Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1883-07-22
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 22 juillet 1883 22 juillet 1883
Description : 1883/07/22 (N4881). 1883/07/22 (N4881).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7540375g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2012
T7* 4E81 &:; Dimanche 22 Juillet i883
te numéro: fOc. — Dëpartements s 19» c.
, 1
4 tèirM dor an 91 l'JO 4881
1 JOMINISTRATIOH
1 38, HUE DE VALOIS, f*
Ali ORNEMENTS
TARIS
tis 1D ois. 40 )>
Sixj&ois20 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 1450
Sixmois. 22
Adresser lettres et manflais
IA. M. ERNEST LEFÈVRE
^DanNISTRATECR. GÉKAKI
r,;/.¡
-O REDACTION"
(- p«adpessep au Secrétaire delàRéHaCiioa
':V De ita 6 heures du soir
*8» :kde .DE VALOIS, 18
3^ manuscrits non insères ne serontjîasxsMii^
ANNONCES
3far. Ch. IAGPMGE, CERR- et ca
6, place de la Bourse. 6
MONSIEUR PIMBESCHE
« Fleur sur fleur 1 M dit la reine
ÏÏHamlet, à l'enterrement d'Ophélie. —
Procès sur procès ! dit l'évêque d'An-
gers, à ce qui pourrait bien être l'en-
terrement de l'Eglise.
— Monsieur, dit la comtesse de Pim-
besche à Chicaneau, -
Monsieur, tous mes procès allaient être finis;
Il ne m'en restait plus que quatre ou cinq petits.
— Et quel âge avez-vous? vous avez bon visage.
— Hé! quelque soixante ans.
- Comment : c'est le t'\::l âge
Pour plaider.
— Laissez faire, ils ne sont pas au bout;
Tf vendrai ma chemise et je veux rien ou tout.
La seule différence du Pimbesche
d'Angers avec la Pimbesche des Plai-
deurs, c'est qu'il ne veut pas tout ou rien,
mais simplement tout.
Donc, le procès de M. Freppel contre
le gouvernement qui le paye n'est pas
encore jugé, que M. Freppel en refait
tin autre au gouvernement qui le loge
et le nourrit.
L'année dernière, le gouvernement
eut cette idée incroyable que, le jour
de la fête nationale, les édifices natio-
naux devaient être pavoisés et illumi-
nés. Parmi les édifices' nationaux, il y
a les cathédrales, les églises, les arche-
vêchés, les presbytères. Le directeur
de l'administration des cultes adressa
aux préfets une circulaire dans ce
sens. Voici comment cette circulaire
fut accueillie.
Le gouvernement aux préfets :
— « Les églises sont des propriétés
Communales dont l'intérieur est affecté
à l'usage spécial du culte : les munici-
palités peuvent exiger que le drapeau
national orne la façade pendant le jour
et que des illuminations y soient entre-
tenues pendant la nuit. »
L'évêque d'Angers à ses curés :
— « Si le maire de la commune émet-
tait une pareille prétention, vous de-
vriez vous y opposer en men nom. »
Le gouvernement aux préfets :
— « Quant aux presbytères, on ne
les illuminera pas si les ecclésiastiques
s'y opposent, mais on les pavoisera,
même en cas de refus des ecclésiasti-
ques, si l'apposition des drapeaux peut
avoir lieu sans pénétrer dans l'im-
meuble. »
L'évêque aux curés :
— Je vous défends d'illuminer dans
aucun cas ! Sur la question de pavoiser,
« l'auteur de la circulaire se trompe
complètement. Si l'on passait outre à
votre défense, vous auriez soin d'ac-
tionner en justice celui qui se serait
permis de vous troubler dans la jouis-
sance de vos droits. »
A cette excitation à la rebellion des
curés contre le gouvernement qui leur
donne le pain, le doux représentant de
celui gui a dit : Rendez à César ce qui
est à César, ajoutait une insulte et une
fumisterie.
Insulte : - « Il serait difficile d'at-
tribuer un caractère religieux à l'anni-
versaire de l'un des massacres les plus
odieux dont l'histoire de notre pays ait
conservé le souvenir. »
Fumisterie : - « Si néanmoins une
municipalité jugeait à propos de vous
demander un service religieux, vous
ne pourriez accorder que la célébration
d'une messe de Requiem à l'intention
des malheureuses victimes tombées, le
14 juillet 1789, pour la défense de l'au-
torité légitime et des lois du pays. »
Le gouvernement dédaigna l'insulte
et plaignit le fumiste. Il tint de la résis-
tance des curés le compte qu'il devait,
c'est à dire qu'il pavoisa et illumina où
il crut avoir droit. Et ce qu'il a fait
l'année dernière, il l'a refait cette an-
née. De là le vieux procès qui dure
encore, de là le nouveau procès que
récidive l'évêque de Pimbescbe.
Ce qu'on appelle la justice pronon-
cera. Qui aura gain de cause? Il est
malaisé de le prévoir, après le portrait,
frappant, que M. Tenaille-Saligny vient
de faire, au Sénat, de la magistrature
dont le Vingt-Quatre-Mai et le Seize-
Mai nous ont comblés. Je vais étonner
l'évêque farceur. Je souhaite qu'il gagne
tous ses procès.
D'abord, je trouve que M. Freppel est,
non certes dans son droit, mais dans
son rôle. Refus de s'associer à la fêta
nationale, arrachement du drapeau du
pays, et fumisterie par là-dessus, quoi
de plus logique de la part d'un clergé qui
apour chef un étranger, qui n'est même
plus gallican, qui a le Vatican pour
capitale, qui est un Etat dans l'Etat et
contre l'E tat ?
Ensuite, il y aurait une conséquence
utile à tirer de la perte du procès par le
gouvernement. Ce serait que ceux qui
croient tenir l'Eglise par le Concordat
sont des êtres doués d'une certaine can-
deur. Ce serait que, lorsqu'un clergé ne
manque pas une occasion d'injurier nos
institutions, de cracher sur nos idées,
d'abattre notre drapeau et de tirer sur
nos grandes dates, il faut être plus que
naïf pour lui fournir les vivres et les
munitions. Ce serait que le budget des
cultes a fait son temps.
Savez-vous ce-que valent les immeu-
bles où sont logés gratis les évêques,
curés, etc.? D'après des évaluations of-
ficielles, déjà anciennes et qui semblent
inférieures de plus d'un tiers à la réa-
lité, il y en aurait pour plus de soixante
millions. L'évêque de Pimbesche à lui
seul, sans compter son clergé, en oc-
cupe pour près d'un million. Cela, sous
prétexte que le Concordat « autorise les
conseils généraux de département à four-
nir aux évêquas un logement convena-
ble.». Un logement peut être convenable
sans valoir un million. On conçoit les
prodigalités auxquelles un homme se
livre pour une jolie femme qui l'en
remercie par toute la tendresse dont
elle est capable, mais mettre dans ses
meubles, et dans de tels meubles, un
vilain évêque pour qu'il vous invective
et vous mette à la porte de chez vous,
c'est la générosité des gens dont Pascal
a dit que « qui veut faire l'ange, fait
la bête ».
AUGUSTE VACQUHRIB.
-
A LA CHAMBRE
De l'aveu de tout le monde, on com-
mençait à s'y perdre un peu. M. Allain-
Targé, qui avait parlé dans la séance
précédente, avait fait le procès des
conventions; M. Raynal, hier et au-
jourd'hui, les avait défendues; puis M.
Wilson, à son tour, avait repris en
grande partie les critiques de M. Allain-
Targé en les mêlant à des .critiques qui
lui étaient propres. Le débat avançait,
mais loin d'y voir plus clair, on com-
prenait de moins en moins. Les con-
ventions, disaient les uns, sont unique-
ment faites au profit des grandes com-
pagnies; les autres répliquaient qu'elles
y perdaient, au contraire, énormément,
mais de part et d'autre, nous l'avoue-
rons, la démonstration forte et lumi-
neuse ne se faisait pas. On apercevait
bien, çà et là, des assertions marquées
au coin du bon sens et de l'évidence,
tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, mais
en même temps, dans tous les discours
prononcés, sans exception, des exagé-
rations manifestes, des erreurs évi-
dentes.
Hier, le rapporteur de la commission,
dans ua discours d'une étendue moyen-
ne, toujours clair et serré dans ses rai-
sonnements, a fait entendre, à la
Chambre, les arguments les meilleurs
qu'on pût invoquer à l'appui de sa
thèse. Si, dans la discussion d'aujour-
d'hui, quelque orateur, parlant en sens
opposé, résume, à son tour, les consi-
dérations les plus sérieuses à faire
valoir contre le système proposé, la
Chambre, dans ces deux séances, et en
laissant tout le reste de côté, pourra
trouver des motifs suffisants pour se
décider. Il est à souhaiter que cette
réplique se fasse entendre, mais ce qui
-est certain, dès à présent, c'est que:
personne ne défendra mieux les con-
ventions souscrites par M. Raynal que
M. Rouvier ne les a défendues hier.
M. Rouvier, rapporteur de la com-
mission, ne pouvait pas et n'avait pas
la pensée de contester la convenance
des négociations entamées avec les
compagnies et entamées presque sur
l'initiative du Parlement. Mais en quel-
ques mots, très réservés, l'orateur a
laissé comprendre qu'il n'admettait pas
que le Trésor fût à la merci des compa-
gnies de chemins de fer et il a indiqué,
non comme solution désirable, mais
enfin comme un lendemain possible, la
constitution d'un budget extraordinaire
se suffisant par l'emprunt. Cela nous
semble valoir mieux que le pessimisme
découragé de plusieurs ministres. Nous
continuons à croire que c'était là, pour
entamer des négociations, l'attitude la
plus convenable. -
M. Rouvier a encore parlé un langage
plus sage que les précédents apolo-
gistes des conventions en ne cherchant
pas à nier les avantages qu'encour-
raient tirer les compagnies. Il est clair
que, si toutes les concessions étaient
venues du même côté, il n'y aurait pas
eu de transaction. La question à exa-
miner, c'est la balance des charges et
des avantages réciproques.
vRivant d'entrer dans cet examen, M.
Rouvier a passé en revue les solutions
indiquées par les précédents orateurs,
notamment par M. Allain-Targé, en ce
qui concerne le rachat de l'Orléans. Le
rapporteur estime que ce rachat partiel
aurait, pour le contribuable, plus d'in-
convénients que le rachat total dont le
résultat nécessaire serait de surcharger
le budget, puisque le rachat ne se con-
çoit pas sans réduction des tarifs, c'est-
à-dire du produit. La discussion spé-
ciale sur la convention avec l'Orléans
permettra aux contradicteurs de M.
Rouvier de porter une pleine lumière
sur cette assertion.
L'heure avancée a obligé l'orateur à
écourter beaucoup son discours comme
nous sommes obligé nous-même de
n'en parler que très sommairement,
laissant de côté et des calculs sur l'a-
mortissement des sommes dues par les
compagnies et des considérations sur
les conséquences budgétaires des con-
ventions. En terminant, M. Rouvier a
insisté sur l'importance de cette ques-
tion qui traîne depuis tant d'années et
qui-pèse sur toute l'industrie. Il y a en
effet six ans au moins que M. Raynal,
M.Baïhautetleurs amis accumulent pro-
jets sur projets, enquêtes sur enquêtes,
tantôt pour inaugurer, au grand profit
de quelques-uns, le système des réseaux
concurrents, tantôt pour organiser l'ex-
ploitation par l'Etat. Tout cek pour
aboutir à des arrangements queM. Rou-
vier, leur plus habile défenseur, n'a pas
pu présenter comme moins onéreux que
les précédentes conventions, si dédai-
gneusement repoussées par la Cham-
bre ! Décidément, l'instruction de MM.
Raynal et consorts, en matière d'éco-
nomie politique, aura coûté assez cher
au Trésor public.
A. GAULIM.
AU SÉNAT
Sur la demande de M. le président du
conseil, et après une discussion à laquelle
ont pris part M. Lafond de Saint-Mur,
M. Martin-Feuillée et M. Allou, le Sénat a
prononcé l'urgence sur le projet de loi re-
latif à la réforme judiciaire, à la majorité
de i39 voix contre 127. Une majorité plus
forte encore s'est prononcée pour le pas-
sage à la discussion des articles.
M. Lafond de Saint-Mür, qui a ouvert le
débat, a demandé au garde des sceaux
comment il comptait faire usage du pou-
voir qu'il réclamait. Selon l'orateur, le
gouvernement, s'il a confiance dans sa
durée, n'avait qu'à attendre du temps le
soin d'opérer la réforme qu'il veut faire et
qui n'était réclamée par personne.
M. Martin-Feuillée, en prenant la pa-
role pour défendre son projet, a d'abord
expliqué que, s'il l'avait présenté isolé-
ment, c'était pour pouvoir aboutir. Tout
le monde demandait la réduction des siè-
ges, M. Béranger lui-même, dont le mi-
nistre cite un passage. Sans doute il est
déplorable qu'en avançant en âge, sur-
tout dans les tribunaux peu occupés, les
magistrats ne voient pas augmenter leur
intelligence et leurs lumières, mais c'est
un fait. S'en remettre à l'extinction natu-
relle du personnel, c'est attendre quinze
années; ce serait, dit le ministre aux ap-
plaudissements du Sénat, la pétrification
de la magistrature. - u.
M. Martin-Feuillée pense donc qu'il taut
relever le niveau de la magistrature en y
faisant entrer ceux qui peuvent lui appor-
ter des lumières et de l'expérience. Est-ce
d'ailleurs la première fois que l'inamovi-
bilité a été atteinte? Sous la Restauration,
on a éliminé 294 magistrats, et il ne
s'agit que d'en atteindre 260. Cette épura-
tion durera trois mois, tandis qu'elle a
duré cinq ans sous la Restauration. Au
reste, l'inamovibilité n'est pas, dit M. Mar-
tin-Feuillée, destinée à profiter aux juges,
mais aux justiciables. On a parlé du grand
courage du garde des sceaux qui se charge
de tant de nominations. Je n'ai, dit l'ora-
teur, qu'un seul courage, c'est de faire ce
qui est nécessaire.
Entrant plus au vif de la question, le
ministre a examiné pourquoi et depuis
quand la magistrature avait perdu son
prestige. C'est depuis qu'elle est asservie à
la politique, depuis que, généreusement
conservée par la République, elle a accla-
mé celui qui l'avait renversée, celui qui
violait les lois qu'il avait juré de main-
tenir.
La gauche du Sénat a naturellement ap-
plaudi cette sortie vigoureuse, ainsi qu'une
allusion aux commissions mixtes et aux
opinions variables du duc de Broglie sur
les poursuites politiques, poursuites dont
le Seiz-Mai s'est montré si prodigue. Il y a
eu alors, par suite des condamnations po-
litiques, un total d'un million d'amende
et de quarante-deux ans de prison. Ce
sont des services de ce genre qui ont perdu
la magistrature et ce sont les traditions
qu'il faut faire disparaître. Quant à l'ap-
plication de la loi qu'il propose, le garde
des sceaux promet qu'elle sera exempte
de passion comme de faiblesse.
Après ce discours suivi d'une suspension
de séance, M. Allou a demandé la parole
pour combattre le projet de loi qui, pour
l'orateur, consiste tout entier dans la sup-
pension de l'inamovibilité. M. Allou, en
faisant l'historique du projet, a établi qu'il
n'était pas question de faire une réforme
dans l'organisation des tribunaux. Sur ce
terrain, il serait avec le garde des sceaux.
Telle qu'elle se présente, la loi, selon
M. Allou, est un malheur public. La vraie
réforme, à son avis, était de séparer la
justice de la politique. La loi actuelle ne
donnera qu'une magistrature dépendante
et effroyablement asservie. Cette loi, dit
encore M. Allou, va créer des colères, et le
véritable homme d'Etat républicain sera
celui qui fera l'apaisement dans l'opinion.
En terminant, l'orateur proteste contre
les attaques dont la magistrature a été
l'objet et, comme au cirque antique, il
salue ceux qui vont mourir.
La droite, en applaudissant la pérorai-
son, d'ailleurs éloquente, de M. Allou, n'a
pas fait attention qu'il travestissait un peu
la citation ordinaire. Ceux qui saluent
sont ceux qui vont mourir. Que la magis-
trature s'incline donc, avant de tomber,
devant la loi qui la frappe à son tour.
A. G.
COULISSES DES CHAMBRES
La discussion générale des conventions
de chemins de fer se continuera aujour-
d'hui. Le premier orateur inscrit pour
parler contre les conventions est M. Ca-
mille Pelletan ; M. Léon Renault parlera
en sens contraire, et M. Lockroy intervien-
dra ensuite dans le débat, après quoi la
discussion générale, selon toutes probabi-
lités, sera close. Un premier scrutin im-
portant aura lieu alors sur le point de
savoir. si la Chambre entend passer à la
discussion des articles. Ensuite se posera
la grave question de l'urgence, qui sera
réclamée par le gouvernement afin de
supprimer la seconde délibération et d'a-
voir un vote définitif de la Chambre avant
les vacances.
Des demandes de vote à la tribune ont
été préparées pour ces divers scrutins,
afin d'empêcher le vote par procuration
des absents. Sans cela, en effet, beaucoup
de membres de la Chambre seraient déjà
partis. Des deux côtés, des invitations pres-
santes de venir siéger sont adressées aux
membres absents, en prévision de ces
scrutins.
-0-
M. de Broglie doit adresser une ques-
tion au ministre des affaires étrangères au
sujet des affaires du Tonkin. M. Challemel-
Lacour, prévenu hier, a accepté le débat
pour aujourd'hui.
La discussion ne paraît pas devoir pren-
dre de grands développements, eu égard
aux négociations diplomatiques actuelle-
ment engagées. Celles-ci paraissent avoii
pris, d'ailleurs, une tournure favorable, et
l'on croit pouvoir affirmer qu'il n'y aura
aucune rupture avec la Chine.
Le marquis de Tseng, ambassadeur de
Chine en France et en Angleterre, est rtb
venu de Londres depuis le 13 juillet pour
être à portée du gouvernement français;
d'autre part, M. Tricou, notre représen-
tant en Chine, a quitté Shangaï pour aller
négocier directement à Pékin. Enfin, un
fait qui est regardé comme un symptôme
d'apaisement, c'est la décision du gouver-
nement chinois de rappeler le généralisa
sime Li-Hung-Chang qui avait été envoy6
à Shangaï, pour le replacer dans le gou-
vernement du Pe-Tché-Li, province nord
de la Chine, à l'opposé du Tonkin.
Le ministère des affaires étrangères don-
nera probablement aujourd'hui au Sénat
des renseignements en ce sens.
-0-
Plusieurs journaux se sont trop pressés
d'annoncer que le général Billot allait être
nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg
en remplacement de l'amiral Jaurès. Il est
vrai, comme nous l'avions annoncé il y a
plusieurs jours, que l'unirai Jaurès va
quitter la carrière diplomatique pour
prendre le commandement de l'escadre
d'évolution de la Méditerranée ; mais la
vacance de l'ambassade de Russie ne se •
produira pas avant fin septembre ou le
commencement d'octobre, époque à la-
quelle l'amiral Krantz, commandant actuel
de l'escadre d'évolutions, cessera ses fonc-
tions.
Actuellement le ministre des affaires
étrangères n'a à pourvoir qu'à l'ambas-
sade de Vienne vacante depuis six mois
environ, par suite de la démission du
comte Duchatel.
————————
L'ENSEIGNEMENT LjJhRIEUR LISES
Le conseil supérieur de l'instruction pu-
blique a agité, l'autre jour, une question
qu'il est permis de considérer comme ca-
pitale pour l'avenir de notre enseigne-
ment supérieur, celle des cours libres à
établir auprès de nos facultés.
L'enseignement supérieur se compose de
deux parties; l'une, toute didactique et
d'exposition, consiste à propager la science
telle qu'elle a été constituée par le tra-
vail des siècles et à faire profiter les géné-
rations nouvelles du trésor d'observations
et d'expériences accumulées par les géné-
rations précédentes. On peut dire qu'à ce
point de vue nous avons les premiers maî-
tres de l'Europe. L'esprit français a des
qualités de précision, de méthode et d'a-
nalyse qui le rendent particulièrement apte
à enseigner, et dont on chercherait vaine-
ment ailleurs l'équivalent. Pour mon
compte personnel, je ne fus pas peu surpris,
lorsqu'au sortir de l'école normale je par-
courus les universités allemandes, de voir
combien, chez quantité d'hommes de la
plus vaste réputation et du plus rare mé-
rite, le professeur était au-dessous du
savant.
Mais la science ne consiste pas unique-
ment à démontrer et à montrer, elle
consiste aussi à chercher, sinon à décou-
vrir. Sur ce point, en laissant de côté les
sciences physiques et naturelles où pour
l'instant nous sommes hors de pair, et ea
faisant la part d'exceptions aussi honora-
bles que peu nombreuses, il est incontesta-
ble que notre enseignement supérieur laisse
à désirer. Il y a, ou plutôt il y avait, car le
militarisme prussien, qui a déjà tué la vie
politique en Allemagne, est en train de tuer
la vie intellectuelle par dessus le marché,
il y avait, dis-je, autrefois, dans les hautes
écoles allemandes, un besoin de recher-
che, un désir d'innover qui se traduisait
par des théories plus ou moins heureuses,
par des hypothèses plus ou moins vérifiées
sans doute, mais dont la science, au demeu-
rant, profitait. Le professeur'était intéressé
à faire marcher la science, à attacher son
nom à quelque découverte, par cet excel-
lent motif que l'avancement était réglé,
Feuilleton du RAPPEL
DU 22 JUILLET
30
LA VIE EN L'AIR
DEUXIÈME PARTIE
1 (suite)
Gabrielle surmonta jvite le trouble, inex-
plicable pour elle-même, que le nom de
Paul lui causait et, quand Henri lui eut
o nté la rencontre de tantôt au bois :
— Venez dans le boudoir de grand'mère,
lui dit-elle. Nous avons acheté deux eaux-
fortes de lui ; je veux vous les montrer.
On s'applaudit de les voir disparaître,
s'isoler davantage. Assurément, il y aurait
u nouveau ce soir.
Tout en accompagnant la jeune fille
dans la pièce voisine, Henri continuait de
lui parler des enfants de Léa et, dans ses
Reproduction et traduction interdites.
Voir le Rappel du 17 juin au 21 juUloU
réponses, Gabrielle manifestait à leur pro-
fit, une estime chaude dont, sans dessein,
elle semblait favoriser Paul d'une part plus
large.
—Lui, du moins, répondit Henri, il peut
faire sa vie, exister par lui-même, se créer
une personnalité indépendante.
— Que Juliette se marie demain, répli-
qua Mlle Phortin, et plus que lui encore
elle s'affranchit des fatalités de sa nais-
sance.
— C'est égal, conclut le jeune homme,
l'organisation sociale comporte des situa-
tions pénibles et bien injustes pour cer-
tains enfants t
Gabrielle garda le silence un moment,
puis, suivant sa pensée :
— Il n'y a pas que ces situations-là qui
soient difficiles, mon ami, et il n'est pas
indispensable de devoir le jour à une ac-
trice pour avoir à sacrifier ses prédilec-
tions.
On eût dit qu'elle fît allusion lointaine
à des choses intimes. Que voulait-elle dire
précisément? Henri ne le lui demanda pas.
Peut-être avait-il des raisons de penser
comme elle sur ce point. Sa tenue envers
sa mère, son affectation à parler le moins
possible de l'homme qu'elle avait épousé
en secondes noces, donnait à penser qu'il
n'abondait que trop dans le sens des ré-
flexions de l'orpheline.
Mais tout cela restait vague. Des deux
parts, soit qu'on se comorît de reste* ftoU
parti pris de ne pas se plaindre, on resta
volontairement dans les généralités.
On les interrompit.
— Me ramènes-tu, Henri? lui demanda
sa mère, en pénétrant dans le boudoir.
Son mari, absent de Paris, depuis deux
jours, devait rentrer le soir même ; elle
voulait être à la maison, à son retour. Il
lui manquait si fort 1
Les deux jeunes gens se séparèrent sur
une poignée de main amicale plus étroite
et prolongée que de coutume. On eût dit
qu'en parfaite communion de sentiments
sur le sujet qui les avait occupés,ils s'en don-
nassent une muette assurance réciproque.
— Je suis très contente, dit la veuve à
son fils, une fois seule avec lui, dans le
coupé qui la ramenait. Il nous a paru, à
tous, que vous vous êtes enfin entendus,
Gabrielle et toi.
— Plus encore qu'on ne pense, répon-
dit Henri en riant. Elle est presque tentée
de faire comme moi.
— C'est-à-dire?
— De rester garçon.
Mais voyant que sa mère ne gpûtait pas
la plaisanterie,
— Ne t'impressionne pas, ajouta-t-il du
même ton. Il n'y a rien de changé à nos
dispositions. Nous avons causé de tout
autre chose.
S'il croyait la rassurer, il se trompait.
Qu'allait dire son mari qui, à mesure, la
tracassait avec aigreur, insistant pour
qu'elle usât d'autorité ?
Au même moment, Paul, ayant installé
Juliette chez lui, se disposait à la quitter.
— Tu vas te coucher, sœurette?
— Et dormir de tout mon cœur.
— C'est la consigne. Prends de l'avance,
car, tu sais, avec maman il faut s'attendre
.à bien des choses et si, au retour, je te fais
lever, n'en sois pas surprise.
— N'aie pas peur I répliqua gaîment la
jeune fille. Du reste, si c'est pour la voir
et l'embrasser, je serai vite debout. Bon-
soir.
On 's'embrassa encore et Paul, prenant
son chapeau, descendit dans la direction
des boulevards.
Au théâtre de la Gaîté on était réelle-
ment sens dessus dessous.
Autour du square des Arts-et-Métiers,
les équipages de maître encombraient l'es-
pace. Devant l'édifice, une foule compacte
de curieux, de marchands de contremar-
ques, de vendeurs de programmes, d'o-
ranges, mêlés à des garnements qui ou-
vraient la portière des fiacres en retard.
Un tapage incessant de voix, d'appels,
avec quelques coups de sifflet qui déchi-
raient les oreilles.
Dans les cafés, dans les burettes des
alautours un grouillement de toutes flirtes
de gens, bavardant, gênant le service des
garçons qui poussaient dans le tas, répé-
tant un perpétuel : « Pardon, messieurs »
et répandant les bavures des bocks sur les
habits.
Mais rien cela, comparé à la confusion
des coulisses et des loges d'artistes. Une
maison de fous, pressés, ahuris, furieux,
jurant, se bousculant sans souci les uns
des autres.
— Eh ! mon Dieu ! pourquoi donc £ •:
C'est, qu'à la Gaîté, il se donnait une
représentation extraordinaire au profit des
sinistrés d'un pays si lointain que, du dia-
ble, si trois de ceux qui jouaient gratis,
savaient seulement en quelle partie du
monde, il pouvait bien se trouver. Bah !
qu'est-ce que ça leur fait, je vous demande
en peu ? Il y a des malheureux quelque
part ; un journal imagine de monter
une soirée dramatique à leur profit, en
avant ! tout ce qui sait débiter une scène,
chanter un morceau, dire des farces, jouer
d'un instrument, danser un pas, les voilà
tous.
Le journal les a éreintês, a raconté leurs
« turpitudes »; ils ne s'en soucient plus.
Peut-être aussi n'y a-t-il là-dessous qu'une
manoeuvre de bputiquè, propre à faire de
la publicité, de la réclame à la feuille que
l'abonné déserte; ah bien, tant pis 1 Offi-
ciellement, il s'agit de soulager des mi-
sères; ça suffit, ça les touche. Et puis, ils
se montreront, on parlera d'eux. Foin du
reste! A tout considérer, les meilleures
gens du monde; d'une sensibilité que je
défie de rencontrer, au même degré, dans
n'importe quelle classe.
Mais, à l'heure de s'exercer sur le trem-
plin, autre aspect ; un effarement inouï.
Rivalités d'étoiles, afiaires du diable pour
une vedette, pour un accessoire oublié,
susceptibilités de tous genres, à tous su-
jets, Pourquoi une loge du troisième étage
quand celle de chose est au premier? C'est
simplement une infamie! « Canaifièsl »
Qui ? Tout le monde !
Les employés de la maison perdaient la
tête, se débattant insensés, au milieu des
réclamations vociférées et de l'encombre-
ment de fournisseurs, d'habilleuses, de
coiffeurs étrangers au théâtre, sans comp-
ter les amis de ces dames, et des reporters
affairés.
Enfin, appréhension poignante! — « Léa
viendra-t-elle 1. » Elle a promis: oui.
mais!.
«, ÉDOUARD CAD0L
LA ,uiVÎ'l,) !
te numéro: fOc. — Dëpartements s 19» c.
, 1
4 tèirM dor an 91 l'JO 4881
1 JOMINISTRATIOH
1 38, HUE DE VALOIS, f*
Ali ORNEMENTS
TARIS
tis 1D ois. 40 )>
Sixj&ois20 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 1450
Sixmois. 22
Adresser lettres et manflais
IA. M. ERNEST LEFÈVRE
^DanNISTRATECR. GÉKAKI
r,;/.¡
-O REDACTION"
(- p«adpessep au Secrétaire delàRéHaCiioa
':V De ita 6 heures du soir
*8» :kde .DE VALOIS, 18
3^ manuscrits non insères ne serontjîasxsMii^
ANNONCES
3far. Ch. IAGPMGE, CERR- et ca
6, place de la Bourse. 6
MONSIEUR PIMBESCHE
« Fleur sur fleur 1 M dit la reine
ÏÏHamlet, à l'enterrement d'Ophélie. —
Procès sur procès ! dit l'évêque d'An-
gers, à ce qui pourrait bien être l'en-
terrement de l'Eglise.
— Monsieur, dit la comtesse de Pim-
besche à Chicaneau, -
Monsieur, tous mes procès allaient être finis;
Il ne m'en restait plus que quatre ou cinq petits.
— Et quel âge avez-vous? vous avez bon visage.
— Hé! quelque soixante ans.
- Comment : c'est le t'\::l âge
Pour plaider.
— Laissez faire, ils ne sont pas au bout;
Tf vendrai ma chemise et je veux rien ou tout.
La seule différence du Pimbesche
d'Angers avec la Pimbesche des Plai-
deurs, c'est qu'il ne veut pas tout ou rien,
mais simplement tout.
Donc, le procès de M. Freppel contre
le gouvernement qui le paye n'est pas
encore jugé, que M. Freppel en refait
tin autre au gouvernement qui le loge
et le nourrit.
L'année dernière, le gouvernement
eut cette idée incroyable que, le jour
de la fête nationale, les édifices natio-
naux devaient être pavoisés et illumi-
nés. Parmi les édifices' nationaux, il y
a les cathédrales, les églises, les arche-
vêchés, les presbytères. Le directeur
de l'administration des cultes adressa
aux préfets une circulaire dans ce
sens. Voici comment cette circulaire
fut accueillie.
Le gouvernement aux préfets :
— « Les églises sont des propriétés
Communales dont l'intérieur est affecté
à l'usage spécial du culte : les munici-
palités peuvent exiger que le drapeau
national orne la façade pendant le jour
et que des illuminations y soient entre-
tenues pendant la nuit. »
L'évêque d'Angers à ses curés :
— « Si le maire de la commune émet-
tait une pareille prétention, vous de-
vriez vous y opposer en men nom. »
Le gouvernement aux préfets :
— « Quant aux presbytères, on ne
les illuminera pas si les ecclésiastiques
s'y opposent, mais on les pavoisera,
même en cas de refus des ecclésiasti-
ques, si l'apposition des drapeaux peut
avoir lieu sans pénétrer dans l'im-
meuble. »
L'évêque aux curés :
— Je vous défends d'illuminer dans
aucun cas ! Sur la question de pavoiser,
« l'auteur de la circulaire se trompe
complètement. Si l'on passait outre à
votre défense, vous auriez soin d'ac-
tionner en justice celui qui se serait
permis de vous troubler dans la jouis-
sance de vos droits. »
A cette excitation à la rebellion des
curés contre le gouvernement qui leur
donne le pain, le doux représentant de
celui gui a dit : Rendez à César ce qui
est à César, ajoutait une insulte et une
fumisterie.
Insulte : - « Il serait difficile d'at-
tribuer un caractère religieux à l'anni-
versaire de l'un des massacres les plus
odieux dont l'histoire de notre pays ait
conservé le souvenir. »
Fumisterie : - « Si néanmoins une
municipalité jugeait à propos de vous
demander un service religieux, vous
ne pourriez accorder que la célébration
d'une messe de Requiem à l'intention
des malheureuses victimes tombées, le
14 juillet 1789, pour la défense de l'au-
torité légitime et des lois du pays. »
Le gouvernement dédaigna l'insulte
et plaignit le fumiste. Il tint de la résis-
tance des curés le compte qu'il devait,
c'est à dire qu'il pavoisa et illumina où
il crut avoir droit. Et ce qu'il a fait
l'année dernière, il l'a refait cette an-
née. De là le vieux procès qui dure
encore, de là le nouveau procès que
récidive l'évêque de Pimbescbe.
Ce qu'on appelle la justice pronon-
cera. Qui aura gain de cause? Il est
malaisé de le prévoir, après le portrait,
frappant, que M. Tenaille-Saligny vient
de faire, au Sénat, de la magistrature
dont le Vingt-Quatre-Mai et le Seize-
Mai nous ont comblés. Je vais étonner
l'évêque farceur. Je souhaite qu'il gagne
tous ses procès.
D'abord, je trouve que M. Freppel est,
non certes dans son droit, mais dans
son rôle. Refus de s'associer à la fêta
nationale, arrachement du drapeau du
pays, et fumisterie par là-dessus, quoi
de plus logique de la part d'un clergé qui
apour chef un étranger, qui n'est même
plus gallican, qui a le Vatican pour
capitale, qui est un Etat dans l'Etat et
contre l'E tat ?
Ensuite, il y aurait une conséquence
utile à tirer de la perte du procès par le
gouvernement. Ce serait que ceux qui
croient tenir l'Eglise par le Concordat
sont des êtres doués d'une certaine can-
deur. Ce serait que, lorsqu'un clergé ne
manque pas une occasion d'injurier nos
institutions, de cracher sur nos idées,
d'abattre notre drapeau et de tirer sur
nos grandes dates, il faut être plus que
naïf pour lui fournir les vivres et les
munitions. Ce serait que le budget des
cultes a fait son temps.
Savez-vous ce-que valent les immeu-
bles où sont logés gratis les évêques,
curés, etc.? D'après des évaluations of-
ficielles, déjà anciennes et qui semblent
inférieures de plus d'un tiers à la réa-
lité, il y en aurait pour plus de soixante
millions. L'évêque de Pimbesche à lui
seul, sans compter son clergé, en oc-
cupe pour près d'un million. Cela, sous
prétexte que le Concordat « autorise les
conseils généraux de département à four-
nir aux évêquas un logement convena-
ble.». Un logement peut être convenable
sans valoir un million. On conçoit les
prodigalités auxquelles un homme se
livre pour une jolie femme qui l'en
remercie par toute la tendresse dont
elle est capable, mais mettre dans ses
meubles, et dans de tels meubles, un
vilain évêque pour qu'il vous invective
et vous mette à la porte de chez vous,
c'est la générosité des gens dont Pascal
a dit que « qui veut faire l'ange, fait
la bête ».
AUGUSTE VACQUHRIB.
-
A LA CHAMBRE
De l'aveu de tout le monde, on com-
mençait à s'y perdre un peu. M. Allain-
Targé, qui avait parlé dans la séance
précédente, avait fait le procès des
conventions; M. Raynal, hier et au-
jourd'hui, les avait défendues; puis M.
Wilson, à son tour, avait repris en
grande partie les critiques de M. Allain-
Targé en les mêlant à des .critiques qui
lui étaient propres. Le débat avançait,
mais loin d'y voir plus clair, on com-
prenait de moins en moins. Les con-
ventions, disaient les uns, sont unique-
ment faites au profit des grandes com-
pagnies; les autres répliquaient qu'elles
y perdaient, au contraire, énormément,
mais de part et d'autre, nous l'avoue-
rons, la démonstration forte et lumi-
neuse ne se faisait pas. On apercevait
bien, çà et là, des assertions marquées
au coin du bon sens et de l'évidence,
tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, mais
en même temps, dans tous les discours
prononcés, sans exception, des exagé-
rations manifestes, des erreurs évi-
dentes.
Hier, le rapporteur de la commission,
dans ua discours d'une étendue moyen-
ne, toujours clair et serré dans ses rai-
sonnements, a fait entendre, à la
Chambre, les arguments les meilleurs
qu'on pût invoquer à l'appui de sa
thèse. Si, dans la discussion d'aujour-
d'hui, quelque orateur, parlant en sens
opposé, résume, à son tour, les consi-
dérations les plus sérieuses à faire
valoir contre le système proposé, la
Chambre, dans ces deux séances, et en
laissant tout le reste de côté, pourra
trouver des motifs suffisants pour se
décider. Il est à souhaiter que cette
réplique se fasse entendre, mais ce qui
-est certain, dès à présent, c'est que:
personne ne défendra mieux les con-
ventions souscrites par M. Raynal que
M. Rouvier ne les a défendues hier.
M. Rouvier, rapporteur de la com-
mission, ne pouvait pas et n'avait pas
la pensée de contester la convenance
des négociations entamées avec les
compagnies et entamées presque sur
l'initiative du Parlement. Mais en quel-
ques mots, très réservés, l'orateur a
laissé comprendre qu'il n'admettait pas
que le Trésor fût à la merci des compa-
gnies de chemins de fer et il a indiqué,
non comme solution désirable, mais
enfin comme un lendemain possible, la
constitution d'un budget extraordinaire
se suffisant par l'emprunt. Cela nous
semble valoir mieux que le pessimisme
découragé de plusieurs ministres. Nous
continuons à croire que c'était là, pour
entamer des négociations, l'attitude la
plus convenable. -
M. Rouvier a encore parlé un langage
plus sage que les précédents apolo-
gistes des conventions en ne cherchant
pas à nier les avantages qu'encour-
raient tirer les compagnies. Il est clair
que, si toutes les concessions étaient
venues du même côté, il n'y aurait pas
eu de transaction. La question à exa-
miner, c'est la balance des charges et
des avantages réciproques.
vRivant d'entrer dans cet examen, M.
Rouvier a passé en revue les solutions
indiquées par les précédents orateurs,
notamment par M. Allain-Targé, en ce
qui concerne le rachat de l'Orléans. Le
rapporteur estime que ce rachat partiel
aurait, pour le contribuable, plus d'in-
convénients que le rachat total dont le
résultat nécessaire serait de surcharger
le budget, puisque le rachat ne se con-
çoit pas sans réduction des tarifs, c'est-
à-dire du produit. La discussion spé-
ciale sur la convention avec l'Orléans
permettra aux contradicteurs de M.
Rouvier de porter une pleine lumière
sur cette assertion.
L'heure avancée a obligé l'orateur à
écourter beaucoup son discours comme
nous sommes obligé nous-même de
n'en parler que très sommairement,
laissant de côté et des calculs sur l'a-
mortissement des sommes dues par les
compagnies et des considérations sur
les conséquences budgétaires des con-
ventions. En terminant, M. Rouvier a
insisté sur l'importance de cette ques-
tion qui traîne depuis tant d'années et
qui-pèse sur toute l'industrie. Il y a en
effet six ans au moins que M. Raynal,
M.Baïhautetleurs amis accumulent pro-
jets sur projets, enquêtes sur enquêtes,
tantôt pour inaugurer, au grand profit
de quelques-uns, le système des réseaux
concurrents, tantôt pour organiser l'ex-
ploitation par l'Etat. Tout cek pour
aboutir à des arrangements queM. Rou-
vier, leur plus habile défenseur, n'a pas
pu présenter comme moins onéreux que
les précédentes conventions, si dédai-
gneusement repoussées par la Cham-
bre ! Décidément, l'instruction de MM.
Raynal et consorts, en matière d'éco-
nomie politique, aura coûté assez cher
au Trésor public.
A. GAULIM.
AU SÉNAT
Sur la demande de M. le président du
conseil, et après une discussion à laquelle
ont pris part M. Lafond de Saint-Mur,
M. Martin-Feuillée et M. Allou, le Sénat a
prononcé l'urgence sur le projet de loi re-
latif à la réforme judiciaire, à la majorité
de i39 voix contre 127. Une majorité plus
forte encore s'est prononcée pour le pas-
sage à la discussion des articles.
M. Lafond de Saint-Mür, qui a ouvert le
débat, a demandé au garde des sceaux
comment il comptait faire usage du pou-
voir qu'il réclamait. Selon l'orateur, le
gouvernement, s'il a confiance dans sa
durée, n'avait qu'à attendre du temps le
soin d'opérer la réforme qu'il veut faire et
qui n'était réclamée par personne.
M. Martin-Feuillée, en prenant la pa-
role pour défendre son projet, a d'abord
expliqué que, s'il l'avait présenté isolé-
ment, c'était pour pouvoir aboutir. Tout
le monde demandait la réduction des siè-
ges, M. Béranger lui-même, dont le mi-
nistre cite un passage. Sans doute il est
déplorable qu'en avançant en âge, sur-
tout dans les tribunaux peu occupés, les
magistrats ne voient pas augmenter leur
intelligence et leurs lumières, mais c'est
un fait. S'en remettre à l'extinction natu-
relle du personnel, c'est attendre quinze
années; ce serait, dit le ministre aux ap-
plaudissements du Sénat, la pétrification
de la magistrature. - u.
M. Martin-Feuillée pense donc qu'il taut
relever le niveau de la magistrature en y
faisant entrer ceux qui peuvent lui appor-
ter des lumières et de l'expérience. Est-ce
d'ailleurs la première fois que l'inamovi-
bilité a été atteinte? Sous la Restauration,
on a éliminé 294 magistrats, et il ne
s'agit que d'en atteindre 260. Cette épura-
tion durera trois mois, tandis qu'elle a
duré cinq ans sous la Restauration. Au
reste, l'inamovibilité n'est pas, dit M. Mar-
tin-Feuillée, destinée à profiter aux juges,
mais aux justiciables. On a parlé du grand
courage du garde des sceaux qui se charge
de tant de nominations. Je n'ai, dit l'ora-
teur, qu'un seul courage, c'est de faire ce
qui est nécessaire.
Entrant plus au vif de la question, le
ministre a examiné pourquoi et depuis
quand la magistrature avait perdu son
prestige. C'est depuis qu'elle est asservie à
la politique, depuis que, généreusement
conservée par la République, elle a accla-
mé celui qui l'avait renversée, celui qui
violait les lois qu'il avait juré de main-
tenir.
La gauche du Sénat a naturellement ap-
plaudi cette sortie vigoureuse, ainsi qu'une
allusion aux commissions mixtes et aux
opinions variables du duc de Broglie sur
les poursuites politiques, poursuites dont
le Seiz-Mai s'est montré si prodigue. Il y a
eu alors, par suite des condamnations po-
litiques, un total d'un million d'amende
et de quarante-deux ans de prison. Ce
sont des services de ce genre qui ont perdu
la magistrature et ce sont les traditions
qu'il faut faire disparaître. Quant à l'ap-
plication de la loi qu'il propose, le garde
des sceaux promet qu'elle sera exempte
de passion comme de faiblesse.
Après ce discours suivi d'une suspension
de séance, M. Allou a demandé la parole
pour combattre le projet de loi qui, pour
l'orateur, consiste tout entier dans la sup-
pension de l'inamovibilité. M. Allou, en
faisant l'historique du projet, a établi qu'il
n'était pas question de faire une réforme
dans l'organisation des tribunaux. Sur ce
terrain, il serait avec le garde des sceaux.
Telle qu'elle se présente, la loi, selon
M. Allou, est un malheur public. La vraie
réforme, à son avis, était de séparer la
justice de la politique. La loi actuelle ne
donnera qu'une magistrature dépendante
et effroyablement asservie. Cette loi, dit
encore M. Allou, va créer des colères, et le
véritable homme d'Etat républicain sera
celui qui fera l'apaisement dans l'opinion.
En terminant, l'orateur proteste contre
les attaques dont la magistrature a été
l'objet et, comme au cirque antique, il
salue ceux qui vont mourir.
La droite, en applaudissant la pérorai-
son, d'ailleurs éloquente, de M. Allou, n'a
pas fait attention qu'il travestissait un peu
la citation ordinaire. Ceux qui saluent
sont ceux qui vont mourir. Que la magis-
trature s'incline donc, avant de tomber,
devant la loi qui la frappe à son tour.
A. G.
COULISSES DES CHAMBRES
La discussion générale des conventions
de chemins de fer se continuera aujour-
d'hui. Le premier orateur inscrit pour
parler contre les conventions est M. Ca-
mille Pelletan ; M. Léon Renault parlera
en sens contraire, et M. Lockroy intervien-
dra ensuite dans le débat, après quoi la
discussion générale, selon toutes probabi-
lités, sera close. Un premier scrutin im-
portant aura lieu alors sur le point de
savoir. si la Chambre entend passer à la
discussion des articles. Ensuite se posera
la grave question de l'urgence, qui sera
réclamée par le gouvernement afin de
supprimer la seconde délibération et d'a-
voir un vote définitif de la Chambre avant
les vacances.
Des demandes de vote à la tribune ont
été préparées pour ces divers scrutins,
afin d'empêcher le vote par procuration
des absents. Sans cela, en effet, beaucoup
de membres de la Chambre seraient déjà
partis. Des deux côtés, des invitations pres-
santes de venir siéger sont adressées aux
membres absents, en prévision de ces
scrutins.
-0-
M. de Broglie doit adresser une ques-
tion au ministre des affaires étrangères au
sujet des affaires du Tonkin. M. Challemel-
Lacour, prévenu hier, a accepté le débat
pour aujourd'hui.
La discussion ne paraît pas devoir pren-
dre de grands développements, eu égard
aux négociations diplomatiques actuelle-
ment engagées. Celles-ci paraissent avoii
pris, d'ailleurs, une tournure favorable, et
l'on croit pouvoir affirmer qu'il n'y aura
aucune rupture avec la Chine.
Le marquis de Tseng, ambassadeur de
Chine en France et en Angleterre, est rtb
venu de Londres depuis le 13 juillet pour
être à portée du gouvernement français;
d'autre part, M. Tricou, notre représen-
tant en Chine, a quitté Shangaï pour aller
négocier directement à Pékin. Enfin, un
fait qui est regardé comme un symptôme
d'apaisement, c'est la décision du gouver-
nement chinois de rappeler le généralisa
sime Li-Hung-Chang qui avait été envoy6
à Shangaï, pour le replacer dans le gou-
vernement du Pe-Tché-Li, province nord
de la Chine, à l'opposé du Tonkin.
Le ministère des affaires étrangères don-
nera probablement aujourd'hui au Sénat
des renseignements en ce sens.
-0-
Plusieurs journaux se sont trop pressés
d'annoncer que le général Billot allait être
nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg
en remplacement de l'amiral Jaurès. Il est
vrai, comme nous l'avions annoncé il y a
plusieurs jours, que l'unirai Jaurès va
quitter la carrière diplomatique pour
prendre le commandement de l'escadre
d'évolution de la Méditerranée ; mais la
vacance de l'ambassade de Russie ne se •
produira pas avant fin septembre ou le
commencement d'octobre, époque à la-
quelle l'amiral Krantz, commandant actuel
de l'escadre d'évolutions, cessera ses fonc-
tions.
Actuellement le ministre des affaires
étrangères n'a à pourvoir qu'à l'ambas-
sade de Vienne vacante depuis six mois
environ, par suite de la démission du
comte Duchatel.
————————
L'ENSEIGNEMENT LjJhRIEUR LISES
Le conseil supérieur de l'instruction pu-
blique a agité, l'autre jour, une question
qu'il est permis de considérer comme ca-
pitale pour l'avenir de notre enseigne-
ment supérieur, celle des cours libres à
établir auprès de nos facultés.
L'enseignement supérieur se compose de
deux parties; l'une, toute didactique et
d'exposition, consiste à propager la science
telle qu'elle a été constituée par le tra-
vail des siècles et à faire profiter les géné-
rations nouvelles du trésor d'observations
et d'expériences accumulées par les géné-
rations précédentes. On peut dire qu'à ce
point de vue nous avons les premiers maî-
tres de l'Europe. L'esprit français a des
qualités de précision, de méthode et d'a-
nalyse qui le rendent particulièrement apte
à enseigner, et dont on chercherait vaine-
ment ailleurs l'équivalent. Pour mon
compte personnel, je ne fus pas peu surpris,
lorsqu'au sortir de l'école normale je par-
courus les universités allemandes, de voir
combien, chez quantité d'hommes de la
plus vaste réputation et du plus rare mé-
rite, le professeur était au-dessous du
savant.
Mais la science ne consiste pas unique-
ment à démontrer et à montrer, elle
consiste aussi à chercher, sinon à décou-
vrir. Sur ce point, en laissant de côté les
sciences physiques et naturelles où pour
l'instant nous sommes hors de pair, et ea
faisant la part d'exceptions aussi honora-
bles que peu nombreuses, il est incontesta-
ble que notre enseignement supérieur laisse
à désirer. Il y a, ou plutôt il y avait, car le
militarisme prussien, qui a déjà tué la vie
politique en Allemagne, est en train de tuer
la vie intellectuelle par dessus le marché,
il y avait, dis-je, autrefois, dans les hautes
écoles allemandes, un besoin de recher-
che, un désir d'innover qui se traduisait
par des théories plus ou moins heureuses,
par des hypothèses plus ou moins vérifiées
sans doute, mais dont la science, au demeu-
rant, profitait. Le professeur'était intéressé
à faire marcher la science, à attacher son
nom à quelque découverte, par cet excel-
lent motif que l'avancement était réglé,
Feuilleton du RAPPEL
DU 22 JUILLET
30
LA VIE EN L'AIR
DEUXIÈME PARTIE
1 (suite)
Gabrielle surmonta jvite le trouble, inex-
plicable pour elle-même, que le nom de
Paul lui causait et, quand Henri lui eut
o nté la rencontre de tantôt au bois :
— Venez dans le boudoir de grand'mère,
lui dit-elle. Nous avons acheté deux eaux-
fortes de lui ; je veux vous les montrer.
On s'applaudit de les voir disparaître,
s'isoler davantage. Assurément, il y aurait
u nouveau ce soir.
Tout en accompagnant la jeune fille
dans la pièce voisine, Henri continuait de
lui parler des enfants de Léa et, dans ses
Reproduction et traduction interdites.
Voir le Rappel du 17 juin au 21 juUloU
réponses, Gabrielle manifestait à leur pro-
fit, une estime chaude dont, sans dessein,
elle semblait favoriser Paul d'une part plus
large.
—Lui, du moins, répondit Henri, il peut
faire sa vie, exister par lui-même, se créer
une personnalité indépendante.
— Que Juliette se marie demain, répli-
qua Mlle Phortin, et plus que lui encore
elle s'affranchit des fatalités de sa nais-
sance.
— C'est égal, conclut le jeune homme,
l'organisation sociale comporte des situa-
tions pénibles et bien injustes pour cer-
tains enfants t
Gabrielle garda le silence un moment,
puis, suivant sa pensée :
— Il n'y a pas que ces situations-là qui
soient difficiles, mon ami, et il n'est pas
indispensable de devoir le jour à une ac-
trice pour avoir à sacrifier ses prédilec-
tions.
On eût dit qu'elle fît allusion lointaine
à des choses intimes. Que voulait-elle dire
précisément? Henri ne le lui demanda pas.
Peut-être avait-il des raisons de penser
comme elle sur ce point. Sa tenue envers
sa mère, son affectation à parler le moins
possible de l'homme qu'elle avait épousé
en secondes noces, donnait à penser qu'il
n'abondait que trop dans le sens des ré-
flexions de l'orpheline.
Mais tout cela restait vague. Des deux
parts, soit qu'on se comorît de reste* ftoU
parti pris de ne pas se plaindre, on resta
volontairement dans les généralités.
On les interrompit.
— Me ramènes-tu, Henri? lui demanda
sa mère, en pénétrant dans le boudoir.
Son mari, absent de Paris, depuis deux
jours, devait rentrer le soir même ; elle
voulait être à la maison, à son retour. Il
lui manquait si fort 1
Les deux jeunes gens se séparèrent sur
une poignée de main amicale plus étroite
et prolongée que de coutume. On eût dit
qu'en parfaite communion de sentiments
sur le sujet qui les avait occupés,ils s'en don-
nassent une muette assurance réciproque.
— Je suis très contente, dit la veuve à
son fils, une fois seule avec lui, dans le
coupé qui la ramenait. Il nous a paru, à
tous, que vous vous êtes enfin entendus,
Gabrielle et toi.
— Plus encore qu'on ne pense, répon-
dit Henri en riant. Elle est presque tentée
de faire comme moi.
— C'est-à-dire?
— De rester garçon.
Mais voyant que sa mère ne gpûtait pas
la plaisanterie,
— Ne t'impressionne pas, ajouta-t-il du
même ton. Il n'y a rien de changé à nos
dispositions. Nous avons causé de tout
autre chose.
S'il croyait la rassurer, il se trompait.
Qu'allait dire son mari qui, à mesure, la
tracassait avec aigreur, insistant pour
qu'elle usât d'autorité ?
Au même moment, Paul, ayant installé
Juliette chez lui, se disposait à la quitter.
— Tu vas te coucher, sœurette?
— Et dormir de tout mon cœur.
— C'est la consigne. Prends de l'avance,
car, tu sais, avec maman il faut s'attendre
.à bien des choses et si, au retour, je te fais
lever, n'en sois pas surprise.
— N'aie pas peur I répliqua gaîment la
jeune fille. Du reste, si c'est pour la voir
et l'embrasser, je serai vite debout. Bon-
soir.
On 's'embrassa encore et Paul, prenant
son chapeau, descendit dans la direction
des boulevards.
Au théâtre de la Gaîté on était réelle-
ment sens dessus dessous.
Autour du square des Arts-et-Métiers,
les équipages de maître encombraient l'es-
pace. Devant l'édifice, une foule compacte
de curieux, de marchands de contremar-
ques, de vendeurs de programmes, d'o-
ranges, mêlés à des garnements qui ou-
vraient la portière des fiacres en retard.
Un tapage incessant de voix, d'appels,
avec quelques coups de sifflet qui déchi-
raient les oreilles.
Dans les cafés, dans les burettes des
alautours un grouillement de toutes flirtes
de gens, bavardant, gênant le service des
garçons qui poussaient dans le tas, répé-
tant un perpétuel : « Pardon, messieurs »
et répandant les bavures des bocks sur les
habits.
Mais rien cela, comparé à la confusion
des coulisses et des loges d'artistes. Une
maison de fous, pressés, ahuris, furieux,
jurant, se bousculant sans souci les uns
des autres.
— Eh ! mon Dieu ! pourquoi donc £ •:
C'est, qu'à la Gaîté, il se donnait une
représentation extraordinaire au profit des
sinistrés d'un pays si lointain que, du dia-
ble, si trois de ceux qui jouaient gratis,
savaient seulement en quelle partie du
monde, il pouvait bien se trouver. Bah !
qu'est-ce que ça leur fait, je vous demande
en peu ? Il y a des malheureux quelque
part ; un journal imagine de monter
une soirée dramatique à leur profit, en
avant ! tout ce qui sait débiter une scène,
chanter un morceau, dire des farces, jouer
d'un instrument, danser un pas, les voilà
tous.
Le journal les a éreintês, a raconté leurs
« turpitudes »; ils ne s'en soucient plus.
Peut-être aussi n'y a-t-il là-dessous qu'une
manoeuvre de bputiquè, propre à faire de
la publicité, de la réclame à la feuille que
l'abonné déserte; ah bien, tant pis 1 Offi-
ciellement, il s'agit de soulager des mi-
sères; ça suffit, ça les touche. Et puis, ils
se montreront, on parlera d'eux. Foin du
reste! A tout considérer, les meilleures
gens du monde; d'une sensibilité que je
défie de rencontrer, au même degré, dans
n'importe quelle classe.
Mais, à l'heure de s'exercer sur le trem-
plin, autre aspect ; un effarement inouï.
Rivalités d'étoiles, afiaires du diable pour
une vedette, pour un accessoire oublié,
susceptibilités de tous genres, à tous su-
jets, Pourquoi une loge du troisième étage
quand celle de chose est au premier? C'est
simplement une infamie! « Canaifièsl »
Qui ? Tout le monde !
Les employés de la maison perdaient la
tête, se débattant insensés, au milieu des
réclamations vociférées et de l'encombre-
ment de fournisseurs, d'habilleuses, de
coiffeurs étrangers au théâtre, sans comp-
ter les amis de ces dames, et des reporters
affairés.
Enfin, appréhension poignante! — « Léa
viendra-t-elle 1. » Elle a promis: oui.
mais!.
«, ÉDOUARD CAD0L
LA ,uiVÎ'l,) !
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.65%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.65%.
- Collections numériques similaires Agence Rol Agence Rol /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Agence Rol" or dc.contributor adj "Agence Rol")Maxence Bibié [sous-secrétaire d'Etat à l'Economie nationale et député de la Dordogne, à son bureau] : [photographie de presse] / [Agence Rol] /ark:/12148/btv1b53285387j.highres 1/11/33, Toussaint, M. Lebrun à l'Etoile [au Soldat inconnu] : [photographie de presse] / [Agence Rol] /ark:/12148/btv1b532854048.highres
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7540375g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7540375g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7540375g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7540375g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7540375g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7540375g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7540375g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest