Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-03-24
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mars 1885 24 mars 1885
Description : 1885/03/24 (N5492). 1885/03/24 (N5492).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75424407
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
1 5492 - Mardi 24 Mars 1885 lie numéro s lOc. <— Départements s 18; e-4 psrminal an 93 — Ne 5492
ADMINISTRATION
18, UDF. DE VALOIS, Il
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois. 20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six mois 27 4
Ailrcssr lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
'ISTR.\:rEUR'G
idl Ë ; BSl
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Réaactioa
De 4 à 6 heures du soir
48, RUE DE VAIiOIS, 18
les manuscrits non insères ne seront jias renctaï
v ANNONCES
n. Ch. IAGRANGE, CERF et C.
C, place de la Bourse, 6
LA DATE DES ÉLECTIONS
Le grand obstacle à voter le scrutin
de liste était qu'en le votant les dépu-
tés craignaient de se mettre à la porte.
Une Chambre qui condamne le scrutin
qui l'a faite se condamne elle-même.
La Chambre du scrutin d'arrondisse-
ment se disait, non sans raison, que le
scrutin de liste ne serait pas plus tôt
entré qu'il la priverait de sortir. La sortie
de la Chambre actuelle serait un mal-
heur dont nous nous consolerions. Son
décès ne nous ferait verser que des lar-
mes faciles à essuyer. Mais nous com-
prenons qu'elle soit moins indifférente
à son existence que nous. « Il est doux
d'aller à la noce, surtout quand il n'en
coûte rien, » chantait-on dans un vieux
vaudeville. Il est doux d'aller à la
Chambre, surtout quand, au lieu de
coûter, ça rapporte neuf mille francs
par an.
M. Jules Ferry a pris en considéra-
tion les angoisses de ces mandataires
du pays qui tremblaient de perdre un
sou de leur traitement. Pour les tran-
quilliser, il leur avait d'abord donné sa
parole de ne mettre fin à leur exis-
tence que le jour où ils le lui deman-
deraient. C'était doux, mais ce n'était
qu'une parole de ministre. Et comme
dit dona Lucrezia, « le Saint-Père
avait promis à Charles VIII de France
ta vie de Zizimi, et Sa Sainteté n'en a
pas moins fait mourir Zizimi ». Si c'est
là ce que vaut une parole papale, que
peut valoir une parole ministérielle?
« Ni rois ni nations ne pourraient vivre
un jour avec la rigidité - des serments
qu'on tiendrait », ajoute la dona sus-
dite. — Ni ministres, pourrait ajouter
le président du conseil.
M. Jules Ferry a senti que sa pro-
messe de n'étrangler la Chambre que le
jour où elle se passerait elle-même la
corde autour du cou n'était capable de
la rassurer qu'incomplètement. Il s'est
dit qu'il fallait un acte. Il a fait an-
noncer qu'il allait déposer sur le bu-
reau de la Chambre le budget de
1886.
Bien joué! Un journal réactionnaire
n'en revient pas. Il « ne saurait trop
rendre justice à l'audacieuse habileté
de la manœuvre ». La Chambre peut
maintenant voter le scrutin de liste
sans risquer d'attenter à ses propres
jours. « On aurait eu de la peine à
trouver, même sur les bancs de la ma-
jorité ministérielle, un grand nothbre
de députés ayant une confiance illimi-
tée à une simple promesse du premier
ministre ; mais comment les plus scep-
tiques, les plus incrédules ne se laisse-
raient-ils pas convaincre en recevant
un exemplaire du budget de 1886? Si
le cabinet avait l'intention de con-
damner la Chambre à une fin préma-
turée, est-ce qu'il lui confierait le soin
n -- —y
de préparer la loi de finances de l'exer-
cice prochain? Est-ce à la veille d'une
dissolution qu'une assemblée est invitée
à entreprendre l'étude du budget ? En
déposant sur le bureau de la Chambre
le travail que vient d'apprêter M. Ti-
rard, le gouvernement ne donne-t-il
pas le plus éclatant démenti aux pro-
jets dont il avait été accusé? » Repré-
sentants du pays, votez en paix le scru-
tin de liste.
Si le vote du budget de 1886 devait
prendre autant de temps que celui du
budget de 1885, lequel n'a fini d'être
voté qu'hier 21 mars, cela garantirait
à la Chambre une jolie quantité de
mois. Elle n'en réclame pas tant, et il
lui suffit d'avoir l'existence assurée jus-
qu'à l'expiration de son mandat légal.
Le dépôt du budget prochain la mènera
très bien jusqu'à cette date. Elle sera
maîtresse, d'ailleurs, de multiplier les
amendements, de traîner sur les arti-
cles, de tirer à la ligne comme les ro-
manciers des petits journaux. Elle
pourra ainsi boire son mandat jusqu'à
la lie.
Mais quelle raison le président du
conseil a-t-il eue de passer ainsi brus-
quement de la parole à l'acte ? Est-ce
uniquement la crainte que la Chambre
refusât de voter le scrutin départemen-
tal s'il ne lui donnait pas la certitude
de la laisser vivre jusqu'à la dernière
minute de son temps normal? Cette
crainte, répond un journal orléaniste,
a été la moindre de ses raisons. Sa
grande raison est qu'au fond « il n'est
plus aussi pressé, bien au contraire,
qu'il y a deux mois, de voir arriver
la date des élections générales ». Il
y a deux mois, il pouvait « se flat-
ter de conclure bientôt avec la
Chine une paix honorable qui soulage-
rait la nation française du cauchemar
de l'expédition tonkinoise. Devant ce
résultat, l'opposition, calculait-il, serait
bien forcée de remettre ses flèches
dans leur carquois. Le public français
est optimiste et crédule ; il aurait bien-
tôt oublié toutes les imprudences, tou-
tes les fautes qui grèvent aujourd'hui
le passif du gouvernement dans cette
affaire. » Hélas! la paix qu'on attendait
n'est pas venue ; « dès lors, comment
oser, dans ces circonstances, affronter
les élections générales ? et ne serait-il
pas téméraire de vouloir les antici-
per? »
Si c'est là la raison du changement
de M. Jules Ferry, ce n'est pas nous
qui le lui reprocherons. Il nous importe
peu qu'il fasse les élections à un mo-
ment plus ou moins favorable pour lui,
mais il nous importe beaucoup qu'il
les fasse à un moment plus ou moins
favorable pour la République. Et le mo-
ment favorable pour la République
n'est pas celui où le pays est engagé
dans une aventure.
Quelle que soit l'explication du brus-
que dépôt du budget de 1886, il garan-
tit à la Chambre plus de durée qu'elle
n'en pourrait exiger honnêtement, et il
lui ôte ainsi sa principale objection au
scrutin de liste.
, AUGUSTE VACQUERIE.
Le ministre de la marine a reçu du
contre-amiral Lespès une dépêche de
Kelung datée du 18 mars, donnant les
noms des tués et blessés grièvement dans
les affaires du 4 au 8 mars.
Les mesures sont prises pour que les
familles soient informées le plus prompte-
ment possible.
L'ensemble des pertes que nous avons
éprouvées dans cette affaire s'élève à :
56 tués ou morts des suites de leurs
blessures, dont 2 officiers.
44 blessés grièvement, dont 3 officiers.
98 blessés légèrement, dont 3 officiers.
L'AVEU PUBLIC
La Gazette de Londres publie, dans
son numéro de vendredi soir, la pièce
suivante qui a été adressée par l'ambas-
sadeur de France au secrétariat d'Etat
anglais pour les affaires étrangères.
Londresr 20 février 1885.
Milord,
Les conditions dans lesquelles se poursuit,
en ce moment, la guerre avec la Chine, ont dé-
cidé le gouvernement de la République à
exercer le droit qui lui appartient de considé-
rer désormais et de traiter le riz comme con-
trebande de guerre. En conséquence je suis
chargé, ofSciellement, de notifier à votre sei-
gneurie que des ordres ont été donnés aux
commandants des forces navales françaises
pour l'exécution de cette mesure, à partir du
26 février.
Mon gouvernement, en faisant choix de la
date indiquée, a voulu laisser aux puissances
neutres le temps de faire au commerce les
notifications nécessaires.
Recevez, etc.,
Signé : WADDINGTON.
Ce document est suivi d'une autre
lettre de M. Waddington portant que le
riz à destination des ports au nord de
Canton sera seul considéré comme con-
trebande de guerre. A Canton et au
sud de cette ville, le trafic sera libre.
Mais ce n'est pas à ce détail que nous
avons à nous arrêter, et il nous a seu-
lement semblé intéressant de relever ,
dans la Gazette officielle de Londres, le
texte même de la dépêche qui, sans dé-
négation possible, constitue le minis-
tère à l'état de rébellion contre la Cons-
titution.
Nous ne savons quelles sont les pièces
diplomatiques dont M. Jules Ferry va
encombrer le Livre jaune qui tarde tant
à paraître. Aucune n'aura l'importance
décisive de la très courte lettre repro-
duite ci-dessus et qui est comme l'aveu
même des coupables. A la date du 20
février, M. Jules Ferry a pris sur lui,
sur lui seul, de substituer l'état de
guerre à cette mauvaise plaisanterie
imaginée par lui et appelée l'état de
représailles. Si l'hypocrisie est encore
un hommage rendu par le vice à la
vertu, l'état de représailles était encore
un acte de soumission apparent à la loi
du pays. La dépêche du 20 février,
écrite par ordre de M. le président du
conseil, dédaigne ces précautions de
langage, mais en même temps elle passe
au travers de la Constitution avec le
sans-gêne le ptus étonnant.
Immédiatement après la discussion
en ce moment pendante devant elle, la
Chambre, par l'interpellation de M. Gra-
net, aura à dire, si en République, les
fantaisies du pouvoir exécutif suffisent
décidément pour nous lancer dans les
aventures les plus scabreuses et les plus
sottes. Une défaillance de plus ne coû-
tera peut-être pas beaucoup plus à la
triste majorité que chacun connaît,
mais, à la veille des élections générales,
elle démontrera, nous l'espérons, aux
plus tièdes, aux plus indifférents l'im-
possibilité de réélire ces mandataires in-
fidèles à tous leurs programmes, et qui,
par incapacité ou par indifférence, en
sont arrivés à compromettre la situa-
tion politique la plus enviable et la
plus belle où puisse se trouver un
pays.
A. GAULlsa.
Elections municipales du 22 lars
5* Arrondissement
QUARTIER DE LA SORBONNE
Première section ------
Inscrits: 1.365 1 Votants: 798
Deschamps 479
Leroy 274
Divers 22
Deuxième section
Inscrits: 1.507 1 Votants : 1.005
Deschamps 650
Leroy 324
Adam 9
Divers 8
Troisième section
Inscrits: 1.517 [ Votants: 970
Deschamps 452
Leroy 459
Adam 7
Divers 5
Voix perdues t
Quatrième section
Inscrits : 1.394 1 Votants : 857
Deschamps 438
Leroy 366
Adam 8
Divers 21
RÉSULTAT COMPLET
Inscrits : 5.783 1 Votants : 3.630
Deschamps, c. s., rép. 2.019
Leroy, rép. 1.424
Camille Adam 24
Divers 77
M. Deschamps est élu.
98 Arrondissement
QUARTIER DE LA CHAUSSÉE D ANTIN
Première section
Inscrits : 1.357 1 Votants : 782
< Berry - 412
Ratier 364
Deuxième section
Inscrits .: 1.525 1 Votants : 784
Berry 423
Ratier 347
Divers 14
Troisième section
Inscrits : 1.484 1 Votants : 873
Berry 436
Ratier 426
Divers 5
RÉSULTAT COMPLET
Inscrits : 4.366 1 Votants ; 2.439
Berry, cons. s. mon. 1.271
Ratier, rép. 1.137
Divers 19
M. Berry est élu.
t30 Arrondissement
QUARTIER DE LA GARE
Première section
Inscrits : 1.412 1 Votants : 808
Navarre 428
Gaston 24
Goullé 86
Paillot 37
Manier 50
Divers 16
Deuxième section
Inscrits : 1.470 1 Votants : 886
Navarre 432
Gaston 156
- Goullé 116
PailloL 97
Manier 62
Troisième section
Inscrits : 1.441 j Volants: J)28
Navarre , 439
Gaston 233
Goullé 405
Paillot 59
Manier 54
Divers 10
Quatrième section
Inscrits: 1.418 1 Votants: 838
Navarre 258
Gaston 239
Goullé tffl
Paillot 115
Manier 66
RÉSULTAT COMPLET
Inscrits : 5.771 1 Votants : 3.520
Navarre, rép. 1.557
Gaston, rép. 839
GouUé, rép. 423
Paillot, rép. 308
Manier, rép. 232
11 y a ballottage.
tse Arrondissement
QUARTIER DE LA CHAPELLE
Première section
- Inscrits: 1.596 1 Vêtants: 1.028
- Boll 444
Lefort 293
Blondeau 262
Mathieu 2
Divers 13
Deuxième section
Inscrits : 1.878 1 Votants : 1.261
Boll 371
Lefort 462
Blondieau 413
Divers 5
-
RÉSULTAT COMPLET 1
Inscrits : 3.474 1 Votants : 2.289
Boll, cons. sort., rép. 815
Lefort, rép. 755
Blondeau, rép. 675
Divers 20
Il y a ballottage.
UN EXEMPLE A SUIVRE
En 1832, la petite ville universitaire de
Gœttingue, déjà célèbre par ses saucisses,
la présence des frères Grimm et les plai-
santeries de Henri Heine, possédait un
étudiant affilié aux Hanoveranert et de
l'avenir duquel les banquiers de la Wen-
derstrasse n'auraient sans doute pas donné
un thaler. Dans l'espace de deux semes-
tres, ce studirende assista à deux cours et
eut dix-sept duels. C'était le fils d'un petit
gentilhomme de la Prusse orientale, qui
vivait assez chichement dans son domaine
patrimonial, le comte von Bismarck-
Schœnhausen.
L'étudiant de 1832 est aujourd'hui
prince, chancelier de l'empire, ministre
des affaires étrangères, du commerce, mi-
nistre à la retraite du grand-duché de
Luxembourg; il touche de ces divers
chefs un appointement qui va dans les
150,000 francs annuellement. A la terre
de Varzin, son souverain, en récompense
de ses services, a ajouté le domaine de
Friedrichsruhe. Son eau-de-vie est renom-
mée, et ses forêts pourvoient au pavage
en bois de Berlin, de Londres, voire
de Paris. Il a marié richement sa fille ;
l'aîné de ses deux fils est occupé dans des
négociations importantes et est en passe
de devenir son successeur.
Les officiers allemands ont estimé que
ces divers avantages n'étaient point suffi-
sants. Aux œufs de vanneau, auxjambons,
aux caisses de cigares, etc., que lui en-
voient ses partisans à l'occasion de son
anniversaire, ils ont voulu joindre cette
année un cadeau plus sérieux. Une sous-
cription a été ouverte par toute l'Alle-
magne dans le dessein d'offrir au chance-
lier un chèque d'un million de marcs le
jour où il aura soixante-dix ans, c'est-à-
dire le 1er avril. Les organisateurs ont ren-
contre certaines difficultés, à Carlsruhe, à
Stuttgart, dans l'Allemagne du Sud, mais
quand on cherche un million pour un mi-
nistre dirigeant on le trouve toujours.
M. de Bismarck aura donc son million.
Qu'en fera-t-il? Je ne me permettrai pas
de lui donner un conseil, je me conten-
terai de lui citer un exemple. Je ne l'em-
prunterai même pas aux annales de la
Révolution, à l'histoire des Hoche, des
Carnot, des Lakanal, des Cambon, de ces
héros du patriotisme et du désintéresse-
ment. Je prendrai simplement un royaliste
comme M. de Bismarck, mais un Fran-
çais.
Le duc de Richelieu, petit-fils de l'ar-
rière-petit-neveu du cardinal, avait émi-
gré en Russie en 1789 où il était devenu
gouverneur d'Odessa. Rentré en France
en 1814, il fut fait pair de France et mi-
nistre des affaires étrangères. En cette
qualité, il signa, le 20 novembre 1815, le
second traité de Paris. Grâce à ses rela-
tions avec le czar, il obtint la réduction
de sept à cinq, puis à trois ans de l'occu-
pation. Enfin, au congrès d'Aix-la-Cha-
pelle, il fit décider l'évacuation immé-
diate du territoire français. A cette occa-
sion une récompense d'un million lui fut
offerte. Il l'accepta (il ne faut jamais re-
fuser l'argent quand on vous l'offre), mais
il la consacra tout entière à la construc-
tion d'un hôpital à Bordeaux.
Le premier ministre de Guillaume Ierne
voudra pas rester en deçà du premier mi-
nistre de Louis XVIII.
FRÉDÉRIC MONTARGtS.
, ♦
LES ON-DIT
Nous avons dit hier que l'exposition de
l'œuvre d'Eugène Delacroix à l'Ecole des
beaux-arts venait de s'enrichir de deux ta-
bleaux de premier ordre : l'Amende honora-
à le et le Martyre de saint EtIenne.
Voici, au sujet du premier de ces ta.
bleaux, des détails curieux :
L Amende honorable (1 mètre 30 cent. de
haut sur 1 mètre 62 de large) a été peinte
en 1831 et exposée au Salon de 1834.
« J'ai trouvé à Rouen de quoi faire un
tableau qui m'inspire assez », écrivait De.
lacroix, le 30 septembre 1831.
C'est, en effet, la salle des Pas-Perdus
du Palais de .Justice de Rouen qu'il a
peinte comme lieu de la scène si drama-
tique qu'il a traduite de Me/moth.
M. Alfred Rabaut, dans son intéressante
biographie de Corot, raconte à ce propos
un mot du grand paysagiste, avec lequel
il fit un voyage à Rouen :
Nous étions assis sur un des bancs qui font
le tour de la salle des Pas-Perdus; il était U
silencieux depuis un moment, les yeux levés
sur les hautes voutes en bois sculpté, quand
tout à coup il s'écria : - Quel homme ! quel
homme !
Je l'nterrogeai. Il revoyait dans sa pensée
le tableau de l'Amende honorable que nous
avions admiré ensemble quelques jours aupa-
ravant dans les galeries Durand-Ruel. Pour lui,
la salle n'était tien , Delà roix était tout,
quoique celui-ci n'eût fait que s'en inspirer
comme fond à des personnages de Melmoth.
L'Amende honorable fut achetée, en
1853, par la duchesse d'Orléans, au prix de
3,100 fr.
En 1857, M. Van Isacker l'acheta 5,450
francs.
M. Bouruet-Àubertot, qui le posséda
ensuite, le céda à M. Brame pour 10,000
francs.
En 1870, à la vente Edwards, il fut adjugé
à 47,000 fr.
L'Amende honorable appartient aujour-'
d'hui à M. Duncan, qui a bien voulu l'en-
voyer de Londres.
nf
co
Les membres du jury de peinture du
prochain Salon ont procédé à la consttiu-
tion de leur bureau.
M. Bouguereau a été élu président ; MM.
Bonnat, Cabanel et Busson, vice-prési-
dents.
Ont été nommés secrétaires : MM. Tony
feuilleton, du RAPPEL
DU 24 MARS
75
LE -
SANG BLEU
DEUXIÈME PARTI.
XXXVIII (Suite)
Avant de faire un seul pas, La Senevière
écouta courbé en deux de façon à rester
caché dans les roseaux : aucun bruit; plus
d'ombres sur les eaux, plus d'ombres dans
les bois; la pâle clarté des étoiles ne per-
mettaient pas de voir bien loin, mais ce
(Traduction interdite; reproduction auto-
risée pour les journaux qui ont un traité avec
la Société des gens de lettres, mais après la
fin de la publication en feuilleton dans le
1tœppeL)
Srie Uafpel du 2 janvier au 23 mars.
qu'on voyait de près avait sa forme pro-
pre, un arbre était un arbre, un buisson
un buisson.
Il fit quelques pas en avant, l'oreille ten-
due ; ses pas glissaient sur la tourbe et
sur les roseaux comme s'il avait marché
sur un épais tapis de feutre ; les appelants
eux-mêmes, toujoursaufc aguets, ne signa-
laient pas sa sortie par leurs cris.
Deux sentiers partaient de son aumuche,
l'un allait à travers des roseaux à celle de
Guillaumanche, l'autre rejoignait droit le
chemin qui courait sous bois, en suivant
les contours de la colline; ce fut celui-là
qu'il prit, marchant lentement, ne faisant
un pas qu'après que le bruit du pas pré-
cédent était éteint; à de certains endroits
découverts, il se mettait à quatre pattes
et n'avançait qu'en rampant, s'arrêtant
tout à coup, immobile pendant plusieurs
minutes.)
Enfin, il gagna le chemin et, se retour-
nant, il regarda en arrière : au-dessous de
lui s'étalaient les deux étangs, aux eaux
noires, qui reflétaient çà et là quelques
étoiles tremblotantes ; au milieu du tas
des herbes et de tourbe apparaissaient
bien distinctes les deux aumuches, la
sienne et celle de Guillaumanche ; on
n'entendait que la bise dans les branches
et le bruissement des feuilles sonores :
dans le lointain, pas un cri d'oiseau.
Avec les mômes précautions qu'il
avait prises pour gravir le sentier, il
descendit le chemin jusqu'à une cépée
où il s'arrêta ; alors, entrant sous bois,
il fit quelques pas et, se mettant à
genoux, il écarta les feuilles sèches si
délicatement qu'il ne fit pas le moin-
dre bruit ; il retira un petit fusil court
à deux coups dont la batterie était enve-
loppée d'un mouchoir ; c'était ce fusil qui
lui servait pour les expéditions mysté-
rieuses et qui avait abattu depuis qu'il vi-
vait à la Vivanderie des centaines de pièces
petites ou grosses, étant aussi sûr pour
les uns que pour les autres dans des
mains comme les siennes ; l'ayant fait bas-
culer il le chargea avec des cartouches
qu'il prit dans sa poche et il reprit sa
marche silencieuse jusqu'à ce qu'il arrivât
au bord de l'étang, mais en contrehaut,
au pied d'un gros hêtre au tronc trapu
qui, attiré par le vide, s'était penché au-
dessus des eaux qu'il couvrait de sa large
cime.
Il se trouvait un peu sur le côté de l'au-
muche de Guillaumanche, à vingt-cinq
mètres d'elle environ et faisant face à la
chatière par laquelle celui-ci devait tirer
quand les canards s'abattraient sur l'é-
tang; mais cette chatière, soit qu'elle ne
fût pas ouverte, soit qu'il fît trop sombre,
il ne la vit point distinctement, elle se
perdait dans le revêtement gris de l'au-
muche.
Il s'appuya contre le hêtre et resta im-
mobile comme le tronc même de l'arbre
avec lequel ses vêtements sombres se con-
fondaient. Le silence se continuait, trou-
blé seulement de temps en temps par le
coin-coin d'un appelant qui tirait sur sa
ficelle. A un certain moment, il crut en-
tendre un léger bruit, en face de lui, de
l'autre côté do l'étaug, comme un four-
millement dans les roseaux qui, sur cette
rive, lui plaisaient une ceinture épaisse.
Surpris, il écouia sans bouger et en rete-
nant sa respiration, mais il n'entendit plus
rien ; sans doute c'était le vent qui, frap-
pant en plein cette rive exposée au nord,
faisait bruire les roseaux ; il était seul,
bien seul, avec Guillaumanche enfermé
dans son aumucho.
Il y avait un quart d'heure à peu près
qu'il était appuyé contre le hêtre, les
yeux en l'air, se demandant si les canards
passeraient ce soir-là, et par conséquent
si la chatière s'ouvrirait, quand tout à coup
il entendit un fort bruit d'ailes venant d'en
haut; en même temps les appelants cap-
tifs, ceux de son étang comme ceux de
l'étang de Guillaumanche, poussèrent
tous ensemble leurs cris qui partaient et
se pressaient comme des feux de salve.
Les canards! c'était bien eut; hauts
dans le ciel, ils décrivaient des cercles au-
dessus des étangs, les sondant pour s'assu-
rer qu'ils étaient sans danger. La Senevière
entendit un craquement du côté de l'au-
muche : c'était Guillaumanche qui ouvrait
la chatière pour lâcher son appelant libre.
Aussitôt, celui-ci s'éleva droit vers la
troupe, qui, rétrécissant ses courbes,
s'abaissa et rasa l'étang, les pattes traî-
nantes, effleurant l'eau, sur laquelle elles
laissaient un sillage blanc.
Ils étaient abattus et autour d'eux ils
faisaient jaillir des gerbes d'eau avec leurs
plongeons et leurs battements d'ailes.
Au milieu de ce tapage, La Senevière
avait armé les deux coups de son fusil et
l'épaulant il avait de la main gauche ap-
puyé le canon contre le hétre, en visant
l'aumuche de Guillaumanche; le tronede
l'arbre affermissait sa main contre un
tremblement qu'il sentait possible et dont
il avait peur.
Il attendait, car la chatière était à peine
visible, et il voulait qu'elle s'éclairât. Ua
long jet de flamme jaillit de la canardière
de Guillaumanche. Instantanément il lâcha
lui-même ses deux coups.
Aussitôt, se jetant le corps en avant, La
Senevière se pencha au-dessus de l'eao
pour se dégager de la fumée et mieux
voir l'aumuche.
Il restait ainsi écoutant, regardant, lors
qu'un bruit de branches et de feuilles
sèches se fit entendre de l'autre cCté de
l'étang, à l'endroit même où quelques
instants auparavant il y avait eu un froisse-
ment de roseaux ; en même temps il crut
apercevoir un corps noir mouvant.
La terreur l'anéantit, et, sans réfléchir,:
sans savoir ce qu'il faisait, la tète perdue,
affolé, il jeta son fusil dans l'étang et se
blottit derrière le hêtre, à genoux dans tef
feuilles sèches.
v HECTOR MALOT. , -
(A M
ADMINISTRATION
18, UDF. DE VALOIS, Il
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois. 20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six mois 27 4
Ailrcssr lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
'ISTR.\:rEUR'G
idl Ë ; BSl
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Réaactioa
De 4 à 6 heures du soir
48, RUE DE VAIiOIS, 18
les manuscrits non insères ne seront jias renctaï
v ANNONCES
n. Ch. IAGRANGE, CERF et C.
C, place de la Bourse, 6
LA DATE DES ÉLECTIONS
Le grand obstacle à voter le scrutin
de liste était qu'en le votant les dépu-
tés craignaient de se mettre à la porte.
Une Chambre qui condamne le scrutin
qui l'a faite se condamne elle-même.
La Chambre du scrutin d'arrondisse-
ment se disait, non sans raison, que le
scrutin de liste ne serait pas plus tôt
entré qu'il la priverait de sortir. La sortie
de la Chambre actuelle serait un mal-
heur dont nous nous consolerions. Son
décès ne nous ferait verser que des lar-
mes faciles à essuyer. Mais nous com-
prenons qu'elle soit moins indifférente
à son existence que nous. « Il est doux
d'aller à la noce, surtout quand il n'en
coûte rien, » chantait-on dans un vieux
vaudeville. Il est doux d'aller à la
Chambre, surtout quand, au lieu de
coûter, ça rapporte neuf mille francs
par an.
M. Jules Ferry a pris en considéra-
tion les angoisses de ces mandataires
du pays qui tremblaient de perdre un
sou de leur traitement. Pour les tran-
quilliser, il leur avait d'abord donné sa
parole de ne mettre fin à leur exis-
tence que le jour où ils le lui deman-
deraient. C'était doux, mais ce n'était
qu'une parole de ministre. Et comme
dit dona Lucrezia, « le Saint-Père
avait promis à Charles VIII de France
ta vie de Zizimi, et Sa Sainteté n'en a
pas moins fait mourir Zizimi ». Si c'est
là ce que vaut une parole papale, que
peut valoir une parole ministérielle?
« Ni rois ni nations ne pourraient vivre
un jour avec la rigidité - des serments
qu'on tiendrait », ajoute la dona sus-
dite. — Ni ministres, pourrait ajouter
le président du conseil.
M. Jules Ferry a senti que sa pro-
messe de n'étrangler la Chambre que le
jour où elle se passerait elle-même la
corde autour du cou n'était capable de
la rassurer qu'incomplètement. Il s'est
dit qu'il fallait un acte. Il a fait an-
noncer qu'il allait déposer sur le bu-
reau de la Chambre le budget de
1886.
Bien joué! Un journal réactionnaire
n'en revient pas. Il « ne saurait trop
rendre justice à l'audacieuse habileté
de la manœuvre ». La Chambre peut
maintenant voter le scrutin de liste
sans risquer d'attenter à ses propres
jours. « On aurait eu de la peine à
trouver, même sur les bancs de la ma-
jorité ministérielle, un grand nothbre
de députés ayant une confiance illimi-
tée à une simple promesse du premier
ministre ; mais comment les plus scep-
tiques, les plus incrédules ne se laisse-
raient-ils pas convaincre en recevant
un exemplaire du budget de 1886? Si
le cabinet avait l'intention de con-
damner la Chambre à une fin préma-
turée, est-ce qu'il lui confierait le soin
n -- —y
de préparer la loi de finances de l'exer-
cice prochain? Est-ce à la veille d'une
dissolution qu'une assemblée est invitée
à entreprendre l'étude du budget ? En
déposant sur le bureau de la Chambre
le travail que vient d'apprêter M. Ti-
rard, le gouvernement ne donne-t-il
pas le plus éclatant démenti aux pro-
jets dont il avait été accusé? » Repré-
sentants du pays, votez en paix le scru-
tin de liste.
Si le vote du budget de 1886 devait
prendre autant de temps que celui du
budget de 1885, lequel n'a fini d'être
voté qu'hier 21 mars, cela garantirait
à la Chambre une jolie quantité de
mois. Elle n'en réclame pas tant, et il
lui suffit d'avoir l'existence assurée jus-
qu'à l'expiration de son mandat légal.
Le dépôt du budget prochain la mènera
très bien jusqu'à cette date. Elle sera
maîtresse, d'ailleurs, de multiplier les
amendements, de traîner sur les arti-
cles, de tirer à la ligne comme les ro-
manciers des petits journaux. Elle
pourra ainsi boire son mandat jusqu'à
la lie.
Mais quelle raison le président du
conseil a-t-il eue de passer ainsi brus-
quement de la parole à l'acte ? Est-ce
uniquement la crainte que la Chambre
refusât de voter le scrutin départemen-
tal s'il ne lui donnait pas la certitude
de la laisser vivre jusqu'à la dernière
minute de son temps normal? Cette
crainte, répond un journal orléaniste,
a été la moindre de ses raisons. Sa
grande raison est qu'au fond « il n'est
plus aussi pressé, bien au contraire,
qu'il y a deux mois, de voir arriver
la date des élections générales ». Il
y a deux mois, il pouvait « se flat-
ter de conclure bientôt avec la
Chine une paix honorable qui soulage-
rait la nation française du cauchemar
de l'expédition tonkinoise. Devant ce
résultat, l'opposition, calculait-il, serait
bien forcée de remettre ses flèches
dans leur carquois. Le public français
est optimiste et crédule ; il aurait bien-
tôt oublié toutes les imprudences, tou-
tes les fautes qui grèvent aujourd'hui
le passif du gouvernement dans cette
affaire. » Hélas! la paix qu'on attendait
n'est pas venue ; « dès lors, comment
oser, dans ces circonstances, affronter
les élections générales ? et ne serait-il
pas téméraire de vouloir les antici-
per? »
Si c'est là la raison du changement
de M. Jules Ferry, ce n'est pas nous
qui le lui reprocherons. Il nous importe
peu qu'il fasse les élections à un mo-
ment plus ou moins favorable pour lui,
mais il nous importe beaucoup qu'il
les fasse à un moment plus ou moins
favorable pour la République. Et le mo-
ment favorable pour la République
n'est pas celui où le pays est engagé
dans une aventure.
Quelle que soit l'explication du brus-
que dépôt du budget de 1886, il garan-
tit à la Chambre plus de durée qu'elle
n'en pourrait exiger honnêtement, et il
lui ôte ainsi sa principale objection au
scrutin de liste.
, AUGUSTE VACQUERIE.
Le ministre de la marine a reçu du
contre-amiral Lespès une dépêche de
Kelung datée du 18 mars, donnant les
noms des tués et blessés grièvement dans
les affaires du 4 au 8 mars.
Les mesures sont prises pour que les
familles soient informées le plus prompte-
ment possible.
L'ensemble des pertes que nous avons
éprouvées dans cette affaire s'élève à :
56 tués ou morts des suites de leurs
blessures, dont 2 officiers.
44 blessés grièvement, dont 3 officiers.
98 blessés légèrement, dont 3 officiers.
L'AVEU PUBLIC
La Gazette de Londres publie, dans
son numéro de vendredi soir, la pièce
suivante qui a été adressée par l'ambas-
sadeur de France au secrétariat d'Etat
anglais pour les affaires étrangères.
Londresr 20 février 1885.
Milord,
Les conditions dans lesquelles se poursuit,
en ce moment, la guerre avec la Chine, ont dé-
cidé le gouvernement de la République à
exercer le droit qui lui appartient de considé-
rer désormais et de traiter le riz comme con-
trebande de guerre. En conséquence je suis
chargé, ofSciellement, de notifier à votre sei-
gneurie que des ordres ont été donnés aux
commandants des forces navales françaises
pour l'exécution de cette mesure, à partir du
26 février.
Mon gouvernement, en faisant choix de la
date indiquée, a voulu laisser aux puissances
neutres le temps de faire au commerce les
notifications nécessaires.
Recevez, etc.,
Signé : WADDINGTON.
Ce document est suivi d'une autre
lettre de M. Waddington portant que le
riz à destination des ports au nord de
Canton sera seul considéré comme con-
trebande de guerre. A Canton et au
sud de cette ville, le trafic sera libre.
Mais ce n'est pas à ce détail que nous
avons à nous arrêter, et il nous a seu-
lement semblé intéressant de relever ,
dans la Gazette officielle de Londres, le
texte même de la dépêche qui, sans dé-
négation possible, constitue le minis-
tère à l'état de rébellion contre la Cons-
titution.
Nous ne savons quelles sont les pièces
diplomatiques dont M. Jules Ferry va
encombrer le Livre jaune qui tarde tant
à paraître. Aucune n'aura l'importance
décisive de la très courte lettre repro-
duite ci-dessus et qui est comme l'aveu
même des coupables. A la date du 20
février, M. Jules Ferry a pris sur lui,
sur lui seul, de substituer l'état de
guerre à cette mauvaise plaisanterie
imaginée par lui et appelée l'état de
représailles. Si l'hypocrisie est encore
un hommage rendu par le vice à la
vertu, l'état de représailles était encore
un acte de soumission apparent à la loi
du pays. La dépêche du 20 février,
écrite par ordre de M. le président du
conseil, dédaigne ces précautions de
langage, mais en même temps elle passe
au travers de la Constitution avec le
sans-gêne le ptus étonnant.
Immédiatement après la discussion
en ce moment pendante devant elle, la
Chambre, par l'interpellation de M. Gra-
net, aura à dire, si en République, les
fantaisies du pouvoir exécutif suffisent
décidément pour nous lancer dans les
aventures les plus scabreuses et les plus
sottes. Une défaillance de plus ne coû-
tera peut-être pas beaucoup plus à la
triste majorité que chacun connaît,
mais, à la veille des élections générales,
elle démontrera, nous l'espérons, aux
plus tièdes, aux plus indifférents l'im-
possibilité de réélire ces mandataires in-
fidèles à tous leurs programmes, et qui,
par incapacité ou par indifférence, en
sont arrivés à compromettre la situa-
tion politique la plus enviable et la
plus belle où puisse se trouver un
pays.
A. GAULlsa.
Elections municipales du 22 lars
5* Arrondissement
QUARTIER DE LA SORBONNE
Première section ------
Inscrits: 1.365 1 Votants: 798
Deschamps 479
Leroy 274
Divers 22
Deuxième section
Inscrits: 1.507 1 Votants : 1.005
Deschamps 650
Leroy 324
Adam 9
Divers 8
Troisième section
Inscrits: 1.517 [ Votants: 970
Deschamps 452
Leroy 459
Adam 7
Divers 5
Voix perdues t
Quatrième section
Inscrits : 1.394 1 Votants : 857
Deschamps 438
Leroy 366
Adam 8
Divers 21
RÉSULTAT COMPLET
Inscrits : 5.783 1 Votants : 3.630
Deschamps, c. s., rép. 2.019
Leroy, rép. 1.424
Camille Adam 24
Divers 77
M. Deschamps est élu.
98 Arrondissement
QUARTIER DE LA CHAUSSÉE D ANTIN
Première section
Inscrits : 1.357 1 Votants : 782
< Berry - 412
Ratier 364
Deuxième section
Inscrits .: 1.525 1 Votants : 784
Berry 423
Ratier 347
Divers 14
Troisième section
Inscrits : 1.484 1 Votants : 873
Berry 436
Ratier 426
Divers 5
RÉSULTAT COMPLET
Inscrits : 4.366 1 Votants ; 2.439
Berry, cons. s. mon. 1.271
Ratier, rép. 1.137
Divers 19
M. Berry est élu.
t30 Arrondissement
QUARTIER DE LA GARE
Première section
Inscrits : 1.412 1 Votants : 808
Navarre 428
Gaston 24
Goullé 86
Paillot 37
Manier 50
Divers 16
Deuxième section
Inscrits : 1.470 1 Votants : 886
Navarre 432
Gaston 156
- Goullé 116
PailloL 97
Manier 62
Troisième section
Inscrits : 1.441 j Volants: J)28
Navarre , 439
Gaston 233
Goullé 405
Paillot 59
Manier 54
Divers 10
Quatrième section
Inscrits: 1.418 1 Votants: 838
Navarre 258
Gaston 239
Goullé tffl
Paillot 115
Manier 66
RÉSULTAT COMPLET
Inscrits : 5.771 1 Votants : 3.520
Navarre, rép. 1.557
Gaston, rép. 839
GouUé, rép. 423
Paillot, rép. 308
Manier, rép. 232
11 y a ballottage.
tse Arrondissement
QUARTIER DE LA CHAPELLE
Première section
- Inscrits: 1.596 1 Vêtants: 1.028
- Boll 444
Lefort 293
Blondeau 262
Mathieu 2
Divers 13
Deuxième section
Inscrits : 1.878 1 Votants : 1.261
Boll 371
Lefort 462
Blondieau 413
Divers 5
-
RÉSULTAT COMPLET 1
Inscrits : 3.474 1 Votants : 2.289
Boll, cons. sort., rép. 815
Lefort, rép. 755
Blondeau, rép. 675
Divers 20
Il y a ballottage.
UN EXEMPLE A SUIVRE
En 1832, la petite ville universitaire de
Gœttingue, déjà célèbre par ses saucisses,
la présence des frères Grimm et les plai-
santeries de Henri Heine, possédait un
étudiant affilié aux Hanoveranert et de
l'avenir duquel les banquiers de la Wen-
derstrasse n'auraient sans doute pas donné
un thaler. Dans l'espace de deux semes-
tres, ce studirende assista à deux cours et
eut dix-sept duels. C'était le fils d'un petit
gentilhomme de la Prusse orientale, qui
vivait assez chichement dans son domaine
patrimonial, le comte von Bismarck-
Schœnhausen.
L'étudiant de 1832 est aujourd'hui
prince, chancelier de l'empire, ministre
des affaires étrangères, du commerce, mi-
nistre à la retraite du grand-duché de
Luxembourg; il touche de ces divers
chefs un appointement qui va dans les
150,000 francs annuellement. A la terre
de Varzin, son souverain, en récompense
de ses services, a ajouté le domaine de
Friedrichsruhe. Son eau-de-vie est renom-
mée, et ses forêts pourvoient au pavage
en bois de Berlin, de Londres, voire
de Paris. Il a marié richement sa fille ;
l'aîné de ses deux fils est occupé dans des
négociations importantes et est en passe
de devenir son successeur.
Les officiers allemands ont estimé que
ces divers avantages n'étaient point suffi-
sants. Aux œufs de vanneau, auxjambons,
aux caisses de cigares, etc., que lui en-
voient ses partisans à l'occasion de son
anniversaire, ils ont voulu joindre cette
année un cadeau plus sérieux. Une sous-
cription a été ouverte par toute l'Alle-
magne dans le dessein d'offrir au chance-
lier un chèque d'un million de marcs le
jour où il aura soixante-dix ans, c'est-à-
dire le 1er avril. Les organisateurs ont ren-
contre certaines difficultés, à Carlsruhe, à
Stuttgart, dans l'Allemagne du Sud, mais
quand on cherche un million pour un mi-
nistre dirigeant on le trouve toujours.
M. de Bismarck aura donc son million.
Qu'en fera-t-il? Je ne me permettrai pas
de lui donner un conseil, je me conten-
terai de lui citer un exemple. Je ne l'em-
prunterai même pas aux annales de la
Révolution, à l'histoire des Hoche, des
Carnot, des Lakanal, des Cambon, de ces
héros du patriotisme et du désintéresse-
ment. Je prendrai simplement un royaliste
comme M. de Bismarck, mais un Fran-
çais.
Le duc de Richelieu, petit-fils de l'ar-
rière-petit-neveu du cardinal, avait émi-
gré en Russie en 1789 où il était devenu
gouverneur d'Odessa. Rentré en France
en 1814, il fut fait pair de France et mi-
nistre des affaires étrangères. En cette
qualité, il signa, le 20 novembre 1815, le
second traité de Paris. Grâce à ses rela-
tions avec le czar, il obtint la réduction
de sept à cinq, puis à trois ans de l'occu-
pation. Enfin, au congrès d'Aix-la-Cha-
pelle, il fit décider l'évacuation immé-
diate du territoire français. A cette occa-
sion une récompense d'un million lui fut
offerte. Il l'accepta (il ne faut jamais re-
fuser l'argent quand on vous l'offre), mais
il la consacra tout entière à la construc-
tion d'un hôpital à Bordeaux.
Le premier ministre de Guillaume Ierne
voudra pas rester en deçà du premier mi-
nistre de Louis XVIII.
FRÉDÉRIC MONTARGtS.
, ♦
LES ON-DIT
Nous avons dit hier que l'exposition de
l'œuvre d'Eugène Delacroix à l'Ecole des
beaux-arts venait de s'enrichir de deux ta-
bleaux de premier ordre : l'Amende honora-
à le et le Martyre de saint EtIenne.
Voici, au sujet du premier de ces ta.
bleaux, des détails curieux :
L Amende honorable (1 mètre 30 cent. de
haut sur 1 mètre 62 de large) a été peinte
en 1831 et exposée au Salon de 1834.
« J'ai trouvé à Rouen de quoi faire un
tableau qui m'inspire assez », écrivait De.
lacroix, le 30 septembre 1831.
C'est, en effet, la salle des Pas-Perdus
du Palais de .Justice de Rouen qu'il a
peinte comme lieu de la scène si drama-
tique qu'il a traduite de Me/moth.
M. Alfred Rabaut, dans son intéressante
biographie de Corot, raconte à ce propos
un mot du grand paysagiste, avec lequel
il fit un voyage à Rouen :
Nous étions assis sur un des bancs qui font
le tour de la salle des Pas-Perdus; il était U
silencieux depuis un moment, les yeux levés
sur les hautes voutes en bois sculpté, quand
tout à coup il s'écria : - Quel homme ! quel
homme !
Je l'nterrogeai. Il revoyait dans sa pensée
le tableau de l'Amende honorable que nous
avions admiré ensemble quelques jours aupa-
ravant dans les galeries Durand-Ruel. Pour lui,
la salle n'était tien , Delà roix était tout,
quoique celui-ci n'eût fait que s'en inspirer
comme fond à des personnages de Melmoth.
L'Amende honorable fut achetée, en
1853, par la duchesse d'Orléans, au prix de
3,100 fr.
En 1857, M. Van Isacker l'acheta 5,450
francs.
M. Bouruet-Àubertot, qui le posséda
ensuite, le céda à M. Brame pour 10,000
francs.
En 1870, à la vente Edwards, il fut adjugé
à 47,000 fr.
L'Amende honorable appartient aujour-'
d'hui à M. Duncan, qui a bien voulu l'en-
voyer de Londres.
nf
co
Les membres du jury de peinture du
prochain Salon ont procédé à la consttiu-
tion de leur bureau.
M. Bouguereau a été élu président ; MM.
Bonnat, Cabanel et Busson, vice-prési-
dents.
Ont été nommés secrétaires : MM. Tony
feuilleton, du RAPPEL
DU 24 MARS
75
LE -
SANG BLEU
DEUXIÈME PARTI.
XXXVIII (Suite)
Avant de faire un seul pas, La Senevière
écouta courbé en deux de façon à rester
caché dans les roseaux : aucun bruit; plus
d'ombres sur les eaux, plus d'ombres dans
les bois; la pâle clarté des étoiles ne per-
mettaient pas de voir bien loin, mais ce
(Traduction interdite; reproduction auto-
risée pour les journaux qui ont un traité avec
la Société des gens de lettres, mais après la
fin de la publication en feuilleton dans le
1tœppeL)
Srie Uafpel du 2 janvier au 23 mars.
qu'on voyait de près avait sa forme pro-
pre, un arbre était un arbre, un buisson
un buisson.
Il fit quelques pas en avant, l'oreille ten-
due ; ses pas glissaient sur la tourbe et
sur les roseaux comme s'il avait marché
sur un épais tapis de feutre ; les appelants
eux-mêmes, toujoursaufc aguets, ne signa-
laient pas sa sortie par leurs cris.
Deux sentiers partaient de son aumuche,
l'un allait à travers des roseaux à celle de
Guillaumanche, l'autre rejoignait droit le
chemin qui courait sous bois, en suivant
les contours de la colline; ce fut celui-là
qu'il prit, marchant lentement, ne faisant
un pas qu'après que le bruit du pas pré-
cédent était éteint; à de certains endroits
découverts, il se mettait à quatre pattes
et n'avançait qu'en rampant, s'arrêtant
tout à coup, immobile pendant plusieurs
minutes.)
Enfin, il gagna le chemin et, se retour-
nant, il regarda en arrière : au-dessous de
lui s'étalaient les deux étangs, aux eaux
noires, qui reflétaient çà et là quelques
étoiles tremblotantes ; au milieu du tas
des herbes et de tourbe apparaissaient
bien distinctes les deux aumuches, la
sienne et celle de Guillaumanche ; on
n'entendait que la bise dans les branches
et le bruissement des feuilles sonores :
dans le lointain, pas un cri d'oiseau.
Avec les mômes précautions qu'il
avait prises pour gravir le sentier, il
descendit le chemin jusqu'à une cépée
où il s'arrêta ; alors, entrant sous bois,
il fit quelques pas et, se mettant à
genoux, il écarta les feuilles sèches si
délicatement qu'il ne fit pas le moin-
dre bruit ; il retira un petit fusil court
à deux coups dont la batterie était enve-
loppée d'un mouchoir ; c'était ce fusil qui
lui servait pour les expéditions mysté-
rieuses et qui avait abattu depuis qu'il vi-
vait à la Vivanderie des centaines de pièces
petites ou grosses, étant aussi sûr pour
les uns que pour les autres dans des
mains comme les siennes ; l'ayant fait bas-
culer il le chargea avec des cartouches
qu'il prit dans sa poche et il reprit sa
marche silencieuse jusqu'à ce qu'il arrivât
au bord de l'étang, mais en contrehaut,
au pied d'un gros hêtre au tronc trapu
qui, attiré par le vide, s'était penché au-
dessus des eaux qu'il couvrait de sa large
cime.
Il se trouvait un peu sur le côté de l'au-
muche de Guillaumanche, à vingt-cinq
mètres d'elle environ et faisant face à la
chatière par laquelle celui-ci devait tirer
quand les canards s'abattraient sur l'é-
tang; mais cette chatière, soit qu'elle ne
fût pas ouverte, soit qu'il fît trop sombre,
il ne la vit point distinctement, elle se
perdait dans le revêtement gris de l'au-
muche.
Il s'appuya contre le hêtre et resta im-
mobile comme le tronc même de l'arbre
avec lequel ses vêtements sombres se con-
fondaient. Le silence se continuait, trou-
blé seulement de temps en temps par le
coin-coin d'un appelant qui tirait sur sa
ficelle. A un certain moment, il crut en-
tendre un léger bruit, en face de lui, de
l'autre côté do l'étaug, comme un four-
millement dans les roseaux qui, sur cette
rive, lui plaisaient une ceinture épaisse.
Surpris, il écouia sans bouger et en rete-
nant sa respiration, mais il n'entendit plus
rien ; sans doute c'était le vent qui, frap-
pant en plein cette rive exposée au nord,
faisait bruire les roseaux ; il était seul,
bien seul, avec Guillaumanche enfermé
dans son aumucho.
Il y avait un quart d'heure à peu près
qu'il était appuyé contre le hêtre, les
yeux en l'air, se demandant si les canards
passeraient ce soir-là, et par conséquent
si la chatière s'ouvrirait, quand tout à coup
il entendit un fort bruit d'ailes venant d'en
haut; en même temps les appelants cap-
tifs, ceux de son étang comme ceux de
l'étang de Guillaumanche, poussèrent
tous ensemble leurs cris qui partaient et
se pressaient comme des feux de salve.
Les canards! c'était bien eut; hauts
dans le ciel, ils décrivaient des cercles au-
dessus des étangs, les sondant pour s'assu-
rer qu'ils étaient sans danger. La Senevière
entendit un craquement du côté de l'au-
muche : c'était Guillaumanche qui ouvrait
la chatière pour lâcher son appelant libre.
Aussitôt, celui-ci s'éleva droit vers la
troupe, qui, rétrécissant ses courbes,
s'abaissa et rasa l'étang, les pattes traî-
nantes, effleurant l'eau, sur laquelle elles
laissaient un sillage blanc.
Ils étaient abattus et autour d'eux ils
faisaient jaillir des gerbes d'eau avec leurs
plongeons et leurs battements d'ailes.
Au milieu de ce tapage, La Senevière
avait armé les deux coups de son fusil et
l'épaulant il avait de la main gauche ap-
puyé le canon contre le hétre, en visant
l'aumuche de Guillaumanche; le tronede
l'arbre affermissait sa main contre un
tremblement qu'il sentait possible et dont
il avait peur.
Il attendait, car la chatière était à peine
visible, et il voulait qu'elle s'éclairât. Ua
long jet de flamme jaillit de la canardière
de Guillaumanche. Instantanément il lâcha
lui-même ses deux coups.
Aussitôt, se jetant le corps en avant, La
Senevière se pencha au-dessus de l'eao
pour se dégager de la fumée et mieux
voir l'aumuche.
Il restait ainsi écoutant, regardant, lors
qu'un bruit de branches et de feuilles
sèches se fit entendre de l'autre cCté de
l'étang, à l'endroit même où quelques
instants auparavant il y avait eu un froisse-
ment de roseaux ; en même temps il crut
apercevoir un corps noir mouvant.
La terreur l'anéantit, et, sans réfléchir,:
sans savoir ce qu'il faisait, la tète perdue,
affolé, il jeta son fusil dans l'étang et se
blottit derrière le hêtre, à genoux dans tef
feuilles sèches.
v HECTOR MALOT. , -
(A M
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