Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-04-24
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 avril 1885 24 avril 1885
Description : 1885/04/24 (N5523). 1885/04/24 (N5523).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7542471s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
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DEPARTEMENTS
Trois mois•••«• 13 Sd
Six mois. 27 il
Adresser lettres et mandats .:
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A M. ERNEST LEFÈYTvE a
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1 r T t
BEDACTIoy :. ;
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RéàacÍioD,
De 4 a 6 heures in soir
48 » HUE DE VALOIS. 13
les manuscrits non insères ne seront pas reebi
ANNONCES
âm. Ch. IAGRANGE, CERF et Ct
C, place de la Bourse, 6
Prenez mon Decazes ! dit un journal
f::lleriêz':'trion Decazes rdtt :Un journal
factionnaire aux électeurs qui vont
faire, dimanche, un sénateur dans la
Sironde. « Rendez à la vie publique un
homme qui n'aurait pas dû en être
écarté.) Mon blackboulé est exquis.
)« Il a un regard beau et charmant, qui
paraît si sincère et si affectueux: que le
diplomate le plus fermé a envie de
s'ouvrir à lui. Ses manières sont épa-
nouies, gracieuses, empressées cares-
santes. Il a beaucoup d'esprit. Sa vie
est variée et va de la politique su
théâtre, des lettres à la finance. Il voit
'tout le monde, s'intéresse à tout, et de
chacun et de chaque chose il tire profit.
Il a appris à plier, mais à ne pas rom-
pre. Et ce qui est plus rare que tout
cela, il egt homme d'action et prêt à
payer de sa personne. Il entrerait au
jSénat le fusil sur l'épaule. » Diantre !
est-ce que M. le due Decazes prémédi-
terait de traiter les sénateurs comme
des lapins?
Une autre qualité de M. Decazcs,
C'est la jeunesse. Oh ! jeunesse politique.,
ic Il y a deux sortes d'hommes qui gar-
lient toujours leur jeunesse politique :
3e conspirateur et celui qui aime le
pouvoir pour le pouvoir ». Dans la-
quelle de ces catégories M. Decazes
a-t-il sa place? Dans les deux. — Quel
Spectacle, disait un jeune premier du
Gymnase en arrivant dans un village
puisse, « quel spectacle pour le peintre
e paysage et pour le moraliste ! car je
Xue flatte d'être l'un et l'autre. » M. De-
cazes se flatte d'être à la fois ami du
pouvoir et conspirateur. « Il y a vingt-
cinq ans que M. Decazes connaît l'art
jâe conspirer, et c'est un art qui cesse
d'être secondaire lorsqu'il s'allie à l'art
'de gouverner, et cette alliance est faite
en lui. » Artiste en conspiration et ar-
tiste en gouvernement, que lui man-
que-t-il?
Il est encore autre chose 1 M. De-
cazes est un vent. « Il entraînerait à la
Monarchie la masse qui attend le vent. »
li ne serait pas plus tôt au palais du
Luxembourg que le comte de Paris
Serait au palais de l'Elysée.
Eh bien, le croirez-vous, races fu-
tures? ce joli duc dont le regard « pa-
raît « sincère, cet homme caressant qui
entrerait au Sénat le fusil sur l'épaule,
te grand politique en qui s'allient les
extrêmes, ce conspirateur gouverne-
mental, ce vent! le comte de Paris le
méconnaît. Tel est le bandeau que
Dieu met sur les yeux des princes. Il
existe un homme qui, rien qu'en souf-
fiant, balayerait la République et res-
susciterait la monarchie, et celui qui
aspire à être le monarque « semble
éviter de prendre cet homme pour
Conseiller » et « le tient un peu éloi-
gné » !
Sous i quel prétexte? Sous le prétexte
que cet homme et ses amis l'ont eu, ce
pouvoir qu'ils redemandent aux élec-
teurs, et pendant des années, et qu'a-
lors « ces monarchistes n'ont pas fait la
monarchie, mais ont fondé la Répu-
blique ».• Sous le prétexte qu' « ils.
sont chargés de l'impopularité qui
s'attache aux choses qui n'ont pas
, réussi ». Sous le prétexte que les mi-
nistres du Yingt-quatre-Mai et duSeize-
Mai « ne sont pas en grâce auprès du
pays » et que, lorsqu'on n'est pas en
grâce auprès du pays, on se surfait en
se donnant pour un vent qui entraîne
les masses.
Oui, mais si M. Decazes rentrait en
grâce auprès du pays? Il rentrerait, du
même coup, en grâce auprès du prince.
Le Gaulois espère que cette rentrée en
grâce se fera dimanche prochain. Et
comment les électeurs sénatoriaux de
la Gironde ne nommeraient - ils pas
M. Decazes?
M. Decazes, « que sa bonne humeur
fait paraître sceptique nest « un pa-
triote attendri »; M. Decazes, « très
avisé et très calme, a des bouillonne-
ments tout français ; on le voit parfois
aussi tempétueux que le duc d'Audif-
fret-Pasquier »; si M. Decazos, devenu
sénateur, redevenait ministre des af-
faires étrangères, « la France serait
l'objet d'égards de la part de l'Allema-
gne ». M. de Bismarck se dirait :
— Decazes ministre ! fichtre ! soyons
poli.
En même temps qu'il promet cela,
M. Louis Teste affirme que a pendant
les quatre années du ministère de M.
Decazes, M. de Bismarck redoutait la
restauration de la monarchie et même
le gouvernement de la République par
les monarchistes : il lui fallait la Répu-
blique gouvernée par les républicains,
pour n'avoir plus rien à redouter de la
France ». On rie s'explique pas très
bien comment M. de Bismarck aurait
plus d'égards pour un gouvernement
qui lui déplairait que pour le gouverne-
ment de ses rêves.
Quant au patriotisme d'un candidat
dont la profession de foi dénonce à
l'Europe la France comme en proie a au
déchaînement de tous les instincts et
de toutes les passions révolulionnaires»,
ce patriotisme-là est bien le patriotisme
royaliste, le patriotisme qui en 1792
envahissait la France avec les Prus-
siens, et qui en 1814 rentrait avec les
Cosaques.
En attendant que M. le duc De-
cazes se réconcilie avec le pays et
son prince, il est amnistié par
les bonapartistes. Ils lui ont juré de
voter pour lui dimanche, et l'on sait ce
que vaut un serment bonapartiste. Mal-
heul'eusément, les bonapartistes et les
royalistes réunis font un total qu'il se-
rait téméraire de comparer à celui des
étoiles du ciel et à,celui des grains de
sable de la mer.
AUGUSTE VACQOERIE.'
Le BiùaUtre de la guerre a reçu cetta nuit
la dépêche suivante du général Brière de
l'Me:
, Hanoï, 21 avril, l h. 30 soir.
Mes lettres sont parvenues aux ofueiers
chinois sur le fleuve Rouge. La suspension
des hostilités existe partout avec rarMée
chinoise.. V - : L
Hier, un officier chinois venant de Lang-
Son a été reçu en parlementaire à Kep.
Il a apporté une lettre du général en
chef à mon adresse, m'annonçant qu'un
officier d'un rang plus élevé va m'être en-
voyé à Hanoï. Je fais remettre au premier
huit lettres du vice-roi de Canton pour les
généraux chinois de la région, la neuvième
étant destinée à Tuyen-Quan.
D'autre part, le consul de Hong-Kong
m'informe qu'une mission composée de
deux commissaires des douanes et de
quatre fonctionnaires chinois avec une
suite de douze Chinois s'embarque au-
jourd'hui à Hong-Kong pour Haîphong et
demande des moyens de transport de Haï-
phong à Tuyen-Quan. Je recevrai cette
mission et je la dirigerai probablement
sur Thuan-Quan.
COULISSES DES CHAMBRES
Dans quatre jours la commission du
budget, élue le jour de la séparation de la
Chambre, commencera ses délibérations.
Elle se réunira lundi prochain 27 avril,
précédant la Chambre de huit jours. De-
puis sa séparation, elle a dû recevoir les
tableaux détaillés du budget de i886 qui
n'avaient pu lui être distribués le jour
même de son élection. Elle sera, par con-
séquent, en mesure de commencer ses
délibérations immédiatement.
Suivant l'usage, le travail préliminaire
va se faire en sous-commissions où l'on
fixera les dépenses des ministères, et les
décisions définitives seront laissées à la
commission réunie en assemblée générale.
Ce travail des sous-commissions sera
très rapide ; ce sara, en quelque sorte, un
simple enregistrement en raison de la si-
militude presque absolue qu'il y a entre
les propositions faites pour 1886 et les
chiffres votés pour 1885.
- M. Sadi-Carnot, le nouveau ministre des
finances, à la différence de son prédéces-
seurs de quelques jours, M. Clamageran,
accepte, sous réserve de légères modifica-
tions de détail, le projet de budget qui lui
a été légué par le cabinet Ferry.
Il y aura toutefois lieu d'apporter quel-
ques modifications aux recettes, On sait,
en effet, qu'on fait état, jusqu'à concur-
rença de 34 millions, du produit des droits
à percevoir en i886 sur les céréales et les
bestiaux en vertu de la loi récemment
votée. Or, il se trouve que la récolte de
1885 s'annonce sous les auspices les plus
favorables et que parsuUe, en ce qui con-
cerne les céréales, l'importation des pro-
duits étrangers tombera beaucoup au-
dessous des prévisions. Le produit des
droits d'entrée sur les blés étrangers sera
donc inférieur aux évaluations qui figu-
rent au projet de budget.
On sera, par suite, obligé de prévoir dès
aujourd'hui cet état de choses et d'y con-
former le projet de budget de 1886, de
manière à éviter tout mécompte dans les
recettes.
Quant à la question de l'emprunt, que
nous avons signalée hier, elle ne paraît
pas devoir se poser immédiatement. Assu-
rément, l'emprunt est inévitable — ainsi
que nous l'avons démontré il y a quelques
jours par l'examen des charges de la dette
flottante et de la situation du Trésor, mais
le cahinet actuel paraît résolu à ajourner
cette question jusqu'après les élections
générales. Il sera possible, par des expé-
dients de trésorerie, de différer le moment
de cet appel au crédit, de manière à ré-
server toute décision à cet égard à la
Chambre nouvelle. Celle-ci, au lendemain
de son élection, plus directement et plus
exactement pénétrée des volontés du pays,
sera plus en mesure que la Chambre ac-
tuelle de décider de mesures aussi im-
portantes qoo celle d'un emprunt de li-
quidation qui ne pourra pas être inférieui
k un milliard.
■ » ..M
LES DEUX SUFFRAGES
La seule objection un peu sérieuse
qu'on ait souvent opposée à l'adoption
du scrutin de liste, c'est qu'il risquait
de mettre l'élection aux mains d'indivi-
dualités sans mandat, de comités se
nommant eux-mêmes et de quelques
coteries agissantes. Il semble, s'il faut
en croire les récits des journaux, que
dans certains centres on veuille justi-
fier, par avance, la critique que nous
venons d'indiquer, au risque de dé-
considérer le scrutin de liste avant
même qu'il soit voté. -
t Il n'est pas douteux qu'on ne saurait
s'y prendre trop tôt pour penser aux
élections prochaines et pour l'élabora-
tion des programmes. Mais tout dépend
de la façon dont cette œuvre prélimi-
naire sera comprise. Dans plusieurs
départements on paraît s'inspirer des
meilleures traditions, procéder de la
façon la plus démocratique à la forma-
tion du comité et n'agir qu'au grand
jour. Mais, dans d'autres, par une ap-
plication au moins bizarre du système
sénatorial des électeurs de droit, on
réunit, dans les petits -coins, de pré-
tendus comités où les gens du suffrage
restreint auraient aisément la haute
main.
Ces pratiques, qui permettraient à des
sénateurs, à de:\ députés surtout, de
présenter aux élections une liste dres-
sée dans l'ombre et qui serait pour eux
la carte forcée, doivent être repoussées
et condamnées par tous les républi-
cains. Le scrutin de liste fonctionnant
ainsi donnerait des résultats plus mau-
vais que le scrutin d'arrondissement
n'en a donné, et ce n'est pas peu dire !
On peut ajouter que ce serait 1 asservis-
sement du suffrage universel au suf-
frage restreint.
Le comité @ départemental, ou con-
grès, n'aura d'autorité légitime que s'il
a reçu une autre délégation que la
sienne propre. Que les électeurs répu-
blicains appelés à en faire partie soient
choisis, comme daiis la Haute-Garonne,
à raison de un par cent, on, comme
dans la Côte-d'Or, à raison de un par
mille, il importe assez peu, si, dans
l'un et l'autre cas, ils sont désignés,
non par leurs concitoyens, mais par le
petit conciliabule placé sous '- la direc-
tion des sénateurs du département.
Or, c'est à cela que les élus du suf-
frage restreint tendent évidemment
dans plusieurs départements. Ils veu-
lent faire de leur petite troupe électo-
rale les cadres permanents du suffrage
universel. Les prétendus congrès dé-
partementaux ne seraient alors, à peu
de chose près, que le collège des élec-
teurs sénatoriaux. Ces électeurs privi-
légiés présenteraient naturellement au
suffrage universel une liste à la hau-
teur du républicanisme du Sénat. Le
tour serait fait ot il n'y aurait plus
qu'une Chambre : le Sénat, comme il
n'y aurait plus qu'un suffrage : le suf-
frage restreint.
Le danger serait grand si les élec-
tions étaient proches, si le temps man-
quait pour déjouer la manœuvre, C'est
la lutte entre les deux suffrages qui se
préparait, avec le concours bienveillant
de l'administrasion pour le suffrage
restreint. Ce concours, par suite du
renversement de M. Waldeck-Rous-
seau, va certainement manquer aux
adversaires du suffrage universel. Mais
qu'on ne s'y trompe pas : c'est contre
lui qu'est dirigée l'organisation électo-
rale dans plusieurs départements, et
c'est aux amis sincères du suffrage uni-
versel à le défondre.
A. GAULIRR.
-' '1 --'
L'émotion est vive, à Londres, dans les
cerclesdiplomatiques. 1
Il se confirme, nous dit une dépêche de
cette ville, que le gouvernement russe au-
rait répondu à la demande d'enquête par
un refus. La Russie considérerait une en-
quête pareille sur la conduite d'un gé-
néral russe comme étant incompatible
avec son honneur militaire. La situation
reste donc très tendue.
On assure que M. Gladstone connaissait
hier soir la situation tout entière, y com-
pris la réponse de la Russie, lors de sa
déclaration à la Chambre des communes.
On pensait qu'à l'occasion de la demande
de crédits, il serait entré dans plus de dé-
tails sur la situation, et l'on croit voir
dans sa discrétion le désir de ne pas pous-
ser les choses à l'extrême, tant qu'il reste
une chance de maintenir la paix; mais
nul doute que le gouvernement anglais ne
soit décidé à une attitude plus résolue.
Tous les renseignements de Saint-Pé-
tersbourg montrent la Russie comme ad-
mirablement préparée à la guerre, et il
n'y a aucune concession à attendre d'elle
sur un terrain où elle considère l'hon-
neur de ses généraux comme mis en
question. :
Nous terminons aujourd'hui, dans
notre feuilleton, le roman de M. Hec-
tor Malot, LE SANG-BLEU.
Nous commencerons, dans notre nu-
méro de dimanche prochain, 26 avril,
la publication de
LES FAUCHEURS
ROMAN PARISIEN
-
PAR -.
VAST-RICOUARD ,.
LA FIN DU REVOLVER
Le tribunal de Versailles d'abord, la cour
de Paris ensuite, viennent de rendre des
jugements qui, mieux que toute l'encre
répandùe par les chroniqueurs, dégoûte-
ront la plus belle partie du genre humain
du vitriol et du ravo!ver. Un vieillard por-
teur d'un nom que Carmen, l'ouverture
de Patrie et la symphonie de Roma ont
rendu célèbre, et notable habitant de
Maisons-sur-Seine, avait conservé au-delà
de la soixantaine toutes les verdeurs
et tous les appétits de la jeunesse. 11
avait jeté son dévolu sur une jolie cou-
turière de la localité, dont la flamme,
est-il besoin de le dire ? ne répondait
qu'insuffisamment à la sienne. Le bar-
bon ne tarda pas à s'apercevoir que ses
charmes séniles seraient impuissants à
triompher de la jeune vertu de sa voisine;
il eut recours à l'astuce, promit le ma-
riage et s'engagea à reconnaître à sa fu-
ture épouse une dot de 150,000 francs. On
lui ferma la porte au nez.
L'astuce ayant échoué, notre roué
sexagénaire appela à son aide la violence.
Un jour que Mlle X. était obligée de pas-
ser dans un coin isolé du parc pour aller
porter un paquet à une cliente, il se dis-
simula derrière une arbre, se précipita sui
elle et allait lui faire à tous égards un
mauvais parti, sans la Providence qui in-
tervint sous forme d'un jardinier.
Après la violence, ce fut le tour de la
calomme. D'abominables papiers, des poé-
sies innommables où Mlle X. rimait d'une
façon très opulente : Ayecmatin^ grja,tin%
étain, furent jetées sous toutes les portes, .,
dans toutes lés boîtes, faisant savoir aux
1,200 habitants du village et de la colonie
que ladite demoiselle donnait le scandale
des mœurs et détournait à trois lieues à la
ronde tous les pères de famille de leurs
devoirs.
Mlle X. aurait envoyé cinq ou six bal-
les dans cette vieille carcasse que peu de
gens, je crois, dans le canton de Saint-
Germain, eussent pris le deuil. Après le
drame du Palais de Justice et le drame de
Tonnerre, il y aurait eu le drame de Mai-
sons-Laffitte, et il va de soi que le verdict
du jury de Seine-et-Oise eût été le même
que ceux du jury de la Seine et du jury
de l'Yonne. Mlle X.., a préféré s'adresser
à la justice, qui lui a prouvé qu'elle avait
eu raison. Elle a infligé à ce vieux maca-
que un nombre respectable de mois de
prison, plus 1,200 fr. d'amende. Enfin, ce
dont on ne saurait trop la louer, elle l'a
condamné à payer une somme de 6,000 fr.
à titre de dommages-intérêts.
Si tous les Morin et les Brisebarre de
France avaient pour prix de leurs persécu-
tions et de leurs poursuites la perspective, ,
non d'un coup de pistolet hypothétique,
mais de 6;000 fr. à payer, il se pourrait
que cette pensée retînt leur langue et ré-
primât leurs ardeurs.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
On assure, dit une dépêche du Caire,
que le gouvernement anglais, craignant
que l'incident du Bosphore égyptien n'a-
mène la retraite totale ou partielle du ca-
binet Nubar, a envoyé des instructions à
M. Baring en vue de prévenir cette éven-
tualité.
La colonie étrangère, ajoute le même
télégramme, est très émue de l'incident et
loue hautement le gouvernement français
d'avoir rappelé l'administration égyptienne
au respect des capitulations.
lies notables de la colonie française pré..
parent une démarche auprès des députés'
de la nation, afin de faire ressortir l'ur-
gence d'une prompte solution, les intérêts
moraux de la colonie étant compromis par
les procédés de Nubar. ..;.
On croit savoir qu'aucune communica-
tion n'a été échangée entre le gouverne-
ment français et le gouvernement anglais
au sujet de l'incident.
Tout s'est officiellement passé entre le
gouvernement français et l'administration
du khédive.
LES ON-DIT
i
C'est aujourd'hui qu'a lieu à l'Académie
française la réception de M. de Lesseps,
élu le 21 février 1885 en remplacement de
M. Henri Martin.
- Le fauteuil de M. de Lesseps est le sei-
zième de la docte compagnie.
Les titulaires en sont :
J. Baudoin, 1634; Charpentier, 1630;
l'évêque Chamillart, 1702; le maréchal de
Villars, 1714; le duc de Villars, 1734;
Loménie de Brionne, 1770 ; Andrieux,
1795; Thiers, 1834; Henri Martin, 1879,
soit une moyenne de trente ans d'Acaié-
mie par titulaire.
«
« a
Hier, derrière la clôture en planches
élevée sur la place du Carrousel, a été
donné le premier coup de pioche pour
feuilleton du RAPPEL
DU 24 AVRIL
101
LE
SANG BLEU
TROISIÈME PARTIE
XX ;
Quand Papillon eut ramené Nicole au
bas du perron du château, il lui dit bon-
soir, mais elle voulut qu'il entrât avec elle,
et ce fut en le tenant par la main qu'elle
l'introduisit dans le salon où Hériberte
attendait son retour anxieusement en
compagnie du comte, de la comtesse et de
Jean.
'-' — Eh bien? s'écria Hériberte.
De la tête Nicole fit un signe qui di.
éait clairement que son expédition avait
réussi.
)
(Traduction Interdite; reproduction auto-
risée pour les journaux qui ont un traité avec
la Société des gens de lettres, mais après la
lin de la publication en feuilleton dans le
Rappel. )
Xçiv le Ramel du 2 janvier au 23 avril*
— Le vieux coquin a dénoncé le comte?
s'écria Jean.
— Il y a mieux que cette dénonciation,
répondit Nicole, il y a le témoignage que
portera le fusil même qui a tué mon
père.
— Vous avez ce fusil
— Nous savons ou il est est.
Elle raconta ce qu'elle avait entendu en
montrant bien comment l'aveu do Foa-
lard n'avait été obtenu que par la persis-
tance et l'adresse de Papillon.
- Si mon père est vengé, c'est à lui que
nous le devrons, dit-elle en serrant dans
sa petite main blanche la grosse main
noire du charbonnier.
— Soyez assuré que nous nous en sou-
viendrons, dit Hériberte.
Papillon intimidé fit quelques pas du
côté de la porte, mais Nicole le retint.
— Nous avons besoin do vous.
En effet, la question qu'ils avaient déjà
agitée se représentait : fallait-il prévenir
immédiatement la justice?
On la discuta de nouveau, chacun répé-
tant les raisons qu'il avait déjà données :
Jean voulant monter à cheval tout de suite
Nicole soutenant qu'on devrait attendre
encore, M. de Colbosc et Hériberte parta-
gées entre le pour et le contre, Mme de
Colbosc appuyant son fils.
Assis sur le bord de sa chaise, Papillon
écoutait et ne disait rien ; Nicole voulut
qu'il donnât son avis ; il-se défendit assez
longtemps, j>uis à la fin il céda, -.
— Puisque c'est mon avis que vous
voulez, je vous dirai que pour moi, si
j'étais le maître, j'attendrais. Si vous pré-
venez la justice, elle va commencer par
arrêter tout le monde : le comte, ce n'est
que bien; Feulard, il n'a que ce qu'il mé-
rite; mais Chaigneux, ça me fait deuil : rap-
port à mon garçon je ne voudrais pas que
son beau-père aille en prison, c'est assez
de moi. Au contraire, si on trouve tout de
suite le fusil, il n'y a que le comte qu'on
'arrête.
— Et s'il se sauve prévenu par Feulard ?
interrompit Jean. ",
— Il y a un moyen pour que Feulard
ne le prévienne pas, continua Papillon,
c'est de l'envoyer dès demain matin tra-
vailler au bois de Thuit; avec sa pauvre
jambe, il n'en reviendra pas avant diman-
che. D'ici là le fusil sera trouvé et le comte
arrNé.
— Et si le comte apprend nos recher-
ches? répliqua Jean.
— Il n'y a pas de danger qu'on le voie
maintenant du côté de 0 la Bétourre, il a
peur de m'y rencontrer.
— Comment comprenez-vous cette re-
cherche du fusil? demanda M, de Col-
bosc.
Il fallait vider les étangs, ce qui était pos-
sible en coupant un ancien barrage et ea
dégageantle vieux canal envasé depuis qua-
rante ans ; un travail d'un jour ou deux
pour huit ou dix bons ouvriers ; il y aurait
sans doute des »rés noyés de vase. mais
en cette saison ce n'était pas une grande
perte; ,si on le voulait, Papillon se char-
gerait de ce travail avec des ouvriers qu'il
choisirait ; une fois l'étang asséché, la re-
cherche du fusil n'ofirirait aucune diffi-
culté, même quand il serait recouvert
d'une épaisse couche de vase.
L'observation de Papillon était juste :
il n'y avait p s de danger qu'on vît main-
tenant La Senovière à la Bétourre; si après
la mort de Guillaumanche ses pas le por-
taient malgré lui de ce côté, depuis dix
mois ils l'en éloignaient non moins obsti-
nément; quand la route qu'il suivait pas-
sait par là, de loin il en prenait une autre,
car à l'angoisse de voir si son fusil était
ou n'était pas enfuncé dans la vase qui
l'avait tout d'abord attiré, avait succédé
la peur et l'horreur de se retrouver seul
devant le hêtre au pied duquel toutes les
nuits, dans d'horribles cauchemars, il se
trouvait accroupi.
Le travail d'assèchement des étangs
s'accomplit donc sans que La Senevière
en eût connaissance.
Ce fut le troisième jour Seulement que
Théodore, ajant voulu pêcher des écre-
visses dans le ruisseau qui descend de la
Bétourre et rejoint celui des étangs de la
Vivalldcrie, à quinze cents mètres en aval,
lui dit qu'il n'avait pu rien prendre parce
que les eaux étaient troubles et vaseuses
comme si l'on avait curé les étangs d'en
haut.
Les étangs d'en haut! mais c'étaient
ceux de la Bétourre ! Si on les curait, on
allait trouver son fusil. Il était donc per-
du. Il fallait savoir. Mais y aller soi-même,
n'était-ce pas se dénoncer. Il y envoya
Théodore.
Puis, aussitôt qu'il fut seul, il ouvrit
le tiroir où il serrait son argent : deux
louis et quelque menue monnaie ; c'était
tout ce qui lui restait des mille francs que
Tréfouel lui avait versés trois semaines
auparavant, et il ne toucherait rien ayant
huit jours. Deux louis pour se sâuverl Où
aller?
Théodore, en rentrant deux heures
après, le tira de son anéantissement.
- Eh bien ?
- On cure les étangs ; au moment où
j'arrivais on a trouvé dans la vase un petit
fusil court comme celui-là.
Il montra le fusil court accroché au
râtelier.
— Va-ten, misérable! s'écria La Sene-
vière.
Théodore, ébahi, rentra dans sa cuisine.
Il y était depuis trois minutes à peine,
se demandant ce qu'avait son maître,
lorsqu'une détonation retentit dans la
pièce d'où il venait de sortir; effrayé, il
rentra. Son maître était étendu sur le
parquet, la tête fracassée. Théodore se
jeta sur lui, voulut le relover; ln; Sene-
vière retomba inerte.
Bien qu'ffériberte et Nicole habitent la
Senevière huit mois par an, Hériberte ne
va jamais à Condé et Mme de Colbosc ne
vient jamais au château : toutes relations,
toute correspondance ont cessé entre la
fille et la mère, tacitement, sans explica-
tion.
Quel étonnement pour les amis de la
marquise ! Elle leur a expliqué la cause
de cette rupture.
— Ma fille n'osera jamais me revoir ;
elle veut, j'en suis certaine, marier cette
petite à Jean de Colbosc et elle sait que
je ne le lui pardonnerais pas; la malheu-
reuse n'a pas le respect de son sang, et
pourtant son misérable mariage aurait dd
lui donner une leçon.
Bien que Mme de Colbosc montre un
visage en apparence résigné, tout le monde
sait qu'elle est, au fond du cœur, déses-
pérée ; elle se promène toute la nuit dans
ses appartements, on l'entend parler
seule, quelquefois même pousser des crij
étouflés; elle ne dort plus. Evette dit
tout bas à ceux qui le consultent à ce su-
jet que cette agitation désordonnée,
ce manque de sommeil constituent un
état grave qui peut aboutir à la folie.
Et en plaignant cette pauvra marquise.
on n'a pas assez de mots indignés sur
l'ingratitude des enfants.
FIN
IIECTOR MALOT.
.ADMIKISTRATIOH ( , ■
.,,:, , 5.8» MB DE vALoIS f 18 '.- .,
AB O WXEMENTS
Ï»AÏUS
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Siamois ..20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois•••«• 13 Sd
Six mois. 27 il
Adresser lettres et mandats .:
1 9
A M. ERNEST LEFÈYTvE a
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,:::" ., .,; ,. , .,..- - ",
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1 r T t
BEDACTIoy :. ;
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RéàacÍioD,
De 4 a 6 heures in soir
48 » HUE DE VALOIS. 13
les manuscrits non insères ne seront pas reebi
ANNONCES
âm. Ch. IAGRANGE, CERF et Ct
C, place de la Bourse, 6
Prenez mon Decazes ! dit un journal
f::lleriêz':'trion Decazes rdtt :Un journal
factionnaire aux électeurs qui vont
faire, dimanche, un sénateur dans la
Sironde. « Rendez à la vie publique un
homme qui n'aurait pas dû en être
écarté.) Mon blackboulé est exquis.
)« Il a un regard beau et charmant, qui
paraît si sincère et si affectueux: que le
diplomate le plus fermé a envie de
s'ouvrir à lui. Ses manières sont épa-
nouies, gracieuses, empressées cares-
santes. Il a beaucoup d'esprit. Sa vie
est variée et va de la politique su
théâtre, des lettres à la finance. Il voit
'tout le monde, s'intéresse à tout, et de
chacun et de chaque chose il tire profit.
Il a appris à plier, mais à ne pas rom-
pre. Et ce qui est plus rare que tout
cela, il egt homme d'action et prêt à
payer de sa personne. Il entrerait au
jSénat le fusil sur l'épaule. » Diantre !
est-ce que M. le due Decazes prémédi-
terait de traiter les sénateurs comme
des lapins?
Une autre qualité de M. Decazcs,
C'est la jeunesse. Oh ! jeunesse politique.,
ic Il y a deux sortes d'hommes qui gar-
lient toujours leur jeunesse politique :
3e conspirateur et celui qui aime le
pouvoir pour le pouvoir ». Dans la-
quelle de ces catégories M. Decazes
a-t-il sa place? Dans les deux. — Quel
Spectacle, disait un jeune premier du
Gymnase en arrivant dans un village
puisse, « quel spectacle pour le peintre
e paysage et pour le moraliste ! car je
Xue flatte d'être l'un et l'autre. » M. De-
cazes se flatte d'être à la fois ami du
pouvoir et conspirateur. « Il y a vingt-
cinq ans que M. Decazes connaît l'art
jâe conspirer, et c'est un art qui cesse
d'être secondaire lorsqu'il s'allie à l'art
'de gouverner, et cette alliance est faite
en lui. » Artiste en conspiration et ar-
tiste en gouvernement, que lui man-
que-t-il?
Il est encore autre chose 1 M. De-
cazes est un vent. « Il entraînerait à la
Monarchie la masse qui attend le vent. »
li ne serait pas plus tôt au palais du
Luxembourg que le comte de Paris
Serait au palais de l'Elysée.
Eh bien, le croirez-vous, races fu-
tures? ce joli duc dont le regard « pa-
raît « sincère, cet homme caressant qui
entrerait au Sénat le fusil sur l'épaule,
te grand politique en qui s'allient les
extrêmes, ce conspirateur gouverne-
mental, ce vent! le comte de Paris le
méconnaît. Tel est le bandeau que
Dieu met sur les yeux des princes. Il
existe un homme qui, rien qu'en souf-
fiant, balayerait la République et res-
susciterait la monarchie, et celui qui
aspire à être le monarque « semble
éviter de prendre cet homme pour
Conseiller » et « le tient un peu éloi-
gné » !
Sous i quel prétexte? Sous le prétexte
que cet homme et ses amis l'ont eu, ce
pouvoir qu'ils redemandent aux élec-
teurs, et pendant des années, et qu'a-
lors « ces monarchistes n'ont pas fait la
monarchie, mais ont fondé la Répu-
blique ».• Sous le prétexte qu' « ils.
sont chargés de l'impopularité qui
s'attache aux choses qui n'ont pas
, réussi ». Sous le prétexte que les mi-
nistres du Yingt-quatre-Mai et duSeize-
Mai « ne sont pas en grâce auprès du
pays » et que, lorsqu'on n'est pas en
grâce auprès du pays, on se surfait en
se donnant pour un vent qui entraîne
les masses.
Oui, mais si M. Decazes rentrait en
grâce auprès du pays? Il rentrerait, du
même coup, en grâce auprès du prince.
Le Gaulois espère que cette rentrée en
grâce se fera dimanche prochain. Et
comment les électeurs sénatoriaux de
la Gironde ne nommeraient - ils pas
M. Decazes?
M. Decazes, « que sa bonne humeur
fait paraître sceptique nest « un pa-
triote attendri »; M. Decazes, « très
avisé et très calme, a des bouillonne-
ments tout français ; on le voit parfois
aussi tempétueux que le duc d'Audif-
fret-Pasquier »; si M. Decazos, devenu
sénateur, redevenait ministre des af-
faires étrangères, « la France serait
l'objet d'égards de la part de l'Allema-
gne ». M. de Bismarck se dirait :
— Decazes ministre ! fichtre ! soyons
poli.
En même temps qu'il promet cela,
M. Louis Teste affirme que a pendant
les quatre années du ministère de M.
Decazes, M. de Bismarck redoutait la
restauration de la monarchie et même
le gouvernement de la République par
les monarchistes : il lui fallait la Répu-
blique gouvernée par les républicains,
pour n'avoir plus rien à redouter de la
France ». On rie s'explique pas très
bien comment M. de Bismarck aurait
plus d'égards pour un gouvernement
qui lui déplairait que pour le gouverne-
ment de ses rêves.
Quant au patriotisme d'un candidat
dont la profession de foi dénonce à
l'Europe la France comme en proie a au
déchaînement de tous les instincts et
de toutes les passions révolulionnaires»,
ce patriotisme-là est bien le patriotisme
royaliste, le patriotisme qui en 1792
envahissait la France avec les Prus-
siens, et qui en 1814 rentrait avec les
Cosaques.
En attendant que M. le duc De-
cazes se réconcilie avec le pays et
son prince, il est amnistié par
les bonapartistes. Ils lui ont juré de
voter pour lui dimanche, et l'on sait ce
que vaut un serment bonapartiste. Mal-
heul'eusément, les bonapartistes et les
royalistes réunis font un total qu'il se-
rait téméraire de comparer à celui des
étoiles du ciel et à,celui des grains de
sable de la mer.
AUGUSTE VACQOERIE.'
Le BiùaUtre de la guerre a reçu cetta nuit
la dépêche suivante du général Brière de
l'Me:
, Hanoï, 21 avril, l h. 30 soir.
Mes lettres sont parvenues aux ofueiers
chinois sur le fleuve Rouge. La suspension
des hostilités existe partout avec rarMée
chinoise.. V - : L
Hier, un officier chinois venant de Lang-
Son a été reçu en parlementaire à Kep.
Il a apporté une lettre du général en
chef à mon adresse, m'annonçant qu'un
officier d'un rang plus élevé va m'être en-
voyé à Hanoï. Je fais remettre au premier
huit lettres du vice-roi de Canton pour les
généraux chinois de la région, la neuvième
étant destinée à Tuyen-Quan.
D'autre part, le consul de Hong-Kong
m'informe qu'une mission composée de
deux commissaires des douanes et de
quatre fonctionnaires chinois avec une
suite de douze Chinois s'embarque au-
jourd'hui à Hong-Kong pour Haîphong et
demande des moyens de transport de Haï-
phong à Tuyen-Quan. Je recevrai cette
mission et je la dirigerai probablement
sur Thuan-Quan.
COULISSES DES CHAMBRES
Dans quatre jours la commission du
budget, élue le jour de la séparation de la
Chambre, commencera ses délibérations.
Elle se réunira lundi prochain 27 avril,
précédant la Chambre de huit jours. De-
puis sa séparation, elle a dû recevoir les
tableaux détaillés du budget de i886 qui
n'avaient pu lui être distribués le jour
même de son élection. Elle sera, par con-
séquent, en mesure de commencer ses
délibérations immédiatement.
Suivant l'usage, le travail préliminaire
va se faire en sous-commissions où l'on
fixera les dépenses des ministères, et les
décisions définitives seront laissées à la
commission réunie en assemblée générale.
Ce travail des sous-commissions sera
très rapide ; ce sara, en quelque sorte, un
simple enregistrement en raison de la si-
militude presque absolue qu'il y a entre
les propositions faites pour 1886 et les
chiffres votés pour 1885.
- M. Sadi-Carnot, le nouveau ministre des
finances, à la différence de son prédéces-
seurs de quelques jours, M. Clamageran,
accepte, sous réserve de légères modifica-
tions de détail, le projet de budget qui lui
a été légué par le cabinet Ferry.
Il y aura toutefois lieu d'apporter quel-
ques modifications aux recettes, On sait,
en effet, qu'on fait état, jusqu'à concur-
rença de 34 millions, du produit des droits
à percevoir en i886 sur les céréales et les
bestiaux en vertu de la loi récemment
votée. Or, il se trouve que la récolte de
1885 s'annonce sous les auspices les plus
favorables et que parsuUe, en ce qui con-
cerne les céréales, l'importation des pro-
duits étrangers tombera beaucoup au-
dessous des prévisions. Le produit des
droits d'entrée sur les blés étrangers sera
donc inférieur aux évaluations qui figu-
rent au projet de budget.
On sera, par suite, obligé de prévoir dès
aujourd'hui cet état de choses et d'y con-
former le projet de budget de 1886, de
manière à éviter tout mécompte dans les
recettes.
Quant à la question de l'emprunt, que
nous avons signalée hier, elle ne paraît
pas devoir se poser immédiatement. Assu-
rément, l'emprunt est inévitable — ainsi
que nous l'avons démontré il y a quelques
jours par l'examen des charges de la dette
flottante et de la situation du Trésor, mais
le cahinet actuel paraît résolu à ajourner
cette question jusqu'après les élections
générales. Il sera possible, par des expé-
dients de trésorerie, de différer le moment
de cet appel au crédit, de manière à ré-
server toute décision à cet égard à la
Chambre nouvelle. Celle-ci, au lendemain
de son élection, plus directement et plus
exactement pénétrée des volontés du pays,
sera plus en mesure que la Chambre ac-
tuelle de décider de mesures aussi im-
portantes qoo celle d'un emprunt de li-
quidation qui ne pourra pas être inférieui
k un milliard.
■ » ..M
LES DEUX SUFFRAGES
La seule objection un peu sérieuse
qu'on ait souvent opposée à l'adoption
du scrutin de liste, c'est qu'il risquait
de mettre l'élection aux mains d'indivi-
dualités sans mandat, de comités se
nommant eux-mêmes et de quelques
coteries agissantes. Il semble, s'il faut
en croire les récits des journaux, que
dans certains centres on veuille justi-
fier, par avance, la critique que nous
venons d'indiquer, au risque de dé-
considérer le scrutin de liste avant
même qu'il soit voté. -
t Il n'est pas douteux qu'on ne saurait
s'y prendre trop tôt pour penser aux
élections prochaines et pour l'élabora-
tion des programmes. Mais tout dépend
de la façon dont cette œuvre prélimi-
naire sera comprise. Dans plusieurs
départements on paraît s'inspirer des
meilleures traditions, procéder de la
façon la plus démocratique à la forma-
tion du comité et n'agir qu'au grand
jour. Mais, dans d'autres, par une ap-
plication au moins bizarre du système
sénatorial des électeurs de droit, on
réunit, dans les petits -coins, de pré-
tendus comités où les gens du suffrage
restreint auraient aisément la haute
main.
Ces pratiques, qui permettraient à des
sénateurs, à de:\ députés surtout, de
présenter aux élections une liste dres-
sée dans l'ombre et qui serait pour eux
la carte forcée, doivent être repoussées
et condamnées par tous les républi-
cains. Le scrutin de liste fonctionnant
ainsi donnerait des résultats plus mau-
vais que le scrutin d'arrondissement
n'en a donné, et ce n'est pas peu dire !
On peut ajouter que ce serait 1 asservis-
sement du suffrage universel au suf-
frage restreint.
Le comité @ départemental, ou con-
grès, n'aura d'autorité légitime que s'il
a reçu une autre délégation que la
sienne propre. Que les électeurs répu-
blicains appelés à en faire partie soient
choisis, comme daiis la Haute-Garonne,
à raison de un par cent, on, comme
dans la Côte-d'Or, à raison de un par
mille, il importe assez peu, si, dans
l'un et l'autre cas, ils sont désignés,
non par leurs concitoyens, mais par le
petit conciliabule placé sous '- la direc-
tion des sénateurs du département.
Or, c'est à cela que les élus du suf-
frage restreint tendent évidemment
dans plusieurs départements. Ils veu-
lent faire de leur petite troupe électo-
rale les cadres permanents du suffrage
universel. Les prétendus congrès dé-
partementaux ne seraient alors, à peu
de chose près, que le collège des élec-
teurs sénatoriaux. Ces électeurs privi-
légiés présenteraient naturellement au
suffrage universel une liste à la hau-
teur du républicanisme du Sénat. Le
tour serait fait ot il n'y aurait plus
qu'une Chambre : le Sénat, comme il
n'y aurait plus qu'un suffrage : le suf-
frage restreint.
Le danger serait grand si les élec-
tions étaient proches, si le temps man-
quait pour déjouer la manœuvre, C'est
la lutte entre les deux suffrages qui se
préparait, avec le concours bienveillant
de l'administrasion pour le suffrage
restreint. Ce concours, par suite du
renversement de M. Waldeck-Rous-
seau, va certainement manquer aux
adversaires du suffrage universel. Mais
qu'on ne s'y trompe pas : c'est contre
lui qu'est dirigée l'organisation électo-
rale dans plusieurs départements, et
c'est aux amis sincères du suffrage uni-
versel à le défondre.
A. GAULIRR.
-' '1 --'
L'émotion est vive, à Londres, dans les
cerclesdiplomatiques. 1
Il se confirme, nous dit une dépêche de
cette ville, que le gouvernement russe au-
rait répondu à la demande d'enquête par
un refus. La Russie considérerait une en-
quête pareille sur la conduite d'un gé-
néral russe comme étant incompatible
avec son honneur militaire. La situation
reste donc très tendue.
On assure que M. Gladstone connaissait
hier soir la situation tout entière, y com-
pris la réponse de la Russie, lors de sa
déclaration à la Chambre des communes.
On pensait qu'à l'occasion de la demande
de crédits, il serait entré dans plus de dé-
tails sur la situation, et l'on croit voir
dans sa discrétion le désir de ne pas pous-
ser les choses à l'extrême, tant qu'il reste
une chance de maintenir la paix; mais
nul doute que le gouvernement anglais ne
soit décidé à une attitude plus résolue.
Tous les renseignements de Saint-Pé-
tersbourg montrent la Russie comme ad-
mirablement préparée à la guerre, et il
n'y a aucune concession à attendre d'elle
sur un terrain où elle considère l'hon-
neur de ses généraux comme mis en
question. :
Nous terminons aujourd'hui, dans
notre feuilleton, le roman de M. Hec-
tor Malot, LE SANG-BLEU.
Nous commencerons, dans notre nu-
méro de dimanche prochain, 26 avril,
la publication de
LES FAUCHEURS
ROMAN PARISIEN
-
PAR -.
VAST-RICOUARD ,.
LA FIN DU REVOLVER
Le tribunal de Versailles d'abord, la cour
de Paris ensuite, viennent de rendre des
jugements qui, mieux que toute l'encre
répandùe par les chroniqueurs, dégoûte-
ront la plus belle partie du genre humain
du vitriol et du ravo!ver. Un vieillard por-
teur d'un nom que Carmen, l'ouverture
de Patrie et la symphonie de Roma ont
rendu célèbre, et notable habitant de
Maisons-sur-Seine, avait conservé au-delà
de la soixantaine toutes les verdeurs
et tous les appétits de la jeunesse. 11
avait jeté son dévolu sur une jolie cou-
turière de la localité, dont la flamme,
est-il besoin de le dire ? ne répondait
qu'insuffisamment à la sienne. Le bar-
bon ne tarda pas à s'apercevoir que ses
charmes séniles seraient impuissants à
triompher de la jeune vertu de sa voisine;
il eut recours à l'astuce, promit le ma-
riage et s'engagea à reconnaître à sa fu-
ture épouse une dot de 150,000 francs. On
lui ferma la porte au nez.
L'astuce ayant échoué, notre roué
sexagénaire appela à son aide la violence.
Un jour que Mlle X. était obligée de pas-
ser dans un coin isolé du parc pour aller
porter un paquet à une cliente, il se dis-
simula derrière une arbre, se précipita sui
elle et allait lui faire à tous égards un
mauvais parti, sans la Providence qui in-
tervint sous forme d'un jardinier.
Après la violence, ce fut le tour de la
calomme. D'abominables papiers, des poé-
sies innommables où Mlle X. rimait d'une
façon très opulente : Ayecmatin^ grja,tin%
étain, furent jetées sous toutes les portes, .,
dans toutes lés boîtes, faisant savoir aux
1,200 habitants du village et de la colonie
que ladite demoiselle donnait le scandale
des mœurs et détournait à trois lieues à la
ronde tous les pères de famille de leurs
devoirs.
Mlle X. aurait envoyé cinq ou six bal-
les dans cette vieille carcasse que peu de
gens, je crois, dans le canton de Saint-
Germain, eussent pris le deuil. Après le
drame du Palais de Justice et le drame de
Tonnerre, il y aurait eu le drame de Mai-
sons-Laffitte, et il va de soi que le verdict
du jury de Seine-et-Oise eût été le même
que ceux du jury de la Seine et du jury
de l'Yonne. Mlle X.., a préféré s'adresser
à la justice, qui lui a prouvé qu'elle avait
eu raison. Elle a infligé à ce vieux maca-
que un nombre respectable de mois de
prison, plus 1,200 fr. d'amende. Enfin, ce
dont on ne saurait trop la louer, elle l'a
condamné à payer une somme de 6,000 fr.
à titre de dommages-intérêts.
Si tous les Morin et les Brisebarre de
France avaient pour prix de leurs persécu-
tions et de leurs poursuites la perspective, ,
non d'un coup de pistolet hypothétique,
mais de 6;000 fr. à payer, il se pourrait
que cette pensée retînt leur langue et ré-
primât leurs ardeurs.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
On assure, dit une dépêche du Caire,
que le gouvernement anglais, craignant
que l'incident du Bosphore égyptien n'a-
mène la retraite totale ou partielle du ca-
binet Nubar, a envoyé des instructions à
M. Baring en vue de prévenir cette éven-
tualité.
La colonie étrangère, ajoute le même
télégramme, est très émue de l'incident et
loue hautement le gouvernement français
d'avoir rappelé l'administration égyptienne
au respect des capitulations.
lies notables de la colonie française pré..
parent une démarche auprès des députés'
de la nation, afin de faire ressortir l'ur-
gence d'une prompte solution, les intérêts
moraux de la colonie étant compromis par
les procédés de Nubar. ..;.
On croit savoir qu'aucune communica-
tion n'a été échangée entre le gouverne-
ment français et le gouvernement anglais
au sujet de l'incident.
Tout s'est officiellement passé entre le
gouvernement français et l'administration
du khédive.
LES ON-DIT
i
C'est aujourd'hui qu'a lieu à l'Académie
française la réception de M. de Lesseps,
élu le 21 février 1885 en remplacement de
M. Henri Martin.
- Le fauteuil de M. de Lesseps est le sei-
zième de la docte compagnie.
Les titulaires en sont :
J. Baudoin, 1634; Charpentier, 1630;
l'évêque Chamillart, 1702; le maréchal de
Villars, 1714; le duc de Villars, 1734;
Loménie de Brionne, 1770 ; Andrieux,
1795; Thiers, 1834; Henri Martin, 1879,
soit une moyenne de trente ans d'Acaié-
mie par titulaire.
«
« a
Hier, derrière la clôture en planches
élevée sur la place du Carrousel, a été
donné le premier coup de pioche pour
feuilleton du RAPPEL
DU 24 AVRIL
101
LE
SANG BLEU
TROISIÈME PARTIE
XX ;
Quand Papillon eut ramené Nicole au
bas du perron du château, il lui dit bon-
soir, mais elle voulut qu'il entrât avec elle,
et ce fut en le tenant par la main qu'elle
l'introduisit dans le salon où Hériberte
attendait son retour anxieusement en
compagnie du comte, de la comtesse et de
Jean.
'-' — Eh bien? s'écria Hériberte.
De la tête Nicole fit un signe qui di.
éait clairement que son expédition avait
réussi.
)
(Traduction Interdite; reproduction auto-
risée pour les journaux qui ont un traité avec
la Société des gens de lettres, mais après la
lin de la publication en feuilleton dans le
Rappel. )
Xçiv le Ramel du 2 janvier au 23 avril*
— Le vieux coquin a dénoncé le comte?
s'écria Jean.
— Il y a mieux que cette dénonciation,
répondit Nicole, il y a le témoignage que
portera le fusil même qui a tué mon
père.
— Vous avez ce fusil
— Nous savons ou il est est.
Elle raconta ce qu'elle avait entendu en
montrant bien comment l'aveu do Foa-
lard n'avait été obtenu que par la persis-
tance et l'adresse de Papillon.
- Si mon père est vengé, c'est à lui que
nous le devrons, dit-elle en serrant dans
sa petite main blanche la grosse main
noire du charbonnier.
— Soyez assuré que nous nous en sou-
viendrons, dit Hériberte.
Papillon intimidé fit quelques pas du
côté de la porte, mais Nicole le retint.
— Nous avons besoin do vous.
En effet, la question qu'ils avaient déjà
agitée se représentait : fallait-il prévenir
immédiatement la justice?
On la discuta de nouveau, chacun répé-
tant les raisons qu'il avait déjà données :
Jean voulant monter à cheval tout de suite
Nicole soutenant qu'on devrait attendre
encore, M. de Colbosc et Hériberte parta-
gées entre le pour et le contre, Mme de
Colbosc appuyant son fils.
Assis sur le bord de sa chaise, Papillon
écoutait et ne disait rien ; Nicole voulut
qu'il donnât son avis ; il-se défendit assez
longtemps, j>uis à la fin il céda, -.
— Puisque c'est mon avis que vous
voulez, je vous dirai que pour moi, si
j'étais le maître, j'attendrais. Si vous pré-
venez la justice, elle va commencer par
arrêter tout le monde : le comte, ce n'est
que bien; Feulard, il n'a que ce qu'il mé-
rite; mais Chaigneux, ça me fait deuil : rap-
port à mon garçon je ne voudrais pas que
son beau-père aille en prison, c'est assez
de moi. Au contraire, si on trouve tout de
suite le fusil, il n'y a que le comte qu'on
'arrête.
— Et s'il se sauve prévenu par Feulard ?
interrompit Jean. ",
— Il y a un moyen pour que Feulard
ne le prévienne pas, continua Papillon,
c'est de l'envoyer dès demain matin tra-
vailler au bois de Thuit; avec sa pauvre
jambe, il n'en reviendra pas avant diman-
che. D'ici là le fusil sera trouvé et le comte
arrNé.
— Et si le comte apprend nos recher-
ches? répliqua Jean.
— Il n'y a pas de danger qu'on le voie
maintenant du côté de 0 la Bétourre, il a
peur de m'y rencontrer.
— Comment comprenez-vous cette re-
cherche du fusil? demanda M, de Col-
bosc.
Il fallait vider les étangs, ce qui était pos-
sible en coupant un ancien barrage et ea
dégageantle vieux canal envasé depuis qua-
rante ans ; un travail d'un jour ou deux
pour huit ou dix bons ouvriers ; il y aurait
sans doute des »rés noyés de vase. mais
en cette saison ce n'était pas une grande
perte; ,si on le voulait, Papillon se char-
gerait de ce travail avec des ouvriers qu'il
choisirait ; une fois l'étang asséché, la re-
cherche du fusil n'ofirirait aucune diffi-
culté, même quand il serait recouvert
d'une épaisse couche de vase.
L'observation de Papillon était juste :
il n'y avait p s de danger qu'on vît main-
tenant La Senovière à la Bétourre; si après
la mort de Guillaumanche ses pas le por-
taient malgré lui de ce côté, depuis dix
mois ils l'en éloignaient non moins obsti-
nément; quand la route qu'il suivait pas-
sait par là, de loin il en prenait une autre,
car à l'angoisse de voir si son fusil était
ou n'était pas enfuncé dans la vase qui
l'avait tout d'abord attiré, avait succédé
la peur et l'horreur de se retrouver seul
devant le hêtre au pied duquel toutes les
nuits, dans d'horribles cauchemars, il se
trouvait accroupi.
Le travail d'assèchement des étangs
s'accomplit donc sans que La Senevière
en eût connaissance.
Ce fut le troisième jour Seulement que
Théodore, ajant voulu pêcher des écre-
visses dans le ruisseau qui descend de la
Bétourre et rejoint celui des étangs de la
Vivalldcrie, à quinze cents mètres en aval,
lui dit qu'il n'avait pu rien prendre parce
que les eaux étaient troubles et vaseuses
comme si l'on avait curé les étangs d'en
haut.
Les étangs d'en haut! mais c'étaient
ceux de la Bétourre ! Si on les curait, on
allait trouver son fusil. Il était donc per-
du. Il fallait savoir. Mais y aller soi-même,
n'était-ce pas se dénoncer. Il y envoya
Théodore.
Puis, aussitôt qu'il fut seul, il ouvrit
le tiroir où il serrait son argent : deux
louis et quelque menue monnaie ; c'était
tout ce qui lui restait des mille francs que
Tréfouel lui avait versés trois semaines
auparavant, et il ne toucherait rien ayant
huit jours. Deux louis pour se sâuverl Où
aller?
Théodore, en rentrant deux heures
après, le tira de son anéantissement.
- Eh bien ?
- On cure les étangs ; au moment où
j'arrivais on a trouvé dans la vase un petit
fusil court comme celui-là.
Il montra le fusil court accroché au
râtelier.
— Va-ten, misérable! s'écria La Sene-
vière.
Théodore, ébahi, rentra dans sa cuisine.
Il y était depuis trois minutes à peine,
se demandant ce qu'avait son maître,
lorsqu'une détonation retentit dans la
pièce d'où il venait de sortir; effrayé, il
rentra. Son maître était étendu sur le
parquet, la tête fracassée. Théodore se
jeta sur lui, voulut le relover; ln; Sene-
vière retomba inerte.
Bien qu'ffériberte et Nicole habitent la
Senevière huit mois par an, Hériberte ne
va jamais à Condé et Mme de Colbosc ne
vient jamais au château : toutes relations,
toute correspondance ont cessé entre la
fille et la mère, tacitement, sans explica-
tion.
Quel étonnement pour les amis de la
marquise ! Elle leur a expliqué la cause
de cette rupture.
— Ma fille n'osera jamais me revoir ;
elle veut, j'en suis certaine, marier cette
petite à Jean de Colbosc et elle sait que
je ne le lui pardonnerais pas; la malheu-
reuse n'a pas le respect de son sang, et
pourtant son misérable mariage aurait dd
lui donner une leçon.
Bien que Mme de Colbosc montre un
visage en apparence résigné, tout le monde
sait qu'elle est, au fond du cœur, déses-
pérée ; elle se promène toute la nuit dans
ses appartements, on l'entend parler
seule, quelquefois même pousser des crij
étouflés; elle ne dort plus. Evette dit
tout bas à ceux qui le consultent à ce su-
jet que cette agitation désordonnée,
ce manque de sommeil constituent un
état grave qui peut aboutir à la folie.
Et en plaignant cette pauvra marquise.
on n'a pas assez de mots indignés sur
l'ingratitude des enfants.
FIN
IIECTOR MALOT.
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