement une ennemie
dans leur belle-mère et qu'il en est de
même pour les femmes, est une idée
très répandue et très mise à la mode
par les vaudevillistes qui l'exploitent
depuis longtemps au gré de leur fan-
taisie. Mais je ne crois pas que ce soit
une idée très justifiée par l'expérience.
Tout au contraire, il m'a paru, dans la
vie de Paris, que très souvent les
beaux-parents étaient aux petits soins
pour leurs gendres et brus et que nom-
bre de femmes ne faisaient pas de diffé-
rence entre leurs propres enfants et
leurs enfants d'alliance et d'adoption.
Mais il y a nombre d'idées qui sont
ainsi passées, au théâtre, à l'état
d'axiome et contre lesquelles on ne
doit pas se regimber.
Les conventions du métier, la néces-
sité des préparations, etc., ne sont pas
si fortes encore que ce qu'on peut appe-
ler les conventions morales et de ca-
ractère. Il est à remarquer que lors-
qu'il s'agit de celles-ci, le théâtre est
souvent fort en retard sur les mœursr
contemporaines. C'est que souvent les
hommes de théâtre, au lieu d'observef
la vie telle qu'elle se présente à leurs
yeux autour d'eux,l'observent dans les
œuvres de leurs maîtres et prédéces-
seurs. C'est ainsi que les comiques et
grotesques des vaudevilles se ressem-
blent tant depuis un demi-siècle !
Quoi qu'il en soit, voilà encore un
procès qui ne fortifiera pas le respect
que certaines gens gardaient encore et
que certaines autres voulaient garder
pour l'aristocratie anglaise. L'aristo-
cratie, chez nos voisins, me semble
faire tout ce qui est nécessaire pour
préparer de ses mains sa propre ruine
et rendre plus rapide qu'on ne pouvait
le penser l'avènement et le triomphe da
la démocratie. Quand l'aristocratie,
c'est-à-dire le choix, se suicide de la
sorte, le nombre prend le dessus.
L'aristocratie anglaise en est exacte-
ment à agir comme l'aristocratie fran-
çaise sous le règne de Louis XV et sous
celui de Louis XVI. Ses privilèges ne
sont plus justifiés et compensés ni par
les services qu'elle rend, ni par les ver-
tus qu'elle pratique. Les scandales se
multiplient chez elle d'une façon io"
croyable. Si on compte, depuis une
laits
ITONDATEUR : AUGUSTE MCCUEME
ABONNEMENTS
"L" bMk MsmIi Si: ngfa ha
Jparis. 2 fr. 5fr. 9 fr. 18 fin.
E épartements 2 — 6— 41 — 20 -
mon Postale 8 - fi — 16 - 83
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~tt~MmM~M~~N Nt~M~MMHt !BNBB ~B~ BBNH! B~BBN NBBNB msB mM~mmMMKMM ! M~RM~o~~
'_DATEUR: AUGU VACOUERIE;
- -
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et <3»
6, Place de la Bourse, 6 >
et AUX BUREAUX DU JOURNAL
RÉDACTION : 131, rue Montmartre, 131
b 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du seir à 1 heure dm matin
'&.
N° 9804. — Mardi 12 Janvier 1897 e
23 NIVOSE AN 105
.--
ADMINISTRATION: 131, rue IIODtmarare. lai
Adresser lettres et mandats à rAdministrateur
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
lE PORT DES ARMES DE GUERRE
Les bagarres de Brest, dont je ne
Veux pas discuter le caractère puisque
fe tribunal militaire a prononcé un
rerdict d'acquittement en faveur de
tous le! accusés, doit ramener l'atten-
tion du punlic et du gouvernement
kir une question bien souvent discu-
tée mais que jamais on n'a osé résou-
dre, celle du port des armes par les
Militaires, en dehors du service.
± Pourquoi des officiers, des sous-of-
ficiers., des soldats traînent-ils, à la
promenade, dans les cafés, dans les
fieux publics les plus mal famés, leurs
Jjjâbres ou leurs baïonnettes? Quel be-
soin ont-ils de ces armes en prenant
ixn apéritf ou en courtisant la nour-
rice du bourgeois? Est-ce pour la dé-
fense de leurs amours accidentelles
eu de leurs petits verres qu'ils ont ces
armes de guerre? N'y a-t-il pas une
pointe de ridicule dans cette attitude
guerrière en des lieux où elle n'a que
faire? Et n'est-il pas très imprudent,
île la part des pouvoirs publics, d'au-
priser des hommes à être munis d'ar-
es dans les lieux où les excitations
le l'alcool et des amours de rencontre
fisquent si fort de troubler leurs cer-
Telles.
Il n'y a guère de villes de garnisons
)ù des bagarres entre ces porteurs de
iabres ne se produisent chaque fois
EU une fête leur fournit l'occasion et
leur donne les moyens de fréquen-
ter un peu plus qu'à l'ordinaire la
bouteille et la femme. Lorsque deux
corps de troupes distincts sont réunis
dans une même ville,, les chances de
désordres et de batailles sont plus
grandes encore. Ce n'est un secret
pour personne, en effet, que des riva-
lités, des hostilités et même des haines
farouches existent entre l'infanterie et
la cavalerie, l'artillerie et les deux
autres armes, la marine et la guerre,
etc.
Parties d'en haut où elles fleurissent
én bel épanouissement, mais où elles
sont contenues dans une certaine me-
sure par l'éducation sociale, ces rivali-
tés et ces haines s'étalent en toute leur
vilaine nudité parmi les sous-officiers
et les soldats des divers corps, et l'on
y a vite fait de tirer le sabre ou la
oaïonnette quand une dispute éclate,
à la suite des libations dont fantassins
et cavaliers, marins et terriens, artil-
leurs et tringlots ne sont pas moins
coutumiers les uns que les autres.
Si la police intervient dans ces ba-
garres, pour les faire cesser, ainsi que
Ses plus élémentaires devoirs le lui
imposent, il est rare qu'elle ne soit
pas quelque peu maltraitée, fantassins
et cavaliers agissent à son égard
comme mari et femme quand un
étranger prétend s'interposer dans les
troubles du ménage. C'est ce qui se
produisit à Brest le jour de la fête des
lirtilleurs. Divers agents déposent de-
fant le tribunal que « les sous-offi-
ciers menaçaient le poste de police le
labre au clair et provoquaient les
igehts ».
***
Les militaires de tous grades sont
d'ailleurs très disposés à ne voir dans
jes faits rien de repréhensible. Des
jous-officiers de Brest interrogés sur
2es actes reprochés à leurs collègues,
sur les menaces aux agents, sur le dé-
gaînement des sabres, sur les batailles
à coups de pinces, etc., déclarent
avec la plus grande tranquillité d'es-
prit « qu'on s'est amusé bruyamment,
c'est tout».
Le conseil de guerre apprécia les
choses de la même façon puisqu'il a
prononcé un verdict d'acquittement
tu r tous les points et à l'égard de tous
faë accusés.
Je ne m'aviserai certainement pas
4e discuter ce verdict : il est ce qu'il
devait être et je suis convaincu qu'il
Mt, en même temps, conforme à la
justice la pîus stricte; je me permet-
irai seulement de demander si des
ouvriers ou des étudiants, ayant traité
la police comme le firent les artilleurs
fie Brest le soir de la Sainte-Barbe,
jouiraient de la même indulgence de-
vant un tribunal de police correction-
(i";:' surtout si les premiers avaient
tre ivi iy.nx» des haches ou des serpes
dont ils font usage dans leurs travaux
professionnels.
j Les officiers des conseils de guerre
I ont bien fait d'acquitter les artilleurs
de Brest, parce qu'en réalité c'est dans
la toléraaeeaccordée aux soldats, dans
l'autorisatioa de porter des armes en
dehors du service et de traîner des
sabres dans les cabarets, qu'il faut
chercher la source de toutes les ba-
garres dont les troupes sont coutu-
mières et de leurs mépris pour tous
les gens, policiers et bourgeois, qui
n'ont au côté ni sabre ni baïonnette.
JUîJ&oFt des armes d^^uerre en de -
hors du service ne peut être légitimé
par aucune raison sérieuse. Il n'est
que la manifestation persistante de la
supériorité que s'attribuaient, au
moyen âge, et que s'attribuent, dans
les pays encore barbares, les gens
d'armes sur leurs concitoyens.
Ce sont mœurs d'un autre âge et
d'une autre civilisation : elles ne con-
viennent ni à une époque où l'intelli-
gence est, même dans l'armée, plus
nécessaire que la force physique, ni à
un pays où le service militaire étant
un devoir imposé à tous les citoyens,
il faut en faire disparaître tout ce qui
tendrait à faire des soldats et de leurs
officiers une classe à part dans la na-
tion. Or, c'est précisément à cela que
conduit le port des armes de guerre
en dehors d-es casernes, des champs
de manœuvres et des camps.
Dans une démocratie, l'on doit
apprendre aux soldats que rien ne les
distingue des paysans, des ouvriers,
des médecins, des avocats, etc., qu'ils
étaient hier et qu'ils redeviendront
après leur service; qu'ils ne jouissent
d'aucun privilège spécial et que rien
ne les dispense d'avoir pour leurs con-
citoyens et pour la police de leur pays,
le respect auquel sont tenus, en vertu
des lois, tous les Français.
Par l'évolution graduelle des mœurs
et desinstitutionspolitiqueset sociales,
notre pays a vu disparaître successive-
ment les seigneurs féodaux et leurs
bandes armées, pour qui le droit du
plus fort tenait lieu de législation ;
puis les troupes de gens d'armes à la
solde des princes et des rois, brigands
pendant la paix, soldats pendant la
guerre; puis les armées prétoriennes
du premier empire, dont la gloire ne
faisait que difficilement supporter la
jactance et les brutalités ; puis les
bataillons plus empanachés que glo-
rieux du troisième empire ; il convient
à notre époque d'effacer les dernières
traces de l'esprit soldatesque et de
voir l'armée n'être plus que l'école
militaire de la nation, école modeste,
laborieuse, plus soucieuse de science
que de galons et de plumets, et justi-
fiant par la correction de sa conduite,
qu'elle est reconnaissante aux labo-
rieux ouvriers et soldats des sacri-
fices qu'ils font pour assurer sa force.
La leçon qu'il faut tirer des bagarres
militaires de Brest et de tous les inci-
dents analogues qui se produisent
quotidiennement, c'est que la néces-
sité s'impose de démocratiser enfin
l'arméé , comme l'administration ,
comme le gouvernement, comme la
République elle-même.
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain un article
de M. Francisque Sarcey
LA LIGUE PARIS-BANLIEUE
TRAINS DES OUVRIERS DANS LA BANLIEUE
La circulaire du ministre
Nous appelons'tout particulièrement l'atten-
tion de nos lecteurs sur le document suivant
que M. Alexandre Lefèvre, sénateur, président
de la Ligue Paris-Banlieue, vient de recevoir de
M. Turrel, ministre des travaux publics :
Monsieur le sénateur,
Vous avez bien voulu me recomman-
der tout particulièrement les demandes
qui ont été adressées à mon adminis-
tration par les délégués de la Ligue
Paris-Banlieue, à l'effet d'obtenir que
de nouvelles facilités soient accordées
pour le transport des ouvriers dans la
banlieue de Paris.
- J'ai l'honneur de vous envoyer un
exemplaire de la circulaire que je viens
d'adresser à ce sujet aux compagnies
de chemins de fer'l
Agréez, monsieur le sénateur, l'assu-
rance de ma haute considération.
Le ministre des travaux publics,
TURREL.
Voici cette circulaire :
A messieurs les administrateurs de la compa-
gnie d. chemin. de fer d.
Messieurs.
Dans la séance du 4 décembre courant, la
Chambre des députés a adopté et le gouver-
nement a accepté la résolution suivante :
« La Chambre, comptant sur la sollicitude
du gouvernement à l'égard des travailleurs,
invite le ministre des travaux publics à in-
tervenir auprès des compagnies de chemins
de fer pour obtenir l'amélioration et l'exten-
sion du service des trains ouvriers dans les
régions a voisinant Paris et les centres in-
dustriels. »
En vous transmettant cette résolution, je
crois devoir, messieurs, appeler d'une ma-
nière toute Darticulière votre attention sur
l'intérêt qu'il y aurait, comme on l'a dit à la
Chambre, à donner aux ouvriers habitant la
petite et même la grande banlieue les faci-
lités nécessaires pour venir travailler à
Paris, notamment dans les chantiers des
travaux de l'Exposition où seront occupés
un nombre considérable d'ouvriers de tous
les corps de métier.
Je me plais à reconnaître que de grands
efforts ont déjà éti faits par les compagnies
de chemins de fer depuis les conventions de
1833 pour amener les ouvriers à Paris, tant
par les réductions importantes qu'elles ont
consenties en leur faveur que par le nombre
de trains qu'elles ont mis à leur disposition.
Toutefois, je constate que, depuis quelques
années, il s'est produit un temps d'arrêt et
que diverses compagnies semblent même
considérer qu'elles ont atteint le maximum
des concessions qu'elles pouvaient faire, !
J'estitne cependant : que le .demies. moà
n'est pas dit sur lamatière 'e&alfU'-èSt -é\}::..
core possible de donner de nouvelles facili-
tés aux ouvriers habitant les environs de
Paris et des centres industriels, en les ad-
mettant dans un plus grand nombre de
trains ou mieux en fixant des périodes dans
la journée pendant lesquelles ils seraient re-
çus dans tous les trains, de façon à faire
profiter des avantages accordés tous les
corps de métier dont les heures de travail
ne sont pas les mêmes. Mais c'est surtout
en élargissant la zone dans laquelle les
cartes d abonnement sont délivrées aux ou-
vriers que l'on arriverait au meilleur ré-
sultat.
Jusqu'ici ces cartes ne sont guère déli-
vrées que pour des distances atteignant 15 à
20 kilomètres au maximum ; il semble que
l'on pourrait aller facilement jusqu'à 25 ki-
lomètres. Le temps de parcours ne serait
guère augmen é ; par contre, les ouvriers
habitant la grande banlieue auraient beau-
coup plus d'avantages pour venir travailler
à Paris, et il est permis de penser que l'on
développerait ainsi un courant de circula
tion qui, dans un temps peu éloigné, com-
penserait les abaissements de recettes qui
se produiraient au début.
Je vous prie donc de reprendre l'examen
des trains ouvriers sur les bases indiquées
par la Chambre des députés et développées
dans la présente circulaire et de me faire
connaître, le plus tôt possible, les mesures
que vous cqmptez prendre pour arriver au
résultat cherché.
Recevez, messieurs, l'assurance de ma
considération très distinguée.
Le ministre des travaux publics,
TUftREL.
——————————————— «3» —
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN
Les courses : à Nice.
— Durée du jour : 9 h. 46.
AU JOUR LE JOUR
C'est demain que le Parlement re-
prend ses travaux. Nos lecteurs savent
ce qui va se passer à la première
séance. Le président Brisson sera réélu
à une grosse majorité, en dépit des
efforts tentés par les opportunistes et
les réactionnaires coalisés pour le faire
échouer.
Car, les modérés, qui reviennent la
tête basse, les élections sénatoriales
constituant pour eux une défaite des
plus sérieuses, suivent maintenant les
conseils du Figaro. Le Figaro est, en
effet, en même temps que son organe
officiel, l'inspirateur de la majorité du
Palais-Bourbon. Acquis depuis long-
temps à la haute finance et aux demi-
mondaines, il est qualitié plus qu'au-
cune autre feuille pour être l'enseigne
de cette majorité composée de deux
groupes : les ennemis de la Républi-
que et les républicains qui ont oublié le
programme républicain.
C'est le Figaro qui a inventé d'oppo-
ser un candidat à M. Brisson et de
même qu'il qualifie les ralliés de pro-
gressistes, il traite le président de la
Chambre et ses amis de socialistes ré-
volutionnaires, presque d'anarchistes.
Le Figaro définissant la République
et opérant le triage des républicains,
c'est à pouffer de rire !
Le malheur est que ni lui ni ses ré-
dacteurs n'ont découvert de candidat
présidentiel sortable, de telle sorte que
M. Brisson sera réélu, sans concur-
rent, aux applaudissements des répu-
blicains.
Tout cela, d'ailleurs, n'empêche pas
le ministère d'être en bien mauvaise
posture. Battu par le corps des élec-
teurs sénatoriaux, disloqué par la no-
mination de M. Doumer, ne sachant où
donner de la tête, manquant plus que
jamais de programme, il est à la merci
du moindre hasard parlementaire. Et
j'imagine qu'il n'ira pas loin.
CHEZ NOUS
— -. Les travaux de «défrichement »du
Jardin de Paris avancent à grand pas, les
tranchées pour l'établissement des deux
chemins de fer destinés à l'enlèvement des
déblais et à l'adduction des matériaux sont
à la veille d'être terminées.
Chaque jour les chariots enlèvent trois ou
quatre arbres qu'ils emportent au bois de
Boulogne, et ce n'est pas là une petite
dépense, l'enlèvement de chaque arbre
nécessite un chariot, trois chevaux et huit
hommes; chaque homme est payé 6 fr.,
chaque cheval 10 fr., cela fait bien 100 fr.
par arbre qui émigré. Et il y aura bien trois
ou quatre des ormes magnifiques plantés
par le duc d'Antin qui ne pourront faire
le voyage à cause de leur âge et qui de-
vront tomber sous la cognée.
- Hier, au café Américain, sous la
présidence de M. Benjamin Constant, dîner
mensuel de la Cigale, cette « Académie du
Midi » comme l'appelait Paul Arène, un de
ses fondateurs.
Autour de la table une vaste couronne
d'amis du tant regretté conteur poète, en
commémoration duquel prirent leur essor
propos attendris, toasts émus de MM.
Benjamin Constant, Solerau, vice-prési-
dent du tribunal de la Seine et maire d'An-
tibes où Arène vint boire un dernier rayon
de soleil, d'Eugène Lintilhac, etc.
Puis ce furent des vers de Fabié, d'Ogier
d'Ivry, de Roux-Servine, etc., des chants
de Melchissédec, un sonnet finement ému
de Silvain, de la Comédie-Française, à
i'ami défunt et, planant sur le tout, le
chef-d'œuvre que Paul Arène disait volon-
tiers, l'admirable Noël en mer, que nous a
redit avec une émotion transportante la
vibrante et exquise artiste qu'est Louise
Hartmann (Mme Silvain).
Des chants et des vers, des thrènes et
des paroles ailées dans le sourire d'une
aube d'immortalité, n'est-ce pas ainsi, à
l'antique, ô très attique Paul Arène, qu'il
faut pleurer les poètes envolés?
Les morts : : 1
combé hier matin, en son domicile de la
rue du Luxembourg, à une longue et
cruelle maladie.
Protectionniste et centre gauche, il avait
représenté la Seine-Inférieure à l'Assem-
blée nationale de 1*871. Il était âgé de
soixante-dix-sept ans.
L'année est dure aux inamovibles. C'est
la dépopulation du Sénat.
On annonce la mort de la comtesse Le-
febvre de Béhaine, femme de l'ancien am-
bassadeur de France auprès du Saint-
Siège.
Les obsèques seront célébrées aujour-
d'hui, à midi, à Notre-Dame-de-Lorette.
France ^t Russie :
L'Académie des sciences de Saint-Pé-
tersbourg a élu hier en séance solennelle,
comme membre honoraire , M. Joseph
Bertrand, de Paris ; comme membres cor-
respondants: MM. Callandrau, membre de
l'Académie des sciences de Paris ; Augusto
Righd, professeur à l'Université de Bo-
logne, et Maxime Collignon, membre
de l'Institut de France, de la section des
inscriptions et belles-lettres.
- Indiscrétion sur les expositions
prochaines :
Le peintre Louis Chalon donnera, au
Cercle de la rue Volney, un très beau por-
trait qu'il vient de terminer, celui de Mme
Gustave Mesureur (Amélie de Wailly). Le
peintre a été une fois de plus bien inspiré,
et sa toile retiendra les regards des visi-
teurs.
- Dons et largesses :
Le New-York Herald publie la dépêche
suivante :
Nice, 10 janvier.
J'apprends de source autorisée qu'indé-
pendamment des 2 millions que la baronn.
de Hirsch a donnés à l'instituteur Pasteur
une même somme de 2 millions va être con-
sacrée par la généreuse donatrice à la fon-
dation d'un hùpilal destiné à recevoir des
enfants anglais atteints de consomption.
La baronn: de Hirsch a déjà chargé le
docteur Goldschmitt, qui est en ce moment
auprès de la princesse de Munaco, de cher-
cher un emplacement convenable au bord
de la mer.
-- M. Flaissières, maire socialiste de
Marseille, en prend vraiment à son aise
avec les règlements.
L'autre jour, se rendant à Aubâgne, il
monta dans un train qui va directement de
Marseille à Toulon sans s'arrêter à cette
stàtion intermédiaire. Le maire de Mar-
seille ne trouva, dès lors, rien de mieux
que de tirer le cordon d'alarme.
Le train stoppa en gare d'Aubagne, et le
docteur Flaissières se préparait à quitter
la gare quand, hélas! un employé du che-
min de fer lui mit la main sur l'épaule, lui
fit décliner ses nom, prénoms et qualités,
et lui dressa procès-verbal.
C'est égal ! déranger ainsi par un arrêt
non prévu l'horaire des trains, c'est risquer
de provoquer un accident où beaucoup de
vies humaines peuvent être supprimées.
Ce sont là jeux de princes. et de po-
tentats collectivistes.
A L'BTRANGER
L'empereur de Russie a conféré au
sculpteur Antokolsky le rang de conseiller
d'Etat, donnant droit au titre d'excellence.
"o.V Des dépêches de Montevideo pro-
clament que M. Glamarelli a découvert le
microbe de la fièvre jaune.
Le Passant.
FAVORITISME ADMINISTRATIF
Les surnuméraires-percepteurs
Nous avons signalé il y a quelque temps (1)
la déplorable situation dans laquelle se
trouvent les surnuméraires-percepteurs de-
puis que le décret du 14 avril 1894 a centra-
lisé toutes les nominations au ministère des
finances.
Nous avons montré comment ce décret
qui devait réduire la durée de leur stage et
hâter leur titularisation, avait eu un résultat
diamétralement opposé, et nous avons indi-
qué quelles étaient les véritables raisons du
peu d'intérêt que leur portait l'administra-
tion.
Un nouvel exemple va nous permettre de
mieux faire ressortir encore l'étendue de
l'injustice dont ils sont victimes.
Il y a eu, en 1895, 174 nominations de per-
cepteurs, se décomposant ainsi : 58 surnu-
méraires, 63 sous-officiors et 58 candidats
exceptionnels.
En 1896, le nombre des nominations a été
plus considérable. Il s'est élevé à 214.
Néanmoins, le chiffre des surnuméraires
titulaiisés a considérablement baissé; de
58 il est tombé à 23.
De même, le nombre des anciens sous-
officiers pourvus d'une perception a rétro-
gradé de, 63 à 42.
Seuls, par conséquent, les candidats ex-
ceptionnels ont été favorisés, puisqu'on leur
a réservé 149 places au lieu de de 58.
Que sont donc ces -149 candidats favori-
sés? VOfficiel va nous le dire.
Il y a parmi eux 16 rédacteurs, commis
ou chefs de bureau de différents ministères,
11 rédacteurs, commis ou chefs de bureau
de l'administration centrale, 8 maires ou
anciens maires, 6 préfets ou sous-préfets,
11 employés des contributions indirectes,
3 employés des contributions directes, 14
officiers et anciens officiers, 3 receveurs
municipaux, 20 employés de préfecture et
sous-préfectures, 36 fondés de pouvoirs de
trésoreries générales ou de recettes des
finances, 5 commis des postes, 6 profes-
seurs et anciens professeurs, 3 conduc-
teurs des ponts et chaussées, 2 conseillers
de préfecture, 1 chef de bureau à l'admi-
nistration des postes, 1 ouvrier à l'Ecole
de pyrotechnie militaire, 1 commis colo-
nial, 1 greffier de tribunal civil, 1 ancien mi-
litaire.
Remarquez bien quo nous no contestons
pas que certaines de ces nominations ne
puissent être parfaitement justifiées. Rien
de plus naturel que d'accorder une percep-
tion à des agents de finances qui ont mon-
tré, soit comme fondés de pouvoirs d'une
trésorerie ou d'une recette, soit comme
employés - des contributions, de très réelles
(4) 'âû re-t8ftî. - î i |
qualités. Mais ces maires, mais ces préfets,
mais ces chefs de bureau, mais tous ces
fonctionnaires d'ordres si divers, quels titres
avaient-ils aux postes qui leur unt été con-
fiés? Pourquoi leur a-t-on sacrifié toute une
catégorie de modestes employés qui, con-
fiants dans les promesses de l'Etat, avaient
accepté un surnumérariat, dans l'espoir de
devenir percepteurs?
Pourquoi?. Ah! vous le devinez, parce
qu'ils avaient de puissantes pro ections et
que ceux-ci, hélas ! n'avaient à invoquer en
leur faveur que les services rendus!.
Nous aimons à penser qu'il sa trouvera
un député, lors de la discussion du budget
des finances, pour venir protester à la tri-
bune contre de pareilles mœurs et rappeler
en même temps à M. le ministre des finan-
ces que la loi accorde aux surnuméraires le
tiers des nominations.
On en a nommé 23 sur 214 en 1896. C'est
donc au total pour cette seuleannée48 postes
qui ont été soustraits à ceux à qui ils de-
vaient légitimement revenir. Il faut qu'on
répare cette injustice en 1897! — A. H.
LE CRÉDIT AGRICOLE
Comme la réforme fiscale, comme la ré-
forme de l'impôt des boissons, comme la
réforme du code d'instruction criminelle, et
extern, le crédit agricole est une chose dont
on parle. Dont on parle depuis fort long-
temps déjà; dont, selon toutes vraisemblan-
ce-, on parlera fort longtemps encore avant
d'agir. Sur la nécessité, sur l'urgence de
doter les travailleurs agricoles de cet indis-
pensable outil qui s'appelle le crédit, il y a
unanimité ; mais cet accord ne dùre guère
au delà de la proclamation du principe. Cer-
tains ont sur la question leurs idées parti-
culières dont ils no veulent pas démordre ;
beaucoup n'ont que des idées vagues ; un
plus grand nombre n'ont pas d idées du tout,
sj contentent du mot : crédit agricole, avec
rien derrière. Confusion, obscurité.
Un de nos abonnés d'Arras, M. Erasme
Loir me soumet une petite brochure que j'ai
lue avec le plus grand intérêt, bien que n'é-
tant pas ici d'une bien forte compétence. Le
système exposé m'a paru ingénieux et clair.
Pourrai-je être aussi clair en résumant en
vingt lignes les trente pages de la brochure?
Je le voudrais. — Il s'agit, une revision du
cadastre, ayant permis d'établir de façon in-
discutable l'identité des parcelles et l'au-
thenticité des titres de propriété, de per-
mettre à tout propriétaire terrien de mobi-
liser le tiers de la valeur de ses terres sous
forme de billets hypothécaires circulant sous
la eau ion de l'Etat qui en garantirait le
remboursement à l'échéance. 11 pourrait as-
sumer sans crainte cette responsabilité puis-
que les deux tiers de la propriété constitue-
raient la garantie du troisième tiers dont la
valeur serait représentée par les billets hy-
pothécaires.
Dans ce système, le propriétaire devien-
drait son propre prêteur, conserverait l'inté-
gralité de sa propriété et n'aurait d'intérêts
a payer à personne. A l'échéance, l'Etat, par
les mains du percepteur, verserait le mon-
tant du billet à celui qui en serait actuelle-
ment le détenteur, et celui qui l'aurait émis
devrait à ce moment en opérer le rembour-
sement à la caisse du percepteur de sa loca-
lité; faute de quoi, l'Etat, de plein droit,
ferait vendre la terre hypothéquée, c'est-à-
dire réaliserait le gage.
Il ne m'appartient pas de discuter, d'exa-
miner dans tous ses détails le projet de M.
Loir; je veux seulement le signaler, parce
qu'il m'a paru intéressant, et le renvoyer à
qui de droit, qui de droit étant ici M. Méline,
actuellement président du conseil, et père,
comme on sait, de tous les cultivateurs
français.
LUCIEN VICTOR-MEUNIER
UNE ÉMEUTE VILLAGEOISE
Une scène émouvante s'est passée avant-
hier à Nagyfala (Hongrie). Le baron Joham
Banffy en se rendant sur le terrain de ses
chasses se prit de querelle avec un paysan.
Dans la lutte, le fusil du baron partit
malheureusement et son adversaire tomba
mortellement frappé.
En apprenant cette nouvelle quelques
paysans coururent trouver le curé, et sur
son refus de sonner les cloches pour ameu-
ter la population forcèrent la porte de
l'église, pénétrèrent dans le clocher et en
sonnant le tocsin réunirent tous les habi-
tants.
La foule des villageois courut alors au
château qu'elle commença à bombarder à
coups de pierres. Les gendarmes, accourus
au plus vite, reçurent des projectiles et l'un
d'eux ayant été blessé, ils firent feu sur les
mutins. Une femme fut mortellement at-
teinte
Il fallut faire venir un important détache-
ment de gendarmes pour permettre au
baron Banffy de se retirer avecfsa famille.
LA TROUÉE DU BOULEVARD RASPAIL
Retraites ombreuses — Meïssas et Michelet
Une sœur de Napoléon
La Tallien et la veillée des armes
de Brumaire.
Le boulevard Raspail finira par percer !
« Télescope » chaque année, il s'allonge
quelque peu, trouant çà et là de vieux hôtels
séculaires du noble faubourg, les jardins
aux arbres plus que centenaires où sous
leur ombre discrète erraient :
Princes, prélats,
Marquis à grands fracas,
Et les belles ambitieuses
Dont vous avez compté les pas.
Quel heureux monde en ces bosquet.,
Que de grands seigneurs, de laquais,
Que de duchesses, de caillettes,
De talons rouges, de paillettes,
Que de soupirs et de caquets,
Que de plumets et de calottes,
De falbalas et de culottes,
Que de poudre sous ces berceaux I
L'amorce du boulevard qui longe le mur
de l'abbaye aux Bois, où le dernier des
Natchez, Châteaubriand, allait chaque jour
mettre aux pieds de la belle Récamier son
éternel ennui et son encens platonique, a
détruit l'ancien hôtel de Fillière, construit
sur l'emplacement d'une manufacture de ta-
pisserie. ,
Sous la Restauration, le doux Michelet
tenait une institution préparatoire à Saint-
Cyr, surnommée les Volailles à cause du
costume polychrome des élèves. C'est là
qu'il perpétrai avec son complice Meïssas,
une géographie et un atlas pas bien. mé-
chants. V ::,..:
La vole nouvelle va détt_';"Ales',
-..
séculaires de ce qui reste du parc du due
de BeauvilJier de Saint-Aignan et jeter bas
1 ancic-n et majestueux hÔ/el du président à
mortier Potier de Novionetfut acheté par le
prince de Chimay qui épousa Mme Tallien.
C'est là où la princesse qui avait tant fait
cascader sa veriu fit connaissance du
grand seigneur qui s'en éprit follement à
une soirée qui fut la répétition générale de
la prise d'armes de Brumaire, du 1er acte de
ce coup d'Etat qui se fit, au matin, rue
Chantereine. Mme Tallien, comme d'autres
belles du temps racolait pour Bonaparte les
vieux grognards que l'on fit asseoir sur des
tambours pris à l'Ambigu et qui passaient,
pour les tambours d'Arcole. '.¡,
LA VIE DE PARIS
Par HENRY FOUQUIER
Voici, enfin, terminé ce scandaleux
et bizarre procès londonnien entre lady
Scott et son gendre lord Russel. Le
procès a fini à l'honneur de celui-ci. Il
paraît que, décidément, sa belle-mère
avait tort quand elle prétendait que ce
grand seigneur avait fait de son yacht
de plaisance une façon de harem dont
ses matelots étaient les houris. Mais
lady Scott, tout en allant en prison, ne
parait pas avoir désarmé. Elle n'a pas
voulu rétracter, à l'audience, ses accu-
sations ni désavouer le libellé où elle
les avait accumulées, alors que ce
désaveu eut permis au juge de ne pas
l'envoyer, pour huit mois, sur « la
paille humide ». Et ses amis, ne vou-
lant pas non plus avoir le dernier mot,
vont redisant que si on a pu condamner
lady Scott comme calomniatrice de son
gendre, c'est que le principal témoin et
complice des petites fêtes auxquelles
on prétend qu'il se livrait a eu la fâ-
cheuse idée de mourir. Sans cela, ajou-
tent-ils, le noble seigneur aurait dû être
envoyé tenir compagnie à ce pauvre
Oscar Wilde, que la justice anglaise a
la cruauté de ne pas vouloir relâcher,
qui est très malade, et qui pourrait bien
payer de sa vie le tort qu'ont beaucoup
d'Anglais « très bien » de se montrer
trop imprégnés des mœurs antiques
par la belle éducation classique de leurs
trèb savantes universités, où l'on fait
encore des vers grecs. Da tout cela,
d'ailleurs, croyez-en ce que vous vou:.-
drez.
11 se peut que l'opinion, en Angle-
terre, reste un peu hésitante, à en ju-
ger par la douceur de la peine infiigée.
à lady Scott et par les atténuations
aussitôt obtenues par elle aux rigueurs
du régime de la prison. Tandis qu'il a
été impossible, au nom de l'humanité
même, de soustraire Oscar Wilde aux
affreuses rigueurs du hard labour, lady
Scott est moins prisonnière qu'inter-.
née. Elle a obtenu de ne pas porter le
costume des prisonnières, de se faire
meubler sa cellule à son goût, d'y faire
venir sa nourriture et d'y recevoir des
visites. C'est le régime, relativement
bien doux, auquel étaient soumis, sous
l'Empire, les journalistes qu'on empri-
sonnait à Sainte Pélagie. Il se peut très
bien aussi que lady Scott soit traitée
avec tant de douceur, tout simplement
parce que, tout en la trouvant coupable
envers son gendre, on ait trouvé que
ces mauvais sentiments, de belle-mère
à gendre, sont quelque chose de très
naturel, d'inéluctable même, dont il
suffit de punir, doucement et en lel
excusant, les manifestations par trop
excentriquement violentes.
Cette idée que les hommes qui se ma-
rient trouvent fatalement une ennemie
dans leur belle-mère et qu'il en est de
même pour les femmes, est une idée
très répandue et très mise à la mode
par les vaudevillistes qui l'exploitent
depuis longtemps au gré de leur fan-
taisie. Mais je ne crois pas que ce soit
une idée très justifiée par l'expérience.
Tout au contraire, il m'a paru, dans la
vie de Paris, que très souvent les
beaux-parents étaient aux petits soins
pour leurs gendres et brus et que nom-
bre de femmes ne faisaient pas de diffé-
rence entre leurs propres enfants et
leurs enfants d'alliance et d'adoption.
Mais il y a nombre d'idées qui sont
ainsi passées, au théâtre, à l'état
d'axiome et contre lesquelles on ne
doit pas se regimber.
Les conventions du métier, la néces-
sité des préparations, etc., ne sont pas
si fortes encore que ce qu'on peut appe-
ler les conventions morales et de ca-
ractère. Il est à remarquer que lors-
qu'il s'agit de celles-ci, le théâtre est
souvent fort en retard sur les mœursr
contemporaines. C'est que souvent les
hommes de théâtre, au lieu d'observef
la vie telle qu'elle se présente à leurs
yeux autour d'eux,l'observent dans les
œuvres de leurs maîtres et prédéces-
seurs. C'est ainsi que les comiques et
grotesques des vaudevilles se ressem-
blent tant depuis un demi-siècle !
Quoi qu'il en soit, voilà encore un
procès qui ne fortifiera pas le respect
que certaines gens gardaient encore et
que certaines autres voulaient garder
pour l'aristocratie anglaise. L'aristo-
cratie, chez nos voisins, me semble
faire tout ce qui est nécessaire pour
préparer de ses mains sa propre ruine
et rendre plus rapide qu'on ne pouvait
le penser l'avènement et le triomphe da
la démocratie. Quand l'aristocratie,
c'est-à-dire le choix, se suicide de la
sorte, le nombre prend le dessus.
L'aristocratie anglaise en est exacte-
ment à agir comme l'aristocratie fran-
çaise sous le règne de Louis XV et sous
celui de Louis XVI. Ses privilèges ne
sont plus justifiés et compensés ni par
les services qu'elle rend, ni par les ver-
tus qu'elle pratique. Les scandales se
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