Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-11-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 novembre 1885 21 novembre 1885
Description : 1885/11/21 (N5734). 1885/11/21 (N5734).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75393980
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
ff'6734 — Samedi 21 Novembre 1885
le numépo s f Oc.. — Béparfemenfi t IL-3; e.
1er Frimaire an 94 *eo N° 5734
-- JfflMHTCSTRATIOir
.- 38, RUE DE VALOJS, e
AB ornements
PANS
Çroî s ,10 »
Six mois. 20 B
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six mois 21 9
Adresser Mires et malais
A M. ERNEST LEFEVRB *
4BMOTsm\TEmGÉnANr
IŒDACTIOlf
Sibesser au Secrétaire 3elaKé3atgi0g,
»C 4 à 6 heures du gdp
48, HUE J) £ VALOIS, 13
tes manuscrits nonmsérés ne serosf pas r
ANNONCES
3W. Ch. IAGRANGE, CERF et C.
- ^«l'Jace de 2a Bourse^'
LA QUESTION DE CABINET
Nous avons dit hier que, dé leur en-
trevue avec. M. Henri Brisson, MM.
Edouard Lockroy, Ernest Lefèvre,
Paul Bert, etc., avaient rapporté l'im-
pression que le président du conseil
acceptait l'idée de hâter la convocation
3u Congrès et l'élection présidentielle.
C'était une illusion. Ou bien, si le
président du conseil avait avant-hier
soir l'intention que ces messieurs lui
ont supposée, il ne l'avait plus hier
matin. On dit que la nuit porte conseil,
mais il paraît qu'elle en porte autant
de mauvais que de bons.
On offrait aux ministres d'ajourner
la question ministérielle jusqu'à ce que
la question présidentielle fut résolue.
Cela leur donnait le temps de se re-
tourner, et il semblait qu'ils dussent se
jeter avec joie sur ce sursis. Tout au
contraire, ils le repoussent et deman-
dent qu'on commence par eux. Ce sont
eux qui posent la question de cabinet,
&t tout de suite.
Ça a l'air crâne ; ça n'en a que l'air.
Sur quoi posent-ils la question de
cabinet? sur un crédit pour lé Tonkin.
C'est-à-dire qu'ils mettent la Chambre
entre le vote du crédit et le vote de
l'évacuation.
Ils se disent que, quelque opinion
qu'on ait des expéditions où l'on s'est
si aveuglément engagé et sur la ma-
nière dont elles ont été conduites, si
hostile qu'on puisse être à la politi-
que coloniale, bien des députés ne
voudront pas qu'on ait sacrifié tant de
millions et d'hommes en pure perte,
qu'on abandonne ce qui a coûté si
cher, et que notre drapeau ait l'humi-
liation de revenir du Tonkin comme,
sous l'empire, il est revenu du Moxi*
tjue. La question ministérielle dispa-
raîtra sous la question patriotique, et
le crédit sera voté.
Ce n'est pas même un crédit à voter.
La somme que demandera demain M.
Brisson a été votée par la Chambre
précédente. Il s'agit simplement de re-
porter de 4885 sur 1886 une somme
non dépensée. La Chambre n'a donc,
en réalité, rien à donner. Confient
refn serait-elle?
M. Brisson peut donc croire qu'il" a
posé la question de cabinet sur un ter-
rain excellent et où il ne court aucun
risque. Mais sa tactique, de même
qu'elle n'a que l'apparence de la crâ-
nerie, n'a que l'apparence de l'ha-
bileté.
Comment n'a-t-il pas réfléchi qu'en
posant la question ministérielle, il
s'exposait à être pris au mot et à se
faire répondre : Soit, mais la question
ministérielle tout entière?
Comment n'a-t-il pas pensé qu'il se
trouverait des députés pour lui dire :
— Nous voulions vous laisser tran-
quille jusqu'à l'élection du président
de la République, mais puisque vous
nous demandez un vote de confiance,
puisque vous nous contraignez à vous
discuter, puisque vous exigez que nous
nous prononcions immédiatement sur
votre programme, nous y consentons.
Seulement, c'est sur votre programme
que nous allons nous prononcer, sur
votre Déclaration de lundi, sur tous ses
points sans exception. Vous êtes naïf
de croire que nous allons nous res-
treindre à un crédit qui n'est même pas
un crédit, qui. n'est qu'vtn report; de
croire que nous allons vous laisser
faire d'une question de portefeuille une
question de patriotisme et que vous
nous empêcherez de vous frapper en
vous glissant sous le drapeau national !
Que le ministère le sache bien : quand
il aura ouvert le débat, il ne dépendra
pas de lui de le fermer.
» AUGUSTB VACQUBRIE.
COULISSES DES CHAMBRES
Les ministres, réunis hier matin en
conseil de cabinet, ont pris une décision
très importante au sujet de la démarche
faite auprès du président du conseil par
.le "bureau de la réunion plénière. On se
souvient que ce bureau avait été chargé
de demander à M. Brisson de vouloir bien
avaucer le plus possible la réunion du
Congrès pour déblayer le terrain politique
de la question présidentielle, de manière
à ce que celle-ci fût résolue à l'heure où
l'on aurait à s'occuper de la question
ministérielle.
Le conseil s'est occupé de cette de-
mande hier matin et a décidé de ne pas
l'accueillir. Il a étà d'avis que la date du
Congrès ne pourrait être fixée qu'après le
vote des crédits supplémentaires que le
gouvernement compte demander pour le
Tonkin, Madagascar et divers autres servi-
ces.
Disons tout de suite que ces crédits ne
constituent pas une demande nouvelle;
le gouvernement demande simplement le
report à l'exercice 1886 de la portion non
employée des crédits qui avaient été votés
par la précédente Chambre pour 1885.
La précédente Chambre a voté 332 mil-
lions pour le Tonkin, sur lesquels une
somme de 243 millions a été affecke à
l'exercice 1885 par trois lois succes-
sives. -
Or, sur ces 243 millions, il reste une
somme suffisante pour couvrir les dé-
penses présumées de l'année 1886 et il
restera encore un reliquat disponible de
38 millions.
i e gouvernement, ne pouvant effectuer
de sa propre autorité le report d'une an-
née à l'autre, est, aux termes de la'légis-
lation existante, obligé de demander, par
un projet de loi spécial, la faculté de
report.
C'est ce projet spécial que le ministère
compte déposer demain samedi. Il compte
que la discussion fournira 1 occasion d'un
débat et d'un vote dans lequel la Chambre
pourra se prononcer sur la question mi-
nistérielle de façon à ce que celle-ci, con-
trairement à la réunion piénière, soit ré-
solue avant le Congrès.
M. Lockroy, président- de la réunion
plénière, s'est d'ailleurs entretenu à ce
sujet avec M. Brisson au cours de la
séance de la Chambre. Nous sommes en
mesure de faire connaître les déclarations
que M. le président du conseil a faites
dans cette conversation. -
M. Lockroy. à demandé à M. Brisson
quelle était la portée de la décision prise
le matin par le conseil des ministres, et
quelle réponse le gouvernement avait à
faire à la demande du bureau de la réu-
nion du Grand-Orient.
M. Brisson a répondu en confirmant que
le gouvernement avait résolu de demander
le vote des crédits avant la réunion du
Congrès. Il a dit que cette détermination
était la conséquence obligée de la décla-
ration lue par le ministère aux Chambres.
Le président du conseil a ajouté qu'il se-
rait incompréhensible que le ministère,
après avoir fait la déclaration, ne fit pas
un acte qui pût la confirmer.
M. Lockroy a demandé si, en agissant
ainsi, le ministère avait pour but de cher-
cher le terrain sur lequel la question de
confiance serait posée ou s'il voulait seu-
lement; par le dépôt du projet de crédit,
confirmer et accentuer sa déclaration.
M. Brisson a répondu qu'il serait proba-
blement amené à poser la question do
confiance, quoique aucune résolution dé-
finitive n'ait encore été prise. ", i
M. Lockroy a alors demandé si, dans la
pensée du ministèré, la discussion de ces
crédits devait venir avant la réunion du
Congrès.
Le président du conseil a répondu
qu'il ferait tous ses efforts pour qu'il en
fût ainsi ; mais que la question ne dépen-
dait pas exclusivement de lui et qu'elle
était subordonnée à l'accomplissement
des travaux de la commission parlemen-
taire qui sera chargée d'examiner la de-
mande de crédits.
En terminant cet entretien, M. Brisson
a déclaré à M. Lockroy qu'il n'avait en-
core vu ni M. Grévy ni M. Le Royer au
sujet de la question de l'anticipation du
Congrès.
A LA CHAMBRE
-
- On apprend, en arrivant à la Cham-
bre, que le débat sur la déclaration
ministérielle ne s'engagera pas aujour-
d hui et, d'autre part, que samedi pro-
chain la demande de crédits annoncés
pour Madagascar et le Tonkin sera
déposée.
On sait quelle influence plus que
fâcheuse la question coloniale a en
sur les élections dernières. Partisans
et adversaires de cette politique re-
connaissent que c'est le Tonkin qui
a joué le plus grand rôle dans les élec-
tions, et un membre du cabinet l'a
même déclaré.
Dans ces conditions, est-il sage de
choisir pour terrain du débat cette
même afiaire du Tonkin, et, mêlant la
question de politique générale à une
question toute spéciale, de prolonger
1 équivoque où s'est complu si long-
temps le précédent cabinet? Est-il sage
de chercher la bataille quand, depuis la
réunion de la Chambre, tout le monde
travaille à faire l'union? Et quand bien
même, sur cette question du Tonkin;
te gouvernement aurait une grosse ma-
jorité, grâce d'ailleurs aux voix de là
droite, en quoi serait-il plus fort ? N'au-
rait-il pas divisé ceux qui pouvaient le
soutenir et dont l'union eût fait sa
force? Empêcherait-il dix autres ques-
tions de surgir, questions que l'accord
des gauches seul peut écarter?
La réponse à toutes ces interrogations
n'est pas difficile à trouver. Peut-être
le cabinet ferait-il bien d'y réfléchir,
quand il en est temps encore, plutôt
que de se faire dire ou de se dire à lui-
même que « la presse de province ap-
précie la déclaration do lundi de la fa-
çon la plus iavorable ». Qui donc
pense-t-on tromper par ces notes offi-
cieuses? Le ministère serait-il le seul
à ignorer que, le même jour, dans les
départements les pais éloignés, le même
article, rédigé à Paris par les agences,
parait dans les journaux dits locaux et
ne peut par conséquent refléter l'opi-
nion du milieu provincial où il s'im-
Prime 1
La presse républicaine de Paris a été
presque unanime pour conjurer la
crise ; mais elle ne saurait se payer
d'illusions volontaires En peut-on dire
autant des ministres? Nous craignons
qu'il n'en soit rien.
La vérification des pouvoirs s'est
continuée par l'examen de quelques
élections ajournées. L'élection de l'Ain
d'abord, dont une protestation de M.
Henri Germain, l'ancien député répu-
blicain, soutenue par M. Raoui Duval,
demandait l'annulation. Une liste dis-
sidente portant le nom de M. Germain
avait été imprimée comme émanant du
congrès départemental. Quel était l'au-
teur de ce subterfuge? La question n'a
pas encore été tranchée judiciairement.
Les adversaires de M. Germain n'hési-
tèrent d'abord pas à l'en rendre res-
sable, par un placard intitulé ; Une in-
famie. M. GeVmain poursuivit les au-
teurs de ce placard, et il semble même
leur attribunr la paternité des bulletins
qui ont motivé l'affiche, L'enquête se
poursuit et la justice prononcera plus
tard. M. Raoul Duval demandait qu'on
ajournât toute décision jusqu'à ce qu'on
fut fiié sur ce point délicat.
La commission a conclu, au con-
traire, à Jta validation, et il se peut que
l'ensemble des fait? motivât cette déci-
- --
sion. Il convient cependant de faire
remarquer que l'argument, tiré par le
rapporteur, > du grand écart des voix,
est mauvais. Quand une manœuvre a
eu lieu, qu'elle est bien constatée, cette
différence de chiffres ne préjuge qu'une
seule chose : le succès de la fraude.
C'est donc tout le contraire d'un argu-
ment qu'a donné M. Jamais.
D'autres élections ont été validées
sans débat. A la demande do M. An-
drieux, celle de Constantine a été ajour-
née à samedi. La protestation de M.,
Forcioli mentionné des faits d'une cer-
taine gravité, notamment la vente de
leurs votes par des électeurs israélites.
A. GAOLlgn.
Au Sénat, l'ordre du jour appelait la
première délibération sur le projet voté
par la Chambre et relatif à la suppression
du monopole des fabriques pour les pom-
pes funèbres. M..Garrisson, rapporteur de
la commission, a expliqué que le projet
de la Chambre avait paru beaucoup trop
radical, à lui et à ses collègues. Au lieu
de supprimer le droit abusif des fabriques,
M. Garrisson propose de donner aux com-
munes le droit de requérir le matériel des
pompes funèbres, dans tous les cas où
les fabriques se refuseraient à procéder à
l'enterrement.
Ce système a été combattu par M. Geor-
ges Martin, sénateur de Paris, qui n'a pas
eu de peine à montrer qu'on laisserait
ainsi, à la charge des communes, les con-
çois des pauvres. Il a conclu en reprenant
le projet de la Chambre.
M. Allou, au contraire, a plaidé pour
le statu quo, légèrement modifié. A la de-
mande du rapporteur, son contre-projet
et celui de M. Georges Martin ont été ren-
voyés à la commission.
Ce projet avait, à la Chambre, obtenu
la faveur d'une déclaration d'urgence. Le
règlement du Sénat oblige à mettre aux
voix celte déclaration, et c'est ce qui a
été fait. Bien entendu, l'urgence a été
repoussée avec empressement. — a. G.
———————— ————————
Dans le compte-rendu que nous avons
donné hier de la dernière réunion plé-
nière des gauches, une faute d'impression
nous a fait attribuer à M. Révillon quel-
ques paroles prononcées à la fin de la
séance. C'est par M. Mérillon que ces
paroles ont été prononcées.
L'initiative parlementaire continue à
s'exercer activement; depuis que la Cham-
bre est officiellement constituée. Hier, un
grand nombre de propositions intéres-
santes ont été déposées :
MM. Benjamin et Camille Raspail ont
déposé hier une proposition tendant :
1° A ce que le conseil général de la Seine
soit régi par le droit commun, conformé-
ment à la loi du 10 août 1871; 2° à ce
qu'il soit procédé à sa réorganisation.
Cette proposition est la reproduction
de celle que l'honorable député de la
Seine avait soumise à la précédente
Chambre et qui n'avait pu être rapportée
avant la fin de la législature.
—i ■■
M. Camille Dreyfus vient de déposer,
avec 80 de ses collègues, une proposition
tendant :
t. A la suppression des trésoriers gé-
néraux, des receveurs particuliers et du
receveur central de la Seine ;
211 A la conclusion d'une convention
spéciale, avec la Banque de France, ayant
pour (lbjétdecODfiel; à cet établissement
le soin de faire les recettes pour le compte
de l'Etat.
Une disposition transitoire porte qu'en
cas de non arrangement avec la Banque
de France, le traitement des trésoriers,
salaire et revenus compris, ne devra pas
dépasser celui des préfets des départe-
ments correspondants.
—o—
M. Hubbard a déposé une proposition
ayant pour objet d'abroger l'article 16 de
la loi du 29 juillet 1881 sur la presse qui
interdit l'affichage des placards électo-
raux sur les édifices consacrés au culte.
-0-
M. Maurice Faure a pris l'initiative de
la proposition suivante ;
Article fer. — Une commission de vingt-
deux membres sera élue dans les bureaux à
l'effet d'étudier les réformes à introduire
dans les administrations de l'Etat, spéciale-
ment en ce qui concerne les économies à,
réaliser au moyen de la suppression des
rouages inutiles et de la réduction du nom-
bre des emplois. ',.
Art. 2. — Cette commission se subdivisera
en sous-commissions correspondant à chacun
des ministères; des rapports spéciaux de-
vront .être présentés à la Chambre avant la
discussion du budget de 1887.
-0-
Les bureaux de la Chambre ont élu hier
la première commission d'initiative qui
fonctionnera dans l'Assemblée actuelle.
Cette commission aura une tâche assez
lourde;) accomplir, puisqu'elle sera saisie
de toutes les propositions émanées des
députés et déposées durant le premier
mois de la présente session.
Voici la composition de cette commis-
sion. Les noms des membres de la droite
sont en italique :
1er bureau. — MM. Chevandier et Ja-
mais.
2* bureau. - MiM. Lagrange et de laBi-
liais.
3' bureau. - MM. Pichon et Laur.
4° bureau. — MM. Thiessé et Sans-
Leroy.
5" bureau. — MM. Horteur et Maurice.
6e bureau. — MM. Cousset et Gavini.
7' bureau. — MM. Viette et Noël Par-
fait.
8 e bureau.- M.M. de Léon et Barouille.
98 bureau. — MM. "Bernard et Borie.
10e bureau. - MM. Remoiville et Lefeb-
vré (Seine-et-Marne).
ii" bureau. — MM. Duval et Duvaux.
On voit qu'il y a cinq membres de la
droite dans cette commission. Dans le 8e
bureau les deux membres de la droite
n'ont été élus q.ue par suite de l'absence
d'un certain nombre de membres répu-
blicains qui ne s'étaient pas rendus à la
convocation des bureaux.
un -
Les journaux ministériels avaient
conseillé à M. Brisson un moyen ingé-
nieux d'esquiver la demande d'avancer
le Congrès :
—Messieurs, aurait dit M. Brisson aux
délégués de la réunion plénière des
gauches, vous m'avez demandé de con-
voquer le Congrès le plus tôt possible.
Je ne vous le refuse certes pas ! Mais
je ne vous raccorde pas non plus. Ma
raison est que je n'ai le droit ni de vous
raccorder ni de vous la refuser. Vous
vous êtes trompés dè porte. Ce n'est
pas à la présidence du conseil que vous
deviez vous adresser, c'est à la prési-
dence du Sénat. C'est au président du
Sénat que la Constitution attribue la
convocation du Congrès. Moi, je ne
puis vous dire ni oui ni non. Allez donc
trouver Le Royer et tâchez de vous en-
tendre avec lui. J'ai bien l'honneur de
vous saluer.
r Si 1 article qui attribue au président
du Sénat la convocation da Congrès
devait être interprété à la lettre, le
président du Sénat aurait une fière
prérogative] La Constitution vent que
le Congrès soit convoqué au moins un
mois avant l'expiration des pouvoirs
du président de la Ré ; 'ubliqiiB exer-*
çant, mais elle ne défend pas qu'il soif'
convoqué plus tôt. Si le président du
Sénat était maître absolu de la convo-
cation, il pourrait donc la faire aussitôt
qu'il voudrait, deux mois, six mois,
un an avant la fin du président en exer-
cice. On pourrait avoir pendant des mois;,
pourquoi pas pendant des années? deux
présidents de la République, comme,
au moyen-age, on avait deux papes.¡
C'est à cette absurdité qu'on en arrivé
en prenant l'article à la lettre.
Qu est-ce qu'a voulu la Constitution
en laissant cette latitude à la date dé
la convocation? Elle a voulu éviter les
inconvénients d'une date fixe. Elle a
voulu que l'élection ne risquât pas do
tomber à un mauvais moment et qu'on
pût lui choisir l'heure favorable. Or,
qui doit choisir cette heure? Qui est à
même de se rendre compte de l'état du
pays? Qui a charge et responsabilité?.
Le gouvernement.
- La « COR vocation t) du Congrès est
nne-simple formalité. Il fallait pour
réunir les deux Chambres en une là
signature de l'un de leurs présidents;
on a fait au Sénat l'honneur de dési-
gner le sion. Mais la fixation de la date
n'est pas une affaire honorifique, c'est
une affaire politique. C'est au gouver-
nement qu'elle appartient.
A. V.
LA GUERRE SERBO-BULGARE
Dépêches d'origine IHIIplte
Sofia, 18 novembre, 9 h. matin.
Dans la journée d'hier, les Serbes avaient
en ligne 25,000 hommes et six ou sept batlo
teries auxquels les Bulgares avaient oMI
posé environ 15,000 hommes - et quatre
batteries.
On ramène à Sofia les blessés bulgares
et serbes. Les voitures sont réquisition-?
nées pour les transports.
Les nouvelles de la journée de mardi
ont donné à tout le mon ie us élan ex-
traordinaire ; les volontaires et les régu"
liers arrivent constamment de Roumélie.
et, après quelques heures de repos, sont
dirigés sur le champ de bataille.
On s'attend pour aujourd'hui à une
grande bataille près de Dragoman.
Sofia, 18 novembre, 19 h. matin.
D'après les renseignements parvenus du
champ de bataille hier, à onze heures do
soir, la bataille qui a eu lieu dans la jour-
née (mardi) aura pour résultat de dégager
Slivnitza et d'éloigner le danger pour
Sofia.
L'aile gauche des Serbes a été complè-
tement battue. Leurs troupes qui n'avaient
pas attaqué de front ont été poursuivies
dans la soirée par les Bulgares. Ces der-
niers campent à 17 kilomètres à gaucho
de Slivnitza.
Il est probable que ce succès entraînera
l'évacuation du col de Dragoman par le:,
Serbes.
Les Serbes ont été plus heureux sur Ii"
droite, où ils se sont maintenus.
Le prince Alexandre a entraîné les trou*
pes plusieurs fois au combat et a lui-
même pointé le canon.
L'enthousiasme des troupes est extrême*
Elles marchaient à l'ennemi en poussant
des cris et au son de la musique.
Les pertes des Bulgares ne sont pas
considérables.
£ SoGa, 19 novembre.
On mande de Slivnitza, le 18 novembre,
six heures du soir :
« L'avantage remporté hier par l'armée
bulgare a eu pour effet de consolider la
position de Slivnitza, qui était menacée.
» Après avoir repoussé éuergiquement
l'attaque des Serbes et fait une pointa
Feuilleton du RAPPEL
DU 21 NOVEMBRE
- - **"
48
LA
PRINCESSE BELLADONE
ROMAN PARISIEN
DEUXIÈME PARTIE
LE SERMENT D'EMMA
IV
Après la faite
— Suite —•
Emma se promenât à travers son vaste
salun avec des allures de lionne enfermée,
la tête penchée, les sourcils froncés, les
Reproduction interdite. — Droit de traduc-
tion réservé
Voir le Ramtl da â8 septembre m 29 no-
vembre.
yeux séchés par la fièvre, — effrayante et
sinistre dans son calme apparent.
— Toute ma vie brisée 1 murmura-
t-elle. Je suis maudite.
Elle s'arrêta, regarda La Micheline, lui
tendit la main.
- Je ne t'en veux pas ! dit-elle; c'était
à la mère de veiller elle-même sur sa fille.
Et je suis une mère qui ne le pouvais
pas!
Elle eut un ricanement nerveux.
— Ah ! vous pouvez me pardonner,
reprit la Micheline, moi je ne me par-
donne pas! Je me rappelle maintenant
un tas de choses.
— Lesquelles?
- Le caractère d'Odette avait changé.
— Depuis quand?
- Depuis le lendemain de votre dé-
part. Elle ne paraissait plus s'ennuyer.
Elle parlait moins de vous. Elle était plus
gale qu'autrefois, plus coquette. Et, au
lieu de m'en inquiéter, j'en étais con-
tente.., Je pensais : « C'est de son âge.
Ça l'occupe et ça la distrait. » Vous com-
prenez, moi, je n'ai pas eu de fille. et
puis, nous autres gens de la campagne,
nous n'y mettons pas tant de malice.
La princesse Belladone s'était assise
sur un fauteuil, et là, la tête dans ses
mains, elle garda longtemps un silence
morne.
La Micheline n'osait plus lui parler,
respectant son silence et cette douleur
contenue.
Brusquement, Emma reprit la parole,
mais sans relever la tête, ni regarder per-
sonne, comme se parlant à elle-même
tout haut.
- C'est un homme riche. et ce n'est
pas un jeune homme 1 dit-elle.
— Qui vous fait supposer?.
— Tout ! Je connais ces choses-là,
moi ! Cette voiture qui attendait, ce la-
quais qui s'est jeté devant toi. tout cela
a une allure particulière qui sent son
gentilhomme et l'homme expérimenté. -
Un jeune homme, amoureux surtout, se
serait montré. aurait commis quelque
imprudence. La conduite si discrète
d'Odette, son silence si résolu. tout cela
lui était dicté.on a tout prévu. Je recon-
nais une main habile. habituée à ma-
nier les femmes. et à mener à bonne
fin les aventures galantes. Ah! pauvre
Odette !. Les hommes sont bien misé-
rables, bien lâches, bien méprisables.
et tu es tombée, comme toujours avec
ton ignorance, dans les griffes les plus
redoutables. Il faut savoir. je saurai !
Elle se leva d'un bond.
— Et s'il est trop tard pour te sauver.
il ne sera pas trop tard. pour te venger 1
Elle tordait ses belles mains blanches et
plus froides que du marbre.
7 Micheline, reprit?elle brusquement,
tu passes la nuit ici. Demain, nous par-
tirons ensemble.
- Pour-aller où ?
— Chez toi! Je veux faire mon en
quête moi-même.
— Vous ne vous adresserez pas à la
justice. à la police, aux tribunaux?.
que sais-je, moi 1
— Jamais. plutôt la mort 1
Micheline la regarda avec surprise.
— Cependant, si vous voulez la re-
trouver.
— Tu ne comprends donc pas que la
femme que je suis ne peut faire cela? Tu ne
comprends <\onc pas que déposer une
plainte, c'est me livrer aux brocards de la
foule, soulever un scandale effroyable sur
Odette ! La princesse Belladone se plai-
gnant qu'on lui a séduit sa Ah)
les belles gorges chaudes qu'on en ferait
dans tous les mondes. Dans le mien. et
dans celui des honnêtes gens!. Qui croirait
à ma douleur?Qui croirait à la sincérité de
mes larmes? Tu ne sais donc pas, Miche-
line, que tout ce que tu vois ici. c'est de la
honte !. que tout ce luxe qui m'entoure,
c'est de la fange. que mon nom, c'est
infamie!. et que tout cela rejaillirait
sur Odette et la salirait. et que je lui
ferais plus de mal, et que je lui jetterais
plus de boue au visage, en la protégeant
et en la réclamant publiquement, que
même le misérable qui l'a enlevée et qui
la repoussera au ruisseau, demain, quand
son caprice sera passé.
— Cependant. peut-être. s'il l'aime.
Elle est si jolie, si jeune, si douce, si
charmante. Je ne puis croire.
- Ah 1 oui, s'il l'aime t répéta Emma,
en éclatant d'un rire qui faisait frisson-
ner. Leur amour. à tous ces hommes.
je sais ce que cela vaut, va, moi qui en
vis 1 Allons, assez sur ce sujet. A de-
main 1
Elle sonna. Une femmo de chambre
parut,
— Je n'y suis pour personne, absolu-
ment, ce scirl dit-elle. Conduisez madame
dans la chambre bleue. - -
suivit la soubrette, sans un
mot, plus bouleversée peut-être et plus
troublée de ces paroles terribles de mé-
pris de Mme de Curgis contre elle-même
et contre les autres, qu'elle ne l'avait
été du malheur qui frappait Odette.
Le lendemain, les deux femmes arri-
vaient à la ferme.
Pendant les huit jours qui suivirent:
Emma sortit beaucoup sans dire à per-
sonne où elle allait ; rentrant silencieuse,
pâle, harassée, sans dire d'où elle venait.]
Micheline n'osait l'interroger.
Au bout de ces huit jours, un soir, plus
tard qu'à l'habitude, Emma parut, à la
fin du repas, qu'on avait pris sans elle,
suivant l'ordre exprès qu'elle avait donné
qu'on ne l'attendît pas.
Ses yeux brillaient davantage. Elle s"as'::
sit dans un coin de la salle, sans desserrer.
la bouche, attendant que Pierre fût partij
se coucher.
A. MATTHEY.
(A suivre,)
le numépo s f Oc.. — Béparfemenfi t IL-3; e.
1er Frimaire an 94 *eo N° 5734
-- JfflMHTCSTRATIOir
.- 38, RUE DE VALOJS, e
AB ornements
PANS
Çroî s ,10 »
Six mois. 20 B
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six mois 21 9
Adresser Mires et malais
A M. ERNEST LEFEVRB *
4BMOTsm\TEmGÉnANr
IŒDACTIOlf
Sibesser au Secrétaire 3elaKé3atgi0g,
»C 4 à 6 heures du gdp
48, HUE J) £ VALOIS, 13
tes manuscrits nonmsérés ne serosf pas r
ANNONCES
3W. Ch. IAGRANGE, CERF et C.
- ^«l'Jace de 2a Bourse^'
LA QUESTION DE CABINET
Nous avons dit hier que, dé leur en-
trevue avec. M. Henri Brisson, MM.
Edouard Lockroy, Ernest Lefèvre,
Paul Bert, etc., avaient rapporté l'im-
pression que le président du conseil
acceptait l'idée de hâter la convocation
3u Congrès et l'élection présidentielle.
C'était une illusion. Ou bien, si le
président du conseil avait avant-hier
soir l'intention que ces messieurs lui
ont supposée, il ne l'avait plus hier
matin. On dit que la nuit porte conseil,
mais il paraît qu'elle en porte autant
de mauvais que de bons.
On offrait aux ministres d'ajourner
la question ministérielle jusqu'à ce que
la question présidentielle fut résolue.
Cela leur donnait le temps de se re-
tourner, et il semblait qu'ils dussent se
jeter avec joie sur ce sursis. Tout au
contraire, ils le repoussent et deman-
dent qu'on commence par eux. Ce sont
eux qui posent la question de cabinet,
&t tout de suite.
Ça a l'air crâne ; ça n'en a que l'air.
Sur quoi posent-ils la question de
cabinet? sur un crédit pour lé Tonkin.
C'est-à-dire qu'ils mettent la Chambre
entre le vote du crédit et le vote de
l'évacuation.
Ils se disent que, quelque opinion
qu'on ait des expéditions où l'on s'est
si aveuglément engagé et sur la ma-
nière dont elles ont été conduites, si
hostile qu'on puisse être à la politi-
que coloniale, bien des députés ne
voudront pas qu'on ait sacrifié tant de
millions et d'hommes en pure perte,
qu'on abandonne ce qui a coûté si
cher, et que notre drapeau ait l'humi-
liation de revenir du Tonkin comme,
sous l'empire, il est revenu du Moxi*
tjue. La question ministérielle dispa-
raîtra sous la question patriotique, et
le crédit sera voté.
Ce n'est pas même un crédit à voter.
La somme que demandera demain M.
Brisson a été votée par la Chambre
précédente. Il s'agit simplement de re-
porter de 4885 sur 1886 une somme
non dépensée. La Chambre n'a donc,
en réalité, rien à donner. Confient
refn serait-elle?
M. Brisson peut donc croire qu'il" a
posé la question de cabinet sur un ter-
rain excellent et où il ne court aucun
risque. Mais sa tactique, de même
qu'elle n'a que l'apparence de la crâ-
nerie, n'a que l'apparence de l'ha-
bileté.
Comment n'a-t-il pas réfléchi qu'en
posant la question ministérielle, il
s'exposait à être pris au mot et à se
faire répondre : Soit, mais la question
ministérielle tout entière?
Comment n'a-t-il pas pensé qu'il se
trouverait des députés pour lui dire :
— Nous voulions vous laisser tran-
quille jusqu'à l'élection du président
de la République, mais puisque vous
nous demandez un vote de confiance,
puisque vous nous contraignez à vous
discuter, puisque vous exigez que nous
nous prononcions immédiatement sur
votre programme, nous y consentons.
Seulement, c'est sur votre programme
que nous allons nous prononcer, sur
votre Déclaration de lundi, sur tous ses
points sans exception. Vous êtes naïf
de croire que nous allons nous res-
treindre à un crédit qui n'est même pas
un crédit, qui. n'est qu'vtn report; de
croire que nous allons vous laisser
faire d'une question de portefeuille une
question de patriotisme et que vous
nous empêcherez de vous frapper en
vous glissant sous le drapeau national !
Que le ministère le sache bien : quand
il aura ouvert le débat, il ne dépendra
pas de lui de le fermer.
» AUGUSTB VACQUBRIE.
COULISSES DES CHAMBRES
Les ministres, réunis hier matin en
conseil de cabinet, ont pris une décision
très importante au sujet de la démarche
faite auprès du président du conseil par
.le "bureau de la réunion plénière. On se
souvient que ce bureau avait été chargé
de demander à M. Brisson de vouloir bien
avaucer le plus possible la réunion du
Congrès pour déblayer le terrain politique
de la question présidentielle, de manière
à ce que celle-ci fût résolue à l'heure où
l'on aurait à s'occuper de la question
ministérielle.
Le conseil s'est occupé de cette de-
mande hier matin et a décidé de ne pas
l'accueillir. Il a étà d'avis que la date du
Congrès ne pourrait être fixée qu'après le
vote des crédits supplémentaires que le
gouvernement compte demander pour le
Tonkin, Madagascar et divers autres servi-
ces.
Disons tout de suite que ces crédits ne
constituent pas une demande nouvelle;
le gouvernement demande simplement le
report à l'exercice 1886 de la portion non
employée des crédits qui avaient été votés
par la précédente Chambre pour 1885.
La précédente Chambre a voté 332 mil-
lions pour le Tonkin, sur lesquels une
somme de 243 millions a été affecke à
l'exercice 1885 par trois lois succes-
sives. -
Or, sur ces 243 millions, il reste une
somme suffisante pour couvrir les dé-
penses présumées de l'année 1886 et il
restera encore un reliquat disponible de
38 millions.
i e gouvernement, ne pouvant effectuer
de sa propre autorité le report d'une an-
née à l'autre, est, aux termes de la'légis-
lation existante, obligé de demander, par
un projet de loi spécial, la faculté de
report.
C'est ce projet spécial que le ministère
compte déposer demain samedi. Il compte
que la discussion fournira 1 occasion d'un
débat et d'un vote dans lequel la Chambre
pourra se prononcer sur la question mi-
nistérielle de façon à ce que celle-ci, con-
trairement à la réunion piénière, soit ré-
solue avant le Congrès.
M. Lockroy, président- de la réunion
plénière, s'est d'ailleurs entretenu à ce
sujet avec M. Brisson au cours de la
séance de la Chambre. Nous sommes en
mesure de faire connaître les déclarations
que M. le président du conseil a faites
dans cette conversation. -
M. Lockroy. à demandé à M. Brisson
quelle était la portée de la décision prise
le matin par le conseil des ministres, et
quelle réponse le gouvernement avait à
faire à la demande du bureau de la réu-
nion du Grand-Orient.
M. Brisson a répondu en confirmant que
le gouvernement avait résolu de demander
le vote des crédits avant la réunion du
Congrès. Il a dit que cette détermination
était la conséquence obligée de la décla-
ration lue par le ministère aux Chambres.
Le président du conseil a ajouté qu'il se-
rait incompréhensible que le ministère,
après avoir fait la déclaration, ne fit pas
un acte qui pût la confirmer.
M. Lockroy a demandé si, en agissant
ainsi, le ministère avait pour but de cher-
cher le terrain sur lequel la question de
confiance serait posée ou s'il voulait seu-
lement; par le dépôt du projet de crédit,
confirmer et accentuer sa déclaration.
M. Brisson a répondu qu'il serait proba-
blement amené à poser la question do
confiance, quoique aucune résolution dé-
finitive n'ait encore été prise. ", i
M. Lockroy a alors demandé si, dans la
pensée du ministèré, la discussion de ces
crédits devait venir avant la réunion du
Congrès.
Le président du conseil a répondu
qu'il ferait tous ses efforts pour qu'il en
fût ainsi ; mais que la question ne dépen-
dait pas exclusivement de lui et qu'elle
était subordonnée à l'accomplissement
des travaux de la commission parlemen-
taire qui sera chargée d'examiner la de-
mande de crédits.
En terminant cet entretien, M. Brisson
a déclaré à M. Lockroy qu'il n'avait en-
core vu ni M. Grévy ni M. Le Royer au
sujet de la question de l'anticipation du
Congrès.
A LA CHAMBRE
-
- On apprend, en arrivant à la Cham-
bre, que le débat sur la déclaration
ministérielle ne s'engagera pas aujour-
d hui et, d'autre part, que samedi pro-
chain la demande de crédits annoncés
pour Madagascar et le Tonkin sera
déposée.
On sait quelle influence plus que
fâcheuse la question coloniale a en
sur les élections dernières. Partisans
et adversaires de cette politique re-
connaissent que c'est le Tonkin qui
a joué le plus grand rôle dans les élec-
tions, et un membre du cabinet l'a
même déclaré.
Dans ces conditions, est-il sage de
choisir pour terrain du débat cette
même afiaire du Tonkin, et, mêlant la
question de politique générale à une
question toute spéciale, de prolonger
1 équivoque où s'est complu si long-
temps le précédent cabinet? Est-il sage
de chercher la bataille quand, depuis la
réunion de la Chambre, tout le monde
travaille à faire l'union? Et quand bien
même, sur cette question du Tonkin;
te gouvernement aurait une grosse ma-
jorité, grâce d'ailleurs aux voix de là
droite, en quoi serait-il plus fort ? N'au-
rait-il pas divisé ceux qui pouvaient le
soutenir et dont l'union eût fait sa
force? Empêcherait-il dix autres ques-
tions de surgir, questions que l'accord
des gauches seul peut écarter?
La réponse à toutes ces interrogations
n'est pas difficile à trouver. Peut-être
le cabinet ferait-il bien d'y réfléchir,
quand il en est temps encore, plutôt
que de se faire dire ou de se dire à lui-
même que « la presse de province ap-
précie la déclaration do lundi de la fa-
çon la plus iavorable ». Qui donc
pense-t-on tromper par ces notes offi-
cieuses? Le ministère serait-il le seul
à ignorer que, le même jour, dans les
départements les pais éloignés, le même
article, rédigé à Paris par les agences,
parait dans les journaux dits locaux et
ne peut par conséquent refléter l'opi-
nion du milieu provincial où il s'im-
Prime 1
La presse républicaine de Paris a été
presque unanime pour conjurer la
crise ; mais elle ne saurait se payer
d'illusions volontaires En peut-on dire
autant des ministres? Nous craignons
qu'il n'en soit rien.
La vérification des pouvoirs s'est
continuée par l'examen de quelques
élections ajournées. L'élection de l'Ain
d'abord, dont une protestation de M.
Henri Germain, l'ancien député répu-
blicain, soutenue par M. Raoui Duval,
demandait l'annulation. Une liste dis-
sidente portant le nom de M. Germain
avait été imprimée comme émanant du
congrès départemental. Quel était l'au-
teur de ce subterfuge? La question n'a
pas encore été tranchée judiciairement.
Les adversaires de M. Germain n'hési-
tèrent d'abord pas à l'en rendre res-
sable, par un placard intitulé ; Une in-
famie. M. GeVmain poursuivit les au-
teurs de ce placard, et il semble même
leur attribunr la paternité des bulletins
qui ont motivé l'affiche, L'enquête se
poursuit et la justice prononcera plus
tard. M. Raoul Duval demandait qu'on
ajournât toute décision jusqu'à ce qu'on
fut fiié sur ce point délicat.
La commission a conclu, au con-
traire, à Jta validation, et il se peut que
l'ensemble des fait? motivât cette déci-
- --
sion. Il convient cependant de faire
remarquer que l'argument, tiré par le
rapporteur, > du grand écart des voix,
est mauvais. Quand une manœuvre a
eu lieu, qu'elle est bien constatée, cette
différence de chiffres ne préjuge qu'une
seule chose : le succès de la fraude.
C'est donc tout le contraire d'un argu-
ment qu'a donné M. Jamais.
D'autres élections ont été validées
sans débat. A la demande do M. An-
drieux, celle de Constantine a été ajour-
née à samedi. La protestation de M.,
Forcioli mentionné des faits d'une cer-
taine gravité, notamment la vente de
leurs votes par des électeurs israélites.
A. GAOLlgn.
Au Sénat, l'ordre du jour appelait la
première délibération sur le projet voté
par la Chambre et relatif à la suppression
du monopole des fabriques pour les pom-
pes funèbres. M..Garrisson, rapporteur de
la commission, a expliqué que le projet
de la Chambre avait paru beaucoup trop
radical, à lui et à ses collègues. Au lieu
de supprimer le droit abusif des fabriques,
M. Garrisson propose de donner aux com-
munes le droit de requérir le matériel des
pompes funèbres, dans tous les cas où
les fabriques se refuseraient à procéder à
l'enterrement.
Ce système a été combattu par M. Geor-
ges Martin, sénateur de Paris, qui n'a pas
eu de peine à montrer qu'on laisserait
ainsi, à la charge des communes, les con-
çois des pauvres. Il a conclu en reprenant
le projet de la Chambre.
M. Allou, au contraire, a plaidé pour
le statu quo, légèrement modifié. A la de-
mande du rapporteur, son contre-projet
et celui de M. Georges Martin ont été ren-
voyés à la commission.
Ce projet avait, à la Chambre, obtenu
la faveur d'une déclaration d'urgence. Le
règlement du Sénat oblige à mettre aux
voix celte déclaration, et c'est ce qui a
été fait. Bien entendu, l'urgence a été
repoussée avec empressement. — a. G.
———————— ————————
Dans le compte-rendu que nous avons
donné hier de la dernière réunion plé-
nière des gauches, une faute d'impression
nous a fait attribuer à M. Révillon quel-
ques paroles prononcées à la fin de la
séance. C'est par M. Mérillon que ces
paroles ont été prononcées.
L'initiative parlementaire continue à
s'exercer activement; depuis que la Cham-
bre est officiellement constituée. Hier, un
grand nombre de propositions intéres-
santes ont été déposées :
MM. Benjamin et Camille Raspail ont
déposé hier une proposition tendant :
1° A ce que le conseil général de la Seine
soit régi par le droit commun, conformé-
ment à la loi du 10 août 1871; 2° à ce
qu'il soit procédé à sa réorganisation.
Cette proposition est la reproduction
de celle que l'honorable député de la
Seine avait soumise à la précédente
Chambre et qui n'avait pu être rapportée
avant la fin de la législature.
—i ■■
M. Camille Dreyfus vient de déposer,
avec 80 de ses collègues, une proposition
tendant :
t. A la suppression des trésoriers gé-
néraux, des receveurs particuliers et du
receveur central de la Seine ;
211 A la conclusion d'une convention
spéciale, avec la Banque de France, ayant
pour (lbjétdecODfiel; à cet établissement
le soin de faire les recettes pour le compte
de l'Etat.
Une disposition transitoire porte qu'en
cas de non arrangement avec la Banque
de France, le traitement des trésoriers,
salaire et revenus compris, ne devra pas
dépasser celui des préfets des départe-
ments correspondants.
—o—
M. Hubbard a déposé une proposition
ayant pour objet d'abroger l'article 16 de
la loi du 29 juillet 1881 sur la presse qui
interdit l'affichage des placards électo-
raux sur les édifices consacrés au culte.
-0-
M. Maurice Faure a pris l'initiative de
la proposition suivante ;
Article fer. — Une commission de vingt-
deux membres sera élue dans les bureaux à
l'effet d'étudier les réformes à introduire
dans les administrations de l'Etat, spéciale-
ment en ce qui concerne les économies à,
réaliser au moyen de la suppression des
rouages inutiles et de la réduction du nom-
bre des emplois. ',.
Art. 2. — Cette commission se subdivisera
en sous-commissions correspondant à chacun
des ministères; des rapports spéciaux de-
vront .être présentés à la Chambre avant la
discussion du budget de 1887.
-0-
Les bureaux de la Chambre ont élu hier
la première commission d'initiative qui
fonctionnera dans l'Assemblée actuelle.
Cette commission aura une tâche assez
lourde;) accomplir, puisqu'elle sera saisie
de toutes les propositions émanées des
députés et déposées durant le premier
mois de la présente session.
Voici la composition de cette commis-
sion. Les noms des membres de la droite
sont en italique :
1er bureau. — MM. Chevandier et Ja-
mais.
2* bureau. - MiM. Lagrange et de laBi-
liais.
3' bureau. - MM. Pichon et Laur.
4° bureau. — MM. Thiessé et Sans-
Leroy.
5" bureau. — MM. Horteur et Maurice.
6e bureau. — MM. Cousset et Gavini.
7' bureau. — MM. Viette et Noël Par-
fait.
8 e bureau.- M.M. de Léon et Barouille.
98 bureau. — MM. "Bernard et Borie.
10e bureau. - MM. Remoiville et Lefeb-
vré (Seine-et-Marne).
ii" bureau. — MM. Duval et Duvaux.
On voit qu'il y a cinq membres de la
droite dans cette commission. Dans le 8e
bureau les deux membres de la droite
n'ont été élus q.ue par suite de l'absence
d'un certain nombre de membres répu-
blicains qui ne s'étaient pas rendus à la
convocation des bureaux.
un -
Les journaux ministériels avaient
conseillé à M. Brisson un moyen ingé-
nieux d'esquiver la demande d'avancer
le Congrès :
—Messieurs, aurait dit M. Brisson aux
délégués de la réunion plénière des
gauches, vous m'avez demandé de con-
voquer le Congrès le plus tôt possible.
Je ne vous le refuse certes pas ! Mais
je ne vous raccorde pas non plus. Ma
raison est que je n'ai le droit ni de vous
raccorder ni de vous la refuser. Vous
vous êtes trompés dè porte. Ce n'est
pas à la présidence du conseil que vous
deviez vous adresser, c'est à la prési-
dence du Sénat. C'est au président du
Sénat que la Constitution attribue la
convocation du Congrès. Moi, je ne
puis vous dire ni oui ni non. Allez donc
trouver Le Royer et tâchez de vous en-
tendre avec lui. J'ai bien l'honneur de
vous saluer.
r Si 1 article qui attribue au président
du Sénat la convocation da Congrès
devait être interprété à la lettre, le
président du Sénat aurait une fière
prérogative] La Constitution vent que
le Congrès soit convoqué au moins un
mois avant l'expiration des pouvoirs
du président de la Ré ; 'ubliqiiB exer-*
çant, mais elle ne défend pas qu'il soif'
convoqué plus tôt. Si le président du
Sénat était maître absolu de la convo-
cation, il pourrait donc la faire aussitôt
qu'il voudrait, deux mois, six mois,
un an avant la fin du président en exer-
cice. On pourrait avoir pendant des mois;,
pourquoi pas pendant des années? deux
présidents de la République, comme,
au moyen-age, on avait deux papes.¡
C'est à cette absurdité qu'on en arrivé
en prenant l'article à la lettre.
Qu est-ce qu'a voulu la Constitution
en laissant cette latitude à la date dé
la convocation? Elle a voulu éviter les
inconvénients d'une date fixe. Elle a
voulu que l'élection ne risquât pas do
tomber à un mauvais moment et qu'on
pût lui choisir l'heure favorable. Or,
qui doit choisir cette heure? Qui est à
même de se rendre compte de l'état du
pays? Qui a charge et responsabilité?.
Le gouvernement.
- La « COR vocation t) du Congrès est
nne-simple formalité. Il fallait pour
réunir les deux Chambres en une là
signature de l'un de leurs présidents;
on a fait au Sénat l'honneur de dési-
gner le sion. Mais la fixation de la date
n'est pas une affaire honorifique, c'est
une affaire politique. C'est au gouver-
nement qu'elle appartient.
A. V.
LA GUERRE SERBO-BULGARE
Dépêches d'origine IHIIplte
Sofia, 18 novembre, 9 h. matin.
Dans la journée d'hier, les Serbes avaient
en ligne 25,000 hommes et six ou sept batlo
teries auxquels les Bulgares avaient oMI
posé environ 15,000 hommes - et quatre
batteries.
On ramène à Sofia les blessés bulgares
et serbes. Les voitures sont réquisition-?
nées pour les transports.
Les nouvelles de la journée de mardi
ont donné à tout le mon ie us élan ex-
traordinaire ; les volontaires et les régu"
liers arrivent constamment de Roumélie.
et, après quelques heures de repos, sont
dirigés sur le champ de bataille.
On s'attend pour aujourd'hui à une
grande bataille près de Dragoman.
Sofia, 18 novembre, 19 h. matin.
D'après les renseignements parvenus du
champ de bataille hier, à onze heures do
soir, la bataille qui a eu lieu dans la jour-
née (mardi) aura pour résultat de dégager
Slivnitza et d'éloigner le danger pour
Sofia.
L'aile gauche des Serbes a été complè-
tement battue. Leurs troupes qui n'avaient
pas attaqué de front ont été poursuivies
dans la soirée par les Bulgares. Ces der-
niers campent à 17 kilomètres à gaucho
de Slivnitza.
Il est probable que ce succès entraînera
l'évacuation du col de Dragoman par le:,
Serbes.
Les Serbes ont été plus heureux sur Ii"
droite, où ils se sont maintenus.
Le prince Alexandre a entraîné les trou*
pes plusieurs fois au combat et a lui-
même pointé le canon.
L'enthousiasme des troupes est extrême*
Elles marchaient à l'ennemi en poussant
des cris et au son de la musique.
Les pertes des Bulgares ne sont pas
considérables.
£ SoGa, 19 novembre.
On mande de Slivnitza, le 18 novembre,
six heures du soir :
« L'avantage remporté hier par l'armée
bulgare a eu pour effet de consolider la
position de Slivnitza, qui était menacée.
» Après avoir repoussé éuergiquement
l'attaque des Serbes et fait une pointa
Feuilleton du RAPPEL
DU 21 NOVEMBRE
- - **"
48
LA
PRINCESSE BELLADONE
ROMAN PARISIEN
DEUXIÈME PARTIE
LE SERMENT D'EMMA
IV
Après la faite
— Suite —•
Emma se promenât à travers son vaste
salun avec des allures de lionne enfermée,
la tête penchée, les sourcils froncés, les
Reproduction interdite. — Droit de traduc-
tion réservé
Voir le Ramtl da â8 septembre m 29 no-
vembre.
yeux séchés par la fièvre, — effrayante et
sinistre dans son calme apparent.
— Toute ma vie brisée 1 murmura-
t-elle. Je suis maudite.
Elle s'arrêta, regarda La Micheline, lui
tendit la main.
- Je ne t'en veux pas ! dit-elle; c'était
à la mère de veiller elle-même sur sa fille.
Et je suis une mère qui ne le pouvais
pas!
Elle eut un ricanement nerveux.
— Ah ! vous pouvez me pardonner,
reprit la Micheline, moi je ne me par-
donne pas! Je me rappelle maintenant
un tas de choses.
— Lesquelles?
- Le caractère d'Odette avait changé.
— Depuis quand?
- Depuis le lendemain de votre dé-
part. Elle ne paraissait plus s'ennuyer.
Elle parlait moins de vous. Elle était plus
gale qu'autrefois, plus coquette. Et, au
lieu de m'en inquiéter, j'en étais con-
tente.., Je pensais : « C'est de son âge.
Ça l'occupe et ça la distrait. » Vous com-
prenez, moi, je n'ai pas eu de fille. et
puis, nous autres gens de la campagne,
nous n'y mettons pas tant de malice.
La princesse Belladone s'était assise
sur un fauteuil, et là, la tête dans ses
mains, elle garda longtemps un silence
morne.
La Micheline n'osait plus lui parler,
respectant son silence et cette douleur
contenue.
Brusquement, Emma reprit la parole,
mais sans relever la tête, ni regarder per-
sonne, comme se parlant à elle-même
tout haut.
- C'est un homme riche. et ce n'est
pas un jeune homme 1 dit-elle.
— Qui vous fait supposer?.
— Tout ! Je connais ces choses-là,
moi ! Cette voiture qui attendait, ce la-
quais qui s'est jeté devant toi. tout cela
a une allure particulière qui sent son
gentilhomme et l'homme expérimenté. -
Un jeune homme, amoureux surtout, se
serait montré. aurait commis quelque
imprudence. La conduite si discrète
d'Odette, son silence si résolu. tout cela
lui était dicté.on a tout prévu. Je recon-
nais une main habile. habituée à ma-
nier les femmes. et à mener à bonne
fin les aventures galantes. Ah! pauvre
Odette !. Les hommes sont bien misé-
rables, bien lâches, bien méprisables.
et tu es tombée, comme toujours avec
ton ignorance, dans les griffes les plus
redoutables. Il faut savoir. je saurai !
Elle se leva d'un bond.
— Et s'il est trop tard pour te sauver.
il ne sera pas trop tard. pour te venger 1
Elle tordait ses belles mains blanches et
plus froides que du marbre.
7 Micheline, reprit?elle brusquement,
tu passes la nuit ici. Demain, nous par-
tirons ensemble.
- Pour-aller où ?
— Chez toi! Je veux faire mon en
quête moi-même.
— Vous ne vous adresserez pas à la
justice. à la police, aux tribunaux?.
que sais-je, moi 1
— Jamais. plutôt la mort 1
Micheline la regarda avec surprise.
— Cependant, si vous voulez la re-
trouver.
— Tu ne comprends donc pas que la
femme que je suis ne peut faire cela? Tu ne
comprends <\onc pas que déposer une
plainte, c'est me livrer aux brocards de la
foule, soulever un scandale effroyable sur
Odette ! La princesse Belladone se plai-
gnant qu'on lui a séduit sa Ah)
les belles gorges chaudes qu'on en ferait
dans tous les mondes. Dans le mien. et
dans celui des honnêtes gens!. Qui croirait
à ma douleur?Qui croirait à la sincérité de
mes larmes? Tu ne sais donc pas, Miche-
line, que tout ce que tu vois ici. c'est de la
honte !. que tout ce luxe qui m'entoure,
c'est de la fange. que mon nom, c'est
infamie!. et que tout cela rejaillirait
sur Odette et la salirait. et que je lui
ferais plus de mal, et que je lui jetterais
plus de boue au visage, en la protégeant
et en la réclamant publiquement, que
même le misérable qui l'a enlevée et qui
la repoussera au ruisseau, demain, quand
son caprice sera passé.
— Cependant. peut-être. s'il l'aime.
Elle est si jolie, si jeune, si douce, si
charmante. Je ne puis croire.
- Ah 1 oui, s'il l'aime t répéta Emma,
en éclatant d'un rire qui faisait frisson-
ner. Leur amour. à tous ces hommes.
je sais ce que cela vaut, va, moi qui en
vis 1 Allons, assez sur ce sujet. A de-
main 1
Elle sonna. Une femmo de chambre
parut,
— Je n'y suis pour personne, absolu-
ment, ce scirl dit-elle. Conduisez madame
dans la chambre bleue. - -
suivit la soubrette, sans un
mot, plus bouleversée peut-être et plus
troublée de ces paroles terribles de mé-
pris de Mme de Curgis contre elle-même
et contre les autres, qu'elle ne l'avait
été du malheur qui frappait Odette.
Le lendemain, les deux femmes arri-
vaient à la ferme.
Pendant les huit jours qui suivirent:
Emma sortit beaucoup sans dire à per-
sonne où elle allait ; rentrant silencieuse,
pâle, harassée, sans dire d'où elle venait.]
Micheline n'osait l'interroger.
Au bout de ces huit jours, un soir, plus
tard qu'à l'habitude, Emma parut, à la
fin du repas, qu'on avait pris sans elle,
suivant l'ordre exprès qu'elle avait donné
qu'on ne l'attendît pas.
Ses yeux brillaient davantage. Elle s"as'::
sit dans un coin de la salle, sans desserrer.
la bouche, attendant que Pierre fût partij
se coucher.
A. MATTHEY.
(A suivre,)
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