N" 5649 - Vendredi 28 Août i885 Le numero: lOc. - Départements : IN c. il Fructidor an 93 — N* 564ty
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58, RUE DE VALOIS, S
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"PARIS
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Trois mois 13 SO
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Adresser Mires et mandats
A M. EUNEST LEPÈVRB
^MESISïRAIEmi-
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REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RéHactioa.
De 4 a 6 heures du sow
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48, H.UB DE vALors, If
téÍJlLanuscrits Ãoninsérés ne seront pas rendus
'x -
ANNONCES
1 cil. IAGRANGE, CERF et C.
J^»>3ace d« 2a Bonrse,C
EN ESPAGNE
Un homme dans une situation cu-
Heuse aujourd'hui, c'est Sa Majesté le
roi d'Espagne Alphonse XII. Tandis que
son habile ambassadeur M. de Carde-
nas lui prépare à Paris un petit complot
destiné à le rendre intéressant, l'Alle-
magne lui prend les Carolines, et son
peuple tout entier, royaliste et répu-
blicain, s'occupe activement à le mettre
à la porte et à la raison.
Le roi Alphonse a commis cette faute
considérable de croire à la parole de
l'Allemagne et de se déclarer à grand
fracas le protégé de M. de Bismarck. Il
est venu à Paris, envoyé par cet homme
d'Etat, vêtu en colonel de uhlans,
comme un chef d'avant-garde, pour
nous menacer de la terrible puissance
qui, croyait-il, marchait derrière lui.
Il a prié des officiers allemands de lui
faire un plan de concentration et de
mobilisation de son armée, annonçant
ainsi l'intention de marcher sur Tou-
louse. Il s'est avoué l'admirateur le
olus passionné de la politique alle-
mande en Europe. Et que lui arrive-
t-il aujourd'hui? Que l'Allemagne se
moque ouvertement de son dévoue-
ment et de ses ardeurs. Il est juste de
dire : c'est bien fait.
Ce prince avait été élevé en France.
C'est en France qu'il avait trouvé un
refuge qu'on a refusé souvent à ses
plus illustres compatriotes. Il n'avait et
il n'a encore de haine que pour la
France. C'est elle qu'il fait injurier par
ses journaux ; c'est chez elle qu'il en-
voie un ambassadeur ami de tous les
ennemis du gouvernement ; c'est con-
tre elle qu'il rêve de se battre, le jour
où de plus forts que lui l'auront atta-
quée !
Maintenant il se trouve pris dans ses
propres filets. Ses protecteurs le dupent
at son peuple le menace. On se moque
de lui à Berlin et on le hue à Madrid.
Comment va-t-il s'en tirer?
Rompre avec M. de Bismark? Don-
ner sa démission de colonel de uhlans?
Impossible. Le renvoi à Berlin d'une
tunique, d'un pantalon, d'un shako et
d'une paire de bottes rendrait le roi,
dans les circonstances présentes, abso-
lument ridicule. On ne peut pas dire à
un empereur, même par voie diploma-
tique : Vous prenez mes îles, soit!
mais je vous rends votre habit ! La
satisfaction que pourrait éprouver l'Es-
pagne à. savoir que son maître a un
uniforme de moins dans sa garde-robe
ne compenserait pas le chagrin qu'elle
éprouverait en perdant un territoire
qu'elle possède depuis 1733.
Rompre avec le peuple espagnol?
C'est encore bien plus impossible, étant
donné que le roi ne s'est mis à genoux
devant l'Allemagne que pour rester sur
le trône. Il lui faut donc trouver quel-
que chose qui arrête l'Allemagne et
qui calme le peuple.
1 Le gouvernement de Madrid a dit ou
trouvé ce quelque chose. Il a envoyé
son ambassadeur de Londres (l'ambas-
sadeur de Paris étant trop occupé de
nos élections) - à - l'empereur -- Guillaume
pour le supplier de ne pas procéder à
l'occupation immédiate des Carolines et
des Philippines. Le gouvernement de
Madrid charge son ambassadeur de
faire valoir des considérations person-
nelles.
Lesquelles? Cela serait curieux à
savoir. Le roi d'Espagne ferait des
promesses, il prendrait des engage-
ments? Mais contre qui? Mais contre
quoi ? Se bornerait-il seulement à
rappeler ses services passés, sa haine
de la France, la confection de son
petit plan de mobilisation qu'il a tou-
jours tout prêt dans son tiroir ? Quoi,
enfin.
Il sabaissera certainement devant
l'empereur plus encore que par le
passé. De l'empereur dépend son
trône. Si l'empereur tient bon, il est
perdu. Sa royauté branle comme un
château de cartes.
Quoi que l'empereur lui ordonne, il
le fera. Et que pourra lui ordonner
l'empereur, siaon d'être prêt à agir soit
diplomatiquement, soit autrement, con-
tre la France? Pour le gouvernement
allemand comme pour le gouvernement
espagnol, la France, c'est l'ennemi ;
c'est un pays d'égalité, c'est un pays de
liberté, c'est une République !
EDOUARD LOCKRO?V
———.—————
LES ÉLECTIONS DU 4 OCTOBRE
Le travail de désignation des candidats
commence à s'effectuer activement, la
formation des comités étant terminée au-
jourd'hui dans la plupart des départe-
ments. Dès aujourd'hui les candidats ré-
publicains sont désignés dans 35 départe-
ments sur 90, et d'ici à quelques jours ils
le seront dans presque tous les autres.
Nous serons donc bientôt en mesure de
dresser le tableau complet des candidats
à l'élection du 4 octobre.
Le nombre des membres sortants qui
ne se représentent pas s'accroît sensible-
ment. A ceux que nous avons déjà cités
précédemment, il faut ajouter :
MM. Charles Ferry (Vosges), Vermond
(Seine-et-Oise), Lavieille (Manche), Marius
Chavanne (Loire), Joseph Fabre {A"'i"OJ
ron).
De sorte qu'actuellement il y a près de
vingt membres de l'ancienne Chambre
qui ne sollicitent pas le renouvellement
de leur mandat.
L'élection de M. Girot-Pouzol comme
sénateur du Puy-de-Dôme porte à 44 le
nombre des sièges vacants à la Chambre.
M. Girot-Pouzol est le trente-troisième
député nommé sénateur depuis le com-
mencement de cette année.
De sorte que dès aujourd'hui, sans tenir
compte des évictions que le corps électo-
ral opérera lui-même sur le personnel
de l'ancienne Chambre, il y a environ
soixante-dix membres de cette dernière
qui ne figureront pas dans la nouvelle
Chambre.
■ —^ ■ —M——»—
Les principales villes d'Espagne se sont
associées à la manifestation anti-alle-
mande de la capitale.
Il résulte des documents diplomatiques
publiés à Madrid que l'Allemagne fit con-
naître, les 6 et 9 de ce mois, son intention
d'occuper les îles Carolines, et que le mi-
nistre des affaires étrangères protesta
vivement.
On dit à Madrid que l'Espagne est très
décidée à cesser toutes relations avec
l'Allemagne si la dépêche qui est atten-
due demain de Berlin ne donne pas satis-
faction à l'honneur espagnol d'une façon
positive et immédiate.
Les journaux libéraux engagent le gou-
vernement à refuser tout arbitrage si
l'Allemagne ayant arboré son .drapeau
aux Carolines ne les abandonne pas
immédiatement, car l'arbitrage ferait sup-
poser qu'il s'agit pour l'Espagne d'un
droit douteux, et non d'un droit indiscu-
table.
Le Libéral de Madrid dit que ce serait
une honte d'accepter l'arbitrage au sujet
de la question des îles Carolines, sur les-
quelles l'Espagne a des droits de souve-
raineté. Cette souveraineté doit êtra dé-
fendue par la diplomatie, et au besoin
par les armes, car l'Espagne ne cèdera
jamais un pouce du territoire national.
L'agence Fabra dit :
La réponse de l'Allemagne ne satisfait pas
l'opinion ; elle est trouvée vague et obscure
en ce qui concerne le fait de l'occupation et
l'évacuation des Carolines dans le cas où l'oc-
cupation serait consommée.
Les Espagnols ayant toujours cru être les
maîtres des Carolines, la seule satisfaction
qui leur semblera satisfaisante sera la renon-
ciation de l'Allemagne à ses projets.
L'irritation continue ici ; ou juge que l'oc-
cupation des îles n'intéresse que quelques né-
gociants de Hambourg, et non la généralité
des Allemands.
Plusieurs manifestations anti-allemandes
doivent avoir lieu aujourd'hui dans les pro-
vinces
Le cercle militaire qui est présidé par le
général Salamanca, directeur général de l'ad-
ministration au ministère de la guerre, et
dont font partie presque tous les officiers de
la garnison de Madrid, a été fermé par ordre
du gouvernement.
4b
NI RADICAUX, M RMBLICAINS
Ceux qui, au lendemain des élections
de 1876, quand la Constitution nou-
velle commençait à fonctionner, ont
réussi, à l'instigation de M. Jules
Ferry, de M. Sadi-Carnot, et, malgré
les efforts de M. Gambetta, à diviser la
majorité républicaine en groupes et
sous-groupes, se rendent-ils bien compte
de toutes les conséquences de cette tac-
tique? M. Gambetta lui-même avait-il
prévu tous les résultats prochains de
cette faute qu'il n'avait pu empêcher?
Nous l'ignorons. Ce qui est certain,
c'est que, désignés sous des appella-
tions dÎTcrsos, ioo mombruo -de. Lx ma-
jorité et, à leur suite, tous les républi-
cains dans le pays, devaient bientôt
suivre des lignes ae plus en plus diver-
gentes : chacun se croyant ou se disant
dans le vrai chemin et la plupart s'en
éloignant un peu plus chaque jour.
La République cependant ne peut
pas, dans notre pays, se concevoir de
vingt façons différentes. Les doctrines
républicaines, pendant cinquante ans,
ont pu être prêchées au milieu de beau-
coup de difficultés, mais elles ont été
proclamées au grand jour. Adversaires
et partisans, tout le monde les connaît
dès longtemps. Est-il donc si difficile
de les reconnaître aujourd'hui, au mi-
lieu de la confusion des programmes,
et ne suffit-il pas d'un peu d'attention
pour se convaincre qu'on appelle, à
cette heure, « radicaux » ceux qu'on
aurait appelés simplement « républi-
cains», il y a dix ans, vingt ans, cin-
quante ans même? Si cela était dé-
montré, il faudrait bien admettre que
les radicaux sont restés dans la ligne
droite, qu'ils sont restés fidèles à l'es-
prit de la Révolution, à ses aspirations
dont les autres n'ont cessé de s'é-
carter.
Que demandent donc les radicaux ?
Prenons le programme des six points,
nous trouvons ; Condamnation de la
politique d'aventures ; abolition du
suffrage restreint; réforme financière;
réforme militaire; séparation des Egli-
ses et de l'Etat et lois pour la protec-
tion du travail. Eh bien, de bonne foi,
imagine-t-on à une époque quelconque,
soit un journal, soit un orateur répu-
blicain formulant un programme op-
posé? Imagine-t-on Armand Carrel ou
Armand Marrast, ou Ribeyrolles disant
que la République, une fois fondée, de-
vrait courir les aventures? Imagine-
t-on Garnier Pagès affirmant que le
budget de Louis-Philippe devrait - servir
de modèle a tous les budgets de 1 ave-
nir, et Ledru-Rollin expliquant à des
auditeurs stupéfaits que le suffrage res-
treint devrait indéfiniment dominer le
suffrage universel? Se figure-t-on mieux
Lamartine ou Littré se prononçant
pour le maintien du concordat de
Bonaparte et contre toutes les réformes
sociales profitables aux travailleurs?
Non, on sait très bien que l'histoire
contemporaine donne à ces hypothèses
injurieuses pour les hommes que nous
avons nommés le démenti le plus écla-
tant. On sait très bien qu'à ces noms
illustres, nous en pourrions ajouter
beaucoup d'autres et qu'il serait abso-
lument impossible de montrer un in-
terprète un peu autorisé de la doctrine
républicaine s'écartant, d'une façon ap-
préciable, à un moment quelconque, de
ces données politiques repousbées au-
jourd'hui par tous les tonkinois et tous
les journaux babyloniens.
Qu'en conclure? C'est que le mot de
République a remplacé pour eux, les
idées et le fond des choses et qu'ils ont
marché, beaucoup marché; mais en
tournant le dos à la vérité.
Le hasard nous en fournit à l'ins-
tant une nouvelle preuve en faisant
tomber sous nos yeux un document
remontant aux dernières années de
l'empire et au bas duquel nous lisons
les noms de personnages fort peu « ra-
dicaux » de M. Cyprien Girerd, et de
MM. Chantemille etCornil, aujourd'hui
sénateurs. Ces messieurs inscrivaient
sur leur drapeau la revendication de.
tous les droits, l'élection à tous les
degrés et toutes les libertés, y compris
la liberté d'association que nous atten-
dons encore. Pour ne pas rester dans le
vague de ces déclarations, ils disaient:
« La justice, comme les autres pou-
voirs, doit émaner de l'électeur a. Ils
dUmAndiùûnt que « pour combattre la
misère, la solidarité prît enfin place
dans nos lois M. Nous n'expliquons pas,
nous citons.
Bien entendu, les armées permanen-
tes étaient condamnées sans merci.
C'était de mode alors pour aborder ses
électeurs avec quelque chance de succès.
Nous ne faisons pas un crime aux si-
gnataires d'avoir aujourd'hui, sur ce
point, des hésitations que les circon-
stances peuvent justifier. Nous aimons
mieux montrer combien ils se rappro-
chaient du programme radical sous le
rapport des réformes financières. Ils
condamnaient comme nous les charges
publiques inégalement établies; ils
demandaient la suppression des dépen.
ses improductives; l'abolition du cumul
(M. Corail est professeur et sénateur)
et l'abolition des octrois. Plus hardis
ou plus impatients que les rédacteurs
du programme des six points, les futurs
sénateurs réclamaient immédiatement
la décentralisation sans détruire l'unité
nationale. Toujours comme nous. En-
fin, et pour compléter la ressemblance,
ces messieurs demandaient « la sé-
paration complète de l'Eglise et de
l'Etat ».
Voyons, de bonne foi, est-ce que,
entre ce programme et celui des radi-
caux la différence est bien sensible?
r Est-ce que nos amis ne pourraient pas
aisément s'entendre avec les électeurs
adoptant les idées de MM. Corriil,
Girerd et Chantemille ? Si la fusion des
listes ne se faisait jamais dans de plus
mauvaises conditions, nous serions fort
satisfaits en vérité. Eh bien, c'est là,
entre mille, un exemple qui montre
assez qu'un républicain radical est en
définitive un simple républicain : tandis
que ceux qui repoussent cette épithète
pourraient tout aussi bien avouer qu'ils
ne sont même pas républicains. C'est
pourquoi le dernier mot de M. Madier-
Montjau est parfaitement exact. La Ré-
publique ne peut être que radicale; et
elle le sera.
A. GVULIE&*
M* ii nu—
D'après le Daily News, les concessions
du cabinet de Saint-Pétersbourg, en ce
qui concerne la question afghane, n'au-
raient pas été définitivement acceptées :
lord R. Churchill aurait insisté sur la né-
cessité de télégraphier les propositions
russes à lord Dufierin et au colonel Ridg-
way, par lesquels elles seront probable-
ment soumises à l'émir.
La réponse à ce télégramme ne saurait
être reçue avant une semaine au plus tôt,
et elle pourra donner lieu à de nouvelles
discussions. 1
TRACASSERIES ALLEMANDES
Le principe de l'indemnité parlemen-
taire est accepté dans un grand nombre
de pays. Il est assez naturel qu'une nation
qui se respecte ne veuille pas être servie
gratis. Toute peine mérite salaire, les
services s'échangent contre des services;
ne rien donner à ceux qui travaillent pour
vous est un mauvais moyen d'en avoir
pour son argent.
Certains pays sont cependant encore
réfractaires à ce principe. En Italie le
mandat est gratuit; le seul avantage du
député consiste dans un permis de circu-
lation sur les chemins de fer, et l'on a
vu, il y a quelques années, un honorable
qui, par raison d'économie, avait élu
domicile dans un sleeping-car. En Angle-
terre l'indemnité est également inconnue.
En Allemagne, les membres' du Landtag
urussien reçoivent dos émoluments ; ceux
du Reichstag opèrent à {œil, d'où 11 ré-
sulte qu'il vaut encore mieux travailler
pour le roi de Prusse que pour l'empereur
d'Allemagne.
Jusqu'à présent M. de Bismarck s'était
contenté de ne rien donner aux représen-
tants qui lùi font de l'opposition; il ne
lui était pas venu à la pensée de leur de-
mander de l'argent. Mais il n'est jamais
trop tard pour bien faire, et le chancelier
vient de trouver un moyen ingénieux
d'enrichir le trésor impérial aux dépens
des social-demokrât.
On sait que la plupart des députés so-
cialistes qui siègent au Reichstag sont des
travailleurs qui n'ont que leur métier
pour vivre. Afin d'obvier'à l'inconvénient
résultant de la gratuité du mandat, les
circonscriptions ouvrières font à leurs
élus une pension mensuelle. Cet usage,
qui dure depuis des années, n'avait jus-
qu'ici choqué personne; mais il paraît
que le fisc allemand se trouve dans une
situation à ne pas dédaigner les petits
bénéfices. Il a donc invoqué deux textes,
d'abord l'art. 172 du Landesrecht prussien
portant que « tout ce qui est payé dans
un but non autorisé ne peut être récupéré
que par le fisc »; puis l'art. 32 de la Con-
stitution impériale, lequel stipule que les
membres du Parlement ne toucheront
comme tels ni traitement ni indemnité.
Jusqu'à quel point une cotisation volon..
taire payée par un groupe, un syndicat,
peut être assimilée à un traitement, à
une indemnité, c'est ce que je m'abstien-
drai de rechercher. A supposer que le fisc
l'emporte devant les tribunaux, les socia-
listes en seront quittes pour changer leur
système de cotisations. Toutes ces petites
tracasseries sont aussi ridicules qu'ineffi-
caces ; elles ne réussiront pas plus à sup-
primer le socialisme en Allemagne qu'on
ne réussira à germaniser l'Alsace en expu'
sant M. Rothao.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
LE MEETING DE Ll SALLE RIVOLI
Les organisateurs du meeting de pro>
testation contre la mort d'Olivier Pain ont
commis la faute de louer une salle trop
petite, étant donnée l'importance de la
réunion. La salle de la rue de Rivoli peut
contenir deux mille personnes, il en est
venu six mille au bas mot.
Dès six heures, la salle était pleine. A
sept heures, la porte du couloir qui con-
duit à la salle a été fermée, mais la foule
entassée dans le couloir a opéré une telle
poussée vers huit heures que la porte a
été brisée, et des centaines de personnes
se sont engouffrées dans la salle.
II. y a eu un moment de panique, qui
n'a pas duré grâce au sang-froid de quel-
ques citoyens.
Au dehors, les abords étaient envahis
par des groupes compacts qui barraient
toute la chaussée.
Craignant des troubles qui, hâtons-nous
de le dire, ne se sont pas produits, des
agents ont été demandés à la préfecture
de police, qui a envoyé plusieurs escoua-
des de la brigade centrale.
Le public a été refoulé. Il y a eu de!
bousculades assez vives, mais nul inci-
dent sérieux.
A. neuf heures moins le quart, M. Henr:
Rochefort, qui devait présider le meeting,
arrive rue de Rivoli. Notre confrère est
impuissant à percer la masse qui obstrue
l'entrée de la salle. Il rebrousse chemin
et se rend dans un café de la rue de Ri-
voli, où la foule le suit.
Des agents surviennent et dégagent les
abords du café. Une demi-heure après,
M. Henri Rochefort monte dans une voi-
ture qui part au galop.
Pendant ce temps, dans la salle, le doc-
teur Susini prend le parti de constituer
le bureau.
Sept discours ont été prononcés, deux
motions ont été votées.
Tous les orateurs ont protesté avec
force contre la mort d'Olivier Pain, en se
plaçant à des points de vue divers.
La réunion a voté d'abord une résolu-
tion tendant à la nomination d'une com-
mission de contrôle qui se rendrait sur
les lieux pour faire une enquête sur la
mort d'Olivier Pain; puis elle a, par un
nouveau vote, flétri la conduite du gou-
vernement anglais et envoyé l'expression
de ses sympathies aux Irlandais qui lut-
tent contre l'oppression des Anglais.
M. Roche annonce que M. Henri Roche-
fort n'ayant pu pénétrer dans la salle, un
second meeting aura lieu demain ven-
dredi au cirque Fernando.
La sortie s'opère sans désordre.
AMÉDEE BLONDE AU.
—■ »
LES ON-DIT
Un bruit, dont mes oreilles s'étaient
depuis longtemps déshabituées, m'a ré-
veillé en sursaut hier de grand matin. J'ai
couru i à ma fenêtre. C'était la pluie. Il
pouvait être cinq heures. Les balayeurs,
surpris, enveloppés de poussière, avaient
tous le nez en l'air. Une barre jaune, sur-
montée de quelques nuées orageuses,
rayait l'Orient. Le ciel était uniformément
Feuilleton du RAPPEL
DU 28 AOUT
.r ,
43
LA BANDE
DE.3
COPURCHICS
R
xn
•t
Les Cojinreliies quittent
leurs bottes
(Suite
Maillochon prit sa canne.
- Père David, dit-il, tu vois cette tri-
que?
— Oh ! vous ne voudriez pas vous en
servir. Il y a la police, monsieur, il y a la
oolice !
— Je te la casse sur le dos si tu te mo-
ques de moi.
— Alors, je veux être large, bien large!
Voilà encore dix francs.
— Misérable ! tu sais bien que le moin-
dre savetier me paierait ces bottes au
moins cent sous la paire l
Reproduction interdite. ]
Voir le Rmiï du 13 juillet au 27 août*
- Oh l non, monsieur, non. Enfin, je
vais être grand et généreux. Voici deux
jaunets, deux beaux jaunets. Ils brillent
comme des yeux de chouette. Ah! vous
êtes content! Il y a de quoi faire une
noce, une jolie petite noce avec une jolie
petite femme.
— Veux-tu, affreux coquin, ne pas par-
ler de femme. C'est dégoûtant de la part
d'un homme vieux et sordide comme toi.
— Il ne faut pas dire, monsieur, je les
ai avant vous, les femmes.
- Paltoquet !
- Alors je prends les bottes?
- Jamais. Va-t-en. Sors d'ici, voleur !
Trente-deux bottes pour quarante francs !
Filou 1 on t'en donnera quelque part, des
bottes, espèce de brigand.
— Vous ne connaissez donc pas une
petite femme, que vous refusez de quoi
faire la noce ?
— Veux-tu t'en aller ! -
— Si vous voulez, je vous présenterai
à une gentille, oh! gentille ! un yrai petit
amour!
- Ignoble bonhomme, va !
- Non, vrai, vous ne voulez pas? Alors
je m'en vas, adieu.
Adieu, sale bête.
Le père David descendit la moitié de
l'escalier et remonta.
— Voulez-vous cinquante francs ? de-
manda-t-il.
- Tu m'embêtes.
- Et je mettrai avec une jolie trousse 1
qu'un étudiant m'a vepdue hier, r
— Il n'y a que des étudiants en droit ici.
— Alors, je mettrai dix-sept volumes
de Dallez que j'ai eus d'occasion.
- Une occasion dépareillée, au poids
du papier.
— Vous ne voulez pas, monsieur?
— Va te faire pendre.
Maillochon croyait que le père David
remonterait, mais celui-ci ne reparut pas.
Ce fut M. Mauduit qui arriva, et M. eau-
duit était, sans être plus honnête, un mar-
chand d'une autre sorte.
— Le père David m'a dit que vous aviez
des bottes à vendre? dit-il à Maillochon.
— Les voilà, répondit l'étudiant.
M. Mauduit d'un coup d'œil avait inven-
torié la chambre de Maillochon.
— Je vois, dit-il en montrant une ar-
moire ouverte, que votre famille ne vous
laisse pas manquer de linge.
Et il continua :
— Vos bottes, ça vaut soixante-dix
francs à prendre ou à laisser.
— J'en veux cent francs, dit Maillochon.
— Vous avez besoin de cent francs? Que
ne le disiez-vous tout de suite. Vous avez
là de beaux draps.
Et, sans se gêner, M. Mauduit en tira
une paire de l'armoire.
— Oh! la toile est belle, très belle, les
draps larges. Vous en avez trop de six
paires. Vous vous suffiriez avec trois. Te-
nez, voilà les cent francs, j'emporte les
paires de draps et les bottes. Et une autre
fois, adressez-vous à qjçi qui suis.rqnd en
affaires,
Il étala sur le parquet un grand mor-
ceau de lustrine verte, arrangea dedans
les bottes et les draps, le noua et le jeta
sur son dos.
— Il ne faut pas vous gêner 1 s'écria
Maillochon. Vous me volez absolument.
— Adieu, adieu, dit M. Mauduit, vous
avez vos cent francs, amusez-vous avec.
— Brigand ! cria Maillochon dans l'es-
lier.
Mais il ne le retint pas et M. Mau-
duit sortit de la maison.
Maillochon alla faire une course, et
quand il remonta au phalanstère, il trouva
tous les Copurchics ,redemandant leurs
bottes.
— Mais il n'y en a plus l s'écria Maillo-
chon.
— Plus?
— Je les ai vendues.
- Vendues !
- Oui ; il y a des occasions dans la vie
où les conquérants brûlent leurs vais-
seaux; les Gopurchics dans des occasions
identiques vendent leurs bottes.
- Nos pauvres bottes !
— Et en voilà le produit ! dit Maillo-
chon en montrant un livret de la caisse
d'épargne de cent francs.
- Tu as mis nos bottes à la caisse
d'épargne !
— Nichonnette, dit Maillochon en la
prenant par la main, ma petite sœur, voici
qui est pour vous. On ne sait ce qui peut
arriver dans la vie, et vous ajouterez sur
ce livret toutes les économies que vous
pourrez faire. Quand vous aurez quinze
cents francs, vous vous achèterez des
rentes sur l'Etat. Et si jamais vous avez
besoin de cet argent, vous vous direz :
C'est pourtant ces braves Copurchies qui
m'ont donné ça. avec leurs bottes.
Et voilà que la pauvre Nichonnette, au
lieu de rire, se mit à éclater en sanglots
en prenant le livret.
— Voyons, dit Coqsigno, pourquo
pleures-tu ? Tu pleures trop.
— Je ne puis m'empêcher de pleurer
quand je vois qu'on est bon pour moi.
— Il n'est rien de meilleur que les
gens bons, dit Pictonnez, mais comme
elle l'a compris, ça demande à être ar-
rosé.
— Eh bien, dit Coqsigno, embrasse-les
tous, les uns après les autres ou à la fois,
comme tu voudras.
- Allons, venez m'embrasser, petite
sœur, dit Guibolmar, mais séchez vos
larmes.
- Hé ! en voilà des effusions 1 s'écria
un arrivant. -
- Ah! voici Camboulives, avec Ame-
liaa !
— Oh ! non, pas possible ! Fais voir ton
visage, Camboulives. Tu as la jaunisse,
mon ami !
— Je suis tombé dans la teinture, dit
Camboulives.
— Une teinture ictérique, dit Guibol-
mar.
— Tu as reçu un fameux gnon, pour,
être en c0 état aujourd'hui. •<
— Ah ! ma pauvre vieille, voilà un œil
largement ecchymosé.
— Si j'étais à ta place, j'irais trouver le
procureur impérial pour qu'il envoyât un
veniat au polisson qui t'arrangea ainsi.
- J'ai été obligé d'interrompre toutes
mes relations, dit Camboulives.
— Je conçois ça.
— Les femmes du monde se désespè-
rent pendant ton absence.
— Elles dessèchent sur pied.
— Enfin, d~t Guibolmar, tu as pour te
consoler cette beauté divine qui répond ay
doux nom d'Amelina. Car tu es vrAiment
bien jolie, Amelina. ')
- Ëlle est adorable, dit Camboulives,
et elle met les compresses avec une
adresse!.
— Nous allons tous nous pocher l'œil
pour être compressé par Amelina.
— Aussi, pour la récompenser de m'a-
voir soigné comme une petite mère, je
l'emmène déjeuner chez Magny.
— Tu ne nous invites pas ?
— Non.
— C'est net.
— Nous aurions cependant besoin d:è<
Ire consolés. ?•
— Pourquoi? demanda Camboulives.
— Maillochon a vej$u nos bgttejj
EDGAR MONTEE
(A suture.)
ADMINISTRATION
58, RUE DE VALOIS, S
ABONNEMENTS
"PARIS
ifpftîSIEOÏS. 10 »
gïSmois.,.20 »
DEPASSEMENTS
Trois mois 13 SO
Siamois.22 4
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Adresser Mires et mandats
A M. EUNEST LEPÈVRB
^MESISïRAIEmi-
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REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RéHactioa.
De 4 a 6 heures du sow
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48, H.UB DE vALors, If
téÍJlLanuscrits Ãoninsérés ne seront pas rendus
'x -
ANNONCES
1 cil. IAGRANGE, CERF et C.
J^»>3ace d« 2a Bonrse,C
EN ESPAGNE
Un homme dans une situation cu-
Heuse aujourd'hui, c'est Sa Majesté le
roi d'Espagne Alphonse XII. Tandis que
son habile ambassadeur M. de Carde-
nas lui prépare à Paris un petit complot
destiné à le rendre intéressant, l'Alle-
magne lui prend les Carolines, et son
peuple tout entier, royaliste et répu-
blicain, s'occupe activement à le mettre
à la porte et à la raison.
Le roi Alphonse a commis cette faute
considérable de croire à la parole de
l'Allemagne et de se déclarer à grand
fracas le protégé de M. de Bismarck. Il
est venu à Paris, envoyé par cet homme
d'Etat, vêtu en colonel de uhlans,
comme un chef d'avant-garde, pour
nous menacer de la terrible puissance
qui, croyait-il, marchait derrière lui.
Il a prié des officiers allemands de lui
faire un plan de concentration et de
mobilisation de son armée, annonçant
ainsi l'intention de marcher sur Tou-
louse. Il s'est avoué l'admirateur le
olus passionné de la politique alle-
mande en Europe. Et que lui arrive-
t-il aujourd'hui? Que l'Allemagne se
moque ouvertement de son dévoue-
ment et de ses ardeurs. Il est juste de
dire : c'est bien fait.
Ce prince avait été élevé en France.
C'est en France qu'il avait trouvé un
refuge qu'on a refusé souvent à ses
plus illustres compatriotes. Il n'avait et
il n'a encore de haine que pour la
France. C'est elle qu'il fait injurier par
ses journaux ; c'est chez elle qu'il en-
voie un ambassadeur ami de tous les
ennemis du gouvernement ; c'est con-
tre elle qu'il rêve de se battre, le jour
où de plus forts que lui l'auront atta-
quée !
Maintenant il se trouve pris dans ses
propres filets. Ses protecteurs le dupent
at son peuple le menace. On se moque
de lui à Berlin et on le hue à Madrid.
Comment va-t-il s'en tirer?
Rompre avec M. de Bismark? Don-
ner sa démission de colonel de uhlans?
Impossible. Le renvoi à Berlin d'une
tunique, d'un pantalon, d'un shako et
d'une paire de bottes rendrait le roi,
dans les circonstances présentes, abso-
lument ridicule. On ne peut pas dire à
un empereur, même par voie diploma-
tique : Vous prenez mes îles, soit!
mais je vous rends votre habit ! La
satisfaction que pourrait éprouver l'Es-
pagne à. savoir que son maître a un
uniforme de moins dans sa garde-robe
ne compenserait pas le chagrin qu'elle
éprouverait en perdant un territoire
qu'elle possède depuis 1733.
Rompre avec le peuple espagnol?
C'est encore bien plus impossible, étant
donné que le roi ne s'est mis à genoux
devant l'Allemagne que pour rester sur
le trône. Il lui faut donc trouver quel-
que chose qui arrête l'Allemagne et
qui calme le peuple.
1 Le gouvernement de Madrid a dit ou
trouvé ce quelque chose. Il a envoyé
son ambassadeur de Londres (l'ambas-
sadeur de Paris étant trop occupé de
nos élections) - à - l'empereur -- Guillaume
pour le supplier de ne pas procéder à
l'occupation immédiate des Carolines et
des Philippines. Le gouvernement de
Madrid charge son ambassadeur de
faire valoir des considérations person-
nelles.
Lesquelles? Cela serait curieux à
savoir. Le roi d'Espagne ferait des
promesses, il prendrait des engage-
ments? Mais contre qui? Mais contre
quoi ? Se bornerait-il seulement à
rappeler ses services passés, sa haine
de la France, la confection de son
petit plan de mobilisation qu'il a tou-
jours tout prêt dans son tiroir ? Quoi,
enfin.
Il sabaissera certainement devant
l'empereur plus encore que par le
passé. De l'empereur dépend son
trône. Si l'empereur tient bon, il est
perdu. Sa royauté branle comme un
château de cartes.
Quoi que l'empereur lui ordonne, il
le fera. Et que pourra lui ordonner
l'empereur, siaon d'être prêt à agir soit
diplomatiquement, soit autrement, con-
tre la France? Pour le gouvernement
allemand comme pour le gouvernement
espagnol, la France, c'est l'ennemi ;
c'est un pays d'égalité, c'est un pays de
liberté, c'est une République !
EDOUARD LOCKRO?V
———.—————
LES ÉLECTIONS DU 4 OCTOBRE
Le travail de désignation des candidats
commence à s'effectuer activement, la
formation des comités étant terminée au-
jourd'hui dans la plupart des départe-
ments. Dès aujourd'hui les candidats ré-
publicains sont désignés dans 35 départe-
ments sur 90, et d'ici à quelques jours ils
le seront dans presque tous les autres.
Nous serons donc bientôt en mesure de
dresser le tableau complet des candidats
à l'élection du 4 octobre.
Le nombre des membres sortants qui
ne se représentent pas s'accroît sensible-
ment. A ceux que nous avons déjà cités
précédemment, il faut ajouter :
MM. Charles Ferry (Vosges), Vermond
(Seine-et-Oise), Lavieille (Manche), Marius
Chavanne (Loire), Joseph Fabre {A"'i"OJ
ron).
De sorte qu'actuellement il y a près de
vingt membres de l'ancienne Chambre
qui ne sollicitent pas le renouvellement
de leur mandat.
L'élection de M. Girot-Pouzol comme
sénateur du Puy-de-Dôme porte à 44 le
nombre des sièges vacants à la Chambre.
M. Girot-Pouzol est le trente-troisième
député nommé sénateur depuis le com-
mencement de cette année.
De sorte que dès aujourd'hui, sans tenir
compte des évictions que le corps électo-
ral opérera lui-même sur le personnel
de l'ancienne Chambre, il y a environ
soixante-dix membres de cette dernière
qui ne figureront pas dans la nouvelle
Chambre.
■ —^ ■ —M——»—
Les principales villes d'Espagne se sont
associées à la manifestation anti-alle-
mande de la capitale.
Il résulte des documents diplomatiques
publiés à Madrid que l'Allemagne fit con-
naître, les 6 et 9 de ce mois, son intention
d'occuper les îles Carolines, et que le mi-
nistre des affaires étrangères protesta
vivement.
On dit à Madrid que l'Espagne est très
décidée à cesser toutes relations avec
l'Allemagne si la dépêche qui est atten-
due demain de Berlin ne donne pas satis-
faction à l'honneur espagnol d'une façon
positive et immédiate.
Les journaux libéraux engagent le gou-
vernement à refuser tout arbitrage si
l'Allemagne ayant arboré son .drapeau
aux Carolines ne les abandonne pas
immédiatement, car l'arbitrage ferait sup-
poser qu'il s'agit pour l'Espagne d'un
droit douteux, et non d'un droit indiscu-
table.
Le Libéral de Madrid dit que ce serait
une honte d'accepter l'arbitrage au sujet
de la question des îles Carolines, sur les-
quelles l'Espagne a des droits de souve-
raineté. Cette souveraineté doit êtra dé-
fendue par la diplomatie, et au besoin
par les armes, car l'Espagne ne cèdera
jamais un pouce du territoire national.
L'agence Fabra dit :
La réponse de l'Allemagne ne satisfait pas
l'opinion ; elle est trouvée vague et obscure
en ce qui concerne le fait de l'occupation et
l'évacuation des Carolines dans le cas où l'oc-
cupation serait consommée.
Les Espagnols ayant toujours cru être les
maîtres des Carolines, la seule satisfaction
qui leur semblera satisfaisante sera la renon-
ciation de l'Allemagne à ses projets.
L'irritation continue ici ; ou juge que l'oc-
cupation des îles n'intéresse que quelques né-
gociants de Hambourg, et non la généralité
des Allemands.
Plusieurs manifestations anti-allemandes
doivent avoir lieu aujourd'hui dans les pro-
vinces
Le cercle militaire qui est présidé par le
général Salamanca, directeur général de l'ad-
ministration au ministère de la guerre, et
dont font partie presque tous les officiers de
la garnison de Madrid, a été fermé par ordre
du gouvernement.
4b
NI RADICAUX, M RMBLICAINS
Ceux qui, au lendemain des élections
de 1876, quand la Constitution nou-
velle commençait à fonctionner, ont
réussi, à l'instigation de M. Jules
Ferry, de M. Sadi-Carnot, et, malgré
les efforts de M. Gambetta, à diviser la
majorité républicaine en groupes et
sous-groupes, se rendent-ils bien compte
de toutes les conséquences de cette tac-
tique? M. Gambetta lui-même avait-il
prévu tous les résultats prochains de
cette faute qu'il n'avait pu empêcher?
Nous l'ignorons. Ce qui est certain,
c'est que, désignés sous des appella-
tions dÎTcrsos, ioo mombruo -de. Lx ma-
jorité et, à leur suite, tous les républi-
cains dans le pays, devaient bientôt
suivre des lignes ae plus en plus diver-
gentes : chacun se croyant ou se disant
dans le vrai chemin et la plupart s'en
éloignant un peu plus chaque jour.
La République cependant ne peut
pas, dans notre pays, se concevoir de
vingt façons différentes. Les doctrines
républicaines, pendant cinquante ans,
ont pu être prêchées au milieu de beau-
coup de difficultés, mais elles ont été
proclamées au grand jour. Adversaires
et partisans, tout le monde les connaît
dès longtemps. Est-il donc si difficile
de les reconnaître aujourd'hui, au mi-
lieu de la confusion des programmes,
et ne suffit-il pas d'un peu d'attention
pour se convaincre qu'on appelle, à
cette heure, « radicaux » ceux qu'on
aurait appelés simplement « républi-
cains», il y a dix ans, vingt ans, cin-
quante ans même? Si cela était dé-
montré, il faudrait bien admettre que
les radicaux sont restés dans la ligne
droite, qu'ils sont restés fidèles à l'es-
prit de la Révolution, à ses aspirations
dont les autres n'ont cessé de s'é-
carter.
Que demandent donc les radicaux ?
Prenons le programme des six points,
nous trouvons ; Condamnation de la
politique d'aventures ; abolition du
suffrage restreint; réforme financière;
réforme militaire; séparation des Egli-
ses et de l'Etat et lois pour la protec-
tion du travail. Eh bien, de bonne foi,
imagine-t-on à une époque quelconque,
soit un journal, soit un orateur répu-
blicain formulant un programme op-
posé? Imagine-t-on Armand Carrel ou
Armand Marrast, ou Ribeyrolles disant
que la République, une fois fondée, de-
vrait courir les aventures? Imagine-
t-on Garnier Pagès affirmant que le
budget de Louis-Philippe devrait - servir
de modèle a tous les budgets de 1 ave-
nir, et Ledru-Rollin expliquant à des
auditeurs stupéfaits que le suffrage res-
treint devrait indéfiniment dominer le
suffrage universel? Se figure-t-on mieux
Lamartine ou Littré se prononçant
pour le maintien du concordat de
Bonaparte et contre toutes les réformes
sociales profitables aux travailleurs?
Non, on sait très bien que l'histoire
contemporaine donne à ces hypothèses
injurieuses pour les hommes que nous
avons nommés le démenti le plus écla-
tant. On sait très bien qu'à ces noms
illustres, nous en pourrions ajouter
beaucoup d'autres et qu'il serait abso-
lument impossible de montrer un in-
terprète un peu autorisé de la doctrine
républicaine s'écartant, d'une façon ap-
préciable, à un moment quelconque, de
ces données politiques repousbées au-
jourd'hui par tous les tonkinois et tous
les journaux babyloniens.
Qu'en conclure? C'est que le mot de
République a remplacé pour eux, les
idées et le fond des choses et qu'ils ont
marché, beaucoup marché; mais en
tournant le dos à la vérité.
Le hasard nous en fournit à l'ins-
tant une nouvelle preuve en faisant
tomber sous nos yeux un document
remontant aux dernières années de
l'empire et au bas duquel nous lisons
les noms de personnages fort peu « ra-
dicaux » de M. Cyprien Girerd, et de
MM. Chantemille etCornil, aujourd'hui
sénateurs. Ces messieurs inscrivaient
sur leur drapeau la revendication de.
tous les droits, l'élection à tous les
degrés et toutes les libertés, y compris
la liberté d'association que nous atten-
dons encore. Pour ne pas rester dans le
vague de ces déclarations, ils disaient:
« La justice, comme les autres pou-
voirs, doit émaner de l'électeur a. Ils
dUmAndiùûnt que « pour combattre la
misère, la solidarité prît enfin place
dans nos lois M. Nous n'expliquons pas,
nous citons.
Bien entendu, les armées permanen-
tes étaient condamnées sans merci.
C'était de mode alors pour aborder ses
électeurs avec quelque chance de succès.
Nous ne faisons pas un crime aux si-
gnataires d'avoir aujourd'hui, sur ce
point, des hésitations que les circon-
stances peuvent justifier. Nous aimons
mieux montrer combien ils se rappro-
chaient du programme radical sous le
rapport des réformes financières. Ils
condamnaient comme nous les charges
publiques inégalement établies; ils
demandaient la suppression des dépen.
ses improductives; l'abolition du cumul
(M. Corail est professeur et sénateur)
et l'abolition des octrois. Plus hardis
ou plus impatients que les rédacteurs
du programme des six points, les futurs
sénateurs réclamaient immédiatement
la décentralisation sans détruire l'unité
nationale. Toujours comme nous. En-
fin, et pour compléter la ressemblance,
ces messieurs demandaient « la sé-
paration complète de l'Eglise et de
l'Etat ».
Voyons, de bonne foi, est-ce que,
entre ce programme et celui des radi-
caux la différence est bien sensible?
r Est-ce que nos amis ne pourraient pas
aisément s'entendre avec les électeurs
adoptant les idées de MM. Corriil,
Girerd et Chantemille ? Si la fusion des
listes ne se faisait jamais dans de plus
mauvaises conditions, nous serions fort
satisfaits en vérité. Eh bien, c'est là,
entre mille, un exemple qui montre
assez qu'un républicain radical est en
définitive un simple républicain : tandis
que ceux qui repoussent cette épithète
pourraient tout aussi bien avouer qu'ils
ne sont même pas républicains. C'est
pourquoi le dernier mot de M. Madier-
Montjau est parfaitement exact. La Ré-
publique ne peut être que radicale; et
elle le sera.
A. GVULIE&*
M* ii nu—
D'après le Daily News, les concessions
du cabinet de Saint-Pétersbourg, en ce
qui concerne la question afghane, n'au-
raient pas été définitivement acceptées :
lord R. Churchill aurait insisté sur la né-
cessité de télégraphier les propositions
russes à lord Dufierin et au colonel Ridg-
way, par lesquels elles seront probable-
ment soumises à l'émir.
La réponse à ce télégramme ne saurait
être reçue avant une semaine au plus tôt,
et elle pourra donner lieu à de nouvelles
discussions. 1
TRACASSERIES ALLEMANDES
Le principe de l'indemnité parlemen-
taire est accepté dans un grand nombre
de pays. Il est assez naturel qu'une nation
qui se respecte ne veuille pas être servie
gratis. Toute peine mérite salaire, les
services s'échangent contre des services;
ne rien donner à ceux qui travaillent pour
vous est un mauvais moyen d'en avoir
pour son argent.
Certains pays sont cependant encore
réfractaires à ce principe. En Italie le
mandat est gratuit; le seul avantage du
député consiste dans un permis de circu-
lation sur les chemins de fer, et l'on a
vu, il y a quelques années, un honorable
qui, par raison d'économie, avait élu
domicile dans un sleeping-car. En Angle-
terre l'indemnité est également inconnue.
En Allemagne, les membres' du Landtag
urussien reçoivent dos émoluments ; ceux
du Reichstag opèrent à {œil, d'où 11 ré-
sulte qu'il vaut encore mieux travailler
pour le roi de Prusse que pour l'empereur
d'Allemagne.
Jusqu'à présent M. de Bismarck s'était
contenté de ne rien donner aux représen-
tants qui lùi font de l'opposition; il ne
lui était pas venu à la pensée de leur de-
mander de l'argent. Mais il n'est jamais
trop tard pour bien faire, et le chancelier
vient de trouver un moyen ingénieux
d'enrichir le trésor impérial aux dépens
des social-demokrât.
On sait que la plupart des députés so-
cialistes qui siègent au Reichstag sont des
travailleurs qui n'ont que leur métier
pour vivre. Afin d'obvier'à l'inconvénient
résultant de la gratuité du mandat, les
circonscriptions ouvrières font à leurs
élus une pension mensuelle. Cet usage,
qui dure depuis des années, n'avait jus-
qu'ici choqué personne; mais il paraît
que le fisc allemand se trouve dans une
situation à ne pas dédaigner les petits
bénéfices. Il a donc invoqué deux textes,
d'abord l'art. 172 du Landesrecht prussien
portant que « tout ce qui est payé dans
un but non autorisé ne peut être récupéré
que par le fisc »; puis l'art. 32 de la Con-
stitution impériale, lequel stipule que les
membres du Parlement ne toucheront
comme tels ni traitement ni indemnité.
Jusqu'à quel point une cotisation volon..
taire payée par un groupe, un syndicat,
peut être assimilée à un traitement, à
une indemnité, c'est ce que je m'abstien-
drai de rechercher. A supposer que le fisc
l'emporte devant les tribunaux, les socia-
listes en seront quittes pour changer leur
système de cotisations. Toutes ces petites
tracasseries sont aussi ridicules qu'ineffi-
caces ; elles ne réussiront pas plus à sup-
primer le socialisme en Allemagne qu'on
ne réussira à germaniser l'Alsace en expu'
sant M. Rothao.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
LE MEETING DE Ll SALLE RIVOLI
Les organisateurs du meeting de pro>
testation contre la mort d'Olivier Pain ont
commis la faute de louer une salle trop
petite, étant donnée l'importance de la
réunion. La salle de la rue de Rivoli peut
contenir deux mille personnes, il en est
venu six mille au bas mot.
Dès six heures, la salle était pleine. A
sept heures, la porte du couloir qui con-
duit à la salle a été fermée, mais la foule
entassée dans le couloir a opéré une telle
poussée vers huit heures que la porte a
été brisée, et des centaines de personnes
se sont engouffrées dans la salle.
II. y a eu un moment de panique, qui
n'a pas duré grâce au sang-froid de quel-
ques citoyens.
Au dehors, les abords étaient envahis
par des groupes compacts qui barraient
toute la chaussée.
Craignant des troubles qui, hâtons-nous
de le dire, ne se sont pas produits, des
agents ont été demandés à la préfecture
de police, qui a envoyé plusieurs escoua-
des de la brigade centrale.
Le public a été refoulé. Il y a eu de!
bousculades assez vives, mais nul inci-
dent sérieux.
A. neuf heures moins le quart, M. Henr:
Rochefort, qui devait présider le meeting,
arrive rue de Rivoli. Notre confrère est
impuissant à percer la masse qui obstrue
l'entrée de la salle. Il rebrousse chemin
et se rend dans un café de la rue de Ri-
voli, où la foule le suit.
Des agents surviennent et dégagent les
abords du café. Une demi-heure après,
M. Henri Rochefort monte dans une voi-
ture qui part au galop.
Pendant ce temps, dans la salle, le doc-
teur Susini prend le parti de constituer
le bureau.
Sept discours ont été prononcés, deux
motions ont été votées.
Tous les orateurs ont protesté avec
force contre la mort d'Olivier Pain, en se
plaçant à des points de vue divers.
La réunion a voté d'abord une résolu-
tion tendant à la nomination d'une com-
mission de contrôle qui se rendrait sur
les lieux pour faire une enquête sur la
mort d'Olivier Pain; puis elle a, par un
nouveau vote, flétri la conduite du gou-
vernement anglais et envoyé l'expression
de ses sympathies aux Irlandais qui lut-
tent contre l'oppression des Anglais.
M. Roche annonce que M. Henri Roche-
fort n'ayant pu pénétrer dans la salle, un
second meeting aura lieu demain ven-
dredi au cirque Fernando.
La sortie s'opère sans désordre.
AMÉDEE BLONDE AU.
—■ »
LES ON-DIT
Un bruit, dont mes oreilles s'étaient
depuis longtemps déshabituées, m'a ré-
veillé en sursaut hier de grand matin. J'ai
couru i à ma fenêtre. C'était la pluie. Il
pouvait être cinq heures. Les balayeurs,
surpris, enveloppés de poussière, avaient
tous le nez en l'air. Une barre jaune, sur-
montée de quelques nuées orageuses,
rayait l'Orient. Le ciel était uniformément
Feuilleton du RAPPEL
DU 28 AOUT
.r ,
43
LA BANDE
DE.3
COPURCHICS
R
xn
•t
Les Cojinreliies quittent
leurs bottes
(Suite
Maillochon prit sa canne.
- Père David, dit-il, tu vois cette tri-
que?
— Oh ! vous ne voudriez pas vous en
servir. Il y a la police, monsieur, il y a la
oolice !
— Je te la casse sur le dos si tu te mo-
ques de moi.
— Alors, je veux être large, bien large!
Voilà encore dix francs.
— Misérable ! tu sais bien que le moin-
dre savetier me paierait ces bottes au
moins cent sous la paire l
Reproduction interdite. ]
Voir le Rmiï du 13 juillet au 27 août*
- Oh l non, monsieur, non. Enfin, je
vais être grand et généreux. Voici deux
jaunets, deux beaux jaunets. Ils brillent
comme des yeux de chouette. Ah! vous
êtes content! Il y a de quoi faire une
noce, une jolie petite noce avec une jolie
petite femme.
— Veux-tu, affreux coquin, ne pas par-
ler de femme. C'est dégoûtant de la part
d'un homme vieux et sordide comme toi.
— Il ne faut pas dire, monsieur, je les
ai avant vous, les femmes.
- Paltoquet !
- Alors je prends les bottes?
- Jamais. Va-t-en. Sors d'ici, voleur !
Trente-deux bottes pour quarante francs !
Filou 1 on t'en donnera quelque part, des
bottes, espèce de brigand.
— Vous ne connaissez donc pas une
petite femme, que vous refusez de quoi
faire la noce ?
— Veux-tu t'en aller ! -
— Si vous voulez, je vous présenterai
à une gentille, oh! gentille ! un yrai petit
amour!
- Ignoble bonhomme, va !
- Non, vrai, vous ne voulez pas? Alors
je m'en vas, adieu.
Adieu, sale bête.
Le père David descendit la moitié de
l'escalier et remonta.
— Voulez-vous cinquante francs ? de-
manda-t-il.
- Tu m'embêtes.
- Et je mettrai avec une jolie trousse 1
qu'un étudiant m'a vepdue hier, r
— Il n'y a que des étudiants en droit ici.
— Alors, je mettrai dix-sept volumes
de Dallez que j'ai eus d'occasion.
- Une occasion dépareillée, au poids
du papier.
— Vous ne voulez pas, monsieur?
— Va te faire pendre.
Maillochon croyait que le père David
remonterait, mais celui-ci ne reparut pas.
Ce fut M. Mauduit qui arriva, et M. eau-
duit était, sans être plus honnête, un mar-
chand d'une autre sorte.
— Le père David m'a dit que vous aviez
des bottes à vendre? dit-il à Maillochon.
— Les voilà, répondit l'étudiant.
M. Mauduit d'un coup d'œil avait inven-
torié la chambre de Maillochon.
— Je vois, dit-il en montrant une ar-
moire ouverte, que votre famille ne vous
laisse pas manquer de linge.
Et il continua :
— Vos bottes, ça vaut soixante-dix
francs à prendre ou à laisser.
— J'en veux cent francs, dit Maillochon.
— Vous avez besoin de cent francs? Que
ne le disiez-vous tout de suite. Vous avez
là de beaux draps.
Et, sans se gêner, M. Mauduit en tira
une paire de l'armoire.
— Oh! la toile est belle, très belle, les
draps larges. Vous en avez trop de six
paires. Vous vous suffiriez avec trois. Te-
nez, voilà les cent francs, j'emporte les
paires de draps et les bottes. Et une autre
fois, adressez-vous à qjçi qui suis.rqnd en
affaires,
Il étala sur le parquet un grand mor-
ceau de lustrine verte, arrangea dedans
les bottes et les draps, le noua et le jeta
sur son dos.
— Il ne faut pas vous gêner 1 s'écria
Maillochon. Vous me volez absolument.
— Adieu, adieu, dit M. Mauduit, vous
avez vos cent francs, amusez-vous avec.
— Brigand ! cria Maillochon dans l'es-
lier.
Mais il ne le retint pas et M. Mau-
duit sortit de la maison.
Maillochon alla faire une course, et
quand il remonta au phalanstère, il trouva
tous les Copurchics ,redemandant leurs
bottes.
— Mais il n'y en a plus l s'écria Maillo-
chon.
— Plus?
— Je les ai vendues.
- Vendues !
- Oui ; il y a des occasions dans la vie
où les conquérants brûlent leurs vais-
seaux; les Gopurchics dans des occasions
identiques vendent leurs bottes.
- Nos pauvres bottes !
— Et en voilà le produit ! dit Maillo-
chon en montrant un livret de la caisse
d'épargne de cent francs.
- Tu as mis nos bottes à la caisse
d'épargne !
— Nichonnette, dit Maillochon en la
prenant par la main, ma petite sœur, voici
qui est pour vous. On ne sait ce qui peut
arriver dans la vie, et vous ajouterez sur
ce livret toutes les économies que vous
pourrez faire. Quand vous aurez quinze
cents francs, vous vous achèterez des
rentes sur l'Etat. Et si jamais vous avez
besoin de cet argent, vous vous direz :
C'est pourtant ces braves Copurchies qui
m'ont donné ça. avec leurs bottes.
Et voilà que la pauvre Nichonnette, au
lieu de rire, se mit à éclater en sanglots
en prenant le livret.
— Voyons, dit Coqsigno, pourquo
pleures-tu ? Tu pleures trop.
— Je ne puis m'empêcher de pleurer
quand je vois qu'on est bon pour moi.
— Il n'est rien de meilleur que les
gens bons, dit Pictonnez, mais comme
elle l'a compris, ça demande à être ar-
rosé.
— Eh bien, dit Coqsigno, embrasse-les
tous, les uns après les autres ou à la fois,
comme tu voudras.
- Allons, venez m'embrasser, petite
sœur, dit Guibolmar, mais séchez vos
larmes.
- Hé ! en voilà des effusions 1 s'écria
un arrivant. -
- Ah! voici Camboulives, avec Ame-
liaa !
— Oh ! non, pas possible ! Fais voir ton
visage, Camboulives. Tu as la jaunisse,
mon ami !
— Je suis tombé dans la teinture, dit
Camboulives.
— Une teinture ictérique, dit Guibol-
mar.
— Tu as reçu un fameux gnon, pour,
être en c0 état aujourd'hui. •<
— Ah ! ma pauvre vieille, voilà un œil
largement ecchymosé.
— Si j'étais à ta place, j'irais trouver le
procureur impérial pour qu'il envoyât un
veniat au polisson qui t'arrangea ainsi.
- J'ai été obligé d'interrompre toutes
mes relations, dit Camboulives.
— Je conçois ça.
— Les femmes du monde se désespè-
rent pendant ton absence.
— Elles dessèchent sur pied.
— Enfin, d~t Guibolmar, tu as pour te
consoler cette beauté divine qui répond ay
doux nom d'Amelina. Car tu es vrAiment
bien jolie, Amelina. ')
- Ëlle est adorable, dit Camboulives,
et elle met les compresses avec une
adresse!.
— Nous allons tous nous pocher l'œil
pour être compressé par Amelina.
— Aussi, pour la récompenser de m'a-
voir soigné comme une petite mère, je
l'emmène déjeuner chez Magny.
— Tu ne nous invites pas ?
— Non.
— C'est net.
— Nous aurions cependant besoin d:è<
Ire consolés. ?•
— Pourquoi? demanda Camboulives.
— Maillochon a vej$u nos bgttejj
EDGAR MONTEE
(A suture.)
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