Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-11-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 novembre 1884 13 novembre 1884
Description : 1884/11/13 (N5361). 1884/11/13 (N5361).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
ti" 5361 - Jeudi 13 Novembre 1884 Xê numéros lOc. - DépaPtemenis s 1S c. 23 Brumaire an 93 - N- 5361
ADMINISTRATION
.48, RUE DE VALOIS, 13
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 40 r
Six mois 20 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 1350
Sis mois 22 a
Adresser lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
ADMINISTRAIECRGÉBAKX
- - j
BEDACTIOIf
jB'a&esser au Secrétaire de 3a Rédaction
De 4 à 6 heures dit tloi" ,,' -."
ILVE MN: -VALOIS, 18
) les jcannserifs noninséresne scrontpasrarÇUJS
J ANNONCES
J M. Ch. IAGRANGE, CERF et G»
6,2*3 ace de 2a Bourse, 6
L'INTERNAT DES FEIIES
La Société des chirurgiens des hôpi-
taux a examiné, ces jours derniers, la
question de l'internat des femmes. Il y
a eu quatre voix pour et seize contre.
Cela n'a pas empêché quarante-deux
médecins ou chirurgiens des hôpitaux,
parmi lesquels onze professeurs de la
faculté, d'adresser au préfet de la
Seine unapétition qui demande que les
femmes soient internes. En attendant
que la question soit tranchée par la
préfecture elle - est débattue par les
journaux.
Je viens de lire dans la Ville de Paris
un article hostile. Il ne m'a pas con-
vaincu.
Il y a des raisons contre l'internat
des femmes, comme il y en a eu contre
tous les progrès.
D'abord, l'intérêt social. Le premier
devoir des femmes est de faire des en-
fants ; le second est de faire des hom-
mes.
Elles mettent l'enfant au jour, et
puis elles le mettent au jour moral;
elles commencent son éducation; elles
le font un peu de ce qu'il sera; elles
sèment dans son cœur et dans son es-
prit ce qui doit y pousser plus tard.
Cette grande tâche ne suffit-elle donc
pas à remplir leur vie ? Où trouveront-
elles le temps de faire autre chose?
Feront-elles autre chose sans négliger
leur chose essentielle? Et quel homme
sera-ce qu'un enfant négligé ? Physique-
ment chétif, c'est-à-dire mauvais sol-
dat; moralement inculte, c'est-à-dire
mauvais citoyen. C'est donc d'abord
l'intérêt de la société qui dit aux fem-
mes : — Restez chez vous !
Et puis, c'est aussi leur intérêt. Les
femmes qui veulent être internes se
figurent-elles quelle besogne rude c'est
toujours, et répugnante souvent, de
soigner les malades? Que de plaies in-
fectes ! Que de soins pénibles pour les-
quels il faut des mains viriles et qui
feront trembler les délicates mains
féminines. Femmes, votre place n'est
Das à l'hôpital, elle est à la maison.
- Et les infirmières ?
Est-ce que les infirmières ne sont pas
.emmes? Est-ce que les soins qu'elles
donnent jour et nuit ne sont pas péni-
bles? Est-ce que les plaies qu'elles pan-
sent ne sont jamais infectes ? Et est-ce
qu'elles font mal leur métier? Notre
confrère n'est pas de cet avis : — « Nous
n'ignorons pas la vertu que déploient
ces courageuses femmes. Il faut la sol-
licitude maternelle qui se trouve dans
le cœur féminin pour soigner ceux qui
souffrent. » M. Marc Sonal va jusqu'à
préférer les femmes aux hommes : —
« La femme seule sait apporter dans
ces fonctions la douceur, l'aménité et
'abnégation nécessaires; elle accom-
pagne d'un sourire l'invitation à dégus-
ter quelque amer breuvage et console
d'un mot, d'un geste, d'un regard le
malheureux confié à sa garde. » Je ne
m'explique pas en quoi la douceur, l'a-
ménité et l'abnégation, qui font la
bonne infirmière, feraient la mauvaise
interne.
Au point de vue de la maison déser-
tée, est-ce que les infirmières n'ont pas
de maison, pas de famille, ni mari, ni
enfants, ni père, ni mère? Alors, il ne
faudrait que des religieuses. Et on laï-
cise le service !
S'il est vrai que les femmes ne soient
pas aptes à soigner les maladies répu-
gnantes, si leur sexe leur interdit les
guérisons énergiques, en ce cas ce n'est
pas seulement l'internat qu'il faut leur
interdire, c'est aussi la médecine. Car,
permettre la médecine et refuser l'iu-
ternat, c'est dire aux gens d'entrer en
leur fermant la porte. C'est par l'inter-
nat qu'on devient un médecin sérieux.
Le réserver à l'homme, — je répète un
mot du docteur Verneuil. « c'est cons-
tituer pour l'homme un privilège révol-
tant ». Révoltant est raide; mais de-
mandez à Mlle Hubertine Auclertsi eUe
n'est pas révoltée.
Laissez les femmes être internes, ou
empêchez-les d'être médecins. -Empê-
chons-les, diraient pas mai de médecins
mâles. Et ce n'est pas seulement la mé-
decine que les hommes fermeraient
aux femmes. Demandez aux composi-
teurs d'imprimerie, qui sont des tra-
vailleurs intelligents et ouverts, s'ils
trouvent bon que les femmes lèvent la
lettre, ce qui n'est cependant pas con-
traire à la délicatesse des mains fémi-
nines. Ils vous répondront que c'est au
mari à travailler et à nourrir la femme.
C'est une opinion généreuse ; mais
quand la femme n'a pas de mari ? Com-
bien de femmes n'ont à manger que la
bouchée de pain qu'elles gagnent elles-
mêmes!
Et lorsqu'elles ont un mari, pourquoi
ne pourraient-elles pas, elles aussi, être
généreuses? Pourquoi n'auraient-elles
pas droit, elles aussi, à la fierté et à la
dignité de gagner leur vie, de vivre de
leur travail et non du travail d'autrui,
de ne dépendre de personne? Car, sous
la question du pain, il y a la question
d'affranchissement. Nous comprenons
que l'homme désire rester le maître,
mais nous comprenons que la femme
ne désire pas rester la sujette.
AUGUSTE VACQUERIE.
» ■■ ■ —»
COULISSES DES CHAMBRES
La délibération de la Chambre a dû être
ajournée hier par suite d'un évènement
aussi douloureux qu'imprévu, la mort de
M. Guichard, le doyen d'âge des députés,
et l'un des plus anciens et des plus res-
pectés défenseurs de l'idée républicaine.
C'est en présidant le 46 bureau de la
Chambre que M. Guichard a succombé
d'une manière pour ainsi dire subite, aux
suites d'une hémorragie cérébrale.
Il était une heure; quatre ou cinq mem-
bres'du bureau seulement étaient arrivés.
M. Guichard venait à peine de s'asseoir au
fauteuil de la présidence qu'on le vit s'af-
faisser, râler deux secondes et rendre le
dernier soupir.
Parmi les membres présents se trouvait
précisément un médecin, M. le docteur
Fréry, député de Belfort. M. Fréry se pré-
cipita au secours de M. Guichard, mais
tous les soins furent inutiles; la mort avait
été instantanée. M. Fréry ne put que cons-
taier par les moyens ordinaires que la vie
avait cessé.
Le corps fut transporté quelques ins-
tants dans le cabinet médièal du palais
Bourbon et de là conduit au domicile du
défunt, 25, rue de Suresnes. M. Guichard
habitait là avec sa fille, Mme veuve Ar-
naud de l'Ariège.
Le corps avait été porté sur une civière
par six garçons de la Chambre, il était
accompagné par le fils du défunt et quel-
ques députés. Le président, M. Henri Bris-
son, et l'un des vice-présidents, M. Spul-
1er, s'étaient rendus au domicile, précé-
dant le corps de quelques instants, pour
porter la douloureuse nouvelle à Mme Ar-
naud de l'Ariège; elle était absente.
MM. Brisson et Spuller se sont mis en
devoir de la rencontrer dans l'après-midi.
-o-
Le ministre de l'agriculture doit se ren-
dre aujourd'hui à la commission de la
Chambre chargée d'examiner le projet de
loi relevant les tarifs de douane sur les
bestiaux étrangers.
Il doit s'expliquer au sujet du droit sur
les blés dont le gouvernement n'a pas pris
l'initiative, mais dont la commission est
saisie par plusieurs amendements.
En prévision de cette conférence, le
conseil des ministres a délibéré hier pour
arrêter le sens des déclarations que ferait
M. Méline, - - - -- - - -
Le gouvernement, considérant que il'in.
dustrie agricole est fondée à réclamer le
même traitement que les autres industries,
accepte le principe d'un droit-modéré sur
les blés. Ca droit serait onvifon de 10 010,
comme celui que consacre le tarif général
des douanes à l'égard des produits indus-
triels proprement dits. Toutefois, le gou-
vernement ne croit pas devoir se pro-
noncer dès aujourd'hui sur la quotité
exacte de ce droit. La question ne devant
pas être discutée devant la Chambre au
cours de la session actuelle, il y aurait de
graves inconvénients à faire connaître
d'avance le chiffre qui sera fixé pour le
droit, mais le gouvernement a décidé de
n'adhérer qu'à un droit modéré.
-0-
La commission du scrutin de liste était
de nouveau convoquée hier pour entendre
le président du conseil sur les diverses
questions que nous avons déjà signalées.
Mais M. Jules Ferry a fait savoir au pré-
sident, M. Spuller, qu'absorbé par les
affaires en cours, il ne pouvait pas con-
férer avec la commission, le conseil n'ayant
pas délibéré à ce sujet, et, d'ailleurs, la
question ne présentant pas un véritable
degré d'urgence. La commission n'a donc
pas tenu séance.
Les députés de la colonie de la Réunion
ont prévenu le président du conseil qu'ils
lui adresseraient, la semaine prochaine,
une interpellation au sujet de la nomina-
tion de M. Drouhet fils aux fonctions de
trésorier général de la Réunion.
Le Journal officiel a, en effet, enregistré
hier matin un décret aux termes duquel
M. Drouhet père, précédemment gouver-
neur de l'Inde française et nommé au
mois d'août dernier à ces fonctions dans
les finances, est remplacé par son fils dans
ces dernières.
C'est cette substitution que les députés
de la Réunion désapprouvent et au sujet
de laquelle ils veulent soulever un débat
à la tribune.
ri"llii i i mi, .ii■ i«■ i mil.
GUICHARD
Il n'est pas de plus belle mort que
celle de M. Guichard, et elle est digne
de sa vie. C'est au milieu d'un dis-
cours qu'il a été frappé ; c'est en rem-
plissant son mandat et en accomplis-
sant son devoir de représentant du
peuple. Il avait servi activement pen-
dant plus de soixante ans la démocratie
et c'est en la servant encore qu'il a
rendu le dernier soupir. -
Avant-hier, il était à son banc ; il pre-
nait.. part à la discussion ; il demandait
la parole pour le lendemain. Hier, il
arrivait à la Chambre, son dossier à
la main. Il courait à son bureau où,
avant la séance, on devait élire deux
commissaires; il commençait à parler.
Hélas ! brusquement la mort l'arrêtait
au milieu d'une phrase. Ses collègues
se précipitaient pour le soutenir. Il
n'était plus.
M. Guichard était président d'âge de
la Chambre des députés. Il avait quatre-
vingt-trois ou quatre ans et il parais-
sait un des plus jeunes de nous. Il
avait conservé une activité, une viva-
cité d'esprit, une passion, une élo-
quence que nous admirions tous et
que ses adversaires politiques admi-
raient eux-mêmes. Sa personne impo-
sait le respect et commandait la sym-
pathie. Il était de ceux qui apparaissent
toujours doux et aimables, mais dont
l'amabilité et la douceur cachent une
conscience inflexible.
Sa vie a été un exemple, comme l'a
si bien dit et en termes si émus M.
Brisson. Les révolutions que nous avons
traversées, les tyrannies que nous avons
subies n'avaient pu ni le faire changer
ni le faire fléchir. Au milieu des événe-
ments qui, tant de fois, ont bouleversé
la France, il était resté fidèle à sa foi et
à lui-même. C'était un homme des
« temps héroïques ». Et aujourd'hui
que tant de gens s'offrent à la Répu-
blique, moins pour la servir que pour
fexploiter, c'est avec plus de douleur
que nous nous tournons vers les répu-
blicains qui nous ont enseigné l'abné-
gation, le dévouement et le devoir.
Tous ceux qui ont eu l'honneur de con-
naître M. Guichard conserveront dans
leur cœur le souvenir de cet honnête
homme.
ÉDOUARD LOCKROY.
j
LA CHAMBRE
On apprend, en arrivant à la-Cham-
bre, la nouvelle tout à fait inattendue
de la mort du doyen d'âge, l'honorable
M. Guichard. Hier encore, le député
de l'Yonne était à son banc, prenant
part à la discussion par de véhémentes
interruptions à l'adresse du ministre
du commerce. Ce matin même, M. Gui-
chard était venu présider son bureau
pour la nomination d'une commission,
et c'est là, en donnant la parole à un
de ses collègues, qu'il a expiré subi-
tement, quelques minutes avant l'heure
de la séance publique.
M. Brisson a donc pu dire, en an-
nonçant aux députés la brusque dis-
parition de leur doyen, que, jusqu'à
la fin, il était resté sur la brèche ,
ardent et dévoué, et que sa mort était
un exemple, comme sa vie.
qA un âge où la plupart ont depuis
longtemps faibli, M. Guichard, la
Chambre l'a souvent constaté, conser-
vait une énergie toute juvénile, un
enthousiasme communicatif et plein de
feu. Cette force n'a pas toujours été
mise au service des idées qui sont les
nôtres, et nous ne pouvons, même à
cette heure, oublier qu'un jour, par
ordre de M. Guichard, président d'âge,
deux huissiers, postés au pied do la
tribune,empêchèrent un orateur illustre,
Louis Blanc, de faire entendre sa voix.
Mais, en somme, M. Guichard avait les
défauts de ses qualités, un excès de vi-
gueur qu'il mettait au service de ses
amis et qu'il dépensait sans compter.
Comment en faire un reproche à ce
vieillard quand, de tous côtés et chez
des hommes ayant quinze ou vingt an-
nées de moins, on voit se produire
r tant de défaillances lamentaJ)les? Les
; plus jeunes même ne sont pas exempts,
bien s'en faut, de cette lassitude pré-
coce, de cette indifférence facile qui
permet de tout accepter. Mieux vaut
encore, et cent fois, des lutteurs comme
M. Gurchard, dont la passion infatiga-
ble peut, un jour ou l'autre, agir contre
vous, que tous ces personnages sans
conviction et sur lesquels nul ne peut
compter.
La séance suspendue en signe de
deuil, on s'est répandu dans les cou-
loirs, où l'on n'a pas tardé à apprendre
des nouvelles assez curieuses. On sait
que dans chaque ministère, surtout
depuis l'arrivée du cabinet actuel, il y
a une foule de jeunes « attachés » qui,
par un excès de complaisance du prési-
dent, ont même leurs entrées dans la
Chambre. Or, à la suite du discours de
M. Laguerre, il paraît que les « atta.
chés » de M. Waldeck-Rousseau au-
raient tiré au sort pour savoir lequel
d'entre eux irait demander raison de
son discours à l'honorable député. La
démarche a été faite, en effet, mais
c'est à M. Waldeck-Rousseau que la
réponse a été portée.
A peine avait-on fini de s'entretenir
des attachés du ministre de l'intérieur,
qu'on a eu à commenter une mesure
du cabinet. Voici les faits :
Sous l'ancien régime, quand un duc
et pair ou un gouverneur de province
se sentait vieillir et quand il avait un
rejeton à caser, il demandait la survi-
vance pour le jeune homme. Ce n'était
pas l'hérédité des bénéfices, que la mo-
narchie n'avait pas intérêt à reconsti-
tuer, mais cela y ressemblait un peu.
Or, ce matin, les députés de la Réunion
ont appris, non sans stupéfaction, qu'à la
place de M. Drouhet, trésorier-payeur
général, on venait de nommer, sur sa
demande, son fils âgé de trente ans.
De la sorte, ces fonctions lucratives
resteront plus longtemps dans la fa-
mille, c'est très probable, et le calcul
montre beaucoup de prévoyance de
la part du père et du hls, mais
les députés de la Réunion , M. de
Mahy et M. Dureau de Vaulcomte,
n'ont pas pensé que la transmis-
sion héréditaire des charges publi-
ques fût encore loi de l'Etat, et le
dernier de ces messieurs a présenté au
président du conseil les observations
que l'affaire comporte. Ces observations
n'ayant pas été accueillies favorable-
ment, M. Dureau de Vaulcomte prévint
M. Jules Ferry de l'obligation où il al-
lait être de l'interpeller.
L'interpellation ne sera certes pas
sans intérêt.
A. GAULIER.
.———————— -
Hier, au banquet de Guildhall, un minis-
tre anglais, lord Granville, a fait des dé-
clarations importantes au sujet du conflit
franco-chinois, et de la médiation dont il
est tant parlé depuis quelques jours.
Le chef du Foreign-Office a commencé
par se plaindre d'une partie des journaux
français, qui, a-t-il dit, présentent le gou-
vernement anglais comme désireux de
voir continuer la guerre « afin de faire
pièce à la Franco ». Tout au contraire,
« la France et la Chine peuvent compter
sur les bons offices de l'Angleterre, lors-
que les deux nations y feront appel. Le
gouvernement désire la fin des hostilités,
persuadé qu'il est que l'état de choses
actuel ne peut être qu'onéreux pour la
France, dangereux pour h Chine et nui-
sible aux intérêts commerciaux des neu-
tres. »
« Le gouvernement de la reine, a ajouté
le mmistre, verrait avec plaisir qu'une
solution pacifique fût annoncée entre la
France et la Chine, soit directement entre
les deux pays, soit par l'intervention des
Etats-Unis, de l'Allemagne ou d'une autre
puissance. Le gouvernement anglais est
tout prêt à prendre le rôle de pacificatéj&r
entre les deux nations, quand celles-ci le
demanderont avec des conditions parfai-
tement définies. »
On peut conclure de ces paroles que les
nouvelles négociations sont maintenant
fort avancées; le ministre n'aurait évi-
demment pas publié ainsi officiellement
l'offre de la médiation anglaise s'il n'avait
eu en sa possession des renseignements,
précis sur l'état actuel des négociations,
s'il n'avait eu, en un mot, de sérieuses
raisons de penser que le moment n'est
pas éloigné où la médiation qu'il offre
pourra être utilisée.
LE COMMERCE FRANÇAIS A MANILLE
a
On a souvent et très justement reproché
à nos consuls de se confiner beaucoup
trop dans leurs attributions diplomatiques
et judiciaires et de négliger la partie éco-
nomique de leur mission. Il est d'heu-
reuses exceptions, qu'il importe de faire
connaître quand elles se produisent. Le
rapport que M. Ernest Crampon, consul
de France à Manille, vient d'adresser au
ministre des affaires étrangères sur le
commerce français aux îles Philippines,
mériterait de servir de modèle à tous ceux
qui ont qualité pour représenter et défen-
dre à l'étranger les intérêts du commerce
français.
Le travail de M. Crampon, court et
précis, comme il convient en pareille
matière, débute par une étude sur les
exportations principales des îles Philip-
pines : sucre, chanvre et tabac. M. Cram-
pon appelle avec grand soin l'attention de
l'administration des tabacs sur cette der-
nière culture qui est en train de prendre,
aux Philippines, un essor considérable,
grâce à la suppression du monopole, et
qui, sans détrôner la fameuse « Vuelta de
Abejo » de Cuba, nous donnerait un très
bon cigare de consommation usuelle ayant
en outre l'avantage de coûter bon marché.
Pour l'instant, nous ne demandons
guère aux Philippines que de l'ylang-
ylang, du café, et des chapeaux de paille,
encore ces divers articles passent-ils par
l'intermédiaire des maisons anglaises de
Singapoor et de Hong-Kong.
Si nous achetons peu à Manille, nous
lui vendons moins encore. Pour les im-
portations comme pour les exportations,
l'Angleterre tient la tête; elle, a pour
ainsi dire, le monopole de la vente des
tissus et fils de coton, des métaux bruts
et travaillés, des machines, du charbon,
des produits chimiques, de la faïence et
de la verrerie, des cuirs, chapeaux, pâtes,
etc., etc. Ce qu'elle ne vend pas directe-
ment, elle le transporte. Ses bateaux vont
chercher à Hambourg les marchandises
de l'Allemagne et de l'Autriche; ils em-
barquent à Liverpool des produits fran-
çais condamnés à aller chercher en Angle-
terre un fret à bon marché. Enfin, Sur
trois maisons de banque, deux sont an-
glaises.
Après l'Angleterre vient l'Allemagne. La
valeur des importations anglaises repré-
sentant environ 50 millions de francs, cel-
les de l'Allemagne en représentent 15.
Grâce à l'activité des maisons de commerce
qui ont envoyé là-bas des représentants,
grâce surtout au bon marché, l'article
Berlin et l'article Vienne soit en train de
supplanter l'article Paris.
L'Espagne occupe le troisième rang en
vertu du privi ège qu'ont ses produits d'é-
chapper au droit de 3 0[0 payé à ren-
trée.
Et la France? La France vient bien loin
sur la liste. Ses importations s'élèvent à
un chiffre de 5 millions de francs, dont
4,500,000 en soieries, et le reste en eaux-
de-vie, vins de Champagne.
D'où vient cette infériorité ? Est-ce que
les marques françaises seraient mal vues
là-bas? Bien au contraire, nos rivaux les
contrefont à qui mieux mieux. Cette pira-
Feuilleton du RAPPEL
DU 13 NOVEMBRE
120
LE
ROI DES MENDIANTS
DEUXIÈME PARTI.
LA MÈRE
XXXI
In demande en mariage
(Suite)
Le bâron reprit après un silence :
— Hector est amoureux, mais amou-
reux fou 1
— C'est de son âge, et dans sa position,
je ne pense pas qu'il trouve beaucoup de
cruelles. ou qu'il ait à craindre un refus
de quelque famille que ce soit.
— A moins que la jeune personne n'en
aime un autre !
- Ah 1 EUe en aime un autre? répéta
——■« il ■■ ii m M
Reproduction interdite;
V eir le Ramel du 9 iuiUet QU 12 novembre*
lentement Inès, en fermant à demi ses
paupières brunes. — Alors ?.
— Alors, c'est à vous que je prends la
liberté de m'adresser pour vous dire :
« Aidez-moi à sauver mon fils du déses-
poir aidez-moi à faire son bonheur. »
— J'y puis quelque chose? demanda
Mme Liébert en ouvrant brusquement ses
yeux qui paraissaient s'assombrir de plus
en plus.
— Vous y pouvez tout!
- Je connais cette. jeune personne?
— Beaucoup. mieux que qui que ce
soit. ,"
— Qui est-ce ?
— Mlle Berthier. -.:
Mme Liébert ne bougea pas."
Elle s'attendait à ce nom, bien qu'elle
ne pût comprendre pourquoi Roche-
grise désirait le mariage de son fils avec
cette orpheline pauvre.
Cette attaque, qu'elle avait prévue deJa
part du baron, prenait une marche et sui-
vait des sentiers détournés qui la surpre-
naient et dont elle cherchait les motifs,
sans les deviner.
Etait ce sérieusement qu'il songeait à
Blanche, à Irène, pour le jeune ba-
ronnet?
Mais elle n'avait guère le temps de ré-
fléchir longuement. La seule chose qu'elle
sût clairement, c'est qu'elle était mena-
cée, et aucune lutte (Je vie ou de mort al-
lait commencer pour elle. Il fallait donc
répondre sur l'heure et ne pas montrer
ses craintes, ses angoisses.
Aussi le dialogue entre eux procédait-il
par phrases courtes, répliques nettes et
rapides, comme le choc de deux fleurets,
maniés par d'habiles tireurs,
— En effet, je connais beaucoup Blan-
che. Mais si c'est d'elle qu'il s'agit, mon-
sieur, c'est à elle qu'il faut vous adresser.
Blanche est orpheline, vous ne l'ignorez
pas, et ne dépend que d'elle-même.
— Et de vous. -
— De moi I Comment cela ?
— Quand ce ne serait que par les liens
de la reconnaissance.
— Je n'ai aucun droit sur elle, en effet,
monsieur le baron, que ceux que pour-
raient me donner l'affection que je lui
porte et l'affection qu'elle a pour moi,
ainsi que pour tous les membres d'une
famille où elle a trouvé un accueil dé-
voué. Mais ce sont des liens du cœur. et
je ne saurais les invoquer pour briser son
cœur.
- C'est à dire?,..
— C'est à dire que son mariage aveç
M. Hector de Rochegrise est impossible.
— Pourquoi, madame? Geste jeline per-
sonne n'est-elle pas charmante, pleine de
grâces, de vertus, qualités aimables et
SQlidçs*. bieû ^cîèe, fort instruite spiri-
tuelle, telle enfin qu'elle doive faire le
bonheur de l'homme qui l'épouserait?
— Nul, monsieur, ne pense plus de bien
de Blanche que je n'en pense et ma con-
duite à son égard prouve jusqu'à quel
point je l'estime et l'apprécie. Mais.
— Mais?
— Elle est pauvre, orpheline et occupe,
jusqu'à présent, une humble position, qui
fait que je m'étonne.
— De quoi donc ?
- Que le riche baron de Rochegrise,
portant un de,s rares noms aristocratiques
de notre époque, songe à en faire une ba-
ronne, alors ;que son fils peut aspirer à la
main d'une jeune fille de son rang et de
sa caste.
— Permettez-moi de vous répondre,
chère madame, que si ces considérations
ne m'arrêtent pas, elles doivent encore
moins compter aux yeux des autres.
dans une question qui m'est si complète-
ment personnelle. Je passe au-dessus des
préjugés. J'aime à aider la vertu mal-
heureuse. à tendre la main à ceux que
le sort a injustement frappés. Je suis
philanthrope 1
Et de Rochegrise eut un petit ricane-
ment sec et menaçant.
— Alors, reprit Mme Liébert sur le
même ton de raillerie provocante, que
votre philanthropie se rassure. D'autres
sentent et consent ainsi que vous. D'au-
très ne regardent qu'au mérite personnel,
non aux avantages de fortune et de nais-
sance. Mlle Blanche n'a besoin de per-
sonne. et je vous.engage à placer ail-
leurs votre philanthropie.
— Elle me brave et veut savoir jusqu'où
j'irai et ce que je puis contre elle ! pensa
de Rochegrise.
— Vous traitez bien durement, reprit-il,
un père qui vient vous solliciter de com-
patir aux peines de coaur de son fils.
— C'est que j'ai à ménager deux autres
cœurs. qui me touchent de plus près.
et que je n'ai pas le droit de faire deux
malheureux, en supposant que j'en eusse
le pouvoir, ce qui n'est pas, car Blanche,
encore une fois, ne dépend que d'elle-
même. Vous avez dit, en débutant, qu'elle
en aimait un autre.., Donc vous savez à
qui je fais allusion.
— NI. Adrien ?.
— Oui, Adrien. Son père approuve cet
amour. partagé de Blanche. Et j'allais
vous annoncer moi-même leur prochain
mariage, quand vous avez pris les devants
en me parlantde vos projets, qui, malheu-
reusement, arrivent trop tard.
— Il n'est jamais trop tard, madame,
quand on ne se trouve pas en face de faits
accomplis, irrévocables. Or, ce mariage
dont vous me parlez n'est point accompli,
et c'est pour cela que je viens vous prier
de vous y opposer et de leromnre.
— Cela ne dépend pas de moi, monsieur
le baron. -
— En êtes-vous bien sûre?
— Absolument. D'abord, je le répète,
je n'ai aucun droit sur Blanche. Ensuite,
je ne puis m'opposer à la volonté de M.
Liébert, ni appuyer, aux yeux du monde,
aux yeux de ma propre conscience, les pré-
tentions d'un étranger, quelque amicale
sympathie que m'inspire son nom, contre
les prétentions de mon beau-fils, que j'ai
toujours aimé, protégé, comme s'il eût été
mon propre enfant.
— Donc, fit lentement Rochegrise, vous
vous déclarez mon adversaire, mon en-
nemie?
— Nullement, monsieur. Ce n'est pas
moi qui accorde ou qui refuse la main de
Blanche. Je refuse seulement une inter-
vention que ma situation et mon rôle vis
à vis de cette jeune fille, de même que
mon devoir envers les miens, m'interdi-
sent à tous égards. Mais Blanche est libre.
Adressez-vous à elle. Elle ne dépend que
d'elle-même, je vous le répète. Demandez-
lui sa main pour votre fils. C'est sa no-
lonté qui décidera.
Mme Liébert se leva, indiquant par (a
qu'elle jugeait l'entretien terminé.
A. MATTHSY*
~§K:t~
ADMINISTRATION
.48, RUE DE VALOIS, 13
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 40 r
Six mois 20 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 1350
Sis mois 22 a
Adresser lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
ADMINISTRAIECRGÉBAKX
- - j
BEDACTIOIf
jB'a&esser au Secrétaire de 3a Rédaction
De 4 à 6 heures dit tloi" ,,' -."
ILVE MN: -VALOIS, 18
) les jcannserifs noninséresne scrontpasrarÇUJS
J ANNONCES
J M. Ch. IAGRANGE, CERF et G»
6,2*3 ace de 2a Bourse, 6
L'INTERNAT DES FEIIES
La Société des chirurgiens des hôpi-
taux a examiné, ces jours derniers, la
question de l'internat des femmes. Il y
a eu quatre voix pour et seize contre.
Cela n'a pas empêché quarante-deux
médecins ou chirurgiens des hôpitaux,
parmi lesquels onze professeurs de la
faculté, d'adresser au préfet de la
Seine unapétition qui demande que les
femmes soient internes. En attendant
que la question soit tranchée par la
préfecture elle - est débattue par les
journaux.
Je viens de lire dans la Ville de Paris
un article hostile. Il ne m'a pas con-
vaincu.
Il y a des raisons contre l'internat
des femmes, comme il y en a eu contre
tous les progrès.
D'abord, l'intérêt social. Le premier
devoir des femmes est de faire des en-
fants ; le second est de faire des hom-
mes.
Elles mettent l'enfant au jour, et
puis elles le mettent au jour moral;
elles commencent son éducation; elles
le font un peu de ce qu'il sera; elles
sèment dans son cœur et dans son es-
prit ce qui doit y pousser plus tard.
Cette grande tâche ne suffit-elle donc
pas à remplir leur vie ? Où trouveront-
elles le temps de faire autre chose?
Feront-elles autre chose sans négliger
leur chose essentielle? Et quel homme
sera-ce qu'un enfant négligé ? Physique-
ment chétif, c'est-à-dire mauvais sol-
dat; moralement inculte, c'est-à-dire
mauvais citoyen. C'est donc d'abord
l'intérêt de la société qui dit aux fem-
mes : — Restez chez vous !
Et puis, c'est aussi leur intérêt. Les
femmes qui veulent être internes se
figurent-elles quelle besogne rude c'est
toujours, et répugnante souvent, de
soigner les malades? Que de plaies in-
fectes ! Que de soins pénibles pour les-
quels il faut des mains viriles et qui
feront trembler les délicates mains
féminines. Femmes, votre place n'est
Das à l'hôpital, elle est à la maison.
- Et les infirmières ?
Est-ce que les infirmières ne sont pas
.emmes? Est-ce que les soins qu'elles
donnent jour et nuit ne sont pas péni-
bles? Est-ce que les plaies qu'elles pan-
sent ne sont jamais infectes ? Et est-ce
qu'elles font mal leur métier? Notre
confrère n'est pas de cet avis : — « Nous
n'ignorons pas la vertu que déploient
ces courageuses femmes. Il faut la sol-
licitude maternelle qui se trouve dans
le cœur féminin pour soigner ceux qui
souffrent. » M. Marc Sonal va jusqu'à
préférer les femmes aux hommes : —
« La femme seule sait apporter dans
ces fonctions la douceur, l'aménité et
'abnégation nécessaires; elle accom-
pagne d'un sourire l'invitation à dégus-
ter quelque amer breuvage et console
d'un mot, d'un geste, d'un regard le
malheureux confié à sa garde. » Je ne
m'explique pas en quoi la douceur, l'a-
ménité et l'abnégation, qui font la
bonne infirmière, feraient la mauvaise
interne.
Au point de vue de la maison déser-
tée, est-ce que les infirmières n'ont pas
de maison, pas de famille, ni mari, ni
enfants, ni père, ni mère? Alors, il ne
faudrait que des religieuses. Et on laï-
cise le service !
S'il est vrai que les femmes ne soient
pas aptes à soigner les maladies répu-
gnantes, si leur sexe leur interdit les
guérisons énergiques, en ce cas ce n'est
pas seulement l'internat qu'il faut leur
interdire, c'est aussi la médecine. Car,
permettre la médecine et refuser l'iu-
ternat, c'est dire aux gens d'entrer en
leur fermant la porte. C'est par l'inter-
nat qu'on devient un médecin sérieux.
Le réserver à l'homme, — je répète un
mot du docteur Verneuil. « c'est cons-
tituer pour l'homme un privilège révol-
tant ». Révoltant est raide; mais de-
mandez à Mlle Hubertine Auclertsi eUe
n'est pas révoltée.
Laissez les femmes être internes, ou
empêchez-les d'être médecins. -Empê-
chons-les, diraient pas mai de médecins
mâles. Et ce n'est pas seulement la mé-
decine que les hommes fermeraient
aux femmes. Demandez aux composi-
teurs d'imprimerie, qui sont des tra-
vailleurs intelligents et ouverts, s'ils
trouvent bon que les femmes lèvent la
lettre, ce qui n'est cependant pas con-
traire à la délicatesse des mains fémi-
nines. Ils vous répondront que c'est au
mari à travailler et à nourrir la femme.
C'est une opinion généreuse ; mais
quand la femme n'a pas de mari ? Com-
bien de femmes n'ont à manger que la
bouchée de pain qu'elles gagnent elles-
mêmes!
Et lorsqu'elles ont un mari, pourquoi
ne pourraient-elles pas, elles aussi, être
généreuses? Pourquoi n'auraient-elles
pas droit, elles aussi, à la fierté et à la
dignité de gagner leur vie, de vivre de
leur travail et non du travail d'autrui,
de ne dépendre de personne? Car, sous
la question du pain, il y a la question
d'affranchissement. Nous comprenons
que l'homme désire rester le maître,
mais nous comprenons que la femme
ne désire pas rester la sujette.
AUGUSTE VACQUERIE.
» ■■ ■ —»
COULISSES DES CHAMBRES
La délibération de la Chambre a dû être
ajournée hier par suite d'un évènement
aussi douloureux qu'imprévu, la mort de
M. Guichard, le doyen d'âge des députés,
et l'un des plus anciens et des plus res-
pectés défenseurs de l'idée républicaine.
C'est en présidant le 46 bureau de la
Chambre que M. Guichard a succombé
d'une manière pour ainsi dire subite, aux
suites d'une hémorragie cérébrale.
Il était une heure; quatre ou cinq mem-
bres'du bureau seulement étaient arrivés.
M. Guichard venait à peine de s'asseoir au
fauteuil de la présidence qu'on le vit s'af-
faisser, râler deux secondes et rendre le
dernier soupir.
Parmi les membres présents se trouvait
précisément un médecin, M. le docteur
Fréry, député de Belfort. M. Fréry se pré-
cipita au secours de M. Guichard, mais
tous les soins furent inutiles; la mort avait
été instantanée. M. Fréry ne put que cons-
taier par les moyens ordinaires que la vie
avait cessé.
Le corps fut transporté quelques ins-
tants dans le cabinet médièal du palais
Bourbon et de là conduit au domicile du
défunt, 25, rue de Suresnes. M. Guichard
habitait là avec sa fille, Mme veuve Ar-
naud de l'Ariège.
Le corps avait été porté sur une civière
par six garçons de la Chambre, il était
accompagné par le fils du défunt et quel-
ques députés. Le président, M. Henri Bris-
son, et l'un des vice-présidents, M. Spul-
1er, s'étaient rendus au domicile, précé-
dant le corps de quelques instants, pour
porter la douloureuse nouvelle à Mme Ar-
naud de l'Ariège; elle était absente.
MM. Brisson et Spuller se sont mis en
devoir de la rencontrer dans l'après-midi.
-o-
Le ministre de l'agriculture doit se ren-
dre aujourd'hui à la commission de la
Chambre chargée d'examiner le projet de
loi relevant les tarifs de douane sur les
bestiaux étrangers.
Il doit s'expliquer au sujet du droit sur
les blés dont le gouvernement n'a pas pris
l'initiative, mais dont la commission est
saisie par plusieurs amendements.
En prévision de cette conférence, le
conseil des ministres a délibéré hier pour
arrêter le sens des déclarations que ferait
M. Méline, - - - -- - - -
Le gouvernement, considérant que il'in.
dustrie agricole est fondée à réclamer le
même traitement que les autres industries,
accepte le principe d'un droit-modéré sur
les blés. Ca droit serait onvifon de 10 010,
comme celui que consacre le tarif général
des douanes à l'égard des produits indus-
triels proprement dits. Toutefois, le gou-
vernement ne croit pas devoir se pro-
noncer dès aujourd'hui sur la quotité
exacte de ce droit. La question ne devant
pas être discutée devant la Chambre au
cours de la session actuelle, il y aurait de
graves inconvénients à faire connaître
d'avance le chiffre qui sera fixé pour le
droit, mais le gouvernement a décidé de
n'adhérer qu'à un droit modéré.
-0-
La commission du scrutin de liste était
de nouveau convoquée hier pour entendre
le président du conseil sur les diverses
questions que nous avons déjà signalées.
Mais M. Jules Ferry a fait savoir au pré-
sident, M. Spuller, qu'absorbé par les
affaires en cours, il ne pouvait pas con-
férer avec la commission, le conseil n'ayant
pas délibéré à ce sujet, et, d'ailleurs, la
question ne présentant pas un véritable
degré d'urgence. La commission n'a donc
pas tenu séance.
Les députés de la colonie de la Réunion
ont prévenu le président du conseil qu'ils
lui adresseraient, la semaine prochaine,
une interpellation au sujet de la nomina-
tion de M. Drouhet fils aux fonctions de
trésorier général de la Réunion.
Le Journal officiel a, en effet, enregistré
hier matin un décret aux termes duquel
M. Drouhet père, précédemment gouver-
neur de l'Inde française et nommé au
mois d'août dernier à ces fonctions dans
les finances, est remplacé par son fils dans
ces dernières.
C'est cette substitution que les députés
de la Réunion désapprouvent et au sujet
de laquelle ils veulent soulever un débat
à la tribune.
ri"llii i i mi, .ii■ i«■ i mil.
GUICHARD
Il n'est pas de plus belle mort que
celle de M. Guichard, et elle est digne
de sa vie. C'est au milieu d'un dis-
cours qu'il a été frappé ; c'est en rem-
plissant son mandat et en accomplis-
sant son devoir de représentant du
peuple. Il avait servi activement pen-
dant plus de soixante ans la démocratie
et c'est en la servant encore qu'il a
rendu le dernier soupir. -
Avant-hier, il était à son banc ; il pre-
nait.. part à la discussion ; il demandait
la parole pour le lendemain. Hier, il
arrivait à la Chambre, son dossier à
la main. Il courait à son bureau où,
avant la séance, on devait élire deux
commissaires; il commençait à parler.
Hélas ! brusquement la mort l'arrêtait
au milieu d'une phrase. Ses collègues
se précipitaient pour le soutenir. Il
n'était plus.
M. Guichard était président d'âge de
la Chambre des députés. Il avait quatre-
vingt-trois ou quatre ans et il parais-
sait un des plus jeunes de nous. Il
avait conservé une activité, une viva-
cité d'esprit, une passion, une élo-
quence que nous admirions tous et
que ses adversaires politiques admi-
raient eux-mêmes. Sa personne impo-
sait le respect et commandait la sym-
pathie. Il était de ceux qui apparaissent
toujours doux et aimables, mais dont
l'amabilité et la douceur cachent une
conscience inflexible.
Sa vie a été un exemple, comme l'a
si bien dit et en termes si émus M.
Brisson. Les révolutions que nous avons
traversées, les tyrannies que nous avons
subies n'avaient pu ni le faire changer
ni le faire fléchir. Au milieu des événe-
ments qui, tant de fois, ont bouleversé
la France, il était resté fidèle à sa foi et
à lui-même. C'était un homme des
« temps héroïques ». Et aujourd'hui
que tant de gens s'offrent à la Répu-
blique, moins pour la servir que pour
fexploiter, c'est avec plus de douleur
que nous nous tournons vers les répu-
blicains qui nous ont enseigné l'abné-
gation, le dévouement et le devoir.
Tous ceux qui ont eu l'honneur de con-
naître M. Guichard conserveront dans
leur cœur le souvenir de cet honnête
homme.
ÉDOUARD LOCKROY.
j
LA CHAMBRE
On apprend, en arrivant à la-Cham-
bre, la nouvelle tout à fait inattendue
de la mort du doyen d'âge, l'honorable
M. Guichard. Hier encore, le député
de l'Yonne était à son banc, prenant
part à la discussion par de véhémentes
interruptions à l'adresse du ministre
du commerce. Ce matin même, M. Gui-
chard était venu présider son bureau
pour la nomination d'une commission,
et c'est là, en donnant la parole à un
de ses collègues, qu'il a expiré subi-
tement, quelques minutes avant l'heure
de la séance publique.
M. Brisson a donc pu dire, en an-
nonçant aux députés la brusque dis-
parition de leur doyen, que, jusqu'à
la fin, il était resté sur la brèche ,
ardent et dévoué, et que sa mort était
un exemple, comme sa vie.
qA un âge où la plupart ont depuis
longtemps faibli, M. Guichard, la
Chambre l'a souvent constaté, conser-
vait une énergie toute juvénile, un
enthousiasme communicatif et plein de
feu. Cette force n'a pas toujours été
mise au service des idées qui sont les
nôtres, et nous ne pouvons, même à
cette heure, oublier qu'un jour, par
ordre de M. Guichard, président d'âge,
deux huissiers, postés au pied do la
tribune,empêchèrent un orateur illustre,
Louis Blanc, de faire entendre sa voix.
Mais, en somme, M. Guichard avait les
défauts de ses qualités, un excès de vi-
gueur qu'il mettait au service de ses
amis et qu'il dépensait sans compter.
Comment en faire un reproche à ce
vieillard quand, de tous côtés et chez
des hommes ayant quinze ou vingt an-
nées de moins, on voit se produire
r tant de défaillances lamentaJ)les? Les
; plus jeunes même ne sont pas exempts,
bien s'en faut, de cette lassitude pré-
coce, de cette indifférence facile qui
permet de tout accepter. Mieux vaut
encore, et cent fois, des lutteurs comme
M. Gurchard, dont la passion infatiga-
ble peut, un jour ou l'autre, agir contre
vous, que tous ces personnages sans
conviction et sur lesquels nul ne peut
compter.
La séance suspendue en signe de
deuil, on s'est répandu dans les cou-
loirs, où l'on n'a pas tardé à apprendre
des nouvelles assez curieuses. On sait
que dans chaque ministère, surtout
depuis l'arrivée du cabinet actuel, il y
a une foule de jeunes « attachés » qui,
par un excès de complaisance du prési-
dent, ont même leurs entrées dans la
Chambre. Or, à la suite du discours de
M. Laguerre, il paraît que les « atta.
chés » de M. Waldeck-Rousseau au-
raient tiré au sort pour savoir lequel
d'entre eux irait demander raison de
son discours à l'honorable député. La
démarche a été faite, en effet, mais
c'est à M. Waldeck-Rousseau que la
réponse a été portée.
A peine avait-on fini de s'entretenir
des attachés du ministre de l'intérieur,
qu'on a eu à commenter une mesure
du cabinet. Voici les faits :
Sous l'ancien régime, quand un duc
et pair ou un gouverneur de province
se sentait vieillir et quand il avait un
rejeton à caser, il demandait la survi-
vance pour le jeune homme. Ce n'était
pas l'hérédité des bénéfices, que la mo-
narchie n'avait pas intérêt à reconsti-
tuer, mais cela y ressemblait un peu.
Or, ce matin, les députés de la Réunion
ont appris, non sans stupéfaction, qu'à la
place de M. Drouhet, trésorier-payeur
général, on venait de nommer, sur sa
demande, son fils âgé de trente ans.
De la sorte, ces fonctions lucratives
resteront plus longtemps dans la fa-
mille, c'est très probable, et le calcul
montre beaucoup de prévoyance de
la part du père et du hls, mais
les députés de la Réunion , M. de
Mahy et M. Dureau de Vaulcomte,
n'ont pas pensé que la transmis-
sion héréditaire des charges publi-
ques fût encore loi de l'Etat, et le
dernier de ces messieurs a présenté au
président du conseil les observations
que l'affaire comporte. Ces observations
n'ayant pas été accueillies favorable-
ment, M. Dureau de Vaulcomte prévint
M. Jules Ferry de l'obligation où il al-
lait être de l'interpeller.
L'interpellation ne sera certes pas
sans intérêt.
A. GAULIER.
.———————— -
Hier, au banquet de Guildhall, un minis-
tre anglais, lord Granville, a fait des dé-
clarations importantes au sujet du conflit
franco-chinois, et de la médiation dont il
est tant parlé depuis quelques jours.
Le chef du Foreign-Office a commencé
par se plaindre d'une partie des journaux
français, qui, a-t-il dit, présentent le gou-
vernement anglais comme désireux de
voir continuer la guerre « afin de faire
pièce à la Franco ». Tout au contraire,
« la France et la Chine peuvent compter
sur les bons offices de l'Angleterre, lors-
que les deux nations y feront appel. Le
gouvernement désire la fin des hostilités,
persuadé qu'il est que l'état de choses
actuel ne peut être qu'onéreux pour la
France, dangereux pour h Chine et nui-
sible aux intérêts commerciaux des neu-
tres. »
« Le gouvernement de la reine, a ajouté
le mmistre, verrait avec plaisir qu'une
solution pacifique fût annoncée entre la
France et la Chine, soit directement entre
les deux pays, soit par l'intervention des
Etats-Unis, de l'Allemagne ou d'une autre
puissance. Le gouvernement anglais est
tout prêt à prendre le rôle de pacificatéj&r
entre les deux nations, quand celles-ci le
demanderont avec des conditions parfai-
tement définies. »
On peut conclure de ces paroles que les
nouvelles négociations sont maintenant
fort avancées; le ministre n'aurait évi-
demment pas publié ainsi officiellement
l'offre de la médiation anglaise s'il n'avait
eu en sa possession des renseignements,
précis sur l'état actuel des négociations,
s'il n'avait eu, en un mot, de sérieuses
raisons de penser que le moment n'est
pas éloigné où la médiation qu'il offre
pourra être utilisée.
LE COMMERCE FRANÇAIS A MANILLE
a
On a souvent et très justement reproché
à nos consuls de se confiner beaucoup
trop dans leurs attributions diplomatiques
et judiciaires et de négliger la partie éco-
nomique de leur mission. Il est d'heu-
reuses exceptions, qu'il importe de faire
connaître quand elles se produisent. Le
rapport que M. Ernest Crampon, consul
de France à Manille, vient d'adresser au
ministre des affaires étrangères sur le
commerce français aux îles Philippines,
mériterait de servir de modèle à tous ceux
qui ont qualité pour représenter et défen-
dre à l'étranger les intérêts du commerce
français.
Le travail de M. Crampon, court et
précis, comme il convient en pareille
matière, débute par une étude sur les
exportations principales des îles Philip-
pines : sucre, chanvre et tabac. M. Cram-
pon appelle avec grand soin l'attention de
l'administration des tabacs sur cette der-
nière culture qui est en train de prendre,
aux Philippines, un essor considérable,
grâce à la suppression du monopole, et
qui, sans détrôner la fameuse « Vuelta de
Abejo » de Cuba, nous donnerait un très
bon cigare de consommation usuelle ayant
en outre l'avantage de coûter bon marché.
Pour l'instant, nous ne demandons
guère aux Philippines que de l'ylang-
ylang, du café, et des chapeaux de paille,
encore ces divers articles passent-ils par
l'intermédiaire des maisons anglaises de
Singapoor et de Hong-Kong.
Si nous achetons peu à Manille, nous
lui vendons moins encore. Pour les im-
portations comme pour les exportations,
l'Angleterre tient la tête; elle, a pour
ainsi dire, le monopole de la vente des
tissus et fils de coton, des métaux bruts
et travaillés, des machines, du charbon,
des produits chimiques, de la faïence et
de la verrerie, des cuirs, chapeaux, pâtes,
etc., etc. Ce qu'elle ne vend pas directe-
ment, elle le transporte. Ses bateaux vont
chercher à Hambourg les marchandises
de l'Allemagne et de l'Autriche; ils em-
barquent à Liverpool des produits fran-
çais condamnés à aller chercher en Angle-
terre un fret à bon marché. Enfin, Sur
trois maisons de banque, deux sont an-
glaises.
Après l'Angleterre vient l'Allemagne. La
valeur des importations anglaises repré-
sentant environ 50 millions de francs, cel-
les de l'Allemagne en représentent 15.
Grâce à l'activité des maisons de commerce
qui ont envoyé là-bas des représentants,
grâce surtout au bon marché, l'article
Berlin et l'article Vienne soit en train de
supplanter l'article Paris.
L'Espagne occupe le troisième rang en
vertu du privi ège qu'ont ses produits d'é-
chapper au droit de 3 0[0 payé à ren-
trée.
Et la France? La France vient bien loin
sur la liste. Ses importations s'élèvent à
un chiffre de 5 millions de francs, dont
4,500,000 en soieries, et le reste en eaux-
de-vie, vins de Champagne.
D'où vient cette infériorité ? Est-ce que
les marques françaises seraient mal vues
là-bas? Bien au contraire, nos rivaux les
contrefont à qui mieux mieux. Cette pira-
Feuilleton du RAPPEL
DU 13 NOVEMBRE
120
LE
ROI DES MENDIANTS
DEUXIÈME PARTI.
LA MÈRE
XXXI
In demande en mariage
(Suite)
Le bâron reprit après un silence :
— Hector est amoureux, mais amou-
reux fou 1
— C'est de son âge, et dans sa position,
je ne pense pas qu'il trouve beaucoup de
cruelles. ou qu'il ait à craindre un refus
de quelque famille que ce soit.
— A moins que la jeune personne n'en
aime un autre !
- Ah 1 EUe en aime un autre? répéta
——■« il ■■ ii m M
Reproduction interdite;
V eir le Ramel du 9 iuiUet QU 12 novembre*
lentement Inès, en fermant à demi ses
paupières brunes. — Alors ?.
— Alors, c'est à vous que je prends la
liberté de m'adresser pour vous dire :
« Aidez-moi à sauver mon fils du déses-
poir aidez-moi à faire son bonheur. »
— J'y puis quelque chose? demanda
Mme Liébert en ouvrant brusquement ses
yeux qui paraissaient s'assombrir de plus
en plus.
— Vous y pouvez tout!
- Je connais cette. jeune personne?
— Beaucoup. mieux que qui que ce
soit. ,"
— Qui est-ce ?
— Mlle Berthier. -.:
Mme Liébert ne bougea pas."
Elle s'attendait à ce nom, bien qu'elle
ne pût comprendre pourquoi Roche-
grise désirait le mariage de son fils avec
cette orpheline pauvre.
Cette attaque, qu'elle avait prévue deJa
part du baron, prenait une marche et sui-
vait des sentiers détournés qui la surpre-
naient et dont elle cherchait les motifs,
sans les deviner.
Etait ce sérieusement qu'il songeait à
Blanche, à Irène, pour le jeune ba-
ronnet?
Mais elle n'avait guère le temps de ré-
fléchir longuement. La seule chose qu'elle
sût clairement, c'est qu'elle était mena-
cée, et aucune lutte (Je vie ou de mort al-
lait commencer pour elle. Il fallait donc
répondre sur l'heure et ne pas montrer
ses craintes, ses angoisses.
Aussi le dialogue entre eux procédait-il
par phrases courtes, répliques nettes et
rapides, comme le choc de deux fleurets,
maniés par d'habiles tireurs,
— En effet, je connais beaucoup Blan-
che. Mais si c'est d'elle qu'il s'agit, mon-
sieur, c'est à elle qu'il faut vous adresser.
Blanche est orpheline, vous ne l'ignorez
pas, et ne dépend que d'elle-même.
— Et de vous. -
— De moi I Comment cela ?
— Quand ce ne serait que par les liens
de la reconnaissance.
— Je n'ai aucun droit sur elle, en effet,
monsieur le baron, que ceux que pour-
raient me donner l'affection que je lui
porte et l'affection qu'elle a pour moi,
ainsi que pour tous les membres d'une
famille où elle a trouvé un accueil dé-
voué. Mais ce sont des liens du cœur. et
je ne saurais les invoquer pour briser son
cœur.
- C'est à dire?,..
— C'est à dire que son mariage aveç
M. Hector de Rochegrise est impossible.
— Pourquoi, madame? Geste jeline per-
sonne n'est-elle pas charmante, pleine de
grâces, de vertus, qualités aimables et
SQlidçs*. bieû ^cîèe, fort instruite spiri-
tuelle, telle enfin qu'elle doive faire le
bonheur de l'homme qui l'épouserait?
— Nul, monsieur, ne pense plus de bien
de Blanche que je n'en pense et ma con-
duite à son égard prouve jusqu'à quel
point je l'estime et l'apprécie. Mais.
— Mais?
— Elle est pauvre, orpheline et occupe,
jusqu'à présent, une humble position, qui
fait que je m'étonne.
— De quoi donc ?
- Que le riche baron de Rochegrise,
portant un de,s rares noms aristocratiques
de notre époque, songe à en faire une ba-
ronne, alors ;que son fils peut aspirer à la
main d'une jeune fille de son rang et de
sa caste.
— Permettez-moi de vous répondre,
chère madame, que si ces considérations
ne m'arrêtent pas, elles doivent encore
moins compter aux yeux des autres.
dans une question qui m'est si complète-
ment personnelle. Je passe au-dessus des
préjugés. J'aime à aider la vertu mal-
heureuse. à tendre la main à ceux que
le sort a injustement frappés. Je suis
philanthrope 1
Et de Rochegrise eut un petit ricane-
ment sec et menaçant.
— Alors, reprit Mme Liébert sur le
même ton de raillerie provocante, que
votre philanthropie se rassure. D'autres
sentent et consent ainsi que vous. D'au-
très ne regardent qu'au mérite personnel,
non aux avantages de fortune et de nais-
sance. Mlle Blanche n'a besoin de per-
sonne. et je vous.engage à placer ail-
leurs votre philanthropie.
— Elle me brave et veut savoir jusqu'où
j'irai et ce que je puis contre elle ! pensa
de Rochegrise.
— Vous traitez bien durement, reprit-il,
un père qui vient vous solliciter de com-
patir aux peines de coaur de son fils.
— C'est que j'ai à ménager deux autres
cœurs. qui me touchent de plus près.
et que je n'ai pas le droit de faire deux
malheureux, en supposant que j'en eusse
le pouvoir, ce qui n'est pas, car Blanche,
encore une fois, ne dépend que d'elle-
même. Vous avez dit, en débutant, qu'elle
en aimait un autre.., Donc vous savez à
qui je fais allusion.
— NI. Adrien ?.
— Oui, Adrien. Son père approuve cet
amour. partagé de Blanche. Et j'allais
vous annoncer moi-même leur prochain
mariage, quand vous avez pris les devants
en me parlantde vos projets, qui, malheu-
reusement, arrivent trop tard.
— Il n'est jamais trop tard, madame,
quand on ne se trouve pas en face de faits
accomplis, irrévocables. Or, ce mariage
dont vous me parlez n'est point accompli,
et c'est pour cela que je viens vous prier
de vous y opposer et de leromnre.
— Cela ne dépend pas de moi, monsieur
le baron. -
— En êtes-vous bien sûre?
— Absolument. D'abord, je le répète,
je n'ai aucun droit sur Blanche. Ensuite,
je ne puis m'opposer à la volonté de M.
Liébert, ni appuyer, aux yeux du monde,
aux yeux de ma propre conscience, les pré-
tentions d'un étranger, quelque amicale
sympathie que m'inspire son nom, contre
les prétentions de mon beau-fils, que j'ai
toujours aimé, protégé, comme s'il eût été
mon propre enfant.
— Donc, fit lentement Rochegrise, vous
vous déclarez mon adversaire, mon en-
nemie?
— Nullement, monsieur. Ce n'est pas
moi qui accorde ou qui refuse la main de
Blanche. Je refuse seulement une inter-
vention que ma situation et mon rôle vis
à vis de cette jeune fille, de même que
mon devoir envers les miens, m'interdi-
sent à tous égards. Mais Blanche est libre.
Adressez-vous à elle. Elle ne dépend que
d'elle-même, je vous le répète. Demandez-
lui sa main pour votre fils. C'est sa no-
lonté qui décidera.
Mme Liébert se leva, indiquant par (a
qu'elle jugeait l'entretien terminé.
A. MATTHSY*
~§K:t~
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