Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-11-11
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 novembre 1884 11 novembre 1884
Description : 1884/11/11 (N5359). 1884/11/11 (N5359).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75403030
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
fi9 5359 — Mardi il Novembre 4884 Xe numéro : fOe.. Bép^temenfs : .1 r» e. 51 Brumaire an 93 — N« 5369
ADMINISTRATION
m, HUE DE VALOIS, 43
ABONNEMENTS
PARIS
Rroïsmois. jO »
Six mois 20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six mois. 22 4
Adresser lettres et mandats :-
A M. - ERNEST LEFÈVRB I." - j
JtDMEîISTRAlEURGÉRAKÏ
REDACTION -
S'adresser au Secrétaire delàRédaetiaiL
De 4 à 6 heures du soir
48, RUE DE la
les manuscrits nonÍDsérés ne seront pas rendu.
ANNONCES
3m. Ch. IAGRANGE, CERF et Ce
>r" 6, i>]ace de la Bonrse, 6
PROPORTIONNALITE
C'est aujourd'hui que le Sénat va
vraisemblablement achever de se réfor-
mer, ou, pour dire plus vrai, de se re-
former, car, selon qu'on met ou qu'on
ne met pas un accent sur l'e, le mot
prend un sens différent. Je ne mets pas
l'accent, parce que, grâce à l'amende-
ment Lenoël qui rend la loi sénatoriale
inacceptable par la Chambre, le Sénat,
après cette longue discussion des mo-
difications qu'il a fait semblant de vou-
loir s'infliger à lui-même, se retrou-
vera absolument tel qu'avant.
N'importe, il va encore discuter cette
partie du projet de la commission qui
donne 19,000 électeurs sénatoriaux aux
villes et aux bourgs de plus de quinze
cents habitants et qui en donne 46,000
aux villages. Je ne doute pas que cela
ne soit voté, et les réactionnaires répé-
teront avec fureur qu'on écrase les sa-
bots sous les souliers et que ces mal-
heureux villages sont broyés sous les
villes. Car il est de l'arithmétique réac-
tionnaire que 46,000 soient moins que
19,000.
Ce qu'il y a d'aussi drôle, c'est que
ces chiffres seront votés au nom de la
proportionnalité.
Quand l'Assemblée de Versailles a
mventé la façon dont le pays élirait
le Sénat, ou plutôt les trois quarts
du Sénat, puisqu'il y en a un quart
où le pays n'a rien à voir, ce n'est
pas de la proportionnalité qu'elle s'est
souciée, c'est de l'unité.
Elle est partie de ceci que les com-
munes sont des êtres distincts, que
chacune a son existence propre, et que,
par suite, grandes ou petites, toutes ont
(e même droit, comme, grands ou petits,
tous les hommes ont les mêmes droits
levant la loi. L'égalité des communes
devant la loi électorale, tel fut le prin-
cipe. Une commune de cent habitants
sut un délégué, une commune de deux
millions d'habitants n'en eut qu'un.
C'est pourquoi Gambetta qualifia le
Sénat de grand conseil des communes.
C'est alors que nous aurions pu dire
que les sabots écrasaient les souliers ! Les
électeurs urbains étaient en impercep-
tible minorité sous les électeurs ruraux.
Cette monstrueuse disproportion n'a
pas eu, du reste, les mauvais effets qu'en
espéraient les réactionnaires. C'est que
!es campagnes ne sont plus ce qu'elles
ont été. L'instruction s'y est répandue.
Elles lisent comme les villes. Elles ap-
prennent l'histoire. Les paysans savent
à qui ils doivent la terre. Ils savent, à
qui il a fallu que la Révolution l'arra-
chât pour la leur donner. Ils savent
ce que leur a coûté, comme à nous tous,
et ce que nous coûte encore, la « guerre
de l'impératrice >?, et ils trouvent que
ce serait un singulier moyen de dimi-
nuer l'impôt que de faire une liste
civile à un empereur ou à un roi et de
prodiguer à leurs courtisans des traite-
ments de trois à quatre cent mille
francs. Aussi les villages votent-ils
comme les villes et la loi actuelle n'a-l-
elle pas empêché le Sénat de devenir
républicain.
C'est donc moins dans notre intérêt
que dans l'intérêt de l'équité que nous
avons protesté contre un mode d'élec-
tion qui donnait tout aux villages et le
reste aux villes.
Le gouvernement a fini par entendre
et il a proposé de remplacer l'unité par
la proportion. — Proportionnons! a
dit la commission sénatoriale. Et voici :
« Au-delà de 60,000 âmes, qu'il y en
ait 80,000, 100,000, 200,000, 300,000,
le chiffre des délégués est toujours in-
variable : 17. La loi s'intitule loi de
proportionnalité, et on commence par
dire aux habitants des grandes villes
qu'ils seront exclus de cette propor-
tionnalité. Bordeaux avec ses 221,000
habitants aura un délégué par 13,000
et Angers avec ses 68,000 habitants
aura un délégué par 4,000. Reims en
obtiendra un par 6,000 et dans le même
département Sainte-Menehould (c'est
un endroit, disait-on dans un vaude-
deville, où je ne vous engage pas à
mettre les pieds) en aura un par 650
habitants. A Marseille il y aura un dé-
légué par 21,000 et dans le même dé-
partement, à Arles, un délégué par
2,500. A Lyon un délégué par 22,000
habitants et dans une de ses sous-pré-
fectures, Villefranche, un délégué par
1,400. » r
Voilà ce que le projet de la commis-
sion sénatoriale appelle proportionner.
Je n'éprouverai donc aucun étonne-
ment si le Sénat vote cette proportion-
nalité-là, au contraire. Mais qu'il la
vote ou non, qu'est-ce que ça fait ? La
loi dont la Chambre dite haute est en
train d'accoucher est mort-née. Le vote
de l'amendement Lenoël l'a tuée dans
son honorable ventre.
La Chambre dite haute, en votant
cet amendement, savait ce qu'elle fai-
sait. Elle se faisait avorter.
L'avortement est un crime puni par
les juges. Les juges du Sénat sont les
électeurs. En se comportant de manière
à ce que les choses restent en l'état et
en refusant de faire la part du feu, le
Sénat a joué le tout pour le tout. Sim
ut sum, aut non sim 1 que je sois comme
je suis, ou que je ne sois pas ! est un
mot plus papal que prudent. On s'ex-
pose, en se mettant entre ces deux ter-
mes, à ce que le pays choisisse le
second. ,,"
AUGrSTE VACQUERIE.
n 1 ■*-*
Nous continuons à publier les rensei-
gnements qui nous parviennent sur h
marche de l'épidémie dans Paris; on le-
trouvera plus loin.
Ils sont des plus rassurants; nous fai-
sions remarquer hier qu'en comparant k
chiffre des décès et le chiffre des cas cons-
tatés par l'administyaJion, on arrivait à ce
résultat que les décès n'atteignaient pas-
le tiers du total des cas constatés.
Aujourd'hui , un renseignement do
source officielle s'exprime ainsi :
« Le total des cas et décès cholériques
signalés à Paris le 9 novembre, de minuit
à midi, a été, pour la ville et les hôpitaux,
de 48 cas et 12 décès. »
Ce qui signifie qu'aux dernières noa
velles la moyenne des décès ne représen-
tait plus, que le quart des cas constatés.
Pour conclure, notre conviction est que
l'épidémie est en ce moment plus bénigne
à Paris qu'elle ne l'a été dans aucune des
villes précédemmment visitées par elle ;
d'abord parce que le total des personnes
atteintes représente un chiffre en quelque
sorte infinitésimal, à côté de cette
énorme agglomération de deux millions
d'habitants qui compose la ville de Paris;
ensuite parce que la proportion des cas
non suivis de décès est très considérable.
-
CONFIANCE OU NON - CONFIANCE
Quelques journaux s'étonnent qu'il
soit question, un peu partout, d'une
prochaine modification ministérielle.
Si ce sentiment de surprise est sincère,
il dénote chez ceux qui I éprouvent un
étrange oubli des plus simples notions
du gouvernement parlementaire.
Le propre de ce gouvernement est,
en effet, de permettre au pays de se dé-
gager d'une politique mauvaise, tout
en ménageant l'amour-propre des mi-
nistres qui se sont trompés, et en fai-
sant passer en d'autres mains la direc-
tion nouvelle qu'ils ne peuvent donner
ohk mAmo# Banc g'infligoy las plus cruels
démentis. Sous l'empire, quand Napo-
léon III avait fait quelque sottise, ce
qui d'ailleurs lui arrivait souvent, un des
arguments favoris de l'opposition était
précisément de montrer que, le vou-
lùt-il, ce triste souverain ne pou-
vait pas sortir décemment des em-
barras où il s'était mis, et qu'il n'a-
vait d'autre ressource que d'ajou-
ter une faute à une autre faute. Un
changement de ministère, à cette épo-
que, ne signifiait, en effet, absolument
rien, puisque la pensée directrice res-
tait toujours la même. Les ministres,
non responsables devant les Chambres,
n'étaient que des commis, et, lorsqu'il
faHut revenir du Mexique, aucune mo-
dification ministérielle n'aurait pu, en
inaugurant une nouvelle politique, at-
ténuer pour Napoléon III la gravité de
cet échec.
Nous avons aujourd'hui des insti-
tutions plus flexibles. Certains amis
de M. Jules Ferry, auxquels nous lais-
sons la responsabilité de leurs affirma-
tions peu flatteuses pour le ministre; di-
sent bien qu'il est prêt à renoncer
à toute sa politique plutôt qu à son
portefeuille. Une telle supposition, plus
injurieuse pour le président du con-
seil que tout ce qu'ont pu dire tous
les adversaires réunis du cabinet, dé-
passe la vraisemblance d'abord et en-
suite les limites que nous ne voulons
pas franchir dans notre polémique ;
nous ne nous y arrêtons donc pas.
Quant à ceux qui, à la Chambre ou
dans la presse, seraient disposés, après
avoir condamné sévèrement la conduite
du ministère, à trouver naturel qu'on
lui laisse encore la direction des af-
faires, une simple question doit leur être
posée : Donneront-ils ou ne donneront-
ils pas un vote do confiance au ca-
binet? •
S'ils émettent un vote de confiance,
comment le concilieront-ils avec leurs
déclarations antérieures? Comment
accorderont-ils leur confiance après
avoir répété tant de fois qu'on les avait
toujours trompés? Comment accorde-
deront-ils leur confiance à des ministres
dont la capacité politique n'est attestée
que par des échecs multipliés ? Com-
ment, la situation étant devenue plus
lifficile, avoir confiance, pour la dé-
nouer, dans les mêmes hommes dont
l'imprévoyance a tout compromis ? Un
vote de confiance est donc impossible
et déjà la Chambre, il y a trois mois,
a J-eeulé'-dcvant un tel vote.
Mais, d'autre part, si le cabinet, dont
la mission essentielle, sera de réparer
les fautes commises, n'est pas en pos-
session de la confiance, non seulement
de la Chambre mais du pays, comment
espérer qu'il ait assez de force, assez
de prestige pour surmonter les diffi.
cultés accumulées devant lui?
Ce sont là de simples considérations
de sens commun qu'il nous paraît dif-
ficile de réfuter et dont la conclusion
nécessaire n'est pas difficile à tirera
A. GAULlER.
Le nouveau directeur de l'Assistance
publique, M. le docteur Peyron , s'est
installé hier à la direction, avenue Vic-
toria.
Le directeur démissionnaire. M. Charles
Quentin, avait jusqu'à ce moment continué
ses fonctions.
-..- -0. ow — : —-
fcr Génie et l'Assainissement de Paris
Par un vote du 2 août 1884, le conseil
municipal de Paris a adopté un projet
de traité avec l'Etat, lui permettant de
continuer sur le terrain d'Achères l'ex-
périence de filtrage et d'utilisation des
eaux d'égout qui a donné de si merveilleux
résultats à Gennevilliers. Les conditions
imposées par les ministres des finances,
de l'agriculture, des travaux publics étaient
dures: on sait que l'Etat français n'attache
pas ses chiens avec des saucisses; n'im-
porte, la ville a cru devoir s'incliner, esti-
mant avec raison que le problème de l'as-
sainissement de Paris est urgent et qu'il
faut remeaier au plus vite a i intoxication
de la Seine signalée avec tant de compé-
tence psr MM. Daremberg, Rochard,
Brouardel, etc.
L'administration des contributions di-
rectes a donné son assentiment, les forêts
ont donné le leur ; M. Raynal est consen-
tant, ainsi qu'en témoigne sa lettre à M.
Villeneuve; M. Méline ne met pas d'obsta-
cle. Qu'attend-on pour commencer?
On attend le bon plaisir du génie.
Vous ne voyez peut-être pas tout de
suite l'intérêt qu'a le génie dans cette
question de rigoles, d'engrais et de carot-
tes. Il paraît que cet intérêt est capital, et
qu'il y va de la défense de Paris.
Pour bien comprendre les objections du
génie, il faut se faire une idée de la confi-
guration des terrains. Imaginez entre la
Seine et la ligne de Paris à Rouen une
bande de terre comprenant environ 1,200
hectares. De ces 1,200 hectares, 400 à peu
près forment les fermes de la Garenne et
de Fromentille. On n'y trouve pas un ar-
bre ; il y pousse du seigle et des topinam-
bours, qui servent de nourriture au gi-
bier de M. le baron Rirsch, concession-
naire du droit de chasse. La ligne des
topinambours une fois passée, on ren-
contre une plaine parsemée çà et là de
chênes dont le plus gros n'a pas cinq mè-
tres, puis des ronciers à faisans, puis une
futaie d'une quarantaine d'années compo-
sée d'arbres dépérissant par la tête. C'est
cette futaie sans doute que le génie mili-
taire estime indispensable à la protection
de Paris.
Je no suis pas militaire et je me garde-
rai bien d'opposer mon incompétence à la
haute autorité d'un corps que l'Europe
nous envie. Il faut même que l'opinion du
génie ait la valeur d'un axiome, car jus-
qu'ici, après deux années d'enquêtes et de
contre-enquêtes, le colonel Langlois, di-
recteur du génie à Versailles, a considéré
inutile de se rendre à Gennevilliers et à
Achères pour juger de visu des travaux
qu'il s'agit de pratiquer.
Je ne puis nonobstant me défendre d'un
souvenir. Quand la question a été portée
devant le conseil et que l'administration
des forêts a réclamé un million pour la
futaie dont j'ai parlé, nos conseillers se
se sont récriés sur le prix qu'on leur de-
mandait pour quelques arbres à moitié
morts. Les forêts ont répondu que les ar-
bres allaient être abattus et qu'elles avaient
acheteur pour la somme. A.insi quand ce
sont les forêts qui veulent vendre leurs
arbres, le génie les juge inutiles à la dé..
fense ; quand c'est la Ville de Paris qui
fait mine de les acheter, ils deviennent
indispensables.
Il est probable que ces contradictions se
concilient dans une logique supérieure,
aussi n'insisterai-je point. Je me conten-
terai d'appeler l'attention du génie sur
l'opportunité d'une décision prompte. Si
la construction d'une rigole dans les
champs de seigle de M. le baron Ifrsch
doit réduire à néant i'œuvre de notre
réorganisation militaire, à laquelle les
Chambres et le pays travaillent avec tant
de zèle depuis treize ans, alors n'en par-
lons plus; on ira ailleurs. Mais après
vingt-quatre mois de méditation le génie
a dû se faire une-opinion ferme; qu'il dise
oui ou non. Et si c'est non, il serait bien
aimable de joindre à son refus quelques
raisons.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
— < tm, m ■■■■— 1 ■*>
La commission provisoire du travail a
tenu séance hier matin, sous la présidence
de M. Deligny, à J'Hôtel de Ville.
Après avoir entendu diverses déléga-
tions, elle a pensé que l'enquête pouvait
être déclarée close. Elle continuera de
recevoir les dépositions écrites que les
associations ouvrières voudraient lui en-
voyer, mais elle ne pouvait oublier qu'elle
est une simple commission provisoire
et d'initiative, chargée d'examiner, s'il y
a lieu, de constituer à l'Hôtel de Ville
une commission permanente du travail.
La commission provisoire se croit suf-
samment éclairée pour conclure. Toutes
les délégations sauf une seule — ont de-
mandé la création de cette commission.
M. Depasse présentera prochainement
son rapport au conseil municipal. .-
-go-
On nous annonce de Bruxelles que l'As-
sociation libérale s'est réunie samedi soir
en assemblée générale. Après un discours
de M. Jansou, on a émis le vœu du retrait
de la loi scolaire et de la dissolution des
Chambres.
On voit que l'opinion libérale en Bel-
gique ne doute pas de la victoire pro-
chaine, puisqu'elle réclame de nouvelles
élections. ?"':
———————
LES ON-DIT
L'Exposition des arts décoratifs, au pa-
lais de l'Industrie, a été visitée hier par
15,000 personnes. C'est le chiffre le plus
élevé qu'on ait signalé depuis l'ouverture.
-'- 4'
3b 3L
Le comité chargé par le Cercle de la
librairie d'organiser une exposition des
œuvres de Gustave Doré s'est réuni hier
soir. La librairie française ayant surtout
l'intention de rendre hommage au plus
grand illustrateur de livres des temps mo-
dernes, les dessins gravés entreront pour
une large part dans cette exposition, mais
ils seront loin d'en former l'unique élé-
ment et le seul attrait.
Le comité a décidé, en effet, de faire
appel aux amateurs possédant des dessins
inédits et des aquarelles du maître, et
déjà des pièces du plus vif intérêt ont été
mises à sa disposition.
En outre, le Cercle fera imprimer un
élégant catalogue dans lequel on trouvera,
en plus de la description des œuvres ex-
posées, une bibliographie de tous les li-
vres illustrés par Soré tant en France qu'l
1 étranger, ainsi que la liste des composi-
tions exécutées par lui pour les recueils
périodiques.
Les libraires espèrent, bien qu'il s'agisse
d un gros travail, que leur catalogue sera
prêt pour l'ouverture de l'exposition, fixée
au i" mars prochain.
- »'a-o •• -
; L'inauguration des nouveaux bâLiments.
de 1 Ecole centrale a été complétée hier
soir par un banquet.
On avait annoncé que M. Rouvier y
assisterait et que M. Jules Ferry l'accom-
pagnerait. Mais ni l'un ni l'autre des deux
ministres n'est venu. Ils ont sans doute
été obligés do s'abstenir au dernier mo-
ment, car ils se sont fait excuser sans en-
voyer quelqu'un du gouvernement à leur
place.
Le banquet, servi par Chevet, compre-
nait quatrevingt-cinq couverts. M. Cauvet,
directeur de l'Ecole, présidait, ayant à ses
côtés M. Iresca, président du conseil de
l'école , et M. Dielz-Monin, président de
la chambre de commerce. A la fin du
repas, après diverses allocutions et dis-
cours échangés, les convives ont quitté le
salon de réception pour passer dans la
salle du conseil où le café était préparé.
La musique de la garde républicaine est
venue jouer plusieurs morceaux,
La .longue et superbe galerie pavée en'
mosaïque qui conduit aux salles de récep-
tion et du conseil avait été ornée d'ar
bustes, de palmiers et de plantes raresJ
Toutes les salles, amphithéâtres etgaleriesj
de l'école étaient éclairés ; la façade était
illuminée. Cet air de fête qui se répan-i
dait ainsi jusqu'au dehors avait attiré au-;
tour de l'école une foule d'habitants du
quartier, qui ont eu le bénéfice d'une au.
dition de l'excellente musique de la garde
républicaine.
£
-,--" C
Hier main, la maquette en plâtre de la
statue de Claude Bernard a été exposée
sur l'emplacement choisi pour son érec-l
tion.
Les membres de la commission du mo-)
nument : M. Paul Bert, président; MM.'
Renan. Charcot, Dumontpallier, Berthelot,1
Bouley, Béclard, etc., se sont montrés très
satisfaits do l'œuvre de M. Guillaume.
L'illustre physiologiste est représenté;
debout, auprès de la table d'expériences,'
sur laquelle, gît ui-i chien attaché; il est]
dans l'attitude de la réflexion, la tête in-j
clînée, l'index au menton ! L'effet général;
est très saisissant et la ressemblance trèsi
satisfaisante. ','
Le haut du grand escalier qui mène au
collège de France forme à la statue un;
piédestal naturel pour ainsi dire, et elle
sera admirablement encadrée dans le des-
sin général du monument.
L'inauguration officielle aura lieu dans
peu de mois.
Ci
«s? ..,.
Oa sait que la question de l'anectation
du domaine de Villeneuve-l'Etang pour les
travaux de M. Pasteur sur la rago est ac-
tuellement soumise à la commission des
finances du Sénat.
M. Millaud avait été chargé, par ses col-*
lègues, de préparer un rapport à ce sujet.
Il a eu samedi une entrevue avec M.,
Pasteur, et il s'est mis d'accord avec l'il*
lustre savant pour une transaction qui;
rencontre l'adhésion de la plupart des:
membres de la commission des finances, j
Cette proposition consisterait à céder î
M. Pasteur une partie très restreinte du*
domaine de Villeneuve-l'Etang. Le reste:
du domaine resterait à la disposition de
l'Etat, qui le laisserait ouvert aux parti-
culiers. ;
"-- "fV (1
On annonce la mort de M. Henninger,
un des plus jeunes agrégés de la faculté
de médecine. Nommé à la suite d'un con-
cours des plus brillants, où il soutint une
thèse très rem rquee sur Y Action des fer-
ments solub!es sur les matières albumimïdes, ;
il suppléait M. Wurtz, dont il était un des
meilleurs élèves, dans la chaire de chimie'
médicale depuis 1878. Professeur éloquent
et d'une érudition peu commune, son en-
seignement était vivement apprécié par les
élèves. M. Henninger était aussi professeur
à l'Ecole municipale de chimie ; les occu";
pations multiples de son professorat ne
Feuilleton du RAPPEL
DU Il NOVEMBRE
U8
LE
ROI SES MENDIANTS
DEUXIÈME PARTIS
LA MERE
XXV
h,).. 'iJli.-M.¿', ..:. 'Suite)' '; ;
kmtèproches de y. Te cur.^ rmeonnuc
redressa sa tête pâle.
-: Elle était admirablomeni beïle^ mon-.
isieiir, et n'oublierai jamais co visage où
flambaient deux prm elles dont Péelat avait
quelque chose vraiment d'infernal, dussé-
je vivre des siècles ?
Reproduction interdite.
Vcur le Xappei du 0 juillet au .0 nç?$mbre.
— Monsieur le curé, dit-elle d'une voix
qui sifflait entre ses dents serrées, si vous
me perdez, si vous me déshonorez, je ne
survivrai pas à ma honte. Je ne braverai
pas la colère do mon père qui me tuerait.
je me tuerai moi-même !
— Ce serait ajouter un crime, répondit
sévèrement M. Gerboy, à ce qui n'est
peut-être qu'une faute. ou même un
maheur.
— Ce sera tout ce que vous voudrez!
reprit-elle. Mais j'y suis résolue 1 •
— Au lieu d'abandonner votre enfant.
de vouer ce petit être à la solitude, aux
mépris de la société ou à sa froide charité;
au lieu de vous priver de ses caresses et
de son amour et de la priver de sa mère,
ne feriez-vous pas mieux de vous fier à
vos parent?. de leur tout avouer?,.. Je
veux vous croire plu s malheureuse que
coupable., Le cœur dé ceux qui nous ont
mis au monde recèle des.trésors d'indul-
*
gence et de pardon ! • t- - •: i ;
— Jamais! jamais ! fit elle. Mon père
me tuerait, vous disrje. ou me eba -
serait et me -maudirait. c'est impos-
sible ! - • ;
— MaW celui qui vous a ravi l'honneur ;
poursuivit M. Gerboy, le père de cet en-
fant. il existe, el, si c'est un honnête
homme-, tin honjnie digne de vous,— pour
que vous l'ayez aimé. pour qu'il vous ait
fait oublier vos devoirs, il ne peut en être
autrement,- cet homme ne refuserait pas
de vous rendre l'honneur, en vous épou-
sant. Je pourrais lui parler. et, à moins
que ce ne fût le dernier des misérables.
- Jamais 1 non, jamais 1 lit-elle encore
avec plus de force et de résolution.
L'abbé Gerboy la regarda un instant en
silence.
— Voyons, mon enfant, reprit-il, il y a
là, dans votra conduite, quelque chose
d'incompréhensible. Je ne veux pas vous
juger, ni vous condamner. sans savoir.
Confiez-vous à moi. Dites-moi la vérité.
Je connais votre famille. Je voudrais lui
épargner d'irréparables douleurs, à vous
d'éternels remords.
Elle gardait un silence farouche.
- Brusquement, ses traits contractés se
détendirent.
— s-H, dit-eîie enfin d'un accent plus
doux, je vous dirai tout, monsieur-ie
ciiré. Mais,— et en disant cela elle me
montrait .du gesle,-?r- eett:j femme sait
mon nom. peut me dénoncer, parler.
et, à vous-même, je ne parlerai que sous
16 sceau de la confession, dunt le secrct
est inviolable.
— Je connais Madeleine, Répliqua mon
bon maître. Elle est discrète et se taira.
— Alors, reprit Mlle de Païva, qu'elle le
jure devant l'autel, surles saintes hosties..;
ou moi je me tais. et je me tue!
- Jurez, Madeleine, me dit M. le curé.
- Je fis le serment qu'on me deman-
dait, ajouta lentement la vieille Madeleine
dont la voix tremblait et dont les joues
pâlirent. Puisse Dieu me pardonner d'a-
voir si mal tenu ce serment sacré !
— Vous n'y avez pas manqué ! inter-
rompit le baron. Vous ne m'avez rien dit.
Je savais tout. Cela vous déliait.
— Oui, je jurai que jamais le nom de
cette mère ne sortirait de mes lèvres. et
vous l'avez prononcé avant moi. Je ne
pouvais faire mieux, ni davantage. v
- Encore une fois, vous n'avez pas été
parjure ! Poursuivez votre récit.
— Il est fini, monsieur. Après mon ser-
ment, M. le curé emmena Mlle de Païva
dans la sacristie, où elle resta agenouillée
près de lui, pendant une heure. Vous sa-
vêai le reste. ,
- Vous igno, oï C-. qu'elle conta à votre
m;:itJ'e ?
- Ah! monsieur. c'était le secret de
la confession.
- Et vous n'avea jamais entendu fairs
allu-ion. au père de la petite fille!
- Janais 1
- Evi emment, pensa le baron, elle n'a
pas tout dit. ni surtout toute la vérité.
Elle aura arrangé les choses à sa façon.
Tout ce que je puis ajouter, reprit
Madeleine, c'est qu'après l'avoir entend-ue,
M. Gerboy déclara que l'enfant serait éle-
vée par sa sœur et ne quitterait pas la
cure. On inventa une fable pour ne pas
éveiller les commentaires dans le pays.
- Bien, bien. je sais la suite. Et elle
est venue voir la fille ?
— Oh î pas immédiatement. Pendant
des années, elle ne £ arut pas. Ce ne fut
qu'après son mariage, et lorsqu'elle avait
une autre fille, qu'elle lia connaissance
avec Mme veuve Berthier.
— Ah! pourquoi cela? murmura Roche-
gris 3.
— Mlle Juliette est condamnée. Elle
ne vivra pas ! Mme Liébert, qui l'a-
dore, a cru voir une punition du ciel,
dans cette douleur suspendue sur sa
tête, et elle a cru, espéré, tout au moins,
apaiser Dieu, en n'oubliant plus son pre-
mier né. l'enfant de sa jeunesse et de sa
faute.
- C'est étonnant! ricana le baron, à
demi-voix, pour lui-même, comme la re-
ligion et la
dent facilement. à toutes les cascades.
chez certaines femmes.
f La vieille Madeleine leva son regard
limpide de simple créature sincère et loyale
sur son interlocuteur. ,-
Elle avait entendu.
— C'est que ces femmes-là ne croient
pas réellement! répondit-elle d'un accent
de foi. Et qu'elles espèrent tromper Dieu
comme elles trompent le monde.
— Il y a le repentir final! ricana encore
Rochegrise.
— Non, monsieur. Lo repentir calculer -
prévu à l'avance, ne rachète ni du men,
songe, ni de la duplicité, ni de l'égoïsme.
Il ne sauve que ceux qui furent sincères et
loyaux toute leur vie, alors même qu'ils
auraient péché et été coupables. La chais
est faible et ses fautes peuvent se racheten,
quand le cœur est resté sincère et bon. On
ne dupe pas Dieu comme on dupe le%
hommes.
Roehegrise regarda la vieille paysanné
un instant avec surprise, puis se leva e\
s'inclina. ; * !
— Adieu, madame* lui dit-il r, espectuc^
sement. ;
Et il sortit.
: V A. MATTHSY* ,
&.' f
lA suivre**
ADMINISTRATION
m, HUE DE VALOIS, 43
ABONNEMENTS
PARIS
Rroïsmois. jO »
Six mois 20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six mois. 22 4
Adresser lettres et mandats :-
A M. - ERNEST LEFÈVRB I." - j
JtDMEîISTRAlEURGÉRAKÏ
REDACTION -
S'adresser au Secrétaire delàRédaetiaiL
De 4 à 6 heures du soir
48, RUE DE la
les manuscrits nonÍDsérés ne seront pas rendu.
ANNONCES
3m. Ch. IAGRANGE, CERF et Ce
>r" 6, i>]ace de la Bonrse, 6
PROPORTIONNALITE
C'est aujourd'hui que le Sénat va
vraisemblablement achever de se réfor-
mer, ou, pour dire plus vrai, de se re-
former, car, selon qu'on met ou qu'on
ne met pas un accent sur l'e, le mot
prend un sens différent. Je ne mets pas
l'accent, parce que, grâce à l'amende-
ment Lenoël qui rend la loi sénatoriale
inacceptable par la Chambre, le Sénat,
après cette longue discussion des mo-
difications qu'il a fait semblant de vou-
loir s'infliger à lui-même, se retrou-
vera absolument tel qu'avant.
N'importe, il va encore discuter cette
partie du projet de la commission qui
donne 19,000 électeurs sénatoriaux aux
villes et aux bourgs de plus de quinze
cents habitants et qui en donne 46,000
aux villages. Je ne doute pas que cela
ne soit voté, et les réactionnaires répé-
teront avec fureur qu'on écrase les sa-
bots sous les souliers et que ces mal-
heureux villages sont broyés sous les
villes. Car il est de l'arithmétique réac-
tionnaire que 46,000 soient moins que
19,000.
Ce qu'il y a d'aussi drôle, c'est que
ces chiffres seront votés au nom de la
proportionnalité.
Quand l'Assemblée de Versailles a
mventé la façon dont le pays élirait
le Sénat, ou plutôt les trois quarts
du Sénat, puisqu'il y en a un quart
où le pays n'a rien à voir, ce n'est
pas de la proportionnalité qu'elle s'est
souciée, c'est de l'unité.
Elle est partie de ceci que les com-
munes sont des êtres distincts, que
chacune a son existence propre, et que,
par suite, grandes ou petites, toutes ont
(e même droit, comme, grands ou petits,
tous les hommes ont les mêmes droits
levant la loi. L'égalité des communes
devant la loi électorale, tel fut le prin-
cipe. Une commune de cent habitants
sut un délégué, une commune de deux
millions d'habitants n'en eut qu'un.
C'est pourquoi Gambetta qualifia le
Sénat de grand conseil des communes.
C'est alors que nous aurions pu dire
que les sabots écrasaient les souliers ! Les
électeurs urbains étaient en impercep-
tible minorité sous les électeurs ruraux.
Cette monstrueuse disproportion n'a
pas eu, du reste, les mauvais effets qu'en
espéraient les réactionnaires. C'est que
!es campagnes ne sont plus ce qu'elles
ont été. L'instruction s'y est répandue.
Elles lisent comme les villes. Elles ap-
prennent l'histoire. Les paysans savent
à qui ils doivent la terre. Ils savent, à
qui il a fallu que la Révolution l'arra-
chât pour la leur donner. Ils savent
ce que leur a coûté, comme à nous tous,
et ce que nous coûte encore, la « guerre
de l'impératrice >?, et ils trouvent que
ce serait un singulier moyen de dimi-
nuer l'impôt que de faire une liste
civile à un empereur ou à un roi et de
prodiguer à leurs courtisans des traite-
ments de trois à quatre cent mille
francs. Aussi les villages votent-ils
comme les villes et la loi actuelle n'a-l-
elle pas empêché le Sénat de devenir
républicain.
C'est donc moins dans notre intérêt
que dans l'intérêt de l'équité que nous
avons protesté contre un mode d'élec-
tion qui donnait tout aux villages et le
reste aux villes.
Le gouvernement a fini par entendre
et il a proposé de remplacer l'unité par
la proportion. — Proportionnons! a
dit la commission sénatoriale. Et voici :
« Au-delà de 60,000 âmes, qu'il y en
ait 80,000, 100,000, 200,000, 300,000,
le chiffre des délégués est toujours in-
variable : 17. La loi s'intitule loi de
proportionnalité, et on commence par
dire aux habitants des grandes villes
qu'ils seront exclus de cette propor-
tionnalité. Bordeaux avec ses 221,000
habitants aura un délégué par 13,000
et Angers avec ses 68,000 habitants
aura un délégué par 4,000. Reims en
obtiendra un par 6,000 et dans le même
département Sainte-Menehould (c'est
un endroit, disait-on dans un vaude-
deville, où je ne vous engage pas à
mettre les pieds) en aura un par 650
habitants. A Marseille il y aura un dé-
légué par 21,000 et dans le même dé-
partement, à Arles, un délégué par
2,500. A Lyon un délégué par 22,000
habitants et dans une de ses sous-pré-
fectures, Villefranche, un délégué par
1,400. » r
Voilà ce que le projet de la commis-
sion sénatoriale appelle proportionner.
Je n'éprouverai donc aucun étonne-
ment si le Sénat vote cette proportion-
nalité-là, au contraire. Mais qu'il la
vote ou non, qu'est-ce que ça fait ? La
loi dont la Chambre dite haute est en
train d'accoucher est mort-née. Le vote
de l'amendement Lenoël l'a tuée dans
son honorable ventre.
La Chambre dite haute, en votant
cet amendement, savait ce qu'elle fai-
sait. Elle se faisait avorter.
L'avortement est un crime puni par
les juges. Les juges du Sénat sont les
électeurs. En se comportant de manière
à ce que les choses restent en l'état et
en refusant de faire la part du feu, le
Sénat a joué le tout pour le tout. Sim
ut sum, aut non sim 1 que je sois comme
je suis, ou que je ne sois pas ! est un
mot plus papal que prudent. On s'ex-
pose, en se mettant entre ces deux ter-
mes, à ce que le pays choisisse le
second. ,,"
AUGrSTE VACQUERIE.
n 1 ■*-*
Nous continuons à publier les rensei-
gnements qui nous parviennent sur h
marche de l'épidémie dans Paris; on le-
trouvera plus loin.
Ils sont des plus rassurants; nous fai-
sions remarquer hier qu'en comparant k
chiffre des décès et le chiffre des cas cons-
tatés par l'administyaJion, on arrivait à ce
résultat que les décès n'atteignaient pas-
le tiers du total des cas constatés.
Aujourd'hui , un renseignement do
source officielle s'exprime ainsi :
« Le total des cas et décès cholériques
signalés à Paris le 9 novembre, de minuit
à midi, a été, pour la ville et les hôpitaux,
de 48 cas et 12 décès. »
Ce qui signifie qu'aux dernières noa
velles la moyenne des décès ne représen-
tait plus, que le quart des cas constatés.
Pour conclure, notre conviction est que
l'épidémie est en ce moment plus bénigne
à Paris qu'elle ne l'a été dans aucune des
villes précédemmment visitées par elle ;
d'abord parce que le total des personnes
atteintes représente un chiffre en quelque
sorte infinitésimal, à côté de cette
énorme agglomération de deux millions
d'habitants qui compose la ville de Paris;
ensuite parce que la proportion des cas
non suivis de décès est très considérable.
-
CONFIANCE OU NON - CONFIANCE
Quelques journaux s'étonnent qu'il
soit question, un peu partout, d'une
prochaine modification ministérielle.
Si ce sentiment de surprise est sincère,
il dénote chez ceux qui I éprouvent un
étrange oubli des plus simples notions
du gouvernement parlementaire.
Le propre de ce gouvernement est,
en effet, de permettre au pays de se dé-
gager d'une politique mauvaise, tout
en ménageant l'amour-propre des mi-
nistres qui se sont trompés, et en fai-
sant passer en d'autres mains la direc-
tion nouvelle qu'ils ne peuvent donner
ohk mAmo# Banc g'infligoy las plus cruels
démentis. Sous l'empire, quand Napo-
léon III avait fait quelque sottise, ce
qui d'ailleurs lui arrivait souvent, un des
arguments favoris de l'opposition était
précisément de montrer que, le vou-
lùt-il, ce triste souverain ne pou-
vait pas sortir décemment des em-
barras où il s'était mis, et qu'il n'a-
vait d'autre ressource que d'ajou-
ter une faute à une autre faute. Un
changement de ministère, à cette épo-
que, ne signifiait, en effet, absolument
rien, puisque la pensée directrice res-
tait toujours la même. Les ministres,
non responsables devant les Chambres,
n'étaient que des commis, et, lorsqu'il
faHut revenir du Mexique, aucune mo-
dification ministérielle n'aurait pu, en
inaugurant une nouvelle politique, at-
ténuer pour Napoléon III la gravité de
cet échec.
Nous avons aujourd'hui des insti-
tutions plus flexibles. Certains amis
de M. Jules Ferry, auxquels nous lais-
sons la responsabilité de leurs affirma-
tions peu flatteuses pour le ministre; di-
sent bien qu'il est prêt à renoncer
à toute sa politique plutôt qu à son
portefeuille. Une telle supposition, plus
injurieuse pour le président du con-
seil que tout ce qu'ont pu dire tous
les adversaires réunis du cabinet, dé-
passe la vraisemblance d'abord et en-
suite les limites que nous ne voulons
pas franchir dans notre polémique ;
nous ne nous y arrêtons donc pas.
Quant à ceux qui, à la Chambre ou
dans la presse, seraient disposés, après
avoir condamné sévèrement la conduite
du ministère, à trouver naturel qu'on
lui laisse encore la direction des af-
faires, une simple question doit leur être
posée : Donneront-ils ou ne donneront-
ils pas un vote do confiance au ca-
binet? •
S'ils émettent un vote de confiance,
comment le concilieront-ils avec leurs
déclarations antérieures? Comment
accorderont-ils leur confiance après
avoir répété tant de fois qu'on les avait
toujours trompés? Comment accorde-
deront-ils leur confiance à des ministres
dont la capacité politique n'est attestée
que par des échecs multipliés ? Com-
ment, la situation étant devenue plus
lifficile, avoir confiance, pour la dé-
nouer, dans les mêmes hommes dont
l'imprévoyance a tout compromis ? Un
vote de confiance est donc impossible
et déjà la Chambre, il y a trois mois,
a J-eeulé'-dcvant un tel vote.
Mais, d'autre part, si le cabinet, dont
la mission essentielle, sera de réparer
les fautes commises, n'est pas en pos-
session de la confiance, non seulement
de la Chambre mais du pays, comment
espérer qu'il ait assez de force, assez
de prestige pour surmonter les diffi.
cultés accumulées devant lui?
Ce sont là de simples considérations
de sens commun qu'il nous paraît dif-
ficile de réfuter et dont la conclusion
nécessaire n'est pas difficile à tirera
A. GAULlER.
Le nouveau directeur de l'Assistance
publique, M. le docteur Peyron , s'est
installé hier à la direction, avenue Vic-
toria.
Le directeur démissionnaire. M. Charles
Quentin, avait jusqu'à ce moment continué
ses fonctions.
-..- -0. ow — : —-
fcr Génie et l'Assainissement de Paris
Par un vote du 2 août 1884, le conseil
municipal de Paris a adopté un projet
de traité avec l'Etat, lui permettant de
continuer sur le terrain d'Achères l'ex-
périence de filtrage et d'utilisation des
eaux d'égout qui a donné de si merveilleux
résultats à Gennevilliers. Les conditions
imposées par les ministres des finances,
de l'agriculture, des travaux publics étaient
dures: on sait que l'Etat français n'attache
pas ses chiens avec des saucisses; n'im-
porte, la ville a cru devoir s'incliner, esti-
mant avec raison que le problème de l'as-
sainissement de Paris est urgent et qu'il
faut remeaier au plus vite a i intoxication
de la Seine signalée avec tant de compé-
tence psr MM. Daremberg, Rochard,
Brouardel, etc.
L'administration des contributions di-
rectes a donné son assentiment, les forêts
ont donné le leur ; M. Raynal est consen-
tant, ainsi qu'en témoigne sa lettre à M.
Villeneuve; M. Méline ne met pas d'obsta-
cle. Qu'attend-on pour commencer?
On attend le bon plaisir du génie.
Vous ne voyez peut-être pas tout de
suite l'intérêt qu'a le génie dans cette
question de rigoles, d'engrais et de carot-
tes. Il paraît que cet intérêt est capital, et
qu'il y va de la défense de Paris.
Pour bien comprendre les objections du
génie, il faut se faire une idée de la confi-
guration des terrains. Imaginez entre la
Seine et la ligne de Paris à Rouen une
bande de terre comprenant environ 1,200
hectares. De ces 1,200 hectares, 400 à peu
près forment les fermes de la Garenne et
de Fromentille. On n'y trouve pas un ar-
bre ; il y pousse du seigle et des topinam-
bours, qui servent de nourriture au gi-
bier de M. le baron Rirsch, concession-
naire du droit de chasse. La ligne des
topinambours une fois passée, on ren-
contre une plaine parsemée çà et là de
chênes dont le plus gros n'a pas cinq mè-
tres, puis des ronciers à faisans, puis une
futaie d'une quarantaine d'années compo-
sée d'arbres dépérissant par la tête. C'est
cette futaie sans doute que le génie mili-
taire estime indispensable à la protection
de Paris.
Je no suis pas militaire et je me garde-
rai bien d'opposer mon incompétence à la
haute autorité d'un corps que l'Europe
nous envie. Il faut même que l'opinion du
génie ait la valeur d'un axiome, car jus-
qu'ici, après deux années d'enquêtes et de
contre-enquêtes, le colonel Langlois, di-
recteur du génie à Versailles, a considéré
inutile de se rendre à Gennevilliers et à
Achères pour juger de visu des travaux
qu'il s'agit de pratiquer.
Je ne puis nonobstant me défendre d'un
souvenir. Quand la question a été portée
devant le conseil et que l'administration
des forêts a réclamé un million pour la
futaie dont j'ai parlé, nos conseillers se
se sont récriés sur le prix qu'on leur de-
mandait pour quelques arbres à moitié
morts. Les forêts ont répondu que les ar-
bres allaient être abattus et qu'elles avaient
acheteur pour la somme. A.insi quand ce
sont les forêts qui veulent vendre leurs
arbres, le génie les juge inutiles à la dé..
fense ; quand c'est la Ville de Paris qui
fait mine de les acheter, ils deviennent
indispensables.
Il est probable que ces contradictions se
concilient dans une logique supérieure,
aussi n'insisterai-je point. Je me conten-
terai d'appeler l'attention du génie sur
l'opportunité d'une décision prompte. Si
la construction d'une rigole dans les
champs de seigle de M. le baron Ifrsch
doit réduire à néant i'œuvre de notre
réorganisation militaire, à laquelle les
Chambres et le pays travaillent avec tant
de zèle depuis treize ans, alors n'en par-
lons plus; on ira ailleurs. Mais après
vingt-quatre mois de méditation le génie
a dû se faire une-opinion ferme; qu'il dise
oui ou non. Et si c'est non, il serait bien
aimable de joindre à son refus quelques
raisons.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
— < tm, m ■■■■— 1 ■*>
La commission provisoire du travail a
tenu séance hier matin, sous la présidence
de M. Deligny, à J'Hôtel de Ville.
Après avoir entendu diverses déléga-
tions, elle a pensé que l'enquête pouvait
être déclarée close. Elle continuera de
recevoir les dépositions écrites que les
associations ouvrières voudraient lui en-
voyer, mais elle ne pouvait oublier qu'elle
est une simple commission provisoire
et d'initiative, chargée d'examiner, s'il y
a lieu, de constituer à l'Hôtel de Ville
une commission permanente du travail.
La commission provisoire se croit suf-
samment éclairée pour conclure. Toutes
les délégations sauf une seule — ont de-
mandé la création de cette commission.
M. Depasse présentera prochainement
son rapport au conseil municipal. .-
-go-
On nous annonce de Bruxelles que l'As-
sociation libérale s'est réunie samedi soir
en assemblée générale. Après un discours
de M. Jansou, on a émis le vœu du retrait
de la loi scolaire et de la dissolution des
Chambres.
On voit que l'opinion libérale en Bel-
gique ne doute pas de la victoire pro-
chaine, puisqu'elle réclame de nouvelles
élections. ?"':
———————
LES ON-DIT
L'Exposition des arts décoratifs, au pa-
lais de l'Industrie, a été visitée hier par
15,000 personnes. C'est le chiffre le plus
élevé qu'on ait signalé depuis l'ouverture.
-'- 4'
3b 3L
Le comité chargé par le Cercle de la
librairie d'organiser une exposition des
œuvres de Gustave Doré s'est réuni hier
soir. La librairie française ayant surtout
l'intention de rendre hommage au plus
grand illustrateur de livres des temps mo-
dernes, les dessins gravés entreront pour
une large part dans cette exposition, mais
ils seront loin d'en former l'unique élé-
ment et le seul attrait.
Le comité a décidé, en effet, de faire
appel aux amateurs possédant des dessins
inédits et des aquarelles du maître, et
déjà des pièces du plus vif intérêt ont été
mises à sa disposition.
En outre, le Cercle fera imprimer un
élégant catalogue dans lequel on trouvera,
en plus de la description des œuvres ex-
posées, une bibliographie de tous les li-
vres illustrés par Soré tant en France qu'l
1 étranger, ainsi que la liste des composi-
tions exécutées par lui pour les recueils
périodiques.
Les libraires espèrent, bien qu'il s'agisse
d un gros travail, que leur catalogue sera
prêt pour l'ouverture de l'exposition, fixée
au i" mars prochain.
- »'a-o •• -
; L'inauguration des nouveaux bâLiments.
de 1 Ecole centrale a été complétée hier
soir par un banquet.
On avait annoncé que M. Rouvier y
assisterait et que M. Jules Ferry l'accom-
pagnerait. Mais ni l'un ni l'autre des deux
ministres n'est venu. Ils ont sans doute
été obligés do s'abstenir au dernier mo-
ment, car ils se sont fait excuser sans en-
voyer quelqu'un du gouvernement à leur
place.
Le banquet, servi par Chevet, compre-
nait quatrevingt-cinq couverts. M. Cauvet,
directeur de l'Ecole, présidait, ayant à ses
côtés M. Iresca, président du conseil de
l'école , et M. Dielz-Monin, président de
la chambre de commerce. A la fin du
repas, après diverses allocutions et dis-
cours échangés, les convives ont quitté le
salon de réception pour passer dans la
salle du conseil où le café était préparé.
La musique de la garde républicaine est
venue jouer plusieurs morceaux,
La .longue et superbe galerie pavée en'
mosaïque qui conduit aux salles de récep-
tion et du conseil avait été ornée d'ar
bustes, de palmiers et de plantes raresJ
Toutes les salles, amphithéâtres etgaleriesj
de l'école étaient éclairés ; la façade était
illuminée. Cet air de fête qui se répan-i
dait ainsi jusqu'au dehors avait attiré au-;
tour de l'école une foule d'habitants du
quartier, qui ont eu le bénéfice d'une au.
dition de l'excellente musique de la garde
républicaine.
£
-,--" C
Hier main, la maquette en plâtre de la
statue de Claude Bernard a été exposée
sur l'emplacement choisi pour son érec-l
tion.
Les membres de la commission du mo-)
nument : M. Paul Bert, président; MM.'
Renan. Charcot, Dumontpallier, Berthelot,1
Bouley, Béclard, etc., se sont montrés très
satisfaits do l'œuvre de M. Guillaume.
L'illustre physiologiste est représenté;
debout, auprès de la table d'expériences,'
sur laquelle, gît ui-i chien attaché; il est]
dans l'attitude de la réflexion, la tête in-j
clînée, l'index au menton ! L'effet général;
est très saisissant et la ressemblance trèsi
satisfaisante. ','
Le haut du grand escalier qui mène au
collège de France forme à la statue un;
piédestal naturel pour ainsi dire, et elle
sera admirablement encadrée dans le des-
sin général du monument.
L'inauguration officielle aura lieu dans
peu de mois.
Ci
«s? ..,.
Oa sait que la question de l'anectation
du domaine de Villeneuve-l'Etang pour les
travaux de M. Pasteur sur la rago est ac-
tuellement soumise à la commission des
finances du Sénat.
M. Millaud avait été chargé, par ses col-*
lègues, de préparer un rapport à ce sujet.
Il a eu samedi une entrevue avec M.,
Pasteur, et il s'est mis d'accord avec l'il*
lustre savant pour une transaction qui;
rencontre l'adhésion de la plupart des:
membres de la commission des finances, j
Cette proposition consisterait à céder î
M. Pasteur une partie très restreinte du*
domaine de Villeneuve-l'Etang. Le reste:
du domaine resterait à la disposition de
l'Etat, qui le laisserait ouvert aux parti-
culiers. ;
"-- "fV (1
On annonce la mort de M. Henninger,
un des plus jeunes agrégés de la faculté
de médecine. Nommé à la suite d'un con-
cours des plus brillants, où il soutint une
thèse très rem rquee sur Y Action des fer-
ments solub!es sur les matières albumimïdes, ;
il suppléait M. Wurtz, dont il était un des
meilleurs élèves, dans la chaire de chimie'
médicale depuis 1878. Professeur éloquent
et d'une érudition peu commune, son en-
seignement était vivement apprécié par les
élèves. M. Henninger était aussi professeur
à l'Ecole municipale de chimie ; les occu";
pations multiples de son professorat ne
Feuilleton du RAPPEL
DU Il NOVEMBRE
U8
LE
ROI SES MENDIANTS
DEUXIÈME PARTIS
LA MERE
XXV
h,).. 'iJli.-M.¿', ..:. 'Suite)' '; ;
kmtèproches de y. Te cur.^ rmeonnuc
redressa sa tête pâle.
-: Elle était admirablomeni beïle^ mon-.
isieiir, et n'oublierai jamais co visage où
flambaient deux prm elles dont Péelat avait
quelque chose vraiment d'infernal, dussé-
je vivre des siècles ?
Reproduction interdite.
Vcur le Xappei du 0 juillet au .0 nç?$mbre.
— Monsieur le curé, dit-elle d'une voix
qui sifflait entre ses dents serrées, si vous
me perdez, si vous me déshonorez, je ne
survivrai pas à ma honte. Je ne braverai
pas la colère do mon père qui me tuerait.
je me tuerai moi-même !
— Ce serait ajouter un crime, répondit
sévèrement M. Gerboy, à ce qui n'est
peut-être qu'une faute. ou même un
maheur.
— Ce sera tout ce que vous voudrez!
reprit-elle. Mais j'y suis résolue 1 •
— Au lieu d'abandonner votre enfant.
de vouer ce petit être à la solitude, aux
mépris de la société ou à sa froide charité;
au lieu de vous priver de ses caresses et
de son amour et de la priver de sa mère,
ne feriez-vous pas mieux de vous fier à
vos parent?. de leur tout avouer?,.. Je
veux vous croire plu s malheureuse que
coupable., Le cœur dé ceux qui nous ont
mis au monde recèle des.trésors d'indul-
*
gence et de pardon ! • t- - •: i ;
— Jamais! jamais ! fit elle. Mon père
me tuerait, vous disrje. ou me eba -
serait et me -maudirait. c'est impos-
sible ! - • ;
— MaW celui qui vous a ravi l'honneur ;
poursuivit M. Gerboy, le père de cet en-
fant. il existe, el, si c'est un honnête
homme-, tin honjnie digne de vous,— pour
que vous l'ayez aimé. pour qu'il vous ait
fait oublier vos devoirs, il ne peut en être
autrement,- cet homme ne refuserait pas
de vous rendre l'honneur, en vous épou-
sant. Je pourrais lui parler. et, à moins
que ce ne fût le dernier des misérables.
- Jamais 1 non, jamais 1 lit-elle encore
avec plus de force et de résolution.
L'abbé Gerboy la regarda un instant en
silence.
— Voyons, mon enfant, reprit-il, il y a
là, dans votra conduite, quelque chose
d'incompréhensible. Je ne veux pas vous
juger, ni vous condamner. sans savoir.
Confiez-vous à moi. Dites-moi la vérité.
Je connais votre famille. Je voudrais lui
épargner d'irréparables douleurs, à vous
d'éternels remords.
Elle gardait un silence farouche.
- Brusquement, ses traits contractés se
détendirent.
— s-H, dit-eîie enfin d'un accent plus
doux, je vous dirai tout, monsieur-ie
ciiré. Mais,— et en disant cela elle me
montrait .du gesle,-?r- eett:j femme sait
mon nom. peut me dénoncer, parler.
et, à vous-même, je ne parlerai que sous
16 sceau de la confession, dunt le secrct
est inviolable.
— Je connais Madeleine, Répliqua mon
bon maître. Elle est discrète et se taira.
— Alors, reprit Mlle de Païva, qu'elle le
jure devant l'autel, surles saintes hosties..;
ou moi je me tais. et je me tue!
- Jurez, Madeleine, me dit M. le curé.
- Je fis le serment qu'on me deman-
dait, ajouta lentement la vieille Madeleine
dont la voix tremblait et dont les joues
pâlirent. Puisse Dieu me pardonner d'a-
voir si mal tenu ce serment sacré !
— Vous n'y avez pas manqué ! inter-
rompit le baron. Vous ne m'avez rien dit.
Je savais tout. Cela vous déliait.
— Oui, je jurai que jamais le nom de
cette mère ne sortirait de mes lèvres. et
vous l'avez prononcé avant moi. Je ne
pouvais faire mieux, ni davantage. v
- Encore une fois, vous n'avez pas été
parjure ! Poursuivez votre récit.
— Il est fini, monsieur. Après mon ser-
ment, M. le curé emmena Mlle de Païva
dans la sacristie, où elle resta agenouillée
près de lui, pendant une heure. Vous sa-
vêai le reste. ,
- Vous igno, oï C-. qu'elle conta à votre
m;:itJ'e ?
- Ah! monsieur. c'était le secret de
la confession.
- Et vous n'avea jamais entendu fairs
allu-ion. au père de la petite fille!
- Janais 1
- Evi emment, pensa le baron, elle n'a
pas tout dit. ni surtout toute la vérité.
Elle aura arrangé les choses à sa façon.
Tout ce que je puis ajouter, reprit
Madeleine, c'est qu'après l'avoir entend-ue,
M. Gerboy déclara que l'enfant serait éle-
vée par sa sœur et ne quitterait pas la
cure. On inventa une fable pour ne pas
éveiller les commentaires dans le pays.
- Bien, bien. je sais la suite. Et elle
est venue voir la fille ?
— Oh î pas immédiatement. Pendant
des années, elle ne £ arut pas. Ce ne fut
qu'après son mariage, et lorsqu'elle avait
une autre fille, qu'elle lia connaissance
avec Mme veuve Berthier.
— Ah! pourquoi cela? murmura Roche-
gris 3.
— Mlle Juliette est condamnée. Elle
ne vivra pas ! Mme Liébert, qui l'a-
dore, a cru voir une punition du ciel,
dans cette douleur suspendue sur sa
tête, et elle a cru, espéré, tout au moins,
apaiser Dieu, en n'oubliant plus son pre-
mier né. l'enfant de sa jeunesse et de sa
faute.
- C'est étonnant! ricana le baron, à
demi-voix, pour lui-même, comme la re-
ligion et la
dent facilement. à toutes les cascades.
chez certaines femmes.
f La vieille Madeleine leva son regard
limpide de simple créature sincère et loyale
sur son interlocuteur. ,-
Elle avait entendu.
— C'est que ces femmes-là ne croient
pas réellement! répondit-elle d'un accent
de foi. Et qu'elles espèrent tromper Dieu
comme elles trompent le monde.
— Il y a le repentir final! ricana encore
Rochegrise.
— Non, monsieur. Lo repentir calculer -
prévu à l'avance, ne rachète ni du men,
songe, ni de la duplicité, ni de l'égoïsme.
Il ne sauve que ceux qui furent sincères et
loyaux toute leur vie, alors même qu'ils
auraient péché et été coupables. La chais
est faible et ses fautes peuvent se racheten,
quand le cœur est resté sincère et bon. On
ne dupe pas Dieu comme on dupe le%
hommes.
Roehegrise regarda la vieille paysanné
un instant avec surprise, puis se leva e\
s'inclina. ; * !
— Adieu, madame* lui dit-il r, espectuc^
sement. ;
Et il sortit.
: V A. MATTHSY* ,
&.' f
lA suivre**
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