Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1883-07-16
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 juillet 1883 16 juillet 1883
Description : 1883/07/16 (N4875). 1883/07/16 (N4875).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2012
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& 4875 S. Lundi 16 Jmliet i883 le numéro : lOe. — Ué^a^iemeiBis : Il c. 28 Messidor an 91 -é No 48751
; ADMINISTRATION
18, ELE DE VALOIS î*
ABONNEMENTS
PARIS
Froismois. 40 »
Sixffiois,20 »
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Six mois .t. 27/)|
Jlîtrcsseï- Mires et mandais
A SI. ERNEST LEFÈVRE
ADMDîISTRAîiEmi-
LE RAPPEL
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Xcs maniscrits non insérés ne serontpas renoua
ENONCES
'ïîM". Ch. LAGRANGE, CERF et ce
6, place de la. Bourse.Gt
M STATUE DE Ll RÉPUBLIQ UE
• La fête nationale a eu, cette année,
comme elle les a eus l'année dernière
et comme elle les aura l'année pro-
chaine, le gai frissonnement des dra-
peaux tricolores,, la splendeur des illumi-
nations, et la vivante et fière joie d'une
nation qui célèbre l'anniversaire de sa
délivrance. Mais elle a eu, cette fois,
quelque chose de plus : l'inauguration
de la statue de la République.
Ce qui ajoute à cette inauguration,
, c'est la coïncidence qui fait surgir du
soi cette grande figure au moment même
où la royauté expire dans la personne
de son dernier représentant.
On nous rendra cette justice, et on
la rendra à tous les journaux républi-
cains, que nous avons parlé du comte
de Chambord mourant avec une réserve
dont les journaux réactionnaires ne
nous avaient pas donné l'exemple. Nous
ae sommes pas de ceux qui crachent
sur les agonisants. Quand, l'année der-
nière, Gambetta se mourait, les jour-
naux anti-républicains, les légitimistes
comme les autres, ont vidé sur lui toutes
leurs hottes d'injures. Par un hasard,
où les légitimistes sont libres de voir
10 doigt de la Providence, il se trouve
que, dans la même année, leur roy
est frappé de la même maladie qui les
a tant fait rire et hurler d'aise quand c'é-
taitun républicain qu'elle frappait. Nous
né - hurlons pas d'aise et nous ne rions
Jlas. Nous en aurions pourtant un sujet
facile, d'abord dans la parité d'agonie,
: ensuite dans la candeur des remèdes
que les légitimistes essayent sur leur
prince : neuvaines, allumage de cier-
ges, envoi de dix mille francs au pape
qui priera pour le prix, messes innom-
brablcs, jour de jeune, et ce beau cri
d'un journal royaliste : « Dieu veut
qu'on lui fasse violence ! » Voyez-vous
Dieu ressemblant à ces femmes qui
veulent qu'on les viole !
ji C'est très bien, mais si, comme nous
'ne le désirons pas plus que nous ne le
craignons, mais comme c'est plus que
vraisemblable, les messes, les neu-
vaines, les jeunes, les dix mille francs
donnés au pape et la violence faite à
Dieu n'obtiennent pas la guérison du
comte de Chambord, les légitimistes
se seront mis dans le cas de choisir
¡ entre ces deux explications : ou que
leur Dieu n'existe pas, ou qu'il en a
assez du droit divin.
Car les légitimistes auront beau faire
semblant de croire que le droit divin
.ne meurt pas avec le comte de Cham-
bord puisqu'il y a le comte de Paris,
ils savent comme nous que le comte de
Paris ne peut jamais * être qu'un droit
divin par à-peu-près. Le comte de
Chambord a mieux aimé ne jamais ré-
gner que d'être « le roi légitime de la
Révolution ». Le comte de Paris ne
pourrait être que le roi légitime de
la Révolution. Il ne dépend pas de
lui de n'être pas le petit-fils du roi
des barricades de 1830 et l'arrière-
petit-fils du prince qui a guillotiné
Louis XVI. Le comte de Chambord
a mieux aimé ne jamais régner que
de renoncer au drapeau blanc. Le
comte de Paris ne pourrait accepter le
drapeau blanc sans faire sortir de la
tombe l'ombre de son grand-père lui
^chantant :
Soldat du drapeau Incolore,
Orléans, toi qui Vas porté,
Ton sang se mêlerait encore
A celui qu'il nous a coûté !
Un droit divin qui descendrait de
Philippe-Egalité et qui arborerait le
drapeau tricolore pourrait faire pen-
dant, dans les foires, au produit inces-
tueux de la carpe et du lapin.
Donc, c'est le droit divin qui meurt
avec le comte de Chambord, et qui
meurt avec impossibilité de résurrec-
tion, et avec cette amertume d'être ré-
duit, pour tout héritier, au porteur du
drapeau dont il a horreur, à son expul-
seur de France, à celui qui le fait mou-
tir à l'étranger.
C'est un fait que les légitimistes sont
encore maîtres d'appeler providentiel
que le droit divin agonise précisément
à l'anniversaire du grand évènement
qui lui a porté le premier coup mortel.
Les royalistes n'aiment pas qu'on
fête la prise de la Bastille. Ça se con-
çoit. Mais ça n'empêche pas la prise de
la Bastille d'être une chose admirable
— et admirée. Le premier anniversaire
du -14 juillet fut célébré à Londres par
un banquet de 652 convives où Shéri-
dan but « à la destruction de la Bastille,
à la Révolution, à la France! » La
prise de la Bastille fut donnée pour su-
jet de concours dans les universités
anglaises. En Russie — c'est un té-
moin non suspect, l'ambassadeur de
Louis XVI, le comte de Ségur, qui le
raconte dans ses Mémoires, — on s'em-
brassait dans les rues en pleurant de
joie. C'est qu'en effet il y avait intérêt
pour tous les peuples à la libération du
peuple fraternel qui ne travaille jamais
pour lui seul et qui, lorsqu'il fait une
déclaration des droits, déclare, non les
droits du Français, mais les droits de
l'homme. -
Ce grand acte de la France, il y eut,
dès le premier jour, des Français pour
l'insulter. — Loin de nous, s'écriait en
1790, à l'assemblée administrative de
la Côte-d'Or, le syndic Guiton, « loin
de nous ceux qui, s'associant à la for-
tune des tyrans, essayent de diminuer
l'éclat de cette victoire; les malheu-
reux ! ils ne sentent pas le prix d'une
conquête qui illustre leur patrie, dont ils
doivent, eux et leur postérité, partager
les avantages ! Parmi les nations étran-
gères, celles que nous estimons les
plus sages, celles à qui l'expérience a
fait connaître les fruits de la liberté,
oublient leur rivalité pour célébrer la
réduction de la Bastille ; elles se réjouis-
sent de voir l'espèce humaine s'agran-
dir. » Et l'auditoire s'indignait de ces
« malheureux », de ces Français moins
Français que les étrangers.
Aujourd'hui encore, il y a de ces Fran-
çais là; aujourd'hui encore, on voit des
Français protester contre cette grande
journée au lendemain de laquelle Bailly
a pu dire : « Nous avons une patrie ! »
L'année dernière, un de leurs journaux
s'est encadré de noir.
Son Dieu l'a pris au mot et lui four-
nit, cette année, une bonne raison de
prendre le deuil. Personne no s'étonnera
cette fois qu'il le pense, tout le monde
trouvera que les royalis tes ont une double
raison de se mettre en hoir où le Quatorze-Juillet achève son œuvre
et, du même coup, couche sous la terre
de Froshdorfl le cadavre du droit divin
et dresse sur le pavé de Paris le bronze
do la République.
AUGUSTE v ACQUBRIE.
mmmii i
ENQU ËTE PRÉALABLE
On annonce que M. Delaporte, dé-
puté des Deux-Sèvres, vient do donner
sa démission d'administrateur des mu-
sées de l'Etat pour. pouvoir combattre
librement les conventions, dans la dis-
cussion qui s'ouvre lundi devant la
'Cluimbre.: : -;
Cette résolution, tout à fait à l'hon-
neur du député qui la prend de son
plein gré, est la justification anticipée
d'un amendement relatif aux chemins
de fer de l'Etat, et qui sera présenté
dans le cours du débat. Cet amende-
ment, inspiré par le principe général
qui condamne le cumul, a pour objet
d'interdire aux membres de l'une ou
l'autre Chambre de faire partie du con-
seil d'administration des chemins de
fer de l'Etat. Aucune prescription ne
serait plus raisonnable, car on ne com-
prend pas aisément la situation de
fonctionnaires se votant à eux-mêmes
un budget, vérifiant et approuvant leurs
comptes. La loi imposerait donc désor-
mais à tous les administrateurs du ré-
seau de l'Etat l'option à laquelle M. De-
laporte s'est décidé volontairement.
Sans doute c'est à l'approche d'une
discussion spéciale que les scrupules
de l'honorable membre se sont éveillés,
mais il ne faudrait pas croire que, dans
les - cas ordinaires, lorsqu'il s'agit de
voter le budget et même les lois cou-
rantes, la siluation des députés délégués
à l'administration du réseau de l'Etat
soit moins fausse. D'abord on ne per-
suadera à personne que l'administra-
tion d'une ligne importante soit
compatible avec les travaux mul-
tiples du Pavl £ m«ât-»|>
comme cela arrive pour tous les cas de
cumul, l'une ou l'autre est nécessaire-
ment sacrifiée, à moins que ce ne soient
les deux à la fois qui soient ma! rem-
plies. Maintenant combien est-il de ques-
tions qui, sans se rattacher d'une fa-
çon évidende et directe à la question
spéciale des chemins de fer, en dépen-
dent cepèndant et ne laissent au député-
administrateur qu'une demi-liber té d'es-
prit ?
Eniiu, lorsque les comptes des che-
mins de fer de l'Etat sont soumis au
ministre et à la commission du budget,
croit-on qu'ils puissent être examinés
avec la même indépendance, la même
sévérité nécessaire que si des députés
et des sénateurs ne les .couvraient pas
de leur responsabilité? Personne n'ose-
rait le soutenir.
L'adoption de l'amendement dont
nous parlons ne semble donc pas dou-
teux, surtout après la démission de M.
Delaporte. Peut-être même trouvera-t-on
qu'il y a autre chose à faire encore.
L'expérience de l'exploitation par l'Etat,
on l'oublie trop volontiers et trop sou-
vent, n'a jamais été poursuivie qu'à
titre provisoire. Le texte de la loi le
dit en termes formels. Comme tous les
provisoires, celui-là a déjà beaucoup
duré et il ne demanderait pas mieux
que de devenir définilif. Mais, à pré-
sent que M. Raynal, M. Lebaudy, M.
Baïhaut, et tant d'autres, ont trouvé leur
chemin de Damas et renoncé à leurs
rêveries sur la compétence univer-
selle de l'Etat, il n'y a, ce nous sem-
ble , aucune raison pour continuer
une expérience condamnée par le bon
sens avant de l'être par la pratique.
L'insuccès, plus ou moins déguisé, de
l'administration du réseau de l'Etat
n'est pas fait pour nous étonner, et les
condamnations portée^ sur cette tenta-
tive par les hommes les plus compé-
tents sont certainement encore moins
sévères qu'on ne le pouvait craindre.
Mais enfin, pour que toutes les voix
soient entendues, pour que la lumière
soit aussi éclatante que possible, la
Chambre pourrait ordonner une en-
quête parlementaire sur la situation
du réseau de l'Etat et les résultats poli-
tiques et financiers de cette exploita-
tion. Quand la loi a déclaré que le ré-
seau de l'Etat n'était constitué que
provisoirement, c'était sans doute pour
permettre aux pouvoirs publics de met-
tre aisément fin à l'expérience, si elle
devenait désastreuse ou simplement
onéreuse. Nojlis croyons que c'e^t le ré-
sultat auquel on est arrivé; nlàis si
nous nous trompions, s'il en était autre-
ment, si, comme plusieurs l'assurent, le
réseau de l'Etat était un réseau-modèle
sous tous lesrapports, alors il faudrait en
revenir aux idées premières de M. Ray-
nal et de la commission des chemins de
fer; il faudrait, au lieu de s'arranger
avec les compagnies, les racheter toutes
pour étendre à tout le réseau ;lcs bien-
faits inappréciables de l'administration
de l'Etat. C'est pourquoi une enquête
sérieuse est nécessaire et devrait être
ordonnée par la Chambre avant tout
débat sur les conventions. *
A. G AU LIER.
.-
A propos des deux chantres qui ont
brutalisé deux israélites qui ne se décou-
vraient pas devant une procession, nous
avons dit que les proccssionnards devraient
se contenter de la faculté qu'on leur laisse
d'encombrer les rues et d'interrompre la
circulation.
— Et votre fête nationale? nous objecte
M. Joseph Denais, de la Défeme. Est-ce
qu'elle n'encombre pas les rues et n'in-
terrompt pas la circulation autant que
nos processions?
IL va sans dire que l'objection, étant
faite par un journal clérical, est faite en
termes plus vifs. La fête nationale est
« un défilé de francs-maçons, de filles en
gaîté, de braillards de la Marseillaise »;
c'est une fête « ridicule et honteuse »;
les rues sont « barrées par des reposoirs
où trône le buste d'une gourgandine à
bonnet phrygien H, etc. La Défense, qui
appelle la République une gourgandine,
s'indignerait si un journal républicain
appelait « gourgandine » la Vierge dont
le buste trône dans les reposoirs de la
Fête-Dieu.
Sans nous arrêter aux mots, nous ferons
à l'objection deux réponses ;
La première, c'est que dans les proces-
sions, les rues sont encombrées par une
secte, à qui elles n'appartiennent pas, et
que, dans la fête nationale, elles sont en-
combrées par la nation, à qui elles appar-
tiennent.
La seconde, c'est que M. Joseph Denais
peut garder son chapeau sur la tête de-
vant ce qu'il appelle un défilé de braillards
de la Marseillaise ou devant le buste de
celle qu'il appelle une gourgandina, sans
que personne lui fasse Co que les bedeaux
de Yvonne ont fait aux deux israélites
qui sont restes couverts devant les brail-
lards de cantiques et devant le buste de
celle dont 16 fils n'est Pfs de son mari.
A. V.
9
t ii'iiwpi m
LA FETE NATIONALE
!, LA STATUE DE LU REPUBLIQUE
Foule immense aux abords de la place,
où il est bien difficile d'arriver avec les
cartes les plus authentiques. Soleil res-
plendissant. Allégresse générale. Ordre
parfait.
Sur l'estrade dressée au pied de la sta-
tue et entourée de bancs sur lesquels sont
les quinze cents invités de la ville de Paris,
on voit le préfet de la Seine, le conseil
municipal les maires, des députés, des
sénateurs, etc. Le préfet de la Seine et le
président du conseil municipal pronon-
cent les discours suivants :
DISCOURS DU PREFET DE LA SEINE
Messieurs,
L'inauguration d'une statue monumentale
de la République à Paris ne répond pas seule-
ment au sentiment de la grande ville; c'est
une fête nationale à laquelle s'associe la
France entière.
En juillet 1789, la nation » répétait ce cri de
délivrance pousse par les vainqueurs de la Bas-
tille. Sa souveraineté s'élevait sur les ruines de
l'absolutisme.
De môme aujourd'hui, dans les flots humains
qui se pressent autour de la statue de la Repu- jl
blique et la saluant de leurs acclamations se
,pàvoiil. des citoyens venus de tous les points
du territoire. C'est la fête de la démocratie
française.
Moins d'un siècle a suffi pour, assurer le
triompha de la grande Révolution et pour que
nous soyons arrivés, à travers de nom-
breuses vicissitudes, à l'application de ses
principes.
En 1789, le peuple de Paris emporté par un
irrésistible élan vers la liberté avait hûte d'en
finir avec un régime qui ruinait et opprimait
la nation. Il lui fallait avant tout renverser et
détruire, aujourd'hui, au contraire, c'est
une œuvre de reconstruction que nous pour-
suivons; notre désir le plus-ardent est de fon-
der définitivement l'édifice républicain, de le
perfectionner, de le rendre toujours plus di-
gne de la France et de ses aspirations éle-
vées.
Ce peuple, si héroïque au jour de la lutte, si
terrible dans ses colères, a définitivement dé-
pose les armes en voyant disparaître les der-
nières causes de ses ressentiments.
Aussi a-t-il voulu que la République qu'il
honore se dépouillât de ses anciens attributs,
qu'elle répudiât sa devise d'autrefois et qu'elle
se présentât à la France et «« m-aftde" calme
et licre, tenant à la main le rameau, symbole
de la pais et de la concorde.
Nous en avons fini pour toujours avec la
violence ; le suffrage universel, cette grande
conquête de 1848 a remplacé l'action révolu-
tionnaire.
La République actuelle doit puiser sa forcc:,
où elle prend son origine : dans le droit :
C'est cette pensée qu'a très bien traduite
l'auteur du monument que nous inaugurons
lorsqu'il a donné pour appui à la République
la table sur laquelle est gravée la Déclaration
des Droits de l'homme, l'expression la plus
élevée que nous connaissions du sentiment dé-
mocratique, Texpreçsibn la plus complète et la
plus concise des principes qui doivent régir les
rapports des hommes vivants en société: éga-
lité des citoyens, liberté individuelle, liberté de
conscience, liberté de la presse et de la pa-
role, inviolabilité de la propriété, respect du
travail et des droits d'autrui; droits et devoirs
se trouvent réunis dans les dix-sept articles
dont se compose ce mémorable ducument.
Telle est, messieurs, la République dont M.
Morice a conçu l'image et à laquelle le con-
seil municipal de la Ville de Paris a donné ses
prélércnccs. Ainsi comprise, ainsi pratiquée,
la République poursuivra paisiblement ses
destinées, dédaignant les clameurs et les me-
naces impuissantes de ses adversaires.
La nation française ne veut pas imposer sa
volonté aux autres peuples; elle demande seu-
lement à vivra chez elle, libre et respectée, et
aucun sacrifice ne lui coûtera pour maintenir
son indépendance.
Elle a acquis assez de gloire sur les champs
de bataille pour ne pas chercher de nouveaux
combats. -
Elle sait qu'elle trouvera dans son travail,
dans les brillantes qualités de son génie les
conditions nécessaires pour tenir glorieuse-
ment son rang dans le monde et contribuer
puissamment au progrès de l'humanité.
Ces sentiments, messieurs, ont certaine-
ment inspiré l'œuvra remarquable du jeune
statuaire; ils se dégagent de la solennité pré-
sente, ils nous unissent dans un même vœu
pour la grandeur de la patrie, et nous font
pousser la même acclamation ; Vive la Répu-
blique 1
DISCOURS DE M. MATHE
Messieurs,
En venant, au nom du conseil municipal de
Paris, saluer l'imago de la République, j'ai
pour premier devoir de rendre un éclatant
hommage à la mémoire des citoyens coura-
geux qui n'ont cessé de lutter pour elle et
qui sont morts pour sa défense.
Héritiers du passé, pleins de confiance dans
l'avenir, en élevant ce monument nous avenï
voulu, une fois de plus, affirmer notre profond
dévouement à la République et notre loi dans
la liberté.
Il y aura bientôt un siècle, un an après la
prise de la Bastille, les conquêtes de la Révo-
lution se trouvaient menacées, du nord au
midi, de l'est a l'ouest, il n'y eut qu'un cri,
qu'une volonté : résister aux menées monar-
chiques, défendre la Constitution nouvclle;
alors, Paris assista à la mémorable fête de la
Fédération du H juillet 1700.
De tous les points de la France, on vint sa-
luer l'aurore de la liberté.
Aujourd'hui, nous n'avons plus les mêmes
craintes, la République existe ; des partis
hostiles peuvent l'attaquer, mais elle n'a rien
à redouter, parce qu'elle a pour base le suf-
frage universel et la souveraineté du peuple.
Vous allez assister, messieurs, à une nou-
velle fête de la Fédération ; vous ne verrez pas
défiler devant vous des visages inquiets de l'a-
venir, mais de vaillants citoyens qui ont con-
fiance dans les institutions républicaines qui
seules pourront leur apporter des réformes
politiques et sociales trop longtemps atten-
dues, ,',
Les sentiments que j'exprime sont ceux da
la population parisienne. Ne pouvant assister
tout entière à cette fête, elle a tenu à s'y faire,
représenter par un geand nombre de déléga-
tions qui, tout à l'heure, viendront en son
nom, rendre hommage à cette République qui
lui est chère.
En voyant éclater au grand jour ses convic-
tions républicaines qui reposent sur la paix, le
travail et la liberté, - vous serez convaincus
qu'on doit avoir pleine confiance dans cette
grande cité. Sans vouloir porter atteinte à
l'unité nationale, Paris, par son passé et par
son initiative constante dans la voie du pro-
grès, a conquis le droit de réclamer ses fran-
chises municipales.
Un autre sentiment s'impose à nos réflexions
en face de cette statue, symbole de l'union de
tous les citoyens. Nous, aurions été heureuv
que cette féte fîil marquée par un grand acte
de clémence et de pacification.
Au nom du conseil municipal de Paris, j'a-
dresse mes vives félicitations à MM. Morice
qui, àprès quatre années d'un travail assidu et
pénible, ont doté la ville de Paris de l'œuvre
que vous admirez en ce moment. Je félicite
aussi 1 habile fondeur, M. Thiébault, et les in-
telligents travailleurs qui ont collaboré à son
exécution.
La grande cité républicaine devait prendre
l'initiative de l'érection de la première statue
de la République.
Son œuvre est terminée et, au nom de la
population parisienne, nous la remettons à la
France comme gage inaltérable de l'union qui
ne doit cesser d'exister entre les départements
et Paris. -
vive la itepuMiquei -
Alors on enlève le voile de la statue, qui
apparaît, haute et fière, dans la clarté du
soleil. De toute la place, de toutes les
avenues voisines, de toutes les fenêtres,
de tous les toits, une immense et formi-
dable clameur s'élève ; Vive la Répu-
blique !
Puis le défilé commencer
Les bataillons scolaires ouvrent la mar-
che. Ai-je besoin de dire s'ils sont applau-
dis? Chaque année, l'organisation de ces
bataillons s'améliore, et les progrès de ces
futurs défenseurs de la patrie s'accentuent
d'une façon notable.
Voici la liste des sociétés et groupes
inscrits pour le défilé devant la statue de
la République et l'ordre dans lequel ces
groupes ont défilé :
Commissaires, de direction.
Tambours et clairons. -
Famille des proscrits de 1Sj1-18o8.
Harmonie des ateliers Lcmaire.
Groupe fraternel républicain des anciens
défenseurs de la 'patrie.
Harmonie des Enfants de la nation.
Institut maritime et colonial de France.
Harmonie.
Sociétés d'Alsace-Lorraine. - Orphéon alsa-
cien-lorrain. Union alsacienne.
Harmonie.
Sociétés de tir et de gymnastique de la ban-
lieue. — Société des clairons volontaires des
Quatre-Chemins (Pantinj. L'Indépendante, d'Al-
ibrtvilte. La Charerïtonriàisé." T/Espérairce, -(le
Charonne. La Hcvanche, de Saint-Quen. La
Patriote, de Sainl-Mandé.
Harmonie,
Sociétés de tir et de gymnastique de Paris.
- Les Gravillicrs. Les Volontaires du 4e arron-
dissement. La Patrie, du 10®. La Liberté, du
11e. Qui" vive! France! du 1819. En avant! Har-
monie de la Jeune-France. La Jeune-France,
du 11e. Le Drapeau: La Patriotique. Les Sans-
Souci, du 2e. Les Volontaires, du 181. Harmonie
de Sambrc-et-Mcuse. La Sambre-et-Meuse, du
10° arrondissement. Patrie! (société des cour-
riers en temps de guerre). L'indépendante,
du 10e.
Harmonie.
Sociétés militaires et patriotiques. — Les
Combattants de la Cô:e-d'or, Société du dra-
peau authentique de 1789, Union fraternelle
des anciens combattants de la Défense r atio-
nale, Société des volontaires de 1870, Fédéra-
tion des volontaires de 1870.
Harmonie de la Gauloise.
Sociétés des boulangerq.- La société Saint-
Honoré, chambre syndicale des ouvriers bou-
langers, Union des travailleurs ouvriers bou-
langers de Grenelle et de Vaugirard, corpora-
tion des batteurs d'or, chambre syndicale des
badigeonneurs-échafaudcur?, chambre syndi-
cale des boutonniers (soie et métal), Compa-
gnons du devoir et de la liberté, chambre
syndicale des ouvriers charpentiers.
Harmonie.
Société des coupeurs chemisiers, Union syn-
dicale des coupeurs- tailleurs, chambre syndi-
cale ouvrière des cuirs lit peaux, chambre syn-
dicale des chauffeurs-mécaniciens, Union des
chauffeurs-mécaniciens, "bhambre syndicale
des ouvriers mécaniciens, Société corporative
des ouvriers mécaniciens.
Union fraternelle du 2e arrondissement (har-
monie).
Chambre syndicale des ouvriers doreurs-
argenteurs, Association générale de l'ébéniste-
rie parisienne, chambre syndicale des estam-
peurs poêliers en faïence, chambre syndicale
des ouvriers fumistes en bâtiment, chambra
syndicale des ouvriers en jouets et métaux.
Harmonie de Ménilmontant.
Chambre syndicale des lamineurs de mî-
taux, Association des ouvriers en limes, Asso-
ciation des limonadiers-restaurateurs, cham-
bre syndicale des ouvriers marbriers, chambre
syndicale des nassementiers à la barre, cham-
bre syndicale des peintres en bâtiment, cham-
bre syndicale des .ouvriers en pelleteries et
fourrures.
Harmonie.
Chambre syndicale des scieurs de pierre
dura de la Seine, association des tailleurs,
chambre syndicale des tanneurs, chambre syn-
dicale des tapissiers, société des ouvriers tein-
turiers-dégraisseurs, chambres syndicales des
terrassiers, des ouvriers tonneliers, des ou-
vriers tourneurs-monteurs de la cuivrerie en
bâtiment, des ouvriers tourneurs-repousseurs,
des ouvriers treillageurs, des ouvriers vitriers
en bâtiment.
Fanfare de la plaine Saint-Denis.
Union des chambres syndicales ouvrières.
Société des industries de Paris.
Harmonie.
Sociétés étrangères. — Union chorale néer-
landaise, Société tchèque-slave.
Harmonie La Liberté.
Société chorale des amis de la Seine.
Sociétés de la Libre-Pensée. — La Libre-
Pensée du 3e arrondissement, du o4 arr.. du
11° arr., du 17e arr. Groupe athée socialiste
du 20e arrond. La Libre-Pensée d'Asnières. La
Solidarité (Société anti-cléricale du 2Qe arr.
Loges maçonniques. — La Liberté maçon-
nique ne 1U. Représentants des diverses loges
maçonniques.
Fanfare des Volontaires du 20* arr.
Ecoles et sociétés d'industrie. — Cercle mo-
zart. Association philotechnique. Association
polytechnique. Alliance des arts, des sciences
et ttçflçuiçs' Isolés dçs écoles laïques, libre»
et gratuites du 1 Ie arr., du 20= arr. Société la
Sou des écoles.
Harmonie.
Sociétés coloniales. - Compagnie colomalt
de l Afrique française. Société nationale fran-
çaise do Londres. Société clés études maritimes
et coloniales. Groupe de la marins et des co-
lonies. F, re Belle.ille rn,rfRoilie )
-
Sociétés de prévoyance et de secours m ri-
tuels. - Choral de Belleville. Société des
Agents d'assurances. Société de protection mu-
tuelle des employés de chemins de fer. L'Etoile.
Chambre syndicale des hôteliers-logeurs de
Paris. Les Amis de la prévoyance et de î'éco->
nomic. Volontaires de» Montrouge. Société de'
secours mutaels des ouvriers ferblantiers. La
Mansarde. Groupe de sociétés de Puteaux.
Harmonie du 3e arrondissement..
Sociétés artistiques. --L'Eglantin® (société
de consommation). Cercle Béranger : Les arts
et le Progrès, le Foyer, la Famille, la Favorite,
les Momusicns, la Musc artistique, les Amis
sincères, le Bilboquet, la Lyre amicale, la Mas-
cotte, la Mélodie.
Fanfare du i-e arrondissement.
Société et cercles politiques de Pâtis, délé-
gations municipales. — Municipalité du 4* ar-
rondissement. Société républicaine du 2e ar-
rondissement. Groupe républicain radical pro-
gressif du 11e arrondissement. Groupe sociaiiste
du 12" arrondissement. Solidarité républicaine
du 10e arrondissement. Union socialiste du
101 arrondissement. Groupe républicain d'é-
tudes ëconomiques, politiques et municipales
du 61 arrondissement.
Sociétés et cercles politiques, délégations
municipales des départements. — Union dé-
mocratique de l'Aisne. Association républicaine
du Calvados. Cercles républicains des Arden-
nes de la Creuse, du. Lot, de Maine-et-Loire,
de l'Hérault. Association des Francs Comtois.
L'Harmonie des chemins de fer. L'Abeille.
Les Enfants de Lutèce. La Chorale du Louvre.
L'Alsacien-Lorrain. La Lyre de Montmartre.
L'Union fraternelle de Belleville. L'Espérance
de Belleville. L'Union française.
Sociétés diverses groupées. — Les Amis ré-
unis du 10e arrondissement. Choral municipal
du 108 arrondissement. Comité de la fête du
faubourg Saint-Martin. Groupe des Sociétés du
12' arrondissement.
Commissaires d'ordre.
Clairons et commissaires.
Le défilé des sociétés comprenait ea to-
tal 10,000 citoyens.
Une profonde émotion s'est emparée de
tous les assistants au moment du défilé de
la société l'Union alsacienne, dont un des
membres s'est détaché pour apporter uno.
magnifique couronne au pied de ta statue.
au milieu des bravos frénétiques et dos
cris sans fin de : Vive la France !
Une belle petite fille qui ressemble à s'y
méprendre à la République si connue du
sculpteur II. Moulin, costumés en Répu-
blique et assise sur un siège que portaient
sur un pavois les robustes compagnons
d'une société ouvrière, a obtenu un grand
succès. Les sociétés de tir et de gymnasti-
que-de Parisla banlieue, avec leurs
costumes éclatants et variés, leur pi-esttt
et martiale allure, ont été fort applaudies.,
On a beaucoup remarqué un drapeau
authentique de 89, l'un des premiers dra-
peaux de la Révolution dont la disposition
diffère sensiblement de la disposition ac-
LueIle, la vieille et non moins authentique
bannière de la Saint-Honoré, corporation
des boulangers, etc. il ;
A chaque passage d'une société devant
la statue, toutes les têtes se découvraient,
les bannières s'inclinaient et les cris de :
Vive la République l éclataient, mêlés aux
accents de la Marseillaise et au Chant du
départ que jouaient les fanfares ou chan-
taient les choraux divers. Et la foule re-
prenait les cris et les chants. Nous n'avons
jamais vu cérémonie plus enthousiaste et
imposante.
LA REVUE
Une courte averse qui s'est prise à tom-
ber vers midi et demi n'a, bien entendu,
découragé personne. Toutes les avenues
menant au champ de courses étaient, a la
lettre, encombrées de voitures de toutes -
sortes, omnibus de famille, tapissières,
lfacres, voitures de maître. i
Bientôt les nuées se dissipent et un ma-
gnifique soleil rayonne sur le champ de
courses. La foule lui fait une ovation pro-
longéod 1
Nous trouvons toutes les tribunes litté-
ralement bondées.
Voici qu'arrive le ministre de la guerre
suivi d'un brillant état-major, au premier
rang duquel caracolent des officiers supé-
rieurs anglais, prussiens et russes. On y J
remarque beaucoup la mâle figure et le
long manteau rouge d'un chef de spahis. :
Peu après, le canon tonne au Mont-Valé-
rien, les tambours battent aux champs et :
le président de la République monte à sa ■
tribune, salué par les acclamations de la
foule.
Commence aussitôt le défilé. En tête, le
gouverneur de Paris; derrière, les fantas-
sins de la garde républicaine, précédés de
leur belle musique, comme toujours Jvive- :
ment applaudie. Puis vient le bataillon
d'infanterie de Saint-Cyr, qui, pas plus
cette fois que les autres, ne dément sa lé7
gendaire réputation. -
Suivent la gendarmerie mobile et la
garde républicaine, à laquelle on ne mar-
chande point son succès annuel. Puis les
sapeurs-pompiers de la ville de Paris :
c'est avec une vraie fureur d'enthousiasme
que l'on accueille ces soldats sauveurs,
qui ont si souvent montré un si pur et si
infatigable héroïsme.
Voici le génie dans son sévère uniforme'.
Sa tenue est admirable, sa marche super-
be. Il a été, croyons-nous, plus apprécié
cette année encore que les précédentes.
Cela tient sans doute aux progrès de
l'éducation géa-érale et au sentiment cha-
que jour plus exact des responsabilités
réelles et des services rendus par ces pion;1 :
niers de la science militaire.
Une masse d'uniformes noirs, sur la- |
quelle se détachent curieusement, avec
des mouvements réguliers et rapides, les
mains gantées de blanc et les pieds légers
comme ceux d'Achille, chaussés degnCtres ;
blanches, est signalée à l'horizon, et du |
plus loin on l'applaudi Ce sont nos pel!).e¡,'
y
& 4875 S. Lundi 16 Jmliet i883 le numéro : lOe. — Ué^a^iemeiBis : Il c. 28 Messidor an 91 -é No 48751
; ADMINISTRATION
18, ELE DE VALOIS î*
ABONNEMENTS
PARIS
Froismois. 40 »
Sixffiois,20 »
DBJMLRIEMENTg -.
Ti-ois 13 5p<
Six mois .t. 27/)|
Jlîtrcsseï- Mires et mandais
A SI. ERNEST LEFÈVRE
ADMDîISTRAîiEmi-
LE RAPPEL
.? -.. - -
.: REDACTION
JS'a&esstrau SccMlaire SelaBé^âdioit
1), k à 6 heures du s-oif .,
iS) 3UJE Djc •xm.oiSi 2.3
Xcs maniscrits non insérés ne serontpas renoua
ENONCES
'ïîM". Ch. LAGRANGE, CERF et ce
6, place de la. Bourse.Gt
M STATUE DE Ll RÉPUBLIQ UE
• La fête nationale a eu, cette année,
comme elle les a eus l'année dernière
et comme elle les aura l'année pro-
chaine, le gai frissonnement des dra-
peaux tricolores,, la splendeur des illumi-
nations, et la vivante et fière joie d'une
nation qui célèbre l'anniversaire de sa
délivrance. Mais elle a eu, cette fois,
quelque chose de plus : l'inauguration
de la statue de la République.
Ce qui ajoute à cette inauguration,
, c'est la coïncidence qui fait surgir du
soi cette grande figure au moment même
où la royauté expire dans la personne
de son dernier représentant.
On nous rendra cette justice, et on
la rendra à tous les journaux républi-
cains, que nous avons parlé du comte
de Chambord mourant avec une réserve
dont les journaux réactionnaires ne
nous avaient pas donné l'exemple. Nous
ae sommes pas de ceux qui crachent
sur les agonisants. Quand, l'année der-
nière, Gambetta se mourait, les jour-
naux anti-républicains, les légitimistes
comme les autres, ont vidé sur lui toutes
leurs hottes d'injures. Par un hasard,
où les légitimistes sont libres de voir
10 doigt de la Providence, il se trouve
que, dans la même année, leur roy
est frappé de la même maladie qui les
a tant fait rire et hurler d'aise quand c'é-
taitun républicain qu'elle frappait. Nous
né - hurlons pas d'aise et nous ne rions
Jlas. Nous en aurions pourtant un sujet
facile, d'abord dans la parité d'agonie,
: ensuite dans la candeur des remèdes
que les légitimistes essayent sur leur
prince : neuvaines, allumage de cier-
ges, envoi de dix mille francs au pape
qui priera pour le prix, messes innom-
brablcs, jour de jeune, et ce beau cri
d'un journal royaliste : « Dieu veut
qu'on lui fasse violence ! » Voyez-vous
Dieu ressemblant à ces femmes qui
veulent qu'on les viole !
ji C'est très bien, mais si, comme nous
'ne le désirons pas plus que nous ne le
craignons, mais comme c'est plus que
vraisemblable, les messes, les neu-
vaines, les jeunes, les dix mille francs
donnés au pape et la violence faite à
Dieu n'obtiennent pas la guérison du
comte de Chambord, les légitimistes
se seront mis dans le cas de choisir
¡ entre ces deux explications : ou que
leur Dieu n'existe pas, ou qu'il en a
assez du droit divin.
Car les légitimistes auront beau faire
semblant de croire que le droit divin
.ne meurt pas avec le comte de Cham-
bord puisqu'il y a le comte de Paris,
ils savent comme nous que le comte de
Paris ne peut jamais * être qu'un droit
divin par à-peu-près. Le comte de
Chambord a mieux aimé ne jamais ré-
gner que d'être « le roi légitime de la
Révolution ». Le comte de Paris ne
pourrait être que le roi légitime de
la Révolution. Il ne dépend pas de
lui de n'être pas le petit-fils du roi
des barricades de 1830 et l'arrière-
petit-fils du prince qui a guillotiné
Louis XVI. Le comte de Chambord
a mieux aimé ne jamais régner que
de renoncer au drapeau blanc. Le
comte de Paris ne pourrait accepter le
drapeau blanc sans faire sortir de la
tombe l'ombre de son grand-père lui
^chantant :
Soldat du drapeau Incolore,
Orléans, toi qui Vas porté,
Ton sang se mêlerait encore
A celui qu'il nous a coûté !
Un droit divin qui descendrait de
Philippe-Egalité et qui arborerait le
drapeau tricolore pourrait faire pen-
dant, dans les foires, au produit inces-
tueux de la carpe et du lapin.
Donc, c'est le droit divin qui meurt
avec le comte de Chambord, et qui
meurt avec impossibilité de résurrec-
tion, et avec cette amertume d'être ré-
duit, pour tout héritier, au porteur du
drapeau dont il a horreur, à son expul-
seur de France, à celui qui le fait mou-
tir à l'étranger.
C'est un fait que les légitimistes sont
encore maîtres d'appeler providentiel
que le droit divin agonise précisément
à l'anniversaire du grand évènement
qui lui a porté le premier coup mortel.
Les royalistes n'aiment pas qu'on
fête la prise de la Bastille. Ça se con-
çoit. Mais ça n'empêche pas la prise de
la Bastille d'être une chose admirable
— et admirée. Le premier anniversaire
du -14 juillet fut célébré à Londres par
un banquet de 652 convives où Shéri-
dan but « à la destruction de la Bastille,
à la Révolution, à la France! » La
prise de la Bastille fut donnée pour su-
jet de concours dans les universités
anglaises. En Russie — c'est un té-
moin non suspect, l'ambassadeur de
Louis XVI, le comte de Ségur, qui le
raconte dans ses Mémoires, — on s'em-
brassait dans les rues en pleurant de
joie. C'est qu'en effet il y avait intérêt
pour tous les peuples à la libération du
peuple fraternel qui ne travaille jamais
pour lui seul et qui, lorsqu'il fait une
déclaration des droits, déclare, non les
droits du Français, mais les droits de
l'homme. -
Ce grand acte de la France, il y eut,
dès le premier jour, des Français pour
l'insulter. — Loin de nous, s'écriait en
1790, à l'assemblée administrative de
la Côte-d'Or, le syndic Guiton, « loin
de nous ceux qui, s'associant à la for-
tune des tyrans, essayent de diminuer
l'éclat de cette victoire; les malheu-
reux ! ils ne sentent pas le prix d'une
conquête qui illustre leur patrie, dont ils
doivent, eux et leur postérité, partager
les avantages ! Parmi les nations étran-
gères, celles que nous estimons les
plus sages, celles à qui l'expérience a
fait connaître les fruits de la liberté,
oublient leur rivalité pour célébrer la
réduction de la Bastille ; elles se réjouis-
sent de voir l'espèce humaine s'agran-
dir. » Et l'auditoire s'indignait de ces
« malheureux », de ces Français moins
Français que les étrangers.
Aujourd'hui encore, il y a de ces Fran-
çais là; aujourd'hui encore, on voit des
Français protester contre cette grande
journée au lendemain de laquelle Bailly
a pu dire : « Nous avons une patrie ! »
L'année dernière, un de leurs journaux
s'est encadré de noir.
Son Dieu l'a pris au mot et lui four-
nit, cette année, une bonne raison de
prendre le deuil. Personne no s'étonnera
cette fois qu'il le pense, tout le monde
trouvera que les royalis tes ont une double
raison de se mettre en hoir
et, du même coup, couche sous la terre
de Froshdorfl le cadavre du droit divin
et dresse sur le pavé de Paris le bronze
do la République.
AUGUSTE v ACQUBRIE.
mmmii i
ENQU ËTE PRÉALABLE
On annonce que M. Delaporte, dé-
puté des Deux-Sèvres, vient do donner
sa démission d'administrateur des mu-
sées de l'Etat pour. pouvoir combattre
librement les conventions, dans la dis-
cussion qui s'ouvre lundi devant la
'Cluimbre.: : -;
Cette résolution, tout à fait à l'hon-
neur du député qui la prend de son
plein gré, est la justification anticipée
d'un amendement relatif aux chemins
de fer de l'Etat, et qui sera présenté
dans le cours du débat. Cet amende-
ment, inspiré par le principe général
qui condamne le cumul, a pour objet
d'interdire aux membres de l'une ou
l'autre Chambre de faire partie du con-
seil d'administration des chemins de
fer de l'Etat. Aucune prescription ne
serait plus raisonnable, car on ne com-
prend pas aisément la situation de
fonctionnaires se votant à eux-mêmes
un budget, vérifiant et approuvant leurs
comptes. La loi imposerait donc désor-
mais à tous les administrateurs du ré-
seau de l'Etat l'option à laquelle M. De-
laporte s'est décidé volontairement.
Sans doute c'est à l'approche d'une
discussion spéciale que les scrupules
de l'honorable membre se sont éveillés,
mais il ne faudrait pas croire que, dans
les - cas ordinaires, lorsqu'il s'agit de
voter le budget et même les lois cou-
rantes, la siluation des députés délégués
à l'administration du réseau de l'Etat
soit moins fausse. D'abord on ne per-
suadera à personne que l'administra-
tion d'une ligne importante soit
compatible avec les travaux mul-
tiples du Pavl £ m«ât-»|>
comme cela arrive pour tous les cas de
cumul, l'une ou l'autre est nécessaire-
ment sacrifiée, à moins que ce ne soient
les deux à la fois qui soient ma! rem-
plies. Maintenant combien est-il de ques-
tions qui, sans se rattacher d'une fa-
çon évidende et directe à la question
spéciale des chemins de fer, en dépen-
dent cepèndant et ne laissent au député-
administrateur qu'une demi-liber té d'es-
prit ?
Eniiu, lorsque les comptes des che-
mins de fer de l'Etat sont soumis au
ministre et à la commission du budget,
croit-on qu'ils puissent être examinés
avec la même indépendance, la même
sévérité nécessaire que si des députés
et des sénateurs ne les .couvraient pas
de leur responsabilité? Personne n'ose-
rait le soutenir.
L'adoption de l'amendement dont
nous parlons ne semble donc pas dou-
teux, surtout après la démission de M.
Delaporte. Peut-être même trouvera-t-on
qu'il y a autre chose à faire encore.
L'expérience de l'exploitation par l'Etat,
on l'oublie trop volontiers et trop sou-
vent, n'a jamais été poursuivie qu'à
titre provisoire. Le texte de la loi le
dit en termes formels. Comme tous les
provisoires, celui-là a déjà beaucoup
duré et il ne demanderait pas mieux
que de devenir définilif. Mais, à pré-
sent que M. Raynal, M. Lebaudy, M.
Baïhaut, et tant d'autres, ont trouvé leur
chemin de Damas et renoncé à leurs
rêveries sur la compétence univer-
selle de l'Etat, il n'y a, ce nous sem-
ble , aucune raison pour continuer
une expérience condamnée par le bon
sens avant de l'être par la pratique.
L'insuccès, plus ou moins déguisé, de
l'administration du réseau de l'Etat
n'est pas fait pour nous étonner, et les
condamnations portée^ sur cette tenta-
tive par les hommes les plus compé-
tents sont certainement encore moins
sévères qu'on ne le pouvait craindre.
Mais enfin, pour que toutes les voix
soient entendues, pour que la lumière
soit aussi éclatante que possible, la
Chambre pourrait ordonner une en-
quête parlementaire sur la situation
du réseau de l'Etat et les résultats poli-
tiques et financiers de cette exploita-
tion. Quand la loi a déclaré que le ré-
seau de l'Etat n'était constitué que
provisoirement, c'était sans doute pour
permettre aux pouvoirs publics de met-
tre aisément fin à l'expérience, si elle
devenait désastreuse ou simplement
onéreuse. Nojlis croyons que c'e^t le ré-
sultat auquel on est arrivé; nlàis si
nous nous trompions, s'il en était autre-
ment, si, comme plusieurs l'assurent, le
réseau de l'Etat était un réseau-modèle
sous tous lesrapports, alors il faudrait en
revenir aux idées premières de M. Ray-
nal et de la commission des chemins de
fer; il faudrait, au lieu de s'arranger
avec les compagnies, les racheter toutes
pour étendre à tout le réseau ;lcs bien-
faits inappréciables de l'administration
de l'Etat. C'est pourquoi une enquête
sérieuse est nécessaire et devrait être
ordonnée par la Chambre avant tout
débat sur les conventions. *
A. G AU LIER.
.-
A propos des deux chantres qui ont
brutalisé deux israélites qui ne se décou-
vraient pas devant une procession, nous
avons dit que les proccssionnards devraient
se contenter de la faculté qu'on leur laisse
d'encombrer les rues et d'interrompre la
circulation.
— Et votre fête nationale? nous objecte
M. Joseph Denais, de la Défeme. Est-ce
qu'elle n'encombre pas les rues et n'in-
terrompt pas la circulation autant que
nos processions?
IL va sans dire que l'objection, étant
faite par un journal clérical, est faite en
termes plus vifs. La fête nationale est
« un défilé de francs-maçons, de filles en
gaîté, de braillards de la Marseillaise »;
c'est une fête « ridicule et honteuse »;
les rues sont « barrées par des reposoirs
où trône le buste d'une gourgandine à
bonnet phrygien H, etc. La Défense, qui
appelle la République une gourgandine,
s'indignerait si un journal républicain
appelait « gourgandine » la Vierge dont
le buste trône dans les reposoirs de la
Fête-Dieu.
Sans nous arrêter aux mots, nous ferons
à l'objection deux réponses ;
La première, c'est que dans les proces-
sions, les rues sont encombrées par une
secte, à qui elles n'appartiennent pas, et
que, dans la fête nationale, elles sont en-
combrées par la nation, à qui elles appar-
tiennent.
La seconde, c'est que M. Joseph Denais
peut garder son chapeau sur la tête de-
vant ce qu'il appelle un défilé de braillards
de la Marseillaise ou devant le buste de
celle qu'il appelle une gourgandina, sans
que personne lui fasse Co que les bedeaux
de Yvonne ont fait aux deux israélites
qui sont restes couverts devant les brail-
lards de cantiques et devant le buste de
celle dont 16 fils n'est Pfs de son mari.
A. V.
9
t ii'iiwpi m
LA FETE NATIONALE
!, LA STATUE DE LU REPUBLIQUE
Foule immense aux abords de la place,
où il est bien difficile d'arriver avec les
cartes les plus authentiques. Soleil res-
plendissant. Allégresse générale. Ordre
parfait.
Sur l'estrade dressée au pied de la sta-
tue et entourée de bancs sur lesquels sont
les quinze cents invités de la ville de Paris,
on voit le préfet de la Seine, le conseil
municipal les maires, des députés, des
sénateurs, etc. Le préfet de la Seine et le
président du conseil municipal pronon-
cent les discours suivants :
DISCOURS DU PREFET DE LA SEINE
Messieurs,
L'inauguration d'une statue monumentale
de la République à Paris ne répond pas seule-
ment au sentiment de la grande ville; c'est
une fête nationale à laquelle s'associe la
France entière.
En juillet 1789, la nation » répétait ce cri de
délivrance pousse par les vainqueurs de la Bas-
tille. Sa souveraineté s'élevait sur les ruines de
l'absolutisme.
De môme aujourd'hui, dans les flots humains
qui se pressent autour de la statue de la Repu- jl
blique et la saluant de leurs acclamations se
,pàvoiil. des citoyens venus de tous les points
du territoire. C'est la fête de la démocratie
française.
Moins d'un siècle a suffi pour, assurer le
triompha de la grande Révolution et pour que
nous soyons arrivés, à travers de nom-
breuses vicissitudes, à l'application de ses
principes.
En 1789, le peuple de Paris emporté par un
irrésistible élan vers la liberté avait hûte d'en
finir avec un régime qui ruinait et opprimait
la nation. Il lui fallait avant tout renverser et
détruire, aujourd'hui, au contraire, c'est
une œuvre de reconstruction que nous pour-
suivons; notre désir le plus-ardent est de fon-
der définitivement l'édifice républicain, de le
perfectionner, de le rendre toujours plus di-
gne de la France et de ses aspirations éle-
vées.
Ce peuple, si héroïque au jour de la lutte, si
terrible dans ses colères, a définitivement dé-
pose les armes en voyant disparaître les der-
nières causes de ses ressentiments.
Aussi a-t-il voulu que la République qu'il
honore se dépouillât de ses anciens attributs,
qu'elle répudiât sa devise d'autrefois et qu'elle
se présentât à la France et «« m-aftde" calme
et licre, tenant à la main le rameau, symbole
de la pais et de la concorde.
Nous en avons fini pour toujours avec la
violence ; le suffrage universel, cette grande
conquête de 1848 a remplacé l'action révolu-
tionnaire.
La République actuelle doit puiser sa forcc:,
où elle prend son origine : dans le droit :
C'est cette pensée qu'a très bien traduite
l'auteur du monument que nous inaugurons
lorsqu'il a donné pour appui à la République
la table sur laquelle est gravée la Déclaration
des Droits de l'homme, l'expression la plus
élevée que nous connaissions du sentiment dé-
mocratique, Texpreçsibn la plus complète et la
plus concise des principes qui doivent régir les
rapports des hommes vivants en société: éga-
lité des citoyens, liberté individuelle, liberté de
conscience, liberté de la presse et de la pa-
role, inviolabilité de la propriété, respect du
travail et des droits d'autrui; droits et devoirs
se trouvent réunis dans les dix-sept articles
dont se compose ce mémorable ducument.
Telle est, messieurs, la République dont M.
Morice a conçu l'image et à laquelle le con-
seil municipal de la Ville de Paris a donné ses
prélércnccs. Ainsi comprise, ainsi pratiquée,
la République poursuivra paisiblement ses
destinées, dédaignant les clameurs et les me-
naces impuissantes de ses adversaires.
La nation française ne veut pas imposer sa
volonté aux autres peuples; elle demande seu-
lement à vivra chez elle, libre et respectée, et
aucun sacrifice ne lui coûtera pour maintenir
son indépendance.
Elle a acquis assez de gloire sur les champs
de bataille pour ne pas chercher de nouveaux
combats. -
Elle sait qu'elle trouvera dans son travail,
dans les brillantes qualités de son génie les
conditions nécessaires pour tenir glorieuse-
ment son rang dans le monde et contribuer
puissamment au progrès de l'humanité.
Ces sentiments, messieurs, ont certaine-
ment inspiré l'œuvra remarquable du jeune
statuaire; ils se dégagent de la solennité pré-
sente, ils nous unissent dans un même vœu
pour la grandeur de la patrie, et nous font
pousser la même acclamation ; Vive la Répu-
blique 1
DISCOURS DE M. MATHE
Messieurs,
En venant, au nom du conseil municipal de
Paris, saluer l'imago de la République, j'ai
pour premier devoir de rendre un éclatant
hommage à la mémoire des citoyens coura-
geux qui n'ont cessé de lutter pour elle et
qui sont morts pour sa défense.
Héritiers du passé, pleins de confiance dans
l'avenir, en élevant ce monument nous avenï
voulu, une fois de plus, affirmer notre profond
dévouement à la République et notre loi dans
la liberté.
Il y aura bientôt un siècle, un an après la
prise de la Bastille, les conquêtes de la Révo-
lution se trouvaient menacées, du nord au
midi, de l'est a l'ouest, il n'y eut qu'un cri,
qu'une volonté : résister aux menées monar-
chiques, défendre la Constitution nouvclle;
alors, Paris assista à la mémorable fête de la
Fédération du H juillet 1700.
De tous les points de la France, on vint sa-
luer l'aurore de la liberté.
Aujourd'hui, nous n'avons plus les mêmes
craintes, la République existe ; des partis
hostiles peuvent l'attaquer, mais elle n'a rien
à redouter, parce qu'elle a pour base le suf-
frage universel et la souveraineté du peuple.
Vous allez assister, messieurs, à une nou-
velle fête de la Fédération ; vous ne verrez pas
défiler devant vous des visages inquiets de l'a-
venir, mais de vaillants citoyens qui ont con-
fiance dans les institutions républicaines qui
seules pourront leur apporter des réformes
politiques et sociales trop longtemps atten-
dues, ,',
Les sentiments que j'exprime sont ceux da
la population parisienne. Ne pouvant assister
tout entière à cette fête, elle a tenu à s'y faire,
représenter par un geand nombre de déléga-
tions qui, tout à l'heure, viendront en son
nom, rendre hommage à cette République qui
lui est chère.
En voyant éclater au grand jour ses convic-
tions républicaines qui reposent sur la paix, le
travail et la liberté, - vous serez convaincus
qu'on doit avoir pleine confiance dans cette
grande cité. Sans vouloir porter atteinte à
l'unité nationale, Paris, par son passé et par
son initiative constante dans la voie du pro-
grès, a conquis le droit de réclamer ses fran-
chises municipales.
Un autre sentiment s'impose à nos réflexions
en face de cette statue, symbole de l'union de
tous les citoyens. Nous, aurions été heureuv
que cette féte fîil marquée par un grand acte
de clémence et de pacification.
Au nom du conseil municipal de Paris, j'a-
dresse mes vives félicitations à MM. Morice
qui, àprès quatre années d'un travail assidu et
pénible, ont doté la ville de Paris de l'œuvre
que vous admirez en ce moment. Je félicite
aussi 1 habile fondeur, M. Thiébault, et les in-
telligents travailleurs qui ont collaboré à son
exécution.
La grande cité républicaine devait prendre
l'initiative de l'érection de la première statue
de la République.
Son œuvre est terminée et, au nom de la
population parisienne, nous la remettons à la
France comme gage inaltérable de l'union qui
ne doit cesser d'exister entre les départements
et Paris. -
vive la itepuMiquei -
Alors on enlève le voile de la statue, qui
apparaît, haute et fière, dans la clarté du
soleil. De toute la place, de toutes les
avenues voisines, de toutes les fenêtres,
de tous les toits, une immense et formi-
dable clameur s'élève ; Vive la Répu-
blique !
Puis le défilé commencer
Les bataillons scolaires ouvrent la mar-
che. Ai-je besoin de dire s'ils sont applau-
dis? Chaque année, l'organisation de ces
bataillons s'améliore, et les progrès de ces
futurs défenseurs de la patrie s'accentuent
d'une façon notable.
Voici la liste des sociétés et groupes
inscrits pour le défilé devant la statue de
la République et l'ordre dans lequel ces
groupes ont défilé :
Commissaires, de direction.
Tambours et clairons. -
Famille des proscrits de 1Sj1-18o8.
Harmonie des ateliers Lcmaire.
Groupe fraternel républicain des anciens
défenseurs de la 'patrie.
Harmonie des Enfants de la nation.
Institut maritime et colonial de France.
Harmonie.
Sociétés d'Alsace-Lorraine. - Orphéon alsa-
cien-lorrain. Union alsacienne.
Harmonie.
Sociétés de tir et de gymnastique de la ban-
lieue. — Société des clairons volontaires des
Quatre-Chemins (Pantinj. L'Indépendante, d'Al-
ibrtvilte. La Charerïtonriàisé." T/Espérairce, -(le
Charonne. La Hcvanche, de Saint-Quen. La
Patriote, de Sainl-Mandé.
Harmonie,
Sociétés de tir et de gymnastique de Paris.
- Les Gravillicrs. Les Volontaires du 4e arron-
dissement. La Patrie, du 10®. La Liberté, du
11e. Qui" vive! France! du 1819. En avant! Har-
monie de la Jeune-France. La Jeune-France,
du 11e. Le Drapeau: La Patriotique. Les Sans-
Souci, du 2e. Les Volontaires, du 181. Harmonie
de Sambrc-et-Mcuse. La Sambre-et-Meuse, du
10° arrondissement. Patrie! (société des cour-
riers en temps de guerre). L'indépendante,
du 10e.
Harmonie.
Sociétés militaires et patriotiques. — Les
Combattants de la Cô:e-d'or, Société du dra-
peau authentique de 1789, Union fraternelle
des anciens combattants de la Défense r atio-
nale, Société des volontaires de 1870, Fédéra-
tion des volontaires de 1870.
Harmonie de la Gauloise.
Sociétés des boulangerq.- La société Saint-
Honoré, chambre syndicale des ouvriers bou-
langers, Union des travailleurs ouvriers bou-
langers de Grenelle et de Vaugirard, corpora-
tion des batteurs d'or, chambre syndicale des
badigeonneurs-échafaudcur?, chambre syndi-
cale des boutonniers (soie et métal), Compa-
gnons du devoir et de la liberté, chambre
syndicale des ouvriers charpentiers.
Harmonie.
Société des coupeurs chemisiers, Union syn-
dicale des coupeurs- tailleurs, chambre syndi-
cale ouvrière des cuirs lit peaux, chambre syn-
dicale des chauffeurs-mécaniciens, Union des
chauffeurs-mécaniciens, "bhambre syndicale
des ouvriers mécaniciens, Société corporative
des ouvriers mécaniciens.
Union fraternelle du 2e arrondissement (har-
monie).
Chambre syndicale des ouvriers doreurs-
argenteurs, Association générale de l'ébéniste-
rie parisienne, chambre syndicale des estam-
peurs poêliers en faïence, chambre syndicale
des ouvriers fumistes en bâtiment, chambra
syndicale des ouvriers en jouets et métaux.
Harmonie de Ménilmontant.
Chambre syndicale des lamineurs de mî-
taux, Association des ouvriers en limes, Asso-
ciation des limonadiers-restaurateurs, cham-
bre syndicale des ouvriers marbriers, chambre
syndicale des nassementiers à la barre, cham-
bre syndicale des peintres en bâtiment, cham-
bre syndicale des .ouvriers en pelleteries et
fourrures.
Harmonie.
Chambre syndicale des scieurs de pierre
dura de la Seine, association des tailleurs,
chambre syndicale des tanneurs, chambre syn-
dicale des tapissiers, société des ouvriers tein-
turiers-dégraisseurs, chambres syndicales des
terrassiers, des ouvriers tonneliers, des ou-
vriers tourneurs-monteurs de la cuivrerie en
bâtiment, des ouvriers tourneurs-repousseurs,
des ouvriers treillageurs, des ouvriers vitriers
en bâtiment.
Fanfare de la plaine Saint-Denis.
Union des chambres syndicales ouvrières.
Société des industries de Paris.
Harmonie.
Sociétés étrangères. — Union chorale néer-
landaise, Société tchèque-slave.
Harmonie La Liberté.
Société chorale des amis de la Seine.
Sociétés de la Libre-Pensée. — La Libre-
Pensée du 3e arrondissement, du o4 arr.. du
11° arr., du 17e arr. Groupe athée socialiste
du 20e arrond. La Libre-Pensée d'Asnières. La
Solidarité (Société anti-cléricale du 2Qe arr.
Loges maçonniques. — La Liberté maçon-
nique ne 1U. Représentants des diverses loges
maçonniques.
Fanfare des Volontaires du 20* arr.
Ecoles et sociétés d'industrie. — Cercle mo-
zart. Association philotechnique. Association
polytechnique. Alliance des arts, des sciences
et ttçflçuiçs' Isolés dçs écoles laïques, libre»
et gratuites du 1 Ie arr., du 20= arr. Société la
Sou des écoles.
Harmonie.
Sociétés coloniales. - Compagnie colomalt
de l Afrique française. Société nationale fran-
çaise do Londres. Société clés études maritimes
et coloniales. Groupe de la marins et des co-
lonies. F, re Belle.ille rn,rfRoilie )
-
Sociétés de prévoyance et de secours m ri-
tuels. - Choral de Belleville. Société des
Agents d'assurances. Société de protection mu-
tuelle des employés de chemins de fer. L'Etoile.
Chambre syndicale des hôteliers-logeurs de
Paris. Les Amis de la prévoyance et de î'éco->
nomic. Volontaires de» Montrouge. Société de'
secours mutaels des ouvriers ferblantiers. La
Mansarde. Groupe de sociétés de Puteaux.
Harmonie du 3e arrondissement..
Sociétés artistiques. --L'Eglantin® (société
de consommation). Cercle Béranger : Les arts
et le Progrès, le Foyer, la Famille, la Favorite,
les Momusicns, la Musc artistique, les Amis
sincères, le Bilboquet, la Lyre amicale, la Mas-
cotte, la Mélodie.
Fanfare du i-e arrondissement.
Société et cercles politiques de Pâtis, délé-
gations municipales. — Municipalité du 4* ar-
rondissement. Société républicaine du 2e ar-
rondissement. Groupe républicain radical pro-
gressif du 11e arrondissement. Groupe sociaiiste
du 12" arrondissement. Solidarité républicaine
du 10e arrondissement. Union socialiste du
101 arrondissement. Groupe républicain d'é-
tudes ëconomiques, politiques et municipales
du 61 arrondissement.
Sociétés et cercles politiques, délégations
municipales des départements. — Union dé-
mocratique de l'Aisne. Association républicaine
du Calvados. Cercles républicains des Arden-
nes de la Creuse, du. Lot, de Maine-et-Loire,
de l'Hérault. Association des Francs Comtois.
L'Harmonie des chemins de fer. L'Abeille.
Les Enfants de Lutèce. La Chorale du Louvre.
L'Alsacien-Lorrain. La Lyre de Montmartre.
L'Union fraternelle de Belleville. L'Espérance
de Belleville. L'Union française.
Sociétés diverses groupées. — Les Amis ré-
unis du 10e arrondissement. Choral municipal
du 108 arrondissement. Comité de la fête du
faubourg Saint-Martin. Groupe des Sociétés du
12' arrondissement.
Commissaires d'ordre.
Clairons et commissaires.
Le défilé des sociétés comprenait ea to-
tal 10,000 citoyens.
Une profonde émotion s'est emparée de
tous les assistants au moment du défilé de
la société l'Union alsacienne, dont un des
membres s'est détaché pour apporter uno.
magnifique couronne au pied de ta statue.
au milieu des bravos frénétiques et dos
cris sans fin de : Vive la France !
Une belle petite fille qui ressemble à s'y
méprendre à la République si connue du
sculpteur II. Moulin, costumés en Répu-
blique et assise sur un siège que portaient
sur un pavois les robustes compagnons
d'une société ouvrière, a obtenu un grand
succès. Les sociétés de tir et de gymnasti-
que-de Parisla banlieue, avec leurs
costumes éclatants et variés, leur pi-esttt
et martiale allure, ont été fort applaudies.,
On a beaucoup remarqué un drapeau
authentique de 89, l'un des premiers dra-
peaux de la Révolution dont la disposition
diffère sensiblement de la disposition ac-
LueIle, la vieille et non moins authentique
bannière de la Saint-Honoré, corporation
des boulangers, etc. il ;
A chaque passage d'une société devant
la statue, toutes les têtes se découvraient,
les bannières s'inclinaient et les cris de :
Vive la République l éclataient, mêlés aux
accents de la Marseillaise et au Chant du
départ que jouaient les fanfares ou chan-
taient les choraux divers. Et la foule re-
prenait les cris et les chants. Nous n'avons
jamais vu cérémonie plus enthousiaste et
imposante.
LA REVUE
Une courte averse qui s'est prise à tom-
ber vers midi et demi n'a, bien entendu,
découragé personne. Toutes les avenues
menant au champ de courses étaient, a la
lettre, encombrées de voitures de toutes -
sortes, omnibus de famille, tapissières,
lfacres, voitures de maître. i
Bientôt les nuées se dissipent et un ma-
gnifique soleil rayonne sur le champ de
courses. La foule lui fait une ovation pro-
longéod 1
Nous trouvons toutes les tribunes litté-
ralement bondées.
Voici qu'arrive le ministre de la guerre
suivi d'un brillant état-major, au premier
rang duquel caracolent des officiers supé-
rieurs anglais, prussiens et russes. On y J
remarque beaucoup la mâle figure et le
long manteau rouge d'un chef de spahis. :
Peu après, le canon tonne au Mont-Valé-
rien, les tambours battent aux champs et :
le président de la République monte à sa ■
tribune, salué par les acclamations de la
foule.
Commence aussitôt le défilé. En tête, le
gouverneur de Paris; derrière, les fantas-
sins de la garde républicaine, précédés de
leur belle musique, comme toujours Jvive- :
ment applaudie. Puis vient le bataillon
d'infanterie de Saint-Cyr, qui, pas plus
cette fois que les autres, ne dément sa lé7
gendaire réputation. -
Suivent la gendarmerie mobile et la
garde républicaine, à laquelle on ne mar-
chande point son succès annuel. Puis les
sapeurs-pompiers de la ville de Paris :
c'est avec une vraie fureur d'enthousiasme
que l'on accueille ces soldats sauveurs,
qui ont si souvent montré un si pur et si
infatigable héroïsme.
Voici le génie dans son sévère uniforme'.
Sa tenue est admirable, sa marche super-
be. Il a été, croyons-nous, plus apprécié
cette année encore que les précédentes.
Cela tient sans doute aux progrès de
l'éducation géa-érale et au sentiment cha-
que jour plus exact des responsabilités
réelles et des services rendus par ces pion;1 :
niers de la science militaire.
Une masse d'uniformes noirs, sur la- |
quelle se détachent curieusement, avec
des mouvements réguliers et rapides, les
mains gantées de blanc et les pieds légers
comme ceux d'Achille, chaussés degnCtres ;
blanches, est signalée à l'horizon, et du |
plus loin on l'applaudi Ce sont nos pel!).e¡,'
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